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1 La sensibilité de l’activité économique aux chocs monétaire et budgétaire. Cheikh Tidiane NDIAYE * Résumé : Ce chapitre analyse la sensibilité de l’activité économique aux chocs monétaire et budgétaire au Sénégal, en se basant sur une méthode d’extraction des cycles de l’activité réelle, de l’inflation, des variables monétaires et budgétaires, une causalité à la Granger et une méthodologie SVAR structurel. En termes d’analyse des politiques macroéconomiques au Sénégal, compte tenu des objectifs définis pour chaque politique, les résultats obtenus montrent que la politique monétaire a plutôt bien rempli ses objectifs de stabilité des prix et est restée neutre vis-à-vis de l’activité économique, tandis que la politique budgétaire a été déficitaire et s’avère pro-cyclique dans ce sens. Le respect des critères de convergence en matière budgétaire n’est pas réussi malgré la mise en place des dispositifs communs imposant une certaine discipline budgétaire aux pays membre (le Pacte de Convergence, de Stabilité et de Croissance). Il ressort de l’analyse des réponses impulsionnelles et de la décomposition de la variance de l’erreur que les délais de transmission des chocs entre les variables sont très courts et que l’activité économique est très élastique aux fluctuations des variables monétaire et budgétaire. Elle révèle également que la politique monétaire réagit aux chocs affectant la politique budgétaire. Les résultats de l’analyse de la causalité à la Granger révèlent le caractère exogène des politiques monétaire et budgétaire. Ainsi, l’absence de relation de cointégration justifie que les effets réels des politiques monétaire et budgétaire sur l’activité économique demeurent soumis à des sources d’incertitude liées aux chocs imprévisibles émanant de l’extérieur du fait de la faiblesse des stabilisateurs automatiques. JEL CLASSIFICATION : E23, E52, E62, E63 Mots clés : Politique monétaire, Politique budgétaire, Croissance économique, Causalité, Cointégration, VAR structurel, réponses impulsionnelles. *Doctorant au Laboratoire d’Economie d’Orléans (LEO), E-mail : [email protected]

La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

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La sensibilité de l’activité économique aux chocs monétaire et budgétaire.

Cheikh Tidiane NDIAYE*

Résumé : Ce chapitre analyse la sensibilité de l’activité économique aux

chocs monétaire et budgétaire au Sénégal, en se basant sur une méthode

d’extraction des cycles de l’activité réelle, de l’inflation, des variables

monétaires et budgétaires, une causalité à la Granger et une méthodologie

SVAR structurel. En termes d’analyse des politiques macroéconomiques au

Sénégal, compte tenu des objectifs définis pour chaque politique, les

résultats obtenus montrent que la politique monétaire a plutôt bien rempli

ses objectifs de stabilité des prix et est restée neutre vis-à-vis de l’activité

économique, tandis que la politique budgétaire a été déficitaire et s’avère

pro-cyclique dans ce sens. Le respect des critères de convergence en matière

budgétaire n’est pas réussi malgré la mise en place des dispositifs communs

imposant une certaine discipline budgétaire aux pays membre (le Pacte de

Convergence, de Stabilité et de Croissance). Il ressort de l’analyse des

réponses impulsionnelles et de la décomposition de la variance de l’erreur

que les délais de transmission des chocs entre les variables sont très courts

et que l’activité économique est très élastique aux fluctuations des variables

monétaire et budgétaire. Elle révèle également que la politique monétaire

réagit aux chocs affectant la politique budgétaire. Les résultats de l’analyse

de la causalité à la Granger révèlent le caractère exogène des politiques

monétaire et budgétaire. Ainsi, l’absence de relation de cointégration justifie

que les effets réels des politiques monétaire et budgétaire sur l’activité

économique demeurent soumis à des sources d’incertitude liées aux chocs

imprévisibles émanant de l’extérieur du fait de la faiblesse des stabilisateurs

automatiques.

JEL CLASSIFICATION : E23, E52, E62, E63

Mots clés : Politique monétaire, Politique budgétaire, Croissance économique, Causalité, Cointégration, VAR structurel, réponses impulsionnelles.

*Doctorant au Laboratoire d’Economie d’Orléans (LEO), E-mail : [email protected]

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Introduction

Les politiques monétaire et budgétaire se révèlent être deux catégories

de politique économique qui ont fait l’objet de plusieurs controverses. La

question de leur interaction et de leur influence sur l’activité économique et

l’inflation se posent avec acuité. Chacune des deux politiques est susceptible

d’accroître ou de ralentir la demande globale. Elles peuvent avoir des

impacts très différents sur l’économie et qu’un changement de l’une peut

affecter l’autre. Cet état de fait explique la distinction faite au niveau de leur

efficacité relative dans plusieurs pays. Les théories récentes de la croissance

endogène, considèrent que la politique budgétaire discrétionnaire est efficace

à la production, du fait, qu’elle permet de propulser la croissance. Celle-ci

induit à son tour un accroissement des recettes publiques et donc de la

dépense publique facteur de croissance. Les monétaristes s’opposent à

l’efficacité de la politique budgétaire en estimant qu’elle peut générer un effet

d’éviction et affirment que les variations de la quantité de monnaie ont, à

court terme, de réels effets sur la production et l’emploi du fait de la rigidité

des prix. Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à

long terme, n’a d’incidence que sur le niveau général des prix, les variables

réelles resteront constantes. Ils considèrent les phénomènes monétaires

comme cause de perturbations de l’équilibre et de la croissance économique.

Les théories monétaristes s’appuient sur la théorie quantitative de la

monnaie pour établir une relation causale entre inflation et émission

monétaire.

Les politiques monétaire et budgétaire sont perçues comme étant

appropriées pour atténuer les menaces inflationnistes qui sévissent dans

toutes les économies. Ainsi, l’étude basée au Sénégal s’avère extrêmement

utile du fait qu’elle nous permet de voir dans quelle mesure ces politiques

sont appropriés aux objectifs qui leur sont attribués mais aussi d’examiner

les possibilités de choix et d’analyse de court et de long terme de ces

politiques. Puisque la conduite de la politique budgétaire est décentralisée

dans la zone UEMOA, le gouvernement du Sénégal devient responsable de

l’activité économique de son propre pays.

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La crédibilité de l’UEMOA1 repose fondamentalement sur la maîtrise de

l’inflation et la stabilité monétaire mais aussi sur son aptitude à promouvoir

la croissance et le développement. La convergence des performances

économiques des pays membres demeure également un facteur important

afin de bien répondre au critère d’optimalité de Mundell2. La convergence de

ces politiques dans l’union a le mérite d’alléger les multiples chocs

asymétriques entre les membres. Une absence de celle-ci pourrait ipso facto

générer des coûts liés surtout à la « difficulté de mener une politique

monétaire profitant à tous dans le cas d’un ancrage profond des disparités

économiques »3. L’ultime objectif du pacte de convergence, de stabilité, de

croissance et de solidarité aspire au respect strict des critères définis pour

l’ensemble des pays membres. Le respect de ces critères est subordonné à la

mise en place d’un environnement propice susceptible de concilier les

priorités des autorités monétaire et budgétaire. Celles-ci peuvent avoir des

objectifs de court terme visant à stimuler la demande globale et l’activité

économique.

La modélisation macroéconomique de l’influence des politiques monétaire et

budgétaire est une approche qui consistera dans le cadre de cette analyse à

étudier à court, moyen et long terme laquelle de ces deux politiques est la

plus susceptible de jouer un rôle déterminant sur l’activité économique. Pour

y parvenir, nous utilisons une analyse des cycles, les relations de causalité

et les modèles VARs. Une abondante littérature portant sur ces modèles a

tenté d’expliquer la crédibilité des politiques macroéconomiques du fait qu’ils

sont réputés être appropriés pour les études sur la politique économique ou

des variables macroéconomiques en général. Ces méthodes d’analyse

1 La zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) est caractérisée par une monnaie

commune, le franc CFA, regroupant huit pays membres : le Sénégal, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée

Bissau (depuis 1997), le Mali, le Niger, le Bénin et le Togo.

