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374 Notes de lecture l’air du temps va dans ce sens, depuis que le rapport de B. Roques (1998) a assign6 au tabac une place parmi les drogues (certes licites). Alors, pourquoi l’auteur a-t-i1 nkgligk un tel gisement et une telle actualitk ? Pourquoi s’est-il fourvoyk dans un mauvais (( sitcom 1)fieudisant (sorte de (( Freud et les cigares )), compos6 sur le mode de C( HBlkne et les garqons ))) ? Rien ne nous est 15pargnC : un recensement - tcrasant de factualit - de petites joies et peines du grand homme aux prises avec les afEes du tabac et de la creativit6 et - comble - des fragments thtktraux oh - comme si la rkalitk dkpeinte n’&ait pas assez ennuyeuse - la sauce vaudeville est trop rallongke. Freud ? Oui, plus que jamais. Mais de g&e, sans Ccran de timbe.. . P. Hachet Vergne A. L’apko des dingos : m6moires d’une jeune fille dhngbe. Paris : Albin Michel ; 1999.222 p. Le livre d’Anne Vergne pourrait faire partie de la bibliothtque du parfait kudiant de psychiatric. Dernik version du DSM, version : v&u de l’intkieur. Succession de portraits toujours touchants, parfois dr6les. Anne Vergne nous raconte sans d&our le quotidien de malades hospitalists en clinique psychiatrique : Aline la schizophrkne, Christian le psychotique, Monsieur Blanc l’alcoolique.. . Succession d’itinkraires thkapeutiques sans fin : la (( dinguerie )) fait partie (( des longues maladies )j),comme le cancer ou le sida. N’espkez pas sortir grandis de ce voyage, l’histoire que nous raconte l’auteur est celle maintes fois rablchte de l’incommunicabilitt entre soignants et soignb. Les tquations sont connues : institution = prison ; infirmier = maton. Le mkdecin psychiatre, dans le meilleur des cas fera office H d’oreille H. M.V. Guyotat J. F’sychiatrie lyonnaise. Fragments d’une histoire v&me (195&1995). Paris : Synthklabo, ~011. (( Les Empkheurs de penser en rond )) ; 2000.2 17 p. Ces six dernihres dkcennies ont BtB, 6 combien !, mouvementkes, heurttes et Cvolutives dans la nkbuleuse (( psychiatric )) ! Aussi avons-nous ouvert avec int& cet <( essai d’autoanalyse professionnelle )) de la part de celui qui a puissamment contribuk B l’essor de la psychiatric lyon- naise. Le professeur Jean Guyotat, pour placer sa trajectoire, Cvoque initialement ses ascen- dances familiales de mkdecins de campagne, ce qui lui permet pour l’avoir V~CU, a la faveur de (( remplacements H, d’analyser ce que pouvaient Ctre la pratique psychiatrique, le v&u psychia- trique ou plut& leur absence apparente en ces lieux. Panorama ensuite, et Ctude critique, au moment de sa spkcialisation, de la neuropsychiatrie k Lyon, dans le juste apr&.-guerre ; liaisons quasi-inexistantes (mkconnaissance rkciproque ?) avec le gros h6pital psychiatrique voisin oti se mettait en route, sur fonds de mike et d’aban- don, un mouvement protestataire, libkratoire, (( thkrapeutique H en soi.. . On lit avec plaisir, par le regard personnel de l’auteur, les turbulences successives et imbriqukes qu’a COMU notre domaine. L’histoire en a maintes fois CtC contke mais, ce qui en fait l’int&& ici, c’est le chemi- nement, toujours teintk d’intimisme et d’autocritique, parcouru dans le dedale des milieux hospitaliers, administratifs, universitaires et des h6pitaux psychiatriques en pleine mutation. MandatC par son make, le professeur Jean Dechaume, pour se former et rapporter in situ de nouveaux (( savoir-faire )), envoy6 done dans la Capitale, Jean Guyotat nous donne un apergu

L'apéro des dingos : mémoires d'une jeune fille dérangée : Vergne A. Paris : Albin Michel ; 1999. 222 p

