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Le Bûcher Debout ! Numéro 5 Avril 2016 A la découverte de l’Europe et du monde : nos rédacteurs vous font voyager Voyage Sport Venez découvrir les résul- tats sportifs du premier trimestre Billets d’humeur Réfugiés : l’ Europe est- elle encore une terre d’accueil ? Société Consommation de viande : vers une remise en question de nos habitudes alimentaires ? Daesh : les fondements et l’affirmation de l’Etat Islamique Culture La saga Star Wars vue sous un angle sociologique Rave : décryptage d’un mouvement musical méconnu Illustration de Clémence D.

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Le BûcherDebout !Numéro 5 Avril 2016

A la découverte de l’Europe et du

monde : nos rédacteurs vous

font voyager

Voyage

Sport

Venez découvrir les résul-

tats sportifs du premier

trimestre

Billets d’humeur

Réfugiés : l’ Europe est-elle encore une terre

d’accueil ?

Société

Consommation de viande : vers une remise en question de nos habitudes alimentaires ?

Daesh : les fondements et l’affirmation de l’Etat Islamique

Culture

La saga Star Wars vue sous un angle sociologique

Rave : décryptage d’un mouvement musical méconnu

Illustration de Clémence D.

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EDITORIAL

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La rédactionRédacteurs en chef Louise L., Valentin S.

Illustrateurs Amandine V. - Clémence D. - Khalil G. - Léonie T. - Maryse G. - Nina V. - Nine G.

Maquettiste Arthur B.

Rédacteurs : Ariane W. - Arthur B. - Bilal B. - Claire T. - Elisa H. - Gabriel L. - Louis G. - Louis P. - Louise C. - Louise J. - Louise L.M. - Nina D. - Nina V. - Nine G. - Ridvan F. - Valentin S.

Directeurs de publication Mme Crave (professeur d’Histoire Géographie) - Mme Nogret (professeur documentaliste) -

t voilà, l’hiver qui passe, les (rares) flocons de janvier, la

buée sur les vitres et déjà, c’est vrai, le mois d’avril et son printemps qui nous salue. Nostra culpa, nostra maxima culpa, amis lycéens, toutes nos excuses pour ce numéro retardataire. L’année 2015 s’est terminée, tant bien que mal. Il nous sera difficile de ne pas en garder quelques souvenirs amers. Epargnons-nous un rappel des faits aussi blessant qu’inutile… Bien vite, à ce maudit mois de novembre, ont succédé les jours et les semaines, pansant les plaies de ce terrible vendredi 13. Il en faudra, du temps, pour qu’elles cicatrisent. Malgré les conflits, les mauvaises nouvelles, le monde qui ne tourne plus très rond, malgré tout, laissez-nous vous souhaiter une bonne année. Du courage surtout, pour qu’après la peur et la rage puisse venir la période de réflexion et de recul nécessaire pour qu’enfin, en France et ailleurs, nous remettions en question notre société. Parce

qu’il ne faut pas se contenter d’explications simplistes à des p rob lèmes comp lexes . Le fascisme nauséabond n’est pas toujours vêtu de noir et bardé de poignards et de kalachnikovs. Il n’est souvent armé que de sa haine. Alors ne répondons pas à la violence par la colère aveugle. La meilleure réponse que nous puissions donner est la beauté d’une intelligence collective tournée vers la construction d’un avenir meilleur. L’année 2016 débute avec l’espoir, la confiance, la démocratie et l ’amour à reconquérir, plus que jamais.

«  Je refuse de faire mienne la prédiction cynique que les peuples descendront l’un après l’autre dans le tourbillon du militarisme vers l’enfer de la destruction »

Martin Luther King

L’année 2016 débute avec Le Bûcher qui, pour ce nouveau numéro, vous présente une

équipe de rédaction largement renouvelée suite au départ d’une grande part ie des élèves, désormais bacheliers, qui la composaient auparavant. Il met sur la table des sujets de société actuels qui font débat, comme l’immigration, mais aborde aussi l e d o m a i n e c u l t u r e l , d u mouvement Rave aux films de Noël, ainsi que la question de l’engagement personnel avec, par exemple, le sujet du végétarisme. A vous de vous forger votre opinion. Comme vous le voyez, au journal, les esprits sont en pleine ébullition et les regards se portent vers l’horizon, mais bien décidés à empoigner le taureau par les cornes. L’avenir peut bien agiter devant nos yeux les spectres du passé, nous l’attendons de pied ferme. Soyons de ceux qui se tiennent debout. Paix dans vos cœurs et vos esprits.

Valentin S. et Louise L.M.

E

Date de publication : 18/04/2016Journal réalisé au sein du lycée Jeanne d’Arc (16 rue Pierre Fourrier, 54000 Nancy)Journal imprimé par Apache Color (9 rue des Michottes, 54000 Nancy)

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SOMMAIRE

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CultureEt si on étudiait Star Wars en cours de socio ? p. 4

Quand Proust troque sa madeleine pour un pot de crème glacée p. 5

Poème : ChrysAnthem p. 6

Critique de film : Seule p. 7

Nouvelle : Racine, Corneille & Cie p. 8

Rave on ! p. 10

SociétéDaesh : les racines du mal p. 11

Dossier : La COP 21 p. 12

Muscles et tendons p. 14

Sans foi ni loi p. 15

VoyageLes avions de papier p. 16

Berlins Lebensstil p. 18

Do not vomit on my expensive rug p. 19

Billets d’humeurC’est toujours le peuple qu’on craint p. 20

Réfugié cherche pays d’accueil p. 22

Sport - Résultats UNSSBilan du premier trimestre p. 23

Remerciements à Apache Color et à la Maison Des Lycéens sans qui ce journal n'aurait pas vu le jour.

N'oubliez pas que les opinions exprimées dans les articles ne sont pas forcément partagées par toute l'équipe de rédaction et que vous êtes libres de vous forger la vôtre… Sur ce, bonne lecture !

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Et si on étudiait Star Wars encours de socio ?

Dans une actualité de plus en plus pessimiste et parsemée de sujets tous plus graves les uns que les autres, un thème pour le moins important mais qu’on pourra qualifier de plus « light » s’est mis en valeur : la sortie du nouvel épisode de la saga Star Wars, Le Réveil de la Force (The Force Awakens en anglais). Ce nouvel opus est l’occasion de rappeler que l’univers de La Guerre des Etoiles est ancré dans notre société et qu’il continue à plaire à travers les âges, alors que le premier épisode date de 1977. Pourquoi un tel succès ? Quelles sont les clés de cet univers à la fois très éloigné mais en même temps très proche du nôtre ?

out d’abord, les raisons de ce succès. Après avoir interrogé des adultes

ayant connu les débuts de Star Wars, on en conclut qu’à l’origine, l’univers de la saga fascinait majoritairement du fait que l’histoire se déroulait dans l’espace, un thème nettement moins récurrent en 1977 qu’aujourd’hui, et qu’elle traitait de la guerre, mais vue sous une autre forme, une forme fictionnelle et inconnue qui, on le verra par la suite, ne l’était pas tant que ça. Après avoir posé la même question à des personnes plus jeunes, de la génération de la « prélogie » (les épisodes I, II et III), on constate que l’attrait, toujours présent pour cet un ivers, est just i f ié principalement par les armes modernes utilisées dans les films tel que le légendaire sabre-laser et par la puissance et la complexité des conflits entre « méchants » et « gentils ». Cela montre donc que l’univers racheté il y a quelques années par Disney a évolué au cours du temps, en même temps que les mentalités et les attentes du public. Une autre explication de cet ancrage dans le quotidien de chacun est la présence de personnages-types au se in d ’une h is to i re à rebondissements, une des clés majeures du succès. Ainsi, dans Star Wars, on nous présente une histoire avec un héros, Luke, aidé de son ami Han et de la voix de la sagesse Yoda, opposé à son père, Dark Vador. Si on tient compte de l’histoire de l’enfance de Vador et des autres personnages comme Leia, la sœur, Palpatine, LE Méchant ou Obi-Wan, le mentor déchu, on se retrouve avec une histoire de famille dans laquelle chaque personnage possède une étiquette, qui permet au spectateur de repérer très facilement le rôle de chaque personnage et de distinguer les « bons » des « mauvais ». C’est là l’atout majeur d’une saga, malgré tout pas aussi simple et brute qu’elle en a l’air.

Car au-delà des films de guerre dans l’espace, une vraie dimension symbolique existe autour de cet univers, aussi bien à travers l e r a p p o r t

bien/mal que par les similitudes

existant entre notre monde et celui créé par George Lucas. On peut en effet voir des parallèles et des liens avec notre monde presque partout dans La Guerre des Etoiles, et ce n’est parfois même pas caché. Dans un genre similaire aux comics de Captain America terrassant l’ennemi soviétique pendant la Guerre Froide mais à un degré moindre, Star Wars peut être également vu comme représentant les Américains (les Jedi et le bien) luttant contre les Allemands Nazis (l’armée de clones et le Mal). Par exemple, des scènes d’affrontement de l’épisode V « L’Empire Contre-Attaque » montrent clairement des formations ennemies bien ordonnées en carré, identiques à celles des soldats sous

les ordres d’Hitler, dictateur qui portait le titre de « chancelier », tout comme Le Méchant, Palpatine, dans Star Wars…

Bien évidemment, libre à chacun d’avoir sa propre interprétation, mais il est facile de voir que le fil rouge de l’histoire ressemble à

des histoires de la mythologie grecque ou romaine, avec différents conflits au sein d’une même famille. Dans le même style, la relation parents-enfants est un sujet largement traité dans la saga, rien qu’avec la scène devenue culte du « Je suis ton père », montrant la détresse d’un enfant opposé à la figure paternelle. Au même titre, le leitmotiv le plus marquant dans tous ces épisodes reste le rapport entre le bien et le mal, deux not ions subject ives qui dev iennent to ta lement objectives dans les films, et qui s’opposent constamment. Cette opposition incarnée à

merveille par le seul personnage d’Anakin transmet d’une certaine

manière un aspect de la vie aux spectateurs, celui de savoir garder la

force pour ne pas se laisser tenter par le mal et rester du côté du bien, qui finira toujours par gagner. Cette fracture entre le bien et le mal en devient presque alors un thème religieux…

Et désormais, avec la nouvelle arrivée de l’épisode VII suivie dans peu de temps du VIII et du IX (2017 et 2019), d’autres thèmes vont être mis en avant, peut-être le comportement face à l’esclavage au travers d’un clone, ou l’égalité des sexes avec des femmes Jedi, qui sait ? Néanmoins, n’en déplaise aux sceptiques concernant la nouvelle trilogie, on peut être sûr que l’univers de Star Wars restera ancré dans notre société et continuera à en fasciner plus d’un, car il suscite, qu’on le veuille ou non, la curiosité et l’admiration devant cette galaxie lointaine et pourtant si proche.