2 Le critère d’optimalité de Mundell suppose la mobilité des facteurs de production. Selon SEMEDO, G. et

VILLIEU, P. (1997), la zone franc ne répond pas à ce critère du fait de la flexibilité des prix et des salaires très

limité et la faiblesse de la mobilité du facteur travail. Cet état de fait nécessite un ajustement permanent du

change pour corriger les déséquilibres réels internes et externes.

3 Cf. Conjoncture, septembre 2005, p.20.

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permettent d’identifier les impulsions responsables des déséquilibres de

court ou long terme des différentes variables macroéconomiques. Ce sont des

modèles dynamiques qui intègrent à la fois les évolutions de court terme et

de long terme des variables. L’étude de ce modèle nous permettra de dégager

les conditions de cohérence et de transmission des politiques monétaire et

budgétaire. Dans le cadre de cette modélisation, nous chercherons à évaluer

l’interaction entre les différentes autorités chargées de la gestion des

politiques monétaire et budgétaire. Les variables retenues sont le Produit

Intérieur Brut (PIB), la masse monétaire (M), les dépenses publiques

totales (G) et l’inflation appréhendée par le déflateur du PIB (P). Toutes les

variables sont exprimées en logarithme. Les séries sont en données4

annuelles et couvrent la période 1960 – 2006.

Ce chapitre sera centré d’abord sur une brève revue de la littérature et une

analyse brève de la situation macroéconomique, ensuite sur l’analyse des

cycles des politiques monétaire et budgétaire et des relations de causalité à

la Granger et enfin sur les analyses de la transmission des chocs à travers

une approche SVAR.

4 Les données proviennent de la base de données « World Development Indicators » version 2008.

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• Revue de la littérature

Beaucoup d’études s’inspirant également de la modélisation VAR ont

tenté de justifier le bien fondé, l’interdépendance et les mécanismes de

transmissions des politiques monétaire et budgétaire (Ansari, 1996 ; Funke,

1996 ; Blanchard et Perotti, 1999 ; Bruneau et al., 1999 ; Garcia et

Verdelhan, 2001 ; Wickens et Motto, 2001 ; Aarle et al., 2003 ; Sabaté et al.,

2004 ; Biau et Girard, 2005 ; Komaki, 2008). En Europe, de nombreuses

études ont été consacrées à l’analyse des politiques monétaires et

budgétaires, mais, faute de données suffisantes après le passage à l’euro, ces

travaux utilisent généralement des reconstitutions de données agrégées à

partir de données nationales disponibles avant la création de l’union en

1999. La principale justification de cette démarche réside dans la mise en

place des dispositifs de convergence bien avant 1999, tels que la création du

Système Monétaire Européen en 1975 ou les contraintes imposées par le

Traité de Maastricht en 1992, dont le but était d’assurer l’adaptation des

futurs pays membres à un nouveau fonctionnement spécifique à l’union

monétaire. Pourtant, malgré cet argument, il est clair que le processus de

convergence s’est réalisé lentement et que la reconstitution de données d’une

union hypothétique dont l’existence remonte parfois à 1970 pourrait

conduire à des résultats biaisés par rapport aux vraies particularités de la

zone Euro.

Les études empiriques réalisées sur les pays européens, pour évaluer

les politiques macroéconomiques peuvent être réparties en trois grandes

catégories, toutes utilisant des approches de type SVAR (VAR Structurels)5.

Si une première catégorie contient des études orientées explicitement vers

l’analyse de la transmission monétaire (Gerlach & Smets, 1995, Barran &

al., 1996, Ehrman, 2000, Wehinger, 2000, Ciccarelli & Rebucci, 2006 ou

Monticelli & Tristani, 1999), une seconde catégorie rassemble des études

particulièrement dédiées à la transmission des chocs budgétaires (Dalsgaard

5 Cette méthode semble particulièrement adaptée à ce type d’exercice, car elle permet d’isoler la réponse des

principales variables macroéconomiques à des chocs structurels et à des innovations de politique économique,

et d’analyser la transmission de ces chocs dans le temps.

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& de Serres, 2000, Canova & Pappa, 2007 ou Afonso & Sousa, 2009).

L’intérêt de mettre en avant l’interaction entre les deux composantes du

policy-mix est aussi apparu dès les années 2000, donnant naissance à une

troisième catégorie d’études empiriques, très proches de l’analyse proposée

dans ce papier. Ainsi, Garcia & Verdelhan, 2001, et Bruneau & De Bandt,

2003, étudient explicitement cette interaction entre politique monétaire et

fiscale durant le processus de transition des pays européens vers l’UME. Ils

regroupent dans une seule modélisation SVAR, l’activité, les prix, le taux

d’intérêt réel de court terme comme variable de référence pour la politique

monétaire et un ratio moyen solde budgétaire/PIB, pour la politique

budgétaire. Si Garcia & Verdelhan, 2001, estiment le modèle sur des

données agrégées, reconstruites pour la zone Euro, de 1972 à 1995,

Bruneau & De Bandt, 2003, considèrent la période 1979-2000 et travaillent

aussi sur les données individuelles des deux principaux pays de l’union, la

France et l’Allemagne. C’est Van Aarle et al., 2003, qui étendent l’analyse sur

l’ensemble de 12 pays de la zone Euro, et qui estiment un modèle SVAR sur

données agrégées et individuelles durant la période 1980-2001, en

différenciant deux chocs possibles associés à la politique des gouvernements

: un choc fiscal (sur les taxes) et un choc budgétaire (sur les dépenses

publiques). En résumé, selon ces premières études, l’impact des politiques

fiscales et monétaire en Europe est globalement compatible avec les

enseignements du modèle IS-LM, mais les chocs monétaires exercent un

effet plus fort sur l’économie par rapport aux chocs fiscaux. Comparée aux

résultats sur données agrégées, la transmission des chocs au niveau

national est généralement différente, ce qui traduit la présence d’asymétries

structurelles entre les pays européens.

Dans des analyses plus récentes de policy-mix dans la zone Euro,

Schalck, 2008 et Tsoukalas, 2008, fournissent les premiers résultats et

jugements sur l’interaction des politiques monétaire et budgétaire après

2000. En utilisant des données annuelles agrégées et individuelles pour la

zone Euro et pour ses pays membres, sur la période 1970-2004, Tsoukalas,

2008 mesure l’impact des chocs monétaires sur les variables fiscales et,

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respectivement, l’impact des variables fiscales sur le taux d’intérêt

monétaire. Il retrouve des effets keynésiens des politiques

macroéconomiques dans la zone Euro et conclut à une sorte de

complémentarité entre politiques monétaire et budgétaires européennes,

dans la mesure où une politique monétaire restrictive (hausse des taux

d’intérêt) semble toujours accompagnée d’une politique budgétaire restrictive

(hausse des taxes ou baisse des dépenses publiques) et vice-versa. Ce type

de comportement apparaît aussi, partiellement, dans Schalck, 2008, mais il

paraît plutôt spécifique à une période expansionniste (de croissance). Avec

une modélisation SVAR non-linéaire, cet auteur propose la distinction de

deux régimes : un régime d’expansion de l’économie, l’autre de récession, et

introduit une probabilité de passage d’un régime à l’autre qui dépend du

régime courant, supposé exogène et constant. Les paramètres du modèle

sont estimés pour chacun des régimes, en prenant en compte 4 pays

européens : la Belgique, la France, l’Allemagne et les Pays-Bas, et une

période d’étude qui va de 1970 à 2004, en utilisant des données annuelles.

Contrairement au résultat de Tsoukalas, 2008, les effets keynésiens des

politiques macroéconomiques ne caractérisent pas tous les pays analysés.

