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L’ESCALADE
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
2014
MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE ET MAISON TAVEL
Armet Savoyard
Photo: © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. C 0876
L’ESCALADE
au Musée d’art et d’histoire et à la
Maison Tavel
Objectifs du dossier
Ce dossier de visite a pour but d’outiller
les enseignants pour les inciter à utiliser
les collections du Musée d’art et
d’histoire et de la Maison Tavel avec
leurs élèves de manière autonome. Il se
concentre sur quelques objets
représentatifs de ces collections autour
de cette période historique. Il donne sur
ceux-ci une information ciblée, guide leur
observation, au musée, tant par l’élève
que par l’enseignant, invite à faire des
liens et à les replacer dans un contexte.
Parce que l’enseignant est le public cible,
les contenus du dossier ne sont pas
destinés à un degré scolaire particulier.
Attention, il est important de venir faire
des repérages avant d'emmener une
classe au musée. Les objets supports
sont disséminés entre Musée d’art et
d’histoire et Maison Tavel et peuvent être
momentanément déplacés. Seule une
petite partie des informations fournies sur
les objets dans le dossier figure aussi
dans les salles, il est donc utile de se
munir des feuillets ad hoc lors de la
visite.
Organisation du dossier
Le dossier propose six gros plans sur
des objets ou des œuvres des
collections. Il est composé pour chaque
objet de quatre volets :
1) Information – destiné prioritairement
à l’enseignant
2) Fiche d’observation – destiné
prioritairement à l’élève pour une
utilisation au musée
3) Autour de… - suggestions d’activités
avant/pendant/après
4) Corrigé de la fiche d’observation
Informations pratiques et plans
Pour toutes les informations pratiques,
vous pouvez vous référer aux dossiers
Informations pratiques pour les écoles à
télécharger sur www.mah-geneve.ch
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
INTRODUCTION
2
SOMMAIRE
L’ESCALADE EN BREF P. 4
VUE AUX BANDEROLES P. 5
ARMETS SAVOYARDS P. 8
ÉCHELLES DE L’ESCALADE P. 11
PORTRAIT DE CHARLES-EMMANUEL P. 14
CHANNE EN ÉTAIN P. 17
LA MÈRE ROYAUME, DE F. HODLER P. 20
CHRONOLOGIE P. 23
LEXIQUE P. 24
BIBLIOGRAPHIE P. 25
SOURCES P. 27
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
3
C’est dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602
qu’a eu lieu l’Escalade, une attaque des troupes
du Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier contre
Genève. Le projet des Savoyards est de prendre
par surprise la ville, en escaladant les
fortifications du côté de la Corraterie et de la
Porte Neuve.
Depuis le printemps 1601 déjà, Charles-
Emmanuel, secondé par le seigneur d'Albigny,
prépare son projet d’attaque contre Genève. Leur
plan prévoit de dresser des échelles contre le mur
longeant la Corraterie. Puis de faire monter des
troupes d’élite afin qu’elles ouvrent les portes de
l’enceinte intérieure de la ville (Portes de la
Monnaie, de la Tertasse, de la Treille) et qu’elles
fassent sauter la Porte Neuve depuis l’intérieur de
la ville pour laisser entrer le gros des troupes qui
se trouve à Plainpalais.
Dans la nuit, les troupes savoyardes se mettent
en marche à Etrembières. Les premiers, (environ
trois cents hommes) parvenant au bord de la
courtine de la Corraterie font partie de l’élite de la
troupe. Ils posent des claies et des fascines dans
les fossés pour les combler et dressent trois
échelles contre le rempart haut de huit mètres
environ. Au pied des échelles, d’Albigny
encourage les hommes et un jésuite écossais, le
père Alexandre Hume, et leur remet des
charmes, des formules magiques inscrites sur
des petits papiers pour les préserver de la mort
par le fer, l’eau ou le feu.
Alors que les premiers soldats pénètrent
l’enceinte, d’Albigny fait déjà prévenir le Duc de
l’« heureux commencement de l’affaire ».
Pourtant, vers deux heures et demie du matin, la
sentinelle de la tour de la Monnaie entend du bruit
et envoie un soldat, François Bousezel, pour voir
ce qui se passe. Il parvient à tirer un coup
d’arquebuse pour donner l’alarme juste avant
d’être tué.
Brunaulieu, un des premiers à grimper les
échelles, divise la troupe en plusieurs groupes qui
se dirigent vers les portes de la ville. Un des
groupes doit se rendre à la Porte Neuve pour
l’ouvrir en la faisant sauter à l’aide d’un pétard.
Trois autres groupes se dirigent vers les Portes
de la Treille, de la Tertasse et de la Monnaie pour
empêcher les Genevois de les fermer.
Isaac Mercier parvient à couper la corde retenant
la herse de la Porte Neuve. Celle-ci tombe et
s’abat sur le pétard du soldat savoyard Picot.
Désormais, il n’est plus possible de détruire la
porte pour l’ouvrir au gros des troupes.
Ces premiers événements ont réveillé la plupart
des Genevois. À la Treille, ils parviennent à sortir
des mantelets de l’Arsenal et les entreposent sur
la plate-forme de la Maison de Ville. Un combat
s’engage à la Porte de la Tertasse. L’ancien
syndic, Jean Canal, est tué.
À la Porte de la Monnaie, près du Rhône,
Catherine Cheynel, femme de Pierre Royaume,
lance un pot sur un assaillant et le tue.
Sur la Corraterie, les Savoyards tentent d’entrer
dans les maisons qui forment l’enceinte intérieure
de la ville - entre la Corraterie et la rue de la Cité -
en brisant les portes. Là aussi, leur tentative est
vaine. Madame Piaget lance la clef de sa porte
aux Genevois se trouvant du côté de la Cité, ce
qui leur permet de passer du côté de la Corraterie
et de repousser les Savoyards le long de la
courtine de la Corraterie. Plusieurs assaillants,
pour sauver leur vie, se précipitent sur les
échelles ou sautent du parapet dans le fossé.
À la Porte Neuve, des Genevois se glissent
jusqu’au bastion de l’Oie où ils chargent un canon
avec des clous et des chaînes. Le coup de canon
part en direction des échelles et les rompt.
Les premiers rapports faisant état de « victoire »,
le gros de l’armée demeuré à Plainpalais, croit
que ce coup de canon est le bruit du pétard
faisant sauter la Porte Neuve. Il se dirige
rapidement vers l’entrée de la porte qu’il trouve
fermée et le pont-levis relevé. Les soldats sont
même surpris par le feu de projectiles lancés
dorénavant par le canon mis en action sur la
plate-forme proche de la Maison de Ville.
L’armée savoyarde est repoussée et fuit. Une
histoire raconte que lorsque le Duc apprend la
nouvelle de la défaite il aurait dit à d’Albigny:
« Vous avez fait là une belle cacade! ».
L’ESCALADE EN BREF RÉSUMÉ DES ÉVÉNEMENTS
4 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
TYPE D'OBJET : peinture
LOCALISATION : Maison Tavel, rez-de-
chaussée, salle L’Escalade et la Réforme
MATIÈRE ET TECHNIQUE : huile sur
toile
DIMENSIONS : haut. 80 cm, larg. 213
cm
AUTEUR : inconnu
DATATION : vers 1620
DESCRIPTION : sur cette peinture,
représentant la bataille de l’Escalade de
1602, des anges tiennent des
phylactères sur lesquels figurent des
phrases des Psaumes (Ancien
testament) : les Genevois sont délivrés
par le Tout Puissant, Cé qu’é l’aino (Celui
qui est en haut)
GENEVE DELIVREE DE SES ENNEMIS
PAR LE BRAS DV TOVTPVISSANT LE
12 DECEMBRE 1602 SVR LA MINVICT·
POUR EN SAVOIR PLUS : Les
phylactères portés par les anges portent
des versets bibliques, tirés pour la
plupart des Psaumes.
Jéhovah, le nom de Dieu en hébreu, est
au centre du tableau en lettres de feu.
L’idée que Genève fut miraculeusement
délivrée par l’intervention divine est mise
en avant. Il s’agit probablement d’une
commande officielle destinée à l’une des
salles de l’Hôtel de Ville. En témoignent
sa dimension et l’apposition des
armoiries de Genève. La présence d’un
mur crénelé à droite de la Tour Baudet,
construit vers 1620, permet de dater
cette peinture à une date postérieure à
celle-ci.
