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Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The Washington Post et d’autres grands quotidiens internationaux Distribué avec Mercredi 18 avril 2012 Pour déguster les crabes de Vladivostok La beauté cachée du monde des fourmis La recette d’une julienne pour accompagner la fine chair de ce crustacé réputé. Le photographe Andreï Pavlov scrute et révèle la vie de ces insectes qui ont tant à nous apprendre. P. 8 P. 7 Le ministre des situations d’urgence, Sergueï Choïgou, a été nommé gouverneur de la région de Moscou. Il devra vite mettre en place un par- tenariat avec la capitale. Une nouvelle urgence PAGE 2 PAGE 8 Comme un air d’URSS Sous son visage moderne de mégapole occidentale, Moscou offre aux amateurs d’histoire un retour dans le passé au hasard de monuments et témoins mul- tiples de l’époque soviétique. « L’or blanc » du Caucase PAGE 4 La tour Est du Complexe de la Fédération, en construction et des- tinée à devenir la plus haute d’Europe (360 mètres), a subi un in- cendie spectaculaire provoqué par des panneaux de publicité lu- mineux. Le sinistre, qui a eu lieu le 2 avril, n’a pas fait de victimes. PHOTO DU MOIS La pub qui enflamme vraiment Féminisation : la montée en puissance Même la langue russe fait bar- rage. Le terme « businesswo- man » n’a pas fait son trou dans le vocabulaire. On commence NATASHA DOFF THE MOSCOW NEWS En 20 ans de sa courte histoire, le secteur entrepreneurial privé est resté largement dominé par les hommes en Russie. Mais les femmes s’y taillent une place grandissante. Fini le monopole ! Tendance Le monde des affaires russe s’ouvre aux femmes SUITE EN PAGE 3 Sept stations de ski ouvriront dans le Caucase Nord (où Arkhyz a inau- guré son premier remonte- pente) : un projet de relance économique ouvert aux inves- tisseurs internationaux. tout juste à entendre le suffixe « -ka » collé à « businessman », ce qui crée un hybride signifiant « homme d’affaires féminin ». Mais une liste récente des 100 femmes les plus influentes de Russie, compilée par la radio Écho de Moscou et plusieurs autres médias, montre que les le- viers de l’économie sont entre des mains féminines plus qu’on ne le pensait. Noyées dans le groupe habituel des pop-stars, des mondaines et des militantes, figurent 24 femmes d’affaires dont les états de service sont truf- fés de postes de haut niveau et de réalisations majeures. Le bilan de quatre années de réformes Remèdes pour une croissance durable PAGE 2 PAGE 6 POLITIQUE Dmitri Medvedev s’apprêtant à rendre les clés du Kremlin, c’est l’heure du bilan. Ce pré- sident réformateur, qui se dé- finit comme un libéral, a en- gagé la Russie sur la voie du changement. La modernisation des grands corps de l’État tels que la police, l’armée, la justi- ce et l’éducation a été amorcée. Mais les réformes ne font pas l’unanimité et un pays comme la Russie ne se transforme pas du jour au lendemain. Deux experts jugent impossi- ble de maintenir la croissance sans procéder à une profonde réforme structurelle et une ré- duction drastique des coûts de fonctionnement de l’État. Produit de Russia Beyond the Headlines SUITE EN PAGE 5 OPINIONS EN LIGNE SUR LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR Le légendaire Titanic exploré par un océanaute russe LARUSSIEDAUJOURDHUI.FR/14479 ARTEM ZAGORODNOV LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Rien n’est trop beau pour rendre la métropole du « bout du mon- de » digne d’accueillir le forum de l’APEC (Asia-Pacific Econo- mic Cooperation). Mais qu’en restera-t-il après le sommet ? Un pont vers le futur pour Vladivostok en plein réveil Investissements Le prochain sommet Asie-Pacifique vu comme un déclic pour relancer l’Extrême-Orient russe En 1959, de retour d’une visite en Californie, le leader soviéti- que Nikita Khrouchtchev invita les habitants de Vladivostok à faire de la ville « notre San Fran- cisco ». Un demi-siècle plus tard, les dirigeants russes ont entre- pris de réaliser ce rêve à l’occa- sion du sommet 2012 de l’APEC, qui réunira 21 pays de la zone Pacifique cet automne. Quand on débarque à Vladi- vostok pour la première fois, les similitudes entre les deux villes sautent aux yeux : rues escar- pées et immeubles qui grimpent et descendent les collines entou- rant la baie de la Corne d’Or ; tramways qui sillonnent les prin- cipales artères ; Chinatown ; une scène artistique vibrante et un climat politique progressiste (un journal local a fièrement titré « Si tout le pays avait voté comme Vladivostok, il y aurait eu un second tour à la présiden- tielle », Poutine n’y ayant obte- nu que 47,5% des voix contre une moyenne nationale de 63,75%) ; le port florissant sur la côte Pa- cifique baignée d’un éternel brouillard matinal, dans un cli- mat doux. Et maintenant le pont suspendu de la Corne d’Or en- jambe la baie séparant la ville en deux. Au fil de l’histoire, les courants migratoires ont amené une population diversifiée d’Ukrainiens, de Biélorusses, de Chinois... Les étincelles des soudeurs qui embrasent la ville et les grues qui en percent le ciel témoignent des milliards d’euros que le gou- vernement fédéral injecte à l’ap- proche du sommet. La route étroite et défoncée qui menait à l’aéroport a été relevée de près de trois mètres par endroits et élargie pour devenir une auto- route moderne à quatre voies. Le nouvel aéroport devrait être inauguré cet été. Deux hôtels Hyatt sont en chantier, monu- ments et façades ont été restau- rés ; un train rapide relie l’aéro- port au centre-ville et un nouveau théâtre ouvrira bientôt ses por- tes. C’est l’endroit du décor. Le pont vers l’île Rousski a été achevé ce mois-ci, bien avant le sommet de l’APEC. © ILIA PITALEV_RIA NOVOSTI © VITALI ANKOV_RIA NOVOSTI © YURI SOMOV_RIA NOVOSTI LORI/LEGION MEDIA ITAR-TASS KOMMERSANT ITAR-TASS ANDREÏ PAVLOV Olga Dergounova, ex-présidente de Microsoft Russie.

La Russie d'Aujourd'hui

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La Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médiatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.

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Page 1: La Russie d'Aujourd'hui

Ce supplément de huit pages est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Russie), qui assume l’entière responsabilité de son contenu

Publié en coordination avec The Daily Telegraph, The Washington Post et d’autres grands quotidiens internationaux

Distribué avec

Mercredi 18 avril 2012

Pour déguster les crabes de Vladivostok

La beauté cachée du monde des fourmis

La recette d’une julienne pour accompagner la fine chair de ce crustacé réputé.

Le photographe Andreï Pavlov scrute et révèle la vie de ces insectes qui ont tant à nous apprendre.

P. 8

P. 7

Le ministre des situations d’urgence, Sergueï Choïgou, a été nommé gouverneur de la région de Moscou. Il devra vite mettre en place un par-tenariat avec la capitale.

Une nouvelle urgence

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Comme un air d’URSSSous son visage moderne de mégapole occidentale, Moscou offre aux amateurs d’histoire un retour dans le passé au hasard de monuments et témoins mul-tiples de l’époque soviétique.

« L’or blanc » du Caucase

PAGE 4

La tour Est du Complexe de la Fédération, en construction et des-tinée à devenir la plus haute d’Europe (360 mètres), a subi un in-cendie spectaculaire provoqué par des panneaux de publicité lu-mineux. Le sinistre, qui a eu lieu le 2 avril, n’a pas fait de victimes.

PHOTO DU MOIS

La pub qui enflamme vraimentFéminisation : la montée en puissance

Même la langue russe fait bar-rage. Le terme « businesswo-man » n’a pas fait son trou dans le vocabulaire. On commence

NATASHA DOFFTHE MOSCOW NEWS

En 20 ans de sa courte histoire, le secteur entrepreneurial privé est resté largement dominé par les hommes en Russie. Mais les femmes s’y taillent une place grandissante. Fini le monopole !

Tendance Le monde des affaires russe s’ouvre aux femmes

SUITE EN PAGE 3

Sept stations de ski ouvriront dans le Caucase Nord (où Arkhyz a inau-guré son premier remonte-pente) : un projet de relance économique ouvert aux inves-tisseurs internationaux.

tout juste à entendre le suffixe « -ka » collé à « businessman », ce qui crée un hybride signi� ant « homme d’affaires féminin ».

Mais une liste récente des 100 femmes les plus influentes de Russie, compilée par la radio Écho de Moscou et plusieurs autres médias, montre que les le-viers de l’économie sont entre des mains féminines plus qu’on ne le pensait. Noyées dans le groupe habituel des pop-stars, des mondaines et des militantes, figurent 24 femmes d’affaires dont les états de service sont truf-fés de postes de haut niveau et de réalisations majeures.

Le bilan de quatre années de réformes

Remèdes pour une croissance durable

PAGE 2

PAGE 6

POLITIQUE

Dmitri Medvedev s’apprêtant à rendre les clés du Kremlin, c’est l’heure du bilan. Ce pré-sident réformateur, qui se dé-� nit comme un libéral, a en-gagé la Russie sur la voie du changement. La modernisation des grands corps de l’État tels que la police, l’armée, la justi-ce et l’éducation a été amorcée. Mais les réformes ne font pas l’unanimité et un pays comme la Russie ne se transforme pas du jour au lendemain.

Deux experts jugent impossi-ble de maintenir la croissance sans procéder à une profonde réforme structurelle et une ré-duction drastique des coûts de fonctionnement de l’État.

Produit de Russia Beyond the Headlines

SUITE EN PAGE 5

OPINIONS

EN LIGNE SURLARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

Le légendaire Titanic exploré par un océanaute russeLARUSSIEDAUJOURDHUI.FR/14479

ARTEM ZAGORODNOVLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Rien n’est trop beau pour rendre la métropole du « bout du mon-de » digne d’accueillir le forum de l’APEC (Asia-Pacific Econo-mic Cooperation). Mais qu’en restera-t-il après le sommet ?

Un pont vers le futur pour Vladivostok en plein réveil

Investissements Le prochain sommet Asie-Pacifique vu comme un déclic pour relancer l’Extrême-Orient russe

En 1959, de retour d’une visite en Californie, le leader soviéti-que Nikita Khrouchtchev invita les habitants de Vladivostok à faire de la ville « notre San Fran-cisco ». Un demi-siècle plus tard, les dirigeants russes ont entre-pris de réaliser ce rêve à l’occa-sion du sommet 2012 de l’APEC, qui réunira 21 pays de la zone Paci� que cet automne.

Quand on débarque à Vladi-vostok pour la première fois, les similitudes entre les deux villes sautent aux yeux : rues escar-pées et immeubles qui grimpent et descendent les collines entou-rant la baie de la Corne d’Or ; tramways qui sillonnent les prin-cipales artères ; Chinatown ; une scène artistique vibrante et un climat politique progressiste (un journal local a fièrement titré « Si tout le pays avait voté comme Vladivostok, il y aurait eu un second tour à la présiden-

tielle », Poutine n’y ayant obte-nu que 47,5% des voix contre une moyenne nationale de 63,75%) ; le port � orissant sur la côte Pa-cifique baignée d’un éternel brouillard matinal, dans un cli-mat doux. Et maintenant le pont suspendu de la Corne d’Or en-jambe la baie séparant la ville en deux. Au � l de l’histoire, les courants migratoires ont amené une population diversifiée d’Ukrainiens, de Biélorusses, de Chinois... Les étincelles des soudeurs qui embrasent la ville et les grues qui en percent le ciel témoignent des milliards d’euros que le gou-vernement fédéral injecte à l’ap-proche du sommet. La route étroite et défoncée qui menait à l’aéroport a été relevée de près de trois mètres par endroits et élargie pour devenir une auto-route moderne à quatre voies. Le nouvel aéroport devrait être inauguré cet été. Deux hôtels Hyatt sont en chantier, monu-ments et façades ont été restau-rés ; un train rapide relie l’aéro-port au centre-ville et un nouveau théâtre ouvrira bientôt ses por-tes. C’est l’endroit du décor.