De plus, en période de récession, les politiques macroéconomiques ne sont

plus complémentaires, mais elles semblent se substituer l’une à l’autre, avec

une réponse plutôt expansionniste des gouvernements face à une restriction

monétaire. Ces résultats n’apparaissent pas non plus comme unanimement

acceptés dans la littérature, Jamet, 2007, soutenant, par exemple, la

présence des mesures de politique budgétaire plutôt expansionnistes en

périodes de croissance, associées à une politique monétaire restrictive, et

respectivement un manque d’action des gouvernements en récession,

lorsque la politique monétaire semble devenir plus laxiste pour encourager la

reprise de l’activité. Quelques unes des études ont été réalisées dans des

pays spécifiques de la zone euro notamment celle de Sabaté et al. (2006)

appliquée en Espagne sur la période 1874 - 1935, attestent la dominance de

la politique budgétaire vis-à-vis de la politique monétaire.

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L’étude de Ansari (1996) appliquée en Inde, utilisant également une

approche générale du modèle VAR, soutient la thèse keynésienne de

l’importance de la politique budgétaire par rapport à la politique monétaire.

Les études utilisant l’approche des modèles d’équilibre général (Leith

et al., 2000 ; Perez et al., 2002 ; Muscatelli et al., 2003) ont également

enrichi le débat sur les politiques monétaire et budgétaire. Il ressort de

l’analyse de Muscatelli et al., (2003), que la complémentarité ou la

substituabilité de ces politiques dépendent du type de choc affectant

l’économie.

En Afrique, peu d’études empiriques ont été consacrées à l’évaluation

des politiques macroéconomiques du fait des problèmes liés au manque de

données. Ainsi, il ressort de l’étude de Patrick Guillaumont et al. (1999) que

les politiques macroéconomiques en Afrique demeurent inefficaces du fait de

la stagnation du produit par tête. Ces politiques devraient être réformées

pour qu’elle puisse accroître le niveau de l’investissement, qui paraît être le

facteur limitatif le plus important d’une accélération de la croissance en

Afrique6.

De même, Solomane Koné (2000) a également utilisé un modèle à

correction d’erreur pour tester les effets relatifs des politiques monétaire et

budgétaire sur la croissance économique des pays de l’UEMOA. Les résultats

montrent d’une part, que les politiques monétaire et budgétaire ont un

impact positif sur le PIB nominal et réel. D’autre part, la politique monétaire

n’a été inflationniste dans aucun des pays de l’UEMOA alors que la politique

budgétaire l’a été en Côte d’Ivoire à court terme et au Mali à court et à long

terme7. L’étude de Nubukpo (2002) ajoute qu’une bonne transmission des

taux d’intérêt directeurs demeure une condition nécessaire pour que la

6 Patrick Guillaumont et al. « Politique économique et perspectives de croissance dans les économies

émergentes d’Afrique », Revue économique – vol. 50, N°3, mai 1999, p. 521.

7 Solomane KONE, 2000, « L’impact des politiques monétaire et budgétaire sur la croissance économique dans

les pays de l’UEMOA », BCEAO, (509), décembre.

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politique monétaire de l’UEMOA ait des répercussions positives sur l’activité

économique8.

Dans la zone UEMOA, très peu d’études ont été consacrées jusqu’à présent à

l’efficacité relative des politiques monétaire et budgétaire. Les études qui

existent présentent de nombreuses insuffisances parmi lesquelles, nous

pouvons citer :

- La non prise en compte de l’évaluation de la relation dynamique des

effets de court et de long terme des variables de politiques monétaire et

budgétaire sur la croissance économique et l’analyse des stabilisateurs

automatiques par l’approche structurelle des modèles vectoriels

autorégressifs (VAR) et d’une approche au sens de Granger de la

relation de causalité entre les différentes variables.

- La non prise en compte des modèles à tendances stochastiques

communes qui nous renseignent sur les effets permanents et

transitoires des politiques.

- La non prise en compte de l’analyse des cycles de certaines variables

reflétant la réalisation des objectifs qui sont confiés aux politiques

monétaire et budgétaire.

- La non prise en compte des indicateurs de politique monétaire et

budgétaire dans la même modélisation VAR qui nous permettent

d’analyser l’interaction entre les différentes autorités chargées de la

gestion macroéconomique.

En revanche, notre réflexion sur le comportement des autorités monétaire et

budgétaire au Sénégal propose de combler ces lacunes en centrant l’analyse

sur trois axes :

On se propose, d’abord, une étude de l’efficacité des interventions de

politique monétaire et budgétaire, compte tenu de leurs particularités au

Sénégal : conduite centralisée de la politique monétaire par la Banque

Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et conduite décentralisée

de la politique budgétaire par le Gouvernement sénégalais. La gestion de

8 Kako Kossivi NUBUKPO, « L’impact de la variation des taux d’intérêt directeurs de la BCEAO sur l’inflation et la

croissance dans l’UMOA, Notes d’Information et Statistiques de la BCEAO, juin 2002, N°526.

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chaque politique est évaluée à travers une analyse des cycles de certaines

variables reflétant la réalisation des tâches qui lui sont confiées dans l’union

: stabilité des prix et croissance de l’activité économique dans la mesure où

le second objectif ne nuit pas à la réalisation du premier – du côté de la

politique monétaire, et croissance de l’activité économique corroborée avec le

respect des critères de convergence, en termes de politique budgétaire.

Ensuite, l’étude portera sur l’analyse de l’ordre temporel et les

capacités de prévisions des variables à travers la méthode fondée sur les

relations de causalités à la Granger.

Enfin, l’analyse est orientée vers la transmission des chocs dans

l’union. On adopte pour cela une approche standard de type VAR -

Structurel, largement employée dans la littérature pour ce type d’exercice.

On s’intéresse à la transmission de 4 types de chocs : un choc d’offre, un

choc de demande, un choc de politique monétaire et respectivement un choc

de politique budgétaire. La prise en compte des indicateurs de politique

monétaire et budgétaire dans la même modélisation VAR permet d’analyser

l’interaction entre les différentes autorités chargées de la gestion

macroéconomique.

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• Analyse de la politique monétaire au Sénégal

L’analyse de la politique monétaire de l’UEMOA est testée en comparant

les cycles de la masse monétaire, de l’inflation et du produit intérieur brut

écrit en logarithme pour déduire en termes d’atteinte des objectifs de

stabilité de l’inflation et de croissance économique. Le graphique de la figure

1 synthétise les résultats de notre analyse.

Le principal objectif de la BCEAO est la stabilité des prix dans la zone

UEMOA, définie par le respect d’un taux d’inflation annuelle inférieur à 3%.

Le cycle de l’inflation annuelle dans la figure 1 représente la preuve que cet

objectif de stabilité des prix a été rempli avec succès de 1996 à 2008. La

politique monétaire est marquée par la prédominance des périodes

inflationnistes durant la période 1968 - 1995. Elle a enregistré le plus haut

niveau en 1975 avec 31,65 et à la période de la dévaluation du Franc CFA en

1994 avec 32,29%. L’adoption du principe de surveillance multilatérale au

lendemain de la dévaluation a amélioré la maîtrise des valeurs de l’inflation

tendancielle qui tournent autour d’une moyenne annuelle de 1,8% de 1996 à

2008, ce qui équivaut à un taux d’inflation annuelle compatible avec la

définition de la BCEAO pour la stabilité des prix. Ces variations presque

régulières du taux d’inflation autour de sa tendance montrent l’attention

particulière accordée par la BCEAO à cet objectif. En termes de croissance

de l’activité réelle, vue comme un objectif secondaire de la politique

monétaire, la BCEAO semble ne pas jouer un rôle déterminant (Corr = 0,02).

