168
L’état de l’industrie française RAPPORT ANNUEL 2000 C PC I

L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

L’état de l’industriefrançaise

R A P P O R T A N N U E L 2 0 0 0

C P C I

Page 2: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Conformément aux dispositions des articles 40 et 41 de la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique :- Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, ne peut être effectuée sans autorisation expresse et préalable desÉditions de l’Industrie, direction des Relations avec les Publics et de la Communication, ministère de l’Économie, des Financeset de l’Industrie, 139, rue de Bercy, 75572 Paris cedex 12.- Les copies ou reproductions doivent être strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisationcollective, et les analyses et courtes citations faites dans un but d’exemple et d’illustration.

Page 3: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

3

PréfacePréfaceLL a Commission permanente de concertation pour l’industrie (CPCI) aborde sa

cinquième année d’existence. Sa pérennité témoigne bien de l’utilité de ses travaux.Placée sous notre présidence, elle regroupe, à parité, les présidents des grandes fédérationsindustrielles et les représentants des administrations concernées. Elle assure, et ceci sansformalisme, deux missions essentielles : - favoriser la concertation entre les industriels et les pouvoirs publics,- informer l’opinion publique sur la situation de l’industrie.

Comme l’année dernière, les travaux de la Commission ont rejoint les prioritésgouvernementales sur de nombreux points. Le gouvernement poursuit en effet unepolitique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelleles travaux de la Commission apportent des éclairages très intéressants, en particulier dansson étude sur l’impact des nouvelles technologies de la communication sur la compétitivitéindustrielle. De même, la Commission a achevé une étude sur la montée en puissancedes fonds d’investissement étrangers et son impact sur la gestion des entreprisesindustrielles dont de nombreux éléments sont des plus enrichissants pour éclairer lapolitique des pouvoirs publics en matière de régulation économique et de suivi deschangements rapides constatés dans la gestion interne et financière des entreprises.

La concertation entre les pouvoirs publics et les industriels est essentielle. Au seindes assemblées plénières et des sections de la Commission, le dialogue se poursuitactuellement dans un esprit d’ouverture, de franchise et d’écoute réciproque.Mais pour être efficace, cette concertation demande des études approfondies etdes contacts réguliers entre les industriels et les services chargés de la conceptionet de la mise en œuvre des politiques suivies.

C’est pourquoi nous nous félicitons de la concertation qui s’est accentuée en 1999au sein des sections de la Commission, et qui a abouti, dans de nombreux domainescomme la fiscalité, l’innovation, le soutien au développement des échanges et à laprésence de l’industrie française dans le monde ou la sous-traitance, à des propositionsintéressantes, et nous remercions vivement madame Clément et messieurs Gauthier-Savagnac, Jacomet, Jollès et Mer, ainsi que tous leurs collaborateurs, des efforts qu’ilsont déployés cette année.

La Commission a aussi pour mission d’éclairer l’opinion sur la situation actuelle del’industrie française. Le rapport annuel 2000 sur l’état de l’industrie française montrele rôle central de notre industrie dans le nouveau rebond de l’économie française et sonimpact sur l’emploi non seulement industriel, mais aussi dans les nombreux servicesliés aux innovations industrielles et aux technologies de l’information. Dans cette phasede mutation technologique rapide, ce rapport met bien en valeur les ressorts dudéveloppement économique et industriel de notre pays. Nous souhaitons que cet ouvragetrouve comme les années précédentes auprès du public, des élus et des industriels, la placequ’il mérite.

Le ministre de l'Économie, Le secrétaire d'État à l'Industriedes Finances et de l'Industrie

Laurent Fabius Christian Pierret

Page 4: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

4

SommaireSommaireLa commission permanente de concertation pour l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

La situation de l’industrie française en 1999-2000 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Synthèse : Vers une croissance industrielle élevée et durable ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Chapitre 1 : La reprise mondiale et la compétitivité française en Europe stimulentla croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13Économie mondiale : la reprise s’amplifie en 1999-2000 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13Europe : accélération de la croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14France : des bases saines pour la croissance industrielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16En 2000, la croissance industrielle devrait rester rapide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Chapitre 2 : La demande intérieure et l’activité industrielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19La demande intérieure a soutenu l’activité industrielle en 1999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19Après une pause hivernale en 1999, la production rebondit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

Chapitre 3 : L’industrie française conforte sa présence internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31La reprise du commerce mondial engagée en 1999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31Maintien d’un solde important de l’industrie manufacturière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33Détérioration des échanges et des soldes avec les zones émergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35L’industrie française maintient sa position compétitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36L’internationalisation de l’industrie française se renforce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

Chapitre 4 : Un investissement vigoureux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45Des investissements corporels dynamiques en 1999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45Émergence d’une nouvelle économie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50Des investissements immatériels importants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

Chapitre 5 : La croissance de l’emploi continue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59Accélération de la croissance de l’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59Des tensions et une mobilité accrues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62Une baisse de la durée du travail en fin 1999-début 2000 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63Progression modérée des salaires mensuels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63Annexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

Chapitre 6 : Résultats des entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67Les bons résultats des entreprises industrielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67Stratégies d’externalisation et de sous-traitance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70Bonnes performances des entreprises industrielles françaises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73Annexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

Chapitre 7 : L’industrie européenne regroupe ses forces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83Une nouvelle dynamique de croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83Fusions & acquisitions : la transformation de l’industrie européenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87L’euro dynamise le marché unique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88Concurrence fiscale en Europe et double imposition des sociétés paneuropéennes :les enjeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

Dossier : Structures de l’industrie : la montée des groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95L’industrie française comparée à celle des grands pays industrialisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95En France, convergence vers une taille moyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97Les groupes structurent de plus en plus l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98

Page 5: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Études thématiquesLe financement de l’industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105La situation financière des entreprises industrielles en 1998 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107Délais de paiement et solde du crédit interentreprises de 1989 à 1998 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112Encadré : France-Allemagne, comparaison des modes de financement des entreprises . . . . . 116Premier éclairage sur les PME de l’industrie française en 1999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117Éléments complémentaires : risques et cotation des entreprises industriellesen 1998-1999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125Encadré : Méthodologie statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

Montée en puissance des fonds d’investissement étrangers et impactsur la gestion des entreprises industrielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131L’importance des investisseurs institutionnels et leur diversité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133Une typologie des modes de gestion des fonds d’investissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137La diversification internationale des portefeuilles des investisseurs institutionnels . . . . . . . . . . . . . . . 139Montée en puissance des fonds d’investissement et impact sur la gestiondes entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143Le gouvernement d’entreprise en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144Impact sur la gestion interne des firmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148Annexe : Gouvernement d’entreprise et création de valeur, le rattrapage de l’Allemagne . . . . 152

L’impact des NTIC sur la compétitivité des entreprises industrielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157Le point de vue des études . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161Le point de vue des experts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164Le point de vue des entreprises industrielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169Annexe : Nomenclature de synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

5

Page 6: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

6

Les contributions à la rédaction du rapport

La préparation du quatrième rapport de la Commission permanente de concertation pourl’industrie a été pilotée par la section " diagnostics et prospective " de la CPCI présidée par M. Jollès.

Sous la responsabilité de Jean-Marc Béguin, secrétaire général de la CPCI, les diverses partiesdu rapport sont le fruit d’un travail collectif auquel ont participé les experts de nombreux organismes.

Citons en premier lieu le GFI et les experts des fédérations industrielles, les services de laDigitip, de l’Insee et de l’Observatoire des entreprises de la Banque de France, et ceci avec lacollaboration, les remarques et suggestions des experts de la Dares, de la direction de la Prévision,de Rexecode, du Bipe, du Cepii …

Nous adressons nos plus vifs remerciements aux nombreuses personnes et services mis àcontribution pour enrichir, commenter et relire le contenu de ce rapport.

1 - Les chapitres du rapport ont été rédigés par des chargés d’études du Sessi et de ladivision industrie de l’Insee, coordonnés par G. Honoré et L. De Gimel :

Chapitre 1 - Contexte économique : Georges Honoré,Chapitre 2 - Demande industrielle : Jean Lienhardt,Chapitre 3 - Échanges extérieurs : Raymond Heitzmann,Chapitre 4 - Investissements : Claire Plateau,Chapitre 5 - Emploi : Yves Detape, Chapitre 6 - Comptes et résultats : Yann L’Homme,Chapitre 7 - Industrie en Europe : Edouard Mathieu,Dossier sur les groupes : Thérèse Lehoucq, Paul Feuvrier.

2 - Le rapport sur le financement de l’industrie a été fourni par l’Observatoire des entreprisesde la Banque de France, avec la collaboration de Mme Bardos, Mme A. Sauvé et Mme E. Krempp.

3 - L’étude sur l’impact des fonds d’investissements étrangers sur l’industrie a étérédigée par une équipe de chercheurs coordonnée par Jean-Pierre Ponssard (Laboratoire d’éco-nométrie de l’École polytechnique).

4 - L’étude sur l’impact des Ntic sur la croissance a été réalisée par " GMV Conseil ".

Page 7: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

7

La commission permanenteLa commission permanentede concertation pour l’industriede concertation pour l’industrie

Les mandats de la commission :éclairer, débattre, étudier, proposer

Créée par décret du 25 juin 1996, la Commission permanente de concertation pour l’industrie a pour mission d’éclairer lespouvoirs publics et l’opinion sur la situation de l’industrie en France, sa contribution au développement de l’économie et del’emploi, les actions nécessaires en matière de politique industrielle et d’innovation, et l’impact des politiques publiques surl’industrie.

A cet effet, la Commission :- établit un rapport annuel public sur la situation de l’industrie française. Ces travaux sont réalisées avec, entres autres, le concours

de l’Insee, de la direction générale de l’industrie, des technologies de l’information et des Postes, et de la Banque de France.- organise la concertation entre les administrations et les professionnels dans tous les domaines concernant le développement

industriel en France.- coordonne et réalise des études sur l’impact des textes ou projets de textes, législatifs et réglementaires, nationaux ou com-

munautaires, relatifs à l’industrie et à la compétitivité des entreprises.- fait toute proposition pour favoriser le développement de l’activité et de l’emploi industriel.

Composition de la commission :souplesse et partenariat

La CPCI est présidée par le ministre chargé de l’Industrie. Son vice-président est M. Jollès, président du Groupement desfédérations industrielles.

Le secrétaire général est M. Beguin (chef du Sessi à la Digitip), assisté de M. Gondran (GFI). Réunie une à deux fois par an en séance plénière, la commission constitue en son sein diverses sections chargées de répondre

aux problèmes qui lui sont posés. Ces sections se réunissent en tant que de besoin et peuvent faire appel à des experts ou créerdes groupes de travail spécialisés.

- La section " fiscalité " est présidée par Mme Clément (Fim), le rapporteur étant M. Magné (Digitip). Cette section suit aus-si la simplification des obligations administratives.

De plus, Mme Clément a animé une section sur la “sous-traitance”, dont M. Parcy (Darpmi) etait le rapporteur. -La section " innovation " est présidée par M. Mer (FFA), le rapporteur étant M. Borot (Digitip).-La section " commerce extérieur " est présidée par M. Jacomet (UIT), le rapporteur étant M. Battistelli (Digitip) -La section " emploi " est présidée par M. Gauthier-Sauvagnac (UIMM), le rapporteur étant Mme Arcier (Digitip).-La section " diagnostics et prospective ", présidée par M. Jollès (UIT), est chargée d’établir le rapport annuel de la CPCI sur

l’industrie, les rapporteurs étant M. Honoré (Digitip) et M.Didier (Rexécode) ;

Présidence

Secrétariat général

SectionEmploi

SectionInnovation

SectionSous-traitance

Section Diagnosticset prospectives

Propositions au Gouvernement

Rapport annuel public

COMMISSIONCollège entreprises 14Collège administration 14Experts 3

Section Fiscalité Simplication

administrative

SectionCommerce extérieur

Page 8: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

8

Liste des membres de la CPCI(*)

L’industrie est représentée par les personnalités suivantes :M. Philippe Adec, président de l’union des industries de l’habillement,M. Jean-Paul Béchat président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales,M. Yves de Belabre, président du comité des constructeurs français d’automobile, Mme Martine Clément, présidente de la fédération des industries mécaniques,M. René Deleuze, président de l’union des industries chimiques,M. Daniel Dewavrin, président de l’union des industries métallurgiques et minières, M. Henri Griffon président de l’union nationale des industries de l’ameublement, M. Georges Jollès, président de l’union des industries textiles,M. François Mauduit, président de la fédération des industries électriques et électroniques,M. Francis Mer, président de la fédération française de l’acier,M. Jean-JacquesTchikladzé, président de la fédération de la plasturgie,M. Victor Scherrer, président de l’association nationale des industries agroalimentaires,M. Jacques Schor, président de la fédération de l’imprimerie et de la communication graphique, M. Philippe Trépant, président de l’Union française des industries pétrolières,L’Administration est représentée à parité- par un directeur pour chacun des neufs départements ministériels chargés respectivement de la Défense, desAffaires étrangères, du Travail et des affaires sociales, de l’Économie, du Budget, de l’Environnement, del’Agriculture, des PMI, de la Recherche, - ainsi que par le commissaire au Plan, le directeur général de l’industrie, le secrétaire général à la coopérationeuropéenne (SGCI), le directeur général de l’Insee, le délégué à la Datar.

La CPCI comprend trois personnalités qualifiées : M. Christian de Perthuis (Bipe), M. Michel Didier (Rexecode) M. Jean-Claude Berthélémy (Cepii)

(*) cf. arrêté du 23 juin 99.

La commission a été renouvelée en juin 1999. Les membres sont nommés pour 3 ans.

Page 9: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

La situationde l’industrie

Rapport réalisé pour la CPCI par leSessi en collaboration avec l’Insee

française

R A P P O R T 2 0 0 0

Page 10: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

11

VVers une croissanceers une croissanceindustrielleindustrielle

élevée et durable ?élevée et durable ?

Après la crise asiatique, le rebond a été plus rapide que prévuAvec la reprise généralisée de l’économie mondiale, le “ trou d’air ” n’a duré que de l’été

1998 à l’hiver 1999. Bénéficiant d’une bonne compétitivité, l’Europe a renoué progressive-ment avec l’expansion grâce au maintien d’une politique favorable à la croissance et aurétablissement rapide des pays d’Europe de l’Est et de nombreux pays émergents. En ce mi-lieu de l’année 2000, malgré la hausse encore modérée des taux d’intérêt et celle plus notabledes prix de certains produits importés, les signes de décélération restent rares, même auxÉtats-Unis.

La France a su tirer parti d’un environnement favorable dès le printemps 1999, et sonindustrie a été parmi les plus dynamiques au sein des grands pays industrialisés en 1999. Lacompétitivité de notre économie au sein de la zone euro se maintient, et des cinq grands paysde l’Union, seule l’industrie espagnole affiche globalement de meilleurs résultats depuis troisans. Avec la reprise des échanges, l’excédent industriel de la France s’est maintenu en 1999,en particulier grâce aux grands contrats et aux exportations de haute technologie. Cependant,la montée importante, mais sans doute excessive et provisoire, de la facture pétrolière pour-rait tempérer les perspectives actuelles de croissance.

Avec la monnaie unique, les conditions de la politique monétaire ont changé, et l’Europepeut, comme les États-Unis, mener une politique monétaire focalisée sur la stabilité des prixet la croissance interne. En France, la qualité des produits et des services associés, la productivitéde nos efforts de recherche et d’innovation et la maîtrise de nos coûts de production restentles garants de notre développement industriel futur, et doivent, à ce titre, faire l’objet d’unsuivi attentif.

L’harmonisation fiscale en Europe devient, de ce fait, un élément central de notrecompétitivité, et d’importants progrès restent à faire pour ramener les charges qui affectentl’industrie de la France au niveau de celles de ses principaux partenaires européens.

La relance de l’investissement au coeur de la croissanceactuelle

Face à une consommation de produits industriels en augmentation régulière, le dévelop-pement actuel et surtout futur de l’industrie française repose principalement sur le dynamis-me de l’investissement et de la recherche.

L’investissement se développe rapidement, surtout depuis deux ans, et renforce la crois-sance. Ceci ne contrarie en rien les efforts vers une meilleure utilisation du capital produc-tif, dont la durée d’utilisation atteint des niveaux exceptionnels. Cependant, les investisse-ments immatériels, dépenses de publicité exceptées, n’augmentent que faiblement, avec labaisse des dépenses de formation et le ralentissement du financement public de la rechercheet du développement (R&D), et des progrès restent à faire en France pour renforcer les dé-pôts de brevets dont la progression est moins dynamique que celles de nos concurrents.

Au niveau sectoriel, les achats européens sont restés très dynamiques dans l’automo-bile, mais la croissance actuelle repose aussi sur la montée des biens d’équipement, en

Page 11: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

12

particulier pour les produits liés aux hautes technologies (aéronautique, électronique,pharmacie…) et aux technologies de l’information, secteur où la France semble comblerprogressivement son retard.

Une étude annexée souligne le rôle vital des nouvelles technologies de l’information etde la communication (Ntic) sur la compétitivité (prospection du client, ajouts de nouveauxservices, liens avec les fournisseurs et distributeurs, flexibilité, qualité, rapidité, réduction desstocks…). Comparée à celle des États-Unis, la faible acculturation informatique de notreindustrie conduirait à une externalisation excessive des projets Ntic et à des retards dans laréorganisation interne.

L’emploi industriel se développeDepuis trois ans, la croissance de la production a dopé l'emploi industriel dont le déve-

loppement s’accélère en 1999-2000, pour partie grâce au recours à l’intérim qui permetd’adapter avec souplesse les besoins en personnel aux fluctuations de la demande. Cettecroissance industrielle riche en emplois souligne les effets bénéfiques de la baisse des chargessociales sur les bas salaires.

Grâce à la croissance rapide de la productivité, les coûts unitaires évoluent favorablement,et les coûts liés à la réduction du temps de travail ont, jusqu’à présent, pu être absorbés parles entreprises industrielles. Cependant, dans plusieurs secteurs ou bassins d’emplois et pourcertaines qualifications, les difficultés de recrutement deviennent notables.

Des résultats d’exploitation élevés ont permis à l’industried’assurer ses fonds propres et d’accroître fortement sonimplantation à l’étranger

La croissance de l’emploi et de l’investissement s’est faite sans inflation interne, et avecdes charges financières modérées. Aussi, les résultats des entreprises industrielles ont été àpeine entamés par le " trou d’air " en 1999.

Dans la phase actuelle de restructurations en Europe et dans le monde, l’assainissementdes bilans et la montée de la capacité de financement des entreprises manufacturières don-nent aux groupes industriels une autonomie accrue vis à vis du système financier. Dans uncontexte monétaire favorisant un recours accru à l’emprunt, de préférence à un appel au mar-ché financier, les prises de participation en France ou à l’étranger se sont fortement développéeset ont permis aux industriels français de participer, au moindre coût et à part entière, aumouvement actuel de restructuration de l’industrie européenne et mondiale.

Vecteur de cette mondialisation, la montée des fonds d’investissements étrangers, enFrance comme en Allemagne, a un impact grandissant sur notre industrie (cf. étude annexée).Très divers dans leurs actions, mais toujours à la recherche d’une valeur actionnariale maxi-male et d’une transparence accrue (gouvernement d’entreprise, défense des actionnairesminoritaires …), ces fonds modifient les relations de notre industrie avec le marché finan-cier, mais aussi ses stratégies de développement et ses politiques de rémunération.

Page 12: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Économie mondiale : la reprises’amplifie en 1999-2000

La crise financière internationale dite " asiatique ", quiavait particulièrement touché le Japon et de nombreux paysémergents, a laissé la place en 1999 à une vive reprise mon-diale.

La surprise est surtout venue des États-Unis où l’expan-sion, au lieu de ralentir comme prévu, s’est accélérée en coursd’année, pour atteindre un rythme de croissance de près de 6%au 4e trimestre 1999. Avec un chômage très faible, les sa-laires connaissent des tensions accrues, alors que la crois-sance de 12% de l’investissement en biens d’équipement(cf. direction de la Prévision) induit une hausse rapide de laproductivité apparente du travail. Cependant, le déséquilibrede la balance des paiements courants s’est encore aggravé.

Les autorités monétaires ont cherché à tempérer l’activi-té en relevant progressivement les taux d’intérêt. Au coursde l’hiver 1999-2000, les taux du marché monétaire ont mêmedépassé les taux longs. Cette inversion des taux préfiguresouvent un ralentissement de la croissance, dont les signessemblent se préciser à la fin du printemps. Cependant, au pre-mier semestre, les milieux financiers ont conservé toute leurconfiance au dollar, et ceci malgré un certain fléchissementde la spéculation boursière, en particulier sur les valeurs" technologiques ".

En Asie, le rebond de la croissancea été très rapide

Au sein des pays émergents, la Corée du Sud a été lepremier des quatre nouveaux pays industrialisés touchéspar la crise de 1998 à renouer avec la croissance, suivie parla Thaïlande et la Malaisie. Cette reprise s’est élargie auxautres pays de la région (Singapour, Taiwan, Hong-Kong, Philippines, Bengladesh…), et même à l’Indonésie,

C H A P I T R E 1

La reprise mondiale et lacompétitivité française en Europe

stimulent la croissance

En 1999, la reprise mondiale a surpris par sa rapidité, mais le débat reste entier sur l’émergence d’une" nouvelle économie " et sur son impact sur la croissance. L’Europe a favorisé ce dynamisme par le caractèreexpansif de sa politique monétaire, et l’euro a aussi contribué au développement des échanges internes.En retour, l’Europe a bénéficié d’une accélération de la croissance, et ceci sans tensions inflationnistesimportantes. Bénéficiant d’une bonne compétitivité au sein de la zone euro, l’industrie française se placeen tête des grands pays industrialisés avec un taux de croissance de la production de 4,5% courant 1999.Malgré la rapidité du développement actuel et la remontée des taux d’intérêt, on ne s’attend pas à unralentissement notable de l’expansion avant 2001.

100

110

120

130

140

150

160

0099989796959493929190898887

Base 100 en 1987

Japon

USA

Europe (UE 15)

Croissance de la production industrielle aux USA,au Japon et en Europe

Source : OCDE - principaux indicateurs

13

Page 13: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

pays pourtant fortement perturbé par plusieurs crises poli-tiques internes.

De leur coté, l’Inde comme la Chine, dont certains esti-ment qu’elle serait déjà la 4e puissance industrielle mon-diale, bénéficient d’une croissance proche de 7%.

Même le Japon a renoué avec une croissance industriel-le dépassant les 6% courant 1999. Mais les avis divergent surla pérennité de cette reprise, parfois jugée fragile, car elle estsurtout soutenue par les exportations. La demande intérieu-re a peu augmenté, malgré un nouveau plan de relance qui grè-ve les finances publiques. La consommation des ménages estrestée anémique en 1999, mais elle semble se redresser auprintemps 2000. A l’inverse, la remontée du yen a handica-pé la croissance en volume des exportations.

L’Amérique du Sud est aussi en nette reprise. Les sixgrands pays latino-américains sont maintenant en expansion,pour le Venezuela essentiellement grâce à la remontée descours du pétrole. Dernière victime de la crise, avec la déva-luation du réal début 1999, le Brésil a renoué plus facilementque prévu avec une certaine expansion. Seuls, certains paysandins, tel l’Equateur, restent en retrait.

A l’Est, la Russie, après une décennie d’incertitudes etla crise financière de l’été 1998, profite du regain des coursdu pétrole et d’une certaine stabilité politique. Ces deux élé-ments confortent le vif rebond industriel actuel.

Les autres pays d’Europe de l’Est ont aussi renoué avecla croissance, en ordre certes un peu dispersé, et, en Pologne,avec certaines tensions inflationnistes et un déséquilibre crois-sant des échanges.

Triplement du prix du pétrole et haussesdes cours des matières premièresaccrues par celle du dollar

Avec la reprise de la demande mondiale, les cours desmétaux retrouvaient en fin d’année leur niveau antérieur à lacrise. Cette remontée est restée limitée et plus tardive pour lesproduits agroalimentaires et textiles.

Pour le pétrole, la hausse des prix a été amplifiée par lesmesures de restriction prises par l’Opep en mars 1999, et lesprix du brut importé en France dépassent 1300 F la tonne au1er trimestre 2000 (soit près de 27$ le baril). Ils ont doublépar rapport à la moyenne des années 95-98 (700 F/t) et presquetriplé en 12 mois (470 F/t au 1er trimestre 1999). De ce fait,

le déficit énergétique a plus que triplé en 12 mois, passant de13 MdF à 34 MdF par trimestre d’un hiver à l’autre. L’Opepchercherait maintenant à éviter certains excès, et elle seserait engagée dans la voie d’un plafonnement du prix dupétrole autour de 28 dollars le baril. Par rapport aux années70, le poids des achats de pétrole dans le PIB a beaucoupdiminué en France grâce à l’énergie nucléaire. Aussi, mal-gré ses effets sur le pouvoir d’achat des ménages, cette haus-se ne devrait pas trop perturber la reprise en Europe, car sonimpact négatif sur la demande des pays industrialisés est com-pensé par la reprise des exportations vers les pays exportateursde pétrole.

Europe : accélérationde la croissance

Débarrassée des crises de change internes grâce à l’euro,l’Europe a bénéficié de la reprise de la demande mondiale etdu maintien, par la Banque centrale européenne, d’une poli-tique monétaire expansive. Face à des hausses prévisibles, lecoût encore modéré des prêts à favorisé l’endettement et ré-duit les contraintes de trésorerie. L’Europe entame donc unnouveau cycle d’expansion et pourrait ainsi combler pro-gressivement son retard de croissance accumulé ces dernièresannées. La hausse du dollar en 1999 et début 2000 a accru lacompétitivité de ses produits industriels, alors que la haussedu pétrole et la reprise de la demande intérieure stimulaientles importations et diminuaient des excédents commerciauxdéjà en baisse depuis 2 ans.

Dynamique sur la façade atlantique,la croissance se généralise en Europe

Avec la reprise récente en Allemagne et en Italie, lacroissance européenne devient un peu plus homogèneen fin d’année. Cependant, tous les pays n’ont pas profitéà l’unisson et au même degré de la reprise mondiale en1999.

En tête du peloton européen, l’Espagne et la France n’ontconnu qu’un palier de courte durée pendant le " trou d’air ",suivi d’une vive reprise à partir du printemps 1999. Ils ont étéprogressivement rejoints par le Benelux et la Grande-Bretagne,dont la croissance pâtit dès la fin 1999 de la surévaluation dela livre.

La reprise a été plus modeste en Allemagne. Si la crois-sance est au rendez-vous, la demande intérieure augmentemodérément, et l’industrie d’Outre-Rhin souffre d’un certainmanque de compétitivité dû à des coûts salariaux de 20% su-périeurs aux coûts français, compensés, il est vrai, par unebonne image de marque industrielle à l’étranger et par une in-flation maîtrisée.

De même, la reprise a été tardive en Italie. Marqué par cer-taines rémanences inflationnistes, ce pays avait dû, pour sa-tisfaire aux critères de Maastricht, s’astreindre aux contraintesd’un budget assez restrictif, alors que ses exportations su-bissaient, plus qu’en France, les effets de la crise au Brésil etdans les pays de l’Est. Au premier semestre 2000, l’économietransalpine a renoué avec la croissance, et la flexibilité ainsique la réactivité de sa petite industrie pourraient y compen-ser un certain manque de compétitivité dont témoigne lafaiblesse de ses exportations depuis deux ans.

Base 100 en 1992 en FF

Matières premières industrielles

Pétrole brut importé

60

80

100

120

140

160

180

009998979695949392

La hausse des prix du pétrole et des matières premières

Source : CPDP et Insee

14

Page 14: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Mais les meilleurs scores restent l’apanage de certainspetits pays périphériques, tels l’Autriche et les Pays-Bas, et,bien sûr, l’Irlande dont la croissance est soutenue par desdégrèvements fiscaux exceptionnels.

Dette publique : hausse en Allemagneet faible réduction ailleurs

Les efforts de réduction des déficits budgétaires et destaux d’endettement en Europe ont connu un certain relache-ment, à l’exception notable du Royaume-Uni.

Si la réduction française (-0,7% de PIB) constitue unepremière depuis 20 ans, l’Italie réduit à peine son endette-ment pourtant élevé, alors que l’Allemagne accroît le sien en1999.

Faut-il y voir la primauté de la régulation monétaire surles politiques dites keynésiennes de contrôle de la dépense pu-blique ? A cet égard, on peut relever que le Japon a du mal àrelancer son économie malgré un endettement intérieur crois-sant, alors que les États-Unis peinent à freiner la leur malgréun budget devenu largement excédentaire.

La dette publique en Europe en 1999

France All. UK Ital. Esp UE

Dette 1999en % du PIB 59 61 46 115 63 68

Variations- de 98 à 99 -0,7 0,4 -2,4 -1,4 -1,9 -0,7- depuis 96 -1,5 1,3 -6,6 -7,2 -4,5 -4,4

Source : Commission européenne (mars 2000)

Le retard européen s’accroîtavec les USA

Avec un dollar à parité avec l’euro, le PIB par tête amé-ricain (34 000$) serait supérieur de 40% au PIB européen(24 000$). L’Union accuse ainsi un retard structurel impor-tant, témoin du faible développement économique de nom-breuses régions européennes.

Surtout, cet écart semble se creuser. Depuis 1987, la crois-sance industrielle américaine par tête (+31%) est supérieureà celle de l’Europe (+18%) dans laquelle la France se re-trouve maintenant en position avancée (+23%). Dû pour par-tie au déphasage conjoncturel actuel et à certaines différencesdans les méthodes d’évaluation, cet écart souligne le dyna-misme structurel de l’industrie américaine (cf. chapitre 7 etencadré en fin de chapitre 1 sur la nouvelle économie).

15

5

5

-2

42

0

7

>6

11/2

31/2

61/231/2

31/2

71/2

3

51/25

Croissance industrielle* en 1999 : la France bien placée

Source : OCDE : « » Principaux indicateurs économiques

Stabilisés en Europe, les échangesindustriels souffrent des incohérences

du système monétaire international

L’instabilité du système monétaire et financier international restel’un des principaux freins au développement économique. Certes,on ne peut que se réjouir de la maîtrise de la crise asiatique par lesautorités monétaires américaines et européennes. Mais ce succèsreste relatif, et les fluctuations du dollar, du yen ou de l’euro, et l’in-stabilité des mouvements de capitaux soulignent la permanencedes déséquilibres constatés dans le passé.

En effet, les crises financières se sont succédé depuis 15 ans,de l’effondrement des caisses d’épargne américaines au krach bour-sier de 1987, et des deux crises mexicaines à l’éclatement du SMEen 1993 ou à l’implosion de la bulle immobilière japonaise… D’uneampleur exceptionnelle, la crise asiatique a souligné, dans des paysaux potentialités industrielles incontestables, les inconvénients d’unsystème financier inadapté au développement des échanges mon-diaux, notamment dans les pays émergents. Fréquentes et gravesdans les pays émergents, ces crises n’épargnent pas les paysdéveloppés, non exempts de comportements spéculatifs.

Certes, le flottement général des monnaies offre moins deprise aux attaques spéculatives, mais les errements des prix desmatières premières et les bulles boursières ou immobilièressubsistent et peuvent déstabiliser des masses considérables decapitaux flottants, et perturber gravement la croissance de l’écono-mie mondiale.

Certes, l’euro stabilise l’économie européenne, mais ses fluc-tuations avec les autres grandes monnaies ne semblent pas s’at-ténuer. La baisse récente de l’euro peut certes s’expliquer en par-tie par le niveau assez élevé des coûts en Europe, mais elle sembleexcessive au vu des déséquilibres commerciaux américains actuels.Des mouvements déstabilisateurs peuvent se produire, à l’imagedes fluctuations du yen.

Les causes de l’instabilité du système financier international ont étéanalysées dans de nombreux rapports. Les industriels ne peuventdonc que réaffirmer la nécessité de progresser dans les domainessuivants :- stabiliser les capitaux flottants, l’industrie ayant besoin definancements de long terme et d’un développement des échangesdans un environnement économique prévisible,- améliorer la coopération monétaire internationale, car lagénéralisation des taux de change flottants ne dispensent pas d’unecoopération de plus en plus étroite des autorités monétaires,- mieux contrôler les intervenants financiers au niveau mon-dial, par la transparence financière, la responsabilisation desintervenants et la sanction des erreurs.

80

90

100

110

120

130

00999897969594

Base 100 en 1994

Livre

Yen

DollarCompétitivité

du franc

Une compétitivité amplifiée par la hausse du dollar

Source : OCDE - taux de change effectifs réels

Note : la compétitivité est ici mesurée par l’inverse du taux de change réel,(c’est-à-dire les taux de change de nos partenaires hors inflation et pondéréspar leur poids dans notre commerce extérieur).

(*) Champ : manufacturing -glissements annuels lissés - 1 trim. 2000

Page 15: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

France : des bases sainespour la croissance industrielle

Si, pendant le " trou d’air ", le maintien de l’activité in-dustrielle en 1998-99 s’explique par le dynamisme de laconsommation et de l’investissement, la reprise du printemps1999 est due pour l’essentiel à celle de la demande euro-péenne et mondiale, amplifiée par un restockage récent.

Relancée par la reprise mondiale, … Profitant d’une bonne compétitivité en Europe et de la

baisse de l’euro, nos exportations ont repris dès le printemps,et notre solde manufacturier conserve des niveaux compa-rables à ceux des années précédentes. Pour 1999, il seraitde 132 MdF (contre 143 MdF en 1998, Caf-Fab armementsinclus). Cependant, avec la hausse du pétrole, notre excédentcommercial diminue fortement à l’automne 1999 et devientpresque nul au premier trimestre 2000 (0,9 MdF Caf-Fab -source Douanes ).

De son côté, le solde des échanges de services augmen-te de 8% et dépasse les 125 MdF, en partie grâce à de nou-veaux gains touristiques.

... et soutenue par l’investissement, …Mais le niveau élevé de la croissance en France est sur-

tout dû à la hausse des investissements des entreprises de-puis 2 ans. Leur croissance dépasse 7% en 1999 comme en1998 (cf. comptes de la Nation). Dans l’industrie, le léger ra-lentissement de l’investissement au 2e semestre 1998, a été sui-vi d’une reprise dès 1999 (cf. enquête Insee sur les investis-sements). Cette reprise est très nette dans la construction debâtiments industriels, où les hausses dépassent souvent 50%,et dans le secteur informatique dopé par les achats liés au" bogue de l’an 2000 ".

Elle s’accélère en fin d’année, et les perspectives sont ex-cellentes au printemps 2000, en liaison avec la hausse destaux d’utilisation des capacités de production, très focaliséedans le secteur de l’automobile, et avec la montée progressi-ve des goulots d’étranglement et des difficultés de recrutement.

Les investissements manufacturiers à l’étranger connais-sent aussi une forte poussée. Accompagnant les restructura-tions européennes et l’accélération de la mondialisation, cet-te poussée souligne le dynamisme de notre industrie.Rappelons que, contrairement à l’opinion courante, ces in-vestissements sont les vecteurs de la croissance future de nosexportations.

... par la demande des ménages …A l’inverse des industriels, les ménages ont fait preuve

d’une confiance inébranlable tout au long de l’année 1999.Avec une diminution rapide du chômage et plus de 400 000créations d’emplois en un an, la croissance de leur pouvoird’achat s’est poursuivie. Malgré la hausse des prélèvements,il a augmenté de 2,4% en moyenne (2,9% en glissement). Onnotera de plus une légère tendance à la réduction de leurépargne financière, probablement liée à la baisse des tauxd’intérêt des caisses d’épargne, à la réduction de certainsavantages fiscaux dans l’assurance vie, et compensée il est vraipar une augmentation de leur effort d’épargne pour le loge-ment.

Les ménages ont donc continué à investir. Avec la repri-se du marché immobilier, les mises en chantier se sont accé-lérées. Principal soutien de la croissance pendant le " troud’air " de 1998, cette vigueur du bâtiment s’est amplifiéeavec la reprise, dopée par les mises en chantier liées à la finde l’amendement " Périssol " et par la baisse de la TVA surles travaux de rénovation en septembre.

De même, la consommation des ménages n’a pas fléchi.Les immatriculations ont crû à un rythme régulier proche de10%. L’investissement immobilier a relancé les achats pourl’équipement du foyer alors que la montée de l’internet sou-tenait les achats informatiques. Certes, on constatait en débutd’année 1999 un ralentissement des achats de téléviseurs et demagnétoscopes après le " Mondial " et l’entrée en régime decroisière des achats de téléphones mobiles. Mais l’embelliede fin d’année aurait effacé ces quelques contre-performances.

... et par la faiblesse des stocks … La baisse des stocks n’a pas trop perturbé la croissance en

début d’année. Celle des " stocks matières " est restée limi-tée pendant la crise, ceci malgré le " stop and go " des prixdes matières premières.

De leur coté, les " stocks produits " étaient peu élevés audébut de printemps, et les industriels et commerçants ont étésurpris par la vigueur de la reprise au printemps. Ils ont doncessayé de les reconstituer dès l’automne, mais avec une effi-cacité limitée par l’accélération de la demande en fin d’année.Cette reconstitution des stocks se poursuit donc au début del’année 2000.

… la croissance entraîne une forteréduction du déficit public

Comme les industriels, les pouvoirs publics ont été sur-pris par l’ampleur de la reprise. Les prélèvements fiscaux etsociaux ont largement dépassé les prévisions, alors que lecoût du chômage diminuait. Ces " cagnottes " ont fait l’ob-jet d’un vif débat public, dans leurs estimations (cf. rapportde la Cour des comptes), mais surtout dans leurs affectationspossibles : baisse du déficit (soutenue par Bruxelles), baissedes prélèvements, engagement de nouvelles dépenses …

En 1999, le déficit public se limite à 1,8% du PIB, contre2,3% prévu (cf. CPCI 99) et 2,7% en 1998. La diminutiondu déficit (-0,9% du PIB) ou de l’endettement (-0,7% du PIB)

16

En %

Taux LT

FBCFsociété

FBCFTotale

Taux CT

0

3

6

9

010099989796959493

Evolution de l’investissement (FBCF)et des taux d’intérêt réels

Source : Insee - comptes de la Nation, direction de la Prévision ; Caisse des dépôts et consignations

Page 16: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

17

est donc importante, mais due à la hausse des prélèvements(+0,8% du PIB).

Pour 2000, l’excédent des recettes fiscales par rapportaux prévisions initiales a été estimé à 51 MdF en avril, et ilserait affecté aux réductions de la TVA, de l’IRPP et de lataxe d’habitation (40 MdF), et à diverses dépenses (dégâtscausés par la tempête …). Le surplus éventuel irait à laréduction du déficit budgétaire.

Compte des administrations publiques

1996 1997 1998 1999

Dépenses totales 4 417 4 511 4 611 4 752(en % du PIB) 55.6 55.0 54.0 53.9Évolutions en F courants 3,2% 2,1% 2,2% 3,0%

-dont dépenses de fonctionmt. 4,6% 3,4% 7,8% 4,0%-dont FBCF des APU 1% -5% +2% +3%

Prélèvements (% PIB) 44,8 44,9 44,9 45,7Soldes (capacité de financement)**État -296 -293 -257 -220Organismes divers (Odac) 2 60* 8 14Administrations locales 4 19 27 34Org. de sécurité sociale -40 -35 -9 14Total -330 -249 -231 -156

en % du PIB 4,1 3,0 2,7 1,7

(*) dt 37 GF soulte France Télécom (**) hors licences UMTSSources : Insee et Direction de la Prévision mars 2000

En reprise dès le printemps,la croissance industrielle se généraliseen fin d’année

Aussi, face à la tenue de la demande, la croissance in-dustrielle s’amplifie au printemps. L’indice de la productionindustrielle, après avoir stagné pendant neuf mois, croît de-puis mars 1999 à un rythme proche de 5%.

Si les industries agroalimentaires sont restées un peu àl’écart, le secteur de l’automobile rebondit, alors que lesventes de biens d’équipement restent soutenues. Les biensintermédiaires renouent progressivement avec la croissanceet, en fin d’année, la reprise se propage à l’ensemble des in-dustries de biens de consommation.

En 2000, la croissance industrielledevrait rester rapide

Avec l’accélération de la croissance mondiale, les auto-rités monétaires américaines et, dans une moindre mesure,européennes s’inquiètent des risques inflationnistes, et res-serrent leurs politiques monétaires.

Aux États-Unis, un ralentissement semble s’amorcer, maisil devrait être progressif. En effet, même en cas de crise bour-sière, les gains de productivité soutiennent la croissance etles possibilités de relance des autorités américaines restentimportantes compte tenu des niveaux élevés de l’excédentbudgétaire et des taux d’intérêt.

En Europe, la reprise est vigoureuse et semble durable(+3,4% prévu en 2001 par la direction de la Prévision).Cependant, on ne peut négliger les risques boursiers et la ré-surgence, dans quelques pays, d’une hausse excessive dumarché immobilier. Aussi, afin d’éviter tout retour aux excèsdes années 1989-1990 ainsi qu’un trop grand écart des tauxde change avec les États-Unis, la politique monétaire devient

plus restrictive, ce qui devrait progressivement faire remon-ter l’euro et tempérer la croissance.

En France, dans ce contexte extérieur dynamique, les ex-perts envisagent généralement une poursuite de l’expansionà un rythme rapide cette année, surtout en raison de la mon-tée des investissements. Elle serait suivie d’une légère décé-lération sous l’impact d’une politique monétaire plus res-trictive et du ralentissement américain. Mais ce ralentissementn’aurait lieu qu’en 2001 si la reprise actuelle se conforte enAllemagne et en Italie. Il existe toutefois quelques scénarioséconomiques alternatifs ; certains n’écartent pas une baisserapide du dollar, une crise boursière, des crises financièresou monétaires dans certains pays émergents, voire un nouveauchoc pétrolier ou une reprise de l’inflation en Europe …

Comptes passés et prévisionnels pour 1999-2000(comptes trimestriels CVS-CJO - % en F constants)

Variations annuelles (%) 93 97 98 99 à 2000 à

à 97 à 98 à 99 2000* 2001*

PIB 1,7 3,2 2,9 3,4 3,3

Importations 6,2 11,3 3,7 12,6 7,6

Consommation ménages 0,9 3,5 2,3 2,7 3,5

FBCF 0,6 6,6 7,3 6,1 4,7

-dont sociétés 0,8 8,3 7,7 6,6 6,9

Exportations 7,7 7,7 3,8 12,2 7,7

Contributions à la croissance

Consommation ménages 0,6 1,9 1,3 1,5 1,9

Consommation administration 0,3 0,1 0,6 0,4 0,4

FBCF 0,2 1,2 1,3 1,2 0,9

Variations stocks 0,2 0,7 -0,4 0,2 0,0

Commerce extérieur 0,3 -0,6 0,1 0,2 0,2

(*) prévisions direction de la Prévision au 29 septembre 2000Sources : Insee et direction de la Prévision

A long terme, une expansion durableou des difficultés croissantes ?

A plus long terme, beaucoup espèrent que l’Europe, main-tenant débarrassée de ses incertitudes monétaires, puissemieux tenir le cap d’une croissance assez rapide, régulière etdurable, basée sur un investissement productif dynamique,ceci un peu à l’image de celle constatée aux États-Unis de-puis 10 ans. Cependant, certains jugent que le vieillissementdes équipements et le poids croissant des charges collectivespourraient handicaper durablement la croissance, en Francecomme en Europe.

POUR EN SAVOIR PLUS :

(1) Comptes de la Nation 99 - Insee Résultats à paraître(2) Comptes de l’industrie 99 - Insee Résultats à paraître(3) Les industries agroalimentaires en 99-Insee Premièren° 729(4) Notes de conjoncture : Sessi, Insee, Banque de France

Où trouver des informations sectorielles ? Au-delà dequelques analyses et tableaux par secteurs détaillés,ce rapport ne traite pas des secteurs industriels prisséparément. Pour en savoir plus, se reporter aux chiffresclés de l’industrie (Sessi) et au site internet du secrétariatd’État (www.industrie.gouv.fr).

Page 17: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

18

A l’origine, le concept de " nouvelle croissance " a été introduit pourexpliquer le développement atypique des États-Unis depuis 3 ans.En effet, alors que de nombreux économistes prédisaient, aprèssept années de croissance, un atterrissage plus ou moins brutal del’économie américaine, cette dernière fait preuve d’un dynamismeexceptionnel. Sommes nous entrés dans un " nouvel âge d’or de lacroissance " ? Si oui, quels en seraient les aspects structurels pouvantjustifier un regain de la croissance à moyen terme ? Trois hypothèses sont souvent émises :

1 - Le " surplus " de croissance serait technologique.Cette thèse, assez classique (cf. Schumpeter, Attali … ), associerait àchacune des grandes périodes de croissance économique des inno-vations techniques majeures : le chemin de fer au 19e siècle, l’automobileaux USA dans les années 30, le transistor et l’électroménager dansl’après guerre, et maintenant l’internet et les nouvelles technologies dela communication. Ces mutations technologiques induiraient des sautsde productivité et une demande nouvelle centrée sur quelques secteursclés (télécommunications, téléphones mobiles, ordinateurs, bases dedonnées, l’internet…). Ainsi, selon diverses études, un quart de la croissance américaine etun peu moins du cinquième de la croissance française relèverait de cessecteurs Ntic, alors qu’ils qui ne représentent que 6% du PIB en Franceet 8% au États-Unis. En matière d’investissement, le ratio serait encoreplus élevé en raison de la forte baisse des prix de ces équipements.

2 - Ce bonus serait du à une meilleure régulation conjoncturelle.Ainsi, après les " trente glorieuses ", période de reconstruction placéesous la férule de l’étalon dollar, l’économie mondiale serait entrée dansdes années perturbées (cf. mauvaise gestion de la crise pétrolière de1974-1986, errements du dollar sous Reagan). Mais, à partir desannées 90, cette période s’achèverait grâce à la qualité de la régula-tion économique américaine. A l’inverse, l’Europe, perturbée par la réunification allemande et par sesefforts d’harmonisation, aurait pris un important retard.

3 - La concurrence mondiale et la dérégulation auraient bonifié lesstructures économiques.Dans un marché mondialisé, la concurrence internationale relégueraitl’inflation aux oubliettes et diminuerait les entraves au développement.Les tenants de cette thèse (et de ses nombreuses variantes) évo-quent, pêle-mêle, la flexibilité accrue du marché du travail dont té-moigne la baisse du Nairu (taux de chômage minimal non inflation-niste), la privatisation et la dérégulation de nombreux secteurs protégés,le nouveau partage des fruits de la croissance entre travail et capital,la réorganisation du travail (effacements hiérarchiques, polyvalencedes métiers …). Dans ce schéma libéral, il ne resterait plus qu’à com-battre les risques oligopolistiques liés au pouvoir accru de certainsgroupes multinationaux (cf. Microsoft).

Bien sûr, ces thèses ne sont pas antinomiques et ne sauraient êtrepondérées dans le cadre limité du rapport de la CPCI. On se limiteraici à rappeler quelques éléments pouvant éclairer le débat :

a- Les gains de productivité les plus élevés se concentrent dansles matériels informatiques ou assimilés. Même s’ils sont difficilesà quantifier, ces gains sont, pour l’essentiel, transmis aux utilisateursqui en bénéficient, par la baisse des prix des équipements des entre-prises (ordinateurs, machines-outils…) ou de certains services fournisaux ménages de façons directe (l’internet, téléphone, télévision) ouindirecte (soins hospitaliers, services de réservation …).

b - L’impact de l’informatique sur la productivité des secteurs uti-lisateurs est certain, mais modéré et très difficile à mesurer.Aux États-Unis, la productivité globale augmenterait certes plus vite de-puis 1995 (1,8%) qu’au cours de la période 1972-1995 (1%), mais elleresterait près de deux fois moins rapide qu’entre 1950 et 1972(cf. Rexécode). Ainsi, le paradoxe de Solow reste d’actualité, même sidivers travaux récents semblent prouver, en isolant mieux les effets qua-litatifs, l’impact réel de l’informatique sur la productivité globale.

c - La percée de l’informatique et des systèmes d’informations’accélère. Elle envahit, au niveau mondial, tous les secteurs de l’éco-nomie. Son impact est, à l’évidence, très important. De plus, derrièrecette percée technologique, on perçoit une mutation fondamentale del’ensemble des systèmes d’information et des connaissances humaines(base de données, R&D, génétique, …).

d - Dans l’informatique, le retard français n’a qu’un impact limi-té. Certes, il explique pour partie notre retard de croissance par rap-port aux américains, en particulier en matière d’investissement. Maisson impact reste limité, car cette activité industrielle est très concur-rentielle, assez instable et facilement délocalisable. Les gains de pro-ductivité dans les matériels génèrent des bénéfices limités. Le débatsur un éventuel retard général de l’investissement en France a déjà étéréfuté par la CPCI en 1997. Suivant les avis des industriels, laCommission a estimé que la faiblesse de l’investissement en Franceen 1995-96 n’était que le reflet de la langueur conjoncturelle. En effet,dès que les perspectives ont été meilleures, l’investissement s’estredressé.

e - La rente provient surtout des monopoles d’usage sur quelqueslogiciels (cf. procès contre Microsoft). On sort alors du champ de l’in-dustrie. Il s’agit d’un problème de normes où les américains font la loi.L’Europe pourrait-elle imposer de nouvelles normes publiques pourcertains langages, en particulier en matière de transmission dedonnées ?

f - La France reste bien placée en matière de télécommunications.Or, pour ces infrastructures, les rentes sont considérables (cf. enchèressur l’attribution des licences UMTS, valorisation boursière de France-Télécom…).

g - Ces évolutions soulignent l’intégration croissante entreindustrie, services et commerces. Les TIC sont un moyen privilégiéd’intégrer de nouveaux services aux produits. Ce développement per-met la création d’emplois (cf. étude " tic et emploi " Digitip-Bipe).

h - Les méthodes actuelles de suivi économique et statistiquesont peu adaptées. En effet, l’économie devient plus complexe. (par-tenariats, montée des investissements immatériels et des systèmesd’information, mondialisation, externalisation des facteurs de produc-tion, imbrication entre industrie et services). Le passage d’une crois-sance économique " en volume " produite par des unités bien identi-fiées à une croissance " en qualité " où la fonction de production se diluedans de multiples réseaux et où l’information joue un rôle central sou-ligne l’inadaptation croissante du suivi statistique actuel. Un groupedu Cnis, présidé par M. Lombard, prépare un rapport sur l’améliorationdu suivi des tic.

(*) Biotechnologies, matériaux avancés...

Vers une " nouvelle " croissance ? un concept encore bien incertain

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1999 S21999 S11998 S21998 S11997 S21997 S1

En milliers de salari s

Tic Autres innovants*

Effectifs dans les secteurs TICet les secteurs innovants

Sources : Insee Sessi - Tableau de bord de l’innovation

Page 18: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Avertissement : sauf mention contraire, tous les tableauxet graphiques de ce chapitre sont construits à partir descomptes nationaux annuels et trimestriels élaborés parl’Insee.

La demande intérieure a soutenul’activité industrielle en 1999

La demande intérieure en biens manufacturés représente38% de la demande intérieure totale (biens et services mar-chands et non marchands). Après une période de baisse sen-sible (plus d’un point de part relative entre 1990 et 1994), lademande intérieure adressée à l’industrie a repris de lavigueur à l’occasion des deux reprises économiques de1994, d’une part, de 1997 d’autre part. Ce mouvement s’estamplifié en 1999. La part relative de la demande adresséeà l’industrie reflète la conjoncture économique générale(cf. graphique page suivante).

Mesurée depuis 1978 aux prix de 1995, la croissance dela demande intérieure totale en volume est voisine de 2,2%par an. Les contributions les plus importantes à l’évolution decette demande concernent quatre secteurs, tous liés à l’in-dustrie : l’automobile et les biens d’équipement d’une part,

les services aux entreprises et les services de transport d’autrepart.

La demande industrielle : évolutions annuellessectorielles depuis 1978, 1990 et 1996

%, en volume, aux prix de 1995 depuis depuis depuis1995 1978 1990 1996

IAA 2,0 1,1 1,6

Biens de consommation 1,9 1,2 3,0

Automobile 3,6 2,3 6,7

Biens d’équipement 4,7 3,4 8,2

Biens intermédiaires 1,7 1,3 3,4

Biens industriels 2,4 1,7 4,1

Transports 3,5 2,5 4,3

Services aux entreprises 3,5 2,5 4,3

Biens et services marchands 2,2 1,4 3,2

Ensemble des biens et services 2,2 1,5 2,9Source : Insee, comptes nationaux

En dépit d’une nette reprise de la demande intérieure dès1997, la croissance industrielle depuis 1996 est encore d’unpoint inférieur au rythme annuel observé lors de la reprisede la fin des années 80. Cette dernière phase de reprise avaitété par ailleurs moins profitable à l’industrie (cf. tableau pré-cédent et graphique suivant).

C H A P I T R E 2

La demande intérieureet l’activité industrielle

Bien que ralentie, la croissance industrielle est restée vigoureuse de 1998 à 1999 (+3,1%). Comme l’annéeprécédente, elle repose sur la tenue de la demande intérieure.Après un début d’année difficile, lié à la diffusion des effets de la crise asiatique, l’activité a vivement rebondià partir du printemps et reste dynamique depuis lors.La demande intérieure s’est nourrie de l’augmentation de 3,5% la consommation des ménages, cette annéeencore orientée vers l’automobile, et d’une demande d’investissement très soutenue (+8,4%), surtout de la partdes entreprises. En moyenne annuelle, les variations de stocks ont pesé légèrement sur la croissance, mais le déstockage s’estarrêté au second semestre au vu des anticipations favorables de la demande et du redressement des prix desmatières premières et énergétiques. La croissance industrielle continue d’exercer un effet d’entraînement sur les services.

19

Page 19: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Evaluée aux prix de 1998, la production industriellea augmenté en 1999 de 192 MdF (marges commerciales etTVA comprises). Comme en 1998, l’activité industrielleprofite de la croissance de la demande intérieure (tableausuivant).

Le redressement progressif des exportations a accompa-gné la reprise ; cependant, leur volume a légèrement moinsprogressé que celui des importations, tirées par la demandeinterieure, et, au total, la contribution des échanges extérieursest restée négative, tant en valeur qu'en volume (voir chapi-tre 3).

Variations de la demande industrielle entre 1996 et 1999et de ses contreparties

Variations en MdF 95 De 96 De 97 De 98à 97 à 98 à 99

production y c. marges & TVA 230 282 192

consom. intermédiaire 142 134 110

consommation totale -6 84 69

FBCF 15 60 48

variations de stocks 3 44 -12

demande intérieure 155 322 216

demande intérieure finale 12 188 106

solde extérieur 75 -40 -24

dont exportations 172 145 61

dont importations -97 -185 -85Source : Insee, comptes nationaux base 95

La principale cause du ralentissement de la croissance dela demande intérieure est due au déstockage des entreprises.Sinon, les évolutions annuelles de 97-98 et de 98-99 sont trèsproches.

Consommation : nouveaux progrèsaprès une année exceptionnelle

Après une année exceptionnelle, la croissance de laconsommation des ménages, tous biens et services confondus,ralentit en 1999. La part financée par les ménages, qui avaitprogressé de 3,3% en volume en 1998, ne progresse que de2,1% en 1999, la consommation totale progressant de 2,2%.Cette croissance profite essentiellement aux produits manu-facturés, particulièrement aux biens d’équipement et à l’au-tomobile, mais aussi, dans une certaine mesure, aux biens de

consommation courante et à quelques services aux entreprisestelles les télécommunications. La consommation totale enproduits manufacturés a ainsi crû de 3,5% en 1999, après4,3% en 1998.

Poursuite de la forte expansiondu marché automobile français

Depuis le point bas du début 1997, le marché françaisprogresse régulièrement de 1% par mois en moyenne. Ainsi,2 150 000 automobiles neuves ont été immatriculées en 1999(soit un nouveau gain de 200 000 voitures). Cette progressionest comparable à celle qui a suivi la récession de 1993. Avec180 000 véhicules par mois, le marché est toutefois inférieurde 10% de son niveau historique de 1990. Le profil des achatsreste heurté ; après la disparition des aides qui ont modifié lecalendrier des achats en 1995 et 1996, il est sensible aux opé-rations de promotion et retrouve une forte saisonnalité liée auxnouveaux modèles.

En moyenne annuelle, la croissance du volume des achatsatteint près de 14% pour les seuls véhicules neufs (4,5% pourles véhicules d’occasion), et encore 8,4% pour l’ensembledes produits de la branche (y compris équipement automobile),avec un léger tassement à l’automne 1999 (graphiquesuivant).

Léger ralentissement des achats desménages en autres biens manufacturés

Hors automobile, les achats des ménages en produits ma-nufacturés ont continué de progresser (+2,3% en moyenneannuelle, après +3,2% en 1998 et 1,3% en 1997).

Les achats de biens d’électronique grand public se sont for-tement développés tout au long de l’année (image et son :+12,5% en volume, téléphonie : +40%). Comme en 1998 etdans les mêmes proportions, les achats de micro-ordinateursse sont multipliés (+13% en valeur mais plus de 50% en vo-lume). Cette diffusion s’accompagne de la vive croissancedes services liés (télécommunications : +6,5%). Elle a étéencore favorisée par des baisses de prix pratiquées par lagrande distribution (supérieure à 25% pour les ordinateurs, etde près de 10% pour la téléphonie, le son et l’image). Lesfoyers français comblent ainsi rapidement le retard d’équi-pement accumulé sur nos voisins les plus précoces. Le chan-gement important du rythme de croissance observé depuis le

20

Volume, base 100 en 1995 En %

Biens industriels

Ensemble

Part relative

70

80

90

100

110

120

00.199.198.197.196.195.194.193.192.191.190.189.188.187.186.185.134,5

35,0

35,5

36,0

36,5

37,0

37,5

38,0

38,5

Demande intérieure en biens industriels et part relative

Source : Insee, comptes nationaux base 95

Base 100 en 1995

Hors automobile

Y compris automobile

95

97

99

101

103

105

107

109

111

113

00.199.198.197.196.195.194.193.192.191.190.1

Consommation des ménages en produits industriels

Source : Insee, comptes nationaux base 95

Page 20: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

début de 1997 dans la diffusion de ces produits (de +6% an-nuellement entre 1993 et 1996 à +15% l’an depuis lors) estainsi conforté.

Les autres biens industriels notamment durables ont éga-lement bénéficié du contexte favorable à la consommation :confirmation pour les meubles du regain d’intérêt observédepuis le début de 1997 (+ 2,7% en volume) ; nouvelle ac-célération des achats dans l’électroménager après la pausede 1997 (+ 8%), dans un contexte de légère baisse de prix.Globalement le volume des dépenses attachées à l’équipe-ment du foyer s’est accru de 4,4%.

Les achats de textiles, cuir et habillement, ont fléchi àl’été en raison des conditions climatiques ; le redressement quia suivi a toutefois permis un gain en moyenne annuelle de1% en volume. Ce redressement est largement confirmé au pre-mier trimestre 2000.

Les dépenses en produits pharmaceutiques ont ralenti,retrouvant le niveau moyen de croissance observé depuis1990 (+4,4% en volume, après +6,6% en 1998).

La consommation de produits agroalimentaires a étésoutenue, sa croissance se trouvant supérieure à la ten-dance (+1,8% en volume, après +1,6% en 1998), grâceau développement des consommations de produits laitierset de boissons. La consommation des produits issus du tabaca reculé de 3,6%, dans un contexte de hausse continue des prix.

Au premier trimestre 2000, la consommation en pro-duits manufacturés a continué de progresser sur un rythmeélevé, les dépenses des ménages augmentant vivementdans l’électronique mais aussi dans le textile et l’ameuble-ment.

Un pouvoir d’achat conforté parune nouvelle croissance de l’emploi

La croissance de la consommation des ménages a tiré sondynamisme de l’évolution globale des revenus. Le revenudisponible (ajusté) des ménages a progressé de 3% en moyen-ne annuelle (après +3,7% en 1998). Dans le même temps, lalégère hausse de l’inflation (+0,7% en moyenne annuelle,après +0,6% en 1998) ne l’a guère affecté. En dépit d’un tas-sement au troisième trimestre 1999, la progression du pouvoird’achat est régulière et soutenue depuis le troisième trimestre

1997 (cf. graphique suivant). Les gains s’appuient sur unenouvelle croissance de l’emploi (+2% en moyenne annuelleaprès +1,4% en 1998) tandis que la croissance des salaires s’estsensiblement ralentie.

L’amélioration du marché du travail a induit une confian-ce exceptionnellement élevée, favorable à la consommation,tandis que les autres facteurs de détermination du tauxd’épargne jouaient un rôle secondaire. Les ménages sontcertes devenus plus sensibles aux conditions faites à l’épargneen matière de rémunération et donc aux taux d’intérêt réels(cf. graphique précédent), mais ceux-ci ont peu varié enmoyenne d’une année sur l’autre. Parallèlement, la légère re-montée du coût du crédit à la consommation n’a pas freinél’endettement des ménages, qui a continué d’évoluer de ma-nière dynamique. Par ailleurs, la valorisation des actifs bour-siers a constitué un facteur secondaire favorable. Finalement,alors que le surcroît de consommation en 1998 s’était appuyéen partie sur une lente réduction du taux d’épargne, celui-ci,proche de 16% du revenu disponible, s’est raffermi en moyen-ne annuelle en dépit du fléchissement observé au troisièmetrimestre 1999.

(*) RDB déflaté par le prix des comptes nationaux, taux de croissance trimestriels

L’industrie a tiré parti d’une demanded’investissement vigoureuse…

L'investissement induit une demande adressée à l'indus-trie, qui augmente nettement en 1999 pour la seconde annéeconsécutive (pour la description de l'investissement des sec-teurs industriels, voir chapitre 4). Cette croissance contrasteavec les années antérieures : à la fin 1997, après plusieurs an-nées d’attentisme, le volume des investissements des entre-prises en biens manufacturés n’avait fait que retrouver son(haut) niveau de 1990.

Si l’on exclut l’investissement des ménages en bâtiment,la demande totale d’investissement s’élève à 1 256 MdFen 1999, et concerne un nombre limité de familles de biens.Elle se porte sur les biens industriels à hauteur de 607 MdF.Les biens d’équipement mécanique y ont toujours une partprépondérante (229 MdF). Mais la place des équipementsélectriques et électroniques continue de progresser (155 MdF).Les véhicules lourds et les utilitaires légers (125 MdF) consti-tuent, à côté de certains biens intermédiaires (services

21

Court terme

Long terme

0

1

2

3

4

5

6

7

00.199.799.198.798.197.797.196.796.195.795.194.794.1

En %

Taux d’intérêt réel* à court et long termes

Sources : Banque de France, Insee

-1,5

-1,0

-0,5

0,0

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5

99.499.298.498.297.497.296.496.295.495.294.494.293.493.292.492.291.4

En %

Pouvoir d’achat du revenu des ménages*

Source : Insee, comptes nationaux trimestriels base 95

(*) Taux moyens mensuels déflatés du glissement annuel des prix : Court terme :Taux du marché monétaire à 3 mois. Long terme : TME, emprunts d’état à long terme (Eur11)

Page 21: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

industriels du travail des métaux, matériels électriques :39 MdF) et des équipements du foyer (meubles, appareils :27 MdF), les autres postes de la demande adressée àl’industrie.

Demande d’investissement en 1999 par produitset secteurs institutionnels (hors ménages)

secteurs demandeen MdF courants non financiers administrations totale hors

ménages

biens industriels 545 43 607

dont

équip. automobile 117 7 125

équip. mécanique 224 2 229

équ. électri/onique 122 22 155

BTP 207 190 434

investissement total 927 257 1256

secteurs demandeévolutions en valeur, non financiers administrations totale horsen % ménages

biens industriels 7,1 -4,2 6,6

dont

équip. automobile 9,0 0,0 8,6

équip. mécanique 4,7 -3,3 4,9

équ. électri/onique 10,6 -1,2 9,5

BTP 7,6 4,7 6,7

investissement total 7,5 3,6 7,1Source : Insee, comptes nationaux base 95

Le reste est constitué des investissements en BTP (produitsdu BTP, services liés immobilisés, investissements immaté-riels). La partie logiciel des investissements immatériels,évaluée à 64 MdF en 1998, aurait fortement augmenté en1999.

En 1999, seules les entreprises font progresser la demanded’investissement en produits industriels (cf. tableau).

Évolution de l’investissement en biens industriels

en volume, en % 1996 1997 1998 1999

FBCF des entreprises +2,1 +2,6 +11,4 +8,8

FBCF des adm. publ. +4,7 +4,7 +9,7 -2,0

FBCF totale +2,4 +2,8 +11,6 +8,4`Source : Insee, comptes nationaux base 95

La demande d’automobiles des entreprises (110 MdFenviron) a progressé de près de 10% en 1999 (après +16,5%en 1997). En 1999, comme en 1998, la demande d’équipe-ments industriels s’adresse davantage aux biens d’équipe-ment électrique et électronique (près de 14% en volume)qu’aux biens mécaniques (+5,7% en volume). Cette évolutions’inscrit dans une tendance de moyen terme (graphique sui-vant). Les achats des entreprises progressent encore de 12%pour le matériel informatique ; ils ralentissent pour la télé-phonie, à moins de 5%. Les investissements nationaux enproduits issus de l’aéronautique progressent encore vivementgrâce à la demande privée.

Contrairement aux entreprises, les administrationspubliques font dans leurs dépenses d’investissement uneplace minoritaire aux biens manufacturés (43 MdF, moinsde 20% de l’investissement des administrations publiques -cf.graphique suivant). Cette part a de plus baissé en 1999,l’investissement des administrations dans ce type de biens

reculant de 2% en volume et de plus de 4% en valeur aprèsla forte augmentation de 1998. Ces achats ont été essentiel-lement concentrés sur le matériel informatique (+2% envolume), le mobilier (-15%) et l’automobile (+2,5%).

… dont les facteurs restent favorablesPlusieurs facteurs convergents ont présidé au développe-

ment de la demande d’investissement adressée à l’industrie :l’accélération de l’activité des entreprises à partir du secondtrimestre 1999, après la phase de décélération amorcée à l’été1998 (cf. effet accélérateur de l’investissement) ; une sen-sible progression des taux d’utilisation des capacités de pro-duction, de près de deux points au-dessus de la tendancemoyenne dans l’industrie ; des conditions de financement fa-vorables face à des évolutions de prix particulièrement mo-dérées, les prix de l’investissement industriel ayant baissé de1,6% en 1999.

Au total, la contribution de l’investissement à la crois-sance industrielle s’est maintenue à un niveau élevé(+1,1 point en 1999 après 1,4 point en 1998).

Composantes de la demande d’investissementen biens manufacturés

Équipements investissement total des entreprises et administrations

(biens et services) (évolutions moyennes annuelles)

85-90 90-94 94-99

Mécaniques valeur 8,2 -3,5 3,6

volume 6,5 -3,3 2,9

Auto et matériels valeur 9,4 0,5 6,9

de transports volume 15,4 1,4 13,9

Électriques valeur 13,1 -2,3 6,0

électroniques volume 8,4 -2,7 7,2

BTP valeur 7,2 -0,8 1,6

volume 4,0 -2,6 0,2Source : Insee, comptes nationaux, base 1995

22

Administrations publiques

Entreprises

7

9

11

13

15

99.499.198.297.396.496.195.294.393.493.192.291.390.490.190

110

130

150

170En MdF 95, FBCF en volume

Investissement en biens industriels

Source : Insee, comptes nationaux base 95

Page 22: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

23

Les premières indications pour 2000 confirment le main-tien d’un effort d’investissement soutenu dans tous les sec-teurs, le dynamisme gagnant les industries de biens intermé-diaires. Hors automobile, les industriels s’attendent en effetà des tensions croissantes sur les capacités de production.Parallèlement, la croissance de l’investissement manufactu-ré observée depuis 1994 reste inférieure à celle de la reprisede la fin des années 1980 (cf. tableau suivant).

(*) régression exponentielle des volumes aux prix de 1995

De faible amplitude, les variationsde stocks ont eu un impact négatif

A l’image de la production industrielle en France, lesvariations de stocks de produits industriels présentent desévolutions cycliques. D’une manière générale, le compor-tement de stockage des entreprises dépend des perspec-tives d’activité et des anticipations de prix (cf. plus ou moinsvalues). En retour, le comportement de stockage réagitsur le niveau d’activité. En particulier, le stockage desbiens intermédiaires est très sensible aux anticipationsde prix, et donc aux évolutions des cours des matières pre-mières.

Même si les évolutions ne sont pas parfaitement en pha-se, sur les années récentes, l’activité industrielle est étroite-

ment liée au cycle des stocks industriels (graphique suivant)et aux variations de prix.

Alors même que l’évolution tendancielle est à une dimi-nution des stocks, ces derniers ont connu au début des an-nées 90, des variations de grandes amplitudes. La fin de la dé-cennie 90 consacre, de ce point de vue, un retour à la situationtendancielle. Aujourd’hui, les entreprises s’appuient sur un vo-lume d’encours de stocks toujours réduit (cf. 2e graphique) ;l’encours de produits manufacturés ne représente ainsi guè-re plus de quatre semaines de production (en valeur) contredix semaines au début des années 1980.

Ces indications sur les niveaux absolus des stocks sont àprendre avec précaution. Les encours de stocks détenus par

l’ensemble des branches marchandes sont évalués à quelque1 300 MdF. La part consacrée aux seuls biens industriels estvoisine de 40% ; le reste est constitué de stocks de produitsagricoles, énergétiques ou de BTP.

Tout au long de 1998, les entreprises, dont les entreprisesindustrielles, ont maintenu un comportement de stockage fa-vorable à la croissance de la production. Ce comportements’est surtout appuyé sur l’amélioration constante des pers-pectives de demande. En 1999, les mouvements de stocksdes produits industriels sont apparus plus heurtés. Après unpremier trimestre d’observation où le déstockage a pesé surla croissance, les entreprises ont pu vérifier la solidité de lademande et entrevoir un raffermissement des perspectives deprix, rendu notamment nécessaire par les hausses vives desprix du pétrole et des matières premières. Un mouvement derestockage a soldé l’année, après que les entreprises se sonttrouvées surprises par la forte demande, nationale et étrangère,enregistrée au troisième trimestre 1999.

Sur l’ensemble de l’année, la contribution des variationsde stocks de biens manufacturés à la croissance de la pro-duction industrielle a été négative en 1999 (-0,3 point), après+1,1 point en 1998 (cf. graphique), compte tenu en particu-lier du fort mouvement de déstockage enregistré au débutd’année dans la branche des biens intermédiaires. La situa-tion s’est très sensiblement améliorée en cours d’année, avecune progression significative en glissement au second se-mestre ; les stocks sont jugés historiquement faibles, les prixde vente se redressent depuis le milieu de l’année et lesindustriels du secteur se doivent de répondre à la demande

Mécanique

Matériel de transport

Électronique

0

50

100

150

200

250

9996939087848178

En MdF 95

FBCF en mécanique, en électroniqueet en matériel de transport

Source : Insee, comptes nationaux trimestriels base 95

Production

Variations de stocks

-6

-4

-2

0

2

4

6

99.198.197.196.195.194.193.192.191.190.189.188.187.186.185.1-0,6

-0,4

-0,2

-0,0

0,2

0,4

0,6Glissements semestriels en % En %

Le cycle des stocks et de la production

Source : Insee, comptes nationaux trimestriels base 95

4

5

6

7

8

9

10

11

99.398.196.395.193.392.190.389.187.386.184.383.181.380.1

En semaines de production

Encours de stocks industriels

Source : estimation d’après comptes nationaux, base 1995

Page 23: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

interindustrielle croissante née de la reprise en Europe. Pourleur part, les professionnels de l’automobile ont déjà pris lamesure de la forte demande enregistrée dans ce secteur : lacontribution des stocks à la croissance y est positive pour latroisième année consécutive.

(*) production et prix en moyenne annuelle glissante ; variations de stocks en contributionà la croissance en rythme annuel.

Dans la branche des biens d’équipement professionnel, lacontribution des stocks à la croissance est globalement neutrecompte tenu d’un fort mouvement de déstockage enregistréau troisième trimestre (livraisons d’avions). En dehors de cemouvement, les entreprises se sont appuyées sur la forte de-mande d’investissement émanant des entreprises dans leurensemble. La contribution des variations de stocks à la crois-sance de l’activité dans la branche des biens de consomma-tion est de faible ampleur : plutôt favorable pour les biens deconsommation durables, plutôt défavorable pour les produitsagroalimentaires.

Au début de l’année 2000, les déterminants du compor-tement de stockage sont favorables. Les anticipations de prixde vente sont à la hausse : après le raffermissement observéau second semestre 1999, de nouvelles hausses sont enregis-trées pour les biens intermédiaires et dans une moindre me-

sure pour les biens d’équipement professionnel. Les produc-teurs de biens d’équipement anticipent une demande d’in-vestissement soutenue. Plus généralement, les stocks de pro-duits finis sont jugés sensiblement inférieurs à leur niveaunormal, notamment dans l’automobile. Ainsi, porté par desperspectives de demande confortées dans tous les secteurs, lemouvement des stocks apporte une contribution nettementpositive à la croissance de l’activité industrielle au premier tri-mestre 2000.

Après une pause hivernale en 1999,la production rebondit

Enclenché à partir du printemps 1997, le cycle actuel decroissance de l’activité industrielle s’est prolongé en 1998 et1999. L’indice de la production industrielle, après avoir qua-si stagné pendant neuf mois, rebondit au printemps 1999 à unrythme proche de 4 à 5% en glissement annuel (certes infé-rieur aux 8% constatés au cours des reprises de 1994-95 et de1997-98, ce rythme dépasse la croissance de 3% constatéedepuis 95)

Hors effet " trou d’air ", et après quatre années de crois-sance continue à un rythme annuel voisin de 4% par an en vo-lume, cette reprise est déjà comparable à celle constatée du-rant 3 ans et demi, de 1986 à 1990, et, de plus, elle n’est pasterminée

Elle paraît toutefois moins homogène, reposant pour uneplus grande part sur la contribution importante de l’industrieautomobile (dont la hausse annuelle dépasse les 8%). A l’in-verse, la croissance de l’activité dans les branches des biensde consommation, qu’ils soient durables ou alimentaires, estde plus d’un point inférieure à celle de 1986-1990. Hors au-tomobile, l’activité industrielle n’a crû que de 3,5% par an cestrois dernières années (cf. tableau).

Dans l’agroalimentaire, la croissancea été modérée en 1999

Si les industries agroalimentaires sont restées un peu àl’écart de la reprise, le secteur de la viande est probablementle plus touché par la baisse de la demande. La plupart desautres compartiments se sont développés plutôt lentement en1999 (recul du tabac, stagnation du travail du grain, crois-sance modeste de la viande et du lait, meilleure pour les in-dustries du poisson). Seules, les boissons et certains produitsfestifs ont bénéficié des commandes de fin d’année liées au" millenium ".

Le secteur de l’automobile, toujoursporteur, amorce un nouveau rebond

Déjouant les prévisions plutôt réservées du début de l’an-née 1999, la croissance des immatriculations s’est poursuivieen Europe, et surtout en France. Derrière le marché espagnol(+20% de 1998 à 99), la France se place en 2e position (+10%).La médiocrité des ventes en Allemagne (+1,5%), en Italie(0%) est compensée par l’explosion du marché dans plusieurspetits pays européens.

Les ventes de véhicules utilitaires légers sont toujoursdynamiques (+13%). De plus, avec la relance des transportsroutiers en Europe, les immatriculations de poids lourdsaugmentent de 10%. L’augmentation de nos parts de marché

24

Variations des stocks

Prix des matières premières-1,2

-0,8

-0,4

0,0

0,4

0,8

1,2

0098969492908886-60

-40

-20

0

20

40

60En % En %

Variation des stocks de biens intermédiaireset des prix des matières premières importées*

Source : Insee, comptes nationaux trimestriels base 95

Variations des stocks

Production, variation en %

-1,0

-0,8

-0,6

-0,4

-0,2

0,0

0,2

0,4

0,6

0,8

1,0

99.197.195.193.191.189.187.185.1-10

-8

-6

-4

-2

0

2

4

6

8

10En % En %

Variation de la production et des stocksde produits finis*

Source : Insee, comptes nationaux trimestriels base 95

Page 24: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

souligne la qualité des voitures françaises et le dynamisme denos constructeurs.

Le score des équipementiers est un peu moins élevé, alorsque leur poids dans nos échanges extérieurs est supérieur àcelui des véhicules finis.

Reprise des biens d’équipement,avec la montée des investissements

Comme en 1998, les biens d’équipement ont soutenu l’ac-tivité, comme en témoigne la hausse de leur chiffre d’affairesde 6% l’année dernière.

Si, après une croissance importante depuis 5 ans, laconstruction aéronautique semble marquer un léger palier,Airbus a ravi la première place à Boeing (55% des partsdu marché mondial) et la baisse de l’euro a favorisé les prisesde commandes. Le repli est plus net dans l’aviation militai-re et dans le secteur spatial, ceci malgré les derniers succèsd’Ariane 5.

Dans la mécanique, la reprise du marché mondial a re-donné un coup de fouet à une activité légèrement touchée par

le " trou d’air ". Globalement, les industries électriques etélectroniques ont bénéficié de la forte reprise des investisse-ments, en particulier pour le matériel chirurgical, les instru-ments de mesure et surtout pour les moteurs. L’électroniquea aussi été soutenue par les investissements liés au bogue del’an 2000 et par la montée des achats des ménages en maté-riels informatiques (cf. internet), alors que, malgré de trèshauts niveaux, la téléphonie mobile amorce une nouvelle pha-se d’expansion. En amont, le secteur des composants, dont lescycles d’activité sont très brutaux, se retrouve en pleine crois-sance début 2000.

Les biens intermédiaires renouentavec la croissance en 1999

Dans la sidérurgie, l’effondrement du marché au coursde l’été 1998 a été suivi d’une remontée de la demande en find’année. La hausse des prix et la réouverture du marché amé-ricain ont mis fin au marasme.

En aval, le travail des métaux a bien résisté au " troud’air ", essentiellement grâce aux marchés de l’automobile et

25

Croissance sectorielle : glissement annuel 99 et glissement annuel moyen 95-99 en %

Secteur 99 95-99 secteur 99 95-99

Habillement -11,3 -9,3 Verre,articles en verre 5,1 1,9

Habillement-cuir -10,1 -7,2 Machines-outils 4,2 2,2

Étoffes -7,3 -5,0 Meubles 1,7 2,2

Construction navale -5,5 -4,3 Boissons -3,4 2,3

Cuirs-chaussures -7,9 -2,9 Produits IAA diverses 1,1 2,3

Industrie textile -4,5 -2,5 Sidérurgie-acier 7,8 2,4

Produits filés, tissés,… -4,9 -2,1 Équipements du foyer 6,2 2,5

Tabac -5,1 -1,8 Industrie y.c, IAA et énergie 4,3 2,6

Moteurs 4,9 -1,5 Parachimie 6,0 2,7

Optique, photo, horlogerie 0,3 -1,4 Machines d'usage général 4,9 2,7

Articles textiles 0,4 -0,9 Métaux, produits métalliques 4,3 2,8

Matériel de mesure -3,9 -0,6 Produits intermédiaires 5,7 2,8

Réservoirs,Chaudronnerie 5,6 -0,6 Produits d'équipement 2,9 2,9

Matériaux-construction 5,7 0,2 Savons, parfums, entretien 2,7 2,9

Métaux non ferreux 2,7 0,4 Chimie, caoutchouc, plastiques 6,8 2,9

Chimie minérale 8,0 0,5 Matériel électrique 11,1 3,1

Travail du bois -1,0 0,6 Fibres artificielles synthétiques 10,4 3,1

Cycles, motos -8,4 0,7 Chimie organique 6,4 3,2

Produits minéraux 5,9 0,9 Pharmacie, parfums, entretien 3,1 3,5

Divers, industries extractives 8,4 0,9 Produits pharmaceutiques 3,3 3,8

Autres ind. mécaniques -2,8 0,9 Édition, imprimés, reproduits -0,1 4,2

Viandes -1,7 1,2 Materiel ferroviaire -14,5 4,2

Produits laitiers 1,5 1,2 Équip. électriques, électroniques 4,9 4,2

Machines agricoles -0,7 1,2 Matières plastiques 9,5 4,4

Équipements mécaniques 3,1 1,3 Services industriels-travail des métaux 3,4 4,5

Produits en caoutchouc 1,0 1,4 Bateaux, avions, trains, motos -2,1 4,7

Produits métalliques 5,6 1,4 Matériel médical -3,0 5,0

Appareils domestiques 13,2 1,5 Équipements automobiles 10,1 6,3

Produits de consommation 1,1 1,5 Construction aéronautique & spatiale 2,4 6,7

Bois et papier 1,7 1,6 Automobile 12,7 6,9

Alimentation pour animaux 3,1 1,6 Composants 11,7 6,9

Autres machines spécifiques 2,5 1,6 Construction automobile 14,3 7,2

IAA -0,2 1,7 Appareils émission-transmission 24,0 7,5

Fonderie -2,9 1,7 Son, image 20,1 11,1

Pâte-papier, papiers-cartons 3,4 1,8 Composants électroniques 12,6 14,9

Éléments-métal pour construction 7,7 1,8 Matériel informatique et bureautique -9,4 15,8Source : Insee-Sessi, Indice de la production industrielle

Page 25: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

du bâtiment. Les perspectives restent optimistes avec la re-prise des investissements.

Dans la chimie, la reprise des échanges avec l’Allemagnea stimulé la production de la chimie organique (6%) et de laparachimie (11%).

En aval, la plasturgie continue de faire preuve d’un dy-namisme élevé. Dans le secteur du caoutchouc, les pneuma-tiques restent bien orientés dans le secteur de la premièremonte.

On notera aussi le développement de la filière " embal-lages ", pour les plastiques comme pour les emballagesmétalliques légers.

La reprise est vive dans les industries des matériaux deconstruction et du verre, dopés par la reprise du bâtiment etla bonne tenue des travaux publics.

Seul le secteur du textile reste dans une situation dif-ficile, mais plusieurs segments sont en nette croissance, enparticulier pour certains tissus " techniques " et pour lesproduits destinés aux secteurs du bâtiment et de l’automo-bile.

Bonne fin d’année pour les biensde consommation

La reprise s’est propagée en fin d’année aux biens deconsommation. Certes, les secteurs de l’habillement, du cuiret de la chaussure poursuivent leur régression structurelle,mais certains marchés ont fait preuve d’une embellie en find’année.

On notera aussi la reprise des secteurs du papier-carton(cf. emballages) et surtout les performances remarquables del’édition.

Les biens d’équipement du foyer ont été parmi les premiersà bénéficier de la reprise de la demande des ménages. Le re-bond de l’électroménager, et dans une moindre mesure celuidu meuble, s’explique surtout par le regain de la construc-tion et de la réhabilitation des logements. Pour certains pro-duits, la faiblesse de l’euro et la fin de la crise en Asie ont aus-si desserré la pression concurrentielle subie pendant la crisemondiale.

La pharmacie reste bien sûr un des secteurs les plusdynamiques. Malgré le ralentissement de la consommation(cf début du chapitre), ce secteur de pointe, à la croissance

rapide et régulière, a bénéficié, en fin d’année, d’une accé-lération notable, due pour partie à la montée des exportations.

La parfumerie a aussi bénéficié de la reprise mondialeamplifiée par l’effet " millenium ".

Production industrielle au sensdes comptes : +3,7% courant 99

Les Comptes de la Nation retranscrivent et synthétisentdans un ensemble cohérent les évolutions recueillies parl’indice de la production industrielle, en assurant en particu-lier la cohérence avec les indices de prix et de chiffresd’affaires.

En moyenne annuelle, la croissance en volume de laproduction manufacturière a été de 3,0% entre 1998 et 1999,contre 5,0% l’année précédente (prix n-1, IAA inclus). Ceralentissement traduit les effets de la crise asiatique surl’activité industrielle française (hausse limitée à +1,2% del’été 1998 à l’hiver 1999). Mais les évolutions des comptesnationaux trimestriels soulignent bien, dès le deuxièmetrimestre, son rebond vigoureux et sa croissance depuis lorsrégulière, à un rythme annualisé supérieur à 4%.

La production manufacturière et ses composantesen 98 et 99 (variations trimestrielles en %, aux prix de 1995)

1998 1e tr 2e tr 3e tr 4e tr gliss./an

Production manufacturière 1,5 1,3 0,1 0,6 3,5

Consom. ménages 0,5 1,6 1,1 0,4 5,7

Investissement 3,8 3,2 1,6 1,1 9,7

Contributions des variationsde stocks au PIB 0,9 0,0 -0,2 0,6 1,3

Exportations 2,8 1,6 0,5 -1,6 3,3

Importations 4,4 2,3 1,0 0,7 8,4

Contributions solde extérieur -1,2 -0,6 -0,5 -2,4 -4,7

1999 1e tr 2e tr 3e tr 4e tr gliss./ 2000an 1e tr

Production manufacturière 0,5 1,0 1,2 0,9 3,7 1,0*

Consom. ménages 1,0 0,8 1,3 0,5 3,7 2,2*

Investissement 3,9 0,7 2,4 1,4 8,5 1,3*

Contributions des variationsde stocks au PIB -0,7 0,1 -0,9 0,9 -0,7 -0,6*

Exportations -0,5 2,4 5,2 0,6 7,8 4,5*

Importations -0,7 2,4 2,6 3,2 7,7 3,5*

Contribution solde extérieur 0,1 0,2 2,8 -2,4 0,7 0,5*Source : Insee, comptes nationaux trimestriels base 95

(*) pour le premier trimestre 2000, non compris les IAA Le glissement sur un an rapporte la valeur d’un trimestre à la valeur du même trimestre del’année précédente. Il est approximativement égal à la somme des évolutions trimestrielles.

Ce rebond industriel a eu des effets d’entraînement surl’ensemble de l’économie, le plus souvent en apportant unsurcroît de dynamisme à des secteurs déjà fort sollicités (trans-ports, services aux entreprises, commerce de gros). La contri-bution au PIB de la valeur ajoutée des branches industrielles(+ 2,4% en volume) est du même ordre de grandeur qu’en1997-98.

La croissance des branches marchandes de l’économieest apparue très homogène, même si elle s’est trouvée mieuxorientée pour les branches au service des entreprises que pourcelles au service des ménages, à l’exception notable du BTP,où la croissance a été vigoureuse avec l’arrivée à terme du dis-positif Périssol.

26

80

85

90

95

100

105

110

115

120

99.398.196.395.193.392.190.389.187.386.1

Base 100 en 1995

La production industrielle et sa tendance

Source : Insee, comptes nationaux trimestriels base 95

Page 26: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

27

Poursuite de la croissance au premiertrimestre 2000

La croissance de la production industrielle s’est poursui-vie au premier trimestre 2000, au rythme de croisière acquisdepuis le printemps 1999 (cf. tableau). A côté des compo-santes de la demande intérieure, toujours florissantes, lesperspectives d’investissement des entreprises pour l’année2000 ayant été revues sensiblement à la hausse, la contribu-tion de la demande externe est redevenue positive, avec lareprise de la zone euro au premier trimestre. Parallèlement,les prix de vente industriels ont continué de se redresser(+0,4% d’un trimestre à l’autre). A la fin du premier trimestre2000, l’acquis de croissance de la production industrielle étaitvoisin de 2,7%.

Les branches innovantes toujours en têteComme en 1998, les branches industrielles qui proposent

de nouveaux produits ou équipements pour les ménages oules entreprises ont été le plus actives. La production des équi-pements électriques et électroniques a progressé de 9%, dont14%, pour le matériel informatique, 10% pour les appareilsde téléphonie, 16% pour les équipements d’aide à la naviga-tion. A l’inverse, celle d’appareils de réception et d’enregis-trement a marqué une pause (+1%) après deux années de for-te progression.

Production par branches en 1998 et 1999

(Variations trimestrielles 1e tr 2e tr 3e tr 4e tr gliss./ moy.

en % au prix de 1995) an annuel

1998Produits manuf. 1,5 1,3 0,1 0,6 3,5 5,2Pr. agroalimentaires -0,2 1,3 -0,7 0,9 1,3 1,5Biens consommation 0,6 1,4 0,2 -0,1 2,1 4,3Automobile 3,3 4,0 2,0 2,2 11,5 14,0Biens d’équipement 2,2 1,5 0,7 1,4 5,8 7,1Biens intermédiaires 1,7 0,1 -0,5 -0,3 1,0 3,7

1999Produits manuf. 0,5 1,0 1,2 0,9 3,6 2,9Pr. agroalimentaires 0,7 0,5 1,5 -0,4 2,3 2,4Biens consommation 0,9 0,5 0,9 0,8 3,1 2,3Automobile 0,3 1,5 2,3 1,6 5,7 6,7Biens d’équipement 1,0 1,5 1,0 0,2 3,7 4,6Biens intermédiaires 0,0 1,1 1,0 1,7 3,8 1,2Source : Insee, comptes nationaux base 95

Industrie et services aux entreprises sontaujourd’hui inextricablement mêlés

La croissance industrielle entraîne celle des services(cf. graphique suivant). La valeur ajoutée de la branche desservices aux entreprises a progressé de 4% en 1999 ; celle dela branche " poste & télécommunications " s’est accrue de5%, avec une hausse de 11% de la production dans les télé-communications, celle de la branche " conseils " de près de7%, essentiellement tirée par les " services informatiques " dontla production a encore gagné plus de 13%.

(*) en valeur ajoutée

Quant à l’intérim (+10% en 1999), son taux de croissan-ce a été réduit de moitié, suite au trou d’air du début d’année,mais a progressé en cours d’année : les entreprises indus-trielles continuent d’y recourir de façon importante, notam-ment dans l’automobile (cf. chapitre 5).

Le niveau des prix de la production aatteint un point bas au début de 1999

A partir de l’été 1997 et tout au long de 1998, les prix in-dustriels ont pris en compte l’impact des baisses des prix desmatières premières importées et de l’énergie qui ont accom-pagné la diffusion de la crise asiatique. Ce mouvement de re-pli de l’ensemble des prix industriels s’est interrompu au se-cond trimestre 1999, avec le développement soutenu del’activité industrielle et le redressement des coûts de pro-duction dû au coût des consommations intermédiaires : aug-mentation des prix de l’énergie, baisse relative de l’euro.Depuis le premier trimestre 1999, le prix des consommationsintermédiaires a progressé de quelque 0,5% chaque trimestre(cf. graphiques suivants).

En moyenne annuelle toutefois, et compte tenu de leurprofil en 1998, les prix industriels ont encore enregistré en1999 une baisse de plus de 1%. Toutes les branches indus-trielles ont été touchées à des degrés divers, et particulière-ment celle des biens intermédiaires et des composants (cf.graphique). Ont échappé à ce mouvement moyen, les indus-tries de l’aéronautique, des matériaux de construction et decertains biens de consommation (métiers graphiques).

Entre mars 1999 et mars 2000, les prix des biens inter-médiaires se sont nettement redressés (+3,5% en glissement)et ont refait ainsi une partie du chemin perdu depuis l’été

Industrie

Services aux entreprises

-8

-6

-4

-2

0

2

4

6

8

10

00.198.196.194.192.190.188.186.1

Glissement annuel en F95, en %

Industrie et services aux entreprises*

Source : Comptes nationaux trimestriels base 95

Base 100 en 1995

Biens d'équipement

Automobile

IAA

Biens de consommation

Biens intermédiaires

90

100

110

120

130

140

150

00.199.399.198.398.197.397.196.396.1

Production des branches industrielles

Source : Insee, comptes nationaux trimestriels base 95

Page 27: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

1998. Cette reprise est particulièrement marquée dansles branches grosses consommatrices de pétrole ou de sesdérivés. Les prix de vente industriels des produits chimiques,en caoutchouc ou plastique, ont progressé de 5,6%, tiréspar les prix produits issus de la chimie organique (+33,6%).Ceux des métaux et produits métalliques (+4,3%) portentl’empreinte des prix des métaux non ferreux (+23,4%) ;ceux des produits en bois, papier ou carton (+3,6%) portentla marque des prix des produits de base, pâte et carton(+10,2%). Cependant l’ampleur des fluctuations de prixdans le cycle 1998-99 reste très en deçà de celle du cycleprécédent (1994-96). Le prix des produits textiles ne s’estredressé, et encore très légèrement, qu’à partir de décembre1999.

Dans le même temps, la baisse des prix de vente indus-triels des biens d’équipement et de l’automobile s’est pour-suivie à un rythme ralenti (-0,5%), l’indice synthétique re-gagnant même un peu de terrain depuis le mois d’octobre.

Les prix de détail des produits manufacturés ont baissé en1999 (-0,4%) malgré la bonne tenue des prix des produitsagroalimentaires qui ont profité des hausses festives de find’année. Ce résultat a été obtenu en dépit d’un raffermisse-ment général des prix en France et en Europe au second se-mestre. Les prix de détail sont tirés à la baisse par les biensd’équipement dont le poids s’affirme dans le budget des mé-nages. En 1999, l’automobile a aussi contribué à la baisse duprix des produits manufacturés.

Hors automobile, les prix des produits manufacturés ontprogressé à un rythme sensiblement constant entre 1992 et1997 (+0,1% chaque mois). Cette hausse résulte d’un doublemouvement : hausse régulière (+1,3% chaque année) des prixdes biens de consommation traditionnels (consommation cou-rante, agroalimentaire), et une stagnation des prix des biensnouveaux (produits professionnels). Par rapport à ces ten-dances, les évolutions des prix de détail se sont sensible-ment ralenties en 1998 et en 1999 (-0,8% et -0,6% respecti-vement).