Le pont vers l’île Rousski a été achevé ce mois-ci, bien avant le sommet de l’APEC.

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Olga Dergounova, ex-présidente de Microsoft Russie.

Page 2: La Russie d'Aujourd'hui

02 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro Politique

Une première dans l’histoire de la Russie : « une base normative existe pour lutter contre la corruption »

généraux ont été limogés, et les contrats de 5 600 miliciens n’ont pas été renouvelés suite à la ré-forme de la police, en 2011. Cette réforme est l’une des plus criti-quées.

150en chiffres

" Medvedev reprend son rôle de second, qu'il n'a jamais cessé d'être. Mais, il ne sera

bien sûr pas un Premier ministre de façade. Il serait vain d'espérer qu'il ne soit qu'un porte-parole."politologUe

il l'a diT

Nicolaï troitskiï

iGor Vioujnila RUssie d’aUjoURd’hUi

le président passera en mai le témoin à Vladimir Poutine. se définissant comme un réforma-teur libéral, dmitri medvedev s’est attaqué à la police, la justice et l’éducation.

un mandat marqué par des réformes libérales

Présidence Bilan des quatre années passées par dmitri Medvedev au Kremlin

Des réformes en matière de santé publique, de l’armée, de la police, de l’enseignement, du système électoral du pays ainsi qu’une ré-forme clé contre la corruption. Et une sérieuse restructuration po-litique en fin de mandat. Le pré-sident « technique », comme l’a surnommé l’opposition, a annon-cé plus de réformes que Vladimir Poutine durant ses deux mandats. Pourtant, « quasiment toutes ces réformes ont été préparées sous Poutine. Et celles annoncées aujourd’hui seront réalisées par Poutine », souligne le directeur du Centre d’information politi-que, Alexeï Moukhine. Reste à sa-voir si ces réformes seront appli-quées et les objectifs atteints.

La réforme de l’armée est la plus complexe et la plus coûteu-se. Depuis 2008, l’armée russe a subi des transformations radica-les, une véritable restructuration de fond comparable, selon Rous-lan Poukhov, directeur du Cen-tre d’analyse stratégique et tech-nologique, aux réformes de l’armée menées à l’époque par Pierre le Grand.

On constate le passage du mo-dèle soviétique de la conscrip-tion massive à une armée plus mobile, une armée de métier. La part de l’armement moderne est passée de 10 à 16%. Il faut noter également que, début 2012, le sa-laire des militaires a été subs-tantiellement augmenté. En mars, Medvedev a annoncé que d’ici 2020, au moins 2,8% du Pro-duit intérieur brut de la Russie seront consacrés à la défense.

« C’est l’une des réformes les plus radicales, et qui a été confrontée à une forte opposi-tion de la part des militaires », remarque Alexeï Moukhine, sou-lignant les avancées positives. Les mesures prises sont louables, mais la réforme ne fait que com-mencer : le réarmement n’en est qu’à ses prémices, ainsi que l’en-seignement militaire. Il est prévu d’ici 2017 de procéder à un vaste recrutement sur contrat pour for-mer un corps d’armée profes-sionnel. Si cet objectif est atteint en 2017, on pourra dire que la réforme a réellement fonctionné. Commencera alors la douloureu-se (pour les généraux) mesure consistant à abandonner la conscription.

La réforme de la police était très attendue. Seuls 10% des Russes ont confiance dans les forces de l’ordre. Les miliciens font peur : c’est une structure corrompue, friande de pots de vin et de faux délits visant à réaliser les objectifs. En 2009, le point crucial de la réforme fut un changement idéologique : le passage d’un système répres-sif à un système préventif. Le changement de nom de la po-lice servit de prétexte à la ré-duction des effectifs de 20%. Le renouvellement de contrat du personnel était accompagné d’une sensible hausse de salai-re. Suite à cette réforme, en 2011, près de 150 généraux ont été li-mogés, et les contrats de 5 600 miliciens n’ont pas été renou-velés. Pourtant cette réforme de Medvedev est l’une des plus cri-tiquées. Les cas de violence po-licière, de corruption et de re-jets de plaintes restent toujours aussi fréquents.

Selon l’institut de sondage Le-vada Centre, seuls 7% des Rus-ses considèrent que la police tra-vaille mieux. « La réforme des

forces de l’ordre est un échec. On n’observe aucun changement réel », considère Moukhine. Les policiers sont chargés de se contrôler eux-mêmes, et les ef-fectifs n’ont pas connu de renou-vellement. « La réforme des for-ces de l’ordre reste politique et non pas administrative », consi-dère Gazeta.ru, le journal en ligne indépendant.

À la fin de son mandat, Med-vedev s’est lancé dans une ré-forme politique, avec le retour à l’élection directe des gouverneurs régionaux et la simplification de l’enregistrement des partis. Les réformes entreprises par le pré-sident concernent différents do-maines mais ce qui les unit, c’est qu’elles constituent un véritable compromis avec les forces dont elles tendent à limiter les privi-lèges. C’est pourquoi elles sont critiquées - pour leur manque de fermeté et d’efficacité. Pour le moment, aucune d’entre elles ne fonctionne véritablement. « La Russie est un pays très vaste et personne n’a été capable de le changer d’un coup, même pas Pierre le Grand. Il faut être pa-tient », remarque Moukhine.

Désormais, l’avenir de ces ré-formes dépend directement de Vladimir Poutine, qui retrouve-ra ses fonctions de président le mois prochain.

Police, justice, armée, politique : medvedev a modernisé son pays.

julia KoudinoVala RUssie d’aUjoURd’hUi

une loi de dernière minute proposée par le président vise à changer le cadre légal des sociétés et de leur domiciliation pour « améliorer le climat d’investissement ».

Medvedev veut freiner le recours au statut offshore

législation projet de nouveau code civil

prendront effet au 1er septembre prochain. La presse russe note la rapidité inhabituelle de la pro-cédure législative, et la relie au départ imminent du président. Dmitri Medvedev a souvent sou-ligné que l’adoption du nouveau code civil constituait une priori-té de son mandat.

Le ministre de la Justice Alexandre Konovalov a voulu rassurer le milieu des affaires en précisant que les sociétés en « ZAO » et « OAO » ne seront pas tenues de se réenregistrer. Néanmoins, le ministre s’attend à « des débats vifs, mais le texte sera probablement adopté du-rant la session parlementaire printanière ».

Les résistances viendront des propriétaires de sociétés offshore opérant en Russie, lesquels seront contraints de dévoiler leur iden-tité. Le politologue Mikhaïl Vi-nogradov pense que Dmitri Med-vedev veut faire adopter le texte par le Parlement avant le 7 mai prochain (date de l’inauguration de Poutine au Kremlin), mais il estime probable que des groupes de pression parviendront à frei-ner le processus.

« Il est vrai que le caractère confus et complexe de la législa-tion russe rebute les investisseurs étrangers », admet Oleg Malkine, expert en droit des sociétés. Mais il souligne aussi qu’il est « dérai-sonnable de faire cohabiter l’an-cien et le nouveau système » [puis-que les « ZAO » et « OAO » ne seront pas obligées de se réenre-gistrer]. « Enfin, le monde des af-faires est exaspéré par les chan-gements législatifs incessants ».

À un mois exactement de son dé-part du Kremlin, le Président Dmitri Medvedev soumet un nou-veau code civil au vote du Par-lement. Parmi les principales mo-difications apportées, des mesures visant à décourager les sociétés russes de se domicilier à l’étranger. Cette initiative a, dans l’esprit du président, vocation à « aider au développement économique et à améliorer le climat d’inves-tissement ». Il s’agit aussi de faire en sorte que le futur cadre légal permette aux sociétés russes et à leurs actionnaires de mieux protéger leurs droits de proprié-té. L’une des raisons invoquées par les entrepreneurs pour en-registrer leurs sociétés à l’étran-ger est le manque de confiance envers les tribunaux russes en cas de litige.

Concrètement, deux des for-mes de société les plus couran-tes seront probablement rempla-cées. Il s’agit de « ZAO » (acronyme de « Société par ac-tions fermée ») et « OAO » (acro-nyme de « Société par actions ouverte »). Dmitri Medvedev pro-pose de leur substituer deux nou-velles formes juridiques, les so-ciétés dites « publiques » et les « non publiques ».

Les amendements au code civil

roman VorobieVla RUssie d’aUjoURd’hUi

nouveau gouverneur de la région de moscou, l’ancien ministre des situations d’urgen-ce, sergueï choïgou, se lance dans une mission qui va elle aussi requérir des nerfs d’acier.

Situation d’urgence autour de Moscourégions Un poids lourd de la politique russe lâche son ministère pour un poste de gouverneur

La nomination du ministre des Situations d’urgence, Sergueï Choïgou, 56 ans, au poste de gou-verneur de la région de Moscou, a nourri les rumeurs durant plu-sieurs semaines. L’affaire a fait grand bruit parce que durant 21 ans, Choïgou était auréolé du titre de sauveteur national nu-méro un.

Ses apparitions télévisées sur les lieux des catastrophes lui ont valu une popularité sans pareille parmi les ministres. Son man-que d’expérience dans l’admi-nistration régionale n’a pas re-buté les députés, qui ont immédiatement entériné sa no-mination par le président Med-vedev le 5 avril. Choïgou pren-dra ses fonctions le 11 mai.

deux atouts majeurs en sa faveur : sa popularité et le soutien du Kremlin. « Pour un gouverneur, il est essentiel de savoir résister à la pression fédérale. Sergueï Choïgou est un homme politique de niveau fédéral, qui a un accès direct à Poutine, Medvedev et consorts », explique le politicien libéral Boris Nadejdine. Le Kremlin voit en lui non seule-

ment quelqu’un de compétent, mais surtout de loyal. Il n’est pas exclu que l’objectif aille au-delà du « sauvetage » de la région.

Il s’agit aussi du projet Med-vedev de doubler la superficie de Moscou, un énorme chantier visant à accueillir les locaux ad-ministratifs gouvernementaux et fédéraux. Or Choïgou, à peine

nommé à son poste, a provoqué une polémique en suggérant que la capitale russe soit carrément transférée en Sibérie... Et de s’in-terroger à voix haute : « Pour-quoi impérativement accroître l’étendue de la capitale ? » Au risque d’attiser les spéculations sur un conflit imminent avec le maire de Moscou, Sergueï So-bianine.

Or, il reste peu de temps pour établir un partenariat solide entre Moscou et sa région. La réalisation du projet d’expansion de la capitale est officiellement prévue entre le 1er juillet et la fin de l’année. La planification définitive du déménagement des fonctionnaires dans leurs nou-veaux bureaux est en cours.

Reste la question des habitants de la région et de leur avis sur ce « chantier » majeur. Selon la société de sondage AMR, la po-pulation locale est partagée à parts égales entre partisans et opposants. Choïgou saura-t-il faire pencher la balance du bon côté ?

les atouts de choïgou sont sa popularité et le soutien du Kremlin.

La presse russe n’a pu s’em-pêcher de relever le côté symbo-lique, voire ironique, de ce choix. « Le Podmoskovié, c’est en soi une vaste zone de catastrophe. Il va falloir tout remettre à neuf : le système administratif, rongé par l’incompétence et la corrup-tion, les finances au bord de la faillite, l’infrastructure à moitié

détruite... », voilà où en est la ré-gion selon le journal Ogonek, pourtant proche du pouvoir. Le politologue Alexeï Moukhine voit pour sa part Choïgou entamer « la mise en place de la vertica-le du pouvoir, un nettoyage ad-ministratif et probablement, des poursuites pénales ».

