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Une aventure en snowkite, en ski de ranro et sur la route, à travers une infime partie de l'Alaska, du Yukon, et de la Colombie-Britanique.

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Depuis toujours l'aventure fait rêver.

Elle offre un autre regard sur le

monde. Et il faut parfois peu pour

que le rêve prenne vie. En

partageant nos expériences, nous

espérons voir d'autres rêves devenir

réalité. A leur tour.

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Les quatre réacteurs ronronnent. Le nez de l’appareil fait cap au nord Est. Demain ma vie vivra un rêve. Le Yukon, comme l’Alsaka, évoque pour moi la dernière frontière. Celle des pionniers. Je récupère mon gros sac à dos, mes skis, et je sors du petit hangar qui sert d’aéroport. Il est une heure du matin ici, à Whitehorse. Et il fait dix-huit degré en dessous de zero sous le porche de l’aérogare. Je m’allonge, emmitouflé dans mon duvet, mes kites étendus sous et sur moi. La température plonge encore. Au matin j’enfile les bretelles de mon sac compactant les quarante kilos de matériels qui m’accompagnent. Je peine à marcher. Une bonne âme m’emmène dans sons petit quatre quatre Suzuki défoncé jusqu’à la base de Julien et son équipe, quatre-vingts kilomètres au sud. Je reste deux jours avec eux.

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Je termine mes préparatifs. Demain je pars. Peut-être que j’irais jusqu’en Colombie-Britannique. Puis je gagnerai l’Alaska. Je me sens tellement serein. Comme si j’avais déjà tout perdu. Ou que je n’attendais plus rien. Vers onze heures, j’allume le contact. Je prends la route en direction des pentes enneigées du désert de Carcross. Le vent y est perturbé. Je glisse tracté par la grande aile jusqu’en haut des pentes glacées. Le soleil perces les gros nuages qui descendent depuis la White Pass. Je range ma voile en vitesse alors que le vent gonfle. La voile claque au sol. Je reprends la route en direction du nord.

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Après Whitehorse je prends l’Alaska highway, vers l’ouest. Il n’y a rien sur la route. Que de la glace, un lynx nonchalant, un troupeau de bisons qui passe au loin, et ces énormes camions qui foncent dans l’autre sens. Le sommeil me gagne. Je m’allonge à l’arrière du véhicule. Protégé par l’épaisse couche isolante de mon gros duvet Le soleil perce les nuages de ses rayons éclatants. La foret du parc Kluane prends des teintes cuivrées. Le givre à figé les branches. La neige est légère, tellement profonde. Mes skis glissent en dessous. Paisiblement. La foret est trop dense pour sortir les ailes.

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Et le vent forcit puissamment par instants. Sur le lac Kathalyne, les tornades font monter la neige tourbillonnante à plusieurs dizaines de mètre du sol. Elles balayent le lac de part en part. Lorsque je vois les bourrasques épaisses s’abattre sur moi, je m’agrippe à mon équipement, grisé par la force des éléments. Même pas question de sortir la petite voile.

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Je m’abrite dans la cabane qui borde la rive sud. Le feu crépite, le bois craque. Il commence à réchauffer l’unique pièce. Les assauts du vent font vibrer la toiture. Le conduit de cheminée bouge. Je tombe de sommeil..

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Au milieu de la nuit, quand je me lève pour remettre une buche dans le vieux poêle, le ciel s’embrase au dessus de nous. Les pics, la cime des arbres, l’immensité s’irise d’un vert lumineux. L’aurore boréale flotte au dessus de nous. Parcourant le ciel.

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Le vent s’est calmé aujourd’hui. Le soleil inonde les gigantesques étendues de neige vierge. La route est infinie. Il n’y a pas de vent. J’en profite pour faire une reconnaissance. Après avoir traversé de grands bosquets longeant la route, toujours rectiligne, les immenses vallées

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sont complètement dégagées. Pas un arbre. A peine quelques arbustes. Il y a du blanc à perte de vue. Sur des dizaines et des dizaines de kilomètres. Peut-être cent !

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Nous sommes en Colombie-Britannique. Les arbres refont leur apparition un peu avant la frontière avec l’Alaska, où le paradis du kite devient le paradis du free-ride. Ils sont recouverts de neige. En redescendant sur la cote, j’ai raté le ferry de quelques minutes. Demain s’il y a du vent, je remonterai. L’embouchure du fjord commence à disparaitre dans l’ombre du soir.