28

95

96

97

98

99

100

101

99.497.495.493.491.4

Base 100 en 1995

Prix des consommations intermédiairesdes branches industrielles

Source : Insee, comptes nationaux trimestriels base 95

92

94

96

98

100

102

104

99.499.198.297.396.496.195.294.393.493.1

IAA

Biens deconsommation

Industrie

Biens intermédiaires

Biens d'équipement

Automobile

Prix de vente industriel

Source : Insee, comptes nationaux trimestriels base 95

Ensemble

Industrie

Automobile

-3

-2

-1

0

1

2

3

4

00.199.,198.197.196.195.194.193.1

Glissements en % sur 4 trimestres

Prix de la consommation des produits industriels

Source : Insee, comptes nationaux trimestriels base 95

Base 100 en 1995

Page 28: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

29

Tableau récapitulatif : principales caractéristiques de l’activité industrielle en 1999 et de ses composantes(production en valeur et évolutions moyennes en volume aux prix de l’année précédente)

Production de la branche V. A. Consom. FBCF Exportation Importationvaleur volume (%) branche totale (produit)

Viandes et lait 308,2 1,3 1,0 2,2 2,7 0,8

Autres Industries alimentaires 436,8 2,5 0,2 1,6 -0,4 1,0

Habillement et cuir 104,4 -2,7 -5,0 1,2 4,7 4,5

Édition, imprimerie, reproduction 216,8 2,8 0,7 0,5 1,3 7,2

Pharmacie, parfumerie, entretien 253,5 4,8 4,8 4,4 13,0 9,6

Équipement du foyer 167,6 1,9 1,0 4,4 -2,7 0,8 5,3

Construction et équipements automobiles 544,7 7,3 8,3 8,4 9,9 5,4 10,5

Construction navale, aéronautique 214,5 1,3 -2,6 3,8 15,8 1,7 12,7

et ferroviaire

Équipements mécaniques 384,4 3,3 3,3 0,0 5,7 -2,1 4,2

Équipements électriques et électroniques 306,9 8,9 10,6 34,2 13,9 8,2 7,4

Produits minéraux 159,9 1,4 0,5 1,5 0,5 4,2

Industrie textile 104,7 -2,4 -2,4 0,7 -2,2 3,1

Bois et papier 177,2 1,1 0,7 2,0 6,7 4,0

Chimie, caoutchouc, plastiques 422,7 1,8 2,2 1,1 5,2 5,3

Métallurgie et transformation des métaux 454,9 1,4 0,0 -0,9 2,4 -0,8 -1,3

Composants électriques et électroniques 174,8 2,7 5,6 3,0 2,0 6,2 5,0

Industrie manufacturière 4 432,1 3,0 2,4 3,5 8,4 3,6 5,4

Agriculture 472,1 1,1 1,5 1,2 4,4 2,8

Énergie 521,4 1,1 1,8 0,7 7,3 -3,2

Construction 919,9 5,1 4,0 0,9 6,5

Activités tertiaires non financières 5 749,8 3,7 3,1 2,4 6,2 -2,6 -4,0

Activités financières 725,2 3,1 4,5 1,0 -4,2 -19,0

Activités non marchandes 2 250,9 2,3 1,7 2,2

Ensemble des branches/produits 15 071,4 3,2 2,8 2,2 7,1 3,7 3,6Source : INSEE, comptes de la Nation

Page 29: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

La reprise du commerce mondialengagée en 1999

Après le brusque ralentissement du commerce mondialen 1998 (4,5% en volume après 10,5% en 1997), un redres-sement est intervenu au cours de d'année 1999. Bien qu'enmoyenne annuelle, les exportations mondiales progressentcomme en 1998 (+4,5% en volume), leur taux de progres-sion dépasse 6,5% au dernier trimestre de l'année 1999. Cerebond du commerce mondial s'explique, tout d'abord, par leredressement de la situation économique dans les pays émer-gents d'Asie. Ainsi, les importations de la Corée du Sud et despays de l'Asean ont augmenté de 17,5% en volume en 1999.De plus, le taux de croissance des exportations des pays endéveloppement est presque deux fois plus élevé (+8,5%) quele taux global.

En second lieu, le rebond des échanges mondiaux a étésoutenu également par l'accélération des importations del'Amérique du Nord (+10,5%), du fait de la persistance de lacroissance économique des États-Unis. En valeur, le com-merce mondial de marchandises s'est élevé à 5460 Md$ en1999, progressant plus rapidement (+3,5% en valeur) quecelui des services (+1,5%) qui atteint 1340 Md$. Les échangesindustriels en 1999 se sont caractérisés par le dynamisme

particulier des exportations de la branche automobile et del'industrie des technologies de l'information (téléphonesmobiles et matériels de bureau).

Les perspectives pour l'année 2000 sont positives. La pro-duction mondiale devrait s'élever à + 3,5% en volume, et letaux de croissance des exportations mondiales devrait

C H A P I T R E 3

L’industrie françaiseconforte sa présence

internationale

Pour la troisième année consécutive selon la déclaration des douanes, l'excédent commercial global se situe àun niveau élevé en 1999 (112 MdF Fab-Fab). Cependant, il est en recul par rapport à celui de 1998, du faitd'une facture énergétique alourdie et d'une forte contraction des ventes de matériel militaire.Le solde commercial de l'industrie civile demeure toujours important. Dans un contexte de change favorable,la compétitivité des entreprises industrielles françaises est attestée par la stabilité de leurs parts de marchédans le monde et par le montant élevé de grands contrats. Si les échanges avec les pays industrialisés del'OCDE et de l'Union européenne se développent favorablement, les déficits commerciaux augmententavec les pays émergents, notamment asiatiques. Enfin, l'internationalisation de l'industrie françaises'accentue en 1999, avec une très forte progression des investissements directs à l'étranger.Cette progression illustre la solidité financière des entreprises françaises ainsi que leur volonté de pénétrerles marchés les plus dynamiques à l'étranger.

0

2%

4%

6%

8%

10%

12%

1999199819971996199519941993199219911990

PIB mondial Exportations mondiales

Croissance en volume de la production mondialeet des exportations mondiales de marchandises

Source : OMC avril 2000

31

Page 30: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

atteindre au moins + 6,5%. L'essentiel de la croissance devraitconcerner en particulier l'Europe occidentale et à un degrémoindre les pays de l'Amérique latine, du Moyen-Orient etles économies en transition de l'Europe de l'Est. En revanche,les importations de l'Amérique du Nord et des pays émer-gents d'Asie, qui ont progressé très fortement en 1999,devraient évoluer de façon moins dynamique.

Enfin, parallèlement à la reprise du commerce mondial,les investissements directs à l'étranger ont atteint, en 1999, leniveau record de 800 Md$, sous l'effet d'une croissanceexceptionnelle des acquisitions et fusions. Toutefois, selonl'OMC, les investissements directs à destination des paysémergents stagnent à 150 Md$.

Reprise des échanges commerciauxfrançais à partir du 2e trimestre 1999

En 1999, la croissance en valeur des flux d'échangesralentit nettement (en moyenne annuelle) : +2,8% après +6,4%en 1998 à l'exportation et +4,9% à l'importation après +8,2%en 1998. Cette évolution globale résulte d'un recul deséchanges en début d'année, suivi d'une reprise.

Évolution en valeur des échanges commerciauxentre 1998 et 1999

En % par rapport à l'année précédente 1998 1999

export import export import

En MdF 1803 1661 1854 1742

Total Fab/Fab 6 8 3 5

Agriculture 0 1 2 -2

Énergie -6 -21 6 17

Industrie manufacturière 8 11 4 5

Ind. agroalimentaire 0 5 -1 -1

Industrie civile 7 11 3 4

Automobile 13 23 7 12

Biens de consommation 8 11 6 5

Biens d’équipement 11 13 5 7

Biens intermédiaires 5 8 1 1

Armement 4 14 -39 2Source : Douanes

Note : Les chiffres sectoriels sont Caf/Fab

Dès le deuxième trimestre de 1999, les exportations ontenregistré un rebond très marqué et elles ont été très dyna-miques au troisième trimestre. L'accélération des échangesconcerne tous les secteurs. Elle a commencé avec le redres-sement des échanges des biens intermédiaires à la fin dupremier trimestre 1999.

Une facture énergétique alourdieConcernant l'évolution des importations, l'événement mar-

quant de 1999 est l'alourdissement de la facture énergétique :les importations de produits énergétiques ont augmenté deplus de 17% en valeur. Ceci est dû à la forte remontée des courspétroliers (le prix est passé de 9,9$ en début d'année à 25,6$/ba-ril en fin d'année, la hausse en moyenne annuelle étant de40%), liée aux décisions de réduction de la production del'OPEP et au redressement de la consommation des pays asia-tiques. Ce renchérissement du prix du pétrole, conjugué avecl'appréciation du dollar (+4% par rapport au franc) a creuséle déficit français de l'énergie.

En dehors du secteur de l'énergie, les importations ont eutendance à être en retrait par rapport à 1998. La décélération

des importations concerne toutes les branches. Mais, pour lesbiens d'équipement et surtout pour l'industrie automobile(plus de 12%) les importations sont restées dynamiques.

Baisse des exportations de matérielmilitaire

L'évolution la plus marquante en 1999 reste le recul spec-taculaire des exportations de matériel militaire (-39%), quirésulte du caractère exceptionnel de certains contrats devente signés en 1998.

Les exportations des produits manufacturiers ralentissentégalement en 1999, contrairement aux exportations des pro-duits de l'agriculture et de l'énergie. Toutefois, la vigueur desexportations reste de mise pour l'industrie automobile, lesbiens d'équipement et les biens de consommation, dont lesexportations progressent de 5% ou plus.

Un solde commercial global élevé(112 MdF) mais en recul

Pour la septième année consécutive, le commerce exté-rieur français enregistre un excédent. En 1999, le montant del'excédent atteint 112 MdF soit 17 Md€ (Fab-Fab y comprisle matériel militaire), soit le troisième excédent de ladécennie par son ampleur.

-100

-75

-50

-25

0

25

50

75

100

125

150

175

1999199819971996199519941993199219911990

En MdF

Évolution de la balance commerciale

Source : Douanes

-100

-75

-50

-25

0

25

50

75

100

125

1997

Agriculture Énergie IAA Industriecivile

Matérielmilitaire

En MdF

1998 1999

Évolution des soldes des branches industrielles

Source : Douanes

32

Page 31: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Pour la deuxième année consécutive, le niveau de l'ex-cédent commercial diminue de 30 MdF en 1999. Deux fac-teurs principaux contribuent à ce recul du solde : l'alourdis-sement de la facture énergétique (16 MdF) et la diminutionde l'excédent du matériel militaire (11 MdF).

Maintien d'un solde importantde l'industrie manufacturière

En 1999, l’excédent de l’industrie civile s’élève à 61 MdF(Caf-Fab), soit 9 Md€ (69 MdF en 1998). Si l’on y ajoute lesproduits des industries agroalimentaires, l’excédent des pro-duits manufacturés s’élève à 107 MdF au lieu de 115 MdF en1998.

Note : les statistiques fournies par les Douanes concernant les résultats du commerceextérieur en 1999 relèvent de la Nomenclature économique de synthèse (NES).

L'industrie automobile à haut régime En 1999, l'industrie automobile dans son ensemble

demeure la branche industrielle la plus dynamique à l'expor-tation et reste ainsi le grand contributeur à l'excédentcommercial global. La bonne santé du marché européena favorisé la progression des exportations (+7%). Cela étéle cas en particulier pour le commerce des équipementspour automobile (+13%), qui présente un excédent en fortehausse (+3,3 MdF). Les exportations vers l'Espagne, leRoyaume-Uni, la Turquie et les États-Unis ont fortementaugmenté.

Les exportations des produits de la construction auto-mobile ont été moins fortes (+4%) que les importations (+12%)en moyenne annuelle. Mais les ventes ont été très dynami-ques au second semestre, et surtout avec l'Espagne (+10,8%)et l'Italie (+14,5%). Les performances des constructeurssont bonnes : la part de marché européenne du groupePSA, en termes d'immatriculations automobiles, passe de11,4% en 1998 à 12,1% en 1999 et celle de Renault de 10,7%à 11%.

Parallèlement, les importations françaises de véhiculesautomobiles ont augmenté de 12% en 1999, soutenues par lebas niveau des taux d'intérêt et la multiplication des nou-veaux modèles. La vigueur des importations ramène à

23 MdF (soit - 8 MdF) l'excédent de la construction auto-mobile.

Évolution des flux et des soldes commerciaux1999-1998

Industries Solde Écart Export Import

Caf/Fab 1999 99/98 1999 1999

MdF MdF % MdF %

Automobile 53 -5,1 249 7 196 12

Équipements pr autom. 30 3,3 80 13 50 14

Construction automobile 23 -8,4 169 4 146 12

Biens d’équipement 38 -2,4 455 5 417 7

Avions trains, bateaux 51 6,4 135 14 85 13

Électriques électroniques -16 -3,9 160 4 176 6

Équipements mécaniques 4 -4,9 160 0 156 3Source : Douanes

Biens d'équipement : un excédent élevégrâce à l'Airbus et aux radiotéléphones

La vigueur du secteur des biens d'équipement s'appuie engrande partie sur le dynamisme de l'industrie des transports.La construction aéronautique bat tous ses records, en déga-geant un excédent de 52 MdF, en hausse de 12 MdF par rap-port à 1998. Pour la 3ème année consécutive les ventesd'Airbus établissent différents records : 166 appareils expor-tés en 1999, 19 vers le Moyen-Orient, 65 appareils vendus versl'Europe et 48 appareils vers l'Amérique du Nord. Enrevanche, les exportations en Asie diminuent de plus de lamoitié par rapport à 1998.

33

-40 -20 0 20 40 60 80

B. consommation

B. intermédiaires

B. d'équipement

IAA

Automobile

en MdF

1997 1998 1999

Évolution des soldes des différents secteurs industriels

Source : Douanes

Le secteur des technologiesde l'information (TIC)

En 1999, le déficit commercial global du secteur des TIC s'élèveà -23 MdF au lieu de -21 MdF en 1998. Cet alourdissement du dé-ficit s’explique essentiellement par la détérioration des échangesde matériel informatique (-5 MdF) et dans une moindre mesure parcelle de matériel électronique grand public (-1,5 MdF).

Par contre, l'excédent de la branche des télécommunications, undes points forts du commerce extérieur français, s'élève à 19,5 MdFet s’améliore de 4,7 MdF par rapport à 98. En revanche, la pro-gression des importations de composants électroniques (+3%)réduit l’excédent 98 de cette branche de 1,5 MdF.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Informatique

Composants

Télécommunications

Électroniquegrand public

en MdF

Importations Exportations

Les exportations et les importations liées aux technologiesde l’information et de la communication

Source : Douanes

Page 32: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Le dynamisme des échanges d'équipements électriqueset électroniques s'atténue légèrement et le secteur reste trèsdéficitaire. Mais, les importationss des appareils d'émissionset de transmission du son et de l'image (+25%, voire +31%pour les téléphones mobiles) et du matériel médico-chirurgical(+14%) sont vigoureuses.

En revanche, les échanges d'équipements méca-niques sont en nette perte de vitesse en 1999, et l'excédentatteint son plus faible niveau depuis 1993. Au total, l'excé-dent du secteur des biens d'équipement se maintientà un niveau élevé (plus de 38 MdF), en léger retrait(-2,4 MdF).

IAA : une diminution des échangesmais un excédent stable

Les échanges des produits de l'industrie agroalimentaire,en légère diminution, se traduisent par une stabilité de l'ex-cédent (46 MdF). Les exportations de boissons s'accroissentà un rythme rapide (+6%). Avec les festivités de l'an 2000, lesventes de champagne ont augmenté de plus de 35%, aprèsles hausses de 16% des deux années précédentes.

Les hausses ont été très marquées à destination des États-Unis (+50%) et Canada. Par ailleurs, la chute des ventes decognac est enrayée, mais les ventes de vins sont en diminu-tion.

Évolution des flux et des soldes commerciaux1999-1998

Industries Solde Écart Export 99/98 Import 99/98

Caf/Fab 1999 99/98 1999 % 1999 %

MdF MdF MdF

Produits IAA 46 -0,2 175 -1 129 -1

Biens intermédiaires -1 -2,6 586 1 586 1

Chimie, caout. Plast 12 +2,6 221 3 209 2

Composants électr. 14 -2,5 113 2 99 5

Métaux et prod. mét -3 -1,1 122 -5 125 -4

Prod. minéraux -4 -0,8 35 0 39 2

Prod. indust. textile -4 -0,9 46 -3 50 -1

Prod. bois, papier -16 0,0 48 4 65 3

Biens de consommation -28 +1,1 252 6 280 5

Pharmacie parfum. 42 +5,9 113 12 71 10

Édition, imprimés 0,0 -0,2 12 1 12 3

Habillement, cuir -37 +0,4 48 5 85 2

Éq. du foyer -33 -5,0 79 1 112 5Source : Douanes

Biens intermédiaires : un léger déficitmais la chimie est en hausse

Le solde des échanges de biens intermédiaires est légè-rement déficitaire (-1 MdF en 99), se réduisant de 2,6 MdFpar rapport à 98. La branche des composants électriques etélectroniques, voit son solde diminuer. Il s'agit de la brancheindustrielle la plus exposée à la concurrence internationaleet présentant le taux de pénétration du marché intérieur leplus élevé (61%, la moyenne étant de 35%).

De plus, les échanges sont en recul pour l'industrie texti-le, secteur exposé à la concurrence internationale, et dont ledéficit augmente à nouveau. En revanche, le solde du sec-teur chimie, caoutchouc et plastiques est en hausse.

Biens de consommation :un déficit allégé grâce aux fortesventes de médicaments

En 1999, les produits de la pharmacie et de la parfume-rie, qui constituent le principal moteur de la branche, con-naissent un excédent record de 42 MdF, en progression de6 MdF. En particulier, les échanges de médicaments connais-sent un essor dynamique, qui font de ce secteur un des fleu-rons du commerce extérieur français, avec un taux de cou-verture supérieur à 150%. Autre point fort du commerceextérieur français, les exportations de parfums sont stablesdepuis deux ans.

Le secteur de l'habillement-cuir conserve un dynamismeproche de celui de 1998, son déficit se réduisant seulementde 400 MF.

34

Les grands contrats à un très bon niveauen 1999

Avec 182 MdF (28 Md€), le montant total des grands contrats en 1999est en repli (-18%) par rapport au niveau record atteint en 1998.Mais il reste à un très bon niveau, équivalent à celui de 1997 et su-périeur de moitié aux performances moyennes de la décennie. C'estl'un des trois meilleurs résultats de la décennie, ce qui confirme labonne tenue du commerce extérieur français.

La baisse des commandes constatées dans le secteur aéronau-tique et spatial correspond à l'entrée du marché dans la phasedéclinante de son cycle. Sur ce secteur subissant un repli conjonc-turel, les commandes d'Airbus, avec 55% de part de marché, ont dé-passé celles de son rival américain. Le montant des contrats civilshors aéronautique revient dans la fourchette observée sur le moyenterme (55 à 65 MdF). Le secteur de la défense est en baisse maisreste à un niveau honorable. La structure géographique des grands contrats évolue progressi-vement, alors que les pays en développement qui représentaientles deux tiers des grands contrats au début des années 1990, n'enreprésentent plus que la moitié. En 1999, l'Amérique du Nord aconforté sa position de première destination des grands contratscivils (plus du tiers du montant), avec une hausse de 17%. Les pays de l'Asie en développement confirment leur sortie de cri-se et enregistrent une vive progression (+41%), grâce à la reprisedes commandes aéronautiques.En revanche, le montant des grands contrats civils a diminué pourla plupart des autres régions en développement, notamment enAmérique latine (-38% par rapport à 1998) ainsi qu'en Afrique.

0

50

100

150

200

250

300

19991998199719961995199419931992

en MdF

Aéronautique

Total

Contrats civils

Militaire

Évolution du montant des grands contrats

Source : direction des Relations économiques extérieures (postes d’expansion économique)

Page 33: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

35

En revanche, le déficit des équipements du foyer, avecnotamment les produits de l'électronique grand public, aug-mente de près de 5 MdF, du fait de la croissance faible desexportations et de la hausse (+5%) des importations.

Détérioration des échanges et dessoldes avec les zones émergentes

En 1999, 84% des exportations françaises se font avecles pays de l'OCDE et 63,6% avec les pays de l'Union euro-péenne. La concentration des échanges extérieurs de la Franceavec les autres pays industrialisés s'est encore accentuée parrapport à 1998. En effet, les exportations françaises en 1999sont en baisse vers la plupart des zones émergentes (à l'ex-ception des PECO), malgré un net redressement au cours dusecond semestre :

- 15,7% vers l'Asie en développement rapide ; - 15% vers l'Amérique latine du fait de la crise brési-

lienne - 21,7% vers la CEI du fait de la crise russe. Si le solde avec les pays européens et celui avec l'Amé-

rique du Nord se sont améliorés en 1999, ils ne compensentque partiellement la baisse du solde commercial avec les paysémergents.

L'excédent commercial avec l'Europeprogresse

Après avoir diminué en 1998, l'excédent commercial vis-à-vis des pays de l'Union européenne augmente en 1999 de22,5 MdF pour dépasser 84 MdF. Ceci intervient dans uncontexte de ralentissement des échanges (+3,7% à l'exporta-tion et +1,8% à l'importation) Avec les pays de la zone euro,l'excédent est de 27 MdF seulement.

Parmi les principales améliorations commerciales figurentles pays suivants dont la croissance interne a permis uneaugmentation soutenue des échanges :

- l'Espagne, qui devient le troisième partenaire de laFrance (devant l'Italie) et son principal excédent commercial(+47 MdF) ;

- le Royaume-Uni, deuxième partenaire commercial etdeuxième excédent commercial (+40 MdF).

- La Belgique, cinquième excédent commercial français(+11 MdF) et important marché francophone de proximité.

Avec l'Italie, les importations sont en très légère baisse(-0,5%) et les exportations progressent légèrement (+2%).Avec l'Irlande, le déficit s'atténue (-17 MdF en 1999 au lieude -20 MdF en 1998).

Avec l'Allemagne, premier partenaire commercial, le dé-ficit industriel se creuse. En 1999, les exportations vers cepays sont restées faibles (+0,2%) et le déficit bilatéral s'està nouveau détérioré (-8,5 MdF), pour atteindre son niveau leplus important depuis 1992. Cet affaiblissement résulte aumoins pour partie de la mauvaise situation conjoncturelleconnue par l'Allemagne en début d'année

Le dynamisme des échanges avecles zones géographiques prochesde l'Union européenne

Les échanges avec la Pologne font une percée remarqua-ble, avec une hausse de plus de 8% des exportations et des im-portations, qui est liée au développement rapide de ce pays.

Il en est de même avec la Turquie, autre pays candidat àl'entrée dans l'Union européenne. Les importations augmen-tent de 25% et les exportations augmentent de plus de 11%.Parmi les exportations vers ce pays figurent l'équipement au-tomobile, la chimie et la parachimie mais aussi les produitsde la construction aéronautique.

Avec les pays du Proche et Moyen-Orient, le montantdes exportations atteignent le montant record de 48 MdF(+18% par rapport à 1999) qui s'explique par la vente denombreux Airbus (9 MdF, soit 19 avions). Par ailleurs, lesimportations progressent de 13% du fait de la forte augmen-tation du pétrole.

En 1999, les Émirats arabes unis deviennent le premierclient de cette région, devançant l'Arabie saoudite.

Le dynamisme des échanges avecl'Amérique du Nord se confirme

En 1999, les flux commerciaux entre la France et les États-Unis ont nettement progressé : les exportations augmententde 7,4% et les importations de 4,9%. La poursuite de l'ex-pansion économique des États-Unis et un contexte de chan-ge favorable ont permis à la France d'afficher son plus faibledéficit commercial vis-à-vis des États-Unis depuis 1990. Ledéficit français s'est réduit à 13,4 MdF au lieu de 23,4 MdFen 1997. Ce n'est plus que le 6e déficit bilatéral.

L'équipement électrique et électronique, les boissons(champagne et cognac), les produits pharmaceutiques et lesparfums sont les branches qui connaissent les plus forteshausses à l'exportation. Avec le Canada, les exportations ontaugmenté de plus de 38% et ont concerné les ventes de laconstruction aéronautique.

Avec l'Asie, le déséquilibre des échangeset le déficit global s'accentuent

En 1999, le déficit commercial avec le continent asia-tique s'est creusé, passant de -53 MdF en 1998 à -81 MdF en1999. Ce déficit est presque égal à l'excédent dégagé par laFrance en 1999 avec l'ensemble des pays de l'Union euro-péenne. Le creusement du déficit correspond à la vigueur desimportations, notamment de biens d'équipement, de biensintermédiaires et de biens de consommation. En 1999, les

-100

-80

-60

-40

-20

0

20

40

60

80

100

Unioneurop.

Europe(hors UE)

Afrique MoyenOrient

Amérique Asie Divers

En MdF

1997 1998 1999

Évolutions des soldes commerciaux par zones en 1999

Source : direction des Relations économiques extérieures

Page 34: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

importations françaises ont augmenté de 9,5% au lieu de labaisse de 12,5% en 1998.

Malgré un bon troisième trimestre 1999, les exportationsvers l'Asie dans son ensemble baissent de plus de 6% Enparticulier, les exportations de biens d'équipement chutent deprès de 30% de leur valeur par rapport à 1998. La baisse s'ex-plique surtout par celle des fortes opérations (essentiellementles Airbus), conséquence attardée de la crise asiatique.Les exportations d'Airbus, qui s'élevaient à 27 MdF en 1998,n'atteignent que 11 MdF en 1999.

Évolution des échanges commerciauxavec les pays d'Asie

Pays Solde Import 99/98 Export 99/98

MdF en % en %Asie -81 211 10 130 -7Japon -35,1 63 11 27 2Chine -29,5 49 16 20 3ASEAN -18,8 46 5 27 -22Taïwan -6,6 16 12 9 -25Singapour -1,4 13 11 12 2Corée -1,4 11 10 11 15Hong Kong 7,1 4 -1 12 -35

Source : Douanes

Hors la baisse de ces fortes opérations, les exportationsfrançaises, notamment vers la Corée du Sud, se redressent(+11,5%) en lien avec la sortie de crise réalisée par les éco-nomies de cette zone.

Les lourds déficits se creusent avec le Japon et la ChineC'est la forte progression des importations d'automobiles

japonaises ainsi que les importations très élevées de produitsinformatiques qui expliquent la progression du très lourd dé-ficit bilatéral avec le Japon.

En 1999, les importations françaises de Chine augmen-tent de 16%, avec une place prépondérante (plus de lamoitié) aux importations de biens de consommation. La Chineest le 3e fournisseur de biens de consommation de laFrance, derrière l'Italie et l'Allemagne : plus de 50% desimportations relèvent de cette branche. Surtout, elle est lepremier fournisseur de la France pour les chaussures ainsique pour les jeux et les jouets. De plus, elle occupe ledeuxième rang pour l'habillement et le cuir, juste derrièrel'Italie.

Les exportations françaises vers la Chine progressent peu,avec +3,4% en 1999 (15,8% en 1998), à l'exception desexportations de biens intermédiaires. Le déficit bilatérals'alourdit de 6 MdF et atteint 29 MdF en 1999.

Les pays de l'Asean : chute des exportations d'AirbusBien que les échanges connaissent une reprise depuis avril

1999, les exportations vers les pays de l'Asean diminuent de22%. Les ventes d'avions à destination de ces pays ne repré-sentent qu'un MdF 1999 (10 MdF en 1998). Les importationsde ces pays augmentent de seulement 5%. En 1999, le défi-cit avec ces pays s'élève à 18 MdF.

Une contraction des marchéssud-américains et africains

Les exportations vers l'Amérique latine ont baissé de 15%au cours de l'année et les importations de 1%. Ce sont lesbranches des biens d'équipement et des biens intermédiairesqui subissent l'érosion la plus importante. De même, les ex-portations diminuent de 6% en 1999 et les importations en pro-venance d'Afrique stagnent depuis deux ans. L'effondrementdes cours des matières premières agricoles expliquent unepartie de la baisse.

L'industrie française maintientsa position compétitive

Globalement, une relative stabilitédes parts de marché en volume...

En 1999, la part de marché en volume de la Francepar rapport aux 24 pays de l'OCDE se dégrade très faible-ment (-0,1 point). Elle se maintient même à son niveaumoyen des dix dernières années, contrairement à la grandemajorité des principaux pays de l'OCDE (léger recul pourl'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie, très fort dans le casdu Japon).

36

L'impact indirect de la crise asiatique

La crise asiatique, et sa généralisation à d'autres zones émergentes,a eu un impact particulier sur l'évolution des exportations françaisesde produits manufacturés, entre la mi-1997 et 1999. Les exportationsfrançaises baissent moins fortement et plus tardivement que cellesde la plupart des autres pays de l'Union européenne.Le tassement de la demande en provenance directe des zonesémergentes aurait contribué à près d'un tiers du ralentissement desexportations françaises en 1998, du fait de la faible part des ventesà destination de ces pays (12% au lieu de 20% en moyenne pourles autres pays de l'Union européenne).L'essentiel du ralentissement provient plus indirectement de la dé-célération de la demande en provenance des pays les plus indus-trialisés, plus exposés à la crise asiatique.

L'OMC : les perspectives post-Seattle

L'échec de la Conférence de Seattle s'explique principalement parles divergences entre les membres de l'OMC. Les dissensions ontporté sur le contenu à assigner au futur cycle en ce qui concerneles nouvelles dimensions des échanges (le volet social et lesnouveaux sujets) et sur les questions traditionnelles de l'accèsau marché (agriculture, textile et antidumping). Le lancement d'unnouveau cycle dépend de l'évolution des positions de nos parte-naires en premier lieu des États-Unis et des pays en développe-ment (PED). En terme de stratégie, la Commission de l'Union européenne a tou-jours pour but de lancer rapidement un cycle global de négociation.Elle cherche des alliances avec ses partenaires et notamment lesPED. Enfin, des propositions sur l'organisation de l'OMC et sur sonfonctionnement, inspirées de l'expérience de Seattle, seront pré-sentées.Pour les industriels français, c'est la mise en œuvre qui, à ce sta-de, mérite le plus d'attention, en particulier sur les flexibilités quel'Union européenne pourrait être tentée de concéder aux PED dansle cadre de sa stratégie d'alliance.En définitive, l'industrie française a aujourd'hui plus d'intérêtsoffensifs que défensifs. Elle a donc intérêt à l'ouverture desmarchés tiers notamment émergents (pour les biens d'équipementet les biens intermédiaires) et à l'élimination des pics tarifairesaméricains (textile, verre pour la table) et japonais (chaussure).

Page 35: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

…mais faiblesse des positionsaux États-Unis et en Asie

L'évolution des parts de marché en 1999 se maintient enEurope et en Amérique latine. Toutefois, on constate surtoutune baisse généralisée des parts de marché de la France surles marchés asiatiques et nord-américains. Notre part de mar-ché de l'ordre de 2% avec les pays émergents de l'Asie demeurefaible.

Un environnement de change favorableLes conditions de change sont depuis le début de l'année

favorable aux exportations françaises. La dépréciation conti-nue de l'euro vis-à-vis du dollar (-11% sur le premier semestrede 1999) induit d'importants gains de compétitivité-prix desproduits français. Le taux de change effectif de la France vis-à-vis de 42 pays se déprécie fortement en termes réels : en glis-sement annuel en novembre 1999, il perd 6,1% contre 4,6%seulement en termes nominaux. A la fin de l'année 1999, letaux de change effectif réel de la France a atteint un pointbas historique, retrouvant son niveau d'août 1997, avant lacrise asiatique.

Bonne tenue des coûts salariaux La croissance modérée des salaires, et surtout les gains de

productivité liés à la bonne conjoncture, sont à l'origine d'unemoindre progression du coût salarial unitaire en France. Dansce contexte de bonne tenue des coûts salariaux, la compéti-tivité-coût de la France s'est fortement améliorée en 1999 parrapport à ses 24 partenaires de l'OCDE, progressant de 3,5%au premier semestre et de 1,8% au second semestre. Aprèsavoir connu un très fort redressement depuis 1996, la com-pétitivité-coût française à la fin 1999 est supérieure de plusde 13% à sa moyenne des vingt dernières années.

Amélioration de la compétitivité-prix La compétitivité-prix de la France par rapport aux 24 pays

de l'OCDE s'est également améliorée, rejoignant à la fin del'année sa moyenne à long terme. L'essentiel de sa progres-sion a eu lieu au premier semestre (+6%), la notable amélio-ration de la compétitivité-coût ayant été renforcée par uneffort de marge des exportateurs français.

De bonnes perspectives pour l'industriefrançaise en l'an 2000.

La reprise des échanges amorcée au second semestre 1999devrait se poursuivre en l'an 2000. Les carnets de commandesdes entreprises restent très bien garnis. Les exportations de-vraient être soutenues par la demande en provenance des par-tenaires de l'Union européenne et par l'amélioration conjonc-turelle dans les zones émergentes (Asie, Amérique latine etProche et Moyen Orient). Parallèlement, les importationsfrançaises devraient progresser vivement conformément à lavigueur de la demande intérieure en produits manufacturés età la forte poussée des exportations.

Dans ce contexte, il peut être estimé que le solde de l'in-dustrie civile pourrait encore progresser, la demande mon-diale adressée à la France étant plus dynamique que la de-mande intérieure. Mais l'alourdissement de la factureénergétique, du fait de cours pétroliers se maintenant à un ni-veau élevé, devrait à nouveau peser sur l'excédent commer-cial français.

37

Léger retrait de l’excédentdu compte de transactions courantes

Pour l’année 1999, l’excédent des transactions courantes esten léger retrait par rapport au niveau record de 1998 : il s’établit à226,2 MdF, soit 2,6% du PIB, contre 236 MdF, soit 2,8% du PIB en1998. L'excédent courant français demeure en termes relatifs leplus important des pays du G7 avec celui du Japon. Le solde deséchanges de biens et services reste stable à 265,9 MdF. Ce résul-tat est à rapprocher des performances :- des échanges de biens, qui demeurent à peu près stables(140,4 MdF, au lieu de 154 MdF en 1998).- de l’amplification du solde excédentaire des services (125,4 MdFen 1999 au lieu de 110 MdF en 1998). La France est le 3èmeexportateur mondial derrière les États-Unis et le Royaume-Uni, avecune part de marché de 5,9% contre 18,8% et 7,6%. Le poste tourisme atteint le niveau historique de 85 MdF (+8%),la France étant la troisième destination mondiale en termes derecettes après les États-Unis et l'Italie.- Le solde des revenus reste positif mais il se contracte à 16,6 MdF,contre 30 MdF en 1998. - Le déficit des transferts courants reste remarquablement stable(56,3 MdF).Source : direction du Trésor (chiffres provisoires).

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

22

24

9998979695949392919089888786858483828180

USA

France

Italie Royaume-Uni

Allemagne

Japon

En %

Évolution des parts de marché relatives (en volume) depuis 1980

Source : direction de la Prévision

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

22

24

99-299-198-298-197-297-196-296-195-295-1

USA

France

ItalieRoyaume-Uni

Allemagne

Japon

En %

Évolution des parts de marché relatives (en volume)durant la période récente

Source : direction de la Prévision

Page 36: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Évolution de la balance courante

1997 1998 1999

Marchandises 157 154 140,4

Services (tourisme) 106 110 125,4

Autres services 0 0 0;;;

Revenus 19 29 16,6

Transferts courants -56 -56 -56,3

Transactions courantes 226 236 226,2Source : estimations Insee

L'internationalisation de l'industriefrançaise se renforce

Essor mondial des investissementsdirects à l'étranger

En 1999, l'essor des flux d'investissements directs dans lemonde s'est poursuivi : le montant des flux s'est élevé à en-viron 800 Md$, en progression de 25 % par rapport à 1998.Déjà entre 1997 et 1998, les flux d'investissements directs àl'étranger (IDE) avait augmenté de 40%, passant de 464 Md$à 644 Md$.

Cet essor des IDE se fait sous la poussée des fusions etacquisitions transfrontalières, qui sont devenues, au coursdes années 90, la forme privilégiée des IDE, à la place des créa-tions de filiales, des transplants ou cessions de licences.

Cette progression des F&A dans le monde est confortéepar des mutations sectorielles :

a. l'accroissement de l'intensité concurrentielle dans lestélécommunications ;

b. les restructurations dans les secteurs anciennementinternationalisés, comme l'automobile, la chimie, les hydro-carbures et les banques ;

c. l'accélération de l'internationalisation des firmes d'in-génierie et de conseil.

Si la plupart des pays industrialisés participent à l'essoractuel des IDE, les investissements français à l'étranger sontparticulièrement dynamiques.

Des investissements directs françaisà l'étranger en très forte progression

Progressant pour la quatrième année consécutive, lesinvestissements directs français à l'étranger atteignent, en1999, le montant record de 543 MdF, (83 Md€). soit 2,3 foisplus qu'en 1998.

Ce montant est comparable à celui atteint par l'Allema-gne : 573 MdF (86 Md€). Il illustre la forte capacité d'in-vestissement et la solidité financière des entreprises fran-çaises. La France conforte sa place de cinquième investisseurà l'étranger derrière les États-Unis, le Royaume-Uni,l'Allemagne et le Japon.

Par rapport à 1998, les flux progressent quelle que soitla catégorie de transactions concernées. Les opérations encapital sont multipliées par deux : 359 MdF (55 Md€).L'intensification des opérations de fusion-acquisitiontransfrontalières menées par les entreprises françaises expli-quent ce dynamisme (Rhône-Poulenc-Hoechst, Total-Petrofinaet Renault-Nissan, etc). Les mouvements de trésorerie148 MdF (+42%) et les bénéfices réinvestis progressentégalement.

Cette progression remarquable des IDFE souligne l'ef-fort de pénétration des marchés étrangers qui est poursuiviedepuis quatre ans par les entreprises françaises. Ces implan-tations sont motivées par la volonté d'accéder à des marchésde taille plus importante ou en croissance plus rapide queleur marché intérieur.

Ces flux financiers sont dirigés à plus de 90% vers lespays industrialisés, et notamment vers l'Union européenne(53% du total). L'Allemagne est devenue le premier pays dedestination (35% du total) devant les États-Unis (29%), leRoyaume-Uni (6,3%) et le Japon (6,2%). Mais les entrepri-ses françaises se portent de plus en plus vers les marchéslointains : États-Unis et pays émergents d'Asie et d'Amériquelatine, Brésil notamment. Ces flux contribuent à l'accroisse-ment des stocks d'investissements directs à l'étranger,évalués à la fin 1998, à 4 146 MdF en valeur de marché(soit 633 Md€).

Les entreprises qui investissent à l'étranger sont princi-palement intéressées par les secteurs de l'intermédiationfinancière et les services aux entreprises (32,5%), devant lesindustries manufacturières (27,5%).

Les flux IDFE et IDEF en 1998 (en MdF)hors bénéfices réinvestis

Secteurs industriels en % Flux IDFE Flux IDEF

S/s total ind. manufact. * 23,8 20,1

dont produits chimiques 4,0 8,18

Métaux 2,4 2,58

Produits alimentaires 1,5 0,8

Véhicules à moteur 1,4 -0,1

Autres matériels de transport 1,3 0,2

Textile habillement 0,8 2,1

Construction mécanique 0,5 1,1

Bois, édition, imprimerie 0,3 1,5

Caoutchouc et plastiques 0,1 0,6

Matériel de communication 0,1 1,5

Équipement de bureau -0,3 -0,2* % de 1998Source : Banque de France

38

-600

-525

-450

-375

-300

-225

-150

-75

0

75

150

225

300

19991998199719961995199419931992199119901989

En MdF

IDFE IDEF Solde

Évolution des investissements directs français à l’étranger(IDFE) et des investissements étrangers en France (IDEF)

Source : direction du Trésor, direction des Relations économiques extérieures et Banque de France -données provisoires sur 12 mois.

Page 37: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

39

La France, un des premiers paysd'accueil des investissements directsétranger (IDEF)

En atteignant 230 MdF (soit 35 Md€), les investisse-ments directs étrangers en France progressent en 1999 deprès de 40% par rapport à 1998. La France continue de figu-rer parmi les toutes premières zones d'accueil de l'investis-sement direct. En 1998, elle se situait au quatrième rang despays industrialisés derrière les États-Unis, le Royaume-Uniet les Pays-Bas. Ces flux augmentent les stocks d'investisse-ments directs étrangers en France, évalués à la fin 1998 à2 982 MdF (soit 455 Md€).

Dans le montant total des IDEF, les opérations en capital,qui correspondent à l'implantation de nouveaux établisse-ments, à des augmentations de capital ou à des rachats d'en-treprises, restent stables (90 MdF). En revanche, les flux netsde trésorerie avec 116 MdF (+64%) et les bénéfices réinves-tis, avec 24 MdF, progressent par rapport à 1998.

Des IDEF ciblés sur le secteurdes technologies de l'information

Les industries manufacturières attirent 25,5% des fluxd'investissements directs étrangers alors que les secteurs desservices aux entreprises et de l'intermédiation financière enattirent la majeure partie (58,3%). En 1999, la progressiondes IDEF dans le secteur des technologies de l'information s'estconfirmée. Environ 15% des 31 700 emplois que les IEF au-raient contribué à maintenir ou à créer (Datar) relèvent de cesecteur. Les investissements américains se distinguent dansces technologies : Dell à Montpellier, Sun Microsystems et3Com. Par ailleurs, la croissance du secteur "conseil-ser-vices", couvrant les activités de "centre d'appels et de logis-tique" se confirme également avec 13% des emplois. Lesfilières "bois/ papier et verre/céramique" enregistrent égale-ment une progression, avec 11% des emplois. En revanche,le secteur de l'automobile enregistre une baisse dans lesdécisions d'investissements étrangers en France.

Les statistiques des investissementsdirects étrangers

Les investissements directs étrangers en France (IDEF) font l'objetde statistiques établies, les unes par la Banque de France en ma-tière de flux et de stocks, et les autres, par le SESSI concernant lesactivités des filiales étrangères dans l'industrie en France. La Banque de France, appliquant la méthodologie recommandéepour les statistiques de balance des paiements, s’arrête aux filialesde premier rang. Les flux et les stocks d'IDEF sont mesurés au titredu pays de provenance de l'investissement et attachés au secteurcible, qui peut être un holding.Le SESSI poursuit la chaîne des contrôles en aval. Très souvent, lafiliale de premier rang en France est une société holding qui contrô-le d’autres filiales en France, notamment industrielles. La prise encompte des filiales de second rang contribue souvent à augmenterle nombre de filiales étrangères recensées et leur emploi.

POUR EN SAVOIR PLUS :

BUREAU DES STATISTIQUES ET DES ÉTUDESÉCONOMIQUES DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DESDOUANES ET DES DROITS INDIRECTS (2000) : " Le com-merce extérieur en 1999 - un excédent structurel ", Notes bleuesde Bercy n°179 - du 16 au 31 mars.

M. DARRACQ-PARIES ET N. IUNG (2000) : " Leséchanges extérieurs de la France : une mise en perspective ",Notes bleues de Bercy n°180 du 1er au 15 avril

EMMANUEL BERGER ET DAVID THESMAR (2000) :" Les exportations françaises de produits manufacturés : depuisle déclenchement de la crise asiatique 1997-1999 ", Conjoncturemars INSEE

Le site internet des douanes : " Le chiffre du commerceextérieur ", http://www.finances.gouv.fr/douanes

ANNE-MARIE ALCABAS, ÉDOUARD BOURCIEU ETBRUNO VALERSTEINAS (1999) : " Les nouvelles formes del'IDE ", notes bleues de Bercy n°174 - 1er-15 janvier.

MICHEL HOUDEBINE ET AGNÈS TOPIOL-BENSAÏD(1999) : " L'investissement direct et les entreprises françaises ",Economie et Statistique n°326-327 1999 - 6/

Page 38: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

40

Les données disponibles sur la période 1988-1998 issues de la baseCHELEM du CEPII font apparaître que les parts de marché – en pro-duits manufacturés – de la France ont atteint un maximum de 1990 à1992, avec 6,9% des exportations mondiales ; des pertes importantesde parts de marché sont intervenues en 1993, où la part de la Francedans les exportations mondiales de produits manufacturés est tom-bée à 6,1%. Depuis cette date, la part de la France a été stable aprèsun point bas en 1997 (5,7%). En 1998, les parts de marché ont atteint6,1%. La France est, à cette date, au-dessus du Royaume Uni (5,8%)et de l’Italie (5,3%).

Légère progression du secteur mécanique-électriqueEn 1998, les parts de marché les plus élevées du commerce extérieurfrançais se trouvent dans les secteurs des produits alimentaires (9,2%),de la chimie (7,9%) et des matériaux de construction (7,3%). En re-vanche, les parts de marché se situent en dessous de la moyenne del'industrie manufacturée pour les secteurs du bois-papier (4,9%), letextile-cuir (4%) et les minerais (2,9%).

La principale évolution dans la hiérarchie des parts de marché concer-ne le secteur mécanique-électrique, qui passe au cours de la périodedevant le secteur de la sidérurgie-métallurgie.

Parmi les grands secteurs industriels, la mécanique-électrique est eneffet le seul qui gagne des points sur le marché mondial : +0,2 pointacquis grâce à la mécanique et l’électronique grand public.Tous les autres secteurs perdent des parts de marché. Cela est sur-tout vrai des biens intermédiaires (chimie, sidérurgie-métallurgie, ma-tériaux de construction) qui perdent plus de 1,2 point de 1988 à 1998.

Forte progression du secteur de l'aéronautique A un niveau plus fin, les secteurs de l'aéronautique, des produits de toi-lette et ceux de la pharmacie ont une part de marché largement au-des-sus de la part de marché moyenne de l'industrie.

A ce niveau, certaines activités enregistrent des gains significatifs :2,5 points pour l’aéronautique, 2,3 points dans l’électronique grandpublic, 1,6 point pour les matériels de télécommunication. Des gainsplus limités sont aussi acquis pour la pharmacie, l’électroménager etl’automobile. Les secteurs du matériel informatique et des composantsélectroniques, qui avaient subi de fortes pertes de parts de marchéentre 1990 et 1994, se sont fortement redressés depuis.

Évolution des parts de marché industrielles de la France dans le monde

2

4

6

8

10

12

19981997199619951994199319921991199019891988

En %

Produits alimentaires

Sidérurgie métallurgie

Mécaniqueélectrique

Bois papiersTextiles cuirs

Minerais

Chimie

Matériaux de construction

Les parts des secteurs industriels dans le marché mondial

Source : Cepii-Chelem

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

9897969594939291908988

En %

Aéronautique et espace

Produits de toilette

Électronique gd public

Mat. informatique

Composants électron.

Instruments de mesure

Électroménager

Mat. de télécommunication

Automobile particulièresMat. électrique

Produits pharmaceutiques

Parts dans le marché mondial : secteurs de hauteou moyenne technologie

Source : Cepii-Chelem

-2 -1 0 1 2 3

Instrumentsde mesure

Matériel électrique

Matérielinformatique

Produits de toilette

Composantsélectroniques

Automobilesparticulières

Électroménager

Produitspharmaceutiques

Matériel detélécommunication

Électroniquegrand public

Aéronautiqueet espace

En points de %

Variation des parts de marché 1988-1998 :haute ou moyenne technologie

Source : Cepii-Chelem et calculs Sessi

-1,5 -1,2 -0,9 -0,6 -0,3 0,0 0,3 0,6

Chimie

Matériaux deconstruction

Sidérurgiemétallurgie

Minerais

Textiles cuirs

Bois papiers

Produitsalimentaires

Mécaniqueélectrique

En points de %

Variation des parts de marché 1988-1998des secteurs industriels

Source : Cepii-Chelem et calculs Sessi

Page 39: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

41

40% des exportations industrielles françaises sont, en 1997, le fait desfiliales de groupes étrangers implantés en France, alors qu’elles ne re-présentent que 36% du chiffre d’affaires et 14% du nombre d’entreprisesindustrielles. Plus fortement exportatrices : 39,7% de leur chiffre d’af-faires contre 36,7% pour les groupes français, les filiales étrangèresmontrent un fort engagement à l’exportation même pour les plus pe-tites d’entre elles : alors que les entreprises à capitaux français de 20à 50 salariés n’exportent que 12% de leur chiffre d’affaires, les petitesfirmes étrangères en exportent 24%. L’écart le plus important réside sur les entreprises de 250 à 500 sala-riés ; population cible des investissements étrangers en France, cesentreprises affichent un taux d’exportation proche de celui des grandesentreprises : 41,8% contre 25,8% pour les filiales de groupes français.L’écart se stabilise dans les grandes entreprises où interviennent lesreprésentantes des grands groupes français.

La moitié des firmes étrangères exporte plus du quart de leurchiffre d’affairesPrès de la moitié des firmes étrangères exportent pour plus de 25% deleur chiffre d’affaires contre un quart seulement des filiales de groupesfrançais. Elles sont également plus nombreuses à s'ouvrir sur l'exté-rieur : 89% exportent contre 76% des filiales de groupes français et66% des indépendantes.

De fait, les filiales étrangères sont souvent les antennes en Francede grands groupes internationaux. Elles ont une ouverture surl'international significativement plus marquée du fait de relationsprivilégiées avec leur maison mère et autres filiales du groupe àl'étranger. Cette forte part des filiales étrangères dans les exportations françaisesdoit toutefois être nuancée : on estime que plus de 55% des exporta-tions des groupes européens et 62% des exportations des groupesnord-américains constituent en réalité des flux à destination d'unefiliale du même groupe.

Un positionnement sectoriel favorable au commerce internationalLes entreprises étrangères réalisent de meilleures performances àl’exportation, en raison du caractère ciblé de leurs investissements enFrance : les investissements étrangers visent en premier lieu les sec-teurs très mondialisés, fortement productifs, de forte intensité techno-logique et très ouverts sur l'extérieur : informatique, appareils de ré-ception et d’enregistrement, appareils domestiques.Dans les équipements mécaniques et électroniques notamment, leureffort à l’exportation est nettement plus élevé que celui des entreprisesfrançaises ; ces dernières alimentant en plus grande partie le marchéintérieur. A contrario, dans des secteurs comme la pharmacie-parfu-merie-entretien, l’édition-imprimerie et les produits minéraux, où lesfirmes étrangères sont très présentes, leur taux d’exportation est plusfaible, renvoyant alors à une stratégie d’alimentation du marchéintérieur français.

Performances à l’exportation des entreprises à capitaux étrangers

0

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Filiales de groupes étrangers

* Y compris entreprises donneurs d'ordre

Filiales de groupes français

20 à 49 pers.

50 à 99 pers.

100 à 249 pers.

250 à 499 pers.

PMI

500 à 999 pers.

1000 à 1999 pers.

Grandes entr.

Ensemble*

2000 pers. e

t +

Les entreprises étrangères plus exportatrices(taux d’exportation)

Sources : Sessi, Insee, Trésor

0 25% 50% 75% 100%

Indépendantes

Groupesétrangers

Groupesfrançais

Ensemble

de 0 à 5% de 25 à 50%

de 5 à 25% 50 et

Les entreprises selon le taux d’exportation

Sources : Sessi, Insee, Trésor

0

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Poids en effectifs Taux export

Habillement-c

uir

Édition-im

primerie

Pharmacie-p

arfumerie

Équip. du fo

yer

Automobile

Const. Aéro

nautique

Équip. mécanique

Équip. électri

que

Produits

minéra

ux

Textile

Bois-papier

Chimie-caoutchouc

Métallurg

ie

Composants électriques

Performances des entreprises étrangèresselon les secteurs industriels

Source : Sessi EAE et répertoire des groupes

Page 40: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Commerce extérieur français en 1998 et 1999

1998 1999 évolution 99/98en MdF import export solde import export solde import export variation dunomenclature Naf114 et Nes en GF en GF en GF en GF en GF en GF en % en % solde en GF

C11 Habillement 57,3 30,4 -26,9 58,4 30,9 -27,5 2 2 -0,6

C12 Cuir-chaussures 25,6 15,4 -10,2 26,4 17,1 -9,2 3 11 1,0

C1 Habillement-cuir 82,9 45,8 -37,1 84,7 48,0 -36,7 2 5 0,4

C20 Édition, imprimerie 11,6 11,7 0,1 11,9 11,9 0,0 3 1 -0,2

C2 Édition, imprimerie 11,6 11,7 0,1 11,9 11,9 0,0 3 1 -0,2

C31 Pharmacie 51,7 60,1 8,5 56,3 69,9 13,5 9 16 5,1

C32 Savon-parfum-entretien 12,7 40,7 28,0 14,3 43,1 28,8 12 6 0,8

C3 Pharmacie parfum.entr. 64,4 100,9 36,5 70,6 112,9 42,4 10 12 5,9

C41 Meubles 19,7 14,0 -5,7 21,6 15,0 -6,7 10 7 -1,0

C42 Bijouterie, instr. musique 7,0 5,3 -1,8 7,3 5,8 -1,6 4 9 0,2

C43 Art.sport, jeux,divers 20,1 13,0 -7,1 21,4 13,7 -7,6 6 6 -0,6

C44 Appareils domestiques 16,9 14,3 -2,6 17,8 13,7 -4,1 5 -4 -1,5

C45 Son,image 30,2 21,9 -8,3 30,7 21,0 -9,8 2 -5 -1,5

C46 Optiq. photo, horlogerie 12,8 9,7 -3,0 13,7 10,0 -3,7 7 2 -0,7

C4 Équipement du foyer 106,7 78,3 -28,4 112,5 79,1 -33,5 5 1 -5,0

EC Biens de consommation 265,5 236,6 -28,9 279,8 251,9 -27,8 5 6 1,1

D01 Constr. automobile 130,5 161,8 31,3 145,8 168,7 22,9 12 4 -8,4

D02 Équip. automobiles 44,2 71,1 26,9 50,3 80,5 30,3 14 13 3,3

ED Industrie automobile 174,7 232,9 58,2 196,1 249,2 53,1 12 7 -5,1

E11 Constr. navale 2,7 7,9 5,1 4,9 6,5 1,6 77 -17 -3,5

E12 Mat.ferroviaire roulant 1,1 4,1 3,0 1,7 4,0 2,2 60 -4 -0,8

E13 Constr. aérospatiale 62,6 102,7 40,1 68,9 120,5 51,6 10 17 11,5

E14 Cycles, motocycles 8,2 4,3 -3,9 9,2 4,4 -4,8 12 3 -0,9

E1 Navale, aéron., ferrov. 74,7 119,0 44,3 84,7 135,4 50,7 13 14 6,4

E21 Élmts.métal.pour constr. 4,2 4,9 0,6 4,6 5,0 0,4 8 3 -0,2

E22 Réservoirs-chaudronnerie 2,7 4,4 1,7 3,2 5,7 2,6 19 31 0,8

E23 Équipements mécaniques 40,9 44,1 3,2 40,5 45,3 4,7 -1 3 1,5

E24 Mach. d'usage général 34,2 41,5 7,3 36,9 42,3 5,4 8 2 -1,9

E25 Machines agricoles 14,2 6,9 -7,2 14,4 6,6 -7,8 2 -5 -0,6

E26 Machines-outils 17,9 9,6 -8,4 18,7 9,5 -9,2 4 -1 -0,8

E27 Autr.mach.usage spécif. 36,6 47,1 10,5 37,4 43,9 6,5 2 -7 -3,9

E28 Armes et munitions 0,5 1,4 0,9 0,5 1,5 1,0 -3 9 0,1

E2 Équipements mécaniques 151,3 159,8 8,5 156,2 159,8 3,6 3 0 -4,9

E31 Matériel informatique 92,9 64,2 -28,7 96,0 62,2 -33,8 3 -3 -5,1

E32 Moteurs, génératrices 14,0 16,4 2,4 15,1 16,1 1,0 8 -2 -1,4

E33 App.émis-transmission 20,5 35,3 14,8 25,1 44,5 19,5 22 26 4,6

E34 Matériel médical 17,0 13,0 -4,0 17,9 14,9 -3,0 5 14 1,0

E35 Matériel de mesure 20,9 24,0 3,1 22,1 22,1 0,0 5 -8 -3,0

E3 Équip. électriq-troniques 165,3 152,9 -12,4 176,0 159,8 -16,3 6 4 -3,9

EE Biens d'équipement 391,3 431,8 40,5 416,9 455,0 38,1 7 5 -2,4

42

Page 41: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

43

Commerce extérieur français en 1998 et 1999

1998 1999 évolution 99/98en MdF import export solde import export solde import export variation dunomenclature Naf114 et Nes en GF en GF en GF en GF en GF en GF en % en % solde en GF

F11 Minerais métalliques 5,6 0,1 -5,5 5,4 0,2 -5,2 -5 19 0,3

F12 Ind.extractives 3,8 3,7 -0,1 3,9 3,8 -0,1 2 1 0,0

F13 Verre,articles en verre 12,5 16,7 4,3 12,6 16,7 4,1 1 0 -0,1

F14 Céramiques, matériaux 15,8 14,1 -1,7 16,7 14,1 -2,6 6 0 -0,9

F1 Produits minéraux 37,7 34,7 -3,1 38,6 34,8 -3,8 2 0 -0,8

F21 Filature, tissage 20,1 26,6 6,5 17,9 24,9 7,0 -11 -7 0,5

F22 Articles, Pr. textiles 15,8 12,8 -3,0 16,7 13,1 -3,7 6 2 -0,7

F23 Étoffes, articles à maille 15,1 8,2 -6,9 15,9 8,3 -7,7 6 1 -0,8

F2 Industrie textile 50,9 47,6 -3,4 50,5 46,2 -4,3 -1 -3 -0,9

F31 Travail du bois 14,2 11,1 -3,1 15,4 11,7 -3,7 8 5 -0,5

F32 Papiers-cartons 34,2 24,1 -10,1 34,9 25,2 -9,7 2 4 0,3

F33 Articles papier-carton 14,2 10,9 -3,3 14,3 11,2 -3,1 0 3 0,2

F3 Industrie bois-papier 62,7 46,2 -16,5 64,6 48,1 -16,5 3 4 0,0

F41 Chimie minérale 24,2 17,5 -6,6 21,8 17,3 -4,5 -10 -1 2,1

F42 Chimie organique 72,9 83,8 10,9 75,2 86,9 11,7 3 4 0,8

F43 Parachimie 45,4 52,9 7,5 48,9 56,4 7,6 8 7 0,1

F44 Fibres artifi.synth. 7,7 4,0 -3,7 6,9 3,9 -3,0 -10 -2 0,7

F45 Caoutchouc 16,2 25,9 9,7 16,3 25,5 9,2 1 -1 -0,5

F46 Matières plastiques 38,6 30,5 -8,1 39,8 31,2 -8,7 3 2 -0,6

F4 Chimie-caoutc-plastique 204,9 214,6 9,7 208,9 221,2 12,3 2 3 2,6

F51 Sidérurgie-acier 54,0 62,8 8,8 48,5 56,8 8,3 -10 -10 -0,4

F52 Métaux non ferreux 41,3 30,6 -10,7 40,2 29,4 -10,8 -3 -4 0,0

F55 Produits métalliques 34,4 34,7 0,4 36,1 35,9 -0,3 5 3 -0,6

F5 Métallurgie 129,7 128,1 -1,6 124,8 122,1 -2,7 -4 -5 -1,1

F61 Matériel électrique 49,0 64,1 15,0 52,1 65,3 13,2 6 2 -1,8

F62 Composants électroniques 45,6 47,2 1,6 47,0 48,0 0,9 3 2 -0,6

F6 Composants électroniques 94,7 111,3 16,6 99,1 113,3 14,1 5 2 -2,5

EF Biens intermédiaires 580,7 582,4 1,8 586,5 585,7 -0,8 1 1 -2,6

Divers 10,0 7,3 -2,7 9,8 8,0 -1,8 -2 9 0,8

Ind. manufact. civile nc IAA 1422,1 1491,1 68,9 1489,0 1549,7 60,7 5 4 -8,2

EB IAA 129,8 176,2 46,4 128,9 175,2 46,3 -1 -1 -0,2

Industrie. manufact. civile 1551,9 1667,3 115,3 1617,9 1724,9 107,0 4 3 -8,4

Matériel militaire 4,5 28,8 24,3 4,6 17,5 12,9 2 -39 -11,4

Ind. manufact. civile et milit. 1556,5 1696,0 139,6 1622,5 1742,3 119,8 4 3 -19,8

G1 Combustible, carburants 102,1 25,4 -76,7 120,5 27,1 -93,4 18 7 -16,7

G2 Eau, gaz, électricité 2,1 18,1 16,0 1,9 18,9 17,1 -11 5 1,1

EG Énergie 104,3 43,5 -60,7 122,4 46,0 -76,4 17 6 -15,6

EA Agriculture 52,2 64,1 11,9 51,1 65,7 14,5 -2 2 2,6

Total des échanges Caf/Fab 1712,9 1803,6 90,8 1796,0 1854,0 58,0 5 3 -13,0

Total des échanges Fab/Fab 1660,8 1803,3 142,5 1741,7 1854,2 112,5 5 3 -30,0Source : Douanes, août 2000

Page 42: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Des investissements corporelsdynamiques en 1999

L’investissement corporel de l’industrie manufacturièremaintient en 1999 son dynamisme de 1998. Il ne semble pasavoir été sensiblement affecté par le ralentissement d’activi-té de l’hiver 1998-1999 lié à la crise asiatique. Soutenus parla demande intérieure au premier semestre, les projets d’in-vestissement des chefs d’entreprise ont été confortés par la vi-gueur du rebond de la demande étrangère dès le second se-mestre. L’investissement manufacturier en valeur progresseen moyenne annuelle de 6,3% en 1999, après 6,2% l’annéeprécédente, et s’élève, selon l’enquête annuelle d’entreprise,à 162 MdF, soit 24 Md€.

En 1999, les secteurs moteurs de cette croissance sontl’automobile (23%) et, à un moindre degré, les biens d’équi-pement professionnel (7,6%), les biens de consommation(6,3%) et les industries agroalimentaires (4,8%). Le secteurdes biens intermédiaires, où le poids des PMI est le plus im-portant et qui avait connu une forte hausse en 1998 (15,6%),est moins concerné cette année (1,2%). Au total, dans l'in-dustrie manufacturière hors IAA, il en résulte une hausse del’investissement plus forte dans les grandes entreprises (9%)que dans les PMI (3%).

Champ : industrie manufacturière y c. IAANote : Estimation 2000 par l’enquête investissement d’avril 2000

Après s’être repliés régulièrement de 1990 à 1994 danstous les secteurs de l’industrie manufacturière, les taux d’in-vestissement (investissement sur valeur ajoutée) se redres-sent depuis 1998 dans tous les secteurs, hormis l’automobi-le, qui n’amorce la remontée de son taux d’investissement

C H A P I T R E 4

Un investissementvigoureux

Encouragé par une demande bien installée, l’investissement maintient en 1999 son dynamisme de 1998 etrenforce par là même la croissance économique. Son développement apparaît comme parfaitement maîtrisé etdevrait s’accentuer encore en 2000, pour atteindre des niveaux comparables à ceux observés dans les annéesrecords de la fin de la décennie 80. La bonne tenue des investissements va de pair avec une utilisation plus efficace du capital. La duréed’utilisation des équipements est au niveau exceptionnel de 1963. Les investissements informatiquesprogressent très fortement et l’équipement en outils phares des technologies de l’information et de lacommunication (TIC) se généralise.Les investissements immatériels, qui n’avaient été que peu affectés par la crise de 1990-1993, voient aucontraire leur croissance se ralentir. Alors que l’emploi industriel croît de nouveau, les dépenses de formationmarquent le pas. Celles de recherche ne progressent que timidement, en partie à cause de la baisse de leurfinancement public. Les dépôts de brevets progressent, mais les positions relatives de la France et de l’Unioneuropéenne dans le monde paraissent encore se dégrader.

-20

-15

-10

-5

0

5

10

15

20

20001998199619941992199019881986198419820

20

40

60

80

100

120

140

160

180

200

Taux valeur

Valeur

Volume

Taux volume

Indices, base 100 en 1985 En %

Investissements corporels manufacturiersen valeur et en volume

Source : EAE (Sessi/Scees), Insee (prix FBCF)

45

Page 43: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

que depuis 1999. Le retard de la reprise de l’investissementdans l’automobile, secteur le plus capitalistique de l’industriemanufacturière, s’explique par l’importance des délais entrela mise en place des investissements et la commercialisationde nouveaux modèles. Les investissements sont élevés quandil y a création de nouvelles usines (par exemple en 1999 et2000) ou installation de nouvelles chaînes de montage (parexemple en 1997). Les investissements de ce secteur sontdonc très cycliques.

L’investissement est avant tout déterminé par le désirde répondre à la demande future du marché et de conqué-rir des avantages concurrentiels. Il dépend de donnéesobjectives, telles les ressources financières internes ouexternes disponibles, et de données plus subjectives surles espoirs et les risques d’évolutions économiques futu-res.

En 1999, tous les déterminants fondamentaux de l’in-vestissement sont bien orientés. La demande est soutenue :la production manufacturière hors IAA progresse de 5,1%en glissement annuel, avec une forte impulsion au quatriè-me trimestre (2,3% par rapport au trimestre précédent). Destensions apparaissent sur les capacités de production. Lasituation financière est saine.

Des tensions croissantessur les capacités de production

La vigueur de l’activité s’accompagne depuis le débutde l’année 1999 d’un surcroît de tensions sur l’appareil pro-ductif. Les taux d’utilisation des capacités de production(les TUC) dans l’industrie manufacturière ont augmentéde près de 1,5 point au cours du deuxième semestre 1999.En avril 2000, ils s’établissent à presque trois points au-dessus de leur moyenne sur la période 1990-2000, maisdemeurent toutefois deux points en dessous du niveau recordatteint en 1989.

Les tensions sont particulièrement vives dans l'industrieautomobile, avec des taux d'utilisation supérieurs à 95% en1999, soit 9 points au-dessus de la moyenne de la dernière dé-cennie. Seul le secteur des industries agroalimentaires, quiconnaît une activité modérée, ne présente pas de tension enjanvier 2000.

L’enquête d'avril 2000 de l’Insee sur les investissementsde l’industrie confirme le besoin d’étendre les capacités deproduction : 19% des motifs d’investissements en 1999(au lieu de 12% en 1993) alors que le renouvellement n’enreprésente plus que 25% (au lieu de 29% en 1993). La mo-dernisation (25%) et l’introduction de nouveaux pro-duits (13%) représentent près de 40% des motifs d’investis-sements de façon relativement stable depuis quelques années.La recherche de matériels plus performants demeuredonc toujours la principale raison d’investir, à laquelles’ajoute maintenant la nécessité d’étendre les capacités deproduction.

Une situation financière favorableaux investissements

En 1999, les entreprises se trouvent dans des conditionsfinancières propices à l’investissement.

Le ratio " capacité d’autofinancement rapportée à la va-leur ajoutée hors taxes " a augmenté en 1998 (18%) pour dé-passer d’un point le niveau atteint en 1990. Le taux d’auto-financement (capacité d’autofinancement sur investissementen France) atteint 147% en 1998 alors qu’il n’était que de110% en 1990.

46

Automobile

Biens intermédiaires

Biens de consommation

Biens d'équipement

Industriemanufacturière

hors IAA

5

10

15

20

25

30

1999199819971996199519941993199219911990

En %

Investissement sur valeur ajoutée (en valeur)

Source : EAE (Sessi)

Biens de consommation

Industriemanufacturière

hors IAA

Automobile

75

80

85

90

95

200019981996199419921990

En %

Taux d’utilisation des équipements dans l’industrie

Source : Insee, enquête de conjoncture

En %

Modernisation

Extension

Nouveaux produits

Renouvellement

Autres

10

12

14

16

18

20

22

24

26

28

30

1999199819971996199519941993

Motif de l’investissement

Source : Insee, enquête investissements dans l'industrie (hors BTP)

Champ : ndustrie manufacturière hors IAANote : les taux d'investissement en 1999 sont estimés

Champ : ensemble de l'industrie y compris l'énergie

Page 44: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Ce ratio ne prend toutefois pas en compte les investisse-ments français à l’étranger, qui ont été particulièrementdynamiques ces dernières années et qui placent la Francecomme 5e pays investisseur à l’étranger, derrière les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon. Il est clairque pour une entreprise la décision d’investir porte sur lemontant mais aussi sur le lieu de l’investissement. L’analyseprésentée dans ce chapitre se limite à l’investissement réali-sé sur le sol national.

Depuis 1993, le ratio " frais financiers sur chiffre d’affaireshors taxes " a baissé dans tous les secteurs (1,2% en 1998contre 2,5% en 1993), sous les effets conjugués de la baissedes taux d’intérêt appliqués aux entreprises et de la montéede l’autofinancement des investissements, autofinancementqui a sans nul doute été favorisé par la baisse des frais fi-nanciers.

La croissance des investissements se fait sans recoursaccru au crédit-bail, les entreprises tirant parti du dévelop-pement de leurs capacités de financement.

La légère hausse des taux d’intérêt aux entreprises enfin d’année 1999 (0,3 point entre fin octobre 1999 et finjanvier 2000 et 0,6 point en avril 2000) ne semble pas com-promettre les conditions de financement des investisse-ments.

En fin d’année 1999, malgré les gains de productivité liésà l’accélération de l’activité, les marges d’exploitation ontdiminué, sous les effets du renchérissement des coûts de pro-duction entraîné par la diffusion de l’augmentation des prixdu pétrole. Toutefois, ceci ne semble pas entamer l'optimis-me des chefs d'entreprise, qui, dans la dernière enquête detrésorerie dans l’industrie de juin 2000, continuent à jugerleur situation aisée.

D’excellentes perspectivespour 2000

Ces excellents déterminants de l’investissement nedevraient pas être remis en question en 2000. Selon lesinformations conjoncturelles disponibles, la bonne orien-tation de la demande et le niveau d’utilisation des capacitésde production élevé impliqueraient une vive progressiondes dépenses d’équipement afin d’accroître les capacitésde production. Par ailleurs, la remontée des taux d’intérêtà long terme ne devrait pas être d’une ampleur telle qu’elleinduirait un ralentissement de l’effort d’équipement.

En supprimant tout risque de dévaluation compétiti-ve au sein de l’espace européen, le passage à l’euro contri-bue à réduire les incertitudes, ce qui favorise l’investisse-ment.

En revanche, les dépenses en informatique pourraientralentir après la phase d’investissement accéléré induitepar la préparation des entreprises au passage à l’an 2000(120 MdF de dépenses auraient été engagées par les acteurspublics et privés sur les trois années 97-98-99 selon la derniè-re estimation du rapport Théry). Toutefois, en dépit de cettecorrection partielle dans les secteurs informatiques, les nou-velles technologies devraient continuer de doper l’investis-sement.

Au total, selon l’enquête conjoncturelle sur l’investisse-ment d'avril 2000, l’investissement de l’industrie manufac-turière devrait continuer de progresser de 14% et de 26%dans l'automobile en 2000.

47

8

10

12

14

16

18

20

1998199619941992199080

100

120

140

160

180

200

Rapportée à la VAHT

Rapportéeà l'investissement

En % En %

Capacité d’autofinancement du secteurmanufacturier hors IAA

Source : Sessi (EAE)

En %

Taux d'inflation

Taux d'intérêt LT

0

2

4

6

8

10

12

01-0001-9801-9601-9401-9201-90

Taux d’intérêt des prêts à LT aux entrepriseset taux d’inflation

Source : Banque de France et Insee

Des perspectives d’investissementqui s'améliorent pour les PMI

Les PMI ont une situation financière favorable, et elles seront moinscontraintes sur le marché du crédit qu’elles ne l’ont été par le pas-sé, ce qui augure de bonnes perspectives d’investissement.En effet, une étude de l’Insee décrit les évolutions de l’investisse-ment des entreprises selon la taille et le secteur et les relie aux évo-lutions de grandeurs financières susceptibles de traduire lescontraintes de financement. Elle fait apparaître que les variables fi-nancières (taux de profit, taux d’intérêt, taux d’endettement) jouentun rôle particulièrement fort pour les petites entreprises en périodede récession.Les petites entreprises, qui n’ont pas facilement accès à d’autresmodes de financement que les crédits bancaires, ont été les plus tou-chées par le resserrement des politiques monétaires au début desannées 90 et ont été, de ce fait, contraintes sur leur décisiond’investir.

Page 45: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Un investissement industriel dansla moyenne européenne

Le taux d’investissement (investissement industriel survaleur ajoutée industrielle) a eu tendance à augmenter pro-gressivement jusqu’en 1990 dans tous les pays, puis à bais-ser rapidement ensuite. Toutefois, dès 1993 au Royaume-Uniet aux États-Unis, et dès 1994 en Allemagne, il reprend unelégère tendance haussière.

48

Baisse du recours au crédit-bail

Malgré la reprise de l’investissement, la tendance engagée depuisle début des années 90 de moindre recours au crédit-bail n’est pasremise en cause.

Champ : industrie manufacturière hors IAA

Champ : industrie manufacturière hors IAA

La limitation des avantages fiscaux dont le crédit-bail bénéficiaitd’une part, l’accès plus facile au crédit pour les PMI d’autre part enont limité l’attrait.Les nouveaux contrats s’élèvent à 7,7 MdF en 1998 (soit 5,6% desinvestissements réalisés) contre 8,8 MdF en 1997 (6,8% desinvestissements réalisés).

Un dynamisme de l’investissementinexpliqué

Une étude de la direction de la Prévision montre que la croissancede l’investissement des entreprises (SNFEI, sociétés non finan-cières et entrepreneurs individuels) a été de près de trois pointssupérieure à celle que l’on observerait au vu de ses déterminantshabituels.

Champ : ensemble des entreprisesNote : en 2000, on anticipe une croissance de l'investissement de 7%, conformément aubudget économique 2000.

L’effet " bogue " ne semble pas expliquer à lui seul l’écart de com-portement observé en 1999. Celui-ci pourrait avoir des origines plusstructurelles, en rapport avec les nouvelles technologies.

Redevances

Nouveaux contrats

4

6

8

10

12

14

16

18

20

9897969594939291908988878685

En MdF

Contrats de crédit-bail(hors opérations exceptionnelles)

Source : Sessi (EAE)

Observé

Simulé

130

150

170

190

210

230

250

270

19991996199319901987198419811978

En MdF

Investissement des entreprises

Source : direction de la Prévision (2000 anticipé)

Ensemble

Grandesentreprises

PMI

0

5

10

15

20

25

30

1997199519931991198919871985

En %

Taux d’utilisation du crédit-bail

Source : Sessi (EAE)

France

Allemagne

Royaume-Uni

USA

Japon

8

10

12

14

16

18

20

22

24

26

28

199619941992199019881986198419821980

En %

Investissement rapporté à la VA industrielle

Source : base STAN de l’OCDE

Page 46: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

49

En France, le taux d’investissement industriel présenteune évolution de même nature mais plus contrastée que cel-le des autres pays (hors Japon). Il progresse beaucoup plus vi-goureusement jusqu’en 1990 puis chute plus fortement pourse stabiliser, au-delà de 1993, à un niveau proche de celuides autres pays. Tout se passe comme si la chute de l’inves-tissement industriel en France entre 1990 et 1993 résorbait un" surinvestissement " passé. Des études plus approfondies se-raient nécessaires pour confirmer cette analyse.

Efficacité plus grande de l’investissementEn 2000, le niveau en valeur de l’investissement corpo-

rel de l’industrie manufacturière serait comparable à celuiobservé à la fin des années 80, où un niveau record (170 MdF)avait été atteint. Ce résultat est d’autant plus remarquablequ’il est accompagné d’une augmentation de la durée d’uti-lisation des équipements et d’une baisse du prix des inves-tissements en matériel informatique. De plus, le mouvementd'externalisation vers les services de certaines activités del’industrie (recherche, services informatiques, location dematériel) limite aussi l'effort d'investissement des entreprisesindustrielles.

Durée d’utilisation des équipements,record battu

La bonne tenue de l’investissement va de pair avec lahausse de la durée hebdomadaire d’utilisation des équipe-ments industriels qui se poursuit depuis 20 ans. Selon uneenquête de la Banque de France menée auprès des chefs d’en-treprise, cette durée a atteint 53,2 heures en 1999. C’est un re-cord qui remplace celui de 1963 (52,9 heures) et qui devraitd'ailleurs être une nouvelle fois battu en 2000, la Banque deFrance prévoyant un allongement de 1,7% de la durée d’uti-lisation des machines.

Champ : industrie manufacturière

Cette hausse de la durée d’utilisation des équipementsexplique en partie pourquoi, malgré la forte accélération dela production industrielle en fin d’année 1999, les taux d’uti-lisation des capacités de production s’établissent à un niveauélevé (deux points au-dessus de la moyenne de la période1990-2000), mais restent deux points en dessous de leur maxi-mum de début 1990. Cette meilleure utilisation du capital a

sans doute contribué aussi à limiter les tensions inflation-nistes dans l’économie

Présente partout, cette hausse montre aussi combien leschefs d’entreprise sont soucieux de rentabiliser au mieux leurcapital productif. Pour augmenter la durée d’utilisation deséquipements, les industriels ont recours au travail posté ou in-vestissent dans de nouveaux équipements.

La hausse de la durée d’utilisation des équipementsdépend toutefois beaucoup des secteurs considérés. L’enquêtede la Banque de France montre que l’augmentation de ladurée d’utilisation des équipements en 1999 a été deux foisplus élevée dans les grandes entreprises (1,9%) que dansles PME (1%). Faible dans les biens intermédiaires (0,2%),modéré dans les biens d’équipement (0,8%), l’allongementest resté soutenu dans les biens de consommation (2,3%) ets’est accéléré dans les industries agroalimentaires (3,1% en1999 après 2,1% en 1998). La plus forte hausse a été réali-sée dans l’industrie automobile (3,7% en 1999 après 7,5%en 1998).

Une part croissante d'investissementsinformatiques

L’analyse des investissements informatiques desentreprises du secteur manufacturier à partir de l’enquêteannuelle d’entreprises montre une progression significative(18,2%) des dépenses informatiques en 1998. Ces dépensesreprésentent une part de plus en plus importante des inves-tissements (presque 18% des investissements corporels en1998).

Dépenses informatiques des entreprisesmanufacturières

MdF courants 1996 1997 1998

Matériels 8,7 9,3 10,4

Logiciels 4,5 4,6 6,5

Services 6,2 7,1 8,1

Total dépenses informatiques 19,4 21,0 25,0

Investissements corporels 142,8 140,7 149,4

% des invest. corporels 13,6 14,9 16,7Sources : EAE (Sessi, Scees) ;

Champ : industrie manufacturière y c. IAA

La progression la plus forte concerne les logiciels (41%),qui représentent 4,3% de l’investissement corporel.

Ces dépenses informatiques sont essentiellement le fait desindustries des équipements électriques et électroniques (22%des dépenses informatiques de l’industrie). Et ce sont les sec-teurs de la pharmacie- parfumerie-entretien, de l’équipementdu foyer et des composants électriques et électroniques qui ontconnu entre 1996 et 1998 les progressions les plus spectacu-laires de leur dépenses informatiques (respectivement 27,5%,24% et 22%).

Cette forte hausse en valeur des investissements de l’in-dustrie manufacturière en matériels informatiques (20% entre1995 et 1998) correspond à une hausse encore plus forte envolume (76%) car les prix de l'investissement baissent. Eneffet, le prix des investissements de l’industrie manufactu-rière en fabrication de machines de bureaux et matériels in-formatiques a diminué de 32% en trois ans (source compta-bilité nationale, base 100 en 1995).

La baisse des prix de ces matériels, qui est d’ailleurs dif-ficile à bien évaluer, renforce donc l’évolution en volume de

45

46

47

48

49

50

51

52

53

54

009896949290888684828078

80

82

84

86

88

90

Taux d'utilisationdes capacités

Durée d'utilisationdes capacités

En % En heures

Taux et durée d’utilisation des équipements

Sources : Inse, Banque de France

Page 47: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

l’investissement effectué ces dernières années, et ceci d’au-tant plus que la part des investissements informatiques est enforte progression.

Émergence d’une nouvelleéconomie ?

L’essor de l’investissement au cours des deux dernièresannées conduit à se demander si on n’entre pas dans une pé-riode de croissance forte comme celle que connaissent lesÉtats-Unis depuis une décennie. Ces investissements dyna-miques ne s’expliquent-ils pas par la mise en œuvre des nou-velles technologies ?

L’expansion américaine de ces dernières années s’est ac-compagnée d’un essor sans précédent des nouvelles techno-logies de l’information, notamment en matière d’équipementdes entreprises. Leurs dépenses en matériel informatique,

multipliées par douze en huit ans, ont ainsi contribué à plusde 80% de la croissance de l’investissement en équipementtotal.

Selon les tenants de la " nouvelle économie ", le déve-loppement et la diffusion des nouvelles technologies de l’in-formation auraient durablement amélioré l’efficacité et l’adap-tabilité du processus de production.

En France, le dynamisme de l’activité de certains sec-teurs informatiques atteste du développement des nouvellestechnologies, et il peut être le signe de l’entrée dans la " nou-velle économie ", caractérisé par une croissance forte sansinflation.

Les TIC : un nouveau paradigmeproductif

Depuis plus de 30 ans, plusieurs vagues d’innovationstechnologiques se sont diffusées dans le tissu industriel, quiont permis d’automatiser les processus de production (robo-tique), le travail individuel de bureau (bureautique), la com-munication de l’entreprise (mise en réseau des micro-ordi-nateurs et développement des systèmes d'échanges de donnéesinformatisés – EDI).

La dernière vague apparue dans les années 1990 est liéeà la fois au développement de l’internet et à la convergencedes technologies issues de l'informatique, des télécommuni-cations et de l'audiovisuel. Ces innovations technologiques per-mettent de mieux tirer parti de la diffusion, du traitement etdu partage de l’information. A terme, elles permettront l’au-tomatisation des échanges économiques (commerce électro-nique).

Les TIC, outils de la compétitivitéDans un contexte de mondialisation, où la compétitivité

devient la capacité de l’entreprise à réagir de manière flexibleet rapide aux exigences du marché, voire à réagir en avancesur ses concurrentes, l’utilisation des TIC est incontournable.

Ces nouvelles opportunités technologiques ont été sai-sies rapidement par les entreprises américaines, qui bénéficientd’un secteur producteur et utilisateur de TIC très performant.Avec les TIC au cœur de leurs investissements, elles ont ain-si pris une avance certaine dans l'adoption du nouveau para-digme industriel.

Améliorer le service au client, avant toutLe souci d'améliorer le service au client est, pour l'adop-

tion des TIC, l'objectif principal des entreprises industriellesfrançaises d'après l'enquête réalisée par le Sessi, fin 1999,pour mesurer l'utilisation des TIC par les entreprises de l'in-dustrie. La simple différenciation des produits ou l'amélio-ration de leur qualité ne suffisent plus à obtenir un réel avan-tage concurrentiel. C'est par la différenciation et par le servicerendu au client, en qualité et en étendue, que les entreprisespeuvent dégager plus facilement un avantage concurrentiel.

La réduction des coûts et l'amélioration de l'organisationinterne de l'entreprise sont les deux objectifs suivants en im-portance dans la mise en place des TIC.

50

Baisse très variée du prixde l'investissement

Baisse du prix de l’investissement en biensd’équipement entre 1980 et 1998

EU Japon Italie RU France Allemagne

40% 32% 28% 20% 20% 13%Source : Rexécode - L’investissement dans le monde 18 fév. 1998

La baisse du prix de l’investissement en biens d’équipement esttrès différente selon les pays. La structure des investissements (partdes investissements selon les produits, informatique, nouvelles tech-nologies, matériel de transport, équipement industriel) est peut-êtreun facteur d’explication de tels écarts, mais vraisemblablement pasle seul. En effet, le prix des investissements en biens d’équipementest difficile à appréhender et est souvent mal évalué. Les compa-raisons internationales sont généralement hasardeuses, ce qui n’estpas sans conséquence sur les comparaisons de croissance éco-nomique.Ces importants écarts de prix se traduisent, pour des investisse-ments en valeur identiques, par des investissements en volume trèsdifférents, et entraînent des écarts sur la croissance du PIB.

Logiciels

Matérielinformatique

0

50

100

150

200

250

1999199819971996199519941993199219911990

Indices, base 100 en 1990

Chiffre d’affaires logiciels et matériels informatiques

Source : Direction de la Prévision

Note : indice de chiffres d'affaires dans les secteurs de la réalisation de logiciels et defabrication de machines de bureau et de matériel informatique.

Page 48: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Les entreprises industrielles françaisesà l'heure des TIC

L'enquête du Sessi sur les TIC fait apparaître que lesentreprises industrielles françaises ne restent pas à l'écartde la dynamique des technologies de l'information et de lacommunication. Même si la prise de conscience de l'impor-tance de ces nouveaux outils a été plus tardive que dansd'autres pays, le virage a été pris comme le montrent laforte progression des investissements et des dépenses infor-matiques depuis 1996, et l'adoption accélérée des différentsoutils TIC.

Champ : industrie manufacturière hors IAA

A la fin de l'année 1999, près de 70% des entreprisesindustrielles ont accès à l'internet, 80% ont des micro-ordinateurs connectés en réseau et près de 90% utilisent letéléphone mobile. De plus, 75% des entreprises industriellesutilisent des lignes téléphoniques numériques de bout enbout (RNIS), qui assurent une plus grande vitesse de trans-mission, et garantissent une plus grande largeur de bandeainsi qu'une meilleure sécurité des transmissions. L'utilisationdes outils phares des TIC se généralise donc, voire se bana-lise déjà auprès des grandes entreprises, où les taux dépassent95%.

Champ : industrie y compris énergie mais hors IAA

Pour d'autres outils TIC, la diffusion s'accélère : 44% desentreprises utilisent le système d'échanges de données infor-matisés (EDI), 39% des entreprises ont mis en place un sitesur la toile (site Web) et 37% ont adopté des progiciels degestion intégrés (PGI ou ERP).

En revanche, l'utilisation des sites sur la toile pour lecommerce électronique est encore timide même si elle s'ac-célère. Si les grandes entreprises ne sont, à l'heure actuelle,guère plus nombreuses que les PMI à avoir adapté leur sitepour la réception de commandes en ligne (respectivement14% et 9%), 31% des grandes entreprises, contre seulement22% des PMI, prévoient de doter d'ici 2001 leur serveur surla toile de fonctionnalités interactives permettant au client depasser commande sur leur serveur. Ce sont les entreprisesdes secteurs de l’édition-impression et de l'aéronautique quimettent d’ores et déjà le plus en œuvre cette fonctionnalité(14% et 12%)

La diffusion de nouvelles technologies centrées notammentsur la communication est encore en phase d'émergence. Dansle domaine des télécommunications de groupe, seules 14% desentreprises utilisent la téléréunion ou la téléconférence, etelles sont deux fois moins nombreuses à pratiquer la visio-conférence. Dans le domaine des mobiles, la radio message-rie n'est utilisée que dans 15% des entreprises car elle subitla concurrence du téléphone mobile.

S'agissant des téléservices, résultant du couplage des té-lécommunications et de l'informatique, moins de 12% desentreprises ont recours à des centres d'appels (en interne ouen externe).

Si les réseaux intranet concernent déjà une entreprisesur cinq, la mise en place de réseaux extranet reste encorepeu fréquente : moins de 10% des entreprises ont franchi lepas.

Les grandes entreprises sont trèsen pointe …

D'une manière générale, les entreprises industrielles sontd'autant plus équipées en technologies de l'information et dela communication qu'elles sont de grande taille, innovanteset ouvertes aux échanges extérieurs. Il en est de même des en-treprises des secteurs de haute technologie ou de celles ap-partenant à un groupe.

51

En % d'entreprises

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

Répondre à la pressionde la concurrence

Augmenter les savoirs stratégiquescommerciaux et techniques

Améliorer la qualité des produits

Améliorer la flexibilitéde la production

Faciliter la coordination avec lesclients et les fournisseurs

Réduire les coûts

Améliorer l'organisation internede l'entreprise

Améliorer le service au client

Très important Important

Objectifs poursuivis dans la mise en place des TIC

Source : Sessi, enquête TIC 1999

Entreprises connectées, en %

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Habillement, cuir

Produits minéraux

Bois et papierMétallurgie

Industrie textile

Navale, aéronautique et ferroviaire

Automobile

Équipements mécaniquesÉquipements du foyer

Chimie, caoutchouc et plastiques

Édition, imprimerie

Pharmacie, parfumerie

Composants électroniques

Équip. électriques et électroniquesEnsemble de l'industrie

1997 1999

1997-1999 : la généralisation de l’internet

Source : Sessi, enquêtes TIC 1999 et informatisation

En % d'entreprises

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Visioconférence

Centre d'appels

Réseau intranet

Progiciel de gestion intégré(ERP)

Site sur la toile

Échanges de donnéesinformatisés (EDI)

Réseau local d'entreprise

Connexion à l'internet

Lignes téléphoniquesnumériques (RNIS)

Micro-ordinateurs en réseau

Téléphone mobile

Faible utilisation Utilisation intensive

Les TIC les plus utilisées par les entreprises industrielles

Source : Sessi, enquête TIC 1999

Champ : industrie y compris énergie mais hors IAA

Page 49: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Les grandes entreprises se caractérisent par la banalisa-tion d'un certain nombre de technologies de l'information.Plus de 90% d'entre elles sont équipées de micro-ordinateursen réseau, de téléphones mobiles, de lignes numériques(RNIS), de connexion à l’internet et de réseaux locaux d'en-treprise.

Champ : industrie manufacturière (hors IAA)

De plus, elles se caractérisent par la diffusion rapide desnouvelles technologies émergentes : la visioconférence (56%),les centres d'appels (42%), soit 8 et 5 fois le taux d'équipe-ment moyen de l'ensemble des entreprises. De même, pourl'extranet (37%) et l'intranet (73%), leurs taux d'équipementsont plus de trois fois supérieurs aux taux de diffusion desentreprises.

Enfin, d'une façon plus générale, les grandes entreprisesutilisent plus intensivement les différentes technologies del'information.

… ainsi que les secteurs de l'énergie,des TIC, de la pharmacie et de la chimie

Dans l'industrie manufacturière, les entreprises du sec-teur des technologies de l'information se trouvent naturelle-ment dans le peloton de tête, mais à un degré moindre quecelles du secteur de l’énergie. Les fabricants d'équipementsélectriques et électroniques sont des gros utilisateurs des tech-nologies de l'internet (53% de ces entreprises ont un site surla toile). Ils sont également fortement équipés en moyens detélécommunications modernes (90% d’entre eux disposentde lignes numériques). Les entreprises de fabrication de com-posants électriques et électroniques se distinguent en particulierpar une utilisation forte des outils de l'internet.

La pharmacie, parfumerie et entretien est également un dessecteurs industriels les plus utilisateurs de technologies del'information. L'équipement en informatique communicanteest très élevé (55% des entreprises utilisent l'échange de don-nées informatisé et 55% un progiciel de gestion intégré). Lesentreprises utilisent intensivement les télécommunicationsde groupe (23% la visioconférence, 40% la téléréunion et80% les micro-ordinateurs portables).

Les entreprises de la chimie sont également très ouvertesà ces nouvelles technologies (50% d'entre elles utilisent desprogiciels de gestion intégrés (ERP), 48% l’échange de don-nées informatisé (EDI)).

Le secteur de l'automobile figure également en bonne pla-

ce (la moitié des entreprises de ce secteur utilisent l’échan-ge de données informatisé (EDI), 21% la visioconférence et17% les centres d'appels).

Enfin, le secteur de l'édition, imprimerie, reproductionfait également partie de ce peloton : 86% de ses entreprisesutilisent des lignes numériques, et 47% disposent d'un sitesur la toile.

L’équipement en TIC des secteurs industrielsen % d’entreprises

Micro- Connexion Site Progiciels Intranetordinateurs internet sur la de en réseau toile gestion

(Web) (ERP)

Prod. distri. eau gaz électri. 91 88 46 47 52Prod. combustibles carbu. 92 98 59 56 54Pharmacie parfumerie 85 80 50 61 40Équip. électri. et électro. 91 91 53 50 42Compos. électri. électro. 91 90 49 50 33Chimie caoutc. plastiques 88 74 45 50 30Industrie automobile 79 69 35 39 30Édition imprimerie 89 78 47 32 22Équipements mécaniques 80 70 40 32 23Équipements du foyer 79 73 41 36 17Produits minéraux 79 53 32 32 26Constr. navale aéro. fer. 68 67 41 38 24Bois et papier 76 60 34 37 19Industrie textile 75 64 30 38 19Métallurgie transf. métaux 80 60 34 34 15Habillement, cuir 57 50 30 24 11Total industrie (y c.énergie) 81 69 39 37 23Source : Sessi-enquête TIC 1999

Des investissements immatérielsimportants

Les entreprises investissent pour mieux répondre à la de-mande future du marché et conquérir des avantages concur-rentiels. Les investissements matériels (ou corporels) leurpermettent principalement d'étendre leurs capacités de pro-duction ou de renouveler leurs équipements productifs.

Mais les investissements immatériels, engagés par exemplepour améliorer la formation des salariés (et donc leur pro-ductivité) ou encore pour financer des programmes de re-cherche qui mettent au point des nouveaux procédés de fa-brication ou des produits innovants, les dépenses de logicielset enfin celles de publicité pour créer une fidélisation créatricede valeur, ont un effet dont l’horizon dépasse un an et jouentun rôle de première importance dans la position concurren-tielle des entreprises.

Contrairement à l’investissement matériel, l’investisse-ment immatériel est situé en amont et en aval des processusde production et occupe une place déterminante dans uneéconomie où l’information et le savoir jouent un rôle crois-sant. Les financiers prennent d’ailleurs en compte ces actifsincorporels pour évaluer la valeur d’une entreprise

En 1998, les investissements immatériels pour l’indus-trie manufacturière s’élèvent à 207 MdF et sont supérieurs de40% aux investissements matériels.

Le montant des dépenses de recherche et développement(97 MdF) représente 47% des investissements immatériels, et estd’un niveau comparable aux dépenses de publicité (89 MdF).

52

1997 1999

ensemble de 20à 49

de 50à 99

de 100à 249

de 250à 499

500et plus

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100En %

La connexion à l’internet selon la taille de l’entreprise

Source : Sessi, enquêtes TIC 1999 et informatisation

Page 50: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Croissance ralentie de l’investissementimmatériel

L’investissement immatériel se développe de façon plusrapide et moins cyclique que l’investissement matériel.

La période 1990-1993, marquée par un fort recul de l’in-vestissement matériel, souligne cette évolution car la pro-gression de la composante immatérielle n’a pas été affectéepar la crise. La croissance ralentie de l’investissementimmatériel depuis 1997 est due à une moindre progression desdépenses de recherche et développement liées à une baisse dufinancement public, essentiellement dans la constructionaéronautique et spatiale.

53

Les investissements en comptabiliténationale

Ces notions d’investissements matériels et immatériels sont assezéloignées des concepts de la Comptabilité nationale. En base 95 dela Comptabilité nationale, la formation brute de capital fixe (FBCF)est la somme des investissements corporels et des investissementsincorporels (logiciels informatiques, audiovisuel, œuvres littérairesou artistiques, prospection géologique). Toutefois, les logiciels " sys-tème " déjà intégrés dans un matériel informatique avant l’achat decelui-ci, sont comptabilisés en FBCF de matériels informatiques(corporels).Dans notre présentation, l’investissement est compris comme lasomme des investissements matériels (selon l’enquête EAE) et desinvestissements immatériels (dépenses de recherche et dévelop-pement, publicité, formation, logiciels y compris logiciels système).