Selon les experts, Choïgou a

le temps presse pour un partenariat ville-région confronté au projet d’expansion de la capitale L’éditeur Guidiplo vient de sor-

tir un nouveau guide qui re-trace sous divers angles les principales étapes des relations exceptionnelles entre la Fran-ce et la Russie. Les grands pro-jets en cours, les documents-clefs, les institutions et les personnalités qui contribuent au rapprochement des deux pays sont détaillés dans cet utile ouvrage bilingue.

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Une certaine « alliance »

TiTre : L’exception franco-russeédiTion : GuidipLo internationaL

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le ministre de la justice rassure le monde des affaires.

Page 3: La Russie d'Aujourd'hui

03LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FRCOMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETADISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Dossier

Les entreprises se féminisent « Un proverbe russe dit que der-rière tout homme qui réussit, il y a une femme à poigne », rappel-le Elena Pan� lova, directrice gé-nérale du bureau russe de Trans-parency International, qui est 67ème de la liste. « Les 24 fem-mes d’affaires de ce classement ne représentent que celles qui sont visibles. Mais dans les coulisses, les femmes jouent également un rôle important : la moitié des grands avocats, des chefs comp-tables et des directeurs � nanciers dans les grandes entreprises de Russie sont des femmes ».

La liste est composée de per-sonnalités diverses représentant un large éventail de secteurs tra-ditionnellement masculins tels que l’aviation, la technologie et la sphère pétrogazière, mais aussi des secteurs plus féminins comme les médias et le commerce de dé-tail. On note une fracture assez nette entre les femmes d’affaires moins connues qui sont parvenues à des postes élevés au terme de dures années de labeur, et celles qui ont béné� cié du coup de pouce d’un mari fortuné et in� uent.

Deux des plus célèbres de la liste, Daria Joukova et Polina De-ripaska, étaient unies aux hom-mes les plus riches du pays quand elles ont commencé leur carrière entrepreneuriale, ce qui ne veut évidemment pas dire qu’elles étaient dépourvues de mérites propres. Mme Joukova dirige l’une des galeries d’art moderne les plus renommées de Moscou, Garage, tandis que Polina Deri-paska a donné une nouvelle vie à Forward Media Group, la mai-son d’édition dont la prise en charge lui a été con� ée par son mari. Mais une large majorité de femmes chefs d’entreprise ont gravi les échelons grâce à leur talent et un dévouement total à leur travail.

Un bon exemple en est offert par Natalia Kasperskaïa, deuxiè-me femme la plus riche de Rus-

Racontez-nous le démarrage de votre carrière dans les affaires.Je n’avais jamais pensé devenir une femme d’affaires. Ce fut par accident. En tant qu’athlète pro-fessionnelle, je me suis entraînée toute ma vie dans des salles de sport non chauffées ou étouffan-tes et à l’étroit. Lors de vacances en Espagne, je suis allée à un cours d’aérobic dans le club de mon hôtel, où j’ai vu des gens s’amu-ser en faisant des exercices dans une belle salle et en musique. Mos-cou ne comptait pas de clubs de de ce type. Je me suis dit qu’il me fallait tenter ma chance. Avec mon mari, nous avons trouvé un site et avons tout monté, de nos pro-pres mains. Mon époux a investi 300 000 euros dans l’affaire.

Comment votre initiative a-t-elle été accueillie ?Les journalistes m’ont harcelée de questions, du type : comment allait-on pouvoir vendre de l’exer-cice physique ?

Qui étaient vos premiers clients ?Les plus fortunés. Des stars du cinéma, des célébrités du show-biz, hommes d’affaires, journalis-tes célèbres, politiciens.

Valentina Matvienko, 62 ans.4ème présidente du Conseil de de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie. De 2003 à 2011, elle a été gouverneur de Saint-Pétersbourg.

Natalia Kasperskaïa, 46 ans.Ex-présidente de l’éditeur d’antivirus russe Kaspersky Lab. Depuis 2007, propose ses propres produits en matière de sécurité informatique.

Olga Pleshakova, 45 ans.Directrice générale de Transaero Airlines - 2ème compagnie aé-rienne russe. Épouse du princi-pal actionnaire de Transaero, Alexandre Pleshakov.

Polina Deripaska, 32 ans. Dirige Forward Media Group. Fille de Valentin Ioumashev, qui fut conseiller et gendre de Boris Eltsine, le premier président russe.

Au secours des jeunes mères

La sphère des a� aires au féminin

Le bureau d’EGIDA est caché dans une arrière-cour de Saint-Péter-sbourg. Depuis 2005, Elena Ple-chko, une jeune femme de 28 ans, y tient une permanence téléphoni-que pour les personnes licenciées du jour au lendemain. « La plupart d’entre elles ne connaissent pas du tout leurs droits », souligne la juriste. Il est donc particulièrement im-portant à ses yeux qu’il existe un centre d’écoute sur lequel ces per-sonnes puissent compter. Depuis 2008, Elena consacre la majeure partie de son travail aux femmes enceintes et aux jeunes mères. D’après la loi, les femmes dispo-sent de 70 jours de congé préna-tal et de 70 jours de congé post-natal avec maintien de leur salaire dans son intégralité. Ensuite, pen-dant les 15 mois de congé sui-vants, elles perçoivent 40% de leurs émoluments.À Saint-Pétersbourg, un tiers des mères ne sont pas mariées et nombreuses sont les célibataires. L’allocation parentale assure à ces femmes un revenu d’existence, se-lon Plechko. Et EGIDA intercède devant les tribunaux pour que ces ressources leur soient effective-ment versées. L’année dernière, il y a eu 16 cas litigieux et l’orga-nisation a gagné 13 des procès qu’elle a dû engager.

ENTRETIEN AVEC OLGA SLOUTSKER, DE WORLD CLASS

Le beau parcours de la reine des clubs de gym

d’un an. J’avais une équipe mer-veilleuse, mais je ne pouvais pas promouvoir tous mes employés. Je ne voulais pas les perdre non plus. C’est alors que nous avons décidé d’ouvrir un deuxième club World Class. Et puis, ça s’est em-ballé : les nouvelles offres pleu-vaient. Nous avons vendu des franchises et aujourd’hui le grou-pe est présent dans 15 villes.

Comment expliquez-vous que des femmes soient à l’origine du concept des clubs de gym en Rus-sie ? Peut-être que les hommes russes hésitent à prendre le temps de construire quelque chose à partir de zéro. À l’époque, la privatisa-tion des grands secteurs indusriels faisait qu’on pouvait acheter un champ de pétrole ou une grosse usine sans trop d’effort. Les hom-mes ont choisi cette voie.

World Class fut notre première entreprise. Puis nous avons déci-dé d’en créer une autre, Planeta Fitness, proposant des tarifs plus abordables et rejointe par une partie de mon personnel. Une troisième chaîne a été créée par la femme de mon directeur des ventes. Il ne s’agit pas tant d’une initiative féminine que d’un ré-seau féminin lancé par World Class. Nous avons travaillé dur, vivant selon nos moyens - ce qui est typique pour une femme. Nous avons en réalité importé cette in-dustrie en Russie.

Propos recuillis parVladimir Rouvinsky

NÉ À : LENINGRAD

ÉTUDES : ÉDUCATION

PHYSIQUE

Olga Sloutsker a commencé l’escrime à l’âge de 11 ans et l’a pratiquée 12 ans au sein de l’équipe de Léningrad (St-Pé-tersbourg), finissant « maî-tre » de la discipline. En 1993, elle a ouvert World Class, le premier club de gym en Rus-sie. Aujourd’hui, il en existe 37 dans le pays et la Commu-nauté des États indépendants. Des formules plus abordables ont ensuite été lancées.

BIOGRAPHIE

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

VLADIMIR ROUVINSKYLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Ancienne figure de l’opposition libérale, Irina Khakamada est aujourd’hui consultante en psychologie d’affaires : pour elle, les Russes ont de réelles difficultés à communiquer.

Des affaires aux affaires : détour par la politique

ciations, c’est qu’elles sont moins ambitieuses, trouvent plus facile-ment un compromis, devinent mieux la psychologie de l’inter-locuteur ».

Khakamada avoue que son ex-périence en tant que chef d’en-treprise l’a gênée en politique. « On me disait souvent : les poli-ticiens ne te comprennent pas, tu te conduis comme un business-man ». En affaires, le marché conclu, on peut agir sans atten-dre de signer. « L’essentiel est de bien calculer s’il y a pro� t ou non et de refuser clairement si ce n’est pas rentable pour vous. En poli-tique, c’est tout le contraire. Rien n’est très clair, on ne sait pas où sont les intérêts de chacun. Cha-cun dit une chose, en pense une autre et on en insinue une troi-sième ». Irina a tiré les leçons de la politique, assimilée à une in-trigue sans � n : « C’est pour cela qu’en tant que femme d’affaires, le milieu politique s’est avéré dif-ficile pour moi. Et il en est de même pour tous les gens issus du monde des affaires ».

Irina Khakamada, qui a été à l’époque chef d’entreprise, vice porte-parole et députée à la Douma, est aujourd’hui retirée de la politique et propose des sta-ges en psychologie pour appren-dre aux Russes à réussir en affai-res.

Le cycle de formation commen-ce par l’art de la négociation. « En affaires, 80% de la réussite dé-pendent du dialogue. Et c’est jus-tement là que les Russes ont de grosses lacunes. Nombre de contrats échouent par suite de ca-rences en communication », ex-plique Irina. Celle que la presse internationale a classée en 1995 parmi les cent femmes politiques les plus célèbres du XXIe siècle, pense que la culture du dialogue est inexistante en Russie.

Après des études en économie, dans les années 90, Khakamada s’essaie aux affaires ; puis en 1997, elle entre au gouvernement pour contribuer au développement des entreprises. Forte de son expérien-ce après avoir quitté la vie publi-que, elle publie Le sexe et la haute politique, un guide s’adressant aux femmes indépendantes. « Ce n’est pas un livre sur la discrimination à l’égard des femmes, il est plu-tôt question de la discrimination contre une personne ordinaire qui essaie d’agir honnêtement dans le milieu de la grande politique, commente l’auteur. Si les femmes réussissent mieux dans les négo-

Irina Khakamada : une person-nalité haute en couleur.

ciété : « Parfois, les femmes préfèrent tout simplement garder un pro� l bas. N’oublions pas que la plupart d’entre elles sont aussi des mères de famille et n’ont tout simplement pas le loisir de faire leur propre promotion. Le temps qu’y consacrent les hommes, les femmes le passent à la cuisine ».

reprises sur la liste du Wall Street Journal des meilleures dirigean-tes européennes pour sa gestion de Microsoft Russie et son rôle actuel au sein du conseil d’admi-nistration de la banque VTB.

Selon une étude sur les pers-pectives de carrière féminines réa-lisée en 2011 par la société d’audit internationale PriceWaterhouse Coopers, les Russes se révèlent très performantes mais atteignent rarement le sommet de la hié-rarchie des entreprises. L’étude a fait ressortir que 91% des postes de chef comptable étaient occu-pés par des femmes, alors que cel-les-ci ne représentaient que 6% des postes de PDG : comme quoi les femmes peuvent avoir de gran-des compétences sans viser les plus hautes responsabilités.

Mme Pan� lova en conclut que le rôle des femmes dans l’entre-prise ne fait que re� éter la per-ception de leur rôle dans la so-

sie selon Forbes, qui a fondé avec son mari Kaspersky Lab, une en-treprise de classe mondiale dans le domaine de la sécurité infor-matique. Mme Kasperskaïa, qui dirige actuellement sa propre so-ciété, InfoWatch, est souvent citée comme l’illustration même du po-tentiel de la Russie dans le sec-teur de la haute technologie à l’échelle mondiale.