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
L'ESCALADE DE GENÈVE, 1602. VUE AUX BANDEROLES
5
L'Escalade de Genève, 1602. Vue aux banderoles
Photo: Y. Siza © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 011572
Cette vue de Genève représente un événement célèbre de l’histoire de la Ville. Sais-
tu lequel? ………………………………………………………….
Quels sont les indices qui te permettent de reconnaître l’événement?
…………………………………………………………………………………………………
Peux-tu compléter l’inscription?
GENEVE DELIVREE DE SES …………………………..PAR LES BRAS DU
TOUTPUISSANT LE ………………………………………..SUR LA MINVICT
Il s’agit d’un document officiel commandé par les autorités. Sais-tu ce qui nous
permet de le savoir? …………………………………………………………………………
Repère et numérote les différentes actions de la nuit: 1. montée de Savoyards sur
les échelles combats sur la Corraterie troupes en attente à Plainpalais
soldats descendant la Treille
Observe comment le peintre a rendu la nuit: ciel noir, halo lumineux, rendu des coups
de feu…
Sur la vue ci-dessous, repère la Cathédrale, la Porte Neuve et la Corraterie et écris
leur nom à l’endroit prévu.
Arrives-tu à trouver la Maison Tavel? Un indice, elle a deux tours à cette époque.
……………………… …………………
…………………… Tour Baudet
FICHE D’OBSERVATION VUE AUX BANDEROLES
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
6
1
2
3 4
1
AUTOUR DU TABLEAU
Avant la visite
Lire / raconter l’Escalade.
Observer différentes vues de Genève
(Hodler, Corot, du jet d’eau, de la
Cathédrale Saint-Pierre, …).
Quel point de vue est favorisé? Quels
éléments architecturaux de la ville sont
mis en avant?
Au Musée
Rechercher d’autres représentations de
Genève dans la Maison Tavel.
Quelles sont les différences et les
similitudes? Parler de la chronologie des
représentations.
Observer, dans la Maison Tavel, les
autres objets de combat (casques,
épées, …). Sont-ils contemporains de
l’Escalade?
Après la visite
En se promenant pour rentrer à l’école,
observer les différents lieux de l’épisode
de l’Escalade et les mettre en lien avec
leur représentation sur la peinture.
Aller voir les lieux repérés: Tour Baudet,
Treille, descendre sur la Place de Neuve
regarder la plaque montrant le Bastion de
l’Oie – comparer sa forme avec
l’iconographie.
Quels sont les lieux qui existent encore
aujourd’hui? Quelles parties de la ville
sont méconnaissables?
En classe
Mettre en lien la taille de Genève à cette
époque et la taille de la ville actuelle.
Marquer sur un plan actuel les limites de
la ville ancienne.
Imaginer/dessiner une vue de la bataille
de l’Escalade: que pourrait-on faire
figurer ? Comment organiser les
éléments ? Quelles couleurs choisir pour
rendre compte de la nuit?
Corrigé de la fiche d’observation
L’Escalade
La date sur l’inscription et les différents
événements (échelles sur la
Corraterie…)
Ennemis/ 12 DECEMBRE 1602
Il porte les armoiries de la ville.
1-4-2-3
De gauche à droite: Corraterie, Porte
Neuve, Tour Baudet et Cathédrale.
On peut voir les deux tours de la Maison
Tavel juste à gauche de la Tour Baudet.
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
7
TYPE D'OBJET : arme défensive
LOCALISATION : MAH, salle des
Armures (Niveau 0, salle 3) et Maison
Tavel, rez-de-chaussée , salle L’Escalade
et la Réforme
MATIÈRE ET TECHNIQUE : acier bruni
DIMENSIONS : haut. 27,5 cm, larg. 21
cm
DATATION : entre 1600 et 1620
DESCRIPTION : armet composé de cinq
pièces dont trois sont pivotantes:
l'avance (au dessus des yeux), le mézail
(qui protège le visage) et la mentonnière
(au niveau du cou). Le timbre (partie
dans laquelle la tête vient se loger) à
crête est formé par les deux autres
pièces forgées ensemble. L’armet
comporte une «avance» (visière)
horizontale et en pointe. Le mézail est
modelé de façon à représenter un visage
humain avec des orifices ovales aux
bords relevés pour la vue, un nez saillant
à narines et le contour gravé d'une
bouche avec six trous de ventilation.
Des attaches en forme de crochet
permettent de le maintenir fermé lors des
combats.
POUR EN SAVOIR PLUS : Ce type de
casque s’appelle un armet « savoyard ».
Ce nom a été donné par les spécialistes
des armes d’après la collection du Musée
de Genève. À l’époque de l’Escalade,
c’était un casque très à la mode dans
l’Europe entière. Les récits de l’Escalade
mentionnent toutefois que les savoyards
étaient vêtus de « casques à têtes » .
Le Musée possède au total 34 armets
savoyards dont sept exposés au MAH et
deux à la Maison Tavel.
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
ARMETS SAVOYARDS
8
Armet Savoyard
Photo: A. Gomes © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. C 0878
Parmi les casques ci-dessous, entoure celui qui ressemble à un visage humain :
C’est un armet savoyard! Retrouves-en un maintenant dans le musée!
Quelles parties de la tête protège-t-il? Entoure la ou les bonnes réponses:
le dessus de la tête le cou le visage les yeux
Quelles parties sont moins bien protégées? …………………………………….
À l’époque de l’Escalade, les troupes n’ont pas encore d’uniforme. Chacun s’équipe
comme il peut. C’est pour cela qu’ils sont tous différents!
L’armet savoyard tire son nom de l’épisode de l’Escalade car les Savoyards en
portaient. Pourtant, les Genevois avaient sans doute les mêmes. C’était le casque à
la mode en 1602. Redessine le visage de tes armets préférés… ou invente les tiens!
Repère sur le modèle devant toi, les ouvertures et crochets qui permettaient de
l’enfiler. Cela te semble pratique? Et facile à porter pour un combat?
À ton avis, quel poids peut atteindre ce type de casque? Entoure la bonne réponse.
150 g 600 g 1,5 à 2 kg 4 à 5 kg
Pomme Melon Ananas Pastèque
FICHE D’OBSERVATION ARMETS SAVOYARDS
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
9
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
10
AUTOUR DE L’ARMET SAVOYARD
Avant la visite
Réfléchir à l’usage d’un casque: pourquoi
en porter un à l’époque? Et aujourd’hui,
quand les élèves portent-ils des
casques? Est-ce que ce sont toujours les
mêmes qu’autrefois? Y a-t-il aujourd’hui
plusieurs types de casques? Qui utilise
des casques aujourd’hui dans son
métier?
Mettre en lien les récits de l’Escalade
avec le port du casque. Le Savoyard tués
par la marmite en portait-il un?
Voir le film sur l’armet, téléchargeable sur
notre chaîne vidéo ou en cliquant ici
Au Musée
Observation de ces curieux casques.
Mimer leur expression.
Discuter et évaluer si une fois qu’on porte
le casque on peut: entendre, voir,
manger, dormir, marcher, se battre…
Comparer avec les armets traditionnels
(moins d’ouvertures) : avantages et
inconvénients.
Comparer avec d’autres types de
casques qui ne protègent que le dessus
de la tête, ou le dessus et les côtés, p.ex.
Après la visite
Bricoler des casques ou des masques ou
des casques à masques en papier,
carton, tissu, papier mâché etc. pour
réaliser un déguisement pour l’Escalade!
À l’aide d’un cornet papier, fabriquer un
casque avec peu d’ouvertures. Voir
comment on arrive à se déplacer avec.
Imaginer son poids réel et combattre
avec une telle armure.
Corrigé de la fiche d’observation
Le dessus, le cou et le visage
Les yeux (malgré l’avance)
Les caractéristiques de l’armet savoyard
sont le mézail, une sorte de visière, et le
fait qu’il imite un visage humain
Certains pèsent près de 5 kg. Le poids
d’une bonne pastèque! Leur poids varie
toutefois, selon l’épaisseur de l’acier,
entre 1,7kg et 5kg!
TYPE D'OBJET : échelle
LOCALISATION : MAH, Salle des
Armures (Niveau 0, salle 3)
MATIÈRE ET TECHNIQUE : bois, acier
DATATION : vers 1602
DESCRIPTION : tronçons d’échelle
provenant de Turin, dont le Musée
conserve 14 exemplaires
POUR EN SAVOIR PLUS : Les
Savoyards apportèrent trois échelles
pour escalader les murailles. Les récits et
le nom donné à la bataille montrent
qu’elles frappèrent l’imagination des
contemporains.