Capital

Croissance

Quantité decapital

Duréed’utilisation

deséquipements

Compositiondu capital

Technologieintégrée

Travail

Quantité demain-

d’œuvre

Duréedu travail

Ensembledes

compétences

Progrès techniques

InnovationTechnologienon intégrée

Publicité Logiciels R&D Formation

Publicité

R&DInvestissementsmatériels

FormationLogiciels

Investissement selon sa destination en 1998dans l’industrie manufacturière

Sources : Sessi, Scees, SJTI, Cereq, MENRT

Investissement immatériel dans l’industriemanufacturière

MdF 1993 1994 1995 1996 1997 1998

R&D 93,6 94,6 95,1 97,1 95,6 97,3

Logiciel. 4,6 4,8 4,8 4,5 4,6 6,5

Formation 14,1 13,9 14,3 14,1 13,4 13,8*

Publicité 64,9 68,4 70,7 79,8 88,7 89,3

Immatériel 177,2 182,0 184,9 195,5 202,3 206,9

Matériel 119,9 118,5 133,3 142,8 140,7 149,4

Total 279,1 300,5 318,2 338,3 343,0 356,3Sources : MENRT, SJTI, Sessi, Scees, Cereq

Champ : industrie manufacturière y compris IAA*estimation

Investissements

Immatériels Matériels

ProductionDemande

Page 51: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Champ :industrie manufacturière y compris IAA

En 1998, l’investissement immatériel progresse à nou-veau, mais à un rythme moins soutenu que l’investissementmatériel (2,3% contre 6,2%), sous les effets conjugués d’unequasi-stabilité des dépenses de publicité et d’une croissancetrès modérée des dépenses de recherche et développement(+1,7%).

Publicité : la croissance et l’internet,le cercle vertueux

Dépenses de publicité de l’industrie manufacturièreMdF 1993 1996 1997 1998IAA 23,9 34,4 39,5 39,5Manufacturier hors IAA 41,0 45,4 49,1 49,8Manufacturier 64,9 79,8 88,7 89,3Sources : EAE-Sessi-Scees

Les dépenses de publicité de l’industrie manufacturièreont progressé modestement en 1998, voire stagné dans le sec-teur agroalimentaire, qui a connu une activité faible. Mais se-lon le SJTI (Service juridique et technique de l’information etde la communication) l’ensemble du marché français de lapublicité connaît un bond de 9,6% en 1999. Les annonceursinvestissent 420 MdF en achat d’espace internet (contre80 MdF en 1998).

La croissance stimule les annonceurs, repartis à la chas-se aux espaces disponibles. La bonne santé économique en gé-néral, et de la Bourse en particulier, favorise les OPA, les fu-sions et acquisitions, qui se traduisent par autant de placardspublicitaires. L’internet fait marcher les affaires, pour les an-nonceurs traditionnels qui envahissent le WEB, et pour les cy-ber-annonceurs qui font leur publicité dans les médias tradi-tionnels…

Les dépenses de formation marquentle pas

Le capital humain est un facteur clé dans le processusd’innovation. Nombreuses sont les études qui considèrentque le manque de personnel qualifié est un des obstaclesmajeurs à l’innovation. Dans l’enquête TIC du Sessi de lafin de l'année 1999, près de 40% des entreprises estimentavoir des difficultés dans le recrutement de compétencesspécifiques mais aussi dans la formation ou le reclassementdu personnel. La formation, en améliorant la qualification

des salariés, est donc un enjeu stratégique important desentreprises.

Selon une étude de l’Insee, un quart des formations sui-vies sur l’initiative de l’employeur portent sur l’informatique,la bureautique, le traitement de texte et les techniques admi-nistratives. Et ce sont les grandes entreprises qui font le plusgros effort pour former leurs salariés.

Dépenses de formation de l’industrie manufacturière

Année 1995 1996 1997 1998

MdF 14,3 14,1 13,4 13,8*Source : Cereq

*estimation

Entre 1995 et 1998, la reprise de l'activité économiquese traduit par une stabilisation puis une légère augmentationdes effectifs salariés, accompagnée d'une baisse de l'effort deformation, le taux d'accès à la formation des ouvriers cessantsa progression. Au contraire, entre 1990 et 1995, alors que l’in-dustrie française connaissait une récession qui a profondé-ment affecté la structure de l’emploi (l’industrie représentaitle quart des emplois en 1990 et seulement le cinquième en1995), l’effort de formation professionnelle continue pour-suivait sa progression, puis se maintenait à niveau élevé.

Champ : industrie (y compris énergie)Note : dépenses de formation en % de la masse salariale qui sont estimées en 1998.

Champ : ensemble de l’économie

54

Investissements matériels

Investissements immatériels

110

130

150

170

190

210

230

19981996199419921990

En MdF

Investissements immatérielsdans l’industrie manufacturière

Sources : EAE (Sessi/Scees), Cereq, MENRT, SJTI

3,20

3,25

3,30

3,35

3,40

3,45

3,50

3,55

3,60

199819961994199219902 700

2 800

2 900

3 000

3 100

3 200

3 300

3 400

3 500

Emploi

Dépenses de formation

En milliers En %

Évolution de l’emploi et dépenses de formationde l’industrie

Source : Cereq

Ouvriers

Techniciens

Ingénieurs et cadre

Employés

Ouvriers qualifiés

0

10

20

30

40

50

60

19981996199419921990

En %

Taux d’accès à la formation selon la CSP

Source : Cereq

Page 52: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

La formation continue semble donc avoir pris une partactive dans la recomposition de l’emploi, comme en témoi-gnent les évolutions des possibilités d’accès à la formation desdifférentes catégories professionnelles (progression plus for-te des taux d’accès à la formation des ouvriers que de celledes ingénieurs).

Progression timide de la R&D

Dépenses intérieures de R&D pour l’industriemanufacturière

MdF 1990 1995 1996 1997 1998 1999

DIRDE 85,9 95,1 97,1 95,6 97,3 101,3*

Financt privé 67,0 80,6 82,7 83,4 86,1 90,1*

Financt public 18,9 14,5 14,4 12,2 11,2 11,2*Source : MENRT

* valeur estimée

Après une baisse en 1997, les dépenses de R&D pourl’industrie manufacturière augmentent de nouveau en 1998 de1,8% en valeur, leur croissance restant toutefois inférieure àcelle de la valeur ajoutée industrielle (2,5% en valeur). Cettecroissance s'accélérerait en 1999, pour atteindre 4,1%, et dé-passerait ainsi celle du PIB (3,3%).

Selon l’enquête de l’Insee de janvier 2000 sur les fac-teurs de production dans les grandes entreprises, les industrielsprévoient une augmentation de leurs dépenses en rechercheet développement en 2000, surtout dans l’industrie automo-bile et, dans une moindre mesure, dans les biens de consom-mation. Néanmoins, 2000 apparaît, dans l'enquête du minis-tère de la Recherche, plutôt comme une année de consolidationde l'effort de recherche des entreprises, sans accélération desdépenses.

En 1998, la hausse du financement par les entreprises deleurs dépenses de recherche (5,6%) n'a pas suffi à compen-ser la baisse des financements publics (-8,2%). Cette baissedu financement public s’explique par le recul des programmesde la Défense, par ceux de l’aéronautique civile et par ceuxdu ministère chargé de l’industrie dans le cadre des grands pro-grammes électroniques.

Sur moyenne période, le financement par les entreprisesmanufacturières de leurs budgets de recherche a régulière-ment progressé (78% en 1990, 89% en 1999) alors que, dansle même temps, les financements publics reculaient.

Champ : industrie manufacturière y compris IAA

L’industrie des télécommunications,première utilisatrice de R&D

En 1998, six branches industrielles concentrent 75% dela dépense intérieure de recherche pour l'industrie manufac-turière, et totalisent un montant de R&D de 73 MdF. Ce sontl'industrie de fabrication d'équipement radio et télécommu-nication, l'industrie pharmaceutique, l'industrie automobile,l'industrie de construction aéronautique et spatiale, l’industriedes instruments de mesure et l'industrie chimique.

55

0,0

0,2

0,4

0,6

0,8

1,0

1,2

1,4

1999199819971996199519941993199219911990

En %

Financement public

Financement privé

Ratio DIRDE/PIB pour l’industrie manufacturière

Source : MENRT

Automobile

Communication

Chimie

Aéronautique

Pharmacie

4

6

8

10

12

14

16

18

20

199819971996199519941993199219911990

En MdF

DIRD des entreprises selon les branches

Source : MENRT

La mesure de l'effort de recherchede l'industrie

Les dépenses de R&D retenues ici concernent les dépenses derecherche pour la branche industrie manufacturière (97,3 MdF en1998) et non celle du secteur manufacturier (76,5 MdF en 1998)car elles sont plus représentatives de l’effort de recherche de l’in-dustrie. Les entreprises industrielles font effectuer une partie de leurrecherche au sein de sociétés de services spécialisées dans la re-cherche (souvent des filiales de recherche). Ce phénomène toucheparticulièrement les industries des secteurs automobile et pharma-ceutique.En 1998, les dépenses intérieures de R&D (DIRD), c’est-à-dire lesdépenses correspondant aux travaux de R&D exécutés sur le ter-ritoire national, quelle que soit l’origine des fonds ou l'organisme quiles effectue (entreprise ou administration), s’élevait à 185,9 MdF.Les entreprises exécutaient pour 115,8 MdF de recherche (DIR-DE), le reste (70,1 MdF) étant exécuté par les administrations (DIR-DA). 97,3 MdF de ces 115,8 MdF concernent des travaux de re-cherche pour le compte de l’industrie manufacturière. Selon l’enquête de conjoncture du ministère de l'Education de jan-vier 2000, l’évolution de la dépense intérieure de recherche (DIRD)prolongerait le mouvement de reprise des budgets de recherchequi semble s’être engagé en 1998 après la baisse observée en1997, mais sans pour autant atteindre la croissance du PIB. Lesdépenses intérieures de recherche (DIRD) croîtraient en 1999 de2,7%, soit un rythme légèrement supérieur à celui de 1998. La DIRDatteindrait ainsi 191 MdF, soit 2,17% du PIB.

Page 53: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Sur moyenne période, de 1992 à 1997, la répartition dela DIRD des entreprises par branches de recherche s’est mo-difiée.

Malgré le fort recul des dépenses intérieures de R&D dela construction aéronautique et spatiale depuis 1992, celle-cis’est maintenue au premier rang des branches de recherche(c’est-à-dire des branches économiques bénéficiant desactivités de recherche) jusqu’en 1996.

Ce n’est plus le cas en 1997 : la pharmacie se place,cette année-là, au premier rang des branches utilisatrices destravaux de R&D, avec une évolution significative de 45% envaleur de 1992 à 1997, alors que l’industrie aéronautique etspatiale est reléguée au 4e rang, derrière la pharmacie, l’au-tomobile et l’équipement en matériel de télécommunication.

La poursuite de la progression de la branche télécom-munication (fabrication d'équipement radio et de télécom-munication) mais aussi des efforts de restructuration dequelques grands groupes français de ce secteur, classent lestélécommunications au premier rang en 1998, avec uneévolution significative de 43% entre 1992 et 1998, et 13%(1,7 GF) entre 1997 et 1998.

Prépondérance des États-Unisdans les dépenses de R&D

L’effort de recherche et développement (mesuré par lapart du PIB affectée à la dépense intérieure de recherchetotale, qu'elle soit effectuée par les entreprises ou les admi-nistrations) est nettement inférieur à celui du Japon et desÉtats-Unis. En 1997, il n’atteint que 2,2% du PIB en France,et 1,8% dans l’Union européenne, contre 2,9% au Japon et2,7% aux États-Unis. Entre 1995 et 1998, les États-Unis ontconsacré 272 Md$ PPA (taux de change calculé selon la mé-thode de la " parité du pouvoir d’achat ") de plus que l’Unioneuropéenne aux dépenses de recherche. A cela s'ajoute une re-cherche européenne moins efficace car organisée de maniè-re dispersée et parfois redondante.

En 1998, avec une dépense intérieure de recherche etdéveloppement de 144 Md$ PPA, l’Union européenneoccupe le deuxième rang, mais loin derrière les États-Unis(227 Md$ PPA).

Par habitant, la France dépensait 462 dollars PPA, alorsque l’Union européenne en dépensait 384, les États-Unis 842et le Japon 731 (source Base MSTI de l’OCDE).

Dans tous les pays, le poids des dépenses de recherche etdéveloppement baisse au début de la décennie 90.

Mais un redressement intervient dès 1993 aux États-Uniset au Japon, alors que la décroissance se poursuit en Europe.Au sein de l’Union européenne, aucun pays, mis à partl’Allemagne à partir de 1996, ne connaît de retournement àla hausse du ratio DIRD/PIB depuis 1995.

En Allemagne, la chute du ratio DIRD/PIB entre 1989 et1993 est une conséquence de la réunification. A partir de1994, cette chute est enrayée et le retour de la croissanceintervient en 1996.

En France, les évolutions observées paraissent décaléesdans le temps par rapport à celles des autres pays industria-lisés. La hausse de la part de DIRD dans le PIB observéedans les années 80 se poursuit jusqu’en 1993. En revanche,on constate ensuite une baisse continue du ratio, qui trancheavec le retournement de tendance observé dès 1995 aux États-Unis et au Japon, et en 1996 en Allemagne. Le ratio français,après avoir rattrapé puis dépassé celui de l’Allemagne en1993, est de nouveau distancé par ce dernier en 1996. Lefinancement militaire de la R&D a régressé de manièrespectaculaire en France, contrairement à l’Allemagne où ila toujours été faible en niveau.

L’effort en recherche et développement, mesuré par le ra-tio DIRD/PIB, est très variable au sein de l’Union européenne.En 1998, la Suède (3,8%) et la Finlande (2,9%) se situent àun niveau très élevé, au-dessus des États-Unis et du Japon. Ungroupe assez large de pays, avec notamment le Royaume-Uni (1,8%), la France (2,2%) et l’Allemagne (2,3%), est plusou moins largement au-dessus de la moyenne. A l’opposé,enfin, le Sud de l’Europe, avec l’Italie (1,0%) et l’Espagne(0,9%), est à l’étiage.

Dégradation persistante des dépôtsde brevets

Bien que les dépôts de brevets en France par les entreprisesfrançaises aient enregistré une progression de 5,3% par rap-port à 1998, la position technologique de la France,mesurée par sa part mondiale de brevets, tant dans le systè-me de dépôt européen que dans le système américain, se dé-grade fortement. Entre 1990 et 1999, dans le système euro-péen, la part de la France chute de 8,5% à 6,7%, soit uneperte de 21% en 9 ans (ou -2,6% par an). Dans le systèmeaméricain, la position française passe de 3,7% à 2,9% (-2,7%par an).

La position française à l'intérieur de l'Union européenneconnaît la même rupture, mais elle se situe plus tardivement.Alors que l'évolution de la France par rapport aux autres payseuropéens était favorable depuis 1987, elle se dégrade à par-tir de 1994. En 1993, la France déposait 17,9% des brevetsde l'Union européenne dans le système de brevets européens,en 1999, cette proportion passe à 15,3%. Dans le systèmeaméricain, la part de la France par rapport aux brevets dépo-sés par l’Union européenne passe de 17,8% en 1995 à 16,6%en 1999.

Ce repli de la position française concerne tous les sec-teurs, mis à part la chimie fine-pharmacie, qui se stabilise enpart mondiale de brevets européens et amorce même unereprise en part mondiale de brevets américains.

56

France

Allemagne

Royaume-Uni

UE

Japon

USA

1,5

2,0

2,5

3,0

199719951993199119891987198519831981

En %

DIRD/PIB

Source : MSTI OCDE

Page 54: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

57

42

45

48

51

54

57

19991997199519931991198919871985198315

15,5

16

16,5

17

17,5

18

18,5

19

19,5

20F/UE (%) UE/m (%)

Brevets européenspart de la France dans l’UE et de l’UE dans le monde

Source : OST, 1998 et 1999 estimation Sessi

17

20

23

26

19991997199519931991198919871985198315

15,5

16

16,5

17

17,5

18F/UE (%) UE/m (%)

Brevets américainspart de la France dans l’UE et de l’UE dans le monde

Source : OST, 1998 et 1999 estimation Sessi

Brevets : un indicateur de la performancetechnologique ?

Les dépôts de brevets sont fortement liés à l’inventivité et consti-tuent un indicateur possible de la mesure de la production de l’ac-tivité de recherche et développement. Il ne doit toutefois être utili-sé qu’avec précaution, car la propension à déposer des brevetsvarie selon les entreprises, les secteurs et les pays.

Coefficient d’inventivité en 1997(nombre de demandes de brevets déposés dansle pays par des résidents, pour 10 000 habitants)

UE EU Japon France Allemgne RU

2,5 4,5 27,7 2,2 5,5 3,1Source : MSTI OCDE

L’effet de surprise, le secret de fabrication, le lancement rapide oules prix bas sont aussi des moyens de commercialiser efficace-ment une invention.Les chiffres sont parfois fragiles car il est difficile d’éliminer leseffets de filiation réciproque entre les zones considérées. De plus,les brevets européens sont concurrencés dans leur propre zonepar les brevets nationaux.Toutefois, l’augmentation du nombre de brevets déposés depuis lesannées 80, que ce soit auprès de l’office européen des brevets(OEB) ou du Patent Trademark Office (PTO), traduit bien l’importancecroissante de l’innovation au cours de ces dernières années.

POUR EN SAVOIR PLUS :

DUHAUTOIS R et MÉNARD L (2000): " L'investissementdes entreprises et contraintes financières entre 1985 et 1996 ",Insee, note de conjoncture, mars

CREPON B et ROSENWALD F (2000) : Investissementet contraintes de financières, le poids du cycle, document detravail de l'Insee n° G2000/05

LECOUPEUR Y (2000) :" La durée d'utilisation des équi-pements dans l'industrie en 1999", bulletin de la Banque deFrance n°75, mars

LAFFITE P( 2000 ): " Les programmes multilatéraux desoutien à la recherche et à l’innovation : perspectives pour lesPME ", rapport du Sénat n°311, avril

MENRT (2000) : Recherche et développement en France :résultats 1997, estimations 1998, Dossier du ministère del'Education nationale et de la Recherche technologique n°114,mars 2000

CEREQ (1998) : Activité économique, emploi et formationcontinue dans l'industrie : impact d'une récession, bref n°138janvier

BARREDIN R, dir (2000) : "indicateur 2000", Sciences etTechnologies, observatoire des Sciences et Techniques

OCDE (1999): Tableau de bord de l’OCDE de la science,de la technologie et de l’industrie, septembre

OCDE (2000) : Principaux indicateurs de la science de latechnologie, mai

SESSI (2000) : Tableau de bord de l'innovation : 3e édition(Sessi)

CPCI (1999) : "Etude sur l'innovation technologique dansl'industrie", l'état de l'industrie française, rapport 1999

FEUVRIER P, HEITZMANN R (2000) : L 'industrie fran-çaise à l'heure des technologies de l'information et de la com-munication, le 4-pages, Sessi, n°135, août 2000

FEUVRIER P, HEITZMANN R : l'internet dans l'industriefrançaise, une révolution en marche, le 4-pages, Sessi, n° 136,août 2000

COHEN D, DEBONNEUIL M : l’économie de la nouvellee-conomie

Page 55: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

58

Les positions technologiques en 1997Les dépôts de brevet sont, pour l’essentiel, concentrés dans les sec-teurs arrivés à maturité, comme les transports terrestres, les biensd’équipement (BTP, matériaux), la chimie mais aussi l’environnement.Les États-Unis ont une avance considérable dans la pharmacie (60%du total des brevets européens déposés contre 25% pour l’Union eu-ropéenne), les biotechnologies (60% contre 27%) et l’informatique(70% contre 16,5%). Le Japon reste, quant à lui, très concentré sur lesdomaines de l’électronique, de l’audiovisuel et des télécommunica-tions.

Dans les secteurs de l’audiovisuel et des télécommunications, lesÉtats-Unis, l'Union européenne et le Japon sont, en Europe, aucoude à coude (30,3%, 33,6% et 30,1% respectivement).

Une dégradation depuis 1983La position technologique de la France, tout comme celle de l’Unioneuropéenne, s'est dégradée entre 1983 et 1997

Parts de brevets déposés à l'OEB(Office européen des brevets)

EU UE Japon France1983 26,3% 54,3% 11,9% 10,1%

1997 33,7% 43,1% 14,7% 6,8%

Parts de brevets déposés au PTO(Patent trademark office)

EU UE Japon France

1983 51,9% 24,1% 17,6% 3,9%

1997 49,2% 17,8% 23,8% 3%

Brevets : évolution des positions technologiques de la France

0 20% 40% 60% 80% 100%Total

BTP

Transports

Environnement

Procédés ind

Matériaux

Biotechnologies

Pharmacie

Instrumentation

Informatique

Audiov.Télécom

Composants e.e.

France Allemagne Royaume-Uni

Reste Europe États-Unis Japon

Parts de brevets européens dans les technologiesclés en 1997

Source : OST

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

19971995199319911989198719851983

En %

Reste UE

Japon

Royaume-Uni

Allemagne

France

Etats-Unis

Parts des brevets déposés en Europe

Source : OST

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

19971995199319911989198719851983

En %

Reste UE*

Japon

Royaume-Uni*

Allemagne*

France

Etats-Unis

* séries extrapolées à partir des valeurs de 1990 et 1997

Parts des brevets déposés aux États-Unis

Source : OST

Page 56: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Accélération de la croissancede l’emploi

Le début de l’année 2000 confirme la croissance de l’em-ploi industriel pour le troisième trimestre consécutif. En 1999,l'emploi salarié dans l'industrie manufacturière progresse lé-gèrement sur un an (0,3%, soit 13 400 personnes, auxquellesil faut ajouter une croissance d’environ 32 800 intérimaires).Le début de l’année 1999 a été marqué par une régressionattendue de l’emploi industriel, suivie d’une reprise forte aucours du second semestre, reprise qui devrait se prolonger audébut de l’année 2000. L’emploi manufacturier atteint 3,85 mil-lions de salariés fin 1999.

Variation annuelle des effectifs salariés au 31-12

en % 97 98 99

Industries agricoles et alimentaires 1,2 0,8 0,7

Biens de consommation -1,7 -0,2 -1,5

Industrie automobile -0,5 0,1 0,7

Biens d'équipement -0,2 0,5 1,4

Biens intermédiaires -0,2 0,5 0,5

Ind. manufacturière (y c. IAA) -0,3 0,4 0,3

Ind. manufacturière (y c. IAA) avec intérim 2,0 1,0 1,2

Ensemble des secteurs marchands 1,6 2,1 2,7Sources : enquête ACEMO, Dares & Insee.

Dans l'industrie, les créations nettes de postes s'exercentencore en majorité par l’emploi d’intérimaires. Au cours de9 premiers mois de 1999, le travail temporaire a progressé àun rythme ralenti par rapport à 1998, puis est reparti à la haus-se avec la reprise de la conjoncture. Le nombre d’intérimairesdans l’industrie serait de plus de 300 000 personnes fin avril2000 et le taux de recours à l’intérim serait supérieur à 6%.La progression de l’intérim, qui s’était fortement ralentie aupremier semestre 1999 (+4% l’an), semble avoir repris à unrythme supérieur à 10% par an.

Part des intérimaires dans l’emploi (*)

en % au 31-12-1999

Industries agricoles et alimentaires 7,2

Biens de consommation 4,5

Industrie automobile 7,9

Biens d'équipement 6,3

Biens intermédiaires 6,9

Industrie manufacturière 6,4(*) emplois y compris intérimaires Sources : Unedic, calcul Sessi.

En 1999, la croissance de l’emploi industriel reste beau-coup moins rapide (+0,3%) que celle des autres secteurs(+3,6%), faisant supposer une croissance de la productivitéapparente du travail plus rapide dans l’industrie que dans letertiaire. En période de reprise, les gains de productivité sont

C H A P I T R E 5

La croissancede l’emploi continue

L’augmentation des effectifs industriels se prolonge en 1999 pour la France, tandis qu’en Europe les évolutionssont moins favorables. L’emploi industriel direct croît aussi rapidement en 1999 qu’en 1998, et l’emploi desintérimaires dans l’industrie, après une pause en début d’année, évolue plus favorablement fin 1999-début2000. Des difficultés de recrutement s’accentuent pour certaines spécialités, ou commencent à apparaître pourd’autres. La réduction de la durée légale du travail ne fait véritablement sentir ses effets qu’à partir du derniertrimestre 1999, et il en résulte une hausse mécanique du taux de salaire horaire. La modération salariale restecependant la règle et devrait se prolonger en 2000 : elle se conjugue avec les gains de productivité résultantdu cycle d’activité, pour entraîner une évolution favorable du coût salarial unitaire.

59

Page 57: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

particulièrement importants dans le secteur manufacturier(cycle de productivité). De plus, structurellement, la comp-tabilisation de l’emploi intérimaire dans les services ampli-fie abusivement ce déséquilibre des gains de productivité dutravail. Dans le calcul de la productivité industrielle, les ef-fectifs intérimaires n’apparaissent pas au dénominateur, cequi conduit à surévaluer la productivité apparente du travail,même si, parallèlement, la valeur ajoutée dégagée par les in-térimaires de l’industrie est également réduite par la comp-tabilisation de leur coût en consommations intermédiaires deservices par l’industrie. Inversement, dans les services, le cal-cul de la productivité conduit à une sous-évaluation : le nombred’intérimaires travaillant dans l’industrie apparaît au déno-minateur, alors qu’au numérateur, dans la valeur ajoutée, n’estprise en compte que leur rémunération (et celle de l’entre-prise d’intérim) sans la valeur ajoutée supplémentaire qu’ilsgénèrent.

Variation des effectifs salariés en 99 glissement sur 12 mois Salariés de Intérimaires totalen % l'industrie dans l'industrie

Industries agricoles et alimentaires 0,7 11,7 1,4

Biens de consommation -1,5 17,8 -0,7

Industrie automobile 0,7 19,5 2,3

Biens d'équipement 1,4 11,2 2,0

Biens intermédiaires 0,5 14,5 1,4

Industrie manufacturière 0,3 14,2 1,2Sources : Insee & Unedic, calcul Sessi

En 1999, l’amélioration est perceptible dans tous les sec-teurs industriels, à l’exception des biens de consommation. Laprogression amorcée en 1998 est maintenue dans les indus-tries agroalimentaires et dans les biens intermédiaires : pources derniers, elle correspond encore à une phase ascendantedu cycle conjoncturel. La croissance des effectifs en 1998,et accélérée en 1999 dans les biens d’équipement, corres-

60

Avec 5,3% de la valeur de la production, et 2,9% de la population ac-tive, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ontun poids grandissant dans l’économie française. Depuis 1996, leurcroissance en volume a atteint 10% par an, rythme toujours supérieurà celui de l’ensemble de l’économie. Le différentiel tend même à s’ac-centuer avec le temps : il est aujourd’hui de 9 points, contre 4,4 pointsen 1996. Les TIC contribuent pour 20% à la croissance globale de laproduction sur les quatre dernières années, et à 13% de la croissan-ce du PIB en 1998. La forte contribution des TIC à la croissance ob-servée depuis plusieurs années aux États-Unis est également à l’œuvreen France. Elle est toutefois un peu moins marquée. En termes depart dans la production, la France afficherait, en 1998, un retard de1,5 point par rapport aux États-Unis. La partie manufacturière des TICaurait un poids équivalent dans les deux pays. En revanche, les ser-vices informatiques et de télécommunications auraient un poids plusfaible en France. Le secteur des TIC employait, à la fin de 1998,660 000 personnes. Depuis 1994, plus de 100 000 emplois ont étécréés dans ce secteur, dont la moitié pour la seule année 1998.

Les effets diffusent dans le reste de l’économie, avec des consé-quences incertaines sur la productivité. Au-delà des effets sur le sec-teur des technologies de l’information, l’effet global sur l’emploi va dé-pendre de la diffusion des TIC dans les autres secteurs. C’est là queles TIC peuvent, le cas échéant, produire des effets destructeurs comp-te tenu des gains de productivité susceptibles d'en découler, d’où la né-cessité de bien appréhender les mécanismes économiques généréspar leur diffusion. L’essentiel de la production du secteur est utilisé,sous forme de consommation intermédiaire ou d’investissement, parles autres secteurs de l’économie. Les TIC ne représentent que 2 %de la consommation finale, mais 11 % des investissements et 8 % desconsommations intermédiaires. De ce fait, les secteurs utilisateursvont être stimulés par l’impact des nouvelles technologies.

Les réflexions relatives à cette diffusion concernent principalementl'impact des TIC sur la productivité apparente du travail et sur la pro-ductivité globale des facteurs. Les performances des produits et desservices mis sur le marché se sont améliorées de façon spectaculai-re et continue. Pourtant, comme l’a exprimé Robert Solow en 1987, enénonçant son " paradoxe de la productivité ", depuis vingt ans, unegrande partie du capital productif est investie dans ces technologies etla productivité n’augmente pas plus vite. Les TIC favoriseraient une amé-lioration de la qualité de la production, sans en accroître nécessaire-ment la valeur. Telle est une explication possible du paradoxe de Solow.Une économie numérisée permet de développer de nouvelles fonc-

tionnalités, d’améliorer les services associés aux produits ou encorede personnaliser l’offre. Lorsque l’usage de ces technologies est suf-fisamment répandu, les effets de réseaux en renforcent l’utilité. Ainsi,les consommateurs tirent parti d’une valeur apportée par les techno-logies de l’information et de la communication, sans que celle-ci soitvisible dans le prix de vente. Ces effets d'utilité ne sont généralementpas pris en compte dans l'analyse des impacts des TIC sur la pro-ductivité. Ceci revient à sous-estimer les effets volume liés à la diffu-sion de ces technologies et à surestimer les évolutions des prix.

Une simulation à partir du modèle économique DIVATIC introduit un chocde demande supplémentaire de produits TIC sur l'économie françai-se : un supplément de demande d’un MdF engendre un accroisse-ment du PIB de 2,2 MdF. Deux scénarios prospectifs sur trois ans ontété élaborés. Le premier est un scénario de diffusion restreinte, danslequel on considère que seul le secteur des TIC bénéficiera directement,dans les prochaines années, des effets d'utilité liés à l'utilisation deces technologies. C'est une vision que l'on peut qualifier de relative-ment conservatrice par rapport aux hypothèses de la nouvelle écono-mie. Le second scénario, davantage conforme aux réflexions actuellesde la nouvelle économie, reprend à son compte le principe d'unediffusion plus large des TIC produisant des effets d’utilité dans toutesles branches d'activité, principalement dans les banques, les assu-rances les transports et le commerce. Ces effets ont été estimés àpartir des données passées et des "dires d'experts".

Dans les deux scénarios, les TIC contribuent à la croissance et sontcréatrices d’emplois. La demande de produits en provenance du sec-teur des TIC est désormais aussi riche en croissance et en emplois quela moyenne des autres produits. Quelles que soient les hypothèsesretenues, 85% des créations d'emploi seront concentrées dans cinqbranches, notamment : les services aux entreprises, les biens inter-médiaires, le commerce, les biens d'équipement et l'automobile et laconstruction. La principale incertitude porte sur l’ampleur de l’impactsur la croissance et les créations d’emploi. Dans l’hypothèse basse, scé-nario de diffusion restreinte, les TIC devraient contribuer dans les an-nées à venir à hauteur de 0,6 point à la croissance annuelle et permettrela création, sur trois ans, de 74 000 emplois par an. Dans l’hypothèsehaute, scénario de diffusion élargie, les impacts des TIC seront nette-ment plus significatifs. Leur contribution à la croissance serait de1,6 point par an et, pour chacune des trois années, 190 000 emploissupplémentaires seraient créés.

Source : étude BIPE sur commande DiGITIP.

Les technologies de l’information et de la communication :des effets favorables sur l’emploi

Page 58: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

pond à la phase du cycle de conjoncture où la demande en-traîne l’investissement. Comme pour l’automobile, elle estrenforcée aussi par les exportations de ce secteur. La situationde l’emploi se dégrade dans les biens de consommation, mal-gré une progression de l’emploi des intérimaires.

Au cours du premier trimestre 2000, tous les secteurs ma-nufacturiers ont des effectifs en croissance : les industriesdes biens intermédiaires créent 12 000 emplois, après 6 800au trimestre précédent. Les industries agricoles et alimen-taires augmentent leurs effectifs de 1 900 postes. L’industrieautomobile enregistre quasiment le même nombre de créationsd’emplois qu’au trimestre précédent (+1 500 au 4e trimestre1999 et +1 300 au 1er trimestre 2000). Les industries des biensde consommation affichent également des gains à hauteur de2 400, après 2 700 au trimestre précédent. La croissance dansles biens d’équipement se ralentit, avec 1 600 créations nettesd’emplois au 1er trimestre 2000 contre 6 800 le trimestre pré-cédent.

Indicateur significatif des difficultés économiquesrencontrées par les entreprises, le chômage partiel indemni-sé est en constante diminution depuis le début de l’année1997, avec cependant un léger palier des demandes d’in-demnisation fin 1998-début 1999. Celles-ci étaient dues pourune large part à l’industrie métallurgique et à la branchetextile et habillement qui ont alors connu un ralentissementde leur activité.

Des évolutions moins favorablesen Europe

L’année 1999 est marquée par une reprise de la baissedes effectifs industriels en Europe. La France, exception enEurope, avec la Finlande et l’Espagne, connaît une haussedes effectifs, et, parmi les grands pays développés, seuls lesÉtats-Unis réduisent moins leurs effectifs manufacturiers en1999 qu’en 1998. L’Espagne elle-même connaît une crois-sance ralentie (+2,8% en 1999 contre +5,1% en 1999). Aupremier trimestre 2000, la zone " euro " connaît une stabili-sation des effectifs industriels, mais la baisse continue dansle reste de l’Union européenne.

L’emploi dans l’industrie en France est caractérisé parune faible proportion de travailleurs jeunes (moins de 30 ans)

et une faible proportion de travailleurs âgés (50 ans et plus).La France, dans une période de chômage et de restructurations,a réduit les taux d’activité des jeunes et des plus âgés. Cecirésulte de la prolongation des études pour les jeunes et des me-sures de préretraite pour les plus de 50 ans. Les changementsintervenus dans la conjoncture devraient avoir des effets surces modes d’adaptation de l’emploi. L’industrie, qui est plustouchée que le tertiaire par le problème du vieillissement, estconcernée aussi par les problèmes de recrutements de jeunes.Dans l’industrie manufacturière, l’âge médian est actuelle-ment de 40,6 ans (au lieu de 39,3 dans les autres activités),dans certains secteurs une frange importante des salariés ontentre 45 et 55 ans (automobile, production d’énergie, construc-tion navale et ferroviaire).

Structure par âge de l’emploi industriel en Europe

en % De 15 à 29 ans 50 ans et plus

Portugal 36,8 15,8

Espagne 30,6 20,8

Italie 28,2 16,7

Danemark * 27,7 21,7

Royaume-Uni 26,3 22,8

Union européenne (15)* 25,7 19,8

France 22,7 18,0

Suède 21,1 27,5

Suisse 21,1 25,9

Allemagne (y c.ex-RDA) 20,8 22,0Source : Eurostat, enquête sur les forces de travail., 1999 (* 1998 )

Les générations qui arrivent à l’âge d’entrée dans la vieactive sont relativement moins nombreuses en 1999 que lesannées précédentes, mais les disponibilités de main-d’œuvrejeune restent importantes pour deux raisons : la durée desétudes cesse de s’allonger (F.Brunet et C. Minni, 2000) etsurtout le service national, en cours de suppression, occupait22 000 jeunes de moins en mars 1998 qu’en mars 1997 etencore 68 000 de moins en janvier 1999. Au début de 2000,il ne restait qu’environ 70 000 jeunes sous les drapeaux, avecune diminution programmée de 40 000 appelés par an. Début2000, l’augmentation de l’emploi pour les hommes de moinsde 25 ans a certes fait reculer le taux de chômage (-6 points

61

Variation en %

-2,0

-1,5

-1,0

-0,5

0,0

0,5

1,0

1,5

99-2 00-198-297-296-295-294-293-2

Industrie manufacturière (y c. IAA)

Secteurs marchands non industriels

Variation trimestrielle des effectifs salariés(hors intérim)

Sources : Insee, Dares

90

95

100

105

110

115

99-498-497-496-495-494-4

100 = 1995

Espagne

Royaume-Uni

France

Italie

Allemagne(yc. ex-RDA)

Emploi industriel en Europe

Source : Eurostat, new cronos

Page 59: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

depuis début 1997) mais moins rapidement que pour lesfemmes d’âge équivalent (-10 points).

Des tensions et une mobilitéaccrues

En avril 2000, les chefs d’entreprise anticipent toujoursune forte croissance de leurs effectifs. Les difficultés derecrutement augmentent, mais n'atteignent pas encore– à la différence des anticipations de recrutements – leniveau record de 1990-1991. C’est 44% des chefs d’entre-prise qui déclarent connaître des difficultés en la matière,mais il s’agit d’un indicateur qui a une grande sensibilité.Les difficultés de recrutement sont particulièrement impor-tantes dans l’automobile et les biens d’équipement oùcette proportion atteint 53%. Les besoins de main-d’œuvreconcernent principalement les ouvriers qualifiés, techniciens,maîtrise et cadres, pour lesquels 23% à 24% des entreprisesindustrielles déclarent connaître des difficultés de recru-tement.

L’amélioration de l’emploi entraîne tout d’abord uneaugmentation des flux entre les entreprises (voir les statis-tiques de mouvements de main-d’œuvre), et ne se traduitqu’avec retard sur l’équilibre d’ensemble du marché dutravail. La situation actuelle est caractérisée par une aug-mentation des flux d’entrées, mais aussi de sorties desentreprises. Le taux de rotation annuel (importance des fluxramenée aux effectifs, source DMMO) dans l’industriepasse de 19,8% en 1996 à 21,4% en 1998. Peu perceptibledans l’industrie au premier semestre 1999 à cause d’uneconjoncture encore faible, ce phénomène s’est accéléré depuis :le taux de démission était déjà de 0,9% au second trimestre1999 contre 0,8% un an plus tôt. La mobilité s’accroîtprincipalement pour les ouvriers qualifiés. Elle provoque uneréallocation forte des ressources en main-d’œuvre entre lesentreprises.

Proportion de salariés en CDD

en % Fin 1996 Fin 1998 Fin 1999

Ind. agricoles et alimentaires 8,4 6,9 7,1

Biens de consommation 4,5 4,5 4,3

Industrie automobile 2,2 5,6 2,4

Biens d'équipement 4,1 3,4 3,2

Biens intermédiaires 3,9 3,7 3,6

Industrie manufacturière 4,6 4,4 4,1Source : Dares, enquête ACEMO.

La proportion de salariés en contrats à durée déterminéea diminué dans l’industrie en 1999. La croissance a doncconduit à une stabilisation des salariés embauchés, sans dou-te plus rapide qu’antérieurement. La concurrence sur le mar-ché du travail conduit aussi probablement les entreprises àrecourir davantage au travail intérimaire qu’aux CDD pour destravaux de courte durée.

L’amélioration de l’emploi a commencé à se traduire en1999 sur le niveau du chômage, et les effets de l’améliorationdeviennent très sensibles au début 2000 : le taux de chôma-ge, qui avait décru de 11,7% en octobre 1998 à 11% enoctobre 1999, est descendu à 9,8% en mai 2000.

La croissance de l’offre d’emplois enregistrée àl’ANPE entre octobre 1999 et mars 2000 par rapport àla période correspondante de 1998-1999 a été particuliè-rement importante dans l’électricité-électronique (+39 %)et les industries de " process " (+34%). La diminution dunombre de demandeurs concerne plus particulièrement lesdomaines de l’électricité-électronique, de la mécaniqueet de la maintenance. Les ouvriers de ces domaines ont unemploi en forte progression et le chômage s’est fortementréduit. Les tensions s’accroissent pour les ouvriers desindustries de " process " (agroalimentaire, chimie, pharmacie,métallurgie, bois, plastique…). Les tensions sont aussi im-portantes pour les emplois d’ouvriers peu qualifiés du bois,situation engendrée sans doute par les conséquences des tem-pêtes de la fin 1999.

Les flux enregistrés à l’ANPE

variations en %1999 milliers 97-98 98-99

Offres d'emploi enregistrées

Ensemble des activités 2 963 8,0 9,1

I.A.A. 81 0,7 9,1

Biens intermédiaires 53 5,3 -8,8

Biens d'équipement 63 9,5 -6,1

Biens de consommation 65 -4,7 -7,8

Industries manufacturières 261 2,2 -3,0

Dont : type A durables 150 3,0 -4,9

Dont : type B+C courte durée 112 0,9 -0,3

Demandes d'emploi enregistrées selon l’activité antérieure

Toutes demandes (catégorie 1) 4 084 -4,6 -2,4

I.A.A. 80 -7,8 -5,3

Biens intermédiaires 147 -2,9 -1,1

Biens d'équipement 107 -10,0 -6,5

Biens de consommation 211 -8,9 -5,9

Industries manufacturières 544 -7,5 -4,7Sources : ANPE, Dares, Insee.

Dans les professions intermédiaires, le chômage faibledes techniciens et agents de maîtrise des industries méca-niques et électriques se conjugue avec un emploi en pro-gression : entre octobre 1999 et mars 2000, on enregistre à

62

(%, cvs)

Proportion d'entreprisesavant les difficultésde recrutement

Tendance prévuedes effectifs (solde)

-45

-35

-25

-15

-5

5

15

25

35

45

55

00-298-195-493-391-289-186-4

Tendance des effectifs et difficultés de recrutement

Source : Insee, enquêtes trimestrielles de conjoncture

Page 60: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

63

l’ANPE autant d’offres d’emplois que de demandes pour cesemplois.

Parmi les cadres, la situation du marché du travail est par-ticulièrement tendue pour les informaticiens et les personnelsd’études et de recherche : pour les informaticiens, les ten-sions sont déjà fortes depuis un an, mais ne paraissent pass’aggraver par rapport à ce qu’elles étaient depuis le début de1998, les offres d’emplois diminuant même au début de 2000.Pour les personnels d’études et de recherche, c’est la crois-sance de la demande de travail de la part des entreprises quiest le moteur du déséquilibre, et le chômage dans cette caté-gorie diminue.

Une baisse de la durée du travailfin 1999-début 2000

L'effet du mouvement de réduction négociée du tempsde travail se fait nettement sentir au quatrième trimestre 1999et au premier trimestre 2000. La durée hebdomadaire col-lective moyenne du travail continue de décroître pour des sa-lariés à temps complet : dans l’industrie manufacturière, elles’élève à 37 heures et demie à la fin 1999, soit -0,9% au coursdu dernier trimestre 1999 et -2,0% sur un an ; elle a encorefortement baissé au premier trimestre 2000 (-1,8%), pours’établir à moins de 37 heures.

Dans l’automobile, la durée du travail diminue fortement,avec des accords de réduction du temps de travail, au secondet au troisième trimestres 1999 (-5,7% sur l’année 1999). Findécembre 1999, plus de 60 % des salariés à temps complet del’automobile ont une durée inférieure à 36 heures (contre3,2% un an plus tôt). Au quatrième trimestre 1999, la duréedu travail diminue particulièrement dans l’énergie (-5,9% surl’année 1999). Dans les industries agroalimentaires la bais-se est de 2,7% en 1999 et de 4,6% au premier trimestre 2000.

Au premier trimestre 2000, la réduction du temps de tra-vail touche tous les secteurs des biens de consommation (-3,6%sur le trimestre) et l’industrie textile (-3,4%). Elle est toute-fois plus réduite dans les secteurs des industries électriqueset électroniques (-1,9%) et dans celui de la mécanique ettransformation des métaux (-1,5%).

Horaire des salariés à temps completen décembre 1999

en % moins 36 h. à. 39 h. à 40 h. de 36 h. moins moins ou plus

de 39 h. de 40 h.

Industries agricoles et alimentaires 36,7 14,1 42,7 6,5

Biens de consommation 26,5 22,6 49,1 1,8

Industrie automobile 61,5 26,9 10,2 1,2

Biens d'équipement 18,3 44,4 33,8 3,5

Biens intermédiaires 16,3 32,0 47,1 4,6

Ensemble des secteurs non agricoles 23,1 20,7 49,7 6,5Source : Dares, enquête ACEMO (établissements de 10 salariés et plus).

Par rapport à la durée du travail dans les pays euro-péens, celle de l’industrie française se situe, avec 1 647 heuresannuelles pour un salarié à temps complet en 1999, à unniveau intermédiaire entre l’Allemagne (1 599 h) et l’Italie(1 734 h).

Peu de variation du temps partiel Le temps partiel a augmenté fortement dans l’économie

française, mais cette progression a peu touché l’industrie.Très en retard par rapport aux autres pays de l’OCDE dans lesannées 80, la France y occupe maintenant une situation moyen-ne quant à la proportion de salariés à temps partiel. Cette si-tuation a été atteinte après la crise de 1993, la progression dutemps partiel étant alors largement subie par les salariés.Depuis, la situation s’est stabilisée et la proportion de sala-riés à temps partiel a tendance à stagner.

Proportion de salariés à temps partiel

en % Fin 1998 Fin 1999

Industries agricoles et alimentaires 6,4 6,8

Biens de consommation 6,5 6,4

Industrie automobile 3,9 3,1

Biens d'équipement 4,8 4,5

Biens intermédiaires 4,3 4,5

Industrie manufacturière 5,1 5,1Source : Dares, enquête ACEMO.

Progression modéréedes salaires mensuels

Le salaire mensuel de base (SMB) de l’ensemble des sa-lariés croît de 1,7% dans l’industrie manufacturière en 1999.Au premier trimestre 2000, le salaire mensuel de base aug-mente de 0,5%, comme au premier trimestre 1999. Depuiscinq trimestres, l’accroissement est légèrement plus rapidepour les cadres et plus lent pour les employés.

Le salaire horaire de base des ouvriers (SHBO) croît plusrapidement (3,3% en glissement annuel 1999 dans l’industriemanufacturière). L’accélération du salaire horaire en 1999par rapport à 1998 (2%) est à attribuer aux fortes réductionsdu temps de travail de la fin de l’année 1999. Le smic n’a euqu’un effet très réduit dans les hausses, avec un relévementlimité aux contraintes légales. Les progressions maximales dutaux horaire se situent dans les secteurs de l’énergie (5,9 %)et de l’automobile (7,7 %), secteurs qui ont fortement réduitla durée du travail.

Le rythme de progression du salaire horaire ouvriers’est accru au premier trimestre 2000 (+1,9% dans l’industrie).Il subit là encore l’effet des réductions du temps de tra-vail.

Évolution des salaires dans l’industrie manufacturière

glissement annuel en % 1997 1998 1999

SMIC horaire 4,0 2,0 1,2

Taux de salaire horaire des ouvriers 2,6 1,8 3,3

Taux de salaire mensuel :

- ouvriers 2,4 1,6 1,6

- employés 2,0 1,3 1,7

- professions intermédiaires 1,9 1,1 1,7

- cadres 1,2 1,3 2,2

- ensemble des salariés 2,1 1,5 1,7Sources : Insee & Dares, enquête ACEMO.

L’augmentation du coût horaire industriel qui en résulteen 1999 serait proche de +2,9% (selon Eurostat), un peu plusrapide que la hausse du coût horaire moyen en Europe, soit+2,5%. L’évolution des coûts horaires reste proche de celle

Page 61: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

de nos principaux concurrents européens, l’Allemagne etl’Italie : les coûts anglais et espagnols augmentent nettementplus rapidement, le coût anglais essentiellement pour desraisons monétaires. Fin 1999, le coût horaire français sesitue un peu au-dessus de 24 €, ce qui est très inférieur aucoût allemand (29 € environ) mais aussi très supérieur aucoût horaire italien (moins de 19 €) ou britannique (moins de16 €).

En 2000, avec les effets de la réduction du temps de tra-vail, le coût horaire du travail augmenterait de 3,0% en tenantcompte des allégements de cotisations, et le salaire horaire de3,5% selon l’Insee. La hausse attendue du coût salarial horairepour 2000 peut être décomposée en +2% de salaire mensuel,+1,5% de réduction de la durée du travail, -0,5% de ristournesde cotisations.

Des coûts unitaires contenusEn termes de coûts unitaires, l’évolution globale reste

très favorable grâce aux gains de productivité. La contribu-tion de la croissance des salaires est inférieure à 2% par an.Les charges sociales ont un effet pratiquement neutre surles coûts unitaires depuis la mi-1998. La croissance de1999-2000 induit une augmentation sensible des gains deproductivité, qui marque toujours une grande sensibilité auxfluctuations, même minimes, de la conjoncture.

Coût horaire total dans l’industrie manufacturière

en € 1996 1999 4e

trimestre

Allemagne (incluant l'ex-RDA) 27,39 29,31Suède 24,07 26,55Danemark 22,78 26,06Autriche 23,72 25,97Pays-Bas 22,99 24,88France 22,43 24,13Luxembourg 22,01 21,90Finlande 19,71 21,50Italie 17,84 18,84Espagne 15,04 16,20

Royaume-Uni 13,16 15,83Sources : Eurostat et actualisation Sessi

64

1996 = 100, CVS

Royaume-Uni

ItalieFrance

Allemagne

92

96

100

104

108

112

116

99-398-498-197-296-395-495-1

Évolution des coûts de la main-d’œuvre en euros

Source : Eurostat

Salaire par tête

Coût salarial unitaire (total)

Charges sociales employeurs

Productivité

-3%

-2%

-1%

0%

1%

2%

00-300-199-399-198-398-197-397-1

Variation trimestrielle du coût salarial unitaire et de sescomposantes dans l’industrie manufacturière

Source : Insee, comptes trimestriels, base 95 et note de conjoncture à partir du 2e trimestre 2000

BIBLIOGRAPHIE

OEFM de la CCIP et POLLEN Conseil (2000) : Pénuriede main-d’œuvre et difficultés de recrutement dans l’in-dustrie, note de synthèse, 25 avril

François BRUNET et Claude MINNI (2000) :" L'activité des 15-29 ans : stabilisation depuis 1995 ",Insee Première, février

François BRUNET et Claude MINNI (2000) :" L'activité des 15-29 ans : stabilisation depuis 1995 ",Premières Informations et Premières Synthèses, n°08,3,février

Christian GUIGON (2000) : " Le coût de la main-d’œuvre en 1996. résultats de l'enquête sur le niveau et lastructure du coût de la main-d’œuvre en 1996 ", InseeRésultats, janvier

DARES (2000) : " Innovations et gestion de l'emploi ",Premières Informations et Premières Synthèse, n°12,1,mars

DARES (2000) : " Évolution de l'emploi salarié en fé-vrier 2000 : indicateurs mensuels pour les établissementsde 50 salariés ou plus et pour l'intérim ", PremièresInformations et Premières Synthèses, n°17,1, avril

DARES (2000) : " Les mouvements de main-d’œuvreau 1er semestre 1999 ", Premières Informations et PremièresSynthèses, n°15,2, avril

DARES (2000) : " Résultats provisoires de l'enquête tri-mestrielle sur l'activité et les conditions d'emploi de lamain-d’œuvre au 4e trimestre 1999 ", PremièresInformations et Premières Synthèses, n°08,2, février

DARES ANPE (2000) : " Les difficultés de recrute-ment en mars 2000 " Premières Informations et PremièresSynthèses, n°23,1, juin

DARES (2000) : " Recruter en 1999, des difficultésplus ou moins vives selon les métiers recherchés ",Premières Informations et Premières Synthèses, n°22,1,juin

Alain GUBIAN (2000) : " Les 35 heures et l’emploi :d’une loi Aubry à l’autre ", Regards sur l’actualité n°259,mars

Page 62: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

65

Les principales dispositions des textes législatifs et réglementaires : La loi du 19 janvier 2000 confirme que la nouvelle durée hebdoma-daire légale du travail est fixée à 35 heures, les heures supplémentairesse décomptant à partir de la 36e heure. Pour les accords prévoyantun aménagement du temps de travail sur l’année et conclus après le1er février 2 000, les heures supplémentaires se décomptent au-delàde 1 600 heures de rémunération.

En contrepartie, une diminution des cotisations patronales est miseen place pour les entreprises de plus de 20 salariés couvertes par unaccord 35 heures. S’il s’agit d’un accord d’entreprise conclu après le1er février 2 000, il doit être majoritaire et notamment prévoir le nombred’emplois créés ou préservés. Ces allégements comprennent une aidepérenne aux 35 heures (4 000 F par an et par salarié) et des ristournesde cotisations sur les bas et moyens salaires (jusqu’à 1,8 fois le Smic)cumulées avec cette aide. Ces ristournes se substituent à la ristour-ne dégressive actuelle.

Les entreprises qui ont conclu avant la seconde loi un accord leur don-nant droit aux aides incitatives prévues par la première loi du 13 juin1998 peuvent bénéficier des allégements de cotisations sur les baset moyens salaires, en plus des aides incitatives prévues par la pre-mière loi pour la période où ce calcul leur est plus favorable. A l’issuede cette période, l’entreprise bénéficie de l’aide pérenne et des ris-tournes de cotisations sur les bas et moyens salaires de la secondeloi et aux mêmes conditions. Celles qui avaient signé un accord qui nedonnait pas droit aux aides incitatives peuvent bénéficier directementdes allégements prévus par la seconde loi (aide pérenne + ristournesbas et moyens salaires). Les aides incitatives prévues par la premiè-re loi RTT, du 13 juin 1998, restent accessibles aux entreprises ne dé-passant pas 20 salariés qui concluent un accord 35 heures avant la fin2001.

La loi crée, pour les salariés payés au Smic, une garantie qui assurele maintien de la rémunération mensuelle des salariés bénéficiant dela réduction du temps de travail et une progression ultérieure du pou-voir d’achat. Le salaire comprend, en plus de la rémunération au smichoraire appliquée à la nouvelle durée du travail, un complément figu-rant sur une ligne spécifique du bulletin de paie. Le salaire mensuel ga-ranti est revalorisé de la hausse des prix et de la moitié de la haussedu pouvoir d’achat du taux de salaire mensuel des ouvriers (tandisque le smic est indexé sur les prix et la moitié du pouvoir d’achat dusalaire horaire). Ainsi, lors de la revalorisation du smic de 40,72 F à42,02 F du 1er juillet 2000 (+3,2%), la rémunération des smicards à 35heures est passée de 6 882 F à 6 981 F (+1,45%).

Le coût des heures supplémentaires se traduit par une majoration de10% entre la 36 et la 39e heure, de 25 % de la 40 à la 43e heure, et de50% au-delà de la 44e heure. La majoration de 10% (36e heure) seraportée à 25 % à partir de 2001. En cas d’accord, les majorations peu-vent être remplacées par un repos compensateur. Les textes fixent uncontingent légal de 130 heures supplémentaires (à partir de la 37e heu-re en 2000, à partir de la 36e heure en 2001, puis, en 2002, à partir dela 35e heure). A ces majorations – prises ou non sous forme de reposcompensateur –, s’ajoute un repos compensateur de 50% au-delà ducontingent pour les entreprises de 10 salariés ou moins. Le repos com-pensateur représente 50% au-delà de la 41e heure et 100% au-delàdu contingent dans les entreprises de plus de 10 salariés.

Les données actuellesAu 8 mars 2000, 3,8 millions de salariés sont couverts par un accordRobien ou Aubry : 1,4 million d’entre eux travaillent dans l’industrie oùde grands groupes ont signé des accords dans ce sens ; 0,6 million ap-partiennent à des entreprises publiques de l’industrie et des servicesqui, compte tenu de leur situation, n’ont pas droit à aux allégementsde charges. La durée du travail diminue plus rapidement dans lesgrandes entreprises – qui ont signé plus tôt des accords de réduction– que dans les plus petites : cet effet de structure explique pour unepart, avec des possibilités plus fortes de réorganisation dans l’indus-trie, la réduction plus précoce de la durée du travail dans l’industrie. Lesaccords prévoient quasi systématiquement une réorganisation du tra-vail (80% des cas).

Des effets très controversésL’évaluation des conséquences de la RTT ne fait pas l’objet d’un ac-cord entre les membres de la CPCI. Le coût ex-ante de l’abaissementlégal de la durée du travail apparaît légèrement plus élevé pour lesentreprises industrielles que pour l’ensemble des activités, comptetenu de la distribution des salaires dans l’industrie, qui comprend moinsde bas salaires et un salaire moyen plus élevé que l’ensemble des ac-tivités.

Selon la Dares, les entreprises qui réduisent la durée du travail de 39à 35 heures ne subissent pas un surcoût 11,4% (soit 100/(39/35)). Eneffet, les accords signés prévoient le plus souvent une modificationdu décompte des horaires et utilisent les possibilités de modulationdans l’année, avec la flexibilité qui en résulte, ce qui réduit de moitiél’impact de la RTT sur la quantité de travail. En outre, le passage aux35 heures s’accompagnerait de réorganisations entraînant un gain deproductivité spécifique de 1,6%. L’effet sur l’emploi serait donc de4,0%, mais, les embauches se faisant à un salaire inférieur au salai-re moyen de l’entreprise, le surcoût serait plus faible. Avec la ristour-ne sur les cotisations patronales, la part financée par l’entreprise se-rait négligeable. Les accords de modération salariale qui résultent dela négociation conduiraient à un résultat encore plus favorable.En regard, dans le cas théorique d’une entreprise à 39 heures restantà 39 heures sans aucune mesure d’adaptation, le surcoût induit par laloi ressort à 5,5% à partir de 2002 (après 1% en 2000, 3% en 2001),si le calcul est fait sur la base de 182 heures supplémentaires dans l’an-née.

Les représentants des industriels contestent ces évaluations. Ils sou-lignent le caractère hypothétique de gains de productivité spécifiquesaux 35 heures : il s’agit selon eux de gains de productivité tendan-ciels, qui auraient eu lieu hors de tout contexte de réduction de la du-rée du travail. A cet égard, les possibilités de modulation qui minorentl’impact de la RTT sur la quantité de travail leur paraissent aussi rele-ver de gains de productivité pris sur les gisements potentiels, et gre-vant les possibilités futures d’amélioration. Ils font valoir que les en-treprises qui sont passées les premières aux 35 heures sont sansdoute celles où la négociation et l’aménagement du temps de travailoffraient le plus d’opportunités de gains de productivité, et qu’on nepeut extrapoler à l’ensemble des entreprises les résultats issus decelles ayant déjà signé des accords. Par ailleurs, les calculs présen-tés par la Dares n’incorporent pas les coûts de réorganisation.

Ni les hypothèses sur le niveau des salaires des nouveaux embau-chés, ni les prévisions ne leur paraissent tenir compte de l’incidencesur les salaires des difficultés de recrutement générées par la réduc-tion du temps de travail. En outre, le manque de main-d’œuvre dansune période de haute conjoncture est susceptible de limiter lesembauches, donc de faire perdre des capacités de production et desmarchés aux entreprises françaises.

Ils dénoncent le coût de la gestion par l’entreprise de deux Smic dif-férents (selon que le salarié était ou non présent au moment de laréduction de la durée du travail). De surcroît, le mécanisme risqued’avoir des effets en boucle, la réduction du temps de travail entraînantune hausse du taux de salaire horaire, donc du smic, par le mécanis-me d’indexation, et réciproquement. Ceci risque d’annihiler partielle-ment les effets de la modération salariale.

Enfin, les représentants des industriels soulignent que la diminution descotisations patronales est financée par ailleurs : la charge qui en ré-sulte retombera – au moins pour une part – sur les entreprises et grè-vera le coût de production. Ils rappellent aussi que les choix pour le fi-nancement des allégements de cotisations ne sont neutres ni au planmacroéconomique ni pour les entreprises : le changement modifierafortement la répartition de la charge des prélèvements obligatoiresentre les entreprises, avec des conséquences non évaluées.

La Dares, pour sa part, considère que les effets bénéfiques de la RTTsur l’emploi et le rééquilibrage des comptes sociaux qui en résulte fi-nanceront pour une part les allégements de charges.

La loi des 35 heures, quel impact sur l’industrie ?

Page 63: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

66

Évolution des effectifs travaillant dans l’industrie :

évolution des effectifs évolution de l'intérim évolution du totaleffectifs en milliers fin 99 salariés en % en % en %

Salariés intérim total en 97 en 98 en 99 en 97 en 98 en 99 en 97 en 98 en 99directs

Industries ag. et alimentaires 541,1 41,9 583,0 1,2 0,8 0,7 29,8 8,1 11,7 2,5 1,3 1,4

Biens de consommation 733,6 34,7 768,3 -1,7 -0,2 -1,5 61,3 1,8 17,8 -0,2 -0,2 -0,7

Industrie automobile 288,5 24,9 313,4 -0,5 0,1 0,7 101,8 55,4 19,5 2,5 3,2 2,3

Biens d'équipement 818,2 54,9 873,1 -0,2 0,5 1,4 51,3 8,4 11,2 1,8 1,0 2,0

Biens intermédiaires 1469,7 108,2 1577,9 -0,2 0,5 0,5 75,5 8,5 14,5 2,6 1,0 1,4

Énergie 241,9 5,2 247,1 -2,4 -1,9 -0,2 10,0 31,1 10,0 -2,2 -1,3 0,0

Industrie manufacturière(y c. IAA, n c. énergie) 3851,1 264,6 4115,7 -0,3 0,4 0,3 64,4 11,6 14,2 2,0 1,0 1,2Sources : Insee, Dares

A N N E X E

Page 64: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Les bons résultats des entreprisesindustrielles

Croissance confirmée dans l’industrieLes premiers résultats de 1999 attestent pour la troisième

année consécutive de la bonne santé des entreprises indus-trielles manufacturières (y compris agroalimentaires,hors énergie). L’activité y est en hausse de 2,8% (en va-leur). Cependant, le ralentissement conjoncturel de l’hiver1998-1999 entraîne un gain d’activité moins importantqu’en 1998, où la croissance était de 5,0% en valeur. Lescalculs d’évolution qui précèdent s’intéressent à la croissan-ce propre de l’industrie et présentent la particularité d’êtreélaborés à partir d’ensembles d’entreprises comparables d’uneannée sur l’autre (cf. encadré). Cette croissance du chiffred’affaires représente un gain de 120 MdF en 1999 (y comprisagroalimentaire), pour 201 MdF en 1998.

Cette bonne résistance de l’activité industrielle est dueà la vigueur de la demande intérieure, tirée par la consom-mation des ménages et l’investissement des entreprises.Lors de l’hiver 1998-1999, les exportations directes de l’in-dustrie française ont souffert de la crise asiatique, avant d’êtreà nouveau assurées à partir de l’été (+4,0% en valeur, soit

quatre points de croissance de moins qu’en 1998). En 1999,les exportations directes ont contribué autant que la deman-de intérieure à dynamiser l’activité des entreprises indus-trielles.

C H A P I T R E 6

Résultatsdes entreprises

Depuis début 1997, l’expansion du chiffre d’affaires des entreprises industrielles françaises est solide.Ces bons résultats confirment leur capacité à rebondir, notamment après la crise asiatique. Ce dynamismeindustriel repose en partie sur l’effet d’entraînement de certains secteurs, comme les hautes technologies,le secteur industriel des technologies de l’information et de la communication et l’industrie automobile.Les entreprises privilégient la flexibilité de leur appareil de production. Les recours à l’externalisation età la sous-traitance sont croissants et l’intérim se développe. La capacité d’autofinancement continue de couvrir les investissements, même si le taux d’autofinancement seréduit face à la forte reprise de ces derniers. Les frais financiers diminuent, en raison de la baisse des chargesd’intérêt. Le dynamisme actuel permet à l’industrie de restaurer sa rentabilité financière et de la rendreattractive auprès d’investisseurs potentiels.

Avertissement : issu de l’EAE l’ensemble des données de ce chapitre porte sur les entreprises de 20 salariéset plus.

Hautes technologies

Automobile

Indice base 100 en 1990

TIC (secteur industriel)

Industrie (hors IAA et énergie)

90

100

110

120

130

140

150

160

170

180

1999199819971996199519941993199219911990

Évolution en valeur du CAHT : les secteurs porteurs

Source : Sessi EAE. Premiers résultats pour 1999

67

Page 65: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

68

Principales évolutions par secteurs et tailles en 1998 et 1999

Entreprises de 20 salariés et plus Chiffre Exportations Taux de profit Rentabilitéd’affaires directes financière*Indices, base 100 en 1997 Indices, base 100 en 1997 en % en %

1998 1999 1998 1999 1998 1999 1998

Industries agroalimentaires 101,5 102,0 98,3 97,3 4,6 4,8 10,1

Biens de consommation 103,8 107,4 105,1 110,4 3,4 2,8 9,3

Habillement, cuir, industries diverses 100,9 99,1 103,9 102,7 1,8 2,4 3,9

Édition, imprimerie, reproduction 102,3 103,9 104,0 103,5 2,7 3,2 11,4

Pharmacie, parfumerie, entretien 104,8 111,6 107,3 116,5 5,2 3,8 11,3

Industrie des équipements du foyer 105,2 108,4 102,7 106,6 2,1 1,0 5,1

Industrie automobile 110,9 119,8 116,2 126,4 2,9 1,9 11,4

Biens d’équipement 107,1 111,8 111,4 116,5 3,1 2,4 11,1

Construction navale, aéronautique, ferroviaire 113,0 120,8 114,3 111,8 3,5 3,2 9,8

Biens d’équipement mécanique 105,4 108,2 109,4 110,1 2,7 3,2 9,0

Biens d’équipement électrique et électronique 105,9 111,3 111,3 125,2 3,3 1,2 13,6

Biens intermédiaires 103,9 104,6 104,8 105,3 3,0 2,9 8,0

Industrie des produits minéraux 102,4 107,8 103,3 104,4 4,0 6,8 8,2

Industrie textile 102,0 97,2 104,2 97,6 1,7 0,5 4,8

Industrie du bois et du papier 103,8 104,6 106,4 104,6 1,9 2,3 5,1

Chimie, caoutchouc, plastiques 102,7 104,2 103,3 106,0 3,4 3,4 9,0

Métallurgie et transformation des métaux 106,1 104,3 105,5 101,2 2,7 1,6 9,3

Industrie des composants électriques et électroniques 104,9 108,2 107,1 114,9 3,4 3,0 6,5

Ensemble Industrie manufacturière (avec I.A.A.) 105,0 107,9 107,0 110,8 3,4 3,0 9,4

Ensemble Industrie manufacturière (hors I.A.A.) 105,6 109,2 108,0 112,3 3,1 2,6 9,3

Dont PMI (20 à 499 salariés) 104,4 106,4 106,8 108,3 2,4 2,5 7,9

Dont 500 salariés et plus 106,8 111,4 109,8 115,3 3,6 2,7 10,5Source : Sessi EAE. Premiers résultats pour 1999. *Source : Suse Insee.

Les industries automobiles, de hautestechnologies et des technologies del’information dynamisent l’activité

Un des principaux bénéficiaires de la demande soutenueest l’industrie automobile, qui amplifie les fluctuations de laconjoncture. Ce secteur confirme pour la troisième annéeconsécutive la vigueur de la croissance de son activité. Sonchiffre d’affaires augmente de 10,9% en 1998 et 8,0% en1999.

Les entreprises des hautes technologies ainsi que des tech-nologies de l’information et de la communication (dont les pé-rimètres sectoriels se recouvrent partiellement - cf. encadré)traversent également sans encombre le trou d’air de l’hiver1998-1999. La croissance de l’activité est en 1999 de 7,0%pour les hautes technologies, 5,2% pour les TIC (secteurindustriel).

Les industries des hautes technologies et des technolo-gies de l’information et de la communication présentent de ma-nière habituelle de bonnes performances. Si ce constat estcourant dans les dix dernières années pour les hautes tech-nologies, excepté pour 1994 où elles tardent à rebondir aprèsla récession, l’activité de l’industrie des technologies de l’in-formation est par contre plus heurtée. En 1997, les TIC (sec-teur industriel) présentaient une croissance du chiffre d’affairesinférieure à celle de l’industrie dans son ensemble, commed’ailleurs en 1994 ou 1992.

L’activité des hautes technologies dépend de la croissan-ce de l’industrie pharmaceutique. Son chiffre d’affaires re-présente un peu plus de 30% de l’activité du secteur. La crois-sance de l’activité dans la pharmacie est de 6% en 1998 et de6,5% en 1999. La construction aéronautique, dont la part dansles hautes technologies est autour de 20% du chiffre d’af-

faires, contribue également à les dynamiser par ses bons ré-sultats en 1998 et 1999 (avec une croissance du chiffre d’af-faires respectivement de 13,3% et 6,3%).

La croissance de l’activité des TIC (secteur industriel)est tirée par la pénétration des nouvelles technologies de l’in-formation et de la communication dans l’ensemble de la so-ciété, et notamment dans l’industrie. Ainsi, les investisse-ments immatériels en logiciels informatiques des firmesindustrielles ont augmenté de 42% en 1998 (dernière statis-tique disponible). Le traitement du bogue de l’an 2000 et sonanticipation n’y sont sans doute pas totalement étrangers.Cependant, malgré l’ampleur de ce mouvement d’ensemble,seule l’industrie des appareils d’émission et de transmission,tirée essentiellement par la téléphonie, enregistre des perfor-mances réellement exceptionnelles, avec une croissance de17,6% en valeur en 1998, et 8,1% en 1999. Commun auxTIC (secteur industriel) et aux hautes technologies, ce secteur,qui représente toutefois une part plus importante des tech-nologies de l’information (20% du CAHT) que des hautestechnologies (16% du CAHT), renforce la croissance deschiffres d’affaires de chacun de ces groupements sectoriels.La fabrication de machines de bureau et de matériel infor-matique, avec 19% du chiffre d’affaires de la filière des TIC(15% des hautes technologies) enregistre une croissance de6,9% en 1998 et 3,1% en 1999. Enfin, le secteur des techno-logies de l’information et de la communication (secteur in-dustriel) se trouve pénalisé par les contre-performances desmatériels de mesure et de contrôle, qui représentent 14% del’activité des TIC, et voient leur chiffre d’affaires se contrac-ter de 9,7% en 1998 et se redresser seulement de 3,1% en1999.

Page 66: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Automobile, hautes technologies et TIC :des industries exportatrices

L’industrie automobile continue d’enregistrer une crois-sance de l’activité importante à l’étranger et est au final peuaffectée par la crise asiatique. La consommation nationalereste au cœur de l’activité de l’industrie automobile, mais saprésence à l’international est de plus en plus forte, commeen témoigne la part des ventes à l’étranger, qui représente dé-sormais 48% de ses ventes, pour 37% dans l’industrie dansson ensemble.

Les hautes technologies et surtout les TIC (secteur in-dustriel) sont également des industries fortement exporta-trices. La part de leur chiffre d’affaires à l’export a augmen-té continûment au cours des années 1990, surtout pour lesTIC, qui ont progressivement dépassé les hautes technolo-gies et ont rattrapé l’industrie automobile. En 1999, d’aprèsles premiers résultats de l’enquête annuelle d’entreprise, lesexportations directes représentent respectivement 43% et47% du chiffre d’affaires des hautes et des TIC (secteurindustriel).

Les exportations des hautes technologies ont surtout pro-gressé à partir de 1996 et ont été légèrement pénalisées parla crise asiatique. Le secteur industriel des TIC bénéficie dela forte demande mondiale en composants électroniques, quipar ailleurs sont un marché fortement cyclique.

69

Les industries de haute technologie et les TIC - définitions

Les hautes technologiesPlusieurs définitions ont pu être données, ainsi que divers critèrespour caractériser les hautes technologies. La typologie utilisée estcelle de l’OCDE, remise à jour en 1994 et 1997, fondée sur l’inten-sité des dépenses de recherche et développement dans le proces-sus de production.

Les technologies de l’information et de la communication(TIC – secteur industriel)Le secteur industriel des technologies de l’information n’intègre pasles services qui sont certainement la partie la plus dynamique desTIC dans leur ensemble.

Par secteurs Hautes TechnologiesNES 114 technologies de l’information

Industrie pharmaceutique X

Construction aéronautique et spatiale X

Fabrication de machines de bureauet de matériel informatique X X

Fabrication de composants électroniques X X

Fabrication d’équipements d’émissionet de transmission X X

Fabrication d’appareils de réception,enregistrement, reproduction du sonet de l’image X X

Fabrication de matériel électrique X

Fabrication de matériel de mesureet de contrôle X

Les calculs d’évolution

Les résultats en évolution peuvent être appréhendés de manièreglobale, c’est-à-dire sur l’ensemble du champ de l’industriel, soitaprès avoir reconstitué des ensembles d’entreprises comparablesd’une année sur l’autre.

Handicaps d’une évolution calculée de manière apparenteDans le premier cas, le risque est grand de n’avoir qu’une évolutionapparente, qui ne distingue pas la croissance propre à l’industriede celle résultant des déformations dues à des effets de seuil, dechamp ou aux restructurations. L’évolution d’un secteur peut êtresensiblement modifiée par des modifications de structures (fusions,scissions ou transferts d’actifs), ou simplement par suite de chan-gement d’activité qui se traduisent par des changements de sec-teur. De même, la démographie des entreprises (naissances et ces-sations) ainsi que les changements de taille d’effectifs peuvent avoirune incidence sur les évolutions. Aussi la deuxième méthode est-elle privilégiée pour calculer les évolutions.

Principes de mise en œuvre des résultats en évolution dansl’EAELes principales conventions présidant aux calculs d’évolutionpar secteurs et tailles sont les suivantes. Lorsqu’une entreprisechange de secteur, la nouvelle activité principale exercée est rete-nue, selon le principe de priorité donnée à l’année d’arrivée. Il en estde même pour les changements de tranche d’effectif. Les entre-prises industrielles créées ou cessant leur activité sont retenuesdans le calcul des évolutions, tandis que celles qui sortent du champde l’industrie ne sont pas prises en compte. Les restructurationssont intégrées par la création d’enveloppes portant sur les deuxannées.

Incidences des deux calculs d’évolutionL’impact des deux méthodes de calculs d’évolution et la part de cequi relève d’une évolution apparente et d’une évolution interne àl’industrie se mesure dans les exemples suivants.

Pour l’industrie CAHT Export. VAHT Frais de(hors agroalimentaire directes personnelet énergie)En 1998 En %

Évolution apparente 6,6 9,9 4,1 1,6

Évolution propre 5,7 8,8 3,1 2,6

Hautestechnologies

Automobile

% du chiffre d'affaires à l'export - en valeur

TIC (secteurindustriel)

Industrie (hors IAA et énergie)

25

30

35

40

45

50

1999199819971996199519941993199219911990

Exportations directes dans le CAHT

Source : Sessi – EAE. Industrie hors énergie et agroalimentaire. Premiers résultats pour 1999.

Page 67: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Stratégies d’externalisationet de sous-traitance

Moindre intégration des entreprisesindustrielles

L’évolution de la valeur ajoutée, qui exprime l’apportspécifique des entreprises industrielles dans leur activité deproduction (cf. encadré définitions), s’est nettement diffé-renciée de celle du chiffre d’affaires au cours des années1990. L’écart de croissance est ainsi de 2,6 points en 1998,alors qu’il était de 0,9 point au début des années 1990. Depuis1995, l’évolution de la valeur ajoutée est constamment endeçà de la croissance constatée de l’activité (autour de 2 à3 points de moins en moyenne).

Ce différentiel de croissance de la valeur ajoutée s’ex-plique par les changements de structure et méthodes d’ex-ploitation des firmes, liés à l’externalisation et à la sous-trai-tance, qui invalident le modèle dominant jusque dans lesannées 80 de la firme industrielle fortement intégrée. Les en-treprises répondent au souci de mieux gérer leurs activités,d’engranger des gains de flexibilité et ainsi consacrer leursforces productives aux activités les plus profitables, tout ense recentrant sur leur cœur de métier.

Pour un chiffre d’affaires donné, cette nouvelle organi-sation de l’entreprise affecte mécaniquement la valeur ajou-tée de l’industrie en la diminuant, au profit de l’accroisse-ment des consommations intermédiaires. En contrepartie, lapart des frais de personnel dans la valeur ajoutée se réduitégalement et l’excédent brut d’exploitation s’en trouve fa-vorisé.

Le recours grandissant au services extérieurs à l’entre-prise affecte en particulier, au sein des consommations in-termédiaires, les " autres achats et charges externes ". Ceux-ci regroupent les achats de sous-traitance, les achats nonstockés de matières et fournitures et les services extérieurs àl’entreprise. Ces achats peuvent correspondre soit à l’exter-nalisation de fonctions antérieurement présentes au sein del’entreprise, soit à l’appel de prestataires de services exté-rieurs à l’entreprise pour répondre à un besoin d’intégration

croissant de services dans les ventes de produits industriels.Ce poste comptable pèse de plus en plus dans le chiffred’affaires des entreprises industrielles (+2,4 points entre 1990et 1998) et représente désormais plus du quart du chiffred’affaires des entreprises. Les achats en matières premièreset approvisionnements viennent également affecter lavaleur ajoutée mais leur poids dans le chiffre d’affaires a parcontre moins augmenté (0,9 point au cours de la mêmepériode).

Consommations intermédiaires

Poids dans le CAHT 1990 1997 1998En %

Industrie (hors énergie et I.A.A.)

Achats consommés 60,8 63,1 64,1

dont achats matières premières 36,8 37,5 37,7

dont autres achats et charges externes 24,2 25,8 26,4

Industrie automobile

Achats consommés 68,4 71,4 72,4

dont achats matières premières 54,0 53,1 54,2

dont autres achats et charges externes 14,4 18,4 18,3

TIC (secteur industriel)

Achats consommés 53,8 60,9 61,8

dont achats matières premières 29,1 36,8 35,7

dont autres achats et charges externes 24,9 24,6 26,1

Hautes technologies

Achats consommés 58,5 62,1 62,5

dont achats matières premières 28,1 31,9 30,3

dont autres achats et charges externes 30,5 30,7 32,2Source : Sessi-EAE. Industrie hors énergie et agroalimentaire.

Ainsi, le taux d’intégration est en baisse constante dansl’industrie (hors énergie et industries agroalimentaires) de-puis 1990, cette diminution s’accélérant depuis le milieu dela décennie.

Le taux d’intégration a fortement diminué au sein deshautes technologies, en raison du recours accru à l’externa-lisation et l’achat de services. De plus de 36% en 1990, letaux d’intégration atteint moins de 30% en 1998, soit lamoyenne de l’industrie. Dans le même temps, les autres achatset charges externes augmentent de près de 63% en valeur(contre 26% dans l’ensemble de l’industrie). Les hautes tech-nologies sont d’ailleurs le seul secteur, aussi bien en 1990qu’en 1998 où les " autres achats et charges externes ", c’est-à-dire les achats de sous-traitance et de services extérieurs, sontsupérieurs aux achats de matières premières et approvision-nements entrant dans le processus productif.

Les TIC (secteur industriel) sont également touchées parce phénomène d’externalisation, mais dans une moindre me-sure. L’augmentation de 46% du poste " autres achats etcharges externes " entre 1990 et 1998 n’a pas suivi le mêmerythme de progression que celui des matières premières etapprovisionnements (+55%). En conséquence, le poids des" autres achats et charges externes " relativement au chiffred’affaires progresse peu.

Le cas de l’industrie automobile est différent, car les" autres charges et charges externes " y ont toujours repré-senté une part minime (14% du chiffre d’affaires en 1990et 18% en 1998). Leur poids dans le chiffre d’affairess’est néanmoins accru de près de quatre points entre 1990 et1998.

70

Hautes technologiesTIC (secteur industriel)Industrie hors énergie

25%

27%

29%

31%

33%

35%

37%

39%

41%

199819971996199519941993199219911990

Le taux d’intégration

Source : Sessi-EAE. Industrie hors énergie et agroalimentaire

Page 68: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

71

Les stratégies d’externalisationet de sous-traitance diminuentla valeur ajoutée

Les achats de sous-traitance pèsent fortement dans le pos-te des " autres achats et charges externes " (près de 40%).Cela provient en grande partie de la progression de la sous-traitance industrielle, directement incorporée aux produits fa-briqués. Elle représente les deux tiers de la sous-traitanceconfiée par les entreprises industrielles (hors énergie et horsIAA). La sous-traitance industrielle pèse désormais 7% duchiffre d’affaires des entreprises industrielles en 1998 (pour6,6% en 1996). Sur le champ des entreprises de plus de 100salariés (c’est-à-dire sans rupture statistique), la part de lasous-traitance industrielle progresse de 4,7% du chiffred’affaires en 1990 à 6,2% en 1998.

Le recours à la sous-traitance industrielle est plus fré-quent au sein des entreprises de hautes technologies (+30%en valeur entre 1996 et 1998) et le poids de la sous-traitanceindustrielle dans le chiffre d’affaires est de 10,5% en 1998(pour 10,0% en 1996).

Le poids de la sous-traitance industrielle est plus faibledans le secteur industriel des technologies de l’information(6,4% en 1998) et sa part dans le chiffre d’affaires a mêmediminué entre 1996 et 1998, le chiffre d’affaires ayant pro-gressé plus rapidement.

Dans l’industrie automobile, les fournitures des équipe-mentiers n’apparaissaient pas en tant que sous-traitance in-dustrielle (ce qui explique la faible part des " autres achats etcharges externes ") et sont comptabilisées en tant que ma-tières premières et approvisionnements. L’année 1996 marquepeut-être un tournant et le recours à la sous-traitance indus-trielle a désormais tendance à s’accroître, bien qu’il reste en-core assez faible.

Un recours à l’intérim qui s’accroîtstructurellement

Le recours au personnel intérimaire affecte aussi la valeurajoutée, car les coûts qu’il entraîne se comptabilisent égale-ment dans les " autres charges et charges externes ".

Les missions de travail intérimaire sont de plus en plus uti-lisées comme un outil de flexibilité au sein des entreprises

0 2% 4% 6% 8% 10% 12%

199619971998

Industrie

Automobile

TIC (secteurindustriel)

Hautestechnologies

Poids de la sous-traitance industrielle dans le CAHT

Source : Sessi EAE. Rupture en 1996 sur les statistiques de sous-traitance industrielle.Industrie hors énergie et agroalimentaire.

Définitions

La valeur ajoutée hors taxes correspond au solde des opérationsde production de l’entreprise, c’est-à-dire au CAHT auquel sontajoutées les productions stockées et immobilisées et déduites lesconsommations intermédiaires au sens large.

Le taux d’intégration est le rapport entre la VAHT et le CAHT. Pourun même chiffre d’affaires, une entreprise fortement intégrée dé-gagera une valeur ajoutée plus importante qu’une entreprise fai-blement intégrée.

Les autres achats et charges externes regroupent les chargesd’exploitation suivantes : achats de sous-traitance, achats non stoc-kés de matières et fournitures, services extérieurs (personnel exté-rieur, loyers en crédit-bail mobilier et immobilier et autres).

Les achats de sous-traitance, comptabilisés dans les " autresachats et charges externes ", recouvrent les achats de servicesimmatériels (études et prestations de services) et matériels (maté-riel, équipement et travaux).

Les achats de sous-traitance industrielle sont incorporés direc-tement aux ouvrages, travaux et produits fabriqués et entrent dansle coût direct de production.

L’excédent brut d’exploitation (EBE) est ce qui reste de la VAHT,une fois déduits les taxes et impôts à la production et ajoutées lessubventions d’exploitation, ce qui correspond à la valeur ajoutéebrute au coût des facteurs, à laquelle on retranche les frais depersonnel (salaires et charges).

La productivité apparente du travail est la valeur ajoutée moyen-ne par personne.

Le taux de marge brute est la part de l’excédent brut d’exploitationdans la valeur ajoutée.

La rentabilité commerciale est la part de l’excédent brut dans lechiffre d’affaires hors taxes.

La rotation des actifs est la part du chiffre d’affaires dans lesimmobilisations corporelles brutes en fin d’exercice.

La rentabilité économique est la part de l’excédent brut d’exploi-tation dans les immobilisations corporelles brutes en fin d’exercice.Elle se décompose de la manière suivante : rentabilité économique(EBE/Immo)=rentabilité commerciale (EBE/CA)* rotation des actifs(CA/Immo.).

La rentabilité financière est la part du résultat net comptable dansles capitaux propres.

La capacité d’autofinancement est obtenue à partir de l’excédentbrut d’exploitation en y ajoutant les transferts de charge et autres pro-duits d’exploitation, ainsi que les produits financiers et exceptionnels,et en y retranchant les autres charges d’exploitation, ainsi quefinancières et exceptionnelles, les participations des salariés auxfruits de l’expansion et les impôts sur les bénéfices.

Le taux d’autofinancement est la part de la CAF dans l’investis-sement hors apports.

La solvabilité financière est la part des charges financières dansl’excédent brut d’exploitation.

Les pertes de change sont les charges correspondant à la différenceentre le montant valorisé au cours de couverture et celui enregistréau cours du jour de l’opération commerciale

Le résultat net (perte ou bénéfice de l’exercice) est la différence entrele total des produits et le total des charges.

Le taux de profit est la part du résultat net comptable dans le chiffred’affaires hors taxes.

La profitabilité est la différence entre le rendement des capitauxpropres et les taux d’intérêt à long terme.

Page 69: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

industrielles. Elles ne sont plus envisagées par les entreprisescomme un dispositif uniquement conjoncturel d’ajustementde la main-d’œuvre en phase de reprise, comme en témoignele poids chaque année croissant des charges liées au person-nel intérimaire, alors que la reprise est désormais solide. En1998, les charges liées à l’emploi de personnel intérimaireont augmenté de près de 40%, alors qu’elles avaient déjà aug-menté de plus de 23% en 1997. Cependant, la dimensionconjoncturelle de l’intérim reste malgré tout importante etc’est dans les secteurs où l’activité croît le plus vite, hautestechnologies, TIC (secteur industriel) et industrie automobi-le, que l’intérim progresse le plus.

Dans l’ensemble des charges de personnel, la part desmissions d’intérim ne cesse de progresser : le personnelintérimaire de l’industrie représente 6,3% des charges depersonnel en 1998 contre 3,8% en 1996 et ce ratio devraitencore croître en 1999. L’industrie automobile a fortementrecours aux d’intérimaires (9% des frais de personnel). LesTIC (secteur industriel) en sont utilisatrices, mais moins quela moyenne de l’industrie, les hautes technologies le sontfaiblement.

Cet attrait pour l’intérim contribue en partie à expliquerl’apparente modération de la progression de la masse salarialeen 1997 (+1%) et en 1998 (+2,6%).

Part des charges liées au personnel intérimairepar rapport aux charges de personnel (hors intérim)

En % des charges de personnel 1996 1997 1998

Industrie (hors énergie et I.A.A.) 3,8 4,6 6,3

Industrie automobile 4,8 5,3 8,8

TIC (secteur industriel) 3,3 4,2 5,7

Hautes technologies 2,8 3,8 5,3Source : EAE. Le coût du personnel intérimaire n’est disponible statistiquement que depuis 1996.

Réduction des frais de personneldans le partage de la valeur ajoutée

Le taux de marge brute des entreprises industriellesaugmente régulièrement depuis 1993 (33% de 1993 à 1998).Le partage de la valeur ajoutée dans l’ensemble de l’indus-trie se fait en effet de moins en moins au profit des chargesde personnel (hors intérim), dont la part dans la valeurajoutée a diminué de 10% depuis 1993. Les recours crois-

sants à l’externalisation, et notamment à l’intérim, contri-buent à cette diminution des frais de personnel dans lavaleur ajoutée.

En ce qui concerne les TIC (secteur industriel), contrai-rement à l’ensemble de l’industrie, la part des frais de per-sonnel (hors intérim) dans le partage de la valeur ajoutée estnon seulement élevée (74% en 1998), mais diminue moinsrapidement (4% de baisse depuis 1993).

Les hautes technologies ont un taux de marge brute (30%)plus important que dans le reste de l’industrie, en raison dela plus faible part des frais de personnel dans l’excédent brutd’exploitation (63% contre 66% dans l’ensemble de l’indus-trie). La part des frais de personnel a baissé plus rapidementau sein des hautes technologies (-11% depuis 1993). Les fortsgains de productivité apparente du travail à l’œuvre dans cesecteur n’y sont sans doute pas étrangers : ils s’accroissent de27% entre 1990 et 1998 (pour 19% en moyenne dans l’in-dustrie). En revanche, le secteur industriel des TIC n’enregistrequ’une croissance de 7% de leur productivité apparente surla même période.

72

0 20% 40% 60% 80%

19971998

Industrie(hors énergie)

Industrieautomobile

TIC (secteurindustriel)

Hautestechnologies

Évolution des charges liées au personnel intérimaire

Source : EAE. Le coût du personnel intérimaire n’est disponible statistiquement que depuis 1996.Industrie hors énergie et agroalimentaire.

En MdF

VAHT

Frais de personnel

Excédent brut

0

200

400

600

800

1 000

1 200

199819971996199519941993199219911990

Partage de la valeur ajoutée dans l’industrie

Source : Sessi-EAE. Industrie hors énergie et agroalimentaire.

Hautes technologies

Industrie

TIC (secteur industriel)

15%

20%

25%

30%

35%

199819971996199519941993199219911990

Évolution du taux de marge brute

Source : Sessi-EAE. Industrie hors énergie et agroalimentaire.

Page 70: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Bonnes performances desentreprises industrielles françaises

En France, la forte rentabilitééconomique est liée à une bonneutilisation du capital productif

La rentabilité économique des entreprises industriellesfrançaises place très favorablement la France industrielle dansle peloton de tête, juste derrière l’Espagne et devantl’Allemagne et les États-Unis (source Bach). Cet avantageremonte à la fin des années 1980, et bien que la rentabilité éco-nomique soit en baisse constante en Europe au cours des an-nées 90, il n’a jamais été remis en cause. Les firmes indus-trielles françaises se révèlent constamment plus compétitivessi l’on adopte un point de vue limité au cycle d’exploitation.Leur rentabilité économique atteint 20% en 1998 (source :Sessi - EAE).

Les firmes industrielles françaises se caractérisentpar l’importance du chiffre d’affaires par unité de capitald’exploitation mis en œuvre. La France se place ainsi entête de l’Europe, juste derrière l’Espagne, en ce qui concer-ne la forte utilisation du capital productif (source Bach).La rotation des actifs atteint 256% en 1998 (source : Sessi -EAE).

Les hautes technologies associent l’une des meilleuresrentabilités commerciales à une rentabilité économique par-ticulièrement élevée et croissante, qui à 30% en 1998 est su-périeure de dix points à celle de l’ensemble de l’industrie.La rentabilité commerciale est aux alentours de 9% en 1998,de près d’un point supérieure à la moyenne de l’industrie. Lesecteur des hautes technologies se distingue en effet par sa ca-pacité à dégager un excédent brut d’exploitation important,que ce soit par rapport à son chiffre d’affaires ou au capitald’exploitation. Le poids des actifs corporels immobilisés dansle processus productif est faible, comme en témoigne laforte rotation des actifs (339%). La forte mobilisation desimmobilisations incorporelles, minimisant le poids desimmobilisations corporelles, peut expliquer la bonne rentabilitédu cycle d’exploitation dégagée par le secteur des hautestechnologies.

En revanche, l’excédent brut d’exploitation des techno-logies de l’information et de la communication (secteurindustriel) est faible, en raison de frais de personnel impor-tants, qui minimisent les taux de rentabilité dégagés. Larentabilité commerciale est ainsi inférieure de deux pointsà l’ensemble de l’industrie en 1998. Les TIC présentent ce-pendant une rentabilité économique de 20% en 1998, dansla moyenne de l’industrie. Le handicap constitué par lafaiblesse relative de leur excédent brut d’exploitation est enpartie comblé par la rotation des actifs. Les technologies del’information et de la communication dégagent par unité decapital un chiffre d’affaires élevé (344% pour 255% dansl’industrie).

Taux de rentabilité

En % 1996 1997 1998

Hautes technologies

Taux de marge brute 26,4 29,1 29,8

Rentabilité économique 25,3 28,8 30,2

Rentabilité commerciale 8,3 9,0 8,9

Rotation des actifs 303,6 321,3 338,7

TIC (secteur industriel)

Taux de marge brute 19,9 21,0 19,9

Rentabilité économique 21,0 22,0 20,4

Rentabilité commerciale 6,4 6,5 5,9

Rotation des actifs 330,5 338,7 343,6

Industrie automobile

Taux de marge brute 24,4 29,2 36,8

Rentabilité économique 9,3 12,6 17,4

Rentabilité commerciale 4,8 5,6 7,1

Rotation des actifs 196,0 227,0 244,4

Industrie (hors énergie et IAA)

Taux de marge brute 24,3 26,5 27,4

Rentabilité économique 17,6 19,8 20,5

Rentabilité commerciale 7,4 7,9 8,0

Rotation des actifs 238,1 250,0 255,5Source : EAE-Sessi. Industrie hors énergie et agroalimentaire.

Le secteur de l’industrie automobile présente en moyen-ne des rentabilités économique et commerciale ainsi qu’unerotation des actifs plus faibles, sans doute en raison de la for-te intensité capitalistique et de la faiblesse des marges com-merciales dégagées. La rentabilité économique de l’industrieautomobile a tendance à remonter depuis 1996 et atteint 17%en 1998.

Effet bénéfique de la baissedes taux d’intérêt

L’année 1998 voit la solvabilité se restaurer à nouveau,c’est-à-dire que la proportion des charges financières dansl’excédent brut d’exploitation diminue de 0,3 point, alors queles années 1996 et 1997 enregistraient une faible dégrada-tion de la solvabilité (hausse du ratio). Cette amélioration re-noue avec les tendances bénéfiques à l’œuvre depuis 1994.

Certains secteurs voient se détériorer leur solvabilité, alorsque cette dernière n'était pas exceptionnellement élevée. C’estpar exemple le cas des hautes technologies, où la solvabilitése dégrade nettement à partir de 1996, et où les chargesfinancières atteignent plus de 70% de l’EBE.

Hautes technologies

TIC (secteur industriel)

Industrie

Industrie automobile

0

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

199819971996199519941993199219911990

Évolution de la rentabilité économique

Source : Sessi – EAE. En raison d’une rupture de seuil des entreprises interrogées, série calculéesur le champ constant des plus de 100 salariés. Industrie hors énergie et agroalimentaire.