D’autres femmes d’affaires oc-cupent des postes élevés au sein de grandes entreprises russes, mais ont une faible présence mé-diatique et sont rarement consi-dérées comme le visage des en-tités où elles exercent leur savoir-faire. C’est le cas de la di-rectrice adjointe de Sberbank, Bella Zlatkis, l’une des fondatri-ces de la bourse MICEX qui né-gocia la restructuration de la dette russe lors de la crise de 1998.

Olga Dergounova, classée 37ème de la liste, a � guré à deux

Article déjà publié dansThe Moscow News

Vos tarifs étaient exorbitants…Certes. Mais il n’y avait aucune concurrence, nous étions tout seuls. Et les gens étaient prêts à payer le prix fort pour un club de sport au centre de Moscou avec de nombreuses salles, des cours d’aérobic et un équipement qu’on ne trouvait nulle part ailleurs.

Quand avez-vous atteint votre seuil de rentabilité ?Très rapidement. La situation était très différente en 1993, nous som-mes devenus rentables en moins

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04 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro économie

en bref

Pour fonder une banque de ter-rains arables, le géant industriel AFK Sistema a trouvé un allié étranger en la personne de Gé-rard Louis Dreyfus et de son par-tenaire Peter Mann. Ils ont fondé début avril une coentreprise dans laquelle leurs actifs agricoles russes sont regroupés. Objectif est de créer l’une des plus gran-des banques agraires, représen-tant une surface agricole globa-le de 500 000 hectares.

afK sistema s’allie avec dreyfus

72% des citoyens disent possé-der au moins un type d’épar-gne, par rapport à 46% en 2004, selon un sondage réalisé par l’agence Romir. Le sondeur es-time que l’augmentation s’ex-plique par l’amélioration du contexte économique. Le pour-centage de personnes épargnant en roubles est de son côté passé à 60%, contre 30% en 2004. Le placement le plus populaire est l’immobilier, suivi de près par les dépôts bancaires : ils sont 35% à privilégier le premier, et 34% à lui préférer les seconds.

l’épargne des particuliers en forte hausse

Paul duVerneTla russie d’aujourd’hui

sept nouvelles stations de ski, 100 000 emplois créés, 14 milliards d’euros financés par le budget fédéral d’ici 2020 : l’état russe ne lésine pas pour revitali-ser l’économie du caucase.

exploitation de « l’or blanc » pour dynamiser le caucase

Tourisme les groupes français, à l’étroit dans des alpes surexploitées, salivent devant ce marché gigantesque

participant aux Jeux olympiques d’hiver 2014. Logiquement, les Russes ont voulu tester et com-parer les deux principaux four-nisseurs mondiaux de remonte-pentes. « Il existe aussi d’autres petits producteurs locaux, note Christian Bouvier. Mais pour l’instant il n’en existe aucun en Russie ».

La France a pris une position très avancée dans l’ensemble du projet, en créant une coentrepri-

Dimanche 18 mars, la station de ski Arkhyz a inauguré son pre-mier remonte-pente en présence des principaux officiels de la ré-gion. La poudreuse du Caucase voit enfin arriver à elle des équi-pements modernes permettant le développement à grande échel-le du tourisme. La société fran-çaise Poma a réalisé pour l’oc-casion un télésiège de 18 pylônes en un temps record.

« Cela n’a pas été facile, à cause des délais très courts. Nous avons tout construit en hiver en à peine six mois », explique Christian Bouvier, vice-président du directoire et directeur com-mercial de Poma. Sa satisfaction d’être le premier sur ce marché saute aux yeux. Arkhyz (« Belle jeune fille » en patois local) fera office de vitrine pour les six autres stations. « 180 remonte-pentes vont être construits dans les huit années à venir. C’est considérable ! », s’écrie Chris-tian Bouvier. « Le Caucase est une chaîne de montagnes excep-tionnelle, avec des sommets éle-vés, un excellent enneigement, bref, des conditions très propi-ces au ski. Le bassin de popula-tion est énorme et ces stations vont attirer de nombreux nou-veaux skieurs », s’emballe-t-il. Poma voit dans le Caucase une des grandes zones de dévelop-pement de son activité. Sur son chemin, il trouve son concurrent habituel, l’autrichien Doppel-mayr, avec lequel il s’est partagé les quatre stations de ski russes

se avec l’organisme public russe KSK qui pilote le projet. Inter-national Caucasus Development est détenue à 51% par KSK et à 49% par la Caisse des Dépôts et Consignations. La coentrepri-se franco-russe va dans les deux mois qui viennent mettre au point un plan d’affaires, qui sera utilisé pour lever un milliard d’euros d’investissements (en ma-jeure partie à l’étranger) d’ici un an pour ces sept futures stations

de ski caucasiennes. « Une fois que le plan d’affaires, que nous élaborons avec Ernst & Young, sera prêt, nous pourrons propo-ser des cibles d’investissement concrètes à chaque type d’inves-tisseur, explique Alexeï Nevski, directeur général de KSK. Nous travaillons déjà avec des inves-tisseurs français et avec la ban-que Nexus [Singapour], mais il est trop tôt pour en dire plus. Nous présenterons le plan d’af-faires au public lors du Forum économique de Saint-Péterse-bourg [en juin] ».

Conscient du défi que repré-sente le Caucase pour les inves-tisseurs, l’État russe a pris les devants en offrant toute une série de garanties au secteur privé. Lancer une station de ski est un investissement à long terme, qui peut prendre plusieurs décennies avant d’être amorti. C’est pour-quoi une garantie d’État couvre

jusqu’à 70% des investissements privés en cas de « force majeu-re ». Des allègements fiscaux et la création d’une zone économi-que spéciale seront offerts. « En moyenne, le retour sur investis-sement sera de 10 ou 11 ans », estime Alexeï Nevski. Les auto-rités russes se penchent sur l’amélioration des infrastructu-res de transport locales (aéro-port, routes, train) pour raccour-cir le trajet des touristes jusqu’à « l’or blanc ». Pour l’instant, un seul grand investisseur privé s’est lancé dans le projet. Il s’agit du groupe de BTP Sinara, apparte-nant au milliardaire russe Dmi-tri Pumpianski. Présent sur place, il a expliqué aux journalistes qu’il allait construire à Arkhyz cinq villages autour d’autant d’hôtels, principalement des trois et quatre étoiles. C’est aussi Si-nara qui a acheté le télésiège de Poma. Le groupe sud-coréen Korea Western Power a aussi

promis d’investir un milliard de dollars dans la construction de cinq centrales électriques dans le Caucase en partenariat avec KSK. Mais ce projet n’en est qu’à un stade préliminaire.

Selon Alexeï Nevski, Arkhyz s’apparente à la station françai-se « Les Arcs ». Elle visera une clientèle issue de la classe moyen-ne. « Nous réfléchissons à diffé-rencier les sept stations entre elles pour qu’elles soient com-plémentaires et non pas concur-rentes ». Et la concurrence in-ternationale ? Pour Christian Bouvier, le Caucase ne présen-tera pas une concurrence direc-te pour les stations des Alpes, puisqu’il attirera une clientèle régionale. Rostislav Mourzagou-lov, adjoint du directeur général de KSK, acquiesce : « Les clients russes les plus riches continue-ront probablement de fréquen-ter les stations alpines ».

(de g. à d.) rachid Temrezov, dirigeant de la région, alexandre Khloponine, représentant du Kremlin, dmitri Pumpyanski, investisseur.

14 milliardsd’euros, c’est la som-me totale des investis-sements estimés pour la construction de 7 nouvelles stations de ski dans le Caucase.

1 milliardC’est le montant en euros que la Caisse des Dépôts et Consi-gnations s’est engagée à trouver auprès d’in-vestisseurs d’ici an.

180C’est le nombre de re-monte-pentes qui se-ront commandés. Un marché énorme pour les industriels du sec-teur.

en chiffres

julia KoudinoVala russie d’aujourd’hui

le mois de mars a enregistré le meilleur chiffre depuis l’ère soviétique avec 10,36 millions de barils par jour. un sursaut de nature à rassurer un marché pétrolier très fébrile.

Comme au temps des records soviétiques

Pétrole la russie continue d’augmenter sa production de brut

forte que jamais. L’Arabie saou-dite dit être en mesure d’ouvrir plus grand le robinet, mais ses déclarations ne se traduisent pas dans les faits. Parmi les gros pro-ducteurs de pétrole, seule la Rus-sie parvient à sensiblement aug-menter sa production.

Avec une croissance de 1,6% par rapport à mars 2011, les grou-pes pétroliers russes ont prouvé qu’ils pouvaient accroître leurs capacités, en dépit d’un niveau d’investissement jugé insuffisant par le gouvernement. Le précé-dent record remonte à 1987, lors-que 11,48 millions de barils par jour étaient extraits du sol so-viétique. Une majorité d’experts prédit un plateau dans les trois années à venir, suivi d’un déclin. À moins que de gros investisse-ments ne soient immédiatement lancés dans les nouveaux gise-ments arctiques et en Sibérie orientale.

Les exportations de pétrole, qui représentent grosso modo la moitié de la production, ont en revanche décliné de 0,3% par rapport à février.

La poussée de production russe est de nature à rassurer quelque peu un marché pétro-lier secoué par des crises succes-sives et une imprévisibilité plus

le palmarès des pays producteurs

irina douboVala russie d’aujourd’hui

Poutine a décidé d’augmenter le quota de capitaux étrangers chez les assureurs russes, qui passeront de 25% à 50%, afin d’améliorer la viabilité des com-pagnies sur le marché national.

Portes ouvertes en grand aux fonds étrangers

assurances Premiers effets de l’entrée dans l’oMC

ganisation mondiale du commer-ce (OMC), que Vladimir Poutine a décidé d’ouvrir plus grandes les portes aux étrangers.

Environ la moitié des vingt premiers assureurs à l’échelle mondiale sont présents en Rus-sie. Parmi eux, l’allemand Allianz qui contrôle, entre autres, le russe ROSNO, l’italien Generali et le suisse Zurich Insurance. Les plus gros acteurs du marchés restent sous contrôle russe. Il s’agit de Rossgosstrakh, d’Ingosstrakh, de SOGAZ et RESO-Garantia.

Selon Pavel Samiev, directeur général adjoint de l’agence de notation Expert RA, on doit s’at-tendre à l’arrivée de nouveaux

Au 1er janvier, les exigences de capitalisation minimales impo-sées aux compagnies d’assuran-ce ont quadruplé en Russie. Mais selon le Service fédéral des mar-chés financiers, 31% des assu-reurs ne répondent pas aux nou-velles conditions. C’est pour cette raison, mais aussi en conséquen-ce de l’entrée du pays dans l’Or-

acteurs internationaux. « L’in-térêt va se concentrer sur les grandes compagnies de vente au détail ayant un réseau de suc-cursales, ainsi que sur les entre-prises engagées dans l’assuran-ce-vie. Et non sur les assureurs problématiques », estime Samiev. L’expert souligne que l’élargis-sement du quota est important non seulement pour soutenir le secteur, mais aussi pour préser-ver sa souveraineté. « L’augmen-tation de la part du capital étran-ger ne constitue pas un problème en soi, l’essentiel est de ne pas aller au-delà et que les assureurs étrangers obéissent aux exigen-ces du régulateur russe ».

Le directeur général d’Alfa As-surance-vie, Alexeï Sloussar, réa-git posément : « Nous avons tou-jours plaidé pour l’accès des entreprises étrangères au mar-ché russe. Il y a cinq ans, l’opi-nion dominante était : ne don-nons pas l’accès au marché de l’assurance aux étrangers, ils nous étrangleront. Mais ils sont tous présents. L’autre aspect, c’est bien sûr que tôt ou tard, Axa, Allianz et d’autres grands assureurs étrangers occuperont les premières places. Tant mieux pour leurs clients. Mais si des compagnies d’assurance russes du secteur parviennent à rester parmi les leaders, elles le devront à la grande qualité de leur tra-vail, la performance des systè-mes informatiques, une gestion irréprochable... bref, la qualité à laquelle nous aspirons tous. Or, sans concurrence, c’est impossi-ble », conclut Sloussar en rete-nant le bon côté de la chose.