Louis G. - Illustration de Amandine V.�4

CULTURE

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Quand Proust troque sa madeleine pour un pot de crème glacée

l suffit d'employer l'expression « madeleine de Proust » pour

évoquer l'image du célèbre écrivain trempant cette pâtisserie dans une tasse de thé et se remémorant par ce geste ses plus lointains souvenirs. Mais nul besoin d'être un artiste pour décliner à l'infini ce procédé. Ainsi, un sablé plongé dans le chocolat chaud vous trans-portera dans l'ambiance de Noël : ses refrains désuets, son parfum de cannelle... ou encore ses foules bruyantes, ses magasins bondés. Victime d'une frénésie d'achats collective ou poussé par un élan de géné-rosité individuel, vous aussi avez peut-être succombé cette année au fameux « esprit de Noël », opposant ainsi, sans même le savoir, un symbole de résistance à ceux dont le souhait le plus cher n'est pas de nous voir heureux, mais bien terrorisés et repliés sur nous-mêmes.

Cela dit, il en est certainement parmi v o u s q u i , p a r manque de temps ou simplement par refus de se creuser la tête pour un petit-neveu déjà archi-gâté, ont préféré profiter de la vie en se plon-geant dans un roman ou un téléfilm de N o ë l r é -gressif à souhait… au risque de se voir

reprocher par un membre de leur entourage de ne pas avoir choisi un classique de la littérature ou du cinéma d'auteur. Combien se sont alors lancés dans une justification fastidieuse, tandis que refroidissait leur chocolat chaud ? Pour leur éviter à l'avenir de multiples trajets vers le micro-ondes, j'aimerais prendre ici la défense d'une culture parfois qualifiée de « commerciale », voire de sous-culture.

Tout d'abord, dans un contexte politique qui prête peu à sourire, on admettra volontiers que tout ce qui pourra réchauffer les cœurs est bienvenu. Ainsi, de nombreux humoristes, auteurs et cinéastes, exploitent des thèmes qui parlent à tous les publics : tranches de vie plus ou moins cocasses, histoires d'amours rocambolesques, personnages au quotidien morose qui

décident un jour de tout plaquer pour partir à

l ' a u t r e b o u t d u monde… Réunis dans une intrigue bien ficelée, ces feel good stories (certes

d a v a n t a g e appréciées pour leur contenu que pour leur

s t y l e ) e x -e r c e n t u n véritable effet t hé rapeu -tique, tout en dissimulant s o u s l e masque de l'ironie un

regard critique sur notre société. D'ailleurs, n'est-ce pas une des fonctions de la littérature et du cinéma que de nous amener à rire de notre propre condition ? « Pourquoi sommes-nous au monde, sinon pour amuser nos voisins et rire d'eux à notre tour ? » s'interroge le très philosophe M. Bennett, père d'Elizabeth, l'héroïne du roman de Jane Austen, Orgueil et Préjugés.

On pourra aussi rappeler que le propre de tout lecteur comme de tout cinéphile averti est de ne jamais limiter son horizon à un seul niveau de culture. Certes il est vivement recommandé, alors que l’intolérance et le fanatisme s’affirment de plus en plus face à la raison, d'user de son esprit et de l'ouvrir le plus possible… mais ce n'est pas pour autant qu'il faudrait se priver de ces œuvres « grand public », dont les personnages apparaissent sous un jour à la fois naïf et humaniste. Finalement, dans la culture comme dans la pensée, évitons la radicalité ! Relisons Madame Bovary, certes, mais ne faisons pas l'impasse sur les « classiques » de Noël, parmi lesquels je vous recom-manderais Love Actually de R. Curtis (2003) ou encore Un jour sans fin de H. Ramis (1993)… En vous souhaitant encore de nombreuses découvertes littéraires et cinématogra-phiques !

Claire T.

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I

Illustration de Nina V.

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ChrysAnthem

L'oiseau de nuit chante le crépuscule,

Ses ailes ombrées s'étendent sur la ville endormie,

Mais dans les rues la foule crédule

Se heurte aux crapules d'un nouveau Paris.

Les corps dansants tombent inertes à terre,

La musique résonne, symphonie de canons.

Paris s'éveille, noyée dans une mer

De larmes et de sang qui déferlent sur la nation.

Paris-Flambante, nous entrons dans une nouvelle ère,

Paris en guerre a éteint ses lumières.

L'aurore vermeille se mire sur le pavement,

La foule s'avance silencieusement.

Paris sans voix chante son désespoir,

Et pleure comme un enfant qui a peur du noir.

Parfums d'encens et de fleurs fanées,

Longue procession de notre peuple endeuillé.

Nine G.

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* chrysanthèmes : fleurs consacrées au fleurissement des tombes.

* anthem : « hymne » en anglais.

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Seule Une femme courageuse, sa famille, des mentalités qui s’opposent. Vous allez lire des horreurs. Mais si cela peut éviter que ces horreurs se reproduisent dans la vraie vie, alors lisez-les. Soyez-en dégoutés. Je dédie cet article à toutes ces femmes battues et ces femmes victimes de « crimes d’honneurs », en particulier à la mémoire de Hatun Sürücu, jeune allemande d’origine turque assassinée de trois balles dans la tête.

’Etrangère (ou Die Fremde) est un film dramatique germano-

turc (2010) de la réalisatrice Feo Aladag. Récompensé par le Festival de Berlin 2010 et le Festival international du film de femmes de Salé, la qualité de ce film n’est plus à démontrer.

Du début jusqu’à la fin, nous sommes partagés entre espoir et tristesse pour Umay et son fils, Cem. Entre les pressions de sa famille et les regards haineux de la « Communauté », elle ne sait quoi faire pour sauver sa vie. « S’il fallait choisir entre toi et la Communauté, jamais ils ne te choisiront, Umay ». De quelle communauté parle-t-on ? D e c e t t e c o m m u n a u t é o ù « l’honneur » de la famille est plus importante que la dignité de la femme. Cette communauté où le paraitre est plus important que l’être.

Le récit commence dans la magnifique ville d’Istanbul, où Umay, Cem et son mari vivent. Se faire frapper, insulter, violer : tels sont en réalité les sévices et violences psychologiques subis par Umay au début de l’intrigue. L’auteur de ces actes : son mari. C’est alors décidé. La jeune maman décide de s’en aller avec Cem pour rejoindre sa famille, en Allemagne, dans l’espoir de recevoir un soutien psychologique et se refaire une nouvelle vie. Seulement voilà. La femme ne doit pas quitter son mari comme ça. Alors c’est le début de l’enfer, s’il n’avait pas encore commencé, pour Umay et Cem. L’honneur de toute une famille est en jeu, voyons ! Jusqu’à la fin, cette dernière cherche à récupérer Cem. « Peu importe ce qu’il se passera, l’enfant ne peut pas grandir sans père » lâche la mère, en turc, dans les premières minutes. Ces mots, prononcés dans ma deuxième

langue, me jettent dans une stupeur inimaginable.

Sa sœur et l’un de ses frères qui la soutenaient pourtant au début, commencent aussi à l’abandonner. Umay se fait rejeter par sa sœur car cette dernière doit se marier avec un autre garçon, lui aussi d’origine turque. Tradition oblige, la famille de la mariée doit être « clean ». En d’autres termes, être lavée de tous soupçons de comportements dits « indignes » des règles de la communauté : Umay, en cherchant à vivre normalement, a sali l’honneur de sa famille auprès de la Communauté. Il n’est plus question de prendre des distances avec Umay. Mais plutôt de la renier. Renier l’être qu’ils ont vu grandir, qu’ils ont aimé. Peu à peu, la jeune maman rencontre auss i des anges gardiens. Ces femmes, ces hommes, qui lui apportent le sourire et qui tentent même de raisonner sa famille. Malheureusement, sans succès.

S’il y a un passage qui m’a le plus marqué, c’est bien l’épisode du mariage de la sœur d’Umay : la maman est reniée par l’ensemble de sa famille. Elle vit alors seule, dehors, avec son fils. Bien décidée

à se faire accepter par sa famille, Umay se rend au mariage. C’est la stupeur pour tous : la « trainée » ose provoquer la « Communauté » et la famille. La mère et son enfant sortent de la salle lorsqu’on les rejette à travers des regards remplis de mépris. Prise de colère et de dégout sans précédent, elle décide de se rendre à nouveau au mariage pour s’exprimer aux yeux de tous au micro. Umay se fait expulser, cette fois-ci manu militari, et frappée par son propre frère. Le message qui en ressort est tristement étonnant…

Brisons ce silence. Des milliers de femmes sont dépendantes de leurs familles lorsqu’il en va de leur vie sexuelle ou de leur vie en générale. Ce massacre psychologique se produit même en Europe. En Turquie, le stade est supérieur : il est normal aux yeux de certains dirigeants politiques que la femme ne soit pas égale à l’homme en termes de droits. N’oublions pas non plus la condition de la Femme en général, dans le monde.

(pour voir la bande-annonce : https://youtu.be/K0ZEfOSGXD0)

Ridvan F.

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L

Umay et sa mère - Illustration de Amandine V.

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Racine, Corneille & Cie

adame Millet prend une grande inspir-ation et ouvre la grande grille noire. Elle

pousse la lourde porte en chêne massif et entre doucement dans la pièce principale, qu’elle balaye du regard. Elle s’installe au petit bureau au fond de la salle, chausse ses lunettes, redresse son chignon et remonte sa chaise. Enfin ! Cette nuit en dehors de la bibliothèque lui a paru durer une éternité ! Si elle le pouvait, c’est ici qu’elle dormirait, entre Hamlet et Le Cid.

Toutes les minutes passées en dehors de la bibliothèque sont un calvaire. Ici, elle passe ses journées à lire et conseiller des férus de littérature, comme elle. Ici, tout lui semble plus beau. Ici, elle n’a pas à croiser des personnes qui ne savent pas faire la différence entre Corneille et Racine. Elle est chez elle ici. Chaque livre qu’elle ouvre est une nouvelle aventure. Tous les mois, elle a le droit de commander de nouveaux livres. Parfois deux, cinq ou même dix découvertes. Elle a lu tous les ouvrages qu’il y a dans la bibliothèque ou presque.

