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Le Bièvre LPO Coordination Rhône-Alpes Tome 27 Numéro spécial : les sciences participatives

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Le Bièvre

LPO Coordination Rhône-Alpes

Tome 27

Numéro spécial :les sciences participatives

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Le Bièvre

Revue éditée par la LPO Coordination Rhône-Alpes

Directrice de publication : Marie-Paule de Thiersant

Rédacteur en chef : Julien Girard-Claudon

Comité de rédaction : Jean Abbès, Cyrille Deliry, Thierry Lengagne, Laurence Magaud

Comité de lecture (tout ou partie des articles) : Guillaume Allemand, Alain Bernard, Cyrille Deliry, Gérard Goujon, Julien Girard-Claudon, Olivier Iborra, Véronique Le Bret, Thierry Lengagne, Laurence Magaud, Vincent Palomares

Relectures : Anne-Marie Trahin, Marie-Paule de Thiersant

Traduction anglaise : Jonathan Jack, Lucie Defernez

Mise en page : Pierre-Yves Croyal

Photo de couverture : mulot type collier © W. Fischer

Achevé d’imprimer en juin 2015 : Imprimerie Chirat Dépôt légal : juillet 2015 Imprimé sur papier recyclé 100 % avec des encres à base végétale.

ISSN 0223-7741

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Le BièvreTome 27

LPO Coordination Rhône-AlpesMaison Rhodanienne de l’Environnement

32 rue Sainte Hélène 69002 LYON

Tél : 04 72 77 19 84

[email protected] http://rhone-alpes.lpo.fr/

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Charles Faugier, 2003 © M. Fleischmann

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Naturaliste reconnu et contributeur régulier du Bièvre,Charles Faugier est décédé le 6 juin 2015.

Lionel Jacob

C harles Faugier, dit Piou, est un des premiers natura-listes ardéchois que j’ai rencontré au début des an-

nées 1980. J’arrivai de la région parisienne où le cerf était une véritable passion, manque de chance l’Ardèche n’en détenait pas, mais la nature y avait mis une telle richesse faunistique que rapidement les contacts avec le Groupe Vivarois d’Etudes et de Recherches sur les Vertébrés m’ont permis de partir sur d’autre pistes : castor, reptiles et am-phibiens et celle des chauves-souris dont l’homme com-pétent du moment n’était autre que Piou. Sorties dans les grottes, captures au filet, exploration de cavités diverses, le petit groupe apprit beaucoup, mais là ne s’arrêtait pas ses compétences, la petite faune le passionnait aussi et c’est de nos échanges que naquit la volonté de faire connaître par un ouvrage dont il fut le coordinateur les mammifères sauvages d’Ardèche. Sa collaboration s’est poursuivie lors du pré atlas des reptiles et amphibiens d’Ardèche et d’autres ouvrages qu’il entreprit d’écrire par la suite. Il se-rait difficile de ne pas adjoindre à ce groupe Françoise, sa femme, naturaliste elle aussi, qui fut de tous ses parcours.

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Préface

L’Histoire naturelle, la discipline scien-tifique qui a donné naissance à l’éco-

logie et à la systématique notamment, s’est depuis toujours appuyée sur un par-tenariat entre chercheurs académiques et amateurs. Ainsi aux XVIII et XIX siècles, le Muséum éditait déjà des « Instructions pour les voyageurs […] sur la manière de re-cueillir […] les objets d’histoire naturelle ». Quoi de neuf depuis ? L’arrivée du numé-rique a changé la manière de faire en démocratisant la pratique (par exemple, tout le monde peut produire de l’informa-tion de qualité sur les pollinisateurs avec un appareil photo numérique et en sui-vant un protocole  : www.spipoll.fr). Par ailleurs, l’émergence de la thématique des changements globaux conduit à une forte augmentation de la demande de connais-sance sur la biodiversité, à commencer par le besoin en données. Explosion de la demande et potentielle massification de l’offre sont sans doute à l’origine de l’essor des désormais nommées sciences participatives en ce début du XXIème siècle, avec un facilitateur indispensable  : le

secteur associatif qui trouve naturel-lement sa place pour animer la rela-tion entre le chercheur et le participant. Fortement contestés par une partie de la recherche académique à ses débuts, sou-vent qualifiés de «  pseudoscience  », ces dispositifs ont su prouver depuis qu’ils pouvaient non seulement contribuer à une recherche de qualité mais également qu’ils étaient souvent les uniques pour-voyeurs de données à certaines échelles spatiales et temporelles inaccessibles aux seuls moyens de la recherche publique.

Les prémices de ce succès ont conduit à toutes sortes d’initiatives. Gilles Boeuf en comptait près de 200 dans un rap-port sur la question remis à la Ministre de l’Ecologie en 2012. L’effet de mode était passé par là : les observateurs sem-blaient se précipiter sur des initiatives par ailleurs relativement faciles à financer. Comparativement, on peine aujourd’hui à mobiliser des observateurs, les plus an-ciens de ces observatoires perdent des participants, les structures animatrices

LES SCIENCES PARTICIPATIVES 2.0

Romain JULLIARD, professeur du Muséum, chef de projet « 65 Millions d’Observateurs »1

1. [email protected]

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s’épuisent avec des outils d’animation souvent obsolètes. Bref, si l’on ne veut pas parler un jour de l’éphémère âge d’or des sciences participatives, il faut repen-ser ensemble ces dispositifs.

De quoi parle-t-on  ? Toutes sortes de dispositifs s’auto-attribuent l’appella-tion sciences participatives. Le modèle que nous défendons au Muséum se ca-ractérisent ainsi  : (1) répondre explicite-ment à un besoin de la recherche (on ne fait pas cela pour amuser la galerie)  ; (2) une co-construction du dispositif entre recherche académique et acteurs de la société représentants des futurs partici-pants ; et (3) une montée en compétence des participants (ce ne sont pas de simple thermomètre !).

On le pressent, il y a quelque chose de nouveau dans cette formulation  : faire de la science avec la société, répondre à une aspiration des citoyens à s’impli-quer dans la vie de la cité mais aussi de la part du chercheur à renouveler ses

questionnements en se confrontant au « monde réel ». Au-delà de l’effet de mode, les sciences participatives peuvent être modernes. Mais ces projets répondent également à une situation extraordinaire-ment complexe (notre présent) et à une urgence (notre avenir). Face à de tels en-jeux (redéfinir notre contrat social en in-tégrant notre dépendance au caractère renouvelable de nos ressources dépen-dantes du vivant), il faut mobiliser diffé-remment et bien au-delà de la recherche. Nous sommes bien trop peu dans nos laboratoires. C’est vrai pour collecter les données nécessaires pour aborder de telles questions, mais c’est également vrai pour formuler des questions, imaginer des solutions. La recherche académique a ainsi sans doute un nouveau rôle à in-venter : animer l’intelligence collective. La science participative n’est pas la solution à tout, mais elle a cette potentialité trans-formative. A nous – tous – de la mettre en œuvre !

Préface

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LES SCIENCES PARTICIPATIVES

1. [email protected]

Kévin MATHIEU, responsable des programmes de science participative, LPO Coordination Rhône-Alpes1

RÉSUMÉLes sciences participatives sont des pro-grammes de suivi élaborés par des scien-tifiques à destination des citoyens qui souhaitent s’investir pour produire ou col-lecter des données susceptibles de présen-ter un grand intérêt pour les chercheurs. Quelques projets à destination du grand public ont commencé à voir le jour dans les pays anglo-saxons dès le début du XXème siècle. En France, les sciences participatives rencontrent un véritable succès depuis près de 10 ans, grâce notamment au Muséum National d’Histoire Naturelle qui a gran-dement participé à leur essor par l’inter-médiaire de son projet Vigie-Nature, mais également grâce aux nombreux acteurs as-sociatifs, véritables relais et animateurs lo-caux de ces programmes. Quelles que soient les compétences des naturalistes, leur lieu de résidence, et leur âge, il y a forcément un programme auquel participer !

ABSTRACTScientists have devised ongoing pro-grammes aimed at members of the pub-lic who wish to be involved in producing or collecting data which could be of great interest to researchers. Some projects aimed at the general public began to emerge in Anglo-Saxon countries at the beginning of the 20th century. In France, public involvement in scientific studies has had considerable success for nearly ten years, thanks especially to the Natural History Museum, which played a major initial rôle, through the Nature Watch (« Vigie-Nature ») project. But many mem-bers of associations who were contacts or local organisers of the programme also played their part. Whatever your skills in nature study, wherever you live, and whatever your age, there is sure to be a programme which you can take part in !

Figure 1 : Comptage hivernal d’oiseaux © Kévin Mathieu

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INTRODUCTION

Depuis plus de 40 ans, de nombreux constats alarmants sont dressés au sujet de l’érosion inquiétante de la biodiversi-té (Terborgh 1974, Wilcox et Soulé 1980, Wells et al. 1983, Wilcox et Murphy 1985, Ehrlich 1988). La sauvegarde de cette di-versité biologique se révèle pourtant es-sentielle pour le bien-être de l’Homme au regard des nombreux services ren-dus par ce bien commun (Costanza et al. 1997, de Groot et al. 2002, Millennium Ecosystem Assessment 2005, Butler et Oluoch-Kosura 2006, Harrison et al. 2010, Harrison et al. 2014). Les som-mets de la Terre, organisés tous les dix ans depuis 1972, symbolisent une prise de conscience progressive des pouvoirs publics face à ces problématiques envi-ronnementales. L’appropriation de ces enjeux par la sphère politique a ainsi per-mis de formaliser les principaux objectifs visant à ralentir le rythme actuel de l’ap-pauvrissement de la diversité biologique. C’est ainsi par exemple, que la France a ratifié la convention sur la diversité bio-logique en 1994, qui s’est concrétisée, dix ans plus tard, par l’adoption de la pre-mière stratégie nationale pour la bio-diversité qui visait à stopper la perte de biodiversité d’ici 2010 (Ministère de l’Éco-logie, du Développement Durable et de l’Énergie 2012).

La biologie de la conservation, discipline récente qui s’est développée dans les années 1980 (Soulé 1985), requiert un apport important de données d’obser-vation de terrain qui nécessitent d’être récoltées sur le long terme et à grande échelle. Malheureusement, les acteurs professionnels en charge de la gestion de l’environnement disposent bien sou-vent de moyens humains et financiers trop limités pour garantir à eux seuls l’effort de prospection nécessaire pour collecter ces données (Carret et Julliard 2007, Butler 2012). Dans ce contexte, les informations naturalistes récoltées par

des bénévoles prêts à se mobiliser pour des programmes de science participa-tive constituent une source précieuse de renseignements pour les chercheurs (Legrand 2013). Il est donc très encou-rageant de constater que les citoyens répondent présent à l’appel des scienti-fiques, en atteste le succès indéniable des nombreux programmes de science parti-cipative, qu’ils soient dédiés aux oiseaux communs nicheurs, aux oiseaux des champs en hiver, aux chauves-souris, aux papillons ou bien encore à toute la faune et la flore que nous sommes susceptibles d’observer depuis nos jardins, cours ou balcons.

QUOI ?

Les sciences participatives désignent des projets scientifiques qui font appel à la contribution volontaire de bénévoles pour produire ou collecter des données (Carret et Julliard 2007, Couvet et al. 2008, Silvertown 2009, Ifrée 2010, Dickinson et al. 2010, Legrand 2013). Notons qu’en raison de l’absence de définition précise, il arrive parfois que la science participa-tive soit évoquée sous la dénomination de science citoyenne ou bien celle de science collaborative. Bien qu’il s’agisse d’initiatives semblables dans la mesure où elles font appel à la contribution de tout un chacun, ces démarches ne sont pas tout à fait identiques. Les sciences participatives impliquent que le caractère «  scientifique  » de ces programmes soit garanti en amont par des scientifiques qui se chargent de choisir les sujets à trai-ter et d’élaborer les protocoles en veil-lant à ce qu’ils soient accessibles à tous (Gosselin et al. 2010, Bœuf et al. 2012). Les sciences citoyennes quant à elles, ne re-lèvent pas forcément d’initiatives collec-tives et n’impliquent pas obligatoirement un traitement scientifique des données alors que les sciences collaboratives in-duisent tout au long du programme, une forte interaction entre les scientifiques et les contributeurs (Bœuf et al. 2012).

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QUAND ?

Bien que l’expression «  science partici-pative » connaisse un essor relativement récent, la participation d’un public éclairé à l’amélioration des connaissances scien-tifiques ne constitue pas un phénomène nouveau (Bœuf et al. 2012). Bien avant que les activités relatives aux recherches scientifiques ne commencent à se pro-fessionnaliser vers la fin du XIXème siècle (Silvertown 2009, Ifrée 2010, Genin et Tichit 2011), des naturalistes passionnés alimentaient déjà les savoirs scientifiques notamment à la suite des grandes décou-vertes maritimes des XVème et XVIème siècles (Godinho 1991, Ubrizsy Savoia 1996). Ce qui caractérise l’approche moderne des sciences participatives, c’est qu’elles sont dorénavant accessibles à tous (Silvertown 2009), grâce notamment aux progrès techniques récents en matière d’infor-matique, d’accessibilité et de disponibilité de bases de données à grandes échelles (Devictor et al. 2010, Dickinson et al. 2010). Historiquement, l’ornithologie est la discipline naturaliste qui a toujours in-téressé le plus grand nombre d’amateurs (Mayfield 1979, Dickinson et al. 2010). C’est donc tout naturellement que les oiseaux ont constitué une véritable porte d’entrée pour le développement des sciences par-ticipatives. Les premiers programmes de science participative trouvent leurs ori-gines en Amérique du Nord par le biais du « Christmas Bird Count » initié en dé-cembre 1900 (Silvertown 2009, Dickinson et al. 2010, Ifrée 2010, Genin et Tichit 2011). Des initiatives similaires virent le jour un peu plus tard en Angleterre sous l’égide du British Trust for Ornithology (Silvertown 2009), puis plus générale-ment en Europe (van Swaay et al. 1997, Gregory et al. 2005, Schmeller et al. 2009). En France, les premiers programmes de sciences participatives ont été déve-loppés à la fin des années 1980 et ont rencontré un essor particulièrement im-portant depuis une dizaine d’années.

POURQUOI ?

Trois enjeux majeurs gravitent autour de l’approche moderne des sciences participatives.

Le premier est bien évidemment d’ordre scientifique. La mobilisation d’observa-teurs bénévoles permet de récolter des données à grande échelle (spatiale et temporelle) notamment sur les espèces «  communes  » ce qui permet d’en étu-dier statistiquement l’évolution. C’est ain-si qu’une étude européenne démontrait récemment que plus d’un cinquième des oiseaux européens avaient disparu (Inger et al. 2015).

Le second enjeu est d’ordre politique puisque ces indicateurs peuvent consti-tuer de précieux outils d’aide à la déci-sion lors de l’élaboration de politiques publiques. En effet, le suivi des espèces communes permet d’évaluer l’état de san-té de la biodiversité (Gregory et al. 2005, Julliard et al. 2006). A titre d’exemple, parmi la vingtaine d’indicateurs que ren-seigne la France pour évaluer l’efficacité des initiatives mises en œuvre en faveur de la préservation de la biodiversité dans le cadre de la convention sur la diversité biologique, le seul indicateur traduisant l’évolution de la biodiversité économique-ment « non-exploitée »1 est alimenté par la science participative (Levrel et al. 2010, Bœuf et al. 2012).

Enfin, le troisième enjeu est d’ordre pédagogique (Carret et Julliard 2007, Silvertown 2009, Gosselin et al. 2010, Ifrée 2010, Bœuf et al. 2012, Legrand 2013). Ces programmes sont autant d’invita-tions à renouer contact avec une nature qu’il est possible d’observer tout près de chez soi, mais à laquelle trop peu d’indi-vidus prêtent réellement attention. Ils permettent également de sensibiliser sur la problématique de l’érosion de la biodiversité.

1. Il s’agit de l’indicateur : “Tendances concernant l’abondance, la répartition et le risque d’extinction des espèces”

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QUI ?

Le Museum National d’Histoire Naturel (MNHN) a permis la démocratisation des sciences participatives en France par le biais de son projet Vigie-Nature. Bâti sur les fondations d’une collaboration an-cienne avec les naturalistes amateurs, son objectif est « de construire un réseau de suivi des espèces communes couvrant l’ensemble du territoire» pour «  prédire les changements affectant la biodiver-sité à long terme » (Legrand 2013). Initié en 1989, le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC), est le premier volet de ce projet.

Entre 2006 et 2011, d’autres programmes élaborés sur les mêmes bases que le STOC, mais ciblés sur d’autres groupes d’espèces (chauves-souris, oiseaux des champs en hiver, papillons diurnes etc.) voient le jour. Au même titre que le STOC, ces programmes s’adressent aux natura-listes amateurs sans pour autant viser les observateurs les plus novices dans la me-sure où certaines compétences de base sont requises pour participer.

Le fonctionnement de ces programmes s’appuie sur la collaboration entre le MNHN et les acteurs associatifs, vé-ritables relais et animateurs locaux (Legrand 2013). La volonté du MNHN et de nombreux acteurs associatifs de convier le grand public à s’inscrire dans une démarche de science participative sans nécessité de connaissances préa-lables, a conduit à la mise en place de dif-férents programmes :

▶ l’Observatoire de la Biodiversité des Jardins développé en partenariat avec Noé Conservation. Il consiste à recen-ser les papillons, les escargots et les co-léoptères dans les jardins ;

▶ le Suivi Photographique des Insectes POLLinisateurs (SPIPOLL) élaboré en partenariat avec l’Office Pour les Insectes et leur Environnement ;

▶ le suivi des oiseaux des jardins ini-tié par la LPO Rhône-Alpes (ancienne-ment CORA Faune Sauvage) et repris par le MNHN en partenariat avec la LPO France.

De nombreuses autres initiatives ont éga-lement vu le jour indépendamment du projet Vigie-Nature. Citons par exemple l’opération «  un dragon dans mon jar-din » initiée par des Centres Permanents d’Initiatives pour l’Environnement. Les sciences participatives peuvent égale-ment avoir pour sujet la flore comme l’illustre le programme Phénoclim. Coordonné par le Centre de Recherches sur les Écosystèmes d’Altitude, il s’agit d’un programme de sciences participa-tives qui invite le grand public à mesurer l’impact des changements climatiques sur la végétation en montagne.

Du côté des sciences citoyennes, des ou-tils complémentaires de saisie en ligne se sont développés en parallèle, tels que les sites internet «  VisioNature  ». Ceux-ci permettent à tout un chacun de ren-seigner toute observation naturaliste. D’autres dispositifs d’enquête et de col-lecte des données ont été mis en place ponctuellement ou durablement, no-tamment pour les invertébrés. Parmi eux on peut citer le réseau Tela Insecta, qui fournit à ses membres la possibilité de saisir leurs observations en ligne, ob-servations qui peuvent être restituées cartographiquement.

L’Office Pour les Insectes et leur Environnement lance également depuis quelques années des enquêtes pour connaître la répartition d’insectes emblé-matiques et faciles à reconnaître (lucane cerf-volant, rosalie des Alpes…).

PERSPECTIVES

Les programmes de science participa-tive connaissent un succès indéniable. Néanmoins, la mobilisation du public semble difficile à maintenir sur le long

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terme. Un effort permanent doit donc être fourni en matière de communication et d’animation pour recruter et fidéliser des volontaires au fil des années (Gosselin et al. 2010, Greth 2012). Par ailleurs, bien que les outils informatiques aient par-ticipé à l’essor de tels programmes, ils ne favorisent malheureusement pas les échanges entre observateurs. Une atten-tion particulière doit donc être accordée à la formation ainsi qu’à l’accompagnement des bénévoles qui souhaitent s’investir. Trop d’amateurs n’osent pas participer, pensant ne pas disposer des connais-sances suffisantes, alors qu’il suffirait que des « formateurs » proposent à ces per-sonnes de les accompagner ne serait-ce qu’une fois sur le terrain pour qu’elles se rendent compte que ces programmes sont à leur portée (Loïs, 2014).

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Les sciences participatives

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DES OUTILS DE SAISIE ET DE RESTITUTION POUR FACILITER L’IMPLICATION DES CITOYENS

1. [email protected]

Julien GIRARD-CLAUDON, coordinateur régional adjoint, LPO Coordination Rhône-Alpes1

RÉSUMÉLa société suisse Biolovision a développé un outil de saisie en ligne des données acces-sible au grand public. Doté de nombreux modules spécifiques, il permet la saisie des données de vertébrés terrestres mais égale-ment de nombreux invertébrés.

Ce système a su mobiliser un grand nombre de contributeurs puisqu’actuellement envi-ron 2500 contributeurs fournissent annuel-lement près d’un million de données.

Ces données permettent à la LPO de contri-buer à certaines politiques publiques et à des projets concrets d’étude et de protection de la biodiversité.

ABSTRACTThe Swiss company Biolovision has de-veloped a tool for entering data via the Internet to which the public can have ac-cess. With its many specific modules, it enables data of terrestrial vertebrates, but also many invertebrates, to be keyed in.

This system has rallied a large number of contributors, since at the moment there are about 2,500 people providing nearly a million data every year.

These data enable the LPO (equiva-lent to the British RSPB) to contribute to some government policies and specific projects for the study and protection of biodiversity.

Figure 1 : www.faune-loire.org

Le Bièvre - Tome 27

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GENÈSE DU PROJET ET STRUCTURATION DU RÉSEAU VISIONATURE

La collecte des données est un des élé-ments clés de l’amélioration des connais-sances naturalistes et un pilier des sciences participatives. Ces dernières né-cessitent d’importants jeux de données pour permettre un traitement statistique valide.

Longtemps collectées sur des fiches pa-pier, le développement de l’informatique a permis l’essor de la saisie et la généra-lisation de la centralisation des données naturalistes. Gaëtan Delaloye, fondateur de la société suisse Biolovision a dévelop-pé un site internet de saisie des observa-tions mis en ligne en 2003 pour la région de Genève. Ce site ayant connu très rapi-dement un grand succès auprès des ob-servateurs, il a par la suite été étendu au reste du pays.