Le marché du pétrole se trou-ve coincé entre des forces contra-dictoires. Paradoxalement, de nombreux pays producteurs s’af-folent du cours élevé du pétrole, qui pourrait, comme en 2008, conduire à un décrochage de l’économie, à une crise mondia-le et à une chute vertigineuse des prix. Tous rêvent de stabilité. Comme le souligne Chris Wea-fer, stratège chez Troika Dialog, « les États-Unis et les pays de l’OPEP tentent de faire baisser les prix. On assiste à une florai-son de commentaires politiques et médiatiques sur les effets né-gatifs des prix élevés du pétrole sur la croissance mondiale ». Mais d’un autre côté, il souligne aussi que « les courtiers rejettent ce jeu-là. Résultat, en dépit de la crainte d’un ralentissement de l’économie chinoise, le prix du brut reste fermement tiré par le haut », c’est-à-dire se situant autour de 94 euros le baril. La faute, d’une part, au risque chinois d’une chute de la deman-de, d’autre part, aux risques po-litiques en Iran, en Syrie et en Libye, voire au Nigeria, pays qui de leur côté poussent à la haus-se les prix du baril. Tout le monde risque d’y perdre, hormis une poignée de « traders » et les ban-ques d’investissement.

Concurrence limitée pour les stations alpines qui continueront d’attirer la clientèle russe fortunée

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05LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FRCOMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETADISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Régions

Vladivostok à l’heure du réveilL’un des projets les plus impres-sionnants reste le pont qui mène à l’île Rousski et au nouveau campus de l’Université de l’Ex-trême-Orient. D’une longueur de 3,2 km, l’ouvrage, qui repose en partie sur des pylônes plantés sur des îles artificielles, a été commencé il y a près de trois ans. Le pylône central s’élève à 320 mètres. Achevé en avril, ce pont suspendu est devenu le plus long du monde.

« Quand nous parlons d’in-novation et de modernisation, les voilà », explique Alexandre Ognevski, porte-parole du mi-nistère du Développement ré-gional, en montrant le pont. « Un grand nombre d’entrepri-ses internationales ont renoncé à l’appel d’offres, le projet leur paraissant infaisable. C’est une firme d’Omsk qui a enlevé le contrat. Les technologies déve-loppées sur ce projet seront uti-lisées ailleurs et même expor-tées à l’étranger ».

L’île Rousski abrite des ins-tallations militaires ; quelques milliers de militaires à la re-traite et leurs familles y vivent. C’était un quartier calme, tota-lement excentré, jusqu’à ce que Vladimir Poutine, lors de sa pre-mière présidence, décide de fu-sionner les quatre principales universités de Vladivostok et de loger tous les étudiants sur un unique campus. Sans exagéra-tion, on peut affirmer qu’une nouvelle ville a surgi en moins de trois ans : un terrain vague de 160 hectares a été quadrillé de routes, dortoirs, cafés, jar-dins, stades, hôpitaux et ce qui devrait devenir le plus grand océanarium du monde, le tout réalisé par près de 16 000 ouvriers venus essentiellement d’Asie centrale, qui travaillent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

L’île Rousski accueillera le sommet puis le campus sera transféré à l’Université de l’Ex-trême-Orient où 30 000 étu-diants sont attendus. « La Rus-sie est en crise démographique, et partout dans le pays, les uni-versités commencent à manquer d’étudiants », commente Vladi-mir Miklouchevski, recteur de l’Université jusqu’il y a peu. « C’est pourquoi nous analysons les marchés chinois, indonésien ou vietnamien, là où il y a une demande inassouvie pour les hautes études. Il faut attirer les étudiants, et nous devons trou-ver notre créneau ».

Les autorités espèrent que le campus et les subventions fédé-rales feront venir les talents. Un technoparc est en projet pour commercialiser la production de l’université et créer de nouveaux emplois. Une zone économique spéciale à vocation touristique est prévue sur l’île pour mettre en valeur ses plages - dont les étudiants pourront pro� ter.

« L’enseignement supérieur russe doit faire face à deux pro-blèmes majeurs : les facs ne sa-vent pas produire ce qu’exigent les entreprises, et les entrepri-

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

Où se loger Pour les amateurs d’am-biance familiale, optez pour l’ « Hôtel de Sibé-

rie » dans le centre-ville. Pour une vue sur la Baie d’Amour, choisissez l’hôtel « Azimut ».

Où se restaurer Dégustez une taupe-grillon frite ou des ten-tacules de calmars fu-

més sur le marché au poisson du centre-ville. Autre curiosité qui mérite le détour : les ravio-lis de Singapour proposés par le café « Ouzal ».

Pour s’y rendreLe vol Moscou-Vladi-vostok dure 9 heures et coûte 375 euros. Des

vols sont offerts au départ de Paris avec correspondance à Moscou. Pour traverser le pays à bord du Transsibérien : il vous faudra 6 jours, 17 heures et cela vous coûtera 500 euros.

Gouverneur tout nouveau tout propreVladimir Miklouchevski, 44 ans, vient tout juste d'être nommé gouverneur de Vladivostok. Son prédécesseur Sergueï Darkine, en place pendant dix ans et qui souf-frait d'un déficit de popularité, a été écarté par Dmitri Medvedev au début du mois de mars. Miklou-chveski, recteur de l’Université fé-dérale de l’Extrême-Orient depuis 2010, a sans surprise recueilli une large majorité de voix. Le nouveau gouverneur a promis que la trans-parence et le combat contre la corruption constitueraient des pi-liers de son mandat. En attendant, « le sommet de l’APEC aura un ef-

fet bénéfique à long terme sur le développement de Vladivostok », dit Vladimir Mikoulchevski. « Nous parlons de plus de 200 milliards de roubles d’investissements, y compris dans le développement des infrastructures. L’insuffisance des infrastructures entrave l’inves-tissement partout, pas seulement en Russie. Le sommet aidera éga-lement à faire connaître Vladivos-tok dans le monde ».« C’est un bon gestionnaire et il n’est pas lié aux milieux affairis-tes et criminels locaux », estime le journaliste Vassili Avtchenko. « J’espère que nous allons enfin stopper l'hémorragie de popula-tion et réaliser l’énorme potentiel dont notre ville a hérité ».

La « menace chinoise »

Les autochtones soulignent que Tokyo n’est qu’à une heure et de-mie de vol, Séoul à deux heures et Pékin à trois. Par contre, il en faut neuf pour atteindre la capi-tale Moscou ! C'est du pain béni pour les nationalistes russes, qui s'époumonent à répéter que « les Chinois ont pris possession de l’Extrême-Orient ».« Il s’agit de l’un des plus grands mensonges de la politique natio-nale », contredit Sergueï Pouch-karev, directeur d’une ONG loca-le venant en aide aux immigrés et aux patrons qui les emploient face aux abus des autorités. De 1993 à 2002, Pouchkarev dirigeait le bureau régional du Service fé-déral des migrations. « Dieu nous a donné un voisin paisible et tra-vailleur désireux de s’engager dans une activité économique mu-tuellement bénéfique... et nous vi-vons dans la paranoïa ». En effet, les immigrés travaillant sur la plu-part des chantiers de Vladivostok sont clairement d’Asie centrale – ce ne sont pas des Chinois.

C’est le taux de croissance annuel du produit régional brut de la ré-gion de Vladivostok en 2011, qui s’élève à 12,5 milliards d'euros.

milliards d’euros prélevés sur le budget fédéral ont été injectés dans l’amélioration des infrastruc-tures en vue du sommet APEC.

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EN CHIFFRES

ki Krai, qui englobe Vladivos-tok, et qui est confrontée à un véritable exode. Au cours des vingt dernières années, 300 000 personnes – l’équivalent de la moitié de la population de Vla-divostok – sont parties sous des cieux plus cléments ou à l’étran-ger.

« Pas moins des deux-tiers de nos étudiants qui apprennent le chinois veulent poursuivre une carrière à l’étranger », as-sure Victor Larine, le directeur de l’Institut d’histoire, archéo-logie et ethnologie des peuples de l’Extrême-Orient. « La plu-part des infrastructures de la ville sont délabrées, les routes se dégradent et je ne sais où aller pour me promener à pied avec ma femme. Ce n’est pas en construisant des ponts qui ne mènent nulle part qu’on don-nera l’envie de vivre ici ».

« Tout le monde s’inquiète de ce qui arrivera après le som-met », dit Avtchenko. « Nous n’avons même pas d’industrie locale de fruits de mer. C’est dommage, parce qu’il n’y a pas

Voir notre diaporama surlarussiedaujourdhui.fr

9 000 km par le Transsibérien

ses ne sont pas très intéressées par les produits d’innovation », explique Miklouchevski.

« Il faut reconnaître que per-sonne, moi compris, ne croyait que le projet serait mené à terme, et certainement pas à temps pour le sommet », admet le correspondant local du jour-nal Novaya Gazeta, Vassili Avt-chenko. « Les autorités ont réus-si leur pari ».

Main d’œuvre immigrée Les journalistes ne sont pas auto-risés à communiquer avec les ouvriers sur les chantiers ni dans les dortoirs. « On craint qu’ils

si longtemps, l’usine DalMor-Produkt – qui a fait faillite il y a quelques années – était connue dans tout le pays. Nous devrions avoir un marché maritime � o-rissant et des restaurants de fruits de mer. J’aimerais bien que Vladivostok soit réputée pour être la ville la plus « pois-sonneuse » de Russie et que les gens viennent de loin pour sa-vourer la cuisine locale ». Il est encore long, le chemin...

Les autorités espèrent que le campus et les subventions vont attirer les brillants esprits et permettre d’établir des écoles solides dans des domaines comme la biomédecine et l’informatique

commencent à vous raconter comment ils sont traités », ex-plique Bakhodir Nourakov, actif dans une ONG (organisation non gouvernementale) de défense des droits des ouvriers qui aide les immigrés et leurs employeurs à combattre les abus des autori-tés. Nourakov n’a pas prise sur l’ensemble des chantiers mais seulement sur certains entrepre-neurs qui enfreignent la loi en employant des immigrés sans leur fournir un permis de travail de longue durée. « Ils leur pro-mettent de les payer 90 jours puis les licencient, explique-t-il. À ce moment-là, les travailleurs n’ont aucun recours juridique car ils deviennent des migrants illé-gaux. Certains veulent partir mais n’ont pas d’argent pour s’acheter un billet retour. Ils doi-vent continuer à travailler pour se nourrir », dit-il.

Pour des « ponts » menant au-delà du sommetL’envers du décor, c’est aussi la situation socio-démographique de toute la région du Primors-

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06 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro opinions

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Le courrier des Lecteurs, Les opinions ou dessins de La rubrique “opinions” pubLiés dans ce suppLément

représentent divers points de vue et ne refLètent pas nécessairement La position de La rédaction de La russie

d’aujourd’hui ou de rossiyskaya Gazeta.

préparé parVeronika dorman

lu dans la presseles « dissidents » affamés d’astrakhan

depuis le 16 mars, le candidat à la mairie d’astrakhan, oleg cheïn, et ses partisans sont en-gagés dans une grève de la faim pour protester contre un scrutin qu’ils jugent frauduleux, et qui a été remporté par le candidat du parti du pouvoir, mikhaïl stolia-rov. plusieurs personnalités de l’opposition moscovite se sont rendues à astrakhan pour lui apporter leur soutien.

le droiT de faim Nikita Batalovkommersant

mahaTma cheïnÉditorialgazeta.ru

sTop À la clownerie !Leonid Berchitskisnob

Le retentissement de l’affaire d’As-trakhan est inattendu. Une annula-tion du scrutin remettrait en cause la légitimité des élections fédéra-les, ce qui voudrait dire que le pou-voir recule. L’une des exigences des opposants est l’accès aux en-registrements vidéos des 200 bu-reaux de vote d’Astrakhan afin de prouver qu’il y a eu fraude dans au moins un quart des bureaux, ce qui permettrait d’annuler le scru-tin, espère-t-on. Mais même quand ils auront récupéré les enregistre-ments et qu’ils saisiront la justice, Oleg Cheïn continuera de se bat-tre : « Nous arrêterons la grève de la faim quand nous comprendrons qu’il y aura de nouvelles élections municipales ».