La politique monétaire est contra-cyclique de 1960 à 1962, période à laquelle

elle est favorable à l’évolution de la croissance économique en augmentant la

masse monétaire en période de récession. On remarque, sur la figure 1,

qu’au-delà de cette période, une faible corrélation des cycles de la masse

monétaire et du PIB, preuve d’un comportement acyclique de la banque

centrale. Durant les périodes où l’activité économique est en période de

croissance ou de récession, la politique monétaire ne joue aucun rôle sur les

crédits à l’économie, ce qui n’encourage pas la reprise de l’économie ou la

stabilisation de l’activité. Ce résultat corrobore celui obtenu par les études

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CYCLE_LPIB CYCLE_P CYCLE_LMO

de la BCEAO qui soutiennent que les effets de la politique monétaire sur la

production réelle ne sont que transitoires9.

Figure 1 : Analyse de la politique monétaire au Sénégal

9 Note de présentation du Quatrième Colloque BCEAO-Universités-Centres de Recherche, « POLITIQUE

MONETAIRE ET STABILITE DES PRIX DANS L'UEMOA : CONTRAINTES ET DEFIS », (Dakar, 16-17 juin 2008), p.2.

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• Analyse de la politique budgétaire au Sénégal

Quant à la politique budgétaire au Sénégal, pour juger de son efficacité,

on compare, dans la figure 2, le cycle du PIB (toujours en logarithme) aux

cycles du solde budgétaire de base, du déficit conventionnel et primaire.

L’étude conjointe du solde budgétaire de base et des déficits (primaire et

conventionnel) permet d’entrevoir le respect par le Sénégal du critère clé du

ratio du solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal, les choix de

politique budgétaire, la solvabilité de l’Etat et la situation budgétaire.

Le cycle de la variable budgétaire (Déficit primaire et conventionnel) doit

être interprété comme variation par rapport à sa tendance. Le choix d’utiliser

la représentation de l’évolution de cette variable autour de sa tendance est

justifié par l’existence d’un principe de surveillance multilatérale dans la

zone UEMOA défini par le Pacte de Convergence de Stabilité et de Croissance

(PCSC) qui limite les déficits (primaire & conventionnel) et le solde budgétaire

de base à une norme positive ou nul. Cette limite est souvent jugée trop

contraignante pour que les gouvernements des pays membres de l’UEMOA

puissent remplir correctement leur objectif de croissance. La représentation

graphique et le tableau sur la cyclicité proposés ici permettent de s’interroger

sur ce fait en mettant en relation les périodes de baisse d’activité avec la

violation de la limite de 0% du solde budgétaire de base, du déficit primaire

et conventionnel imposée par le principe de la surveillance multilatérale.

L’analyse de la cyclicité de la politique budgétaire (Cf. Tableau 1) justifie

d’une part, que les valeurs relativement fortes des coefficients de corrélation

du cycle budgétaire (Dépenses/PIB & Recettes/PIB) et du cycle du PIB

justifie le caractère pro-cyclique des dépenses dû entre autres à la

corrélation positive entre les dépenses et les recettes : en période de

conjoncture favorable, l’augmentation des recettes conduit les autorités

budgétaires à accroître les dépenses plus que proportionnellement (Dufrénot

et al. (2007). Cette conclusion a été corroborée par de nombreuses études

notamment celles de Dramani L., (2007), Guillaumont S et al., (2007), Diane

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et Fall (2007), Alesina et Tabellini (2007)10 etc. Ce comportement budgétaire

pro-cyclique montre que l’activité économique n’est pas soutenue par la

politique budgétaire, en période de récession. Cet état de fait est expliqué

soit par un resserrement budgétaire en phase de récession ou soit par un

endettement public trop élevé pour être soutenable11. Ce dernier cas semble

caractériser les pays membres de l’UEMOA d’après Felwine Sarr qui soutient

que « les tests classiques de stationnarité (ADF et Philipps-Perron) du ratio

dette sur PIB ont montré que les politiques budgétaires des pays de la zone de

1972 à 2002 n’étaient pas soutenables »12. Il peut aussi être justifié par

« certaines approches de la stabilité budgétaire fondées sur des règles,

susceptibles de contrarier le jeu symétrique des stabilisateurs automatiques

durant le cycle »13. Cette même conclusion sur la pro-cyclicité a également

été obtenue par Guillaumont S. & Tapsoba (2009). Ces derniers justifient

quant à eux cette pro cyclicité de la politique budgétaire par la contrainte

d’équilibre du principe de surveillance multilatérale qui impose aux Etats

membres de l’UEMOA un solde budgétaire de base et primaire positif. Ils

ajoutent que cette pro cyclicité de la politique budgétaire est accentuée

durant les périodes de récession, ce qui ne favorise pas une reprise de

l’activité économique. Ce résultat témoigne de l’absence des stabilisateurs

automatiques susceptibles de jouer un rôle primordial dans l’atténuation des

cycles de l’activité économique.

10

Alesina & Tabellini (2007) justifient la pro-cyclicité de la politique budgétaire dans les pays en

développement comme suit : quand il ya une forte croissance, les électeurs exigent de façon optimale plus de

biens publiques ou une réduction des impôts, et ceci induit un biais pro-cyclique de la politique budgétaire.

Ainsi, la procyclicité de la politique budgétaire est plus prononcée dans la plupart des démocraties corrompues

des pays en développement. (Voir Alesina & Tabellini, (2007) pour de plus amples informations sur la démarche

et du type de modèle développé).

11 Perspectives Economiques de l’OCDE, « IV. Cyclicité de la politique budgétaire : le rôle de la dette, des

Institutions et des contraintes budgétaires », N°74 - 2003/2, p. 1.

12 Felwine SARR, « La coordination des politiques macroéconomiques en Union Monétaire : la cas de l’Union

Economique Monétaire Ouest Africaine », Thèse de Doctorat en Sciences Economiques, Université d’Orléans,

2006, p. 266.

13 Op. Cit, p. 1.

Page 15: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

15

D’autre part, l’analyse de la représentation graphique et des valeurs des

coefficients de corrélation du solde budgétaire de base (solde/PIB nominal),

du déficit primaire et conventionnel constituent une seconde preuve de

l’impact réduit de la politique budgétaire sur la croissance économique au

Sénégal. En effet, le caractère contra-cyclique très réduit du solde budgétaire

de base et du déficit primaire montre que les actions budgétaires répondent

aux besoins de stabilisation de l’activité économique tandis que la pro

cyclicité réduite du déficit conventionnel peut être subordonnée à la faiblesse

ou l’absence de stabilisateurs automatiques. Ce résultat confirme les

nombreuses études réalisées sur la relation non linéaire entre la politique

budgétaire et la croissance économique notamment celles de Tanimoune &

al. (2005) et Diane & Fall, (2007). Ces derniers ressortent de leur analyse

qu’il existe un seuil du déficit de 1% du PIB où l’activité économique réagit

différemment à la politique budgétaire. Ainsi, le déficit induit un gain de

croissance s’il est inférieur à ce seuil sinon c’est l’effet inverse qui se produit.

Ils soutiennent que l’effet bénéfique du déficit sur la croissance est soumis

entre autres à deux conditions. D’une part, il doit être utilisé pour financer

les dépenses en capital et non à un surcroît de dépenses courantes ou baisse

des recettes budgétaires. D’autre part, l’effet bénéfique du déficit est

subordonné au type de financement (interne ou externe)14. Ils révèlent en

outre dans leur étude que la relation entre la politique budgétaire et l’activité

économique est de nature keynésienne si le taux d’endettement extérieur est

inférieur à 69% sinon il est anti-keynésien15. Ce résultat justifie une marge

de manœuvre très réduite des autorités budgétaires pour accélérer la

croissance économique au Sénégal. Les mécanismes susceptibles d’accélérer

la croissance économique ou de conforter la stabilité macroéconomique sont

difficilement observables. En 2001, 2005, 2006, 2007, et 2008, le solde

budgétaire de base est négatif alors qu’il devait être positif ou nul

14

Cf. à l’article de Diane et Fall, (2007) pour de plus amples informations sur la répartition des seuils du déficit

entre financement extérieur et intérieur.