14 tronçons démontables sont conservés
au musée. Ils étaient recouverts d’une
peinture foncée pour être moins
repérables dans l’obscurité.
Ces échelles furent probablement
construites à Turin à partir de mesures
prises directement sur la courtine de la
Corraterie.
La partie inférieure a un picot pour
stabiliser l’échelle.
La partie supérieure est munie d’une
rouelle pour éviter le bruit et absorber le
mouvement.
La partie intermédiaire possède un
système pour s’emboîter avec les autres.
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
ECHELLES DE L’ESCALADE
11
Les échelles de l’Escalade, Salle des Armures
Photo: médiation culturelle © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève
Ces échelles sont démontables. À ton avis pourquoi?
……………………………………………………………………………………………..........
Comment s’assemblent-elles?…………………………………………………………….....
Qu’est-ce qui caractérise l’élément du bas?..................................................................
Et celui du haut? ...........................................................................................................
Celles-ci ont été peintes en noir avant leur utilisation. Pourquoi?
…………………………………………………………………………………………………...
Maintenant, reconstruis ton échelles en mettant les différents éléments dans le bon
ordre!
Sachant que le rempart à franchir était haut de plus de 7m, combien faudrait-il de ces
bouts d’échelles pour arriver en haut?
2 5 8 10
FICHE D’OBSERVATION ECHELLES DE L’ESCALADE
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
12
AUTOUR DES ECHELLES
Avant la visite
Lire des récits où les échelles sont
décrites et comment les Savoyards y
montent.
Imaginer la hauteur du rempart: 7 m!! Et
la rapporter à celle de l’école, de ses
étages.
Faire grimper sur des «échelles» en
utilisant les espaliers de la salle de gym.
Essayer de le faire avec un équipement
(casque de vélo, masque sur le visage,
arme-bâton, etc.).
Au Musée
Associer les échelles aux fourches à
dresser les échelles. Bien que leur
utilisation en 1602 par les Savoyards ne
soit pas attestée par les récits de
l'Escalade, il est permis de penser
qu'elles ont dû servir, d'une part, à
dresser les échelles composées de
plusieurs tronçons (en effet, les échelons
de celles-ci larges de 20 mm s'engagent
facilement entre les dents des fourches)
et, d'autre part, à placer les fascines ou
claies apportées par les soldats pour
combler le fossé rempli de boue.
Après la visite
En sortant du MAH aller voir le bastion
de Saint-Antoine depuis la passerelle
Charles-Galland, puis depuis le
boulevard Jaques-Dalcroze (ce n’est pas
celui monté par les Savoyards mais il est
de la même hauteur).
Dans le parking Saint-Antoine sont
visibles les restes des remparts
contemporains de l’Escalade.
Corrigé de la fiche d’observation
Les Savoyards n’auraient pas pu venir
avec des échelles de 8 mètres, pas
discrètes et pas faciles à transporter!
Ils s’emboîtent
Picots pour stabiliser
Rouelle pour éviter le bruit et absorber le
mouvement
Pour être moins visibles dans l’obscurité
Les deux extrémités sont fixes, les
tronçons du milieu (2 et 3) peuvent
s’interchanger
5. Les tronçons sont de 1,71 m à 1,74 m
chacun
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
13
TYPE D'OBJET : peinture
LOCALISATION : MAH, salle des
armures, (Niveau 0, salle 3)
MATIÈRE ET TECHNIQUE : huile sur
toile
DIMENSIONS : haut. 198,5, larg. 118
cm
AUTEUR : Jan Kraeck, dit Giovanni
Caracca
DATATION : 16e siècle
DESCRIPTION : Charles Emmanuel Ier
duc de Savoie est ici représenté à
l'intérieur d'une chambre, debout et en
armure, une main appuyée sur la tête
d'un lion.
POUR EN SAVOIR PLUS : Cette
composition, qui fait allusion aux vertus
du prince, a été élaborée par Giovanni
Caracca dans un dessin datant du 16e
conservé à la Bibliothèque Nationale de
Turin où le costume et la pose du duc
sont identiques, mais où l'animal est
reproduit couché.
Giovanni Caracca était le portraitiste
attitré de la Maison de Savoie et a
réalisé de nombreux portraits du duc,
de son épouse et de leurs enfants pour
orner les châteaux savoyards et les
offrir à d’autres souverains.
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
PORTRAIT DE CHARLES-EMMANUEL DE SAVOIE
14
Charles-Emmanuel I, duc de Savoie (1562-1630)
Photo: Y. Siza © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 1980-0144
Tu te trouves devant un portrait. Qu’est-ce qui nous montre qu’on est devant un
personnage important? (plusieurs éléments)
…………………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………..
Il est ici dans son château. Mais qui l’accompagne?.....................................................
Aurait-il eu la même allure avec un chat ou un lapin?..................................................
Tu vois des armes à sa taille. Combien?............................... Entoure-les!
Connais-tu leurs noms? ………………………………………………………………………
Observe maintenant son armure. Et compare-la aux armures dans la salle.
Quelle partie du corps n’est pas protégée?
………………………………………………………………………………...….....................
Quel autres caractéristiques de l’armure te frappent?
…………………………………………………………………………………………………..
Il s’agit d’une armure de parade, plus que d’une armure de combat. Le Duc Charles-
Emmanuel montre ainsi que c’est lui le chef!
Choisis parmi les armures de la salle celle que tu aurais choisi pour faire ton portrait!
Connais-tu le nom de ce curieux col qu’il porte autour du cou et qui est à la mode à
l’époque? Entoure la bonne réponse!
Une fraise Une pomme Une tomate Une courge
GUIDE D’OBSERVATION CHARLES-EMMANUEL DE SAVOIE
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
15
AUTOUR DU TABLEAU
Avant la visite
Sur la base des récits de l’Escalade,
imaginer quel genre d’homme était
Charles-Emmanuel.
Au Musée
Noblesse de l’attitude du personnage
Observer et mimer la position du
personnage: debout, de trois-quarts face,
la main gauche sur la hanche, la droite
en appui sur un lion.
Expérimenter la tension du corps, le port
de tête altier, l’air sérieux et le regard
fixe.
Imaginer les séances de pause.
Parure
Noter les éléments de vêtements et les
accessoires portés par le personnage et
le décrire:
- une armure: avec décor ciselé dans des
bandes dorées, composée d’un plastron,
d’épaulières, de cubitières, de brassard
et d’un colletin
- une chemise aux poignets et col (fraise)
de dentelles
- une culotte bouffante appelée haut-de-
chausse, au décor assorti à l’armure
- des bas blancs et des pantoufles de
cuir blanc
- des armes: épée et dague
- un bijou: collier d’or avec pierres
précieuses représentant l’Ordre de
l’Annonciade
Identification du personnage
De quel genre de personnages fait-on le
portrait?
Quels sont les indices qui permettent
d’identifier cet homme?
Observer le motif décoratif de l’armure et
des hauts de chausse. Il s’agit du «lacs
d’amour» ou « nœud de Savoie ». C’est
un motif qui figure sur les armes de la
famille de Savoie qui symbolise la
fidélité. Repérer ce même motif sur
l’épée dite de Charles-Emmanuel et sur
une lance d’un garde de Charles-
Emmanuel. Des pièces de cette armure
sont conservées à l’Armurerie royale de
Turin.
Après la visite
Imaginer que l’on fait son portrait. Quel
animal choisir? Quelle position adopter?
Corrigé de la fiche d’observation
Plusieurs éléments attestent de
l’importance du personnage: le fait qu’on
lui fasse le portrait, la richesse de son
armure, son épée…
Un lion
Non, le lion est un animal qui fascine. Il
évoque la majesté, la monarchie, la
force, la suprématie
2,
Une épée et une dague
Les jambes
La richesse de son armure, les dorures
Une fraise
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
16
TYPE D'OBJET : étain
LOCALISATION : Maison Tavel, 2e
étage
MATIÈRE ET TECHNIQUE : étain
DIMENSIONS : haut. 35,5, larg. 15,5 cm
AUTEUR : Pierre Royaume II ou III
DATATION : avant 1676
DESCRIPTION : channe avec panse
ovoïde et ornement zoomorphe (bélier).