73

Page 71: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Note de lecture : la hausse du ratio " solvabilité financière ", qui est la part des chargesfinancières dans l’EBE, indique une dégradation de la situation financière des entreprises.

La restauration de la solvabilité de l’ensemble de l’in-dustrie s’explique par la constante régression ces dernières an-nées de la part des intérêts bancaires et charges assimiléesdans l’excédent brut d’exploitation, qui représentent 15,3%de l’excédent d’exploitation en 1998, pour 16,8% en 1997.Cela témoigne soit du moindre recours à l’endettement ban-caire, soit de la baisse du coût de ce dernier.

La détérioration de la solvabilité du secteur des hautestechnologies est liée à l’importance des pertes de change, no-tamment au cours de l’exercice 1998, qui représentent la moi-tié de leurs charges financières.

De la même manière, les grandes entreprises, plus inter-nationalisées, améliorent moins leur solvabilité en 1998 queles PME, plus tournées vers le marché intérieur. Les pertes dechange augmentent de 2,5 points dans les grandes entreprisesen 1998, alors que les charges d’intérêt diminuent de 2,7points. L’année 1998 marque d’ailleurs un tournant, où lespertes de changes en valeur deviennent supérieures aux chargesd’intérêt dans les grandes entreprises.

Les charges financières des entreprises industrielles

Part en % de l'EBE Part des Part des Part descharges intérêts différences

financières assimilés négativesde change

1997 1998 1997 1998 1997 1998

Hautes technologies 67,5 73,3 16,0 15,7 43,0 50,0

TIC (secteur industriel) 57,0 54,5 25,8 24,0 12,2 10,4

Industrie 36,1 35,8 16,8 15,3 12,0 13,6

Dont grandes entreprises 49,8 48,4 19,4 16,7 19,5 22,0

Dont PME 19,3 18,5 13,5 13,2 2,9 2,4Source : Sessi-EAE. Les pertes de change ne sont disponibles que depuis 1996. Industrie hors énergieet I.A.A.

Les investissements, même croissants,restent largement couverts par lesressources

En 1998, les firmes industrielles françaises continuent dedégager des capacités d’autofinancement qui couvrent lar-gement leurs investissements en France (147%). Les res-sources internes tirées de l’exercice, relativement abondantesjusqu’en 1997, sont en léger recul face à la forte reprise de l’in-vestissement et le taux d’autofinancement enregistre une lé-gère décrue en 1998 (2 points en moins). Il faut également no-ter que seuls les investissements en France sont ici pris encompte, et que les ressources internes servent aussi à finan-cer les investissements à l’étranger, qui occupent une partcroissante dans les programmes d’investissement des firmesindustrielles.

Le secteur industriel des technologies de l’information etde la communication présente une d’évolution de sa capaci-té d’autofinancement plus heurtée. En cela se révèlent lescontraintes spécifiques que ce secteur subit en termesd’appropriation rapide d’innovations technologiques et deprogrammes d’investissement à mettre rapidement en œuvre,pour répondre à ses marchés.

Dans une moindre mesure, les " hautes technologies "sont également touchées par la variabilité de leur capacitéd’autofinancement.

74

TIC (secteur industriel)

Hautes technologies

Industrie

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

199819971996199519941993199219911990

Solvabilité financière de l’industrie

Source : Sessi-EAE. Industrie hors énergie et agroalimentaire.

TIC (secteur industriel)

Hautestechnologies

Industrie

0

10%

20%

30%

40%

50%

60%

199819971996199519941993199219911990

Part des charges d’intérêt dans l’excédent brut d’exploitation

Source : Sessi-EAE. hors énergie et hors agroalimentaire

Hautes technologies

Industrie

TIC (secteur industriel)

100%

120%

140%

160%

180%

200%

220%

240%

260%

199819971991

Le taux d’autofinancement des entreprises industriellesfrançaises : des investissements couverts par les ressources

Source : EAE Sessi. Industrie hors énergie et I.A.A.

Page 72: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

75

Les sommes versées à l’Etat au titre de l’impôt sur lessociétés ont augmenté de 15% en 1998, après un accroisse-ment de 30% en 1997. Cette augmentation des impôts avaitsurtout touché les grandes entreprises en 1997 (+34%, pour25% dans les PMI) suite à la réévaluation en cours d’annéedu taux d’imposition.

Accroissement des bénéficesLe taux de profit de l’industrie a tendance à s’améliorer

depuis la récession de 1993, sans toutefois rejoindre les ni-veaux atteint à la fin des années 1980. Il augmente de unpoint entre 1996 et 1998. Pour des raisons passagères liées auxperturbations internationales, le taux de profit diminue de 0,5point en 1999 (source : premiers résultats Sessi-EAE) etatteint 2,6%. La progression des bénéfices contribue à amé-liorer la rentabilité financière des entreprises industrielles.

Évolution du taux de profit dans l’industrie

Taux de profit 1995 1996 1997 1998En %

Hautes technologies 0,2 2,7 3,5 4,3

TIC (secteur industriel) 2,0 1,3 3,0 3,0

Industrie 2,4 2,0 2,7 3,1Source : Sessi – EAE. Industrie hors énergie et agroalimentaire

Les taux de profit des hautes technologies et des TIC (sec-teur industriel) sont variables dans le temps. Depuis 1996,les hautes technologies contribuent à accroître le dynamis-me de l’industrie. Leur taux de profit est supérieur en 1999de plus d’un point à celui de l’industrie dans son ensemble.En revanche, le taux de profit des TIC (secteur industriel) estdésormais dans la moyenne de l’industrie. Après une année1997 de croissance exceptionnelle, le taux de profit des TICstagne en 1998, malgré la nette progression d’ensemble del’industrie.

Une rentabilité financière qui s’amélioreLe rendement des capitaux propres dans l’industrie fran-

çaise ne rejoint pas le niveau qui était le sien à la fin des an-nées 80. Mais 1997 et 1998 consolident le mouvement de re-prise de la rentabilité financière, grâce à l’amélioration desbénéfices. Depuis 1996, la rentabilité financière se situeau-dessus du taux d’intérêt réel, ce qui rend à nouveauattractif pour les actionnaires l’investissement dans lesentreprises industrielles. Enfin, le rythme de progressiond’une année sur l’autre de la rentabilité des capitaux propresest supérieur à celui de la valeur ajoutée, ce qui traduit lavolonté des entreprises de privilégier, dans le partage desrichesses créées, les détenteurs de parts de l’entreprise.

Le changement d’ordre de grandeur de la rentabilité fi-nancière entre la fin des années 80 et la fin des années 90, outreles aléas conjoncturels, renvoie également au profond bou-leversement structurel qui affecte le financement de l’activi-té. Il traduit finalement le passage progressif d’une écono-mie d’endettement à une économie de fonds propres. Audébut des années 90, les entreprises industrielles françaises sesont massivement désendettées sous l’effet de l’augmenta-tion des taux d’intérêt réels, pour accroître leurs capitauxpropres. Conséquence mécanique, leur rentabilité financières’est dégradée par gonflement des fonds propres, alors que lesbénéfices subissaient le contre coup de la crise.

Seule l’industrie automobile présentait en 1997 une ren-tabilité financière en deçà du taux d’intérêt réel de long ter-me, ce qui augurait négativement de son attractivité auprès desinvestisseurs. L’année 1998 voit se restaurer cette rentabili-té au-dessus de toute attente, puisqu’en une année le rende-ment des capitaux propres passe de 5,1% à 11,4%.

Rentabilité financière

En % 1993 1994 1995 1996 1997 1998

Hautes technologies 2,6 7,7 2,6 10,8 12,3 15,3

TIC (secteur industriel) -2,8 2,8 5,8 4,0 8,6 9,8

Industrie 1,8 8,0 7,8 7,4 8,6 9,4Source : Suse – Insee. Industrie y compris IAA et hors énergie.

Les " hautes technologies " présentent une rentabilitéfinancière bien au dessus de la moyenne depuis 1996, en

Éléments de comparaison internationaleConclusions du Comité européen des centrales

de bilan, actualisées par les soins du Sessi

Les entreprises européennes ont dans l’ensemble renforcé leursfonds propres au cours de la décennie (source : Bach) et disposentdésormais de ressources propres plus importantes. Ce mouvementest particulièrement net en France, depuis les réformes de désin-termédiation mises en place à partir de 1984. Alors que les entre-prises allemandes apparaissaient relativement mieux capitalisées en1988, les entreprises industrielles françaises présentent dix annéesaprès une part des capitaux propres dans le total du passif supérieurede six points à leurs homologues d’outre-Rhin. Cette hausse de lacapitalisation s’est faite en France de manière continue tout au longde la période, et l’industrie manufacturière se révèle, malgré quelqueslégers à-coups, moins affectée en France par les cycles conjonctu-rels.Les industriels français ont certes profité des phases de relancepour accroître plus facilement leurs fonds propres, sans que ce mou-vement soit excessif, et sans en freiner fortement l’expansion lorsdes phases de repli économique comme on le constate en Allemagneet surtout en Espagne.Au final, l’intensité des fonds propres reste variable suivant les pays,sans que l’on puisse cependant parler de mode optimal de finan-cement des entreprises, entre capitaux propres et endettement. Lesentreprises industrielles françaises se révèlent moyennement do-tées en capitaux propres, légèrement plus qu’en Allemagne etAutriche (32% pour les deux pays), mais sont moins capitaliséesqu’en Espagne (46%) ou au Pays-Bas (48%) et Danemark (41%).Les comparaisons internationales en niveau restent cependant àmanier avec précaution. D’après l’Observatoire des entreprises dela Banque de France, les dotations en fonds propres des entre-prises industrielles françaises ont augmenté en 1998, de 9,4% pourles grandes entreprises et 5,8% dans les PME. La même analyse par tailles d’entreprises conduit à retenir les conclu-sions suivantes. D’une part, les structures financières des grandesentreprises, de plus de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires,convergent et s’harmonisent, sans doute sous l’influence du recourscroissant aux marchés internationaux de capitaux. Hormis pour laFrance et l’Italie, ainsi que l’Allemagne, l’ensemble des grandes en-treprises européennes et du Japon ainsi que des USA présententdes capitalisations comprises entre 43% et 49% du bilan. La Francesemble légèrement en retrait : les capitaux propres des grandes en-treprises n’atteignent que 38% de l’actif en 1997 (source Bach),l’Allemagne étant encore moins dotée (mais bénéficie des substitutsaux capitaux propres que sont les provisions pour risque et charge).D’autre part, la dispersion des capitalisations entre petites et grandesentreprises couvre un spectre relativement réduit en France. Ainsi,les PMI françaises de moins de sept millions d’euros de chiffre d’af-faires présentent, au contraire des grandes entreprises hexago-nales, des dotations en fonds propres plus élevées, juste derrièrel’Espagne.

Page 73: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

accord avec des bénéfices importants et la faible part descapitaux propres dans leur passif (26% de capitaux proprespour 35% dans l’industrie). Le poids des fonds propresest, de plus, en légère régression (-5% entre 1993 et 1997).La rentabilité financière des technologies de l’information(secteur industriel) est juste dans la moyenne de l’industrie,malgré la part plus faible de ses fonds propres (33% dupassif).

76

Page 74: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

77

Ensemble de l'Industrie ( n.c. énergie et agroalimentaire)

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998En millions de francs

Production vendue 2 605 776 2 627 550 2 632 113 2 455 928 2 610 195 2 758 246 2 789 862 2 988 541 3 196 921

Production stockée 20 290 5 198 -1 359 -23 170 -6 168 14 665 6 232 5 351 6 116

Production immobilisée 12 928 12 944 11 981 10 142 9 542 8 850 8 762 8 351 8 989

Production totale 2 638 994 2 645 692 2 642 735 2 442 900 2 613 569 2 781 761 2 804 855 3 002 243 3 212 027

Ventes de marchandises 267 392 271 202 266 262 242 864 272 033 312 604 304 197 325 850 331 670

Chiffre d'affaires 2 873 168 2 898 752 2 898 375 2 698 792 2 882 228 3 070 850 3 094 059 3 314 391 3 528 592

Achats de marchandises -198 497 -201 069 -196 746 -178 425 -202 352 -234 104 -240 107 -245 157 -251 812

Variation de stocks 1 782 1 371 951 -1 366 -731 2 817 1 326 1 2 319

Marge commerciale 70 677 71 504 70 467 63 074 68 950 81 317 65 416 80 694 82 178

Achats consommés -1 747 800 -1 755 639 -1 767 139 -1 641 571 -1 757 969 -1 902 575 -1 926 715 -2 090 983 -2 262 809

dont

Achats mat. première et approvis. -1 051 898 -1 043 773 -1 043 818 -959 578 -1 046 989 -1 147 894 -1 211 477 -1 234 837 -1 329 527

Autres achats et charges externes -695 902 -711 866 -723 321 -681 993 -710 980 -754 681 -715 238 -856 146 -933 282

(sous-traitance ) -262 000 -262 500 -266 100 -245 000 -252 600 -269 400 -297 423 -329 335 -363 520

Valeur ajoutée 961 871 961 557 946 063 864 403 924 550 960 503 943 556 991 954 1 031 396

Frais de personnel -638 686 -662 912 -666 992 -637 130 -639 937 -650 308 -655 982 -666 964 -682 924

dont

Salaires et traitements -449 129 -465 984 -468 964 -444 481 -445 396 -453 619 -458 712 -467 587 -478 233

Charges sociales -189 557 -196 928 -198 028 -192 648 -194 540 -196 689 -197 270 -199 377 -204 692

Impôts et taxes -50 331 -52 813 -53 877 -52 602 -54 800 -60 666 -62 222 -65 479 -69 399

Subventions d'exploitations 2 902 3 838 4 289 3 653 3 931 3 641 4 044 3 540 3 576

Excédent brut d'exploitation 275 756 249 670 229 483 178 324 233 744 253 169 229 396 263 051 282 649

Intérêts financiers et charges assimilées -67 196 -70 139 -74 747 -68 287 -54 116 -56 133 -49 330 -44 114 -43 307

Produits financiers de participation et autres 37 221 37 397 42 446 43 320 44 087 48 032 45 302 47 227 49 087

Autres charges -31 688 -34 121 -36 517 -34 380 -38 186 -38 854 -39 481 -42 593 -46 180

Autres produits 18 869 20 608 23 121 21 160 21 548 22 448 22 292 26 398 28 768

Pertes supportées ou bénéfices transférés -1 272 -1 257 -1 731 -2 624 -2 409 -2 356 -2 349 -2 416 -2 513

Pertes transférées ou bénéfices attribués 1 176 1 558 2 060 1 489 1 887 2 973 2 312 2 276 1 406

CAF courante 232 866 203 716 184 115 139 001 206 556 229 280 208 142 249 829 269 910

Impôts sur le bénéfice -42 743 -32 247 -25 949 -21 432 -30 553 -37 361 -34 851 -45 311 -51 793

Participations -8 349 -7 529 -7 239 -6 665 -8 136 -8 503 -8 351 -9 724 -10 053

Charges exceptionnelles -23 358 -26 784 -26 842 -28 894 -29 006 -29 787 -26 381 -31 629 -30 032

Produits exceptionnels 12 612 15 282 16 125 14 162 14 143 13 401 11 825 16 049 11 847

Capacité d'autofinancement 171 028 152 438 140 210 96 172 153 004 167 030 150 383 179 214 189 879

Dotations aux amortissements -103 170 -113 226 -120 958 -115 433 -112 776 -112 740 -116 268 -116 940 -119 570

Dotations aux provisions d'exploitations -66 314 -69 703 -71 733 -68 353 -71 538 -71 511 -69 674 -76 292 -82 235

Reprises sur amort. et provisions 76 430 82 062 86 604 90 740 88 437 85 945 91 271 94 349 101 490

Diff. dotation finan. et risque de change -2 956 -8 704 -11 240 -16 687 -10 754 -14 012 419 -6 597 -8 705

Diff. dot. exceptionnelles + prod. de cession 9 700 8 302 -1 885 8 919 14 152 17 923 5 539 13 938 24 855

Résultat net comptable 84 718 51 169 20 998 -4 642 60 525 72 635 61 670 87 672 105 713

Nombre d'entreprises 24 304 25 301 24 710 22 736 22 631 22 361 22 319 21 970 22 040

Nombre de salariés 3 226 987 3 223 575 3 123 101 2 900 700 2 849 696 2 857 147 3 128 559 2 879 008 2 936 544

Source : EAE/Sessi

A N N E X E

Comptes des entreprises industrielles

Page 75: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

78

Industries agricoles et alimentaires

1994 1995 1996 1997 1998En millions de francs

Production vendue 575 776 578 808 589 808 608 490 635 444

Production stockée 101 442 889 -256 1 757

Production immobilisée 312 357 385 353 327

Production totale 576 189 579 607 591 082 608 587 637 527

Ventes de marchandises 53 040 64 420 59 270 66 845 70 616

Chiffre d'affaires 628 816 643 228 649 078 675 335 706 059

Achats de marchandises -40 367 -44 275 -45 384 -48 490 -55 445

Variation de stocks 252 173 70 62 215

Marge commerciale 12 925 20 318 13 956 18 417 15 386

Achats consommés -463 320 -473 511 -476 405 -494 040 -516 948

dont

Achats mat. première et approvis. -351 298 -355 238 -352 465 -360 440 -373 172

Autres achats et charges externes -112 022 -118 273 -123 941 -133 600 -143 776

Valeur ajoutée 125 794 126 415 128 633 132 964 135 965

Frais de personnel -72 203 -73 788 -74 946 -75 881 -77 923

dont

Salaires et traitements -50 362 -51 679 -52 769 -53 744 -55 420

Charges sociales -21 841 -22 109 -22 177 -22 137 -22 503

Impôts et taxes -13 764 -14 174 -14 057 -14 631 -15 146

Subventions d'exploitations 6 864 7 260 6 979 7 896 7 545

Excédent brut d'exploitation 46 691 45 712 46 609 50 348 50 441

Intérêts financiers et charges assimilées -9 496 -9 097 -8 067 -7 435 -6 646

Produits financiers de participation et autres 6 885 5 873 5 335 6 488 5 846

Autres charges -4 348 -4 590 -4 694 -5 366 -4 930

Autres produits 1 537 1 676 1 574 1 769 1 791

Pertes supportées ou bénéfices transférés -257 -353 -381 -313 -482

Pertes transférées ou bénéfices attribués 645 617 694 416 553

CAF courante 41 659 39 839 41 071 45 907 46 574

Impôts sur le bénéfice -6 637 -7 460 -7 968 -9 887 -10 103

Participations -1 492 -1 570 -1 607 -1 685 -1 687

Charges exceptionnelles -2 858 -2 809 -2 883 -4 228 -3 192

Produits exceptionnels 2 011 1 862 1 906 1 563 2 066

Capacité d'autofinancement 32 683 29 861 30 519 31 670 33 659

Dotations aux amortissements -17 225 -17 237 -17 517 -18 313 -18 282

Dotations aux provisions d'exploitations -3 998 -3 713 -4 229 -4 187 -4 449

Reprises sur amort. et provisions 5 965 6 067 6 357 7 079 7 053

Diff. dotation financières et risque de change -1 265 49 209 -1 035 -173

Diff. dot. exceptionnelles + produits de cession 484 1 761 1 342 4 154 464

Résultat net comptable 16 643 16 788 16 682 19 367 18 273

Nombre d'entreprises 2 973 3 011 2 970 2 991 3 009

Nombre de salariés (en moyenne) 361 242 364 777 362 099 364 258 365 765

Source : EAE/Scees

Page 76: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

79

Industrie des biens de consommation

1993 1994 1995 1996 1997 1998En millions de francs

Production vendue 544 158 555 424 573 914 584 332 609 922 633 788

Production stockée -500 867 3 105 1 045 2 882 2 898

Production immobilisée 1 307 828 758 789 935 956

Production totale 544 965 557 119 577 777 586 167 613 739 637 642

Ventes de marchandises 58 809 63 013 71 550 76 224 86 035 89 002

Chiffre d'affaires 602 967 618 437 645 464 660 556 695 957 722 791

Achats de marchandises -38 857 -42 663 -48 642 -50 380 -56 194 -60 806

Variation de stocks -470 -132 944 50 626 1 259

Marge commerciale 19 482 20 218 23 852 25 894 30 467 29 455

Achats consommés -361 116 -371 248 -390 716 -400 010 -424 910 -446 633

dont

Achats mat. première et approvis. -184 616 -191 779 -203 832 -214 315 -219 373 -226 222

Autres achats et charges externes -176 500 -179 469 -186 884 -185 695 -205 537 -220 411

(sous-traitance ) -52 300 -52 900 -55 500 -65 022 -70 618 -76 203

Valeur ajoutée 203 331 206 089 210 913 212 051 219 296 220 464

Frais de personnel -136 595 -136 638 -138 025 -137 474 -140 484 -142 238

dont

Salaires et traitements -96 146 -96 010 -97 247 -97 329 -99 968 -100 739

Charges sociales -40 449 -40 628 -40 778 -40 145 -40 516 -41 499

Impôts et taxes -10 875 -11 299 -12 316 -12 800 -13 225 -14 687

Subventions d'exploitations 725 847 855 1 072 812 814

Excédent brut d'exploitation 56 586 58 999 61 427 62 848 66 399 64 353

Intérêts financiers et charges assimilées -12 378 -10 212 -10 215 -10 346 -9 626 -9 611

Produits financiers de participation et autres 10 541 11 839 11 456 11 584 12 715 12 972

Autres charges -12 350 -13 560 -13 909 -14 439 -15 576 -16 522

Autres produits 5 129 5 994 5 998 6 531 7 243 7 476

Pertes supportées ou bénéfices transférés -1 000 -1 342 -1 779 -1 632 -1 930 -1 979

Pertes transférées ou bénéfices attribués 462 270 470 481 639 526

CAF courante 46 990 51 988 53 448 55 028 59 864 57 216

Impôts sur le bénéfice -8 854 -10 191 -11 784 -11 899 -13 823 -14 305

Participations -2 422 -2 742 -2 774 -2 744 -2 998 -2 875

Charges exceptionnelles -4 351 -4 613 -5 063 -5 425 -6 284 -6 255

Produits exceptionnels 3 282 3 413 2 918 2 408 2 684 3 141

Capacité d'autofinancement 34 645 37 855 36 745 37 367 39 443 36 922

Dotations aux amortissements -17 221 -16 748 -16 798 -18 001 -18 325 -18 652

Dotations aux provisions d'exploitations -12 696 -12 932 -14 049 -13 566 -15 611 -15 275

Reprises sur amort. et provisions 14 569 15 428 15 638 16 597 18 402 19 859

Diff. dotation financières et risque de change -1 323 -1 783 -1 462 1 332 318 -1 028

Diff. dot. exceptionnelles + produits de cession 917 3 326 -780 -1 136 2 282 2 750

Résultat net comptable 18 891 25 146 19 294 22 593 26 509 24 577

Nombre d'entreprises 6 443 6 471 6 259 6 121 5 901 5 618

Nombre de salariés 647 425 635 571 625 324 626 900 621 790 616 376

Source : EAE/Sessi

Page 77: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

80

Industrie automobile

1993 1994 1995 1996 1997 1998En millions de francs

Production vendue 364 297 412 318 421 414 423 514 477 735 537 880

Production stockée -2 602 1 339 3 115 -829 -50 -1 185

Production immobilisée 1 915 2 515 2 307 2 259 1 856 1 638

Production totale 363 610 416 172 426 836 424 945 479 541 538 333

Ventes de marchandises 49 643 56 899 66 519 69 733 64 435 62 072

Chiffre d'affaires 413 940 469 217 487 933 493 248 542 170 599 952

Achats de marchandises -41 096 -46 007 -54 200 -56 475 -51 748 -50 115

Variation de stocks 246 -755 600 1 200 -1 781 -236

Marge commerciale 8 793 10 137 12 919 14 458 10 906 11 721

Achats consommés -288 052 -327 787 -341 054 -343 058 -387 321 -434 207

dont

Achats mat. première et approvis. -224 527 -261 004 -268 701 -275 259 -287 804 -324 539

Autres achats et charges externes -63 525 -66 783 -72 353 -67 799 -99 517 -109 668

(sous-traitance ) -18 100 -19 600 -21 500 -23 790 -41 447 -44 441

Valeur ajoutée 84 351 98 522 98 701 96 345 103 126 115 846

Frais de personnel -62 885 -64 484 -65 191 -65 853 -65 524 -65 535

dont

Salaires et traitements -43 908 -44 667 -45 514 -45 932 -45 865 -46 068

Charges sociales -18 977 -19 817 -19 677 -19 921 -19 659 -19 467

Impôts et taxes -5 528 -6 096 -6 946 -7 306 -7 627 -7 853

Subventions d'exploitations 143 226 116 305 182 156

Excédent brut d'exploitation 16 081 28 168 26 680 23 491 30 157 42 614

Intérêts financiers et charges assimilées -7 179 -7 174 -6 811 -5 423 -5 252 -5 531

Produits financiers de participation et autres 6 202 7 146 7 978 5 728 7 145 8 206

Autres charges -2 840 -3 394 -3 358 -3 345 -3 743 -3 730

Autres produits 2 302 2 148 1 961 2 155 2 106 2 761

Pertes supportées ou bénéfices transférés -11 -13 -6 -12 -7 -4

Pertes transférées ou bénéfices attribués 4 1 5 0 5 2

CAF courante 14 559 26 882 26 449 22 593 30 411 44 319

Impôts sur le bénéfice 1 128 -1 489 -1 177 -1 118 -1 231 -4 370

Participations -236 -414 -390 -341 -326 -414

Charges exceptionnelles -4 067 -3 853 -3 436 -4 080 -6 706 -6 632

Produits exceptionnels 1 748 2 172 1 801 1 535 2 890 755

Capacité d'autofinancement 13 132 23 298 23 247 18 590 25 038 33 658

Dotations aux amortissements -20 921 -20 313 -20 415 -21 167 -20 064 -21 032

Dotations aux provisions d'exploitations -8 155 -7 143 -7 741 -8 288 -9 683 -11 838

Reprises sur amort. et provisions 10 853 8 956 8 578 8 933 8 745 10 353

Diff. dotation financières et risque de change -6 224 397 668 -686 -4 033 -1 996

Diff. dot. exceptionnelles + produits de cession -940 2 105 1 079 3 176 2 354 7 453

Résultat net comptable -12 255 7 300 5 416 557 2 357 16 598

Nombre d'entreprises 542 545 541 522 531 536

Nombre de salariés 299 567 295 804 290 390 295 007 285 922 287 697

Source : EAE/Sessi

Page 78: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

81

Industrie des biens d’équipement

1993 1994 1995 1996 1997 1998En millions de francs

Production vendue 560 411 578 743 605 118 621 878 666 467 719 160

Production stockée -10 660 -10 459 -623 5 992 -1 268 4 950

Production immobilisée 3 191 2 629 2 373 2 231 2 312 2 749

Production totale 552 942 570 913 606 868 630 101 667 511 726 859

Ventes de marchandises 40 326 47 086 51 289 50 313 49 321 57 076

Chiffre d'affaires 600 737 625 829 656 407 672 191 715 788 776 235

Achats de marchandises -27 605 -32 000 -36 282 -37 916 -37 657 -43 654

Variation de stocks -520 -457 568 144 825 551

Marge commerciale 12 201 14 629 15 575 12 541 12 489 13 973

Achats consommés -347 337 -360 325 -394 673 -415 277 -439 683 -487 519

dont

Achats mat. première et approvis. -164 734 -171 794 -198 374 -216 995 -216 910 -237 731

Autres achats et charges externes -182 603 -188 531 -196 299 -198 283 -222 773 -249 789

(sous-traitance ) -110 000 -114 400 -117 000 -127 696 -128 498 -144 648

Valeur ajoutée 217 806 225 217 227 770 227 365 240 317 253 312

Frais de personnel -176 691 -174 076 -173 966 -177 450 -180 061 -186 501

dont

Salaires et traitements -122 797 -120 921 -120 641 -123 369 -125 385 -129 633

Charges sociales -53 894 -53 155 -53 325 -54 081 -54 676 -56 868

Impôts et taxes -13 263 -13 326 -13 994 -14 585 -15 352 -16 280

Subventions d'exploitations 1 366 1 534 1 209 1 138 1 103 982

Excédent brut d'exploitation 29 218 39 349 41 019 36 468 46 007 51 514

Intérêts financiers et charges assimilées -15 796 -11 749 -11 700 -10 495 -10 298 -9 305

Produits financiers de participation et autres 11 785 10 463 11 568 10 676 9 625 9 189

Autres charges -9 424 -10 192 -9 701 -10 376 -11 644 -13 683

Autres produits 7 567 6 735 6 962 6 349 8 080 8 915

Pertes supportées ou bénéfices transférés -697 -133 -165 -208 -168 -104

Pertes transférées ou bénéfices attribués 83 125 1 042 884 911 94

CAF courante 22 736 34 598 39 025 33 298 42 513 46 621

Impôts sur le bénéfice -4 247 -5 839 -7 963 -7 049 -8 841 -8 915

Participations -1 675 -1 944 -2 031 -2 311 -2 619 -2 885

Charges exceptionnelles -8 670 -9 753 -11 034 -7 690 -7 882 -8 337

Produits exceptionnels 3 849 3 646 2 640 3 149 2 776 3 503

Capacité d'autofinancement 11 993 20 708 20 637 19 397 25 947 29 986

Dotations aux amortissements -21 810 -20 299 -19 434 -19 507 -19 593 -19 414

Dotations aux provisions d'exploitations -28 050 -29 963 -29 291 -28 288 -30 187 -34 502

Reprises sur amort. et provisions 35 397 36 189 34 039 36 931 37 355 39 583

Diff. dotation financières et risque de change -4 677 -5 518 -8 886 1 373 -3 921 -3 751

Diff. dot. exceptionnelles + produits de cession 985 1 118 8 565 1 629 10 414 11 762

Résultat net comptable - 6 162 2 235 5 630 11 535 20 015 23 664

Nombre d'entreprises 5 416 5 177 5 078 5 028 5 181 5 138

Nombre de salariés 716 954 680 107 673 813 686 683 694 879 714 473 Source : EAE/Sessi

Page 79: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

82

Industrie des biens intermédiaires

1993 1994 1995 1996 1997 1998En millions de francs

Production vendue 987 027 1 063 710 1 157 799 1 160 137 1 234 389 1 306 094

Production stockée -9 404 2 085 9 068 23 3 789 -546

Production immobilisée 3 729 3 570 3 412 3 482 3 247 3 646

Production totale 981 352 1 069 365 1 170 279 1 163 642 1 241 425 1 309 194

Ventes de marchandises 94 103 105 034 123 246 107 927 126 059 123 520

Chiffre d'affaires 1 081 130 1 168 744 1 281 045 1 268 064 1 360 448 1 429 614

Achats de marchandises -70 861 -81 681 -94 980 -95 336 -99 559 -97 237

Variation de stocks -626 612 703 -68 329 745

Marge commerciale 22 616 23 965 28 969 12 523 26 829 27 029

Achats consommés -645 065 -698 614 -776 135 -768 370 -839 059 -894 449

dont

Achats mat. première et approvis. -385 701 -422 416 -476 990 -504 908 -510 745 -541 035

Autres achats et charges externes -259 364 -276 198 -299 145 -263 462 -328 314 -353 414

(sous-traitance ) -64 600 -65 700 -75 400 -80 916 -88 772 -98 228

Valeur ajoutée 358 903 394 716 423 113 407 795 429 195 441 773

Frais de personnel -260 946 -264 738 -273 126 -275 205 -280 884 -288 650

dont

Salaires et traitements -181 621 -183 798 -190 217 -192 082 -196 362 -201 793

Charges sociales -79 325 -80 940 -82 909 -83 123 -84 522 -86 857

Impôts et taxes -22 935 -24 079 -27 410 -27 531 -29 274 -30 579

Subventions d'exploitations 1 419 1 325 1 461 1 530 1 443 1 624

Excédent brut d'exploitation 76 441 107 224 124 038 106 589 120 480 124 168

Intérêts financiers et charges assimilées -32 935 -24 981 -27 407 -23 066 -18 938 -18 860

Produits financiers de participation et autres 14 791 14 639 17 031 17 313 17 711 18 720

Autres charges -9 766 -11 040 -11 886 -11 321 -11 630 -12 246

Autres produits 6 163 6 672 7 528 7 257 8 968 9 616

Pertes supportées ou bénéfices transférés -916 -922 -405 -497 -311 -426

Pertes transférées ou bénéfices attribués 940 1 491 1 456 947 722 784

CAF courante 54 718 93 083 110 355 97 222 117 002 121 755

Impôts sur le bénéfice -9 460 -13 034 -16 437 -14 785 -21 407 -24 203

Participations -2 332 -3 037 -3 309 -2 955 -3 782 -3 879

Charges exceptionnelles -11 806 -10 787 -10 254 -9 186 -10 756 -8 808

Produits exceptionnels 5 284 4 912 6 042 4 733 7 700 4 447

Capacité d'autofinancement 36 404 71 137 86 397 75 029 88 757 89 312

Dotations aux amortissements -55 482 -55 416 -56 092 -57 592 -58 932 -60 472

Dotations aux provisions d'exploitations -19 452 -18 574 -20 431 -19 541 -20 811 -20 620

Reprises sur amort. et provisions 29 921 27 864 27 690 28 810 29 846 31 695

Diff. dotation financières et risque de change -4 462 -3 778 -4 334 -1 603 1 040 -1 931

Diff. dot. exceptionnelles + produits de cession 7 959 7 602 9 060 1 882 -1 111 2 890

Résultat net comptable -5 112 28 835 42 290 26 985 38 789 40 874

Nombre d'entreprises 10 274 10 438 10 483 10 398 10 467 10 748

Nombre de salariés 1 240 610 1 238 214 1 255 803 1 267 416 1 276 417 1 317 998

Source : EAE/Sessi

Page 80: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Une nouvelle dynamiquede croissance

Au premier semestre 1999, la croissance européenne s’ac-célère et atteint un taux de 4% au second semestre. Commedans le reste du monde, la reprise est tirée par le secteurindustriel, qui bénéficie de l’accélération des exportations etd’un mouvement de restockage. Parmi les pays membres del’Union européenne, la France, l’Espagne et les Pays-Basprogressent à un rythme un peu plus rapide.

Croissance de la production industrielle

Indice de la production Glissement

1995 1998 1999 février 2000

Allemagne 100 108,5 110,2 3,9%

France 100 108,9 111,3 4,5%

Italie 100 102,9 102,9 2,0%

Royaume-Uni 100 102,6 103,1 2,1%

Union à 15 100 108,0 109,6 3,2%

États-Unis 100 115,7 119,8 5,6%*

Japon 100 99,0 99,4 8,5%Champ : industrie y compris activités extractives et énergie.* 6,6 % aux premier et second trimestres 2000.Sources : OCDE-PIE, avril 2000 ; BusinessWeek, 3 juillet 2000.

Mais pas encore de rattrapagedes États-Unis

L’accélération récente de la croissance européenne, dopéede surcroît par la faiblesse de l’euro, ne lui permet cependantpas de rattraper les États-Unis, dont les rythmes de croissan-ce de la production industrielle, du PIB et de la FBCF de-meurent supérieurs à moyen terme comme à long terme. En1999 et 2000, la FBCF américaine croît encore au rythme de8% contre 5% en Europe. Cependant, l’OCDE et plusieursautres organismes d’études prévoient que le rythme decroissance du PIB européen pourrait rejoindre et dépasser lerythme américain au premier semestre 2001.

En termes de PIB par habitant, c’est-à-dire de niveau devie, l’Europe semble décrocher ou au mieux maintenirconstant son retard. Elle n’a pas encore rattrapé le niveau duJapon, qui peine pourtant à sortir de la dépression. Mais uneincertitude sur les rythmes de développement, à moyen oulong terme, vient de la difficulté de mesurer l’indice des prixdu PIB et de trouver la bonne année de base. Dans laperspective la plus avantageuse - en prenant 1987 commepoint de départ - on constate un maintien de la positioneuropéenne.

C H A P I T R E 7

L’industrie européenneregroupe ses forces

L’industrie européenne participe et profite de l’embellie économique mondiale, et ses exportations sont dopéespar la faiblesse de l’euro. Elle tire la croissance européenne, qui n’est cependant pas encore parvenue,à la mi-2000, à rejoindre le rythme américain. Elle demeure insuffisamment présente sur les marchés enexpansion, son investissement est relativement faible et, surtout, son effort de R&D reste inférieur à celuides États-Unis. Mais dans la période la plus récente, de nombreux signes annoncent un regain de l’industrieeuropéenne. Outre l’accélération de la croissance, on observe une montée exponentielle du capital-risque,dont le montant n’accuse plus qu’un an de retard sur le niveau américain, et une percée des technologiesde la communication.Les fusions et acquisitions recomposent fortement le tissu des entreprises européennes, avec la création denouveaux leaders sectoriels et des entreprises plus internationalisées. Sur certains marchés, les concurrentssont désormais peu nombreux, ce qui tend à réduire les combinaisons possibles et susceptibles d’être autorisées.Les entreprises paneuropéennes bénéficient de l’intégration des marchés, d’un financement sur plus grandeéchelle grâce à l’euro et centralisent de plus en plus de fonctions.L’européanisation progressive des groupes d’entreprises et l’introduction de l’euro rendent plus sensiblesla disparité des systèmes fiscaux et l’impossibilité de consolider fiscalement les comptes au niveau européen.Les entreprises souhaitent obtenir la levée des obstacles qui entravent encore les implantations en Europe,tandis que les organismes supranationaux et les États s’efforcent, par la concertation, de limiter les "pratiquesdommageables" et les pertes budgétaires excessives qui pourraient résulter de la concurrence fiscale.

83

Page 81: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Tendances longues du PIB et de l’investissement(FBCF) - Taux annuel d’évolution en %

PIB FBCF PIB réel / tête

1980-90 1990-98 1980-90 1990-98 1987-1998

Allemagne 2,2 2,0 1,6 0,9 0,6

France 2,4 1,6 2,3 - 0,3 1,5

Italie 2,2 1,2 2,2 - 0,4 1,6

Royaume-Uni 2,7 2,0 4,3 2,0 1,7

EU-15* 2,4 1,8 2,5 0,8 1,6

USA 2,9 2,7 2,4 5,4 1,6

Japon 4,0 1,1 5,2 - 0,4 2,0* Les 15 pays de l’Union actuelle. La réunification gonfle la croissance apparente de l’Allemagneet diminue sa croissance par habitant.Sources : Commission européenne, rapport 1999 sur la compétitivité ; OCDE : principaux indicateurséconomiques, CEPII (1999).

La population active augmente moins rapidement enEurope qu’aux États-Unis, du fait d’un différentiel démo-graphique, d’un vieillissement plus rapide de la population etd’une moins grande proportion de personnes susceptiblesd’être employées.

Pourtant l’emploi industriel décroît moins vite en Europe(il croît même en France) qu’aux États-Unis où les gains deproductivité deviennent le facteur principal de croissance,dans un contexte de faible chômage. Ce phénomène est récentet témoigne du rebond de la productivité aux États-Unis de-puis 1995. Pendant une longue période, l’emploi industriel ysemblait mieux préservé qu’en Europe. Entre 1988 et 1997,sur vingt-et-un secteurs industriels, seul le secteur de l’édi-tion et de l’imprimerie a connu une croissance significativede l’emploi en Europe, alors qu’aux États-Unis neuf secteursindustriels enregistraient une augmentation de l’emploi etdeux au Japon (voir tableau suivant).

Croissance contrastée des secteursindustriels en Europe

La croissance des secteurs manufacturiers traditionnelsconfirme la spécialisation internationale de l’Union euro-péenne vers les biens d’équipement industriel, les matérielsde transport, les biens intermédiaires et l’agroalimentaire.Parallèlement, le poids des biens de base (minéraux, métaux)et de la filière textile-habillement diminue en Europe, sousl’effet des baisses de prix et de la concurrence des pays en dé-veloppement. Le secteur du textile et de l’habillement resteune spécialité du sud de l’Europe, où l’Italie, le Portugal,l’Espagne et la Grèce génèrent la moitié de la valeur ajoutéecommunautaire.

Considérée sur le long terme, la partie industrielle desnouvelles technologies de l’information et de la communi-cation (NTIC ) a connu des fortunes diverses sur le sol euro-péen.

La valeur ajoutée nominale des équipementiers des télé-communications a augmenté plus vite que celle de n’impor-te quel autre secteur industriel entre 1988 et 1997. L’Europecompte de nombreux groupes de premier plan dans ce secteur.Par contre, l’informatique est le seul secteur dont la crois-sance nominale est paradoxalement négative. Ses pertes d’em-plois sont également parmi les plus lourdes. Dans ce secteur,l’Europe aborde la période actuelle d’expansion dans desconditions difficiles, après avoir connu de nombreux échecs.

Ce bilan doit être nuancé par de nombreux facteurs : labaisse rapide des prix dans l’informatique et le déplacementde la valeur ajoutée informatique vers des activités de servi-

ce, de logiciel et de réseau. Or l’Europe paraît en meilleureposition sur ces secteurs. Le rapprochement actuel des acti-vités de communication, d’informatique et de contenu (l’édi-tion - imprimerie arrive en troisième position dans le classe-ment européen des créateurs de richesse) peut fournir àl’Europe une occasion de croissance nouvelle.

Taux de croissance annuelle en valeurs nominales(1997/1988) des industries européennes

% Secteurs VA Productivité Emploi

32 Éq. Communication 5,1 5,9 -0,8

25 Caoutchouc – plastique 4,5 4,1 0,4

22 Edition - imprimerie 4,3 3,3 1,0

28 Produits métalliques 4,1 4,0 0,1

34 Automobiles 3,9 4,4 -0,5

15 Agroalimentaire 3,8 3,8 0,0

35 Autres transports 3,7 5,9 -2,2

29 Machines 3,5 4,6 -1,1

24 Chimie 3,3 4,5 -1,2

36 Meubles 3,2 3,1 0,1

20 Bois 3,2 3,7 -0,5

TO Industrie 3,2 4,3 -1,1

23 Énergie 3,1 4,4 -1,3

33 Médicaux, précision 2,9 4,9 -2,0

31 Électriques 2,7 4,8 -2,1

26 Minéraux 2,2 3,8 -1,6

21 Papier 2,1 3,7 -1,6

27 Métaux de base 0,8 5,1 -4,3

17 Textiles 0,7 4,5 -3,8

19 Cuirs 0,3 3,4 -3,0

18 Habillement 0,2 3,1 -2,9

30 Informatique -1,1 2,1 -3,2Source : enquêtes structurelles (DEBA) ; rapport compétitivité de la Commission européenne.

Insuffisances structurelles et montéesen gamme

L’Europe cède lentement des parts de marché en produitsmanufacturés par rapport à ses concurrents industrialisés,surtout du fait de l’Allemagne (tableau). Elle compense tou-tefois ces pertes en volume par un glissement vers des pro-duits plus sophistiqués et plus chers. En valeurs courantes, sapart dans les exportations mondiales reste stable, oscillantpeu autour de 54% des exportations des pays industrialisés.De même, l’Europe détient une part très stable des exporta-tions mondiales hors flux intra-européens.

La performance des États-Unis est meilleure : leur part desexportations augmente aussi bien en volume qu’en valeurcourante. Les exportations américaines sont handicapées parle cours élevé du dollar, mais elles sont tirées par un meilleurpositionnement géographique, avec des parts importantes surdes marchés en croissance, tels que les marchés émergents asia-tiques qui rebondissent déjà après une crise qui aura finale-ment été de courte durée. Les voisins immédiats de l’Unioneuropéenne ont connu jusqu’à récemment une croissancemoins dynamique.

En revanche, la balance commerciale de l’Union euro-péenne est proche de l’équilibre. Elle passe d’un léger excé-dent en 1998 à un léger déficit en 1999, tandis que les Etats-Unis accumulent un déficit difficilement soutenable à longterme (environ 4% de leur produit national brut). Leur défi-cit reflète l’excédent structurel de la balance commerciale ja-

84

Page 82: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

ponaise et l’agressivité des nouveaux concurrents asiatiques.L’excédent commercial en produits manufacturés de l’Unioneuropéenne augmente régulièrement. Il est passé de 12 mil-liards d’écus en 1989 à 169 milliards en 1997. Le Japon aégalement un excédent de 138 milliards d’euros. La balancecommerciale américaine en produits industriels affiche undéficit de 171 Md€ en 1997.

Reflet du retard technologique européen, la balance despaiements technologique de l’Union reste déficitaire, tandisque celle des États-Unis est encore largement bénéficiaire.Un déficit n’est pas en soi une mauvaise chose s’il reflèteune capacité élevée d’absorption de la technologie étrangè-re, comme ce fut le cas pour le Japon dans sa phase de rat-trapage. Le déficit européen doit plutôt s’analyser comme unindicateur de la faiblesse de ses capacités d’innovation par rap-port aux États-Unis. Cet indicateur évolue défavorablement,mais très lentement.

Indicateurs de compétitivité structurelle

Indicateurs Part des exportations Couverture technologique

Unités % de 24 OCDE Recettes/ paiements %

Année 1985 1999 1985 1997

Allemagne 20,7 15,9 71 85

France 8,2 7,8 84 72

Italie 6,8 5,6 26 77

Royaume-Uni 6,4 5,9 113 81

Europe à 15 57,8 52,1 74 72

Etats-Unis 9,0 16,6 571 358

Japon 20,3 12,1 36 62Les exportations sont comptées aux prix de 1995 et rapportées aux exportations manufacturièresde 24 pays de l’OCDE.Sources : direction de la Prévision, OCDE.

Selon une étude de la Commission européenne, laproductivité du travail augmente depuis le milieu desannées 90 plus rapidement aux États-Unis qu’en Europe,du fait principalement d’un écart de croissance dû au pro-grès technique (productivité totale des facteurs). L’écart deprogrès technique était auparavant en faveur des pays euro-péens.

Déterminants de la productivité par tête

En % Production Progrès Heures Substitution

Par personne technique travaillées Capital/ travail

= + +

1974-95 :

Union à 15 1,9 1,9 1,5 0,8

USA 1,1 1,1 0,8 0,3

1996-99 :

Union à 15 1,3 1,0 - 0,2 0,5

USA 2,2 1,5 0,1 0,5Source : économie européenne, avril 2000.

Mais une autre étude montre que ce retard en termes devitesse d’innovation n’a pas empêché le secteur manufactu-rier de l’Union européenne de combler partiellement l’écartde productivité vis-à-vis de ses concurrents nord-américainset japonais, grâce à un repositionnement sur des secteurs à plushaute productivité, et à un désengagement des secteurs à plusfaible productivité (Panorama des entreprises européennes,2000). Le mouvement vers les secteurs à plus forte valeurajoutée par tête se constate donc à la fois dans la productionet le commerce.

Pas assez de R&D réalisée en EuropeEntre 1985 et 1998, l’effort de R&D oscille selon les an-

nées entre 1,8% et 2,0% du PIB en Europe, contre une moyen-ne de 2,8% aux États-Unis et au Japon. L’effort de R&D del’Union européenne a eu tendance à diminuer au coursdes années 90. Celui des États-Unis, après une diminutionde plusieurs années, se redresse depuis 1995. Parmi les payseuropéens, seule la Finlande augmente continûment etrégulièrement son effort de recherche, qui passe de 1,2%du PIB en 1981 à 1,9% en 1990 et 2,9% en 1998. Cet indi-cateur reflète la transformation de son industrie vers desproduits à plus fort contenu technologique : l’émergenceinternationale d’une firme comme Nokia a pu prendre appuisur un développement technologique national de longuehaleine.

Pour une part, les différentiels de R&D reflètent lesspécialisations sectorielles. En effet, dans des secteurs com-me l’aéronautique, des montants considérables sont incon-tournables pour obtenir un nouvel appareil ou un nouvel équi-pement. Dans d’autres activités, des montants moinsimportants peuvent parfois suffire pour faire émerger un pro-duit innovant. Enfin, quand des industries deviennent peucompétitives, les sites industriels sont rachetés ou créés pardes groupes étrangers qui réalisent l’essentiel de leur R&Ddans leur pays d’origine, ce qui se traduit également par defaibles intensités de recherche sur le territoire. Les filiales degroupes américains réalisent une part significative de la R&Ddans la plupart des pays européens, mais avec des taux,relativement à la valeur ajoutée, inférieurs à ceux des groupesnationaux de même activité.

Les États-Unis sont nettement plus spécialisés que l’Unioneuropéenne et le Japon sur les activités de haute technologie,et un peu plus spécialisés aussi sur les activités industriellesà forte composante de marketing (tableau).

Spécialisation sectorielle des pays européensValeur ajoutée des différents secteurs regroupés selon leur facteur

de compétitivité, en % du total manufacturier (1997)

Facteur principal de la compétitivité sectorielle

Travail Capital Publicité R & D

Allemagne 14 15 16 26

France 14 15 22 28

Italie 20 16 18 18

Royaume-Uni 13 14 26 24

Union à 15 15 16 21 22

USA 12 14 23 30

Japon 16 16 21 22Le complément à 100%, en ligne, est constitué des industries sans facteur de compétitivitédominant.Source : Communauté européenne, Rapport 1999 sur la compétitivité.

L’analyse par pays montre que l’Allemagne, la France etle Royaume-Uni sont en fait tout autant spécialisés sur lesactivités à forts composantes immatérielles de R&D ou depublicité. Au sein de l’Union, les différences de spécialisa-tion demeurent importantes. A la problématique du rattrapa-ge technologique des États-Unis se superpose donc celle dela convergence en cours interne à l’Union.

85

Page 83: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

L’insuffisance en R&D ne résulte pasde la seule spécialisation sectorielle

La France, par exemple, a également une structure in-dustrielle à fort contenu technologique, et son effort de re-cherche reste en deçà de celui des États-Unis.

Taux R&D / VA dans l’industrie manufacturière (1996)

En % USA Japon France Allemagne UE-9*

Textile, habillement 0,9 1,8 1,0 1,5 0,5

Bois & ouvrages 1,2 1,2 1,0 0,9 0,5

Papier imprimerie 1,5 0,9 0,3 0,6 0,5

Chimie industrielle 8,3 12,7 10,6 11,7 7,4

Médicaments 21,1 21,2 28,6 18,2 22,8

Caoutchouc-plastique 3,1 5,3 4,8 2,3 1,9

Minéraux sans métal 1,5 4,9 2,5 1,6 1,1

Sidérurgie 0,9 3,1 3,5 1,1 1,5

Non ferreux 2,3 6,6 2,2 0,9 1,3

Ouvrages en métaux 1,7 2,1 1,2 10,5 1,0

Machines mécaniques 5,1 7,5 6,1 9,5 5,8

Ordinateurs 43,1 27,4 9,7 27,0 14,9

Autres TIC 21,3 15,5 32,1 11,4 18,3

Machines électriques 6,5 12,1 4,1 9,1 7,2

Automobiles 20,2 12,5 11,6 11,1 10,6

Aérospatiale 38,7 21,2 32,2 ** 38,7 35,3

Instruments précision 21,9 20,4 4,0 18,9 10,6

Autres industries 2,0 1,5 1,2 1,2 1,6

Industrie manufacturière 8,9 7,8 6,6 6,5 5,2

À structure équivalente 8,9 8,2 7,8 7,7 6,7* 9 répondants de l’Union européenne : Danemark, Finlande, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas,Espagne, Suède, Royaume-Uni.** Aéronautique allemande : valeur aberrante descendue au taux US.Sources : OCDE, calculs SESSI

La spécialisation sectorielle n’explique que la moitié dudifférentiel de R&D entre les États-Unis et des pays commel’Allemagne, la France ou l’Italie, et qu’une part beaucoup plusfaible du différentiel avec le Royaume-Uni et les autres payseuropéens. Cette conclusion résulte nettement de l’applicationd’une structure sectorielle à l’américaine aux taux observésen Europe à l’intérieur de chaque secteur (tableau). D’autrepart, l’État finance une part plus grande de la R&D en Europequ’aux États-Unis. Ainsi, le retard des entreprises européennesen effort de R&D reste très réel.

Le nombre de brevets déposés par les résidents d’un paysreflète la capacité d’innovation propre de ce pays. C’est tou-tefois un indicateur ambigu. D’une part, le nombre de brevetsà déposer pour une invention donnée dépend du règlementpropre au pays (le règlement japonais tend à multiplier lesbrevets à inventivité égale). D’autre part, le brevet est toutautant un indicateur du comportement de protection que del’effort d’innovation. Même si on le considère sous l’angle del’effort d’innovation, il représente encore un " output " pourles centres de R&D et un " input " pour les autres fonctionsdes entreprises industrielles. Quel que soit le point de vueadopté, on constate que l’Union européenne accuse lemême retard sur cet indicateur qu’en termes de recherche-développement (voir le chapitre " Investissement " pourd’autres indicateurs de brevets).

L’innovation technologique continue à se faire aux États-Unis dans deux domaines : les biotechnologies et l’informa-tique. Les États-Unis emploient par exemple trois fois plus despécialistes en biotechnologie que l’Europe. Leur populationest trois fois plus branchée sur internet que les Européens,

ce qui implique un nombre beaucoup plus grand d’entreprisesspécialisées. Les grands groupes européens des télécommu-nications, de la chimie et de la pharmacie rachètent et intè-grent dans leurs structures des " start-up " et des entreprisesà fort potentiel de R&D aux États-Unis. Dès 1996, les filialesindustrielles de groupes étrangers réalisaient 12% de la R&Daméricaine. La recherche scientifique est de plus en plus mon-diale, avec une circulation des chercheurs et des idées entreles sites implantés dans différents pays.

De cette façon, les groupes européens réalisent desefforts de R&D comparables à ceux de leurs concurrents amé-ricains, mais parfois réalisée sur le sol américain. Une autreméthode pour transférer vers l’Europe les innovations amé-ricaines consiste à établir des alliances technologiques, parexemple sur la base d’un contrat d’échange de technologiecontre fabrication et mise sur le marché.

Facteurs de compétitivité

Indicateurs : RD/ tête RD / PIB Brevets/ tête Dépense NTIC

Unités : euro PPP % * 10 000 % du PIB

Année 1997 1997 1997 1997

Allemagne 283 2,3 5,5 5,6

France 233 2,2 2,2 6,4

Italie 94 1,1 1,2(1) 4,3

Royaume-Uni 184 1,9 3,1 7,6

Europe 175 1,8 2,5 5,9

États-Unis 456 2,7 4,0 7,8

Japon 369 2,9 27,7* 7,4* Japon : indicateur artificiellement gonflé par la réglementation. Sources : UNICE, OCDE (1) Chiffre 96

Des progrès dans les NTICet le capital-risque

Les nouvelles technologies de l’information et de la com-munication (NTIC) contribuent à la croissance de la produc-tivité en permettant aux entreprises de fonctionner plus effi-cacement, tout en créant de nouveaux marchés de produitset de services. Les dépenses américaines en NTIC, en pour-centage du PIB, restent supérieures de 2 points à celles del’Union européenne. Selon des études américaines récentes(citées dans OCDE, juin 2000), la mise en place massived’équipements informatiques plus perfectionnés et moinscoûteux augmenterait d’un demi-point la productivité du tra-vail depuis le milieu des années 1990. C’est justement l’écartde croissance du progrès technique (productivité totale des fac-teurs) avec l’Europe.

Mais, récemment, la place des NTIC a augmenté plus viteen Europe entre 1992 et 1997, avec un taux de croissance an-nuel de 1,8% contre 1,2% aux États-Unis. Le retard européenen termes d’équipements installés tend donc à diminuer len-tement, tout en demeurant important. Dans plusieurs secteurs,comme la téléphonie mobile, la télévision numérique ou lesjeux multimédias, des groupes européens sont leaders et ra-chètent des entreprises aux États-Unis. Le marché des ser-vices de télécommunications se chiffrait en 1998 à 157 mil-liards d’écus dans l’Union européenne. Après avoir connuune croissance de plus de 25% par an en 1997 et en 1998,les services de téléphonie mobile représentaient un marchéestimé à 31 milliards d’écus.

Enfin, dans la plupart des pays européens, on observe unemontée du capital-risque. Le capital-risque fait partie des

86

Page 84: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

87

investissements en capitaux propres effectués dans desentreprises non cotées, et désigne les prises de participationdestinées à faciliter le lancement, les premiers pas ou l’ex-pansion d’une entreprise. Les investissements dans desentreprises non cotées, après avoir plus que doublé en Europeentre 1994 et 1998, ont encore bondi de 74%, à 25 Md€ en1999, selon les statistiques de l’" European private equity &venture capital association " (EVCA). Dans ce total, environla moitié correspond à des rachats d’entreprises par les cadres(MBO). Les investissements en capital-risque proprementdits se montent à 12 Md€, en progression de 71% par rapportà 1998. D’autre part, le pourcentage destiné aux jeunesentreprises augmente. Le capital-risque européen approcheainsi les chiffres avancés aux États-Unis pour 1998, ce qui lais-se penser que l’Europe n’est pas loin de combler son retarden la matière.

Fusions & acquisitions :la transformation de l’industrieeuropéenne

Mondialement, la valeur des fusions et acquisitions(F&A) transfrontalières a bondi de 47% en 1999, dépassantle précédent record de 1998, pour atteindre 798 Md€

selon les données compilées sur 5 000 opérations transna-tionales par KPMG. La croissance des F&A continue à unniveau inégalé en Europe comme en Amérique du Nord etreflète également les restructurations de sortie de crise enAsie.

L’industrie européenne mène la danse. Ses opérationstransfrontalières représentent 73% de la valeur mondiale et,hors opérations intra-européennes, son territoire attire enco-re 45% des investissements recensés. Pour la première fois lemarché européen fait jeu égal avec les États-Unis. En termesde pays, ce sont toutefois les pays anglo-saxons qui sont aucentre des opérations. En 1999, les États-Unis ont attiré 37%des investissements entrants. Le Royaume-Uni est le plusgrand acheteur d’entreprises (245 Md€) avec des rappro-chements comme Vodaphone – Airtouch – Mannes-mann etZeneca – Astra.

Les 10 plus grosses annonces transfrontalièresen 1999

Acquéreur Cible Pays Pays

Vodaphone Airtouch RU USA

Zeneca Astra RU Suède

BP Amoco Arco RU USA

Mannesmann* Orange Allemagne RU

Hoechst* Rhône-Poulenc* Allemagne France

Repsol Ypf Espagne Argentine

Deutsche Telekom One-2-One Allemagne RU

Total SA Petrofina* France Belgique

Scottish Power Pacificorp RU USA* En 2000, Mannesmann est absorbé par Vodaphone, TotalFina absorbe Elf. La fusion entre Hoechstet Rhône Poulenc est à parité, contrairement à l’appréciation de KPMG, et a donné naissanceà la coentreprise Aventis.

Les entreprises européennes, avec un temps de retard surles États-Unis, ont entrepris une grande transformation deleurs périmètres. Cette restructuration a un caractère nou-

veau, en ce sens que l’Europe connaît un montant croissantde transactions non sollicitées. Le récent succès de Vodaphonesur Mannesmann illustre cette tendance de fond, liée à la mo-dification des modèles européens de propriété du capital et degouvernement d’entreprise sous l’influence grandissante desinvestisseurs institutionnels. L’Allemagne, en particulier, abouleversé ses positions traditionnelles en la matière.Cependant, les nombreux rapprochements d’entreprisesfrançaises et allemandes, en 1999, se sont faits à parité.

La vague d’acquisitions en Europe n’aurait pas été pos-sible sans la conjonction de plusieurs éléments : la montée descours de bourse, qui permet aux sociétés d’offrir leursactions en paiement ; l’émergence d’un marché financiereuropéen, grâce à l’euro, d’une profondeur et d’une liquidi-té proche de celui du dollar ; la déréglementation d’activitéslongtemps régies par des monopoles publics.

Les opérations européennes les plus importantes, en 1999et début 2000, se sont concentrées dans les secteurs des télé-coms, du pétrole, de la chimie-pharmacie, de l'automobile etde la défense, avec la constitution de champions mondiauxdans leurs secteurs tels que Vodafone - Mannesman, ExxonMobil ou TotalFina - Elf, Aventis, EADS (" EuropeanAeronautic, Defence and Space Company "). Plusieurs concer-nent la France, où la valeur des fusions et acquisitions aexplosé en 1999 (+123%).

La perspective du développement prochain du commer-ce électronique entraîne des opérations dans la logistique,impliquant des opérateurs postaux nationaux (Deutsche Post,La Poste ou la Poste néerlandaise) qui cherchent ainsi à sepositionner stratégiquement sur des marchés libéralisés, de ma-nière à pouvoir offrir une large gamme de produits sur une airegéographique étendue.

La vague actuelle de restructurations ne se réduit pasaux seules opérations géantes très médiatisées. Depuis 1991,environ 10 000 opérations sont recensées chaque année enEurope occidentale, soit trois par jour. L’inflation boursièrecontribue à gonfler la valeur unitaire des opérations. Déflatépar l’indice des cours boursiers, le montant réel des opérationseuropéennes n’a été multiplié que par deux, entre 1994 et1998, et apparaît bien corrélé au cycle économique (C. dePerthuis, 2000). La structure sectorielle de l’activité indus-trielle des pays européens se transforme d’ailleurs plusrapidement en période d’expansion (Commission européen-ne, rapport sur la compétitivité industrielle, 1999).

Les limites à la concentrationdes marchés

Plusieurs opérations annoncées n'ont finalement pas étémenées à bien, qu'elles aient été interdites par la Commissioneuropéenne (projet de fusion des deux constructeurs depoids-lourds Volvo et Scania) ou menacées de l’être (lesspécialistes de l’aluminium Alcan, Algroup et Péchiney ontretiré leur projet). En outre, la menace de l'interdiction parles autorités antitrust américaines aura conduit à l'aban-don d'une opération autorisée par la Commission (Air Liquide /BO). On observe également de nombreux échecs et mêmedes retournements, comme la tentative de Mannesmannsur Orange, qui s’est conclue en 2000 par le rachat deMannesmann par Vodaphone ; ou l’échec de l’OPA hostile deLafarge sur Blue Circle, opération que la Commission avaitautorisée.

Page 85: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Sur de nombreux marchés, les concurrents sont désor-mais peu nombreux, ce qui tend à limiter les rapprochementspossibles. Les récentes acquisitions de Renault en Asie,ainsi que son rapprochement dans les poids lourds avecVolvo, ont ainsi été motivés, selon son PDG, par la volontéde saisir une des dernières occasions offertes par le mou-vement de concentration lancé en 1998 par Daimler-Chrysler(et poursuivi en 2000 par son alliance avec Mitsubishi).

Les autorités nationales et européennes en charge de laconcurrence ont donc une responsabilité accrue de surveillancedes marchés. Mais sur le long terme, les marchés eux-mêmes,sous l’influence des innovations techniques, se chargent de fai-re apparaître de nouvelles concurrences. Les F&A elles-mêmes peuvent être accompagnées de stratégies de recen-trage ou de redéploiement, avec scissions, recompositionsdes périmètres et mutations des contours mêmes de la concur-rence. En fait, il serait utile aujourd’hui de relancer les étudessur le degré de concentration des divers marchés européens.

Certains estiment que la réglementation européenne surles F&A serait moins sévère qu’aux États-Unis : en 10 ans,la Commission n’a rejeté que 12 projets de fusions sur 12 000dossiers. Mais ce point est discuté : la réglementation de 1989a institué un principe d’autorisation préalable ; la Commissionest crédible dans sa volonté d’empêcher tout monopole ; lenombre de dossiers présentés dépend des seuils d’observationchoisis. Les réglementations de l’Union européenne et desÉtats-Unis connaissent des limites communes avec le princi-pe de compétence territoriale et la prise en considérationdes seuls effets intérieurs des fusions, même dans les casd’intervention – comme Boeing-Mac-Donnel-Douglas ouWorldCom-Sprint – où le marché de référence est évidemmentmondial (voir M. Fouquin & G. Gaulier, La Lettre duCEPII, novembre 1999).

Champions nationaux, européenset mondiaux

Comme lors de la précédente vague de restructurations,les entreprises européennes acquièrent principalement desentreprises de leur propre pays. Cependant, dynamisées parle marché unique, les fusions et acquisitions à cibles euro-péennes ont été multipliées par neuf, tandis que les rappro-chements purement domestiques ont été multipliés par six etque ceux dont la cible est non européenne ont seulementtriplé. Ces nouveaux champions nationaux et européens ontune ambition de plus en plus mondiale, et l’importance desfusions acquisitions en Europe devrait conduire à des gainsde compétitivité sur le continent.

Le poids des opérations domestiques dans lesacquisitions par des entreprises européennes :

En % des montants 1986-1988 1996-1998

Cibles domestiques 49% 54%

Autres cibles européennes 15% 22%

Cibles non européennes 36% 24%

Total (milliards de dollars) 77 mds$ 450 mds$Source : BIPE d’après Thomson Financial Securities Data

L’euro dynamise le marché unique

En dehors du simple effet conjoncturel dû à son faibleniveau, l’euro tend à favoriser l’accroissement du volumedes opérations transnationales de toutes sortes, et contribueainsi à dynamiser le marché unique. Les entreprises se réor-ganisent et tentent d’atteindre une nouvelle masse critique, cequi contribue à la vague de fusions et acquisitions qui prendde plus en plus d’ampleur depuis 1998. Cependant, il est dif-ficile de séparer dans l’industrie les effets propres de l’eurode ceux des puissants vecteurs de changement que sont lemarché unique créé en 1993, la concurrence mondiale et ladiffusion des nouvelles technologies. Du point de vue des in-vestisseurs, les avantages comparatifs des pays membres etde leurs régimes sociaux et fiscaux ne sont pas modifiés, maismieux mis en évidence par l’euro.

Pour le moment, selon une enquête réalisée fin 1999par la DIGITIP et le Trésor, les entreprises industriellesdemeurent presque exclusivement préoccupées par lesdifficultés techniques et les coûts informatiques de l’intro-duction de l’euro dans les comptabilités. Les entreprisespaneuropéennes sont confrontées à divers problèmes fis-caux immédiats, comme les taxes sur les gains de conver-sion en euro des actifs et passifs dans certains pays. LaCommission recommande une neutralité fiscale de la conver-sion, mais les règlements appliqués relèvent de chaquejuridiction nationale.

Cette absence apparente de perception des enjeux straté-giques et organisationnels est confirmée par le quatrième rap-port annuel de KPMG sur les réponses des entreprises euro-péennes à la monnaie unique : 82% des répondants estimentque leur structure opérationnelle actuelle en Europe est déjàsuffisamment adaptée aux nouvelles conditions du marché. En1999, les entreprises auraient même diminué l’importancede l’euro comme facteur de changement. Une interprétationplausible de ces réponses pourrait être que les entreprises ontdéjà intégré les effets les plus évidents sur les risques de chan-ge et se concentrent sur les changements en cours dans l’offreet la demande, sans plus se préoccuper d’y déceler des effetspropres à l’euro.

Apprécié par les entreprises pour les simplifications qu’ilapportera à terme, l’euro reste pour l’heure largement unemonnaie virtuelle. Rares sont encore les transactions com-merciales en euros. Les transactions en dollars demeurenttrop souvent la norme. Mais il ne fait pas de doute qu’à moyenterme l’euro sera plus utilisé, y compris entre participants àla zone euro et les tiers.

L’euro a un impact sectoriel différenciéL’euro a peut-être plus d’impact sur l’industrie européenne

que ce qu’il en est généralement perçu. Mais l’influence del’euro sur l’industrie est indirecte et vient essentiellement dunouvel environnement financier et commercial, surtout anti-cipé mais en partie déjà présent : tendance longue à la ré-duction des écarts de prix, logistique et trésorerie centrali-sées, rôle unificateur et sélectif des grands distributeurs,nouveaux comportements des consommateurs mieux infor-més, augmentation de la concurrence et baisse des prix. Cenouvel environnement est favorable à la compétitivité de l’en-semble de l’industrie européenne.

88

Page 86: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

D’un point de vue sectoriel, l’orientation des échangesinfluence l’impact de la suppression des coûts et risques dechange à l’intérieur de la zone euro. Les secteurs dont le com-merce est dirigé principalement vers d’autres partenaires dela zone euro bénéficient le plus de ces effets, tandis que lessecteurs qui réalisent surtout du commerce avec des paystiers, comme l’aéronautique, continuent à être affectés parles fluctuations du taux de change de l’euro. D’autre part, laplus grande transparence des prix devrait avoir un impactplus prononcé dans les secteurs pour lesquels on observe en-core une grande dispersion entre États membres. C’est le caspar exemple de l’industrie des machines-outils, de la construc-tion automobile et de l’industrie pharmaceutique (Ilzkovitz etDierx, 1999). Dans l’automobile, le marché unique a bienprovoqué une réduction de moitié de la dispersion des prix,mais cette réduction a été plus que contrebalancée par lesfluctuations monétaires, en particulier de la lire et de la livre.Dans la zone euro, l’effet du marché unique devrait désor-mais donc jouer à plein (Gaulier et Haller, 2000).

Fort impact sur les financementsDans le domaine financier, l’euro facilite déjà les finan-

cements (obligations privées, émissions d’actions), diminueles risques de change et de taux d’intérêt, et allège plus oumoins selon les secteurs les frais de couverture de change.Les facilités de financement permettent à leur tour une réaf-fectation plus rapide du capital entre les secteurs mûrs et lessecteurs en croissance. La concentration bancaire et l’ac-croissement de la concurrence des services financiers sontfavorables aux grandes entreprises : effets de guichet uniqueet de baisse des frais. Les conséquences sur les PMI sont plusincertaines, selon que la concurrence ou la concentration ban-caires l’emportera. Dans un marché financier unifié, les en-treprises de taille moyenne sont confrontées à une concur-rence élargie dans leurs efforts pour attirer les investisseurs.La création de produits financiers de plus en plus sophistiquéset modulés selon les risques peut aussi avoir une influenceambivalente. La question de la réassurance du risque PMIdans ce nouvel environnement mérite donc attention.

Concentration de sitesPour exploiter les possibilités d’un marché plus unifié,

certaines grandes entreprises concentrent déjà leur produc-tion en Europe sur un nombre de sites plus restreint, ce quiaugmente les échanges transfrontaliers de marchandises entresites productifs et filiales de distribution. Par exemple,Unilever, qui occupe 300 000 personnes en Europe, a dimi-nué le nombre de ses sites de fabrication de savons de toilet-te de treize en 1973 (presque un dans chaque pays de l’Unionactuelle) à quatre en 1989 et seulement deux en 1999.

Nombre d’entreprises organisent déjà leurs fonctionsautour de groupes de produits ou d’activités, plutôt que surun plan territorial. Certaines envisagent de tarifer et d’uni-fier en euros les prix de transfert entre l’ensemble de leursfiliales européennes. La tarification unique en euros traite-rait les diverses usines d’Europe comme des lignes de pro-duction certes basées dans des États membres différents, maisappartenant à la même entité manufacturière européenne. Ceconcept est en phase avec le marché unique mais se heurte dansla pratique à la disparité des systèmes fiscaux.

Centralisation des trésoreriesAvec l’euro, organiser une trésorerie paneuropéenne avec

une gestion en temps réel dans une monnaie unique est devenupossible, malgré les obstacles fiscaux qui subsistent, parexemple en matière de retenue à la source. Les établissementsfinanciers proposent des outils normalisés, des moyens depaiements harmonisés et des produits de centralisation élaborésà l’échelle de l’Europe. A l’été 1999, selon une enquête del’AFTE (Association française des trésoriers d’entreprise)auprès de ses membres, 90% des entreprises envisagent de sedoter d’un système international de centralisation de trésorerie.

La centralisation par une entreprise de la trésorerie de sesdivers sites et filiales (cash pooling) en un point unique lui per-met d’optimiser les flux et la gestion. Les excédents d’une uni-té peuvent financer les déficits des autres, et les soldes netsseront gérés plus efficacement. En principe, les coûts sontréduits, les gains financiers augmentés et les risques de li-quidités mieux contrôlés. Les entreprises peuvent souhaiterorganiser différents niveaux de centralisation de leur trésorerie,aux niveaux domestique, européen ou mondial. Mais la cen-tralisation se heurtait à l’existence de devises différentes, aurisque de change et aux divergences dans les taux, aux va-riations dans les réglementations et la fiscalité.

Concurrence fiscale en Europeet double imposition des sociétéspaneuropéennes : les enjeux

La diversité des systèmes fiscaux en Europe contrasteavec les progrès de l’intégration économique de ses terri-toires et avec l’introduction de la monnaie unique. Cette di-versité reflète la disparité des systèmes sociaux eux-mêmes :politique de redistribution, statut et qualité des services pu-blics, et avant tout caractère public ou privé des systèmes desoins et de retraite. Il faut donc replacer les conditions fis-cales concernant les entreprises, et l’industrie en particulier,dans ce contexte. Néanmoins, les entreprises étant de plus enplus mobiles et donc implantées simultanément dansplusieurs pays, il paraît utile de faire un point sur la concur-rence fiscale en matière d’entreprise et sur la fiscalité propreaux entreprises paneuropéennes.

Les pays se distinguent par les chargessociales plus que par l’impôt

L’impact de l’environnement fiscal sur la compétitivité afait l’objet d’une analyse dans le rapport 1998 de la CPCI.Axée sur le cas français, cette étude donne aussi de nom-breuses comparaisons entre les différents pays de l’Union.Elle souligne que le poids global des prélèvements obliga-toires en France est supérieur à la moyenne européenne, es-sentiellement à cause du poids des cotisations sociales. Lesimpôts directs sur les ménages et les entreprises y sont aucontraire relativement faibles. Les recettes de l’impôt sur lesbénéfices, rapportées au PIB (2,6% en 1997), sont même par-mi les plus faibles d’Europe, malgré des taux nominaux éle-vés. La moyenne au sein de l’Union européenne de la partde l’impôt sur les sociétés dans le produit intérieur brut est de3%, au-dessus du taux observé en France (voir tableau). La

89

Page 87: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

moyenne arithmétique des 15 taux est même de 3,5%, ce quicreuse encore l’écart avec le taux français.

Ce constat apparemment favorable aux entreprises fran-çaises doit être corrigé par la prise en compte de la taxe pro-fessionnelle, un impôt à finalité régionale d’un poids com-parable à la " Gewerbesteuer " allemande et à l’impôt foncierbritannique à la charge des entreprises, ou encore à l’impôtrégional assis sur la valeur ajoutée produite par les entre-prises, introduit en Italie en 1997. La France réduit progres-sivement la base salariale de sa taxe professionnelle pourfavoriser l’emploi. L’Allemagne, après avoir aboli la base sa-lariale en 1980 puis la base capital depuis janvier 1998, pré-fère n’asseoir sa taxe que sur les bénéfices (" rendementréel "). La taxe allemande est, d’un point de vue sectoriel,plus favorable aux industries et aux services à forte intensi-té capitalistique que la taxe française.

Les prélèvements obligatoires en % du PIB (1998)

Revenu dont IS* S. Sociale TVA Total

Allemagne 10,8 1,5 15,2 10,2 37,1

Autriche 13,0 2,1 15,0 12,5 44,3

Belgique 18,0 3,4 14,5 12,5 46,3

Danemark 29,1 2,6 1,5 16,5 49,3

Finlande 19,4 3,8 11,8 14,5 46,9

Espagne 9,7 2,6 12,1 10,3 34,2

France 11,1 2,6 16,5 12,5 45,2

Irlande 13,4 3,3 4,1 12,8 32,3

Italie 17,1 4,2 12,8 11,0 43,5

Luxembourg 17,2 8,6 11,6 12,2 45,1

Pays-Bas 10,5 4,4 16,5 11,8 41,1

Portugal 10,0 3,7 8,9 14,7 34,9

Royaume-Uni 14,5 4,3 6,6 12,6 37,6

Suède 21,7 3,2 15,1 11,7 53,0

Union à 15 13,3 3,0 12,9 11,7 40,7

États-Unis* 14,4 2,8 7,2 4,9 29,7

Japon 9,3 4,3 11,0 5,4 28,8* 1997. Les pourcentages 1998 sont des estimations susceptibles d’être modifiées.Le total inclut d’autres impôts (patrimoine, salaires…). L’intitulé TVA désigne toutes les taxes sur biens,services, consommation. Les taux de l’Union européenne sont pondérés par les PIB.Sources : OCDE, Statistiques des recettes publiques, 1999 ; calculs des moyennes européennes : SESSI.

Un fort taux de prélèvements obligatoires caractérise glo-balement la zone euro par rapport aux États-Unis, au Japonet au Royaume-Uni. Mais au sein même de la zone, les pré-lèvements obligatoires varient de 32% du PIB en Irlande à 53%du PIB en Suède. Tout autant que le poids global du prélè-vement, la répartition des prélèvements entre les divers postessociaux et fiscaux est très hétérogène, ce qui influence très for-tement le comportement des salariés et a fortiori des inves-tisseurs.

Vers une baisse des taux de l’impôtsur les sociétés ?

Après avoir convergé dans les années 80, les taux d’im-position sur le facteur capital sont relativement proches dansles grands pays. Pourtant, la tendance récente en Europe res-te à l’allègement des taux nominaux. Selon KPMG, le tauxnominal moyen de l’impôt sur les sociétés dans les pays del’OCDE et dans ceux de l’Union européenne a diminué de prèsde 3,5 points entre 1996 et 1999 (de 37,6% à 34,1% dansl’Union). Cette baisse est en fait acquise début 1998. Entre1998 et 2000 les taux sont à nouveau stables (tableau).

Le taux moyen européen pondéré est proche de celuides États-Unis et inférieur à celui du Japon, et des annoncesrécentes laissent présager une reprise de la tendance à labaisse. Jusqu’en 2000, l’Allemagne impose plus fortementles bénéfices réinvestis que les bénéfices distribués. Laréforme fiscale du gouvernement de Gerhard Schröder pré-voit une baisse de l’impôt sur les bénéfices, ramené dès le1er janvier 2001 à un taux unique de 25% (aux alentours de35% avec la " Gewerbesteuer ") qui rendrait moins attractifsfiscalement les pays anglophones. Le financement de cetteréforme sera assuré par la suppression de multiples avantagesfiscaux.

Les taux nominaux de l’impôt sur les sociétés

En % 1998 1999 2000 2001*

Allemagne 30/45 +2,0 30/45 +2,0 30/40 +1,9 25+1,3

Espagne 35 35 35 35

France 33 1/3 +8,3 33 1/3 +8,3 33 1/3 + 6,6 33 1/3 + 3,1

Italie 37/19+4,25 37/19 +4,25 37/ 19 +4,25 37/19 +4,25

Pays-Bas 5 35 35 35

Royaume-Uni 21 à 31 21 à 31 20 à 30 10% à 30%

États-Unis - 35 + 5 35 + 5

Japon - 8 42• Allemagne : surcharge de solidarité de 5,5% sur l’IS ; la taxe professionnelle, non prise en compte,ajoute de 10% à 20% d’impôt sur le bénéfice.• États-Unis : taxe fédérale. Les taxes locales ajoutent entre 1% à 12%, soit un taux global d’environ 40%.• France : en 2000 le taux s’applique aux exercices clos en 1999 : taux de 33 1/3+ 10% de contributionadditionnelle + 10% de contribution temporaire, soit 40%, hors taxe professionnelle. En 2001, s’ajoute lacontribution sociale de solidarité (3,3% de l’IS).• Italie : le 1/1/1998 la taxe régionale ILOR a été remplacée par l’IRAP au taux de 4,25%. sur le bénéfice.• Japon : 30% + taxes locales et professionnelles.• Royaume-Uni : 10% à 30% selon le montant du bénéfice.* 2001 : y compris annonces non votées.Sources : DGI, KPMG, Euro-Audit.

L’Italie a précédé le mouvement en introduisant en 1998la " Dual Income Tax " : l’IRPEG (impôt sur le revenu despersonnes morales) conserve un taux de 37% sur les bénéficesdistribués mais un taux réduit apparaît (19% sur une partiedes bénéfices réinvestis) ; l’IRAP (Impôt régional sur l’acti-vité productive), dérogation devenue règle, a un taux de4,25%. Dans les circonstances actuelles d’embellie conjonc-turelle, la concurrence fiscale suscitée par l’unificationmonétaire semble devoir déboucher sur de nouvelles baissesde taux.

Les bases fiscales font la différenceLa pression des taxes sur les sociétés ne dépend pas

seulement des taux. Il faut examiner aussi les assiettes, etdonc le régime des provisions, des amortissements, celui dureport des pertes entre exercices vers le futur ou le passé(" carry-back "). Mais les niveaux nominaux élevés ont leurimportance. Ils contribuent en particulier au biais quasi gé-néral en faveur du financement par endettement, au détri-ment du financement par augmentation de capital ou par au-tofinancement. Les groupes qui investissent dans un pays àtaux nominal élevé auront intérêt à le faire au moyen de prêtsà leur filiale plutôt que par un investissement en fonds propres.La baisse des taux d’impôt sur les bénéfices, au contraire,favorise la poursuite du mouvement de désintermédiation etla capitalisation des filiales.

90

Page 88: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

91

Taux de rendement avant impôt requispour un rendement net de 5% dans l’industrie (1998)

En % Autofinancement Actions Endettement

Allemagne 6,83 3,42 3,33

Belgique 5,38 5,38 2,88

Espagne 6,82 4,93 4,51

France 6,65 4,39 4,54

Italie 6,91 4,40 4,40

Pays-Bas 7,06 7,06 4,76

Royaume-Uni 6,36 5,11 4,49

Union à 15 6,49 5,44 4,26Lecture : plus la charge fiscale est forte, plus le taux de rendement avant impôt doit être élevé pour assurerun rendement net de 5% à l’investisseur.Les calculs simulent le financement d’un investissement matériel constitué pour 50% de bâtiment, pour28% de machines et 22% de stock, hors taxes locales et dérogations.Les conclusions ne sont pas changées par la simulation de taux requis de 10%.Source : OFCE (1999).

Enfin, les règles d’amortissement favorisent inégalement,selon les pays, les investissements immatériels (tels que lesbrevets, logiciels, équipements de recherche), et donc la hau-te technologie. La plupart des pays industrialisés ont desrégimes fiscaux particuliers à la R&D, tels que la déductibi-lité immédiate des dépenses courantes en R&D, et différentstypes de crédits d’impôt-recherche. Selon les pays, le créditd’impôt-recherche peut être " en niveau " ou "incrémental "(la différence entre la R&D courante et un niveau de réfé-rence dans le passé est prise en compte : cas des États-Unis).Ce traitement fiscal peut être plus favorable aux petitesentreprises (en France) ou à la recherche coopérative (auJapon).

Taux apparents et taux effectifsLes comparaisons internationales de pression fiscale, com-

me dans le tableau précédent, s’appuient généralement surles règles fiscales de taux nominaux, d’amortissement et dedétermination de la matière imposable. Cependant, les re-cettes effectives peuvent différer fortement selon les moda-lités pratiques de calcul de bénéfice, l’efficacité des percep-tions et les résultats conjoncturels des entreprises : bénéficesou pertes reportées.

Les taux effectifs, qui rapportent les recettes de l’impôtsur les sociétés à l’excédent brut d’exploitation (voir CEPII,1999) donnent une image très différente des calculs habi-tuels. Ainsi, les recettes de l’impôt sur les sociétés sont les plusélevées au Royaume-Uni, alors que son taux nominal d’im-position est l’un des plus bas d’Europe. La situation est inversepour l’Allemagne. Pour les cotisations sociales employeurs,on constate aussi des divergences entre taux nominaux et tauxde recettes effectives.

Dans l’industrie, les recettes fiscales seraient plus éle-vées en Europe qu’aux Etats-Unis, plus nettement que ce quelaissent supposer les taux nominaux (tableau). Les recettes ap-paraissent surtout fonction de la conjoncture. En période derécession - début des années 1990 en Europe - la montée despertes d’exploitation l’emporte sur les variations de taux.Inversement, en conjoncture haute, la moindre fréquence depertes importantes permet à l’impôt d’obtenir le rendementnominal. Les règles de reports entre exercices ne gomment quepartiellement ces effets conjoncturels.

Pression fiscale ex post dans l’industriemanufacturière (Impôt sur le résultat / valeur ajoutée

dans l’industrie)

En % 1988 1990 1993 1995 1997

Allemagne 6,9 6,5 2,2 4,1 5,2

Autriche 3,5 3,1 2,4 2,0 3,9

Belgique 4,7 3,8 3,0 4,0 5,2

Danemark 5,1 3,7 4,5 5,3 6,3

Espagne 5,6 5,1 1,5 4,9 5,1

Finlande 2,4 3,3 2,0 4,6 5,8*

France 5,4 4,7 2,9 4,2 5,2

Italie 8,0 6,3 5,6 6,4 8,3

Pays-Bas 9,7 8,9 5,6 7,8 9,5

Portugal ND 4,2 4,3 5,1 5,5

États-Unis 4,5 3,2 2,2 4,3 4,2

Japon 12,9 12,0 8,2 9,0 9,0Sources : BACH (CE), STAN et Indicateurs OCDE, calculs SESSI.Lecture : les données doivent être lues en ligne (évolutions). Les problèmes d’harmonisation comptablebrouillent la comparaison entre pays.* Année 1996

Vers une mise au ban des" pratiques fiscales dommageables "

La Commission européenne et l’OCDE, favorables à unecertaine concurrence fiscale, en tant qu’elle sert de discipli-ne budgétaire et pousse à l’efficacité administrative, s’oppo-sent en revanche aux pratiques gouvernementales perçuescomme " dommageables ". Sont visées des pratiques dontl’objet serait non d’attirer les investissements directs mais dedétourner la base fiscale des autres pays. Cette notion estbeaucoup plus large que celle de " paradis fiscal ". Ces 15dernières années, pratiquement tous les pays industrialisésauraient adopté des régimes fiscaux biaisés en faveur desnon-résidents, tandis que le nombre des paradis fiscaux au-rait plus que doublé (42 paradis fiscaux sont recensés en mai2000 par le Forum de stabilité financière).

Dans ces circonstances, la Commission européenne a misrécemment l’accent sur le caractère économiquement contre-productif d’une concurrence fiscale non maîtrisée. D’où laproposition adoptée par les Quinze, en décembre 1997, d’uncode de bonne conduite introduisant un minimum de disciplinedans la taxation des entreprises et la création, en mars 1998,d’un groupe de haut niveau chargé de recenser et d’évaluerles dispositifs dommageables afin de les éliminer d’ici fin2002. Cette nouvelle orientation européenne est confortée auplan théorique par les modélisations de la concurrence fis-cale dans la littérature économique - sous la forme d’un jeunon coopératif entre États avec équilibre de Nash - qui mon-trent que les taux d’impôts d’équilibre sont trop faibles pourfinancer efficacement les dépenses publiques, compte tenudes externalités fiscales. Par ailleurs, on constate effectivementdepuis quelques années que les bases les moins mobiles (em-ploi moyennement qualifié) tendent à être plus lourdementtaxées que les bases les plus mobiles (travail faiblement oufortement qualifié, entreprises, et surtout revenus de l’épargne).Selon une étude de la Banque mondiale, entre 1980 et 1995,l’imposition des capitaux en Europe a baissé de dix pointsde PIB alors que la taxation du travail s’est accrue de septpoints.

A elle seule, l’existence d’une faible imposition, ou mêmel’absence d’imposition, ne suffit pas à établir la " concur-rence fiscale dommageable ". Elle doit se combiner avec

Page 89: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

d’autres spécificités législatives ou réglementaires permet-tant la pratique du " cantonnement ", ou isolement de ces ré-gimes d’imposition favorables aux non-résidents de celui dureste de l’économie, ainsi qu’avec un manque de transpa-rence et d’échanges effectifs d’information. Les États peu-vent réagir par la limitation de la déductibilité des paiementseffectués avec des paradis fiscaux ou des retenues à la source.

La différence entre " saine " concurrence fiscale et pra-tiques "dommageables " risque d’être parfois délicate à éta-blir. Les fortes divergences d’intérêt entre les pays et la règlede l’unanimité ne laissent pas présager beaucoup plus de suc-cès qu’en matière d’harmonisation fiscale (échecs de la miseen application du rapport Ruding sur la fiscalité des entre-prises et du régime définitif de TVA). La coopération entreÉtats se heurte tout à la fois au fait que la concurrence avan-tage inévitablement les petits pays, à la règle de l’unanimité,à la volonté des États de conserver ce dernier instrumentmacroéconomique et à leur méfiance vis-à-vis de toutesolution qui impliquerait des redistributions ou compensa-tions gérées par une instance supranationale.

En ce qui peut concerner directement ou indirectementles groupes industriels, les régimes incriminés se logeraientprincipalement en Europe dans la fiscalité des sièges sociaux,des holdings et centres de coordination, les facilités régio-nales, la fiscalité des émissions obligataires, les inégalités detraitement entre investisseurs nationaux et non-résidents.Sont considérés comme particulièrement avantageux aux hol-dings et quartiers généraux, sans être forcément discrimina-toires au profit des investisseurs étrangers, les paquets fis-caux individualisés de la Belgique, des Pays-Bas, duLuxembourg, du Portugal, de la Grèce et de la France. Maiscette liste met sur le même plan des régimes très différents.L’attractivité des Pays-Bas, par exemple, repose aussi sur uneréglementation fiscale particulièrement avantageuse pour lescadres expatriés dans les holdings hollandaises des entre-prises étrangères.

Les fonds structurels tentent d’éviterla distorsion de concurrence

Des distorsions de concurrence peuvent être suscitéeségalement par les aides, à caractère fiscal ou non. Pour évi-ter que les fonds structurels européens ne servent eux-mêmesà des pratiques déloyales, la Commission européenne a lan-cé le 1er septembre 1998, pour une période initiale de troisans, le " cadre multisectoriel pour les aides régionales auxgrands projets ". Ce cadre vise à unifier et à limiter les mon-tants d’aide à l’investissement pour ce type de projets. Sontfavorisés les projets intensifs en main-d’œuvre et les activi-tés les plus concurrentielles. Les aides seront au contraire ré-duites dans le cas d’activités oligopolistiques, déclinantesou souffrant de surcapacités. Par le passé, en effet, certainesaides accordées localement aboutissaient très directementà concurrencer et supprimer des emplois dans d’autres paysou d’autres régions. Un bilan de cette expérience devraitêtre tiré dès fin 2000, avant l’expiration de la périoded’essai.

L’absence de consolidation fiscale pourles entreprises paneuropéennes

Les entreprises, de leur côté, continuent de plaider en pre-mier lieu pour la levée des entraves aux implantations en

Europe. Parmi les entraves non tarifaires, comme la non ho-mogénéisation des obligations de publication des comptes,les questions fiscales viennent au premier rang des préoccu-pations des entreprises. Selon une enquête de l’" European-American Business Council ", les priorités des milieux d’af-faires en avril 2000 concernent avant tout les arbitrages enmatière de prix de transfert et les propositions de laCommission européenne visant à lever les entraves fiscalesà l’activité transfrontalière. Le code de bonne conduite et lespropositions d’imposition minimale de l’épargne ne viennentqu’en dernière position. L’introduction de l’euro et la vagueactuelle de fusions acquisitions rendent plus sensible aux en-treprises le handicap que constituent l’absence de consolida-tion fiscale au niveau européen et l’absence d’un statut juri-dique d’entreprise européenne. A ce jour, il n’y a accordcommunautaire que sur des éléments isolés : prix de transfert,imposition des dividendes, comités de groupes européens. Ilexiste pourtant un nombre croissant d’entreprises européennesde fait comme Aventis et Airbus.

Accord sur les principes de calculdes prix de transfert

Les sociétés paneuropéennes, et les multinationales engénéral, peuvent déplacer leurs bénéfices d’un pays à l’autrepar le jeu des prix de transferts entre leurs filiales, lors deséchanges de marchandises ou de prestations de services. Maisdes doubles taxations pourraient résulter de la méfiance desÉtats : la vérification des prix de transfert et les contentieuxgénèrent déjà une charge administrative croissante. Pourassurer un partage équitable de la base imposable, l’OCDEmet régulièrement à jour un manuel sur la meilleure façonde déterminer un prix de transfert proche d’un prix de plei-ne concurrence dans les cas les plus complexes, comme larépartition internationale des coûts de la R&D ou le com-merce électronique. La taxation dite " unitaire " (utiliséenotamment par la Californie jusqu’en 1993) est proscrite,tandis que les méthodes transactionnelles de bénéfices peu-vent être utilisées par les entreprises, lorsque les méthodestraditionnelles fondées sur les transactions sont inapplicables.Les principes directeurs de l’OCDE sont généralementappliqués et fournissent la base d’une harmonisation fiscalesur ce point en Europe.

Les limites de la directive" mère-filiale "

Afin d’éviter une double imposition des dividendes, ladirective européenne du 23 juillet 1990, entrée en vigueur en1992 et transposée par tous les États membres, a exonéré deretenue à la source les dividendes payés par les filiales à leursociété mère européenne. Cette directive dite " mère-filiale "limite donc partiellement l’imposition multiple des bénéficespar suppression de la retenue à la source et institution d’unsystème d’exemption ou de crédit d’impôt sur les bénéficesrapatriés. Elle s’applique aux dividendes mais ne s’appliquepas, en revanche, aux transferts d’intérêts et aux royaltiesentre les sociétés d’un même groupe. Des exonérationspartielles ne peuvent être accordées qu’en fonction deconventions bilatérales hétérogènes. Cette situation impliquedes formalités très longues, des pertes de trésorerie et par-fois ne peut éviter la double imposition.

92

Page 90: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

93

Des contraintes sur les entreprisesLes entreprises qui opèrent à l’échelle européenne font

état également d’autres contraintes coûteuses. L’UNICE(Union des confédérations de l’industrie et des employeursd’Europe), dans un mémorandum soumis à la Commission enfévrier 2000, en recense au moins trois autres : la non-priseen compte transfrontière des pertes ; la fiscalité pénalisantedes restructurations destinées à adopter la structure la plusefficace pour tirer partie du marché unique (taxes sur le trans-fert exigibles au moment de la cessions d’actifs, pertes depré-conversion) ; l’augmentation constante des exigencesdocumentaires concernant les prix de transfert et les limita-tions apportées par les États au recours des entreprisesauprès de la Convention d’arbitrage. La Commission euro-péenne a préparé des propositions de directives répondantpour l’essentiel à ces préoccupations. L’élimination desretenues à la source sur les paiements d’intérêt et de rede-vances entre entreprises fait partie du " paquet fiscal " proposédepuis 1997 et qui a été rediscuté au Conseil européen deFeira en juin 2000. L’accord de Feira sur la fiscalité del’épargne aura ainsi dégagé la voie d’un autre accord sur lafiscalité des entreprises.