Madame Millet soupire en voyant l’affreux ordinateur qui trône, fier, au beau milieu de son bureau. Elle n’en voulait pas, de cette bête, mais la mairie lui a imposé, car « c’est plus moderne ». Tout était tellement plus simple avec son annuaire et ses catalogues. Elle ne sait même pas se servir de la machine infernale et, de toute façon, elle ne veut pas savoir. Alors elle reste où elle est et, tous les matins, madame Millet sort son annuaire corné et ses catalogues usés de son placard.

Soudain, une jeune fille d’environ quinze ans qu’elle n’a jamais vue auparavant la tire de sa rêverie. Elle approche du bureau. Madame Millet est ravie de rencontrer une nouvelle amoureuse de littérature.

- Bonjour ! Je m’appelle Morgane. Je... Je suis désolée de vous déranger, j’aimerais m’inscrire à la bibliothèque...

- La lecture est au seuil de la vie spirituelle ; elle peut nous y introduire, elle ne la constitue pas.

Marcel Proust, répond Madame Millet, sourire aux lèvres.

- D’accord, euh... Je dois vous régler maintenant ?

La bibliothécaire la regarde sans comprendre.

- Pour mon inscription, je vous dois combien ? explique la jeune fille.

- L’argent, ah ! Maudite engeance, fléau des humains ! Il ruine les cités, il chasse les hommes de leur maison ; maître corrupteur, il pervertit les consciences, leur enseigne des ruses criminelles, les initie à toutes les impiétés. Sophocle, Antigone.

- J’imagine que ça veut dire pas maintenant... Je... Je vais aller chercher un livre, alors.

Madame Millet se rassoie, reprend sa lecture où elle s’était arrêtée hier soir. Eh puis non, finalement ! Elle a soudain envie d’un peu de fo l ie . E l le veut fa i re quelque chose d’incroyable ! Elle se lève de sa chaise et se rend dans le rayon des V, comme Jules Verne. Elle se baisse et, ah ! Le voilà ! « Les tribulations d’un chinois en Chine ». Elle se relève, remonte légèrement sa jupe et dépoussière le livre du plat de la main. Son premier récit d’aventures ! Comme c’est excitant ! Sans faire de bruit, comme à son habitude, madame Millet retourne à son bureau, prête à dévorer sa nouvelle trouvaille.

Trente pages plus loin, la bibliothécaire se rend compte que Morgane la regarde fixement. Elle repose à contrecœur son livre et se concentre sur la jeune fille.

- Excusez-moi de vous déranger, mais j’aurais besoin d’aide pour trouver un livre, je ne sais pas si vous l’avez... C’est « Entre mes mains le bonheur se faufile », d’Agnès Martin-Lugand. C’est l’histoire d’une jeune fille qui a sacrifié son bonheur pour ses parents. Son seul moyen d’être heureuse serait de vivre de sa passion pour la cout...

- Erreur ! Le bonheur est dans l'étude et le travail. Acquérir la plus grande somme possible

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de connaissances, c'est chercher à se rendre heureux ! Jules Verne, Les tribulations d’un chinois en Chine, la coupe madame Millet.

- D’accord... Je peux vous demander une dernière chose ? J’avais repéré un livre, mais il est trop haut pour que je puisse l’atteindre. Il est par ici, insiste Morgane en montrant du doigt le rang des H.

- Quand les choses sont au-dessus de nos forces, il convient de ne pas les tenter. Sophocle, Antigone.

- Est-ce que vous comprenez ce que je dis ? demande Morgane, complètement désempa-rée.

- Comprendre ; toujours comprendre. Moi je ne veux pas comprendre. Jean Anouilh, Antigone.

- Excusez-moi madame, mais je ne comprends même pas ce que vous essayez de me dire. N’êtes-vous pas là pour nous aider, lecteurs, dans nos recherches ? Nous conseiller et même partager vos lectures, vos coups de cœur, avec nous ?

Epatée qu’une adolescente la remette à sa place, madame Millet se radoucit et, natu-rellement, s’exprime comme elle avait arrêté de le faire, il y a de cela plus de quinze ans.

- Je n’ai jamais voulu faire ça.

- C'est-à-dire ? demande la jeune fille, intriguée.

- Etre bibliothécaire. - Alors que faîtes-vous ici ?

- Mes parents sont de grands amoureux des livres. Victor Hugo, Emile Zola... Pour m’endormir, le soir, ils ne m’ont jamais lu Blanche-Neige ou Cendrillon. Je m’assou-pissais plutôt en compagnie de La Bête Humaine. C’était la même chose pour ma petite sœur, Juliette. J’étais très jalouse de Juliette. C’était elle qui avait les plus beaux cheveux, les meilleures notes à l’école et que mes parents préféraient. A côté d’elle, ils ne me voyaient même pas. Nous avions toutes les deux perdu notre amour des livres en grandissant. Je voulais que mes parents soient fiers de moi, alors j’ai passé le concours de bibliothécaire et je suis arrivée ici. Je me forçais à lire tous les jours et j’ai même fini par apprécier ça.

- Mais alors, qu’est-ce que vous vouliez faire ?

- Bikeuse. Je rêvais de conduire une Harley. J’avais même économisé pour en acheter une, mais c’est comme ça...

En s’endormant ce soir-là, Morgane rêve de sa drôle de bibliothécaire avec son chignon, ses lunettes et sa jupe serrée, juchée sur une Harley.

Elisa H.

�9Illustration de Léonie T.

Oeuvre lauréate du prix « Bibliothèques pour tous » 2014 sur Short-

Edition

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Rave on !Il serait tentant de réduire le mouvement Rave à un simple style musical qui, bien que marginal et affranchi de beaucoup de codes de la musique moderne, possède une identité qui semble ardemment défendue par toute une communauté. Bien que très peu connu par la plupart des gens, ce mouvement est souvent traité, notamment à travers les médias, comme un élément perturbateur de la société. Au-delà du côté clairement sulfureux de leurs concerts, je vous invite à découvrir leur univers musical en faisant abstraction de tout jugement hâtif comme de controverse politique.

’est au milieu des années 80 que les premières

soirées acid house appa-raissent en Angleterre, un style musical né à Chicago au début de cette décennie et qui se caractérise par une basse analogique d’un synthétiseur (typique années 80), donnant un style très électronique et dansant, dérivé de la house américaine. Ce côté festif plaît à de nombreux jeunes anglais de l’époque, ainsi ce style se développe petit à petit dans la culture underground euro-péenne, avec comme messies des groupes tels que les Heretik en France ou les Spiral Tribe.

Spiral Tribe (aussi appelés « les Spi ») est un Sound system anglais, c'est-à-dire un groupe de DJs londoniens qui a évolué dans cet univers acid house et y a apporté quelque chose de nouveau, plus violent et plus diversifié. Les Spi organisent leur première fête en octobre 1990, en créant un nouveau style de soirée : la free-party, une fête libre et gratuite,

organisée sur des terrains souvent illégaux. Ils adoptent un mode de vie nomade, s e m b l a b l e à c e l u i d e s Travellers. Ils se débrouillent comme ils peuvent pour faire vivre leur passion et se dé-placent de squat en squat avec le matériel nécessaire pour leur son. En 1992, ils participent au festival de Castlemorton qui réunit 30 000 personnes ; au petit matin les Spi sont arrêtés pour « trouble à l’ordre public », ce qui va donner lieu à un événement extrêmement mé-diatisé qui conduira à un procès. La loi adoptée en 1994 par le parlement britannique, le « Criminal Justice and Public Order Act », force une partie du groupe à fuir l’Angleterre pour se produire à travers toute l’Europe. Dans la première moitié des années 90, les Spiral Tribe voyagent partout, en R é p u b l i q u e Tc h è q u e , e n Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Italie et en Espagne. Leur style musical prendra forme au cours de cette période où la propagation de ce concept de fête gratuite bat son plein.

Durant les années 1990 et 2000, la techno voit trois différents styles apparaître : le hardcore, directement issu de la culture industrielle de Belgique ou d’Allemagne qui est ca-ractérisé par un son violent et minimaliste (mouvance radicale de punck rock pas seulement !). La Tribe, avec un kick (le boum boum) compact et rebondi, issu d e s f ê t e s i t a l i e n n e s e t françaises. En Inde et en Allemagne, débarque un style plus différent : la Trance avec un kick plus doux et des effets s o n o r e s p s y c h é d é l i q u e s obtenus à l’aide d’instruments annexes, parfois traditionnels.

!

A vous maintenant de découvrir leur univers musical. Bonne écoute et rave on !

Louis P.

�10

Acid house Tribe Hardcore Trance

D.J. Atkins & Sharada House Gang – Let's down

the house

Militatek – lost in melody

Dr. Peacock – Trip to India

Lunarave – Eden colony

WestBam – Monkey say monkey do

Spiral Tribe – Forward the revolution

KPX – Children of the night

Algae Bloom – Nothing is static

C

Illustration de Clémence D.

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Daesh : les racines du mal Depuis plusieurs années maintenant, Daesh est devenu source d’intérêt dans notre société, notamment à cause de leur menace imminente. Mais comment est née cette organisation ? Qui sont-ils ? Et pourquoi en est-on là aujourd’hui ?

lors que le monde entier avait les yeux rivés devant les écrans lors de ce

tragique jour du 11 septembre 2001, on découvrait le visage d'un nouvel ennemi qui marquera la naissance du djihad global1 : Al-Qaïda. L’organisation était alors menée par Oussama Ben Laden, qui, voyant le rapprochement entre l'Arabie Saoudite et les États Unis sous un mauvais œil, s'est peu à peu détaché et radicalisé pour fonder ce groupe. Peu après cet attentat tragique, les États-Unis, désormais à l’affût d'une quelconque menace, occupent l'Irak dès 2003, pour renverser son dictateur Sadam Hussein, responsable de l'invasion du Koweït en 1990, et décident d'y installer une démocratie. C'est sur cette tentative infructueuse que commencent à pousser les racines du mal qui feront fleurir Daesh. Assoiffés de vengeance plus que jamais contre les « envahisseurs occidentaux venus pour croiser le Levant » certains individus développent des idées de plus en plus radicales, sous l’influence d’anciens détenus de camps de prisonniers américains comme le camp Bucca, notamment réputé pour être une usine à djihadistes. Petit à petit, des personnes, ayant grandi dans la haine et la violence, se voient partager des idées d'une doctrine prônant un retour à l'islam – sunnite – traditionnel sur fond de violence, le salafisme djihadiste. Au fur-et-à-mesure que leur nombre croît, leurs ambitions grandissent. Le rétablissement d'un califat, un empire islamique en quelque sorte, commence à fleurir dans leurs esprits. Pour eux, ce califat, auquel tous les musulmans (sunnites) du monde devraient prêter allégeance, doit s’étendre et serait donc régi par la charia. C'est ainsi que le 29 juin 2014, cette organisation voit officiellement le jour sous le nom "d'État Islamique en Irak et au Levant", dirigé par l’autoproclamé calife Abu Bakr al-Baghdadi succédant au fondateur, al-Zarqawi (tué lors d’un raid aérien en 2006).