Inscription en poinçon de potier d'étain:
PIERRE ROYAUME / 1609 et armoiries
(sur le couvercle)
POUR EN SAVOIR PLUS : Au 17e
siècle, la poterie en étain connaît son
apogée à Genève. À cette époque la
faïence, tout comme la porcelaine
d’Orient, sont rares et un vrai luxe. La
channe est un petit pot à vin, dont la
forme est typique. Pierre II Royaume
(1573-Genève 1646) est le fils de la
célèbre Mère Royaume. Pierre III (1605-
1676) son petit-fils.
La poterie d’étain est fortement stimulée
à Genève par l’arrivée d’artisans français
huguenots réfugiés à Genève, à l’instar
de la famille Royaume. Le métier était
généralement exercé dans une même
famille pendant plusieurs générations.
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
CHANNE ATTRIBUÉE À PIERRE ROYAUME
17
Channe
Photo: Y. Siza © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 011652
Au 2e étage de la Maison Tavel, dans la vitrine des étains, retrouve une channe, selon
le modèle.
La channe est un produit traditionnel typique suisse. Mais à quoi sert-elle?
…………………………………………………………………………………………………..
Cette channe est en étain. C’est du métal. Imagine le/les avantage(s) de cette
matière: ………………………………………………………………………………………...
Est-ce que tu en as dans ta cuisine?...........................
Qu’utilises-tu à la place de l’étain? ……………………………….
Quel animal est représenté sur le couvercle?................................................................
L’auteur de cette channe y a mis son nom à l’aide d’un poinçon.
Arrives-tu à déchiffrer ce nom?
P I … … … … … … … … U M E
À quel autre personnage célèbre de l’Escalade, ce nom fait-il
penser? ………………………………………………………………
Au 17e siècle, « pot » et « marmite» sont synonymes, comme on peut le voir encore
dans des expressions courantes, telles que « pot au feu » ou « poule au pot ». La
célèbre marmite de l’Escalade serait-elle en réalité un pot? Ce n’est pas impossible!
En effet, le mari de la Mère Royaume était potier d’étain et ils devaient en posséder
grand nombre chez eux.
Sur ce détail d'une gravure sur
cuivre de François Diodati, aux
environs de 1667, on peut
d’ailleurs lire en vieux français:
………………………………….
………………………………….
………………………………….
GUIDE D’OBSERVATION CHANNE DE PIERRE ROYAUME
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
18
AUTOUR DE LA CHANNE
Avant la visite
Raconter l’histoire: à Genève à l’époque
de l’Escalade, vaisselle et ustensile
étaient en étain – les Royaume sont
potiers d’étain de père en fils. Pierre, le
mari de la Mère Royaume était aussi
graveur de la Monnaie, la famille vivait
dans des locaux officiels à la porte de la
Monnaie.
Au Musée
Aller voir la marmite exposée dans la
cheminée de la cuisine de la Maison
Tavel. Elle date du 19e mais a la même
forme que les marmites du 17e – une
marmite caractérisée par ses trois pieds
comme celle en chocolat que l’on
mange à l’Escalade!
Imaginer/associer : la soupe mijotait en
permanence. C’était le repas du matin,
constitué de tous les restes qui cuisaient
ensemble. Elle restait au chaud dans la
cheminée…
La Mère Royaume faisait-elle de la
soupe au milieu de la nuit?
A-t-elle pris son pot-marmite sur le feu?
Ou un des pots d’étain fabriqués par son
mari dont la maison était pleine?
Après la visite
Se rendre à l’emplacement de l’ancienne
Porte de la Monnaie où vivait la famille
Royaume.
Recomposer le couplet de la chanson
Ah! La belle Escalade sur la Mère
Royaume en remplaçant la marmite par
une channe.
Dessiner la scène.
Imaginer sa channe personnelle. Quel
animal y représenter?
Corrigé de la fiche d’observation
Contenir un liquide, surtout du vin
L’étain n’est pas trop coûteux (par
rapport à l’argent), il ne s’abîme pas et
conserve les boissons au frais
Peut-être mais on emploie plus
facilement des cruches en verre, en
céramique ou en plastique…
Un bélier
PIERRE ROYAUME
La Mère Royaume
«Une femme avec un pot de fer tue un
Savoyard»
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
19
TYPE D'OBJET : peinture
LOCALISATION : MAH, niveau 2
MATIÈRE ET TECHNIQUE : huile sur
toile
DIMENSIONS : haut. 250,5 cm, larg.
141.5 cm
AUTEUR : Ferdinand Hodler
DATATION : 1886 – 1887
DESCRIPTION : portrait de la mère
Royaume chevauchant un âne sur la
Place du Molard.
POUR EN SAVOIR PLUS : Cette
œuvre fait partie d’un ensemble
commandé à Hodler pour décorer la
Taverne du Crocodile en 1886, une
brasserie de la rue du Rhône fréquentée
par des artistes et écrivains genevois.
Elle compte parmi les premières
représentations qu’Hodler fait de
l’histoire de Genève. Il est alors âgé de
33 ans et ses moyens financiers sont
plus que modestes. Il a d’ailleurs des
dettes envers l’établissement où il
prenait à crédit son unique repas
quotidien.
Dans les années 1910-15, les toiles
seront démontées et revendues au prix
fort, Hodler étant devenu célèbre.
LA MÈRE ROYAUME, DE FERDINAND HODLER
20 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
La Mère Royaume
Photo: M. Aeschimann © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 1934-0018
Ce tableau a été peint par Ferdinand Hodler, un artiste suisse qui a vécu près de 300
ans après l’Escalade. Il était destiné à décorer une taverne.
Il représente la Mère Royaume. Tu as sans doute du mal à la reconnaître. Pourquoi?
…………………………………………………………………………………………………...
Sais-tu où elle est? Elle est sur l’ancienne place du marché. Aujourd’hui il y a des
restaurants, mais, si tu regardes bien, peut-être reconnaîtras-tu la tour qui est en
arrière-plan? On est sur la place………….………………………………………………….
Le peintre a décidé de la représenter dans sa vie quotidienne et non lors de la nuit de
l’Escalade.
Sur quel animal est-elle assise? …………………………………………………………….
Elle a un bâton à la main. En général, lorsqu’on veut la représenter, qu’a-t-elle à la
main pour la distinguer?................................................................................................
Quelle impression te donne cette femme? ………………………………………………...
Si tu devais trouver un lieu typique de Genève pour la représenter aujourd’hui, que
choisirais-tu comme décor. À ton tour de le dessiner!
FICHE D’OBSERVATION LA MÈRE ROYAUME
21 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
AUTOUR DE LA PEINTURE
Avant la visite
Qui était la Mère Royaume? Catherine
Cheynel épouse en 1564 Pierre
Royaume, graveur et potier d’étain
lyonnais. Ils quittent la France pour fuir
les persécutions contre les Huguenots et
s'installent à Genève en septembre
1572. Son mari devient alors graveur de
la monnaie de la République de Genève.
Ils vivent dans un logement «de fonction»
au bas de la rue de la Cité, au-dessus de
la porte de la Monnaie (en bas de la
Corraterie au niveau de l’UBS actuelle).
Au Musée
Observer l’habillement de la Mère
Royaume sur la toile: il est représentatif
de celui de l’époque où le tableau a été
peint et non du 17e.
Regarder son visage dur et sévère et sa
posture autoritaire.
Comparer avec d’autres représentations
historiques de Ferdinand Hodler. Quels
événements sont représentés?
Comparer également avec le tableau
d’H.-G. Lacombe La Place du Molard
exposé au 1er étage de la Maison Tavel.
On y voit la place du Molard un jour de
marché et on reconnait la tour présente
encore aujourd’hui.
Après la visite
Comparer à d’autres représentations de
la Mère Royaume, souvent figée dans la
posture historique de l’Escalade.
Imaginer sa propre peinture de la Mère
Royaume. Quels éléments retenir?
Aller visiter la Place du Molard, regarder
ce qui est conservé et ce qui a changé.
Corrigé de la fiche d’observation
Ni la tenue, ni la posture, ni le lieu ne
nous indiquent que c’est la Mère
Royaume
Sur la Place du Molard
Sur un âne (symbole d’humilité)
Avec une marmite
Celle d’une femme forte, autoritaire et
une femme du peuple
22 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
Du 12e au 15e siècle, l’ingérence de la Savoie dans la politique de la cité genevoise
est permanente: Genève est certes dirigée par un Prince-Evêque qui détient
l’immédiateté impériale, à savoir qui est seul souverain de Genève après l’Empereur,
l’influence du Duc de Savoie n’en est pas pour autant exclue.
1519 et 1526, les combourgeoisies avec les Confédérés (FR, BE) mettent fin aux
hardiesses du Duc de Savoie. Genève a désormais des alliés!