15 Fatou Diane et Alsim Fall, « Quelle a été la contribution de la politique budgétaire à la croissance

économique du Sénégal », Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE), novembre 2007,

Document d’Etude N°5, p. 27.

Page 16: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

16

-6

-4

-2

0

2

4

6

-.04

-.02

.00

.02

.04

.06

80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04

CYCLE_LPIB CYCLE_RATIO_SOLDE CYCLE_DP CYCLE_DC

conformément au principe de surveillance multilatérale mis en place après la

dévaluation en 1994. Dans les années à venir, l’effet du PCSC se fera sentir :

chaque baisse plus prononcée du solde budgétaire/PIB est suivie d’une

austérité budgétaire dans les périodes d’après, de telle sorte que la limite

annuelle de 0% ne soit pas violée.

Figure 2 : Analyse de la politique budgétaire au Sénégal

Tableau 1 : Cyclicité de la politique budgétaire au Sénégal

SénégalSénégalSénégalSénégal Solde/PIBSolde/PIBSolde/PIBSolde/PIB Dépenses/PIBDépenses/PIBDépenses/PIBDépenses/PIB Recettes/PIBRecettes/PIBRecettes/PIBRecettes/PIB Déficit primaireDéficit primaireDéficit primaireDéficit primaire Déficit ConventionnelDéficit ConventionnelDéficit ConventionnelDéficit Conventionnel

CorrCorrCorrCorr ----0,070,070,070,07 0,780,780,780,78 0,920,920,920,92 ----0,360,360,360,36 0,060,060,060,06

Source : Calcul de l’auteur

Page 17: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

17

• Analyse des effets des politiques monétaire et budgétaire sur

l’activité économique

La simulation des chocs structurels est une méthode puissante pour

l’analyse de la dynamique entre un groupe de variables. En identifiant un

modèle VAR (2), l’analyse impulsionnelle permet d’expliquer les influences

des chocs structurels d’une des variables sur les autres variables du

système. Ainsi, il sera utile d’examiner les effets réels des chocs identifiés

pour déceler d’éventuelles contradictions entre les effets des chocs

structurels. Les réponses aux impulsions demeure l’un des instruments le

mieux indiqué pour expliquer les sources d’impulsion. Elles reflètent la

réaction dans le temps des variables aux chocs contemporains identifiés.

Leur examen fournit des informations sur les conséquences dans le temps

des chocs. Il nous paraît alors intéressant d’analyser les fonctions de

réponses impulsionnelles et la décomposition de la variance de l’erreur de

prévision dans le but d’interpréter l’impact des chocs sur la dynamique des

variables étudiées. A ce propos, Hairault soutient qu’elles « constituent deux

exercices qui permettent de synthétiser l’essentiel de l’information contenue

dans la dynamique interne d’un système VAR. Elles mesurent l’influence

relative, à différents horizons, des différents chocs dans la dynamique de

chaque variable » (Hairault, [1995], p.114-115)

Page 18: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

18

1°) – Fonctions de réponses

o Choc sur le produit intérieur brut

� Un choc positif sur un intervalle de 10 périodes sur l’activité économique

se traduit par une détérioration significative de celle-ci durant les trois

premières périodes. Ce choc reproduit des effets similaires sur l’inflation,

la masse monétaire et des dépenses publiques sur le court terme. Ce

résultat justifie la rapide transmission des chocs affectant l’activité

économique. De même, la baisse considérable de l’inflation, de la masse

monétaire et des dépenses publiques consécutives au choc sur l’activité

économique révèle que ces variables sont pro-cycliques sur le court terme

[1, 2]. La période [2, 3] est caractérisée par le caractère contra-cyclique de

la politique monétaire qui favorise la reprise de l’activité générant ainsi

une hausse de l’inflation. Ce résultat révèle que les politiques monétaire

et budgétaire sont très sensibles aux chocs affectant l’activité

économique. Le choc ne se stabilise pas sur le long terme.

� Un choc positif sur l’activité économique se traduit sur l’inflation par une

réaction brusque à la baisse sur le court terme [1, 2] et un accroissement

du taux d’inflation à partir de la deuxième période attestant la sensibilité

de l’indice des prix à la consommation au choc affectant l’activité. Cette

transmission du choc se manifestant par une baisse accentuée de

l’inflation induit une hausse des taux d’intérêt et par conséquent une

baisse de l’investissement, ce qui entraine la persistance de la récession à

la période suivante. L’accroissement de l’inflation à partir de la deuxième

période semble être dû à la réaction de la politique monétaire visant à

faire baisser les taux d’intérêt, ce qui favorise la reprise de l’activité et une

hausse de l’inflation. L’inflation est fortement corrélée aux fluctuations de

l’activité économique sur le court et long terme.

� Un choc positif sur l’activité économique se répercute sur la politique

monétaire par une baisse brusque de la masse monétaire durant les deux

premières périodes. Cette baisse considérable de l’offre de monnaie qui se

reflète par un fléchissement des crédits à l’économie et une hausse des

taux d’intérêt explique la persistance de la récession de l’activité sur la

Page 19: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

19

période [2, 3]. La pro-cyclicité de la politique monétaire n’a pas un effet de

relance sur l’activité économique durable du fait de la hausse de

l’inflation susceptible d’entrainer une perte de compétitivité. Le caractère

contra-cyclique de la politique monétaire en phase de récession de

l’activité entre la période deux et trois justifie la reprise de la croissance

économique à partir de la troisième période. La politique monétaire est

fortement corrélée aux fluctuations de l’activité économique.

� Un choc positif sur l’activité économique se traduit par une détérioration

du montant des dépenses publiques. Le choc affectant l’activité

économique reproduit les mêmes effets sur les dépenses publiques à

court, moyen et long terme. Ces deux variables ont des comportements

similaires qui illustrent la pro-cyclicité des dépenses publiques. Ce

résultat confirme celui obtenu par Dufrénot et al. (2007) qui soutiennent

une pro-cyclicité des dépenses liée à leur ajustement face aux

fluctuations de l’activité économique. A cet égard, ces auteurs déduisent

que « durant les phases de croissance économique les dépenses

augmentent fortement et qu’elles diminuent pendant les phases de

ralentissement économique. Ce résultat n’est pas surprenant, en raison de

l’absence de stabilisateurs automatiques dans les économies en

développement, contrairement à ce que l’on observe dans les pays

industrialisés »16.

16

DUFRENOT, G . et al. « Politique budgétaire et dette dans les pays de l’UEMOA », Paris, Ed. Economica, 2007,

p. 82.

Page 20: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

20

-.0005

.0000

.0005

.0010

.0015

.0020

.0025

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de l'activité économique

.00

.05

.10

.15

.20

.25

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de l'inflation

.000

.002

.004

.006

.008

.010

.012

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse des dépenses publiques

.080

.084

.088

.092

.096

.100

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de la masse monétaire

Réponses des variables à un choc sur l'activité économique

Figure 3 : Fonctions de réponses suite à un choc sur l’activité économique

Page 21: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

21

o Choc sur la masse monétaire

� Un choc positif sur un intervalle de 10 périodes sur la politique monétaire

se traduit par une baisse de l’offre de monnaie sur la période [1, 2]. La

transmission du choc sur les dépenses publiques, l’inflation et l’activité

économique est instantanée, ce qui justifie la sensibilité des variables

macroéconomiques aux chocs affectant la politique monétaire. Cette

détérioration de l’offre de monnaie sur le court terme entraine une hausse

des taux d’intérêt qui est préjudiciable à l’activité économique.

L’accroissement considérable de l’offre de monnaie entre la période deux

et trois demeure favorable à l’activité économique et aux dépenses

publiques. L’effet du choc ne se stabilise pas sur le moyen et long terme.

