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LDE #197 spéciale écoles
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La lettredes élus
Une publication mensuelle de l’UNEF et de l’APFEEN° de Commission Paritaire : 0108G82659 • ISSN : 1761-1547 // Directeur de publication : Sébastien Chaillou // Rédacteurs en chef : William Martinet Alexandre Gavard, Yoro Fall // mail : [email protected] // tél : 01 42 02 25 55 // Impression : imprimerie Grenier RCS Créteil B 622.053.189
Actualités • Succession de Richard Descoing : la démocratie en question // Budget des IEP : Mobilisation à Toulouse.
Dossier • Remettre les étudiants au coeur des priorités des écoles.
Fiche pratique • Obtenir une charte des examens qui assure des droits aux étudiants.
Interview • Sofiane Aouimeur Vice-Président de l’UEAF.
Association pour la Formation des Elus Etudiants
APFEE
Bonjour à tous !
En France, l’enseignement supérieur est coupé en deux, entre écoles d’un côté et universités de l’autre. Cette divi-sion crée non seulement des inégalités fortes entre étu-diants, mais isole aussi souvent les étudiants des écoles que cela concerne la défense de leurs droits, ou les multiples réformes de l’enseignement supérieur.
C’est pour permettre aux élus étudiants de tous les éta-blissements, universitaires ou non, de se saisir pleinement de leur pouvoir que nous avons décidé de consacrer cette lettre des élus aux problématiques spécifiques aux écoles.
Ce numéro revient notamment sur le projet porté par les élus « UNEF et associations étudiantes » d’unifier l’ensei-gnement supérieur pour lutter contre les inégalités entre écoles et universités, ainsi qu’entre les grandes écoles et le reste des établissements. Au-delà de ce chantier, cette lettre des élus vous offre des outils concrêts pour répondre aux difficultés quotidiennes que rencontrent les étudiants des écoles. Budget, démocratie, conditions de vie et d’études, règles d’examen, sont autant de priorités d’action des élus « UNEF et association étudiantes ».
Enfin, nous donnons la parole à Sofiane Aouimeur, Vice-Président de l’UEAF, pour aborder la question de l’accueil, du séjour et de l’insertion profession-nelle des étudiants étrangers. Les élus « UNEF et associations étudiantes » font de l’égalité des droits entre étu-diants français et étrangers une de leurs priorités.
Bonne lecture ! William Martinet, Élu au CNESER
#197Avril 2013
Spéciale écoles
Suite au décès de l’ancien directeur Richard Des-
coing, une procédure complexe et opaque pour
désigner son successeur s’est mise en place à l’IEP
de Paris. La Fondation Nationale des Sciences
Politiques (FNSP) ainsi que le Conseil de Direc-
tion de l’IEP ont, sans la présence d’étudiants et
de manière arbitraire, désigné un proche de la
direction comme successeur de Richard Des-
coing. Les élus « UNEF et associations étudiantes
» ont vivement contesté cette procédure. Face à
la pression étudiante, le ministère de l’enseigne-
ment supérieur a chargé un administrateur provi-
soire de faire respecter une nouvelle procédure,
plus démocratique et plus transparente. Cette
mesure s’avère être un échec, excluant toujours
les étudiants.
En pleine crise, critiquée pour les salaires mirobo-
lants et les pots de vin versés en toute discrétion par
l’ancien directeur, contestée sur l’augmentation des
droits d’inscription, la direction de l’IEP ne peut plus
faire l’impasse de la question démocratique. Les élus
« UNEF et association étudiantes » se sont imposés
pour réaffirmer leur attachement à la démocratie,
d’autant plus quand une décision déterminera la
politique de l’établissement dans les années à venir.
La démocratie n’est pas une option
La nomination du directeur de l’IEP est une procé-
dure déterminante dans les décisions qui touchent
aux conditions d’études des étudiants. Les élus
« UNEF et associations étudiantes » ont rappelé
avec fermeté qu’aucune décision ne pouvait être
prise au nom des étudiants sans que ceux-ci par-
ticipent au débat.
En tant qu’usagers de l’établissement, les étudiants
sont non seulement les premiers concernés par
les mesures prises, mais également les plus légi-
times à s’exprimer sur les besoins des étudiants.
Pour les élus « UNEF et associations étudiantes »,
faire confiance aux étudiants et leur donner toute
la place nécessaire est la meilleure garantie pour
l’IEP de se doter d’un projet ambitieux dans l’intérêt
des étudiants mais également de l’établissement.
Les élus « UNEF et associations étudiantes » réagissent pour faire entendre la voix étudiante.
