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Sarkozy : Européen ou Français ? Société : Société : La "di La "div er er sité" sité" contr contr e l'identité e l'identité PAGE 4 PR PR OCHE-ORIENT : OCHE-ORIENT : LA B LA B ANDE DE GAZA À FEU ET À SANG ANDE DE GAZA À FEU ET À SANG p. 9 3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@h@q@m@a; M 01093 - 2762 - F: 3,00 E 3 s N° 2762 63 e année Du 1 er au 14 janvier 2009 Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois www.actionfrancaise.net 2 0 0 0 Belgique : Belgique : V an R an R ompuy ompuy, l'homme l'homme qui ne v qui ne v oulait pas oulait pas ... ... PAGE 6 FRANCE FRANCE ÉTRANGER ÉTRANGER Exposition : Exposition : Bona Bona par par te te, l'Ég l'Ég ypte et l'a ypte et l'av enir enir... ... PAGE X HIST HIST OIRE OIRE « Tout ce qui est national est nôtre » P P A A GE 3 GE 3 L’ACTION FRANÇAISE AU GUI L'AN NEUF ! Cette expression médiévale évoquant la plante traditionnelle qui symbolisait prospérité et longue vie nous semble plus appropriée pour présenter nos vœux qu'un bonne année, bonne santé, bien banal depuis que les chrétiens eux-mêmes n'y rajoutent plus le paradis à la fin de vos jours... Puissiez-vous, chers lecteurs, entrer dans cet an 9 tout neuf sous le signe du gui : il portait chaque Jour de l'An les souhaits de nos ancêtres et puissiez- vous comme eux, vous-mêmes et tous les vôtres, emplir vos cœurs de joie et d'espérance ! Tout laisse à penser que 2009 ne sera pas une année facile, ni pour le monde, ni pour la France, ni pour chaque Français, mais une année a-t- elle besoin d'être "facile" pour être heureuse ? Souhaitons, et souhaitez avec nous, qu'avec votre aide et la grâce de Dieu, L'Action Française 2000 vous accompagne toujours et alimente votre réflexion sous l'éclairage - nous nous y efforcerons sans cesse - du seul intérêt national. Enfin réjouissons-nous : 2009 sera l'année d'un mariage royal. Cela n'arrive qu'une fois par génération et apporte toujours un regain d'intérêt et surtout d'affection pour la lignée incarnant la continuité française. Nos vœux vont donc tout spécialement à M gr le duc de Vendôme et à M lle Philomena de Tornos. dont l'union au printemps prochain comblera de joie les cœurs de tous ceux qui croient encore que la France n'a pas fini son temps. M.F. N icolas Sarkozy et Carla Bruni ont prolongé d'une semaine leur séjour au pays des écoles de samba. As- surément, le chantre de l'enri- chissement par le travail acharné, même le dimanche, avait besoin d'aller un peu se dé- crisper sous le soleil brésilien où Bernanos écrivit tant de belles pages et où les hommes, comme disait Jean-Pierre Péroncel-Hu- goz dans L'Action Française 2000 du 6 mars 2003, sont « stimu- lants, roboratifs et joyeux ». Sur un air de samba sarkorzyenne s'est ouverte en fait l'année de la France au Brésil... Resserrer les liens entre nos deux pays aux profondes racines latines doit être bénéfique à l'un comme à l'autre. N'oublions pas que nos deux terres sont capé- tiennes : si la tentative du com- mandant de Villegagnon de fon- der là-bas une colonie pour le roi de France Henri II avorta en 1555, il n'en reste pas moins que ce sont les Bragance, rois de Por- tugal, descendants authentiques d'Hugues Capet, qui réalisèrent sur la "Terre de Santa Cruz" cet extraordinaire brassage de races et de cultures (Indiens, Portu- gais, Noirs d'Afrique...) qui, mal- gré de dures conditions de vie et bien des injustices, se sont fon- dues et épanouies dans une his- toire commune et une identité sans cesse nourrie d'affectivité démonstrative, en somme en une nation fière d'elle-même. Belle leçon pour nos idéologues sans racines pensant que pour s'ou- vrir à la diversité il faut renon- cer à être en tant que nation... En fait les liens supérieurs entre la France et le Brésil ne doivent rien aux républiques de ces deux pays. Aucun Brésilien n'a oublié la grande figure de la princesse Isabelle (1846-1922), fille de l'empereur du Brésil Pe- dro II. En tant que régente, elle signa le 13 mai 1888 la loi abo- lissant l'esclavage, ce qui lui va- lut la Croix d'Or du pape Léon XIII, mais aussi l'année sui- vante le coup d'État des riches possédants, hommes de "rende- ment", libéraux et francs-ma- çons, qui renversèrent la mo- narchie impériale. Depuis lors, ce pays en république n'a jamais retrouvé une vraie stabilité po- litique. Tout comme la France... De la princesse Isabelle et de son époux le comte d'Eu, petit-fils de Louis-Philippe, Madame, com- tesse de Paris, née Isabelle d'Or- léans-Bragance, était la petite- fille préférée. Elle a toujours été accueillie de grand cœur par la population. L'initiative de cette année de la France au Brésil l'au- rait réjouie. Nul n'est en France plus près du Brésil par le cœur et par le sang que la famille de France, son chef M gr le comte de Paris, duc de France, et l'héritier M gr le duc de Vendôme. En com- paraison, les congratulations de Nicolas Sarkozy et de "Lula" ne sont que feu de paille. MICHEL FROMENTOUX BRÉSIL La samba sarkozienne Les liens supérieurs entre la France et le Brésil ne doivent rien aux républiques de ces deux pays, deux terres capétiennes...

L’ACTION FRANÇAISE2 0 · 2011. 7. 8. · avait besoin d'aller un peu se dé - crisper sous le soleil brésilien où Bernanos écrivit tant de belles pages et où les hommes, comme

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  • Sarkozy : Européen ou Français ?

    Société :Soc iété :

    La "diLa "divverersité" sité" contrcontre l'identitée l'identité

    PA G E 4

    PRPROCHE-ORIENT :OCHE-ORIENT : LA BLA BANDE DE GAZA À FEU ET À SANG ANDE DE GAZA À FEU ET À SANG pp.. 993:HIKLKJ=XUXUUU:?c@h@q@m@a;

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    3 s ❙ N° 2762 ❙ 63e année ❙ Du 1er au 14 janvier 2009 ❙ Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois ❙ www.actionfrancaise.net

    2000

    Belg ique :Belg ique :

    VVan Ran Rompuyompuy,, l'homme l'homme qui ne vqui ne voulait pasoulait pas......

    PA G E 6

    ■■ F R A N C EF R A N C E ■■ É T R A N G E RÉ T R A N G E R

    Exposi t ion :Exposi t ion :

    BonaBonaparpartete,,l'Égl'Égypte et l'aypte et l'avvenirenir......

    PA G E X

    ■■ H I S TH I S T O I R EO I R E

    « To u t c e q u i e s t n a t i o n a l e s t n ô t re »

    PPAAGE 3GE 3

    L’ACTION FRANÇAISEAU GUI L'AN NEUF !Cette expression médiévaleévoquant la plantetraditionnelle qui symbolisaitprospérité et longue vie noussemble plus appropriée pourprésenter nos vœux qu'unbonne année, bonne santé,bien banal depuis que leschrétiens eux-mêmes n'yrajoutent plus le paradis à lafin de vos jours...Puissiez-vous, chers lecteurs,entrer dans cet an 9 tout neufsous le signe du gui : il portaitchaque Jour de l'An les souhaitsde nos ancêtres et puissiez-vous comme eux, vous-mêmeset tous les vôtres, emplir voscœurs de joie et d'espérance !Tout laisse à penser que 2009ne sera pas une année facile,ni pour le monde, ni pour laFrance, ni pour chaqueFrançais, mais une année a-t-elle besoin d'être "facile" pourêtre heureuse ?Souhaitons, et souhaitez avecnous, qu'avec votre aide et la grâce de Dieu,L'Action Française 2000 vousaccompagne toujours etalimente votre réflexion sousl'éclairage - nous nous yefforcerons sans cesse - du seulintérêt national.Enfin réjouissons-nous : 2009sera l'année d'un mariage royal.Cela n'arrive qu'une fois pargénération et apporte toujoursun regain d'intérêt et surtoutd'affection pour la lignéeincarnant la continuitéfrançaise. Nos vœux vont donctout spécialement à Mgr le duc de Vendôme et àMlle Philomena de Tornos. dontl'union au printemps prochaincomblera de joie les cœurs detous ceux qui croient encoreque la France n'a pas fini son temps.

    M.F.

    Nicolas Sarkozy et CarlaBruni ont prolongé d'unesemaine leur séjour aupays des écoles de samba. As-surément, le chantre de l'enri-ch i s sement par le trava i lacharné, même le dimanche,avait besoin d'aller un peu se dé-crisper sous le soleil brésilien oùBernanos écrivit tant de bellespages et où les hommes, commedisait Jean-Pierre Péroncel-Hu-goz dans L'Action Française 2000du 6 mars 2003, sont « stimu-lants, roboratifs et joyeux ». Surun air de samba sarkorzyennes'est ouverte en fait l'année dela France au Brésil...

    Resserrer les liens entre nosdeux pays aux profondes racineslatines doit être bénéfique à l'uncomme à l'autre. N'oublions pasque nos deux terres sont capé-tiennes : si la tentative du com-mandant de Villegagnon de fon-der là-bas une colonie pour leroi de France Henri II avorta en1555, il n'en reste pas moins quece sont les Bragance, rois de Por-

    tugal, descendants authentiquesd'Hugues Capet, qui réalisèrentsur la "Terre de Santa Cruz" cetextraordinaire brassage de raceset de cultures (Indiens, Portu-gais, Noirs d'Afrique...) qui, mal-gré de dures conditions de vie etbien des injustices, se sont fon-dues et épanouies dans une his-toire commune et une identitésans cesse nourrie d'affectivitédémonstrative, en somme en unenation fière d'elle-même. Belleleçon pour nos idéologues sansracines pensant que pour s'ou-vrir à la diversité il faut renon-cer à être en tant que nation...

    En fait les liens supérieursentre la France et le Brésil ne

    doivent rien aux républiques deces deux pays. Aucun Brésilienn'a oublié la grande figure de laprincesse Isabelle (1846-1922),fille de l'empereur du Brésil Pe-dro II. En tant que régente, ellesigna le 13 mai 1888 la loi abo-lissant l'esclavage, ce qui lui va-lut la Croix d'Or du papeLéon XIII, mais aussi l'année sui-vante le coup d'État des richespossédants, hommes de "rende-ment", libéraux et francs-ma-çons, qui renversèrent la mo-narchie impériale. Depuis lors,ce pays en république n'a jamaisretrouvé une vraie stabilité po-litique. Tout comme la France...De la princesse Isabelle et de son

    époux le comte d'Eu, petit-fils deLouis-Philippe, Madame, com-tesse de Paris, née Isabelle d'Or-léans-Bragance, était la petite-fille préférée. Elle a toujours étéaccueillie de grand cœur par lapopulation. L'initiative de cetteannée de la France au Brésil l'au-rait réjouie. Nul n'est en Franceplus près du Brésil par le cœuret par le sang que la famille deFrance, son chef Mgr le comte deParis, duc de France, et l'héritierMgr le duc de Vendôme. En com-paraison, les congratulations deNicolas Sarkozy et de "Lula" nesont que feu de paille.

    MICHEL FROMENTOUX

    ❏ BRÉSIL

    La samba sarkozienneLes liens supérieurs entre la France et le Brésil ne doivent rien aux républiques de ces deux pays, deux terres capétiennes...

  • ❚ ÉCONOMIE & MÉDIAS

    ❚ 2 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2762 – du 1er au 14 janvier 2009

    En cette fin d'année 2008, laplupart des commentateurséconomiques ont eu le re-gard rivé sur l'indice de la consom-mation des populations des paysriches, considéré comme le der-nier rempart contre la récessionet, potentiellement, comme lepremier moteur de la relance.

    Certains allant même à évo-quer un "devoir de consommation",comme si, dans une spirale infer-nale, la gabegie du système fi-nancier international devait êtrecompensée par la propension sanslimite des individus à accumulerdes biens et des services à l'uti-lité toute relative. Mais qu'ilssoient rassurés, le précieux indice,soutenu par les fêtes, devrait af-ficher, selon les estimations, uneprogression de 0,3 à 0,5 % pour ledernier mois de 2008.