L’efficacité du système a séduit de nom-breuses structures en Europe puisque, après la plateforme développée pour la LPO Haute-Savoie en 2004, les com-mandes se sont multipliées. A l’heure actuelle, 60 interfaces de saisie sont fonctionnelles dans neuf pays (Suisse et Liechtenstein, France, Allemagne et Luxembourg, Italie, Catalogne et Andorre, et Autriche) et des démarches sont en cours dans d’autres pays ou territoires (Pays Basque, Colombie et Pologne).

Afin de faciliter la gestion de l’outil et le lien avec la société Biolovision, l’ensemble des gestionnaires des bases de données françaises forme le réseau Visionature, structuré à différentes échelles :

▶ locale pour la gestion des sites,

▶ nationale et internationale pour dé-cider, en collaboration avec Biolovision, des orientations des développements des sites et réfléchir à des projets de valorisation des données.

AMÉLIORATION DE L’OUTIL

Les sites visionature, initialement déve-loppés pour collecter les données rela-tives aux oiseaux, se sont élargis à de nombreux autres groupes taxonomiques (23 actuellement). Leur disponibilité à la saisie dépend des compétences de la structure gérant la plateforme sur le su-jet. En complément, une plateforme na-tionale dédiée aux orchidées a vu le jour au cours de l’année 2014.

Pour diversifier les fonctionnalités de l’outil, des modules thématiques ont été développés permettant la saisie d’infor-mations détaillées (mortalité, espèces coloniales, frelon asiatique…). Le module mortalité permet par exemple de carto-graphier les collisions mortelles d’ani-maux avec des véhicules ou encore les cas d’électrocution ou de percussion avec des lignes électriques. La carte page suivante représente les cas de mortalité routière recensés dans la région Rhône-Alpes.

Deux modules ont été développés en lien avec le Muséum National d’Histoire Naturelle pour saisir des données collec-tées dans le cadre de deux programmes de sciences participatives. Il s’agit des modules «  Suivi Temporel des Oiseaux Communs » et « Oiseaux des Jardins », ils fournissent ainsi aux observateurs des outils de saisie des observations facile-ment utilisables.

Au cours des années 2013 et 2014, Biolovision a travaillé au développement d’une «  application smartphone  » pour permettre la saisie des observations sur le terrain. Cette application, nommée NaturaList, est maintenant disponible pour tout utilisateur de smartphone équi-pé d’Androïd. Elle augmente significative-ment le nombre de données collectées.

Des outils de saisie et de restitution pour faciliter l’implication des citoyens

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20082007

20062005

20042003

20022001

20001999

19981997

19961995

19941993

19921991

1990

Nombre de données Nombre de contributeurs

La facilité de saisie des observations a rapidement conquis les observateurs, conduisant à une forte augmentation du nombre d’inscrits et de données collec-tées. En juin 2014 près de 100 000 personnes étaient inscrites sur des sites Visionature dont 60 000 en France. A la même date, 60 millions de données avaient été collectées dont la moi-tié en France.

Le nombre de données collectées annuelle-ment a augmenté de manière exponentielle, le graphique ci-contre représente l’évolution

du nombre de données collectées et l’évolution du nombre d’observateurs ac-tifs en Rhône-Alpes.

UNE PARTICIPATION GRANDISSANTE DES OBSERVATEURS

Figure 2 : Localisation des données de mortalité routière par groupe faunistique

Figure 3 : Le jeu de données de l’année 2014 n’est pas exhaustif

Le Bièvre - Tome 27

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UTILISATION ET PORTER À CONNAISSANCE DES DONNÉES NATURALISTES

Ces nombreuses données sont utilisées dans différents cadres. Elles peuvent l’être pour disposer d’un premier état des connaissances lors d’études sur un site ou pour réaliser un porter à connaissances dans le cadre d’un projet d’aménagement (prédiagnostic). Elles contribuent égale-ment à l’amélioration des connaissances sur les espèces à la fois à un niveau local (Atlas de la Biodiversité des communes, etc.) mais également dans le cadre d’en-quêtes nationales. L’atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine, ac-tuellement en cours de rédaction, a été majoritairement réalisé avec les données provenant des sites visionature. Il a suffi de quatre saisons de reproduction seule-ment pour établir cet atlas, chose impos-sible avant la mise en place de ce système de saisie des données.

Ces données, confiées à la LPO par des observateurs passionnés, permettent également à l’association d’apporter des contributions aux politiques publiques :

▶ contribution au choix des espaces méritant une protection forte dans le cadre de la SCAP1,

▶ participation à la définition des ré-servoirs de biodiversité et des points de conflit dans le cadre du SRCE2,

▶ cartes d’alertes régionales annexées au SRE3,

▶ rapportage Natura 20004 pour les deux directives «  Oiseaux  » et « Habitats-Faune-Flore »,

▶ …

Elles permettent également de dévelop-per des partenariats avec des organismes de recherche  : par exemple le Muséum National d’Histoire Naturelle pour l’ana-lyse des données STOC, ou le CNRS pour un programme sur la vipère péliade.

Dans un objectif de porter à la connais-sance d’un large public ces informations, la LPO Coordination Rhône-Alpes s’est dotée au cours de l’année 2013 d’une plateforme de restitution des données naturalistes à l’échelle régionale5, déve-loppée par l’observatoire régional de l’environnement de Poitou-Charentes. Elle permet par exemple de visualiser la répartition d’une espèce, le nombre d’es-pèces connues par maille de 100 km² ou encore la liste des espèces connues dans une ZNIEFF6 ou un Parc naturel régional.

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

Les sites Visionature, fonctionnels depuis seulement quelques années, constituent le premier système de collecte de don-nées naturalistes à grande échelle mobili-sant les naturalistes.

Grâce à la collecte de millions d’observa-tions, la LPO agit pour la connaissance et la protection des espèces communes ou plus rares, aux côtés d’autres associa-tions, des services de l’Etat, de gestion-naires d’espaces naturels, des collectivités et de certaines entreprises soucieuses de la biodiversité.

1. Stratégie de Création des Aires Protégées2. Schéma Régional de Cohérence Ecologique http://biodiversite.rhonealpes.fr/spip.php?rubrique643. Schéma Régional Eolien, la LPO avait réalisé des cartes d’alertes consultables sur http://rhone-alpes.lpo.fr4. Tous les six ans, les états membres de l’Union Européenne doivent faire une évaluation de l’état de conservation des espèces et habi-tats des directives européennes « Oiseaux » et « Habitat, faune, flore ».5. http://faunerhonealpes.org6. Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique

Des outils de saisie et de restitution pour faciliter l’implication des citoyens

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LES PROGRAMMES SUR LA BIODIVERSITÉ DES PARCS ET JARDINS

1. [email protected]

Kévin MATHIEU, responsable des programmes de science participative, LPO Coordination Rhône-Alpes1

RÉSUMÉLes Hommes sont de plus en plus déconnec-tés de la nature. L’urbanisation en est l’une des causes majeures à une époque où plus de la moitié de la population mondiale vit en zones urbaines. Pourtant, contrairement à certaines idées reçues, il est possible d’ob-server la biodiversité tout près de chez soi, dans son jardin (public ou privé), sa cour ou même depuis son balcon. Depuis 2006, des programmes de science participative dédiés à la biodiversité des jardins permettent à tout un chacun de renouer un lien avec la faune et la flore de proximité et participent à l’amélioration des connaissances scienti-fiques. En effet, dans un jardin en ville ou à la campagne, une vingtaine d’espèces d’oiseaux communs sont facilement obser-vables et reconnaissables.

ABSTRACTPeople are increasingly losing touch with nature. A major cause of this is urbaniza-tion, at a time when more than half the world’s population live in urban areas. And yet, contrary to certain received ide-as, it is possible to observe biodiversity right next to where you live, in your gar-den or local park, your courtyard or even from your balcony. Since 2006, scientific programmes in which the public can par-ticipate, devoted to garden biodiversity, have enabled anyone and everyone to re-establish contact with local fauna and flora. They have also played their part in improving our scientific knowledge. About 20 species of common birds can in fact be easily seen and recognized in town or country gardens.

Figure 1 : Mésange bleue © Y. Thonnerieux

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INTRODUCTION

Depuis 2008, plus de la moitié de la popu-lation humaine mondiale vit en zones ur-baines (UNFPA 2007). L’urbanisation est un phénomène qui ne cesse de croître (United Nations 2012) et qui exerce de très fortes pressions sur la biodiversité (Lizée et al. 2011). Ces pressions se tra-duisent le plus souvent par la fragmen-tation ou la destruction des habitats et par l’élimination locale des espèces indi-gènes (McKinney 2002). Dans ce contexte, le maintien des espaces verts en milieux urbains constitue une priorité dans la mesure où leur diminution a un impact sur la conservation de la biodiversité, les services écosystémiques et le bien-être de la population humaine (Davies et al. 2009). Dans de nombreux pays, ce sont les jardins privés qui composent majori-tairement les espaces verts en zones rési-dentielles (Goddard et al. 2010, van Heezik et al. 2012). En effet, exception faite des agglomérations à très forte densité de population, la plupart des habitations dis-posent d’une cour ou d’un jardin attenant (Cannon 1999). En France, selon Carret et Julliard (2007), «  les jardins représentent plus d’un million d’hectares, soit quatre fois plus que les Réserves naturelles mé-tropolitaines ». Ces espaces ont donc une importance indéniable pour le maintien de la biodiversité en milieux bâtis, ce que de nombreuses études ont mis en évi-dence (Thompson et al. 1993, Cannon 1999, Chamberlain et al. 2003, Bland et al. 2004, Cannon et al. 2005, Gaston et al. 2005, Davies et al. 2009, Goddard et al. 2010, Lizée et al. 2011, van Heezik et al. 2012, Goddard et al. 2013, Lindemann-Matthies et Marty 2013, Shwartz et al. 2014). C’est ainsi qu’à partir de 2006, les scientifiques du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), en collabo-ration avec les acteurs associatifs, ont commencé à élaborer des programmes de sciences participatives invitant les ci-toyens à observer la biodiversité dans

leur jardin. L’objectif de ces programmes est double. Outre le fait de permettre de produire un nombre important de don-nées naturalistes, ceux-ci visent égale-ment à éveiller chez les amateurs, l’envie d’observer la nature qui les entoure et de s’impliquer à titre personnel dans une dé-marche de gestion conservatoire (Carret et Julliard 2007 [1]).

EXEMPLE DE PROGRAMMES

En 2006, le MNHN et l’association Noé Conservation ont ainsi lancé l’Observa-toire des Papillons des Jardins, une opé-ration nationale à destination du grand public à laquelle les spécialistes, les ama-teurs, les adultes comme les enfants peuvent participer. Le principe est très simple  : les citoyens comptent les papil-lons des 28 espèces les plus communes des jardins, lorsqu’ils en ont envie. Les données ainsi produites sont analysées par les scientifiques du MNHN « afin d’éva-luer la qualité de la biodiversité ordinaire et son évolution temporelle, en lien avec les pratiques des jardiniers ou le chan-gement climatique  » (Carret et Julliard 2007 [2]). Ainsi, comptant sur l’attrait es-thétique des papillons pour susciter l’en-gouement des observateurs, ce projet a pour ambition de « sensibiliser progressi-vement les observateurs à une démarche scientifique qui consiste notamment à apprendre à nommer les papillons, à connaître leur écologie et à relier la pré-sence des papillons avec les pratiques mises en œuvre au jardin » (Gosselin et al. 2010). Fort du succès de cette opération, ces deux acteurs ont ensuite mis en place « l’opération escargots » en 2009 et « l’en-quête coléos » en 2010 (Legrand 2013).

A partir de 2008, la LPO coordination Rhône-Alpes (anciennement CORA Faune Sauvage) a quant à elle initié un pro-gramme ayant pour objectif le suivi de la petite faune des jardins. Le principe reste le même. Les observateurs suivent au fil

Les programmes sur la biodiversité des parcs et jardins

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des saisons les oiseaux ou autres espèces animales qu’ils observent (mammifères, amphibiens, reptiles, etc.), sur un espace qu’ils auront au préalable bien identifié et défini. Il peut s’agir d’un jardin, d’un parc urbain, d’une cour d’école ou tout simplement d’un balcon. Tous les sites sont dignes d’intérêt, qu’ils soient situés en campagne ou en milieux urbanisés. Les participants saisissent ensuite leurs observations en ligne. Les observateurs sont libres de choisir la fréquence de leur participation. Certaines personnes par-ticipent tous les jours ou de manière ré-gulière tout au long de l’année. D’autres personnes participent plus occasionnelle-ment, lors des campagnes de comptages nationales (comptages hivernaux de jan-vier, enquête printanière biennale vers la fin du mois de mai, etc.). Depuis le 26 mars 2012, ce suivi initié en Rhône-Alpes est remplacé par le programme national « Oiseaux des jardins ». Les observateurs saisissent sur http://www.oiseauxdesjar-dins.fr/ ou sur un site Visionature s’il en existe un sur le département concerné. Ce nouveau projet est mené conjointe-ment par la LPO France et le MNHN qui analyseront, à l’échelle nationale, les don-nées accumulées d’années en années. Celles-ci peuvent également être analy-sées à des échelles plus locales.

SENSIBILISATION ET IMPLICATION DES PARTICIPANTS

Ces programmes permettent égale-ment d’impliquer les citoyens en matière d’aménagement des jardins en faveur de la biodiversité. Les participants sont ame-nés naturellement à s’interroger sur la façon dont ils gèrent leur jardin. En effet, il est difficilement imaginable qu’un ama-teur puisse participer à l’un de ces pro-grammes dans son jardin et avoir ensuite des pratiques néfastes (utilisation de pes-ticides par exemple) pour les espèces qu’il aura observées (Greth 2012). A ce titre, les acteurs associatifs se proposent d’accompagner les volontaires dans leurs démarches de gestion et d’aménage-ment de leurs espaces verts. Citons par exemple les programmes « Refuges LPO » et « Jardins de Noé » qui s’inscrivent dans une démarche écocitoyenne conviant les particuliers, établissements scolaires, col-lectivités, entreprises à s’engager pour la préservation ou la restauration de la bio-diversité de proximité. Les volontaires adhèrent à une charte de bonnes pra-tiques et peuvent à tout moment solli-citer les associations animatrices de ces programmes pour obtenir des conseils. Les citoyens agissent ainsi concrètement pour la préservation de la biodiversité à

leur échelle et peuvent observer directement les effets de leurs pratiques.

CONCLUSION

Les programmes sur la biodiversité des jardins constituent un véritable aboutissement en ma-tière de sciences partici-patives en ce sens qu’ils s’adressent à tous les ci-toyens, quel que soit leur niveau de connaissances naturalistes. Le succès de cette collaboration entre

Forte de l’expérience acquise lors du programme européen LIFE+ URBANBEES, l’association ARTHROPOLOGIA a lancé début 2015 avec le sou-tien de la région Rhône-Alpes, de la Métropole de Lyon, la Compagnie Nationale du Rhône et la LPO : le Suivi Participatif des Abeilles de Rhône-Alpes.

Ce suivi a pour objectif de proposer au grand pu-blic comme aux professionnels (agriculteurs et espaces verts) d’observer 20 groupes ou espèces d’abeilles sauvages sur la région Rhône-Alpes.

Grâce aux outils d’identification mis en place (li-vret et site internet), chacun pourra identifier et transmettre ses données en se connectant au site d’ARTHROPOLOGIA en lien avec le site VisioNature de la LPO.

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scientifiques et observateurs en herbe est indéniable. Les principaux enjeux des années à venir consisteront à susciter l’engouement de nouveaux participants et à pérenniser leurs contributions. Pour cela, les scientifiques doivent notam-ment rendre ces programmes conviviaux et informer les contributeurs des résul-tats produits à partir des nombreuses observations.

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Les programmes sur la biodiversité des parcs et jardins

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1. [email protected]

RÉSUMÉInitié en 1989 par le Muséum National d’Histoire Naturelle dans le cadre de son projet Vigie-Nature, le Suivi Temporel des Oiseaux Communs constitue l’un des pre-miers programmes de science participative d’envergure nationale. En Rhône-Alpes, le programme a débuté en 2001, mobilisant près de 180 observateurs bénévoles ou sa-lariés au cours de 13 années consécutives de suivi. Les données acquises d’année en année permettent notamment de produire des analyses scientifiques, dont les premiers résultats nous alertent sur l’état de santé d’espèces encore récemment considérées comme étant communes et que l’on pen-sait être à l’abri d’une disparition à court ou moyen terme. Ce type de programme per-met donc à la fois d’informer le grand public sur l’état de santé de la biodiversité mais doit également constituer un outil d’aide à la prise de décisions lors de l’élaboration des politiques publiques.

ABSTRACTThe Common Birds Census, which was launched by the French Natural History Museum within the framework of its Nature-Watch project in 1989, is one of the first nationwide scientific pro-grammes involving the participation of the general public. In the Rhône-Alpes re-gion, the programme began in 2001, mo-bilising about 180 volunteer or salaried observers over thirteen consecutive years of survey work. The data acquired from year to year have especially enabled the production of scientific analyses, whose preliminary results have alerted us on the status of species which were until recent-ly considered to be common, with no risk of disappearing in the short or medium term. This type of programme therefore enables the general public to be informed on what condition biodiversity is in, but also is to be a tool to help decisions to be made whenever public policies are being drawn up.

LE SUIVI TEMPOREL DES OISEAUX COMMUNS : UN PROGRAMME RECONNU POUR ÉVALUER L’ÉTAT DE CONSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ DITE « ORDINAIRE »

Kévin MATHIEU, responsable des programmes de science participative, LPO Coordination Rhône-Alpes1

Le Bièvre - Tome 27

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2. L’intégralité du protocole est consultable en ligne sur le site : http://vigienature.mnhn.fr/page/protocole

INTRODUCTION

Le Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (CRBPO) coor-donne l’activité de baguage des oiseaux en France depuis 1923, date de sa créa-tion (Legrand, 2013). Cette structure, gé-rée par le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), fait principalement appel à la contribution de bénévoles pour assurer cette activité. Fort de cette expé-rience historique en matière de collabo-ration avec les ornithologues amateurs, le CRBPO a lancé en 1989, le premier pro-gramme de science participative dans le cadre du projet Vigie-Nature initié par le MNHN. Il s’agit du Suivi Temporel des Oiseaux nicheurs Communs en France (STOC). Deux volets complé-mentaires composent ce programme (vigienature.mnhn.fr [1]) :

▶ un volet «  capture  » qui permet d’étudier les variations de la survie des adultes et du succès de la reproduction chez les oiseaux nicheurs communs,

▶ un volet « Echantillonnages Ponctuels Simples (EPS)  » qui consiste à évaluer les variations spatiales et temporelles de l’abondance des populations ni-cheuses d’oiseaux communs sur la base de points d’écoute.

La suite de cet article traitera plus parti-culièrement du volet STOC-EPS dans la mesure où le réseau LPO en Rhône-Alpes relaie et anime localement ce programme à l’échelle régionale.

Dans le cadre de la convention sur la di-versité biologique (CDB), les Etats se sont engagés à freiner l’érosion de la biodiver-sité (Dobson 2005, Gregory et al. 2005, Levrel et al. 2010, MEDDE 2012). Pour al-ler au-delà des simples intentions, l’Ob-servatoire National Biodiversité (ONB) est chargé de produire des indicateurs dans le cadre de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB), permettant de mesu-rer l’effet des actions mises en œuvre en

faveur de la diversité biologique ou des principales menaces identifiées (Dobson op. cit.). Ces indicateurs doivent décrire avec précision et robustesse les tendances d’évolution d’un certain nombre de com-posantes de la biodiversité (Gregory et al. op. cit.). In fine, ils constituent des outils précieux d’aide à la décision auprès des élus en matière de politique conserva-toire. A ce titre, le programme STOC est le seul programme de science participative qui mesure l’évolution de la biodiversité économiquement « non-exploitée » dans le jeu d’indicateurs élaboré par l’ONB (Levrel et al. op. cit., Bœuf et al. 2012).

PROTOCOLE D’ÉCHANTILLONNAGE

STOC-EPS

Le Protocole2 du programme STOC-EPS élaboré par les scientifiques du MNHN se veut simple de manière à ce qu’il soit accessible au plus grand nombre d’obser-vateurs. A ce titre, le STOC s’inscrit tota-lement dans une démarche de science participative. Tous les ornithologues ama-teurs sont invités à participer à ce pro-gramme à la seule condition de disposer des connaissances de base quant à l’iden-tification des oiseaux à vue et au chant. Nul besoin d’être expert dans la mesure où 98% des données d’observation d’un carré portent en moyenne sur 20 à 30 es-pèces (Loïs 2014).

Chaque observateur souhaitant partici-per au programme indique le nom de la commune à proximité de laquelle il vou-drait réaliser le suivi. Un carré de 4 km² est alors défini selon un tirage aléatoire dans un rayon de 10 km autour du lieu indiqué. L’observateur choisit ensuite lui-même dix points d’observation en veillant à ce que ceux-ci soient répartis de ma-nière homogène et qu’ils soient représen-tatifs de tous les types d’habitats présents dans le carré, dans leurs proportions respectives.

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Le suivi de chaque carré est réalisé deux fois par an en période de nidification sous la contrainte de conditions météo-rologiques favorables. Ces deux passages permettent de recenser aussi bien les ni-cheurs précoces que les nicheurs tardifs. Le premier passage a lieu en début de saison de reproduction, entre le 1er avril et le 8 mai (pour les carrés situés en alti-tude, la date charnière est reculée au 15 mai) et le second passage a lieu entre le 9 mai et le 15 juin. Un intervalle de 4 à 6 semaines est recommandé entre les deux passages. L’observation doit commencer idéalement vers 6 ou 7 heures du matin et se terminer avant 10 heures.

L’observateur doit rester stationnaire pendant 5 minutes exactement sur cha-cun des points de son carré afin de no-ter tous les oiseaux qu’il entend ou voit, posés ou en vol, pendant cette durée. Depuis 2011, les observations de mam-mifères sont également notées.

Le suivi d’un carré doit être réalisé chaque année par le même observateur, à des dates proches.

Un relevé détaillé de l’habitat doit éga-lement être effectué autour de chaque point d’écoute (dans un rayon de 100 mètres autour du point). Sept classes d’habitats principaux ont été identifiées et subdivisées en sous catégories.

Les observations doivent être informa-tisées via le nouveau module des sites Visionature depuis la fin d’année 2014. Les données sont alors analysées aux échelles nationale et régionale.