On pourrait penser que Daesh tente simplement de rassembler les musulmans du monde sous son califat, comme l’exigerait la hijra selon eux, la migration en terre islamique. En pratique, ce

n’est pas si facile, Daesh a beaucoup d’ennemis : juifs, occidentaux, chrétiens, mais aussi et surtout les chiites (majoritaires en Irak) qui sont accusés d’avoir opprimé la population sunnite Irakienne conjointement avec les États-unis, qui leur auraient facilité l’accès au pouvoir pour remplacer Hussein. Ce n’est pas tout, cela pourrait paraître étonnant, mais les sunnites qui n’adhèreraient pas à leur vision radicale de l’islam sont aussi une de leurs cibles. Ainsi, la France – et les pays occidentaux par extension – sont perçus

comme des « terres de mécréance ». Le

fa i t que tout le monde

s o i t leur ennemi p o u r r a i t sembler ê t r e u n e f a i b l e s s e , p o u r t a n t l a situation leur est bien plutôt favorable. Bien qu’il existe une coalition internationale contre l’ennemi commun, chacun a des motivations divergentes et cela profite à Daesh qui peut prendre appui sur les faiblesses de la coalition pour développer son « État ». Sans parler de la Turquie et de ses frontières poreuses qui laissent la voie libre aux recruteurs de l’organisation pour compléter les rangs de leur armée. Bashar al-Assad (président actuel de la Syrie) est également un maillon essentiel de la chaîne qui facilite leurs démarches. Ce

dernier, qui tente de s’extirper du soulèvement de son peuple depuis cinq ans, se satisfait de son alliance tacite avec Daesh pour réprimer les rebelles plus que jamais2.

La conjoncture actuelle qui nous paraît inextricable est pourtant explicable, l’inaction générale sur plusieurs années a permis à Daesh de s’imposer et de proliférer. Ils ont en leur possession une grande partie des ressources pétrolières à cheval entre l’Irak et la Syrie. Bien que ces derniers soient sévèrement attaqués par les frappes aériennes de la coalition ces derniers mois, Daesh n’en demeure pas moins riche puisque les revenus issus du pétrole ne représentent qu’un quart de leurs richesses (un autre quart provient des taxes, et la dernière moitié des confiscations). Plus inquiétant encore, Daesh a su s’adapter très vite à ses nouvelles

conquêtes géographiques sur lesquelles il a pris la main et a commencé à fonder un

État à proprement parler. The Guardian a d’ailleurs révélé un document officiel de Daesh qui ferait office de constitution

où l’on peut voir que l’organisation a désormais la réelle ambition de bâtir un

véritable empire avec des institutions, et de ne plus seulement se limiter au djihad comme à ses balbutiements. Ainsi, Daesh commence à nommer des ministres,

organise ses troupes armées et met également en place des écoles, des universités, de quoi endoctriner efficacement dès le plus jeune âge. Pourtant, on peut vite questionner la pérennité de cette organisation puisque la moitié de leurs revenus provient des impôts du peuple, ce qui ne sera pas viable sur le long terme. De plus les bombardements de leurs puits de pétroles les ont secoués sur le plan économique.

Bien que l’avenir soit très incertain, il n’en demeure pas moins évident que Daesh jouit également de notre crise sociale et économique pour recruter sa chair à canon, notre jeunesse aveuglée. Malheureusement, leur système d’embrigadement est très efficace et très attirant pour une jeunesse désillusionnée à l’heure où les réseaux sociaux jouent un rôle non négligeable.

Valentin S. - Illustration de Clémence D.

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SOCIETE

A

Lexique- Daesh : acronyme arabe de l’Organisation Etat Islamique à consonance péjorative- Djihad : combat, action armée pour étendre l'islam et, éventuellement, le défendre (C'est abusivement que le mot est employé au sens de « guerre sainte ».) - Larousse- Sunnisme : courant majoritaire de l’islam (environ 90% des musulmans)- Chiisme : deuxième plus grand courant de l’islam, représentant 10% des musulmans environ- Salafisme : idéologie qui prône un retour à l’islam des traditions, partagé par les salafistes quiétistes (non violents, majoritaires) et les salafistes djihadistes (violents, minoritaires)

Sources1 (https://www.monde-diplomatique.fr/2007/01/CHENAL/14350)2 (http://www.lepoint.fr/monde/syrie-comment-bachar-el-assad-a-utilise-l-etat-islamique-27-08-2014-1856868_24.php)

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ui dit réchauffement clima-tique, dit, dans l’imaginaire

collectif, fonte des glaces et ours blancs qui perdent leur habitat naturel. Le principal danger du réchauffement de notre planète nous semble être la disparition d’espèces animales et végétales liée à la destruction de leur écosystème. Or, le réchauf-fement ne signifie pas qu’une perte de la biodiversité. Il a aussi un impact sur la population mondiale : en effet, de plus en plus d’habitants contractent des maladies respiratoires ou des allergies diverses : selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), chaque année, 1,3 million de personnes – dont plus de la moitié vit dans les pays en développement – meurent chaque année en raison de la pollution de l’air des villes. La montée du niveau de la mer n’entraîne pas seulement la migrat ion des p ingouins, manchots et ours polaires, mais aussi des habitants (humains mais non moins en danger) de certaines petites îles que les mers menacent de submerger. On les appelle les « éco-réfugiés ». Des villes comme Amsterdam ou Venise sont déjà en dessous du niveau de la mer, des inondations à répétitions pourraient à long terme engen-drer des mouvements de popu-lation. La hausse globale de la température à la surface de la Terre engendre aussi des conflits sur les ressources qui se raré-fient, comme par exemple l’eau en Afrique Subsaharienne. Les pays commencent à se disputer l’eau… à quand la guerre de l’air ?

Il faut savoir que la Terre se réchauffe naturellement, il y a déjà eu des périodes intergla-ciaires, et il y en aura encore.

Quel est le problème dans ce cas me direz-vous ? Le souci est que l’activité de l’homme accélère ce processus à cause de ses émissions de gaz à effet de serre, G.E.S pour les intimes. C’est pourquoi la COP 21 s’est tenue à Paris en novembre dernier. Cette COP ne signifie pas conseiller d’orientation psychologue comme nous aurions tendance à le croire, mais plutôt « Conference of the parties » (conférence des parties). Elle réunissait les 196 pays du monde et avait pour but de limiter le réchauffement climatique à 2°C afin de nous éviter de ressembler à une « tomate dans une serre gigan-tesque ». Actuellement, par rapport à la norme, la tempé-rature mondiale a déjà augmenté de 0,8°C, or les répercussions sont déjà catastrophiques : ouragans, épidémies, inonda-tions. Il est clair qu’à l’échelle planétaire, il est urgent d’agir. Ainsi, le président François Hollande a décrété qu’il fallait prendre des mesures contrai-gnantes. Seulement, les Etats-Unis, première puissance mondiale et, accessoirement, un des plus gros pollueurs, avaient annoncé qu’ils ne s’engageraient pas dans un accord de mesures contraignantes. Si les Etats-Unis se permettent de ne pas respecter un accord vital non seulement pour les Américains mais pour tous les habitants de la Terre, pourquoi les pays en voie de développement devraient le respecter ? Après quelques jours de polémique, ces propos, qui avaient été tenus par le secrétaire d’Etat John Kerry, ont néanmoins été corrigés par le président Barack Obama.

Le premier jour, tous les chefs d’Etat se sont réunis pour la photo officielle, que nous avons pu voir partout, pour ensuite repartir et laisser les négo-ciateurs travailler. Après deux semaines d’intenses discussions et de pourparlers, un accord jugé satisfaisant a été signé. Les pays dits « riches », se sont également mis d’accord pour dé-bloquer un fond d ’ a i d e

destinés a u x pays en voie

de développement, afin de faciliter leur conversion vers des énergies plus vertes. Pourtant l e s object i fs,

aussi c l a i r s soient-ils (réduction de 40% de gaz à effet de serre d’ici 2030, augmentation de l ’eff icacité énergétique et accélération de la transition énergétique), ne sont pas assez ambitieux selon la sphère s c i e n t i f i q u e . N o u s n o u s souviendrons donc tous, en tant qu’éco-citoyens responsables, de cette COP 21 comme la réunion de la dernière chance.

Au XXI ème siècle, la COP 21 !Q

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La COP 21 s’installe à Jeanne d’Arce 30 Novembre 2015 s’est déroulé au sein du lycée un

jeu de rôles portant sur un événement de l’actualité : la COP21 de Paris. Quelques quatre-vingts élèves ont pris part à ce grand événement. L’enjeu

pr inc ipa l de cet te conférence est de

réussir à

t r o u v e r des solu-

tions contrai-gnantes af in de

limiter l’augmentation de la température de la Terre à

2°C d’ici 2050. Le réchauf-fement climatique a pour

principale cause les émissions de gaz à effet d e s e r r e ( C O 2 ,

méthane…), dont la majorité

est produite par les activités humaines (utilisation massive de combustibles fossiles – charbon, gaz, pétrole –, déforestation, élevage et agriculture intensifs).

Durant la matinée s’est tenue une séance plénière au cours de laquelle les différents pays et organisations représentés par des élèves se sont exprimés. Chacun a présenté les pro-

blèmes issus du réchauffement climatique auxquels il doit faire face et les mesures qu’il s’engageait à prendre pour y remédier. Le Brésil a par exemple pour ambition de réduire ses émis-sions de gaz à effet de serre –

massivement dues à la déforestation –

de 37% par rapport à 2005 d’ici 2025. Le

Maroc a proposé de mettre en place une production plus propre dans le domaine de l’agriculture en modernisant son système agricole. La Chine prévoit une réduction de 60% en intensité carbone en 2030 – par rapport à 2005 –. Après un moment d’écoute, les journalistes ont pu poser des questions, notamment au sujet de la pertinence des requêtes et des engagements exposés précédemment.