Dès le début de la procédure, les élus « UNEF et
associations étudiantes » ont affirmé à maintes
reprises la volonté des étudiants de voir un
débat se faire entre les candidats autour de
leurs projets pour l’IEP, sa démocratisation
et la place de celui-ci dans l’enseignement
supérieur.
Après un appel à la mobilisation par les élus
« UNEF et associations étudiantes », 400 étu-
diants se sont rassemblés en assemblée géné-
rale dans l’amphithéâtre Boutmy, au cœur
de l’IEP, afin de faire entendre leurs attentes.
Les étudiants ont décidé d’occuper leur éta-
blissement deux nuits de suite et de bloquer
le CA de la FNSP qui devait se prononcer
sur la nomination du directeur. Ils portaient
ainsi plusieurs exigences : plus de démocra-
tie et de transparence dans la procédure.
La mobilisation des étudiants permet l’ouverture d’un débat sur la démocratie à l’IEP.
La nomination houleuse du nouveau direc-
teur remet sur la table le débat sur la pro-
cédure de nomination du directeur de l’IEP.
Les élus, par leur mobilisation, ont réussi à
lever le couvercle d’une procédure opaque,
pilotée par la FNSP, oubliant la démocratie.
Ils exigent ainsi que dorénavant les critères
de sélection des candidats soient connus, et
qu’il y ait un vote, avec les étudiants, pour la
désignation du directeur. Suite à la mobili-
sation des élus « UNEF et associations étu-
diantes », le ministère a annoncé sa volonté
de rendre plus transparente la gestion de
l’IEP de Paris. Par un communiqué, il a no-
tamment annoncé l’entrée d’étudiants élus
dans le conseil d’administration de la FNSP.
Le nouveau directeur de l’IEP ne peut plus
faire l’économie d’une remise à plat des sta-
tuts de l’IEP. Alors que les élus sont exclus
du conseil d’administration, les élus « UNEF
et associations étudiantes » exigent qu’à
l’image des universités, le CA comprenne
20% d’élus étudiants. La négociation sera
ouverte à la rentrée. Les élus « UNEF et
associations étudiantes » s’y engagent déjà
pleinement.
Marthe Corpet
Elue Au CNESER
De la démocratie à Sciences Po Paris
Suite à l’interpellation des élus « UNEF et asso-
ciations étudiantes » au mois de juillet dernier,
qui denonçait les frais d’inscriptions illégaux
pratiqués par les universités technologiques,
le Ministère a régularisé cette situation. Pour
lutter contre les abus, un nouveau texte règle-
mentaire cadre les droits d’inscription que
doivent payer les étudiants. Ils sont fixés à hau-
teur des droits d’inscription en écoles d’ingé-
nieurs.
ActualitésFrais d’inscription illégaux, les universités technologiques enfin régularisées
Pendant les élections au CROUS qui ont eu
lieu au mois de novembre, les élus « UNEF et
associations étudiantes » ont porté le projet de
rattacher l’ensemble des étudiants au système
de bourses du CROUS afin que chacun soit
à égalité et bénéficie du meilleur système
d’aide. En effet, certains en sont exclus, c’est
notamment le cas des étudiants rattachés
au ministère de la santé. Les élus « UNEF et
associations étudiantes » s’appuieront sur leur
place d’organisation majoritaire obtenue lors
des élections pour harmoniser vers le haut
l’accès aux aides sociales et faire du CROUS un
guichet unique des aides, comme ils l’ont déjà
fait pour les étudiants rattachés au Ministère de
la culture.
Unifier le système d’aides sociales
2
Actualités
L’enseignement supérieur français est aujourd’hui
divisé avec d’un côté les universités et de l’autre les
écoles. Cette bipartition historique fait débat dans
la société. Tout d’abord parce qu’elle participe à la
l’explosion des inégalités et à la reproduction sociale.
Les écoles, où les jeunes issus des milieux favorisés
sont surreprésentés, concentrent la majorité des
moyens financiers de l’Etat et bénéficient de budgets
plus importants pour améliorer l’encadrement et la
formation des étudiants. A l’inverse, les universités
accueillent plus d’étudiants et notamment ceux qui
n’ont pas les moyens de payer des frais de scolarités
trop importants. Pourtant, elles ne bénéficient pas
des mêmes subventions que les écoles. Cette bipar-
tition pèse également sur la qualité des formations.
Elle contribue au manque de lisibilité des diplômes
et ampute les établissements des bénéfices des deux
systèmes.