STOC-Sites

Notons enfin que certains milieux sont sous-représentés par le tirage aléatoire des carrés en raison de leur faible su-perficie (roselières par exemple) ou de leur accès difficile (montagne). Le suivi de ces milieux souvent fragiles présente pourtant un grand intérêt en raison des

espèces qui y sont inféodées. Il existe donc un programme STOC-SITE qui se distingue du STOC-EPS par le simple fait que les sites ne sont pas choisis aléatoire-ment, permettant ainsi un meilleur suivi de l’avifaune.

PRODUCTION D’INDICATEURS À PARTIR DES DONNÉES STOC-EPS

Échelle nationale

A l’échelle nationale, le CRBPO produit an-nuellement quatre indicateurs (figures 1 et 2) regroupant les espèces selon leurs affinités écologiques par rapport à trois grands types d’habitat (agricoles, fores-tiers, bâtis), le dernier indicateur étant composé d’espèces généralistes (Jiguet et Julliard 2006).

Pour chaque espèce, le degré de spécia-lisation est calculé à partir de la répar-tition des effectifs dénombrés dans les trois grands types d’habitat, en tenant compte de leur disponibilité. Ainsi, si une espèce est plus abondante dans un habitat que ce que prédirait une répar-tition homogène dans les trois habitats, elle est dite spécialiste de cet habitat. Si une espèce ne semble pas sélection-ner un habitat en particulier, elle est classée parmi les espèces généralistes (vigienature.mnhn.fr [2]).

Figure 1 : Variation globale des indicateurs habitats à l’échelle nationale (1989-2013) Source : vigienature.mnhn.fr

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Chaque année, les indices de variation d’abondance de chaque espèce sont cal-culés sur la période considérée grâce au logiciel TRIM (TRends and Indices for Monitoring data) développé par Statistics Netherlands.

La valeur annuelle de chaque indicateur est ensuite calculée en tenant compte de l’ensemble des indices de variation d’abondance des espèces de chacun des groupes sur la période considérée (moyenne géométrique). La valeur de chaque indicateur est fixée arbitraire-ment à 1 lors de l’année de référence. Cette année de référence doit être la même pour toutes les espèces. Chaque indicateur nous montre donc l’évolution de la moyenne de l’indice d’abondance des espèces de chaque groupe concerné. Sur le long terme, l’étude des tendances d’évolution de ces indicateurs permet no-tamment de mieux connaitre l’influence du changement climatique ou des pra-tiques de gestion ou d’aménagement du territoire sur chacun des groupes (Legrand 2013).

Échelles régionales

Certaines espèces peuvent être spécia-listes d’un habitat au niveau national mais pas au niveau régional et inverse-ment. Le CRBPO a donc adapté les listes

nationales d’espèces spé-cialistes et généralistes à l’échelle des trois grandes régions biogéographiques de France (méditerranéenne, at-lantique et continentale) afin que le calcul des indicateurs puisse être décliné au niveau régional.

Etant donné l’importante différence entre le nombre de carrés STOC-EPS suivis à

l’échelle nationale par rapport à l’échelle régionale, quelques ajuste-ments ont dû être opérés dans le calcul des indicateurs régionaux (Jiguet et Moussus 2011) :

▶ le premier consiste à pondérer la contribution des différentes espèces aux indicateurs par leur effectif moyen annuel, afin que les espèces aux effec-tifs trop bas ne soient pas prises en compte dans l’analyse,

▶ le second consiste à corriger les ef-fectifs par un facteur qui tient compte de la grégarité des espèces, de manière à ce que les variations d’effectifs des espèces présentes en larges groupes ne masquent pas les variations des es-pèces aux effectifs moindres.

PREMIERS RÉSULTATS EN RHÔNE-ALPES

En Rhône-Alpes, le programme STOC-EPS a débuté en 2001, lors de la relance du programme par le CRBPO à l’échelle nationale. Après 13 années consécutives de suivi, un peu plus de 250 carrés ont été suivis au moins une année au cours de la période 2001-2013 par près de 180 observateurs bénévoles ou salariés (figure 3).

Les premiers résultats d’analyse obtenus suite au calcul des indicateurs rhônal-pins sur la base des données STOC-EPS et selon la méthodologie proposée par le

Figure 2 : Evolution annuelle des indicateurs habitats à l’échelle nationale (1989-2013) Source : vigienature.mnhn.fr

Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs : un programme reconnu pour évaluer l’état de conservation de la biodiversité dite « ordinaire »

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CRBPO à l’échelle de la région biogéogra-phique continentale nous indiquent tout d’abord qu’entre 2001 et 2013, les oiseaux des milieux agricoles semblent avoir di-minué d’environ 12%, tandis que les es-pèces spécialistes des milieux forestiers, bâtis et les espèces généralistes semblent quant à elles augmenter au cours de cette période (figure 4).

Il est néanmoins nécessaire de rester pru-dent quant aux conclusions que l’on peut tirer de ces indicateurs.

Tout d’abord, il faut garder à l’esprit que plusieurs espèces contribuent à la pro-duction de chaque indicateur. Par consé-quent, un indicateur qui augmente ne sous-entend pas forcément que toutes les espèces qui composent ce cortège ont une dynamique positive, et inversement. Il est donc nécessaire de prêter égale-ment une attention particulière aux varia-tions qu’il est possible d’observer au sein de chaque espèce.

D’autre part, comme cela a été évoqué précédemment, le CRBPO a adapté les listes nationales d’espèces spécialistes et généralistes à l’échelle des trois grandes régions biogéographiques de France. La région Rhône-Alpes a été intégrée dans la région biogéographique continentale, alors qu’en réalité, ses influences sont multiples (continentale, méditerranéenne et montagnarde). Il semble donc légitime de s’interroger sur la pertinence d’un tel classement qui tente d’harmoniser les li-mites administratives avec les frontières naturelles au risque d’établir des regrou-pements d’espèces qui ne se révèleraient

Figure 4 : Variation globale des indicateurs habitats en Rhône-Alpes (2001-2013)

Figure 3 : Carrés STOC-EPS suivis au moins un an au cours de la période 2001-2013 en Rhône-Alpes

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pas assez représentatifs de la réalité à l’échelle de la zone d’étude.

Enfin, le nombre de carrés STOC-EPS prospectés en Rhône-Alpes a fortement augmenté de 2001 à 2007, puis s’est sta-bilisé entre 2008 et 2013 (figure 5). Il est donc possible que cette augmentation puisse biaiser, de façon non négligeable, les résultats issus de l’analyse de l’en-semble des données disponibles au cours de la période 2001-2013. Lors des années à venir, si le nombre de carrés STOC-EPS prospectés chaque année continue d’être stable, il pourrait être pertinent de consi-dérer 2008 comme année de référence plutôt que 2001.

BIBLIOGRAPHIE

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Figure 5 : Nombre de carrés STOC-EPS prospectés chaque année en Rhône-Alpes

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1. [email protected]

RÉSUMÉLes espèces d’oiseaux les plus communes, que l’on pensait être à l’abri d’une dispa-rition à court ou moyen terme, font l’ob-jet d’une attention grandissante depuis quelques années. En effet, des études ré-centes ont montré que certaines d’entre elles voyaient leurs effectifs décliner consi-dérablement. Les programmes de science participative ont joué un rôle majeur dans cette prise de conscience dans la mesure où ces suivis permettent de collecter de nom-breuses données à grande échelle.

Le programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) a permis de mettre en évidence le déclin des oiseaux communs spécialistes des milieux agricoles, forestiers et bâtis à l’échelle nationale entre 1989 et 2013. En Rhône-Alpes, l’analyse des données 2001-2013 issues de ce même programme met en évidence une vulnérabilité pronon-cée pour le cortège spécialiste des milieux agricoles. En effet, de nombreuses espèces voient leur abondance décliner au cours de cette période pendant que la richesse de ce cortège diminue spécifiquement dans les milieux agricoles. Nous notons également des diminutions d’effectifs chez certaines espèces du cortège forestier. Les espèces généralistes et spécialistes des milieux bâ-tis semblent quant à elles bénéficier d’une dynamique relativement positive qu’il serait bon de surveiller pour vérifier si cette ten-dance se confirme sur le long terme.

ABSTRACTThe commonest bird species, which were thought not to be likely to disappear in the short or medium term, have increas-ingly been attacting attention over recent years. Recent studies have shown that some species have seen considerable de-clines in their numbers. Programmes in which the general public can participate have greatly contributed to this growing awareness, as these censuses have ena-bled a great deal of data to be collected on a large scale.

The Common Birds Census has brought to light a national decline in common birds which specialise in farmland, for-est or built-up areas between 1989 and 2013. In the Rhône-Alpes region, anal-ysis of data from this programme re-veals that the group of farmland species is particularly vulnerable  : many species have seen declines in numbers and vari-ety in farmland over this period. Falls in the numbers of some forest species have also been noted. Generalist species and those specialising in built-up areas seem to be on the increase, but this needs to be monitored to confirm it to be a long-term tendency.

ETUDE DE L’ÉVOLUTION DES COMMUNAUTÉS D’OISEAUX EN RHÔNE-ALPES AU COURS DE LA PÉRIODE 2001-2013 À PARTIR DES DONNÉES STOC-EPS

Kévin MATHIEU, responsable des programmes de science participative, LPO Coordination Rhône-Alpes1

Benjamin FREYDT, stagiaire de master II Bioévaluation des écosystèmes et ex-pertise de la biodiversité, Université Claude Bernard Lyon I

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2. Il s’agit de la somme du nombre maximal d’individus contactés sur chacun des 10 points d’un carré entre les deux passages d’une même année.

INTRODUCTION

Les analyses produites à partir des don-nées récoltées dans le cadre des pro-grammes de science participative contribuent à démontrer à quel point les informations fournies par des bénévoles peuvent être précieuses tant elles parti-cipent à l’amélioration des connaissances. A titre d’exemple, de nombreuses études sont publiées dans diverses revues scien-tifiques dont les résultats sont issus, au moins en partie, de l’analyse des données en provenance du programme STOC-EPS et/ou programmes équivalents dans les différents pays européens (Inger et al. 2015, Jiguet et Moussus 2011, Gregory et al. 2009, Jiguet 2009, Moussus et al. 2009, Jiguet et Julliard 2006, Julliard et al. 2006, 2004).

L’objectif du présent travail est d’analyser les données rhônalpines collectées dans le cadre du programme STOC-EPS, entre 2001 et 2013 pour déterminer quelles sont les évolutions des communautés de passereaux communs de la région. Ce tra-vail est fait selon différents paramètres :

▶ L’abondance : nombre d’individus de chaque espèce contactés sur un carré une année donnée2,

▶ La richesse  : nombre d’espèces contactées sur un carré une année donnée,

▶ Le taux de renouvellement  : pro-portion d’espèces qui ne sont pas pré-sentes deux années consécutives sur un carré donné. Il traduit l’instabilité des communautés. Son augmentation rend compte d’une communauté de moins en moins stable et inversement.

MATÉRIELS ET MÉTHODES

Données à disposition

Les données utilisées sont les suivis STOC-EPS réalisés entre 2001 à 2013 sur l’ensemble de la région Rhône-Alpes, soit 256 carrés suivis au moins une fois. Le nombre de carrés prospectés annuelle-ment augmente à partir de 2008 princi-palement en raison de la mise en place d’un suivi salarié assuré par le réseau LPO en Rhône-Alpes pour soutenir le réseau d’observateurs bénévoles (figure 1).

Constitution des cortèges

La première étape du travail a été de défi-nir les cortèges d’oiseaux en fonction de leurs affinités pour un milieu. Ainsi quatre cortèges avifaunistiques (généralistes, spécialistes des milieux agricoles, fores-tiers et bâtis) sont définis en recalculant l’indice de spécialité de chaque espèce à partir du jeu de données STOC-EPS rhônalpin, (méthodologie du MNHN, résultats en annexe 1). Le programme

Figure 1 : Nombre de carrés STOC-EPS prospectés chaque année en Rhône-Alpes

Etude de l’évolution des communautés d’oiseaux en Rhône-Alpes au cours de la période 2001-2013 à partir des données STOC-EPS

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59 espèces d’oiseaux communs nicheurs

Forestières(15 espèces)

Agricoles(20 espèces)

Nicheurs au sol(7 espèces)

Non nicheurs au sol(13 espèces)

Bâtis(11 espèces)

Généralistes(13 espèces)

Tous milieux

Agricoles Non agricoles

STOC-EPS étant dédié au suivi des oiseaux communs nicheurs en France, nous avons pris en compte les espèces dont les effectifs moyens annuels sur l’ensemble des carrés étaient supérieurs ou égaux à 15 individus, soit 59 espèces.

Dans le but d’étudier plus finement les es-pèces spécialistes des milieux agricoles, deux sous-cortèges agricoles ont été constitués à partir de recherches biblio-graphiques et de consultations d’experts locaux de chaque département de Rhône-Alpes. Ces deux groupes rassemblent les oiseaux nichant au sol d’une part et les oi-seaux ne nichant pas au sol d’autre part (annexe 1).

Le pipit farlouse (Anthus pratensis), le tarier des prés (Saxicola rubetra), le tarin des aulnes (Carduelis spinus), le grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) et le goéland leucophée (Larus michahellis), n’ont pas été intégrés car les individus dé-nombrés n’appartenaient pas à des popu-lations nicheuses. C’est également le cas du faisan de Colchide (Phasianus colchi‐cus) et de la perdrix rouge (Alectoris rufa) en raison de la grande part d’oiseaux issus de lâchers cynégétiques. Enfin, la forme urbaine du pigeon biset (Columba livia) n’étant pas notée systématiquement

par l’ensemble des observateurs, nous l’avons également exclue des analyses.

Mode de sélection des carrés STOC-EPS

Dans un premier temps, l’analyse de l’évolution des trois variables retenues (abondance, richesse et taux de renouvel-lement) a été conduite sur chacun de ces cortèges sur l’ensemble des carrés STOC-EPS (analyse tous milieux).

Dans un second temps, une analyse a été réalisée à une échelle plus fine dans la-quelle nous avons distingué les milieux agricoles des autres milieux (figure 3).

Figure 2 : Regroupement des espèces au sein des cortèges

Figure 3 : Différents niveaux d’analyses

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Significative

Significative (forte amplitude de l’intervalle de confiance)

Peu significative

Effectifs contactés trop faibles pour pro-duire une tendance statistiquement fiable

Non significative

Pour les analyses en milieux agricoles, 5 points dont l’habitat principal est situé en milieu agricole ont été tirés aléatoire-ment parmi les carrés en comportant au moins 53.

Les analyses ont donc porté sur des car-rés constitués de 5 points d’écoutes, tous situés dans un habitat principal de type agricole.

Pour les analyses en milieux non agri-coles, le même travail de sélection a été fait sur les point ne disposant pas d’un habitat principal de type agricole.

Analyses réalisées

Des modèles linéaires généralisés (GLM), initialement établis par le MNHN, ont été réalisés et ont permis d’estimer la varia-tion globale de chaque variable analy-sée au cours de la période pour l’espèce ou le cortège considéré. Ces estima-tions sont accompagnées d’un intervalle de confiance (IC) composé d’une borne basse et d’une borne haute à l’intérieur desquelles il est statistiquement établi que la «  vraie valeur  » de l’estimation a 95% de chances de se situer. Par ailleurs, pour simplifier la lecture des divers ta-bleaux de restitution des résultats d’ana-lyses présentés dans la partie suivante, nous avons utilisé un code couleur pour indiquer la significativité des estimations (tableau 1).

RÉSULTATS

Les résultats de l’analyse de chacune des trois variables sont présentés ci-après. Ces analyses ont été faites systématique-ment sur l’ensemble des carrés, sur les carrés en milieux agricoles et sur les car-rés en milieux non agricoles.

Abondance

Les variations globales d’abondance ont été analysées pour chacune des 59 es-pèces considérées dans le cadre de cette étude.

Les résultats sont présentés en fonction de la tendance observée lors de l’analyse « tous milieux ». Des résultats significatifs ont été obtenus pour 70% des espèces.

Espèces en déclin :

Selon l’analyse en tous milieux, 10 es-pèces présentent des variations globales d’effectifs qui déclinent sur cette pé-riode  : corbeau freux (Corvus frugilegus), pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), bruant jaune (Emberiza citrinella), tourte-relle des bois (Streptopelia turtur), tarier pâtre (Saxicola rubicola), caille des blés (Coturnix coturnix), grimpereau des bois (Certhia familiaris), roitelet huppé (Regulus regulus), pouillot véloce (Phylloscopus col-lybita) et troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes) (tableau 2). Le déclin des 5 premières espèces est confirmé dans le cadre de l’analyse en milieux agricoles, bien que celui constaté pour la tourte-relle des bois soit statistiquement moins significatif. En ce qui concerne l’analyse en milieux non agricoles, celle-ci permet de constater que les effectifs du corbeau freux et du bruant jaune semblent dimi-nuer au cours de la période d’étude. Enfin, signalons que le corbeau freux est une es-pèce très grégaire. Cela implique un écart important des effectifs à la moyenne (ob-servations de 100 individus une année, puis 5 l’année suivante, etc.). Cet écart est

3. Chaque carré comporte 10 points d’écoute.

Tableau 1 : Détail de la légende des tableaux de restitution des données

Etude de l’évolution des communautés d’oiseaux en Rhône-Alpes au cours de la période 2001-2013 à partir des données STOC-EPS

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Cortège Sous-cortège Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole - 7 % [- 13 % ; - 1 %] - 17 % [- 25 % ; - 8 %] Agricole Nicheurs au sol - 14 % [- 26 % ; + 0 %] - 23 % [- 38 % ; - 4 %] Agricole Non nicheurs au sol - 15 % [- 23 % ; - 5 %]

Forestière Bâti

Généraliste + 7 % [- 0 % ; + 14 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Caille des blés - 42 % [- 63 % ; - 10 %] Agricole nicheurs au sol Tarier pâtre - 25 % [- 42 % ; - 3 %] - 42 % [- 63 % ; - 11 %] Agricole non nicheurs au sol Corbeau freux - 66 % [- 75 % ; - 53 %] - 70 % [- 82 % ; - 49 %] - 81 % [- 90 % ; - 64 %] Agricole non nicheurs au sol Pie-grièche écorcheur - 46 % [- 60 % ; - 26 %] - 58 % [- 75 % ; - 28 %] Agricole non nicheurs au sol Bruant jaune - 38 % [- 50 % ; - 23 %] - 38 % [- 57 % ; - 10 %] - 51 % [- 68 % ; - 23 %] Agricole non nicheurs au sol Tourterelle des bois - 29 % [- 47 % ; - 5 %] - 41 % [- 65 % ; + 1 %]

Forestière Grimpereau des bois - 45 % [- 64 % ; - 16 %] Forestière Roitelet huppé - 34 % [- 49 % ; - 15 %] - 33 % [- 54 % ; - 3 %] Forestière Pouillot véloce - 32 % [- 41 % ; - 22 %] - 41 % [- 60 % ; - 15 %] Forestière Troglodyte mignon - 26 % [- 35 % ; - 15 %] - 37 % [- 55 % ; - 10 %]

Cortège Sous-cortège Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole - 6 % [- 12 % ; + 1 %] Agricole Nicheurs au sol Agricole Non nicheurs au sol - 5 % [- 9 % ; + 0 %] - 9 % [- 16 % ; - 2 %]

Forestière - 7 % [- 13 % ; - 1 %] Bâti

Généraliste - 7 % [- 12 % ; - 3 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Bergeronnette printanière + 117 % [+ 45 % ; + 226 %] Agricole non nicheurs au sol Hypolaïs polyglotte + 23 % [+ 0 % ; + 52 %] + 60 % [+ 16 % ; + 120 %] Agricole non nicheurs au sol Fauvette grisette + 22 % [- 3 % ; + 54 %] + 63 % [+ 13 % ; + 135 %] Agricole non nicheurs au sol Rossignol philomèle + 12 % [- 1 % ; + 27 %] + 69 % [+ 32 % ; + 117 %]

Bâti Verdier d'Europe4 + 17 % [- 1 % ; + 39 %] Bâti Pie bavarde5 + 28 % [+ 7 % ; + 54 %] + 37 % [+ 1 % ; + 87 %] Bâti Moineau domestique6 + 37 % [+ 20 % ; + 56 %] + 68 % [+ 40 % ; + 100 %] Bâti Rougequeue à front blanc7 + 46 % [+ 5 % ; + 102 %] + 58 % [- 2 % ; + 155 %]

Forestière Mésange noire8 + 43 % [+ 19 % ; + 73 %] + 28 % [- 1 % ; + 66 %] Forestière Pouillot de Bonelli9 + 54 % [+ 18 % ; + 102 %] + 42 % [- 1 % ; + 103 %] Forestière Grive musicienne10 + 68 % [+ 43 % ; + 99 %] + 73 % [+ 17 % ; + 157 %] + 71 % [+ 34 % ; + 119 %] Forestière Pic noir11 + 68 % [+ 15 % ; + 144 %] + 188 % [+ 65 % ; + 401 %] Forestière Mésange huppée12 + 79 % [+ 33 % ; + 141 %] Forestière Sittelle torchepot13 + 115 % [+ 67 % ; + 176 %] + 63 % [- 3 % ; + 174 %] + 136 % [+ 57 % ; + 255 %] Forestière Mésange nonnette14 + 226 % [+ 137 % ; + 348 %] + 293 % [+ 143 % ; + 535 %]

Généraliste Mésange charbonnière15 + 16 % [+ 5 % ; + 28 %] + 37 % [+ 15 % ; + 63 %] Généraliste Grimpereau des jardins16 + 19 % [- 3 % ; + 45 %] + 83 % [+ 12 % ; + 199 %] + 76 % [+ 29 % ; + 141 %] Généraliste Mésange bleue17 + 29 % [+ 9 % ; + 52 %] + 80 % [+ 38 % ; + 136 %] Généraliste Pinson des arbres18 + 39 % [+ 23 % ; + 58 %] + 85 % [+ 49 % ; + 129 %] Généraliste Pic vert19 + 47 % [+ 20 % ; + 81 %] + 130 % [+ 60 % ; + 232 %] Généraliste Pic épeiche20 + 50 % [+ 24 % ; + 81 %] + 59 % [+ 8 % ; + 134 %] + 61 % [+ 14 % ; + 127 %] Généraliste Fauvette à tête noire21 + 61 % [+ 48 % ; + 76 %] + 60 % [+ 38 % ; + 85 %] + 90 % [+ 65 % ; + 120 %] Généraliste Pigeon ramier22 + 66 % [+ 42 % ; + 95 %] + 45 % [+ 4 % ; + 102 %] + 92 % [+ 55 % ; + 140 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Alouette lulu - 50 % [- 67 % ; - 24 %] + 94 % [+ 16 % ; + 224 %] Agricole non nicheurs au sol Bruant zizi - 39 % [- 58 % ; - 12 %] + 126 % [+ 54 % ; + 233 %] Agricole non nicheurs au sol Corneille noire - 38 % [- 52 % ; - 19 %] + 54 % [+ 22 % ; + 94 %] Agricole non nicheurs au sol Faucon crécerelle23 + 151 % [+ 50 % ; + 318 %]

Bâti Chardonneret élégant24 - 63 % [- 77 % ; - 41 %] + 93 % [+ 31 % ; + 185 %] Bâti Serin cini25 + 46 % [- 1 % ; + 115 %] Bâti Martinet à ventre blanc26 - 71 % [- 86 % ; - 38 %]

Forestière Rougegorge familier27 + 31 % [+ 9 % ; + 58 %] Généraliste Merle noir28 - 15 % [- 27 % ; + 1 %] + 37 % [+ 18 % ; + 59 %]

d’autant plus marqué dès lors que cer-tains carrés où cette espèce est particuliè-rement présente ne sont plus prospectés d’une année sur l’autre. Or, c’est notam-ment le cas en Rhône-Alpes entre 2010 et 2011. L’estimation pour cette espèce doit donc être considérée avec précaution.