    La faim dans le monde

    Dans le même temps, il estfrappant de constater que peud'observateurs ont signalé et com-menté un important rapport re-mis le 20 décembre à Pascal Lamy,le directeur général de l'Organi-sation mondiale du Commerce(OMC), et qui apporte un démenticinglant à tous les discours com-munément admis sur les bienfaitsde la libéralisation des échangesinternationaux. En effet, les tra-vaux conduits sous la direction deOlivier De Schutter, un universi-taire belge, actuellement rap-porteur spécial des Nations Uniespour le droit à l'alimentation, ap-

    porte un solide contrepoint auxpropos des responsables de l'or-ganisation qui affirmaient, il y aquelques mois, lors d'une tenta-tive de clôture du cycle de né-gociations de Doha, que l'abais-sement continu des protectionsdouanières sur l'agriculture contri-bue fortement à l'accroissementde la richesse mondiale et, enparticulier, des revenus des pay-sans des pays du Sud.

    Le rapport concerne, d'unepart, l'impact du commerce mon-dial libéralisé sur la faim dans lemonde et, d'autre part, l'influencedes thèses actuelles du libreéchange sur la politique des Étatset leur capacité à assurer la sé-curité alimentaire de leurs popu-lations. Olivier De Schutter plaidepour une profonde remise encause des conceptions qui prési-dent à la libéralisation. Cette der-nière, souligne-t-il, menace la si-tuation, déjà précaire, de dizainesde millions de petits agriculteurset engendre des « coûts cachés »sociaux, environnementaux et sa-

    nitaires. « Elle n'est pas plus fa-vorable au consommateur, con-fronté à une forte hausse desprix, qu'au petit producteur, au-quel on paye un prix de plus enplus faible. En revanche, la chaînede distribution s'allonge, ce quicontribue à enrichir divers inter-médiaires. »

    Des gouvernementsdémunis

    Le rapport De Schutter s'in-terroge non pas sur un aveniridéal, pensé dans les cénacles del'OMC et prévoyant un utopiqueaccès aux marchés mondiaux pourles petits producteurs, mais sur lasituation actuelle. Celle-ci est ca-ractérisée par l'incapacité des na-tions et des États à mettre enœuvre les protections indispen-sables pour un développementéquilibré de leurs marchés agri-coles locaux. 500 millions de pro-ducteurs dans le monde sontcontraints d'acheter très cher leurssemences et leur engrais à une

    douzaine d'oligopoles et de re-vendre leur production à un prixdérisoire. Par ailleurs, l'accent missur le commerce international aaccru fortement la fragmentationdu monde agricole : 85 % des pro-ducteurs travaillent sur des su-perficies inférieures à deux hec-tares, 0,5 % d'entre eux possèdentplus de cent hectares. « Miser for-tement sur les exportations ac-croît cet écart. On privilégie les0,5 % les plus riches et on margi-nalise les autres », constate Oli-vier De Shutter.

    Spécialisationdes pays

    « La position de l'OMC est queces impacts négatifs de la libéra-lisation seront compensés par l'ex-pansion des secteurs exportateurs.Cette approche, qui établit le bi-lan des gains et des pertes, n'estpas satisfaisante car, dans biendes cas, les gouvernements nesont pas en mesure de compen-ser ces impacts négatifs pour leurpopulation. » De nombreux paysont été incités à se spécialiserdans des secteurs où ils bénéfi-ciaient d'avantages comparatifs :le coton pour l'Afrique de l'Ouest,le café pour la Colombie et l'É-thiopie... Il leur a été promisqu'avec les devises ainsi engran-gées, ils pourraient importer dequoi nourrir leur population pourun prix inférieur à ce qu'ils au-raient pu produire eux-mêmes. Acontrario, ils sont aujourd'hui dé-pendants par rapport à des indicesboursiers de plus en plus volatils.Après une baisse des cours de leursproduits, ils ne peuvent plus payerleurs importations, dont la valeura été parfois multipliée par cinqou six. L'évolution encouragée parl'OMC a même transformé en im-portateurs des pays qui étaientautosuffisants.

    Un retour des protections na-tionales et des modèles de déve-loppement locaux est donc plusque jamais nécessaire.

    PATRICE MALLET

    ❏ CRISE ALIMENTAIRE

    Sinistre libéralisationUn rapport des Nations Unies remis le 20 décembre à Pascal Lamy, directeurgénéral de l'OMC, a souligné les effets néfastes de la libéralisation surl'alimentation dans le monde. Il n'a pas eu l'écho qu'il méritait.

    Directeur de 1965 à 2007 : Pierre Pujo (✟)Directeur de la publication : M.G. Pujo

    Rédacteur en chef : Michel Fromentoux

    Politique : Guillaume Chatizel, Jean-Philippe Chauvin,Michel Fromentoux, Nicolas Hainaut,Stéphane Piolenc

    Étranger : Pascal Nari

    Économie : Henri Letigre

    Enseignement, famille, société : Stéphane Blanchonnet, Jean-Pierre Dickès, Michel Fromentoux,Aristide Leucate, Frédéric Wincler

    Culture : Monique Beaumont, Anne Bernet, Renaud Dourges, Gaël Fons,Norbert Multeau, Jean d’Omiac,François Roberday, Alain Waelkens

    Histoire : Yves Lenormand, Laure Margaillan, René Pillorget, Francis Venant

    Art de vivre : Pierre Chaumeil

    Chroniques : François Leger, Jean-Baptiste Morvan

    Médias : Denis About.

    Rédacteur graphiste : Grégoire Dubost.

    Abonnements, publicité, promotion : Monique Lainé

    10 rue Croix-des-Petit10 rue Croix-des-Petits-Champs-Champs s 75001 Paris75001 Paris

    Tél. : 01 40 39 92 06 - Fax : 01 40 26 31 63

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    Plantations de café au BrésilL'OMC privilégie les grandes exploitations

    et encourage les pays à se spécialiser.

    » DUKE OF VENDÔME

    Rebondissant sur l'annonce deson mariage, le Wall StreetJournal a consacré le 19 dé-cembre un article au princeJean. Dépêché dans les jardinsdu Palais royal pour s'entrete-nir avec lui, Max Colchesterévoque les engagements duduc de Vendôme, les querellesdynastiques qui l'opposent àd'autres prétendants, leschances d'une restauration enFrance... Quelques images sontvisibles sur le site Internet duquotidien, où le prince s'ex-prime en anglais : http://online.wsj.com/

    » GÉANT DE LA PENSÉE

    Le Figaro s'est fait l'écho le18 décembre de l'admirationde Jean-François Mattéi pourPierre Boutang : « Ma pre-mière impression, confirméepar la suite, fut celle d'ungéant de la pensée. [...] Ilm'impressionnait, moins parson immense culture, que parle détachement avec lequel illa maîtrisait. [...] C'était unarpenteur de l'être qui,comme Platon et Heidegger,avait compris que la philoso-phie est une variation perma-nente sur l'archétype duvoyage et que l'homme estbien un "homo viator". Il m'aappris [...] le souci de latranscendance... » Et le quoti-dien de commenter : « Catho-lique et royaliste, Boutang,qui n'avait jamais renié Maur-ras, était un homme chez quila tendresse s'accouplait sou-vent avec la colère. Mais quelpersonnage ! » Jean-FrançoisMattéi – un professeur d'uni-versité qui ne doit pas êtreconfondu avec son homonymeengagé en politique – est l'au-teur de la préface de la nou-velle édition de L'Ontologie dusecret, publiée à la rentréepar les PUF.

    » STAR WARS

    Plus de 12 millions de télé-spectateurs sont habitués àsuivre la retransmission desvœux présidentiels. Annon-çant l'événement dans Le Fi-garo du 26 décembre, BrunoJeudy évoque, entres autres,le soin apporté au générique :« Ce sera du grand spectacle,dit-on, façon Guerre desétoiles. Sur fond de Mar-seillaise, les vœux télévisésdevraient s'ouvrir avec un tra-velling sur la tour Eiffel revê-tue, encore pour quelquesheures, du bleu de l'Europe.L'image d'un drapeau tricoloresurgira ensuite dans la biblio-thèque de l'Élysée... » Un lieuqui « s'adaptera [...] parfaite-ment au format 16/9 des nou-veaux écrans de télévision »,observe Franck Louvrier,conseiller pour la communica-tion de Nicolas Sarkozy, inter-rogé par Emmanuel Gaileropour Tvmag.com (26 dé-cembre). Vivement la ver-sion 3D !

    » TERRE INCONNUE

    Reprenant une information duParisien, le blog de Jean-marcMorandini se fait l'écho d'un pro-jet soumis à France 5 : « Inti-tulé "Tom Tom", ce programmeserait une sorte de "Rendez-vousen terre inconnue", mais qui sedéroulerait... en banlieue ! »Voilà qui en dit long sur l'incurierépublicaine.

    » PARADOXE

    « Paradoxalement, alors que laréforme de l'audiovisuel a pourobjet de libérer la télévision deservice public des contraintes depublicité, la recherche de res-sources financières d'origine pu-blicitaire avant 20 heures pour-rait conduire à la suppression dela rediffusion » des journaux lo-caux de France 3 : c'est l'in-quiétude exprimée par Jean-Claude Boulard, maire PS duMans, et Antoine Rufenacht,maire UMP du Havre, dans unelettre adressée au président deFrance Télévisions, citée par

    l'AFP. « La CGT a dénoncé, selonl'agence, une décision "suici-daire", faisant valoir que c'est àce deuxième horaire que lesjournaux locaux font leurmeilleure audience. La directiona indiqué de son côté que lesjournaux locaux seront rallongésde quelques minutes et qu'ilsbénéficieront d'une rediffusiondans le Soir 3. »

    » PUBLICITÉ

    Le décret transcrivant le régimeeuropéen de la publicité télévi-sée a été publié au Journal Offi-ciel le 24 décembre. À partir du1er janvier, les grandes chainesprivées pourront diffuser chaquejour, en moyenne, neuf minutesde publicité à chaque heure, aulieu de six toutes les soixanteminutes. Les plateaux seront au-torisés à s'ouvrir au "placementde produits". En revanche, leparrainage des émissions par desentreprises ayant pour activitéprincipale la fabrication ou lavente d'alcool ou de tabacest interdit.

    » SADDAM TV

    Orange Cinémax diffusera à par-tir du 7 janvier une série britan-nique consacrée à Saddam Hus-sein : quatre épisodes desoixante minutes retraçant l'iti-néraire du dictateur irakien de-puis sa prise du pouvoir en 1979jusqu'à son exécution en 2006.Tournée en 2007 en Tunisie, co-produite par la BBC et HBOFilms, la série avait été diffuséesur BBC Two l'été dernier. Elleest « décrite par nos confrèresde Télé Loisirs comme "unesorte de Parrain à la sauceorientale" », précise Tvmag.com.

    » PRÉCISION

    Évincée par TF1 qui lui avaitpréféré un concert, la messe deminuit célébrée par le pape aété diffusée par KTO, mais aussipar LCI, filiale à 100 % de la pre-mière chaîne hertzienne, ainsique par TMC, dont TF1 détient40 % des parts. Une chaîne vi-sible gratuitement dans tous lesfoyers recevant la TNT.

  • POLITIQUE ❚

    L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2762 – du 1er au 14 janvier 2009 3 ❚

    ❚ NOTRE SOUSCRIPTION POUR L'AF

    Il nous faut rédiger ces lignesvingt-quatre heures avant lediscours de vœux que doit pro-noncer le président de la Répu-blique ce mercredi 31 décembre.Nous n'essaierons pas de devinerce qu'il aura dit mais, en fait, lesdiscours de Nicolas Sarkozy sonttoujours les chefs-d'œuvre d'unbonimenteur habile à trouver lesmots, souvent justes et marquésd'un grand bon sens, qui convien-nent en toutes circonstances. Cesont toutefois des propos d'unchef d'entreprise, d'un manager,comme on dit aujourd'hui, beau-coup plus soucieux d'arrangerpour le mieux, et de façon touterationnelle, les choses du mo-ment, que d'inscrire son actiondans la destinée d'une grande na-tion historique.