L’après-midi s’est déroulée sous forme de travaux de groupes. Quatre commissions ont ainsi été mises en place afin que les pays discutent de solutions envisageables quant à des thèmes préalablement définis. De ce fait, les problèmes concernant l’érosion de la biodiversité, les éco-réfugiés, la croissance et la raréfaction des ressources ont été traités. Les représentants des différents pays avaient pour but de trouver des accords nécessitant des mesures contraignantes. Le groupe travaillant sur l’érosion de la biodiversité a proposé la création de sanctuaires de la biodiversité (à l’image des m o n u m e n t s c l a s s é s a u patrimoine de l’UNESCO) afin que le capital naturel constituant

le sanctuaire soit préservé en y in terd isant toute act iv i té humaine. Les autres commissions ont décidé de développer différents fonds communs afin de soutenir la transition énergétique dans les pays les moins avancés, d’investir dans la recherche et le développement d’énergies renouvelables ou encore d’aider les pays du Sud à se dé-velopper. Les enjeux non seulement écologiques, mais également éthiques et éco-nomiques de cette conférence étant importants, les accords présentés par la suite ont tous été adoptés à la majorité. La journée s’est conclue sur une note optimiste. Cette initiative a permis aux élèves d’effectuer un véritable travail de recherches et de réflexion sur un sujet plus qu’actuel et préoccupant. Cela a été d’un point de vue péda-gogique très enrichissant, puisque la totalité de la journée s’est déroulée à travers des débats, des groupes de paroles, des exposés durant lesquels les élèves ont dû interagir entre eux, tout en s’écoutant de manière attentive. La notion de respect était ainsi au centre de ce projet. En tant que membre des écoles associées de l’UNESCO, il semble pertinent pour le lycée de réitérer de tels projets par la suite.

Nina V. et Louise J. - Illustration de Nina V.

L

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Muscles et tendonsA une époque où la viande est devenue un mets très accessible et que nous consommons sans compter alors que la législation évolue et va même jusqu’à désigner les animaux comme des « êtres sensibles », il est logique d’être un peu perdu. Faut-il continuer à consommer de la viande ? Faisons le point.

n réalité, manger de la viande nous semble tout à fait acceptable

pour deux raisons.

D’une part, nous savons que l’Homme est omnivore. Cela signifie qu’il est en capacité de digérer des aliments d’origine animale ou végétale. Manger de la viande semble ainsi être une pratique naturelle, et donc acceptable. Cependant, nous sommes tous en capacité de marcher à reculons toute la journée. Nous sommes tous en capacité d’utiliser de l’huile d’olive comme shampooing. Nous sommes tous en capacité de crier des noms de fruits et légumes place Stan. Or, dans ces trois cas, le fait qu’une pratique soit possible suffit-il à la justifier ? Non. Alors pouvons-nous affirmer que manger de la viande est acceptable parce que notre corps nous le permet ? Je ne crois pas. Le fait que l’Homme puisse en consommer ne le condamne pas à le faire. Cet argument lié à la nature de l’Homme est donc sans valeur. Mais est-il pour autant possible d’être en bonne santé ? Bien sûr ! Un végétarien qui mange des œufs et du lait ne souffre d’aucune carence à condition d’avoir une alimentation diversifiée et de veiller à consommer des acides aminés (nécessaire pour synthétiser des protéines), du fer et des acides gras en quantités suffisantes.

D’autre part, la consommation de viande est ancrée dans nos traditions. D’ailleurs en France, le bœuf bourguignon est un plat traditionnel. Or, ce dernier contient de la viande. En manger semble donc être une pratique culturelle, et de ce fait acceptable. Mais prenons quelques exemples. En Arabie Saoudite, il est normal de lapider un homme parce qu’il est homosexuel. Dans plusieurs zones d’Afrique, il est normal pour certains d’exciser une femme contre sa volonté. Dans certaines zones d’Espagne et du sud de la France, il est normal de torturer puis d’exécuter un taureau en public dans le seul but de divertir.

Pourtant toutes ces pratiques, bien que traditionnelles, sont-elles morales ? Non. Tout ce qui est fait au nom de la tradition ne semble ainsi pas être toujours acceptable.En outre, certains pays ont des habitudes alimentaires aux antipodes des nôtres. En effet, en Inde, entre 35% et 45% de la population est végétarienne. Pourquoi alors ne prendrions-nous pas exemple sur cette culture plutôt que de se conformer aux traditions françaises ? Le fait que manger de la viande fasse partie de nos traditions n'excuse donc en rien cette pratique.

Si nous venons de voir que les arguments les plus utilisés pour justifier notre consommation sont faibles, il existe des arguments forts qui vont à l’encontre de cette manière de consommer.

D’abord, manger de la viande peut être assimilé à une pratique cruelle. En effet, notre système de production de viande est désastreux : pour faire face à la demande de plus en plus importante, on imagine des moyens de plus en plus inhumains d’élever et d’exécuter des animaux. Cela se remarque par exemple à travers les conditions de vie que subissent plus de

80% des poulets d’élevage français. De leur naissance à leur exécution, ces derniers ne voient jamais la lumière du jour, sont entassés à raison d’une vingtaine de poulets par mètre carré et finissent par vivre au milieu de leurs excréments (d’après CIWF). Nous sommes d’accord : les animaux issus de ces élevages ont une vie pleine de souffrance et de malheur. Par ailleurs, au vu de la diversité des aliments disponibles pour notre espèce en dehors de la viande, et en tenant compte du fait que celle-ci n’est pas nécessaire à notre santé, on peut dire que l’Homme consomme de la viande uniquement parce que c’est bon. Pour résumer, nous condamnons des êtres à une vie de malheur uniquement pour le plaisir gustatif que cela nous procure. Or, la cruauté consiste à tirer un certain plaisir du malheur d’autrui. En mangeant de la viande c’est donc exactement ce que nous faisons. Certes, nous ne jouissons pas directement du malheur dont nous sommes responsables. Mais les faits sont là, nous avons consenti à tuer des êtres pour notre plaisir personnel.

Ensuite, notre consommation est néfaste pour l’environnement. En effet, les élevages de porcs bretons

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Illustration de Maryse G.

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ont causé encore l’année dernière un dépôt massif d’algues vertes sur les plages, signe que le rejet de leurs déjections dans la mer a des consé-quences néfastes sur les écosystèmes marins. Par ailleurs, l’élevage fait partie des premières causes du réchauffement climatique. Effectivement, selon la FAO, il est responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre. De plus, cette industrie nécessite de plus en plus d’espace. Ainsi, chaque année, des millions d’hectares de forêt sont rasés et aujourd’hui, 70% des terres boisées de la forêt amazonienne sont utilisées pour élever des animaux ou pour produire de quoi les nourrir. Ces chiffres sont alarmants quand on sait que la végétation contribue à diminuer le taux de CO2 dans l’atmosphère. Les élevages consomment aussi des quantités astronomiques d’eau. 8% de l’eau utilisée par l’Homme l’est dans le cadre de la production animale ! Ainsi, notre consommation de viande participe au dérèglement de notre planète.

Je viens de montrer que cette consommation est non justifiée, cruelle et néfaste pour l’environnement. Faudrait-il donc arrêter totalement de manger de la viande ?Pas de panique, pour soulager notre conscience (sous peu que l’on se sente coupable), il existe des alternatives à notre manière de manger qui sont moins extrêmes que le végétarisme. Par exemple, on peut réduire notre consommation de viande à deux ou trois repas par semaines. On peut aussi faire plus attention aux produits que l’on achète et ainsi boycotter tous les aliments qui proviennent d’élevages intensifs. Bref, finissez donc ce kebab sereine-ment mais n’oubliez pas, vous avez un impact. Alors agissez.

Arthur B.

Sources - CIWF (Compassion In World Farming) (http://www.ciwf.fr/animaux-de-ferme/poulets-de-chair/elevage-intensif)- FAO (Food and Agriculture Orga-nization of the United Nations) (http://www.fao.org/agriculture/lead/themes0/climate)

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Sans foi ni loi Parfois, les lois permettent à des gens, dont l’intelligence dépasse les scrupules, de parvenir à des fins peu orthodoxes. C’est le cas d’Isak Gerson, étudiant en philosophie, lorsqu’en 2010 il crée le kopimisme, qui compte désormais plus de 3000 adeptes dans le monde. Quel est le principe de cette religion et en quoi est-elle spéciale ?

Les caractéristiques de cette religion Le mot « kopimisme » vient de l’anglais « copy me ». Cela paraît logique puisque cette religion vénère l’infor-mation. Elle prône la l iberté de l’information et du Copier/Coller. Selon son créateur, « l'information est sacrée et la copie est un sacrement. L’infor-mation a une valeur en soi, et cette valeur se multiplie grâce à la copie ». Comme toute religion, elle a ainsi ses saints, mais aussi ses démons. Ce sont les copyrights (droit déposé pour utiliser une œuvre), que les adeptes se doivent de haïr. Ainsi, le kopimisme répond aux deux grands piliers d’une religion que sont le service religieux et l’existence d’une communauté.

La création de cette religion

En 2010, un étudiant en philosophie suédois, proche du parti pirate (celui-ci a la particularité d'avoir pour principale revendication un internet libre et sans contrainte), crée le kopimisme. Il se nomme Isak Gerson. Il énonce dans un premier temps les caractéristiques de ce qui n’était à l’époque qu’une secte et crée une communauté. Celle-ci est certes minime, mais suffisante pour entreprendre la deuxième étape de son plan : la reconnaissance par les autorités suédoises. La loi en Suède impose qu’une religion réponde à trois critères pour être reconnue. Elle doit être représentée dans le pays par une association, elle doit reposer sur une constitution écrite (comme la Bible ou le Coran pour le christianisme et l’islam) et elle doit célébrer des services religieux. L’ambiguïté de ce dernier point a valu deux refus de reconnaissance. Cependant, la détermination d’Isak Gerson a permis de convaincre les autorités suédoises que le fait de taper sur un clavier était bel et bien un service religieux. Ainsi, en décembre 2011, l’ancienne secte devient une religion comme le christianisme ou le judaïsme. Cependant, il semble difficile de comprendre ce qui a poussé cet étudiant à créer une religion aussi farfelue.