Espèces en augmentation

On constate une croissance globale des effectifs en tous milieux pour 23 espèces sur les 59 prises en compte dans le cadre de cette étude (tableau 3).

Au sein du cortège agricole, la bergeron-nette printanière (Motacilla flava) croît significativement ce qui semble être éga-lement le cas pour le rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos), la fauvette gri-sette (Sylvia communis) et l’hypolaïs po-lyglotte (Hippolais polyglotta) bien que le résultat pour ces 3 espèces soit statis-tiquement peu significatif alors qu’ils le sont en milieux non agricoles.

On constate également une augmenta-tion des effectifs pour 4 espèces spécia-listes des milieux bâtis, pour 7 des milieux forestiers et pour 8 espèces généralistes (augmentations plus ou moins significa-tives en fonction des espèces considé-rées) (tableau 3). A noter que 6 espèces de ces cortèges voient leurs effectifs aug-menter en milieux agricoles et 17 en mi-lieux non agricoles.

Absence de tendance significative

Pour 9 espèces, aucune tendance signifi-cative n’a pu être mise en évidence dans le cadre de l’analyse en tous milieux alors que certains résultats se sont révé-lés statistiquement significatifs dans le cadre des analyses en milieux agricoles et/ou non agricoles (tableau 4). Ainsi, pour l’alouette lulu (Lullula arborea) (es-pèce agricole nicheuse au sol), un déclin significatif est constaté en milieux agri-coles tandis que les effectifs dénombrés dans les autres types de milieux semblent augmenter. Les résultats semblent simi-laires pour le bruant zizi (Emberiza cirlus) et la corneille noire (Corvus corone), es-pèces « agricoles » qui ne nichent pas au sol. En effet, on constate un déclin signi-ficatif en milieux agricoles et une aug-mentation significative en milieux non agricoles. Il pourrait donc être tentant de conclure que la hausse constatée en milieux non agricoles pour ces 3 espèces vient compenser le déclin observé en milieux agricoles. Néanmoins les effec-tifs dénombrés en milieux non agricoles sont bien moindres que ceux dénombrés en milieux agricoles (annexe 1). Les varia-tions globales indiquées ne sont donc pas proportionnellement équivalentes d’un type de milieu analysé à un autre. Restons donc prudents quant aux conclusions que l’on pourrait formuler à partir d’une lecture trop succincte de ces résultats.

4. Chloris chloris 5. Pica pica 6. Passer domesticus 7. Phoenicurus phoenicurus 8. Periparus ater 9. Phylloscopus bonelli 10. Turdus philomelos 11. Dryocopus martius 12. Lophophanes cristatus 13. Sitta europaea 14. Poecile palustris 15. Parus major 16. Certhia brachydactyla

Tableau 2 : Synthèse des variations globales d’effectifs en Rhône-Alpes entre 2001 et 2013 pour les espèces qui déclinent selon l’analyse en tous milieux

Le Bièvre - Tome 27

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Cortège Sous-cortège Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole - 7 % [- 13 % ; - 1 %] - 17 % [- 25 % ; - 8 %] Agricole Nicheurs au sol - 14 % [- 26 % ; + 0 %] - 23 % [- 38 % ; - 4 %] Agricole Non nicheurs au sol - 15 % [- 23 % ; - 5 %]

Forestière Bâti

Généraliste + 7 % [- 0 % ; + 14 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Caille des blés - 42 % [- 63 % ; - 10 %] Agricole nicheurs au sol Tarier pâtre - 25 % [- 42 % ; - 3 %] - 42 % [- 63 % ; - 11 %] Agricole non nicheurs au sol Corbeau freux - 66 % [- 75 % ; - 53 %] - 70 % [- 82 % ; - 49 %] - 81 % [- 90 % ; - 64 %] Agricole non nicheurs au sol Pie-grièche écorcheur - 46 % [- 60 % ; - 26 %] - 58 % [- 75 % ; - 28 %] Agricole non nicheurs au sol Bruant jaune - 38 % [- 50 % ; - 23 %] - 38 % [- 57 % ; - 10 %] - 51 % [- 68 % ; - 23 %] Agricole non nicheurs au sol Tourterelle des bois - 29 % [- 47 % ; - 5 %] - 41 % [- 65 % ; + 1 %]

Forestière Grimpereau des bois - 45 % [- 64 % ; - 16 %] Forestière Roitelet huppé - 34 % [- 49 % ; - 15 %] - 33 % [- 54 % ; - 3 %] Forestière Pouillot véloce - 32 % [- 41 % ; - 22 %] - 41 % [- 60 % ; - 15 %] Forestière Troglodyte mignon - 26 % [- 35 % ; - 15 %] - 37 % [- 55 % ; - 10 %]

Cortège Sous-cortège Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole - 6 % [- 12 % ; + 1 %] Agricole Nicheurs au sol Agricole Non nicheurs au sol - 5 % [- 9 % ; + 0 %] - 9 % [- 16 % ; - 2 %]

Forestière - 7 % [- 13 % ; - 1 %] Bâti

Généraliste - 7 % [- 12 % ; - 3 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Bergeronnette printanière + 117 % [+ 45 % ; + 226 %] Agricole non nicheurs au sol Hypolaïs polyglotte + 23 % [+ 0 % ; + 52 %] + 60 % [+ 16 % ; + 120 %] Agricole non nicheurs au sol Fauvette grisette + 22 % [- 3 % ; + 54 %] + 63 % [+ 13 % ; + 135 %] Agricole non nicheurs au sol Rossignol philomèle + 12 % [- 1 % ; + 27 %] + 69 % [+ 32 % ; + 117 %]

Bâti Verdier d'Europe4 + 17 % [- 1 % ; + 39 %] Bâti Pie bavarde5 + 28 % [+ 7 % ; + 54 %] + 37 % [+ 1 % ; + 87 %] Bâti Moineau domestique6 + 37 % [+ 20 % ; + 56 %] + 68 % [+ 40 % ; + 100 %] Bâti Rougequeue à front blanc7 + 46 % [+ 5 % ; + 102 %] + 58 % [- 2 % ; + 155 %]

Forestière Mésange noire8 + 43 % [+ 19 % ; + 73 %] + 28 % [- 1 % ; + 66 %] Forestière Pouillot de Bonelli9 + 54 % [+ 18 % ; + 102 %] + 42 % [- 1 % ; + 103 %] Forestière Grive musicienne10 + 68 % [+ 43 % ; + 99 %] + 73 % [+ 17 % ; + 157 %] + 71 % [+ 34 % ; + 119 %] Forestière Pic noir11 + 68 % [+ 15 % ; + 144 %] + 188 % [+ 65 % ; + 401 %] Forestière Mésange huppée12 + 79 % [+ 33 % ; + 141 %] Forestière Sittelle torchepot13 + 115 % [+ 67 % ; + 176 %] + 63 % [- 3 % ; + 174 %] + 136 % [+ 57 % ; + 255 %] Forestière Mésange nonnette14 + 226 % [+ 137 % ; + 348 %] + 293 % [+ 143 % ; + 535 %]

Généraliste Mésange charbonnière15 + 16 % [+ 5 % ; + 28 %] + 37 % [+ 15 % ; + 63 %] Généraliste Grimpereau des jardins16 + 19 % [- 3 % ; + 45 %] + 83 % [+ 12 % ; + 199 %] + 76 % [+ 29 % ; + 141 %] Généraliste Mésange bleue17 + 29 % [+ 9 % ; + 52 %] + 80 % [+ 38 % ; + 136 %] Généraliste Pinson des arbres18 + 39 % [+ 23 % ; + 58 %] + 85 % [+ 49 % ; + 129 %] Généraliste Pic vert19 + 47 % [+ 20 % ; + 81 %] + 130 % [+ 60 % ; + 232 %] Généraliste Pic épeiche20 + 50 % [+ 24 % ; + 81 %] + 59 % [+ 8 % ; + 134 %] + 61 % [+ 14 % ; + 127 %] Généraliste Fauvette à tête noire21 + 61 % [+ 48 % ; + 76 %] + 60 % [+ 38 % ; + 85 %] + 90 % [+ 65 % ; + 120 %] Généraliste Pigeon ramier22 + 66 % [+ 42 % ; + 95 %] + 45 % [+ 4 % ; + 102 %] + 92 % [+ 55 % ; + 140 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Alouette lulu - 50 % [- 67 % ; - 24 %] + 94 % [+ 16 % ; + 224 %] Agricole non nicheurs au sol Bruant zizi - 39 % [- 58 % ; - 12 %] + 126 % [+ 54 % ; + 233 %] Agricole non nicheurs au sol Corneille noire - 38 % [- 52 % ; - 19 %] + 54 % [+ 22 % ; + 94 %] Agricole non nicheurs au sol Faucon crécerelle23 + 151 % [+ 50 % ; + 318 %]

Bâti Chardonneret élégant24 - 63 % [- 77 % ; - 41 %] + 93 % [+ 31 % ; + 185 %] Bâti Serin cini25 + 46 % [- 1 % ; + 115 %] Bâti Martinet à ventre blanc26 - 71 % [- 86 % ; - 38 %]

Forestière Rougegorge familier27 + 31 % [+ 9 % ; + 58 %] Généraliste Merle noir28 - 15 % [- 27 % ; + 1 %] + 37 % [+ 18 % ; + 59 %]

Cortège Sous-cortège Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole - 7 % [- 13 % ; - 1 %] - 17 % [- 25 % ; - 8 %] Agricole Nicheurs au sol - 14 % [- 26 % ; + 0 %] - 23 % [- 38 % ; - 4 %] Agricole Non nicheurs au sol - 15 % [- 23 % ; - 5 %]

Forestière Bâti

Généraliste + 7 % [- 0 % ; + 14 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Caille des blés - 42 % [- 63 % ; - 10 %] Agricole nicheurs au sol Tarier pâtre - 25 % [- 42 % ; - 3 %] - 42 % [- 63 % ; - 11 %] Agricole non nicheurs au sol Corbeau freux - 66 % [- 75 % ; - 53 %] - 70 % [- 82 % ; - 49 %] - 81 % [- 90 % ; - 64 %] Agricole non nicheurs au sol Pie-grièche écorcheur - 46 % [- 60 % ; - 26 %] - 58 % [- 75 % ; - 28 %] Agricole non nicheurs au sol Bruant jaune - 38 % [- 50 % ; - 23 %] - 38 % [- 57 % ; - 10 %] - 51 % [- 68 % ; - 23 %] Agricole non nicheurs au sol Tourterelle des bois - 29 % [- 47 % ; - 5 %] - 41 % [- 65 % ; + 1 %]

Forestière Grimpereau des bois - 45 % [- 64 % ; - 16 %] Forestière Roitelet huppé - 34 % [- 49 % ; - 15 %] - 33 % [- 54 % ; - 3 %] Forestière Pouillot véloce - 32 % [- 41 % ; - 22 %] - 41 % [- 60 % ; - 15 %] Forestière Troglodyte mignon - 26 % [- 35 % ; - 15 %] - 37 % [- 55 % ; - 10 %]

Cortège Sous-cortège Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole - 6 % [- 12 % ; + 1 %] Agricole Nicheurs au sol Agricole Non nicheurs au sol - 5 % [- 9 % ; + 0 %] - 9 % [- 16 % ; - 2 %]

Forestière - 7 % [- 13 % ; - 1 %] Bâti

Généraliste - 7 % [- 12 % ; - 3 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Bergeronnette printanière + 117 % [+ 45 % ; + 226 %] Agricole non nicheurs au sol Hypolaïs polyglotte + 23 % [+ 0 % ; + 52 %] + 60 % [+ 16 % ; + 120 %] Agricole non nicheurs au sol Fauvette grisette + 22 % [- 3 % ; + 54 %] + 63 % [+ 13 % ; + 135 %] Agricole non nicheurs au sol Rossignol philomèle + 12 % [- 1 % ; + 27 %] + 69 % [+ 32 % ; + 117 %]

Bâti Verdier d'Europe4 + 17 % [- 1 % ; + 39 %] Bâti Pie bavarde5 + 28 % [+ 7 % ; + 54 %] + 37 % [+ 1 % ; + 87 %] Bâti Moineau domestique6 + 37 % [+ 20 % ; + 56 %] + 68 % [+ 40 % ; + 100 %] Bâti Rougequeue à front blanc7 + 46 % [+ 5 % ; + 102 %] + 58 % [- 2 % ; + 155 %]

Forestière Mésange noire8 + 43 % [+ 19 % ; + 73 %] + 28 % [- 1 % ; + 66 %] Forestière Pouillot de Bonelli9 + 54 % [+ 18 % ; + 102 %] + 42 % [- 1 % ; + 103 %] Forestière Grive musicienne10 + 68 % [+ 43 % ; + 99 %] + 73 % [+ 17 % ; + 157 %] + 71 % [+ 34 % ; + 119 %] Forestière Pic noir11 + 68 % [+ 15 % ; + 144 %] + 188 % [+ 65 % ; + 401 %] Forestière Mésange huppée12 + 79 % [+ 33 % ; + 141 %] Forestière Sittelle torchepot13 + 115 % [+ 67 % ; + 176 %] + 63 % [- 3 % ; + 174 %] + 136 % [+ 57 % ; + 255 %] Forestière Mésange nonnette14 + 226 % [+ 137 % ; + 348 %] + 293 % [+ 143 % ; + 535 %]

Généraliste Mésange charbonnière15 + 16 % [+ 5 % ; + 28 %] + 37 % [+ 15 % ; + 63 %] Généraliste Grimpereau des jardins16 + 19 % [- 3 % ; + 45 %] + 83 % [+ 12 % ; + 199 %] + 76 % [+ 29 % ; + 141 %] Généraliste Mésange bleue17 + 29 % [+ 9 % ; + 52 %] + 80 % [+ 38 % ; + 136 %] Généraliste Pinson des arbres18 + 39 % [+ 23 % ; + 58 %] + 85 % [+ 49 % ; + 129 %] Généraliste Pic vert19 + 47 % [+ 20 % ; + 81 %] + 130 % [+ 60 % ; + 232 %] Généraliste Pic épeiche20 + 50 % [+ 24 % ; + 81 %] + 59 % [+ 8 % ; + 134 %] + 61 % [+ 14 % ; + 127 %] Généraliste Fauvette à tête noire21 + 61 % [+ 48 % ; + 76 %] + 60 % [+ 38 % ; + 85 %] + 90 % [+ 65 % ; + 120 %] Généraliste Pigeon ramier22 + 66 % [+ 42 % ; + 95 %] + 45 % [+ 4 % ; + 102 %] + 92 % [+ 55 % ; + 140 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Alouette lulu - 50 % [- 67 % ; - 24 %] + 94 % [+ 16 % ; + 224 %] Agricole non nicheurs au sol Bruant zizi - 39 % [- 58 % ; - 12 %] + 126 % [+ 54 % ; + 233 %] Agricole non nicheurs au sol Corneille noire - 38 % [- 52 % ; - 19 %] + 54 % [+ 22 % ; + 94 %] Agricole non nicheurs au sol Faucon crécerelle23 + 151 % [+ 50 % ; + 318 %]

Bâti Chardonneret élégant24 - 63 % [- 77 % ; - 41 %] + 93 % [+ 31 % ; + 185 %] Bâti Serin cini25 + 46 % [- 1 % ; + 115 %] Bâti Martinet à ventre blanc26 - 71 % [- 86 % ; - 38 %]

Forestière Rougegorge familier27 + 31 % [+ 9 % ; + 58 %] Généraliste Merle noir28 - 15 % [- 27 % ; + 1 %] + 37 % [+ 18 % ; + 59 %]

Enfin, pour 17 autres espèces, il n’a pas été possible de mettre en évidence une variation globale d’effectifs sur la période, et ce, quel que soit le type de milieu ana-lysé (annexe 2). Pour certaines espèces, les effectifs dénombrés sont trop faibles pour établir une tendance fiable et pour d’autres, les variations n’étaient tout sim-plement pas significatives d’un point de vue statistique. Des analyses complé-mentaires permettraient néanmoins de distinguer deux cas de figure :

1. l’absence de significativité serait due à des variations interannuelles trop im-portantes pour qu’une variation globale d’effectifs puisse être mise en évidence,

2. l’absence de variations interan-nuelles importantes, serait synonyme d’une certaine stabilité au cours de la période d’étude pour l’espèce en question.

Au vu de ces résultats, le cortège agricole semble particulièrement vulnérable en Rhône-Alpes. En effet, sur les 20 espèces qui le composent, 14 d’entre elles pré-sentent une variation significative d’abon-dance au cours de la période 2001-2013 :

▶ 6 déclinent significativement en tous milieux et pour certaines d’entre elles, le déclin est significatif en milieu agri-cole également,

17. Cyanistes caeruleus 18. Fringilla coelebs 19. Picus viridis 20. Dendrocopos major 21. Sylvia atricapilla 22. Columba palumbus 23. Falco tinnunculus 24. Carduelis carduelis 25. Serinus serinus 26. Tachymarptis melba 27. Erithacus rubecula 28. Turdus merula

Tableau 3 : Synthèse des variations globales d’effectifs en Rhône-Alpes entre 2001 et 2013 pour les espèces dont les effectifs croissent selon l’analyse en tous milieux

Tableau 4 : Synthèse des variations globales d’effectifs en Rhône-Alpes entre 2001 et 2013 pour les espèces sans tendance significative selon l’analyse en tous milieux mais pour lesquelles une tendance a été notée en milieux agricoles et/ou milieux non agricoles

Etude de l’évolution des communautés d’oiseaux en Rhône-Alpes au cours de la période 2001-2013 à partir des données STOC-EPS

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Cortège Sous-cortège Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole - 7 % [- 13 % ; - 1 %] - 17 % [- 25 % ; - 8 %] Agricole Nicheurs au sol - 14 % [- 26 % ; + 0 %] - 23 % [- 38 % ; - 4 %] Agricole Non nicheurs au sol - 15 % [- 23 % ; - 5 %]

Forestière Bâti

Généraliste + 7 % [- 0 % ; + 14 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Caille des blés - 42 % [- 63 % ; - 10 %] Agricole nicheurs au sol Tarier pâtre - 25 % [- 42 % ; - 3 %] - 42 % [- 63 % ; - 11 %] Agricole non nicheurs au sol Corbeau freux - 66 % [- 75 % ; - 53 %] - 70 % [- 82 % ; - 49 %] - 81 % [- 90 % ; - 64 %] Agricole non nicheurs au sol Pie-grièche écorcheur - 46 % [- 60 % ; - 26 %] - 58 % [- 75 % ; - 28 %] Agricole non nicheurs au sol Bruant jaune - 38 % [- 50 % ; - 23 %] - 38 % [- 57 % ; - 10 %] - 51 % [- 68 % ; - 23 %] Agricole non nicheurs au sol Tourterelle des bois - 29 % [- 47 % ; - 5 %] - 41 % [- 65 % ; + 1 %]

Forestière Grimpereau des bois - 45 % [- 64 % ; - 16 %] Forestière Roitelet huppé - 34 % [- 49 % ; - 15 %] - 33 % [- 54 % ; - 3 %] Forestière Pouillot véloce - 32 % [- 41 % ; - 22 %] - 41 % [- 60 % ; - 15 %] Forestière Troglodyte mignon - 26 % [- 35 % ; - 15 %] - 37 % [- 55 % ; - 10 %]

Cortège Sous-cortège Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole - 6 % [- 12 % ; + 1 %] Agricole Nicheurs au sol Agricole Non nicheurs au sol - 5 % [- 9 % ; + 0 %] - 9 % [- 16 % ; - 2 %]

Forestière - 7 % [- 13 % ; - 1 %] Bâti

Généraliste - 7 % [- 12 % ; - 3 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Bergeronnette printanière + 117 % [+ 45 % ; + 226 %] Agricole non nicheurs au sol Hypolaïs polyglotte + 23 % [+ 0 % ; + 52 %] + 60 % [+ 16 % ; + 120 %] Agricole non nicheurs au sol Fauvette grisette + 22 % [- 3 % ; + 54 %] + 63 % [+ 13 % ; + 135 %] Agricole non nicheurs au sol Rossignol philomèle + 12 % [- 1 % ; + 27 %] + 69 % [+ 32 % ; + 117 %]

Bâti Verdier d'Europe4 + 17 % [- 1 % ; + 39 %] Bâti Pie bavarde5 + 28 % [+ 7 % ; + 54 %] + 37 % [+ 1 % ; + 87 %] Bâti Moineau domestique6 + 37 % [+ 20 % ; + 56 %] + 68 % [+ 40 % ; + 100 %] Bâti Rougequeue à front blanc7 + 46 % [+ 5 % ; + 102 %] + 58 % [- 2 % ; + 155 %]