1535-36: Réforme, Genève devient ville de refuge. Elle est au centre de Ligues entre
plusieurs puissance, telles que la France et les Confédérés, ce qui protège son
indépendance.
1580: Charles-Emmanuel Ier succède à Emmanuel-Philibert Ier avec l’entreprise de
s’emparer de Genève.
11-12 décembre 1602*
Dès 1h: arrivée des troupes à Plainpalais
2-3h: 350 hommes entrent en ville du côté de la Corraterie grâce à 3 échelles placés
sur les remparts
Vers 2h30: l’alarme est donnée, le tocsin retentit et les Genevois accourent au
combat
5h: les assaillants sont maîtrisés et acculés au rempart
14h: les prisonniers, après un jugement en grande hâte, sont pendus
14 décembre: 550 hommes, envoyés par les Confédérés, arrivent en renfort (suivis
par 1000 autre le 5 février 1603)
21 juin 1603: traité de Saint-Julien, paix entre la Savoie et Genève
* La question du Calendrier: suite à une erreur de calcul dans la durée de rotation de la Terre autour du
Soleil, le calendrier julien était en retard par rapport à la position de la planète. Le Pape Grégoire XIII
décide donc de réformer le calendrier mis en place par Jules César et l’on passe directement du 4 au
15 octobre 1582. Genève, protestante, refuse ce nouveau calendrier imposé par la Pape catholique
(jusqu’en 1701). Selon le calendrier actuel, ou celui de la Savoie, l’Escalade a donc eu lieu la nuit du
solstice d’hiver, la plus longue de l’année, du 21 au 22 décembre.
CHRONOLOGIE
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
23
Bastion: ouvrage de fortification faisant saillie sur l’enceinte d’une place
forte
Boulevard: terre-plein d’un rempart
Claie: treillage en bois ou en fer
Courtine: front de muraille entre deux bastions
Echauguette: guérite d’observation placée sur un mur
Fascines: fagot serré de branchages
Guérite: abri en bois ou en maçonnerie dans lequel une sentinelle se met
à couvert
Glacis: espace dénudé devant une fortification
Mantelet: canons montés sur roues et protégés par un bouclier
(rectangulaire), inventés par Michel Rosset en 1573
LEXIQUE
24 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
L’ESCALADE
D'Aubigné, Agrippa. Tiré de l’Histoire universelle et accompagné de documents nouveaux
par L. Dufour-Vernes et Eugène Ritter. Genève 1884, 30 p., ill.
D’Aubigné, protestant exalté au service d’Henri IV, termina sa vie en exil à Genève, suite à la
rédaction de son Histoire universelle qui prenait parti pour les protestants. D’Aubigné est
entre autres l’auteur des Tragiques, un poème « baroque » à lire !
LA NUIT DE L'ESCALADE : LE ONZE DECEMBRE MIL SIX CENT DEUX
Texte d'Alexandre Guillot, illustrations d'E. Elzingre et préface de Guillaume Fatio, Genève,
1915 (réédité par Slatkine en 1998 avec une nouvelle introduction de Richard Gaudet-
Blavignac et une notice biographique sur Edouard Elzingre par Jean-Charles Giroud).
Tout le monde connaît cet ouvrage qui a fait rêver de nombreux enfants. Ce sont les
aquarelles originales de cet ouvrage qui sont exposées chaque mois de décembre dans la
salle des Armures du Musée d’art et d’histoire.
VIVRE À GENEVE AUTOUR DE 1600. LA VIE DE TOUS LES JOURS
Mottu-Weber, Liliane / Piuz, Anne-Marie / Lescaze, Bernard. Genève 2002, 247 p.
Comment vivait-on au quotidien dans la Genève de 1600? Un passionnant ouvrage
d'historien-ne-s tente d'y répondre.
COMPRENDRE L'ESCALADE. ESSAI DE GÉOPOLITIQUE GENEVOISE
Fatio, Olivier / Nicollier, Béatrice. Genève 2002, 119 p.
Pour comprendre l'enjeu géopolitique que représentait Genève en 1600. Un ouvrage au
graphisme épuré, illustré de nombreuses vues de Genève peu connues.
JOURNAL DU TEMPS DE L'ESCALADE. GENÈVE ET LE MONDE EN 1602
Walker, Corinne (et al.). Genève 2002, 205 p.
Un ouvrage sympathique qui, dans une veine journalistique, offre une ouverture sur ce qui
agitait Genève et le monde vers 1600. Par les historien-ne-s de l'Association pour l'étude de
l'histoire régionale (AEHR).
BIBLIOGRAPHIE
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
25
LA MÈRE ROYAUME. FIGURES D'UNE HÉROINE, XVII-XXIE SIÈCLE
Walker, Corinne. Genève 2002
L'ouvrage de Corinne Walker retrace la mise en images de cette femme mythique dont le
"pot" est à l'origine des rites les plus connus de l'Escalade: la dégustation de la soupe aux
légumes et de la marmite au chocolat!
C'ÉTAIT EN 1602, GENÈVE ET L'ESCALADE
Genava No 50 (L), nouvelle série. Genève 2002, 201 p.
En complément à l'exposition du musée d'art et d'histoire dédiée au 400e anniversaire de
l'Escalade, cet album interroge les objets du musée liés à l'Escalade ainsi que les
représentations picturales de l'Escalade du 19e et du 20e siècle.
À CHACUN SON ESCALADE : PROPOS RECUEILLIS DANS LES COULISSES DU 400E
Commentés et illustrés par Sophie Lagana , avec la collaboration de Stéfanie Rapillard,
préface historique d'Olivier Fatio, Genève : Slatkine, 2003.
Un ouvrage issu d’une enquête menée autour du 400e de l’Escalade entre Musée d’art et
d’histoire et cité sur la vision de l’Escalade des habitants de Genève. Une lecture de la
commémoration et de son sens pour les Genevois.
--------------
FILMS EN LIEN AVEC L’ESCALADE
COMPLÉMENT D’OBJET – ARMETS SAVOYARDS
https://www.youtube.com/watch?v=51oCFBv7BXw&list=PL6E6ED9841DD50D8B
COMPLÉMENT D’OBJET – RONDACHE DE PARADE
https://www.youtube.com/watch?v=27ju429-HK0&list=PL6E6ED9841DD50D8B
LE COMBAT EN ARMURE AU XVE SIÈCLE
https://www.youtube.com/watch?v=5hlIUrd7d1Q
--------------
PARCOURS-DÉCOUVERTE
À LA BELLE ESCALADE!
http://institutions.ville-geneve.ch/fileadmin/user_upload/mah/2013/Publics/Jeune-
public/Documents-PDF/Parcours-decouverte_Escalade.pdf
26 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
De la surprise de la ville et délivrance d'icelle -
Genève gardée par la miséricorde de Dieu
Rapport fait par la vénérable Compagnie des
Pasteurs, le vendredi 17 décembre 1602, et
contenu des registres
Le dimanche matin, 12 de décembre 1602,
l'ennemi pour l'exécution de l'entreprise qu'il
dressait de longtemps contre la ville et de laquelle
on était bien averti et de toute part, vint avec
environ onze cent hommes tant infanterie
préparée et armée de tout pour un tel effort, et de
cavalerie (son altesse était arrivée le soir de Turin
en poste aux Tramblières) dedans le Plain-palais
sans être découvert sur l'heure d'une heure après
minuit. Et dès lors eu commencé à faire sa
faction, n'eut été une épouvante que Dieu leur
donna là sans sujet et qui les retint une heure,
qu'on peut appeler notre sauveté.
A deux heures descend dans le fossé près la
Courratière, devant la maison Sieur Piaget, à une
sentinelle où il avait remarqué qu'on ne mettait
personne, met quelques claies et pose les
échelles, et monte jusqu'à trois heures et met
deux cent hommes dedans la ville sans être un
peu découvert, surprend la prochaine sentinelle et
la blesse, donne l'épouvante au corps de la garde
de la porte de Neuve qui quitte la place prend la
maison de Piaget, faisant rupture de la porte et de
celle de voisins, prend la place de la porte de la
Monnaie et crie : Ville prise ! Ville prise !
Se trouva bien peu d'ordre et de provisions pour
repousser cet inconvénient, lequel on attendait
d'heure en heure de longtemps et duquel on était
averti le soir même par express. Se trouva tant et
plus d'étonnement par faute du devoir qu'il avait
fallu faire pour n'être pas surpris. Dieu donna
cœur à beaucoup de gens de bien, les autres
combattants repoussèrent l'ennemi de la place de
la porte de la Monnaie et de l'entrée de la ville
qu'il prenait par là. Les autres le repoussèrent
chez le Sieur Piaget.