Le but de cette religion

Il semblerait malheureusement que le kopimisme n’ait pas été créé afin de permettre aux adeptes de se recueillir dans la foi et dans le bonheur de célébrer l’information. En effet, c’est une autre loi suédoise qui a provoqué sa création. Dans ce pays, la liberté religieuse est très importante et il est impossible de condamner qui que ce soit tant que ses actions s’inscrivent dans le cadre de la pratique de son culte. Ainsi, quiconque est adepte du kopimisme est immunisé contre les sanctions qui punissent le téléchargement illégal. Isak Gerson a donc réussi à trouver un moyen d’enfreindre la loi sans encourir la moindre sanction.

Gabriel L.

Logo du Kopimisme - Illustration de Nina V.

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Les avions de papier Le principe est de rassembler des témoignages de personnes venant des quatre coins du monde autour d’un même sujet. L’authenticité des informations repose donc sur la parole des témoins sollicités. Il s’agit ici d’un thème qui nous concerne tous mais qui n’est pas forcément traité de la même façon partout. Mesdames et Messieurs, la place de l’écologie dans le monde.

Italie

Nigéria

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VOYAGE

L’écologie n’est pas vrai-ment un sujet évoqué en Italie ; il n’est pas du tout abordé à l’école, je n’ai aucune idée de ce qu’est la COP 21. Cependant, dans les rues et dans les écoles, nous avons des trieurs de matériaux, et des récoltes de piles y ont été mises en place, ainsi que dans d’autres lieux publics. Quant aux éoliennes et aux panneaux solaires, ils ont fait leur apparition depuis quelques années. Mais dans l’ensemble, les médias et l’enseignement parlent peu de ce thème.

- Modena

Tout comme dans le Nord de l’Italie, l’écologie n’est pas très présente ici, que ce soit dans les écoles ou dans les médias. Cependant, nous avons aussi des trieurs de déchets dans les rues et dans les écoles. En ce qui concerne les éoliennes et les panneaux solaires, i ls ont également fait leur apparition sur

nos terres mais depuis peu de temps, deux ou trois ans. La zone où je vis est aussi confrontée à un problème qui concerne plutôt le Sud de l’Italie. En effet, les grandes entreprises déversent tous leurs déchets dans la mer ou les enterrent dans les campagnes, sous la direction de la mafia. Cela leur revient beaucoup moins cher car les services de la mafia sont moins onéreux que ceux des compagnies chargées de l’élimination des détritus. D’autre part, avec la crise économique, la recherche d’un travail et d’un revenu est prioritaire pour les Italiens, qui négligent certainement l’aspect écologique malgré les diverses installations mises en place.

- Brindisi

Propos recueillis et traduits par Nina D

Le géant d'Afrique, le Nigéria, montre à quel point l'écologie peut être une préoc-cupation inexistante des pays en voie de développement. Quand les habitants d'un pays souffrent au quotidien de la faim, du manque d'accès aux soins, à l'éducation ou à l'eau potable, de l'insécurité et des menaces terroristes, du manque

d'infrastructures en général, le développement durable n'est qu'une lointaine chimère.

Le Nigeria ne possède qu’un seul barrage hydraulique : celui de Kainji sur le fleuve Niger. Il est censé générer un quart de l’électricité créée par le pays mais la production est rendue hasardeuse

par la sécheresse qui sévit fréquemment dans cette région ouest du Nigeria. Il n'y a aucune éolienne dans ce vaste pays grand comme presque deux fois la France. Cependant, il possède des réserves de pétrole brut. La production d'électricité est ainsi assurée essentiellement par la combustion de ce dernier et du gaz, technique hautement polluante.

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Tchéquie

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Aujourd'hui, le gouver-nement n'envisage qu'un seul projet de champs de panneaux photo-voltaïques, mais ce n'est encore qu'un vague projet, le pays n’ayant pas suffisamment de fonds pour investir. En effet, la production de pétrole relève essentiellement du secteur privé.

Par conséquent, le Nigeria ne produit pas assez d'électricité pour satisfaire la consommation de la population. À Lagos, ville de 20 millions d’habitants, il y a en moyenne six heures d'électricité par jour. Alors les habitants des quartiers riches s’équipent indivi-duellement de générateurs qui brûlent du diesel. Si l’accès à l’énergie électrique est possible pour la classe aisée grâce à ces générateurs, la classe défavorisée, elle, ne peut se permettre ni l’achat de cet appareil, ni l’achat du diesel nécessaire à son fonctionnement.

L’eau potable n’est pas plus assurée par l’État que l’électricité. L’eau qui coule du robinet est impropre à la consommation et peut entraîner de graves maladies

(typhoïde..). Dans les quartiers riches, les immeubles ont accès à l’eau grâce à des puits individuels. Dans les quartiers pauvres, soit les coupures d’eau sont quotidiennes, soit il n’y a pas d’eau du tout et les habitants doivent se rendre à une pompe collective. Il n’y a aucun plan du gouvernement pour gérer cette ressource indispensable aux Nigérians. Les pays occidentaux doivent comprendre que l’aide au développement des pays pauvres est la première étape obligatoire pour permettre aux populations de s’orienter vers des consommations raisonnées des ressources de la planète.

- Lagos

Propos recueillis par Louise C.

L'écologie n'est pas une priorité pour tout le monde, on le voit encore aujourd'hui avec la COP 21. Par exemple ici, les Verts obtiennent assez peu de voix donc n'ont pas de place au gouvernement. Il y a des gens, surtout dans les zones rurales, qui se moquent de la qualité de l'air et qui se chauffent avec tout et n'importe quoi (exemple : des bouteilles en plastique).

P o u r l e p o s i t i f , l a République Tchèque fait partie des pays qui trient le plus : le

plastique, le papier, le verre, les emballages en carton de

boissons (comme le lait ou les jus), les déchets naturels (comme le compost) ou les appareils

électroniques. C'est très facile de trier et on trouve des

poubelles partout, même en ville, la majorité des gens trie leurs déchets. À Olomouc, nous avons reçu des sacs de couleurs (les mêmes que les poubelles de recyclage) pour pouvoir trier à la maison puis emporter ses déchets dans les bonnes poubelles.

Au lycée nous faisons partie d'un programme qui s'appelle « l'école verte », on doit donc plus économiser l'énergie, (non seulement les élèves, mais aussi toute l'école). Cela veut dire : consommer moins pour le chauffage (l'isolation a été complètement refaite). Les plus

petits ont quatre heures de sport par semaine, dont une est consacrée à apprendre à mieux manger et mieux recycler. On sensibilise les plus jeunes (10-12 ans) à la protection de l’envi-ronnement. Nous avons éga-lement des endroits pour recycler les piles usagées et les vieux appareils électroniques. Il y a chaque année plusieurs opé-rations ponctuelles de recyclage : « l'appel du tapir », où l’on collecte le papier ; cette année, nous en avons collecté plusieurs tonnes. Ceux qui collectent le plus sont récompensés, par exemple la meilleure classe a droit à une excursion d'une journée dans la région vers la fin du mois du juin. Il existe aussi une journée de collecte d'anciens ordinateurs ou des vieux téléphones portables.

- Olomouc

Propos recueillis par Léonie T.

Illustration de Clémence D.

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Berlins Lebensstilerlin fait partie de ces villes qui ne s'arrêtent jamais, et

inconsciemment, on ne peut se soustraire au mouvement inces-sant et à l’énergie qui s’en dégagent.

Si les murs ont, auparavant, été synonymes d'enfermement et d'isolement, ils sont aujourd'hui des vitrines de la liberté. Il n'existe pas un mur qui n'ait été la toile d'une œuvre anonyme et éphémère. Sur ces murs, se rencontrent des artistes animés par le même désir de s'exprimer, et quoi de mieux que de le faire dans cette ville qui a longtemps

été le symbole d'une liberté brimée ?

Berlin a cette capacité de convenir à tous les âges, il est facile de tomber amoureux de ses nuits qui n'en finissent pas de danser et de ses balades de fin d'après-midi le long de la Spree. Il n'y a pas de rythme à suivre, pas d 'horaires à respecter, il ne s'agit pas de s'adapter à Berlin, la ville s'adapte d'elle-même. La journée peut être extensible et la nuit a beau tomber tôt (surtout en hiver), rien ne s'arrête. La vie est partout et il n'est pas

question de se sentir seul. Cette ville est un remède pour les angoissés de la solitude mais elle permet aussi de respirer et de faire une pause pour ceux qui ont besoin de prendre du recul dans ses parcs et ses grands boulevards.

Berlin est une ville qui respire la création. La diversité culturelle dont regorge cet endroit pourrait faire pousser des ailes à beaucoup de gens. Ce sont ces ailes et ces gens qui permettent un tel rayonnement de la ville.

Il est facile de sentir la riche histoire de Berlin au travers de son architecture. Si certains sont fascinés par d'anciennes struc-tures imposantes et captivantes, d'autres admirent l'évolution incessante devant des bâti-ments toujours plus modernes. Autant d’architectures diffé-rentes que de raisons d'atterrir ici, que ce soit le fruit du hasard ou d'une détermination bien ancrée.

Nombreux sont les gens perdus qui sont arrivés à Berlin sans savoir pourquoi. Même s'il ne s'agit que d'un court moment, se retrouver au milieu de l'agitation berlinoise que ce soit sur Potsdamer Platz ou au pied de la Fernsehturm, il est impossible de rester indifférent. Que l'on se sente tout petit, ou au contraire que l'envie de déplacer des montagnes s'empare de nous, Berlin a ce pouvoir de changer quelque chose, on en repart différent, même si ce n'est qu'un petit peu.

Louise C.