Forestière Mésange noire8 + 43 % [+ 19 % ; + 73 %] + 28 % [- 1 % ; + 66 %] Forestière Pouillot de Bonelli9 + 54 % [+ 18 % ; + 102 %] + 42 % [- 1 % ; + 103 %] Forestière Grive musicienne10 + 68 % [+ 43 % ; + 99 %] + 73 % [+ 17 % ; + 157 %] + 71 % [+ 34 % ; + 119 %] Forestière Pic noir11 + 68 % [+ 15 % ; + 144 %] + 188 % [+ 65 % ; + 401 %] Forestière Mésange huppée12 + 79 % [+ 33 % ; + 141 %] Forestière Sittelle torchepot13 + 115 % [+ 67 % ; + 176 %] + 63 % [- 3 % ; + 174 %] + 136 % [+ 57 % ; + 255 %] Forestière Mésange nonnette14 + 226 % [+ 137 % ; + 348 %] + 293 % [+ 143 % ; + 535 %]

Généraliste Mésange charbonnière15 + 16 % [+ 5 % ; + 28 %] + 37 % [+ 15 % ; + 63 %] Généraliste Grimpereau des jardins16 + 19 % [- 3 % ; + 45 %] + 83 % [+ 12 % ; + 199 %] + 76 % [+ 29 % ; + 141 %] Généraliste Mésange bleue17 + 29 % [+ 9 % ; + 52 %] + 80 % [+ 38 % ; + 136 %] Généraliste Pinson des arbres18 + 39 % [+ 23 % ; + 58 %] + 85 % [+ 49 % ; + 129 %] Généraliste Pic vert19 + 47 % [+ 20 % ; + 81 %] + 130 % [+ 60 % ; + 232 %] Généraliste Pic épeiche20 + 50 % [+ 24 % ; + 81 %] + 59 % [+ 8 % ; + 134 %] + 61 % [+ 14 % ; + 127 %] Généraliste Fauvette à tête noire21 + 61 % [+ 48 % ; + 76 %] + 60 % [+ 38 % ; + 85 %] + 90 % [+ 65 % ; + 120 %] Généraliste Pigeon ramier22 + 66 % [+ 42 % ; + 95 %] + 45 % [+ 4 % ; + 102 %] + 92 % [+ 55 % ; + 140 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Alouette lulu - 50 % [- 67 % ; - 24 %] + 94 % [+ 16 % ; + 224 %] Agricole non nicheurs au sol Bruant zizi - 39 % [- 58 % ; - 12 %] + 126 % [+ 54 % ; + 233 %] Agricole non nicheurs au sol Corneille noire - 38 % [- 52 % ; - 19 %] + 54 % [+ 22 % ; + 94 %] Agricole non nicheurs au sol Faucon crécerelle23 + 151 % [+ 50 % ; + 318 %]

Bâti Chardonneret élégant24 - 63 % [- 77 % ; - 41 %] + 93 % [+ 31 % ; + 185 %] Bâti Serin cini25 + 46 % [- 1 % ; + 115 %] Bâti Martinet à ventre blanc26 - 71 % [- 86 % ; - 38 %]

Forestière Rougegorge familier27 + 31 % [+ 9 % ; + 58 %] Généraliste Merle noir28 - 15 % [- 27 % ; + 1 %] + 37 % [+ 18 % ; + 59 %]

Cortège Sous-cortège Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole - 7 % [- 13 % ; - 1 %] - 17 % [- 25 % ; - 8 %] Agricole Nicheurs au sol - 14 % [- 26 % ; + 0 %] - 23 % [- 38 % ; - 4 %] Agricole Non nicheurs au sol - 15 % [- 23 % ; - 5 %]

Forestière Bâti

Généraliste + 7 % [- 0 % ; + 14 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Caille des blés - 42 % [- 63 % ; - 10 %] Agricole nicheurs au sol Tarier pâtre - 25 % [- 42 % ; - 3 %] - 42 % [- 63 % ; - 11 %] Agricole non nicheurs au sol Corbeau freux - 66 % [- 75 % ; - 53 %] - 70 % [- 82 % ; - 49 %] - 81 % [- 90 % ; - 64 %] Agricole non nicheurs au sol Pie-grièche écorcheur - 46 % [- 60 % ; - 26 %] - 58 % [- 75 % ; - 28 %] Agricole non nicheurs au sol Bruant jaune - 38 % [- 50 % ; - 23 %] - 38 % [- 57 % ; - 10 %] - 51 % [- 68 % ; - 23 %] Agricole non nicheurs au sol Tourterelle des bois - 29 % [- 47 % ; - 5 %] - 41 % [- 65 % ; + 1 %]

Forestière Grimpereau des bois - 45 % [- 64 % ; - 16 %] Forestière Roitelet huppé - 34 % [- 49 % ; - 15 %] - 33 % [- 54 % ; - 3 %] Forestière Pouillot véloce - 32 % [- 41 % ; - 22 %] - 41 % [- 60 % ; - 15 %] Forestière Troglodyte mignon - 26 % [- 35 % ; - 15 %] - 37 % [- 55 % ; - 10 %]

Cortège Sous-cortège Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole - 6 % [- 12 % ; + 1 %] Agricole Nicheurs au sol Agricole Non nicheurs au sol - 5 % [- 9 % ; + 0 %] - 9 % [- 16 % ; - 2 %]

Forestière - 7 % [- 13 % ; - 1 %] Bâti

Généraliste - 7 % [- 12 % ; - 3 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Bergeronnette printanière + 117 % [+ 45 % ; + 226 %] Agricole non nicheurs au sol Hypolaïs polyglotte + 23 % [+ 0 % ; + 52 %] + 60 % [+ 16 % ; + 120 %] Agricole non nicheurs au sol Fauvette grisette + 22 % [- 3 % ; + 54 %] + 63 % [+ 13 % ; + 135 %] Agricole non nicheurs au sol Rossignol philomèle + 12 % [- 1 % ; + 27 %] + 69 % [+ 32 % ; + 117 %]

Bâti Verdier d'Europe4 + 17 % [- 1 % ; + 39 %] Bâti Pie bavarde5 + 28 % [+ 7 % ; + 54 %] + 37 % [+ 1 % ; + 87 %] Bâti Moineau domestique6 + 37 % [+ 20 % ; + 56 %] + 68 % [+ 40 % ; + 100 %] Bâti Rougequeue à front blanc7 + 46 % [+ 5 % ; + 102 %] + 58 % [- 2 % ; + 155 %]

Forestière Mésange noire8 + 43 % [+ 19 % ; + 73 %] + 28 % [- 1 % ; + 66 %] Forestière Pouillot de Bonelli9 + 54 % [+ 18 % ; + 102 %] + 42 % [- 1 % ; + 103 %] Forestière Grive musicienne10 + 68 % [+ 43 % ; + 99 %] + 73 % [+ 17 % ; + 157 %] + 71 % [+ 34 % ; + 119 %] Forestière Pic noir11 + 68 % [+ 15 % ; + 144 %] + 188 % [+ 65 % ; + 401 %] Forestière Mésange huppée12 + 79 % [+ 33 % ; + 141 %] Forestière Sittelle torchepot13 + 115 % [+ 67 % ; + 176 %] + 63 % [- 3 % ; + 174 %] + 136 % [+ 57 % ; + 255 %] Forestière Mésange nonnette14 + 226 % [+ 137 % ; + 348 %] + 293 % [+ 143 % ; + 535 %]

Généraliste Mésange charbonnière15 + 16 % [+ 5 % ; + 28 %] + 37 % [+ 15 % ; + 63 %] Généraliste Grimpereau des jardins16 + 19 % [- 3 % ; + 45 %] + 83 % [+ 12 % ; + 199 %] + 76 % [+ 29 % ; + 141 %] Généraliste Mésange bleue17 + 29 % [+ 9 % ; + 52 %] + 80 % [+ 38 % ; + 136 %] Généraliste Pinson des arbres18 + 39 % [+ 23 % ; + 58 %] + 85 % [+ 49 % ; + 129 %] Généraliste Pic vert19 + 47 % [+ 20 % ; + 81 %] + 130 % [+ 60 % ; + 232 %] Généraliste Pic épeiche20 + 50 % [+ 24 % ; + 81 %] + 59 % [+ 8 % ; + 134 %] + 61 % [+ 14 % ; + 127 %] Généraliste Fauvette à tête noire21 + 61 % [+ 48 % ; + 76 %] + 60 % [+ 38 % ; + 85 %] + 90 % [+ 65 % ; + 120 %] Généraliste Pigeon ramier22 + 66 % [+ 42 % ; + 95 %] + 45 % [+ 4 % ; + 102 %] + 92 % [+ 55 % ; + 140 %]

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Milieux non agricoles Estimation [ IC - ; IC + ]

Agricole nicheurs au sol Alouette lulu - 50 % [- 67 % ; - 24 %] + 94 % [+ 16 % ; + 224 %] Agricole non nicheurs au sol Bruant zizi - 39 % [- 58 % ; - 12 %] + 126 % [+ 54 % ; + 233 %] Agricole non nicheurs au sol Corneille noire - 38 % [- 52 % ; - 19 %] + 54 % [+ 22 % ; + 94 %] Agricole non nicheurs au sol Faucon crécerelle23 + 151 % [+ 50 % ; + 318 %]

Bâti Chardonneret élégant24 - 63 % [- 77 % ; - 41 %] + 93 % [+ 31 % ; + 185 %] Bâti Serin cini25 + 46 % [- 1 % ; + 115 %] Bâti Martinet à ventre blanc26 - 71 % [- 86 % ; - 38 %]

Forestière Rougegorge familier27 + 31 % [+ 9 % ; + 58 %] Généraliste Merle noir28 - 15 % [- 27 % ; + 1 %] + 37 % [+ 18 % ; + 59 %]

29. Résultats relatifs aux données d’abondance.

▶ 4 semblent augmenter en tous mi-lieux mais la tendance est significative pour une seulement,

▶ 4 ne présentent pas de tendances significatives en tous milieux. 3 d’entre elles diminuent significativement en mi-lieux agricoles.

Richesse

Les variations globales de richesse ont été analysées pour chaque cortège (tableau 5) en tous milieux, en milieux agricoles et en milieux non agricoles. Seule la ri-chesse du cortège agricole diminue signi-ficativement en milieux agricoles. Cette diminution affecte aussi bien les espèces agricoles qui nichent au sol que celles qui ne s’y reproduisent pas. Au cours de la période, il semblerait donc que l’on retrouve de moins en moins d’espèces «  agricoles » en milieux agricoles. On constate également une diminution signi-ficative du cortège agricole en tous mi-lieux. Il est cependant fort probable que cela soit le reflet de ce que l’on observe plus particulièrement dans les milieux agricoles. Enfin, bien que le résultat soit peu significatif, notons que la richesse du cortège généraliste semble augmenter en milieux agricoles.

Taux de renouvellement

Les variations globales de taux de renou-vellement ont également été analysées pour chaque cortège (tableau 6) en tous milieux, en milieux agricoles et en milieux non agricoles. Dans le cadre de l’analyse en tous milieux, nous constatons que le taux de renouvellement du cortège généraliste diminue significativement. Il semblerait donc qu’au fil des années, les mêmes espèces généralistes se ren-contrent dans l’ensemble des milieux. En milieux non agricoles, cela semble être également le cas pour les espèces agri-coles qui ne nichent pas au sol ainsi que pour les espèces spécialistes des milieux forestiers.

DISCUSSION

La plupart des résultats4 significatifs obte-nus dans le cadre de l’analyse régionale précédente (Goujon 2009) sont confir-més dans la présente étude. En effet, nous constatons tout d’abord que la plu-part des déclins mis en évidence en 2009 sont confirmés dans le cadre de l’ana-lyse des données 2001-2013 (tarier pâtre, corbeau freux, roitelet huppé et pouillot véloce). Le constat est identique pour la plupart des hausses indiquées en 2009 et

Tableau 5 : Synthèse des variations globales de richesse en Rhône-Alpes entre 2001 et 2013

Tableau 6 : Synthèse des variations globales de taux de renouvellement en Rhône-Alpes entre 2001 et 2013

Le Bièvre - Tome 27

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que l’on observe à nouveau entre 2001 et 2013 (pie bavarde, moineau domestique, rougequeue à front blanc, mésange char-bonnière, pic vert, fauvette à tête noire et pigeon ramier).

Certains résultats ont vu leur estimation s’affiner à la suite de ces quatre années de suivi supplémentaire. En effet, bien que non significatives en 2009, certaines tendances qui semblaient indiquer un dé-clin ont été confirmées par des résultats significatifs dans le cadre de cette étude (pie-grièche écorcheur, bruant jaune, tourterelle des bois et troglodyte mignon) et inversement pour certaines tendances à la hausse que cette étude nous a permis de confirmer (verdier d’Europe, pic noir, sittelle torchepot, mésange nonnette, mésange bleue et pic épeiche).

D’autres résultats semblent plus ténus. C’est notamment le cas pour le bruant zizi, le faucon crécerelle et la corneille noire. Les deux premières semblaient augmenter en 2009 tandis que les résul-tats de cette étude indiquent des effectifs en hausse uniquement en dehors des mi-lieux agricoles. Dans le cas de la corneille noire, l’espèce semblait décliner en 2009, déclin que l’on retrouve uniquement dans le cadre de l’analyse en milieux agricoles dans la présente étude.

Notons également que certaines ten-dances significatives en 2009 ne semblent plus l’être en 2013 (martinet noir dont la tendance en 2009 indiquait une augmen-tation et bouvreuil pivoine qui semblait décliner). Dans ce cas, soit les effectifs de ces espèces se sont stabilisés, soit les variations interannuelles sont devenues trop importantes pour la mise en évi-dence d’une tendance fiable.

Enfin, précisons qu’aucune tendance si-gnificative en 2009 ne semble s’être dras-tiquement inversée suite à ces quatre années passées. Si cela peut constituer une source de satisfaction pour les es-pèces en hausse, ce constat demeure

inquiétant pour les espèces dont le déclin semble se poursuivre. Notons néanmoins qu’une comparaison plus approfondie serait nécessaire pour les espèces qui semblent confirmer leur tendance ini-tiale, ne serait-ce que pour estimer la dif-férence de variation entre les estimations établies en 2009 par rapport à celles de 2013.

CONCLUSION

Le cortège des espèces «  agricoles  » semble particulièrement vulnérable en Rhône-Alpes et de nombreuses espèces voient leur population décliner. En outre, des variations significatives dans la ri-chesse ont été notées en milieux agri-coles et celle-ci diminue.

Il semblerait qu’à l’échelle de certaines zones, les pressions sont telles que cer-taines espèces ne parviennent pas à se maintenir. Il paraît donc primordial de surveiller ce phénomène de près et d’agir rapidement pour freiner, voire inver-ser cette tendance. L’observation de ces déclins rapides confirme que l’adapta-tion des méthodes modernes d’agricul-ture, la limitation de l’emploi d’intrants chimiques (en particulier les insecticides systémiques), et le maintien d’habitats favorables en milieux agricoles sont les bases d’une gestion à la fois responsable de ces territoires et respectueuse de la nature.

Le cortège forestier est le second à inclure en son sein des espèces dont le déclin est significatif, notamment dans le cadre de l’analyse en tous milieux (grimpereau des bois, roitelet huppé, pouillot véloce et tro-glodyte mignon). A l’instar de l’analyse spécifique en milieux agricoles réalisée dans le cadre de cette étude, il sera inté-ressant de reprendre à l’avenir, avec des statistiques plus étoffées, une analyse plus fine des différents indicateurs dans les milieux forestiers.

Etude de l’évolution des communautés d’oiseaux en Rhône-Alpes au cours de la période 2001-2013 à partir des données STOC-EPS

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Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Milieux agricoles Milieux non agricoles

Agricole nicheurs au sol Alouette des champs Agricole nicheurs au sol Bruant proyer Agricole nicheurs au sol Vanneau huppé Agricole non nicheurs au sol Linotte mélodieuse Agricole non nicheurs au sol Pigeon colombin Agricole non nicheurs au sol Moineau friquet

Bâti Martinet noir Bâti Hirondelle de fenêtre Bâti Rougequeue noir Bâti Tourterelle turque

Forestière Mésange boréale Forestière Bouvreuil pivoine Forestière Roitelet à triple bandeau

Généraliste Epervier d'Europe Généraliste Mésange à longue queue Généraliste Loriot d'Europe Généraliste Pouillot fitis

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Effectifs moyens / an

Milieux agricoles Effectifs moyens / an

Milieux non agricoles Effectifs moyens / an

Agricole nicheurs au sol Alouette des champs30 238 108 17 Agricole nicheurs au sol Tarier pâtre 112 50 11 Agricole nicheurs au sol Alouette lulu 110 42 23 Agricole nicheurs au sol Bergeronnette printanière 29 14 1 Agricole nicheurs au sol Bruant proyer31 24 12 1 Agricole nicheurs au sol Caille des blés 16 7 1 Agricole nicheurs au sol Vanneau huppé32 16 8 2 Agricole non nicheurs au sol Corneille noire 1566 519 250 Agricole non nicheurs au sol Rossignol philomèle 526 187 91 Agricole non nicheurs au sol Corbeau freux 291 147 25 Agricole non nicheurs au sol Bruant zizi 188 67 39 Agricole non nicheurs au sol Fauvette grisette 149 50 29 Agricole non nicheurs au sol Hypolaïs polyglotte 147 55 26 Agricole non nicheurs au sol Bruant jaune 135 44 19 Agricole non nicheurs au sol Faucon crécerelle 112 41 16 Agricole non nicheurs au sol Tourterelle des bois 98 33 17 Agricole non nicheurs au sol Linotte mélodieuse33 93 27 16 Agricole non nicheurs au sol Pie-grièche écorcheur 79 31 9 Agricole non nicheurs au sol Moineau friquet34 42 12 5 Agricole non nicheurs au sol Pigeon colombin35 32 8 7

Bâti Moineau domestique 1437 346 309 Bâti Martinet noir36 1308 194 440 Bâti Tourterelle turque37 444 91 107 Bâti Rougequeue noir38 417 105 97 Bâti Chardonneret élégant 372 107 77 Bâti Verdier d'Europe 366 88 79 Bâti Pie bavarde 325 95 70 Bâti Serin cini 299 72 76 Bâti Hirondelle de fenêtre39 206 21 55 Bâti Rougequeue à front blanc 97 26 24 Bâti Martinet à ventre blanc 86 3 56

Forestière Rougegorge familier 616 79 234 Forestière Troglodyte mignon 497 76 176 Forestière Grive musicienne 463 71 162 Forestière Pouillot véloce 461 70 150 Forestière Mésange noire 277 20 119 Forestière Sittelle torchepot 176 35 56 Forestière Roitelet à triple bandeau40 110 8 49 Forestière Mésange nonnette 90 13 30 Forestière Pouillot de Bonelli 87 8 40 Forestière Mésange huppée 83 4 37 Forestière Roitelet huppé 77 4 34 Forestière Pic noir 44 4 17 Forestière Bouvreuil pivoine41 30 1 13 Forestière Mésange boréale42 24 1 10 Forestière Grimpereau des bois 17 1 8

Généraliste Merle noir 1588 366 449 Généraliste Fauvette à tête noire 1545 361 425 Généraliste Pinson des arbres 1444 297 435 Généraliste Mésange charbonnière 1229 302 327 Généraliste Pigeon ramier 975 253 235 Généraliste Mésange bleue 500 113 140 Généraliste Pic épeiche 265 64 70 Généraliste Pic vert 264 78 62 Généraliste Grimpereau des jardins 197 41 59 Généraliste Loriot d'Europe43 144 44 27 Généraliste Mésange à longue queue44 124 19 42 Généraliste Pouillot fitis45 44 12 10 Généraliste Epervier d'Europe46 16 4 4

Enfin, la majorité des espèces spécialistes des milieux bâtis ainsi que les espèces généralistes, pour lesquelles il a été pos-sible de mettre en évidence une variation globale significative au cours de la pé-riode 2001-2013, semblent présenter une dynamique positive. Il faut néanmoins rester vigilent et vérifier si ces tendances positives se confirment sur le long terme. En effet, comme évoqué dans un article précédent, dans un contexte où l’urba-nisation ne cesse de croître, les surfaces dédiées à la nature diminuent inélucta-blement. Il est donc primordial d’intégrer les problématiques liées à l’érosion de la biodiversité dans les stratégies d’aména-gement de nos territoires.