    Agitation

    Cet agité perpétuel, tra-vailleur effréné qui se lève tôtpour s'occuper de tout, est - nonsans quelques qualités indé-niables -, un pur produit de ladémocratie. Sa frénésie d'activitéle pousse à se lancer lui-mêmedans l'arène à tout moment aulieu de s'en tenir au vrai rôle d'unchef d'Etat qui est de garder, avecles institutions, la continuité etl'indépendance de la nation.D'ailleurs n'a-t-il pas en juilletdernier forcé les députés, mêmeceux de sa majorité, à amenderune fois de plus la constitutionbien fatiguée de la Ve Républiquepour la plier à sa volonté d'êtreprésent partout ?

    C'est pourquoi il ne faut pass'attendre sur le seuil de la nou-velle année à ce que M. Sarkozyprononce des paroles exaltant lafierté d'être Français et le vou-loir-vive d'une nation en tant quetelle dans un monde plus que ja-mais incertain. M. Sarkozy n'estpas un roi, nos pères ne connais-saient pas les siens, nos traditionsne sont pour lui que des tabous,seuls comptent l'efficace et le

    rentable. On le voit bien, parexemple, dans le débat qu'il im-pose à la France pétrie de chris-tianisme au sujet du travail le di-manche (pour "gagner plus"...) etsur lequel il n'a opéré récemmentqu'un recul tactique. On en re-parlera en 2009.

    La cage élyséenne

    À cela s'ajoute le fait que, pré-sident du Conseil européen cessix derniers mois, il va mainte-nant se sentir en cage à l'Élysée.Il a d'ores et déjà fait savoir qu'ilgarderait toujours un œil sur l'Eu-rope, surtout en matière écono-mique. Car, se voyant dans le peaud'un "président de l'Europe", ilsemble décidé à ne rien laisserpasser à la présidence tchèquequi prend le relais ce 1er janvier.

    De ces six mois de présidencefrançaise, les observateurs re-tiennent en général l'attitude par-ticulièrement volontariste du pré-sident devant la crise russo-géor-gienne, puis devant la crisefinancière et économique. L'ini-tiative, point sotte, d'une Union

    pour la Méditerranée, à laquellel'Allemagne a mis bien des en-traves, n'a pas encore donné sespreuves. Le "paquet" énergie cli-mat nous semble avoir provoquébeaucoup de bruit pour rien.Quant au pacte européen pourl'immigration, il est passé, nousl'avons dit, à côté des vraiesproblèmes...

    Le chancelier allemand,Mme Angela Merkel, a mis dutemps à s'habituer au "style" à tuet à toi de Nicolas et à la ré-unionite aiguë qu'il a instaurée.Elle n'a rien cédé sur le statut dela Banque centrale européenne,ni sur le droit des États de réduireles taux de TVA.

    En revanche, renouant sans lesavoir avec le jeu de bascule trèscapétien entre les Germains etles Saxons, M. Sarkozy sembles'être fort bien entendu avec l'An-gleterre, pour laquelle, pourtant,l'Europe est fondée sur des co-opérations entre États avec al-liances et contre-alliances.

    De fait la personnalité de Ni-colas Sarkozy ayant aisémentéclipsé le fade José Manuel Bar-

    roso, la Commission européennene sort pas grandie de ces six moissarkoziens. Tant pis pour elle !On relève des accents souverai-nistes dans la dernière interven-tion du président devant le Par-lement européen le 16 dé-cembre : « Ce serait une folieque de construire l'Europe contreles nations. » On se demandealors comment l'homme qui parleainsi peut être le même que ce-lui qui s'acharne à défendre son"mini-traité" de Lisbonne malgréles graves dangers qu'il comportepour les souverainetés nationales,et qui harcèle effrontément lesIrlandais et les Tchèques pourqu'ils y adhèrent.

    Le rappel du droit des nationsserait crédible dans la bouche d'unchef d'État revêtu d'une légitimitéancestrale, et c'est bien pour celaque dans les monarchies de l'Unioneuropéenne, la question de "l'Eu-rope" est vue plus sereinementque chez nous : tant qu'une fa-mille incarne la nation, celle-ciest assurée de son existence. Aulieu de quoi M. Sarkozy dressel'éloge d'une Europe « fondée surdes États forts » devant « en-traîner » les petits. D'où son at-titude condescendante à l'égardde son successeur tchèque...Cette Europe unie sous la domi-nation des plus forts est-elle uneEurope de paix ? Apparaissent icitoutes les ambiguïtés d'uneconstruction politique qui ne s'en-racine pas dans le réel historique.

    Refaçonner le territoire français

    Autre sujet majeur qui va pro-chainement revenir dans l'actua-lité : celui de l'organisation ter-ritoriale de la France. Dès ce di-manche 28 décembre, sans quenul ne lui ait rien demandé,M. Frédéric Lefebvre, porte-pa-role de l'UMP, a affirmé que la fu-sion département-région était« pour bientôt ». Aussitôt, fureurde M. Édouard Balladur, président

    de la commission penchée surcette réforme, et du sénateurUMP Gérard Longuet, membre deladite commission ! Le malheu-reux a parlé trop tôt... Vérité of-ficielle : rien n'est encore décidéet il ne faut « pas alimenter desprocès d'intention ou des polé-miques inutiles ». Il n'empêcheque ce nouveau couac dans lesallées du pouvoir a d'ores et déjàdéclenché de vives réactionsparmi les socialistes qui craignentde perdre des positions localesavantageuses. Électoralisme,quand tu nous tiens...

    Instrumentstechnocratiques

    Quoi qu'il en soit dans les ar-rière-cuisines politiques, ce quise prépare pour nos provincesnous inquiète. Bien sûr nous nesommes pas tentés de prendre ladéfense des départements, cescadeaux de la Révolution desti-nés à étouffer la diversité cultu-relle du territoire français, maisles régions créées sur le tracé deces départements regroupés ar-bitrairement sont tout aussiétrangéres au pays réel français.Les régions, que d'ailleurs on parlede regrouper elles-mêmes en"grandes régions", sont aujourd'huiles instruments technocratiquesdu nivellement européiste. Ôterquelques échelons est nécessairemais il ne faut pas priver les pro-vinciaux de la proximité des ser-vices publics. Pourquoi ne pas re-venir aux "pays" d'autrefois ?

    Une réforme territoriale estune œuvre de longue haleine quidoit prendre en compte autant lestraditions historiques, les besoinshumains, les particularités du ter-rain que les mutations techniquesmodernes. La République sera-t-elle capable de mettre un peud'humain dans ses calculs froidsde compétences à définir, de bud-gets à équilibrer et de rendementsà viser ? La mort tragique à l'hô-pital en ces jours de Noël d'unbébé par suite d'une erreur de fla-con commise par une infirmièredébordée de travail, puis celled'un patient n'ayant pu être ré-animé par suite du manque de litsdans les établissements voisinsmontrent que les services publicset les collectivités locales qui lesadministrent ne sont pas toujoursà la hauteur de leur mission.

    MICHEL FROMENTOUX

    ❏ RETOUR AU BERCAIL

    Sarkozy : Européen ou Français ?La France est dirigée par un agité perpétuel, qui s'adresse à la nation à la façon d'un chef d'entreprise.De retour dans l'hexagone, il se sent à l'étroit mais garde un œil sur l'Europe, qui l'inspirera peut-être pour réformer l'organisation territoriale du pays. La vigilance s'impose.

    LISTE N° 19

    100 euros pour l'A.F. : GiovanniC a s t e l l u c c i o , 1 0 0 ; Ph i l i p p eCastelluccio, 100 ; Mme MoniqueLabadie, 100 ; Mlle Corinne Schoch,150 ; anonyme, 100 ; Mlle Marie-Suzanne de Benque d'Agut, 100 ;anonyme, 100 ; Louis Pozzo di Borgo,50 (2e versement), anonyme, 100.

    Versements réguliers : RobertThomas, ( t ro i s mois ) , 45,72 ;M m e Yv o n n e Pe y r e r o l 1 5 , 2 4 ;M l l e A n n i e P a u l , 1 5 , 2 4 ;Mme Françoise Bedel-Giroud, 30,49 ;Mme Henri Morfin, 32.

    Mme Yvonne Dakin, 50 ;Mme Jeannine Maillac, 50 .

    Total de cette liste : 1 138,69 sListes précédentes : 25 408,22 s

    Total : 26 547,01 sTotal en francs : 174 136,97 F

    ■ À l'approche du Nouvel An des amis généreuxnous ont envoyé, comme chaque année, desétrennes pour le journal. Nous sommes conscientsde l'effort que cela représente pour certains etleur disons toute notre reconnaissance.

    Le total de la souscription arrive en cette find'année à 26 547 euros, il nous manque encore3 500 euros pour couvrir nos dépenses de 2008.

    À ceux de nos amis qui n'ont pas encore par-ticipé à l'opération "100 euros pour l'AF" et qui le

    peuvent, disons qu'il n'est pas trop tard pour re-joindre les trente-cinq souscripteurs dont nousavons besoin encore.

    Merci d'avance !MARIELLE PUJO

    * Prière d’adresser vos dons à Mme Geneviève Castel-luccio, L’Action Française 2000, 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris.

    Avez-vous pensé aux étrennes du journal ?

    « Ce serait une folie que de construire l'Europe contre les nations. »

  • ❚ ASPECTS DE LA FRANCE

    ❚ 4 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2762 – du 1er au 14 janvier 2009

    «Quand j'entends parlerde culture, je tiremon pistolet » disaitJoseph Goebbels, ministre de laPropagande d'Hitler. Nous n'ensommes pas là dans la républiquede M. Sarkozy, mais la culture gé-nérale y est menacée de mortdouce et programmée.

    Le projet Santini

    Éric Woerth, ministre du Bud-get, et André Santini, secrétaired'État chargé de la Fonction pu-blique, ont signé le 2 décembreavec Louis Schweitzer, présidentde la Halde, une charte pour pro-mouvoir l'égalité dans la fonctionpublique. Pour André Santini,

    cette charte est « un engagementmoral et concret » en faveur durecrutement d'enfants d'immigrés,de femmes, de "seniors" et de per-sonnes handicapées. Elle sera àla disposition des 5,2 millions defonctionnaires, en vue de « gui-der l'action des administrationset des agents qui les composent »selon le ministère.

    La charte prévoit une série demesures pour accroître l'égalitéd'accès à la fonction publique,dont notamment : repenser lesconcours, en diminuant lesépreuves de culture générale ju-gées discriminantes ; sensibiliseret former les jurys de concourset les responsables des ressourceshumaines à la question des dis-

    criminations ; développer l'accèsà la formation ; adapter les postesaux situations de handicap ; fa-ciliter la conciliation entre vieprofessionnelle et vie familiale.

    Inepties

    Le Figaro, journal qui semoque de la culture généraleparce qu'elle n'est pas cotée enbourse, s'est réjoui des argumentsstupides qui accompagnaientcette annonce, et lorsque le jour-naliste posait au secrétaire d'É-tat une question sensée, il secontentait platement d'une ré-ponse qui passait à côté du su-jet : « - Ne craignez-vous pas quele niveau baisse ? – La question

    reste celle de l'efficacité. À quoinous sert d'avoir une épreuved'histoire pour les pompiers ? »

    André Santini, qui affirme rap-porter « la volonté du prési-dent », souhaite « valoriser l'ex-périence, la compétence et moinsles connaissances théoriques ».Étrange pour un concours de re-crutement : les candidats n'ontpas d'expérience de la place puis-qu'ils postulent, et que sont descompétences sans connaissances ?Et de revenir sur l'inutilité deconnaître l'auteur de La Princessede Clèves pour être fonctionnaire.À croire que Madame de La

    ❏ CULTURE GÉNÉRALE

    Nivellement intellectuelRetour sur l'effarant projet de réforme des concours administratifs, censé servirl'efficacité et la "diversité". La République verse dans l'utilitarisme primaire :c'est un nouveau pas dans la "déculturation" de la France.

    L'obamania ne semble pas prèsde s'estomper. Bien que l'en-gouement mondial suscité parl'entrée prochaine du candidat mé-tis à la Maison Blanche ne soit pasintrinsèquement lié à la questionde la diversité, journalistes et po-liticiens ne manquent pas enFrance pour tout confondre en unseul et même mouvement, dansun certain "sens de l'histoire"...