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B

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Do not vomit on my expensive rug Do not vomit on my expensive rug ("ne vomis pas sur mon plaid hors de prix"), ou le #cococapitànwriting qui, à première vue, peut tout simplement décrire un maître qui s’adresse à son chat, illustre aussi très bien la Norvège et le mode de vie de ses habitants.

n me baladant sur le port d'Oslo, la capitale, je suis tombée face à

une grande affiche blanche. Cette phrase était inscrite, en noir, en majuscules, et dans une écriture très enfantine. Pas de signature. Pas de nom, pas de date. C'est donc après quelques recherches que j'ai compris (ou du moins émis l'hypothèse) que l'artiste à l'origine de l'affiche était le même que celui connu sur les réseaux sociaux sous le nom de Coco Capitàn. Mais cet article ne porte pas sur cet artiste au style très original, non, il porte sur la Norvège et ses stéréotypes qui, après avoir passé un mois là-bas, me semblent être en partie justifiés. Bien sûr il faut garder à l'esprit que ces stéréotypes ne sont pas spécifiques aux habitants d'Oslo mais à toute personne vivant aisément dans une grande ville, et que ces observations, parfois un peu exagérées (personne n’est parfait), viennent évidement de ma propre expérience et de ma propre perception. Revenons à nos moutons, mon séjour en Norvège touchant à sa fin – et la mélancolie me submergeant – je ne pouvais que faire le parallèle entre tout ce que j'avais vécu pendant ce mois et cette simple phrase. Parce que l'idée-reçue selon laquelle on boit beaucoup dans les pays nordiques s'avère être vraie... Et quand on boit (trop), il arrive qu'on vomisse. Et l'idée-reçue selon laquelle les Norvégiens

sont riches, et bien, pour la plupart, elle n'est pas fausse. Et celle qu'il fait froid là-haut non plus…mes orteils étant bien placés pour vous prévenir qu'afin de survivre, mieux vaut s'équiper d’après-ski. Et donc selon moi, Do not vomit on my expensive rug résume très bien le mode de vie nordique – du moins celui des plus aisés, car il va de soi que tous les Norvégiens ne roulent pas sur l'or.

D'abord (pour faire un article tout beau, tout propre, norvégien en somme), si les pays nordiques sont bien connus pour être des pays de buveurs, il faut toutefois reconnaître que les adultes ne boivent pas d'alcool aux dîners, n'ont pas de Bourgogne pour accompagner le fromage de chèvre, ni de Pineau des Charentes rouges avec les glaces, ni de Bergerac blanc pour manger avec les huîtres. Il est cependant habituel de voir les parents rentrer éméchés les week-ends, pendant que leurs propres enfants enchaînent les bouteilles en soirée. Sans oublier que les soirées, c'est le vendredi et le samedi, toutes les semaines, et qu'ils sont environ soixante à faire la fête – 30 filles et 30 garçons, bah oui quand même, il faut équilibrer –, et qu'une soirée là-bas, c'est en fait trois soirées différentes. D’abord, c'est la pré-soirée. Les filles d'un côté, les garçons de l'autre, et il faut se dépêcher de faire monter le rouge aux joues avant que les garçons n'arrivent. Une fois tout le monde regroupé, on partage l'alcool qu'il nous reste, et la vraie soirée commence. Vient ensuite l' « after », chacun rentre chez soi, souvent par groupes de quatre, et la soirée s’achève par une soirée pyjama. Et là, on épure tout l'alcool. Vous avez compris l'idée, leur réputation d'alcooliques n'est pas totalement infondée... mais après tout, il faut bien ça, pour faire passer les longues et froides soirées d'hiver !

Et qui se charge de conduire tout ce petit monde ? Papa-maman qui paient gentiment le taxi... Et c'est très cher. Tard le week-end, le compteur commence à tourner avec quelques 16

euros au début de la course, tandis que c'est 2,20 euros à Paris. La Norvège a beau être classée comme étant « le pays le plus riche du monde », qui dit pays riche, dit vie chère. Payer 15 euros pour une seule place de cinéma, et 20 pour un médicament qu'on trouve moitié moins cher en France, ça fait mal. Mais, bien que les salaires des Norvégiens soient plus élevés que la moyenne en Europe, les jeunes se rendent très bien compte que les loisirs ou les vêtements, par exemple, sont beaucoup plus chers qu'ailleurs. C'est pourquoi deux choix s'offrent à eux pour acheter tout ce dont ils ont envie : soit ils travaillent, car les magasins de vêtements ou fast-foods ne recrutent pratiquement que des jeunes, soit ils demandent à papa-maman de passer les vacances à l'étranger, et reviennent avec trois valises de plus. Mais ici encore, on rencontre un problème : Dubaï ou Londres ?

Si le but est de faire du shopping et de bronzer au passage, on ira sûrement à Dubaï. On ne va pas se le cacher, en Norvège, il fait froid. Alors si vous voulez vous baigner ou flâner sur la plage (oui parce que Oslo est une ville absolument parfaite qui réunit la mer, la montagne, la ville et des couchers de soleil à couper le souffle!), ce n'est pas là qu'il faut aller. En revanche, si vous voulez skier, vous tombez à pic ! Les Osloïtes n'ont qu'à sortir de chez eux, et hop, ils se trouvent déjà sur la piste alors que nous, Français, on galère pour trouver une piste enneigée. Bon, en vrai, si j'habitais Marseille, j'aurais le droit de me plaindre de la température, mais ce n'est quand même pas le Pôle Nord : j'ai passé un mois d'octobre génial sur tous les points, avec une simple veste en cuir et une écharpe, sans perdre d'orteils pour autant ! De quoi vouloir se faire une petite virée au pays du saumon, des fjords et des aurores boréales…

Ariane W.

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E

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C’est toujours le peuple qu’on craint Le 6 octobre 2015, les caméras étaient sur le qui-vive : c’était le Comité Central de l’entreprise Air France-KLM. Le jour des fameux débordements qui ont déchainé la presse et l’opinion publique françaises. Les manifestants qui s’étaient rassemblés sur le lieu de la réunion avaient effectivement fini par investir le bâtiment sans autorisation. Drôle de spectacle que celui de Xavier Broseta, le Directeur des Ressources Humaines (DRH), effrayé par la multitude pressante de ses fans, contraint d’évacuer les lieux en escaladant le portail, après s’être fait arracher sa chemise par la foule en délire. La vie de star et ses aléas… les Beatles en leur temps n’auraient pas fait mieux.

e sont les syndicats qui, depuis des années, décrivent l’entreprise

comme un petit îlot de paix où règne le dialogue social. En témoigne, par exemple, la décision de supprimer 9122 postes en 2013, ce qui s’est traduit par l’élimination de presque un naviguant par avion. A terme, Transavia France, la filiale « low cost » (« à bas coûts » en anglais) d’Air France créée en 2007, devait prendre le pas sur l’entreprise-mère1.

Les filiales « low cost », des entreprises de transport aérien qui fleurissent depuis

quelques années, offrent des billets beaucoup moins chers que les compagnies traditionnelles, d’où leur succès. Elles utilisent un système simple mais efficace : le billet pas cher, c’est le voyage « bas de gamme », auquel peut être greffé tout un tas d’options qui sont proposées au client et qu’il faut avouer assez superficielles (comme avoir un bagage en soute) et là, soudainement, les prix décollent (si l’on peut dire). Suivant ce modèle, les compagnies tra-ditionnelles ont commencé à développer

des filiales « low cost », comme Transavia pour Air France. Là aussi, la course à la rentabilité est lancée et déjà en 2013, le comité central d’entreprise déclarait vouloir réaliser de 400 à 450 millions d’euros d’économie1, puis de nouveau 80 millions d’euros en 2015, en plus des fermetures de certaines lignes et de la diminution de la fréquence de passage sur d’autres2. Mais qu’elles sont modernes, ces compagnies, et qu’elles sont efficaces, quand il s’agit de s’aligner sur le modèle le plus payant en se dopant

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Illustration de Khalil G.

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BILLETS D’HUMEUR

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à la sacro-sainte « compétitivité » ! Quel dommage que certains esprits simplistes n’y adhèrent pas… Ah mais c’est qu’on ne vous a pas parlé du merveilleux fonctionnement des compagnies « low cost » ! Prenons l’exemple de Ryanair, l’irlandaise de la bande.

En fait, chez Ryanair, faire des économies à tout prix est un peu une doctrine ; traduction ? Des salariés qui commencent leurs journées à 3h 15 et font en moyenne 4 vols par jour, ne sont pas payés lorsqu’ils sont malades, ni en-dehors des heures de vol (exit le temps passé à accueillir et faire descendre les passagers, et à nettoyer l’avion après chaque atterrissage), doivent payer eux-mêmes leur uniforme, sont mis sous pression pour vendre le plus possible à bord, sont contraints de faire mal leur service par manque de temps, tout ça pour une paye qui ne dépasse pas les 1400 euros par mois (primes comprises), et avec l’interdiction de faire grève et de se syndiquer, s’il-vous-plaît… sans compter les pilotes sur qui l’on fait pression pour qu’ils chargent le moins de carburant possible (ce qui a déjà mené à des atterrissages d’urgence) et, en France par exemple, des équipages de navigants, dont très souvent, pas un ne parle français (comment on fait s’il y a un problème avec un passager ? Ah ben c’est simple, on prie pour que ça n’arrive pas)3 4. En bref, de l’exploitation pure et dure… euh pardon, comment on dit déjà ? Ah oui, c’est de la « compé-titivité » ! Au fait, elles font comment, Ryanair and cie, pour faire des billets si peu chers ? Hé bien elles profitent des subventions publiques des pays où elles s’implantent (de l’argent des citoyens, donc). Respecter les règlementations du travail en vigueur dans ces pays en revanche, ça a l’air optionnel (comme les bagages en soute, vous suivez ?). L’Union Européenne avait pourtant fait passer un règlement en janvier 2006 pour encadrer lesdites subventions et éviter qu’elles ne soient détournées par les « low cost ». Tragique destin que celui de ce règlement que Dominique Bussereau, ministre des transports à l’époque, avait tout bonnement refusé de faire

appliquer5. En tout cas, cette course aux profits au détriment des salariés, c’est ce qui se passe, dans une moindre mesure, à Transavia. Et c’est justement ce que dénonce Sofia Lichani, salariée à Ryanair pendant 5 ans, qui déclare : « Le modèle de Ryanair ne doit surtout pas devenir celui des compagnies traditionnelles »3.