Le cas d’Astrakhan teste l’évolution du langage politique en Russie. C’est aussi un test de la capacité de l’opposition à briser la « verticale du pouvoir », qui semble s’acharner à provoquer la désobéissance civi-le et la résistance pacifique. Cheïn n’exige que l’accès aux éléments qui lui permettront de porter plain-te pour fraude. La verticale de Pou-tine rebute les gens par sa manière agressive et hautaine de s’adresser à la population mécontente. L’atti-tude du pouvoir donne des raisons à beaucoup de gens de le consi-dérer comme un pouvoir d’occu-pation. Ce qui va finir par donner naissance à des Gandhi locaux par-tout en Russie, à Astrakhan, Volgo-grad et ailleurs.

Je fais la grimace quand j’écoute les interviews de Cheïn. Il a com-mencé sa grève de la faim avant d’avoir rassemblé les éléments prouvant la falsification des élec-tions municipales et de les avoir portés au tribunal. Mais ne pas manger, se battre, planter des ten-tes n’a de sens qu’une fois que la justice a refusé de jouer son rôle. Si nous essayons d’ébranler le sys-tème à l’aide d’une contestation pacifique, nos actions doivent avoir l’air raisonnable. La clownerie et la déraison, ce n’est pas ce dont nous aurons besoin quand les prisons disparaîtront et que la liberté nous ouvrira ses bras. À moins que nous ne renoncions déjà aux méthodes pacifiques.

Valentin Guefterdirecteur de l’institut des droits de l’homme

andreï Kouraïevarchidiacre

de l’église orthodoxe

Goulnara soultanova

militante

"Ce n’est pas une loi contre la pédophilie. Il s’agit d’un amalgame mêlant le prosélytisme

de formes de comportement sexuel spécifique qui ne sont pas interdites par la loi, à la promotion d’actes criminels contre des mineurs, qui, eux, sont interdits par la loi. Et si ce n’est pas interdit par la loi fédérale, je ne comprends pas vraiment pourquoi il est néces-saire dans la région de lancer des règles aussi vagues ».

Le Parlement de Saint-Péter-sbourg a adopté un projet de loi controversé qui instaure des amendes allant jusqu’à 12 500 euros pour propagande de l’ho-mosexualité et de la pédophi-lie auprès des mineurs. Le texte va bientôt être soumis au Par-lement russe. Ses détracteurs dénoncent le caractère discri-minatoire de cette initiative et la définition abstraite du terme « propagande ».

"Le but de la loi est de déclarer la position de la majorité morale et de protéger les enfants

contre l’influence néfaste [des minorités sexuelles]. Si nous vivons dans un pays démocra-tique, il est tout à fait naturel que l’opinion majoritaire soit respectée. La loi s’attaque à la promotion de ce genre d’idées. [La possibilité d’abuser de la loi existe], mais on peut faire un usage abusif de n’importe quelle loi ».

"Cette loi ne vise pas à protéger les mineurs. Au contraire, elle pourrait aggraver la situation.

D’un côté, elle risque de ren-forcer l’homophobie et cela peut conduire à la persécution des minorités sexuelles, ce qui à son tour peut provoquer une augmentation des suicides chez les jeunes, sous la pression de la majorité. Les enfants sont très sensibles. En d’autres ter-mes, cette loi délie les mains des homophobes ».

réacTions

Projet de loi homophobe

Pas de Progrès sans réformes

Pour une solution réaliste en syrie

oleg Viouguine, evseï Gourvitch

Vedomosti.ru

evguéni satanovski la russie

d’aujourd’hui

faible endettement, solde budgétaire positif : le ba-romètre économique russe semble au beau fixe, sur-

tout sur fond de crise européen-ne. Mais une zone de « turbu-lences » menace en l’absence d’un ralentissement permettant de prendre à temps les mesures de rééquilibrage nécessaires.

Certains critiquent une poli-tique de stockage des pétrodol-lars dans le Fonds de réserve et de limite des dépenses. Ce n’est plus le cas puisqu’en 2009-2010, les dépenses pour les retraites ont explosé, passant à 4% du Produit intérieur brut (PIB), soit plus que pour l’éducation ou la santé. Les dépenses militaires sont aussi en forte hausse. Dans son programme électoral, Vla-dimir Poutine affirme sa volon-té d’accroître encore les dépen-ses dans plusieurs autres domaines, pour environ 1,5% du PIB. Par ailleurs, des fac-teurs plus objectifs, comme la crise démographique des vingt prochaines années, vont peser sur le budget. En effet, la po-pulation russe vieillit et le nom-bre de retraités à la charge de chaque travailleur va passer à 1,5. Si la politique budgétaire de ces trois ou quatre dernières années est maintenue, et que les promesses en matière d’accrois-sement des dépenses budgétai-

la guerre civile en Syrie et la pression de la commu-nauté internationale qui pèse sur Bachar el-Assad

nous renvoient à l’histoire des États-Unis et de leur président Abraham Lincoln. Aujourd’hui considéré comme un président martyr, chantre de la démocra-tie, il a pourtant mené une lutte acharnée contre les États séces-sionnistes, dans une guerre ci-vile meurtrière qui a fait 600 000 morts. Il n’est pas exclu que plus tard, le président el-Assad, à l’instar de Lincoln, puisse être porté aux nues dans le monde arabe. L’histoire ne cesse de nous montrer que tout est possible.

Le plan de paix de l’envoyé

res se concrétisent, la stabilité macro-économique du pays sera menacée.

Les réserves existent bel et bien. Toutefois, une simple haus-se des impôts pour renflouer les caisses de l’État ne serait pas la meilleure solution et pourrait avoir des effets négatifs. Cela peut effrayer les marchés et faire baisser les investissements, ce qui entraînerait un ralentissement économique et une baisse des re-cettes budgétaires, nécessitant à son tour une nouvelle augmen-tation des impôts.

Il y a d’autres moyens d’aug-menter le revenu : combattre l’économie souterraine (qui re-présente, selon la Banque mon-diale, 43% du PIB russe contre 13% en Chine et 8% en Suisse) et minimiser les avantages fis-caux. Une très grosse part des économies que pourrait faire le gouvernement repose sur le sec-teur de la fonction publique.

Dans les années 2000, le nom-bre des agents de l’État et fonc-tionnaires de l’administration a été multiplié par plus de 1,5, pour passer à plus de 108 fonction-naires pour mille personnes ac-tives. La Russie emploie donc deux à trois fois plus de fonc-tionnaires que tout autre pays équivalent. La moyenne pour les 22 pays les plus riches de l’OCDE est de 75 agents publics pour mille habitants. En 2009, les agents de la sécurité publique en Russie étaient au nombre de 9,8 pour mille habitants, tandis

que ce chiffre n’était que de deux dans les autres pays émergents. En conséquence, les dépenses pour le secteur public en Russie (3,2% du PIB) dépassent large-ment celles de n’importe quel pays de l’OCDE.

Le montant des subventions budgétaires y est lui-même anor-malement élevé. En 2010, il re-présentait 4% du PIB, l’un des plus élevés des pays émergents.

Ces aides soutiennent des entre-prises non viables et ne font qu’accroître le retard économi-que.

Une autre manière de réduire les dépenses serait de lutter sys-tématique contre le pillage des biens et la fuite des capitaux, et de mettre l’accent sur la moder-nisation. L’entretien de 5 kilo-mètres de route revient 5 fois plus cher à la Russie qu’à la Finlan-de, son voisin climatique.

Il faut noter que le gouverne-ment à gaspillé beaucoup d’ar-gent dans de gros projets pres-tigieux et peu rentables comme le chantier des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, qui devrait coûter à la Russie quelque 30 milliards d’euros. Aucun pays n’a jamais dépensé plus de 4,5 mil-

liards d’euros pour la même ma-nifestation.

En outre, il conviendrait de ne plus chercher à résoudre les pro-blèmes budgétaires en puisant dans les caisses de l’État. L’exem-ple des autres pays montre depuis longtemps que seule une restruc-turation bien menée peut accroî-tre la productivité et actionner les leviers qui la stimulent.

Le nouveau programme bud-gétaire doit respecter trois exi-gences essentielles : a) « pas de croissance sans réformes » : mo-difier les mécanismes de fonc-tionnement du secteur budgé-taire en faveur d’un travail plus efficace et ensuite les soutenir financièrement ; b) non pas une augmentation des dépenses mais leur meilleure répartition ; et c) non pas une augmentation des impôts mais une amélioration de leur collecte pour accroître les ressources budgétaires.

Bien sûr, il est plus difficile de mener une telle politique que de puiser dans les caisses pour fi-nancer des projets grandioses ou satisfaire les besoins sociaux. Mais c’est le seul moyen d’assu-rer à la Russie une croissance stable.

Oleg Viouguine est le Président du conseil des directeurs de la banque MDM. Evseï Gourvitch est le Directeur du Groupe d’ex-perts économiques de Moscou.

article publié dansVedomosti

une grosse part des économies que pourrait faire le gouvernement repose sur le secteur de la fonction publique

spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, vi-sant à régulariser la situation en Syrie (avec l’aval des États-Unis et de la Russie), n’est pas mau-vais en soi. Il n’a qu’un défaut : il est irréalisable, comme la plu-part des solutions pacifistes in-compatibles avec les lois inter-nes des guerres civiles.

Les forces armées du Président Assad ont repris le dessus et fait reculer les troupes de l’Armée de libération syrienne (ALS). Dé-tenant dorénavant l’initiative, Assad veillera à ce que l’oppo-sition n’ait plus la possibilité de se regrouper et de se réarmer. L’exemple de Kadhafi est enco-re trop présent à la mémoire pour qu’Assad s’en remette à la « com-munauté internationale ». Par ailleurs, il a le soutien de l’Iran. Or, une division voit le jour au

sein de la Ligue des pays ara-bes : l’Algérie, l’Irak et le Liban ne veulent plus suivre l’Arabie saoudite et le Qatar. Lors de leur dernière conférence qui s’est tenue à Istanbul, les Amis de la Syrie ont reconnu le CNS comme « seul représentant légitime du peuple syrien ». C’est une initia-tive de l’Union européenne et des États-Unis, tandis que la Tur-quie et les monarchies du Golfe soutenaient l’ALS. Cette confé-rence a freiné les plans du Qatar qui devait financer et fournir l’ALS en armes, même s’il conti-nue à essayer de renflouer les rangs des troupes de l’opposi-tion en soldats libyens à travers la Turquie et la Jordanie. La dé-cision de l’intervention n’a pas été adoptée, malgré une forte pression de la part du Qatar. Doha et Riyad ont dû se soumet-

tre faute de pouvoir régler seuls la situation syrienne. Dès lors, les États-Unis et l’Union euro-péenne sont devenus les acteurs principaux dans le règlement de la crise, au dépend de la Ligue des pays arabes. La priorité de l’OTAN, forte de l’expérience li-byenne, est de placer au pouvoir en Syrie l’opposition laïque. L’ALS doit devenir le bras armé du CNS, qui devra financer les troupes et les organiser. Mais

alors, une montée des tensions est à prévoir entre le chef de l’ALS, Riyad el-Assaad, et le chef du bureau militaire du CNS, le Général Moustapha Al Cheikh.