Les autres le repoussèrent de la Porte Neuve où
il appliquait le pétard pour donner ouverture à son
gros qui était en Plain Palais et qui déjà avait
chanté victoire avec les trompettes et tambours.
Donc conséquemment ils le suivent et rangent
dans le chemin de la Courratière et sur ce
passant à l'endroit du lieu par où ils avaient
monté, où battu d'arquebusades qu'on lui tirait par
les fenêtres des maisons qui regardent sur cette
place et l'endroit de muraille, pressé d'autre part
et par devers la Monnaie et devers la Porte
Neuve et par ceux qui descendirent de la porte
Tartasse, l'ennemi prit l'effroi et commença les
uns à se précipiter par les échelles que le canon
qui joua du boulevard de l'Oie et de la Monnaie
avaient put rompre si elles ne s'étaient ja
rompues sous le fait; ou s'en sauter la muraille
comme ils peuvent. – Les autres demandèrent la
vie, les autres furent tués sur la place, laquelle
nous demeura par l'infinie miséricorde de Dieu.
Cependant, dès le premier commencement de
leur succès, ils avaient dépêché un homme au
duc, que les gens étaient dedans, puis un autre
qu'ils étaient maître de la ville. Donc le duc aux
Tramblières où il était fit sonner la joie avec
trompettes et tambours; mais parce qu'il fut une
heure sans avoir nouvelles, il commença à en
rabattre, puis reçut les mauvaises nouvelles du
tout, que les siens avaient été repoussé et toute
la noblesse était perdue, sans noter que durant la
courte joie son secrétaire Caron alla le soir où ils
avaient détenus prisonniers quelques citoyens et
bourgeois de cette ville, de peur qu'ils vinrent
apporter des nouvelles en la ville, ou afin qu'ils
eussent des contregages si leurs affaires
prenaient mal, et leur disait que la ville était prise
et qu'il fallait tuer, exterminer tout le reste des
huguenots, c'était là leur bon dessein.
On se pourrait aussi ébahir que comme la raison
de la guerre portait ils ne donnèrent l'assaut en
plusieurs lieux de la ville pour nous étonner et
distraire? A quoi la réponse est que leur conseil
était bien tel et que gens étaient assignés pour
bailler St-Antoine, mais quand ils eurent sonner la
joie au cartier de la Monnaie, devers la porte
Neuve et crier : Ville gagnée, ils quittèrent leur
dessin pour plus commodément entrer avec les
autres par l'ouverture qu'ils pensaient être ja faite,
en quoi ils furent de ceux, trouvant que le canon
jouait et que leur gens étaient repoussés.
L’ESCALADE : LES SOURCES ANNEXE
27 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
Il est intéressant de comparer les sources qui suivent et de voir quels
éléments ont été retenus ou divergent selon les auteurs.
Et fallut que tous pensassent à leur retraite
laissant le Sieur d'Albigny, lieutenant-général du
duc, qui les avaient encouragé à monter tenant lui
même l'échelle.
Ils laissèrent treize prisonniers dont il y avait de
gentilshommes le baron de Sonnaz, le sieur
Chaffardon et M. d'Atignac, des plus grands
vaillants et favoris du duc, un autre gentilhomme
du Dauphiné et quelqu' autre ou deux jeunes de
belle marque appartenant à d'Albigny, qui tout
treize furent condamnés à être pendus et
étranglés, et furent exécuté incontinent audit
boulevard de l'Oie. Des morts en demeura sur la
place des leurs de 60 à 70. Ils en ont ramenés
que mors que blessés six à sept vingt, mais qui
nous coûtèrent seize des nôtres qui demeurèrent
morts et plusieurs autres blessés, tous gens de
marque et de valeur dont j'espère que les noms
feront marqués ailleurs et que Genève se
souviendra (ä jamais) de la grande miséricorde
de Dieu qui l'a tirée d'un si grand danger et ruine
totale par la seule main, pour lui en rendre grâce
et s'amender, qui est le seul moyen d'espérer en
la protection de Dieu pour après si avec vraies
prières nous la recherchons.
L'entreprise de Genève a été délibérée comme
s'en fut:
Ce récit a été rédigé le lundi 13 décembre
1602 par le seigneur Gautier, secrétaire d'Etat,
et fut envoyé aux Cantons évangéliques
Berne, Zürich, Bâle et Schaffhouse. Cette
pièce est conservée aux archives de Zürich,
In: Gaberel, J. (éd.): Deux récits officiels de
l'Escalade, Genève, 1868.
Monseigneur d'Albigny conduisant les exécuteurs
de l'Entreprise, s'étant jeté au long de l'Arve en
partie du côté de Pinchat, en partie par dessus le
pont d'Arve, s'est coulé par le bord de la rivière
jusqu'à l'hôpital des pestiférés* et depuis icelui
hôpital par les jardins jusqu'au bord des fossés. Y
étant arrivés, il y avait de l'eau, fange et roseaux;
ils ont mis claies de bois pour empêcher de
enfoncer, ils se sont jetés au pied de la muraille
entre la porte Neuve et l'ancienne porte de la
Corraterie près de la sentinelle qui est de la
Corraterie où il n'y en avait point, car depuis une
porte à l'autre, combien qu'il y ait grand distance,
il n'y a que deux guérites soit sentinelles.
Les ennemis étant arrivés environ les deux
heures eurent le loisir de dresser leurs échelles,
après avoir passé le fossé sans être reconnus, et
à trois heures commencèrent à monter et se jeter
*A l'entrée du cimetière des Rois actuel.
dans la ville où il entra environ deux cent et
d'avantage sans que la sentinelle du bastion de
l'Oie s'en soit aperçu, puis connaissant que
l'ennemi s'approchait et s'acheminait à lui et le
voulait frapper, il s'écoula et tira un coup
d'arquebuse qui donna l'alarme.
Néanmoins les ennemis ne laissèrent pas de
poursuivre sur pointe.
Le Seigneur Chaffardon entre le premier et
incontinent courut à la porte Tartasse pour
reconnaître s'ils étaient découverts, quoi fait,
n'entendant mie, il les appela leur donnant bon
courage…Une partie des soldats allèrent charger
le corps de garde de la porte de la Corraterie près
de la Monnaie, lequel reconnaissant qu'il ne
pouvait résister, le corporal et la troupe s'enferma
au corps de garde.
L'autre partie mit le pétard en la maison du
seigneur Piaget pour avoir le passage plus libre
en la place de la Cité. En laquelle maison ils
tuèrent le serviteur, le fils de Baptista.
L'autre partie donna sur le corps de la garde de la
porte Neuve pour y attacher le pétard; auquel lieu
il y avait un petit nombre qui gagna au pied et
quitta la place. Le pétardier durant ce temps
attachait le pétard et commençait à crier: Vive
Savoie! Vive Espagne! Et le gros de l'ennemi qui
était en Pleinpalais faisait sonner la trompette et
battre le tambour, attendant que le pétard jouât…
Survinrent alors treize ou quatorze citoyens se
dévalant de l'hôtel ville qui leur firent quitter la
place, d'où ils furent derechef repoussés, et la
sentinelle abaissa la coulisse. En cette façon le
pétardier tout empêché voulut se sauver et fut tué
par un soldat.
Et alors deux des échelles furent redressées et
froissées par un coup de canon de la guérite de
l'Oie.
Arrivèrent alors de tous côtés soldats de Genève
qui coururent sur l'ennemi, le chargeant de toutes
leurs forces. Le gros commandé par le sieur de
Verace, qui descendit de l'hôtel de ville, les
enfonça et leur fit gagner au pied, les uns se
rendaient opiniâtres de combattre, les autres
sautaient par dessus les murailles pour soi
sauver.
Les bourgeois et habitants de la ville se rendirent
chacun en son quartier et firent honneur à leur
devoir.
Il y eut des soldats de l'ennemi tués au bout du
pont de la porte de la Monnaie, le reste fut tué
28 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
depuis la porte de la Corraterie jusqu'à la porte
Neuve.
A été rapporté par les prisonniers qui viennent
d'être pendus que le sieur d'Albigny était au pied de
l'échelle accourageant les soldats, leur donnant
entendre qu'il y en avait quatre cent dedans
d'accord avec eux, qu'ils n'en doutassent point.