� Un choc positif sur l’offre de monnaie se traduit sur les dépenses

publiques par des effets similaires pendant les quatre premières périodes.

L’effet du choc tend à se stabiliser sur le long terme, ce qui corrobore les

hypothèses sur les restrictions. Les dépenses publiques suivent l’allure de

l’offre de monnaie suivant la situation conjoncturelle. L’allure des

dépenses publiques atteste le caractère pro-cyclique de celles-ci qui se

conforment à la situation conjoncturelle de l’activité économique. Les

dépenses publiques sont faiblement corrélées aux fluctuations affectant

l’offre de monnaie.

� Un choc positif sur l’offre de monnaie se transmet automatique sur

l’inflation par une baisse de l’inflation durant les trois premières périodes.

Cette décroissance de l’inflation accentuée est surtout liée à la hausse des

taux d’intérêt consécutive à une baisse des crédits à l’économie. Le choc

monétaire se traduit par une augmentation prononcée de l’offre de

monnaie entre la période deux et trois et se répercute par une baisse de

l’inflation. Ce résultat très surprenant pourrait être expliqué par une

politique budgétaire expansionniste qui a tendance à contrecarrer une

éventuelle hausse de l’inflation due à la baisse des taux d’intérêt. L’offre

de biens est donc sensible à court terme [1, 2] aux fluctuations de l’offre

de monnaie mais à moyen terme cette sensibilité peut s’affaiblir grâce aux

effets contra-cycliques de la politique budgétaire pour soutenir la

Page 22: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

22

consommation. L’effet du choc tend à disparaître sur le long terme

corroborant ainsi les hypothèses sur les restrictions.

� Un choc positif sur l’offre de monnaie se traduit par des effets presque

similaires sur l’activité économique sur le court et moyen terme. Ce choc

révèle qu’une baisse (ou hausse) des crédits à l’économie peut entrainer

un effet récessif (ou expansif) sur l’activité économique attestant ainsi la

rapidité des délais de transmissions des chocs monétaires. Le temps

nécessaire pour que les chocs monétaires aient une influence sur

l’activité économique est court, ce qui laisse entrevoir la possibilité pour

l’instrument monétaire de stabiliser les fluctuations macroéconomiques.

A long terme, l’activité économique se stabilise confirmant ainsi les

hypothèses liées aux restrictions.

Page 23: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

23

.010

.015

.020

.025

.030

.035

.040

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de la masse monétaire

.000

.004

.008

.012

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse des dépenses publiques

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de l'inflation

-.005

.000

.005

.010

.015

.020

.025

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de l'activité économique

Réponses des variables à un choc sur la masse monétaire

Figure 4 : Fonctions de réponses suite à un choc sur la masse monétaire

Page 24: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

24

o Choc sur les dépenses publiques

� Un choc positif sur un intervalle de 10 périodes sur les dépenses

publiques génère des effets alternés positifs et négatifs qui se manifestent

par des phases de baisse ([1, 3], [4, 5], [7, 8]) et de hausse ([3, 4], [5, 7]).

Ce choc d’innovation budgétaire se traduisant par une baisse accentuée

de l’allure des dépenses publiques durant les trois premières périodes a

un délai de transmission très rapide sur les autres variables. Dufrénot et

al. (2007)17 soutiennent que ces effets positifs s’expliquent dans les pays

de l’UEMOA par les concours extérieurs résultant du financement des

dépenses dites PPTE18. L’effet du choc reflète des fluctuations modérées

sur le moyen terme et se stabilise sur le long terme.

� Un choc positif sur les dépenses publiques se traduit sur la masse

monétaire, par un effet positif juste à la quatrième période et des effets

négatifs durant toutes les autres périodes. Le choc reproduit des effets

similaires sur la politique monétaire mais les phases de baisse et de

hausse sont plus accentuées sur la variable monétaire. La réalisation des

objectifs de celle-ci semble être contrecarrée du fait de la prédominance

des effets négatifs. Ceci explique l’insuffisance des contraintes liées à

l’émission monétaire et l’adoption au lendemain de la dévaluation en

1994 d’un principe de surveillance multilatérale pour bien encadrer la

politique budgétaire. Ainsi, une relance de l’activité économique par le

canal de la baisse des taux d’intérêt serait négligeable grâce à

l’intervention peu significative de la politique monétaire. Cet état de fait

peut être justifié par la faiblesse de la qualité des signaux des taux

d’intérêt et l’importance des réserves excédentaires ou de la surliquidité

des banques commerciales. Celle-ci est due entre autres aux problèmes

structurels des systèmes financiers notamment l’étroitesse du volume des

prêts bancaires. L’effet du choc d’innovation ne disparaît pas sur le long

terme. Ce résultat révèle que la politique monétaire est relativement

élastique aux chocs affectant les variables budgétaires. Il illustre ainsi les

17

Idem, p. 81.

18 Petit Pays Très Endetté.

Page 25: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

25

liens qui les unissent. Ce résultat corrobore les objectifs de croissance

économique que s’est fixée la BCEAO.

� Un choc positif sur les dépenses publiques se traduit sur l’inflation, par

des effets négatifs presque sur toutes les périodes qui se reflètent par une

baisse du niveau général des prix sur les périodes [1, 2], [5, 7] et une

hausse très prononcée sur l’intervalle [2, 5]. Le choc budgétaire restrictif

génère ainsi une inflation accentuée. L’inflation est corrélée aux

fluctuations des dépenses publiques du fait de la divergence de leurs

effets sur certaines périodes. Ce résultat est corroboré par la valeur du

coefficient de corrélation des cycles de ces deux variables (corr = -0,14).

Un choc d’innovation budgétaire génère sur le moyen terme une

instabilité du niveau général des prix. L’effet du choc tend à se stabiliser

à long terme confirmant ainsi les hypothèses définies sur les restrictions.

� Un choc positif sur les dépenses publiques se traduit sur l’activité

économique, par des effets positifs et négatifs sur toutes les périodes. Ces

effets se manifestent par des phases alternées de hausse ([1, 2], [3, 4], [4,

5], [6, 7]), de baisse ([2, 3], [5, 6], [7, 8]) et de stabilité ([8, 10]). Une

diminution considérable des dépenses publiques entraine un effet récessif

sur l’activité attestant ainsi la transmission rapide des chocs budgétaires.

Ces deux variables ont des effets similaires sur certaines périodes. Ce

résultat est corroboré par le coefficient de corrélation des cycles de ces

deux variables (corr = 0,28) et justifie le caractère pro-cyclique de celles-ci

pour certaines périodes. Un choc budgétaire expansionniste sur la

période [5, 6] n’a pas d’effet significatif sur l’activité économique du fait de

l’improductivité des dépenses. En effet, une bonne allocation des

dépenses (dépenses d’investissement) est susceptible de générer des

répercussions positives sur l’activité économique. Le choc budgétaire

correspond aux contraintes d’identification sur long terme [8, 10] qui

explique la stabilité de la dynamique de l’activité économique, ce qui

illustre les liens qui les unissent sur le court terme.

Page 26: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

26

-.01

.00

.01

.02

.03

.04

.05

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse des dépenses publiques

-.3

-.2

-.1

.0

.1

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de l'inflation

-.010

-.005

.000

.005

.010

.015

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de l'activité économique

-.016

-.012

-.008

-.004

.000

.004

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de la masse monétaire

Réponses des variables à un choc sur les dépenses publiques

Figure 5 : Fonctions de réponses suite à un choc sur les dépenses publiques

Page 27: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

27

o Choc sur l’inflation

� Un choc positif sur un intervalle de 10 périodes sur l’inflation se traduit

par des effets positifs et négatifs. Les effets positifs concernent juste les

trois premières périodes et ceux négatifs couvrent toutes les autres

périodes. Ce choc d’innovation correspond à une baisse considérable du

niveau général des prix et se transmet instantanément sur l’activité

économique, les dépenses publiques et la masse monétaire. Cette baisse a

un impact social crucial qui se reflète par un gain du pouvoir d’achat de

la monnaie. L’effet se stabilise à partir de la huitième période pour

générer une inflation presque nulle à long terme.