Les élus « UNEF et associations étudiantes » dé-
fendent une unification de l’enseignement supérieur
afin de réduire les inégalités entre les étudiants en
école et ceux en université. Cette unification doit
avoir pour objectif de tirer vers le haut la qualité de
toutes les formations, en permettant à tous les étu-
diants de profiter des points forts des universités (lien
à la recherche, diversité des disciplines, de frais d’ins-
criptions moins importants…) et des écoles (finance-
ment important, professionnalisation…)
La démarche des élus « UNEF et associations étu-
diantes » est d’aller vers un objectif de long terme
d’unification, par des avancées concrètes qui per-
mettent pas à pas de rapprocher universités et écoles
par le haut. Ce projet s’inscrit pleinement dans celui
de démocratisation de l’enseignement supérieur.
Utiliser les rapprochements entre écoles et universités Dans le cadre de la réorganisation du service public
d’enseignement supérieur, de nombreuses écoles
sont devenues des composantes à part entière d’une
université. À titre d’exemple, la création de l’université
de Lorraine, qui regroupe les universités de Nancy
et Metz a intégré également l’INPL (Institut National
Polytechnique de Lorraine). Alors que ces rappro-
chements auraient pu contribuer à une amélioration
des conditions d’études pour tous, cela n’a pas été
le choix fait par les établissements. Les élus « UNEF
et associations étudiantes » se mobilisent pour que
ces rapprochements se traduisent par de nouveaux
droits pour les étudiants.
Passer du rapprochement administratif au
rapprochement pédagogique
Ces rapprochement ont maintenu les inégalités de
droit. Ainsi, la bipartition de l’enseignement supé-
rieur se retrouve toujours au sein des universités :
les écoles concentrent les moyens budgétaires,
continuent à mettre en place la sélection, et n’har-
monisent pas leurs droits étudiants avec l’université.
L’intégration des écoles dans les universités ne doit
donc pas se traduire par une simple intégration admi-
nistrative. Les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent un véritable décloisonnement des for-
mations et une mutualisation des moyens.
Lutter contre les pratiques élitistes lors de création
de formations communes
D’autres rapprochements ont également vu le jour
avec une coopération entre les universités et les écoles
et la création de masters communs. Il arrive que les éta-
blissements choisissent d’adopter une stratégie élitiste
en créant des diplômes d’établissements, sélectifs et
aux droits d’inscription élevés. La création de formation
communes n’a de sens que si elle met à contribution
les avantages pédagogiques et scientifiques des deux
établissements au service de la qualité de la formation
de tous les étudiants. Les élus «UNEF et associations
étudiantes» revendiquent l’ouverture de ces forma-
tions à tous et la réglementation des frais d’inscriptions.
Construire pas à pas l’unité de l’enseignement supérieur.
Unifier l’enseignement supérieur ne pourra pas se faire
du jour au lendemain. La démarche des élus «UNEF et
Unifier l’enseignement supérieur, pour harmoniser les droits des étudiants vers le haut
associations étudiantes» est d’obtenir toujours plus de
droits pour aller dans le sens d’un rapprochement des
deux systèmes.
Avancer vers l’université de tous les métiers.
L’unification du service public, nécessaire à la mobi-
lité ainsi qu’à la démocratisation des formations doit
passer par deux mouvements :
Le premier est de faire du Ministère de l’ensei-
gnement supérieur celui de toutes les formations.
Aujourd’hui, nombreuses sont les formations avec
une tutelle différente (Ministères de la Culture, de la
Santé, de l’Agriculture…) créant des inégalités dans
les droits des étudiants (réglementation des droits
d’inscription, reconnaissance national des diplômes,
accès au système de bourse du CROUS…)
Le second est de construire l’université de tous les
métiers. Pour les élus « UNEF et associations étu-
diantes », l’intégration des écoles est une étape in-
dispensable dans la démocratisation de l’enseigne-
ment supérieur, mais doit passer par la construction
de formations pluridisciplinaires, tournées autant
vers la recherche que la professionnalisation.
Opérer un rattrapage budgétaire des universités
Pour réduire les disparités entre les écoles et les uni-
versités, l’Etat doit investir autant pour un étudiant
à l’université que pour un étudiant dans une école.
Cela permettrait de faire réussir plus d’étudiants
en leur assurant les conditions de leur réussite. En
effet, alors que l’investissement, pour un étudiant en
CPGE est de 15 240€, celui pour un étudiant à l’uni-
versité varie entre 5 000€ et 10 000€ en fonction
des filières.