    Critères sociaux

    Le 4 décembre, Le Monde sefaisait l'écho de revendicationscommunautaires au sein même del'UMP où certains réclamaient un"Grenelle de la diversité", les di-rigeants du parti s'étant engagésà une meilleure représentationdes "minorités visibles" aprèsl'élection d'Obama (toujours !).Quant au président de la Répu-blique, il s'est engagé dans la ba-taille le 17 décembre avec un dis-cours ayant pour objet « l'égalitéréelle des chances. »

    Dès 2003, Nicolas Sarkozyavait marqué son intérêt pour unepolitique de discrimination "àl'américaine", c'est-à-dire fondéesur des critères ethniques et re-ligieux. Le discours du 17 dé-cembre dernier est venu "rassu-rer" la frange de l'opinion hostileà une forme d'"ethnicisation" dela société française. Les mesurespromises par le Président s'orien-tent vers la promotion d'une "di-versité" fondée sur des critèressociaux, sans pour autant fermerla porte à une évolution vers unepratique plus "anglo-saxonne" siles résultats venaient à être in-suffisants.

    Cette pratique anglo-saxonneest déjà en germe dans le projetprésidentiel puisqu'est prévue lacréation d'une "commission d'éva-luation de la promotion de la di-versité dans la vie politique fran-çaise", ainsi que la fixation d'ob-jectifs d'amélioration de ladiversité à l'écran pour les chaînesde télévision. L'on voit mal surquels critères, autres que pure-ment ethniques et religieux, cette"diversité" à l'écran et au sein despartis politiques pourrait êtreévaluée. À cela s'ajoute la créa-tion du poste de "commissaire àla diversité et à l'égalité deschances", confié au Franco-Algé-rien Yazid Sabeg.

    Cette recherche pathologiquede la "diversité" est consubstan-tielle à la notion d'égalité. La Ré-publique, qui jadis cherchait àgommer toutes les différences,est confrontée à une "panne" dusystème d'intégration à la fran-

    çaise, alors que les migrations in-ternationales ont pris une ampleurdramatique et provoquent l'arri-vée massive de populations allo-gènes non indo-européennes.Celles-ci ne s'intègrent pas au seinde la population tout en se gref-fant, cependant, de manière du-rable sur le territoire national ausein de communautés qui ne sontpas représentées dans la vie po-litique française, ni dans les mé-dias, représentation rendue im-possible par les dogmes républi-cains qui éclatent sous le poidsde leur propre incohérence.

    Souhaiter un modèle où cha-cun soit représenté en fonctionde son identité propre, c'est-à-dire de son appartenance com-munautaire, modèle vers lequella France tend (en dépit des re-culades sarkoziennes sur l'aspectethnique de la diversité qui ontprofondément déçu les associa-tions communautaristes, le CRAN

    en premier lieu), n'est pas uneaberration en soi. Les critiquesnationalistes adressées au systèmerépublicain se sont d'ailleurs ré-gulièrement portées sur la pro-blématique de la représentation,la République étant accusée d'of-frir le pouvoir à une oligarchie etde priver le peuple de représen-tants réels. C'est ce que Maurrasentendait pointer du doigt avecsa fameuse distinction entre "paysréel" et "pays légal".

    Entre deux feux

    Le problème est ailleurs et lesnationalistes seront, à l'avenir,pris entre deux feux : d'une part,le combat traditionnel contre lesélites "légales" qui ne représen-tent pas le pays ; d'autre part, laprise en compte du fait que letorrent migratoire ne peut queconduire à ce que des populationsétrangères qui ne s'intègrent pasfinissent par exiger des droits po-litiques réels. Or, leur identité ap-partient à un héritage différentdu nôtre, et la "diversité" qu'en-tend promouvoir le Président esten totale contradiction avec sespromesses concernant "l'identiténationale". Autant il existe uneprofonde corrélation entre iden-tité nationale et régionalisation,autant la "diversité" telle qu'ellese met en place est antinomiqueavec la volonté d'une partie deplus en plus grande de l'opinionpublique de voir défendue l'iden-tité française. Nicolas Sarkozypromet la "diversité" pour « faireface au défi du métissage », alorsque, paradoxalement, c'est le mé-tissage généralisé des peuples quiva conduire, sur le long terme, àla destruction de la diversité...

    C'est cet éternel double dis-cours, ce paradoxe permanent,cette duplicité consciente ou nonqui est ressortie dans toute sasplendeur ces derniers jours. Mais,au fond, cela ne tient-il pas à lanature même de la Républiquedite "française" ?

    STÉPHANE PIOLENC

    ❏ SOCIÉTÉ

    La "diversité" contre l'identité Nicolas Sarkozy promet la "diversité" pour « faire face au défi du métissage »,alors que c'est le métissage généralisé des peuples qui va conduire, sur le long terme, à la destruction de la diversité.

    »»»

    » NAUNDORFF

    Les survivantistes sont endeuil : Charles-Edmond deBourbon, héritier de Karl-Wil-helm Naundorff qui prétenditêtre Louis XVII, s'est éteint le21 décembre dans sa 80e an-née. Ses obsèques ont été cé-lébrées le 30 décembre enl'église Saint-Nicolas du Char-donnet à Paris.

    » VERSAILLES

    Le prince Charles-Emmanuelde Bourbon Parme, qui avaitdemandé la fermeture de l'ex-position Jeff Koons, a été dé-bouté le 24 décembre. Il en aappelé en vain au Conseil d'É-tat, alors que de telles mani-festations pourraient se multi-plier : évaluant à 500 000 lenombre de visiteurs, « Jean-Jacques Aillagon, le présidentde Versailles, en tire uneconclusion : "Il faut, chaqueannée, accompagner ce patri-moine par des actions excep-tionnelles. Il faut réalimenterl'intérêt du public en mettanten écho les œuvres du passéet celles du présent. Quandc'est réussi, quand il y a dé-bat, c'est bon pour nous." »(Le Monde, 26 décembre)

    » PATRIMOINE

    Valeurs Actuelles a lancé uncri d'alarme le 18 décembre.Bruno de Cessole s'inquiète desmenaces pesant sur les monu-ments historiques, les églises,et même les édifices les plusprestigieux : « La grande ma-jorité de ces bâtiments appar-tient à des communes [...]pour lesquelles le montantd'éventuels travaux excède debeaucoup le budget. Particu-lièrement lorsque ces bâti-ments ne sont pas protégés autitre des monuments histo-riques, ce qui est le cas desdeux tiers des lieux de culte.Et même lorsqu'il s'agit d'édi-fices protégés [...] la situationreste préoccupante. Parmi lesquatre-vingt-neuf cathédralesdépendant de l'État certaines[...] nécessitent des travaux àla fois considérables et ur-gents. Notamment, les cathé-drales de Strasbourg,Chartres, Orléans, Rouen,Nantes, Bordeaux, Moulins etBayonne. La fameuse tempêtede 1999 a causé des dégâts quisont loin d'être réparés... »

    » MOSQUÉES

    Le Figaro a publié le 22 dé-cembre une enquête sur laconstruction des mosquées.Quelque cent cinquante pro-jets seraient lancés « souventmarqués par le gigantisme »,avec un soutien actif desmaires : « Imperceptiblement,en cinq ans, les élus locauxsont passés de la prudence,voire de la méfiance enversl'islam, à l'adoubement. » Lefinancement serait assuré à30 % par les pouvoirs publics,et près de 50 % par des fondsétrangers.

  • ASPECTS DE LA FRANCE ❚

    L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2762 – du 1er au 14 janvier 2009 5 ❚

    On croit manquer d'exemplesillustratifs de la mutationdes élites gauchistes desannées soixante-dix vers ce quel'on appelle aujourd'hui la "gauchecaviar" ; pourtant, ils sont légion.

    Paria de la gauchesociétale

    Certes, on connaît les intel-lectuels de salon d'empire, telsles Gluksman ou BHL, qui disser-tent gaiement autour d'un châ-teau Margaux sur le droit d'ingé-rence au Darfour ou l'opportunitédu boycott des Jeux olympiquesde Pékin. Mais il existe également,en politique, d'éminents disciplesde l'esprit voltairien ("Faites ceque je dis mais pas ce que jefais"), philosophie très tendanceà l'heure de la ploutocratie sar-kozienne. C'est le cas d'une per-sonnalité jusqu'alors peu connuesur la scène politico-médiatiquefrançaise, à savoir Julien Dray.

    Ce père de trois enfants, li-cencié d'histoire-géographie, ti-tulaire d'un DEA de sciences éco-nomiques et enseignant de pro-fession, est bien repéré parnombre d'observateurs commeétant l'instigateur du trostko-an-tiracisme, idéologie puante qui al-lie quelque dogmes du gauchismesoixante-huitard avec l'ordre mo-ral ou, devrait-on dire, le diktatdu métissage ethnique coercitif.

    En bon étudiant utilitariste, ilquitte en 1981 la LCR pour le PSet fonde en 1984, avec HarlemDésir, SOS Racisme dont il devientle vice-président. Apparenté à lagauche du Parti socialiste, il sou-tient paradoxalement les diffé-rents projets de construction eu-ropéenne et vote "oui" au réfé-rendum proposant l'établissementd'un traité constitutionnel del'Union européenne en 2005. Il re-fuse de rejoindre le NPS d'ArnaudMontebourg après l'échec de cetteconsultation, mouvement censépourtant rallier tous les déçus duvirage social-démocrate qu'em-prunte le PS depuis 1984. Pourcouronner cet exploit de déma-

    gogie, Julien Dray entretiendraitdes relations ambigües avec lacommunauté juive dont il est issu,son frère ayant lui-même été ledirigeant de la milice du Betar...

    On connaissait la relation ami-cale et le profond respect quiliaient Julien Dray et Nicolas Sar-kozy malgré leurs divergencesidéologiques. On en connaît au-jourd'hui les causes, et ceci tient

    en premier lieu à leur passion pa-thologique commune pour lesmontres et vêtements de luxe.Pour marquer sa différence, cetoligarque socialiste préfère auxRolex du président bling bling lesPatek Philippe et en abuse sansentrave jusqu'à atteindre des fac-tures délirantes ! Selon Le CanardEnchainé, il aurait dépensé plusde 200 000 euros en trois ans dansles horlogeries françaises et ita-liennes. Il ne dédaigne pas nonplus les bijouteries Van Cleef ethôtelleries de luxe (facture de6 356 euros pour un séjour dansune suite à Monaco). Enfin, iléprouve un petit faible pour lamaison Hermès dont il est unclient fidèle (facture de 4 100 eu-ros) ainsi que pour Point Plume(3 950 euros). Le tableau est édi-fiant et l'on s'étonne à premièrevue que ce chacal de la politique

    n'ait pas délaissé l'austère Ségo-lène Royal pour rejoindre les rangsde l'éden élyséen où l'argent couleà flots sans tabou, établissant lecentre du pouvoir républicain bienloin des réalités quotidiennes desFrançais durant la crise écono-mique internationale.

    Mais voilà, à moins d'être enpossession d'un patrimoine per-sonnel se chiffrant en centaines

    de milliers d'euros, un salairemensuel de député s'élevant à4 800 euros ne peut pallier les en-vies les plus folles de cet "ache-teur compulsif". Il est ainsi per-mis de douter de la légalité dessommes perçues pour satisfaireses pulsions consuméristes aty-piques. La brigade financière quia perquisitionné à son domicile le19 décembre le soupçonne d'avoirperçu la somme cumulée de351 027 euros dont les deux tiersproviendraient respectivementdes comptes de SOS Racisme etde la Fédération indépendantedémocratique lycéenne (FIDL). Unpremier retrait en liquide de90 350 euros aurait alerté le crédit coopératif qui gère lescomptes des deux associations.

    Par la suite, des mouvementsde fonds de 135 505 euros au-raient été détectés, provenant

    des comptes de SOS Racisme etde la FIDL et ayant pour destina-taire le compte de Julien Dray.Enfin, ce dernier aurait bénéficiéd'un versement de 78 300 euros,somme cumulant divers dons debienfaiteurs dont certains d'entreeux auraient obtenu des marchéspublics par la généreuse et so-cialiste région Île-de-France danslaquelle Julien Dray occupe laplace de vice-président du conseilen charge de la Jeunesse depuismars 2002.

    Bien entendu, nous nous de-vons de respecter la présomptiond'innocence malgré l'averse desindices de preuves à charge quis'ajoute à un passé entremêléavec l'institution judiciaire : en-quête classée sans suite en jan-vier 2000 concernant la prove-nance des fonds après l'achatd'une montre de luxe d'une valeurde 250 000 francs, et affaire desemplois fictifs et enrichissementpersonnel dans le scandale de laMNEF (Mutuelle nationale des étu-diants de France).