Au-delà des solutions de court terme, l’UNICE proposeégalement d’aboutir à terme à un système facultatif de conso-lidation fiscale à l’échelle européenne, en déconnectant cet-te question de celle d’un incertain statut juridique de sociétéeuropéenne ou même d’une harmonisation complète descomptabilités de groupe.

Des contraintes sur les ÉtatsLes Etats, pour le moment, n’ont pas donné suite même

aux solutions partielles, craignant une nouvelle forme d’éva-sion fiscale intérieure et, comme dans le cas du système dé-finitif de TVA, la contrainte d’un dispositif supranational decontrôle et de répartition des recettes ou des bases fiscales. Endehors des directives " mères-filiales " et " fusions " en 1990,toutes les tentatives précédentes d’harmonisation des sys-tèmes d’impôt sur les sociétés (1975), des règles de reportdes pertes (1984 et 1985) et de la base d’imposition des en-treprises (1988) ont échoué. Même la création d’un statut desociété européenne, par exemple tel que proposé dans le rap-port du groupe Davignon, se heurte depuis 30 ans à une crain-te similaire d’expatriation juridique (notamment pour fuir lacogestion allemande).

La fiscalité peut influencer la mobilitédes entreprises

A mesure que les obstacles à la libre circulation descapitaux sont démantelés, les décisions des entreprises ris-quent d’être de plus en plus déterminées par les différentielsfiscaux. Au niveau sectoriel, les entreprises industrielles sontmoins contraintes géographiquement et donc plus sensiblesà la fiscalité que les entreprises de service aux ménages.L’intégration des marchés, la diminution des coûts de trans-port et les progrès des techniques de communication tendentà affaiblir l’importance relative de la principale motivationd’implantation qui demeure encore la proximité et la péné-tration des marchés, en faveur des considérations de coût etde fiscalité. Une fois implantées, les entreprises industriellessont par contre moins mobiles que les sociétés de servicesaux entreprises et donc plus sensibles à la stabilité temporel-le des réglementations fiscales.

Les motivations à l’implantation étant nombreuses,il est difficile de mettre en évidence des liens entre investis-sements directs étrangers et pression fiscale. Une fiscalitéplus lourde peut dans certains cas signaler une meilleure qua-lité des infrastructures et de l’environnement général etêtre associée paradoxalement à plus d’investissements,comme pour les investissements japonais en Europe quibénéficieraient de surcroît d’une bonne déductibilité fiscaleau Japon.

Quelques enquêtes et études économétriques ont pu mon-trer cependant qu’un différentiel significatif de taxation ef-fective ou d’aides fiscales, dans des conditions d’activité etde coût comparables par ailleurs, finit par agir sur les fluxd’investissement. Une enquête de Deloitte Touche TohmatsuInternational, citée par Rexecode (CPCI 1998), montre quedes mesures fiscales ont influencé 20% des investisseurs dansleur démarche d’investissement. En particulier, le systèmeirlandais de taxation, avec un taux de 10% ressort commeétant le système qui a influencé le plus d’investisseurs étran-gers. Le dumping fiscal et social dans un petit pays - ou unerégion - peut donc jouer un rôle économiquement favorable,et acceptable par les autres pays européens à titre exception-nel et transitoire, à condition que ce pays sache ensuitesortir de ce modèle de développement.

Page 91: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

94

Sur la comparaison internationale des compétitivités- COMMISSION EUROPÉENNE (1999) : "The competitive-

ness of European industry", Rapport, décembre,- EUROSTAT (2000) : "Les entreprises de l’Union européen-

ne face aux défis des années 2000", Panorama des entrepriseseuropéennes 1999

- COMMISSION EUROPÉENNE (2000) : "Tendances éco-nomiques", Economie européenne, supplément A avec annexesstatistiques, avril

- COMMISSION EUROPÉENNE (1999) : " Le capital d’in-vestissement : clé de la création d’emploi ", Economie européen-ne, supplément A n°12, décembre 1999

- EUROSTAF (1999) : "Le capital investissement ", étude- CEPII (1999) : "L’économie mondiale 2000", La Découverte,

collection Repères, octobre- CEPII (1998) : "Compétitivité des nations", rapport,

Economica, septembre 1998.- OBSERVATOIRE DES SCIENCES ET DES TECHNIQUES

(1999) : "Science & Technologie Indicateurs Edition 2000", rapport,décembre

- UNICE (1999) : "Fostering Entrepreneurship in Europe", TheUNICE Benchmarking Report, mai

- UNICE (2000) : "Stimulating Creativity and Innovation inEurope", The UNICE Benchmarking Report,

- OCDE(1999) "Tableau de bord de la science, de la technolo-gie et de l’industrie ", septembre

- BUREAU FÉDÉRAL DU PLAN : " Benchmarking the fra-mework conditions: A systematic test for Belgium ", www.plan.be.

- OCDE (2000) : Perspectives économiques, juin- EVCA (European private equity & venture capital association),

site web www.evca.com- "Technologies : l’Europe plus forte que l’Amérique ", Le

Nouvel Economiste n°1153, 31 mai 2000.- "Europe limbers up ", The Economist, 5 mai 2000.

Sur la restructuration de l’industrie européenne- B. CORNEAU (1999) : " Le financement d’acquisitions ", ,

Fusions & Acquisitions Magazine, décembre, - KPMG Corporate Finance (2000), "Enquête sur les fusions et

acquisitions ", www.kpmg.com, février- C. de PERTHUIS (2000) : " La fièvre européenne ", Sociétal

n°28, 2e trimestre, dossier sur les fusions - acquisitions établi parElie COHEN et Gérard MOATTI

- EUROSTAT (1999) : " European Union direct investment ",Yearbook,

- A-M. ALCABAS, E. BOURCIEU, B. VALERSTEINAS(2000) " Les nouvelles formes de l’IDE ", Les Notes Bleues deBercy n°174, 1er - 15 janvier

- J.P. GUNTHER (2000) : " Le contrôle français des concen-trations s’aligne sur le régime communautaire ", Les Echos, 15 mai

- M. FOUQUIN & G. GAULIER (1999) : " Ouverture, concur-rence et multilatéralisme ", La Lettre du CEPII n°184, novembre

- Bernard PAULRÉ (sous la direction de, 2000) : " Les straté-gies de recentrage dans les secteurs de haute technologie ", Editionsde l’Industrie, Minéfi/DiGITIP, collections Études, février

- C. GUILGUY (2000) : " Cash Management : la nouvelledonne de l’Euro ", Le Moci n°1435, 30 mars

- F. ILZKOVITZ & A. DIERX (1999) : " Du marché unique àla monnaie unique : l’impact sectoriel de l’euro ", EconomieInternationale n°80, 4e trimestre

- G. GAULIER ET S. HALLER (2000) : " D’où viennent lesécarts de prix automobiles en Europe ? ", La Lettre du CEPIIn°190, mai

- OCDE (2000) : " Les principes directeurs de l’OCDE à l’in-tention des entreprises multinationales ", www.oecd.org, avril,

Sur la fiscalité des entreprises en Europe- OCDE (1999) : " Statistiques des recettes publiques ",- A. BENASSY-QUERE et A. LAHRECHE-REVIL (1999) :

" Monnaie unique, fiscalité unique ?", La Lettre du CEPII n°185,décembre

- S. GUIMBERT (1999) : " La fiscalité, déterminant del’attractivité ? ", note de la Direction de la Prévision, 25 octobre

- SÉNAT (1999) : " La concurrence fiscale en Europe ",rapport MARINI, disponible sur le site www.senat.fr

- R. HUGOUNENQ, J. LE CACHEUX, T. MADIES (1999) :"Diversité des fiscalités européennes et risques de concurrencefiscale ", Revue de l’OFCE n°70, juillet

- EURO-AUDIT INTERNATIONAL (2000) : " Les impôts enEurope ", 8e édition, Editions Dalloz, avril

- M. HOUDEBINE et J.L. SCHNEIDER (1997) : " Mesurerl’influence de la fiscalité sur la localisation des entreprises ",Économie et Prévision, n°131, octobre - décembre

- T. MAYER & J.L. MUCCHIELLI (1999) : " La localisationà l’étranger des entreprises multinationales ", Economie et statis-tique n° 326-327, juin - juillet

- M. RAYNAUD (2000) : " Les aspects fiscaux d’une implan-tation en Europe ", Le Moci n° 1425, 20 janvier

- OCDE (1999) : " Réflexions sur la fiscalité ", L’Observateurde l’OCDE, n°215, janvier

- OCDE (1998) : " La concurrence fiscale dommageable ",.- T. LAMORLETTE & P. RASSAT (1997) : " Stratégie fisca-

le internationale ", Maxima, Laurent Du MESNIL Editeur,- B. GOUTHIERES (1998) : " Les impôts dans les affaires

internationales ", Editions Francis LEFEBVRE, juillet- UNICE (2000) : " La fiscalité des sociétés dans le marché

unique ", mémorandum de l’UNICE, février- A. BARBERA DEL ROSAL (2000) : " The Multisectoral

framework on regional aid for large investment projects : a mid-termreview ", Competition Policy Newsletter n°1, février

POUR EN SAVOIR PLUS :

Contributions

Ce chapitre sur l’industrie européenne, rédigé pour la CPCI par Edouard MATHIEU (MEFI / SESSI), a bénéficié des relec-tures de Michel FOUQUIN (CEPII) et de Bruno ROUSSELET (MEFI / DGI-DLF).

Page 92: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

95

Dossier 1

Structures de l’industrie : la montée des groupes Depuis le début des années 80, le poids des PMI dans les effectifs de l’industrie manufacturière s’est renforcé dans l’ensemble des pays industrialisés. Cependant, cette déconcentration apparente s’est accompagnée, notamment en France, d’une concentration en termes de groupes d’entreprises par le biais du contrôle financier direct. Ces groupes se structurent généralement autour d’une entreprise leader et se concentrent sur leur cœur de métier. A présent, les groupes industriels. réalisent 88% du chiffre d’affaires de l’industrie et 95% des exportations. Les grands groupes à vocation internationale allient technologie et capital humain ; les microgroupes présentent toujours un profil de PMI ; entre les deux, croît une population de groupes médians dans lesquels se situent plus fréquemment les investissements étrangers

La structure de l’industrie française comparée à celle des grands pays industrialisés Une structure industrielle moyenne La part des PMI dans l'activité industrielle varie fortement entre les grands pays industrialisés, tant en termes d'effectifs qu'en termes de chiffre d'affaires ou de valeur ajoutée. C'est pour l'emploi industriel que la situation est la plus contrastée, puisque la part des PMI varie de près de 35% aux Etats-Unis à plus de 70% en Italie et en Espagne. La France se situe juste entre les configurations extrêmes, avec 53% de l’emploi total dans les PMI, alors qu’au Royaume-Uni et au Japon les PMI dépassent 60% de l’emploi total. Seule l'Allemagne se rapproche quelque peu des Etats-Unis, puisque les PMI y représentent moins de 50% de l'emploi total. En termes de chiffre d'affaires, le poids des PMI est moindre Cette perte de poids relatif des PMI varie cependant fortement entre les pays. C'est au Japon que le poids relatif des PMI diminue le plus entre données en effectifs et données en chiffre d'affaires (plus de

vingt points d'écart), alors qu'à l'opposé le poids relatif des PMI italiennes ne baisse que de cinq points entre ces deux critères. Les PMI ne demeurent majoritaires en part de chiffre d’affaires qu’en Italie (67%) et en Espagne (57%). Les Etats-Unis représentent un système industriel où dominent les grandes entreprises. Qu'il s'agisse des effectifs ou du chiffre d'affaires, les grandes entreprises occupent les deux tiers (ou plus) de l'espace industriel. Les PMI se partagent le tiers restant, avec un poids relatif des moyennes entreprises (de 100 à 499 personnes) légèrement plus important que celui des petites (20 à 99 personnes). A contrario, l'industrie japonaise offre en effet un modèle où les PMI sont dominantes en termes d'effectifs (plus de 60% de l'effectif total) mais minoritaires en termes de chiffre d'affaires. Cette opposition souligne la spécificité japonaise, les PMI travaillant plus massivement qu’ailleurs pour le compte des grandes entreprises. L’économie japonaise se rapproche ici de certains pays européens, notamment l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni. Les pays européens présentent toutefois des caractéristiques propres. Ainsi, le poids des petites entreprises de 20 à 99 salariés par rapport aux moyennes

Page 93: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

96

entreprises de 100 à 499 salariés est le révélateur des différences européennes. Les petites entreprises italiennes et espagnoles occupent une place plus importante ou proche de celles des entreprises moyennes, quand on les étudie du point de vue des effectifs, du chiffre d'affaires ou de la valeur ajoutée. Par voie de conséquence, ces PMI sont prédominantes. A l'inverse, les petites entreprises allemandes, françaises ou du Royaume-Uni ont un poids relatif nettement plus faible que celui des entreprises moyennes, pour ces trois critères.

La part des PMI croît dans six pays sur sept Au cours de la première moitié de la décennie quatre-vingt-dix, la part des PMI dans les effectifs industriels croît dans les différents pays, excepté au Japon. Les

pertes les plus massives des effectifs des grandes entreprises concernent l’Allemagne qui a perdu plusieurs centaines de milliers d’emplois dans les grandes entreprises, dans les anciens Länder depuis 1992, et le Royaume-Uni qui a perdu environ 800 000 emplois de 1990 à 1993, sans qu’on puisse mesurer si les PMI ont créé ou non des emplois industriels nets. En France, de 1990 à 1996, l’emploi industriel décroît pour toutes les catégories d’entreprises, avec une phase de stabilisation depuis 1995. Ce sont particulièrement les grandes entreprises qui sont touchées (-13,6%) mais aussi les petites, employant de 20 à 99 personnes (-11,4%). Seules les entreprises moyennes maintiennent leur emploi, constituant entre autres un réceptacle pour d'anciennes grandes entreprises qui passent sous le seuil de 500 salariés.

La place des PMI dans les grands pays industrialisés en 1996

Entreprises employant

20 à 99 salariés

100 à 499 sal

Total des

PMI

> 500 salariés

Total Industrie

Entreprises employant

20 à 99 salariés

100 à 499 sal

Total des

PMI

> 500 salariés

Total Industrie

Nombre d'entreprises (en milliers) Nb d'entreprises en % en % en % en % en % France 16 4 20 1 21 France 77 19 96 4 100% Allemagne 22 8 31 2 32 Allemagne 70 25 95 5 100% Espagne 14 2 16 0 16 Espagne 88 11 98 2 100% Italie (*) 30 4 34 0 34 Italie (*) 88 11 99 1 100% Royaume-Uni 18 4 22 1 23 Royaume-Uni 78 19 97 3 100% Etats-Unis 64 17 80 8 88 Etats-Unis 72 19 91 9 100% Japon 59 10 69 1 70 Japon 84 14 98 22 100% Effectifs (en milliers)

Effectifs en % en % en % en % en %

France 682 810 1 493 1 319 2 812 France 24 29 53 47 100% Allemagne 1 086 1 746 2 832 3 143 5 976 Allemagne 18 29 47 53 100% Espagne 515 349 864 343 1 207 Espagne 43 29 72 28 100% Italie (*) 1 126 732 1 858 723 2 582 Italie (*) 44 28 72 28 100% Royaume-Uni 818 1 060 1 879 1 123 3 001 Royaume-Uni 27 35 63 37 100% Etats-Unis 2 607 2 761 5 368 10 038 15 406 Etats-Unis 17 18 35 65 100% Japon 2 258 1 873 4 131 2 726 6 857 Japon 33 27 60 40 100% Ch. affaires HT (en milliards de francs) Ch. affaires en % en % en % en % en % France 499 734 1 233 1 741 2 974 France 17 25 41 59 100% Allemagne 735 1 444 2 179 3 711 5 890 Allemagne 12 25 37 63 100% Espagne 310 313 623 471 1 094 Espagne 28 29 57 43 100% Italie (*) 917 751 1 668 822 2 491 Italie (*) 37 30 67 33 100% Royaume-Uni 425 739 1 164 1 179 2 343 Royaume-Uni 18 32 50 50 100% Etats-Unis 1 628 2 058 3 686 10 385 14 072 Etats-Unis 12 15 26 74 100% Japon 2 054 2 473 4 527 6 955 11 483 Japon 18 22 39 61 100% Valeur ajoutée (en milliards de francs) Valeur ajoutée en % en % en % en % en % France 168 229 398 463 860 France 20 27 46 54 100% Allemagne 284 517 801 1 177 1 978 Allemagne 14 26 40 60 100% Espagne 99 100 199 122 321 Espagne 31 31 62 38 100% Italie (*) 273 226 499 236 735 Italie (*) 37 31 68 32 100% Royaume-Uni 162 261 423 379 803 Royaume-Uni 20 33 53 47 100% Etats-Unis n.d. n.d. n.d. n.d. n.d. Etats-Unis n.d. n.d. n.d. n.d. n.d. Japon 931 1 050 1 982 2 810 4 791 Japon 19 22 41 59 100% (*) 1995 Sources nationales traitées par Forum -Irep, Esa CNRS 7028 Université de Paris X-Nanterre

Page 94: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

97

Les très petites entreprises Les comparaisons internationales ne prennent pas en compte les très petites entreprises employant moins de 20 salariés. Or, dans certains pays, elles représentent un poids important dans l'activité économique, notamment en termes d'emplois. A titre d’exemple, l'Italie et l'Espagne sont deux pays à forte composante de PMI, où les très petites entreprises occupent des positions importantes dans l'ensemble de leurs industries. En Espagne, les très petites entreprises emploient environ le tiers des effectifs industriels au cours des années quatre-vingt-dix (à titre de comparaison, les entreprises de 20 à 99 personnes en emploient un peu plus du quart). En outre, entre 1993 et 1997, ce sont dans les très petites entreprises que les effectifs industriels se sont le plus accrus (+12 %). A l’autre extrême, les entreprises de plus de 500 personnes ont perdu 6 % de leurs effectifs. En Italie, les très petites entreprises représentent 40% de l'emploi industriel total entre 1992 et 1995, les entreprises de 20 à 99 personnes environ un quart, et les entreprises de 100 à 499 personnes environ un sixième. Cette prédominance des très petites entreprises recouvrent une spécialisation sectorielle. Ces deux pays sont positionnés sur des activités traditionnelles de petites entreprises telles que le textile, l'habillement, le cuir- chaussure, le travail du bois ou encore l’édition. Dans un tel contexte, on ne peut que s'interroger sur l'articulation de ces très petites entreprises aux autres. Servent-elles de "vivier", destiné à alimenter progressivement le reste de l'économie, avec le modèle "biologique" de croissance de la firme initié par Alfred Marshall ; ou constituent-elles des formes spécifiques d'insertion dans le tissu industriel global ?

Structures en France : convergence vers une taille moyenne L’industrie manufacturière française compte environ 63 000 entreprises en 1998, dont 87% ont moins de 20 salariés. Les 22 000 entreprises industrielles de 20 salariés et plus se composent à 93% de PMI. Plus d’un employé sur deux de l’industrie travaille dans une PMI, soit deux points de plus qu’en 1990. Cette croissance de la part des PMI dans l’emploi industriel est continue au cours des années 90, mais est plus marquée avant 1994. Surtout, la part des PMI en termes d’emplois est beaucoup moins sensible à la conjoncture qu’en termes de chiffre d’affaires ou d’investissements. Le poids des PMI est beaucoup plus élevé en termes d’effectifs que de chiffre d’affaires (38%) mais aussi d’investissements (41%). De même, leur participation aux exportations est relativement faible (27%). La bonne tenue des grandes PMI aboutit à renforcer leur poids dans les structures industrielles. Au sein même des PMI, le poids, en termes d’emplois, des petites PMI (de 20 à 50 salariés) recule au profit des PMI de taille moyenne. La part des grandes PMI (100 à 499 personnes), passe de 51,2 % en 1990 à 54,5% en 1998. Le phénomène s’explique par un double mouvement : d’une part, certaines PMI de taille moyenne connaissent une forte croissance ; d’autre part, les restructurations

des grandes entreprises sont susceptibles de générer des grandes PMI. On assisterait donc, au cours des années 90, à une « convergence vers la moyenne » : croissance de la part des PMI au détriment des grandes entreprises, croissance des grandes PMI au détriment des petites. Les 141 000 très petites entreprises de moins de 20 salariés, quant à elles, n’emploient que 16% des effectifs globaux de l’industrie, et ne réalisent que 8% de son chiffre d’affaires, soit à peine plus qu’en termes d’investissements (7%). Ainsi, en tenant compte de l’artisanat de production, six salariés sur dix travaillent dans une entreprise de moins de 500 salariés. Le poids des très petites entreprises diminue : en 1991, 151 000 très petites entreprises industrielles concentraient 17,8% des effectifs industriels et 12% du chiffre d’affaires. Par ailleurs, leur taille moyenne est également en baisse, de 5,6 personnes en 1991 à 4,1 en 1997, renvoyant au nombre relativement croissant de petites entités de 1 ou 2 salariés dans les années 1990. L'industrie manufacturière par taille d'entreprise en 1998

Nb. entrep.

Effec tif

CA HT

Export V.Aj HT

Investsemnt

1000 MdF MdF MdF MdF 20-50 sal. 11 902 390 285 40 105 10 50-100 s. 4 430 306 249 51 84 10 100-250 s. 3 015 467 416 118 135 16 PMI 20-250s

19 347 1 163 949 209 324 36

250-500 s. 1 067 367 384 137 126 16 PMI 20-500s

20 414 1530 1333 345 451 53

500-1000s. 532 366 449 157 133 18 1000-2000s 217 301 404 150 123 15 >2000 sal 130 697 1 209 591 304 41 Grandes entreprises

879 1 364 2 062 899 561 75

hors tranche 747 43 133 41 20 2 Ensemble 22 040 2 937 3 529 1 285 1 031 129 Source : Sessi – EAE Les entreprises industrielles en 1998 industrie manufacturière hors IAA et énergie

Nb. entrep

Ch.Aff HT

Invest. Effectif

% MdF % MdF % 1000 % 0 salarié 50 364 31 23 0,6 0,9 0,7 55 1,6 de 1 à 5 sal. 59 237 36 90 2,5 3,1 2,2 185 5,3 de 6 à 9 sal. 17 723 10 82 2,2 2,5 1,8 140 4,0 de 10 à 19 sal 13 354 8,2 109 3,0 3,6 2,6 190 5,4Petites entr. 1 14 0678 86 303 8,3 10 7,3 571 16PMI 20-499 s 20 414 12 1 133 31 52 38 1 530 43Grandes entr. 879 0,5 2 062 56 74 53 1 364 38hors tranches2 747 0,5 133 3,7 1,6 1,2 43 1,2Total > 20 sal 22 040 13 3 329 91 129,2 92 2 937 83 Total 16 2718 100 3 632 100 139,3 100 3 507 100 Sources : Sessi, Insee - (1) 1997 (2) entreprises donneur d’ordres C’est dans les secteurs très peu concentrés que le poids des très petites entreprises industrielles est traditionnellement le plus fort : en premier lieu l’édition

Page 95: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

98

(22% du chiffre d’affaires), mais également des secteurs traditionnels comme l’habillement-cuir (17%), les équipements mécaniques (14%) et la métallurgie (12%). Un tissu industriel en renouvellement rapide L’extension de la place des PMI s’inscrit dans une tendance de baisse de l’emploi industriel. En tenant compte des modifications de structure intervenues sur cette période, les effectifs employés des PMI baissent de 1% par an depuis 1990. L’emploi dans les grandes entreprises recule, plus nettement, de 2,5% par an.

Entreprises pérennes, créations, disparitions

L’évolution de l’emploi des PMI résulte d’une part de mouvements complexes internes aux PMI pérennes ; les PMI pérennes sont les entreprises présentes sur la période 1990-1997 qui restent PMI sur la période. Mais cette évolution résulte d’autre part des entrées et sorties du champ des PMI (créations, disparitions, effets de seuil, changement de raison sociale ou de statut, mais aussi adoption d’une activité non industrielle…). Le dénombrement des PMI comptabilise les entreprises actives, et ceci sous un critère de taille (de 20 à 500 salariés) et de secteurs d’activités. Une entreprise qui change d’activité, qui réduit ses effectifs en dessous de 20 salariés ou les augmente au-dessus de 500 salariés, sort donc du champ des PMI. Ainsi, entre 1990 et 1997, 10 000 PMI sont sorties du champ, alors que 8 100 y entraient. La proportion d’entreprises pérennes sur la période est légèrement moins forte dans les PMI que dans les grandes entreprises (respectivement 60% et 65%). L’évolution positive des PMI pérennes au cours des années 1990 (+4,4%) n’explique qu’une faible part de l’évolution de l’emploi des PMI sur la période. L’évolution du stock d’emplois dans les PMI est en fait beaucoup plus influencée par le solde des créations et disparitions de PMI, dont seule une petite partie est due aux échanges d’emplois avec les grandes entreprises : les mouvements de restructuration ou d’entrées et de sorties de champ de l’industrie engendrent une baisse de 136 000 emplois de PMI : - d'une part, des entreprises changent de taille : des grandes entreprises deviennent PMI (+46 000 emplois) et, à l'inverse, des PMI deviennent grandes entreprises (-53 000 emplois). Ces croissances ont pu être générées à la suite d’une fusion absorption. - d'autre part, le mouvement de « créations» de PMI en 1997 est particulièrement important : +472 000 emplois. En réalité, ces entreprises pouvaient exister en 1990, soit en ayant moins de 20 salariés, soit en n’exerçant pas une activité essentiellement industrielle. Elles ont pu aussi être créées à la suite de la restructuration d’une grande entreprise ou d’un groupe. - enfin, des PMI « disparaissent » : -600 000 emplois. En réalité ces entreprises n’ont pas nécessairement disparu en 1997, mais peuvent avoir simplement changé d’activité principale, ou être passées sous le seuil des 20 salariés. Les modifications de structure, à l’occasion d’absorptions, de fusions, de scissions, de réaménagements internes, voire de défaillances de

grandes entreprises, aboutissent le plus souvent à la création de firmes petites ou moyennes. Lors d’une restructuration, les entreprises tendent à rationaliser leur activité et à se séparer des productions de certains de leurs établissements. Ces dernières deviennent alors des PMI, filiales de la maison mère ou indépendantes. De fait, sur la même période, les grandes entreprises pérennes perdent 18% de leurs effectifs (- 206 000 personnes).

Evolution de l’emploi dans les PMI 1990-1997 D1G01

Source : Sessi Les deux tiers des entreprises industrielles ont un seul établissement En 1998, les entreprises industrielles regroupent 46 500 établissements, dont un peu moins de 37 000 sont producteurs. La diminution du nombre des établissements (51 000 en 1991) va de pair avec celle du nombre d’entreprises. Comme au début des années 90, près des deux tiers des entreprises n’ont qu’un seul établissement ; une firme sur vingt seulement en possède cinq ou plus. L’industrie est avant tout implantée dans les villes (près de 90% des emplois). L’agglomération parisienne regroupe à elle seule un cinquième des établissements et un sixième des effectifs industriels. L’industrie demeure cependant présente dans les zones rurales, avec près de 7 400 établissements et 400 000 personnes employées. Depuis 1990, la taille moyenne des établissements n’a guère varié (63 personnes). Mais cette moyenne recouvre des situations contrastées. Les établissements des secteurs les plus capitalistiques sont généralement de très grande taille : près de 300 salariés par site dans l’automobile, un peu moins dans la construction aéronautique, ferroviaire et navale (233 salariés). A l’inverse, ceux des industries de main-d’œuvre traditionnelles sont de faible dimension ; ainsi compte-t-on moins de 50 personnes en moyenne dans les établissements producteurs de biens minéraux, de produits de l’imprimerie et de l’édition ou de l’habillement et du cuir.

Evolution de l'emploi dans les PMI 1990-1997

42 175

472 058

-601 247

45 939-52 542

-93 617PMI pérennes créations disparitions de PMI à

grandeentreprise

de grandeentreprise à

PMI

solde final

en e

mpl

ois

Page 96: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

99

Structuration croissante de l’industrie en groupes Dans l’industrie, on oppose traditionnellement les PMI aux "grands groupes". C'est oublier que, en 1997, dans les PMI, 60% des salariés dépendent d'un des 3 900 groupes présents dans l'industrie manufacturière, ils n’étaient que 40% en 1990. Ce sont surtout les plus grandes PMI (250 à 500 salariés) qui sont touchées par ce phénomène ; à présent, plus de 95% de leurs effectifs travaillent au sein d’un groupe, contre 70% en 1990. En revanche, la plupart des petites entreprises de moins de 100 salariés restent encore aujourd'hui indépendantes. De plus, un salarié de groupe sur cinq travaille dans un groupe de moins de 500 personnes, seuil traditionnellement retenu pour qualifier de PMI une entreprise. Les groupes industriels comptent dans leur giron de nombreuses filiales : plus de six entreprises industrielles dans la majorité des cas. De plus en plus, ils deviennent le support d'une nouvelle forme de concentration industrielle, autour d'une entreprise leader et d'un métier principal. Avec 88% du chiffre d’affaires, 95% des exportations, 79% des effectifs et 98% des dépenses de recherche-développement de l’industrie (R&D), les 3 900 groupes contrôlent, en 1997, 8 700 des 23 000 entreprises industrielles de plus de 20 salariés. Le poids des groupes publics dans l’industrie va s’amenuisant. En 1997, détenant majoritairement 173 entreprises industrielles, ils ne représentent que 4% des effectifs et du chiffre d’affaires industriels.

Les groupes et l’emploi industriel D1G02

Sources : Sessi ,Insee, Trésor Lecture : 40,3% des salariés des filiales de groupe travaillent au sein d’un groupe de plus de 5 000 salariés

Le groupe, voie nouvelle de la concentration industrielle… En 1997, 24% des effectifs de l’industrie travaillent dans une grande entreprise de 2 000 salariés et plus ; en termes de groupes, c’est 45% des effectifs qui sont employés dans des groupes industriels de 2 000 salariés et plus. Ce phénomène de concentration des groupes se renforce par rapport à 1990. Néanmoins, la présence des groupes modifie peu la concentration de secteurs déjà très concentrés en termes d'entreprises, comme l'automobile ou l'aéronautique. En revanche, certains secteurs peu concentrés en termes d'entreprises, le sont beaucoup plus dès lors que l'on considère l'ensemble des filiales d'un groupe dans un secteur donné comme une entité unique. C'est le cas en particulier de la pharmacie, des produits minéraux, du bois-papier ou encore des composants électriques et électroniques. Dans ces secteurs, une part importante du chiffre d'affaires est réalisée par un petit nombre de groupes, contrôlant un nombre beaucoup plus élevé d'entreprises. Répartition des effectifs industriels selon la taille de l’entreprise ou du groupe d’appartenance en 1997

Effet de structure comparé EAE 90

Effet de structure comparé EAE 97

Effectifs des entrepr.

Effectifs des groupes

Effectifs des entrepr.

Effectifs des groupes

Taille 20- 200 36,0 31,1 36,8 27,0 200 -500 15,5 9,8 17,0 10,3 500-1000 11,0 7,8 12,3 8,01000-2000 9,7 7,8 10,1 10,0 2000 et + 27,8 43,5 23,8 44,6

100,0 100,0 100,0 100,0Sources Sessi , Insee, Trésor

Evolution de la structure en groupe de l’industrie

D1G03 Sources : Sessi, Insee, Trésor

Les groupes et l'emploi industrielRépartition des effectifs par taille de groupe

40,3

16,4

22,7

17,03,6 supérieur à 5 000

de 2 000 à 5 000de 500 à 2 000de 100 à 500inférieur à 100

E v o l u t i o n d e l a s t r u c tu r e e n g r o u p e d e l ' i n d u s t r i e

2 2 ,7 2 6 , 9 3 0 , 1

4 2 ,44 7 , 8 4 8 , 6

3 4 ,9 2 5 , 3 2 1 , 3

0 %

2 0 %

4 0 %

6 0 %

8 0 %

1 0 0 %

1 9 9 0 1 9 9 5 1 9 9 7

e n % d e s e f f e c t if s e m p lo y é s

in d é p e n d a n t e s

f ilia le s d e g r o u p e s f r a n ç a is

f ilia le s d e g r o u p e s é t r a n g e r s

Page 97: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

100

par agrégation autour d'une entreprise leader... Le schéma dominant du groupe industriel est celui d'un réseau multi-entreprises, mais avec un centre et une périphérie nettement identifiés. Les groupes se développent le plus souvent autour d'une activité principale, celle de la première entreprise du groupe, autour de laquelle gravitent des petites firmes. Ces dernières assurent généralement les activités non principales du groupe. Ainsi, dans les groupes, la moitié des salariés travaillent dans des structures détenant au moins six entreprises dans l'industrie. Dans ceux de plus de 16 entreprises, l'entreprise la plus grande en termes d'emplois rassemble plus du tiers des effectifs. Cette « entreprise leader » en emploie les deux tiers dans les groupes de 2 à 6 entreprises industrielles. Néanmoins, 60% des groupes ne contrôlent qu'une filiale industrielle en France, mais avec un poids économique beaucoup plus faible (un emploi de groupe sur sept). Dans la moitié des cas ce sont des filiales françaises de groupes étrangers

Groupe et organisation De plus en plus, les entreprises industrielles se structurent en groupes d'entreprises, mais le phénomène s'inscrit dans un mouvement plus global : les relations de sous-traitance, les transferts techniques, le développement des groupements d'intérêt économique, le partenariat...témoignent d'une intensification des relations interentreprises. La particularité de l'organisation en groupes est l'existence d'une hiérarchie entre d'une part, la tête de groupe, d'autre part les filiales et sous-filiales. Plus précisément, un groupe est un ensemble d'entreprises avec au sommet une tête de groupe qui est l'actionnaire majoritaire de l'ensemble des sociétés du groupe et qui établit, le cas échéant, les comptes consolidés. L'organisation en groupes d'entreprises permet d'atteindre une taille critique : dans les secteurs où les investissements en R&D sont très lourds, la mise en commun de ces dépenses permet de réaliser ces investissements, pour lesquels une taille trop faible serait rédhibitoire, et de mutualiser les risques inhérents à ces investissements en R&D. En second lieu, si deux entreprises d'un même marché passent sous le contrôle d'un seul groupe, le groupe ainsi constitué affronte une concurrence moindre. Son pouvoir de marché, entendu ici comme sa capacité à fixer avec profit un prix supérieur au prix concurrentiel, en sort renforcé. Les avantages propres à l'organisation en groupes sont surtout l'autonomie des dirigeants, et une meilleure gestion des ressources humaines. La filiale du groupe cumule plusieurs avantages : accès aux ressources partageables du groupe (R&D...), et organisation souple que permet une taille d'entreprise moins élevée. De nombreuses filiales Qui dit très grand groupe dit généralement nombreuses filiales : les effectifs du groupe seraient trop nombreux à gérer dans le cadre d'une seule entreprise. Ainsi, la majorité des groupes de plus de 10 000 personnes contrôlent plus de 24 entreprises industrielles. A l’inverse, les groupes de moins de 12 entreprises n'emploient, sauf exception, pas plus de 4 000 personnes. … et du métier principal Le réseau des différentes filiales françaises d'un même groupe s'organise principalement selon trois schémas, tous dans une logique proprement industrielle :

- Les relations de sous-traitance et plus généralement l'intégration verticale : mécanique et équipementiers automobiles, sidérurgie et matériel de transport, service industriel du travail des métaux et automobile sont des activités qui, deux à deux, se retrouvent dans les différentes filiales d'un même groupe. Certaines filiales produisent des biens intermédiaires nécessaires à l'élaboration du produit final. Ainsi, l’intégration verticale est marquée pour les filiales de matériel électrique des groupes de biens d'équipement du foyer. - La connexité des activités des entreprises du groupe est souvent issue d’une ancienne tradition de diversification : chimie et pharmacie, édition et appareils de reproduction de documents sonores. - La technologie constitue également un facteur de proximité entre différents secteurs, via les groupes. En particulier, des groupes de haute technologie, réalisant d'importants investissements en R&D, opèrent souvent sur un vaste ensemble de secteurs de haute technologie : électronique civile et de défense, aéronautique, automobile, et en amont les composants électroniques. A l'inverse, certains groupes se positionnent sur des secteurs entre lesquels n'apparaît pas a priori de liaison industrielle : filiales de groupes étrangers, mais surtout filiales industrielles des groupes bancaires et financiers qui généralement diversifient beaucoup plus leurs contrôles que les groupes non financiers. Parallèlement, de nombreux groupes industriels ont développé depuis la fin des années 80 leurs activités financières en créant ou acquérant des filiales bancaires. Les groupes se concentrent sur leur cœur de métier Entreprises industrielles >20 salariés appartenant à un groupe

Nb de

groupes

CAHT dans le secteur MdF

CAHT hors

indust. MdF

Act.princ /activit indust en %

Habillement, cuir 227 43 0,9 98Edition, imprimerie, 281 108 19 84Pharmacie, parfumerie 170 220 27 88Equipements du foyer 290 114 24 82Industrie automobile 112 507 29 94Matériel de transport 70 113 23 83Mécanique 609 189 26 87Eq. électriq-électronique 264 239 36 86Produits minéraux 217 117 25 82Industrie textile 253 63 5,7 91Bois et papier 208 105 6,6 94Chimie, caout., plastique 526 382 78 82Métallurgie trav. métaux 507 249 23 91Composants 181 117 25 81Total 3 915 2 572 352 87Sources : Sessi, Insee, Trésor- année 1997 Lecture : dans l'automobile, 112 groupes réalisent 93% de leur chiffre d'affaires, soit 508 MdF dans l’industrie automobile.

Page 98: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

101

Stratégie industrielle des groupes : quelques éclairages sectoriels

Les groupes sont, en général, très spécialisés au sein de « leur » secteur industriel. Centrés principalement sur leur coeur de métier, les groupes réalisent, selon les secteurs, entre 82% et 98% de leur chiffre d'affaires dans leur secteur d'activité. Spécialisation dans les secteurs fortement capitalistiques, mais aussi dans la pharmacie Les groupes automobiles sont parmi les plus spécialisés. Ils réalisent 95 % de leur chiffre d’affaires dans leur secteur propre, mais ont un poids beaucoup plus faible dans de nombreux autres secteurs, comme la fonderie ou le découpage-emboutissage (intégration amont), ou le machinisme agricole. Dans le sillage des équipementiers, on trouve les sièges auto, tapis et moquette, mais également des pièces techniques en matière plastique, et matériel électrique basse tension. Autres secteurs où les groupes sont très spécialisés : des secteurs très capitalistiques comme certains secteurs des biens intermédiaires. La spécificité des actifs et la lourdeur des investissements incitent les groupes à se concentrer sur le cœur de métier sans chercher nécessairement la diversification. Ainsi, 92% du chiffre d'affaires de la métallurgie-transformation des métaux sont réalisés dans le secteur. Les groupes détiennent des filiales de taille assez modeste dans les secteurs clients que sont l'automobile, l'équipement du foyer et la mécanique, mais les relations de partenariat sont généralement préférées à l'intégration aval d'une entreprise dans le giron du groupe. De même, les groupes du bois-papier réalisent 94% de leur chiffre d'affaires dans leur secteur, mais ils contrôlent des entreprises de la transformation de matières plastiques, de l'emballage, et de la fabrication de panneaux, la filière ayant une stratégie de modernisation. Les groupes pharmaceutiques sont également très spécialisés. Ils réalisent 89% du chiffre d'affaires dans le secteur. Ils sont toutefois présents dans la chimie organique (matières plastiques), et surtout la parachimie, mais également dans le matériel médico-chirurgical. Cependant, ils opèrent beaucoup moins dans la chimie que les groupes chimiques dans la pharmacie. D'ailleurs, le recentrage de nombreux groupes pharmaceutiques sur les "sciences de la vie" pourrait à l'avenir réduire leur présence dans d’autres secteurs. Diversification par le biais de l’intégration verticale et proximité technologique : Les groupes aéronautiques et ferroviaires sont plus diversifiés car ils ne réalisent que 83 % du chiffre d’affaires dans leur secteur. Ces groupes sont aussi présents dans des secteurs de haute technologie, comme les appareils de mesure et de contrôle, mais également dans la fabrication de sièges, ainsi que dans la métallurgie et les composants électriques et électroniques. Certains groupes de la mécanique produisent à la fois des meubles et mobiliers métalliques. Surtout, ils sont présents dans l'automobile (équipementiers) et le matériel de transport, spécialement le matériel ferroviaire. De nombreux groupes de mécanique, essentiellement anglais et américains, réalisent une part importante de leur chiffre d'affaires dans les équipements automobiles, en complément de leurs activités dans le machinisme agricole, ou les machines d'usages général (fours, ascenseurs) et les machines pour l'industrie. Ces groupes contrôlent également des activités de la métallurgie et transformation des métaux (intégration amont). Les groupes des équipements électriques et électroniques opèrent pour l'essentiel dans l'informatique, la téléphonie, et les appareils de mesure. En outre, ils réalisent 13% de leur chiffre d'affaires en dehors de leur secteur. En aval, certains groupes du secteur fabriquent des télévisions. En amont, les groupes du secteur fabriquent des câbles, batteries, et des composants dans la mouvance de la haute technologie civile et militaire. Secteurs encore plus diversifiés : les produits minéraux, la chimie et le secteur des équipements du foyer. Dans ces trois secteurs, les groupes réalisent environ un sixième de leur chiffre d’affaires en dehors de leur secteur d’activité : essentiellement dans le bois papier, la chimie, et la métallurgie pour les groupes appartenant au secteur des produits minéraux et dans la pharmacie pour les groupes chimiques.

Les grands groupes à vocation multinationale : technologie et capital humain Les grands groupes de plus de 5 000 personnes sont pour l'essentiel des multinationales à capitaux français qui opèrent dans des secteurs comme l'automobile, la sidérurgie, l'aéronautique ou encore la chimie, et qui s'implantent à l'étranger. Ils bénéficient d’un capital élevé, capital humain aussi bien que matériel. Le salaire moyen est supérieur de plus d'un quart à celui des petits groupes de moins de 500 personnes. La proportion de techniciens (15%), est près de deux fois plus élevée que dans les groupes médians ou petits. Ces multinationales réalisent un effort d’investissement important, consacrant 14,5 % de leur valeur ajoutée à l’investissement matériel. Dans ces très grands groupes, près d'un salarié sur dix est ingénieur ou cadre technique, contre un sur quinze dans les groupes moyens, en raison notamment d'efforts soutenus de recherche (les trois quarts de la R&D des groupes). Une forte implantation étrangère dans les groupes médians Les groupes médians, de 500 à 5 000 personnes, rassemblent 39% des effectifs des entreprises de groupe. Les firmes multinationales étrangères implantées en France manifestent une préférence pour ces structures moyennes : d’un côté, une filiale trop petite ne permet pas d'amortir les coûts fixes inhérents à un investissement en France ; de l'autre, l’essentiel des effectifs du groupe se situant hors de France, leur implantation française sera généralement de taille moyenne. 55% des salariés des entreprises à capitaux étrangers sont employés dans des filiales de groupes de l’Union européenne, essentiellement allemands (17%) et italiens (15%). La zone euro regroupe quant à elle 36% de ces effectifs. Les Etats-Unis demeurent le premier pays investisseur en France avec 29% des effectifs industriels en 1997, soit une baisse de 1 point par rapport à 1996. Le Japon stabilise sa stratégie d’implantations d’unités commerciales, et sa part demeure modeste (2,8%). Une multitude d’investisseurs étrangers, notamment européens, sont d’envergure moyenne et ne peuvent être qualifiés de groupes mondiaux. Ils s’implantent naturellement en France dans des entreprises de taille moyenne. Mais les groupes géants manifestent également une préférence pour ces structures moyennes, qui absorbent ainsi l’essentiel de la croissance de l’investissement étranger en France. Ce sont les entreprises de 250 à 500 personnes qui enregistrent la plus forte croissance du taux de contrôle par l’étranger : 41% des effectifs contrôlés en 1997, soit 11 points de plus qu’en 1990. Dans les petites entreprises (20 à 50 salariés), la progression est faible (de 5% à 6%), ainsi que dans les très grandes (de 21% à 26%).

Page 99: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

102

Les groupes étrangers emploient ainsi près de 60 % des salariés dans les groupes de 500 à 5 000 personnes, contre moins de 40% dans l’ensemble des groupes. En 1997, la productivité apparente des firmes étrangères en France est supérieure de plus de 12% à celle des filiales de groupe français : la valeur ajoutée par tête est en effet de 422 kF contre 375 kF pour les firmes françaises. Ce surplus apparent de productivité masque en fait une activité de négoce plus développée dans les entreprises étrangères. Cette activité, qui recense les achats et reventes de marchandises en l’état, renvoie aux échanges commerciaux plus importants des firmes étrangères avec leur maison mère ou ses filiales. Les entreprises étrangères réalisent 22% de leur chiffre d’affaires dans la haute technologie, soit quatre points de plus que l’ensemble des filiales de groupe (18%). De fait, les groupes moyens sont présents dans des secteurs à forte intensité de recherche comme la pharmacie et, dans une moindre mesure, le matériel optique., Ils sont également présents dans des secteurs plus traditionnels comme les équipements mécaniques, les industries textiles, ou des secteurs de biens intermédiaires fortement capitalistiques comme la parachimie. Les groupes moyens sont aussi très implantés chez les équipementiers automobiles, de taille plus modeste que les constructeurs. Les microgroupes : un profil de PMI Ces petites structures de moins de 500 personnes emploient près d'un salarié sur cinq des entreprises affiliées à des groupes. Elles sont implantées dans certains secteurs de la mécanique : machines agricoles, machines-outils, mais également dans les biens intermédiaires : bois, services du travail des métaux. Ce sont aussi bien des filiales françaises de groupes étrangers, filiales de taille modeste, que des PMI qui se sont regroupées en vue d'une croissance externe. Ces petits groupes sont engagés en réalité dans une logique de PMI, notamment en terme de qualification : six salariés sur dix sont ouvriers, les deux tiers d’entre eux sont des ouvriers qualifiés. Même ces petites structures sont souvent organisées en réseaux : un salarié sur cinq est employé dans un groupe détenant au moins trois entreprises industrielles. Ces microgroupes rassemblent 70% des emplois de groupes détenant une seule filiale dans l'industrie française. Presque un sur deux est étranger, car les groupes étrangers choisissent souvent d'être représentés dans l'industrie française par une entreprise unique, comme dans la mécanique et la chimie.

Méthodologie Le champ est celui des entreprises industrielles de plus de vingt salariés, ce qui correspond au champ de l'enquête annuelle d'entreprises. Parmi celles-ci, on s'intéresse à celles qui sont détenues majoritairement par des groupes français ou étrangers. Pour les groupes présents dans un seul secteur industriel, le secteur d’activité correspond naturellement à ce secteur. Pour les groupes présents dans plusieurs secteurs, le secteur sélectionné est celui dans lequel le groupe réalise la part la plus forte de son chiffre d'affaires industriel. L’étude s’intéresse exclusivement aux filiales industrielles sur le territoire français, que les groupes aient ou non des activités industrielles à l'étranger ou qu'ils aient d'autres activités : commerciales, financières ou autres. Ces dernières peuvent même constituer l'activité principale du groupe, ce qui est notamment le cas des groupes bancaires possédant des filiales industrielles. L’enquête sur les liaisons financières entre sociétés (Insee) L’enquête est réalisée auprès des entreprises importantes (au moins 500 salariés ou 400 millions de chiffre d’affaires). L’Insee interroge également les entreprises disposant d’un montant significatif de titres de participations (au moins 8 millions de francs de titres de participation). Cette enquête fournit également des informations sur la liste des actionnaires (personnes morales) et sur les participations des entreprises. Le travail d’harmonisation et de contrôle du Sessi Le Sessi effectue un important travail d’harmonisation et de contrôle des différentes sources sur le seul champ des entreprises industrielles. Il vérifie notamment l’identité exacte de l’actionnaire, les liaisons financières entre entreprises étant de plus en plus complexes, car il arrive fréquemment que l’actionnaire renseigné soit une simple holding, elle-même filiale d’un groupe. C’est ce groupe qui demeure en réalité le véritable propriétaire de l’entreprise, et que le Sessi marque comme tel.

Pour en savoir plus : -L’Etat des PMI : chiffres clés Sessi – Analyse 1999 -« 4pages » Sessi n° 127 « Les groupes structurent l’industrie »

Page 100: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Le financement de l’industrieau sein du système productif

Étude présentée à la CPCIpar la Banque de France

Page 101: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

IntroductionIntroductionCe dossier comprend les éléments suivants :

Partie 1 : La situation financière des entreprises industrielles en 1998La poursuite du développement de l’activité, dans un contexte de taux d’intérêt

favorables, a amené les entreprises à accroître leur recours au système bancaire. Autotal, les financements par intermédiation bancaire ont atteint 39,8 % des apportsexternes, soit davantage que les apports du groupe et des associés. Cette progression atoutefois été inférieure à celle du financement propre, ce qui explique le nouveau replidu taux d’endettement.

Partie 2 : Les délais de paiement et le solde du crédit interentreprisesLes délais de paiement se sont réduits, en 1998, dans l’industrie. Le repli du solde

du crédit interentreprises, qui s’établit à 26,7 jours dans l'industrie manufacturière, a étéconstaté dans toutes les tranches de taille, alors que ce mouvement de réduction de cesolde n’avait été perceptible auparavant que dans les seules grandes entreprises.

Selon les informations de la base Bach, la France occupe une position intermédiai-re entre les pays à délais élevés (Espagne, Italie) et les pays où les habitudes commer-ciales se traduisent par des règlements plus rapides (États-Unis et Allemagne).

Encadré : France – Allemagne : comparaison des modes de financement des en-treprises

Cette synthèse d’une étude menée conjointement par la Banque de France et laBundesbank met en relief les principaux facteurs institutionnels qui contribuent àexpliquer les spécificités des modes de financement des entreprises dans les deux pays.

Partie 3 : Premier éclairage sur les PME de l’industrie française en 1999 à par-tir des données comptables collectées par les succursales de la Banque de France sur lesentreprises adhérant à la Centrale de bilans.

La progression de l’activité se situe dans un contexte de grande modération desprix, d'une augmentation des effectifs plus modérée qu’en 1998 et d'une croissance sen-sible de l’investissement d’exploitation.

Le renforcement des structures financières se poursuit, marqué par la progressiondes capitaux propres, la bonne maîtrise de l’endettement financier et un nouveau replidu taux d’endettement.

Partie 4 : Risques et cotation des entreprises industrielles en 1998-1999Mesuré par la méthode des scores, le degré de vulnérabilité des entreprises diminue.

Sur moyenne période, la cote de crédit des entreprises s'améliore, tandis que la part desengagements bancaires de court terme a tendance à augmenter.

Encadré : Méthodologie statistique

105

Page 102: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

107

Renforcement des structuresfinancières des entreprisesindustrielles

Une étude des entreprises industrielles est menée chaqueannée par la Banque de France à partir d’un échantillon d’en-treprises qui adhèrent à la Centrale de bilans. En 1998, l’étu-de a porté sur plus de 13 000 entreprises qui regroupent prèsde 50 % des effectifs de l’industrie. Ce chapitre reprend uneétude publiée par l’Observatoire des entreprises en septembre1999.

Les entreprises autofinancent la majeurepartie de leurs investissements

Les emplois nets de cession (cf. encadré définitions) ontaugmenté fortement en 1998 (+ 18,8 %) comme en 1997(+ 16 %), alors qu’ils avaient reculé en 1995 et 1996. Leurprogression a été plus sensible dans les grandes entreprises(+ 26,5 %) que dans les PME (+ 7 %). La valeur ajoutée ayantcomparativement augmenté de manière moins soutenue, lesemplois nets de cession ont représenté, en 1998, 20,9 % decette dernière, contre 18,5 % en 1997.

La hausse des emplois nets recouvre des évolutions dif-férentes en niveau et en structure selon la taille des entre-prises.

Dans les PME, où les emplois nets sont passés de17,6 % à 18 % de la valeur ajoutée entre 1997 et 1998, lahausse est due en très grande partie à l’augmentation desinvestissements nets (+ 15,9 %), en liaison directe avec

P A R T I E 1

La situation financièredes entreprises industrielles

en 1998Les résultats des entreprises ont bénéficié du développement de l'activité. Le renforcement de leurs structuresfinancières s’est poursuivi et elles ont pu autofinancer une grande partie de leurs investissements.Elles ont encore amélioré leur autonomie financière, comme l'indique le nouveau repli du taux d’endettement.La montée de leur endettement a été moins rapide que celle de leur financement propre.La hausse de l'excédent brut global, jointe à une bonne maîtrise du coût du crédit en 1998, a permis un nouvelallégement de la contrainte de solvabilité, à la fois dans les PME et dans les grandes entreprises.

DéfinitionsInvestissement productifL'investissement productif est entendu ici comme la somme des in-vestissements en immobilisations corporelles d'exploitation et desimmobilisations nouvelles en crédit-bail.

Investissement net de cessionsDavantage axé sur l'utilisation dynamique des ressources de l'en-treprise, l'investissement net s'obtient en ajoutant à l'investissementproductif net de cessions le montant des mouvements financiersliés à l'acquisition ou à la cession d'actifs hors exploitation et de par-ticipations financières, et en retranchant les subventions d'investis-sement.

Emplois nets de cessionEnfin, les emplois nets de cession s'obtiennent en complétant l'in-vestissement net par les variations des besoins en fonds de roule-ment (exploitation et hors exploitation) et par les variations des dis-ponibilités. La plus grande part des emplois nets de cession provientnéanmoins des opérations d'investissement productif dans les PME,tandis que les grandes sociétés réalisent des opérations financièresdont l'importance peut prédominer, comme cela a été le cas en1998.

Taux d'autofinancementLe taux d'autofinancement est ici le rapport de l'autofinancement àl'ensemble des emplois nets. Il est différent de celui de la compta-bilité nationale, qui rapporte l'autofinancement à la seule formationbrute de capital fixe.

Taux d'endettementLe taux d'endettement est le rapport de l'endettement, augmentédes prêts des "groupes et associés" au financement propre.

Financement stableLe financement stable est le montant du financement propre,augmenté du montant des emprunts et obligations et des dettesfinancières auprès des groupes et associés.

Page 103: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

l’accroissement de l’investissement productif (+ 14,7 %). Aucontraire, la hausse des emplois nets dans les grandes entre-prises s’explique en 1998 essentiellement par une augmen-tation des opérations financières.

Dans ces grandes entreprises, la décomposition de la haus-se des emplois nets montre une évolution très différente de sescomposantes, tant par rapport aux PME que par rapport auxévolutions observées en 1997. Après avoir nettement diminuél’année précédente, les investissements nets ont progressé de39,3 % en 1998. Si l’investissement productif a augmenté(+ 4,6 %), contrairement à 1997, l’essentiel de la hausse estdû à des opérations financières (dans l’industrie automobilenotamment, mais aussi dans les industries de biens d’équi-pement). Ainsi, les acquisitions de titres de participation ontsensiblement progressé (+ 7,1 %), de même que les actifsimmobilisés hors exploitation (+ 152,4 %), à l’inverse de1997. De plus, tant les produits de cessions d’immobilisa-tions que les produits de cessions de titres de participationont diminué de manière importante. Enfin, si la progressiondes emplois nets (+ 26,6 %) s’est retrouvée atténuée par rap-port à celle des investissements nets (+ 39,4 %), c’est là aus-si avec des évolutions contraires à celles de 1997. D'une part,les besoins en fonds de roulement d’exploitation ou hors ex-ploitation ont augmenté en 1998 alors qu’ils s’étaient repliésen 1997 dans les grandes sociétés. D'autre part, les liquiditésont accusé une importante diminution en 1998, presque aus-si forte que leur croissance de 1997.

Il semble que ces grandes firmes engagées dans un pro-cessus de mondialisation aient puisé dans leurs disponibili-tés et même augmenté leur endettement (voir ci-après) et leurrecours aux capitaux propres pour acquérir des participationsdans d’autres sociétés.

Le taux d’autofinancement s’est établi en 1998 à 80,5 %pour l’ensemble de l’industrie, en repli de 10,4 points parrapport à 1997. Ce retournement montre que la progressionde l’autofinancement n’a pu suivre le fort développement desemplois nets.

Le repli du taux d’autofinancement a été plus prononcédans les grandes entreprises (- 13,7 points) que dans les PME(- 5,5 points). Cette dégradation s’explique par un rythme deprogression de l’autofinancement (+ 8,1 % dans les grandesentreprises, + 0,3 % dans les PME) inférieur à celui des em-plois nets (respectivement + 26,5 % et + 7 %).

Le taux d’endettement s’est de nouveaureplié

Après avoir presque stagné en 1997, l’endettement desentreprises a augmenté de 4 %, mais cette progression a tou-tefois été inférieure à celle du financement propre (+ 6,6 %),ce qui explique la diminution de 0,9 point du taux d’endet-tement.

L’évolution de 1998 confirme ainsi la tendance obser-vée depuis plus d’une décennie. Globalement, le taux d’en-dettement est ainsi revenu de 65 % en 1985 à 27,9 % en 1998.Le mouvement de repli, particulièrement sensible dans lesgrandes entreprises jusqu’en 1990, s’est poursuivi ensuitesur une pente plus modérée, quelle que soit la taille desentreprises.

Le recours aux banques s’est accru, avec une légèreaugmentation de la part de ces dernières dans le total del’endettement (+ 1,6 point).

PME et grandes entreprises ont amélioré leur autonomiefinancière en 1998, puisque le taux d’endettement est reve-nu de 31 % en 1997 à 30,2 % en 1998 dans les PME, et qu’ila reculé de 27,6 % à 26,6 % dans les grandes sociétés. L’écartentre les entreprises selon leur taille tend à se réduire surlongue période.

La diminution du taux d’endettement a été générale danstous les grands secteurs d’activité, à l’exception de l’indus-trie automobile. S’il est lié à l’augmentation du financementpropre dans tous les secteurs de l’industrie, ce mouvement aaussi été renforcé par la baisse de l’endettement dans les in-dustries de biens de consommation et dans celles de biensd’équipement.

L’équilibre entre emplois et ressourcesa évolué défavorablement

La poursuite du développement de l’activité dans uncontexte de taux d’intérêt favorables amène les entreprises àaccroître leur recours au système bancaire, quel que soit le sec-teur d’activité. Le financement stable des entreprises diminuedonc. Le taux de couverture des capitaux investis (équipe-ment productif + actifs immobilisés hors exploitation + be-soins en fonds de roulement d’exploitation) par le financementstable, ratio qui permet d’évaluer le risque d’une dégrada-tion des équilibres de financement, s’est ainsi établi en 1998en légère baisse (- 0,3 point) par rapport à 1997. Ce léger re-cul est dû aux grandes entreprises (105 % contre 105,7 %),alors que le taux a quasiment stagné (102,9 % au lieu de102,8 %) dans les PME.

La seule diminution vraiment importante a eu lieu dansles grandes entreprises de biens d’équipement.

Recours accru au systèmebancaire en 1998

Après avoir diminué en 1996 et en 1997, le montant desapports externes (endettement + prêts des " groupe et asso-ciés ") a progressé de nouveau en 1998 (+ 2,7 %). L’évolutiona été plus forte dans les PME (+ 3,4 %) que dans les grandesentreprises (+ 2,3 %)

Pour les grandes entreprises, les prêts en provenance des" groupe et associés " sont restés, comme les années précé-

108

20

30

40

50

60

70

989796959493929190898887868584

En %

PME

GE

Taux d’endettement

Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

Page 104: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

dentes, la principale composante des apports externes, bienque leur diminution (- 3,2 % entre 1997 et 1998) ait ramenéleur part de 39,8 % à 36,2 % en 1998.

En revanche, la forte hausse des emprunts bancaires(+21,3 %) a porté leur part de 17,9 % en 1997 à 23,9 % en1998, ce qui a plus que compensé la légère diminution des cré-dits bancaires courants. Au total, les financements qui relè-vent de l’intermédiation bancaire ont progressé, pour atteindre39,8 % des apports externes, soit davantage que les apportsdu groupe et des associés.

Quant à la part des obligations, des emprunts participatifset des billets de trésorerie, elle a continué de s’effriter, avecun recul général des emprunts participatifs, sauf dans les in-dustries agroalimentaires.

Dans les PME, l’endettement auprès des banques a légè-rement augmenté, pour s’établir à 67,1 % du montant total,notamment grâce à une hausse de 3 % des emprunts ban-caires. Il a dépassé ainsi nettement la part des apports dugroupe et des associés (24,4 % du total), pratiquement stableen 1998. Les autres postes ont été peu importants. À noter laquasi-disparition des billets de trésorerie : moins de 0,01 %des apports externes en 1998. Les taux à l’émission des billetsde trésorerie ont, par comparaison avec les taux des prêtsbancaires, été moins avantageux, les frais d’émission deve-nant dissuasifs.

Les modes de financement ont évoluésensiblement

L'analyse sur quelques années fait ressortir une évolutionde la structure de financement des entreprises.

Évolution de la composition des apports externesdans les grandes entreprises en %

1993 1994 1995 1996 1997 1998

Emprunts bancaires 22,3 20,6 19,3 17,5 18,1 23,8

Crédits bancaires courants 17,0 17,5 19,7 14,1 14,4 15,5

Groupe et associés 28,8 31,4 35,2 39,8 39,9 36,3

Autres emprunts 11,4 9,4 8,0 6,8 8,0 7,8

Billets de trésorerie 4,4 4,9 2,8 5,3 4,3 2,6

Obligations 16,2 16,6 14,6 16,0 15,4 13,5Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

Dans les grandes entreprises, la part des " groupe et as-sociés " a plutôt eu tendance à s’accroître au cours des années90, sans doute du fait de l’intégration progressive de ces so-ciétés dans des groupes de plus en plus importants. La part in-termédiée des financements (emprunts bancaires et créditsbancaires courants) est revenue en fin de période à son ni-veau initial et a dépassé de nouveau celle des " groupe et as-sociés ", après avoir été inférieure en 1996 et 1997.

Quant aux autres emprunts ou aux financements de mar-ché (obligations et billets de trésorerie), leur importance n’acessé de décroître.

Évolution de la composition des apports externesdes PME en %

1993 1994 1995 1996 1997 1998

Emprunts bancaires 39,9 37,0 36,2 37,2 38,7 38,9

Crédits bancaires courants 31,0 30,2 31,1 30,2 30,0 28,8

Groupe et associés 18,5 23,0 23,7 22,7 22,2 24,3

Autres emprunts 7,5 7,2 7,0 7,0 7,4 7,1

Billets de trésorerie 0,4 0,0 0,0 0,4 0,0 0,0

Obligations 2,9 2,3 2,3 2,9 1,7 1,3Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

Dans les PME, la part des financements apportée par les" groupe et associés " a aussi eu tendance à augmenter sur lapériode étudiée pour la même raison que dans les grandesfirmes, tout en restant à un niveau très inférieur à celui observédans celles-ci car la plupart des PME restent indépendantes.

109

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

199819971996199519941993

En %

Emprunts bancaires/apports externesCBC/apports externesGroupes/apports externesAutres emprunts/apports externesBillets de trésorerie/apports externesObligations/apports externes

Évolution de la composition des apports externesdes grandes entreprises

Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

Crédits bancairescourants15,81%

Billets detrésorerie

2,68%

Apports groupeet associés

36,21%

Obligations13,72%

Autresemprunts

7,58%

Empruntsbancaires

+ crédits-bail23,94%

Emprunts participatifs0,06%

Composition des apports externes en 1998

Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

Crédits bancaires28,48%

Billets detrésorerie

0,01%

Apports groupeet associés

24,35%Obligations

1,46%

Autresemprunts

6,77%

Empruntsbancaires

+ crédits-bail38,63%

Emprunts participatifs0,30%

Grandes entreprises

PME

Page 105: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Contrairement à la situation qui a prévalu dans les grandessociétés, les PME ont essentiellement recouru aux prêts deleurs banques, pour au moins deux tiers des apports externes,avec une prééminence constante des emprunts à moyen-longterme sur les crédits bancaires courants.

Les autres financements ont reculé, ne représentant quemoins d’un dixième des apports externes. Sur ces derniers, lapart des " autres emprunts " a été similaire à celle observéedans les grandes entreprises.

La différence majeure provient du très faible poids desobligations et des billets de trésorerie, les PME ne pouvant guè-re faire appel aux marchés.

La contrainte de solvabilitéa continué de s’alléger

Le poids des frais financiers rapporté à l’excédent brutglobal a diminué encore en 1998 sur l’ensemble de l’indus-trie, pour atteindre 10,8 % contre 11,6 % en 1997.

Ce mouvement de repli de la contrainte de solvabilité aété d’une ampleur similaire dans les PME et dans les grandessociétés.

Il est dû à la nette hausse de l’excédent brut global car, àl’inverse de 1997, les charges d’intérêts ont progressé sur l’en-semble de l’industrie. Si les PME ont bénéficié d’une baissede ces frais financiers en liaison avec le recul du coût appa-rent de leur endettement, les grandes entreprises ont subi à lafois les effets de l’augmentation de leur endettement et de lamontée de son coût apparent. La légère reprise de celui-ciprovient en partie d’une déformation de la structure de l’en-dettement, car ces entreprises ont plus recouru à des empruntsà long terme (plus coûteux) et moins à des crédits bancairescourants (à court terme, donc à des taux moins élevés).

Taux de variation des intérêts verséset coût apparent de l’endettement en %

Ensemble PME GE1997 1998 1997 1998 1997 1998

Taux de variationdes intérêts versés -11,8 3,1 -12,7 -4,3 -11,0 9,2

Coût apparent del’endettement 6,4 6,4 6,6 6,2 6,3 6,6Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

La trésorerie des entreprisesest demeurée favorable

La hausse de la valeur ajoutée globale s’est accompagnéed’une augmentation de l’excédent de trésorerie globale.

L’excédent de trésorerie globale, qui constitue la diffé-rence entre les produits encaissés et les charges décaissées, éva-lue la capacité d’une entreprise à dégager des liquidités du seulfait de son activité et des conditions de paiement interentre-prises, indépendamment de ses choix en matière de politiquede financement ou de fiscalité. Il est obtenu en retranchant del’excédent brut global la variation des besoins en fonds deroulement (exploitation et hors exploitation).

La poursuite du développement de l’activité en 1998 aentraîné une hausse sensible de la valeur ajoutée globale et del’excédent brut global, mais aussi une reprise des besoins enfonds de roulement. L’excédent de trésorerie globale a peu pro-gressé en valeur absolue (+ 3,3 %) et a même diminué par rap-port à la valeur ajoutée globale (30 % en 1998 contre 30,5 %en 1997).

Sa part a toutefois augmenté dans les PME d’un demi-point, à 26,1 %, car la plus faible variation des besoins enfonds de roulement a accru la hausse de l’excédent de tréso-rerie globale (+ 6,4 %) ; elle a, en revanche, diminué dansles grandes entreprises, de 33,9 % en 1997 à 32,7 % en 1998,malgré une légère augmentation en valeur absolue (+ 1,6 %).

Formation de l’excédent de trésorerie globale(en % de la valeur ajoutée globale)

Ensemble PME GE1997 1998 1997 1998 1997 1998

Excédent brut global 30,7 31,1 28,1 27,9 32,4 33,4

-Variation des besoins en fonds

de roulement d’exploitation 0,7 0,9 2,3 1,8 -0,5 0,4

-Variation des besoins en fonds

de roulement hors exploitation -0,5 0,2 0,2 0,0 -1,0 0,3

=Excédent de trésorerie globale 30,5 30,0 25,6 26,1 33,9 32,7Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

La trésorerie disponible a évoluédifféremment selon la taille desentreprises

Tant dans les PME que dans les grandes firmes, la conjonc-tion d’une baisse des intérêts versés et d’une hausse de la va-leur ajoutée globale a provoqué, comme l’année précédente,une diminution de la part de la valeur ajoutée globale utiliséepour le paiement des intérêts. De même, le tassement desremboursements d’emprunts a entraîné un recul de la fractionde la valeur ajoutée globale consacrée aux annuités d’em-prunts.

Le paiement de l’impôt sur les bénéfices, directement liéaux résultats des exercices précédents, a vu de nouveau sonimportance augmenter en 1998 par rapport à la valeur ajou-tée globale, quelle que soit la taille des entreprises.

Également liées aux résultats antérieurs des entreprises,mais de manière moins automatique, les distributions de di-videndes ont progressé dans les PME, comme dans les grandessociétés.

Au total, le flux de trésorerie disponible, obtenu en dé-duisant de l’excédent brut global les charges que l’entrepri-

110

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

199819971996199519941993

En %

Emprunts bancaires/apports externesCBC/apports externesGroupes/apports externesAutres emprunts/apports externesBillets de trésorerie/apports externesObligations/apports externes

Évolution de la composition des apports externes des PME

Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

Page 106: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

111

se ne peut en principe pas reporter dans le temps, auxquelless’ajoutent les dividendes qu’elle a décidé de verser aux ac-tionnaires, a diminué dans les grandes entreprises, mais aug-menté dans les PME. Le mouvement de désendettement dessociétés sur longue période, renforcé par la forte réductiondes taux d’intérêt, a été à l’origine d’une hausse du flux de tré-sorerie disponible. De telles conditions, favorables a priori,ont permis aux dirigeants une plus grande liberté dans le choixde leurs investissements, qu’ils soient directement produc-tifs ou financiers.

Le flux de trésorerie disponible a pu notamment être com-paré aux investissements nets pour mieux mettre en éviden-ce le rôle central de la trésorerie générée par l’activité pourfinancer la stratégie de croissance de l’entreprise. Si ce rap-port aux investissements nets est resté presque stable dansles PME (31,5 % contre 31,9 % en 1997), il a chuté de plusde 20 points dans les grandes firmes (de 69 % en 1997 à48 % en 1998) en raison de l’importance des opérations deprises de participations.

Formation du flux de trésorerie disponibleet de la variation de trésorerie

(en % de la valeur ajoutée globale)

Ensemble PME GE1997 1998 1997 1998 1997 1998

Excédent de trésorerie globale (A) 30,5 30,0 25,6 26,1 33,9 32,7

– Intérêts (B) 3,6 3,4 3,4 3,1 3,7 3,5

dont • sur endettement 2,6 2,6 2,9 2,7 2,4 2,5

• groupe et associés 0,9 0,8 0,5 0,5 1,3 1,0

– Remboursements (C) 7,1 6,6 8,2 7,9 6,4 5,7

dont : • obligations 0,6 0,3 0,2 0,2 0,9 0,4

• emprunts bancaires 5,5 5,3 7,1 6,9 4,5 4,3

• autres emprunts 1,0 1,0 0,9 0,9 1,1 1,1

Annuités d’emprunts (D=B+C) 1,07 9,9 11,6 11,0 10,1 9,3

– Impôts sur les bénéfices (E) 5,2 5,4 4,9 5,4 5,3 5,4

– Distributions de dividendes (F) 5,8 6,2 4,7 4,9 6,5 7,0

Flux de trésorerie disponible

(G=A-D-E-F) 8,9 8,5 4,4 4,8 12,0 11,0

Investissements nets (H) 15,8 19,8 13,6 15,1 17,4 23,0

+ Apports nets associés groupe (I) 0,7 2,3 2,0 2,5 -0,2 2,2

+ Nouveaux emprunts (J) 8,0 8,5 8,2 8,6 7,8 8,4

dont : • obligations 0,4 0,2 0,2 0,1 0,6 0,3

• emprunts bancaires 6,2 7,2 7,1 7,6 5,6 6,9

• autres emprunts 1,4 1,1 0,9 9,9 1,7 1,2

Apports ress. stables (K=I+J) 8,7 10,8 10,3 11,0 7,6 10,6

Variation de la trésor. (soit G-H+K) 1,7 -0,6 1,0 0,7 2,2 -1,4

Flux de trésorerie disponible /

investissements nets (en %) 55,9 42,8 31,9 31,5 69,0 48,0Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

Page 107: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Un repli sensible des délais clientset des délais fournisseurs en 1998

La rupture de la tendance longue à la diminution des dé-lais clients observée sur 1997 ne s’est pas confirmée en 1998.

Cette reprise de l’allègement des délais clients exprimésen moyenne se traduit par un repli de 1,5 jour sur l’ensemblede l’économie. Pour les seules entreprises de l’industrie,la baisse est de 2,4 jours. Ces mouvements compensent, etmême plus, les progressions enregistrées sur 1997 (+ 0,6 joursur l’ensemble de l’économie et + 1 jour pour la seuleindustrie).

Rappelons toutefois que les concepts étudiés ci-après nepeuvent pas prendre en compte de fortes variations infra-annuelles des achats ou du chiffre d’affaires, ce qui expliqueque les délais de paiement ont tendance à augmenter par unsimple effet mécanique (relèvement sensible de l’activité enfin d’année) lors des périodes de reprise comme en 1994 ou1997.

En 1997, la hausse des délais clients sur l’ensemble del’économie était de 0,4 jour pour les grandes entreprises,

112

P A R T I E 2

Délais de paiement et soldedu crédit interentreprises

de 1989 à 1998L'année 1998 a été marquée en France par un retour à la tendance longue, observée depuis 1988, dediminution des délais clients et des délais fournisseurs. La situation prêteuse des entreprises diminuelégèrement en moyenne en 1998, quelle que soit leur taille, ce qui participe à l’amélioration de leur situation detrésorerie.Les délais de paiement, mesurés à partir des données comptables des entreprises recensées dans le fichier Fibende la Banque de France, se sont réduits en 1998 dans l’industrie et plus généralement dans l’ensemble del’économie, ce qui constitue un retour à la tendance longue de diminution des délais observée depuis 1989.Le solde du crédit interentreprises s’établit ainsi à 15,4 jours de chiffre d’affaires sur l’ensemble de l’économie(en repli de 0,5 jour par rapport à 1997) et à 26,7 jours sur la seule industrie (- 1,1 jour).Toutefois, la particularité de 1998 est que le repli de ce solde est effectif dans toutes les tranches de taille, alorsque, sur longue période, il était en diminution pour les grandes sociétés (de 28,5 jours en 1989 à 22,8 jours en1998) et en hausse pour les entreprises de moins de 20 salariés (de 4,1 à 15,4 jours).Une comparaison internationale sur l’ensemble de la période montre que la France occupe, en matière dedélais de paiement, une position intermédiaire entre les pays à délais élevés (Espagne, Italie) et ceux dont leshabitudes commerciales se traduisent par des règlements plus rapides (États-Unis et Allemagne).

Méthodologie

Le ratio " délais clients " rapporte les créances clients (effetsescomptés non échus inclus) au chiffre d’affaires TTC, multiplié par360, pour être exprimé en nombre de jours de chiffre d’affaires.

Le ratio " délais fournisseurs " rapporte les dettes fournisseurs auxachats et autres charges externes TTC, multiplié par 360, pour êtreexprimé en nombre de jours d’achats.

Le solde du crédit interentreprises correspond au solde, expriméen jours de chiffre d’affaires, des créances clients de l’entreprise etde ses dettes fournisseurs. On peut le définir de façon équivalentecomme la différence entre le ratio délais clients et le ratio délaisfournisseurs, ce dernier étant corrigé du ratio achats sur chiffre d’af-faires. Il reflète la situation prêteuse (solde positif) ou emprunteuse(solde négatif) de l’entreprise.Sont calculées des moyennes de ratios individuels, aussi appeléesmoyennes non pondérées. Cette approche microéconomique,où chaque entreprise, quelle que soit sa taille, exerce le même poidsdans le calcul de la moyenne, permet de prendre en comptel’hétérogénéité des observations individuelles.Les données utilisées ne permettent pas de mesurer les retards depaiement, mais les délais effectifs évalués à partir des bilansannuels.

Page 108: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

113

contre 0,8 jour dans les PME et 0,5 jour pour les plus petitessociétés. Au sein même des " grandes entreprises ", c’étaientles firmes les plus importantes (2 000 personnes et plus) quiavaient enregistré une nette progression de leurs délais clients(+ 4,9 jours) alors que celles de 500 à 2 000 personnes enre-gistraient un repli de 0,5 jour.

En 1998, le tassement des délais clients a été de 1,8 jourpour les grandes entreprises, contre 1,3 jour pour les PME et1,5 jour pour les sociétés de moins de 20 personnes. Lesgrandes entreprises profitent donc davantage du retour à labaisse, alors même qu’elles avaient connu la hausse la plusfaible sur 1997.

Cette fois, parmi les grandes entreprises, la diminution aété de 2,1 jours pour celles de plus de 2 000 salariés, contre1,7 jour dans les firmes dont l’effectif était compris entre 500et 2 000 personnes.

Pour les seules entreprises de l’industrie, la baisse desdélais clients (-2,4 jours) est plus homogène, avec une évo-lution de - 2,6 jours dans les PME et dans les grandes socié-tés, contre - 2,3 jours dans les très petites entreprises.

Comme pour les délais clients, la rupture de la tendancelongue à la diminution des délais fournisseurs constatée en1997 ne s’est pas renouvelée en 1998.

Les délais fournisseurs connaissent en effet de nouveauun repli (cf. graphiques 2 ci-après), de l’ordre de 1,6 jour surl’ensemble de l’économie et de 2,5 jours sur l’industrie.L’ampleur de ces reculs compense les petites hausses notéessur 1997 (+ 0,4 jour sur l’ensemble de l’économie, + 1,4 jourpour l’industrie).

Par taille, les différences d’évolution des délais fournis-seurs sont moins prononcées que pour les délais clients surl’ensemble de l’économie. La diminution a été de 2,2 joursdans les grandes sociétés, de 1,3 jour dans les PME et, enfin,de 1,9 jour pour les plus petites entreprises.

La situation des grandes entreprises s’est, ainsi, encoreaméliorée en 1998, puisqu’elles connaissent à la fois unebaisse de leurs délais fournisseurs (- 2,2 jours) et de leurs dé-lais clients (- 1,8 jour, cf. supra).

Dans l’industrie seule, la baisse est assez proche dans lesgrandes firmes (- 2,6 jours), dans les PME (- 2,4 jours) oudans les entreprises dont l’effectif est inférieur à 20 salariés(- 2,7 jours).

Depuis 1989, un recul des délaisdifférencié selon la taille dessociétés.

La diminution importante des délais clients sur longuepériode a été confirmée en 1998. Au cours de la période(1989-1998), la baisse des délais clients a atteint, dans l’en-semble de l’économie, 6,4 jours de chiffre d’affaires.

Pour les entreprises de l’industrie, le tassement est enco-re plus sensible (de 79,5 jours en 1989 à 73 jours en 1998, soitun recul de 6,5 jours).

Si la tendance longue au recul des délais clients sevérifie quelle que soit l’importance des entreprises, desdifférences significatives sont à noter dans l’évolution sur lapériode 1989-1998. Le repli a été nettement plus sensibledans les grandes entreprises (- 9,6 jours) que dans les PME

(- 6,8 jours) et surtout que dans les très petites entreprises(- 3,1 jours).

Pour les seules sociétés de l’industrie, la hiérarchie estsimilaire mais encore plus marquée puisque les replis attei-gnent - 11,1 jours dans les grandes firmes et - 7,8 jours dansles PME contre une évolution de - 2,6 jours dans les très pe-tites sociétés industrielles.

L’approche en termes de ratios moyens fait apparaître destendances assez proches, que ce soit pour l’ensemble de l’éco-nomie ou pour la seule industrie.

Concernant les délais fournisseurs (exprimés en joursd’achats), le nouveau mouvement de repli observé en 1998confirme l’ampleur du recul sur longue période. Sur l’en-semble de l’économie, comme sur les seules entreprises de l’in-dustrie, le repli est de 8,3 jours entre 1989 et 1998.

L’influence de la taille des entreprises est différente decelle constatée sur les délais clients. Sur l’ensemble de l’éco-nomie, le repli est de 5 jours pour les grandes firmes, de 8,6jours pour les PME et de 7,1 jours dans les très petites sociétés.

De même, pour les seules entreprises industrielles, la bais-se sur 10 ans a été de 4,1 jours pour les grandes sociétés, de8,8 jours pour les PME et de 6,6 jours pour les TPE.

L’amélioration de la situation des grandes entreprises entermes de charges de trésorerie provient donc de la réductiondes délais clients qu’elles obtiennent et non d’une plus gran-de maîtrise des délais fournisseurs.

Crédit interentreprises :léger repli du solde en 1998,stabilité sur longue période

Comme les délais clients et les délais fournisseurs ontévolué de manière similaire en 1998, le solde du crédit in-terentreprises a peu bougé. Son repli n’est que de 0,5 joursur l’ensemble de l’économie (de 15,9 jours à 15,4 jours),mais atteint 1,1 jour sur l’industrie (26,7 jours en 1998 contre27,8 jours en 1997). Mesuré en moyenne non pondérée,il diminue entre 1997 et 1998, quelle que soit la taille dessociétés. Toutefois, en raison d'un effet échantillon dû àl’absence, en 1998, de quelques grandes entreprises, l’éva-luation en ratio moyen laisse apparaître un alourdisse-ment du crédit interentreprises parmi les grandes entreprises(+ 2 jours).

La stabilité du solde du crédit interentreprises sur longuepériode se vérifie une fois de plus (cf. graphiques 3) entre1989 et 1998, mais cette relative stabilité d’ensemble masquedepuis plusieurs années des évolutions différentes selon lataille des entreprises.

Sur longue période, les plus petites voient progressive-ment augmenter leur situation prêteuse, alors que le solde di-minue régulièrement pour les grandes firmes. Sur l’ensemblede l’économie, il passe pour les très petites entreprises de4,1 jours en 1989 à 10,5 jours en 1998, alors que celui desgrandes sociétés descend de 28,5 jours à 22,8 jours, et celuides PME de 23,1 jours à 22,7 jours.

Pour l’industrie, le phénomène est également sensiblepuisque le solde du crédit interentreprises grimpe de 18,9jours à 24,7 jours pour les plus petites entreprises, alors quecelui des PME diminue de 31,6 jours à 28,4 jours, quand

Page 109: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

114

10

12

14

16

18

20

22

24

26

28

30

1998199719961995199419931992199119901989

En jours de CA

PME

Total

Petites

Grandes

Ratios moyens

Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

16

18

20

22

24

26

28

30

32

34

36

1998199719961995199419931992199119901989

En jours de CA

PME

Total

Petites

Grandes

Moyennes de ratios

Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

70

72

74

76

78

80

82

84

1998199719961995199419931992199119901989

En jours de CA

PME

Total

Petites

Grandes

Moyennes de ratios

Délais clients par taille de 1989 à 1998, industrie

Délais fournisseurs par taille de 1989 à 1998, industrie

Solde du crédit interentreprises par taille de 1989 à 1998, industrie

Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

58

60

62

64

66

68

70

72

74

76

78

80

1998199719961995199419931992199119901989

En jours de CA

PME

Total

Petites

Grandes

Ratios moyens

Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

60

62

64

66

68

70

72

74

1998199719961995199419931992199119901989

En jours d'achat

PME

Total

Petites

Grandes

Ratios moyens

Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

70

72

74

76

78

80

82

84

1998199719961995199419931992199119901989

En jours d'achat

PME

Total

Petites

Grandes

Moyennes de ratios

Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

Page 110: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

celui des grandes firmes se réduit de 10,1 jours (de 33,5 à23,4 jours).

Il y a donc progression dans les très petites entreprises, lé-ger repli pour les PME et nette diminution dans les grandessociétés, que ce soit pour l’ensemble des secteurs ou pour lesseules activités industrielles.

Ces évolutions sur longue période proviennent surtout dela diminution des délais clients plus accentuée pour les grandesfirmes (voir supra) alors que les évolutions des délais four-nisseurs sont moins dispersées.

Les plus petites entreprises ont donc à financer l’alour-dissement relatif de leur solde de crédit interentreprises, ce quipeut provoquer leur défaillance, alors que les grandes socié-tés parviennent à réduire les charges correspondantes grâceà leur effort durable de maîtrise des délais clients.

Cette évolution divergente du solde du crédit interentre-prises selon l’importance des sociétés se retrouve dans presquetous les secteurs d’activité, mais le phénomène est plus oumoins sensible.

Comparaison internationale:lente baisse des créances clientsdans tous les pays

Il est possible de comparer les créances clients de diffé-rents pays grâce à la base " Bach " et d’apporter ainsi un éclai-rage sur cet aspect des relations commerciales, très lié aux ha-bitudes de facturation de chaque pays. La comparaison portesur 6 pays, la France et ses principaux partenaires commer-ciaux, et sur les entreprises de l’industrie pendant la période1989-1998.

Les comparaisons internationales en niveau sont toujourstrès délicates car, malgré les efforts d’harmonisation, lesconcepts et les règles comptables varient d’un pays à l’autre.Ainsi, en Allemagne, les relations commerciales entre unefiliale et sa tête de groupe ne sont pas comptabilisées commeen France. Dans la liasse fiscale, les créances clients et lesdettes fournisseurs comprennent, en France, les créances etles dettes vis-à-vis des groupe et associés, alors qu’elles sontexclues en Allemagne.

Les créances clients sont ici rapportées au total du bilan.

Le schéma comptable de la base Bach repose en effet sur unedécomposition de l’actif net. En conséquence, le poste amor-tissements et provisions (BY) est soustrait au poste clients etcomptes rattachés (BX). Le poste BY représente, en moyen-ne, 5 % à 6 % du poste BX.

L’élément remarquable pour les 6 pays est la tendancegénérale à une baisse, certes limitée, des créances clients enproportion du total des bilans.

La hiérarchie entre les pays reste stable, avec des niveauxplus élevés en France et en Espagne, mais surtout en Italie,alors que des pays comme les États-Unis et l’Allemagne (dufait de pratiques commerciales telles que les escomptes derèglement) sont à un niveau plus faible, le Japon connaissantune situation intermédiaire.

La base Bach permet également de comparer le niveauet l’évolution des dettes fournisseurs dans les mêmes pays.Pour cela, les dettes fournisseurs sont comparées au total desbilans dans l’industrie, la notion d’achats utilisée précédem-ment pour la France n’étant pas disponible dans tous les payssous revue.

Le poids des dettes fournisseurs dans le total des bilansévolue lentement dans tous les pays étudiés, mais, contraire-ment au poids des créances clients, il remonte dans certainspays, comme l’Espagne, l’Italie et la France. La comparaisonavec le poids des créances clients fait apparaître trois typesde comportement :

– pour la France, l’Italie et l’Espagne, les créances clientsimportantes s’accompagnent de dettes fournisseurs élevées ;

– pour les États-Unis et l’Allemagne, les habitudes com-merciales conduisent à des créances clients et dettes four-nisseurs faibles ;

– enfin, le Japon, où les créances clients et les dettes four-nisseurs se situent à des niveaux médians par rapport auxautres pays.

115

0

5

10

15

20

25

30

35

40

199719961995199419931992199119901989

En %

France

Italie

Espagne

Japon

États-Unis

Allemagne

Poids des créances clientsdans le total des bilans industrie

Source : Base Bach

5

7

9

11

13

15

17

19

21

23

25

199719961995199419931992199119901989

En %

France

Italie Espagne

Japon

États-Unis

Allemagne

Poids des dettes fournisseursdans le total des bilans industrie

Source : Base Bach

Page 111: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

116

La Banque de France et la Deutsche Bundesbank viennent de menerconjointement une étude approfondie sur la comparaison des modesde financement des entreprises allemandes et françaises . Elle portesur la période 1987-1995 et examine l’évolution des structures de bi-lan des firmes industrielles des deux pays. Elle étudie les relationsbanques-entreprises et met en lumière les facteurs institutionnels quipeuvent induire un comportement d’endettement distinct.

Une relation banques-entreprises différenteEn France, une entreprise peut se financer auprès de plusieurs éta-blissements. De plus, les relations entre banques et entreprises sontégalement fonction de la taille des firmes. Les grandes entreprisesont un accès direct aux marchés monétaire et financier et peuvent, dansune certaine mesure, négocier les conditions appliquées par lesbanques leur octroyant des crédits. Les entreprises de petite taille nepeuvent adopter le même comportement. En Allemagne, le système est caractérisé par la relation privilégiéeentre l’entreprise et le banquier prêteur : principe de la " Hausbank ",banque principale. Ce système assure aux PME allemandes un ac-cès souple et aisé aux engagements à court terme, tout en limitant lerisque de crédit supporté par le banquier. La banque tient égalementune grande place dans le financement à long terme et favorise lesopérations de restructuration et de croissance de la société. En casde difficultés financières, elle joue un rôle actif en contribuant à main-tenir l’exploitation, en fournissant des fonds propres, en annulant ouen restructurant les dettes, en accordant de nouveaux crédits. Elleagit souvent également comme le mandataire fiduciaire des actifs pri-vés des dirigeants ou des propriétaires de l’entreprise ou de leurs fa-milles.

L’impact des cadres législatifs induit des différences significativesen matière de sources de financementPremier enseignement : le niveau des réserves, variable en fonctionde la taille des firmes, est différent dans les deux pays. En France, laconstitution de réserves pourrait être liée à l’allégement, entre 1989et 1991, du taux d’imposition sur les bénéfices non distribués par rap-port au taux d’imposition des bénéfices distribués. En Allemagne, aucontraire, la partie des bénéfices mis en réserve a été davantage im-posée que la part distribuée : le taux d’imposition des bénéfices dis-tribués a ainsi été en moyenne inférieur de 15 à 20 points à celui desbénéfices réinvestis dans l’entreprise.Autre différence notable : les grandes entreprises allemandes ontconstitué des provisions élevées pour retraite, ce que n’ont pas fait leurshomologues françaises. Les dispositifs fiscaux, propres à chaquepays, expliquent cette situation différente. En Allemagne, ces provisionspour prestations de retraite sont déductibles des bénéfices. Le ver-sement de la prestation n’intervenant qu’au départ à la retraite dessalariés, les entreprises accumulent des fonds, déduits de leur bé-néfice déclaré, qu’elles peuvent employer librement, à long terme,comme s’il s’agissait de ressources autogénérées.Enfin, en matière d’endettement, le droit sur la faillite en vigueur enAllemagne était, jusqu’au 31 décembre 1998, plus favorable aux créan-ciers qu’en France et limitait donc les risques de perte des banques.

Les sources de financement à la disposition des entreprisesCe contexte a ainsi induit, dans une large mesure, des différences si-

gnificatives en matière de sources de financement. Quatre tendancesfortes se dégagent :- la part des fonds propres dans le bilan des entreprises indus-trielles allemandes est restée stable, comparée à un renforcementen France. Parallèlement, un mouvement de désendettement a été ob-servé dans les entreprises françaises, quelle que soit la taille desfirmes ;- les banques françaises sont plus engagées dans des activitésde financement des investissements, tandis que leurs homologuesallemandes s’emploient essentiellement à couvrir les besoins en fondsde roulement des entreprises ;- l’importance du crédit fournisseurs en France joue un rôle pré-pondérant dans le système de financement à court terme des firmesalors que ce rôle est imparti aux prêts bancaires à court terme enAllemagne ;- les prêts auprès du groupe et des associés représentent uneautre source de financement privilégiée. Globalement, leur partdans le total du bilan s’est accrue en Allemagne à un rythme accélé-ré alors qu’elle est restée pratiquement constante en France, saufpour les très grandes entreprises.

L’estimation d’une fonction d’endettementPour tester les hypothèses relatives aux théories des déterminantsdes structures financières, une estimation du comportement d’endet-tement pour respectivement 2 899 et 1 275 entreprises françaises etallemandes présentes sur la période 1987-1995 est ensuite réalisée.Des différences importantes apparaissent lorsque l’on examine lacontribution de la taille des entreprises et celle de la dimension tem-porelle à l’explication du comportement d’endettement. La dimensiontemporelle joue un rôle significatif en France, la taille est essentielleen Allemagne, où les petites entreprises dépendent beaucoup plus dessources de financement externes que les grandes. Ces différences mar-quées dans le comportement d’endettement entre les deux pays peu-vent être dues à des facteurs macroéconomiques et institutionnelsspécifiques à chaque pays, mis en évidence dans la première partiede l’étude. Cependant, malgré ces différences, les coefficients desdéterminants microéconomiques sont de même signe et très prochesà court terme entre les deux pays. La croissance exerce un effet po-sitif sur le taux d’endettement, comme le suggère la théorie du si-gnal alors que la corrélation négative entre le profit et la dette estconforme à la théorie de la hiérarchie des financements. Le coût definancement a aussi un impact négatif sur le taux d’endettement et, dansles deux pays, l’effet est plus marqué pour les grandes entreprises.

Pour en savoir plusCet encadré fait référence à l’étude suivante :- " Modes de financement des entreprises allemandes et françaises ",H. Friderichs, D. Gerdesmeier, É. Kremp, B. Paranque, A. Sauvé, M. Scheuer,E. Stöss, étude de l’Observatoire des entreprises, parue en décembre 1999sous le numéro 832G9902 disponible sur internet cf. " banque-France.fr/gb/pu-bli/main.htmt "Cette étude a été résumée dans l’article suivant :- " Modes de financement des entreprises allemandes et françaises ", É Kremp,A. Sauvé, B. Paranque, Bulletin mensuel de la Banque de France, n° 70, pp99-121, octobre 1999.

France-Allemagne :comparaison des modes de financement des entreprises

Page 112: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

117

Cette partie a été réalisée à partir des données comptablescollectées par les succursales de la Banque de France sur lesentreprises adhérant à la Centrale de bilans.

Progression modérée de l’activité

D'après l'échantillon restreint issu d'une première ex-ploitation des données de la Centrale des bilans (cf. encadréméthodologie), l’année 1999 est caractérisée par une pro-gression du chiffre d’affaires des petites et moyennes entre-prises (+ 2,2 %), moins marquée qu'en 1998 (+ 7,2 %), endépit d’une demande intérieure toujours soutenue par un bonniveau de l’investissement, un dynamisme maintenu de laconsommation des ménages et une relative stabilité des tauxd’intérêt malgré quelques signes à la hausse en fin d’année1999.