� Un choc positif sur l’inflation se traduit sur les dépenses publiques, par

des effets alternés positifs et négatifs sur toutes les périodes. Ces effets se

manifestent par des phases alternées de hausse ([1, 2], [3, 4], [6, 7], [8,

10]) et de baisse ([2, 3], [4, 6], [7, 8]). Une forte allure à la baisse de

l’inflation parfois négative se répercute par une forte fluctuation cyclique

des dépenses publiques sur le court et moyen terme. Les dépenses

publiques sont sensibles à une diminution permanente du niveau des

prix. Ces deux variables sont corrélées, ce qui illustre les liens qui les

unissent sur leur variabilité cyclique (corr = -0,14).

� Un choc positif sur l’inflation se traduit par des effets négatifs qui se

reflètent par une forte fluctuation cyclique de l’offre de monnaie sur le

court et moyen terme. En effet, les valeurs tendancielles négatives de

l’offre de monnaie visent un objectif de taux d’inflation annuelle

compatible avec la définition de la BCEAO pour la stabilité des prix. Ces

variations presque irrégulières de l’offre de monnaie montrent l’attention

particulière accordée par la BCEAO à cet objectif. Ce résultat est

corroboré par la valeur du coefficient de corrélation des cycles des deux

variables (corr = -0,01). Il met en évidence le caractère contra-cyclique de

l’offre de monnaie par rapport à l’inflation sur certaines période, ce qui

illustre les liens qui les unissent.

Un choc positif sur l’inflation se transmet sur l’activité économique

instantanément par un effet négatif se reflétant par une tendance à la

Page 28: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

28

hausse de l’activité juste pour la période [1, 2]. Une baisse de l’inflation se

répercute au-delà de la deuxième période par la prédominance des effets

néfastes sur l’activité économique dus à la baisse du taux d’investissement.

Autrement dit, ceci pourrait être expliqué par les comportements d’attente

des agents économiques susceptibles de réduire l’investissement et la

consommation face à une montée des taux d’intérêt. Or les investissements

et la consommation demeurent les principaux leviers de la croissance

économique. Une inflation inférieure au seuil de 3% favorise l’épargne et

donc l’investissement pour l’ensemble des pays membres de l’UEMOA mais

celle négative peut avoir des répercussions néfastes sur les variables

macroéconomiques. Ces deux variables sont corrélées, ce qui illustre les

liens qui les unissent concernant la corrélation de leur cycle (corr = -0,102).

En résumé, l’impact d’un choc d’innovation sur l’offre de biens est

globalement compatible avec les enseignements du modèle IS-LM.

Page 29: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

29

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de l'inflation

-.03

-.02

-.01

.00

.01

.02

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de l'activité économique

-.020

-.015

-.010

-.005

.000

.005

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse des dépenses publiques

-.045

-.040

-.035

-.030

-.025

-.020

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Réponse de la masse monétaire

Réponses des variables à un choc de l'inflation

Figure 6: Fonctions de réponses suite à un choc sur l’inflation

Page 30: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

30

2°) – Décomposition de la variance de l’erreur de prévision

L’étude précédente, basée sur les fonctions de réponses impulsionnelles,

peut être complétée par une analyse de la décomposition de la variance de

l’erreur de prévision. L’objectif est de calculer la contribution de chacune des

innovations à la variance de l’erreur en pourcentage. Quand une innovation

explique une part importante de la variance de l’erreur de prévision, nous en

déduisons que l’économie étudiée est très sensible aux chocs affectant cette

série. Les résultats relatifs à l’étude de la décomposition de la variance sont

reportés dans le tableau en annexe. Ils indiquent que :

o La variance de l’erreur de prévision du produit intérieur brut, est due à

1% à ses propres innovations, 56% aux innovations de l’inflation, 26%

aux innovations de l’offre de monnaie, et à 17% à celles des dépenses.

Elle montre que le niveau général des prix réagit le plus à court,

moyen et long terme. L’offre de monnaie et les dépenses publiques

réagissent également à la variance de l’erreur de prévision de l’activité

économique. Les politiques monétaire et budgétaire sont sensibles aux

chocs affectant l’activité économique. Ces résultats sont conformes à

ceux obtenus sur les fonctions de réponses suite à un choc sur

l’activité économique.

o La variance de l’erreur de prévision de l’inflation est due à 59% à ses

propres innovations, 39% aux innovations de l’offre de monnaie, 1%

aux innovations de l’activité économique et à 1% à celles des dépenses.

Un choc sur l’activité économique a donc plus d’impact sur l’inflation

que l’impact d’un choc de l’inflation en a sur l’activité. A court, moyen

et long terme, ce choc se répercute plus sur l’offre de monnaie. En

effet, cette réaction de la politique monétaire vise un objectif de taux

d’inflation annuelle compatible avec la définition de la BCEAO pour la

stabilité des prix. Elle justifie toute l’attention particulière accordée

par la BCEAO à cet objectif. La réaction modeste des dépenses

publiques est liée par les multiples interventions de l’Etat pour

subventionner la flambée des prix des denrées de premières nécessités

susceptible de réduire le pouvoir d’achat des populations à revenus

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31

faibles. Il confirme également la thèse de Wagner19 qui milite pour

l’accroissement de l’intervention de l’Etat dans l’économie.

o La variance de l’erreur de prévision des dépenses publiques est due à

75% à ses propres innovations, 13% aux innovations de l’inflation, 7%

aux innovations de l’offre de monnaie et à 5% à celles de l’inflation. Ce

résultat est conforme à celui obtenu sur les fonctions de réponses

suite à un choc sur les dépenses publiques. A court et à long terme,

un choc sur les dépenses publiques influence donc plus l’inflation que

l’offre de monnaie et l’activité. Il révèle également qu’un choc sur

l’activité économique a donc plus d’impact sur les dépenses publiques

que l’impact d’un choc des dépenses en a sur l’activité. Ce résultat est

corroboré par Dufrénot et al. (2007) qui soutiennent que « la relation

entre l’ajustement budgétaire et la croissance est à double sens de

causalité. D’une part, l’insuffisante accumulation du capital public et sa

faible productivité expliquent les mauvaises performances en termes de

croissance. D’autre part, l’activité économique elle-même amène les

gouvernements à ajuster leurs dépenses, ce qui peut entrainer un cercle

vertueux ou au contraire vicieux en fonction des catégories de dépenses

sur lesquelles portent l’ajustement »

o La variance de l’erreur de prévision de l’offre de monnaie est due à

10% à ses propres innovations, 78% aux innovations de l’activité

économique, 11% aux innovations de l’inflation et à 1% à celles des

dépenses publiques. L’offre de monnaie influence donc fortement

l’activité économique en révélant qu’un choc sur la politique monétaire

a donc plus d’impact sur l’activité économique que l’impact d’un choc

de l’activité économique en a sur la politique monétaire. Ce résultat

contraste avec l’argument des monétaristes qui estiment qu’à long

terme, la politique monétaire n’a pas de réel impact sur l’activité

économique, son impact demeure inflationniste. L’ampleur de la

variance de l’erreur de l’inflation justifie la corrélation liant celle-ci

19

L’économiste allemand du nom de Adolphe WAGNER formule une loi connue sous le nom de « loi de

wagner » visant à plaider pour une intervention de plus en plus de l’Etat dans l’économie.

Page 32: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

32

avec la politique monétaire tandis que les dépenses publiques

réagissent faiblement à court, moyen et long terme au choc sur l’offre

de monétaire.