BIBLIOGRAPHIE

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Annexe 2 : Liste des espèces pour lesquelles il n’a pas été possible de mettre en évidence une variation globale d’effectifs au cours de la période d’étude

Le Bièvre - Tome 27

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Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Milieux agricoles Milieux non agricoles

Agricole nicheurs au sol Alouette des champs Agricole nicheurs au sol Bruant proyer Agricole nicheurs au sol Vanneau huppé Agricole non nicheurs au sol Linotte mélodieuse Agricole non nicheurs au sol Pigeon colombin Agricole non nicheurs au sol Moineau friquet

Bâti Martinet noir Bâti Hirondelle de fenêtre Bâti Rougequeue noir Bâti Tourterelle turque

Forestière Mésange boréale Forestière Bouvreuil pivoine Forestière Roitelet à triple bandeau

Généraliste Epervier d'Europe Généraliste Mésange à longue queue Généraliste Loriot d'Europe Généraliste Pouillot fitis

Cortège Sous-cortège Nom français Tous milieux Effectifs moyens / an

Milieux agricoles Effectifs moyens / an

Milieux non agricoles Effectifs moyens / an

Agricole nicheurs au sol Alouette des champs30 238 108 17 Agricole nicheurs au sol Tarier pâtre 112 50 11 Agricole nicheurs au sol Alouette lulu 110 42 23 Agricole nicheurs au sol Bergeronnette printanière 29 14 1 Agricole nicheurs au sol Bruant proyer31 24 12 1 Agricole nicheurs au sol Caille des blés 16 7 1 Agricole nicheurs au sol Vanneau huppé32 16 8 2 Agricole non nicheurs au sol Corneille noire 1566 519 250 Agricole non nicheurs au sol Rossignol philomèle 526 187 91 Agricole non nicheurs au sol Corbeau freux 291 147 25 Agricole non nicheurs au sol Bruant zizi 188 67 39 Agricole non nicheurs au sol Fauvette grisette 149 50 29 Agricole non nicheurs au sol Hypolaïs polyglotte 147 55 26 Agricole non nicheurs au sol Bruant jaune 135 44 19 Agricole non nicheurs au sol Faucon crécerelle 112 41 16 Agricole non nicheurs au sol Tourterelle des bois 98 33 17 Agricole non nicheurs au sol Linotte mélodieuse33 93 27 16 Agricole non nicheurs au sol Pie-grièche écorcheur 79 31 9 Agricole non nicheurs au sol Moineau friquet34 42 12 5 Agricole non nicheurs au sol Pigeon colombin35 32 8 7

Bâti Moineau domestique 1437 346 309 Bâti Martinet noir36 1308 194 440 Bâti Tourterelle turque37 444 91 107 Bâti Rougequeue noir38 417 105 97 Bâti Chardonneret élégant 372 107 77 Bâti Verdier d'Europe 366 88 79 Bâti Pie bavarde 325 95 70 Bâti Serin cini 299 72 76 Bâti Hirondelle de fenêtre39 206 21 55 Bâti Rougequeue à front blanc 97 26 24 Bâti Martinet à ventre blanc 86 3 56

Forestière Rougegorge familier 616 79 234 Forestière Troglodyte mignon 497 76 176 Forestière Grive musicienne 463 71 162 Forestière Pouillot véloce 461 70 150 Forestière Mésange noire 277 20 119 Forestière Sittelle torchepot 176 35 56 Forestière Roitelet à triple bandeau40 110 8 49 Forestière Mésange nonnette 90 13 30 Forestière Pouillot de Bonelli 87 8 40 Forestière Mésange huppée 83 4 37 Forestière Roitelet huppé 77 4 34 Forestière Pic noir 44 4 17 Forestière Bouvreuil pivoine41 30 1 13 Forestière Mésange boréale42 24 1 10 Forestière Grimpereau des bois 17 1 8

Généraliste Merle noir 1588 366 449 Généraliste Fauvette à tête noire 1545 361 425 Généraliste Pinson des arbres 1444 297 435 Généraliste Mésange charbonnière 1229 302 327 Généraliste Pigeon ramier 975 253 235 Généraliste Mésange bleue 500 113 140 Généraliste Pic épeiche 265 64 70 Généraliste Pic vert 264 78 62 Généraliste Grimpereau des jardins 197 41 59 Généraliste Loriot d'Europe43 144 44 27 Généraliste Mésange à longue queue44 124 19 42 Généraliste Pouillot fitis45 44 12 10 Généraliste Epervier d'Europe46 16 4 4

Annexe 1 : Liste des espèces étudiées et effectifs moyens

30. Alauda arvensis 31. Emberiza calandra 32. Vanellus vanellus 33. Linaria cannabina 34. Passer montanus 35. Columba oenas 36. Apus apus 37. Streptopelia decaocto 38. Phoenicurus ochruros 39. Delichon urbicum 40. Regulus ignicapilla 41. Pyrrhula pyrrhula 42. Poecile montanus 43. Oriolus oriolus 44. Aegithalos caudatus 45. Phylloscopus trochilus 46. Accipiter nisus

Etude de l’évolution des communautés d’oiseaux en Rhône-Alpes au cours de la période 2001-2013 à partir des données STOC-EPS

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INVENTAIRE ET RÉPARTITION DE LA POPULATION DU CASTOR D’EURASIE (CASTOR FIBER) DANS L’ESPACE NATUREL SENSIBLE DES GORGES DE L’ARDÈCHE

Faustin RIZET, Master 1 EPHE Montpellier

Nicolas BAZIN, Garde Technicien RNNGA1

Charles BASCLE, Garde Technicien RNNGA

Denis DOUBLET, Conservateur RNNGA

membres du Syndicat de gestion des Gorges de l’Ardèche

RÉSUMÉL’objet de cette étude est de mieux connaître la répartition de la population de castors d’Eurasie (Castor fiber) dans l’Espace Naturel Sensible (ENS) des gorges de l’Ardèche. L’ENS inclut le site classé du Pont d’Arc et la Réserve naturelle nationale des Gorges de l’Ardèche. Les inventaires se basent sur la méthode de recherche d’indices de présence lais-sés le long de la rivière Ardèche. Les résul-tats montrent que le castor est présent sur la quasi-totalité de la zone d’étude et que le nombre de cellules familiales est estimé à 12. Les individus semblent avoir des pré-férences strictes en termes d’alimentation et de choix d’habitat. Les caractéristiques morphologiques des berges de la rivière conditionnent la distribution de l’espèce. Les mœurs crépusculaires et nocturnes du castor lui permettent de s’adapter à la fré-quentation humaine, qui ne semble pas in-fluencer la distribution de la population.

ABSTRACTThe objective of this study is to increase our knowledge of the status and distribu-tion of the European Beaver (Castor fib-er) population in the SSSI of the Ardeche Gorges (Pont d’Arc listed site and the Ardèche Gorges National Nature Reserve). The surveys are based on a method which involves looking for signs of its presence along the Ardèche River. The results show that the Beaver is present in virtually all the study area, with an estimated num-ber of family groups of twelve. Individual animals seem to be very fussy about their food and choice of habitat. The morphol-ogy of the river banks have an influence on the distribution of the species. The crepuscular and nocturnal habits of the Beaver enable it to adapt to human pres-ence, which is limited to a relatively few places, so this has probably not had an in-fluence on the population’s distribution.

1. [email protected]

Castor © N. Bazin

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1. Une espèce clé de voûte est une espèce dont la présence est indispensable à l’existence même d’un écosystème, non pas par son ef-fectif mais par l’action qu’elle exerce sur les comportements et/ou effectifs des autres espèces qui composent le système. (source : http://www.conservation-nature.fr/article1.php?id=149)

INTRODUCTION

Pendant plusieurs siècles, les popula-tions de castors d’Eurasie (Castor fiber) n’ont cessé de régresser en raison d’une pression de chasse trop élevée. Au dé-but du XXème siècle, la population fran-çaise était estimée à seulement quelques dizaines d’individus (Rouland, 1990). La vallée du Rhône constituait alors l’une des dernières zones de présence du cas-tor d’Eurasie. Les premières mesures de protections ont été mises en place dès 1909 dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Vaucluse afin d’éviter sa disparition (Richard 1965). Protégé à l’échelle natio-nale depuis 1968, il recolonise petit à petit les fleuves et les rivières françaises (Dubrulle et Catusse, 2011). Plusieurs ac-tions de réintroduction ont joué un rôle dans ce phénomène d’expansion mais la population ardéchoise provient de la re-colonisation naturelle à partir de la pe-tite population résiduelle de la vallée du Rhône (Rigaux, 2011). Etant considérée aujourd’hui comme une espèce patri-moniale et une espèce clé de voûte1 au sein des écosystèmes dulçaquicoles, la connaissance et le suivi de ces popula-tions sont des enjeux à prendre en consi-dération dans le cadre de la gestion d’un espace naturel.

Les gorges de l’Ardèche possèdent des caractéristiques géo-morphologiques et biogéographiques particulières et abritent une faune et une flore riches et diversifiées. Cette zone naturelle ex-ceptionnelle bénéficie de plusieurs sta-tuts de protection dont ceux de Réserve Naturelle Nationale des Gorges de l’Ar-dèche (RNNGA), de site classé du Pont d’Arc et fait partie du réseau natura 2000. Peu d’études ont été faites sur le castor dans ce secteur, c’est pourquoi le Syndicat Mixte de Gestion des Gorges de l’Ardèche

(SGGA), gestionnaire de l’Espace Naturel Sensible (ENS) et de la RNNGA a décidé d’améliorer les connaissances de l’espèce sur ce territoire.

CONTEXTE

La zone d’étude comprend 26,82 km de linéaire sur une largeur de 70 mètres de part et d’autre du centre de la rivière. Le climat, typiquement méditerranéen se caractérise par des précipitations abon-dantes au printemps et en automne, faibles en hiver et quasi inexistantes en été (Mandin et Peyronel, 2014). Aux sai-sons humides, de grandes quantités d’eau tombent en peu de temps, ce qui confère à la rivière un régime hydrologique de type pluvial cévenol, avec des crues po-tentiellement violentes à l’automne.

Les caractéristiques géo-morphologiques des gorges imposent à la population de castors une acclimatation comporte-mentale. On sait par exemple que faute de berges au substrat meuble dans cer-taines parties des gorges, habituellement nécessaire à la construction d’un terrier, les castors ont la capacité d’établir leur gîte dans des cavités rocheuses natu-relles, ils ont alors un comportement tro-glodyte (Blanchet, 1972).

Dans les gorges de l’Ardèche, il existe peu d’informations sur la répartition du castor pourtant présent depuis fort longtemps et n’ayant fait l’objet d’aucune réintroduc-tion (Rouland, 1990 ; Dubrulle et Catusse, 2012). Outre les travaux réalisés par Erôme (1979, 1983 & 1984), apportant quelques éléments sur la distribution de l’espèce le long du cours de l’Ardèche, il faut attendre les études de Chalembel (1997) et Richard (2001), pour avoir une première ébauche de cartographie des secteurs d’activité de l’espèce au sein des

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Gorges. Ces deux études ont également permis de démontrer que la fréquenta-tion touristique, très élevée en saison estivale, ne constituait pas une menace forte pour la pérennisation des familles de castor dans la RNNGA. Toutefois elles font ressortir que la population n’utili-serait pas l’optimum de la capacité d’ac-cueil du territoire. En effet, Richard (2001) émet l’hypothèse de l’effet impactant du bivouac sauvage, obligeant les individus à étendre leur recherche de nourriture sur de plus grands territoires. En 2013, des élèves de BTS GPN ont entrepris la réali-sation d’une nouvelle cartographie sur la base d’un protocole non standardisé. Ce travail n’ayant pas été achevé, n’apporte pas ou peu d’éléments de comparaison avec les études de Chalembel et Richard. La disparité des protocoles de collecte de données utilisés lors de ces différentes études a rendu impossible une analyse comparée fine.

L’étude faisant l’objet de cet article vise à mettre en place une méthodologie stan-dardisée afin d’actualiser les connais-sances sur cette population et de pouvoir suivre dans le temps son état de conser-vation au sein de l’ENS des Gorges des Gorges de l’Ardèche.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Afin de répondre aux différents objectifs fixés dans le cadre de cette étude, deux sessions de prospections ont été réalisées en 2014, l’une hivernale (février–avril) et l’autre estivale (juin-juillet). Parallèlement, un test de suivi par piégeage photogra-phique. La première période est détermi-nante pour l’installation à long terme des familles de castors.

Protocole d’inventaire en période hivernale

On peut émettre l’hypothèse que la répar-tition des individus n’est pas homogène le long du cours d’eau, d’une part parce que

le castor est territorial et vit en cellules familiales (Cabard, 2009  ; Larnac, 2013), et d’autre part parce que sa présence dépend probablement du type d’habitat présent le long des berges.

La méthode choisie ici est l’inventaire indirect de la totalité de la zone d’étude (méthode exhaustive) selon le proto-cole établi par l’ONCFS (ONCFS, 2011) qui consiste à rechercher et géoréférencer différents types d’indices de présence en parcourant les deux rives d’amont en aval sur 70 mètres à partir du centre de la ri-vière car les castors « …trouvent 90% de leur nourriture dans les 30 mètres en par-tant de la berge » (Bruggmann et Fouillat, 2008).

Les prospections ont été effectuées à des hauteurs d’eau variant de 0 à 0.50 mètre. « Le Castor d’Eurasie présente la particu-larité de produire des indices pouvant res-ter visibles très longtemps, possiblement plusieurs années après la disparition éventuelle des animaux eux-mêmes  » (Rigaux, op.cit.). Ainsi, seuls les indices ré-cents ont été inventoriés car ils attestent de la présence actuelle d’individu(s). Néanmoins, l’abondance d’indices dans certaines zones ne permet pas de tous les relever. On note donc un coefficient d’intensité d’activité de 0 à 3 reflétant le nombre d’indices visibles autour du point de relevé (avec 0 : aucun autre indice vi-sible, 1 : 1 à 5 indices visibles ; 2 : 6 à 10 indices visibles ; 3 : plus de 10 indices vi-sibles). Pour n’en citer que quelques-uns, les indices les plus fréquemment obser-vés sont les bois coupés sur pied, les dé-pôts de castoréum ou encore les coulées.

Protocole d’inventaire en période estivale

La fréquentation touristique n’est liée qu’à la pratique du canoë en journée. La fréquentation humaine nocturne se li-mite à deux bivouacs et à deux campings autorisés. Leurs emplacements sont si-tués largement en retrait du cours d’eau.

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En période estivale, le castor d’Eurasie change complètement de régime alimen-taire et possède une grande valence éco-logique dans le choix de sa nourriture. En effet, à cette saison, les plantes her-bacées représentent l’essentiel de son alimentation, en plus des feuilles et houp-piers de branches sectionnées (Erôme, op. cit). De ce fait il est difficile de réper-torier les zones de nourrissage en récol-tant tous les indices de présence car les plantes herbacées sectionnées ne pré-sentent pas de caractéristiques propres aux castors (traces de dent, coupe en biseau etc…). Pour cette étude estivale, nous avons donc décidé de nous concen-trer sur la réalisation d’une cartographie des réfectoires de castors et des branches coupées, indices de présence caractéris-tiques de cette espèce.

Ce protocole est une méthode indirecte de recherche d’indices de présence de types «réfectoire» (REF) et « branches et herbacées coupées isolées » (HC) sur l’en-semble de la zone d’étude, c’est-à-dire les 26,82 km de berges. Pour cela, le moyen de prospection utilisé est le canoë. En effet, les indices recherchés sont situés dans l’eau à des profondeurs relative-ment faibles et le canoë permet d’appro-cher les berges facilement sur toute la longueur du cours d’eau. Seuls les bords de berges ont été prospectés. Pour avoir une efficacité optimale, la rivière a été découpée en trois tronçons prospectés indépendamment, et chaque session de prospection était consacrée à une seule rive. Huit jours ont été nécessaires à la ré-alisation des prospections, qui ont été ef-fectuées au minimum 10 jours après une montée des eaux. Les crues faisant dispa-raitre une partie des indices de présence (Richard, 2001).

Protocole et objectifs d’affût par pié-geage photographique

Deux appareils photographiques à dé-clenchement automatique ont été utilisés

pour cette étude. Ce nombre est insuffi-sant pour étudier la répartition ou la dé-mographie de la population mais ils ont été utilisés en complément pour amélio-rer nos connaissances sur les mœurs des individus. Leur utilisation est limitée no-tamment en raison de l’accès difficile, des risques de crue et de la fréquentation im-portante des gorges.

Les sites de pose ont été sélectionnés grâce à la cartographie des indices de présence établie lors des prospections hivernales. 4 types d’indices paraissant les plus adaptés à l’obtention d’informa-tions ont donc été retenus : les dépôts de castoréum (potentiellement, plusieurs individus passent fréquemment sur les castoréums), les gîtes, les réfectoires et les bois ou troncs coupés.

ANALYSE DES DONNÉES

Trois types d’analyses ont été réali-sés grâce à un système d’information géographique :

▶ analyse par zones fonctionnelles : les indices ont été regroupés en trois caté-gories  : les indices d’alimentation triés selon leur coefficient d’activité, ceux de marquage du territoire et ceux de repos.

▶ analyse de l’intensité d’activité  : les indices ont été triés par intensité d’ac-tivité (coefficient de 0 à 3). La rivière a ensuite été découpée en tronçons in-tégrant les points de même coefficient d’intensité.

▶ analyse par habitats  : les données récoltées ont été comparées à la carto-graphie des habitats du Code CORINE, établie par l’ONF et les bureaux d’étude BIOTOPE et BIODIV. Toutes les zones où nous avons récolté des indices d’ali-mentation ont été traitées.

Pour étudier les surfaces d’habitats concernées par les zones de nourris-sage, nous avons procédé à une analyse

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cartographique  : les points correspon-dant aux indices d’alimentation sont re-présentés graphiquement par des cercles de surface plus ou moins grande en fonc-tion de leur coefficient d’abondance. Cette analyse graphique permet de com-parer les différents types d’habitats entre eux et de savoir dans quelle mesure ils sont utilisés pour l’alimentation du castor.

RÉSULTATS

Inventaire hivernal

Au total, 550 indices de présence ont été relevés sur la zone d’étude au cours de 23 journées de prospection.

La figure 1 présente les données triées par type d’indice, offrant une vue d’ensemble de l’utilisation spatiale du territoire par les castors. On trouve des indices sur la ma-jeure partie du cours d’eau mais certains secteurs en sont complètement absents.

La figure 2 présente les résultats de ma-nière à faire apparaître les différentes zones d’activité et les territoires présu-més. L’abondance d’indices varie le long du cours d’eau et on observe des zones de nourrissage avec une forte abondance d’indices d’alimentation (vert), des zones liées au marquage du territoire (marron) et des zones de repos (jaune).

Sur la figure 3, l’intensité d’activité est ma-térialisée du plus clair (faible) au plus fon-cé (forte). Cette représentation simplifiée met bien en évidence les zones fortement utilisées et les zones de faible activité.

Parmi tous les indices d’alimentation, 4 taxons sont majoritairement consom-més  : 57% de saules Salix sp., 17% de peuplier noir Populus nigra, 17 % d’orme champêtre Ulmus minor, 7% de frênes Fraxinus sp. et 2% d’autres essences.

Figure 1 : Répartition des indices de présence de Castor fiber en hiver sur l’ENS des gorges de l’Ardèche

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Figure 3 : Carte simplifiée reflétant l’intensité d’activité de Castor fiber en hiver sur l’ENS des gorges de l’Ardèche

Figure 2 : Répartition des zones d’activité et des territoires de Castor fiber en hiver sur l’ENS des gorges de l’Ardèche

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La figure 4 présente les principaux habi-tats présents sur notre zone d’étude sur une largeur de berges de 70 mètres ain-si que la part relative qu’ils occupent. Au total, 41 types d’habitats ont été recen-sés mais nous nous intéressons ici aux 12 types les plus représentés (>1% de la sur-face totale). Nous avons fait apparaître en gras les 4 habitats principalement concernés comme zone de nourrissage (>5% sur la figure 5). On voit qu’ils consti-tuent moins d’un tiers de la surface to-tale (29,6%). La forêt de chênes verts sur dépôts alluviaux (habitats d’intérêt com-munautaire) domine largement et repré-sente plus d’un tiers de la surface totale.

La figure 5 présente les principaux habi-tats impactés par les zones de nourris-sage ainsi que leur surface relative. Au total, 21 types d’habitats différents sont utilisés comme zone de nourrissage. Certains d’entre eux sont largement plus utilisés, c’est le cas des bancs de graviers des cours d’eau qui représentent presque la moitié de la surface totale de zones de nourrissage. Les formations riveraines de saules, les forêts galeries de saule blanc Salix alba et peuplier noir Populus nigra et les zones rudérales sont également for-tement touchées (surface >5%). Les trois habitats les plus fréquentés par le castor en termes de ressource alimentaire sont des habitats d’intérêt communautaire.

Figure 4 : présents le long du cours d’eau

Figure 6 : présents sur les berges où il y a absence d’indice de présence

Surface relative (%) des différents types d’habitats

Figure 5 : touchés par les zones de gagnage

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29 %Lampourde d'Italie(Xanthium orientale subs.italicum)

25 %Ambroise(Ambrosia artemisiifolia)

24 %Saules(salix sp.)

23 %Peuplier noir(Populus nigra)

14 %Orme champêtre(Ulmus minor)

14 %Armoise de Chine(Artemisia verlotiorum)

4 %Frêne(Fraxinus sp.)

2 %Renouée persicaire(Persicaria mculasa)

2 %Renouée du Japon(Reynoutria japonica)

2 %Robinier faux-acacia(Robinia pseudoacacia)

2 %Chénopode blanc(Chenopodium album)

2 %Lysimaque commune(Lysimachia vulgaris)

2 %Grande ortie(Urtica dioica)

2 %Cornouillers(Cornus sp.)

La figure 6 montre la proportion des ha-bitats présents sur les zones où aucun indice n’a été observé lors des prospec-tions. Ces zones, qui ne semblent pas être utilisées par le castor pour son alimenta-tion, sont dominées par l’habitat de type « forêts de chênes verts sur dépôts allu-viaux ». Il est important de relever qu’une part importante de ces zones (23,1%) est constituée des habitats qui semblent être favorables à l’alimentation du Castor (>5% sur la fig.2 et représentés en gras).

Période estivale (juin – juillet)

Au total, 150 indices de présence ont été récoltés. La figure 7 présente ces don-nées triées par type d’indice. Les réfec-toires sont représentés par un point plus gros que les herbacées et branches cou-pées (HC) car ils constituent par définition un ensemble d’indices de type HC. La ré-partition des indices n’est pas homogène le long du cours d’eau car la plupart sont regroupés, formant des zones de forte abondance d’indices et laissant des zones vides d’indice.

La figure 8 illustre la diversité des taxons observés parmi les indices de présence. Ces derniers sont composés générale-ment de plusieurs taxons différents, ce qui explique un total supérieur à 100%. Au total, 14 espèces végétales différentes ont été consommées avec une forte do-minance de la Lampourde, de l’Ambroi-sie, des Saules et du Peuplier noir.

Figure 7 : Répartition des indices de présence de Castor fiber en été sur l’ENS des gorges de l’Ardèche

Figure 8 : Diversité des taxons observés parmi les indices de présence

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La figure 9 représente l’ensemble des indices d’alimentation récoltés en hiver (en noir), les réfectoires observés en hi-ver (vert) et ceux observés en été (rouge). On peut donc comparer d’une part les réfectoires selon la saison, mais aussi les indices d’alimentation en hiver avec les réfectoires d’été. Il y a beaucoup de simi-larité dans la répartition des indices se-lon la saison mais on observe néanmoins un léger décalage de certaines zones d’alimentation.

Pièges photographiques

Ils ont été positionnés sur les 4 types d’indices sélectionnés pendant une pé-riode de 15 jours, mais deux seulement semblent favorables à la pose d’appareils photographiques. Les «gîtes» et les « bois coupés» n’ont apporté aucune photogra-phie d’individus, mais il est possible que nous les ayons pas laissés suffisamment longtemps pour détecter des individus.