    Maladieconsumériste

    On pourrait se demander enquoi ces associations vassales dugrand souverain socialiste pré-sentent un intérêt d'utilité pu-blique. SOS Racisme, qui composeavec d'autres le paysage d'uneFrance licratisée, vouée à laconcurrence des lobbys identi-taires primaires, connaît un essorsans précédent de son fonds decommerce antiraciste a la saucefascisante. Bien loin de se sou-cier des conditions de vie desclasses défavorisées de banlieue,elle voue un culte bestial à la dia-tribe sans-papiériste de Cachanau nom de la belle utopie du "ci-toyen du monde".

    Ainsi, toute cette stratégiemarketing qui draine des sommesse chiffrant en centaines de mil-liers d'euros devait bien servir soninstigateur initial, à savoir JulienDray qui ose donner des leçonsd'humanité et de protection so-ciale aux tenants du libéralismeatlantiste ! On est bien loin del'idée de vertu politique qui ani-mait la pensée de Platon dans LaRépublique, mais il faudra par-donner ce pauvre Julien Dray carles psychiatres qualifient sa ma-ladie consumériste d'incurable,de quoi légitimer de nouveauxpillages politiciens ! Affaire àsuivre...

    ANTOINE MELLIES

    ❏ SCANDALE

    Vertu républicaine à l'épreuveSOS Racisme et la FIDL : deux associations à but lucratif pour Julien Dray ?Retour sur l’itinéraire d’un politicien rattaché à l’aile gauche du Parti socialiste,mais néanmoins amateur de montres de luxe et autres gadgets bling bling...

    Fayette a valu jadis un zéroau jeune Sarkozy ! On va chassertoute culture humaniste desconcours administratifs, on vadresser les examinateurs à tenircompte de la "diversité". « La ré-volution culturelle est donc lan-cée » dit Le Figaro du 2 décembrequi semble s'en féliciter. Et c'estLe Monde des livres de ce même2 décembre qui fait la leçon à M.Santini : « Lui est-il jamais venuà l'idée que l'on pouvait aussi,éventuellement, tirer les gensvers le haut, puisque vers le basla télévision s'en charge déjà ?Consternant. » Les pompiers etles agents de police n'ont pas be-soin d'un minimum de connais-

    sances historiques ? « Est-il nor-mal que tant de gens (chauffeursde taxi, gardiens de la paix, fonc-tionnaires de la RATP, etc.) soienthandicapés lorsqu'ils cherchentune rue sur un plan parce ce qu'ilsn'ont aucune idée de la manièredont s'écrit un nom historiquepour n'en avoir jamais entenduparler ? »

    Modernité ?

    Des fonctionnaires n'ayantreçu qu'une formation strictementtechnique après un bac plus qu'in-suffisant seront des exécutantsdociles qu'on pourra former et re-cycler à volonté, mais qu'on nous

    permette de douter de leur qua-lité. Et si la culture disparaît desconcours, le peu qui en reste dansl'enseignement secondaire ne tar-dera pas à s'évaporer totalement.

    La classe dirigeante de la Ré-publique a toujours réussi à se si-tuer sottement à la pointe du pro-grès : elle a entassé ses électeursdans des tours quand les Améri-cains installaient dans les leursdes bureaux et préféraient vivredans des maisons individuelles,elle donne dans un utilitarismeprimaire et forcené quand lesÉtats-Unis redécouvrent les ver-tus de la culture générale. Si ondisait à l'Éducation nationale que les futurs médecins doivent

    avoir des épreuves portant sur les grands romans des XIXe etXXe siècles, on y rirait de ce pas-séisme culturel. C'est pourtant cequ'on fait outre-Atlantique depuisquelques temps : on a comprisque l'humanisme donnait le sensde l'humain, et, en élargissant lechamp de vision du spécialiste,renforçait son efficacité profes-sionnelle. La République décou-vrira cela dans vingt ans aprèsavoir fait de la France un désertculturel, et prescrira la lecturedes romans... anglo-saxons. Il fau-drait avant mettre un terme à cerégime barbare.

    GÉRARD BEDEL

    »»»

    SIGNES DES TEMPS

    » PARITÉ

    « Nous autres, on a moins ledroit à l'erreur » estime Valé-rie Pécresse. Pourtant, de Sé-golène Royal à Rama Yade, enpassant par Roselyne Bachelotet Rachida Dati, le droit à l'er-reur semble globalement êtreune vertu tolérée chez lesfemmes politiques.

    » SENTIMENT

    Pour Éric Besson, secrétaired'État à la Prospective, « lesentiment d'inflation est supé-rieur à l'inflation réelle ». Ilfaut croire que l'ancien socia-liste a été inspiré par les pro-pos de Lionel Jospin sur « lesentiment d'insécurité ». Il n'ya finalement que le sentimentd'être pris pour des idiots quisoit bien réel...

    » HALALI

    Toujours aussi zélés, les mé-dias ont lancé la curée contreRachida Dati et Rama Yade.Ces deux fusibles suffiront-ils àfaire oublier l'écart entre lespromesses de Nicolas Sarkozyet la réalité de son action ?

    » FÉODALITÉ

    Il a fallu des siècles pour que« les États assurent partout lasécurité des citoyens ». Et oninverse tranquillement la ten-dance : en Europe, on compte367 policiers pour 100 000 ha-bitants et 237 agents de sécu-rité privés. C'est l'inversion dusens de l'Histoire...

    GUILLAUME CHATIZEL

    » MÉMOIRE COURTE

    Alors que la grâce de Jean-Charles Marchiani suscite lapolémique, on se remémoreavec amusement ces propos deNicolas Sarkozy : « Si [...] jedevais avoir des responsabili-tés, l'une des premières chosesque je ferais, c'est de suppri-mer le droit de grâce et l'am-nistie. » (8 juin 2006) Faut-ilcondamner ce revirement ? Lechef de l'État se doit de dispo-ser de quelques pouvoirs dis-crétionnaires...

    » DÉCRETS

    Selon un rapport du Sénat, cin-quante-six lois ont été votéesau cours de l'année parlemen-taires écoulée. « Sur ce total,on dénombre dix-neuf loisd'application directe et trente-sept lois prescrivant un suiviréglementaire. [...] Sept loisavaient reçu l'intégralité deleurs textes d'application[...] ; seize étaient partielle-ment applicables, à des tauxvariant entre 3 et 80 %. » Des"performances" modestes dansl'absolu, mais qui ne tradui-raient pas d'insuffisance propreau gouvernement actuel.

  • ❚ ASPECTS DU MONDE

    ❚ 6 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2762 – du 1er au 14 janvier 2009

    Un roi affaibli, une parti-cratie absolutiste, une crisefinancière se superposantà l'écartèlement institutionnel,tout pouvait faire croire au nau-frage de la Belgique. Le Premierministre Yves Leterme fut un in-termittent du (triste) spectaclepolitique. Quatre fois il offrit sadémission au roi. La quatrièmefut la bonne. Paradoxalement ilchute sur le dossier financier, leseul où il avait témoigné d'unecertaine maîtrise. Dans un in-croyable imbroglio politico-judi-ciaire, il est accusé d'avoir vouluinfluencer la Justice dans l'affaireFortis-Paribas.

    Albert sur les pas de Baudouin

    Un Belge n'y retrouve pas sespetits... Qui lui trouver pour suc-cesseur ? C'est là que les Romainss'empoignèrent. Entendez les par-tis politiques. Chacun y alla deson exclusive. Le roi consulta. De-vant les grilles de Laeken, lesjournalistes, caméras en faction,guettaient les arrivants, s'effor-çaient d'extorquer un mot, un sou-rire, une moue, donnant lieu àd'infinies exégèses.

    Le roi différa d'un jour l'en-registrement de son discours deNoël. Il évoqua une nécessaireréforme des institutions condui-sant à une plus grande autono-

    mie des régions. C'était de quoiamadouer la Flandre... Et l'oncontinua à échafauder les scéna-rios les plus variés. Après avoirsuspendu sa décision, le roi, à laveille de Noël, accepta la dé-mission du gouvernement Le-terme. La voie était libre et..personne pour s'y engager.

    Il est de notoriété publiqueque le roi désigne comme infor-mateur ou comme formateur ce-lui que lui suggérent les partis.En particulier, en l'occurrence,celui du Premier ministre démis-sionnaire, le CDNV (démocrate-chrétien). Ce fut effectivementun social-chrétien que le mo-narque désigna comme "explora-

    teur". Mais celui-là, personne nelui avait soufflé le nom et la sur-prise fut entière. Il s'agissait deWilfried Martens. Àgé de soixante-douze ans, il dirigea neuf gou-vernements entre 1979 et 1991 àl'époque où son parti, appelé ZVP(devenu CDNV) faisait la pluie etle beau temps.

    C'est un homme du plat pays,fils de paysans de Sleidinge auxenvirons de Gand. Il fit partie deces jeunes gens qui entrent dansla vie "l'injure à la bouche". Il or-ganisa des manifestations contrele Pavillon français à l'Expositionuniverselle de 1958. Intelligent,il s'assagit sans pour autant ou-blier sa sensibilité flamande. Il

    fut le père du "fédéralismed'union" dont il sut convaincre le roi Baudouin d'en défendre le principe.

    En rappelant Wilfried Martens,Albert II, comme en d'autres cir-constances, a mis ses pas dansceux de son frère défunt. Sansdoute le choix n'était-il pas mau-vais car, après quelques jours, Wil-fried Martens trouva l'oiseau rare.Celui dont le plumage et le ra-mage sont censés plaire ou, toutau moins, ne pas déplaire.

    Dire qu'il le trouva n'est pastout à fait exact. Le nom d'Her-man Van Rompuy circulait surtoutes les lèvres. Déjà, du tempsoù Yves Leterme était encore auxaffaires, mais Van Rompuy, prési-dent de la Chambre, jurait sesgrands dieux que jamais il n'ac-cepterait de devenir Premier mi-nistre. Le mérite de Wilfried Mar-tens fut de l'y obliger moralement.

    Le consensus,ou presque

    Actuellement, il paraît seul àrallier le consensus de tous... oupresque. Pourtant les franco-phones savent qu'Herman VanRompuy nourrit des convictionsflamandes très enracinées.

    Ce qui sauve à leurs yeux cebachelier en philosophie thomiste,c'est une longue expérience dupouvoir (il fut vice-Premier mi-nistre) alliée au sens de l'humouret à celui du compromis. L'un aidel'autre... Homme-clef de la dé-mocratie-chrétienne, se situantau centre-droit, Herman Van Rom-puy, intellectuel introverti, a peude goût pour les feux de la rampe.Voici donc ce Mère Joseph pousséà devenir Richelieu. C'est un pari.Pour lui et pour la Belgique.

    CHARLES-HENRI BRIGNAC

    ❏ BELGIQUE

    L'homme qui ne voulait pas...Herman Van Rompuy a peu de goût pour les feux de la rampe. Soumis à une obligation morale, il succède pourtant à Yves Leterme, qui chute sur le dossier financier, le seul où il avait témoigné d'une certaine maîtrise.

    » PRÉSIDENCE TCHÈQUE

    « Énergie, économie, Europedans le monde » : telles sontles priorités affichées par laRépublique tchèque, quiprend la suite de la France à latête de l'Union européenne le1er janvier. « Sur le premierpoint, rapporte Euractiv(18 décembre), les Tchèquesdécident en fait d'appuyer uneinitiative présentée par laCommission européenne le3 décembre dernier. C'est eneffet à cette date queBruxelles a publié unecommunication sur unpartenariat oriental, quiaboutira notamment à "unenouvelle génération d'accordsd'association, un fort degréd'intégration dans l'économiede l'UE et l'assouplissement desformalités pour les citoyenssouhaitant se rendre dansl'UE". » Six pays sont visés :Arménie, Azerbaïdjan,Biélorussie, Géorgie, Moldavie,Ukraine. Ce partenariatpourrait équilibrer l'Union pourla Méditerranée soutenuepar la France...Alexandr Vondra, vice-Premierministre, compare laprésidence tchèque à « unmatch de football dontpersonne n'attend rien » : « Iln'y a pas tellement d'attentes,et c'est peut-être un point dedépart confortable. »Confronté aux inquiétudessuscitées par l'euroscepticismedu président Vaclav Klaus, alorsque son pays est le seul Étatmembre de l'UE à ne pas s'êtreprononcé sur la ratification dutraité de Lisbonne, il s'insurgecontre les donneurs de leçons :« Ce n'est pas à vous, ou àd'autres, de nous dire ce quenous devons faire. »Le 9 décembre, la chambre desdéputés tchèque avait décidéde renvoyer au 9 février 2009l'examen du traité, et ceconformément au souhait duPremier ministre Mirek Topolanek, dont le parti estdivisé. Accusé par JeanQuatremer de « prendre enotage » un texte qu'il avaitpourtant négocié, il espéreraitobtenir une "trêve" avec unepartie de la classe politiquepour les six mois à venir(Coulisses de Bruxelles, 9décembre).