Sont demeurés tant en dedans des murailles que
aux fossés cinquante-trois, treize qui ont été
pendus, outre les blessés qui se sont jetés depuis
les murailles aux fossés en grand nombre.
Sont demeurés de la ville de Genève onze et
quelques blessés.
La lettre à Berne se terminait par ces remarquables
paroles:
C'est une délivrance miraculeuse de nôtre Dieu de
laquelle nous avons un sujet particulier de le louer:
mais comme il n'en est pas vraisemblable que ledit
sieur D'Albigny ne pousse plus outre sa mauvaise
volonté, vu même que nous entendons que son
Altesse n'est pas loin de nous, nous vous prions et
requerrons de tout notre affection qu'il vous plaise
de faire digne considération du préjudice
qu'apporterait la prise de cette ville tant à l'église de
Dieu qu'à vos Etats, il vous plaise confirmer votre
faveur envers nous et nous assister de notre sage
et prudent avis sur ce qu'avons à faire en cette
grande nécessité qui vous regarde aussi, autant
qu'ils menacent votre ville de Nyon…De quoi nous
confiant, ferons fin à la présente par nos très
affectueuses recommandations à vos bonnes
grâces, priant Dieu, etc…
A Genève, le 13 décembre 1602.
Vos bons voisins, alliés et confédérés: Les syndics
et conseils de Genève.
Un secours de 600 hommes fut envoyé par les
Confédérés.
Journal d'Esaïe Colladon, Mémoires sur Genève
1600-1605, pp 44-49, Genève, Chez J.Jullien,
1883.
La nuit entre le 11 et 12 de décembre, au propre
moment du solstice hivernal, et ainsi que la lune se
couchait, D'Albigny, français renié et gouverneur de
S.A. en Savoie, ayant fait approcher les troupes, qui
étaient environ 1200, enfin se vint rendre avec 200
les plus résolus à la contrescarpe du fossé qui est
entre la Porte Neuve et la jadis Porte de la Monnaie,
en un endroit où le fossé est moins large et assez
gaiable.
Premièrement, ils jetèrent dedans quelques claies
pour passer plus commodément. Ils étaient tous
bien armés de cuirasses et de casques en tête;
ils avaient quant et eux des échelles fabriquées de
grand artifice; chacune était bâtie de 3 ou 4
moindres échelles, longues d'environ une toise; la
première desdites moindres échelles avait aux 2
sommités des poulies de bois garnies de drap pour
être poussées sursum , versus, sans bruit, et quand
on l'avait montée le plus haut qu'on pouvait,
subindebatur altera, dans laquelle la première
s'enclavait.
Ainsi ils montèrent près de 200 à la faveur de
l'obscurité de la nuit, sans qu'on s'en aperçût
aucunement, comme aussi on tient qu'on n'avait
point posé de sentinelle au dit endroit. Il ne se
trouva que 12 ou 13 hommes au corps de garde,
qui presque tous abandonnèrent la Porte, laquelle
les susdits ennemis vinrent reconnaître pour y
mettre le pétard. L'un de ceux de la garde avant de
se sauver mit bas la coulisse, qui servit bien à ce
coup.
Sur ce, l'alarme s'étant donnée, on fut promptement
debout, et sonnait-on le tocsin des cloches de tous
les boulevards et temples, même de la grosse
cloche de St-Pierre, et en outre la trompette allait
sonnant par la ville, chacun alla en son quartier. Et
lors, Messieurs étant assemblés vers la maison de
ville, M. Canal, ancien conseiller, avec M. Nicolas
Bougueret, maître maçon, descendirent par la
Tartasse pour aller reconnaître que c'était, et
incontinent furent tués à coups de hallebardes.
M De la Crose, autrement dit La Bâtie, et fort
affectionné tant à la Religion qu'à la ville, y vint, et
pour mieux les reconnaître, comme ils demandaient
Qui vive, répondit Savoie.
Lors on tira le canon de la casemate du boulevard
de l'Oie, qui renversa leur échelles, et ainsi
commencèrent à s'étonner, tellement qu'un de ceux
qui étaient déjà dedans, pensant parler à l'un de
leur faction , dit audit Sieur La Crose en jurant ;
Nous sommes morts. Sur ce , le dit La Crose
commence à en attaquer un, et ne savait par où le
blesser, tant qu'il était bien armé de casque et
cuirasse, et comme malheureux avaient la plupart
des billets et charmes. Incontinent après, ledit La
Crose fut blessé d'un coup d'arquebuse, qui lui
rompit les deux os d'une jambe. Le capitaine
Blandano vint par la porte de la Tartasse avec
Olduino et autres. Somme enfin ils furent
repoussées, plusieurs se jetèrent par la muraille; il y
en eut 54 tués fort furieusement à coup
d'hallebardes, piques et coutelas. Les corps
demeurèrent 2 heures étendus tous nus sur le pavé.
Des nôtres y en eut 16 de tuez et environ 24
blessées, dont l'un mourut 15 jours après, jour de
Noël.
On reserva 13 prisonniers en vie, dont 9 furent
saisis d'entre ceux qui étaient en la ville, les autres
quatre furent trouvés dans le fossé.
29 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
Des susdits 9 on bailla promptement la corde à 3,
mais on ne peut presque rien tirer d'eux, pour à
quoi les exhorter on employa aussi les ministres,
qui, ce fait, les allaient exhortant, lorsque M. le
lieutenant les vint quérir un peu après-midi pour
les mener tout garrottés vers Messieurs en la
chambre du Conseil. Le premier était le baron de
Sonas, le second Chaffardon, gentilhomme
savoyard des plus intimes du Duc, le troisième
bressan, nommé Datignac, homme de stature et
d'exécution; les autres étaient pour la pluspart
français reniés.
Le plus éperdu d'entr'eux était Datignac, hurlant
et lamentant de ce qu'on le faisait mourir,
demandait, allant par la ville, s'il n'y avait point de
fille qui le voulût racheter. Sonas était mieux
résolu et parlait peu, reconnaissant le malheur où
d'Albigny les avaient précipités. Chaffardon, petit
homme rousseau, apportait une belle résolution,
encourageait les autres. Quand ils furent
introduits en la chambre du Conseil, on posa bas
la chaise dans laquelle Sonas était porté à cause
qu'il avait la jambe rompue, et d'entrée demanda
qu'on lui permît de disposer sommairement de
ses biens et 7 enfants qu'il laissait en vie, 2 fils et
5 filles, touchant lesquelles il ordonna, entr'autres
choses, qu'on les mît en religion etc. Le tout fut
écrit par le Secrétaire d'Etat. Les autres étaient
attachés 2 à2 et se mirent à genoux. Chaffardon
fit aussi quelque disposition touchant ses enfants
donnés. Ce fait, le premier syndic leur prononça
la sentence qui fut que
Messieurs ayant vu leur procès, les interrogations
et réponses, les ont jugés coupables d'avoir
attenté une horrible et damnable trahison pour
épandre le sang innocent de ceux qui ne
demandaient que de vivre en paix, et desquels ils
n'avaient reçu aucun déplaisir, tellement qu'on ne
pouvait procéder contre eux comme contre gens
de guerre, vu la paix qui avait été jurée et rejurée
par leur Prince, mais comme contre voleurs et
brigands, lesquels mériteraient bien d'être, mais
comme contre voleurs et brigands, lesquels
mériteraient bien d'être tous mis sur la roue;
toutefois qu'en usant de modération, on les
condamnait tous à être menés au prochain
boulevard du lieu où ils avaient commencés
d'exécuter leur damnable entreprise (qui était le
boulevard de l'Oie), pour là être pendus et
étranglés et servir d'exemple à tous ceux qui tel
cas commettre voudraient etc.
Ainsi qu'on les menait, Datignac surtout se
lamentait fort par dessus tous, auxquels pour
faire comprendre l'énormité de leur entreprise on
disait qu'ils contemplassent quel grand peuple ils
avaient délibérer d'égorger. Etant venus au susdit
boulevard, où était dressé tout contre la muraille
un gibet soutenu de 3 piliers, on commença par
Sonas, lequel on enleva par le milieu du corps,
pour ce qu'ayant la jambe rompue il n'eût pu
monter par l'échelle. Etant levé assez haut,
Tabazan lui alla mettre la corde au col;
Chaffardon l'encourageait merveilleusement. Sur
ce M. Pinault fit la prière, laquelle finissant, on
lâcha la corde qui le tenait suspendu, et ainsi finit.