William Martinet
Elu au CNESER
3
tions étudiantes» portent des revendications pour
améliorer les droits des étudiants et les garantir
dans l’ensemble des écoles :
• L’encadrement du contrôle continu. Le
contrôle continu est mis en place dans la plupart
des écoles. Pour être au service de la réussite des
étudiants, son encadrement est nécessaire. Les
dates des contrôles continus doivent être fixées
au début du semestre avec un nombre maximum
d’examens par semaine et un temps de révision
intégré.
• Le suivi individualisé des étudiants. Chaque se-
mestre, l’organisation d’un rendez-vous étudiant,
avec un personnel référent, pour faire le point sur
leur progression est nécessaire, ainsi que l’orien-
tation vers des personnels compétents en cas de
difficultés (travailleur social du CROUS en cas de
problème financier, tutorat en cas d’échec aux
examens, médecine préventive en cas de pro-
blème de santé…).
• La formation à la pédagogie des enseignants.
«Enseigner est un métier qui s’apprend». Quel
que soit le niveau académique ou professionnel
des enseignants, il faut organiser une formation à
la pédagogie pour que chaque enseignant puisse
s’assurer de la qualité de ses enseignements et de
ses capacités à faire progresser l’ensemble des
étudiants.
• La diversification du contenu des enseigne-
ments. Il faut developper la mise en place de pro-
jets en groupe, la pratique de plusieurs langues
vivantes, l’utilisation des outils numériques ou
encore les enseignements de culture générale,
pour améliorer la qualité des formations et leur
reconnaissance sur le marché du travail.
Assurer la démocratie et le respect de la voix
étudiante dans les écoles.
Alors qu’ils sont les premiers concernés par les
décisions relatives au contenu des diplômes ou
à la politique de l’établissement, les élus étu-
diants sont souvent peu reconnus et davantage
considérés comme des délégués de classe plu-
tôt que des élus étudiants qui sont force de
proposition. Les élus « UNEF et associations
étudiantes » se battent pour faire respecter la
démocratie et impliquer les étudiants dans les
politiques qui touchent les établissements :
• Dans chaque conseil d’administration ou de di-
rection, les étudiants doivent être représentés par
des étudiants élus par l’ensemble de leurs pairs.
Il faudra mettre en place une représentation d’au
moins 20% des membres de ces conseils par les
élus étudiants.
• Dans chaque établissement, des commissions
pédagogiques paritaires entre étudiants et ensei-
gnants sont nécessaires pour traiter des sujets qui
touchent directement les étudiants (vie étudiante,
santé, pédagogie, formations, etc.)
• Dans chaque école, un vice président étu-
diant doit être élu parmi les élus du conseil
d’administration ou de la commission péda-
gogique, et être associé à toutes les déci-
sions prises par la direction de l’école.
• Le statut d’association représentative doit ga-
rantir leur indépendance vis à vis de l’administra-
tion et leur liberté d’expression.
Remettre les étudiants au coeur des écoles
Dossier du mois
Les écoles ont de nombreux points forts : un
financement important, un bon taux d’encadre-
ment et une insertion professionnelle de qualité.
Ces points forts ne doivent pas faire oublier les
difficultés rencontrées par les étudiants. L’accès
aux écoles est majoritairement réservé aux jeunes
issus d’un milieu social favorisé et l’échec des
étudiants pendant leur cursus est une dure réa-
lité. Pour que les écoles ne soient plus le lieu de
la reproduction sociale et qu’elles permettent à
tous les étudiants d’obtenir un diplôme de qua-
lité, les élus « UNEF et associations étudiantes »
se mobilisent pour faire de l’amélioration de nos
conditions d’étude une priorité des écoles avec
un cadre national qui fixe les mêmes réglemen-
tations partout en France à l’instar de ce qui est
fait en Licence.
Obtenir de nouveaux droits pour les étudiants en école
Alors que dans les universités, les étudiants béné-
ficient de droits garantis nationalement, dans les
écoles, la règlementation nationale est faible. Se-
lon les établissements et les décisions de chaque
enseignant, les droits des étudiants ne sont pas
les mêmes. Ces inégalités sont un point faible des
écoles qui remet en cause la qualité des forma-
tions.
Améliorer la pédagogie et l’accompagnement
des étudiants
Le taux d’encadrement des étudiants est un véri-
table atout en école. Mais si les conditions sont
meilleures que dans d’autres établissements, les
difficultés n’ont pas disparu et les inégalités entre
les écoles persistent. Les élus «UNEF et associa-
4
Dossier du mois
5
Démocratiser l’accès aux écoles
Les élus «UNEF et associations étudiantes» sont
attachés à un enseignement supérieur acces-
sible à tous les étudiants, quelque soit leur origine
sociale ou familiale. Faire des études est un droit.