Quant au plan d’Annan, une libération des prisonniers poli-tiques et la création de nouveaux

partis en vue des élections, ne peut être envisageable que si un dialogue s’instaure entre le pré-sident et les forces d’opposition. Ce qui ne pourra se faire que si ces dernières reviennent sur leur condition première : le départ inconditionnel d’el-Assad. L’ALS ne semble pas prête à cette concession, surtout au vu du fi-nancement promis à la confé-rence d’Istanbul : 500 millions de dollars par les monarchies du Golfe, 100 millions par Tripoli et les 150 millions « humanitai-res » promis par l’Union euro-péenne. Le plan d’Annan est en contradiction totale avec cet im-portant projet de financement qui permettra à chacun de trou-ver son compte en s’octroyant sa part du gâteau. Le plan de paix est voué à l’échec car ni Assad, ni l’opposition n’y voient aucun intérêt et le sabotent à coups d’accusations réciproques, ce qui rend impossible l’instauration d’un dialogue pacifique.

Evguéni Satanovski est le prési-dent de L’Institut du Proche-Orient.

le dialogue est impossible car l’opposition réclame le départ inconditionnel d’el-assad

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Page 7: La Russie d'Aujourd'hui

07LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.FRCOMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETADISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO Culture

« Je n’ai pas envie de parler de moi, mais d’épier les pas du siè-cle, le bruit et la germination du temps », écrit Ossip Man-delstam dans son premier texte en prose, Le bruit du temps, pu-blié par la maison d’édition qui s’est parée du nom et qui pu-blie en même temps Mandels-tam, Mon temps, mon fauve, une biographie. Les deux ouvrages se répondent et font écho à l’in-dispensable et magnifique Contre tout espoir, premier tome des souvenirs de Nadejda Man-delstam, son épouse, que Gal-limard ressort en poche.

On y découvre un poète ins-piré, brillant théoricien de la poésie, dépeint par ses contem-porains comme un original, « un idiot comme… les vrais poètes » (Volochine), une sorte de mendiant céleste sur les lè-vres duquel se murmurent des vers, un être doté d’un pessi-misme profond et d’une joie de vivre indomptée.

Jamais pourtant cet être ché-tif, malingre, toujours à la re-cherche d’un toit et vivant d’ex-pédients, ne manqua une occasion de s’opposer à l’arbi-traire avec un courage et une intransigeance insensés. Arrê-té après la révolution par les Blancs puis par les Rouges, il est sauvé tantôt par ses amis poètes, tantôt par Boukharine. Alors que les autres signent aveux et repentirs, lui s’indi-gne. Il s’insurge devant l’arna-que des Archives qu’il suspec-te de vouloir s’emparer des siennes contre quelques ko-pecks pour les détruire, gi� e un auteur proche du pouvoir ou entre en con� it avec les as-sociations officielles d’écrivains dont on le sait, la survie et la vie même des auteurs dépen-dait. Jusqu’à la � n il écrira ce qui chante et sourd en lui, mais aussi ce qu’il doit écrire, jusqu’à l’épigramme sur Staline qui lui vaudra le camp et la mort. Pas-ternak, qui lui avait dit un jour : « J’envie votre liberté, chu-chote, épouvanté, à l’écoute de l’épigramme fatale : Je n’ai rien entendu, vous n’avez rien ré-cité… ». C’est lui qui intercé-dera en sa faveur à deux repri-ses, permettant aux époux, relégués dans un sombre vil-lage de l’Oural, quelques an-nées de répit à Voronej. Inca-pable du moindre compromis, Mandelstam ne sait ni hurler avec la horde, ni galvauder sa poésie pour glori� er la révolu-tion, ni renier ses amis. Doté d’une clairvoyance qui lui sera fatale, il écrivait :

« Nous mourrons comme meurt la piétaille/ Mais nous ne chanterons ni le pillage, ni la corvée, ni le mensonge ! » (Minuit à Moscou, 1931).

Christine Mestre

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

Le courage des mots

TITRE : MANDELSTAM, MON TEMPS, MON FAUVE : UNE BIOGRAPHIE AUTEUR : RALPH DUTLI ÉDITION LE BRUIT DU TEMPS TRADUIT PAR JEAN-CLAUDE SCHNEIDER

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À L’AFFICHEDEUX RUSSES À PARIS DU 18 AU 22 AVRIL, OPÉRA DE NICE

George Balanchine et Serge Li-far, deux grandes figures de l’art chorégraphique qui ont été élevées dans le sein des Bal-lets Russes. Chorégraphie aux sons de la musique de Gluck, Tchaïkovski et Lalo.www.opera-nice.org

NA GRANIDU 18 AU 21 AVRIL, BALLET PRELJOCAJ, AIX-EN-PROVENCE

Mickaël Le Mer réunit des inter-prètes russes avec sa compa-gnie hip-hop française S’poart pour une aventure humaine et artistique palpitante. Il se nour-rit de l’ambiance insolite d’Eka-terinbourg pour mettre en jeu des « travailleurs » de la danse aux prises avec leurs différences et leur envie d’en découdre.www.prelijocaj.org

7ÈME FESTIVAL DE CULTURE RUSSE COSMOSDU 25 AU 28 AVRIL 2012THÉÀTRE DE L’ATALANTE, PARIS

Un festival musical de quatre jours. Au programme : specta-cle Gala-Caprice pour Dali du théâtre de Saint-Pétersbourg et romance tzigane entre autres manifestations.www.infos-russes.com

TOUS LES DÉTAILS SUR NOTRE SITELARUSSIEDAUJOURDHUI.FR

DARIA BOLDAREVALA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Andreï Pavlov a consacré sept années de sa vie professionnelle aux insectes sociaux. Il s’est inspiré de l’œuvre romanesque de Bernard Werber, auteur de la trilogie « Les Fourmis ».

Photographie L’objectif d’Andreï Pavlov scrute la vie des insectes

Le révélateur de la beauté cachée du monde des fourmis

Fraîchement diplômé de la fa-culté arctique de l’Académie de la Marine russe, Andreï Pavlov ne pouvait s’imaginer d’autre avenir professionnel que celui d’explorateur polaire. À l’hori-zon : expéditions, aurores boréa-les et icebergs enneigés. Mais le destin en a décidé autrement en

mettant un terme à la carrière qui l’avait vu accumuler jours et nuits polaires à la station « Pôle Nord-28 ».

Il y a sept ans, une commotion à la colonne vertébrale lui a pa-ralysé les mains et les jambes. La vie d’Andreï a radicalement changé : � ni les milliers de ki-lomètres parcourus auparavant avec aisance. Aujourd’hui, son champ d’observation est distant d’un mètre, deux tout au plus : « J’ai appris à faire de la photo numérique dans ma datcha, sur un mètre carré d’herbe, avec tous ses habitants. J’ai � ni par tom-ber sous leur charme. Ce sont les fourmis qui m’ont permis de ne pas baisser les bras ».

« Antrey » (le roi des fourmis en anglais), c’est le surnom d’An-dreï sur Internet. Il s’est d’abord rendu célèbre par une série de macrophotographies, « Histoires de fourmis », des scènes où les insectes posaient et exécutaient des actions tout à fait humaines,

une séance photo mise en scène avec des êtres vivants. En réali-té, les œuvres d’Antrey ne sont pas vraiment des « macros » à l’échelle classique (1 : 1). Ses pho-tos, ce sont aussi des portraits ou

des paysages, tandis que les four-mis ressemblent plus à des lilli-putiens qu’à des insectes.

Les fourmis rouges Formica Rufa, qui vivent dans des four-milières à 50 mètres de la mai-son du photographe, sont depuis six ans les personnages princi-paux de ses photos. « Les four-mis se déplacent strictement sur une trajectoire de travail : on peut s’installer confortablement sur le bord de leur chemin, sans les écra-

ser et sans se faire piquer. Pour ne pas déranger la circulation du « casting », le plateau est instal-lé sur le sentier ; les � ashes, fonds et ré� ecteurs, montés sur des pi-quets en � l de fer, sont plantés dans la terre. Quand je n’arrive pas à marcher, je photographie dans mon jardin, je n’ai pas de problème avec les décors et les accessoires. De mai à octobre, je suis à la datcha et je bricole ».

Antrey assure qu’il n’est pas difficile d’attirer l’attention d’une fourmi : il suffit de placer de-vant elle un moulage de proie ou d’ennemi, et le photographe parvient même à diriger une troupe entière de cette façon. Il suffit de convaincre une fourmi d’exécuter une tâche pour que les autres suivent, mais les « ac-teurs » ne sont pas tous de même niveau : « les boulets et les fai-néants » sont écartés.

« Il m’a fallu deux ou trois ans pour entrer en contact, la four-milière m’a montré ce que je pou-vais photographier et comment, explique Andreï. Parfois je m’imagine presque qu’elles me reconnaissent… Nous pouvons tous apprendre des fourmis : une société qui s’occupe de ses fai-bles, invalides et retraités ne peut qu’attirer le respect. En 150 mil-lions d’années d’existence, cette civilisation biologique a dévelop-pé de nombreuses méthodes de survie écologiquement propres. On ne sait toujours pas laquelle des civilisations, celle des four-mis ou celle des hommes, s’avé-rera la plus viable ». La princi-pale différence étant que les fourmis ne savent pas détruire.

« Nous pouvons tous apprendre des fourmis : une société qui s’occupe de ses faibles et invalides »

PAUL DUVERNETLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Seule la barrière de la langue empêche la très riche scène théâtrale russe de s’exporter plus qu’elle ne le fait. Un festival offre l’occasion de découvrir les nouvelles créations.

Le Masque d’Or récompense le meilleur de la création russe

Théâtre Un festival dont la programmation illustre l’effervescence des arts de la scène

qui a empoché le prix du meilleur rôle lyrique masculin pour Bot-tom dans le Songe d’une nuit d’été monté cette année au Ma-riinski de Saint-Pétersbourg.

Pour cette dix-huitième édition du Masque d’Or, 11 opéras étaient en compétition, dont un contem-porain, Les Âmes mortes de Ro-dion Chedrine, d’après le célèbre roman de Gogol. À noter que le Bolchoï de Moscou n’a décroché qu’une seul prix contre trois pour son éternel concurrent, le Ma-riinski. Le renouveau de l’art ly-rique vient de la province de

Si la vie politique peut paraître ennuyeuse ou décevante, c’est peut-être parce que les Russes mettent toute leur énergie et leurs espoirs ailleurs. Dans le théâtre, par exemple. Le Mas-que d’Or, principal festival des arts de la scène, paraît con� r-mer cette hypothèse, tant l’effer-vescence du théâtre russe saute aux yeux. Il prend d’année en année une dimension sans cesse plus internationale, offrant une large sélection d’opéras et de bal-lets qui tourneront à l’étranger.

Le plus prestigieux des festi-vals russes a remis ses prix le 16 avril sur la grande scène du Théâtre du Bolchoï pour la pre-mière fois depuis huit ans. Cin-quante-et-un spectacles venant de 13 villes russes se sont les fa-veurs du jury dans plusieurs compétitions parallèles. Cette année, sur les 183 participants au festival, 16 étrangers ont été sélectionnés, dont la célèbre basse britannique Willard White,

K a z a n , Ekaterin-bourg, As-trakhan. Les nominations pour la catégorie ballet restent monopolisées par les deux capitales russes. Seuls les ballets de Perm et de Novossibirsk ont attiré l’attention des sélection-neurs. Très sensibles à la création actuelle, les organisateurs ont ouvert une sélection à part pour la danse contemporaine. Le Bol-choï a pris sa revanche dans le ballet, où il a reçu 5 récom penses,

dont le prix de la critique pour Chroma.