Il avait en sa tête un bonnet de nuit de velours
qu'on lui avait laissé après avoir ôté le casque.
Chaffardon suivit courageusement, et étant sur
l'échelle avec les deux mains liées, ôta son
bonnet de nuit de drap violet; M.Goulard fit la
prière, laquelle finie, on le jeta de l'échelle.
Dattignac fut exécuté le 3ème, et ainsi qu'on le
voulut jeter de l'échelle criait au bourreau:
Attends, Attends.
Puis suivirent 3. ou 4. bien jeunes, l'un d'eux avait
nom Galifet. Un autre natif de…, un peu avant
que monter l'échelle récita en latin avec fort
bonne prononciation le psaume 51, et comme M.
de la Faye le lui interprétait, il dit qu'il entendait
aucunement le latin. Etant sur l'échelle, en
propres termes loua Dieu de la grâce qu'il lui
faisait de l'avoir amené à ce port salutaire pour
reconnaître ses fautes, car, disait-il, tous les vices
et méchancetés qu'on peut imaginer en un jeune
homme, faites état que j'en fus coupable.
Quand les 9 furent exécutés, on en amena 4
qu'on avait gardés dans un chariot à la porte du
boulevard et qui étaient plus ou moins blessés. Le
dernier était de Sesseil, demi nu par le corps et
étrangement gras; mais à cause d'une
arquebusade, il n'avait pas quasi la force de
monter par l'échelle, et cependant usait de
gausseries, disant : Voilà des autres pendus,
voilà mes maîtres, il n'y aura pas danger que je
sois pendu un pue plus bas. Enfin étant monté
assez haut, disait : Oh! De par le chat!
Au bout de deux jours on ôta les corps du gibet,
et on leur coupa-t-on à tous la tête, comme aussi
à tous ceux qui furent tués, et les a-t-on posées
sur ledit gibet au nombre de 67. Tous les corps
furent jetés dans le Rhône.
30 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
Brief récit de ce qu'il advint à Genève le
Dimanche matin 12e jour de décembre 1602,
par Mr Goulart, Saint-Gervaisain, ministre du
St Evangile
Le dimanche 12e décembre 1602, vieux style, et
le 22e au nouveau, un peu après minuit, les
troupes de Savoie, sous la conduite de D'Albigny,
vice-duc, ayant été ramassées dextrement et
secrètement peu de jours auparavant, se
trouvèrent près de cette ville et, ayant donné
ordre à ce qu'ils prétendaient, approchèrent si
quoyement vers le fossé, vis-à-vis la maison du
Sieur Julien Peaget, entre la porte de la Monnaie
et la porte Neuve, que, sans être découverts, ils
firent passer les plus déterminés, au nombre
d'environ 200 bien armés, par dessus des claies,
avec trois échelles qu'ils plantèrent contre la
muraille, et étant montés quoyement, ils entrèrent
à la file en bon nombre.
Etant entrés, ils découvrent une ronde, qu'ils
laissent passer sans être découverts d'icelle:
c'était deux heures et demi, la nuit était fort
obscure. Une seconde ronde passe tôt après qui,
découvrant quelque chose, s'approche pour
savoir ce que c'est; ils renversent par terre celui
qui criait: Qui va là? le porte lanterne échappe et
commence à crier. Ceux qui étaient jà montés se
trouvaient au nombre de plus de 100 et ils avaient
leur pétardier à la porte Neuve, pour y appliquer
son pétard, - D'Albigny étant dehors, aux
Barrières, pour faire jouer les siens promptement,
- ce pétardier suivi de quelques autres, dont les
uns saisirent l'avenue de la Tartasse pour faire
tête au secours, les autres délibérément de
s'emparer de la maison des Peaget et de
quelques autres, pour entrer par divers endroits
dedans la ville, quand le reste de leurs gens
serait monté, afin de se rendre maître de la place;
les autres donnent à la porte de la Monnaie pour
faire tête au secours qui pourrait venir de Saint-
Gervais et de la ville.
Etant presque tous entrés, ils commencèrent à
faire leur exécution, mais Dieu commença aussi à
travailler pour nous.
Ils enfoncent d'abord une porte chez Peaget et
tuent un sien serviteur qui accourait contr'eux,
mais, comme ils prétendaient forcer la porte de
devant, ils entendirent que l'on sonnait le tocsin
bien rudement et qu'à la porte de la Monnaie on
accourait pour les repousser: ce qu'ayant fait,
quoiqu'avec grande peine, le coup de Dieu fut
premièrement sur le pétardier, tué devant que
venir pour effectuer ce qu'il prétendait,
secondement sur ceux qui, sortis des maisons
aux cris de leurs compagnons, furent terrassés;
cela faisait entre 3 et 4 heures.
J'étais à l'entrée du pont en ma charge, d'esprit
aussi rassis que je suis à présent et
encourageant les uns et les autres, tous étant
merveilleusement résolus, Dieu merci.
Ces brigands, entendant que leur pétardier était
tué, que, conséquemment, leur secours promis
par D'Albigny manquait et que les nôtres se
renforçaient de minute en minute, commencèrent
à regagner la muraille: les uns se jetèrent du haut
à bas sans corde ni échelle, les autres se
coulaient comme ils pouvaient, et d'autres,
pensant descendre par leurs échelles, les
rompirent à la foule.
L'artillerie, chargée de dragée, donnait cependant
dedans les fossés et ès environs de la porte
Neuve. Il y avait aussi bon nombre d'arquebusiers
à la petite île, proche de ce fossé où était
l'ennemi, qui ne tiraient guère à faux. Par ainsi,
en une heure et demi, parmi les ténèbres, Dieu
montra la lumière de sa grâce à cette ville et
couvrit d'ignominie éternelle ses ennemis, car,
outre les tués sur la place, on en attrapa environ
13, qui furent pendus et étranglés à un long gibet,
sur les deux heures après midi.
Le nombre de leurs blessés, pendus et tués,
comme nous l'avons appris de divers rapports,
monte à 300. Ils étaient dehors, tant au bord du
fossé avec D'Albigny qu'en Pleinpalais et près de
la porte Neuve, près de quatre mille hommes de
pied et de cheval, qui se retirèrent fort
honteusement, et si nous eussions eu alors 300
chevaux et 1000 bons piétons pour faire une
sortie, c'était fait de tous ces brigands, qui
emportèrent leurs blessés comme ils purent.
On a trouvé dans le fossé, où il y a de l'eau et de
la bourbe, force armes offensives et défensives;
les tués et pendus en en ville, outre le moule du
pourpoint, y ont laissé de fort belles armes et de
l'argent. Depuis, par arrêt du conseil des
Soixante, on a coupé les têtes de ces brigands et
on les a plantées sur la muraille du boulevard de
l'Oie, au nombre de 67, et on a jeté les corps au
Rhône pour servir de pâture aux poissons.
Quelques capucins étaient mêlés en ces troupes
hors la ville et aussi un jésuite.
Hier, sur les dix heures du matin, quelqu'un,
suspect d'être du côté des ennemis, ayant été
reconnu sur quelque toit et quelques femmes
ayant crié: l'ennemi est dedans la ville! une
alarme s'est élevée, des plus chaudes que j'aie
jamais vues, mais elle s'est apaisée incontinent.
31 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE
Ce jour d'hui mardi et 14e décembre sont entrés
300 arquebusiers et mousquetaires, envoyés en
renfort par les illustres seigneurs de Berne.
D'Albigny a fait arrêter quelques marchands de
Genève, dès samedi dernier, et les tient
prisonniers en Bonne, contre tout droit et raison.
Les seigneurs de Genève détiennent beaucoup
plus de Savoyards et redemandent leurs gens.
Nous verrons dans peu de jours la contenance du
Duc, lequel on disait s'acheminer déjà en
intention de souper dimanche à Genève; il était
un peu loin et ne voulut pas être sitôt de la fête:
son lieutenant d'Albigny approcha des murailles
qui étaient escaladées, car il était bien près de
l'échelle et l'épée au poing, pour accourager et
faire monter par force les bourreaux, en
menaçant de tuer celui qui ne voudrait monter.
Nous avons perdu de nôtre côté environ 16
hommes qui n'eussent pas été tous tués sans les
ténèbres de la nuit, selon que l'on peut
conjecturer.
Si j'eusse été armé d'un corselet et d'un casque,
je me fusse allé fourrer à la mêlée, mais je
redoutais dans ce combat nocturne autant les
amis que les ennemis.
32 DOSSIER PÉDAGOGIQUE
L’ESCALADE