Les écoles doivent jouer un rôle dans ce proces-
sus. Pourtant, elles n’ont jamais été concernées
par les lois de démocratisation de l’enseignement
supérieur. Pour faire des écoles un ascenseur
social pour les jeunes, les élus «UNEF et associa-
tions étudiantes» se battent afin de supprimer les
barrières d’accès.
Démocratiser la préparation aux grandes écoles
Les Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles
(CPGE) constituent, par la sélection à l’entrée et
les méthodes pédagogiques utilisées, la première
barrière sociale dans l’accès à l’enseignement
supérieur. L’intégration des CPGE aux universités
permettrait de remettre en cause la sélection et
de changer la pédagogie, afin qu’elle soit orien-
tée vers la progression des étudiants plutôt que
leur mise en concurrence. Ce rapprochement
permettra à plus d’étudiants, notamment ceux
issus des catégories populaires, de préparer les
concours d’entrée aux grandes écoles.
Démocratiser les concours
La formation en école profite essentiellement aux
étudiants issus des familles les plus favorisées. Le
concours d’entrée représente, par ses modalités,
son contenu et sa forme, une véritable sélection
sociale. Les élus « UNEF et associations étu-
diantes » défendent une réforme des concours
qui passe par :
• La gratuité des inscriptions aux épreuves, dont
le coût d’organisation doit être mis à la charge de
l’Etat.
• Le développement des concours communs
et la multiplication des centres d’examens dans
plusieurs villes, permettant de diminuer les coûts
pour les étudiants et de faciliter tant l’accès que la
préparation aux concours.
• Le contenu du concours doit se faire sur la base
des connaissances acquises au sein du système
éducatif afin de réduire la sélection sociale entre
ceux qui détiennent un capital culturel grâce à
leur entourage et ceux qui n’y ont pas eu accès,
en limitant par exemple les épreuves de culture
générale.
Lutter contre la sélection financière dans les
écoles.
Les étudiants qui souhaitent intégrer une école
sont contraints à de nombreux frais : déplace-
ment, concours, inscriptions ... Ces frais repré-
sentent une barrière sociale jugée indépassable
pour certains jeunes et créent de fortes inégalités
entre les autres (possibilités de déplacements,
nombre de concours passés ...)
Les écoles qui dépendent du ministère de l’ensei-
gnement supérieur et de la recherche sont sou-
mises à des frais d’inscription règlementés par
arrêté du ministère en contrepartie de la dotation
budgétaire assurée par l’Etat. Pourtant, deux pro-
blèmes continuent de subsister. D’abord, toutes
les écoles ne sont pas soumises au cadrage na-
tional des frais d’inscriptions. Seules les écoles
d’ingénieurs sont concernées. Ensuite, certaines
écoles n’hésitent pas à se mettre en marge de la
légalité.
De nombreuses écoles font payer des frais illé-
gaux d’inscription aux étudiants, alors que le coût
de la vie ne cesse d’augmenter.
Les élus « UNEF et associations étudiantes » re-
vendiquent une réglementation des droits d’ins-
cription pour l’ensemble des écoles au même
niveau que les universités (181 euros pour le cycle
Licence et 250 euros pour le cycle Master) ainsi
que la suppression de tous les frais illégaux.
Rapprocher l’Université et les écoles
La coopération entre universités et écoles est
un levier important pour améliorer la qualité des
formations. Elle permet à la fois d’organiser des
passerelles entre les formations et de faire profiter
les étudiants en école du lien à la recherche, très
présent dans les universités.
Développer les passerelles entre les écoles et
les universités.
La division de l’enseignement supérieur, avec
d’un côté les écoles et de l’autre les universités
rend l’offre de formation très rigide. Pour les élus
« UNEF et associations étudiantes », le dévelop-
pement de passerelles entre universités et écoles
est nécessaire. Des conventions entre établisse-
ments doivent permettre aux étudiants en école
de suivre des enseignements à l’université, pour
compléter leur formation, se réorienter ou pro-
longer leurs études.
Renforcer le lien à la recherche
La richesse de l’enseignement au sein des uni-
versités, notamment grâce à son lien fort à la
recherche, doit bénéficier à l’ensemble des
étudiants de l’enseignement supérieur. La coo-
pération entre les écoles et les universités est
nécessaire pour tirer la qualité de l’ensemble
des formations vers le haut. Les élus « UNEF et
associations étudiantes » sont favorables à la
construction d’écoles doctorales communes qui
permettent aux écoles de délivrer des docto-
rats et l’échange régulier d’enseignants entre les
écoles et les universités.