    » ÉGLISES

    En visite en Arabie saoudite le23 décembre, Hans-GertPöttering, président duParlement européen, a appelé« les gouvernements arabes àautoriser la constructiond'églises dans leurs pays de lamême manière que desmosquées peuvent êtreconstruites en Europe ». Selonl'AFP, il « a souligné qu'il avaitpu assister à une messecatholique durant sa visite àMascate, mais [que] celan'était [pas] possible en Arabiesaoudite... » L'Europe a-t-elleretrouvé ses racineschrétiennes ?

    G.D.

    «Que la lumière divinede Bethléem se ré-pande en Terre sainte,où l'horizon semble redevenirsombre pour les Israéliens et lesPalestiniens ; qu'elle se répandeau Liban, en Irak et partout auMoyen-Orient. Qu'elle féconde lesefforts de tous ceux qui ne se ré-signent pas à la logique perversede l'affrontement et de la vio-lence et qui privilégient au con-traire la voie du dialogue et dela négociation, pour apaiser lestensions internes à chaque payset trouver des solutions justes etdurables aux conflits qui tour-mentent la région. » Ainsi a parléle pape Benoît XVI le matin deNoël place Saint-Pierre, priantpour que cette lumière ouvre tousles cœurs et tous les esprits au« mystère de la vie ». Paroles brû-lantes d'actualité qu'aucun politi-cien ne saurait prononcer sérieu-sement... Le pape, lui seul, peuts'élever à l'universel.

    ... et à une "écologiede l'homme"

    Trois jours plus tôt, s'adres-sant à la Curie romaine, Be-noît XVI avait parlé du devoir del'Église de « protéger l'hommecontre la destruction de lui-même[...] Dans le respect de la naturede l'être humain comme homme

    et femme, il s'agit de la foi dansle Créateur et de l'écoute du lan-gage de la création, dont le mé-pris serait une autodestructionde l'homme et donc une destruc-tion de l'œuvre de Dieu lui-même.Ce qu'on exprime souvent et cequ'on entend par le terme "gen-der", se résout en définitive dansl'auto-émancipation de l'hommepar rapport à la création et auCréateur. L'homme veut se con-

    struire tout seul et décider tou-jours et exclusivement seul de cequi le concerne. Mais de cettemanière, il vit contre la vérité,il vit contre l'Esprit créateur. Lesforêts tropicales méritent, en effet, notre protection, maisl'homme ne la mérite pas moinsen tant que créature, dans la-quelle est inscrit un message quine signifie pas la contradictionde notre liberté, mais sa condi-

    tion. » Et de rappeler que le Créa-teur lui-même a institué et sa-cralisé le lien pour la vie entreun homme et une femme commecondition de la pérennité de laCréation.

    Il est grave qu'au même mo-ment notre pays la France, filleaînée de l'Église, ait présenté àl'ONU, par la voix de Mme RamaYade s'appuyant sur la déclarationdes Droits de l'Homme, un appeluniversel à la dépénalisation del'homosexualité. Texte qui, plusqu'un appel au respect des per-sonnes, risque, selon le Vatican,« d'ajouter de nouvelles catégo-ries protégées des discriminationssans tenir compte que, si ellessont adoptées, elles créeront denouvelles et implacables discri-minations ».

    Il n'est pas sûr que la "culturede mort" ait le dernier mot : unbon tiers de la planète, dont lespays musulmans, approuvent laposition du Vatican.

    M.F.

    ❏ VATICAN

    Appel de Benoît XVI à la paix...Le matin de Noël, le pape a prononcé des paroles brûlantes d'actualité.Un discours qu'aucun politicien ne saurait prononcer sérieusement.

  • ASPECTS DU MONDE ❚

    L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2762 – du 1er au 14 janvier 2009 7 ❚

    Il y a quelques semaines,M. Jean Charest, chef du Partilibéral du Québec, à la têted'un gouvernement minoritairedepuis moins de deux ans 1, dé-cidait de déclencher des électionsanticipées dans le but d'obtenirun gouvernement majoritaire.

    Coalition

    Il désirait ainsi profiter de lasituation économique mondialetroublée, justifiant, à ses yeux,un gouvernement fort et non sou-mis aux aléas des oppositionsconstituées par l'Action démo-cratique du Québec et le Partiquébécois. Il entendait bien tirerparti également de la faiblessede ces deux partis, dont la situa-tion financière et organisation-nelle n'était pas encore rétablieaprès les élections de 2007. Lessondages paraissaient très favo-rables et Jean Charest se voyaitdéjà à la tête d'une majoritéconfortable. Sa campagne "Téflo"se déroulait bien : on annonçaitune chute dramatique pour le pre-mier parti d'opposition officielle,l'Action démocratique, et Mme Pau-line Marois, chef du Parti québé-cois, semblait ballottée entre sespropres positions souverainistesmolles et les "purs et durs" duparti. Comme il l'avait prévu, soninsistance sur les problèmes éco-nomiques sonnait bien dans laconjoncture actuelle.

    Mais pendant ce temps le psy-chodrame permanent à Ottawaarrivait tout d'un coup à son pa-roxysme. Comme suite à la pré-sentation d'un énoncé économiqueassez provocateur par le ministredes Finances (suppression des sub-ventions aux partis politiques, re-trait du droit de grève aux fonc-tionnaires fédéraux), les partisd'opposition se concertaient ra-pidement et mettaient sur piedune coalition assez détonante afinde remplacer ou renverser le Particonservateur minoritaire au pou-voir. Elle regroupait le Parti libé-

    ral du Canada (centre gauche, parrapport au Parti conservateur), leNouveau Parti démocratique(gauche) et le Bloc québécois(souverainiste). Tout ceci fut as-sez surprenant pour tous, classepolitique et citoyens compris.

    Coup d'État ?

    M. Stephen Harper, le Premierministre, réagit violemment et"péta même une coche" commeon dit ici. Il cria au « coup d'É-tat » et à la « menace sépara-tiste ». Un responsable du partiappela même à la résistance ci-vile... Après quelques jours deflottement, il proposa au gou-verneur général, Mme MichaëlleJean, pour au moins gagner dutemps, que la session parlemen-taire soit prorogée, ce qui re-poussait vers la fin du mois dejanvier le vote crucial sur le dis-cours du budget. Ceci lui per-mettait d'échapper à court termeà un vote de censure et lui lais-sait espérer un éventuel effrite-ment de la coalition (le nouveauchef du Parti libéral du Canada,nommé sur ces entrefaites, luiétant réputé moins favorable queson prédécesseur) 2.

    Tout cela eut des consé-quences notables sur la campagne

    électorale québécoise. D'une part,ces tribulations faisaient enquelque sorte la promotion desgouvernements majoritaires, cequi était bon pour M. Jean Cha-rest, mais, d'autre part, les in-sultes et outrages, qui fusaientde partout au Canada anglais etchez les conservateurs contre lesdéputés du Bloc québécois et lesQuébécois en général, provo-quaient un ressac au Québec,même chez les souverainistesmous, ce qui finit par profiter auParti québécois. De plus, cela pro-voqua une polarisation qui fut fa-tale à l'Action démocratique etdont profitèrent le Parti libéralet le Parti québécois qui s'en par-tagèrent les dépouilles.

    Jean Charest a failli trébucher

    Au soir des élections, le Partilibéral de M. Jean Charest se re-trouvait bien majoritaire ainsi qu'ill'avait souhaité, mais beaucoupmoins fort qu'il ne l'aurait espéré.Sa majorité n'était que de troissièges 3 et l'opposition, mainte-nant représentée par le Parti qué-bécois, sortait considérablementrenforcée par l'épreuve (Mme Pau-line Marois, qui avait bien parulors du débat à la télévision, se

    trouvait grandie par ce résultatquasi inespéré). L'Action démo-cratique se retrouvait très affai-blie, presque moribonde, ayantperdu de très nombreux sièges etson implantation dans plusieursrégions. Elle gardait toutefois unpourcentage de voix qui lui per-mettait peut-être d'envisager sasurvie (son chef, M. Mario Dumont,démissionnait quelques jours plustard). Le petit parti de gauche,Québec solidaire, qui n'avait ja-mais obtenu de siège jusqu'ici,réussissait, cette fois, à faire élireson président à Montréal. Certainsobservateurs faisaient remarquerque si la campagne avait duréquelques jours de plus M. JeanCharest se serait retrouvé encoreune fois minoritaire...

    Outrances

    Le Quebec bashing 4 du Ca-nada anglais et des conservateursa donné plus qu'un coup de pouceau Parti québécois, il a failli fairetrébucher M. Jean Charest. Onpeut ainsi constater que, para-doxalement, M. Stephen Harpera bien aidé le Parti québécois avecses propos outranciers allant jus-qu'à laisser entendre que les dé-putés du Bloc québécois, large-ment majoritaires dans la dépu-tation québécoise à Ottawa,n'étaient pas des vrais députésmais des fauteurs de trouble sé-paratistes à éliminer. Il n'est pasimpossible, par ailleurs, que la si-tuation économique mondiale aitété fatale pour l'Action démocra-tique, dont les idées souvent ul-tralibérales paraissaient tout d'uncoup moins séduisantes aux Qué-bécois qui voyaient, pour une fois,d'un meilleur œil les tendancesinterventionnistes (réelles ou ima-ginées...) du Parti québécois.

    HENRI RALLON

    1 - Lors de l'élection en 2007 :48 sièges pour le Parti libéral du Qué-bec (centre), 41 pour l'Action démo-cratique du Québec (droite), 36 pourle Parti québécois (souverainiste). 2 - Mais peut-être était-ce dû au faitqu'auparavant il n'en était pas le chef.3 - 66 sièges pour le Parti libéral, 51pour le Parti québécois, 7 pour l'Ac-tion démocratique, 1 pour QuébecSolidaire. 4 - Expression anglaise désignant lescampagnes d'opprobre et de salissagequi reviennent de temps à autrecontre le Québec.

    ❏ QUÉBEC

    Les partis face à la criseLes élections anticipées au Québec le 8 décembre : un pari à demi réussi pourle Premier ministre Jean Charest. Le Parti libéral obtient enfin une majorité,mais l'opposition représentée par le Parti québécois se trouve renforcée.

    Médias complicesde l'islamismeSuite à la diffusion, après lesvœux de Noël de la reine Eli-zabeth et ceux du papeBenoît XVI, par la chaîne an-glaise Channel 4, des vœux duprésident iranien Ahmadinejad,notre ami Chahpour Sadlet,président du Mémorial des Rois(BP 523, 75825 Paris ce-dex 17), a publié un communi-qué pour dénoncer le carac-tère blasphématoire d'unetelle diffusion :« Cette tribune exception-nelle, écrit-il notamment, ac-cordée miraculeusement auprésident terroriste néorobes-pierriste Ahmadinejad illustreune fois de plus le degré decompromission des médias etdes pouvoirs politiques occi-dentaux à l'égard d'un régimeislamiste que ces derniers onteux-mêmes créé ex nihilo en1979 par la promotion d'unobscur ayatollah, alors totale-ment inconnu en Occident plusencore qu'en Iran, hôte et im-précateur extraordinairementsurmédiatisé de Neauphle-le-Château. [...] Nul doute qu'aucontraire de ce qu'a affirmédans son discours télévisé deNoël l'usurpateur islamiste aupouvoir en Iran, si Jésus de-vait ressusciter aujourd'hui, ilne s'enrôlerait nullement dansles rangs des combattants dji-hadistes islamo-révolution-naires inféodés au régime desayatollahs, mais qu'il seraitpersécuté et martyrisé dansles geôles sordides de la Ri-pouxblique islamique d'Iran,accusé de prosélytisme reli-gieux chrétien, si ce n'est d'es-pionnage au profit de la Ju-dée, en attendant une secondecrucifixion, châtiment d'unautre âge existant hic et nuncdans le code pénal islamiqueinstauré en Iran par l'ayatollahKhomeini en 1979. »M. Sadlet termine en appelantles chrétiens du monde entierà exprimer leur indignation età se souvenir que, depuis lafuneste révolution islamiste de1979, les chrétiens d'Iran ontvu leurs droits régresser consi-dérablement par rapport autemps du shah MohammadReza Pahlavi. ■

    » NOUVELLE EUROPE ?