De nouveaux tests permettraient de s’en assurer. Les appareils installés sur les indices de types «castoréum» et «ré-fectoire» ont donné de bons résultats. Il semble qu’il y ait un passage fréquent de plusieurs individus sur ces types d’in-dices. Les données collectées sur un ré-fectoire à proximité du bivouac de Gaud ont permis d’établir une chronologie de l’activité des castors qui illustre très clai-rement les mœurs crépusculaires et noc-turnes de l’espèce (figure 10). Le territoire est partagé par les familles de castors et les touristes (figures 11 et 12).

DISCUSSION

L’inventaire hivernal (février – avril)

Délimitation des territoires

Bien que l’ensemble de la zone d’étude ait été prospectée, des indices de présence ont pu ne pas être détectés. Il est plus probable que cela concerne des indices

Figure 9 : Comparaison de la répartition des indices de présence de Castor fiber en été et hiver sur l’ENS des gorges de l’Ardèche

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ponctuels, sur des zones de faible activité, qu’un ensemble d’indices sur des zones de forte activité. Ceci a un impact limité sur l’étude dans la mesure où nous nous intéressons à l’utilisation actuelle et régu-lière du territoire par les castors, caracté-risée par des zones d’intense activité.

Grâce à l’inventaire hivernal, les données récoltées fournissent une image de la ré-partition des individus sur le territoire. En superposant les trois types de zones d’ac-tivité, il a été possible d’interpréter et de délimiter des secteurs longs de plusieurs kilomètres, utilisés par les cellules fami-liales. Sur la figure 2, 12 territoires de cas-tors ont été délimités (en rouge). Sur les figures 1 et 2, on voit que la répartition des indices de présence n’est pas homogène le long du cours d’eau, avec un nombre de zones de nourrissage et de castoréums plus élevé en amont des Gorges. Ce qui était déjà le cas au début des années 2000 (Richard, op.cit.). La morphologie des berges peut expliquer ces différences car la ripisylve est plus large et plus dense en amont, offrant une ressource trophique plus élevée. Cette attractivité de la res-source alimentaire pouvant entraîner une compétition intra-spécifique plus forte et un marquage territorial plus intense. Ceci rend difficile la délimitation des territoires dans ces zones puisqu’il y a une présence quasi-continue d’indices. De plus, le com-portement troglodyte de cette popula-tion de castor d’Eurasie (Erôme op.cit.), caractéristique des Gorges, rend les gîtes très peu détectables. Leur absence n’a

Figure 10 : Chronologie de l’activité des castors par tranche horaire (Nb total de photos par tranche horaire pendant 15 jours) Bivouac de Gaud juin 2014

Figure 12 : Castors sur le réfectoire au cours de la nuit

Figure 11 : Touristes en pause sur le réfectoire en cours de journée

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donc pas été interprétée comme une absence de territoire. Les individus er-ratiques peuvent également constituer un biais, mais la carte d’intensité d’acti-vité permet d’exclure en partie ces indi-vidus dans notre interprétation puisque ces derniers, non implantés, ne laissent pas beaucoup d’indices de présence (Rigaux, op cit. ). Les données récoltées ici ne constituent qu’un état initial repré-senté par une image de la distribution en période hivernale. Cependant les limites de territoires peuvent évoluer au cours du temps. Larnac (2013) explique que les castors marquent et défendent leur terri-toire avec des dépôts de castoréums de façon graduelle, rendant les limites dif-fuses et malléables dans le temps. Cette étude permet de déterminer la réparti-tion globale de la population sur la zone d’étude.

Estimation de l’effectif

Dans la littérature, il existe plusieurs manières d’estimer le nombre moyen d’individus par cellule familiale (Rigaux, op.cit. ; Aubin et Bastelica, 2012 ; Mergey, 2008). Une cellule est composée en géné-ral d’une famille de 3 à 6 individus, mais peut n’être formée que de deux adultes en cas d’absence de reproduction, voire même d’un seul individu (Larnac op.cit.). On considérera ici une moyenne de 4,5 individus (entre 3 et 6 individus) par foyer, valeur la plus fréquemment utilisée dans la bibliographie. Cette valeur fournit une estimation de 54 individus sur le site d’étude. Cette première estimation peut être considérée comme un effectif initial de la population de castor des gorges de l’Ardèche, information comparable dans le temps.

Espèces consommées en hiver

Les résultats des préférences alimen-taires correspondent à ceux observés par Erome (op.cit.) sur la Vallée du Rhône qui remarque que le castor a un régime

alimentaire restreint en hiver et qu’il consomme essentiellement des salica-cées. Cependant, la consommation fré-quente d’orme champêtre Ulmus minor (17%) observée ici n’est pas citée dans son étude qui s’étend pourtant sur 385 km et dans une région proche de la nôtre. Dans son étude, Erôme (1983) constate par exemple que le robinier faux-acacia Robinia pseudoacacia et l’érable negundo Acer negundo sont totalement délaissés par le castor, ce que nous avons égale-ment constaté. Il conviendrait de mettre en œuvre un protocole d’échantillonnage pour déterminer la proportion de cette essence dans son régime alimentaire. Le caractère sténophage du castor en hiver peut être mis en lien avec la probléma-tique d’espèces exotiques envahissantes, qui peuvent représenter une menace pour la pérennisation de la population. En effet, c’est la disponibilité alimentaire résiduelle durant la période hivernale qui conditionne les possibilités réelles d’occu-pation d’un secteur (Erôme, 1983).

Utilisation des différents types d’habitats

La surface totale des zones de nourris-sage ne représente que 10 % de la surface totale étudiée. Quatre constats peuvent être fait en observant les données:

▶ la forêt de chênes verts sur dépôts alluviaux est l’habitat prépondérant sur la zone étudiée cependant elle n’est pas ou peu utilisée comme zone d’alimenta-tion (figure 4 et 6).

▶ les bancs de graviers des cours d’eau et les forêts galeries de saule blanc Salix alba et peuplier noir Populus nigra constituent une part non négligeable de la surface totale étudiée (23,1% de la figure 4) et sont très utilisés pour l’ali-mentation (52,9% de la figure 5).

▶ néanmoins les quatre types d’habi-tats majoritairement utilisés pour l’ali-mentation (bancs de graviers des cours

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d’eau 44,1 %, formations riveraines de saules 15,5  %, forêts galeries de saule blanc Salix alba et peuplier noir Populus nigra 8,8  % et zones rudérales 5,5  %), sont globalement peu présents sur la surface totale (seulement 30 % au total).

▶ les habitats favorables aux zones de nourrissage (>5%, figure. 5) où il y a ab-sence d’indices de présence sont pré-sents à 23,1%.

On peut en déduire, en première hypo-thèse, que ce n’est pas la proportion d’habitats disponibles qui détermine les zones de nourrissage. En revanche, on peut supposer que la disponibilité des essences appétentes joue un rôle dans le choix des habitats impactés. Les habitats du code CORINE sont généralement défi-nis par les espèces végétales dominantes et le substrat. Il est donc fort probable que le castor trouve ses essences préfé-rées dans plusieurs types d’habitats.

La seconde hypothèse est que l’accessi-bilité à la berge influence aussi le choix des zones de nourrissage et que cer-tains habitats, favorables à l’alimenta-tion, soient simplement difficiles d’accès. Cette dernière supposition est une piste de réflexion intéressante au vu de la mor-phologie particulière de certaine por-tion de berge du canyon des Gorges de l’Ardèche.

Les prospections estivales

Sur la figure 9, il est intéressant de consta-ter que certaines zones sont totalement délaissées des castors, du moins pour l’alimentation. Les zones concernées sont généralement des dalles qui rendent dif-ficile l’accès aux rives. L’intérêt principal de cette cartographie est un état initial standardisé de la répartition estivale des indices. Celui - ci peut ainsi servir de réfé-rence à la mise en place d’un suivi. Cette carte de référence permettra d’observer l’évolution spatio –temporelle de cette répartition..

Espèces consommées en été

Les résultats concernant les préférences alimentaires correspondent aux infor-mations disponibles dans la littérature (Erome, op.cit.  ; Richard, op.cit.). En effet, les individus des Gorges élargissent leur spectre d’espèces végétales et consom-ment des herbacées en plus des espèces arbustives habituelles. L’analyse n’est pas aussi fine que celle faite en hiver. En ef-fet, nous n’avons noté que le nombre de fois où l’essence est observée parmi tous les indices récoltés. Un réfectoire est constitué d’un amas de branches et d’herbacées, souvent d’espèces végétales différentes. Ceci nous donne néanmoins des informations intéressantes puisque l’on voit que la Lampourde d’Italie et l’Ambroisie à feuille d’armoise sont les plantes les plus souvent présentes dans les indices récoltés. Ces deux espèces, in-troduites en France au XIXème siècle sont considérées comme exotiques envahis-santes. Elles constituent une part impor-tante du régime alimentaire du castor d’Eurasie dans les gorges de l’Ardèche et il serait intéressant de déterminer l’im-pact du castor sur la colonisation locale de ces deux espèces. D’après les résultats obtenus, ces deux espèces ne semblent pas constituer une menace pour la popu-lation de castors. Nous avons également trouvé quelques branches de Robinier faux-accacia coupées ponctuellement. Aucune trace de nutrition n’a néanmoins été observée sur ces branches et on peut supposer que le Castor utilise parfois des espèces végétales peu appétentes pour fermer les entrées exondées de son ter-rier (évent).

Comparaison de la répartition des in-dices d’alimentation entre été et hiver

Cette comparaison est intéressante mais les résultats observés ici doivent être considérés avec précaution. D’une part, la méthode de prospection utilisée n’est pas la même pour les deux sessions «  été  »

Inventaire et répartition de la population du castor d’Eurasie (Castor fiber) dans l’Espace Naturel Sensible des Gorges de l’Ardèche

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(canoë) et «  hiver  » (marche). D’autre part, l’effort de terrain varie également puisque dans la session «  hiver  », tous les types d’indice étaient recherchés sur une surface élevée (70 mètres à partir du centre de la rivière), tandis que la session « été » se consacrait uniquement sur une recherche des indices de type «  réfec-toires » et « herbacées et branches cou-pées  » présents dans l’eau au bord des berges. Néanmoins, on voit que la plu-part des indices se trouvent dans des zones similaires en été et en hiver. On note également que certains indices d’été font le lien entre deux territoires et que les plages très fréquentées en période estivale (bivouacs, plages d’arrêts des ca-noës…), sont utilisées par le castor.

Pour expliquer cela, plusieurs hypothèses peuvent être émises :

▶ les zones de réfectoires restent simi-laires car le castor continue de s’alimen-ter de salicacées et de peupliers dans les zones favorables à leur présence,

▶ d’autres indices se trouvent dans de nouvelles zones et ceci peut-être dû à la dispersion des sub-adultes mais également au fait que les herbacées, qui constituent la principale ressource trophique en été, se répartissent dans des milieux différents des espèces li-gneuses consommées en hiver. La plu-part des herbacées consommées se trouvent sur les bancs de graviers des cours d’eau et les fourrés alluviaux mélangés.

Il paraît donc difficile d’utiliser ces don-nées pour affiner la délimitation des ter-ritoires mais elles sont en revanche utiles pour mettre en place une « veille » de la population via le protocole utilisé ici en période estivale.

CONCLUSION

Cette étude rend compte du bon état de conservation de la population de castors

et permet de mieux comprendre sa répar-tition dans l’ENS des gorges de l’Ardèche.

L’espèce présente des préférences en termes d’utilisation d’habitats et d’es-pèces végétales consommées (hiver comme été). La physionomie des berges, caractéristique des Gorges, influe très probablement à la fois sur la quantité de nourriture disponible (ripisylve étroite) et sur la difficulté d’accès aux berges. Ceci explique ainsi qu’une partie de ces habi-tats préférentiels ne soit pas totalement exploitée par le castor. Plusieurs espèces exotiques envahissantes non consom-mées par le castor sont implantées dans les habitats favorables à son alimenta-tion. Ces espèces sont par ailleurs suivi de près par le SGGA, qui a engagé depuis plusieurs années un programme d’inven-taire et de lutte contre les espèces exo-tiques et envahissantes sur le territoire de l’ENS des Gorges de l’Ardèche (Nalin 2011). Il est donc important de poursuive ces efforts engagés concernant cette pro-blématique qui constitue un danger .

Le castor utilise les plages, même les plus fréquentées par les touristes, comme zones de nourrissage. Les mœurs cré-pusculaires et nocturnes de l’espèce lui permettent de s’adapter à cette fré-quentation humaine. Celle-ci est concen-trée ponctuellement en journée sur ces plages. Toutefois il serait intéressant de vérifier si cette fréquentation a un impact sur les ressources alimentaires du castor.

L’installation des cellules familiales dans les Gorges de l’Ardèche semble être pé-renne. Douze territoires (= famille) ont été estimés, soit environ 54 individus constituant ainsi un état de référence jusqu’alors non étalit. Historiquement, le castor a toujours été présent dans la zone même suite au déclin national (Rouland op.cit.). Au vu de la pérennité et de la dy-namique de la population de castors des Gorges de l’Ardèche, similaire à l’évolu-tion nationale de l’espèce (Dubrulle et Catusse, op. cit), le protocole d’inventaire

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hivernal sera renouvelé tous les 10 ans. Ce pas de temps paraît être acceptable d’un point de vue scientifique et technique par le gestionnaire. Il est également envisagé de poursuivre annuellement le protocole de suivi estival en guise de « veille écolo-gique» de la population.

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Inventaire et répartition de la population du castor d’Eurasie (Castor fiber) dans l’Espace Naturel Sensible des Gorges de l’Ardèche

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LES MURINÉS DE LA RÉGION RHÔNE-ALPES : ÉTAT DES CONNAISSANCES

1. [email protected]

Charles FAUGIER†

Francisque BULLIFFON, chargé d’étude faune, LPO Coordination Rhône-Alpes1

RÉSUMÉLa région Rhône-Alpes accueille toutes les espèces de murinés de France métropoli-taine soit huit espèces. Cet article fait l’état des connaissances sur ce groupe d’espèces.

Deux espèces, le surmulot Rattus norvegi-cus et le mulot sylvestre Apodemus sylva-ticus sont présents dans leurs milieux sur l’ensemble de la région étudiée, ce qui n’est pas le cas du rat noir Rattus rattus, de la souris à queue courte Mus spretus, du rat des moissons Micromys minutus, du mulot à collier Apodemus flavicolis et surtout du mulot alpestre Apodemus alpicola présent seulement en Isère, Savoie et Haute-Savoie. La souris domestique Mus musculus do-mesticus quant à elle pose question, histo-riquement bien présente dans la région, il est plus difficile d’évaluer l’état actuel des populations.

ABSTRACTThe Rhône-Alpes region contains all main-land France’s murinae, i.e. 8 species. This article relates our current knowledge of this group of species.

Two species, the Common rat, Rattus nor-vegicus, and the Wood mouse, Apodemus sylvaticus, are present in all the favour-able habitats of the region under study. This is not the case of the Ship rat, Rattus rattus, the Algerian mouse, Mus spretus, the Harvest mouse, Micromys minutus, the Yellow-necked mouse, Apodemus fla-vicollis, and especially the Alpine wood mouse, Apodemus alpicola,which is only present in the Isère, Savoie and Haute-Savoie departments.The House mouse, Mus musculus domesticus, raises some questions. Historically, it has been pre-sent in the region in good numbers, but it is difficult to evaluate its current status.

Figure 1 : Mulot à collier © C. Maliverney

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INTRODUCTION

Tous les murinés (sous famille des mu-ridés) de la France métropolitaine sont représentés en Rhône-Alpes  : le rat noir Rattus rattus, le surmulot Rattus norvegi-cus, le mulot sylvestre Apodemus sylvati-cus, le mulot à collier Apodemus flavicolis, le mulot alpestre Apodemus alpicola, la souris domestique Mus musculus domes-ticus, la souris à queue courte Mus spretus et le rat des Moissons Micromys minutus. A l’instar de toutes les espèces de micro-mammifères, les connaissances sont très parcellaires. L’objectif de cet article est d’en faire l’état régional.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Comme pour la plupart des données de micromammifères, les observations des murinés de Rhône-Alpes ont été réalisées principalement par les observations d’ani-maux morts ou de restes (analyse des crânes en provenance de pelotes de re-jection de rapaces, cadavres trouvés dans des bouteilles abandonnées, prédation par les chats…). Quelques observations se rapportent à du piégeage réalisé dans un but d’inventaire. Les difficultés d’iden-tification font que seuls le rat noir, le sur-mulot et le rat des moissons peuvent être identifiés sans capture.

Bien que la bibliographie concernant les murinés de Rhône-Alpes ne soit pas très abondante elle a cependant contribué à apporter de nombreuses données rela-tivement récentes. L’état des connais-sances établi ci-après a été réalisé sur la base des données bibliographiques, ainsi que grâce aux données collectées dans les bases de données des huit LPO de Rhône-Alpes (Ligue pour la Protection des Oiseaux).

RÉSULTATS

Pour chacune des espèces, une carte de répartition est présentée à l’échelle de

mailles de 10 kilomètres par 10. Seuls les éléments apportant des informa-tions complémentaires aux cartes sont mentionnées.

Genre Rattus (Fischer, 1803)

Le rat noirRattus rattus Linné, 1758

La répartition du rat noir couvre le Pakistan, l’Inde, la Birmanie, l’Indochine, le sud de la Chine et le Japon. Au moyen-âge sa répartition est fragmentée par le désert. Plus à l’ouest, il est particulière-ment répandu dans tout le bassin mé-diterranéen où vivent des populations commensales. Ses effectifs ont forte-ment décliné en Europe septentrionale et sa distribution s’est réduite au siècle dernier. Il a disparu de la péninsule scan-dinave et de la Finlande. Dans les îles Britaniques sa présence est limitée à quelques ports et deux îles (Twigg 1992, Symes et Yalden 2002). Aux Pays-Bas, au bord de l’extinction à la fin des années 1960, il semble se rétablir à la faveur des porcheries modernes. Un semblable re-tour est noté dans l’est de l’Allemagne (Amori et Cristaldi, Mielke 2002)

Bien que présent dans toute la France, sa répartition était déjà clairesemée au 19ème siècle dans la moitié nord (Saint Girons, 1984) notamment en Normandie,

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en Lorraine et en Alsace. Actuellement le rat noir n’est abondant avec des effectifs stables que sur le pourtour méditerra-néen et en Corse où les populations non commensales atteignent 1000 mètres d’altitude (Cheylan, 1988).

Le rat noir est un habitant des milieux secs et tempérés. Il s’établit dans les combles, les greniers, les granges. Dans la région méditerranéenne il vit à l’exté-rieur, sans lien avec les habitations où il peut être refoulé par le surmulot. Il est alors essentiellement lié aux matorrais, vergers et zones forestières feuillues, en particulier celles à chêne vert.

En Rhône-Alpes le rat noir est d’une façon générale en nette régression étant là aus-si refoulé par le surmulot beaucoup plus corpulent et en pleine expension depuis de nombreuses années.

Cette espèce est notée ponctuellement dans toute la région, à de faibles altitudes (plaine et vallée).

Le surmulotRattus norvegicus Berkenhout, 1769

D’origine asiatique provenant de régions plus froides (Mongolie), il n’est apparu en Europe qu’au début du 18ème siècle. Par des transports maritimes, il a été intro-duit sur tous les continents. Actuellement, la répartition du surmulot couvre prati-quement la terre entière à l’exception de

l’extrême nord du Canada, de l’Alaska et de la Sibérie. Il couvre l’ensemble de la France métropolitaine.

Vivant en famille, les populations les plus importantes sont urbaines. Le surmu-lot habite les égouts, les vieilles canalisa-tions, les caves, les dépotoirs. Ayant un fort pouvoir d’adaptation, il peuple égale-ment les campagnes recherchant particu-lièrement les bords des rivières.

Moins répandu de nos jours, surtout en milieu urbain, ce gros muriné est présent sur l’ensemble de la region Rhône-Alpes.

Genre Apodemus Kaup, 1829

Le mulot sylvestreApodemus sylvaticus Linné, 1758

Le mulot sylvestre occupe une vaste aire de répartition qui s’étend des îles bri-tanniques à Novosibirsk et du sud de la Scandinavie à l’Afrique du Nord, englo-bant les îles mediterranéennes. Il occupe la Turquie et une partie du Moyen-Orient (absent en Israël) et s’étend à l’est jusqu’à l’Himalaya. Il est absent de la Finlande et du Kazakstan.

On trouve le mulot sylvestre surtout dans les milieux boisés mais aussi dans les bosquets et les haies en bordure des fo-rêts, les terrains vagues, parcs, jardins. Il pénètre parfois dans les maisons en pé-riode hivernale.

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Cette espèce est présente dans la plupart des milieux boisés de la région. Le facteur limitant sa répartition semble être l’alti-tude où il est remplacé par le mulot à col-lier et le mulot alpestre.

Le mulot à collierApodemus flavicolis Melchior, 1834

Le mulot à collier occupe toute l’Europe centrale avec deux populations isolées à l’ouest, localisées au sud de la Grande-Bretagne et dans le nord de la péninsule ibérique. L’Italie et les Balkans ne sont que partiellement colonisés. A l’est sa dis-tribution s’étend vers le sud de la Turquie jusquà Israêl.

Le mulot à collier habite les forêts de type futaie, le long des ruisseaux forestiers riches en sous-bois. Il est présent plus ra-rement dans les milieux semi-ouverts.

Dans l’Ain, il a été capturé à Izieu, Champfromier (Crêts du Jura), Peyrieu, Glandieu. Il occuperait tout le massif du Jura méridional, trouvé en Bresse, à Bourg-en-Bresse, à Ceyzerieux, Saint Didier-sur-Chalaronne, Saint Etienne-sur-Chalaronne, Saint Didier sur Chalaronne en Dombes.

En Ardèche, le mulot à collier est présent sur presque l’ensemble du département, cependant il n’a pas été observé à l’ex-trême nord faute de prospection.

Dans la Drôme, le mulot à collier est présent en Vercors à Bouvante, Plan de Baix mais aussi dans le sud ouest du département à Dieulefit, Colonzelles, au nord de Crest à Beaufort sur Gervane et dans le Tricastin à Suze-la-Rousse (Etang de saint Louis).