Plusieurs facteurs expliquent cette progression plus mo-dérée :

- au plan conjoncturel, même si la crise dans les paysémergents a eu des effets limités sur l’industrie manufactu-rière française, l’activité a marqué un palier au premiersemestre 1999 et la reprise n’a été effective qu’à partir du se-cond semestre ;

- le taux de variation de la production en 1999 s’inscrit enretrait d’un exercice à l’autre : + 1,6 %, contre + 9,5 % en 1998.Il est encore plus faible à l’examen de la production propredans laquelle est déduite la sous-traitance de fabrication, iden-tifiant ainsi la contribution de l’entreprise à son propre dé-veloppement de l’activité ; il s’établit alors à + 1,4 % en 1999contre + 9,2 % en 1998. Cette inflexion de la production s’estaccompagnée d’un phénomène de déstockage, commencédès fin 1998 et qui s’est accentué en 1999, notamment durantle second semestre à la suite du redémarrage de la demandeextérieure ;

- les prix à la production dans l’industrie manufactu-rière ont de nouveau baissé en 1999 et d’une façon plusaccentuée qu’en 1998. Les taux d'évolution du chiffre d’af-faires et de la production, déflatés sont donc plus élevés,respectivement + 3,3 % et + 2,7 %, que les taux calculés envaleur ;

- le taux d’exportation est resté stable, 22,8 % en 1999,comme en 1998, indiquant que le volume des exportationsn’a pas augmenté à un rythme supérieur à celui de l’activité.Cependant, les exportations se sont contractées début 1999sous les effets induits par la crise asiatique, fin 1998.

P A R T I E 3

Premier éclairage sur les PMEde l’industrie française

en 1999Les performances des PME industrielles se seraient traduites en 1999 par :- une nouvelle progression de l’activité dans un contexte de grande modération des prix et une progressionsensible de l’investissement ;- une stabilisation des indicateurs de marge et de rentabilité ;- une augmentation de la part des revenus dégagés par l’entreprise, dont la répartition entre les différentsacteurs est notamment caractérisée par une baisse des intérêts versés aux prêteurs, en raison de la baisse destaux d’intérêt ;- une légère dégradation du taux de couverture de l'ensemble des investissements (y compris financiers) par lesressources dégagées par les entreprises ; - un renforcement des structures financières lié à la progression des capitaux propres et à la bonne maîtrise del’endettement financier, marqué par un tassement du financement par obligations et emprunts, par un recoursplus important au crédit bancaire à court terme et par une augmentation de la part du groupe et des associésdans les dettes financières ; ce renforcement reflète un nouveau repli du taux d’endettement, un allègement dela contrainte de solvabilité, dû à la réduction des intérêts versés sur les capitaux empruntés, et une couverturesatisfaisante des capitaux investis par des ressources stables comme en 1998.

Page 113: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

118

À l’instar de 1998, la variation du chiffre d’affaires en1999 a été très prononcée dans les secteurs de l’industrie au-tomobile et des biens d’équipement (respectivement + 10,4 %et + 4,9 %), constat corroborant le maintien du dynamisme dela consommation des ménages. Toutefois, ces progressions ontété moins fortes qu’en 1998, où les taux de croissance duchiffre d’affaires étaient de + 13,8 % dans l’industrie auto-mobile et de + 9,7 % dans les biens d’équipement. Cependant,en volume, la hausse du chiffre d’affaires s’établit en 1999 à+ 11,7 % dans l’industrie automobile et à + 6,1 % dans lesbiens d’équipement.

L’activité dans les industries agroalimentaires et dans lesbiens de consommation a connu une moindre croissance en1999, et celle-ci est inférieure à celle de l’ensemble des PMEde l’industrie : + 1,5 % en 1999 contre + 3,1 % en 1998 dansles industries agroalimentaires, et + 1,7 % en 1999 contre+ 5,9 % en 1998 dans les biens de consommation. En volu-me, ces évolutions sont respectivement de + 1,7 % dans lesindustries agroalimentaires et de + 2,4 % dans les biens deconsommation en 1999.

C’est dans les biens intermédiaires que la progression del’activité a été la plus faible : de + 8,8 % en 1998 le taux devariation du chiffre d’affaires est passé à + 1 % en 1999.L’évolution en volume s’établit à + 2,6 % en 1999.

La progression de la valeur ajoutée des PME de l’indus-trie manufacturière (cf. encadré définitions) s’est ralentie,passant de + 6,8 % en 1998 à + 3,6 % en 1999. En déflatantpar l’évolution du prix de la valeur ajoutée (-2%), la hausseen volume s’établit à + 4,7 % en 1999.

Cette évolution suit, de façon atténuée, les variationsobservées sur le chiffre d’affaires et la production.

En effet, le taux de variation de la consommation élargie(+ 1,1 % en 1999) se situe en deçà de celui relatif à la pro-duction. Au sein de ces consommations, si la sous-traitanceainsi que les achats et charges externes augmentent de manièresimilaire, le coût des matières consommées a vu sa partdiminuer.

L’étude par secteur fait apparaître que la croissance de lavaleur ajoutée a été particulièrement faible en 1999 dans lesindustries de biens de consommation (+ 0,1 % contre + 3,4 %en 1998), plus modérée dans les industries de biens d’équi-pement (+ 5,5 % en 1999 contre + 8,1 % en 1998) et les biensintermédiaires (+ 2,9 % en 1999 contre + 7,9 % en 1998).Elle est du même ordre qu'en 1998 dans les industries agro-alimentaires et l’automobile, secteur dans lequel le taux devariation de la valeur ajoutée reste le plus fort de tous lescompartiments économiques industriels (+ 10,9 % en 1999 et+ 11 % en 1998).

La variation modérée de la production globale (+ 1,6 %)en regard de celle de la valeur ajoutée (+ 3,6 %) impliqueune légère hausse du taux de valeur ajoutée (valeur ajoutée/production globale) ; Celui-ci se situe au niveau de 34,4 % en1999, contre 33,9 % en 1998.

Méthodologie

La présente étude a été réalisée en juin 2000 à partir d’une popu-lation de 7 030 entreprises de moins de 500 salariés soumises àl’impôt sur les sociétés et employant 402 397 personnes en 1999.Menée sur un échantillon nécessairement restreint à ce moment del’année, l’analyse conduite ne prétend pas à l’exhaustivité et n’apour seule ambition que de fournir un premier éclairage sur le com-portement des petites et moyennes entreprises (PME) en 1999. Elleprécède l’étude qui sera menée sur un échantillon complet de PMEet de grandes entreprises et représentatif de l’ensemble des entre-prises de l’industrie manufacturière : " La situation des entreprisesindustrielles – Bilan 1999 " à paraître en septembre prochain.Le présent échantillon, constitué le 28 mai 2000, a pour taux decouverture 22 % en termes d’effectifs par rapport aux PME dufichier exhaustif des firmes imposées sur les bénéfices industrielset commerciaux au régime du bénéfice réel normal (BIC-BRN) del’INSEE. Il fait ressortir que les performances des entreprises, en1999, prolongent celles de l’exercice précédent.L’évolution importante des entreprises et de leur environnement cesdernières années ainsi que les changements méthodologiquesimposés par ces mutations ont conduit la Centrale de bilans à pro-céder à une révision de sa méthode d’analyse financière. Les défi-nitions des nouveaux concepts sont précisées dans l’étude.Notons que la répartition des dates de clôture des exercices s’éta-le sur toute l’année 1999 (1er trimestre : 23,3 %, 2e trimestre : 19,3%,3e trimestre : 37,7 %, 4e trimestre : 19,7 %).

Caractéristiques de l’échantillon des PMI<500 salariés)

Échantillon Centrale de bilans Insee 97 TauxBIC-BRN de

couv.

Nbre Valeur ajoutée Effectifs 97entrepr. 99

MdF en % milliers en % en % en %

IAA 951 17,8 14,6 50,0 12,6 13,6 20,3

b. consm 1 363 23,7 19,5 81,0 20,3 21,0 21,3

auto. 130 3,1 2,6 11,3 2,8 2,6 24,2

b. équip. 1 471 25,2 20,8 83,0 20,9 19,3 23,9

b. interm 3 115 51,7 42,5 174,0 43,4 43,5 22,0

Industrie 7 030 121,6 100,0 402,0 100,0 100,0 22,0Source : Banque de France - Observatoire des entreprisesMise à jour mai 2000

0 2 4 6 8 10 12

Industrie

Industriesagroalimentaires

Industrie des biensde consommation

Industrieautomobile

Industrie des biensd’équipement

Industrie des biensintermédiaires

Evolution annuelle en %

19991998

Taux de variation de la valeur ajoutée produite

Source : Banque de France – Observatoire des entreprises. Mise à jour mai 2000

Page 114: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

119

Croissance plus faible des effectifs,dynamisme de l’investissement,stabilité des besoins en fonds deroulement

Les effectifsLe taux de variation des effectifs moyens a été de 1,8 %

en 1999 ; il est plus faible qu'en 1998 (+ 2,7 %).Ce constat est à nuancer selon les secteurs de l’industrie.L’industrie agroalimentaire et l’automobile ont créé

davantage d’emplois en 1999 qu’en 1998 : respectivement+ 3,7 % en 1999, après + 2,2 % en 1998 dans l’industrieagroalimentaire, et + 4,1 % en 1999, comparé à + 2,5 % en1998 dans l'industrie automobile.

En revanche, les autres secteurs n’ont pas vu leurs effec-tifs croître dans les mêmes proportions. Ainsi, le taux de va-riation des effectifs dans les biens de consommation s'inflé-chit nettement, passant de + 0,7 % en 1998 à une quasi-stabilitéen 1999 (+ 0,1%) ; celui des biens intermédiaires passe de+ 3,6 % en 1998 à + 1,5 % en 1999.

Le secteur des biens d’équipement présente une crois-sance des effectifs légèrement plus favorable quoique égale-ment en ralentissement : de + 3,4 % en 1998 à + 2,5 % en 1999.

Le rendement apparent de la main-d’œuvre (valeur ajou-tée/effectifs) a augmenté de 1,7 % d’un exercice à l’autre ets’établit à 322 milliers de francs en 1999 contre 316 milliersde francs un an auparavant. L’industrie agroalimentaire pos-sède le rendement apparent de la main-d’œuvre le plus éle-vé (383 milliers de francs en 1999) de tous les secteurs tan-dis que l’industrie automobile a bénéficié de l’augmentationla plus forte (+ 6,6 % entre 1998 et 1999).

La part du personnel extérieur dans les charges de per-sonnel s’est légèrement accrue en 1999 : elle s’établit à 7 %contre 6,6 % en 1998. Elle est plus élevée dans les biensd’équipement et l’automobile : respectivement 8 % et 8,2 %.

L’investissementL’investissement d’exploitation a progressé de façon plus

marquée en 1999 (+ 13,5 %) qu'en 1998 (12,8%) sous l’ef-fet du maintien du dynamisme de la demande intérieure etde la reprise de la demande extérieure à partir du second se-mestre. Cette tendance a entraîné une croissance des immo-bilisations d’exploitation plus accentuée en 1999 (+ 6,4 %)qu’en 1998 (+3,6 %).

Ce constat global est à moduler selon les secteurs.L’investissement d’exploitation a été en forte progression

dans les industries agroalimentaires et les biens intermédiaires(respectivement + 16,4 % et + 16 %), en progression plusmodérée dans les biens de consommation (+ 12,3 %), plusfaible dans l’automobile (+ 9,8 %) et les biens d’équipement(+ 7,9 %).

Aussi, le taux d’investissement d’exploitation (investis-sement d’exploitation / valeur ajoutée CDB produite) a-t-ilété sensiblement supérieur en 1999 par rapport à 1998(14 % au lieu de 13,2 %). Cette progression constatéepour l’ensemble des PME de l’industrie française résulted'évolutions plus ou moins accentuées selon les secteurséconomiques : forte dans les industries agroalimentaireset les biens intermédiaires, plus modérée dans les biens de

Définitions

La valeur ajoutée produite définie par la Centrale de bilans est is-sue de la nouvelle méthodologie visant à retraiter certaines chargeset subventions afin d’obtenir un solde plus significatif au plan éco-nomique. À partir de la notion de valeur ajoutée du Plan comptablegénéral 82 sont ajoutées les subventions d’exploitation en complé-ment de prix, ainsi que les loyers de location financement et lescharges de personnel extérieur (ces deux dernières grandeurs étantdéduites des charges externes). Par ailleurs, elle inclut les impôtset taxes.La production globale est égale à la production, à laquelle s’ajou-tent les ventes de marchandises et les subventions d’exploitation encomplément de prix.L’investissement d’exploitation enrichit la notion d’investissementproductif et regroupe tant les acquisitions d’immobilisations corpo-relles qu’incorporelles afin d’apprécier notamment l’effort d’inves-tissement en termes de recherche et développement, formation,élaboration de brevets et logiciels potentiellement porteurs pour ledéveloppement de l’entreprise. L’investissement d’exploitationincorpore également les nouveaux contrats de location-financement(crédit-bail et location financière), dès lors qu’il ne s’agit pas decontrats de " lease-back ". De plus, l’investissement d’exploitationest apprécié hors production immobiliséeLe résultat brut d’exploitation est égal à la valeur ajoutée Centralede bilans, à laquelle on ajoute les autres produits et charges d’ex-ploitation retraités (voir ci-après), moins les impôts, taxes et verse-ments assimilés et les charges de personnel (salaires, chargessociales et personnel extérieur).Les autres produits et charges retraités relèvent de l’exploita-tion, et représentent moins de 1 % de la valeur ajoutée. Ils com-prennent les subventions d’exploitation (prime à l’embauche), lesredevances reçues moins celles versées sur brevets, les revenus desimmeubles non affectés aux activités professionnelles, les escomptesde règlement obtenus moins ceux accordés, les revenus sur créancescommerciales moins les intérêts sur dettes commerciales, et enfinles pertes sur créances irrécouvrables ayant un caractère habituelen raison de la nature de l’activité.Le résultat net d’exploitation est le résultat brut d’exploitation,auquel on ajoute le transfert de charges d’exploitation, moins lesdotations d’exploitation aux amortissements et aux provisions (nettesdes reprises) dont les amortissements au crédit-bail.Le résultat brut global est le résultat brut d’exploitation Centrale debilans, plus les opérations hors exploitation (quotes-parts sur opé-rations faites en commun, opérations financières, opérationsexceptionnelles, transferts entre comptes de charges).Le résultat net global est le résultat brut global, moins les dotationsnettes aux amortissements et provisions, plus les subventionsd’investissement au résultat et les transferts de charges à l’actif encharges à répartir.Le capital financier est la somme des capitaux propres appeléset de l’endettement financier, où l’endettement financier est l’en-semble des ressources empruntées (dont celles empruntées augroupe et aux associés).La rentabilité financière est le résultat de l’exercice rapporté auxcapitaux propres appelés. Le résultat de l’exercice est le résultat net global, dont on retrancheles intérêts, les participations des salariés aux fruits de l’expansionet l’impôt sur les bénéfices.Le coût apparent de l’endettement est la part des charges d’intérêtdans l’endettement. Ce ratio, qui rapporte le flux annuel des chargesd’intérêt à l’endettement de fin d’année, ne reflète qu’imparfaite-ment les taux pratiqués, qui ont légèrement augmenté à la fin del’année 1999.Les revenus répartis sont la somme de la valeur ajoutéeCentrale de bilans, des autres produits et charges d’exploitationretraités, des produits et charges hors exploitation et des transfertsde charges globaux. Dans la nouvelle méthodologie Centrale debilans, les revenus répartis correspondent à l’ancienne notionde valeur ajoutée globale (VAG) à laquelle sont ajoutés lesimpôts, taxes et versements assimilés comptabilisés en chargesd’exploitation.

Page 115: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

consommation, et plus restreinte dans l’automobile et lesbiens d’équipement.

L’effort de recherche, de développement, de formation,d’élaboration de brevets et de logiciels, ainsi que les dépensescommerciales (essentiellement publicité), mesuré par lerapport entre les dépenses immatérielles (comptabiliséessoit dans les charges du compte de résultat, soit en investis-sements immatériels) et la valeur ajoutée, est en très légè-re progression en 1999 ; il se situe à 5,9 % (5,5 % en1998).

Comme les deux précédentes années, le taux de dépensesimmatérielles des industries agroalimentaires se détache trèsnettement de celui des autres secteurs. Il traduit la poursuitedu développement des biotechnologies. Ce taux était à14,5 % en 1999, contre 14,1 % en 1998.

Des taux nettement plus faibles sont enregistrés dans lesPME de l’automobile, des biens intermédiaires et des biensd’équipement : respectivement 2,9 %, 2,7 % et 4 % en 1999.Ce taux est toutefois plus élevé, 8,8 %, dans les industries debiens de consommation que dans l’industrie.

L’équipement d’exploitation par salarié (hors terrains etconstructions) s’inscrit dans une tendance à la hausse(+ 5,1 %), passant de 294 kF à 309 kF. La variation a été laplus forte dans les biens de consommation (+ 6,8 %) et dansles biens intermédiaires (+ 6 %), et la plus faible dans lesbiens d’équipement (+ 1 %).

Les besoins en fonds de roulementd’exploitation

Le poids des besoins en fonds de roulement d’exploita-tion exprimé en jours de chiffre d’affaires est resté quasimentstable tous secteurs confondus. En effet, il est passé de 77,2jours en 1998 à 77,5 jours en 1999. La très légère augmenta-tion s’explique par une faible progression du poids des stocks,+ 0,7 jour de chiffre d’affaires, le poids du crédit inter-entreprises s’étant maintenu à 29,3 jours de chiffre d’affaires.

L’étude par secteur révèle des disparités. Mesurés en joursde chiffre d’affaire, les besoins en fonds de roulement d’ex-ploitation dans les PME des industries de biens de consom-mation, de biens intermédiaires et de biens d’équipement sontrelativement proches : respectivement 70,9 jours, 73,1 jourset 70,2 jours.

En revanche, les industries agroalimentaires et l’auto-mobile se démarquent très nettement du constat fait pour l’en-semble des entreprises, largement au-dessus pour les pre-mières, avec des besoins en fonds de roulement représentant98,8 jours de chiffre d’affaires du fait de l’importance desstocks, assez nettement en deçà pour l’industrie automobile,en raison de la pratique généralisée de la gestion en flux ten-dus (52,6 jours de chiffre d’affaires).

L’analyse des délais de règlement clients et fournisseursfait apparaître une croissance sensible des deux postes.

Les délais de règlement clients, exprimés en jours dechiffres d’affaires, sont passés de 75,1 jours en 1998 à 77,7jours en 1999. Dans le même temps, les délais fournisseursexprimés en jours d’achats ont progressé légèrement plus, de68 jours à 72 jours.

L’examen par secteur met en relief les industries agro-alimentaires et les biens d’équipement par leurs disparitésextrêmes.

L’industrie agroalimentaire présente les délais les plusfaibles tant en termes de délais clients, 52,5 jours de chiffred’affaires, qu’en termes de délais fournisseurs, 59,9 joursd’achats en 1999.

Dans les PME de l’industrie automobile, les délais clientsatteignent 71,1 jours de chiffre d’affaires, les délais fournis-seurs 74 jours d’achats en 1999. Dans les biens de consom-mation, ils ressortent respectivement à 79,2 jours et à 71 jours,et dans les biens intermédiaires à 84,5 jours et 75,6 jours.

À l’autre extrême, les PME de biens d’équipementaffichent des délais clients de 92,5 jours de chiffre d’affai-res et des délais fournisseurs de 83,1 jours d’achats en1999.

Stabilisation des indicateursde résultat et de rentabilité

Les résultats d’exploitationLe taux de résultat brut d’exploitation, qui rapporte le ré-

sultat brut d’exploitation au volume d’affaires hors taxes,constitue une première mesure de la performance industriel-le et commerciale des entreprises. Cet indicateur n’est pasinfluencé par les décisions des chefs d’entreprise en matièrede financement (capitaux propres ou capitaux empruntés) ; ilest donc indépendant de la politique fiscale, de distributionet d’autofinancement.

Le résultat brut d’exploitation est obtenu à partir de lavaleur ajoutée CDB, à laquelle est ajoutée une partie desautres produits et charges retraités.

Le ratio " résultat brut d’exploitation / chiffre d’affaires "demeure stable par rapport à 1998 et s’établit à 9 % du vo-lume d’affaires, l’augmentation de la valeur ajoutée ayant étécompensée par celle des charges de personnel et les impôtset taxes.

Ce ratio s’inscrit en progression de 0,7 point dans le sec-teur automobile (8,6 %) et dans les industries agroalimen-taires (8,1 %), recule de 0,8 point dans les biens de consom-mation (8 %) et reste pratiquement constant dans les deuxautres secteurs.

Le ratio " résultat brut d’exploitation / valeur ajoutée "se stabilise à 26,1 % dans l’industrie manufacturière. Il s’éta-

120

0 5 10 15 20

Industrie

Industriesagroalimentaires

Industrie des biensde consommation

Industrieautomobile

Industrie des biensd’équipement

Industrie des biensintermédiaires

En %

19991998

Taux d’investissement d’exploitation (investissementd’exploitation/valeur ajoutée CDB produite)

Source : Banque de France – Observatoire des entreprises. Mise à jour juin 2000

Page 116: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

blit à 21 % dans les biens d’équipement, à 35,7 % dans les in-dustries agroalimentaires et entre environ 24 %et 26 % dansles autres secteurs.

La rentabilité brute du capital d’exploitation (résultat brutd’exploitation / capital d’exploitation) permet d’apprécierl’efficacité des entreprises dans la mise en œuvre du capitald’exploitation, calculé en additionnant les immobilisationsd’exploitation (incorporelles, corporelles et en location fi-nancement) et le besoin en fonds de roulement d’exploita-tion. Ce ratio fléchit de 0,3 point, de 13,9 % à 13,6 %, en rai-son d’un très léger ralentissement de la vitesse de rotation ducapital d’exploitation (volume d’affaires hors taxes rapportéau capital d’exploitation).

La rentabilité économique progresse de 1,7 point, à 18,4 %,dans l’industrie automobile, de 0,7 point, à 11,8 %, dans lesindustries agroalimentaires, de 0,5 point, à 16,3 %, dans lesbiens d’équipement, mais, en revanche, fléchit de 0,7 point,à 12,8 %, dans les biens intermédiaires et de 1,6 point, à 15,8%, dans les biens de consommation.

La rentabilité nette du capital d’exploitation (résultat net/capital d’exploitation) se tasse également très légèrement, de8,9 % à 8,7 %, soit une baisse de 0,2 point.

Les résultats globauxLes résultats globaux sont calculés après prise en comp-

te des opérations hors exploitation.Le résultat brut global permet d’apprécier la capacité des

entreprises à dégager du profit dans le cadre de l’ensemble deleurs activités d’exploitation, financières et exceptionnelles.Ces résultats correspondent à la rémunération brute (avantamortissements, provisions et impôts) des capitaux.

Le taux de marge brute globale rapportant le " résultatbrut global au volume d’affaires hors taxes " a légèrementprogressé (+ 0,2 point) à 9,5 %. Cette progression a été par-ticulièrement sensible dans l’automobile (+ 1 point), les in-dustries agroalimentaires (+ 0,8 point) et les biens d’équipe-ment (+ 0,5 point).

La rentabilité nette globale du capital financier mesuréepar le ratio " résultat net global / capital financier " se stabi-lise à 11,9 % en 1999, contre 12 % en 1998. Ce très légertassement est dû à l’effet conjugué d’une augmentation mo-dérée des capitaux propres, plus substantielle de l’endette-ment financier, notamment des crédits bancaires courants.

La rentabilité financière permettant de mesurer le rende-ment des capitaux propres croît de 9,2 % à 9,6 % ; cette pro-gression est particulièrement significative dans les industriesagroalimentaires (+ 1,8 point, à 8,4 %), dans l’industrie au-tomobile (+ 3 points, à 17,1 %), dans les biens d’équipement(+ 3,3 points, à 13,7 %), elle fléchit de 1,4 point dans lesbiens de consommation, à 7,7 %, et de 1 point, à 9,9 %, dansles biens intermédiaires.

La rentabilité financière dépend de la rentabilité netteglobale du capital financier, du coût des capitaux empruntéset du taux d'endettement de l'entreprise.

La baisse du coût apparent de l’endettement, de 5,4 % à4,9 % entre 1998 et 1999, explique l'amélioration de la ren-tabilité financière, dans un contexte de stagnation de la ren-tabilité nette globale du capital financier.

Répartition des revenusLes revenus dégagés par l’entreprise au cours d’un exer-

cice sont composés essentiellement de la valeur ajoutée pro-duite et des résultats hors exploitation, notamment financierset exceptionnels. Ils sont répartis entre les différents acteurs :le personnel, les prêteurs, l’État, les associés ou actionnaires,la partie conservée par l’entreprise constituant l’autofinan-cement. Ces revenus ont progressé de 3,9 % par rapport à1998. La croissance de l’activité et des résultats a ainsi contri-bué à l’augmentation des revenus dégagés par l’entreprise,dont la répartition, durant les deux derniers exercices, s’esteffectuée globalement dans des conditions identiques entre lesdifférents acteurs.

L’évolution de la répartition des revenus dégagés parl’entreprise a été caractérisée par un léger fléchissement(- 0,2 point), à 66,9 % de la part revenant au personnel (dontle personnel extérieur mis temporairement à la dispositionde l’entreprise), en raison d'un rythme de progression de lamasse salariale (+ 3,4 %) légèrement inférieur à celui durevenu global.

Les charges de personnel ont progressé dans l’ensembledes grands secteurs économiques en liaison, avec l’accrois-sement des effectifs et la hausse des charges afférentes, à larémunération du personnel extérieur (+9,4 % en moyenne).Les charges sociales ont évolué, pour leur part, au même ryth-me que les salaires et traitements, et ont représenté de l’ordrede 18 % des revenus répartis.

La part des revenus dégagés par l’entreprise affectée auxsalariés est revenue de 71,2 % en 1998 à 68,8 % en 1999 dansl’industrie automobile, de 55,6 % à 54,2 % dans les industriesagroalimentaires, de 74 % à 73,2 % dans les biens d’équipe-ment ; pratiquement stable dans les biens intermédiaires(66,6 %), elle a progressé dans le seul secteur des biens deconsommation, de 69 % en 1998 à 70,5 % en 1999.

Les intérêts versés aux prêteurs ont diminué de l’ordrede 7 % et ne représentaient plus que 2,9 % des revenus répartisen 1999, contre 3,2 % en 1998. Cette baisse est liée à la ré-duction du montant des intérêts consécutive à la diminutionde 0,5 point du coût apparent de l’endettement (5,4 % en1998 à 4,9 % en 1999).

Comme en 1998, une faible part des revenus dégagés parl’entreprise a été versée au groupe et aux associés sous for-me d’intérêts (0,4 %) alors que les ressources mises à la dis-position des entreprises par le groupe progressaient de11,5 % et contribuaient pour 21 % à l’endettement financier,contre 19,6 % en 1998.

Les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté de15,5 % en valeur absolue ; ces derniers ont ainsi reçu, en1999, 4,7 % des revenus répartis, contre 4,2 % en 1998, soitune progression de 0,5 point.

La part revenant à l'État, correspondant à l’ensemble desimpôts versés et non plus au seul impôt sur les sociétés com-me les années précédentes, s’est stabilisée à 11,5 %, soit unpeu plus de 5 % pour l’impôt sur les sociétés et 6,3 % pourles autres impôts et taxes comme en 1998.

Le taux d’épargne de l’entreprise, calculé en rapportantl’autofinancement à l’ensemble des revenus dégagés parl’entreprise, s’est très légèrement redressé, à 14,1 % contre14 % en 1998. Le redressement a été plus sensible dans lesindustries agroalimentaires, 19,8 % contre 17,2 %, et dansl’automobile, 14,5 % contre 10,5 %. En 1999, les PMI ont puconsacrer une part plus importante de leurs revenus quel’année précédente au financement de leur croissance.

121

Page 117: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

La croissance du résultat brut global et la diminution descharges d’intérêt ont desserré la contrainte de solvabilité àcourt terme. En effet, le poids des frais financiers dans le ré-sultat brut global (résultat brut d’exploitation + opérationshors exploitation) a de nouveau diminué dans l’ensemble desPME de l’industrie manufacturière, de 11,7 % en 1998 à10,5 % en 1999.

Ce mouvement de repli a été dû à l’effet conjugué d’uneréduction des intérêts sur endettement (– 7,1 %), en liaisonavec le recul du coût apparent de l’endettement et d’une haus-se du résultat brut d’exploitation.

La baisse des frais financiers au sein des PMI (en %)

1998 1999

Taux de variation des intérêts versés - 3,6 - 7,1

Coût apparent de l’endettement 5,4 4,9

Poids des intérêts/résultat brut global 11,7 10,5Source : Banque de France, Observatoire des entreprises.

La baisse des taux d’intérêt a donc eu un impact direct surle financement des entreprises et contribue à l’allègement dela contrainte de solvabilité.

Financement de l’investissementet du cycle d’exploitation

L’investissement net recense ici les opérations d’acqui-sitions et de cessions d’immobilisations incorporelles, cor-porelles ou financières. Ces investissements nets recouvrent

les investissements d’exploitation hors production immobi-lisée (c’est-à-dire les acquisitions d’immobilisations corpo-relles, incorporelles ainsi que la souscription de nouveauxcontrats de location-financement par le biais du crédit-bailet de la location financière), les acquisitions de participationset titres immobilisés, ainsi que les variations des autres actifsimmobilisés hors charges à répartir, déduction faite des sub-ventions d’investissement reçues et des cessions d’immobi-lisation et de participation.

Le développement de tous ces types d’investissement en-traîne une progression sensible des investissements nets(+ 14,9 % en valeur). Il en résulte que leur couverture parl’autofinancement se dégrade un peu, à 99,9 % contre109,4 % en 1998, et cela malgré la progression de l’épargnedes entreprises. Il en est de même pour la couverture desinvestissements d’exploitation par les ressources internesdégagées par les entreprises et comptabilisées en réservespuisque le ratio autofinancement/investissement d'exploita-tion revient de 106,3% en 1998 à 102,1% en 1999.

Le taux d’autofinancement rapportant l’autofinancementà la formation brute de capital fixe (approchée par les acqui-sitions d’immobilisations corporelles, les immobilisationsnouvelles en crédit-bail hors lease-back et les brevets et lo-giciels acquis) a évolué de façon parallèle, c’est-à-dire en lé-ger repli, de 109,4 % à 104,9 %.

Si les variations des besoins en fonds de roulement et lesvariations de disponibilités et valeurs mobilières de place-ment sont ajoutées aux investissements nets, le taux d’auto-financement se trouve réduit de 89 % en 1998 à 85,5 % en1999.

Renforcement des structuresfinancières

Progression des actifs immobilisésComparativement aux analyses menées précédemment

dans le cadre des études sur la " situation des PMI " et en rai-son d’une révision de la méthodologie de la Centrale de bi-lans, le vocabulaire a évolué. La notion d’emplois nets decessions précédemment retenue n’apparaît plus. Les emploisrecouvrent désormais les divers postes de l’actif du bilan enles regroupant suivant les différentes fonctions principalesque doivent assurer les entreprises.

Les actifs composant les emplois sont constitués :- des actifs d’exploitation : immobilisations corporelles,

immobilisations incorporelles, à l’exclusion des frais d’éta-blissement, de la valeur des biens acquis en crédit-bail oulocation financière ;

- des participations et autres actifs immobilisés horsexploitation, dont les prêts au groupe (part à plus d’un an) ;ces postes relèvent de la fonction financière ;

- des besoins en fonds de roulement d’exploitation et horsexploitation, qui retracent les opérations liées aux fonctionsde répartition (Créances moins les dettes d’impôt sur béné-fices), d’investissement et de désinvestissement (créancesmoins les dettes sur immobilisations) et de financement ;

- de la trésorerie actif (disponibilités, valeurs mobilièresde placement et avances de trésorerie du groupe et des asso-ciés, c’est-à-dire la part à moins d’un an).

122

Charges d'intérêts2,8%

Distributionaux

actionnaires4,7%

Impôts11,5%

Chargesde personnel

66,9%

Taux d'épargne14,1%

Répartition des revenus dégagéspar l’entreprise en 1999

Répartition des revenus dégagéspar l’entreprise en 1998

Source : Banque de France – Observatoire des entreprises. Mise à jour juin 2000

Charges d'intérêts3,2%

Distributionaux

actionnaires4,2%

Impôts11,5%

Chargesde personnel

67,1%

Taux d'épargne14%

Page 118: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

L’actif immobilisé constitué des deux premières compo-santes des emplois a progressé de 6,8 % en 1999.

L’examen de la structure des emplois révèle une relativestabilisation des capitaux investis, c’est-à-dire des actifs im-mobilisés et des besoins en fonds de roulement d’exploitation(90,7 % des emplois en 1999 contre 90,8 % en 1998), ce quireflète une progression (+ 0,7 point) à 64,1 % de la part desactifs immobilisés dans le total des emplois et une bonne maî-trise des besoins en fonds de roulement d’exploitation(26,6 % en 1999 contre 27,4 % en 1998) dans les PMI.

Accroissement des ressources propresLes ressources à la disposition des entreprises sont re-

groupées suivant leur origine économique et sont constituéesde deux grands agrégats : le financement propre et les res-sources de financement externe. Ces ressources ont augmentéde 6,7 % par rapport à 1998.

Le financement propre couvrant, outre les capitaux propresappelés (en progression de 5,3 %), le total des amortisse-ments, les provisions pour risques et charges et les provisionspour dépréciation, a augmenté en 1999, en montant, de 6,3 %par rapport à l’année précédente. En structure, le finance-ment propre a progressé, en 1999, de 0,5 point et représente74,9 % du total des ressources.

Le financement externe ou endettement financier, en pro-gression de 3,9 % par rapport à 1998, est composé des em-prunts (+ 3 %) et de la trésorerie passif.

L’endettement financier a représenté, en 1999, à peineplus du quart du total des ressources (25,1 % contre 25,5 %en 1998). Au sein des ressources externes à la disposition desentreprises, différents mouvements sont constatés au passif dubilan.

Ces évolutions se traduisent par :-une réduction de la part des obligations dans le total des

ressources (de 0,9, à 0,7 %), ces ressources totales étant elles-mêmes en progression sensible par rapport à 1998 ;

-une réduction de 0,5 point de la part relative des em-prunts bancaires à 10,2 % ainsi que de la part des autresemprunts à 1,5 % (1,6 % en 1998) ;

-un accroissement de la part dans les ressources des em-prunts et dettes de trésorerie auprès du groupe et des associés,de 5,5 % à 5,8 %.

La trésorerie passif est constituée essentiellement(à 93,1 %) des crédits bancaires courants et des créances cé-dées non échues. Ces deux composantes représentent, com-me en 1999, 6,9 % des ressources. Le complément recouvreles avances de trésorerie reçues du groupe et des associés(part à moins d’un an des dettes envers le groupe).

L’examen des seuls concours bancaires courants permettoutefois de souligner leur progression (+ 7,7 %) par rapportà leur montant de 1998.

Au total, le renforcement (+ 0,5 point) du financementpropre à près de 75 % des ressources s’est traduit par unecontraction relative de l’endettement, qui représente désormaisà peine plus du quart des ressources.

Les mouvements sur l’endettement reflètent un relatif tas-sement du financement par obligations et emprunts et un re-cours plus important au crédit bancaire à court terme pourfaire face aux besoins financiers engendrés par les opérationsd’exploitation, notamment les besoins en fonds de roulementd’exploitation. Par ailleurs, l’augmentation de la part du grou-

pe et des associés dans les dettes financières confirme le mou-vement d’intégration progressive des PMI dans des groupesde plus en plus importants.

Repli du taux d’endettement financierLe taux d’endettement financier, mesuré par le ratio

" endettement financier/capitaux propres appelés ", s’est re-plié d’un point, de 74 % en 1998 à 73 % en 1999. L’endet-tement des entreprises a certes augmenté mais toutefois dansune proportion moindre que les capitaux propres. Dans cesconditions, l’indépendance financière des entreprises s’estrenforcée.

Le taux d’endettement financier net (rapport aux capi-taux propres appelés de l’endettement financier net, obtenuen déduisant l'actif de trésorerie du total de l’endettementfinancier) confirme le diagnostic précédent puisque le ratiorevient de 44,4 % en 1998 à 43,3 % en 1999. L’évolution destaux d’endettement a été diversifiée selon les secteurs et aété caractérisée par :

- une réduction dans les industries agroalimentaires et lesbiens d’équipement ;

- une très légère progression dans les biens intermédiaires ;- une hausse plus sensible dans les biens de consomma-

tion et l’industrie automobile.

L’analyse de l’endettement financier peut être complétéepar l’examen de ses différentes composantes et permet d’ap-précier notamment le degré de dépendance des entreprisesvis-à-vis du système bancaire grâce au ratio " part des banquesdans l’endettement financier ", qui apprécie la part des em-prunts bancaires, des crédits bancaires courants et créances cé-dées non échues. Ce ratio baisse d’un point, à 68 %, sousl’influence de la réduction des emprunts et prêts à long ter-me auprès des banques.

L’examen de la structure de l’endettement financier desprincipaux secteurs de l’industrie manufacturière montre lepoids prépondérant des emprunts bancaires dans les biens in-termédiaires où, par ailleurs, la proportion des crédits bancairescourants dépasse 30 % de l’endettement.

Le recours des PME aux financements intermédiés, prèsde 75 % des ressources extérieures, y est plus élevé que dansles biens d’équipement (69,1 %), les biens de consommation

123

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50En %

Industrie Agroaliment Biensde conso.

Automobile Biens d'équip.

Biensintermédiaires

ObligationsAutres emprunts

Groupe et associés Emprunts bancairesCrédit bancaire courant

Structure de l’endettement financier en 1999dans différents secteurs de l’industrie manufacturière

Source : Banque de France – Observatoire des entreprises.

Page 119: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

(65,8 %), les industries agroalimentaires (59,7 %) et les PMEde l’industrie automobile (55,7 %). Le financement intermé-dié s’élève à 68 % dans l’ensemble de l’industrie manufac-turière.

La progression de 1,8 point de 21,4 % en 1998 à 23,1 %de l’endettement vis-à-vis du groupe et des associés reflète lerôle croissant de l’appartenance des PMI à un groupe.

Le financement par le groupe et les associés est plus dé-veloppé dans l’industrie agroalimentaire (33,5 %) et l’auto-mobile (38,1 %) en raison de la structure très concentrée decette branche industrielle (groupes constitués par les grandsconstructeurs automobiles et leurs filiales) que dans les autressecteurs manufacturiers.

La part des emprunts bancaires dans l’endettement s’estcontractée, pour ne plus représenter en 1999 que 40,5 % decet endettement financier, contre 42 % en 1998. La compo-sante court terme de l’endettement sous forme de crédits ban-caires courants voit, en revanche, sa part augmenter de 27,1 %à 27,5 %. Ce rapport précise leur part grandissante dans lefinancement de l’ensemble des besoins en fonds de roule-ment, qu’ils soient liés ou non au cycle d’exploitation.

Financement équilibré dans l’industrieÀ la distinction entre financement propre et endettement

financier, peut être ajoutée la notion de financement stableregroupant le financement propre et les emprunts : capitauxempruntés sur le marché financier (obligations) ou auprèsdes tiers, du groupe ou des associés (autres emprunts), em-prunts bancaires à l’exception des crédits bancaires courants.

Pour éviter tout risque de rupture de financement, lescapitaux investis (actifs immobilisés et besoins en fonds deroulement d’exploitation) doivent être adossés à des res-

sources stables. C’est ainsi que le ratio couverture stable descapitaux investis (financement stable / capitaux investis) per-met d’apprécier l’équilibre du financement. Ce ratio s’est éta-bli à 102,1 %, comme en 1998, dans les petites et moyennesentreprises de l’industrie manufacturière.

Ce ratio s’est inscrit à 106 % dans les biens d’équipe-ment. Il progresse de près d’un point, à 105,1 %, dans lesPME du secteur automobile tandis que la couverture se sta-bilise juste en dessous de 105 % dans les biens de consom-mation ; le financement stable a tout juste couvert les capi-taux investis dans les industries agroalimentaires et les biensintermédiaires.

Le financement stable a pour vocation première de fi-nancer les actifs immobilisés : le complément de ressourcesdisponibles ou fonds de roulement net global, soit 28,5 % del’ensemble des ressources à la disposition des entreprisescontre 29,2 % en 1998, a permis de couvrir les besoins enfonds de roulement, en légère contraction (25,7 % des res-sources en 1999 contre 26,4 % en 1998). Dans ces condi-tions, la trésorerie nette (c’est-à-dire le fonds de roulement netglobal, auquel on retranche les besoins en fonds de roule-ment) est demeurée positive en 1999 et s’est stabilisée à2,8 % des ressources, comme en 1998. L’évolution de la tré-sorerie nette (solde entre la trésorerie actif et la trésoreriepassif) a été diversifiée selon les secteurs tout en restant tou-jours positive. Elle s’est élargie dans les industries agroali-mentaires et l’industrie automobile à respectivement 2 % et6,1 % des ressources. Elle s’est stabilisée à 6,6 % des res-sources dans les biens d’équipement, et s’est contractée dansles biens de consommation courante et les biens d’équipe-ment à respectivement 5,6 % et 0,8 % des ressources.

124

Page 120: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Des risques de défaillances endiminution régulière depuis 1993

Le degré de vulnérabilité d'une firme est mesuré par laméthode des scores, qui permet de définir cinq zones derisques (voir Méthodologie statistique).

Les statistiques de répartition des firmes dans ces cinqzones, de 1993 à 1998, donnent une première approche del’évolution globale de l’industrie manufacturière quant aurisque de défaillance.

Pour l’ensemble de l’industrie, l’augmentation régulièredu pourcentage d’entreprises classées dans la zone très fa-vorable, qui est passé de 41,1 % en 1993 à 55,7 % en 1998,et leur diminution dans les zones risquées, montrent une amé-lioration générale de la situation.

Les risques dans l’industrie manufacturièreen % d’entreprises

1993 1994 1995 1996 1997 1998

très risquée (1+2) 10,5 8,8 8,3 7,3 6,5 5,6

risquée (3) 11,2 10,0 9,5 8,5 7,7 6,7

Total risquée 1+2+3 21,7 18,8 17,8 15,8 14,2 12,3

neutre 16,7 15,9 15,6 14,5 13,6 12,9

favorable (5) 20,0 19,8 19,5 19,3 19,1 18,6

très favorable (6+7) 41,1 44,9 46,5 49,8 52,5 55,7

Total favor. 5+6+7 61,1 64,7 66,0 69,1 71,6 74,3Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

Par ailleurs, le nombre de défaillances d’entrepriseseffectivement intervenues dans l’industrie manufacturièredepuis 1990 montre une diminution constante depuis 1993.

Les défaillances d’entreprises de 1990 à 1999dans l’industrie manufacturière

90 91 92 93 94 95 96 97 98 99

6 076 7 026 8 332 9 064 8 068 7 161 7 142 6 591 5 604 5 360Source : Banque de France Observatoire des entreprises

Industrie manufacturière : la cote decrédit à bon niveau en 1998 et 1999

La Banque de France établit, à partir de l'ensemble des élé-ments objectifs en sa possession, une cotation qui synthétisel'appréciation portée, à un moment donné, sur la situationd'une entreprise industrielle et commerciale à l'horizon d'uneannée quant aux crédits et aux paiements (voir méthodologiestatistique).

La mise en perspective sur la période 1995-1999 de lacote de crédit montre une diminution de -7,5 points du pour-centage d’entreprises à cote favorable (cote 3) et, parallèle-ment, une augmentation significative (près de 10 points) dela cote 4 appelant à une attention particulière et une relativestabilité des cotes 5 et 6 regroupées, qui traduisent l'existen-ce de réserves.

Cette observation résulte en partie des nouvelles moda-lités d’attribution plus strictes en matière de cote de crédit 3favorable. Les conditions d’éligibilité ont, en effet, été res-treintes afin d’assurer une meilleure cohérence avec nopartenaires européens.

125

P A R T I E 4

Éléments complémentaires :risques et cotation des entreprises

industrielles en 1998-1999

Mesuré par la méthode des scores, le degré de vulnérabilité des entreprises de l'industrie manufacturièrediminue sur moyenne période. La cote de crédit des entreprises s'améliore, tandis que la part des engagementsbancaires de court terme, a tendance à augmenter.

Page 121: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

La cote de crédit - Industrie manufacturièreen % d’entreprises

Déc. 95 Déc. 96 Déc. 97 Déc. 98 Déc. 99

Opinion favorable.

Cote 3 61,1 60,6 56,9 55,8 53,6

Attention particulière

Cote 4 11,6 14,0 17,3 19,2 21,5

Total favorable

Cote 3+4 72,7 74,6 74,2 75 75,1

Motifs de réserve

Cote 5 19,5 18,3 18,7 18,4 19,0

Graves réserves

Cote 6 7,7 7,1 7,0 6,6 5,9

Total défavorable

Cote 5+6 27,2 25,4 25,7 25,0 24,7Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

La cote de crédit 3 est désormais réservée aux entreprisesqui jouissent du meilleur crédit et dont la capacité de rem-boursement est assurée sans contestation. La cote 3 est consi-dérée depuis juillet 1997 comme une cote d’excellence. Dece fait, il s’est produit un déplacement d’une partie des en-treprises cotées 3 vers la cote 4 dans l’ensemble de l’indus-trie manufacturière. Dans cette période de transition métho-dologique, il semble donc plus pertinent d’examiner lesévolutions des cotes favorables (3 + 4), dont la progressionest de 2,4 points, et des cotes 5 et 6 regroupées.

Centralisation des risques : desengagements bancaires plus courts

En decembre 1993, les crédits bancaires à court terme re-présentaient de l’ordre de 45 % de l’ensemble des engagementsbancaires, les crédits à moyen et long terme en constituaientune autre composante essentielle, de 41 à 42 %.

Structure des engagements bancaires (en %)

Court Terme Moyen Long Terme Crédit-bail

Déc. 1993 45,2 41,1 13,8

Déc. 1994 49,3 37,1 13,5

Déc. 1995 52,9 33,9 13,2

Déc. 1996 51,2 34,6 14,1

Déc. 1997 50,3 35,8 13,9

Déc. 1998 48,8 36,9 14,2

Déc. 1999 50,2 36,5 13,4Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

Au fil des années, la proportion des crédits à court termen’a cessé de progresser, pour atteindre la moitié des créditsoctroyés par les établissements et déclarés à la Centrale desrisques. La proportion des crédits à moyen et long terme necesse de diminuer tout au long de la période alors que l’im-portance du crédit-bail demeure stable.

Encours global de crédit à l’industrieen glissement annuel

03/99/ 04/99/ 05/99/ 06/99/ 07/99/ 08/99/ 09/99/03/98 04/98 05/98 06/98 07/98 08/98 09/98

PME 1,5 1,1 -1,1 0,4 1,9 0,8

GE -5,0 -3,0 -7,7 6,2 10,8 8,0

Total -1,1 -0,6 -3,8 2,7 5,4 3,6

09/99/ 10/99/ 11/99/ 12/99/ 01/00/ 02/00/ 03/00/09/98 10/98 11/98 12/98 01/98 02/98 03/98

PME -0,1 2,1 1,6 2,5 -1,6 -0,7 3,0

GE 10,4 5,3 10,0 14,5 0,4 4,0 9,9

Total 3,9 3,3 4,9 7,2 -0,8 1,2 5,7Source : Service Central des Risques de la Banque de France

126

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

1999199819971996199519941993

En %

Court termeMoyen et long termeCrédit-bail

Évolution de la structure des engagements bancairesde déc. 1993 à déc. 1999

Source : Banque de France – Observatoire des entreprises.

Page 122: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Sont présentées :la banque de comptes harmonisés Bach,la Centrale de bilans de la Banque de France et la mesure du risque,la mesure du degré de vulnérabilité par la méthode des scores,la banque de données Fiben de la Banque de France,la cotation Banque de France,la centralisation des risques.

La base BachLa banque de données sur les comptes harmonisés (Bach) est géréedepuis 1985 à la direction générale des Affaires économiques et fi-nancières (DGII). Elle reprend les comptes agrégés à différents ni-veaux sectoriels de plusieurs pays de la Communauté (Belgique,Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Portugal, Danemark,Suède, Finlande) ainsi que du Japon et des États-Unis. La population des entreprises est segmentée en 3 tailles de classe :petites entreprises (chiffre d’affaires inférieur à 7 millions d’euros),moyennes entreprises (chiffre d’affaires compris entre sept et qua-rante millions d’euros), grandes entreprises (chiffre d’affaires supé-rieur à quarante millions d’euros).Les entreprises sont regroupées en vingt-trois secteurs ou sous-secteurs.Des séries chronologiques d’une durée maximale de 15 ans sontdisponibles.Quatre-vingt-quinze postes incluant l’actif, le passif, le compte derésultat et certains éléments d’information sur l’investissement pourcertains pays sont retenus dans la base.Tous les postes sont présentés sous une forme structurée, c’est-à-dire en pourcentage du total du bilan ou du chiffre d’affaires net. Lescomparaisons en montants nominaux ne sont pas possibles car leschiffres de base sont dérivés d’échantillons non exhaustifs.Grâce aux travaux d’harmonisation effectués :– les comparaisons en évolution sont réalisables ;– les comparaisons en niveau sont plus délicates. Elles exigent, entout état de cause, une bonne connaissance a priori de l’environnementcomptable et financier de chaque pays ;– des travaux sont en cours pour introduire des données et explica-tions spécifiques à chaque pays afin de favoriser une meilleureanalyse.

La Centrale de bilans de la Banque de France et la mesure durisqueLes données sur entreprises sont, pour l’essentiel, collectées par lessuccursales de la Banque de France. L’information traitée est resti-tuée aux entreprises adhérentes de la Centrale de bilans ou mise à ladisposition des établissements de crédit sous forme de modules FIBEN(fichier bancaire des entreprises).La Banque de France a créé en 1969 une Centrale de bilans chargéede recueillir, assembler et analyser les comptes annuels d’un échan-tillon représentatif d’entreprises. Le volontariat des entreprises en estun principe essentiel.La Centrale de bilans exploite, outre les tableaux comptables annuels,une série de renseignements complémentaires, indispensables pourintégrer certaines opérations (crédit-bail par exemple) et analyser defaçon plus précise les modes de financement et en particulier les opé-rations intragroupe.Les principes d’analyse retenus s’articulent autour de quatre proposi-tions :– regrouper les opérations et les éléments du patrimoine selon un clas-sement fonctionnel adapté à l’étude du comportement économique etfinancier de l’entreprise ;– priviliégier l’analyse en termes dynamiques, en mettant l’accent surl’observation directe des flux financiers ;– situer, à l’aide de ratios, l’entreprise dans son environnement pro-fessionnel ;– évaluer, dans la mesure du possible, son degré de vulnérabilité.Les résultats présentés sont obtenus par l’agrégation de données in-dividuelles. Les chiffres de l’ensemble de la population sont donc for-tement affectés par ceux des grandes entreprises. Pour cette raison,une distinction PME/grandes entreprises est systématiquement effec-

tuée. Une révision de la méthodologie propre à la Centrale de bilansa été opérée en 2000.

Mesure du degré de vulnérabilité par la méthode des scoresLe score BDFI s’applique aux sociétés du secteur industriel. La méthodea été mise au point en 1995 par l’Observatoire des entreprises et a pourobjet de dresser une synthèse du comportement de l’entreprise faceau risque de défaillance (cf. M. Bardos : " Le score BDFI : du diagnosticindividuel à l’analyse de portefeuille " - Les études de l’Observatoiredes entreprises, Banque de France, 1998). La valeur du score d’uneentreprise est calculée au titre d’un exercice donné. Plus le score estpositif, plus la situation de l’entreprise est favorable. Plus le score estnégatif, plus la situation de l’entreprise est risquée.L’intensité du risque est évaluée par la probabilité de défaillanceassociée à la valeur du score. Sept classes de risque correspondentaux intervalles du score décrits dans le tableau ci-dessous. À chaquedate, l’entreprise appartient à une des classes de risque.

Classes de risque et probabilités de défaillances

Zone Intervalle de score Classe Probabilité dede risque défaillance

Très, très risquée BDFI < -2,3 1 41 %

Très risquée -2,3 ≤ BDFI < -0,9 2 31%

Risquée -0,9 ≤ BDFI < -0,3 3 20%

Neutre -0,3 ≤ BDFI < +0,3 4 11%

Favorable +0,3 ≤ BDFI < +0,9 5 5%

Très favorable +0,9 ≤ BDFI <+1,6 6 2,5%

Très,très favorable +1,6 ≤ BDFI 7 1,0%Source : Banque de France - Observatoire des entreprises

La banque de données Fiben de la Banque de FrancePour remplir sa fonction de refinancement des créances privées, laBanque de France a constitué un fichier de renseignements qui luipermet de vérifier l’éligibilité de ces créances : le fichier bancaire desentreprises (Fiben).Ce fichier, exclusivement ouvert à la profession bancaire et aux orga-nismes à vocation économique, a progressivement acquis le rôle d’unevéritable banque de données sur les entreprises, que l’évolution desconditions de refinancement de l’économie (notamment dans la dé-termination de l’éligibilité des effets privés aux interventions de laBanque centrale pour le compte du Système européen de banquescentrales sur le marché interbancaire) n’a jamais remis en cause.Il contient des informations à caractère descriptif (cotations, événe-ments judiciaires, événements marquants...) sur plus de 2 millionsd’entreprises et 1 million de dirigeants.Les données disponibles dans la banque de données Fiben sont éga-lement à caractère comptable : 180 000 bilans annuels. Au total, lesinformations collectées sont de nature très diverses : descriptives,comptables et financières, judiciaires ou relatives aux incidents depaiement-effets et aux risques déclarés par les établissements de cré-dit. Toutes ces informations sont mises à jour en temps réel. Ces misesà jour, au nombre de 20 000 quotidiennement, sont effectuées et ex-ploitées par le réseau des 211 succursales de la Banque de France.

La cotation Banque de FranceLa cotation attribuée par la Banque de France, à partir de l’ensembledes éléments objectifs en sa possession, synthétise l’appréciation por-tée, à un moment donné, sur la situation d’une entreprise industrielleet commerciale à l’horizon d’une année.La cotation de la Banque de France obéit à deux finalités.1 - Elle constitue une technique pour déterminer l’éligibilité des effetsprivés.2 - C’est un outil d’analyse qui est utilisé :– par le système bancaire pour apprécier la qualité des débiteurs clientsou prospects ;– par le secrétariat général de la Commission bancaire, dans le cadrede la surveillance et du contrôle prudentiel des établissements decrédit ;

127

Méthodologie statistique

Page 123: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

– par les différentes unités de la Banque (services centraux et comp-toirs) lorsqu’ils sont amenés à apprécier la situation d’une entre-prise.La " cote Banque de France " est composée de trois éléments :– une classe d’activité figurée par une lettre, de A à H, J, N ou X,selon l’importance du chiffre d’affaires,– une cote de crédit figurée par un chiffre : 3, 4, 5 ou 6,– une cote de paiement figurée par un chiffre de 7 à 9.L’entreprise est jugée en fonction des caractéristiques intrinsèques desa situation financière et de sa rentabilité, avec prise en compte desliens de groupe et de la situation des associés. La cote de crédit 3(absence de réserves) représente la meilleure appréciation de l’Institutd’émission. La cote 4 est attribuée à une entreprise dont la situationappelle une attention particulière, la cote 5 à une entreprise dont lasituation motive des réserves, et la cote de crédit 6 (la plus défavorable)traduit l’existence de réserves graves.Il existe trois cotes de paiement : la cote de paiement 7 signifie que lesrèglements ont été ponctuels, la cote de paiement 8 indique quelquesdifficultés de trésorerie qui ne permettent pas de mettre en cause lecrédit de l’entreprise, et la cote de paiement 9 dénote une solvabilitégravement compromise.

La centralisation des risques La centralisation des risques, qui a pour objet la prévention durisque de surendettement, apporte aux banques un élément desécurité en leur fournissant un ensemble de données qui complèteles renseignements qu’elles ont pu recueillir par ailleurs. Elle estaussi une source d’informations essentielles pour les autorités moné-taires.

En fin de mois, chaque guichet des établissements de crédit participantsétablit une déclaration individuelle au nom de chacune des entreprisesdont l’encours de crédits atteint un seuil périodiquement révisé par laBanque de France (500 MF à compter de la centralisation de juillet1997).Cette déclaration mensuelle comporte une décomposition des diffé-rentes catégories de concours utilisés ou disponibles.

Principales catégories déclaréesCourt terme :Comptes ordinaires débiteursAutres créditsMoyen et long terme :Crédits à l’exportationAutres crédits (équipement, habitat et divers)Crédit-bail :Opérations mobilièresOpérations immobilièresAvals et cautions :Ouvertures de crédit :Marges disponibles sur crédits confirmés à termeMarges disponibles sur ouvertures de crédits documentairesTitrisation et billets de trésorerie : Crédits titrisésBillets de trésorerie

Ce fichier central des risques permet d’apporter des informationscomplémentaires sur la nature des engagements bancaires et leurévolution.

128

COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES(1997) : Rapport sur les délais de paiement dans les transactions com-merciales, C (97) 2121, juillet.

CONSEIL NATIONAL DU CRÉDIT ET DU TITRE (1997) :" Cinquième rapport de l’Observatoire des délais de paiement ",septembre.

CONSEIL NATIONAL DU CRÉDIT ET DU TITRE (1998) :" Sixième rapport de l’Observatoire des délais de paiement ",septembre.

DIETSCH M. (1998) : " Atouts et handicaps du crédit client faceau crédit bancaire ", Revue d’économie financière, n° 46, mars1998, pages 175-193.

DIETSCH M. ET KREMP E. (1998) : " Le crédit interentre-prises bénéficie plus aux grandes entreprises qu’aux PME ",Économie et statistique n° 314, pages 25-37.

KREMP E. ET BARDES B. (1997) : " Délais de paiement etsolde du crédit interentreprises de 1988 à 1996 ", Bulletin de laBanque de France, n° 48, dec, pages 143-155.

KREMP E. ET BARDES B. (1998) : " Délais de paiement et

solde du crédit interentreprises de 1988 à 1997 ", Bulletin de laBanque de France, n° 60, dec, pages 109-123.

KREMP E., BARDES B., NIVELAIS M. et TRUY C. (1998): " Délais de paiement et solde du crédit interentreprises : statistiquesde 1988 à 1997 en nomenclature NAF ", Observatoire des entre-prises, 1998, Banque de France.

BARDES B., COCHONNEAU D. ET NIVELAIS M. (1999) :" Délais de paiement et solde du crédit interentreprises : statistiquesde 1989 à 1998 en nomenclature NAF ", Observatoire des entre-prises, 1999, Banque de France.

BARDES B., LECOUPEUR Y. ET PLANES B. (1999) : " Lasituation des entreprises industrielles – Bilan 1998 ", édition 1999,Banque de France, Observatoire des entreprises, septembre.

BARDES B. (2000) : " Délais de paiement et solde du créditinterentreprises de 1989 à 1998 ", Bulletin de la Banque de France,n° 74, février, pages 63-79.

FOUCHER N. ET SAUVÉ A. (2000) : " Premier éclairage surles PME de l’industrie française en 1999 ", Bulletin de la Banquede France, n° 79, juillet.

BIBLIOGRAPHIE

Page 124: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Montée en puissance des fondsd’investissement étrangers

et impact sur la gestiondes entreprises industrielles

Page 125: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Contributions

Ce document est extrait d’une étude commandée par la Digitip, sur proposition de la CPCI.Cette étude a été réalisée sous la direction de Jean-Pierre Ponssard, directeur de recherche au CNRS, laboratoire d’Économétrie de l’École polytechnique, responsable scientifique du projet, avec la collaboration des personnes suivantes :-Marie-Anne Frison-Roche, professeur des universités, Institut de droit économique, fiscal et social de l’universitéParis Dauphine-Wolfgang Dick, professeur de comptabilité, Essec-Ingmar Gehrke, professeur de contrôle de gestion, Essec -Esther Jeffers, maître de conférences, université de Paris 8-Véronique Magnier, maître de conférences, université de Sceaux-Nicolas Mottis, professeur de contrôle de gestion, Essec-Dominique Plihon, professeur des universités, université Paris Nord-Olivier Saulpic, professeur de contrôle de gestion, ESCP-EAP-Hervé Tanguy, directeur de recherche à l’Inra, Loria-Inra et lab. d’Économétrie de l’École polytechnique-Philippe Zarlowski, professeur de comptabilité contrôle, Essec

Page 126: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

SynthèseSynthèseLes investisseurs institutionnels (fonds de pension, fonds mutuels et sociétés d’as-

surance) sont devenus des acteurs majeurs sur les marchés financiers européens parl’importance de leurs transactions et de leurs prises de participation dans le capital desentreprises. La présente étude apporte un éclairage sur les conséquences de cette mon-tée en puissance des fonds d’investissement.

La première partie de l’étude dresse un tableau des différents types d’investisseursinstitutionnels et de leur poids, des modes de gestion des fonds d’investissement, desstratégies de diversification internationale des portefeuilles.

La deuxième partie analyse l’impact de cette montée en puissance des fonds d’in-vestissement, les nouvelles relations entre actionnaires et entreprises, les évolutions ré-centes du gouvernement d’entreprise en France, leurs conséquences sur la gestion in-terne et sur les politiques de rémunération. Centrée sur les entreprises industriellesfrançaises, elle fournit des éléments de comparaison avec les entreprises allemandes.

Un poids dominant des investisseurs américains, mais une gestion souventpassive et tournée vers le marché

L’analyse du montant des actifs gérés par les trois grands types d’investisseurs et pourdifférents pays fait ressortir jusqu’à aujourd’hui la domination écrasante des investis-seurs américains à l’échelle internationale. Les stratégies financières et actionnarialesmenées par ces acteurs, qui tendent à s’uniformiser d’un pays à l’autre, font l’objetd’une analyse détaillée. Les stratégies financières se différencient à deux niveaux,selon que la gestion des fonds d’investissement est interne ou externe (déléguée à desgérants extérieurs) d’une part, et active ou passive (indexée sur des indices boursiers)d’autre part.

Il apparaît que la stratégie financière dominante des fonds d’investissement est denature externe et passive. Quant à l’activisme actionnarial des fonds d’investissement,il est en général plus marqué de la part des fonds de pension. Il prend des formes diverses,telles que les campagnes publiques, les interventions auprès des dirigeants, le vote derésolutions en assemblées d’actionnaires, ou simplement la vente des titres en cas de non-satisfaction des demandes (" vote avec les pieds ").

Mais, au-delà de cette diversité des stratégies, les fonds d’investissement étrangers,anglo-saxons pour la plupart, poursuivent les mêmes objectifs, qui sont principalementde deux ordres :

-1 obtenir le respect de l’objectif de maximisation de la valeur actionnariale -2 promouvoir l’application des principes de gouvernement d’entreprise permet-

tant de garantir les droits des actionnaires minoritaires, ce qui est généralement la situationde ces investisseurs.

Paradoxalement, le poids croissant des investisseurs étrangers en Europe, et enFrance en particulier, semble aller de pair avec une " sous-diversification géographique "de leurs portefeuilles à l’échelle internationale. Ce résultat peut s’expliquer par une pré-férence pour le marché domestique, jugé moins risqué, ainsi que par l’intégration crois-sante des places financières, qui se traduit par une uniformisation des performances deces dernières. Toutefois, on doit s’attendre à une poursuite de la progression de l’influencede ces acteurs, dont les portefeuilles de titres étrangers devraient continuer de croître aucours des prochaines années.

Un changement en profondeur de la culture de l’entreprise et des politiquesde rémunération

La montée en puissance des fonds d’investissement a un impact croissant sur lefonctionnement de l’entreprise, qu’il s’agisse de ses relations avec le marché financier

131

Page 127: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

132

ou bien de la stratégie (recentrage sur le métier de base, politique financière plus acti-ve) et de l’organisation interne (système de pilotage). En France, notamment sous l’im-pulsion des rapports Viénot I et II, on a assisté à un rapprochement des pratiques aveccelles préconisées dans les principes de Corporate Governance (ouverture des conseilsd’administration à des membres indépendants, transparence financière accrue et plus gran-de rapidité de la communication, protection des minoritaires). D’une manière généra-le, les entreprises françaises sont à ce titre plutôt bien évaluées par la communautéfinancière internationale, même si certaines sociétés ont récemment cherché à s’af-franchir de certaines pressions (protections anti-OPA), à l’instar des pratiques encore envigueur il y a quelques années aux États-Unis (à travers les poison pills).

Au niveau de la stratégie et de l’organisation, la diffusion croissante des " nou-veaux " indicateurs de création de valeur s’accompagne dans de nombreuses entreprisesd’un changement en matière de politique de rémunération. Non seulement les cadresdirigeants sont directement intéressés aux résultats financiers de l’entreprise (par exemplepar des stocks options) mais une fraction importante de l’encadrement se voit attribuerdes primes de résultats calculées en fonction d’anticipations boursières. Ces changementsaffectent en profondeur la culture de l’entreprise et tendent à renforcer la vision contrac-tuelle de la firme.

Convergence mondiale, à l’image de l’évolution rapide du modèle rhénanSi cette évolution peut donner le sentiment d’une dérive vers une approche exclu-

sivement actionnariale, on peut aussi penser que d’autres préoccupations, environne-mentales ou éthiques, retrouveront des moyens efficaces pour peser sur les choix desdirigeants, alors même que la relation directe État-industrie ira plutôt en s’estompant.Ces moyens emprunteront des voies réglementaires (loi sur les nouvelles régulationséconomiques) ou tout simplement médiatiques (sunshine regulation).

La situation en Allemagne n’est pas si différente de celle observée en France. Le mo-dèle du capitalisme rhénan semble moins prégnant et nombre d’entreprises ont adoptéla valeur actionnariale comme nouveau credo de management. Les restructurationsfinancières externes, traduisant un dénouement des liens banque-industrie, sont facili-tées par de nouvelles mesures fiscales qui allègent l’imposition des plus values pour lesentreprises. À certains égards, notamment en matière de communication financière, lesentreprises allemandes ont non seulement rattrapé leur retard traditionnel mais devan-cent maintenant leurs homologues françaises (par exemple vis-à-vis de l’adoption denormes comptables internationales).

Cette évolution parallèle des pratiques dans les entreprises traduit certes l’influen-ce croissante des marchés financiers, mais elle trouve également son explication dansun environnement international commun dans lequel la pression concurrentielle struc-ture fortement les degrés de liberté des dirigeants. À l’instar de la politique de la concur-rence, les principes de Corporate Governance relèvent donc d’une vision qui devradépasser les contours d’une analyse purement nationale.

Page 128: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

133

Introduction

Les vingt dernières années ont été marquées par undéveloppement spectaculaire des activités financières dansl’économie mondiale et par la montée en puissance à l’échel-le internationale des investisseurs institutionnels. Ces inves-tisseurs ont multiplié les prises de participation dansles grandes entreprises et sont en mesure de contrôler de ma-nière parfois décisive la gestion de celles-ci. Leur influences’étend désormais au fonctionnement des économies à l’échel-le nationale et internationale. Les investisseurs institu-tionnels constituent à bien des égards un groupe homogènecar leurs intérêts et leurs exigences convergent. Pour autant,une observation attentive montre une grande hétérogénéitédans leur organisation et dans leur manière d’exercer leuraction.

Un certain nombre de travaux ont déjà été réalisés surle fonctionnement et le rôle des investisseurs institutionnels.Leurs analyses montrent que ces acteurs ont une placedésormais essentielle dans l’économie mondiale. Ainsil’OCDE, dans une étude spéciale (1998), a étudié l’influen-ce grandissante des investisseurs institutionnels sur le systè-me financier international et sur le fonctionnement desentreprises industrielles dans le capital desquelles ces inves-tisseurs ont réalisé des prises de participation. En France, lerapport Morin (1998), rédigé à la demande du ministre del’Économie, des Finances et de l’Industrie, conclut que lagestion des grandes entreprises françaises connaît actuellement" une transformation radicale, impulsée de l’extérieur parl’entremise des grands gestionnaires de fonds de pensionaméricains "

La présente étude se propose de prolonger ces réflexionssur deux points. D’une part, dresser une typologie desinvestisseurs institutionnels étrangers, essentiellement amé-ricains, et, d’autre part, identifier les domaines de la gestiondes entreprises industrielles où s’exerce l’influence de cesacteurs.

L’étude est organisée en six sections. Elle analyse d’abordla montée des investisseurs institutionnels étrangers :

- 1 présentation des différents types d’investisseursinstitutionnels,

- 2 typologie des modes de gestion des fonds d’investis-sement,

- 3 stratégies de diversification internationale des porte-feuilles.

Ensuite, elle se penche sur l’impact de la montée en puis-sance des fonds d’investissement sur la gestion des entre-prises :

- 4 dans son contexte général (normes comptables, …),

- 5 en confrontant les propositions des rapports Viénotaux évolutions récentes de la gestion externe des entreprises,

- 6 dans ses effets sur la gestion interne des entreprisesindustrielles françaises.

Une annexe fournit des éléments de comparaison entreles évolutions françaises et allemandes.

L’importance des investisseursinstitutionnels et leur diversité

L’importance des investisseurs institutionnels ressort duvolume des actifs financiers gérés par ceux-ci : près de 26 000Md$ en 1996, d’après les estimations de l’OCDE donnéesdans le tableau 1, ce qui dépasse le PIB global des paysindustrialisés concernés. La croissance de ces actifs a étéextrêmement rapide ces dernières années : +89% de 1990 à1996. On constate également que la propriété de ces actifsest très inégalement répartie entre les pays : la proportion estde 51,5% pour les États-Unis, contre seulement 13,7% pourle Japon, 8,6% pour le Royaume-Uni, 4,9% pour la France et4,5% pour l’Allemagne.

Répartition des portefeuilles d’actifs financiersselon les investisseurs institutionnels des pays

industrialisés (1996)Fonds Cies Soc. Autre* Total

de assu- investis-pension rance sement

en % en % en % en % en % 1000Md$

États-Unis 70 34,5 52 56 51,5 13,3

Japon** - 20 7 35 13,7 3,5

Royaume-Uni 13 12 5 - 8,6 2,2

France 0 8 9 - 4,9 1,2

Allemagne 1 8 6 - 4,5 1,1

Pays-Bas 5 2,5 1 - 2,6 0,6

Canada 4 2 2 - 2,2 0,5

Suisse 3 2 1 - 1,7 0,4

Autres 4 11 17 9 10,4 2,71

Total 100 100 100 100 100 26,0

1000 Md$ 6,8 8,7 6,4 3,9 26,0

en % 26 34 25 15 100

dont Europe 21 36,5 34 6 7,0

Source : Annuaire statistique de l’OCDE 1998(*) Selon la typologie adoptée par l’OCDE, les autres formes d’investisseurs institutionnels regroupent lesfondations, les fonds autres que les fonds de retraite gérés par les banques, les partenariats privés d’inves-tissement et autres formes.(**) L’OCDE considère que le portefeuille des fonds de pension japonais ne peut être identifié de façonindépendante car, dans ce pays, les créances et les dettes des fonds de pension sont combinées aveccelles des sociétés d’assurance et des comptes gérés des banques d’épargne et de dépôt (" trust banks ").D’autres organismes internationaux ne tiennent pas compte de cette remarque méthodologique et affectentenviron 9% aux fonds de pension japonais, ce qui a pour effet d’augmenter la part globale gérée par lesfonds de pension de 26% à 29%.

Page 129: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Exprimé en pourcentage du PIB, le poids des actifs géréspar les investisseurs institutionnels est très différent selon lespays :

Actifs totaux des investisseurs institutionnelsen % du PIB (1996)

États- Royaume- Pays- Canada France Japon Allemagne

Unis Uni Bas

181 193 169 95 83 78 50

Source : d’après OCDE (1998)

De nombreux facteurs de développementLe développement considérable des différentes catégo-

ries de fonds d’investissement a été favorisé par plusieursfacteurs (Plihon, 1999). En tout premier lieu, la déréglemen-tation mondiale, en supprimant les obstacles à la circulationdu capital financier, a donné une impulsion sans précédentaux marchés financiers. Du côté des emprunteurs, la montéedes déficits publics dans les principaux pays industrialisés adonné lieu à l’émission d’une dette publique peu risquée etbien rémunérée, qui a contribué au dynamisme des marchésfinanciers depuis les années 1980 (Plihon, 1996). De même,l’importance croissante prise par les fonds propres des en-treprises et des banques, notamment pour faire face auxrisques, a donné un rôle croissant aux marchés boursiers. Lesprogrammes de privatisation ont joué un rôle fondamentaldans la montée en puissance des investisseurs institutionnelsaméricains dans le capital de grandes entreprises européennes,notamment françaises.

Du côté des épargnants, la période prolongée de haussedes prix des actifs au cours des quinze dernières années a euun effet stimulant, en permettant des rendements de porte-feuille élevés. Ce phénomène a été amplifié par l’évolutiongénéralement favorable de la fiscalité de l’épargne, la concur-rence entre places financières entraînant un nivellement parle bas de la pression fiscale. Par ailleurs, la montée de l’in-certitude quant à l’avenir, concernant notamment le finance-ment des retraites, a amené les salariés à accroître leur épargnefinancière de précaution. Enfin, l’expansion des organismesde placement collectif (OPC) est l’expression d’une cultureboursière qui se propage parmi les petits investisseurs, mêmedans les pays où les placements financiers avaient été peudéveloppés dans le passé. Ainsi, en France, un ménage sur troisdétient désormais des actifs financiers, et plus de la moitié dupatrimoine des ménages est constitué par des actifs finan-ciers, contre un tiers dans les années 1970.

Les principales catégoriesd’investisseurs institutionnels

Selon les classifications habituelles, les investisseurs ins-titutionnels (les " zinzins ") regroupent trois types principauxd’institutions : les organismes de placement collectif (OPC),les compagnies d’assurances et les fonds de pension. Le poidsde ces différentes institutions financières est très variable se-lon les pays. Les fonds de pension dominent aux États-Unistandis que les assurances ont le plus gros portefeuille auJapon ; en France, la première place revient aux OPCVM (lesorganismes de placement collectif en valeurs mobilièresregroupent deux catégories d’institutions : les sociétés d’in-vestissement à capital variable (Sicav) et les fonds communsde placement (FCP)).

A l’échelle internationale, les fonds de pension améri-cains ont occupé le devant de la scène au cours de la derniè-re décennie, par l’importance de leurs placements financiersdans l’économie mondiale et par leur activisme en tant qu’ac-tionnaires.

Au centre des relations de gestion collective de porte-feuille se trouve un lot d’actifs dont le rendement est parta-gé entre plusieurs catégories d’acteurs : les propriétaires des

134

Le cadre juridique dans lequel évoluentles fonds d’investissement

L’internationalisation croissante des marchés et des actionnairesmultiplie les situations où les sociétés émettrices ont comme inter-locuteurs directs des trustees ou des nominees, institutions typi-quement anglo-américaines ne trouvant pas, du moins pour le trust,leur équivalent en France :-Le " trust ", né à l’époque élisabéthaine pour contourner l’imposi-tion sur les transferts de fiefs, repose sur la confiance : le constituantdu " trust " confie ses biens à un " trustee ", à charge pour celui-cid’en remettre le revenu ou le capital au bénéficaire, qui peut être soitune tierce personne, soit le constituant. La propriété des biens estpartiellement transférée au trustee, qui doit les administrer et peutles vendre. Le bénéficiaire conservant des droits sur ces biens, il ya dualité de propriété.-Le " nominee ", en sa qualité de mandataire, n’est pas le véritablepropriétaire mais est propriétaire apparent. Les investisseurs insti-tutionnels américains enregistrent ainsi régulièrement leurs partici-pations dans le capital des sociétés cotées par l’intermédiaire de" nominees " (les " money managers "), lesquels agissent pour lecompte desdits investisseurs dont le nom n’apparaîtra pas dans lesregistres des sociétés. Il s’avère impossible, si l’on se contented’examiner les registres des titres nominatifs des sociétés améri-caines, de déterminer avec certitude quels sont leurs actionnairesréels. Le nominee dispose en général d’un mandat permanent de voteaux assemblées générales, licite en common law.

Inscription en compte d’actionnaires en France-Le " trustee " exerce les droits et obligations du propriétaire destitres vis-à-vis de la société émettrice et peut donc être inscrit encompte d’actionnaire. Il peut de même céder ses titres et voter auxassemblées, à charge de remplir ses obligations fiduciaires à l’égarddes bénéficiaires (" fiduciary duties "). -Le " nominee " n’est qu’un intermédiaire et n’a donc pas droit d’ob-tenir son inscription dans les comptes d’actionnaires. Il n’est pasnon plus personnellement titulaire du droit de vote, qui doit être exer-cé par le véritable propriétaire des titres (ou par l’intermédiaire d’unautre actionnaire, ce mandat ne pouvant être permanent), sous pei-ne de sanctions pénales. Plus souple, le droit anglais accepte quel’actionnaire apparent soit inscrit dans les comptes de la société,mais soumet les nominees à une procédure de révélation obligatoirede l’actionnaire réel.

Règles relatives aux franchissements de seuils de participation-Le " trustee " doit être considéré comme un actionnaire à part en-tière en matière de franchissement des seuils. Il doit donc s’acquit-ter des obligations de déclarations qui incombent à tout investis-seur, français ou étranger, acquérant ou cédant une participationlui faisant franchir un seuil. -Le " nominee ", comme mandataire, doit s’acquitter des mêmesobligations, mais il devra déclarer l’identité de l’actionnaire réel. Eneffet, la volonté du législateur français est que soit connu l’action-naire réel. Si plusieurs actionnaires réels ont confié leurs titres à unmême nominee, il peut y avoir action de concert, notamment s’ilacquiert en son nom, ne serait-ce qu’une seule action (il deviendraactionnaire réel) et si les autres actionnaires lui demandent devoter dans un sens convenu aux assemblées générales ; la décla-ration de franchissement de seuil devra alors englober toutes lesparticipations de ces actionnaires

Page 130: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

actifs, les commanditaires, et les professionnels qui gèrentles portefeuilles pour le compte des premiers.

Les règles qui déterminent la répartition des risques etdes rendements entre ces acteurs diffèrent selon les institutions.Les fonds d’investissement américains sont régis par un cadrejuridique particulier, basé sur les notions de " trust " et de" fiducie " (cf. encadré précédent).

A - Les fonds de pensionLes fonds de pension, qui ont pour vocation de financer

les retraites, géraient en 1995 près du tiers des actifs finan-ciers détenus par les investisseurs institutionnels. A l’échel-le mondiale, les actifs des fonds de pension étaient estimés,en 1998, à 11 000 MD$, ce qui représente une progression de64% depuis 1995.

Les fonds de pension se sont surtout développés dans lespays qui pratiquent les systèmes de retraite par capitalisation,en particulier les États-Unis et le Royaume-Uni. En revanche,dans les pays d’Europe continentale, où prédominent les sys-tèmes de retraite par répartition, les fonds de pension ont unpoids encore faible (à l’exception des Pays-Bas et de la Suisse).

Un fonds de pension est une institution financière char-gée de collecter, de détenir et d’investir des actifs en vue d’as-surer le paiement de prestations futures à ses adhérents. Audépart, tant aux États-Unis qu’en Grande-Bretagne, la miseen place des fonds de pension constitue un instrument de ges-tion optimale de la main-d’œuvre. En effet, le recours à desmoyens de production de plus en plus sophistiqués nécessi-te une main-d’œuvre qu’il faut former et dont on veut s’at-tacher les services à long terme en la faisant bénéficier deprestations sociales avantageuses qu’elle ne peut percevoirqu’après avoir travaillé un certain nombre d’années pour lamême entreprise. Avec le temps, et surtout avec la mise enoeuvre de textes législatifs, le fonctionnement des fonds depension devient plus réglementé et formel.

Les fonds de pension en 2000Actifs Actifs/ Plus grand Plus grand

des FP habitant fonds fondsen Md$ en $ public privé

États- 8 078 29 000 TIAA-CREF* General Unis Motors

Japon 1 926 14 000 Local Nippon Governement Telephone

Royaume- 1 261 21 000 Electricity British Uni Supply Group Telecom

Canada 607 20 000 Ontario Canadian Teachers’ National

Suisse 501 69 000 Canton de CIBA-GeigyZurich

Pays-Bas 440 27 000 ABP Philips

Australie 242 13 000 NSW State Telstra Super

Allemagne 199 2 000 nd - Siemens

* Tout en restant le plus grand fonds de pension et en continuant à servir les retraitesdes enseignants américains, Tiaa-Cref a choisi depuis 1997 d’entrer dans le secteur desmutual funds.

Source : Intersec Research Corporation, Pension & Investments. Tableau construit sur la basede projections publiées en 1997.

- Les fonds à prestations définies (DB) : Financés en général par l’employeur, ces fonds s’engagent

à verser aux adhérents lors de leur départ en retraite une pen-sion égale à une fraction de leur salaire sur la base du nombre

d’années d’ancienneté. La pension versée peut être calculéede deux façons différentes, soit en pourcentage du salaire,soit un montant forfaitaire par année travaillée (flat-rate). Le risque financier est assumé par l’entreprise, qui doit cou-vrir les insuffisances de financement éventuelles. En cas defaillite de l’entreprise, ces régimes sont réassurés par l’Étatfédéral à travers la PBGC (Pension Benefit GuarantyCorporation), qui est un fonds de garantie créé par la loi ERI-SA en 1974, chargé de garantir le paiement des pensions duespar les régimes à prestations définies du secteur privé.

- Les fonds à contributions définies (DC) : Dans ce type de fonds, le financement s’effectue de façon

mixte (cotisations salariales et patronales), l’engagement neporte que sur les cotisations et les prestations ne sont pasfixées d’avance. Dans ce cas, la pension versée à chaque ad-hérent est fonction des rendements obtenus sur les place-ments. C’est le bénéficiaire qui supporte la totalité du risque.La plupart des dispositifs à cotisations définies du secteurprivé sont des plans " 401(k) ". Ils sont appelés ainsi enréférence au numéro de l’article du code fiscal qui autoriseles exemptions fiscales sur le financement de ce type de

135

Typologie des modes de gestiondes fonds de pension

Fonds publics Fonds privés(administrations publiques) (entreprises privées)

Parmi les fonds privés, on distingue les plans qui relèvent d’uneseule entreprise (ex : General Motors) de ceux qui relèvent de plu-sieurs employeurs (par branche) et sont gérés paritairement avecles syndicats (6% du total des actifs).

Prestations définies Cotisations définies

La quasi-totalité des nouveaux plans sont à cotisations définies. Etmême, de nombreux plans à prestations définies ont été convertisen plans à cotisations définies au point qu’il y a désormais plus desalariés dans les plans à cotisations définies que dans les plans àprestations définies.

Gestion financière

Gestion externe Gestion mixte Gestion interne(externe + intene)

Une part croissante de la gestion financière des FP est externe,confiée à des money managers ou à des " Mutual funds* " soustrois formes : compte individuel " 401k ", compte séparé (par fondsde pension), compte global (tous fonds confondus)

Gestion financière

Passive (indexée) ActiveLa gestion passive prend une place croissante pour deux raisons :-Contraintes " fiduciaires "-difficultés à " battre le marché "

Stratégie actionnariale

Vote avec Campagnes Intervention Activismeles pieds publiques auprès des dans les

dirigeants assemblées

Les campagnes publiques rendues célèbres par Calpers sont consi-dérées comme moins efficaces que les interventions auprès desdirigeants

(*) Toutes les possibilités ne sont pas représentées, nous avons choisi de ne faire figurer que lescas de figure concernant notre étude. Comme l’illustre l’encadré, les fonds de pension se répartis-sent en deux grandes catégories, selon qu’ils gèrent les retraites des salariés du secteur public oudu secteur privé. Les premiers obéissent à des lois édictées par les États américains. Les secondsrelèvent de la loi américaine ERISA (" Employees’ Retirement Income Security Act "), promulguéeen 1974, et qui distingue deux types de fonds : les fonds DB (" defined benefit ") et les fonds DC(" defined contribution ").

Page 131: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

plan. Ces plans sont établis par l’employeur. La cotisationdu salarié s’élève en moyenne à 6% de son salaire, l’em-ployeur est libre de compléter ou non les cotisations sala-riales.

Jusqu'à la fin des années 80, les régimes à prestationsdéfinies étaient très largement majoritaires, mais, conséquencede l’obligation d’approvisionnement introduite par ERISAen 1974, un vaste mouvement va s’opérer avec la fermeturedes plans à prestations définies et l’ouverture des plans à co-tisations définies, transférant ainsi le risque de l’entrepriseaux salariés. Non seulement les employeurs ne veulent plusprendre ce type d’engagement à long terme, mais l’ensembledes dispositifs et réglementations adoptés en termes de normescomptables et de provisionnement a favorisé le déclin desrégimes à prestations définies et l’essor des régimes à coti-sations définies. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement aucunecréation de dispositifs à prestations définies.

Enfin, il convient de signaler que les syndicats gèrent lesdispositifs multiemployeurs de façon paritaire avec des re-présentants des employeurs. Ces fonds sont appelés " fondssyndicaux " (Union plans), car alors que la structure est pa-ritaire, ce type de fonds est perçu comme étant avant toutgéré par le syndicat. C’est d’ailleurs le nom de ce dernier quifigure sur les chèques que perçoivent les retraités.

Le portefeuille des fonds de pension américains est rela-tivement diversifié. Comme l’indique le tableau 4, celui-cise composait en 1998 à hauteur de 86% d’actifs domestiques.Par ailleurs, les placements en actions sont largement domi-nants, s’élevant à plus de 60% du portefeuille.

Structure du portefeuille des 1 000 principaux fondsde pension américains en 1998

Types d’actifs en % du portefeuille

Actions domestiques 46.2

Actions étrangères 11.8

Obligations domestiques 30.5

Obligations étrangères 2.0

Liquidités 2.3

Actions non cotées 1.9

Actions immoblières 3.3

Financements hypothécaires 0.6

Autres 1.4

Source : " Pension and Investments ", 25 janvier 1999

Il faut noter, pour terminer, qu’une partie des fonds depension, du secteur public en particulier, est aujourd’hui sur-capitalisée, c’est-à-dire que le patrimoine financier accumu-lé par ces derniers a atteint une taille qui dépasse la valeur ac-tualisée de leurs engagements à l’égard de leurs mandats.Cela signifie que, pour ces fonds, le financement des retraitesne devrait soulever aucun problème, d’après les gérants concer-nés. Cette préoccupation concernant le financement des re-traites apparaît d’autant moins importante aux États-Unis quel’âge moyen de départ en retraite est plus tardif et plus flexiblequ’en Europe. Bien entendu, il convient de relativiser ces re-marques en prenant en compte le caractère exceptionnel dela situation boursière américaine actuelle. Or le financementdes retraites par capitalisation est fortement dépendant desperformances des marchés.

B - Les compagnies d’assuranceLes compagnies d’assurance, qui détenaient le plus gros

portefeuille d’actifs financiers en 1995 (voir le 1er tableau), sontdifficiles à distinguer des autres investisseurs institutionnels,des fonds de pension en particulier, si l’on prend comme cri-tère la nature des produits qu’elles offrent. Les compagniesd’assurance-vie en fournissent une illustration : leur activité,qui tient une place importante dans le secteur de l’assurance,repose sur des instruments tels que des rentes ou des contratsde placement garanti, adaptés aux besoins des plans de re-traite individuels ou collectifs. Dans certains pays (Japon,Suisse, Norvège, Danemark), elles peuvent fournir aux fondsde pension des services de gestion de portefeuille. Si l’on re-tient le critère du poids global des actifs financiers gérés parles compagnies d’assurances dans chaque pays, il apparaîtque ce secteur est dominé par les États-Unis et le Japon, qui" pesaient " respectivement environ 3 000 et 2 000 Md$ en1996, suivis du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la France(de 800 à 600 Md$). L’expansion des compagnies d’assu-rance a été globalement plus lente que celle des autresinvestisseurs institutionnels, notamment parce qu’elles sesont développées plus tôt.

Les compagnies d’assurances américaines ont été excluesdu champ de l’étude : étroitement encadrées par les lois desÉtats dans lesquels elles sont établies, elles ont vu de plus enplus les investissements réalisés pour leur propre comptelimités à l’immobilier et aux emprunts bien notés. Les lois leuront laissé un choix total d’investissement pour un pourcen-tage variant de 5 à 20% de leurs actifs, mettant les valeursétrangères en concurrence avec des actions américaines pourcette portion. Aujourd’hui, les sociétés d’assurance améri-caines détiennent pour leur propre compte peu d’actions dansleurs portefeuilles (14%) et une très faible proportion devaleurs étrangères.

C - Les organismes de placementcollectif

Les organismes de placement collectif (OPC) correspon-dent aux " mutual funds " américains et aux OPCVM français.La croissance de cette catégorie d’investisseurs institutionnelsa été très vive au cours des dix dernières années. Ce dyna-misme concerne l’ensemble des pays industrialisés. Il s’ex-plique par le fait que les OPC sont devenus le principal ins-trument de placement en titres négociables pour les particuliers.Le bas niveau de l’apport minimal et leur cadre juridique biendéfini augmentent leur attrait auprès des petits investisseurs.

Les caractéristiques des OPC varient sensiblement selonles pays, notamment en fonction des types de placements ef-fectués. Les placements en actions sont dominants dans lespays anglo-saxons (Royaume-Uni, États-Unis et Canada) oùla culture boursière des épargnants est très développée. EnFrance, comme dans de nombreux pays européens, les OPCmonétaires et obligataires dominent. Cette situation reflèteune préférence plus marquée pour la liquidité des épargnantsdes pays considérés. Elle s’explique aussi par certaines par-ticularités réglementaires, notamment l’interdiction derémunérer les dépôts à vue (cas de la France). C’est aux États-Unis, de loin, que le secteur des OPC est le plus important.En 1998 on comptait 7 790 fonds mutuels gérant 5 500 mil-liards de dollars. La France occupe le deuxième rang mondialdans l’industrie des OPC, loin derrière les États-Unis, maisdevant le Japon et le Luxembourg. Il faut souligner une dif-férence fondamentale entre les industries française et améri-

136

Page 132: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

137

caine des OPC : en France, les OPC sont largement " cap-tives ", au sens où ils sont largement contrôlés par les banques,tandis qu’aux États-Unis ces acteurs sont généralement in-dépendants. Cette différence a des conséquences importantessur les stratégies des OPC dans ces deux pays.

Aux États-Unis, une des exigences importantes est qu’unfonds commun ne puisse pas détenir plus de 15% de sesactifs en valeur non liquides, c’est-à-dire en titres qui ne soientfacilement cessibles sur le marché. Cette exigence s’expliquepar le fait que les fonds communs de placement doivent éva-luer leurs actifs quotidiennement et être en mesure de rem-bourser, dans la journée, un actionnaire désireux de quitter lefonds. En conséquence, les fonds ne seront disposés àacquérir des titres étrangers qu’à la condition qu’ils soientsuffisamment liquides.

Les mutual funds américains participent à la gestion del’épargne retraite. En 1997, ils géraient 35,5% du total desactifs financiers des plans de retraite (fonds de pension or-ganisés par les entreprises, en particulier les plans 401(k),c’est-à-dire les comptes de retraite individuels). C’est l’em-ployeur qui sélectionne l’organisme gestionnaire des plans401(k) ; il choisit plusieurs fonds parmi ceux qui sont offertspar ce gestionnaire, parmi lesquels le salarié pourra choisir.La réglementation requiert que les salariés aient au moins lechoix entre trois fonds, mais typiquement le salarié a plus de8 choix. Les " mutual funds " ont réussi à gagner des parts demarché importantes dans la gestion de l’épargne retraite enoffrant des frais de gestion compétitifs et des services com-me des relevés quotidiens ainsi que la possibilité de modi-fier la composition du portefeuille des plans 401(k) tous lesjours.

Aux États-Unis, les fonds de pension sont actuellement lesinstitutions financières les plus puissantes par le stock desactifs financiers qu’ils gèrent. Toutefois, en termes de crois-sance, les fonds mutuels ont fait preuve d’un plus grand dy-namisme : de 1993 à 1998, la valeur des actifs gérés par lesfonds mutuels a progressé de 163%, ce taux de croissancen’étant que de 96% pour les fonds de pension. Si cet écartde croissance se maintenait, le portefeuille des fonds mutuelsdeviendrait supérieur à celui des fonds de pension d’ici unedizaine d’années.

D - Les fonds spéculatifsLes fonds spéculatifs (hedge funds) constituent une der-

nière catégorie d’institutions de placement qui a beaucoupfait parler d’elle à l’occasion des dernières crises. A la diffé-rence des OPC, les fonds spéculatifs s’adressent à une clien-tèle, composée de personnes physiques ou morales, dispo-sant d’un patrimoine élevé et présentant une plus grandetolérance à l’égard du risque (on parle de " risk lovers "). Enplus des frais de gestion de l’ordre de 2% des actifs gérés,les gestionnaires perçoivent en général une rémunération (au-tour de 20%) directement liée aux performances de leur fondsdont ils détiennent des parts. A la fin de 1997, il y avait en-viron 3 000 fonds spéculatifs, la plupart américains, dont lesavoirs propres atteignaient près de 400 milliards de dollars,ce qui est faible (autour de 1%) par rapport à l’ensemble desactifs gérés par les investisseurs institutionnels.

Bien que certains d’entre eux aient défrayé la chroniquecomme le fonds de George Soros ou dans le cas de Long TermCapital Management (LTCM), ces fonds ne sont pas bien

connus dans leur mode de fonctionnement : ne faisant pasappel à l’épargne publique, ils ne sont pas soumis aux règlesdes organismes de contrôle américains. Ces structures échap-pent aux contrôles et régulations car le nombre d’associés esthabituellement limité à moins de cent, ce qui les dispensedes règles de l’Investment Company Act de 1940 (la barrede 100 associés a été supprimée en juin 1997 pour leshedge funds qui imposent un minimum de 5 millions de dol-lars à l’entrée pour un individu et 25 millions de dollars pourune institution).

Les fonds domiciliés aux États-Unis dominent, mais il ya aussi de nombreux fonds offshore mal recensés. Ces opé-rateurs recourent à l’endettement bancaire, ce qui leur permetde mettre en œuvre des effets de levier importants, et ils uti-lisent une large palette d’instruments financiers (produits dé-rivés, obligations, actions… ). Il existe plusieurs types defonds spéculatifs : les " macro funds ", qui sont les plus nom-breux, prennent des positions spéculatives initiées par desmodifications de l’environnement économique global. Lesvéhicules d’investissement privilégiés sont les monnaies et lestaux d’intérêt. Les "global funds" investissent dans une régionparticulière du monde, et notamment sur les marchés émer-gents où le couple risque - rendement est plus élevé.

Une typologie des modes de gestiondes fonds d’investissement

Divers par leurs statuts, les investisseurs institutionnels lesont aussi par leurs modes de gestion et par leurs politiquesde placement. Les stratégies menées par les investisseurscomportent deux dimensions, l’une financière, l’autreactionnariale, qui seront analysées successivement. On com-mence par dresser une typologie des modes de gestion desfonds d’investissement fondée sur une double distinction :

- gestion interne versus gestion externe - gestion active versus gestion passive ou indexée. On analyse ensuite l’activisme actionnarial des fonds

d’investissement, qui découle largement des objectifs finan-ciers.