    « Plus rien ne sera commeavant » en Europe, avaitdéclaré Jean-Pierre Jouyet le17 octobre. S'emballant un peu,l'ancien secrétaire d'État auxAffaires européennes (remplacédepuis peu par Bruno Le Maire)affirme même que « l'Europe estpassée de l'influence à lapuissance » sous l'impulsion deNicolas Sarkozy (Libération, 20décembre). En tout cas, profitantd'institutions relativementmalléables, le président de laRépublique a réaffirmé ladimension intergouvernementalede l'Union. Au point que Jean

    Quatremer le considèredésormais comme un gaulliste(Coulisses de Bruxelles, 17décembre). Interpellant le chefde l'État lors d'une conférence depresse le 16 décembre, où il luireprochait de dessiner uneEurope trop éloignée du modèlecommunautaire, le journaliste aobtenu une réponse pleine de bonsens : « C'est une folie de vouloirconstruire l'Europe contre lesnations et contre les États. »

    » BRICOLAGE

    Parmi les motifs avancés pourexpliquer l'échec duréférendum irlandais sur le

    traité de Lisbonne : le refus desélecteurs de ne plus êtrereprésentés en permanence ausein de la Commission. Cettepréoccupation aurait concerné6 % des "nonistes" selon uneenquête publiée le 20 juin parl'Eurobaromètre. Ce motifd'opposition au traité étaitd'autant plus discutable qu'enl'absence de sa ratification, letraité de Nice prévoyait de toutefaçon l'instauration d'une rotationégalitaire à compter du prochainélargissement. Quoi qu'il en soit, la promesseque chaque pays gardera soncommissaire devrait aider à"vendre" un second référendum

    aux Irlandais. Ceux-ci serontpourtant appelés à s'exprimer surun texte inchangé : le moindreamendement supposerait dereprendre à zéro le processus deratification dans l'ensemble desÉtats membres de l'Union. Onrelève certes dans les traitésrévisés par Lisbonne uneambiguïté quant à la compositionde la Commission. Mais pourparer au risquer de se voirdésavoues par la cour deLuxembourg, les Vingt-Septenvisagent d'entériner leuraccord en ajoutant une clause adhoc dans le traité d'adhésion dela Croatie, dont la ratificationpourrait intervenir en 2010. Un

    traité qui devrait contenir uneseconde "incongruité", de façon à"légaliser" la composition duParlement européen pour laprochaine législature. En effet, àl'issue du Conseil européen des 11et 12 décembre, l'Espagne aobtenu de ses partenaires uneapplication anticipée du traité deLisbonne... sauf pour l'Allemagne,qui aurait été la seule à perdredes représentants après le scrutinde juin prochain.Ces rafistolages ne vont pasfaciliter la tâche des juristes.Peut-être y verra-t-on uneréaffirmation timide du primat duConseil européen ?

    G.D.

    L'Assemblée nationale du Québec

  • Les ouvrages consacrés auconflit israélo-palestinien nese comptent plus. Celui dûà Hassan Balawi 1 offre une ca-ractéristique assez rare : l'auteurest à la fois acteur et chroniqueur.« Je suis un enfant de l'OLP. Monpère fut l'un de ses fondateurs,ma mère y participa. » Avec so-briété, il se définit comme un na-tionaliste palestinien : « Dans mesrêves, dans ma chair, la Palestineest ma patrie. »

    Les rêves de chacun

    Mais avec intelligence, ilconfesse les limites du discours.Il prend en compte le rêve israé-lien. Chacun a son histoire, sa ver-sion des faits, ses valeurs, sessymboles. Sans aucunement se re-nier, il nous entraîne « dans lescoulisses du Mouvement nationalpalestinien ». Il le connaît de l'in-térieur pour avoir été à Gaza du-rant dix-sept ans journaliste avantde rejoindre à Paris la délégationgénérale de Palestine. Actuelle-ment, il est attaché à la missionpalestinienne à l'Unesco et résideà Jérusalem.

    Son livre est une radioscopiede ce que fut le système Arafat.Il nous fait découvrir l'histoire se-crète de l'OLP. En exergue, il éta-blit une distinction fondamentale :l'OLP est un mouvement politiqueen lutte pour une terre, celle dePalestine ; le Hamas et les isla-mistes confondent l'exigence ter-ritoriale et la religion. Pour eux,la Palestine, toute la Palestine estwaqf ; soit un domaine public quiest possession de l'Oumma, l'en-semble des musulmans. Touteconcession sur la terre équivau-drait à un reniement religieux.

    Tout ce qui pourrait être en-visageable serait une trêve de du-rée indéterminée. Les pragma-tiques y songent, Hassan Balawi,Gazaoui d'origine, retrace l'his-toire de Gaza déjà désignéecomme une cité maudite dans laBible hébraïque. En hébreu mo-derne l'expression "Va au diable !"se dit communément "Va àGaza !" ; en hébreu on s'exclame :"Va boire la mer à Gaza !" C'est àpartir de 1948 que la ville, où lavie était douce et l'effervescenceculturelle certaine, devint l'épi-centre de révoltes et le foyer desfièvres palestiniennes. L'Égypte,

    présente, n'annexa ni la ville nila bande de sable qui la prolon-geait. Cela à l'encontre de la Jor-danie s'adjoignant la Cisjordanie.

    Balawi brosse le tableau desmouvements et des idéologies quiirriguent, divisent, déchirent lemouvement palestinien et la ré-gion. Nationalistes arabes, com-munistes et Frères musulmans oc-cupent la scène. Une histoire deconvergences et d'affrontements,de révoltes et de répressions, dedissidences et de complots.

    En toile de fond, le person-nage de Nasser joue le rôle em-blématique de fédérateur des

    admirations et des haines. Lemouvement palestinien va setrouver son propre Raïs, YasserArafat. Le portrait qu'en traceBalawi est riche d'enseignementset fait la part des choses : « Da-vantage le leader d'un peuplequ'un homme d'État. »

    La dernière carte

    À partir de ce constat il dé-monte les rouages du système.On a beaucoup reproché à Arafatd'être corrompu. À tort. En re-vanche, il s'appuyait sur la cor-ruption des autres. Il cultivaitl'opacité et couvrait les malver-sations. Seule comptait l'effica-cité au service de la cause. Il fal-lait pour cela avoir plusieurs fersau feu, souffler le chaud et lefroid. Il faisait jeter quelqueschefs du Hamas en prison pour leslibérer peu de jours plus tard etnégocier avec eux. Il craignait delaisser la rue palestinienne auHamas. Mais il s'est laissé débor-der par lui et les attentats sui-cides. Lorsqu'il lança des appelsau cessez-le-feu, ceux qui au-raient pu relayer ses ordresavaient été assassinés par Israël.Ariel Sharon a réussi à mettre horsjeu son vieil adversaire. Il avaitconvaincu George W. Bush qu'Ara-

    fat était "notre Ben Laden". Tra-gique méprise qui se retournecontre les Israéliens.

    En face d'eux, ils trouvent dé-sormais un interlocuteur de bonnevolonté mais sans autorité, Mah-moud Abbas. Contesté dans sonpropre camp, il n'est pas en po-sition de "faire la paix". La der-nière carte pourrait être MarwanBarghouti. Sa détention lui a forgéune légitimité. Mais en est-il en-core temps ? Le Hamas a emportéles élections et conquis le pou-voir à Gaza. Entre les deux Pa-lestine, celle de Gaza et celle deRamallah, l'écart s'est creusé.L'anathème fleurit. L'une etl'autre s'ostracisent. Hassan Ba-lawi prêche pour une OLP réuni-fiée. La réanimation du proces-sus de paix est à ce prix. On lelui accorde. Mais est-ce réaliste ?Il est permis d'en douter. N'est-ce pas Alphonse Allais qui avaitcoutume de proférer et de pro-phétiser : « Les choses s'arran-gent toujours, mais mal » ?

    CHARLES-HENRI BRIGNAC

    1 - Hassan Balawi : Gaza - Dans lescoulisses du Mouvement national pa-lestinien. Denoël, 203 p., 16 euros.

    On sait que Barack Obama aété élu sur l'air du chan-gement, chanson que nousconnaissons bien puisqu'on nousla sert à chaque élection. En faitplus fortes sont les promessesd'innovation, plus faibles sont leschangements effectifs. Il est àcraindre qu'il en aille de mêmeaux États-Unis. En effet, Obamaa choisi la majorité de ses colla-borateurs parmi les anciens quiont servi Clinton, à commencerpar son épouse dont la nomina-tion comme secrétaire au Dépar-tement d'État a été saluée avecjoie à Tel Aviv et à Jérusalem.

    La paix du mondecompromise

    Parmi les premières nomina-tions on en relève trois particu-lièrement inquiétantes pour lapaix du monde. Rahm Emanuel,surnommé "Rambo", est le fils d'unancien terroriste de l'Irgoun. Sonpère a à son actif, entre autresexploits, l'assassinat du comteBernadotte, représentant de l'ONUen Palestine, et du colonel fran-çais André Serot, observateur mi-litaire à l'ONU, le 17 septembre1948. Wikipedia a supprimé la no-tice biographique de ce terroriste,une semaine après la nominationde son fils comme directeur decabinet d'Obama.

    Benyamin Emanuel a donné leprénom de Rahm à son fils, écritEmmanuel Ratier dans Faits et

    Documents du 15 novembre 2008,en souvenir d'un combattant dugroupe terroriste Lenmi. Le jeuneRahm n'a pris la nationalité amé-ricaine qu'à dix-huit ans. Il s'estengagé dans l'armée israéliennelors de la première guerre duGolfe. Selon plusieurs sources pu-bliques mais non confirmées parl'intéressé, il appartiendrait enfait à Amal, le service de rensei-

    gnement militaire de Tsahal. Fa-natiquement pro-israélien, il atoujours soutenu les propositionsde George W. Bush quant à l'Iraket à l'Iran. Son père a confié àMaariv [journal israélien NDLR] :« Évidemment que le travail demon fils sera d'influencer le pré-sident dans un sens pro-israélien.Et pourquoi pas ? Vous le prenezpour qui ? Pour un Arabe ? Il n'est

    pas embauché à la Maison-Blanche pour balayer les couloirsquand même ! »

    Voilà le personnage qu'Obamaa choisi comme directeur de ca-binet. Ce sera la personne la plusimportante après le président. Ilaura plus de poids que le vice-président Joe Biden.

    Même combat

    À côté de Rahm Emanuel, ontrouve David Axelrod, autre sio-niste de choc. C'est un stratègeen matière électorale. Il a réussià faire élire un certain nombred'hommes politiques noirs avantde se mettre au service d'Obama.On lui doit, entre autres, la mul-tiplication des blogs sur Interneten faveur du candidat démocrateet surtout la constitution d'un fi-chier détaillé de 170 millions desympathisants ... Et aussi le slo-gan « Yes, we can », qui ne veutrien dire mais qui est un mer-veilleux attrape-gogo, et l'axe dela campagne présidentielle qui in-siste sur « l'espoir » et la volonté

    de « changement » : ni démo-crate, ni républicain, ni noir, niblanc, mais multiculturel.

    Pour s'occuper de la politiqueproche-orientale, Obama avaitsongé à s'appuyer sur Zbigniew Br-zezinski, fondateur de la com-mission Trilatérale, ancien con-seiller de Carter et mondialisteavéré, ainsi que sur Robert Mal-ley, ancien conseiller de Clintonlors de Camp David. Mais ces deuxhommes sont considérés par lessionistes comme trop proches desPalestiniens.