Mais c’est la compétition théâ-trale qui constitue le centre né-vralgique du Masque d’Or, d’abord parce que le fondateur du festival, Edouard Boïakov, lui-même metteur en scène, y met toute son énergie. Dans la sélec-tion 2012 � gurent 17 productions dramatiques, presque toutes d’avant-garde, trois spectacles de marionnettes et quatre autres qui dé� ent toute classi� cation. On retiendra avant tout Le corps de Simone, une pièce du Polo-

n a i s Krystian Lupa basée sur la vie de la philo-sophe Simone Weil ; File moi du feu, ou la digestion du rock américain par une

jeunesse russe débous-solée (prix de la

meilleure « expérimen-tation »; Le cas des mysti� ca-

tions géniales, une satire multi-média très remarquée pour ses innovations scéniques, et en� n Les gelés, (prix du meilleur spec-tacle dramatique) une pièce po-litique du romancier Zakhar Pri-lepine mise en scène par Kirill Serebrennikov, le plus insolent des dramaturges russes. Bref, le théâtre russe rend tout intéres-sant, même la politique.

Tchaïka (La Mouette), prix de la meilleure mise en scène pour Iouri Boutoussov.

AN

DR

EÏ PAVLO

V (4)

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Page 8: La Russie d'Aujourd'hui

08 LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.larussiedaujourdhui.frcommuniqué de rossiYsKaYa GaZeTadisTribué aVec le fiGaro loisirs

receTTe

Avec la fine chair des crabes de Vladivostok

Julienne de crabe

Mon mari russe s’en sort très bien pendant les fêtes nationa-les, qui sont fréquentes en Rus-sie. Il occupe un poste assez élevé dans un organisme public et reçoit en conséquence une multitude de cadeaux, dont des présents comestibles. Il y a les habituels bouteilles de cognac et whisky de luxe, ou du choco-lat. Mais une nouvelle tendance est apparue ces derniers temps. On offre désormais de la viande et du poisson, du bœuf de Ko-bé, du saumon fumé délicat et autres mets raffinés. Mon mari rapporte ces tributs à la maison avec un air de chasseur, m’obli-geant à me lancer dans une course contre la montre. Ce fut le cas avec ce large bo-cal de chair de crabe fraîche du Kamtchatka, offert par un asso-cié de Vladivostok. Dans une capitale sans dé-bouchés sur la mer, on oublie souvent que la Russie dispose d’une côte immense sur le Pa-cifique, mais un kilo de chair de crabe ravive la mémoire, et l’annonce que l’auteur du ca-deau venait dîner m’a plongée dans une enquête effrénée sur les possibilités d’accommode-ment du crabe. Il fallait prépa-rer quelque chose d’exception-nel. J’ai épluché mes livres de cuisine en vain. J’ai fini par trouver une mer-

veilleuse solution dans la cuisine russe classique : la julienne, ren-contre entre une ligne tradition-nelle et des idées novatrices sur les manières de servir le crabe. La julienne, ce sont des légumes (des champignons le plus sou-vent), ou des morceaux de vian-de, légèrement sautés dans de la crème fraîche épaisse, recouverts de fromage et gratinés. La julien-ne est généralement servie dans de petits récipients individuels, en aluminium, ou des ramequins. Entre la tarte et les zakouski sa-lés qui inaugurent un dîner rus-se traditionnel, et les viandes en sauce avec les légumes tubéreux, la julienne est servie seule, telle un cessez-le-feu temporaire en-tre les deux titans de la table rus-se. C’était une occasion parfaite pour mettre en valeur le crabe du Kamtchatka, assorti de pois, poi-reaux, zeste de citron et corian-dre : des saveurs croquantes et nettes, faire-valoir idéal pour le crabe relevé et la sauce crémeuse. J’ai mangé beaucoup de julien-nes sans jamais en avoir préparé moi-même. J’ai été ravie de dé-couvrir que la préparation est non seulement facile, mais peut être faite à l’avance et terminée juste avant de la servir, dorée au sortir du four. On peut faire une julienne avec presque tout : poisson fumé, viandes, champignons, asperges ou autres légumes.

ingrédients :500 g de chair de crabe fraîche nettoyée • 1 botte de poireaux, finement hachés • 1 échalote fi-nement hachée • 125 ml de vin blanc sec • 200 g de petits pois congelés • 5 ml de zeste de ci-tron râpé • 30 ml de jus de ci-tron pressé • 60 ml de corian-dre frais haché • 200 ml de béchamel • 200 ml de crème fraîche épaisse • 30 ml de beur-re • 150 g de gruyère râpé • Sel, poivre.

Préparation1. Beurrez l’intérieur de six ra-mequins individuels ou d’un plat à tarte peu profond. 2. Faites fondre 15 ml de beur-re dans une casserole à fond épais, jusqu’à ce qu’il crépite. Ajoutez un tiers des poireaux et l’échalote, faites sauter 2-3 mi-nutes. 3. Ajoutez délicatement la chair de crabe et faites sauter deux minutes. Ajoutez le jus de ci-tron, le vin blanc, le zeste, et re-muez délicatement encore deux minutes. Retirez du feu et lais-sez de côté. 4. Préchauffez le four à 220 C° et placez la grille un peu au-dessus du milieu du four.5. Replacez la casserole avec le crabe sur un feu doux. Quand elle s’est réchauffée, augmentez un peu le feu, ajoutez la crème

fraîche, la moitié de la sauce bé-chamel, les pois et le reste des poireaux. Mélangez délicatement et laissez chauffer 2-3 minutes. Ajustez l’assaisonnement avec sel et poivre. 6. Divisez le mélange de crabe en-tre les six ramequins et recouvrez avec le reste de la béchamel. Sau-poudrez chaque ramequin de fro-mage râpé et d’un peu de poivre noir. (Vous pouvez laisser la julien-ne de côté jusqu’à quinze minutes avant de passer à table. Réfrigé-rez s’il s’agit de plus d’une heure et laissez réchauffer jusqu’à tem-pérature ambiante avant de placer au four.)7. Enfournez pour quinze minu-tes, jusqu’à ce que le fromage soit gratiné et que le contenu mijote. 8. Garnissez de coriandre fraîche et servez immédiatement.

jennifer eremeevaSPÉCIALEMENT POUR

LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

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16 MaiP o u r c o n t a c t e r l a r é d a c t i o n : r e d a c @ l a r u s s i e d a u j o u r d h u i . f r S e r v i c e d e p u b l i c i t é s a l e s @ r b t h . r u t é l . + 7 ( 4 9 5 ) 7 7 5 3 1 1 4

Déstalinisation : mythe ou réalité ?

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daria GonZalesLA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

même si la capitale russe affiche sa modernité et sa vocation de grande métropole commerciale, elle regorge de recoins où le passé soviétique offre au visi- teur un voyage nostalgique.

découverte Comment passer une journée en URSS sans quitter le centre de Moscou

Le matin, le brouillard au-des-sus de la Moskova est tellement épais qu’on discerne à peine les pointes des gratte-ciels staliniens, sans parler des sculptures du parc « Muzeon », sur le Krymsky Val (station Park Koultoury). Dans la brume laiteuse flottent un Lé-nine dans six versions différen-tes, un Staline menaçant au nez écaillé… Toutes ces statues ont un jour orné les places centrales de la capitale. Après les événe-ments de 1991, la municipalité a décidé de déplacer les monu-ments, devenus obsolètes, sur le Krymsky Val. Le « Muzeon », c’est un réservoir de témoins de l’épo-que soviétique, un asile pour sta-tues sans domicile fixe.

Aujourd’hui, la collection du musée compte près de 700 sculp-tures de pierre, bois, bronze et autres matériaux. La plus célè-bre est le « Félix de Fer », un mo-nument à la gloire du révolu-tionnaire Félix Dzerjinski, qui s’élevait jadis sur une place épo-nyme, en face du KGB (dont Dzerjinski a été le fondateur). Après la chute de l’URSS, la place a retrouvé son nom pré-révolutionnaire, Loubianskaïa, tandis que le bâtiment du KGB abrite depuis 1984, sur ordre per-sonnel d’Andropov, une salle du KGB soviétique, ouverte au pu-blic depuis 1989 sous le nom de « Musée du FSB » [services se-crets russes, successeurs du KGB, ndlr] (station Loubianka).

Le Musée relate l’histoire ca-chée du pays, depuis la lutte des premiers espions russes contre le joug tatar-mongol, jusqu’aux arrestations d’agents et à la coo-pération avec les services secrets étrangers reflétée dans des do-cuments déclassifiés très récem-ment. Les maquettes de bombes et de caméras dissimulées dans

des cannettes de bière et des pa-quets de cigarettes incitent à jeter involontairement des regards méfiants autour de soi, à s’effa-cer derrière les lourdes portes et à éviter de passer trop près des grosses valises - on ne sait ja-mais !

Ancien parc d’exposition agri-cole, le site de l’Exposition des réalisations de l’économie natio-nale de l’URSS (VDNKh, aujourd’hui VVTs) avait été amé-nagé sous Khrouchtchev à la gloire des réalisations économi-ques, scientifiques et technolo-giques du pays. C’était l’une des principales attractions touristi-ques de la ville à l’époque.

Le centre historique de Mos-cou regorge d’établissements évoquant cette époque, comme le « Fast-Food stalinien », un bis-trot de style pseudo-soviétique, ou ces authentiques cafés offrant pelmeni et boissons alcoolisées. La nostalgie n’ira pas jusqu’à at-taquer la journée à la vodka : mieux vaut se rabattre sur la kacha de semoule de blé, le pe-tit-déjeuner des enfants à l’ère soviétique ; le café « Les Enfants du Paradis » (station Arbatskaïa) affiche un menu typique : dix variétés de kompot, des soupes maison et une kacha de semou-le sans grumeaux.

« À bas l’esclavage en cuisi-ne ! », clame une affiche sovié-tique représentant une ménagè-re révoltée à l’entrée de la tchebouretchnaïa « Le temps so-viétique » (station Kourskaïa). Et de fait, les cuisiniers et les serveurs ici sont tous masculins. On trouve les meilleurs tchebou-reki (petits pâtés d’Asie centrale à la feta) de tout Moscou au 50 de la rue Pokrovka, sans parler d’une bière tentante et d’un as-sortiment d’eaux gazeuses sovié-tiques aux couleurs de l’arc-en-ciel, le tout à des prix alléchants. De vieilles radios ornent les re-bords des fenêtres, des chansons rétro tournent en boucle et les murs sont décorés d’affiches de citations des dirigeants soviéti-ques. Et l’on peut fumer partout, comme au bon vieux temps !

À la recherche du temps soviétique reconstitué

le parc VVTs à la gloire des réalisations économiques de l’urss fait partie des sites incontournables de la capitale.

« muzeon » est un parc abritant les sculptures bannies des avenues centrales où elles trônaient autrefois.

le musée des jeux électroniques

itinéraire station par station

À l’époque soviéti-que, les jeux électro-niques étaient assem-blés dans les usines d’armement. 22 usines militaires dans toutes l’URSS œuvraient au bonheur des enfants. Les premières machi-nes coûtaient cher, presqu’autant qu’une voiture. Le musée est une véritable machine à remonter le temps. Les Russes peuvent re-

le tramway « annouchka », nommé ainsi en hommage à un personnage du roman de boul-gakov, le maitre et marguerite, jadis interdit par staline. le tramway circule dans le centre historique de moscou en propo-sant trois circuits différents. le plus prisé va de la oktiabrskaïa jusqu’à Tchistye Proudy.

tomber dans leur en-fance de pionniers, de colos d’été au bord de la mer Noire et de dis-tributeurs automatiques d’eau gazeuse. Un spé-cimen est installé à l’en-trée du musée : il suffit d’échanger à la caisse 0.75 euros pour trois kopecks soviétiques et le verre rempli à ras bord de mousse su-

crée est à vous (sta-tion Baoumanskaïa).

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