Gestion interne ou gestion externedéléguée

Parmi les fonds de pension, certains sont essentiellementgérés de façon interne : c’est le cas de Tiaa-Cref (Teachersinsurance and annuity association - College retirement equi-ties fund, 268 Md$) ou de Swib (State of Wisconsin InvestmentBoard, 61 Md$). D’autres comme Calpers (California PublicEmployees Retirement, 133 Md$), Nyc (New York CityRetirement Systems, 68 Md$) ou Calstrs (California StateTeachers Retirement, 101 Md$) sont gérés de façon externe,c’est-à-dire que la gestion de tout ou partie des actifs estconfiée (déléguée) à des gestionnaires d’actifs extérieurs. Lagestion directe est plus répandue parmi les fonds de pensionprivés que dans les fonds publics.

Le dirigeant du fonds de pension est responsable des dé-cisions de gestion qu’il prend au nom des adhérents du fonds.Il peut décider de gérer l’argent avec l’aide d’une équipe in-terne (in-house management) ou de déléguer la responsabi-lité de la gestion du portefeuille à un gestionnaire externe(outside money manager). Ainsi les responsables d’un fonds

Page 133: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

de pension peuvent déléguer certaines fonctions à des tiers,mais cette délégation n’induit pas un report de leurs respon-sabilités.

Il apparaît que les investisseurs américains ont d’avanta-ge recours à des money managers (gestion externe) pourgérer leurs actifs au niveau international que sur le marchédomestique.

La tendance des dirigeants des fonds à externaliser la ges-tion des actifs s’inscrit dans la logique " fiduciaire " (voirl’encadré) qui conditionne la gouvernance des fonds depension : il s’agit de gérer au mieux l’argent des épargnantsen confiant celle-ci à des " experts ". La loi relative à lagestion des fonds de pension énonce expressément que laresponsabilité du " trustee " ne doit pas être jugée au regarddu succès ou de l’échec d’une décision mais en fonctionde la prudence et du soin mis dans le processus de prise dedécision. C’est donc moins une obligation de résultats quede moyens.

Dans le cas d’une gestion déléguée, le gérant externe,même s’il prend les décisions concernant la gestion du por-tefeuille au nom du dirigeant du fonds, est soumis auxcontraintes de ce dernier, qui lui fixe les limites de son actionen lui désignant, par exemple, l’allocation entre les classesd’actifs, le niveau de risque à prendre, ou le type de gestionactive ou passive à adopter. L’indexation, l’allocation entre lesclasses d’actifs, ou d’autres décisions globales de cet ordre,relèvent de la responsabilité du dirigeant du fonds de pen-sion. Les très grands fonds de pension comme Calpers ontgénéralement leur propre équipe et leur propre budget pourtraiter du gouvernement d’entreprise et des questions qui y sontliées. Mais la plupart des autres fonds de pension demandentà leurs gestionnaires d’exercer à leur place le vote par pro-curation (proxy vote) dans le cadre d’un cahier des charges etde rendre compte après. Des organismes comme l’InstitutionalShareholder Services, Global Proxy Services ou Council ofInstitutional Investors peuvent les conseiller. Quand c’est ungestionnaire externe qui vote, il est en général tenu de suivreun code établi, mais c’est toujours l’administrateur du fondsde pension qui est responsable de la manière dont les votesont eu lieu aux assemblées générales des entreprises. LeCouncil of Institutional Investors demande ainsi aux respon-sables de fonds de pension de surveiller la manière dont lesgérants externes votent dans les conseils d’administration,notamment sur les questions liées au gouvernement d’entre-prise. Selon Brancato (1993), les fonds publics détiennent un

contrôle véritable sur les votes dans 98,9% des cas, alorsque la moyenne est de 66,4% pour les autres types d’inves-tisseurs institutionnels.

Gestion financière activeou gestion passive (indexée)

La gestion peut être active comme dans le cas de SWIBou des grands mutual funds (Fidelity, Vanguard, Templeton)ou essentiellement passive. Dans le premier cas, la techniquedu gestionnaire consiste à sélectionner individuellement lestitres à acheter (stratégie dite de stock picking) afin d’obtenirdes rendements supérieurs à la moyenne du marché. Dans lesecond cas, elle repose sur l’indexation, c’est-à-dire qu’ellereproduit un indice boursier (Calpers, Calstrs, NYC) ; le ges-tionnaire organise alors son portefeuille en suivant la com-position de l’indice. Des stratégies mixtes, combinant unegestion à la fois passive et active peuvent être mises en œuvre.C’est le cas du fonds de pension CREF dont la gestion estlargement indexée (à 80%), le reste du portefeuille faisantl’objet d’une gestion active, avec la possibilité pour le ges-tionnaire de modifier dans ce cas le poids des différentes va-leurs au sein de l’indice (enhanced index, indice amélioré).

La tendance actuelle est plutôt vers la gestion indicielle.Horan (1998) montre ainsi, dans une étude basée sur des don-nées concernant 1 300 portefeuilles institutionnels, que lesactifs des fonds de pension sont le plus souvent investis dansdes fonds indexés : pour un portefeuille d’actions domes-tiques, les actifs des fonds de pension gérés de façon indexéesont sept fois plus importants que les actifs gérés d’une ma-nière active. Dans le cas d’actions internationales, les actifsdes fonds de pension sont gérés trente huit fois plus souventselon une stratégie indexée que par une stratégie active. Ilapparaît, à ce sujet, que les investisseurs américains se réfè-rent massivement pour les placements internationaux à l’in-dice MSCI – EAFE, qui est l’indice de Morgan Stanley pourla zone Europe-Australie-Far East, et non aux indices euro-péens comme Eurostoxx 50 et Eurotop 100.

Il y a plusieurs explications au fait que les gestionnairesdes fonds de pension soient beaucoup plus enclins à favori-ser des modes de gestion axés sur l’indexation. En premier lieu,les coûts de gestion sont moins élevés, puisqu’il n’est pas né-cessaire de faire appel à des spécialistes. Une deuxième rai-son est que la responsabilité des dirigeants est mieux cou-verte car, aux yeux de la loi, ceux-ci peuvent apporter lapreuve, qu’en suivant les indices, ils ont cherché à diversifierleur portefeuille et donc à réduire le risque.

La gestion passive des fonds d’investissement résulte éga-lement d’un effet de taille : la dimension des portefeuillesgérés par ces acteurs est telle qu’il leur est difficile de céder(ou d’acheter) sur le marché une part significative de leurs titressans affecter l’équilibre de ce dernier. Une autre explicationdu rôle prépondérant de la gestion passive est qu’il est deplus en plus difficile de " battre l’indice " en termes de ren-dement. Selon une étude de Sorensen (1998) portant sur lesmarchés américains, la proportion des fonds investis en ac-tions (equity funds) ayant obtenu des performances supé-rieures à celles de l’indice S & P 500 a fortement diminué aucours de la période récente, pour tomber à 11% en 1997. Uneinterprétation de ce résultat est que le marché des actions seraitdevenu plus efficient au sens où, du fait de nombreux arbitrages,les cours des titres sont proches de leur valeur d’équilibre.

138

La responsabilité fiduciaire du " trustee "

Selon la loi ERISA, la responsabilité fiduciaire du " trustee " peutêtre jugée selon les 4 critères suivants :-1 Les décisions ont-elles été prises dans le seul intérêt des parti-cipants ou bénéficiaires du plan ? (principe de loyauté)-2 La décision a-t-elle été prise avec le soin, la prudence, la dili-gence et le talent qu’un homme prudent familier avec ces procé-dures aurait prises dans des circonstances similaires ? (principe dela prudence)-3 L’allocation des actifs est-elle suffisamment diversifiée pour mi-nimiser le risque de grosses pertes ? (sauf si les circonstances mon-trent clairement qu’il est prudent de ne pas le faire)-4 Les actifs sont-ils gérés et les actions sont-elles menées dans lecadre des mandats donnés et dans le champ autorisé par lesdocuments du fonds ?

Page 134: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

En fin de compte, il apparaît que la plus grande partie desactifs détenus par les fonds de pension et les fonds mutuelsaméricains fait l’objet d’une gestion externe et indexée. Ceconstat s’applique particulièrement au cas des investisse-ments internationaux. Le fait que la plupart de ces investis-seurs privilégient une gestion passive, en se référant auxmêmes indices boursiers, contribue à expliquer leur com-portement "moutonnier", ce dernier étant amplifié par l’uti-lisation des nouvelles technologies et du " program trading ".

Des formes d’activisme actionnarialtrès diverses

Plusieurs études portant sur les dix dernières années(C. Brown, 1998, Del Guercio,1996, 1999) montrent qu’il ya plusieurs catégories d’activistes parmi les investisseursinstitutionnels.

Le comportement des hedge funds relève plutôt de la ca-tégorie du " raider " d’entreprise. Ces fonds, contrairement auxmutual funds, tendent à concentrer leurs prises de participa-tion sur une poignée d’entreprises ciblées. La nature concen-trée de leurs investissements font de ces hedge funds une vé-ritable menace pour les entreprises ciblées.

Les fonds mutuels ont plutôt tendance à voter avec lesdirigeants de l’entreprise ou à vendre. Plusieurs facteurs ex-pliquent l’activisme généralement faible des gestionnairesde mutual funds. En premier lieu, la réglementation pousse cesfonds à se diversifier (pas plus de 5% dans une même entre-prise). Par ailleurs, le fait que les souscripteurs puissent reti-rer leur mise à n’importe quel moment pousse les gestion-naires de ces fonds à rechercher les gains maximum à courtterme. La structure de leur portefeuille, leur besoin de liqui-dité, la concurrence sévère n’incitent pas trop ces fonds àpratiquer le corporate governance. Enfin, les gestionnaires deces fonds ne souhaitent généralement pas prendre des initia-tives susceptibles de leur conférer une mauvaise image auprèsdes dirigeants d’entreprises. Ces derniers sont après tout desclients potentiels, et s’opposer à eux pourrait faire perdre lapossibilité de gérer le fonds de pension de l’entreprise.

Del Guercio (1999), Horan (1998) montrent que les ges-tionnaires de fonds de pension ne se comportent pas de lamême façon que les autres investisseurs. Ainsi les fonds depension investissent davantage dans des actions notés A+ parStandard & Poor’s. Ils attribuent cette différence de gestionau mode de rémunération des dirigeants ainsi qu’aux régle-mentations qui régissent la gestion des fonds de pension. Lesresponsables des fonds de pension sont plus que d’autres ré-munérés en fonction de la marge entre la performance de leurportefeuille et celle de l’indice qui sert de benchmark (nor-me). De même, leur responsabilité légale est impliquée si lesrésultats produits sont significativement inférieurs à ceux desbenchmarks utilisés. Les autres investisseurs institutionnelssont régis par des règles moins strictes. Cela explique la ten-dance des gestionnaires de fonds de pension à réduire l’in-certitude de leur revenu et à se protéger des responsabilitésen construisant des portefeuilles indexés.

Enfin, les méthodes utilisées par les fonds de pensionpour atteindre leurs objectifs auprès des entreprises semblentvarier selon leur mode de gestion. Plus un fonds est indexéet géré de façon externe (Calpers, Calstrs, NYC), plus il atendance à recourir à la publicité comme moyen d’interven-tion et d’activisme. Ces fonds ont également plutôt tendan-

ce à exercer leur rôle en soumettant des résolutions aux ac-tionnaires sur des questions comme la structure du conseil, lamotivation des dirigeants ou la suppression de clause anti-OPA. Au contraire SWIB et CREF, qui sont plus actifs et sontgérés d’une manière interne, semblent éviter la publicité et seconcentrer sur des objectifs beaucoup plus étroits et immédiatscomme l’adoption de mesures spécifiques dans le cadre de lagouvernance des entreprises. Romano (1993), Murphy et VanNuys (1994) tentent de relier les méthodes et les objectifsdes dirigeants de fonds de pension à la question du gouver-nement d’entreprise du fonds lui-même. Ils concluent que lesgrands fonds publics n’aboutissent pas, par ce type d’acti-visme, à une maximisation de la performance du fonds maisà une publicité qui profite avant tout aux dirigeants et à leursperspectives de carrière en tant que gestionnaires ou en tantque politiciens.

Par ailleurs de nombreuses études (cf.Romano 1993,Nesbitt 1994, Murphy et Van Nuys 1994,Wahal 1996) mon-trent un manque de consensus dans la littérature anglo-saxon-ne sur l’efficacité de l’activisme des fonds de pension entermes de rendement financier à long et à court termes.

Au total, on constate que l’activisme des fonds d’inves-tissement américains prend des formes variées selon le typede fonds (public, privé), selon son mode de gestion (active –passive, ou interne – externe). Toutefois, la diversité desformes d’action empruntées par les investisseurs ne doit pasfaire perdre de vue que ceux-ci recherchent fondamentale-ment les mêmes objectifs auprès des entreprises dans les-quelles ils prennent des participations le plus souvent mino-ritaires. Comme on le verra plus loin, ces objectifs concernentprincipalement la maximisation de la valeur actionnariale desentreprises, d’une part, et l’application de principes de gou-vernement d’entreprise favorables aux actionnaires minori-taires, d’autre part.

La diversification internationaledes portefeuilles des investisseursinstitutionnels

Les investisseurs institutionnels sont le principal vecteurdes déplacements internationaux d’épargne. On constate, àce sujet, que les investissements de portefeuille - qui cor-respondent aux opérations sur valeurs mobilières effectuéesdans un but de placement financier - sont devenus l’un despostes les plus importants des balances des capitaux des paysindustrialisés ainsi que des pays émergents. Les statistiquesdisponibles montrent, toutefois, que la diversification inter-nationale des investisseurs institutionnels est très inégale se-lon le pays et le type d’investisseur. Il est également manifesteque la part des titres étrangers dans les portefeuilles des in-vestisseurs est relativement faible dans l’ensemble.

Une diversification inégale selonles pays et les investisseurs

La part des titres étrangers dans les portefeuilles des in-vestisseurs institutionnels évolue et on constate des tendancesdifférentes selon le type d’investisseur. Ainsi, les compagniesd’assurance sont les moins diversifiées géographiquement,tandis que les fonds de pension détiennent en moyenne la

139

Page 135: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

part la plus élevée d’actifs étrangers, comme l’indique letableau suivant. Depuis le début des années 90, ces derniersmènent une politique active de diversification internatio-nale.

Part des actifs étrangers au sein des portefeuillesinstitutionnels en 1996

en % Fonds Cies Org. dedu portefeuille de pension d’asurances de placement

total collectif

États-Unis 11 7 7

Japon 23 13 -

Royaume-Uni 28 18 15

Pays-Bas 30 18 7

Suisse 16 - 49

Sources : BRI, OCDE, Fédération européenne des fonds et sociétés d'investissement, Société financière

Selon les pays, l’internationalisation des portefeuilles desfonds d’investissement apparaît très inégale. Les investis-seurs semblent pratiquer une diversification internationalebeaucoup plus poussée aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, enSuisse et au Japon (avec des taux d’internationalisation allanten 1996 de 16% à 49%) qu’aux États-Unis (11% seulementpour les fonds de pension). Il est vrai que, dans le cas des in-vestisseurs américains, cette faible ouverture internationale desportefeuilles est largement compensée par le poids écrasant(égal à 50%) du portefeuille américain à l’échelle mondiale.

On estime que, pris globalement, les placements des fondsde pension américains vont passer de 1 000 à plus de 2 300milliards de dollars de 1996 à 2001. Actuellement, les liqui-dités des fonds investies à l’étranger le sont essentiellementen actions. Une étude menée par la société américaineTechnimetrics montre que les investisseurs institutionnelsaméricains détenaient fin 1997 l’équivalent de 370 Md$ enactions européennes. En 1997, ces derniers ont privilégiél’Europe dans leurs placements en actions non américaines :la Grande-Bretagne (116 milliards de dollars) et les Pays-Bas(75,3 milliards de dollars) sont les deux premières cibles desinvestisseurs américains en termes de stocks d’actions étran-gères. La France est en troisième position, avec 41 Md$ fin1997.

Les 10 principaux investisseurs institutionnelsaméricains en actions étrangères

Rang Investisseur Valeur Valeuren 1997 en 1996

Md$ Md$

1 Capital Research 53,1 40,9

2 Fidelity Management 47,4 36,7

3 Templeton Investment 38,5 28,9

4 Janus 18,9 9,9

5 Merrill Lynch Asset Management 18,8 14,3

6 Putnam 18,4 14,3

7 TIAA-CREF 14,5 14,7

8 Scudder 13,4 11,0

9 Wellington 9,8 9,7

10 New Jersey Division of Investment 8,7 6,1

Source : Technimetrics, 1998 International Target Cities Report

Aux États-Unis, General Electric Company demeure lacompagnie préférée des investisseurs institutionnels améri-cains ; hors des États-Unis, c’est depuis 1993 la Royal DutchPetroleum Company (33,7 Md$ en 1997). La détention par les

institutionnels américains dans les valeurseuropéennes (25 premières entreprises) fait apparaître ElfAquitaine à la neuvième position (6,1 Md$), Total au dixiè-me rang (3,7 Md$), Alcatel Alsthom au quatorzième(4,6 Md$) et Rhône-Poulenc au vingtième (3,4 Md$).

La présence des investisseursétrangers en France

L’arrivée des investisseurs étrangers sur la scène inter-nationale explique en grande partie le gonflement des tran-sactions, enregistré ces dernières années, sur la plupart desgrandes places financières européennes. Selon une enquête dela Banque de France, les non résidents ont réalisé plus de83% des transactions sur les actions françaises cotées au se-cond trimestre 1988.

Aujourd’hui, l’implication des fonds anglo-saxons sur lemarché financier français est de plus en plus importante.

La part des non résidents dans le capital des entreprisesfrançaises est très significative, qu’il s’agisse des grandesentreprises du CAC 40 ou du tissu de petites et moyennesentreprises à fort potentiel de développement (cf. Le Journaldes Finances du 15 mai 1999).

Cette présence étrangère au sein des sociétés françaisess’est développée à un rythme accéléré, passant de 10% de lacapitalisation boursière de Paris il y a dix ans à environ 35%aujourd’hui, selon la Banque de France. Cette part des in-vestisseurs étrangers atteindrait 50% pour l’ensemble des so-ciétés figurant à l’indice CAC 40, selon le Journal desFinances, comme le montre le tableau 7. Selon cette source,ce niveau serait nettement plus élevé que celui observé dansles autres principaux pays développés où le taux de déten-tion moyen de la capitalisation boursière par les non rési-dents serait de 11% pour le Japon, de 9% en Grande-Bretagne,et de 6% aux États-Unis.

Part des fonds américains dans le capital des grandes entreprises françaises

- en % du capital détenu - sept 1997

Groupes français Fonds américains

Calpers Fidelity Templeton

AGF 0,20 0,09 0,20

Alcatel – Alsthom 0,30 10,04 1,90

AXA – UAP 0,36 0,26 1,06

BNP 0,24 0,15 4,90

Bouygues 0,21 0,05 -

Canal + 0,20 1,31 -

ELF 0,26 0,43 2,10

Générale des Eaux 0,41 0,07 -

Havas 0,21 0,04 -

Paribas 0,21 0,18 -

Saint – Gobain 0,36 0,06 0,17

Société Générale 0,39 0,68 -

Suez – Lyonnaise 0,53 0,13 2,50

Total 0,33 5,14 1,50

Source : Morin (1998) à partir de Sisife - Lerep

Les fonds anglo-saxons, et notamment les fonds de pen-sion, semblent avoir un poids prépondérant dans les prisesde participation. Il apparaît, en revanche, que la part du ca-pital des grandes sociétés françaises détenue par chacun desgrands fonds américains est souvent faible parmi les inves-tisseurs étrangers, comme le montre le tableau suivant. Ce

140

Page 136: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

141

Les investisseurs étrangers dans les entreprises du CAC 40

Société Part du capital détenue par les non résidents Part du capital détenue par les non résidents

(estimation au 1/01/1998) (estimation au 1/01/1999)

Accor 48,2% (institutionnels) 47% (institutionnels)

AGF Avant OPA d’Allianz : 51% Juillet 98 : 75% dont Allianz 51,5%,Allemagne (autres) 7,3%, Grande-Bretagne 10,5%,

Canada et États-Unis 3,4%, Suisse 3,4%, Bénélux 1,7%

Air Liquide Environ 27% Environ 25%Alcatel 50% dont 10% Fidelity (États-Unis) 50%

Axa 38% dont GB 16%, EU 10%, Allemagne 5% et Suisse 2% Fin janv 99 : 44% dont GB 17%, EU 11%,Allemagne 5%, Bénélux 5%, Suisse 3%, autres 3%

Bic Environ 40% Environ 40%

BNP Environ 40% Entre 35% et 40%

Canal + 41% dont Pays-Bas 15%, GB 14%, EU 5% 29.3% détenus par institutionnels étrangers

Cap Gémini Environ 42%, dont deux-tiers d’anglo-saxons Plus des deux tiers du flottant

Carrefour De 25% à 30%, dont 5.14% pour le groupe March (Espagne) Environ 30%

CCF 41.9%, dont 32.5% d’institutionnels 54.5% au 31/12/98, dont Société Suisse 10%,Groupe ING + BHF 7.6%, Taiyo Life 3.7%,

Groupe KBC et New York Life 5.2%,institutionnels étrangers 28%

Danone 40% d’institutionnels étrangers 40%

Dexia France Environ 52% Environ 50%

Elf Aquitaine 56% d’européens (dont français), 26% EU et Japon 57% d’européens (dont français)et 26% pour non européens

Eridania Béghin Say Groupe Montedison 50.4%, GB 15.6%, EU 10%, Italie 9.6% Groupe Montedison 50.6%, anglo-saxons 22%

France Télécom Environ 7.5% d’institutionnels, essentiellement anglo-saxons Données non communiquées

Lafarge 38% 42%

Legrand 21% 20%

L’Oréal Près de 17% Près de 17%

LVMH 18% 18.1%

Michelin 40%, essentiellement anglo-saxons Entre 40% et 50%

Peugeot 41% dont 30% anglo-saxons Environ 40%

Pinault-Printemps-Redoute 23.3% dont EU 4.2%, GB 7.6%, Suiise 4.8%, Allemagne 4.5% 21.7% dont GB 8.9% et EU 4.8%

Renault 30% dont Templeton 4.96% (GB) Environ 33%

Rhône -Poulenc 51.6% dont EU 30% et GB 13% 54.5%

Saint-Gobain 34% dont GB 12.4%, EU 8%, Suisse 3.4%, Allemagne 1.9% 36% dont GB et EU 23%

Sanofi Entre 20% et 25% 20% à 25%

Schneider 38% dont GB 14%, EU 12%, Europe 10% 31%

Société Générale 46% dont Commercial Union 3 à 5% (GB) et Meiji Life 3 à 5% (Japon) 48.1%

Sodexo - Alliance 21% dont GB 7%, Suisse 5%, EU 3%, Luxembourg 2% 24%

Suez – Lyonnaise des Eaux 40%dont 11% Albert-Frères (Belgique), 10% EU, 10% GB 50% dont 15% GB, 10% EU,107% Electrafina

Thomson-CSF Environ 14% dont GB 5,7%, EU 4,8% 14,6%

Total 47% à 49% dont EU 25% et GB 15% Environ 50% dont 25% EU,20% Europe (hors France), et 5% autres

Valéo 40% dont EU et GB 28%, Bosch 2% (Allemagne) 45% dont EU 20%, GB 15% et autres 10%

Vivendi 42,15% 47,68% dont zone euro 30,55%, GB 8,77%, EU 5%

fait s’explique par la volonté de diversification des place-ments de ces acteurs et par les contraintes réglementaires.Toutefois, leur influence sur les entreprises françaises dé-passe largement le poids des prises de participation.

Il faut toutefois noter que les diverses sources disponiblesne donnent pas les mêmes résultats quant à l’importance dela présence étrangère dans les entreprises françaises. Ainsi,selon une étude récente du Centre de recherche sur l’épargne(Crep), citée par Les Echos des 8 et 9 octobre 1999 et quiutilise d’autres sources statistiques, le taux de détention descapitaux propres des sociétés françaises par les non résidentsserait voisin en France et à l’étranger (cf. tableau).

Taux moyen de détention des capitaux propresdes sociétés européennes par les non résidents

en 1996en % Allemagne Espagne France Italie Roy-Uni

Indice de DAX IBEX CAC MIB FT–SE

référence 30 35 40 30 100

Total 28,5 47,8 28,1 24,0 18,8

Soc. cotées 24,0 38,8 22,1 22,2 19,7

Non cotées 12,7 25,7 16,1 14,0 14,8

Source : Crep, d’après les bases de données Amadeus du bureau Van Djik, et Global Equity Ownershipdu groupe Carson

Selon ces données, c’est en Espagne que le taux de contrô-le étranger serait le plus élevé, les investisseurs français dé-tenant une part importante de ces participations.

Page 137: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

142

Enfin, comme le montre le tableau suivant, si les fonds an-glo-saxons gardent une prédominance très nette, d’autres in-vestisseurs étrangers - trois fonds allemands et un fonds suis-se - ont fait leur apparition et figurent parmi les fonds les plusactifs en France.

Les fonds les plus actifs en FranceValorisation des

Rang Investisseur Pays actions détenuesen MdF

1 Fidelity États-Unis 30,73

2 Franklin Templeton États-Unis 26,7

3 Capital Research États-Unis 21,4

4 TIAA-CREF États-Unis 14

5 T-Rowe Price États-Unis 13,9

6 Merrill Lynch États-Unis 12,2

7 Deutsche Bank Allemagne 12,1

8 Putnam États-Unis 10,8

9 Janus États-Unis 9,7

10 Dresdner Bank Allemagne 8,9

11 Schroder Royaume-Uni 8,5

12 UBS Suisse 7,6

13 Calpers États-Unis 7,5

14 Scudder, Stevens États-Unis 6,5

15 Deka Allemagne 6,4

Sources : CDA Spectrum - Thomson Financial services, Les Echos 9/12/98.

L’influence croissante des investisseurs étrangers dans lagestion des entreprises en France a été illustrée au début de2000 par " l’affaire André ", analysée dans l’encadré.

Vers une poursuite del’internationalisation des portefeuillesdes investisseurs institutionnels ?

Selon la théorie moderne du portefeuille, la diversifica-tion internationale des portefeuilles permet d’éliminer lesrisques " systémiques " qui proviennent des placementslimités aux économies domestiques (Solnik, 1991). End’autres termes, les rendements et les risques des titres d’unemême place sont d’avantage corrélés entre eux que les ren-dements et risques de titres émis sur des places nationalesdifférentes.

Pourtant, les données disponibles tendent à montrer quetoutes les catégories d’investisseurs institutionnels ont desportefeuilles nettement moins diversifiés sur le plan interna-tional que le " portefeuille de marché mondial " défini par lathéorie moderne du portefeuille (Adler et Jorion, 1992). Lesraisons de cette " préférence nationale " seraient les suivantes(OCDE, 1998) :

-La diversification internationale entraîne des risques sup-plémentaires (risque de change, risque de transfert, risque derèglement et risque de liquidité).

-Les avantages de la diversification dépendent de lacatégorie d’actifs concernés et du degré d’intégration desmarchés. Les marchés obligataires sont actuellement mieuxintégrés et plus liquides que les marchés boursiers, notam-ment du fait de l’importance prise par les dettes publiquessans risque des principaux pays industrialisés. Ce faitpourrait contribuer à expliquer le comportement de " sous-diversification internationale " des fonds américains et bri-tanniques plus investis en actions que les fonds d’Europecontinentale.

- Les marchés nationaux des pays anglo-saxons sont plusperformants (au sens de la liquidité et de l’efficience) que lesautres places financières, ce qui incite les principaux inves-tisseurs institutionnels dans le monde à donner la préférenceà leurs marchés domestiques.

- La stratégie de placement des investisseurs institu-tionnels est en partie déterminée par les contraintes imposéespar leur environnement domestique. De nombreux plans de

Un exemple d’activisme :le groupe André

Une première en matière d’intervention des fonds d’investis-sementCe que l’on appelle l’affaire André constitue une première car deuxfonds d’investissement étrangers, le britannique NR Atticus et l’amé-ricain Wyser-Pratte & Co, détenant respectivement environ 32% et9% des droits de vote, ont entendu sortir de l’approche " patrimoniale "traditionnelle pour exercer les droits " politiques " des actionnaireset remettre en cause la gestion par un refus de quitus à l’assemblée.Les fonds entendaient tout à la fois obtenir une sanction de la ges-tion et une modification du conseil d’administration par l’exercicede leurs droits de vote mais en demeurant sous le seuil de déclen-chement d’une OPA obligatoire : ainsi, il s’agissait d’exercer uncontrôle direct sur la gestion sans supporter le coût d’une prise decontrôle.

L’importance des juges à l’égard des parties en présence. Ainsi, une décision de référé du tribunal de commerce de Paris du1er mars 2000 est confortée par un arrêt de la Cour d’appel de Parisdu 15 mars 2000. On remarquera en premier lieu la fulgurance del’intervention judiciaire, ce qui justifie aussi la montée en puissancedu juge, comme étant l’autorité la plus réactive en cas de conflit.Cela permet d’anticiper ce qui sera une judiciarisation du droit dessociétés, à égalité avec sa financiarisation. Sur le fond aussi, l’affaire André est instructive. En effet, les diri-geants inquiets des déclarations des fonds ont saisi le juge pourfaire retarder la date de l’assemblée, ce qu’ils ont obtenu. Les fondssoupçonnant que les dirigeants, par l’exercice de leur pouvoir d’ex-primer la volonté de la société, allaient vendre les actions d’auto-contrôle à un allié, actions qui, cessant d’être détenues par la société,pourraient alors retrouver leur droit de vote, demandent au juge d’in-terdire par provision une telle cession d’autocontrôle. C’est alors une bataille autour de la notion d’intérêt social qui s’en-gage puisque les fonds accusent les dirigeants de faire usage de leurpouvoir afin de préserver leur situation, qui est contraire à l’intérêtsocial, tandis que ceux-ci affirment qu’une telle cession serait fi-nancièrement très profitable à l’intérêt de la société, illustration ducaractère central de cette notion en France. La demande des fondsest finalement rejetée pour le motif suivant : " il ne peut a priori êtreposé en principe que la cession par Groupe André de ses actionsd’autocontrôle portera atteinte à l’intérêt de cette société ; que l’ap-préciation d’une atteinte éventuelle à cet intérêt, qui ne se confondpas avec celui de quelques actionnaires ou groupes d’actionnaires,dépendra des conditions, notamment financières, dans lesquelles in-terviendra la cession ".

Ainsi, pour les juges, l’intérêt social dépasse l’intérêt d’ac-tionnaires particuliers ; on ne peut intervenir qu’a posteriori caron ne peut bloquer en amont le droit fondamental d’aliéner des ac-tions ; l’appréciation en aval dépendra du " juste prix " de la cession.On voit ainsi que les juges prennent le pouvoir d’apprécier l’intérêtsocial, l’équilibre sociétaire et les pouvoirs des dirigeants. En conclusion, même si la demande des fonds est rejetée, ces der-niers ont désormais dans le juge un allié dans l’exercice par princi-pe de leurs droits proprement politiques et non seulement patrimo-niaux. En outre, en 1995, la Cour de cassation avait rappelé auxjuges qu’ils ne doivent pas prendre des décisions à la place des or-ganes de gestion. Dans cette affaire, on voit qu’ils s’en rapprochentde nouveau, par un contrôle très étroit de la substance même desdécisions sociales.

Page 138: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

143

retraite et régimes d’assurance-vie par exemple ont desengagements très précis à respecter en termes de placementssur des titres nationaux. Les réglementations nationales jouentégalement un rôle important. Ainsi les fonds de pensionallemands doivent limiter leurs placements internationaux à4%.

La pratique de plus en plus répandue de la gestion indi-cielle crée un biais en faveur des actifs nationaux dans la me-sure où les indices de référence sont nationaux ; il y a peud’indices internationaux. On peut citer à cet égard les indicesboursiers européens ( Euro Stoxx 50 et Eurotop 100) dont lamise en place récente devrait favoriser des stratégies de pla-cement régionales (zone euro) et non plus nationales enEurope.

Selon certaines analyses, le processus de globalisationfinancière, dont l’une des conséquences majeures est defavoriser l’intégration des marchés financiers à l’échelleinternationale, devrait réduire les avantages des stratégiesde diversification géographique des placements par rapportà la période antérieure. Car l’intégration financière croissan-te conduit à une corrélation accrue des rendements etdes risques entre les différentes places financières nationales.On peut ainsi penser que la dimension sectorielle pourraitprendre de l’importance par rapport à la dimension géo-graphique dans les stratégies de diversification des investis-seurs internationaux. Ce changement est déjà perceptibledans la zone euro où la création d’une monnaie et d’un mar-ché unique a accéléré le processus d’intégration. Les inves-tisseurs américains adoptent deux types de stratégies. Lapremière approche consiste à définir un " portefeuille inter-national ", distinct du portefeuille domestique et à procéderà une allocation " top down ", qui consiste à définir aupréalable une répartition des actifs étrangers par pays ou parsecteur. La deuxième approche, plus récente et moins répan-due, consiste à optimiser un " portefeuille global " dans lequelfigurent l’ensemble des pays, y compris les États-Unis. Lesinvestisseurs procèdent alors à une allocation " bottom up "des actifs, en partant des entreprises cibles à l’échelle mon-diale.

Au total, en dépit des limites mentionnées plus haut, ilsemble que les avantages de la diversification restent positifs(Kessler 1996). On devrait donc assister à une poursuite del’internationalisation des portefeuilles des investisseurs ins-titutionnels dans le futur. En tout état de cause, même si la partdes titres étrangers devait rester stable, le volume des inves-tissements internationaux américains devrait s’accroître dufait de la croissance rapide de la taille globale des portefeuillesd’actifs des investisseurs d’outre-Atlantique au cours des pro-chaines années.

Montée en puissance des fondsd’investissement et impactsur la gestion des entreprises

Le développement de la gestion collective de l'épargne aentraîné une concentration du capital des entreprises entreles mains des investisseurs institutionnels alors que, dans lepassé, l'actionnariat était beaucoup plus dispersé. A titred'illustration, la part des actions détenue par les investisseurs

institutionnels aux États-Unis est passée de 5% en 1946 àplus de 50% (dont 25% détenus par les fonds de pension) en1996. A cette date, environ 55% du capital des entreprisesappartenant à l'indice Standard & Poor’s 500 étaient détenuspar des investisseurs institutionnels.

Cette concentration du capital a entraîné un renforcementdes influences des investisseurs institutionnels sur la gestiondes entreprises. Cette influence s’exerce sur les relations entreactionnaires et entreprises, d’une part, et sur la gestion inter-ne des entreprise, d’autre part.

Le gouvernement d’entreprise : les nouvelles relations entre lesentreprises et les actionnaires

Une des conséquences majeures de la montée en puis-sance des investisseurs institutionnels a été de modifier lesrelations entre les trois principaux partenaires des entreprises,actionnaires, dirigeants et salariés. L'apparition d'actionnairesminoritaires forts constitue un phénomène récent, y comprisaux États-Unis, et peut être analysé comme un facteur deconvergence des modèles traditionnels de gouvernement d'en-treprise (voir encadré)

Par rapport à la situation qui prévaut lorsque l'actionna-riat est très dispersé, les actionnaires institutionnels, de parleur taille, ont intérêt à exercer un contrôle direct ou indirectsur l'action des dirigeants et à essayer de modifier les"règles du jeu" en faveur de leur objectif de maximisationdu couple rentabilité/risque. De manière symétrique, lesactionnaires institutionnels gérant un portefeuille d'actifsfinanciers diversifié n'ont pas les mêmes intérêts qued'éventuels actionnaires de référence détenteurs de blocs decontrôle.

La montée en puissance des investisseurs institutionnels,tant aux États-Unis qu’en Europe, s'accompagne donc de laformulation d'attentes nouvelles et de plus en plus pressantessur différentes dimensions du gouvernement d'entreprise,attentes qui peuvent toutes être rapportées à l'objectif géné-rique de maximisation du couple rentabilité/risque. L'évolutiondes réglementations et des pratiques en matière de gouver-nement d'entreprise dans différents pays fait l'objet d'enquêtesréalisées à l'initiative d'institutions publiques - telles quel'OCDE - ou privées. Le rapport annuel sur le gouvernementd'entreprise publié par Davis Global Advisors, Inc en consti-tue un exemple (Davis Global Advisors, 1999 ; voir aussiNothomb P. et Caprasse J-N. 1998). Dans le rapport de Davis,qui couvre l'Allemagne, les États-Unis, la France, le Japon etle Royaume-Uni, quatre catégories de critères de "bon" gou-vernement ont été définis : structure des organes représen-tant les actionnaires (" board structure ", conseil d’adminis-tration ou conseil de surveillance en France), droits de vote,transparence et barrières anti-OPA. Ces critères sont ensuitedéclinés en plusieurs "indicateurs" et donnent lieu à l'attri-bution d'un score global à chaque pays. Il convient de souli-gner que les principes de gouvernement qui sous-tendent cescritères sont définis du point de vue particulier d'investis-seurs institutionnels gérant des portefeuilles diversifiés et quin'ont pas vocation à intervenir dans la gestion des entreprises.Ces investisseurs cherchent à gérer au mieux leurs partici-pations, donc à apprécier la rentabilité et le risque associé àl'acquisition d'une participation dans une entreprise donnée(exigence de transparence) et de s'assurer que la responsa-

Page 139: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

144

bilité des dirigeants par rapport à ces objectifs sera effecti-vement engagée.

Les quatre critères de gouvernement sont détaillés ci-dessous ; la situation pour la France sera présentée dans lasection suivante.

- Composition du conseil d'administration : le principegénéral consiste à restaurer la fonction de surveillance duconseil d'administration, en tant que représentant de l'intérêtdes actionnaires, vis-à-vis des dirigeants de l'entreprise. La réa-lisation de cet objectif peut être obtenue par la nominationd'administrateurs qui ne soient pas des dirigeants de l'entre-prise, ou d'administrateurs totalement indépendants de l'en-treprise, par une séparation entre les fonctions de président etde directeur général, et par la mise en place de comités spé-cifiques au sein du conseil (comités d'audit, de nomination oude rémunération).

- Droits de vote : trois éléments peuvent être rattachés àce critère : souplesse des procédures en matière d'exercicedu droit de vote et du vote par procuration, susceptibles de fa-ciliter l'exercice du droit de vote pour des actionnaires non ré-sidents, respect du principe "une action, une voix", et étenduedes questions soumises à l'approbation des actionnaires.

- Transparence : l'exigence de transparence porte princi-palement sur deux aspects : l'utilisation de normes comp-tables internationales pour la présentation des comptes pu-bliés par les entreprises (voir encadré sur la diffusion des

normes comptables internationales), la publication de résul-tats trimestriels et la publication d'informations sur la rému-nération des dirigeants.

- Barrières anti-OPA : l'élimination des barrières anti-OPA(votes préférentiels par exemple) doit permettre au marché dela prise de contrôle d'entreprises d'agir comme mode de ré-gulation du comportement des dirigeants, soit de manière pré-ventive (si la menace d'OPA inamicale est jugée crédible parles dirigeants), soit pour sanctionner des comportements nonconformes à l'objectif d'optimisation du couple " rentabili-té/risque " poursuivi par les investisseurs institutionnels.

A ces critères s'ajoute l'existence ou non de codes de"meilleures pratiques" en matière de gouvernement d'entre-prise, qui diffèrent notamment par l'étendue des thèmescouverts et la rigueur des recommandations sur chacund'eux.

Le gouvernement d’entrepriseen France

Pour apprécier l’évolution des performances des entre-prises françaises en matière de gouvernement d’entreprise,l’analyse suivante vise à confronter les évolutions et résultatsconstatés au regard des intentions exprimées, en particulierdans les deux rapports Viénot.

La question du gouvernement d’entreprise se pose pour les firmes ma-nagériales décrites par Berle et Means (1932), dans lesquelles le pou-voir décisionnel est confié à des dirigeants salariés, managers profes-sionnels qui disposent de compétences de gestion dont sont dénués lesactionnaires. Cette dissociation de la propriété et du contrôle crée unesituation d’information asymétrique entre dirigeants et actionnaires, sus-ceptible d’aboutir à une perte de contrôle des actionnaires. Deux mo-dèles de gouvernement d'entreprise, traditionnellement distingués parla littérature académique, permettent aux actionnaires de retrouver unepartie de ce contrôle : le modèle de type "shareholder" (contrôle dit "ex-terne" exercé par les actionnaires) et le modèle de type "stakeholder"(contrôle dit "interne" par différentes parties prenantes à l’entreprise :banques, industrie, salariés, institutions publiques...).

Dans le modèle de type " shareholder " (ou porteur de parts), les mar-chés financiers sont très développés et l’actionnariat atomisé. Le contrô-le de l’action des dirigeants n’est pas exercé à travers les institutions ju-ridiques de gouvernement des entreprises (assemblées généralesd’actionnaires, conseil d’administration) mais de manière externe à tra-vers le marché de la prise de contrôle d’entreprises (menace d’OPA hos-tile qui conduirait au remplacement des équipes dirigeantes en place).La possibilité d’OPA, couplée à des phénomènes de réputation sur lemarché du travail des dirigeants, doit permettre d’aligner le comportementde ces derniers sur l’objectif de création de valeur actionnariale. Le ca-pitalisme anglo-américain était traditionnellement présenté comme exem-plaire de ce mode de régulation.

Dans le modèle de type " stakeholder " (ou porteur de tutelles), les mar-chés financiers sont peu développés et les équipes dirigeantes en pla-ce sont protégées de la menace d’OPA hostile par la présence d'action-naires de référence détenteurs de blocs de contrôle. Dans ce modèle, lacréation de valeur actionnariale n’est pas l’unique objectif assigné aux di-rigeants, qui sont plus enclins que dans le modèle de type " shareholder "à ménager les intérêts de plusieurs parties prenantes à l'entreprise(banques, actionnaires publics, salariés). Le capitalisme rhénan, struc-turé autour des relations banque / industrie et ménageant le dialoguesocial dans l'entreprise (cogestion) constitue un exemple typique de cemodèle de gouvernement. Le contrôle y est assuré de l’intérieur de la

société par la mise en place d’un organe composé d’actionnaires et desalariés spécifiquement en charge de la surveillance des dirigeants.

De l'efficacité relative de ces modèles de gouvernementEn pratique, ces modèles se sont révélés d’une efficacité très relative :En France et en Allemagne, des scandales financiers retentissants (CréditLyonnais, Philipp Holzmann) ont illustré la faible transparence des en-treprises vis-à-vis des actionnaires minoritaires, et le caractère diffus ducontrôle exercé sur les dirigeants par leurs mandants, les uns et lesautres étant insérés dans un système complexe d'intérêts croisés. Aux Etats-Unis, un cadre législatif durablement hostile à la concentrationde l'actionnariat et l'influence exercée par les dirigeants d'entreprise surles instances politiques locales pour autoriser la mise en place de bar-rières anti-OPA ont protégé les dirigeants de la discipline des marchésfinanciers (Roe, 1994). Ces dérives managériales sont à l’origine des réactions du marchéfinancier visant à restaurer des modes de contrôle plus efficaces à tra-vers la mise en place de principes généraux de Corporate Governance.

Convergence vers un modèle hybride ?Plusieurs éléments incitent à formuler pour l’avenir une hypothèse deconvergence entre ces deux modèles vers un modèle hybride. Ce mo-dèle serait caractérisé par un renforcement du contrôle externe exercépar les marchés financiers et donc à la fois par une exigence de trans-parence plus grande et par un recherche constante d’optimisation ducouple risque / rentabilité (emprunt au modèle "shareholder"). Mais l’ob-jectif d'optimisation du couple rentabilité / risque poursuivi par les ges-tionnaires de fonds devra aussi s’accommoder de considérations éthiquesou environnementales. Les médias, en se saisissant de ces thèmes,sont susceptibles de mobiliser l'opinion publique et de constituer à cetitre une force de contrôle importante du comportement des dirigeants.Par ailleurs, l’intervention de l'État à travers les "nouvelles régulations éco-nomiques", en France et en Grande-Bretagne, s'inscrit dans la mêmetendance de diversification des enjeux à prendre en compte par les di-rigeants (emprunt au modèle stakeholder). Cette recherche d’influence,qu’elle soit d’ordre strictement financier ou qu’elle s’attache à desenjeux plus larges, empruntera la voie juridique et réglementaire plutôtque le rapport de force direct.

Vers une convergence des modèles de gouvernement d'entreprise ?

Page 140: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

145

Une volonté de changement…Plusieurs rapports ont été publiés en France à la suite du

Rapport Cadbury (et de son Code of Best Practice) en 1992au Royaume Uni, et de la version des Principles of CorporateGovernance arrêtés en 1994 par l’American Law Institute,ces deux textes prônant le renforcement du rôle du conseild’administration et des actionnaires en tant que contre-pou-voirs. Le rapport Marini publié en France en 1996, et resté àce jour lettre morte, invitait largement à une réforme des so-ciétés en France, et notamment à un renforcement de la pro-tection des minoritaires. Par ailleurs, les deux rapports Viénot,de juillet 1995 et 1999, et plus récemment le projet de loi surles nouvelles régulations économiques (cf. encadré), illus-trent la volonté du patronat et des pouvoirs publics de se rap-procher d’un modèle de gouvernement d’entreprise inspirédes normes anglo-saxonnes.

Les recommandations du premier rapport Viénot de juillet1995 portaient essentiellement sur la mission et les attributionsdes conseils, leur composition et leur fonctionnement. Cerapport n’apportait certes pas de bouleversement majeur à laconception française des conseils d’administration, mais té-moignait très clairement de la volonté des pouvoirs publicset des dirigeants de grandes entreprises françaises de prendreen compte les critiques et demandes des investisseurs insti-tutionnels étrangers. Aussi le rapport recommande-t-il d’in-clure au conseil de chaque société cotée au moins deux ad-ministrateurs indépendants, de limiter à cinq le nombre demandats cumulés par un administrateur et d’œuvrer à la créa-tion d’un comité d’audit ayant pour tâche de s’assurer de lapertinence et de la permanence des méthodes comptablesadoptées. La représentation de minoritaires et de " petits ac-tionnaires " n’a pas été jugée souhaitable, pas plus que la par-ticipation de représentants des salariés aux conseils n’a été re-tenue. Par ailleurs, rien n’a été prévu en ce qui concerne la miseen œuvre des recommandations de ce rapport, qui ne devaitsurtout pas apparaître comme un cadre contraignant pour lesentreprises ni heurter ceux qui, comme l’Association fran-çaise des entreprises privées, récusent toute intervention lé-gislative dans le domaine du gouvernement d’entreprise. Maislà n’était pas la fonction première de ce rapport. Il s’agissaitavant tout d’adresser un signe au marché et de montrer la vo-lonté de poursuivre l’ouverture de la place de Paris aux ac-tionnaires étrangers.

Le rapport Viénot 1999 se rapproche plus que le rapportde 1995 des normes anglo-saxonnes. Il demande que les so-ciétés cotées précisent dans leur rapport annuel l’applicationdes recommandations ou le cas échéant la raison pourlaquelle elles n’auraient pas été mises en œuvre. Un poidsplus important est accordé aux administrateurs indépendants,qui doivent désormais représenter un tiers du conseil d’ad-ministration. Le 2e rapport simplifie la définition de l’indé-pendance, par rapport au premier : " Est indépendant celuiqui n’entretient aucune relation de quelque nature que ce soitavec la société ou son groupe qui puisse compromettre l’exer-cice de sa liberté de jugement ". Une nouvelle structure de SAest offerte en option, celle qui consiste à séparer lesfonctions de président et de directeur-général. Cependant,il rejette la transparence sur les rémunérations individuellesdes dirigeants, pas d’obligation en termes de cumul maxi-mum de mandats d’administrateurs ni de remise en comptedes droits de vote double (le Medef a depuis pris position

La diffusion des normes comptablesinternationales

L'utilisation des référentiels US-GAAP (" US Generally AcceptedAccounting Principles ") et IAS (" International Accounting Standards ")correspond à une demande des investisseurs institutionnels anglo-saxons, qui souhaitent pouvoir effectuer des comparaisons entreles entreprises de différentes nationalités sur la base d'une infor-mation homogène, rigoureuse et présentée en fonction de normesauxquelles ils sont habitués.Les normes US-GAAP, en particulier, se distinguent des autresréférentiels sur deux dimensions principales :-le niveau de détail de l'information demandée : obligation est faitepour les entreprises de publier une information économique trèsdétaillée sur l'activité de l'entreprise, ses risques, ses projets ;-le niveau de détail des normes elles-mêmes : l'objectif poursuivipar les normalisateurs consiste à définir les règles à appliquer danstoutes les situations possibles, sans laisser aucune option à l'en-treprise : un même problème comptable ne doit pas pouvoir êtretraité de deux manières différentes par deux entreprises présentantla même situation économique.

Vers une généralisation des normes IASAprès des négociations à rebondissements, il semble aujourd’huique l’on s’achemine vers une généralisation de l’usage des IAS auniveau international. Malgré les suggestions répétées de la SEC,les grandes sociétés d’audit (Big V) ont finalement décidé de conseillerà leurs clients l’application des IAS plutôt que des US GAAP. Parailleurs, les États Unis ont rejoint les nouvelles structures de l’IASCet participeront donc à leur évolution. Enfin, Bruxelles publiera pro-chainement une ordonnance imposant l’application des normes IASen Europe d’ici 2005.En ce qui concerne l’usage effectif des normes internationales parles entreprises, une analyse empirique sur la période 1985-1996(Dick et Zambon, 1998) montre notamment que :- l'adoption de référentiels comptables non nationaux est un phé-nomène récent, qui s'est accéléré au début des années 1990 ;- ce phénomène était en France plus ancien et de plus grandeampleur qu'en Allemagne.Par exemple, en 1985, 15 entreprises françaises se référaient déjàaux normes US GAAP ou IAS, contre aucune entreprise alleman-de. En 1996, les chiffres étaient respectivement de 55 contre 18.

En retard, l’Allemagne rattrape la France en 1999Au cours des deux dernières années, l'évolution du cadre législatifen Allemagne a modifié considérablement la position relative de cepays par rapport à la France. En 1998, une loi a autorisé les entre-prises allemandes à présenter leurs états financiers consolidés enfonction de principes comptables extérieurs crédibles, tels que lesnormes US GAAP ou IAS.Dès 1999, 63% des entreprises figurant dans l'indice DAX30 utili-saient un référentiel international, contre 13% seulement un an plustôt. Il est d'ailleurs probable que ce phénomène concerne la quasi-totalité des grandes entreprises allemandes en 2000. A titre de com-paraison, 33% des entreprises du CAC 40 utilisaient un référentielinternational en 1999 (et 25% en 1998). Ce phénomène estencore plus manifeste si l'on regarde l'ensemble du marché. Pourles seules normes IAS, l'Allemagne comptait 60 entreprises en1999, contre 13 seulement un an plus tôt. En France, les chiffresétaient de 34 en 1999 et 31 en 1998 (source : Davis Global Advisors,1999).Les entreprises françaises ont ainsi perdu en l'espace d'une annéel'avance qu'elles détenaient de longue date sur les entreprisesallemandes par rapport au critère de transparence de l'informationcomptable. Les dirigeants des grandes entreprises allemandesont donc accédé, sur ce point, aux demandes des investisseursinstitutionnels. D'autres motivations peuvent cependant être envi-sagées à l'adoption de référentiels comptables internationaux :inscription des actions de l'entreprise à la cote du New YorkStock Exchange, réalisation d'un rapprochement capitalistiqueavec une entreprise étrangère sous la forme d'échanges d'ac-tions.

Page 141: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

en faveur d’une transparence des rémunérations des diri-geants).

Enfin, le rapport Viénot II ne remet pas en cause lanotion d’intérêt social (modèle du stakeholder) telle qu’elleexiste dans le droit des sociétés au profit de l’intérêt de l’ac-tionnaire. Ce point est important, car il est l’un des enjeuxde la réforme de la loi du 24 juillet 1966 sur les sociétés,réforme qui traduirait l’évolution d’une conception institu-tionnaliste vers une conception plus contractualiste de lasociété anonyme ; mais ce débat n’est pas tranché par lerapport Viénot. A nouveau, ce rapport n’est revêtu d’aucuneforce juridique contraignante. Il n’en a pas moins exercéune influence certaine sur la pratique des entreprises fran-çaises.

… et des évolutions notables, En France, plusieurs évolutions font apparaître la mise

en conformité partielle des entreprises françaises avec les de-mandes des fonds d’investissement étrangers, via les recom-mandations des rapports Viénot :

- privatisations et disparitions des noyaux dursLes privatisations (Rhône-Poulenc; France Telecom),

l’éclatement des noyaux durs et une réglementation plus stric-te des participations croisées ont entraîné un changementdans la structure de l’actionnariat, devenu plus dispersé. Lafin des participations croisées, en l’absence de fonds d’in-vestissement nationaux, contribue à expliquer la montée enpuissance très rapide des investisseurs étrangers dans le ca-pital des grandes entreprises françaises. La moitié des 40 plusgrandes sociétés cotées (membres du CAC 40) ont ainsi un

noyau dur inférieur à 30% du capital, 15 d’entre elles inférieurà 20%, 5 inférieur à 10%. Selon un rapport récent duCommissariat général du Plan (1999), la progression très ra-pide des investisseurs étrangers s’explique, en grande partie,par le rachat de blocs de participations croisées. La corréla-tion entre faiblesse de l’actionnariat stable et pénétration ducapital étranger dans le capital des sociétés françaisesappartenant au " système " des participations croisées est avé-rée dans la plupart des cas. A titre d’illustration, l’actionna-riat stable d’Elf est (fin 1997) de 8%, la part du capital déte-nue par les investisseurs étrangers de 51%, les valeurscorrespondantes pour Alcatel étant de 7% et 40%, pour laGénérale des Eaux (entre-temps Vivendi), 15% et 42%, pourla BNP 16% et 35%, etc.

- des administrateurs indépendants plus nombreuxLe renforcement du taux d’administrateurs indépendants

au Conseil d’administration (30% des entreprises du CAC40) et la diminution du cumul des mandats ont permis d’amé-liorer nettement la structure des conseils d’administration,qui sont devenus ainsi plus aptes à exercer un réel contrôle dela gestion sociale et à imposer le respect de leurs devoirs auxdirigeants sociaux. Quant au fonctionnement du conseil, lamultiplication des comités d’audit, de rémunération et surtoutdes comités de nomination dans les grandes entreprises fran-çaises (aujourd’hui 3/4 des grandes entreprises contre 1/4 ily a 4 ans) permet de voir que, sur le plan de la direction ad-ministrative, les entreprises françaises ont répondu de ma-nière positive aux exigences des fonds d’investissement étran-gers. Deux réserves peuvent néanmoins être émises : laquestion du cumul à l’intérieur d’un groupe n’est pas abor-

146

Le projet de loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE), amen-dé par les députés et qui doit être examiné par les sénateurs, comporteun volet important sur le gouvernement d’entreprise.

En premier lieu, il est prévu de redistribuer les pouvoirs, le direc-teur général assurant l’administration générale de la société, et le conseild’administration concevant la stratégie d’ensemble et la surveillance decelle-ci. Ainsi, la structure de pouvoir devrait passer d’une concentrationde fait de tous les pouvoirs entre les mains du président du conseil d’ad-ministration à une structure duale, présentée souvent comme étant lacaractéristique du droit allemand. Ce qui constitue la spécificité de la so-ciété anonyme à directoire serait généralisé. Or, la société à directoiren’avait été introduite dans la loi de 1966 que par le biais d’un amende-ment et n’a jamais eu de succès.

En deuxième lieu, le projet de loi entend lutter contre les conflitsd’intérêts. Le contrôle accru des conventions et relations que les admi-nistrateurs entretiennent directement ou indirectement avec la sociétéserait un emprunt au droit anglo-saxon, qui gère les conflits d’intérêts, no-tamment par des procédés de déclaration. Ainsi, le droit français des so-ciétés, qui fut un droit de structure et d’organisation de procédure des pou-voirs de décision, deviendrait un droit de comportement et d’appréciationdes conflits d’intérêts.

En troisième lieu, le projet de loi se caractérise par une distributionde droits processuels aux actionnaires. On peut prendre l’exemplede l’expertise de gestion, plus accessible désormais, et plus puissanteaussi puisque les actionnaires peuvent l’exercer à l’intérieur d’un grou-pe. Cela s’explique d’une part par le constat implicite d’une opposition d’in-térêts entre les actionnaires et les dirigeants, alors que le droit françaisest construit, notamment par l’intérêt social, sur l’idée d’une union des deux.D’autre part, l’idée est qu’en distribuant des droits d’actions, les diri-geants seraient contrôlés et leurs éventuelles fautes révélées, même si

ces droits accroitraient le risque de voir se développer des actions éma-nant d’actionnaires non représentatifs, agressifs, voire de maîtres-chan-teurs. La virtualité du recours au juge serait le mode même de la régu-lation ordinaire des pouvoirs. Les actionnaires deviendraient agents dela légalité.

En quatrième lieu, un des traits les plus frappants de cette loi estla confusion souhaitée entre statut de salarié et statut d’actionnai-re. Cette confusion avait jusqu’ici lieu dans un sens : les managers sa-lariés par le biais des stock options devenaient aussi intéressés et aus-si exposés au risque patrimonial que les actionnaires. Le projet opère laconfusion symétrique, sans doute avec l’idée d’une sorte de compen-sation : désormais, il y aurait un droit des salariés à être titulaire d’uneaction pour pouvoir intervenir aux assemblées. En outre, des droits d’ac-cès au juge semblables à ceux des actionnaires seraient donnés auxcomités d’entreprise. Estimant insuffisante la participation des salariés auconseil d’administration, c’est-à-dire à la prise de décision à l’allemande,la loi reprend la participation sur un autre mode : celui de la participationau contrôle, à l’information et surtout à la contestation. Les conflits col-lectifs du travail feraient leur entrée dans le droit des sociétés.

En cinquième lieu, une volonté de transparence accrueEnfin, sans doute en anticipant la résistance face à la perspectived’adoption d’une structure duale de pouvoir, le projet a pris l’arme de latransparence, transparence des rémunérations pour les dirigeants etles premiers salariés (dans sa version amendée). La transparence estun état qui prend le relais lorsque la régulation n’arrive pas à prendreprise sur les comportements. La transparence est la règle pour lessociétés cotées parce qu’elle est la règle du marché sur lequel ellessont émettrices. Mais ici, la mesure vaudrait aussi pour les sociétésnon cotées. Cela montre que la problématique du gouvernementd’entreprise, jusqu’ici cantonnée aux sociétés cotées, gagne les socié-tés fermées.

Le projet de loi sur les " nouvelles régulations économiques "

Page 142: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

147

dée. Or, elle continue de représenter un inconvénient pourles minoritaires. Par ailleurs, l’examen critique et régulierdes méthodes de gestion du conseil d’administration, néces-saire pour que celui-ci puisse améliorer son rôle, passe maldans les entreprises françaises. En pratique, il est fait appelà un auditeur externe pour opérer une synthèse dont le conseild’administration ne discute que globalement et sans avoir àrendre de comptes.

- des actionnaires aux droits étendusQuant aux droits des actionnaires, ils sont traditionnelle-

ment en France très étendus. La loi autorisant les statuts àprévoir de telles prérogatives, les actionnaires sont en effet ap-pelés à se prononcer sur des décisions de gestion qui ont unimpact important sur la vie des sociétés : approbation descomptes, répartition des bénéfices et distribution des divi-dendes ; émission d’actions nouvelles ; rémunération (glo-bale) des membres du conseil d’administration ; attributionsde stocks options ; approbation des défenses anti-OPA ; li-mitation des droits de vote ...

Dans les législations étrangères, plus soucieuses de né-cessités pratiques, l’assemblée des actionnaires tend, à l’in-verse, à être réduite au rôle de collège électoral. Aux États-Unis, en règle générale, les actionnaires n’interviennent pasdans les affaires ordinaires de la société. Leur rôle se borneà nommer ou changer les " Directors ". Et même, certaines ré-solutions adoptées par l’assemblée générale des actionnairesne seront jamais appliquées, c’est pourquoi les fonds et lesorganismes les représentant se battent pour que la directionsoit tenue par la loi d’appliquer certaines résolutions adoptées(" binding proposals "). En Allemagne, l’assemblée n’estconsultée qu’exceptionnellement, en cas de désaccord entrela direction et le conseil de surveillance, ou au contraire, si cesdeux organes sont d’accord pour solliciter son approbation (art.173, Loi 1965). Cette capacité élargie représente une sourceréelle de pouvoir sur la gestion des dirigeants. Parmi ces pou-voirs, on retrouve d’ailleurs des revendications que les fondsd’investissement étrangers reprennent à leur nom dans leurpropre pays, comme le fait de pouvoir approuver ou refuserla mise en place de défenses anti-OPA.

… mais encore assez spécifiquesLes résultats en matière de gouvernement d’entreprise

ont donc porté leurs fruits et l’appréciation que l’on peut por-ter à cet égard sur l’amélioration de la gestion interne des so-ciétés françaises peut être globalement positive. Néanmoins,sous d’autres aspects, le gouvernement d’entreprise à la fran-çaise reste peu conforme aux évolutions attendues. Sousd’autres encore, on assiste à une forme de " régression " dansle comportement des entreprises françaises. Les critiques lesplus couramment formulées portent sur les cinq points suivants,ordonnés en fonction de la vigueur croissante avec laquelleelles sont émises.

- une notion spécifique subsiste, celle de l’intérêt social Cette notion n’existe pas en droit anglo-saxon. Le

rapport Viénot I insistait sur cette particularité du droit fran-çais et montrait l’attachement des dirigeants d’entreprisesfrançaises à gérer celles-ci non pas dans l’intérêt exclusif desactionnaires, mais dans celui d’autres groupements (lesstakeholders), la somme de ces intérêts constituant cetintérêt propre de l’entreprise qu’est l’intérêt social. Une illus-tration de cette vision globale de l’entreprise, le fait que les

représentants du comité d’entreprise siègent au conseild’administration montre que l’entreprise est considérée enFrance comme autre chose que le bien des seuls actionnaires.De l’avis des fonds d’investissement, cette présence ne sem-ble pas pour autant peser sur le débat relatif au gouverne-ment d’entreprise dans la mesure où elle ne le modifie pasvéritablement. Certains investisseurs américains interrogésen mai 2000 ne sont pas hostiles à un système des représen-tation des salariés dans un comité d’entreprise ou même ausein d’un organe de surveillance, lorsque cela est compatibleavec l’intérêt de l’actionnaire et sous réserve que cela nefasse pas perdre à l’entreprise ses objectifs premiers de per-formance.

- maintien de la confusion entre président et direc-teur-général

Une scission avait été préconisée par le rapport ViénotII. Elle serait plus conforme aux recommandations sur le gou-vernement d’entreprise. Il importe néanmoins de noter que cet-te règle n’est pas non plus universellement reconnue. Il exis-te en effet deux tendances : celle de la séparation entre lesfonctions du " Chairman/CEO " au Royaume-Uni et celle dela confusion. Aux États-Unis, la confusion des pouvoirs sub-siste dans 80% des sociétés cotées. Le projet de loi sur lesNRE prévoit la possibilité d’opter pour une dissociation entrele président du Conseil d’administration et le directeur gé-néral. Mais il reste peu explicite quant au rôle à réserver auconseil d’administration dans ce cas. Le texte énonce qu’il" détermine les orientations de l’activité de la société et veilleà leur application " (art. 56). A-t-il dès lors un simple rôled’orientation stratégique et de surveillance, ou demeure-t-ilplus largement un organe chargé d’administrer la société ?Dans l’esprit des concepteurs de la loi NRE, il s’agit bien detransformer les conseils d’administration en conseil de sur-veillance, l’organisation se faisant sur le modèle de la socié-té allemande à directoire selon les principes préconisés parDominique Schmidt en 1999).

Une réflexion plus approfondie sur le rôle que l’on sou-haite voir jouer au conseil d’administration en cas de disso-ciation des fonctions de président et de directeur généralsemble nécessaire.

- de la transparence des rémunérationsLe rapport Viénot II préconisait la transparence des ré-

munérations des dirigeants sociaux. Cela étant, il restait pru-dent dans la mesure où il appelait à la divulgation des rému-nérations globales des seuls présidents. Le projet de loi sur les" nouvelles régulations économiques ", quant à lui, est plusstrict car il réclame la diffusion des rémunérations de " chaquemandataire social ", mais il reste peu explicite sur la défini-tion de la rémunération même. Il parle de " rémunération to-tale et des avantages de toute nature versés " : faut-il incluredans la rémunération les avantages en nature et les stocks op-tions qui ne sont pas à proprement " versés " aux dirigeantssociaux ? Il n’en reste pas moins que la France dans ce do-maine est en avance sur le reste de l’Europe, Royaume-Uniet Suède exclus. Les Américains sont plutôt favorables à latransparence en matière de stock options. Pour eux, il im-porte autant de connaître la rémunération consentie à chacundes dirigeants, que d’être assurés que les mécanismes etrémunérations incitatifs soient en liaison directe avec lesrésultats et les performances de l’entrepris. En 1995, ledépartement du Travail américain, très attentif à la pratique

Page 143: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

des stocks options, avait lancé une enquête sur la manièredont les fonds de pension remplissaient leur devoir de vote surce point.

- l’exercice du droit de vote reste difficile pour les fondsnon résidents.

Il est alourdi par des délais légaux (les intentions de votesdoivent parvenir à la société 7 jours avant l’AG) ainsi quepar la procédure de dépôt et de blocage des titres plusieurs joursavant la tenue de l’AG, exigences propres au droit français.En outre, la diffusion ou la mise à disposition de propositionsde résolutions n’émanant pas du conseil d’administration estréglementée : par exemple, seuls les actionnaires détenantune certaine fraction du capital, variable selon la taille dessociétés, peuvent présenter des projets de résolution. Parailleurs, la législation sur les sociétés interdit l’exercice d’unmandat de vote si ce n’est par un autre actionnaire (ou leconjoint ; art. 161 Loi 1966), ainsi que le mandat permanentd’actionnaires pour le vote dans les assemblées générales.En conséquence, les votes des actionnaires non résidents nepeuvent qu’être exprimés par correspondance (ce qui est rare),ou par une délégation de pouvoirs en blanc attribuée par lesintermédiaires aux dirigeants, ou enfin par un vote exercé parun intermédiaire-mandataire qui soit en même temps pro-priétaire d’au moins une action de la société dont l’assem-blée générale se tient.

En pratique, il s’avère que les fonds d’investissementétrangers ne votent pas eux-mêmes mais donnent délégationde pouvoir à leurs gestionnaires externes (juridiquement agis-sant à titre de nominees). Ceux-ci ont tendance alors à voterde manière uniforme au nom de plusieurs fonds d’investis-sement dont les intérêts ne convergent pas nécessairement. Enoutre, il suffit à des intermédiaires comme Proxinvest etDéminor de détenir une action à titre personnel dans lessociétés dans lesquelles ils interviennent pour voter au nomde plusieurs centaines de fonds d’investissement. Pour parerpartiellement ce travers, le projet de loi sur les NRE prévoit,dans un chapitre IV, une meilleure identification des action-naires en permettant à la société de demander, à tout momentmais contre rémunération, à l’organisme chargé de lacompensation des titres, l’identité des détenteurs de ses titres(art. 65 ; il ne s’agit en fait que de la généralisation desprocédures de titre au porteur identifiable, selon les principesétablis par l’Ansa, Association nationale des sociétés ano-nymes).

- un décalage persistant par rapport au marchéfinancier

le gouvernement d’entreprise à la française resterait endécalage par rapport au marché financier. Ce décalage estvivement ressenti par les fonds d’investissement. Il semblemême, à écouter - en mai 2000 - certains fonds de pensionaméricains, que les relations qu’entretiennent les entreprisesfrançaises avec leurs actionnaires étrangers se soient dégra-dées récemment, ceux-ci enregistrant la résurgence decomportements " inamicaux " à leur égard. Cette forme de" régression " du gouvernement d’entreprise à la françaiseest selon eux décelable dans l’utilisation largement faitepar les dirigeants d’entreprise de moyens de défensesanti-OPA.

Il s’agit tout d’abord du vote double. Le vote double n’estpas un mal en soi. Il n’est d’ailleurs pas interdit dans la plu-part des pays d’Europe (en Suède, une action peut valoir mil-

le voix !) ni aux États-Unis. En France, cette mesure est lici-te (avant 1930, le droit de vote pouvait être plural), maisl’émission d’actions jouissant d’un tel avantage par rapportaux autres actions est strictement réglementée par la loi de1966 sur les sociétés commerciales. En pratique, l’attribu-tion d’un vote double à certaines actions permet de fidéliserl’actionnaire en le récompensant. En revanche, son utilisa-tion est critiquée par les actionnaires minoritaires, au mêmetitre que les golden shares, quand elle vise à verrouiller le ca-pital d’une société : assorti de pactes d’actionnaires, l’avan-tage du vote double sert alors d’arme anti-OPA. Ces tech-niques sont qualifiées par les fonds americains de " poison pillspremière génération ", par opposition à des techniques ré-centes qui n’empêchent pas la prise de contrôle d’une socié-té mais la rendent plus onéreuse, comme celle des golden pa-rachutes très pratiquée aux États-Unis mais qui, en France, peutêtre jugée contraire à l’intérêt social, et donc illicite. C’estce qui explique qu’aux États-Unis, les places boursières com-me le NYSE interdisent la cotation de titres qui ne respectentpas la règle " une action-un vote ".

La généralisation de cette technique anti-OPA, ajoutée àd’autres, comme la limitation des droits de vote en assem-blée générale ou l’augmentation de capital en cours de pro-cédure d’OPA-OPE (admise par la loi de 1989), constituentl’un des plus grands griefs que les fonds étrangers adressentaujourd’hui à plusieurs grandes entreprises françaises. Bienqu’il faille nuancer l’efficacité de ces mesures (il n’est pas pos-sible de réserver une augmentation de capital à un ou plu-sieurs actionnaires de son choix en cours d’OPA, ce qui rendl’issue de l’opération plus aléatoire ; la violation d’un pacted’actionnaire n’entraînant qu’un phénomène de responsabi-lité et non pas d’invalidation du comportement à premièrevue prohibé par le pacte, les dispositions prises par ces pactesne sont pas nécessairement respectées), elles n’en paraissentpas moins constituer de nouveaux obstacles à l’entrée des in-vestisseurs étrangers dans le capital des entreprises françaises,à l’instar des anciens " noyaux durs " ou des participations croi-sées. Cette situation entraîne une dégradation des relationsentre dirigeants français et actionnaires américains, ce quiexplique que les entreprises françaises perdent aujourd’huil’avantage comparatif dont elles disposaient ces dernièresannées, aux yeux des investisseurs étrangers interrogés, parrapport aux entreprises allemandes et même britanniques, enmatière de gouvernement d’entreprise.

Impact sur la gestioninterne des firmes

L’évolution du rapport de forces entre les actionnaires etles dirigeants d’entreprises a eu des conséquences impor-tantes dans le discours managérial. La création de valeur estde fait devenue une sorte de leitmotiv dans les déclarationsdes dirigeants. C’est maintenant un passage obligé dans lesrapports annuels alors que les dirigeants, il y a quelquesannées, mettaient en avant tantôt la croissance du chiffre d’af-faires ou du bénéfice, tantôt un développement réussi, ouencore une action d’éclat en matière de recherche dévelop-pement.

S’agit-il d’une référence obligée, rhétorique de circons-tance face aux représentants du marché financier derrière

148

Page 144: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

149

laquelle les dirigeants conserveraient une large latitude pourorienter leur entreprise ? Ou bien, ce changement dans leverbe est-il aussi accompagné d’un changement dans lesméthodes mêmes de pilotage de l’entreprise ? Une analyse dé-taillée met en évidence que derrière cette notion se cachenten fait des conséquences importantes au niveau de la poli-tique financière, des choix de politique industrielle etdes systèmes de compensation de l’ensemble de la hiérarchiemanagériale. Au nom de la création de valeur, se mettenteffectivement en place à la fois une nouvelle panoplie d’in-dicateurs et une nouvelle culture d’entreprise.

La création de valeurPour bien comprendre l’importance des idées sous-

jacentes à la notion de création de valeur, il convient d’abordde reconnaître qu’il n’y a là aucun apport conceptuel pro-prement dit. Résumée à sa plus simple expression, la notionde création de valeur n’est qu’une traduction managériale desprincipes de base de la théorie financière, dont certains datentdes années 60 (voir encadré) :

- la firme peut s’analyser comme un actif risqué générantune série de dividendes futurs ;

- l’actionnaire fait un arbitrage risque/rendement quidétermine un coût du capital par classe d’actifs

- le choix détaillé des options relatif à chaque actifrevient au manager, celui-ci cherchant à maximiser l’espé-

rance de valeur actualisée compte tenu du coût du capital per-tinent pour cet actif.

La pression des marchés financiers n’a donc fait querendre plus prégnants des modes d’analyse qui préexistaientet ainsi leur donner plus d’importance. Comme par ailleursde nombreuses sociétés de conseil ont développé des démar-ches pour faciliter la mise en œuvre de ces modes d’analyse,la notion de création de valeur est devenue accessible à un lar-ge public de managers au sein de l’entreprise, au-delà des di-rections financières proprement dites. La capacité opératoi-re accrue de ces démarches a donc ouvert la porte à denouveaux arbitrages, fortement encouragés par ailleurs parla communauté financière (cf. rapport COB, 2000).

Les entreprises sont dorénavant plus attentives à leur coursde Bourse et aux différents leviers en leur pouvoir suscep-tibles de l’influencer :

- il en est ainsi de la politique financière, avec l’appari-tion des éventuels rachats d’actions lorsque les développe-ments internes sont insuffisants eu égard à l’ampleur descashs flows générés ;

- le portefeuille de l’entreprise peut être remis en caused’autant plus radicalement que certaines études tendent àmontrer qu’une entreprise diversifiée a une performance bour-sière inférieure à la moyenne des performances d’entreprisesmonoactives équivalentes (Lang et Stulz, 1994) ; d’où desstratégies de recentrage sur l’activité principale ;

La démarche communément adoptée dans la théorie financière de la fir-me consiste à décomposer l’analyse en deux volets : - définir des indicateurs externes de création de valeur en se plaçant dupoint de vue de l'actionnaire ;- définir des indicateurs internes susceptibles de servir de relais opéra-tionnels vis-à-vis des indicateurs externes.

Indicateurs externes de création de valeurTraditionnellement on mesurait la création de valeur pour l’actionnaire parle ROE (pour " return on equity ") défini comme le résultat comptable di-visé par les fonds propres comptables. Cette mesure ne fait aucune ré-férence au marché boursier, le changement de perspective introduit parles nouveaux indicateurs est conforme à la théorie financière pour la-quelle la firme peut être représentée comme un actif risqué générantune série de dividendes futurs. La valeur de cet actif correspond alors àla valeur actuelle de l'espérance de ses dividendes actualisés au coût ducapital, et plus précisément au coût des fonds propres.Cette idée théorique a pour contrepartie pratique la notion de TSR (to-tal shareholder return, Rapport 1986). Le TSR correspond au taux derentabilité interne d'une opération d'achat et de revente d'actions, en pre-nant en compte les flux intermédiaires (dividendes nets, supposés gé-néralement réinvestis en actions). On peut définir un TSR ex ante et unTSR ex post et ceci pour différentes périodes. Par exemple, le Wall StreetJournal publie chaque année les TSR sur 1 an, 5 ans et 10 ans pour lesentreprises cotées à Wall Street, en regroupant celles-ci par types d'in-dustries et de services. Ce classement permet à chaque entreprise dese fixer des objectifs absolus ou relatifs.Un autre indicateur couramment utilisé, le MVA (" Market Value Added ")fait la différence, ou quelquefois le ratio (" entreprise value/book value "),entre la valeur de marché des actifs (valeur boursière + endettementnet) et leur valeur comptable (immobilisations nettes + besoin en fondsde roulement). L’interprétation de cet indicateur est délicate car les ap-ports de capitaux dans le bilan ne sont pas datés, aussi on substitueparfois la valeur de remplacement à la valeur comptable (ratio q de Tobin).

Indicateurs internes de création de valeurClassiquement on détermine tout d'abord un coût d'opportunité des ca-pitaux employés pour l'ensemble de la firme ou " coût du capital ". Il est

alors possible d'évaluer les flux internes correspondant à une divisionparticulière en prenant ce taux comme facteur d'actualisation.En suivant cette approche, on peut définir la notion de TBR (" totalbusiness return ") comme l'équivalent interne du TSR. Le TBR mesurele taux de rentabilité interne d'une activité sur la base d'une valeurinitiale, d'une valeur finale et des flux nets de liquidités intermédiaires. Iln’y a création de valeur que si le TBR est supérieur au coût du capital.Les entreprises organisées par projets utilisent couramment de tellesapproches.Si l'on se place au niveau budgétaire, donc en se limitant aux perfor-mances annuelles, un nouvel indicateur a fait son apparition à côté dutraditionnel ROI, l’EVA (" economic value added "), qui est une variantede la notion déjà connue de bénéfice résiduel (BR) définie comme la dif-férence entre le cash flow opérationnel et la rémunération du capital in-vesti. Le BR permet de faire le lien avec la valeur actuelle nette (VAN) :l’actualisation des bénéfices résiduels est égale à la valeur actuelle descashs flows futurs nette des capitaux employés (évalués à leur valeurcomptable). La relation théorique qui postule que la valeur boursièred’une entreprise est égale à l’actualisation des flux de dividendes futursa maintenant comme contrepartie l’égalité théorique entre MVA etvaleur actuelle de la série des bénéfices résiduels.

Une démarche qui prolonge la théorie financière classiqueEn définitive, on dispose donc de deux types d'indicateurs internes de créa-tion de valeur. Des indicateurs comme le TBR, qui sont plutôt adaptés àdes exercices stratégiques, et l'EVA, qui est plutôt adapté au " repor-ting " interne et au pilotage opérationnel. Mais, dans les deux cas, cesindicateurs sont des constructions qui ne font qu’appliquer la notion devaleur actuelle ; sur le plan conceptuel, ils sont donc équivalents et par-faitement en phase avec la théorie financière classique. Alors que l’analyse financière classique se contentait d’évaluer la valeuractuelle nette des investissements, cette panoplie de nouveaux indica-teurs permet maintenant de s’interroger sur l’adéquation entre la valori-sation de l’ensemble de l’actif (fonds de commerce et activités de déve-loppement) et la valeur externe résultant du marché. Elle permet ausside faire de cet exercice de cohérence une occasion d’imposer à l’entre-prise la formulation d’objectifs ambitieux (ou " stretch goals ") destinésen quelque sorte à " battre " le marché.

Les nouveaux indicateurs de création de valeur

Page 145: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

- le suivi interne de la performance s’accompagne de l’in-troduction de nouvelles méthodes de rémunération (stock op-tions, bonus calculés sur indicateurs tels que l’EVA) directe-ment alignées sur les objectifs attendus par le marché boursier(voir encadré).

La création de valeur comme systèmede pilotage dans les entreprises :un impact encore limité en France

Une enquête réalisée auprès des entreprises françaises lesplus souvent citées comme s’intéressant à la création de va-leur a permis de repérer les conséquences éventuelles sur lessystèmes de pilotage. Trois situations types permettent de ca-ractériser ces changements par degré croissant d’importance,sachant qu’il existe encore peu d’entreprises se situant dansla 3e colonne, mais que cette proportion a tendance à aug-menter.

La situation 1 peut être qualifiée d’usage purement cos-métique. Elle ne nous intéresse qu’eu égard aux argumentsinvoqués pour ne pas s’engager plus avant dans la démarche.Ces arguments sont de deux types : tout d’abord le caractèretrès financier de cette notion alors que la performance relè-verait plus d’une compréhension de facteurs clés spécifiques ;par ailleurs, la culture interne resterait réticente à l’explicitationde la politique de rémunération. L’émulation générée par unepolitique de rémunération individualisée ne peut en effet rem-

plir pleinement son rôle que si les rémunérations sont connues,au moins au niveau des principes d’attribution des stockoptions ou des primes. Or la culture de certaines entreprisesreste encore marquée par l’absence de transparence sur cesquestions. Les dirigeants de ce type d’entreprises se conten-tent alors de s’adapter au langage dominant pour ce qui estde la communication externe, mais sans infléchir leurs sys-tèmes de pilotage en interne. Le cours de Bourse et la rela-tion aux actionnaires ne figurent pas en priorité dans leursagendas.

Les dirigeants des entreprises que l’on rencontre dans lessituations 2 ou 3 ont au contraire pris conscience des enjeuxpropres au marché financier au point de s’interroger sur lesmeilleurs moyens de les faire partager par l’ensemble descadres de l’entreprise. Ils sont le plus souvent partis d’un dia-gnostic de leur performance boursière, diagnostic souventdécevant par rapport aux entreprises américaines. Ce dia-gnostic les a conduits à une meilleure compréhension desfacteurs explicatifs de la performance boursière (rôle du ca-pital investi, de la politique financière, de la diversification,du prix des acquisitions…) et à une prise de conscience de lafaible connaissance de ces facteurs au sein de leur propreentreprise. Pour remédier à cette situation une remise en cau-se plus profonde des systèmes de pilotage a été menée.C’est quelquefois à l’occasion d’un changement de dirigeantqu’un tel déploiement intervient, la nouvelle équipe cher-

150

Trois points caractérisent les systèmes traditionnels de rémunération : - la très faible variabilité de la rémunération en fonction des performancesobtenues ; - l’usage d’indicateurs comptables, typiquement sous la forme d’un ré-sultat opérationnel, pour apprécier les performances ; - la faiblesse du lien entre ces indicateurs comptables et le rendementboursier effectif de l’entreprise.L’usage de références comptables est associé à quelques biais bienconnus : la possibilité de manipuler fortement le résultat d’une annéesur l’autre, la déconnexion entre certaines valeurs retenues en compta-bilité et des réalités économiques (stocks comptabilisés en valeur histo-rique ou capital gratuit par exemple), la difficulté à associer les donnéescomptables avec une vision en flux de cash (seule vision qui importevraiment aux actionnaires sur le long terme).

Les nouvelles politiques de rémunération se caractérisent parl’introduction d’une référence externe, l’explicitation d’anticipationsde résultats conformes à cette référence et l’attribution d’un surplus derémunération en fonction de l’écart cumulé entre ces anticipations et lesrésultats observés. Ces politiques font supporter une part variable plusforte aux dirigeants, d’autant plus qu’il est difficile d’éliminer les " bruits "affectant ces anticipations sans retomber dans la négociation interne etses arbitraires. Dans une certaine mesure cela revient à privilégier les ré-sultats plutôt que les efforts. Ces résultats étant naturellement plus aléa-toires, les rémunérations le seront aussi. Les analyses empiriques menées aux États-Unis et en Europe mettentbien en évidence l’accroissement de cette part variable sous toutes sesformes (stocks options de diverses nature, bonus annuels, bonus plu-riannuels –cf. K. Murphy 1999)

L’implication de l’encadrementSi la pression générale vient des marchés financiers, elle correspondsouvent à une demande des cadres eux-mêmes, qui souhaitent voir sedévelopper les rémunérations au mérite. Des sociétés comme Alcatelou Vivendi ont ainsi mis récemment en place de larges plans d’action-nariat salarié. D’autres, comme le CCF, les AGF, Danone ou Lafarge,

ont introduit dans leurs schémas de rémunération des mesures s’inspi-rant directement de la notion d’EVA. Même les firmes allemandes, jus-qu’à récemment réticentes vis-à-vis de ces pratiques fort éloignées ducapitalisme rhénan et de la cogestion, " rattrapent " le mouvement de lacréation de valeur. Daimler Chrysler, Hoechst ou Allianz ont introduit cesnotions à la fois en matière d’évaluation financière et de politique de ré-munération.

Vers une nouvelle culture d’entreprise ?Lorsqu’on interroge ces sociétés sur les apports de ces changements,apports attendus pour les sociétés européennes, car ils sont encoretrop récents pour qu’on puisse disposer du recul nécessaire, ouapports effectifs dans le cas de sociétés américaines, les réponsesles plus couramment avancées portent sur la culture d’entreprise.Tout se passait dans ces sociétés comme si le monde opérationnelse situait auparavant dans une sphère protégée du marché financier.Même si les investissements faisaient l’objet d’un calcul de valeur,ces calculs étaient délégués à des experts et n’avaient qu’un rôlemineur. D’ailleurs une très grande partie des investissements ne faisaientl’objet d’aucune analyse financière (investissement de maintien,d’environnement, réglementaire, stratégique…). L’introduction de cesnouvelles politiques coïncide souvent avec la remise en cause d’uneorientation générale associée à des performances boursières médiocres.La diffusion de ces nouvelles politiques s’accompagne alors d’un effortimportant de formation et diffusion des idées jusqu’à un niveau hiérarchiquerelativement bas. Les conséquences de ce changement de culture portent donc sur uneprise de conscience du coût du capital de la part d’opérationnels peuhabitués à ce type de raisonnement. D’où la multiplication en interne demodèles de création de valeur qui rappellent le fameux arbre de Du Pontmais aussi la confrontation de raisonnements jusqu’alors exclusivementtechniques avec des critères économiques. Est-ce à dire que la vision de-vient excessivement à court terme (licenciements dès que l’activité esten récession, dépenses de R&D systématiquement réduites...)? Lesétudes de cas menées sur ces sujets ne permettent de conclure ni dansun sens ni dans l’autre.

Les nouvelles politiques de rémunération

Page 146: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

chant à utiliser la création de valeur comme message centrald’une nouvelle culture d’entreprise destinée à asseoir sonautorité.

Dans la mise en place de cette nouvelle politique, la si-tuation 2 est une situation intermédiaire dans laquelle sub-siste une certaine méfiance vis-à-vis d’un changement trop ra-dical ou mal compris dans les méthodes de rémunération. Onse limite dans un premier temps à une rénovation des indi-cateurs en mettant l’accent sur l’évaluation de la rentabilitéen fonction des capitaux investis par activités. Les consé-quences de ces changements sont déjà importantes car cesentreprises suivaient leurs performances à partir d’indica-teurs de volume ou à partir d’indicateurs comptables commele résultat opérationnel, sans jamais tenir compte des capi-taux investis. L’idée que le capital ait un coût, pour banalequ’elle puisse paraître à un financier, devient le message es-sentiel à faire passer auprès de cette nouvelle population demanagers.

La situation 3 est celle dans laquelle on estime qu’il est

nécessaire d’aller jusqu’à une modification des systèmes derémunérations pour infléchir véritablement les comporte-ments. Le point le plus important semble alors de mesurerl’ampleur des changements à mettre en œuvre. Ces change-ments sont en effet le plus souvent conduits directement parla direction générale avec l’implication de la direction desressources humaines. Cette mise en œuvre s’étale alors surune à deux années, les différentes strates de la hiérarchie étantintroduites progressivement. Si on peut se contenter en hautde la hiérarchie d’introduire des stock options (avec des condi-tions d’attributions en fonction de divers critères relative-ment faciles à définir), plus on descend dans des niveaux in-férieurs, plus il est nécessaire de se baser sur des indicateursinternes comme l’EVA, sachant que ces indicateurs nécessi-tent tout un arsenal de techniques pour éviter les biais mani-festes (choix de divers ajustements comptables pour traiter depostes comme la R&D, allocations de coûts communs entredivisions, traitement des investissements stratégiques pouréviter des choix à court terme…).

151

Impact sur le gestion interne : classement des entreprises selon trois situations types rencontrées

Situation n°1 Situation n°2 Situation n°3

" Cette approche ne modifie " Nous utilisons ces notions " Nous voulons déployer

pas notre pilotage " pour améliorer nos systèmes de pilotage" l’ensemble de l’approche "

Mode d’utilisation des notions Essentiellement pour la Rénovation des indicateurs internes Réforme à la fois des bases

de création de valeur communication financière externe de calculs et de la structure

de la rémunération

Principaux arguments invoqués Ces indicateurs n’apportent rien Sensibiliser les managers sur le coût Prendre en compte de manière

pour l’identification des bons leviers du capital. Mais divers débats techniques systématique le coût du capital

d’action opérationnels non tranchés (coût du capital, retraitement dans les choix internes.

des goodwill, amortissement de la R&D…) Redéfinir l’ensemble des outils

limitent leur diffusion dans cette perspective : analyse

stratégique, choix

d’investissements, suivi

budgétaire de la performance…

Niveau d’application de l’approche Niveau groupe et éventuellement Groupe, branche et dirigeants Groupe, branche et membres

branche des " Business Units " du Comité de direction des

Business Units

Bouclage avec les systèmes Non Il est réalisé à la marge (changement L’ensemble des managers doivent

de rémunération du panier de critères sans modification agir dans l’intérêt des actionnaires

radicale de la structure des rémunérations) et bénéficier de la valeur créée.

Les changements de

comportements supposent une

action effective sur les systèmes

de rémunération

Principaux problèmes mis en avant Incompatibilité avec la culture actuelle Risques devant l’introduction d’indicateurs Un souci de réaliser de nombreuses

de l’entreprise en matière d’explicitation non maîtrisés simulations pour anticiper et

et de transparence des rémunérations contrôler les effets pervers associés

à des rémunérations plus variables

et formalisées

Page 147: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Gouvernement d’entrepriseet création de valeur : le rattrapage de l’Allemagne

La création de valeur: un objectifsecondaire au début des années 90

Jusqu’au milieu des années 90, le concept de création devaleur est très peu utilisé dans les firmes allemandes, que cesoit pour le contrôle de gestion ou pour les politiques de ré-munération. Une étude comparative (Yoshimori, 95) sur lapriorité donnée aux " stakeholders " (employés, clients, four-nisseurs, banques, actionnaires) lors de la prise de décisionsmajeures (allocation de ressources, décisions d’investisse-ment etc.) illustre la négligence relative des intérêts de l’ac-tionnaire en Allemagne et en France (cf. 2e graphique). Uneautre enquête réalisée en 1996 auprès de 80 des 500 plusgrandes entreprises allemandes montre que l’évaluation dela performance des dirigeants et cadres supérieurs (échelons1 et 2) repose dans la grande majorité des cas sur le bénéfi-ce comptable et le chiffre d‘affaire (cf. Guenther/Waldburg -1997), les nouvelles méthodes d‘évaluation de la performance(TBR, EVA…) étant rarement utilisées. De façon plus globale,une analyse comparative entre l’Allemagne et le Royaume-Uni (Vitols et al, 1997) développe l’hypothèse selon laquel-le la modernisation de la place de Francfort n’aura que peude conséquences sur la relation traditionnelle banque-indus-trie en Allemagne tant les rigidités institutionnelles à ce ni-veau paraissent fortes.

En pratique, les choses ont cependant beaucoup changéces dernières années : la création de valeur pour les action-naires semble être devenue le nouveau credo des dirigeantsallemands, aussi bien pour des grands groupes cotées (Veba,Hoechst, Bayer, RWE, Siemens, DaimlerChrysler, Allianz…)que pour des entreprises non cotées avec un accès limité aumarché de capitaux (Haniel, Oetker....). Et, comme dans le casfrançais, cette évolution a été parallèle à la montée en puis-sance des fonds d’investissement dans le capital des firmes,même si les causes de cette montée en puissance diffèrent :pour la France, la période a été marquée par l’éclatement desnoyaux durs (notamment ceux mis en place lors des privati-sations des années 90), et des participations croisées ; pourl’Allemagne, les restructurations sectorielles et la réductiondu poids des banques et compagnies d’assurance dans le ca-pital des groupes industriels ont joué un rôle plus important.

En décembre 1999, le gouvernement allemand a annon-cé un vaste plan d’allègement fiscal prévoyant en particulierune exonération d’impôt pour les plus-values de cessionsentre entreprises nationales (cf. Les Echos 22 décembre 1999) ;l’auteur y voit même l’annonce de la fin du capitalisme alle-mand traditionnel (modèle " stakeholder "), ce qui devraitencore plus favoriser cette évolution. Il convient égalementde citer les mesures récentes visant à améliorer l’efficiencedu marché des capitaux en Allemagne : autorisation derachat des actions, mise en place du nouveau marché et ren-forcement de la transparence et du contrôle dans les sociétés

cotées (loi Kontrag, Kontrolle und Transparenz Gesetz, en-trée en vigueur le 1er mai 1998). Cette loi oblige des entreprisescotées, d’une part à mettre en place des systèmes quipermettent l’identification précoce des risques externes etinternes, et, d’autre part, à donner une estimation de l‘évolu-tion future des activités de l‘entreprise dans leur rapportannuel. La loi intervient au moment où l’on observe chez lesgroupes allemands cotés une tendance accrue à utiliserles marchés de capitaux internationaux comme source definancement.

Deux signes sont révélateurs de l’ampleur du change-ment :

La forte progression des activitésde fusions et acquisitions

Alors que les entreprises allemandes ont été longtempsconsidérées comme conservatrices en matière de gestion deportefeuilles, préférant procéder par ré-allocation interne decapitaux et de personnel, on assiste depuis le milieu des an-nées 80 a un accroissement sensible des cessions et acquisi-tions externes (cf. 2e graphique). Ce mouvement traduit ledéveloppement d’un marché de la prise de contrôle d’entre-prises en Allemagne. Pour éviter de devenir des cibles tropfaciles, les dirigeants allemands ont cherché à anticiper cet-te prise de contrôle par les décisions de restructuration ou decroissance focalisées. La capacité à mener ces opérations autravers d’échanges d’actions explique également l’ouvertureplus systématique aux marchés financiers allemands etinternationaux.

Une communication et une transparencefinancière accrues

Les entreprises allemandes étaient traditionnellementbien connues pour leur opacité. Une telle opacité n’est plusde mise. Pour améliorer la transmission d’information versle marché du capital, en particulier vis-à-vis des actionnairesaméricains et britanniques très exigeants en la matière, lamajorité des groupes allemands cotés en bourse ont crééd’importants services d’" Investor Relations ". Le contenudes informations transmises s’est rapproché des standardsinternationaux : de plus en plus d’entreprises appliquentdes normes comptables internationales (voir encadré spéci-fique) et communiquent à la communauté financière desperformances internes par divisions selon des critères decréation de valeur (ex. rapport annuel de Bayer AG en1998).