Parce qu’à Transavia, ce sont déjà des pilotes qui effectuent en moyenne 100 heures de vol par an de plus que ceux d’Air France, des salariés qui font des journées minimum de 3h 30 à 15h 30 par jour, ne sont rémunérés que sur leur temps de vol et payés, à fonction égale, 1700 euros de moins que ceux d’Air France1. Et c’est cette filiale-là que la direction d’Air France projette de développer, allant à l’encontre d’un accord fixé avec les pilotes. C’est ce qui avait provoqué la grève des pilotes menée par le SNPL (Syndicat National des Pilotes de Ligne) en septembre 2014. 14 jours de grève qui avaient été déclarés auparavant, contrairement à ce que les mauvaises langues ont pu raconter. 14 jours de grève pour défendre des emplois, non pour revendiquer une augmentation de salaire comme il a été dit par la suite. 14 jours de grève pour demander un véritable dialogue social au sein de l’entreprise, dialogue dont l’absence était dénoncée depuis des années par les syndicats, et non pour stopper le projet Transavia. 14 jours de grève par des salariés décriés, discrédités, méprisés, dont la principale revendication était d’obtenir un contrat unique pour les pilotes d’Air France et ceux de Transavia. Un contrat unique qui, d’ailleurs, avait été accepté par les médiateurs lors des négociations, et auquel la direction avait ensuite opposé un droit de veto. Des salariés qui avaient essayé de discuter pendant longtemps avant de déclarer une grève, face à des dirigeants sourds à leurs demandes6.

Au 9ème jour, c’est le gouvernement lui-même et son premier ministre, qui étaient entrés dans la Valls…pour soutenir la direction, bien sûr, et peser de tout leur poids pour faire arrêter la grève. Notre premier ministre avait même déclaré : « Cette grève est insupportable pour les usagers, cette grève est insupportable pour l’entreprise, cette grève est

insupportable pour l’activité économique du pays »7. Une déclaration qui valait celle de Jean-Christophe Cambadélis, alors premier secrétaire du PS, qui avait demandé, le mardi 16 septembre sur RMC, l’arrêt de la grève qu’il jugeait « hors-de-propos »8. Quand les grands esprits se rencontrent…Ils ne s’ima-ginaient sûrement pas à quel point il peut être « insupportable » de voir nos élus moucher avec un tel dédain des syndicalistes qui défendent l’avenir de leur métier. Ils ne s’imaginaient sûrement pas à quel point prendre la défense d’un patronat obsédé par la rentabilité était alors « hors-de-propos ».

Rien n’a changé en fait, les grévistes et les syndicalistes sont toujours les « voyous » qui font peur aux honnêtes gens… ce sont eux pourtant, qui avaient proposé de faire appel à des médiateurs indépendants en septembre 2014, suggestion d’ailleurs acceptée depuis plusieurs jours par la direction. Et c’est à Matignon qu’on a décrété que la négociation était terminée7. Un coup de poing sur la table, parce que ça fait bien. C’est ce syndicat qu’Air France a attaqué en justice moins d’un an après parce que ses pilotes n’auraient fait que 130 millions d’euros d’économie sur les 200 millions prévus dans le plan de restructuration3. En somme, poursuivis pour n’être pas assez rentables. De son côté, le PDG Alexandre de Juniac a encore gagné 645 000 euros cette année-là9. Sans compter les 37 dirigeants qui auront droit à des « retraites chapeau » pour lesquelles Air France a accumulé, entre 2004 et 2011, 13 millions d’euros10.

Grossièrement résumé, cela donne : d’un côté, des salariés qui se battent pour leurs emplois et se révoltent contre la course à la rentabilité en manifestant, et de l’autre, un patronat qui se bat pour la compétitivité et se révolte contre la baisse des profits en détruisant. Ne nous y trompons pas, les syndicats n’ont pas ici le monopole de la violence. Alors un dernier mot ; arracher sa chemise à un DRH et donner lieu à des mouvements de foule dangereux est certainement le meilleur moyen pour discréditer une cause, mais s’il y a une conclusion à tirer de cette affaire, elle tient en une phrase : c’est toujours le peuple qu’on craint.

Louise L.M.

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Sources 1 Le Monde économie, 05. 10. 13. 2 Le Monde économie, 17.06.15. 3 La CGT Ensemble !, 12.15

4 (http://www.ses.webclass.fr) 5 (http://www.cgtairfrance.com) 6 Le Monde économie, 03.10.14. 7 Le Monde économie, 28.09.14.

8 Le Monde économie, 17.09.14. 9 (http://www.journaldunet.com)10 France Info, 29.11.13.

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Réfugié cherche pays d’accueil Comment peut-on se replier sur nous-mêmes, alors que des centaines de milliers d’individus défient vents et marées afin de rejoindre les côtes de notre continent voire de le traverser face à des causes qui, pour nous, sont inconnues ? Nous sommes là, tranquillement affalés devant nos écrans à contempler cette “tragédie humanitaire” qui a montré les faiblesses de la forteresse Europe. Cet événement nous a bien montré une chose : l’hypocrisie.

ypocrite cette Europe qui préfère allouer des fonds (4 milliards

d’euros environ pour la période 2014-2020)1 pour des mi l l iers d’hommes chargés de la défense de ses frontières, qui se révèle mission impossible car difficile est d’arrêter la détermination d’un Homme à (sur)vivre. Quelque temps auparavant, l’Union avait besoin de fonds pour s’extirper de la crise infernale de la dette, qui n’a pas été réglée mais seulement renvoyée aux calendes grecques.

Hypocrites les habitants des états européens de l’Est, qui après la Seconde Guerre mondiale affluèrent en masse dans les nombreux pays membres de la Communauté Éco-nomique Européenne, fuyant2 l’armée rouge et le climat social tendu (à hauteur de 200 000 hongrois) et qui, désormais, descendent par milliers dans les rues3 en protestation aux vagues de réfugiés et dont les gouvernements érigent des clôtures scintillantes de barbelés.

Hypocrites ces pays du Golfe, qui les poches remplies de pétrodollars, préfèrent continuer à exploiter leur main d’oeuvre à bas prix dans des conditions catastrophiques et ne réagissent en aucune manière pour accueillir des réfugiés appartenant à la Oumma (la communauté musulmane à travers le monde qui prévoit une solidarité prononcée entre les membres de celle-ci) alors qu’ils se prévalent être les garants du véritable islam dans le monde. Face à cela ils attisent encore les haines religieuses dans cette région entre sunnites et chiites en fournissant des armes et en finançant des mercenaires qui feront couler encore plus de sang.

Hypocrites ces médias qui accentuent le fait d’un “débarquement” ou d’une

violation de notre pays afin que leur “une”, aussi alarmiste que tapageuse, puisse plaire à leurs lecteurs, qu’ils espèrent dépourvus de sens critique et privés du recul adéquat, nécessaires pour analyser la situation.

Hypocrite cette journaliste qui fit tomber un père syrien portant son jeune fils en lui assénant un coup de pied, alors que leur seul objectif était d’atteindre un avenir meilleur loin des guerres et oppressions quotidiennes. Elle relate par la suite dans une lettre d’excuse : “Je ne suis pas une camerawoman raciste et sans coeur.”

Hypocrite Madame Merkel, qui quelques mois avant l’annonce de l’accueil de 800 000 réfugiés, ne montrait que peu de signe d’affection face à cette jeune palestinienne qui, bien intégrée, a reçu le pendant allemand d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français)4. Face aux chaudes larmes de cette dernière la

chancelière, dépassée, la réconforta en lui expliquant que l’Allemagne ne pouvait accueillir toute la misère du monde.

Hypocrites les bien-pensants qui osent critiquer l’accueil chaleureux de ces familles entières qui ont vécu guerre, faim, misère et un périlleux périple et crient au scandale lorsque des réfugiés sont logés, contrairement à leurs compatriotes. Mais ceux-là ne bougent pas le petit doigt pour aider leur prochain assis sur le sol gelé.

De cette terrible épreuve rappelons-nous tout de même, que cette bête égoïste qu’est l’Homme a fait preuve de gestes incroyables pour surmonter ces difficultés. Toute notre admiration doit se tourner vers ces hommes et femmes, qui de la plus belle des manières répondent à la haine et au repli sur soi avec une solidarité sans faille, le sourire aux lèvres et la main sur le cœur.

Bilal B.

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Sources1 (http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/09/03/migrants-quand-l-europe-s-emmure_4744960_1654200.html)2 (http://reseauinternational.net/exodus-2015-rafraichissons-la-memoire-des-europeens-lexode-des-hongrois-en-1956)3 (http://www.liberation.fr/monde/2015/09/12/manifestations-pro-refugies-samedi-a-travers-l-europe-nouveaux-records-de-migrants_1380936)4 (http://www.lepoint.fr/monde/merkel-fait-pleurer-une-jeune-refugiee-palestinienne-16-07-2015-1949313_24.php)

Illustration de Clémence D.

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Bilan du premier trimestre Relais en course à pieds

L’année a démarré par la journée du sport scolaire le 16 septembre 2015, sous forme d’un relais en course à pieds de Metz jusque Nancy, avec à l'arrivée un rassemblement au Parc de la Pépinière où des activités sportives étaient proposées.

Championnat de district Handball : (équipes cadet/cadette)

JDA – Marquette (Pont-à-Mousson) : défaite

Badminton : (équipe mixte)JDA – Poincaré : victoire

JDA – Varoquaux : victoireJDA – Stanislas : victoire

JDA – Héré : défaiteJDA – Chopin : défaite

Futsal :JDA – Georges de la Tour : défaite

(cadets)JDA – Marquette : victoire (cadets)

JDA – Cyfflé : défaite (juniors)JDA – Varoquaux : défaite (juniors)

Volley : (équipe cadette)JDA – Poincaré : victoire

JDA – La Malgrange : victoire

Basket : (équipe cadette)JDA – Poincaré : défaite

(mais l'équipe garde le sourire !)

Première journée des olympiades des lycées (le 14/10)

Cross country (le 02/12 à Pulnoy)

Bravo à Clara Mourot (2nde11) qui remporte le titre de championne départementale grâce à sa superbe performance qui la classe 1ère pour la course cadette. Elle s’est ensuite brillamment classée 6ème sur 154 au championnat d’académie de cross le 9 décembre à Longwy.

Toutes les semaines…

Pour les intéressés, l'escalade et les sports collectifs sont proposés tous les mercredis de 13h à 16h au Gymnase Martiny (en réalité, vous venez et repartez quand vous le voulez...), et pour muscler les jambes, les bras et tout le tralala, c'est le mardi et le jeudi entre 12h et 13h au 3ème étage du gymnase du lycée !

Photos de Mme Thouvenin et M. GillmannAriane W.

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SPORT - RESULTATS UNSS

Futsal : Le lycée Jeanne d'Arc se classe 6ème !

Run and Bike : Le lycée Jeanne d'Arc se classe 9ème sur 32 au niveau départemental, et s’est qualifié pour le championnat d’académie le 4/11 à Saint Nabord où l'équipe est arrivée 12ème sur 31.

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Illustration de Khalil G.