    Obama, comme Sarkozy lors-qu'il voulut placer Hubert Védrineau Quai d'Orsay, a dû reculer de-vant les lobbies. Il s'appuie dé-sormais sur des hommes commeAaron David Miller du WashingtonInstitute for Near Est Policy, DanKurtzer, ancien ambassadeur amé-ricain en Israël et Dennis Ross quifut l'envoyé spécial de Bill Clin-ton au Proche-Orient, qui, selondiverses sources, se serait, em-ployé à saboter les négociations[entre les Israéliens et les Pales-tiniens NDLR]. Il a été aussi

    ❚ ASPECTS DU MONDE

    ❚ 8 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2762 – du 1er au 14 janvier 2009

    ❏ PROCHE-ORIENT

    Une histoire secrète de l'OLP À la fois acteur et chroniqueur, Hassan Balawi signe une radioscopiedu Mouvement national palestinien, revenant sur le "système Arafat" et son débordement par le Hamas, facilité par Israël pour son propre malheur.

    ❏ ÉTATS-UNIS

    L'inquiétant entourage de Barack ObamaLa politique étrangère du nouveau président américain marquera-t-elle une rupture après l'èrerépublicaine ? Rien n'est moins sûr. La plupart des collaborateurs que s'est choisis Barack Obama ont partie liée avec Israël... Revue de quelques nominations significatives.

    »»»

    Un sioniste aux commandes

    de la Maison Blanche

    Rahm Emanuel, surnommé "Rambo",

    sera le directeur de cabinet

    du président Obama

    Yasser Arafat n'était pas corrompu... Mais il savaitcorrompre !

  • ASPECTS DU MONDE ❚

    L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2762 – du 1er au 14 janvier 2009 9 ❚

    Dans son traditionnel mes-sage de Noël, le pape s'étaitexprimé avec une rare fran-chise sur la situation au Proche-Orient et sur la crise israélo-pa-lestinienne : « L'horizon s'assom-brit » avait-il dit. La diplomatievaticane est habituellement consi-dérée comme une des mieux in-formées. Totalement impartiale,sans visées politiques ni mercan-tiles, servie par des hommes choi-sis pour leur compétence et leurconnaissance du terrain, elle estégalement respectée, y comprisdans les pays d'Islam.

    Une crise devenue inévitable

    Les phrases souvent courteset bien pesées des papes, et deBenoît XVI en l'occurrence, se ré-fèrent donc à des données et desinformations précises, exprimantdes points de vue pertinents surle plan diplomatique, sont par-fois prémonitoires. La très gravecrise qui vient de s'ouvrir auProche-Orient – Véritable nouvelleguerre israélo-palestinienne ? –vient, hélas, de lui donner raison.Très rapidement.

    Depuis le 6 décembre et la finde la trêve de six mois pénible-ment négociée par les Égyptiens,le Hamas avait repris ses tirs demissiles sur le territoire israélien,et ce malgré les mises en gardedu Caire, de l'Autorité palesti-nienne et du monde arabe. L'ob-jectif officiel déclaré était la le-vée totale du blocus imposé parl'État hébreu à Gaza, ce petit ter-ritoire ghettoïsé avec la plusgrande densité de population dansle monde, gouverné par suite d'uncoup de force islamiste, opéré engrande partie grâce à l'aide fi-nancière et militaire de Téhéran.

    Cette fois, les tirs étaientd'une intensité exceptionnelle(jusqu'à quatre-vingts par jour) etportés loin à l'intérieur du terri-toire israélien, puisque le Hamaspossède désormais des "lanceurs"à portée étendue fournis récem-ment par les ayatollahs. Le Ha-mas cherchait incontestablementune crise, l'État hébreu ne pou-

    vant pas ne pas riposter. Mais mal-gré les déclarations fermes desdirigeants israéliens et les aver-tissements des uns et des autres,l'ampleur de la riposte a totale-ment surpris les islamistes et lacommunauté internationale.

    Ce lundi matin, au moment oùnous écrivons, le territoire souscontrôle du Hamas, se trouve de-puis plus de quarante-huit heuressous un déluge de feu. Plus detrois cent vingt cibles ont été at-teintes et souvent totalement dé-truites. Israël a impitoyablementfrappé tous les centres militaireset administratifs et les postes decommandement du Hamas. Il yaurait eu à 18 heures dimanchesoir entre quatre vingt-cinq morts.On en dénombrait trois cent cinqlundi matin, et plus de mille cinqcents blessés. Le Hamas, en sui-vant la tactique des islamistes,tire ses roquettes à partir des ha-bitations privées, des écoles etmême, semble-t-il, des hôpitaux,espérant que de tels lieux seraientépargnés par Tsahal.

    Tant en raison de la densitéde la population que de la dé-termination des Israéliens "d'enfinir", cela ne semble pas avoirété le cas cette fois-ci. Les dé-gâts collatéraux sont donc im-menses et la souffrance de la po-pulation, victime d'un régime is-

    lamiste absurde et impitoyableet des représailles israéliennesd'une rare dureté, semble ter-rible. Ce n'est pas la mince aidehumanitaire envoyée par les ONG,la Croix-Rouge et même les Is-raéliens, qui va pouvoir y remé-

    dier. Les habitants de Gaza n'ontmême pas la possibilité d'enter-rer leurs morts tant le feu est intense.

    Explicationspolitiques

    Pourquoi cette réaction réel-lement disproportionnée de l'É-tat hébreu ? Trois explicationspourraient être avancées.D'abord, le vrai sentiment de mé-contentement qui règne dans lapopulation israélienne, toutestendances confondues, face auxattaques du Hamas. Les Israéliensoublient souvent que l'impuis-sance et la mauvaise volonté deleur gouvernement à résoudre leproblème palestinien, le sabotagequasi permanent des pourparlersde paix, et par voie de consé-quence la frustration et le déses-poir des Palestiniens, sont à l'ori-gine de cette situation. Ils exi-geaient, ils exigent, que l'onmette fin à ces tirs de roquettes.Or, Israël est en campagne élec-torale. Face au discours extré-

    miste d'un Nétanyahou, les son-dages prévoyant sa victoire, lesdeux ailes du pouvoir actuel, lestravaillistes du ministre de la Dé-fense Ehud Barak, et le Kadimade Tzipi Livni devaient frapperfort : ils désarment ainsi le Li-

    koud, privé de son principal argument, Nétanyahou saluantleur fermeté...

    Le contexte international estfavorable à l'État hébreu. L'ad-ministration américaine est dansl'incapacité d'agir avant la priseen main des affaires par le nou-veau président, lequel est sup-posé moins favorable à Israël.Quant à l'"Europe", elle n'en a ja-mais été aussi proche depuis desannées : ne vient-elle pas d'inau-gurer des négociations pour un"partenariat privilégié" avec l'É-tat hébreu ? Les pays arabes sesont montrés, une fois de plus,

    divisés et impuissants. Beaucoupparmi leurs dirigeants, souhaite-raient se débarrasser ainsi du Ha-mas. Ils prononcent des déclara-tions d'indignation, laissent s'or-ganiser des manifestations de rueet... ne font rien. Même la ré-union des ministres des Affairesétrangères de la Ligue arabe,convoquée pour le dimanche, aété renvoyée à mardi. D'ici là, onverra comment se dérouleront lescombats, on tâtera les grandescapitales... et on finira par pu-blier un communiqué de protes-tation. Un de plus. Les Israéliens,provoqués par le Hamas, ont donctrouvé une bonne "fenêtre de tir".Ils en profitent un peu trop, carleur riposte est disproportionnée.

    Une autre hypothèse

    Derrière le Hamas, commederrière le Hezbollah au Liban,on trouve le régime iranien, quil'arme, le finance, et lui fournit"aide technique" et instructeursmilitaires. Téhéran se prépare àun grand marchandage avec lanouvelle administration améri-caine sur ses armes nucléaires enpréparation. Un certain apaise-ment en Palestine et une attitudeplus modérée du Hezbollah au Li-ban constituent sa principale mon-naie d'échange. Les ayatollahs en-veniment-ils la situation à l'ex-trême pour en tirer profit ?L'hypothèse n'est pas à exclure etne contredit pas les explicationsprécédentes. On voit, une fois deplus que le conflit de Gaza n'estpas isolé et ne peut être traitéque dans le cadre régional.

    L'horizon est sombre en effet.On ne voit pas comment la criseva prendre fin. Seule l'Égypte, àson habitude, tente une média-tion et apporte de l'aide aux mil-liers de réfugiés qui fuient labande de Gaza. Si la tension per-dure et si les Israéliens se lancentdans des opérations terrestres, leProche et le Moyen-Orient pour-ront s'embraser. Avec les consé-quences que l'on devine. Affaireà suivre.

    PASCAL NARI

    l'un des onze rédacteursd'un manifeste dirigé par deuxnéoconservateurs, « manifestetellement violent et excessif qu'ilavait provoqué l'inquiétude et l'in-dignation des intellectuels dé-mocrates » (Faits et Documents).

    Terminons avec Emmanuel Ra-tier en signalant ce qu'écrit Ju-lien Vaïsse, chercheur français dela Brookings Institution et auteurd'une toute récente Histoire dunéoconservatisme aux États-Unis :« Les démocrates sont plusproches des républicains que desEuropéens. » Il n'y a rien qui sé-pare fondamentalement ces deux

    partis, surtout en ce qui concernele Proche-Orient. Tous ont partieliée avec Israël et sa politique bel-liciste. Tous veulent la guerrecomme Roosevelt en 1941. Celarisque d'être pour eux la seule fa-çon de sortir de la crise écono-mique dans laquelle s'enfoncentles États-Unis.

    Diversité ?

    Daniel Bensimon, ancien jour-naliste du Haaretz et candidat duparti Havoda aux élections israé-liennes du 10 février prochain, di-sait récemment sur une radio

    juive qu'il avait pleine confiancedans la politique d'Obama puisqueses dix conseillers les plus prochesétaient tous juifs et que certains,comme Rahm Emanuel, avaientla nationalité américaine et la na-tionalité israélienne.

    C'est sans doute ce qu'on ap-pelle la diversité et cela donnefroid dans le dos lorsque l'on voitcomment les Israéliens traitentactuellement les Palestiniens deGaza, avec la complicité desgrandes puissances et le discretsoutien d'Obama.

    YVES LENORMAND

    ❏ LA BANDE DE GAZA À FEU ET À SANG

    « L'horizon s'assombrit au Proche-Orient »Harcelé par le Hamas, dont les tirs de roquettes avaient atteint une intensité inédite, Israël se devaitde réagir. Confronté au mécontentement de l'opinion publique, à l'approche des élections, et dansun contexte international qui lui est très favorable, l'État hébreu riposte avec une extrême fermeté.

    »»»

    Les Israéliens vont-ils se lancer dans des opérations terrestres ? Le Proche et le Moyen-Orient pourraient alors s'embraser.

    SAMUELHUNTINGTONLe décès le soir de Noël àquatre-vingt-deux ans de Sa-muel Huntington n'a pas faitcouler beaucoup d'encre, alorsque sa théorie du "choc des ci-vilisations" avait connu ungrand succès il y a à peinequelques années. Nous n'yavons jamais adhéré.Elle avait pourtant paru devoirexpliquer les grands conflits denotre temps : désormais les re-groupements internationaux seréaliseraient non plus autourdes États, mais autour de grandscourants de pensée ou de reli-gions et l'on aurait des affronte-ments de modèles plus que desaffrontements d'intérêts. La"guerre froide" entre commu-nisme et libéralisme en fut uncas, mais aussi selon certains,comme le président Bush...,l'attentat du 11 Septembre. Onallait donc voir se battre desgrands blocs fondés sur des "va-leurs" contre des blocs fondés

    sur des "valeurs" opposées.Il nous a toujours paru que der-rière ce langage quasi prophé-tique se cachaient des intérêtsoccultes ; le rôle du pétroledans la guerre d'Irak au nom del'anti-islamisme en est unexemple. Derrière islamisme etanti-islamisme opèrent des im-périalismes, contre lesquels lesnations, fondées sur des enraci-nements concrets, sur une expé-rience humaine et politique avé-rée, sur le sens de la mesure etune sagesse ancestrale, doiventse dresser pour sauvegarder lapaix du monde, garder la libertéde leurs alliances en fonction deleurs intérêts et, au besoin,jouer sur les divisions entre leséléments des prétendus blocsafin de barrer la route aux plusfanatiques illuminés. La paix etla protection des héritages spiri-tuels eux-mêmes reposent plussur des rel