Julie Mandelbaum
Elue au CNESER
Budget des écoles
6
Comme l’ensemble du service public d’enseigne-
ment supérieur, les 8 Instituts d’Etudes Politiques
de régions (Lille, Rennes, Bordeaux, Aix, Lyon, Gre-
noble, Toulouse et Strasbourg) rencontrent des
difficultés budgétaires. En revanche, l’absence de
réglementation nationale des droits d’inscription
dans les IEP, donne à ces difficultés budgétaires
un enjeu particulier. Les IEP de régions sont tentés
d’augmenter leurs droits d’inscription pour com-
penser le désengagement financier de l’Etat, au
risque de remettre en cause l’ascenseur social.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
refusent le glissement des IEP de régions vers le
modèle « IEP de Paris », où les droits d’inscription,
qui peuvent monter jusqu’à 13 500 euros, repré-
sentent une véritable sélection sociale. En menant
des batailles locales et nationales contre les coupes
budgétaires et l’augmentation des droits d’inscrip-
tion, les élus « UNEF et associations étudiantes »
ont défendu la démocratisation des formations en
sciences politiques.
Les conséquences du désengagement financier de l’EtatLes difficultés budgétaires des IEP de régions ne
datent pas d’hier. Leur financement public, rappor-
té au nombre d’étudiants, est souvent plus faible
que celui d’une université. Nombreux sont les IEP
qui doivent supprimer des postes d’enseignants ou
repousser la rénovation de leurs locaux, remettant
ainsi en cause la qualité de leurs formations.
Ces difficultés budgétaires ont également pour
conséquence une augmentation des droits d’ins-
cription. C’est par exemple le cas de l’IEP de Lille
où le Conseil d’Administration a pris la décision
d’augmenter le plafond des droits d’inscription qui
est passé de 1100 à 3200 euros l’année dernière,
malgré la mobilisation des élus étudiants et la ral-
longe budgétaire qu’ils ont obtenu du Ministère de
l’Enseignement Supérieur.
La mobilisation des élus « UNEF et associations étudiantes » à l’IEP de ToulouseLe mois dernier, l’annonce par le Ministère d’une
diminution de 5% du budget de fonctionnement
des établissements d’enseignement supérieur ve-
nait s’ajouter aux nombreuses coupes budgétaires
effectuées pour l’IEP de Toulouse. Ces 5% repré-
sentaient un manque à gagner de 100 000 euros
pour l’IEP, inacceptable au vu de son équilibre
budgétaire déjà fragile. En réaction, la direction
de l’IEP a proposé une augmentation des droits
d’inscription de plus de 100 euros par étudiant
pour compenser le désengagement de l’Etat. Les
élus « UNEF et associations étudiantes » ont refusé
de choisir entre sélection sociale et dégradation
de leurs conditions d’études. Ils se sont mobilisés
pour obtenir une rallonge budgétaire du Ministère.
Avec des droits d’inscription de 725 euros, l’IEP de
Toulouse était le dernier IEP à ne pas se lancer dans
une politique d’augmentation massive des droits
d’inscription.
En organisant des assemblées générales rassem-
blant plus de 200 étudiants, et des journées « IEP
mort », les élus « UNEF et associations étu-
diantes » ont fait entendre les protestations
des étudiants. Une motion a été votée en conseil
d’administration et envoyée au Ministère. Elle a
également été transmise aux directeurs des diffé-
rents IEP de régions, qui ont interpellé collective-
ment la Ministre de l‘Enseignement Supérieur le 5
IEP : Mobilisation victorieuse à Toulouse
avril. Les élus « UNEF et associations étudiantes »
ont également obtenu le soutien des collecti-
vités, qui ont appelé le Ministère à réagir face à la
situation de l’IEP.
Une victoire locale qui impose un débat national sur le financement des IEPLa mobilisation des élus « UNEF et associations
étudiantes » a permis d’obtenir de l’Etat une ral-
longe budgétaire de 90.000 euros pour l’IEP de
Toulouse. Si elle est positive, cette rallonge bud-
gétaire est loin de régler le problème des IEP de
régions. Les élus « UNEF et association étu-
diantes » continueront à porter dans le débat
public leurs revendications pour la défense
et la démocratisation des IEP :
• Un investissement financier de l’Etat dans les IEP
de régions. Cet investissement doit permettre de
sortir durablement les IEP de la crise budgétaire
• Une réglementation nationale des droits d’ins-
cription en IEP. Face à la tentation de prendre dans
la poche des étudiants pour financer le service
public, un plafond national des droits d’inscription
doit être fixé.
• L’encadrement des financements de la Fondation
National de Sciences Politique (FNSP). La FNSP a
une responsabilité dans le financement des IEP.