Il semble présent sur l’ensemble de l’Isère à l’exception de l’extrême sud-est.

Il est présent dans la majeure partie de la Loire avec toutefois très peu de données. De vastes secteurs où il doit être présent manque cruellement de données, notam-ment dans les Monts du Forez.

Dans le Rhône, la première mention re-monte à 40 ans à Saint-Didier-sur-Beaujeu (Saint Girons 1966). Il a depuis été capturé ou identifié dans les pelotes de rejection provenant des monts du Beaujolais et des monts du Lyonnais  : Monsols, Joux, crêts de Lachassagne, chaine de l’Yzeron, Brevenne amont, Pollionnay et Saint-Martin-en Haut (Ariagno comm. pers). Il a également été identifié à basse alti-tude : secteur Messimy/Chaponost, Lyon, marais de l’Ozon, Rhone-aval.

En Savoie il est signalé en Tarentaise, en Rhône-Bourget, à Albens, à Bourgneuf, à Val d’Isère, à Bonneval et à Bessan. D’une façon générale il a été observé à une al-titude supérieure au mulot sylvestre. Observé également au nord et nord-ouest de la Savoie à Les Molettes et La Theule.

En Haute-Savoie, le mulot à collier est pré-sent en haute vallée de Giffre (Samoens, Mieussy, Taninges) (Desmet, 1990) , dans le massif des Bauges à Leschaux, dans la vallée de Chamonix au Mont d’Arbois, au pays de Fillière à Thorens, Groisy et Glières. Au massif des Aravis à Marlens, les Cléfs. Il a été également observé à l’Ouest, et Centre-Est du département.

Moins présent que le mulot sylvestre, cette espèce est tout de même bien re-présentée en Rhône-Alpes mais avec de fortes variations de densité.

Les Murinés de la région Rhône-Alpes : état des connaissances

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Le mulot alpestreApodemus alpicola Heinrich, 1952

Considéré autrefois comme une sous espèce de mulot à collier, le mulot alpestre est signalé exclusivement en Autriche du sud, au sud de l’Allemagne, au Liechtenstein, en Suisse et au nord de l’Italie. En France l’espèce se trouve à la limite extrême ouest de l’aire de réparti-tion (H.Le Louarn, Quéré.J.P. 2003).

On le trouve essentiellement en forêt d’altitude, de 500 à 2100 mètres (Storch 1999, Spitzenberger 2002).

En Isère, le mulot alpestre a été obser-vé au sud-est du département à Venosc dans l’Oisan dans la vallée du Vénéon (Massif des Ecrins).

En Savoie, ce muridé a été observé en 2000 en Vanoise à Tignes (Haute vallée de la Tarentaise) et dans la réserve natu-relle de la Grande Sassière (Yoccoz, 1992, Bouches et al 2004).

Une donnée pour la Haute-Savoie à Groisy au nord du lac d’Annecy.

Les connaissances sur cette espèce restent sporadiques et ne nous per-mettent pas de bien définir sa répartition rhônalpine.

Genre Mus Linné, 1758

La souris domestiqueMus musculus domesticus Linné, 1758

La carte ci-dessus englobe les données de souris domestique Mus musculus domesticus et de souris grise orientale Mus musculus musculus.

La souris domestique est présente dans le monde entier à l’exception du nord du Groenland. Par ses proches relations avec l’homme elle occupe depuis plu-sieurs siècles l’ouest et le sud de l’Europe, l’Asie depuis la Turquie jusqu’à l’Himalaya et l’Afrique du nord. Plus récement elle a colonisé l’Amérique du nord, l’Amérique du sud, l’Afrique au sud du Sahara, le nord de l’Australie et de nombreuses îles.

En Europe sa répartition est limitée à l’ouest et au sud d’une ligne reliant le Danemark (Jütland) à la Bulgarie. Elle est également présente dans les îles méditer-ranéennes, britaniques et Féroé.

En France la souris domestique est pré-sente sur l’ensemble du territoire y com-pris la Corse et sur de nombreuses petites îles méditerranéennes et atlantiques. Elle est strictement commensale en hiver, sauf sur le pourtour méditerranéen où certaines populations ne sont pas inféo-dées aux constructions humaines.

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Les milieux steppiques constituent l’habi-tat d’origine de l’espèce. Les populations vivent toute l’année dans les habitations surtout en milieu urbain, mais dans la nature elle vit de préférence dans les friches, cultures irriguées, la garrigue n’est occupée qu’à proximité des habitations.

D’une manière générale, la souris domestique devrait couvrir l’ensemble de la région Rhône-Alpes, mais le manque de données recentes nous empêche de l’af-firmer. Les observations de cette espèce fortement inféodée à l’urbanisation sont en baisse. La tendance au modernisme et à la restauration d’anciennes maisons ne favorise pas son maintien.

De plus, l’espèce étant considérée comme «commune», elle est laissée de côté par les naturalistes. Beaucoup de données de captures et mortalité sont transmises.

La souris à queue courteMus spretus Lataste, 1883

La distribution de la souris à queue courte s’étend à l’Afrique du nord (Maroc, Algérie mais surtout Tunisie), l’Espagne, Iles Baléares, Mallorca, Minorca et Ibiza, le Portugal.

En France elle n’occupe que le sud de Midi-Pyrénées (Haute-Garonne, Ariège), le Languedoc-Roussillon (Pyrénées

orientales, Aude, Herault, Gard), la Provence Côte d’Azur (Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Var et Alpes de Haute-Provence).

La souris à queue courte vit dans les lieux secs, les garrigues, les forêts claires, les vergers et les cultures bordées de murets de pierres sèches. Elle ne fréquente jamais les zones urbaines. On peut la ren-contrer dans les habitations rurales iso-lées parfois en cohabitation avec la souris domestique.

Dans la région Rhône-Alpes à ce jour, elle n’occupe que les départements de la Loire (avec deux données), l’Ardèche et la Drôme.

En Ardèche, la souris à queue courte est surtout localisée au sud des Cévennes sur 12 communes, au nord des Cévenne à Aubenas et Prades, en Basse-Ardèche à Lagorce, Bidon, Alissas, et Saint Lager-Bressac et près de la vallée du Rhône à Baix

Dans la Drôme, la souris à queue courte a été observée au Sud-Ouest du dépar-tement à Grignan et à Colonzelles (deux communes très raprochées), dans le Tricastin à Suze-la-Rousse (Etang de Saint Louis).

Dans la Loire, deux données de cette souris dans les gorges de la Loire à Saint Just Saint Rambert ( G.Allemand, comm. pers).

L’espèce est surtout présente à l’extrême sud de la région, quelques données ont pu être rapportées dans la moitié nord plus ponctuellement. L’espèce semble être inféodée à un climat sec, de type méditéranéen.

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Genre Micromys Dehne, 1841

Le rat des MoissonsMicromys minutus Pallas, 1771

L’aire de répartition du rat des moissons est vaste. Elle occupe l’ensemble des régions tempérées de la zone paléartique et du Japon. En Europe cette espèce est absente de l’Irlande, de l’Ecosse, de la Norvège, de l’Espagne du sud, de l’Italie du sud, de la Grèce et de la Corse.

Le rat des moissons occupe les prairies denses et humides où la végétation dépasse 50 cm, les endroits marécageux, les rives des cours d’eau ainsi que les ro-selières, les marais. Les clairières, les li-sières et les champs de céréales sont des milieux secondaires.

Dans l’Ain, il est commun en Dombes (Ariagno, 1976) car lié aux nombreuses ro-selières des étangs de cette zone, présent donc à Sainte Olive, Saint Paul-de-Varax, Birieux, Ceyzerie à Saint Etienne-sur-Chalaronne, Pérouges, Lapeyrouse, le Plantay, Romans, Rancé, dans la partie orientale du département à Collonges (Gex-Léman), Saint Germain de Joux, dans le marais de Lavours (Darinot & Favier, 2014),en Bresse à Vescours, Confrancon, Boissey, Polliat (Fayard, 1979), dans le Bugey à Lantenay et au bord du Rhône à Neyron.

Très rares observations en Ardèche si ce n’est trois en Cévénnes à Beaulieu, Aubenas et Ucel, une en Boutières à Vernoux-en-Vivarais, une au bord du Rhône à Baix (Faugier, 2007) et une en Montagne en altitude à Mars. Ces don-nées ne figurent pas toutes sur la carte.

Dans la Drôme, le rat des moissons a été trouvé au bord de l’Isère à Romans, au bord de la Drôme à Grâne, dans la plaine de Valence à Chabeuil, dans le Tricastin à Grignan, Rochegude, au nord du départe-ment à Marsaz.

En Isère, il était abondant au Grésivaudan et Bas-Dauphiné (Ariagno, 1976) , trouvé dans des pelotes de rejection de rapaces dans deux localités du nord Isère (Brunet Lecomte,1993) : au sud ouest du Vercors et en Vercors (Monteynard). Présent non loin de la vallée du Rhône au nord du département. De nos jours il est surtout connu au nord d’une ligne Romans-sur-Isère, Allevard-les-Bains.

Dans la Loire, il serait présent sur l’en-semble du département (Aulagnier, 1983). Les données des quinze dernières années l’indique principalement sur presque l’ensemble du département sauf les Monts du Pilat et quasiment tout le périmètre des Monts du Forez.

Dans le Rhône, il serait également présent sur l’ensemble du département (Ariagno, 1981).

En Savoie, il est présent en moyenne al-titude dans l’ouest du département en Rhône-Bourget (Chindrieux), dans les ro-selières du lac du Bourget, dans les Monts du Chat (la Bridoire), en Grésivaudan (Notre-Dame-des Millières), les Marches, en Basse Maurienne (Argentières) à Clarafond (Fier-Rumilly) (Fayard,1979).

En Haute-Savoie, quelques observations à l’est et à l’extrême nord du département près du lac Léman.

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En Rhône-Alpes, le rat des moissons semble être présent surtout aux abords de milieux aquatiques, surement en pré-sence de roselières, mais aussi dans les grandes cultures de graminées.

CONCLUSION

Les naturalistes qui étudient les mi-cromammifères (insectivores et ron-geurs) ne sont pas très nombreux en Rhône-Alpes, cela explique le peu de données (surtout pour les espèces cou-rantes) comparées aux autres mammi-fères. Cet état de fait est particulièrement visible pour certaines espèces comme le surmulot, la souris domestique et le mu-lot sylvestre qui doivent être présent sur l’ensemble du territoire mais qui ne sont que rarement signalées, alors que des espèces plus diffices à observer comme le rat des moissons couvrent une assez grande partie de quelques départements (Rhône-Loire).

Dans le cadre de l’élaboration de l’atlas des mammifères de Rhône-Alpes, des prospections orientées sur ce groupe d’espèces devront être conduites pour combler les lacunes de connaissance.

REMERCIEMENTS

Les auteurs tiennent à remercier  : Guillaume Allemand, Daniel Ariagno, Alain Ladet, les LPO : Ain, Ardèche, Drôme, Isère, Loire, Rhône, Savoie et Haute-Savoie, Roger Mathieu, Jean-François Noblet, Hervé Penel et Manuel Ruedi.

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PROJET D’ATLAS DES MAMMIFÈRES SAUVAGES DE RHÔNE-ALPES : C’EST PARTI !

Francisque BULLIFFON, chargé d’étude faune, LPO Coordination Rhône-Alpes1

Rémi BOGEY, chargé de mission Biodiversité, Union Régionale FRAPNA2

RÉSUMÉEn Rhône-Alpes, le dernier état régional des connaissances sur les mammifères date de 1977. La LPO et la FRAPNA ont décidé de réaliser un nouvel atlas régional sur les mammifères sauvages. Un premier état des connaissances disponibles a été réalisé, il est présenté sous forme de cartes. Il met en avant de fortes disparités dans la couver-ture de prospection et cible d’ores et déjà les secteurs méconnus. Un week-end de travail et d’échanges a eu lieu au cours de l’automne 2014. Ce travail va nécessiter la mobilisation du plus grand nombre de natu-ralistes et différentes activités seront propo-sées autour de l’atlas.

Rendez-vous sur www.frapna.org et rhone-alpes.lpo.fr pour suivre le projet

ABSTRACTThe last mammals inventory of Rhone-Alpes region was published in 1977. The LPO and Rhone-Alpes protection federa-tion FRAPNA (Rhone-Alpes of nature pro-tection federation) have decided to drive together a current regional altas on wild mammals. A first inventory has already been performed, and is available as a se-ries of maps. This first dataset highlights major discrepancies between over target-ed zones and unobserved areas. A meet-ing weekend occurred in autumn 2014. This project will require the mobilization of the highest number of naturalists, and several activities will be organized around the atlas project.

Follow us on our websites www.frapna.org and www.rhone-alpes.lpo.fr

1. [email protected]. [email protected]

Figure 1 : Bouquetin © Y. Peyrard

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3. Rémi Bogey et Francisque Bulliffon sont les salariés en charge de l’animation de ce projet.

CONTEXTE

En 1984, la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères a publié un atlas des Mammifères Sauvages de France. Depuis cette parution les connais-sances ont fortement progressé et il de-venait nécessaire de refaire un état des lieux.

En 1997, la FRAPNA publiait l’atlas des mammifères sauvages de Rhône-Alpes. Cet ouvrage faisait l’état de la répartition de toutes les espèces de mammifères de la région d’après une étude bibliogra-phique et à dire d’expert. Il constitue éga-lement la dernière publication et depuis cette date, aucun état des connaissances n’a été fait sur l’ensemble des mammi-fères sauvages de la région mais il existe quelques publications traitant de certains groupes (par exemple Faugier, 2012  ; Muséum de Grenoble, 2012). Un atlas sur les chauves-souris de Rhône-Alpes a été publié en mars 2014 par le Groupe Chiroptères de la LPO Rhône-Alpes.

Le présent projet concerne donc tous les mammifères sauvages de Rhône-Alpes hormis les chauves-souris. Il est coporté par l’union régionale FRAPNA et la LPO Rhône-Alpes3. Les structures animatrices ont d’ores et déjà reçu le soutien de la Région Rhône-Alpes pour l’animation de ce projet en 2014 et 2015 ainsi que du Conseil départemental de l’Ain pour la LPO.

MISE EN ŒUVRE

Etat des connaissances et pression de prospection

Pour débuter ce projet, l’ensemble des données mammifères de la région sai-sies dans les bases de données départe-mentales ainsi que les bases d’archives a été rassemblé. Au total et en date du 3 avril 2014, ce sont 128 885 données de soixante-dix espèces réparties sur 2968 communes de la région, qui sont actuel-lement disponibles.

Figure 2 : carte du nombre d’espèces de mammifère connues par maille de 10x10 Km en Rhône-Alpes

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A titre d’exemple, la première donnée en-registrée dans la base de données date du 14 octobre 1913 sur la commune de L’Albenc (Isère).

La figure 2 illustre l’état des connaissances à cette date. On note que le nombre maximum d’espèces observées dans une maille est de 39. A titre d’information, 70 espèces sont actuellement connues.

L’effort de prospection (nombre de don-nées par maille) est représenté sur la fi-gure 3. On peut constater que les mailles en limite de région ou en montagne font l’objet de défaut de prospections.

Ce premier travail permettra d’orienter géographiquement les prospections.

La figure 4 représente le nombre de don-nées connues par département. Ainsi, ra-mené à la superficie des départements, c’est l’Isère qui a la «  densité  » la plus

élevée avec 5,5 données/km² et la Savoie la plus basse avec 0,9 données/km². La densité de données sur la région devra être plus homogène.

Actuellement la densité moyenne de données en Rhône-Alpes est d’environ 3 données/km².

Organisation des prospections

Un week-end «  mammifère sauvage de Rhône-Alpes  » a été organisé les 11 et 12 octobre 2014 dans le département de l’Ain. Il avait pour objectif de regrouper les bénévoles autour de projet et de tra-vailler à son organisation.

Les enquêtes de terrain vont démarrer en 2015 et des informations seront prochai-nement communiquées par la FRAPNA et la LPO.

Figure 3 : carte de la pression de prospection (nombre de données par maille) mammifère en Rhône-Alpes

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CONCLUSION ET PERSPECTIVES

La dynamique autour d’un nouvel atlas des mammifères de Rhône-Alpes est lancée. Ce projet fédérateur ne pourra être réalisé sans l’investissement du plus grand nombre. Nous comptons sur votre participation !

De nombreuses activités seront proposées dans le cadre de l’atlas (conférence, stage de prospection…), n’hésitez pas à participer et à solliciter les deux animateurs de ce dossier.

Le suivi en temps réel de l’avancement de ce nouvel atlas régional sera consultable sur les sites internet :

http://rhone-alpes.lpo.fr et http://www.frapna.org

Figure 4 : Répartition du nombre de données de mammifères par département

Les Murinés de la région Rhône-Alpes : état des connaissances

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Tous les articles proposés sont soumis au Comité de lecture. Le plus grand soin devra être apporté à la rédaction et à la qualité des documents fournis et accompagnant l’article. Une attention particu-lière sera portée à la communication avec les au-teurs pendant la préparation de l’édition.

Sujets des articlesCette revue traite des sujets touchant à l’étude et à la protection des vertébrés terrestres sauvages (oiseaux, mammifères, amphibiens, reptiles) et de leurs milieux, dans la région Rhône-Alpes ou en lien avec celle-ci (exemple d’une population d’oi-seaux la fréquentant à une période de l’année). Les articles les plus courts pourront être présentés sous forme de notes. La revue pourra aussi traiter de manière plus limitée d’informations d’actualité sur la LPO Rhône-Alpes et la région.

Présentation des articlesLes articles sont transmis selon un format nu-mérique de traitement de texte standard (.doc, .docx, .odt, .rtf). Les abréviations autres qu’usuelles sont à éviter et seront, si incontour-nables, détaillées lors de leur première citation dans le texte. Les articles seront accompagnés d’un résumé en français (obligatoire) et si possible de son équivalent en anglais. Ils ne présenteront de préférence pas plus de trois parties principales et chacune au plus trois sous-parties. Le plan clas-sique : « introduction, matériel et méthodes, ré-sultats, discussion, conclusion, remerciements, références bibliographiques » est proposé aux auteurs. Il est préférable de se contenter de 2 ni-veaux de titre, exceptionnellement 3.

Les règles typographiques qui prévalent sont celles du français : les signes de ponctuation simples sont suivis d’un espace, les signes de ponctuation double ou plus sont précédés et sui-vis d’un espace. Par convention, nous ne mettons aucune majuscule aux noms d’espèces.

Les références bibliographiques sont groupées à la fin du texte dans l’ordre alphabétique des noms d’auteurs, sous la forme suivante avec la source (ouvrage, revue ou titre internet) mise en italique :

Blondel J. et Isenmann P. 1991 - Guide des Oiseaux de Camargue. - Delachaux & Niestlé, Neuchâtel, Paris : 344 pp.

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UICN 2010 - IUCN Red List of Threatened Species. Version 2009.2. - www.iucnredlist.org, consulté le 22 février 2010.

Les rappels dans le texte doivent se faire ain-si : « Lustrat (1997) signale la présence de… tout comme dans la région (Blondel et Isenmann 1997, Géroudet 1957, Bernard et al. 2007) ».

Les termes en latin ou en langue étrangère doivent figurer en italique.

Taille des articlesLes articles devront être composés au maximum de 20000 caractères (espaces compris) et les notes de 7000 caractères (espaces compris).

IllustrationsLes dessins ou photographies sont à joindre se-lon un format numérique usuel (.jpg, .gif, .tif). Leur dimension devra être suffisante pour supporter une impression correcte (au moins 3 à 5 millions de pixels pour une photographie). Une photogra-phie est bienvenue pour accompagner le titre de l’article.

Les graphiques ou autres illustrations scientifiques insérés dans le texte au format word doivent obli-gatoirement être accompagnés de leur équivalent sous forme de fichiers image (.jpg ou autre) aux noms facilement identifiables. Les tableaux au for-mat word simples, insérés dans le document, sont suffisants car récupérables en l’état. Attention à leur taille, nous travaillons dans un schéma deux colonnes par page entière.

Les illustrations sont numérotées dans leur ordre d’apparition dans l’article, accompagnées d’un titre, éventuellement d’un commentaire résumé. L’auteur des photographies et une légende doit accompagner tout document concerné.

Les illustrations seront placées dans le texte infor-matique à l’endroit souhaité au niveau des titres et légendes adaptés. Elles pourront être compres-sées dans le texte de travail, mais devront être sys-tématiquement accompagnées de leur équivalent original et de bon format pour travail et impres-sion. Les supports papier ne sont pas recevables.

Épreuves et tirés à partUn document au format pdf de la présentation fi-nale de l’article, « épreuve » sera transmis à chaque auteur « principal ». Il disposera alors d’une se-maine pour retourner les corrections ultimes à traiter, sans rajout ni modification par rapport au texte initial. L’article final publié sera transmis au format pdf à chaque auteur « principal » et vaudra « tiré à part ». La distribution aux autres auteurs se fera sous sa responsabilité.

INSTRUCTIONS AUX AUTEURS

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Préface R. Julliard

Les sciences participatives K. Mathieu

Des outils de saisie et de restitution pour faciliter l’implication des citoyens J. Girard-Claudon

Les programmes sur la biodiversité des parcs et jardins K. Mathieu

Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs : un programme reconnu pour évaluer l’état de conservation de la biodiversité dite « ordinaire » K. Mathieu

Étude de l’évolution des communautés d’oiseaux en Rhône-Alpes au cours de la période 2001-2013 à partir des données STOC-EPS K. Mathieu et B. Freydt

Les Murinés de la région Rhône-Alpes : état des connaissances C. Faugier† et F. Bulliffon

Inventaire et répartition de la population du castor d’Eurasie (Castor fiber) dans l’Espace Naturel Sensible des Gorges de l’Ardèche F. Rizet, N. Bazin, C. Bascle et D. Doublet

Projet d’atlas des mammifères sauvages de Rhône-Alpes : c’est parti ! F. Bulliffon et R. Bogey

LPO Rhône-AlpesMaison Rhodanienne de l’Environnement32, rue Sainte Hélène 69002 LyonTél. 04 72 77 19 84 - [email protected] internet : http://rhone-alpes.lpo.fr