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Il fait doux ce soir. Je garde les mains nues. Pas de cagoule non plus. Demain je remonterai.

De toute façon il n’y a nul autre endroit ou aller. Les routes s’arrêtent ici. Sur ce bout de

terre. Entouré de l’immensité sauvage. Un autre univers. La dernière frontière, c’est ça. Mes

paupières s’alourdissent.

Il fait toujours doux ce matin. Je traverse le village de Haines. Je monte doucement vers la

passe. Les fenêtres grandes ouvertes. Un jeune élan et sa mère arrachent quelques brindilles

aux arbres qui bordent la route. Un autre plus loin est étendu dans la neige, plus haut. Le

drapeau du poste frontière est au repos, immobile. De toute façon la montagne est si belle.

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Plus loin je sors du véhicule pour mesurer le vent. Quatre nœuds, cinq nœuds parfaitement réguliers. La speed trois de quinze mètre va voler. Elle me tire même jusqu’au début des pentes chargées de neige. Malgré la faiblesse du souffle, je remonte au vent. Je glisse entre les arbustes, la neige s’écarte sans bruit au passage de mes skis qui flottent. Des heures durant je sillonne paisiblement ces étendues infinies. Je rentre faire une pause. Une banane et deux barres de céréales plus tard, le vent est tombé. Je m’assieds dans la neige. Comme pour me repaitre de toute cette beauté. La neige chauffée par le soleil reste derrière la fine couche de gore tex de ma salopette. Je suis en extase. Rempli d’émotions. Plein de quiétude, d’admiration sereine. Bouleversé par tout ça pourtant. Une vieille Volvo rouge ralentit en me dépassant. Elle s’arrête. Le conducteur sort tranquillement du véhicule et se dirige vers moi. Alexis est français. Il est en vacances en dessous. A haines, Alaska, pour trois mois. Il est là pour le freeride. Et les sommets alentours dit-il, sont au ski ce que la passe est au kite. Le paradis. Le soleil décline. La session est terminée. Nous descendons l’un derrière l’autre en voiture, baigné dans la lumière du couchant. Pour aller prendre un verre dans l’un des bar du village aux allures de saloon. Il m’invite chez lui. Le lit est chaud. Le mince filet d’eau bouillante jaillissant du pommeau de douche est un régal. Etonnement je dors moins bien que les autres soirs passés dans le froids glacial. J’ouvre l’œil très tôt. Nous partons. Lui vers la montagne, moi vers le ferry pour découvrir d’autres montagnes, de l’autre coté du fjord. Le grand bateau fend le vent réchauffé par la mer tempérée. Je pourrais me croire en Bretagne. Excepté que les ilots sont ici des montagnes majestueuses, et que le crachin ne crache que de la neige !

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Je débarque et traverse le village de Skagway, ville fantôme sortie tout droit du Far West. Le vent souffle fort sur la route étroite. Les nuages collent à la montagne. Après le col je gare la Chevrolet. J’enfile la balise de détresse autour du coup, le GPS dans la poche napoléon de ma combinaison en polaire, et le reste de mon équipement. L’aile de six mètres termine de se gonfler alors que je glisse déjà. Le vent siffle et m’emmène à toute vitesse vers la pente. La neige est volatile, tellement légère, elle vole en gerbe au passage de mes spatules. Je monte et je descends. Penché, le corps à peine au dessus de la neige. Sautant pour franchir les plus gros amas, porté par la vitesse. La lumière prend des teintes pastelles, colorée par les épais nuages entortillés qu’elle traverse. Et le soleil descend derrière les montagnes. Je parle tout seul. Je cris. Débordé par toutes ces émotions. Moi qui n’attendais rien. Et je glisse dans tous les sens, sous les hurlements tranquilles du vent. Rassuré par ma voile. Jusqu’à la tombée de la nuit. Enivré.

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Sophie m’accompagne aujourd’hui. Le vent est faible en bas. Il n’y a rien en haut. Nos voiles restent dans les sacs. Nous avançons doucement, ski au pieds. Les buttes successive bordent le lac gelé, et monte en escaliers vers la montagne. Au sommet de chacune d’entre elle, la vue

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est superbe. Embrassant tout la vallée jusqu’à l’infini. Et de chaque coté les montagnes s’élèvent comme des remparts.