A l’issu du diagnostic des simulations réalisées sur les variables du produit

intérieur brut, de la masse monétaire, des dépenses publiques et de

l’inflation, nous en déduisons les conclusions suivantes :

� l’impact d’un choc d’innovation affectant les variables monétaire et

budgétaire ont beaucoup plus d’impact sur l’activité économique.

L’économie sénégalaise reste donc très sensible au choc affectant ces

variables. L’impact d’un choc d’innovation affectant les dépenses

publiques par contre est plus significatif suivant l’ordre d’importance

de la variance de l’erreur de prévision. Celui de l’inflation vient en

deuxième position, l’offre de monnaie vient en troisième position et

enfin l’activité économique vient en dernière position. La politique

monétaire réagit plus que la politique budgétaire à un choc

d’innovation affectant l’activité économique du fait de la forte

dépendance des dépenses publiques aux aides extérieures. A ce

propos, Dufrénot et al. (2007) soutiennent que « l’importance de

l’économie informelle, le niveau bas des taux d’épargne publics et la

faiblesse des recettes fiscales sont à l’origine des difficultés à mobiliser

les ressources nécessaires pour financer les dépenses publiques »

� Les chocs affectant les variables monétaire et budgétaire ainsi que le

niveau général des prix constituent la principale source de fluctuations de

l’économie sénégalaise dans le court, moyen et long terme. Autrement dit,

le produit intérieur brut réagit suite aux chocs sur ces variables. La

politique monétaire est corrélée avec l’inflation à court, moyen et long

terme conformément à ses objectifs de stabilité des prix du fait qu’elle

réagit plus suite à des chocs d’innovations sur l’inflation susceptibles de

rétrécir singulièrement son efficacité. La réaction de la politique

monétaire à un choc d’innovation sur le niveau des prix est corroborée

par les études de la BCEAO. Celles-ci soutiennent que les chocs

Page 33: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

33

d’innovations sur l’inflation ont des répercussions directes sur le crédit

intérieur20.

Conclusion

L’objet de ce chapitre était d’analyse la sensibilité de l’activité économique

aux chocs monétaire et budgétaire au Sénégal, en se basant uniquement sur

l’analyse des indicateurs macroéconomiques. Pour analyser la sensibilité de

l’activité économique à la gestion des politiques monétaire et budgétaire,

nous avons utilisé une méthode d’extraction des cycles de l’activité réelle, de

l’inflation, des variables monétaires et budgétaires et étudié la coordination

des différents cycles dans le temps. Pour analyser la transmission des chocs

au Sénégal, nous avons employé une méthodologie SVAR standard qui met

ainsi en évidence les réponses des impulsions entre les variables. En termes

d’analyse des politiques macroéconomiques au Sénégal, compte tenu des

objectifs définis pour chaque politique, les résultats montrent que la

politique monétaire a plutôt bien rempli ses objectifs de stabilité des prix

après l’institution de la procédure de surveillance multilatérale et est restée

neutre vis-à-vis de l’activité économique, tandis que la politique budgétaire a

été déficitaire dans ce sens. Le respect des critères de convergence en

matière budgétaire n’est pas réussi malgré la mise en place des dispositifs

communs imposant une certaine discipline budgétaire aux pays membre (le

Pacte de Convergence, de Stabilité et de Croissance). En effet, ce résultat

laisse supposer que le Sénégal doit davantage miser sur la politique

budgétaire pour la rendre crédible dans le but de propulser l’activité

économique en réduisant les dépenses publiques non productive pour ne

pas accentuer le déficit budgétaire et en promouvant le développement du

secteur privé. Il ressort de l’analyse de la décomposition de la variance de

l’erreur que l’activité économique est très élastique aux fluctuations des

variables monétaire et budgétaire. Les résultats de l’analyse de la causalité à

la Granger révèlent le caractère exogène des politiques monétaire et

budgétaire. Ils montrent que l’évolution de la tendance des politiques

20

Notes d’Information et Statistiques, mars 2001, N°512, p. 4.

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34

monétaire et budgétaire ne peut être influencée par les valeurs passées de

l’activité économique ou du niveau des prix. L’analyse des réponses

impulsionnelle montrent que les délais de transmission des chocs

d’innovation monétaire et budgétaire ont un effet direct sur l’activité

économique. Autrement dit, il y a peu de temps nécessaire pour que les

changements de politiques monétaire et budgétaire puissent agir sur

l’activité économique. L’économie demeure fortement tributaire des chocs

d’innovation affectant ces variables. Elles révèlent également que la politique

monétaire réagit aux chocs affectant les dépenses publiques et l’inflation.

Ainsi, l’influence de la politique monétaire sur la politique budgétaire

pourrait se justifier par une compensation des effets des variables

budgétaires susceptibles de contrecarrer l’efficacité des instruments

monétaires. L’analyse des chocs d’innovation entre les variables donnent

ainsi fortement à penser que les impulsions des variables principales ont des

retombées importantes sur la crédibilité des politiques monétaire et

budgétaire. De même, l’absence de relation de cointégration révèle qu’il

n’existe pas une relation d’équilibre à long terme entre les politiques

monétaire et budgétaire et l’activité économique, ce qui prouve que les

stabilisateurs automatiques au Sénégal semblent être très faibles ou

inexistants. Ce résultat montre que les déséquilibres causés par les chocs au

niveau des variables des politiques monétaire et budgétaire tardent à se

compenser, ce qui explique la persistance des impulsions et de

l’affaiblissement de l’effet de ces politiques.

L’impact significatif des chocs du produit intérieur brut, de l’inflation et de la

masse monétaire sur les dépenses publiques, mis en évidence par l’analyse

des réponses impulsionnelle et celle de la décomposition des variances de

l’erreur donne ainsi à penser que l’ajustement budgétaire semble se faire

principalement à partir de la composante dépense des budgets publics. Ce

résultat, au demeurant non surprenant, corrobore les conclusions obtenues

par différentes études montrant par exemple que certains pays de l’UEMOA

Page 35: La sensibilité de l’activité économique aux chocs ... · Ils postulent également qu’une variation de la masse monétaire à ... l’inflation et la stabilité monétaire mais

35

butent sur la collecte des recettes fiscales (Chambas, 2005)21 ou que les

efforts de convergence relativement importants à propos de certaines

dépenses publiques demeurent faibles dans le cas des recettes.

Les effets des politiques monétaire et budgétaire sur l’activité économique

demeurent soumis à des sources d’incertitude liées aux chocs imprévisibles

émanant de l’extérieur. Ce type d’incertitude, très globale, doit permettre aux

autorités monétaire et budgétaire de mettre en place un cadre à court,

moyen et long terme adéquat pour une combinaison optimale des politiques

monétaire et budgétaire qui peut garantir l’atténuation des fluctuations

conjoncturelles de l’économie sénégalaise. Cela signifie que la BCEAO

prendra des mesures d’une part, pour que l’inflation ne s’écarte pas trop du

critère de convergence de l’UEMOA en matière de prix, qui est de 3,0% et que

le gouvernement du Sénégal veille à une meilleure allocation des ressources

vers des dépenses productives susceptibles d’assurer une viabilité

macroéconomique (Dufrénot et al.(2007), à une baisse du ratio de sa dette

au PIB, à des soldes budgétaires de base, primaire et conventionnel positif.

D’autre part, elle doit aspirer à redonner aux taux d’intérêt leur qualité de

signaux de rareté relative de fonds prêtables, ce qui nécessite la poursuite de

l’approfondissement du marché financier, devant se traduire par l’essor des

placements financiers des ménages (Nubukpo, 2003). Ainsi, l’étude de la

vulnérabilité des politiques monétaires et budgétaire aux chocs exogènes qui

fera l’objet du prochain chapitre IV demeure primordiale afin de jauger les

effets bénéfiques de ces politiques sur l’inflation, l’activité économique et le

développement économique.

21

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Economica, Paris, 2005.

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