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Page 1: L'apéro des dingos : mémoires d'une jeune fille dérangée : Vergne A. Paris : Albin Michel ; 1999. 222 p

374 Notes de lecture

l’air du temps va dans ce sens, depuis que le rapport de B. Roques (1998) a assign6 au tabac une place parmi les drogues (certes licites). Alors, pourquoi l’auteur a-t-i1 nkgligk un tel gisement et une telle actualitk ? Pourquoi s’est-il fourvoyk dans un mauvais (( sitcom 1) fieudisant (sorte de (( Freud et les cigares )), compos6 sur le mode de C( HBlkne et les garqons ))) ? Rien ne nous est 15pargnC : un recensement - tcrasant de factualit - de petites joies et peines du grand homme aux prises avec les afEes du tabac et de la creativit6 et - comble - des fragments thtktraux oh - comme si la rkalitk dkpeinte n’&ait pas assez ennuyeuse - la sauce vaudeville est trop rallongke. Freud ? Oui, plus que jamais. Mais de g&e, sans Ccran de timbe.. .

P. Hachet

Vergne A. L’apko des dingos : m6moires d’une jeune fille dhngbe. Paris : Albin Michel ; 1999.222 p.

Le livre d’Anne Vergne pourrait faire partie de la bibliothtque du parfait kudiant de psychiatric. Dernik version du DSM, version : v&u de l’intkieur. Succession de portraits toujours touchants, parfois dr6les. Anne Vergne nous raconte sans d&our le quotidien de malades hospitalists en clinique psychiatrique : Aline la schizophrkne, Christian le psychotique, Monsieur Blanc l’alcoolique.. . Succession d’itinkraires thkapeutiques sans fin : la (( dinguerie )) fait partie (( des longues maladies )j), comme le cancer ou le sida. N’espkez pas sortir grandis de ce voyage, l’histoire que nous raconte l’auteur est celle maintes fois rablchte de l’incommunicabilitt entre soignants et soignb. Les tquations sont connues : institution = prison ; infirmier = maton. Le mkdecin psychiatre, dans le meilleur des cas fera office H d’oreille H.

M.V.

Guyotat J. F’sychiatrie lyonnaise. Fragments d’une histoire v&me (195&1995). Paris : Synthklabo, ~011. (( Les Empkheurs de penser en rond )) ; 2000.2 17 p.

Ces six dernihres dkcennies ont BtB, 6 combien !, mouvementkes, heurttes et Cvolutives dans la nkbuleuse (( psychiatric )) ! Aussi avons-nous ouvert avec int& cet <( essai d’autoanalyse professionnelle )) de la part de celui qui a puissamment contribuk B l’essor de la psychiatric lyon- naise. Le professeur Jean Guyotat, pour placer sa trajectoire, Cvoque initialement ses ascen- dances familiales de mkdecins de campagne, ce qui lui permet pour l’avoir V~CU, a la faveur de (( remplacements H, d’analyser ce que pouvaient Ctre la pratique psychiatrique, le v&u psychia- trique ou plut& leur absence apparente en ces lieux.

Panorama ensuite, et Ctude critique, au moment de sa spkcialisation, de la neuropsychiatrie k Lyon, dans le juste apr&.-guerre ; liaisons quasi-inexistantes (mkconnaissance rkciproque ?) avec le gros h6pital psychiatrique voisin oti se mettait en route, sur fonds de mike et d’aban- don, un mouvement protestataire, libkratoire, (( thkrapeutique H en soi.. . On lit avec plaisir, par le regard personnel de l’auteur, les turbulences successives et imbriqukes qu’a COMU notre domaine. L’histoire en a maintes fois CtC contke mais, ce qui en fait l’int&& ici, c’est le chemi- nement, toujours teintk d’intimisme et d’autocritique, parcouru dans le dedale des milieux hospitaliers, administratifs, universitaires et des h6pitaux psychiatriques en pleine mutation.

MandatC par son make, le professeur Jean Dechaume, pour se former et rapporter in situ de nouveaux (( savoir-faire )), envoy6 done dans la Capitale, Jean Guyotat nous donne un apergu