Comme dans le cas français, l’une des principales consé-quences de la montée en puissance des investisseurs institu-tionnels se situe probablement au niveau des équipes diri-geantes. Au-delà des interlocuteurs classiques (banques,salariés, actionnaires traditionnels) ces dirigeants se retrou-vent dans l’obligation de convaincre ces nouveaux interlo-cuteurs, soit directement, soit par l’intermédiaire des ana-lystes financiers, de la validité de leurs stratégies puis dejustifier les résultats obtenus. Pas plus qu’en France ou dansd’autres pays européens, ce pouvoir d’influence ne sembleépargner l’Allemagne.

152

A N N E X E

Page 148: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

153

0 20% 40% 60% 80% 100%

Japon

Allemagne

France

Royaume-Uni

États-Unis

Part des entreprises où l’intérêt des actionnairesest jugé prioritaire

Source : Yoshimori, 1995

0

500

1000

1500

2000

2500

989796959493929190898887868584838281807570

Évolution du nombre d’acquisitions en Allemagneentre 1970 et 1998

Source : selon le Bundeskartellamt

Echantillon : USA : 82 entreprises, Royaume-Uni : 78,France : 50, Allemagne : 110, Japon : 68.

Page 149: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

154

ADLER M. et JORION P. (1992), " Foreign portfolio invest-ment ", New Palgrave Dictionary of Money and Finance, MacMillan,Londres

ARTUS P. et DEBONNEUIL M. (1999), " Crises, recherche derendement et comportements financiers : l’interaction des méca-nismes microéconomiques et macroéconomiques ", dans" Architecture financière internationale ", Conseil d’AnalyseEconomique, Documentation Française.

BARFIELD R. (1998), " Creating value through mergers ",The Banker, Juillet

BERLE A. et G. C. MEANS (1932) The modern corporationand private property, McMillan.

BRANCATO C. (1993), " Patterns of institutional investmentand control in the USA ", Columbia University Institutional InvestorProject, New York.

CARLETON W., NELSON J., et WEISBACH M., (1998)," The influence of institutions of corporate governance throughprivate negociations : evidence from TIAA – CREF ", Journal ofFinance, vol. 53

Commissariat Général du Plan (1999), " La nouvelle nationa-lité de l’entreprise ", Rapport du groupe présidé par J-F. BIGAY,Documentation Française

Commission des Opérations de Bourse (2000) Création de va-leur et communication financière, Bulletin Mensuel, Juin.

Davies Global Advisors, Leading Corporate GovernanceIndicators 1999: An International Comparison, novembre 1999.

DEL GUERCIO D. et HAWKINS J. (1999), " The motivationand impact of pension fund activism ", Jouranl of FinancialEconomics 52, 293-340.

DICK W. et ZAMBON SZ. (2000), Comptes alternatifs : lerapprochement des normes françaises avec les normes américainesou internationales dans une perspective comparée, ***

GERHKE I. (2000) Evolution de la gestion de la création de va-leur actionnariale dans le contexte industriel allemand, ****

HAWLEY J. et WILLIAMS A. (1999), " The emergence offiduciary capitalism ", unpublished paper

HORAN S. (1998), " A comparison of indexing and beta amongpension and non pension assets ", The Journal of Financial Research,Fall

KESSLER C. (1996), " Diversification – Is it still alive ? ",Economic and Financial Prospects, n° 6, Decembre

MORIN F. (1998), " Le modèle français de détention et degestion du capital ", Rapport au ministre de l’Économie, des Financeset de l’Industrie, Les Éditions de Bercy

MOTTIs N. et PONSSARD J-P. (2000), " Création de valeuret politique de rémunération – Enjeux et pratiques ", Gérer etComprendre, Juin.

MURPHY K. et VAN NUYS K. (1994), " State pension fundsand shareholder inactivism ", unpublished working paper, HarvardBusiness School, Cambridge, MA.

MURPHY K. (1999), "Executive Compensation ", in Handbookof Labor Economics, O. ASHENFELTER and D. Card (eds), Volume3, Elsevier.

NESBITT S. (1994), " Long term rewards from shareholderactivism : a study of the ‘Calpers effect’ ", Journal of AppliedCorporate Finance 6, 75-80.

NOTHOMB P. et CAPRASSE J-N. (1998), " Evolution du cor-porate governance en Europe : étude comparative ", Reflets etPerspectives de la vie économique, tome XXXVII, 3ème trimestre1998, n°3

OCDE (1998), " L’influence des investisseurs institutionnels surles marchés de capitaux dans les pays de l’OCDE ", Etudes Spéciales

PLIHON D. (1996), " L’État et les marchés financiers " dans" La Bourse ", Cahiers Français n° 277, Paris, La Documentationfrançaise.

PLIHON D. (1999), " Les investisseurs institutionnels, nou-veaux acteurs de la finance internationale ", dans " Crise mondia-le et marchés financiers ", Documentation Française, CahiersFrançais, n° 289, janvier-février

ROE M. , " Strong managers, weak owners : the political rootsof American corporate finance ", Princeton University press, 1994.

ROMANO R. (1993), " Public pension fund activism incorporate governance reconsidered ", Columbia Law review 93,795-853.

SCHMIDT D. (1999), Les conflits d’intérêts dans la sociétéanonyme, Joly, Paris.

SOLNIK B. (1991), " International investments ", AddissonWesley, Reading Mass.

SORENSEN E. (1998), " Allocating between active and pas-sive management ", Financial Analysts Journal, Septembre - Octobre

SOSKICE D., VITOLS S., CASPERT S., et WOOLCOCK S.(1997), " Corporate in large British and German companies : com-parative institutional advantage or competing for best price ", Paperfor the anglo-German Foundation for the study of industrial so-ciety.

VIÉNOT M. (1995), " Le conseil d’administration des socié-tés cotées ", CNPF

VIÉNOT M. (1999), " Rapport au Comité sur le gouvernementd’entreprise ", MEDEF

WAHAL S. (1996), " Pension fund activism and firm perfor-mance ", Journal of Financial and Quantitative Analysis 31, 1-23.

YOSHIMORI M.: Whose company is it? The concept of the cor-poration in Japan and the West, Long Range Planning, Vol.28,No 4, 1995, p. 33-44

BIBLIOGRAPHIE

Page 150: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

L’impact des NTICsur la compétitivité

des entreprises industrielles

Étude présentée à la CPCIpar GMV Conseil

Page 151: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Liste des experts rencontrés

UniversitairesJacques MAIRESSE, chercheur au CREST (Centre de recherche en économie et statistiques)Alain RALLET, chercheur à IRIS (Institut de recherche interdisciplinaire en socio-économie)Hugues MOLET, Professeur du Centre de CAO/Robotique de l’École des Mines

UtilisateursJacques CHAIZE, PDG d’OREG – SOCLA, Chalon sur Saône (71)Michel HERVE, PDG Herve Thermique et maire de la ville de Parthenay (79)M. DUBREIL, coordinateur du projet Twingo chez Renault.Didier HUCK, Directeur de l’innovation chez Thomson MultimédiaAlain PICARD, Directeur Marketing de Moulinex

Offreurs de servicesM. RAGUENAUD, chargé de mission auprès de Jacques ESNAULT chez IBMOlivier EZRATTY, Directeur marketing et communication Microsoft FranceSabine CONTOR, Directrice marketing de SAP France

Page 152: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

SynthèseSynthèseLes nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) sont main-

tenant au cœur des investissements des entreprises. Et pourtant, bien que ces technolo-gies aient apporté une puissance de calcul en progrès permanent, nous avons toujoursdu mal à mesurer leur impact réel sur la productivité et la compétitivité des entreprises.Cette question, appliquée à l’univers industriel, est précisément le sujet de l'étude.

Trois outils ont été mis à contribution : un bilan des études économiques, une séried’entretiens avec des experts et un audit des projets NTIC dans 26 entreprises en Franceet aux USA.

Le point de vue des étudesDepuis la fin des années 1980, les études portant sur l’impact des TIC se sont mul-

tipliées, en adoptant des méthodologies et des champs variés. Quatre points paraissentnéanmoins importants :

- le temps qui passe est favorable aux NTIC : alors que les premières estimationsconcluaient plutôt à un faible impact des NTIC sur la productivité des entreprises, l’allongement des périodes d’observation joue favorablement pour le bilan économiquede ces technologies.

- comme dans tout secteur qui se conceptualise, il n’existe pas encore d’indicateurde synthèse des NTIC. Mais la plupart des chercheurs constatent que l’investissementphysique est insuffisant pour expliquer le phénomène. Il faut intégrer les télécommu-nications, les logiciels et la formation. Cet agrégat est le meilleur reflet de l’investisse-ment TIC dans les entreprises.

- ce qui est vrai des indicateurs l’est aussi au niveau des méthodologies d’analyse :un référentiel commun reste à forger. Mais les analyses macroéconométriques s’avèrentplutôt moins explicatives que les analyses longitudinales (panel) qui permettentde suivre la dynamique temporelle de l’investissement des entreprises.

- ce sont d’abord les gains de productivité très importants de l’industrie TIC et sondéveloppement dans l’industrie qui explique le rebond de la productivité aux USAdepuis le début des années 1990. Le bilan des NTIC dans les autres secteurs industrielsreste encore difficile à chiffrer.

Le point de vue des expertsLa plupart des experts mettent en avant le rôle clé des NTIC pour les entreprises

industrielles : leur bonne maîtrise conditionne aujourd’hui le maintien sur le marché etla croissance. Les NTIC sont déterminantes pour " l’optimisation de la chaîne logistiqueau sens large, de la prospection client à la livraison ", l’évolution vers le e-business etla mise en place de nouveaux modes de travail (équipes transversales, collaborationavec des fournisseurs stratégiques).

En termes d’impact sur la compétitivité, les experts estiment que les effets des NTICsur la productivité et la compétitivité prix des entreprises restent limités. C’est dansl’amélioration de la compétitivité hors prix que les NTIC jouent un rôle majeur. Lamesure des effets des investissements dans ces technologies est difficile du fait de lamultiplicité des impacts :

- meilleure connaissance du client, flexibilité accrue, meilleure gestion des appro-visionnements et réduction des stocks, raccourcissement des temps de cycle ;

- diminution des frais grâce à une optimisation des processus de R&D et améliora-tion de la qualité des produits.

Les experts s’accordent à dire que pour être vraiment efficace l’intégration desNTIC doit être accompagnée de changements organisationnels : renforcement de l’au-tonomie, diminution du nombre de niveaux hiérarchiques, mise en place d’une organi-

157

Page 153: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

158

sation transversale, passage d’un pilotage séquentiel des activités à un pilotage interactifou systémique.

C’est la qualité et l’efficacité de l’organisation autour des nouveaux outils NTICqui permettent à l’entreprise de gagner en efficacité et en compétitivité par rapport à sesconcurrents, d’où une notion de " productivité organisationnelle ".

S'agissant du niveau d'équipement en NTIC des entreprises industrielles françaises,une analyse comparée France / USA met en évidence un retard français quant à lapénétration des nouvelles technologies dans les PMI et, plus grave encore, dans la per-ception des enjeux qui leur sont liés. Tout n’est pas noir pour autant :

- certains industriels français ont clairement compris l’impact des NTIC dans leurmétier ; restent à trouver les conditions de diffusion de ces expériences réussies pourqu’elles fassent tâche d’huile ;

- le retard français n’est estimé qu’à deux ans sur les USA, délai qui ne constituepas forcément un handicap définitif par rapport à la moyenne européenne. Comme lemontre une enquête récente du Sessi sur l'équipement en TIC des entreprises indus-trielles françaises, celui-ci s'est très nettement accéléré depuis 1997. Par ailleurs, mêmesi les nouvelles technologies permettent la différenciation par le service, l’innovationproduit reste un point crucial sur lequel l’industrie française peut continuer à être enpointe ;

- si les entreprises françaises sont en retard sur certaines technologies, elles peu-vent être en avance sur d’autres. D’après les experts rencontrés, tout ce qui tourneautour de la téléphonie mobile se diffuse très rapidement en Europe et constitue destechnologies dont l’impact potentiel peut être aussi important que celui de l'internet.

Si ces points de " réassurance " permettent de relativiser le retard français, ils ne consti-tuent en aucune manière des facteurs qui permettent de s’exonérer de mesures d'ac-compagnement pour stimuler la diffusion des NTIC dans les PMI françaises.

Le point de vue des entreprises industriellesLes entreprises industrielles qui ont l’expérience des projets NTIC, en France com-

me aux USA, ont un diagnostic assez clair des modalités d’introduction de ces techno-logies dans les entreprises :

- Les NTIC, une question de survie : Aux USA, les entreprises industrielles sontconvaincues qu'elles n'ont pas de degré de liberté en matière de nouvelles technolo-gies : l'investissement NTIC est une nécessité pour survivre à moyen terme. Trois idéesfortes motivent l'équipement : il faut se soumettre aux exigences des clients sous pei-ne d'être littéralement exclu du marché ; les NTIC peuvent être le moyen de se réinventerpour des entreprises de secteurs en déclin ; ces technologies sont un moyen de se dif-férencier, notamment face à des concurrents plus puissants.

- La volonté de différenciation par le service : Dans tous les secteurs d'activité in-dustrielle, on rencontre une même conviction : il est de plus en plus difficile de se dif-férencier par les produits. Aux USA, cette nécessité peut aller jusqu'à induire unemigration de l'industrie vers le service par un appel croissant à la sous-traitance (voirel'externalisation totale de la production) et le développement d'une offre de servicesdont le produit industriel n’est que le support physique.

- Une démarche d’implémentation permanente : Par rapport aux projets tradi-tionnels d'équipement, l'engagement NTIC est souvent déroutant pour les industrielsdans la mesure où l'implémentation est idéalement sans fin : on considère qu'un projetNTIC ne peut aboutir et doit être placé dans une logique de remise en cause perma-nente.

- Un ordonnancement clair des technologies : Les progiciels de gestion intégrés(PGI ou ERP en anglais), l’intranet ou encore les outils de gestion de la chaîne logis-tique (SCM) constituent la priorité des entreprises industrielles. Parce que ces techno-logies permettent le partage des connaissances et la rationalisation du fonctionnementde l’entreprise, elles sont les premiers outils à introduire dans l’entreprise afin dedonner de la visibilité sur son fonctionnement en temps réel.

Page 154: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

D’après les industriels que nous avons rencontrés, le commerce électronique est ladeuxième technologie la plus diffusée avec des fortes différences de maturité entre laFrance et les USA. Si les entreprises industrielles françaises se lancent sur l'internet endiffusant le plus souvent une gamme standard de produits, les entreprises américainesont pris beaucoup de recul : c'est le commerce interentreprises (" Business to Business ")qui est sur le devant de la scène, les entreprises industrielles y commercialisant leursproduits par l’intermédiaire de sites spécialisés, éventuellement regroupés au sein deportails professionnels.

Les technologies de l'extranet enfin restent peu diffusées, freinées par l’existenced’outils partiels de mise en relation tels que l’EDI. Mais les entreprises industriellesconsidèrent l’avènement de l’extranet comme inéluctable.

- Des approches différentes en matière de conduite des projets en France etaux USA : Au-delà de la place accordée aux NTIC dans les entreprises, la conduitedes projets et les choix effectués en terme d'internalisation des compétences et d'asso-ciation des salariés distinguent les deux pays :

Méthode de conduite des projets : aux USA, les projets d'équipement sont conduitsselon des méthodologies éprouvées, avec une grande maîtrise, et par des responsablespluri-compétents, à la fois techniciens et managers.

Définition et pilotage des projets : aux USA, le recours aux ressources externespour la définition des projets reste limité à des compétences très pointues mais non stra-tégiques. En France, le recours à des prestataires externes est quasi-systématique.

Rôle du dirigeant : dans les deux pays, l'implication du dirigeant est mise en avantcomme facteur de succès du projet. Mais quand, aux USA, l'adhésion du dirigeant estpresque mécanique tant le degré de conscience de l'importance stratégique des outils NTICest élevé, en France, c'est souvent la passion personnelle du dirigeant qui doit jouer lerôle de catalyseur.

Implication des salariés : aux USA, l'implication des salariés est forte dès la défi-nition du projet, pour s'assurer de son adéquation aux besoins et ainsi de son utilisationet de son appropriation. En France, l'implication est souvent plus tardive et se fait parla formation aux outils mis en place par l'extérieur de l'entreprise.

En termes de conduite de projet, deux problématiques dominantes se dégagent :Le choix des ressources : aux USA, le choix d'internaliser les compétences est sou-

vent fait dans l'optique d'être capable de faire évoluer l'outil. En France, la définitiondes outils, voire leur développement sont souvent confiés à des équipes externes, quandce n'est pas l'ensemble des activités informatiques qui sont externalisées.

L'adaptation des compétences existantes : en France comme aux USA, la formationpose problème. D'autant que les interlocuteurs chargés du développement des projetsNTIC doivent le plus souvent continuer à assumer une part importante de leurs missionstraditionnelles.

- Une absence de mesure d’impact : Les entreprises industrielles sont convaincuesen France comme aux USA de l'apport des NTIC en termes de compétitivité. Ellesconsidèrent soit que les NTIC génèrent de nombreux progrès qualitatifs, difficilementmesurables, soit que les impacts sont évidents et s’imposent d'eux-mêmes.

Toutes les entreprises mettent en évidence l'aptitude des NTIC à réduire les" immobilisations ", non seulement les stocks physiques dans les entrepôts, maissurtout les stocks informationnels qui circulent plus vite et se transforment en pistes deproduits. Les impacts les plus mis en avant sont liés à l'organisation et aux ressourceshumaines : d'autonomie des salariés, décentralisation des décisions, structuration del’entreprise et développement de l’auto-formation.

159

Page 155: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

161

Introduction

Alors que les soubresauts de la nouvelle économie agitentquotidiennement l’actualité de la distribution des produits etservices, le développement des nouvelles technologies del’information et de la communication (NTIC) semble enFrance plus intense dans le secteur des services que dans l’in-dustrie. Cette situation est paradoxale à l’heure où le déve-loppement des NTIC permet dans l’industrie américaine d’im-portants gains de productivité, même dans des secteurstraditionnels comme le textile ou la mécanique.

Qu’en conclure dans le cas français : une méfiance durableenvers les nouvelles technologies ? Des capacités insuffi-santes de financement ? Une rentabilité jugée insuffisante deces nouveaux outils ? Le " paradoxe de la productivité " s’im-pose souvent et freine les politiques de déploiement : alors queles TIC étaient considérées comme des innovations radicales,perçues comme des outils clés par les entreprises pour ac-croître leur compétitivité, leur utilisation massive ne se tra-duisait pas par une amélioration de la productivité telle qu’el-le est mesurée dans les statistiques. Paradoxe exprimé parSolow en 1987 dans une formule désormais célèbre : " On voitpartout l’âge de l’informatique sauf dans les statistiques de pro-ductivité ".

Et même si ces premières conclusions polémiques ont re-lancé le débat, en attisant notamment l’intérêt des chercheurspour une étude en profondeur des liens entre investissementset performance des entreprises et de l’économie, la frustrationreste souvent de mise. Les effets des TIC sur la productivitésont difficilement quantifiables selon les méthodes tradi-tionnelles de l’évaluation économétrique, notamment parceque les données s’avèrent incomplètes, que ce soit en termed’existence et surtout d’homogénéité (chapitre 1 : le point devue des études).

Pourtant, l’avis des experts est unanime pour conclureà l’efficience de ces nouvelles technologies, à la fois commefacteur de productivité dans le secteur industriel, mais aussicomme levier de compétitivité dans des secteurs très concur-rentiels, où la qualité des produits ne suffit plus àassurer la différenciation si le service rendu n’est pas égale-ment de très haut niveau (chapitre 2 : le point de vue desexperts).

L’audit stratégique et technologique de 26 entreprisesindustrielles, dont 16 aux États-Unis et 10 en France, confir-me ce diagnostic. Mais la confrontation des pratiques d’im-plémentation des NTIC en France et aux USA dans les en-treprises industrielles a surtout vertu de " benchmark " et designal d’alerte, notamment quand ces nouvelles technologiessont vécues outre Atlantique comme les facteurs de survie et

de réinvention des entreprises (chapitre 3 : le point de vuedes entreprises industrielles).

Cette analyse plus qualitative met clairement en éviden-ce qu’il est abusif de parler des nouvelles technologies, sansles segmenter au moins en trois familles – l'intranet accom-pagné de progiciels de gestion intégrée (PGI ou ERP en an-glais) ou d'outils de gestion de la chaîne logistique globale(" Supply Chain Management "), les outils liés au commer-ce électronique et les extranets – chacune d’entre elles don-nant lieu à une stratégie spécifique en terme de calendrier dedéveloppement ou de pratique d’implémentation dans les en-treprises industrielles.

Le point de vue des études

Quelles conclusions pour les étudescroisant investissements en technologiesde l’information et productivité ?

Depuis la fin des années 1980, les études portant surl’impact des technologies de l’information et de la commu-nication (TIC) se sont multipliées, en adoptant des métho-dologies et des champs variés :

- des études sur données agrégées,- des études sur données individuelles d’entreprise,- des études monographiques.Ces études portent tantôt sur l’ensemble de l’économie,

tantôt sur les services ou l’industrie ou sur des secteurs d’ac-tivité spécifiques, et se basent sur des données temporelles ouen coupe.

Quelle que soit l’approche, les premières études se sontsouvent heurtées au fameux " paradoxe de la productivité ".Plusieurs pistes d’explication a priori du paradoxe ont alorsété explorées pour dépasser ces premiers résultats :

- le mode de valorisation du facteur de production infor-matique, celui-ci étant complexe à définir et à mesurer (ilcomprend de multiples composantes : matériels, logiciels etservices) et étant mal capté par les statistiques existantes ;

- la définition de la valeur de la production, les mesurestraditionnelles ne prenant pas en compte les éléments quali-tatifs et immatériels de la production, pourtant de plus en plusimportants pour le consommateur ;

- l’existence d’une période d’apprentissage des techno-logies de l’information et de la communication, c'est-à-dired’un délai entre le moment où l’investissement est réalisé etcelui où les outils sont intégrés et maîtrisés ;

- la nécessité de prendre en compte dans les analyses larefonte des procédés accompagnant généralement les inves-tissements en TIC.

Page 156: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Les études sur données agrégées... sur l’ensemble de l’économieLes études sur données agrégées, portant sur l’ensemble

de l’économie d’un pays (et notamment sur l’économie amé-ricaine), furent le premier type d’analyses à être menées.

A partir des années 1994-1995, plusieurs économistes(parmi lesquels Oliner & Sichel et Jorgenson & Stiroh)parviennent à identifier une contribution positive des inves-tissements en informatique à la croissance de l’économie.Ils expliquent les résultats négatifs des études précédentes,notamment l’existence du paradoxe de Solow, par le faitqu’il faut de grands changements au niveau du stock decapital pour que les impacts de ces changements soientsignificatifs et puissent se mesurer sur la production. Or,jusque là, le poids des investissements en TIC était resté faiblepar rapport aux autres investissements (les ordinateursreprésentent 1,6% du stock de capital en 1993, d’aprèsJorgenson & Stiroh).

Pour Oliner & Sichel (1994), la contribution du capital in-formatique à la croissance économique mesurée par le PIB estfaible, notamment parce qu'il constitue une part très faibledu capital physique. Selon les méthodologies retenues et leshypothèses faites, cette contribution est de 0,16 à 0,39%, surla période 1970-1992. Prendre en compte les seules dépensesen matériel informatique est trop restrictif. Il faut s’intéres-ser aux " computing services ", c’est à dire aux dépenses enmatériel, en logiciels et en main d'œuvre informatique. Onse rend compte alors que la contribution de l’informatique àla croissance est doublée. Enfin, bien que le poids des dé-penses et investissements en systèmes d’information soit en-core limité, ceux-ci sont essentiels pour la productivité des en-treprises.

En 1997, G. Karsenti reprend ces travaux et mène uneétude de l’impact des systèmes d’information et de télécom-munications (SIT) sur la productivité au sein de 25 pays del’OCDE, sur la période 1987-1995. Il conclut, lui aussi, à unfort impact des TIC sur la croissance et la productivité. Il meten avant trois explications déterminantes de la possibilité dé-sormais offerte de mesurer cet impact :

- depuis le début des années 90, la stratégie informatiquedes entreprises est définie en cohérence avec la stratégie d’en-semble de l’entreprise.

- l'informatique, en particulier les réseaux, permettent àla firme de développer de nouveaux marchés, sources decroissance. Les réseaux mondiaux et l'avènement de l'inter-net consacrent définitivement les SIT.

- la diffusion désormais massive des TIC au sein des paysde l'OCDE est une explication de leur forte contribution à lacroissance et à la productivité.

G. Karsenti avance les conclusions suivantes : Il faut en-core compléter la définition des TIC proposée par Oliner &Sichel et s’intéresser aux systèmes d’information et de télé-communications (SIT) dans leur ensemble, c’est à dire l’en-semble des technologies (matériels informatiques, matérielsde réseaux et télécommunications), l’ensemble des logiciels(systèmes, outils et applications) et de la "matière grise" in-terne (personnel) ou externe (sociétés de services ou cabi-nets de conseil)

Le paradoxe de Solow n'a plus de raison d'être sur la pé-riode étudiée (1987-1995) puisque le facteur informatiquecontribue très fortement à la croissance du PIB et de la pro-

ductivité avec une élasticité de la production par rapport aucapital informatique de l'ordre de 0,2. La contribution du ca-pital en " architectures grands systèmes " sur la productivitéest comprise dans une fourchette allant de 0,19 à 0,37%. Lacontribution du capital en technologies de l'information etdes télécommunications est comprise dans une fourchetteallant de 0.6 à 0.8%. Le retour sur investissement de l’infor-matique est nettement supérieur à celui des autres capitauxphysiques.

Néanmoins, avec l’étude des mécanismes soutenant la" nouvelle économie ", plusieurs économistes rappellent qu’ilfaut rester prudent et que, si les TIC sont fondamentales pourles entreprises, il ne faut pas y voir le facteur qui permettraità lui seul de dynamiser la croissance de tous les secteursd’activité.

Ainsi, pour R.J. Gordon, il faut étudier de près les méca-nismes qui soutiennent la croissance retrouvée de la produc-tivité du travail aux États-Unis. En effet, d’après Gordon,l’accélération de la productivité n’est vérifiée que dans lesecteur qui produit des TIC, alors qu’aucune accélérationn’est observée dans les autres secteurs sur la période 1995-1999. Et même plus : on observe un ralentissement de lacroissance de la productivité dans les industries produisant desbiens durables hors industrie des TIC, sur cette période.L’augmentation de l’efficacité de l’économie grâce à une dif-fusion massive des TIC n’est donc pas prouvée et la " nou-velle économie " n’est pas synonyme d’une reprise généra-lisée de la croissance de la productivité.

De même, pour D. Jorgenson & K. Stiroh, la rapide bais-se des prix des TIC (rendue possible par une forte augmen-tation de la productivité dans les industries des TIC) a permisune large diffusion de ces technologies dans les entreprises eta entraîné une substitution du facteur informatique aux autresfacteurs de production (capital et travail). Mais, hors indus-trie des TIC, la productivité globale des facteurs n’est pasrenforcée par ces investissements massifs.

... sur les secteurs industriels Ces études donnent des résultats similaires à celles me-

nées sur l’économie dans son ensemble : réfutation d’un im-pact positif des investissements en TIC sur la productivité, dansun premier temps, puis résultats plus mitigés au cours desdernières années.

Pour Morrison & Berndt (1991), un dollar investi en TICne permet d’accroître la production que de 0,80$, ce qui lesmène à penser qu’il y a un surinvestissement en TIC. Berndtet al. (1992) concluent que les investissements en TIC ne sontpas corrélés à une amélioration de la productivité mais à unaccroissement du travail.

Les travaux de Siegel & Griliches (1992) mettent en évi-dence que les industries utilisant beaucoup de TIC ont ten-dance à être plus productives. Pour Berndt & Morrison (1995),on ne peut pas mettre en évidence de manière systématique unaccroissement de la productivité grâce aux investissementsen TIC.

Enfin, Siegel (1994, 1997) conclut que les investis-sements en ordinateurs ont un impact significatif sur la pro-ductivité totale des facteurs. Plusieurs économistes, dont Siegel& Griliches, mettent néanmoins en avant les difficultés àtrouver des données fiables et exploitables.

162

Page 157: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Les études sur données individuelles Ces études tendent à avoir des résultats plus positifs quant

à l’impact des NTIC sur la productivité. Plus on avance dansle temps et plus les études prennent en compte des défini-tions larges du facteur informatique et de la valeur de la pro-duction, en essayant de valoriser autant que possible les as-pects immatériels.

Les principales études menées dans des secteurs indus-triels aboutissent aux conclusions suivantes : Pour Dudley &Lasserre (1989), les investissements en TIC permettent deréduire les stocks (étude sur des fabricants de valves). Loveman(1994) conclut que les investissements en TIC n’améliorentpas les volumes de ventes ; mais si l’on prend en compte untemps d’apprentissage, on obtient alors des impacts légèrementpositifs de ces investissements. Brynjolfsson & Hitt (1993)soulignent que le produit marginal brut (l’augmentation de pro-duction générée par un dollar d’input) est plus important pourle capital informatique que pour les autres types de capitaux.Barua, Kriebel & Mukhopadhyay (1995) observent que les in-vestissements en TIC améliorent quelques indicateurs de per-formance (par exemple, la part de marché) mais pas la pro-ductivité. Brynjolfsson & Hitt (1994, 1995, 1998) prolongentleurs travaux et concluent que les investissements en TIC gé-nèrent un produit marginal conséquent (que l’on prenne desdonnées temporelles ou en coupe). Lichtenberg (1995) met enévidence que les investissements TIC ont un retour sur in-vestissement (Return On Investment) supérieur aux autrestypes d’investissement. Pour Kwon & Stoneman (1995),l’adoption de nouvelles technologies (ordinateurs et machinesà commande numérique) a un effet positif sur le volume desventes et la productivité. Enfin, pour Greenan & Mairesse(1996), l’impact de l’informatisation sur la productivité estpositif ; le "Return On investment" (ROI) de l’informati-que est au moins équivalent à celui des autres formes decapital.

Ces dernières années, les études sur données individuellestendent à se focaliser de plus en plus sur l’exploration d’unéventuel " excès de rendement " des investissements TIC,soit un retour plus grand pour les entreprises d’un investis-sement dans les TIC que dans d’autres types de capitaux.Mais les conclusions de ce type d’études sont encore incer-taines.

Brynjolfsson & Yang (1997 & 1998) concluent finale-ment que les marchés financiers valorisent chaque dollar decapital IT installé de quatre à dix fois plus que chaque dollarinvesti dans des actifs " conventionnels ". En toute logique,les managers devraient donc investir encore plus en TIC jus-qu’à épuisement de "l'excès de rendement" que semble mon-trer cette survalorisation. S’ils ne le font pas, c’est que des "forces cachées " doivent les en empêcher. Ces forces cachéessont le coût des changements intellectuels, culturels et orga-nisationnels qui sont nécessaires pour rendre opérationnelsles nouveaux systèmes d’information. Un manager doit doncêtre conscient que la mise en place d’un système informa-tique peut coûter à l’entreprise jusqu’à 10 fois plus que soncoût apparent, les investissements IT eux-mêmes.

Mais ces coûts cachés sont valorisés par les marchésfinanciers et sont un véritable " capital organisationnel " dé-tenu par l’entreprise. Si l’on prend en compte l’ensemble desinvestissements, apparents et cachés, associés à la mise enplace d’un système d'information, il n’y a pas de rentabilité

supérieure, mais un retour sur investissement similaire à ce-lui des autres formes de capital.

Les limites des études économétriquesPar ailleurs, les études menées insistent de plus en plus sur

les limites des analyses économétriques en ce domaine, dansla mesure où les aspects immatériels et qualitatifs tant de laproduction que des facteurs de production sont de plus enplus importants et, par nature, difficiles à chiffrer.

En particulier, Brynjolfsson et Hitt considèrent que les in-dicateurs traditionnels, même au plan microéconomique, nesont pas adaptés à la mesure des facteurs qui font aujourd'huila réussite d'une entreprise. La production devrait inclure lesaspects immatériels de la valeur attachée à un bien par leconsommateur qui comprendraient qualité, variété, rapidité,personnalisation, service client, etc. Les investissements enTIC visent en effet de plus en plus à développer l'aspect qua-litatif et la dimension " service " des prestations de l'entreprise,plutôt qu'à une augmentation quantitative de la production.

Enfin, les facteurs de production (input) devraient in-clure un " capital organisationnel " (nouveaux modes de re-lation avec les fournisseurs, nouvelle organisation du travail)et les dépenses en logiciels, services informatiques, formationdu personnel et autres aspects immatériels.

Comme le disent Brynjolfsson et Hitt, il n’est plus tempsde s’interroger sur les impacts des TIC sur la productivité,complexes à mesurer et probablement limités s’ils ne sontpas accompagnés de changements organisationnels, mais surla meilleure façon d'utiliser l'ordinateur.

On retrouve là un sentiment partagé par nombre d’éco-nomistes et de dirigeants d’entreprises : il faut croire en l’ef-ficacité des investissements TIC sans plus chercher à la dé-montrer et chercher à en optimiser l’utilisation. D’où un intérêtcroissant pour des études de cas concernant l’utilisation desTIC et leurs impacts, cette méthodologie étant la seule àprendre en compte la réalité de l’entreprise.

Quel bilan tirer des études ?Définir les " NTIC " est une tâche complexe. Du fait des difficultés conceptuelles à circonscrire le

champ des nouvelles technologies, la définition des TIC estextrêmement variée d’une étude à l’autre et influence trèscertainement les résultats obtenus. Il y a néanmoins une qua-si-unanimité, parmi les économistes, pour dire qu’il faut consi-dérer les TIC dans leur ensemble pour bien comprendreleurs impacts, en retenant une définition large et en y intégrantles équipements matériels, les logiciels et les services infor-matiques (internes ou externes), voire le capital organisa-tionnel créé à l’occasion d’un changement de systèmed’information. Cependant, l’informatique n’est déjà pas unecatégorie homogène et, ce faisant, on accroît encore la com-plexité des analyses en agrégeant des éléments de nature trèsdifférente.

Il n’existe pas de données temporelles homogènes surlongue période.

La plupart des économistes soulignent les difficultés àtrouver des données de qualité, en particulier lorsque les ana-lyses portent sur des données agrégées sectorielles. Si l’élar-gissement de la définition des " dépenses TIC " permet demieux mesurer leurs impacts, il engendre de réelles difficul-tés à collecter les données correspondantes et renforce lerisque d’agréger des données de qualité très variable. Un

163

Page 158: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

juste équilibre doit être trouvé entre disponibilité et fiabilitédes données, et exhaustivité des dépenses liées aux TIC.

Par ailleurs, la comparaison des dépenses TIC en Franceet aux États-Unis pose des problèmes spécifiques car la ma-nière d’appréhender ces dépenses n’est pas la même dans lesdeux pays :

- recours fréquent à la mesure des budgets des servicesinformatiques aux États-Unis (donnée désormais peufiable du fait de la décentralisation des budgets de micro-informatique),

- mesure des investissements informatiques en France(méthodologie également discutable car il n’y a pas en Francede mesure précise de ces investissements par la comptabi-lité).

Ce déficit de données a été clairement identifié aux États-Unis comme un frein à une bonne compréhension de la " nou-velle économie ". Comme l’indique le rapport " Toward DigitaleQuality ", produit par le US Government Working Groupon Electronic Commerce, plusieurs organismes se mobili-sent aujourd’hui pour créer les outils permettant d’analyser" l’impact de la numérisation de l’économie ". Le CensusBureau, en association avec le Bureau of Economic Analysis,d’autres agences fédérales et le secteur privé, commencentainsi à élaborer des définitions appropriées à " l’économienumérique " et à planifier un programme de mesure.

Dans l’attente de données fiables et complètes, il faudradonc encore se contenter de données partielles et de sériescourtes pour étudier l’impact des TIC sur la productivité desentreprises.

L’apport des études économétriques reste limité et doitêtre complété par d’autres approches.

In fine, les études économétriques menées récemmentconvergent plutôt vers un impact positif de l’investissementen TIC sur la productivité des entreprises. Il reste cependantdifficile de conclure sur l’efficience relative d’investisse-ments dans ce secteur. Mais il semble bien qu’un investisse-ment dans les TIC, en comprenant dans le montant de cetinvestissement toutes les dépenses qui y sont associées, ait unimpact similaire sur la productivité qu’un investissement dansun autre facteur de production. Il ressort clairement des étudesque dans une économie fondée sur le savoir, la compétitivi-té des entreprises se joue de plus en plus sur des élémentsqualitatifs et " hors prix " ; autant d’éléments que l’économétriea du mal à intégrer et qu’il est préférable d’analyser par desétudes de cas.

On remarquera cependant que la majorité des études me-nées jusqu’à aujourd’hui ont été centrées sur l’impact desTIC sur la productivité et non sur la compétitivité prix et horsprix dans son ensemble. La piste explorée par Barua, Kriebel& Mukhopadhyay (1995, Analyse de l’impact des TICsur les parts de marché des entreprises) est sans doute inté-ressante à reprendre pour aller plus loin. On peut en effetpenser que cet indicateur fait la synthèse des différentescomposantes de la compétitivité prix et hors prix des entre-prises et donc, en particulier de tous les éléments qualitatifsqui participent à la valorisation du produit pour le consom-mateur final.

Le point de vue des experts

Les NTIC : un facteur clé pour lesentreprises industrielles

La plupart des experts mettent en avant le rôle clé desNTIC pour les entreprises industrielles : leur bonne maîtriseconditionne aujourd’hui le maintien sur le marché et la crois-sance. Le caractère plus ou moins critique de l'adoption desNTIC et la nature des outils jugés clés sont néanmoins liés auxspécificités de chaque secteur.

Dans les secteurs industriels où le développement d’un pro-duit fait appel à de multiples ressources (automobile), lesNTIC montrent leurs limites : plus les outils sont performants,moins on communique. Les NTIC du type maquette numé-rique, prototypage virtuel peuvent faire prendre du retarddans le sens où il est difficile de prendre une décision à par-tir d’une maquette virtuelle. Ainsi, " on ne sait pas encore semettre d’accord dans le virtuel " …

Des NTIC pour quelles fonctions ?Ces technologies sont particulièrement centrales dans

trois domaines :- l’optimisation de la chaîne logistique,- l’évolution vers le "e-business",- la mise en place de nouveaux modes de travail.L’optimisation de la chaîne logistiqueLe " pilotage de la chaîne de valeur ajoutée ", " l’optimi-

sation de la chaîne logistique au sens large, de la prospectionclient à la livraison " sont cités par plusieurs experts commel’apport essentiel des NTIC à l’entreprise. Grâce aux progi-ciels de gestion intégrés (PGI ou ERP en anglais) ou aux so-lutions de gestion de la chaîne logistique globale (SCM), lepilotage de l’entreprise devient transversal et dynamique :

- alors que les entreprises savaient pratiquer des optimi-sations locales de leur fonctionnement, fonction par fonctionou produit par produit, les NTIC permettent un décloisonne-ment des différentes parties de l’entreprise et une optimisa-tion globale. L’entreprise dispose enfin d’outils lui permettantde faire une analyse stratégique complète de son activité.

- les NTIC permettent d’adapter la production à la de-mande grâce à la souplesse et à la flexibilité qu’elles procu-rent. Elles donnent la possibilité de concilier deux contraintes :produire de grandes séries et s’adapter à la demande chan-geante du consommateur final.

Mais la déjà large diffusion de ces outils, tout au moinsdans les grands groupes et une bonne partie des PMI, faitqu’elles ont désormais un impact " binaire " sur la compéti-

164

La contribution relative des NTIC

Bien que les NTIC soient importantes pour le secteur Santé/Pharmacie, elles ne sont pas au cœur des enjeux des entreprisesde ce secteur et sont loin de déterminer, aujourd’hui tout au moins,leur compétitivité et leur place sur le marché.

La R&D et sa capacité à créer de nouvelles molécules intéressanteset le marketing des nouveaux médicaments sont jugés beaucoup plusdéterminants pour l’entreprise qu’une bonne utilisation des NTIC envue d’optimiser la chaîne logistique ou les échanges avec les par-tenaires commerciaux.

Page 159: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

165

tivité. Il devient difficile de rester sur le marché si on ne lesmet pas en œuvre (coût et impact importants du " No Go ").En revanche, parmi les entreprises utilisatrices, les différencesd’usage et de diffusion interne de ces outils, pourtant réelles,n’induisent que des écarts marginaux de compétitivité.

L’évolution vers le "e-business"Autre domaine clé d’intervention des NTIC : le partage

d’information avec des partenaires extérieurs à l’entreprise,rendu possible par les technologies de l'internet. Un domai-ne d’autant plus important que les produits (et les servicesqui les entourent) sont toujours plus riches en information,de même que les outils utilisés pour les produire (CAO,DAO, …). Les potentiels de développement et d’enrichisse-ment de la communication externe se structureraient autourde trois axes :

- les technologies de l'internet sont d’abord perçues com-me une opportunité de construire de véritables partenariats avecles clients et fournisseurs, notamment les distributeurs :échanges d’informations qualitatives et quantitatives sur lesventes, les clients finaux, les comportements de consomma-tion etc. Elles permettent de formaliser d’autres relations quecelles qui avaient été établies au temps des échanges de don-nées informatisés (EDI) et de progresser vers un développe-ment en commun des activités. Associé à la mise en place ded'outils de gestion de la chaîne logistique globale (approvi-sionnements, ventes et distribution), ce partage en temps qua-si-réel d’information fait progressivement se matérialiser devéritables “ entreprises étendues ”.

- autre axe majeur de cette évolution : la communicationdirecte vers le consommateur final. Cette communicationprend de plus en plus la forme d’un développement de servicesinteractifs complémentaires aux produits pour mieux infor-mer, offrir de la valeur ajoutée et, finalement, fidéliser lesclients.

- enfin, la possibilité de communiquer directement vers lesactionnaires est évoquée : une communication continue etnon plus annuelle vers le marché financier permet de mettreen place un nouveau type de relation, plus axé sur la proxi-mité et la confiance.

Si le " e-business " est au cœur des préoccupations des ex-perts rencontrés, le e-commerce même semble moins attrac-tif . En effet, si la demande de commerce électronique estforte aux États-Unis et est ressentie comme telle par les en-treprises qui y ont une partie de leur activité, le marché fran-çais semble encore peu développé.

De ce fait, la remise en cause du réseau de distribution ac-tuel qu’implique la mise en place d’un canal direct de distri-bution n’est pas attractive : les volumes concernés sont tropfaibles pour justifier des investissements dans une chaîne lo-gistique spécifique. Les industriels rencontrés préfèrent doncprivilégier la logique de partenariat avec leurs distributeurs,quitte à soutenir leurs initiatives dans le domaine du e-com-merce (notamment celles des spécialistes de la VPC).

Cependant, l’avancée vers des offres de services à valeurajoutée pour le client final et vers le " e-commerce " est belet bien perçue comme les prémisses des transformations àvenir des entreprises industrielles. L'activité sera de plus enplus assise sur la vente de services à valeur ajoutée, notam-ment via l'internet, services associés à des produits “ indus-triels ” distribués, eux, quasi gratuitement.

La mise en place de nouveaux modes de travailEnfin, les nouvelles technologies de travail en réseau ou

en groupe (messagerie, intranet, logiciels de " groupware ")transforment profondément le mode de travail, d’abord eninterne avec l’émergence d’équipes projets complètementtransversales au regard des organisations hiérarchiquestraditionnelles, puis progressivement avec les fournisseursstratégiques : travail en communauté en flux très tendu, pro-grammes communs de R&D et CAO.

Cependant la révolution réside plus dans la mise à dis-position et le partage d’une information riche que dans cesoutils de travail en groupe : renforcement du sentiment d’au-tonomie des salariés, possibilité de renforcer un sentimentd’appartenance à l’entreprise, en permettant à chacun de res-ter en contact, évolution vers une "entreprise apprenante".

Ces nouveaux modes de travail permettant une " réor-ganisation des intelligences " de l’entreprise et une " confron-tation productive " de ses intelligences.

Les impacts des NTIC sur la compétitivitéDes impacts sur la compétitivité hors prix,difficilement mesurables …Pour les experts, les impacts des NTIC sur la productivi-

té et la compétitivité prix des entreprises restent limités. C’estdans l’amélioration de la compétitivité hors prix que les NTICjouent un rôle majeur. De ce fait, la mesure des effets des in-vestissements dans ces technologies est difficile et personnene sait vraiment répondre à la question " quel retour surinvestissement (" Return On Investment ") pour les NTIC ? ".Divers gains sont constatés mais leur existence n’est pasattribuée exclusivement aux NTIC : " Il est certain que l’ona gagné en termes de coût, délais, et sans doute qualité maison ne peut pas attribuer ces gains seulement aux nouvellestechnologies, la contribution des outils NTIC est indisso-ciable de l’organisation ".

Finalement, le choix d’investir est perçu comme étantproche de l’acte de foi ; on investit dans les NTIC car l’on croità l’efficacité et à la rentabilité de ces outils ou, tout au moins,parce que le risque est grand à ne pas investir.

…mais des impacts néanmoins perçus comme mul-tiples et majeurs

S’ils ne sont pas mesurables, les impacts perçus de cesinvestissements n’en demeurent pas moins majeurs. Le pre-mier avantage procuré par les NTIC est le renforcement de lacapacité à prendre de bonnes décisions. La chaîne de pro-duction est de plus en plus riche en informations alors que lesoutils de traitement se perfectionnent : les informations sontmaintenant transformées en connaissances pour l’entreprise,ce qui permet d’améliorer le taux de bonnes décisions.

Parmi les autres impacts, aujourd’hui émergents mais quise renforceront avec la montée en puissance du " e-business ",les principaux sont les suivants :

- une meilleure connaissance du client grâce aux infor-mations remontées de l’ensemble de la chaîne et aux inter-

Des outils en diffusion rapide

La répartition du CA d’un des acteurs majeurs du marché des pro-giciels de gestion intégrés (PGI ou ERP) en France est sans douteun bon indicateur de cette déjà grande diffusion : En 1998, 84% descontrats signés (33% du CA) l’ont été avec de petites entreprises,alors que l’outil était d’abord à destination des grandes entreprises.

Page 160: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

actions directes avec lui ; d’où une possibilité de mieux leservir, de mieux l’animer, et donc de le fidéliser pour connaîtredans des délais très courts les évolutions de la demande ;

- une flexibilité accrue permettant une réactivité à cesévolutions ;

- une meilleure gestion des approvisionnements et uneréduction des stocks, ce qui a un impact sur le coût de re-vient final ;

- un raccourcissement des temps de cycle et une diminu-tion des frais grâce à une optimisation des processus de R&D: capitalisation de savoir-faire et possibilités de simulation ;

- une amélioration de la qualité des produits grâce à unedocumentation de l’ensemble du processus de fabrication età une amélioration du contrôle de la production : la perfor-mance globale des produits en est améliorée, notamment leurfiabilité, ce qui donne la possibilité d’offrir des garanties de2 à 3 ans même sur les produits les plus sophistiqués ;

- un impact sur la diversité des produits.Enfin, plusieurs experts soulignent l’impact d’image que

procure un investissement dans des TIC innovantes. Les en-treprises pionnières ont un avantage concurrentiel réel bienque d’assez courte durée : image de modernité donnée à lamarque et facilité de contact avec des prescripteurs, desinvestisseurs. Cet avantage est particulièrement mis enévidence dans le cas d’investissements de type internet.

Des outils induisant des changements d’organisationLes experts s’accordent à dire que l’intégration des NTIC

doit être accompagnée de changements organisationnels pourêtre vraiment efficace :

- renforcement de l’autonomie de chacun ;- diminution du nombre de niveaux hiérarchiques- mise en place d’une organisation transversale ;- passage d’un pilotage séquentiel des activités à un pi-

lotage interactif ou systémique.C’est la qualité et l’efficacité de l’organisation autour des

nouveaux outils NTIC qui permettent à l’entreprise de ga-gner en efficacité et en compétitivité par rapport à ses concur-rents, d’où une notion de " productivité organisationnelle ".Pour autant, l’ordre dans lequel l’intégration des outils et lechangement d’organisation doivent être menés reste sujet àdiscussion.

Autre impact : le phénomène de " désintermédiation ".Par l'internet, les entreprises peuvent sélectionner leurs four-nisseurs par appels d’offres : ils limitent ainsi le nombre d’in-tervenants dans la chaîne de distribution, voire distribuent endirect si elles optent pour le commerce électronique.

Les écarts entre France et États-UnisAu dire des experts, les écarts entre la France et les États-

Unis en matière de diffusion des NTIC dans les entreprisesindustrielles seraient assez limités et tendraient à s’estomperpour certains alors que d’autres évaluent le retard de diffusionen France à deux ans (voir l'encadré).

Néanmoins, l’arrivée de l'internet a provoqué une accé-lération du phénomène de rattrapage. Des écarts importantspersistent cependant dans la diffusion au sein de l’entreprisedes NTIC et dans leurs perspectives d’utilisation.

Des différences dans plusieurs domainesLes différences entre la France et les États-Unis se ma-

nifestent dans plusieurs domaines :- l’attitude des salariés vis à vis des NTIC : les salariés fran-

çais ne montrent pas la même " perméabilité " aux NTIC queleurs homologues américains. Or, cette capacité à intégrerrapidement les innovations technologiques facilite la mise enplace, la diffusion et donc l’efficacité des nouveaux systèmesd’information.

- la manière de mener les projets informatiques semble for-tement différer entre les deux pays. Alors que les Américainssont plus pragmatiques dans l’intégration des NTIC dans leurfonctionnement, les Français s’attardent à réaliser des étudespour comprendre et maîtriser les " effets " qui en découle-ront. Les salariés américains sont capables de faire émergerde nouveaux projets NTIC puis de participer à leur concep-tion, alors qu’en France, les projets doivent le plus souventêtre initiés par la direction. A charge pour la direction deconvaincre les salariés de l’intérêt du projet et de les impli-quer dans sa mise en place, ce qu’elle ne semble pas toujourssavoir faire. Il résulte de ce déficit de communication un ren-forcement des freins initiaux à la diffusion des NTIC et unetendance à considérer l’informatique comme une fin en soi etnon comme un outil permettant d’atteindre d’autres objec-tifs.

- les patrons français sont encore peu sensibilisés aux en-jeux des NTIC. L’attitude des partenaires sociaux, qui sont tropsouvent restés sur d’anciennes batailles " informatisation ver-sus emploi " contribue également à freiner le processus.

- la culture hiérarchique très forte en France génère uneattitude qui assimile le pouvoir à la possession d’informa-tions. L’information voit ainsi son accès protégé et réservé àquelques personnes sélectionnées. Cette attitude est en com-plète contradiction avec les principes qui régissent un intra-net, à savoir la transparence (entre les salariés, entre tous lesniveaux hiérarchiques, entre entreprise et client, entre entre-prise et fournisseur) et donc les relations de confiance.

Des différences surtout " comportementales " Plusieurs pistes sont proposées pour expliquer ces diffé-

rences essentiellement comportementales :- les technologies de groupe, de partage de connaissance

(exemple : mise en réseau, messagerie) percent difficilementen France alors que les technologies individualistes (exemple :téléphone mobile) décollent fortement après une périodeinitiale de latence plus ou moins longue.

- une intégration très forte des NTIC dans la formation ini-tiale aux États-Unis depuis de nombreuses années, loin d’êtreéquivalente en France ;

- une nature de la concurrence très différente dans lesdeux pays : la versatilité et la capacité à remettre en cause unfournisseur sont plus répandues aux États-Unis, ce qui per-mettrait de tirer plus facilement parti des NTIC et du e-busi-ness. L’utilisation de solutions NTIC avancées par quelquesleaders aux États-Unis suffit par ailleurs à impulser leurdiffusion dans l'ensemble du tissu industriel, ce qui n’est pasle cas en France.

- le manque de valeur ajoutée apportée par les distributeursde solutions informatiques dans la chaîne de distribution enFrance. Plusieurs experts soulignent une bipolarisation très net-te et typiquement française qui confronte des techniciens, lesingénieurs, perfectionnistes et passionnés, qui développentdes systèmes d’information sans réellement penser aux dé-bouchés éventuels en termes d'affaires, à des revendeurs fai-blement acculturés en " technologies électroniques".

Contrepartie de cette facilité à intégrer des innovations

166

Page 161: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

167

Depuis 1997, le Département du commerce et de l'industrie britan-nique publie une comparaison internationale de la diffusion et de l'uti-lisation des nouvelles technologies de l'information dans les princi-paux pays du G7. Cette étude annuelle, effectuée par Spectrum StrategyConsultants, est fondée sur des enquêtes dans chacun des pays(500 interviews). La dernière publication, en date de mai 1999, repo-se sur des estimations de la fin 1998 ou du début d'année 1999.La rapidité des évolutions dans l'adoption des TIC modifie de façonimportante les ordres de grandeur d'une année à l'autre et oblige àporter une grande attention dans les comparaisons internationales auxdates des informations. Ceci s'ajoute à la diversité habituelle dessources, avec des enquêtes de plus ou moins grande ampleur, portantsur des champs divers (ensemble de l'économie, industrie seulementpar exemple) ; et de concepts variables (comptage en nombre d'en-treprises ou en nombre de salariés).

Une adoption rapide de l'internet aux États-UnisSelon cette étude britannique, l'avance prise par les entreprises amé-ricaines sur les entreprises européennes, dans l'adoption et l'utilisationdes nouvelles technologies de information, concerne essentiellementles technologies de l'internet. Dans ce domaine, les entreprises amé-ricaines ont pu bénéficier du rôle pilote joué par leur pays dans la miseen place de ce "réseau des réseaux" ainsi que des innovations d'uneindustrie des NTIC très performantes.

(*) lire : Aux USA, les entreprises connectées à l’internet représentent 68% des salariés

Au début 1999, les entreprises américaines connectées à l'internetreprésentaient 68% des emplois et celles présentes sur la toile, par lemoyen d'un site, représentaient 54% des emplois. Enfin les entreprisesfaisant du commerce électronique sur la toile représentaient 12% desemplois.Les entreprises françaises se caractérisaient par un certain attentismedans l'adoption des technologies de l'internet. Au début 1999, seule-ment 34% des entreprises (en termes de part de l'emploi) ont accès àl'internet et 25% des entreprises seraient présentes sur la toile. Ceschiffres sont moitié moins élevés que ceux constatés aux États-Unis.Pour le commerce électronique, la différence serait même de un àquatre. L'étude avance deux facteurs explicatifs : la part très importantedes entreprises de petites et moyennes tailles qui seraient moinsinclines à adopter les NTIC et l'absence de " culture de l'internet "dans " le pays du Minitel ".Il faut souligner que pour les autres technologies de l'information leretard est très nettement plus réduit (échanges EDI), voir tout à faitabsent (équipement informatique et téléphone mobile).

(*) Lire : les entreprises équipées en EDI (échanges de données informatisées) représentent28% des salariés aux USA

Une avance prise également par les entreprises anglaiseset allemandesLa même étude montre également que les entreprises du Royaume-Uni et de l'Allemagne ont adopté l'internet et ses technologies (intra-net, extranet) plus rapidement que les entreprises françaises. Audébut de l'année 1999, les entreprises allemandes auraient rattrapé leurretard en matière d'équipement en NTIC par rapport aux entreprisesdu Royaume-Uni et elles se situeraient à hauteur des États-Unis.

Une pratique encore limitée du commerce électronique dansl'industrie américaine …Même aux États-Unis, la "révolution de l'internet" ne s'est pas encoretraduite par une large pratique du commerce électronique interentre-prises (B2B), selon la " National Association of Manufacturers ". C'estce que montre une enquête plus récente, publiée en février 2000 etmenée dans l'industrie américaine auprès de 2500 entreprises.- 80% des entreprises industrielles américaines disposent d'un sitesur la toile, la grande majorité d'entre elles l'utilisant "comme vitrine" ; - 43% présentent sur leur site un catalogue de produits ;- 32% utilisent la toile pour faire du commerce électronique.Parmi ces dernières, 52% d'entre elles le font pour créer de nouveauxcircuits de ventes ;- 23% pour mettre de nouveaux produits sur le marché ;- 17% pour faire des achats au meilleur prix ;- 17% utilisent la toile à la place de l'EDI ;- 12% pour acheter des produits intermédiaires, des pièces détachées,10% pour des besoins logistiques ; 7% pour des achats de matièrespremières et 5% pour intégrer des circuits de fourniture (" existingsupply chain ").Enfin, une autre enquête a montré que les industriels américains s'en-gageant dans le commerce électronique avaient pour objectifs princi-paux : l'amélioration de la satisfaction du client (89%), la création denouveaux canaux de commercialisation (70%), la réduction des coûtsde transactions (68%) et l'augmentation de la productivité interne(67%).

Un rattrapage en cours dans l'industrie françaiseUne récente enquête du SESSI a procédé à un état des lieux dudéploiement et de l'utilisation des TIC par les entreprises françaisesdans les secteurs de l'industrie (hors IAA) et de l'énergie. Cetteenquête postale a été effectuée, à la fin de l'année 1999, auprès d'unéchantillon de 5 600 entreprises industrielles françaises de plus de20 personnes. (Voir le commentaire des principaux résultats en fin duchapitre 4 du rapport CPCI sur la situation de l'industrie).

Positionnement des entreprises françaises en matière d'équipement en NTIC

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Extranet E-commerce Vidéoconf. Intranet Site surla toile

Internet

France Roy.-Uni Allemagne États-Unis

L’utilisation de l’internet en France et aux USA*

Source : an international benchmarking study - Spectrum Strategy Consultants (mai 1999).et NOP pour leDépartement ministériel du commerce et de l'industrie britannique).

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Echange EDI PC & CD Rom PC et Modem Mobiles Micro

France États-Unis

Utilisation de de l’informatique et des télécommunicationsen France et aux USA*

Source : an international benchmarking study - Spectrum Strategy Consultants (mai 1999).et NOPpour le Département ministériel du commerce et de l'industrie britannique).

Page 162: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

Les résultats de l'enquête montrent en particulier que les entreprisesindustrielles françaises ne restent pas à l'écart de la révolution de l'in-ternet. A la fin de l'année 1999, 69% des entreprises industrielles sontconnectées à l'internet, alors qu'elles n'étaient que 28% en 1997. Lesindustriels voient dans l'internet surtout un moyen moderne et perfor-mant d'échanger des informations, mais pas encore comme un outil detransactions commerciales à part entière. En 1999, 64% des entreprises industrielles utilisent l'internet pour re-chercher des informations, 61% pour communiquer par la message-rie électronique, 53% pratiquent des transferts de fichiers, mais seu-lement 15% des entreprises industrielles passent des commandes enligne chez leurs fournisseurs par l'internet.Les technologies de l'internet sont également utilisées par les entre-prises pour favoriser le partage de l'information en interne (l'intranet)ou avec ses partenaires - fournisseurs, distributeurs - (l'extranet).

L'essor de l'intranet dans les grandes entreprisesLa mise en place d'un intranet, c'est-à-dire d'un réseau fermé d'entre-prise utilisant les techniques et les outils de l'internet (protocole IP), sedéveloppe rapidement dans l'industrie française. L'intranet permet dedévelopper l'échange et le partage de l'information au sein de l'entre-prise ou du groupe (accès à des bases de données) ainsi que l'essordu travail collaboratif (travail de groupe).23% des entreprises industrielles en sont équipées et elles sont presqueaussi nombreuses à souhaiter le faire d'ici 2001. Cette évolution est en-core plus marquée dans les grandes entreprises où 73% d'entre ellessont d'ores et déjà équipées d'un intranet (le taux s'élève à 89%, sil'on inclut les prévisions d'équipement 2001).

Le succès des progiciels de gestion intégrés et de l'EDIParallèlement à la mise en place d'un réseau intranet, les entreprisesfrançaises adoptent de plus en plus (37% des entreprises) des progi-ciels de gestion intégrés (PGI ou ERP en anglais). Ces progiciels quicomprennent des modules pour chaque fonction (achats, comptabili-té, production, stocks, facturation) permettent la mise à disposition detoutes les informations utiles aux collaborateurs de l'entreprise. Par ailleurs, il est à souligner que les liaisons d'échanges de donnéesinformatisés (EDI) établies avec les fournisseurs et les partenaires del'entreprise sont assez largement utilisés : près de 44% des entreprisesindustrielles y ont recours.

L'émergence de l' extranet …Les entreprises industrielles hésitent encore à mettre à la dispositionde partenaires extérieurs leurs informations propres : seules 10% desfirmes sont équipées d'un extranet, avec 15% de prévisions d'équi-pement d'ici 2001. Le réseau extranet est un intranet ouvert à certainspartenaires habituels de l'entreprise (fournisseurs, sous-traitants,clients). Il autorise l'accès à une partie des informations de l'entrepri-se afin de favoriser des échanges générant des plus values.

… et du commerce électroniquePrès de 40% des entreprises ont fait le choix de mettre en place un sitesur la toile (site Web). Il s'agit généralement pour les entreprisesindustrielles de faire de la communication institutionnelle, afin de sedonner un surcroît de notoriété et une image de modernité.Un quart environ ont un site sur la toile à partir duquel, elles diffusentdes informations commerciales utiles aux clients (catalogues de

168

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

de 20 à 50salariés

de 50à 100

de 100à 250

de 250à 500

plus de500

ensemble

Passer des commandes Rechercher des informationsTransferts de fichiers Connexion à internetMessagerie électronique

En % des entreprisesLes utilisations de l’internet selon la taille des entreprises

Source : Sessi - enquête TIC 1999

0

10

20

30

40

50

60

70

80

de 20 à 50salariés

de 50à 100

de 100à 250

de 250à 500

plus de500

ensemble

Intranet en 1999 Extranet en 1999

En % des entreprises

La mise en place de réseau intranet et extranet

Source : Sessi - enquête TIC 1999

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

de 20 à 50salariés

de 50à 100

de 100à 250

de 250à 500

plus de500

ensemble

Progiciels PGI ou ERP Echanges EDI

En % des entreprises

La diffusion des ERP et de l’EDI

Source : Sessi - enquête TIC 1999

0

10

20

30

40

50

60

70

80

de 20 à 50salariés

de 50à 100

de 100à 250

de 250à 500

plus de500

ensemble

Site d'information commercialeSite avec commandes en ligneSite avec paiement en ligne sécurisé

En % des entreprises

L’émergence des sites marchands sur la toile

Source : Sessi - enquête TIC 1999

Page 163: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

technologiques aux États-Unis : les effets de mode y sontplus rapides mais aussi, sans doute, plus éphémères. D’où,potentiellement, une possibilité pour les entreprises françaisesd’éviter certaines erreurs d’investissement.

Le point de vue des entreprisesindustrielles

26 entreprises ont été auditées en France et aux USA surla nature de leurs projets NTIC et sur leur mode d’implé-mentation. Volontairement choisies comme différentes et por-teuses de projets NTIC aboutis, ces entreprises permettentde faire un bilan des " bonnes pratiques " et de mesurer lesdifférences de mode d’implémentation entre la France et lesUSA.

Les NTIC aux États-Unis : une questionde survie pour les entreprises

Aux Etats Unis, la plupart des entreprises industriellessont convaincues qu'elles n'ont pas de degré de liberté en ma-tière de nouvelles technologies : l'investissement NTIC estune absolue nécessité pour survivre à moyen terme.L'évaluation des impacts devient donc un souci mineur. Cetteconviction s'est forgée autour d'un diagnostic étayé par des an-nées d'expérience quant aux gains de productivité généréspar ces technologies.

Mais aujourd'hui, 3 idées fortes motivent l'équipement :- il faut se soumettre aux exigences de clients très puis-

sants sous peine d'être littéralement exclu du marché. Pour lessous-traitants, l'équipement NTIC est réclamé par les sec-teurs clients,

- les NTIC peuvent être le moyen de se réinventer pourdes entreprises de secteurs en déclin ou dont les marchéstraditionnels disparaissent,

- les NTIC sont un moyen de se différencier, notammentface à des concurrents plus puissants financièrement. Or unePMI doit être plus performante que ses concurrents si elle estplus petite.

En France, ce diagnostic n'est partagé que chez les diri-geants passionnés ou chez des chefs de projets hautementsensibilisés, mais qui éprouvent des difficultés à poser le pro-blème en ces termes dans leur entreprise. Cette différence deperception est le fruit d'histoires informatiques différentes :

- les entreprises industrielles américaines ont un niveaude maturité technologique à la fois élevé et homogène. EnFrance, le rapport aux NTIC est beaucoup plus hétérogène,avec des entreprises ayant tôt compris l'enjeu, et des entreprisesnettement en retrait ;

- les dirigeants américains sont convertis et le plus sou-vent affranchis des raisonnements traditionnels d'évaluation

de la rentabilité de l'investissement dès qu'il s'agit de NTIC.En France, il existe un fossé entre des dirigeants convertis, sou-vent pris d'une passion personnelle pour les NTIC, et des di-rigeants qu'il faut convaincre de l'intérêt des investissements,

- les salariés américains ont une acculturation très forte,une grande capacité d'adaptation, ajoutées à un réservoir im-portant de compétences. En France, la souplesse est moinsgrande : il faut d'abord convaincre de la nécessité de l'équi-pement et former,

- les investissements dans les NTIC sont, aux États-Unis,favorisés et fortement valorisés par les marchés financiers(l'équipement d'une entreprise d'un secteur en déclin suffit àla faire entrer dans le cercle de la nouvelle économie !). EnFrance, les partenaires financiers restent difficiles à convaincre.

Que ce soit en France ou aux USA, le caractère névral-gique des ces nouvelles technologies contribue à modifierl'organigramme même des entreprises. La première expé-rience NTIC est souvent suivie d'une redéfinition du rôlede la direction de l'informatique qui peut être rebaptisée" direction des systèmes d'information ", celle-ci jouant un rôlestratégique, au moins équivalent à celui de la directionadministrative ou financière. Cette nouvelle direction est per-çue comme le levier de créativité des produits de demain dansun marché où de plus en plus, l'offre précède et crée lademande.

Une volonté de différenciationpar le service rendu

Dans tous les secteurs d'activité industrielle, et en parti-culier dans les plus traditionnels, on rencontre une mêmeconviction : il est de plus en plus difficile de se différencierpar les produits. Les générations précédentes d'outils (pro-ductique, assurance qualité…) sont largement diffusées, etne suffisent plus à assurer un avantage concurrentiel : " Toutle monde sait faire de la qualité ".

La nécessité de se différencier par le service rendu, entermes de qualité mais aussi d'étendue, s’est donc fait jour etles NTIC en sont le support idéal : "Les technologies cléssont toutes celles qui permettent de construire, développer etaméliorer la relation client" (États-Unis). "Une informationpartagée entre les métiers du groupe pour apporter plus viteune solution complète au client" (France)

Aux Etats-Unis, cette nécessité peut conduire à une mi-gration de l'industrie vers les services par un appel croissantà la sous-traitance, voire une volonté d'externalisation totalede la production pour concentrer les efforts sur la relationclient, ou encore par le développement et la commercialisa-tion d'une offre de services, dont le produit industriel initialn'est plus que le support physique.

En France comme aux États-Unis, se développent ainsi un" effet dominos " : pour bénéficier pleinement de l'implé-mentation de ses outils NTIC, une entreprise incite fortement,voire exige de ses fournisseurs qu'ils développent eux-mêmesdes systèmes compatibles pour automatiser leurs relations,améliorer leur capacité à fournir de l'information et amélio-

169

produits ou de prix). Ces pourcentages sont bien entendu plus éle-vés dans les grandes entreprises de plus de 500 salariés (38%).S'agissant de la réception de commandes en ligne, seulement uneentreprise industrielle sur dix pratique à l'heure actuelle cette for-me plus évoluée du commerce électronique. Mais 31% des grandesentreprises prévoient de doter d'ici 2001 leur serveur sur la toile defonctionnalités permettant au client de passer commande, contre22% des PMI. Enfin, ultime pas vers " la nouvelle économie ", lepaiement en ligne sécurisé ne concerne encore que 3,4% des en-treprises industrielles.

Ainsi, un fabricant de compteurs d'électricité américain a équipé sesmatériels d'émetteurs radio lui permettant de relever les consom-mations à distance, et vend désormais l'information ainsi collectée,ainsi que son traitement. Le service est devenu le cœur de saprestation.

Page 164: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

170

rer leur fiabilité. Les constructeurs informatiques ont tousmis en place une liste d'homologation, qui répertorie les four-nisseurs homologués suite à leur évaluation. C'est donc biensous la contrainte que leurs fournisseurs se dotent d'un pro-giciel de gestion intégré (PGI ou ERP), outil indispensable poursatisfaire à 25% de ces exigences - même s'ils reconnaissentpar ailleurs les bénéfices qu'ils en tirent pour leur fonction-nement. Les grands magasins exigent depuis des annéesl'informatisation des relations avec leurs fournisseurs.

Les fournisseurs répercutent à leur tour ces exigences surleurs propres fournisseurs soit en faisant de l'équipement unecondition sine qua non de collaboration, soit en aidant unpartenaire-clé par son savoir-faire mais en retard sur le plantechnologique, quand il est nécessaire de tirer vers le haut cepartenaire pour ne pas se trouver soi-même tiré vers le bas.

La différenciation par le service ne se fait pas seulementau niveau de l'entreprise, mais sur la chaîne de valeur ajou-tée intégrant l'ensemble de ses fournisseurs. D'où l'impor-tance accordée aux USA aux partenariats et à des relationsapaisées avec les circuits de distribution qui, du fait de leurproximité avec les consommateurs finaux, ont souvent l'ex-périence la plus "ancienne" en matière de maîtrise des nou-velles technologies.

L'implémentation des NTIC :un processus permanent

Par rapport aux projets traditionnels d'équipement desPMI, l'engagement NTIC est souvent déroutant pour les in-dustriels dans la mesure où l'implémentation est idéalementsans fin. Aux USA, on considère généralement qu'un projetNTIC ne peut se terminer : il doit être placé dans une logiquede remise en cause permanente … " Si on renonce à faireévoluer les outils, c'est comme si on n'avait rien fait ". Cetteopinion est d'ailleurs partagée par les entreprises les plusmatures en France.

En France, les entreprises conservent une logique pluscompartimentée. Elles adoptent les NTIC, ou plutôt une tech-nologie, dans une optique projet; cette démarche n'est pas in-tégrée à une vision stratégique globale, à une analyse appro-fondie de l'ensemble des besoins présents et futurs. Seul lebilan d'une première expérience peut les faire évoluer lors-qu'elles s'aperçoivent que leur outil, bien que répondant auxspécifications requises pour leur projet, ne s'intègre pas defaçon optimale (pas de bénéfice pour d'autres projets). Ellesrepensent alors leur approche, l'orientant vers une réflexionplus globale.

Cette remise en cause permanente fait notamment qu'auxÉtats-Unis, on ne tire pas de bilan en termes de projet parcequ'on mène très souvent plusieurs projets de front qui, à euxtous, forment cette stratégie " nouvelles technologies " quirépond aux besoins de la stratégie globale. L'idée dominan-te est qu'un projet n'est jamais terminé : partout, on entend :" It's always work in progress ", " we're always on the move ".

Un projet qu'on considère comme achevé est un outil quin'évolue plus, donc qui meurt. Connaître les limites d'unoutil dès sa mise en service, permet d'anticiper sur le déve-loppement de la génération suivante ; on a sans cesse àl'esprit le souci d'évolutivité et la crainte de l'obsolescence.

L'objectif reste de toujours maintenir, voire d’accroîtrel'avantage technologique, en ayant toujours un projet d'avan-ce. En France, l'approche demeure plus séquentielle : on mèneun projet à la fois, sans forcément en envisager d'autres, et demanière plus figée. On remet difficilement en cause les choixen cours d'implémentation : le cahier des charges est consi-déré comme une contrainte incontournable et on attend queles développements soient terminés pour le remettre en cau-se. On attend de constater les impacts d'un projet avant d'al-ler plus loin et on fait moins évoluer les outils.

Un ordonnancement clair destechnologies

L'observation comparée des entreprises industrielles enFrance et aux USA permet en particulier de montrer que lesentreprises établissent une hiérarchie dans l’introduction desnouvelles technologies :

L'intranet et les progiciels (ERP et SCM)L’intranet, les progiciels de gestion intégrés (ERP) ou en-

core les outils de gestion de la chaîne logistique globale (SCM)constituent la priorité des entreprises industrielles. Parce queces technologies permettent le partage des connaissances(flux d'informations, de matières et les procédés) et la ratio-nalisation du fonctionnement de l’entreprise (simplificationdes procédures et optimisation des temps de traitement c’està dire la mise en ordre de bataille du "back-office"), elles sontles premiers outils à introduire dans l’entreprise afin de don-ner de la visibilité sur son fonctionnement en temps réel.

Le commerce électroniqueParmi les entreprises que nous avons rencontrées, la

deuxième technologie la plus diffusée est le commerce élec-tronique avec des différences fortes de maturité entre la Franceet les USA. Si les entreprises industrielles françaises selancent sur le Net, quel que soit leur secteur d’activité et endiffusant le plus souvent une gamme standard de produits,les entreprises américaines ont pris du recul par rapport aucommerce électronique.

Après une première période d'euphorie autour du com-merce électronique avec les particuliers (" Business toConsumer "), c'est à présent le commerce inter-entreprises(" Business to Business ") qui est sur le devant de la scène auxÉtats-Unis. Les entreprises industrielles américaines com-mercialisent leurs produits par l’intermédiaire de sites spé-cialisés, éventuellement regroupés au sein de portails pro-fessionnels. Les sociétés de services qui développent desmarchés verticaux en ligne connaissent une croissanceexplosive, et l'annonce par Ford et General Motors de la miseen place d'un portail commun d'approvisionnement a consti-tué un véritable électrochoc pour les entreprises américaines.

Lorsqu’elles opèrent dans le champ du " B to C ", les

Une entreprise de textile américaine a ainsi utilisé les NTIC pourfaire avancer ses distributeurs, en développant un extranet per-mettant une gestion optimale des stocks de part et d'autre, et enmettant à leur disposition un certain nombre d'outils pour leur propredéveloppement (outils de gestion, de développement de site sur latoile). Cette démarche lui a de plus permis de s'attacher des distri-buteurs reconnaissants.

Une entreprise française structurée en réseau a utilisé ces techno-logies pour optimiser son fonctionnement, par capitalisation del'expérience, diffusion des bonnes pratiques et des savoir-faire; ellea ainsi pu codifier son métier.

Page 165: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

171

entreprises soit privilégient la distribution de produits noncommercialisés par leurs réseaux traditionnels (exemple : desproduits personnalisés, avec des prix élevés et un taux de fi-délisation important), soit jouent la carte de leurs distribu-teurs traditionnels, le plus souvent en se ralliant à leur expé-rience de commerce électronique.

Pour le commerce en ligne " B to C ", les entreprisesindustrielles aux USA intègrent pleinement leurs réseauxtraditionnels de distribution dans leur stratégie internet, pré-occupation encore peu diffusée en France.

L'extranetEnfin, les technologies de l'extranet restent encore peu

diffusées en France comme aux USA, freinées notammentpar l’existence d’outils partiels de mise en relation tels quel’EDI. Et pourtant, les entreprises industrielles pionnières enmatière de NTIC considèrent l’avènement de l’extranet com-me inéluctable : "Après l'optimisation interne, les gains deproductivité résident dans les relations de l'entreprise avecson environnement".

Des approches différentesdans la conduite des projets

Au-delà de la place accordée aux nouvelles technologiesdans les entreprises, la conduite des projets et les choixeffectués en terme d'internalisation des compétences et d'as-sociation des salariés distinguent clairement la France desUSA.

- Méthode de conduite des projets : aux États-Unis, lesprojets d'équipements NTIC sont conduits selon des métho-dologies éprouvées, avec une grande maîtrise, et par des res-ponsables pluri-compétents, à la fois techniciens et mana-gers. Les retards en matière de développement sont rares et,lorsqu'ils se produisent, sont toujours anticipés grâce à undécoupage rigoureux des projets en modules. En France, lesméthodologies restent plus floues et moins bien maîtrisées;les projets sont confiés à des responsables moins influents,le plus souvent des informaticiens dont l'image souvent" négative " gêne l'avancée des projets.

- Définition et pilotage des projets : aux Etats-Unis, lerecours aux ressources externes pour la définition des pro-jets reste limité à des compétences très pointues mais non stra-tégiques, que l'on ne souhaite pas acquérir par recrutement.En France, le recours à des prestataires externes est souventsystématique. C'est également une source de problèmes ou detensions qui retardent les projets, et limitent leurs dévelop-pements ultérieurs (nouvelles fonctionnalités, adaptation auxdemandes des utilisateurs…).

- Rôle du dirigeant : l'implication du dirigeant est miseen avant, dans les deux pays, comme facteur essentiel de suc-cès du projet. Mais, quand aux USA, l'adhésion du dirigeantaux projets NTIC est presque mécanique tant le degré deconscience de l'importance stratégique des outils NTIC est

élevé même pour des non spécialistes, en France, c'est sou-vent la passion personnelle du dirigeant pour les nouvellestechnologies qui permet leur introduction dans l'entreprise.C'est lui qui porte véritablement le projet sur ses épaules toutau long du processus, y consacrant beaucoup de son temps.Un dirigeant moins perméable aux nouvelles technologiesconstituera plus facilement un obstacle qu'aux États-Unis,car il évaluera l'investissement de façon plus traditionnelleet en sous-estimera l'importance stratégique.

- Implication des salariés : aux États-Unis, l'implicationdes salariés est forte dès la définition du projet, pour s'assu-rer de son adéquation aux besoins et ainsi de son utilisationet de son appropriation. Cette implication est d'autant plusnaturelle que les salariés ont de réelles compétences eninformatique (et ne comprendraient pas de ne pas être partieprenante des projets de l'entreprise). En France, l'implicationest souvent plus tardive et se fait par la formation aux outilsmis en place. L'accompagnement du changement est dès lorsd'autant plus nécessaire que les salariés sont peu acculturésà ces technologies et voient ces nouveaux outils comme desinstruments externes susceptibles de remettre en cause leursfonctions.

Les entreprises américaines parviennent ainsi à des tauxd'utilisation des NTIC exceptionnels, y compris dans les in-dustries de main d'œuvre : chez un des grands du textile, 80%des salariés utilisent quotidiennement les NTIC - alors mêmequ'il s'agit de la seule des entreprises rencontrées ayant dûfaire un effort important de formation de base à l'informa-tique auprès de sa main d'œuvre, majoritairement immigrée.

Conduite de projet, deux problématiques En termes de conduite de projet, deux problématiques

dominantes se dégagent, le choix des ressources et l’adapta-tion des compétences existantes :

Le choix des ressources : le choix d'internaliser lescompétences aux États-Unis est souvent fait dans l'optiqued'être capable de faire évoluer l'outil. L'acquisition de com-pétences peut se faire par recours à des prestations externes,mais la volonté de maîtrise des outils force à l'internalisationdes compétences. Cela n'est d'ailleurs pas sans poser de pro-blème dans un pays où les spécialistes sont très recher-chés, avec des taux de turnover très importants. En France,la définition des outils, voire leur développement sont le plussouvent confiés à des équipes externes, quand ce n'estpas l'ensemble des activités informatiques qui sont externa-lisées.

Bien que ce ne soit pas l'objectif affiché, ces choix diffé-rents ont deux impacts lourds :

- le choix de l'internalisation permet une économie sur lefacteur humain du projet puisque le travail d'une ressourceinterne n'est pas comptabilisé comme une prestation exter-ne. Son coût journalier est le plus souvent inférieur, même dansun univers très concurrentiel,

- l'externalisation se traduit souvent par une satisfactionmoindre vis-à-vis du déroulement du projet : les prestatairessont difficiles à choisir et pas toujours satisfaisants. Notammentdans la nébuleuse des fournisseurs naissants de services de l'in-ternet (développeurs de sites, hébergement), le choix se faitsouvent sans conviction. Il en est de même pour des logicielsdont les développeurs ne parviennent pas à convaincre qu'ilssont plus adaptés à votre entreprise que leurs concurrents.Enfin, les difficultés de communication et de compréhension

Une entreprise textile américaine, qui s'était heurtée à ses distribu-teurs en s'octroyant l'exclusivité de la vente de ses produits en ligne,a changé de stratégie et vend désormais sur l'internet une gammesur mesure. Un fabricant de cosmétiques a quant à lui fait le choixd'être distribué par des "e-vendors" plutôt que de vendre directe-ment ses produits sur son site, afin de ne pas court-circuiter sesdistributeurs traditionnels, et de limiter les risques face à des concur-rents extrêmement puissants.

Page 166: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

172

sont plus grandes avec des consultants extérieurs qu'eninterne (le sentiment de ne pas parler le même langage, laperception de lacunes sur le métier de l'entreprise), ce quientraîne des retards fréquents.

L'adaptation des compétences existantes : en Francecomme aux USA, la formation pose problème. D'autant queles interlocuteurs chargés du développement des projets NTICdoivent le plus souvent continuer à assumer une part impor-tante de leurs missions traditionnelles. Néanmoins, la diffé-rence de taille des PMI entre France et USA rend encore plusdifficile le processus d'apprentissage en France puisque lemanque de moyens humains y interdit souvent l'internalisa-tion.

Ces choix en matière de conduite de projet donnent lieuà des tactiques d'implémentation différentes selon la naturedes projets. Pour l'intranet ou les ERP, on s'oriente davanta-ge, en France comme aux USA, vers un développement en in-terne, qui peut éventuellement conduire à la réalisation d'ou-tils spécifiques. Notamment dans le monde industriel, lesprogiciels de gestion intégrés (ERP) disponibles ne sont pasnécessairement la " panacée " : il vaut mieux privilégier unsystème " frustre " mais qui colle aux besoins de la maisonque de se lancer dans l'adaptation d'un système surdimen-sionné par rapport à la taille de l'entreprise.

Ainsi, certaines entreprises de taille moyenne ont déve-loppé des alternatives aux progiciels SAP, BAAN ou encoreORACLE : c'est le cas dans le domaine du textile (les progi-ciels de gestion intégrés du marché s'avèrent incapables de gé-rer des produits aux références multiples qui croisent modè-le, taille et couleur) ou encore de la fonderie.

Pour l'extranet, on achète des outils disponibles sur lemarché pour assurer la compatibilité des outils (inter-communicabilité) et éviter aux partenaires de fonctionneravec des systèmes propriétaires qui nécessiteront le déve-loppement d'interfaces.

L'absence de mesure d’impacts En France comme aux États-Unis, les entreprises indus-

trielles " pionnières " sont convaincues de l'apport des NTICen termes de compétitivité : automatisation de tâches, zéropapier, réactivité accrue, fiabilité de l'information… sans pou-voir véritablement en évaluer l'ampleur : soit les NTICgénèrent de nombreux progrès qualitatifs, difficilement me-surables, soit les impacts sont évidents et imposent d'eux-mêmes les nouvelles technologies.

Toutes les entreprises mettent en évidence l'aptitude desNTIC à réduire les immobilisations, et pas seulement lesstocks dans les entrepôts. En particulier l'accès à toutes lesinformations disponibles est élargi à tous, ce qui permet uneplus grande circulation du savoir dans l'entreprise (proces-sus, état des opérations…), une plus grande autonomie dechacun et une décentralisation des décisions. Le papier et leséchanges à faible valeur ajoutée disparaissent (réservation desalles, facturations etc.), permettant ainsi de recentrer lesforces de l'entreprise sur les flux à forte valeur ajoutée, et no-tamment la création de nouveaux produits ou la personnali-sation des produits existants.

L'impact des NTIC est alors important sur l'organisationinterne puisqu'elles appellent plus d'autonomie et de respon-sabilité chez les salariés. On assiste à une montée en gammedu recrutement, notamment vers la généralisation de la com-

pétence informatique : "Lorsqu'on embauche des gens, on neleur demande pas s'ils ont le permis de conduire. Cela paraîtévident. Il en est de même pour la maîtrise de l'informatiquedésormais".

Dans ce contexte, l'absence fréquente de mesure d’im-pact est ainsi doublement justifiée par la philosophie d'ap-proche des NTIC, qui repose sur la conviction de leur abso-lue nécessité. On ne raisonne pas véritablement en termes decompétitivité ou de productivité (donc de mesure de ratios),mais en termes de survie et d'objectifs poursuivis. Les im-pacts constatés sont essentiellement d'ordre qualitatif (nou-veaux services, service meilleur, information plus fiable…),autant d'éléments délicats à mesurer, et l'assignation d'ob-jectifs chiffrés est très rare (réduction de 5% du montant desachats).

Quelques indicateurs sont parfois suivis : l'évolutiondu taux de marge (mais on ne sait pas quelle part du progrèsimputer aux NTIC), le taux de réclamation des clients,le nombre d'ordres traités par un opérateur, les délais deréponse ou de livraison, la fiabilité des prévisions de vente.Mais les impacts ressentis ont avant tout trait à la qualitéde service, à l'organisation et aux ressources humaines, àl'image.

Certaines entreprises ont pu constater les effets de leursefforts auprès des clients : amélioration de la position de l'en-treprise dans le système de cotation des fournisseurs de leursclients, valorisation de l'image auprès des partenaires (clients,distributeurs, fournisseurs), maintien sur la liste des fournis-seurs homologués "approved vendor list", voire renforcementdu positionnement (les concurrents étant progressivementéliminés d'une liste qui se resserre).

Les impacts importantsLes impacts les plus mis en avant sont liés à l'organisa-

tion et aux ressources humaines :- une évolution vers plus d'autonomie des salariés : cha-

cun dispose de l'information (" l'information se consulte, ellene se transmet plus "), qui est la clé d'une décision pertinen-te. Chacun peut donc prendre des décisions au plus proche duproblème, faisant gagner l'entreprise en réactivité. Cetteévolution suppose des mesures d'accompagnement, car ellenécessite un changement culturel profond dans le mode demanagement des entreprises,

- la décentralisation des décisions : la structure de l'en-treprise est aplanie (souvent 3 à 4 niveaux hiérarchiquesseulement aux États-Unis) et confère un rôle décisif aumanagement intermédiaire,

- la structuration de l'entreprise : les NTIC permettent deformaliser des procédures et des flux. Elles sont un outil pourfédérer les énergies de sites éloignés géographiquement, ren-forçant le sentiment d'appartenance de chacun. Elles autori-sent des modes de fonctionnement différents (par exemplepar l'utilisation de groupes de discussion pour un dévelop-pement en continu des produits),

- la valorisation du personnel : à condition d'accompa-gner le changement par la formation aux outils mis en place,un salarié de base acquiert des compétences nouvelles, etpeut effectuer des tâches à plus forte valeur ajoutée. Mêmedans les industries de main d'œuvre, le personnel se réduitmais est de plus en plus qualifié et mieux rémunéré, ce qui per-met l'accroissement de la valorisation du capital humain del'entreprise,

Page 167: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

173

N. GREENAN & J. MAIRESSE (1996) : “ Computers andProductivity in France : some evidence ” NBER Working Papern°5836

N. GREENAN & V. MANGEMATIN (1999) : “ Autour duparadoxe de la productivité ”, dans “ Innovations et performances”, Editions de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

E. BRYNJOLFSSON & L. HITT (1998) : “ Beyond the pro-ductivity paradox ”

E. BRYNJOLFSSON & L. HITT (1997) : “ Computingproductivity: are computers pulling their weight? ”

E. BRYNJOLFSSON & L. HITT (1997) : “ Beyond computa-tion : IT, Organizational Transformation and Business Performance ”

E. BRYNJOLFSSON & S. YANG (1996) : “ IT andProductivity : a review of literature ”

D. JORGENSON & K. STIROH (1995) : “ Computers andGrowth ”

D. JORGENSON & K. STIROH (1999) : “ InformationTechnology and Growth ”

PRESIDENT INFORMATION TECHNOLOGY ADVISORYCOMMITTEE.(1999) : “ PITAC Report 1999 ”. NationalCoordinating Office, US Governement

THE US GOVERNMENT WG ON ELECTRONIC COM-MERCE (1999) : “ Towards Digital Equality ”

N. SAKIRAI, E. IOANNIDIS & G. PAPACONSTANTINOU(1996) : “ The impact of R&D and technology diffusion onproductivity growth : evidence for 10 OECD countries in the 1970’sand the 1980’s ” OCDE /GD(96) :27

US DEPARTMENT OF COMMERCE(1999) : “ The emer-ging Digital Economy II ”

G. KARSENTI (1996) : "Impact des systèmes d'information etdes télécommunications sur la productivité au sein de l'OCDE"Thèse de doctorat de sciences économiques, Institut d'étudespolitiques de Paris.

R. J. GORDON (1999) : “ Has the New Economy renderedthe Productivity Slowdown Obsolete ? ” Northwestern University& NBER

BIBLIOGRAPHIE

- des outils qui peuvent devenir eux-mêmes vecteurs deformation : les modules d'auto-formation sur l'intranet se dé-veloppent. Comme l'information, tout est mis à la disposi-tion d'un salarié jugé autonome pour poursuivre en permanenceses apprentissages.

Page 168: L’état de l’industrie française - Vie publique€¦ · politique de développement de l’innovation et des technologies de l’information à laquelle les travaux de la Commission

175

Les tableaux du rapport de la CPCI font référence à lanomenclature économique de synthèse (Nes Insee).

Code et intitulé Nes Réf Naf-CPF

A - Industrie manufacturière

EB ind. agricoles et alimentairesB01 ind. des viandes 151B02 ind. du lait 155B033 ind. des boissons 159B041 travail du grain, aliments pour animaux 15.6 à 7B05 ind. alimentaires diverses 15.2 à 4+8B06 ind. du tabac 16

EC Industries des biens de consommationC1 habillement, cuirC11 ind. de l'habillement et des fourrures 18C12 ind. du cuir et de la chaussure 19C2 édition, imprimerie, reproductionC20 édition, imprimerie, reproduction 22C3 pharmacie, parfumerie et entretienC31 ind. pharmaceutique 244C32 fab. de savons, parfums et prod. d'entretien 245C4 ind. des équipements du foyerC41 fab. de meubles 361C42 bijouterie, instruments de musique 36.2 - 3C431 fab. articles de sport, jeux, ind. diverses 36.4 à 6C44 fab. appareils domestiques 297C45 fab. app. réception, enreg. son et image 323C46 fab mat. optique, photo, horlogerie 33.4 à 5

ED Industrie automobileD01 ind. automobile 34.1 à 2D02 fab. d'équipements pour automobile 343

EE Industries des biens d'équipementE1 construction navale, aéronautique et ferroviaireE11 construction navale 351E12 construction de mat. ferroviaire roulant 352E13 construction aéronautique et spatiale 353E141 fab. cycles, motos, mat. transport nca 35.4 à 5E2 ind. des équipements mécaniquesE21 fab éléments métal. pour la construction 281E22 chaudronnerie, réservoirs, chaudières 28.2 - 3E23 fab. d'équipements mécaniques 291E24 fab. de machines d'usage général 292E25 fab. de machines agricoles 293E26 fab. de machines-outils 294E27 fab. d'autres machines d'usage spécifique 295E28 fab. d'armes et de munitions 296E3 ind. des équipements électriques et électroniquesE31 fab. mach. de bureau, mat. informatique 30E32 moteurs, générateurs, transfo. électriques 311E33 fab. d'appareils d'émission, transmission 322E34 fab. mat. médico-chirurgical, orthopédie 331E35 fab. de mat. de mesure et de contrôle 33.2 à 3

EF Ind. des biens intermédiairesF1 ind. des produits minérauxF11 extraction de minerais métalliques 13F12 extract. prod de carrières, minéraux div. 14F13 fab. de verre et d'articles en verre 261F14 fab. céramiques, mat. de construction 26.2 à 8F2 ind. textileF21 filature et tissage 17.1 à 3F221 fab. de produits textiles 17.4 à 5

F231 fab. d'étoffes et d'articles à maille 17.6 à 7F3 ind. du bois et du papierF31 travail du bois et d'articles en bois 20F32 fab. de pâte à papier, papier et carton 211F33 fab. d'articles en papier ou en carton 212F4 chimie, caoutchouc et plastiquesF41 ind. chimique minérale 24.11 à 13 + 15F42 ind. chimique organique 24.14 + 16 à 17F43 parachimie 24.2 à 3 + 6F44 fab. fibres artificielles ou synthétiques 247F45 ind. du caoutchouc 251F46 transformation des matières plastiques 252F5 métallurgie et transformation des métauxF51 sidérurgie et première transform. de l'acier 27.1 à 3F52 production de métaux non ferreux 274F53 fonderie 275F54 services du travail des métaux 28.4 à 5F55 fab. de produits métalliques 28.6à8F56 récupération 37F6 ind. des composants électriques et électroniquesF61 fab. de mat. électrique 31.2 à 6F62 fab. de composants électroniques 321

B Activités non manufacturières(1)

EA Agriculture, sylviculture et pêche(2)

EG EnergieG1 production de combustibles et de carburants : houille(10) + pétrole (11) + uranium (12) +raffinage (232) + coké-faction & ind. nucléaire (231+233)G2 production distribution d'eau (40), gaz et électricité(41)

EN Services aux entreprisesN1 postes-télécommunicationsN2 conseils et assistanceN3 services opérationnelsN4 recherche-développement

Actvités hors industrie EH Construction EJ CommerceEK Transports LE Activités financièresEM Act. immobilièresEP Services aux particuliersEQ Education-santé-act.socialeER Administration

(1) Dans les synthèses de l’ONU, de l’OCDE et normalement danscelle de l’Union européenne, l’industrie manufacturière (" manu-facturing ") inclut l’industrie agroalimentaire, la cokéfaction-raffinage-nucléaire (Naf 23), mais exclut les industries extractivesdiverses (Naf 13 et 14) mises en industrie minières (" mining "). Deplus, dans l’ancienne base (80) des Comptes de la nation, l’indus-trie manufacturière (U03 à U06) excluait les industries agro-alimentaires U02. Pour ces raisons, le concept d’ industrie " manu-facturière " reste assez ambigu.De plus, certains incluent l’énergie, la construction, divers services(ingénierie, ...), voire l’artisanat dans l’industrie.

(2) Dans les nouvelles nomenclatures NAF-CPF, les " vins et cham-pagnes " sont devenus des produits industriels. Il n’en est pas demême dans les Comptes de la Nation " base 1980 " et dans les sta-tistiques courantes du commerce extérieur (publiées encore en NECjusqu’en 1999). Rappelons que ce poste dégage un solde importantà l’exportation (plus de 20 GF).

A N N E X E