Pourtant, elle concentre l’ensemble de ses moyens
sur l’IEP de Paris et a refusé tout soutien aux IEP en
difficulté budgétaire. La FNSP doit avoir l’obligation
de financer équitablement l’ensemble des IEP.
Sandra Carvalho
Elue au CNESER
Fiche Pratique #197
7
Aujourd’hui, les droits étudiants au sein des
écoles ne sont pas réglementés nationa-
lement. Cette absence de réglementation
permet à chaque école de fixer ses propres
règles d’examens, entraînant des inégalités
entre établissements et étudiants. Certaines
écoles font le choix de mettre en place des
modalités d’examen injustes, avec l’idée que
la valeur d’un diplôme se mesure au nombre
d’étudiants en échec plutôt qu’à la qualité de
la formation.
Au contraire, les élus « UNEF et associations
étudiantes » considèrent que les modalités
d’examens doivent être mises au service de
la progression de l’étudiant en lui permettant
d’avoir des retours réguliers sur son niveau, de
retravailler les UE où il est en difficulté et de
l’aider à progresser. Elles doivent être fixées
par une charte des examens, votée dans le
conseil de direction ou le conseil d’adminis-
tration de l’école, pour garantir des droits à
l’ensemble des étudiants.
Avec cette fiche pratique, les élus « UNEF et
associations étudiantes » te donnent des outils
pour mettre en place une charte des examens
dans ton école, pour harmoniser vers le haut les
droits des étudiants et favoriser leur réussite.
Faire progresser les droits étudiants
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
mènent de nombreuses batailles, dans les
écoles ou les universités, pour améliorer les
modalités d’examens. Chaque avancée ob-
tenue localement ou nationalement est un
point d’appui que les élus en école peuvent
utiliser. Afin que les examens ne soient pas
une sanction mais un moyen de progresser
dans le parcours, les élus en école peuvent
donc demander :
• La publication et le respect des modalités
d’examens au début de chaque année. Afin
d’éviter des modifications en toute opacité
au cours de l’année, qui mettent parfois des
étudiants en difficulté.
• L’anonymat des copies doit être respecté
pour les épreuves écrites en contrôle terminal
comme en contrôle continu.
• Le droit de consulter sa copie sur demande
de l’étudiant. Sa copie doit lui être communi-
quée et doit suivre d’un entretien avec le cor-
recteur.
• La double correction en cas de problèmes
avec une note ou d’échec collectif, l’étudiant
peut demander une correction de sa copie par
un autre enseignant.
• La généralisation des semaines de révisions
avant chaque période d’examens pour per-
mettre aux étudiants de mieux se préparer.
Elles doivent s’accompagner de mesures d’ac-
compagnement pédagogiques : soutien, tuto-
rat, corrigé d’examen…
• La généralisation de la seconde session
d’examens : chaque étudiant ayant échoué
lors des examens doit pouvoir accéder à une
session de rattrapages. En effet, si un étudiant
rencontre des difficultés lors des examens de
première session, l’établissement doit le faire
progresser en mettant en place une seconde
session avec un soutien pédagogique ren-
forcé.
• Le droit au redoublement doit être garanti et
l’étudiant doit pouvoir capitaliser ses notes en
cas de redoublement, c’est-à-dire que les uni-
tés d’enseignement où l’étudiant a une note
supérieur ou égale à 10 sont définitivement
Obtenir une charte des examens dans les écoles
acquises.
Imposer un vrai débat démocratique
Alors qu’ils sont les premiers concernés par les
décisions relatives au contenu des diplômes, les
élus étudiants rencontrent des difficultés à faire
entendre leur voix. Certains enseignants consi-
dèrent les modalités d’examens comme leur do-
maine réservé. Afin de gagner de nouveaux droits
pendant les examens, les élus doivent se mobiliser
pour imposer une véritable concertation à ce sujet.
Voici les différentes étapes que les élus étudiants
peuvent demander :
• La création ou la saisie d’une commission com-
posée d’élus étudiants pour mettre en débat la
question des modalités d’examens.
• Le recensement de l’ensemble des modalités
d’examens pratiquées au sein de chaque filière.
• La mise en place d’un travail de la commission
afin d’harmoniser vers le haut les modalités de
contrôle de connaissances, qui doit déboucher sur
une proposition de charte des examens.
• Le vote en conseil d’administration ou de direc-
tion de la charte régissant les règles d’examens
pour garantir que son application soit effective.
Tina Biard
Elue au CNESER
3 questions à...
La situation des étudiants étrangers a été un sujet important dans la campagne présidentielle française. Un an après le changement politique, et le retrait de la circulaire Guéant, quel bilan faites-vous de la situation ?