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Je passe les deux derniers jours avec julien et sophie. Ils vont me manquer. Et le reste aussi. Je ne comprends pas ce que j’ai fait. Lorsque qu’on me demande comment ca c’est passé, je ne sais quoi dire. Alors je réponds, les yeux dans le vague, que c’était bien. C’est tellement plus. Et puis je ne saurais traduire ces splendeurs, cette magie. Peut-être suis-je un peu fou d’y accorder tant d’importance. Je n’ai donc rien à raconter. A part peut-être que ces quelques jours à avoir sillonné une infime partie de l'Alaska, du Yukon, de la Colombie-Britanique, tirés par mes deux voiles, ou seule sur la route, ont eu l'intensité d'une vie entière. Et en rentrant je laisserais cette autre vie, cette inconnue que j'ai tant aimée, loin de moi, à jamais. Puisque le temps file. Mais même ça je n'ai su le dire à ceux qui m'ont demandé comment c'était. Par pudeur peut-être. Je me murmure que c'est un secret connu de ceux qui on franchit la dernière frontière.

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Généralités: L’aéroport de Whitehorse, capitale du Yukon, est desservit toute l’année. Les ligne de transport en bus (greyhound et autres) ne déservent assurément pas les spots de kite. Pour vous déplacer d’un spot à l’autre, Il n’y a pas de système de transport en commun. Et il y a peu de véhicules qui passent dans ces zones. Le ferry qui assure la liaison Haines – Skagway fonctionne toute l’année. Le téléphone portable ne capte que dans les villes principales, et encore! Veillez à ce que vos réservoirs couvre la distance entre les villes. Car les station sont rares (pas de station entre Haines Junction et Haines, 238 km). Si vous voulez vous aventurer un peu plus loin, n’hesitez pas à demander l’aide de Julien ROUGET, à Whitehorse, qui vous enmennera en canoé, en chien de traineau, en kayak. Avec lui, tout devient possible! La météo:

Il peut faire bon. A haines en février, il faisait 0°C le soir. Et en octobre julien à enregistré – 45°C en température réel. Pensez à prendre un bon pull! Les vent peuvent changer brusquement ici. Sur le lac Kathalyne l’anémomètre est passé plusieurs fois de 10km/h à plus de 100km/h en moins de trente secondes. Vous pouvez aussi envisager une aventure jusqu’en juin, Yukon Backcountry Skiing rapporte des sessions bien enneigées à la Whitepasse à cette periode. A la Haines Pass aussi peut-être, faut-voir! Les spot de kite: Carcross est un petit spot en carré de cinq cents mètres de coté. Un peu plus si on se risque à naviguer entre les hauts sapins disséminés partout au bord. La White Pass offre de très belles possibilités entre les deux postes frontière, à l’est de la route. La Haines Pass c’est le paradis. Les spots se trouve des deux cotés de la route entre la frontière Yukon-BC et la frontière avec les US. Ouvrez les yeux!

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La balise Fast Find (Mc Murdo). Grace à son double système de transmission, radio et satelitaire, elle permet d’envoyer un signal de détresse de n’importe. Meme du fond d’une crevasse! Elle est plus petite qu’un étui à lunette. Je l’accroche autour du cou, et je la glisse dans la poche napoléon de ma polaire,

celle juste en dessous.

Veste bitihorn dri1 Jacket (Norrona). Tous les attributs d’une veste protectrice, (capuche enveloppante, col haut, zip de ventilation étanche, manchons ergonomiques) compactés dans seulement 214 grammes. Vive la membrane 2,5 couches. Norrona, je t’aime.

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Heat-It (Ortik). Ce machin en tissus me change la vie quand vient l’heure de la tambouille. Il protège vos réchaud et popote du vent, du froid, du contact de la neige. Ce qui permet de cuisiner plus vite, avec moins de gaz, tout en protégeant l’environnement immédiat des flammes. Moi je l’utilise directement dans la tente, que cette usage ne soit pas préconisé par le constructeur.

Speed 3 -15m Deluxe (Flysurfer). En Colombie-Britannique à la «haines pass», l’anémomètre enregitre 4 ou 5 neouds. Je pèse 89kg. J’ai pu me baladé tranquilement sur le plat de la vallée encaissé des heures durant. Sans aucun problèmes même pour remonter au vent!

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