La campagne présidentielle de 2012 a suscité
de grands espoirs chez les étudiants étrangers.
Depuis, plusieurs interrogations subsistent :
le changement politique actera-t-il une rup-
ture avec la politique stigmatisante de l’ancien
gouvernement ? En d’autres termes, ces trans-
formations apporteront-elles un changement
radical dans leur quotidien ? Avancerons-nous
vers une égalité entre étudiants étrangers et
étudiants français ?
Un an après l’élection de François Hollande,
l’attente des étudiants étrangers est toujours
aussi forte. L’abrogation de la circulaire Guéant
a certes été un signal positif pour ces milliers
d’étudiants, mais ne suffit pas à elle seule dans
le cadre d’une véritable politique d’accueil des
étudiants étrangers.
Le statuquo n’est pas acceptable. La précarité
des étudiants étrangers ne doit pas être banali-
sée. Les annonces de la ministre de l’enseigne-
ment supérieur au dernier congrès de l’UNEF
sont importantes, mais il est tout aussi impor-
tant de les voir mises en place le plus rapide-
ment possible.
En plein débat parlementaire sur l’accueil des étudiants étrangers, quelles sont vos attentes autour des modifications législatives ?
Le débat parlementaire sur l’accueil des étu-
diants étrangers est très important. C’est lui
... Sofiane Aouimeur
qui va définir cette nouvelle politique d’accueil
avec laquelle la France souhaite véhiculer son
image dans le monde. Des lignes rouges ont
été franchises par l’ancien gouvernement, ce
qui a influencé l’attractivité du pays et conduit
au recul d’une place de la France, dans le clas-
sement mondial des pays qui accueillent le plus
d’étudiants étrangers.
Le titre de séjour pluriannuel et le guichet
unique dans toutes les universités de France
sont des mesures qui doivent être effectives
d’ici à la prochaine rentrée. Cela améliorerait
significativement la vie des étudiants étran-
gers et répondrait en partie aux besoins de ces
jeunes.Mais il ne règlerait pas toutes les problé-
matiques. Aujourd’hui encore la circulaire du 6
septembre 2011 relative aux conditions de res-
sources nécessaires à l’obtention d’un titre de
séjour étudiant obligent les etudiants étrangers
à avoir 7215 euros sur leur compte en banque.
Toutes ces problématiques devront être appro-
fondies.
Campus France est un dispositif qui fait polémique, par son opacité d’une part, mais également par son coût. Quel regard portez-vous sur ce dispositif ? Que faudrait-il faire évoluer selon vous ?
Une réforme effectuée par l’ancien gouverne-
ment, attribue à Campus France la gestion des
Bourses pour les étudiants étrangers, en plus
de sa principale compétence de gestion admi-
nistrative des dossiers. Cette réforme, initiale-
ment faite pour réduire les dépenses s’avère
aujourd’hui plus coûteuse et moins efficace.
En effet, les étudiants originaires de pays en
crise politique, ne touchent plus leurs bourses.
Alors qu’il y a deux ans, le CROUS avait sup-
porté temporairement sur ses fonds propres le
8
Qu’est-ce que l’UEAF ?
Défense des intérêts moraux et matériels de tous les étudiants. L’UEAF organise la solidarité, l’orientation et l’accompagnement des étudiants en difficultés.
L’UEAF organise des permanences tout au long de l’année universitaire pour accompagner les étudiants étrangers dans les démarches administratives et universitaires. Elle organise des manifestations diverses pour la promotion de la culture méditerranéenne en général et algérienne en particulier (conférences, expositions, colloques, concerts...).
Trait d’union, d’échanges, de coopération et de solidarité entre les deux rives de la Méditerranée.
// Vice-Président de l’UEAF
versement des bourses des étudiants libyens
inscrits dans les établissements français, afin
qu’ils ne subissent pas les conséquences d’une
crise politique dans leur pays d’origine, c’est
aujourd’hui les étudiants syriens qui pâtissent
de cette réforme.
Et les problèmes pédagogiques sont toujours
forts. Campus France, censé être un outil de
gestion administrative des dossiers, prend peu
souvent en compte l’avis pédagogique émis par
les universités. Des problèmes ont également
été recensés sur les conditions d’accueil et de
séjour des étudiants.
Le rôle de cette structure doit être rediscuté. Il
est important que le CROUS puisse y être asso-
ciés car il s’agit de l’opérateur des étudiants,
qui possède de surcroit, une expertise sur les
conditions de vie des étudiants.
Propos recueillis par William Martinet
Elu au CNESER