Le Choco, l'autre Colombie - Numero 3 - Juillet 09

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    DITORIALPar Olivier LAGARDE

    Les communauts afros, mtisses et indignes du Bas Atrato et du Choc engnral bnficient du soutien dONG nationales et internationales, ainsi que delEglise, afin de retourner vivre sur leurs terres dans un premier temps et surtout dyretrouver une vie digne, pacifie, et en accord avec leurs traditions.

    Protection, plaidoyer, financement de projets ou accompagnement politique sont les

    cls pour soutenir les populations en difficult, tout en pensant leur autonomie long terme, seuls les habitants du Bas Atrato devant tre matres de leur avenir.

    Cette dition dresse un panorama des diffrents acteurs qui travaillent pour cespopulations, depuis le local et la base avec ASCOBA avec un exemple de soutienconcret aux populations, jusqu linternational avec le Comit Franais en passantpar une description des activits du CINEP pour la rgion. A cela sajoute unerflexion plus personnelle sur ce thme de laccompagnement.

    Bonne lecture.

    B u l l e t i ndinformation auxd o n a t e u r s e tsympathisants duC o m i t d es o u t i e n a u xpopulations duBas Atrato.

    LE CHOC: LAUTRE COLOMBIE

    Numro3-Juille

    t2009

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    ASCOBA est structure de manire simple par comitsthmatiques ou gographiques, le tout chapeaut par uncomit de direction et avec sa tte un reprsentantlgal. Le Fondo Rotatorio1 se dtache un peu de cettemcanique tant donn son caractre plus pragmatique.Cest lune des composantes dASCOBA qui fonctionne

    en permanence (avec le secrtariat et la comptabilit)alors que les comits et lassemble ne se runissent que 15 jours par mois, le reste du temps tantconsacr aux activits personnelles de chacun desmembres de lorganisation dans leur village respectif.

    Le Fondo Rotatorio est une sorte de structure demicrocrdits au bnfice des communauts situesdans la zone dinfluence dASCOBA. Une premireexprience avait t tente il y a 10 ans, lpoque desCommunauts de Paix, lorsque ces dernires avaientobtenu le Prix National des Droits de lHomme dugouvernement franais, avec une dotation la clef

    permettant la mise en place de ce projet. Ce ft dans unpremier temps un chec, le contexte de violence dansces annes l tait toujours trs pesant, et les

    dplacements forcs ont naturellement empch lespremiers bnficiaires de rembourser, puisquils avaienteux-mmes tout perdu en quittant leurs terres. Cheminfaisant, lide a t reprise son compte par ASCOBAlors de sa cration en 2003, et llaboration pluspousse du mode de fonctionnement a permis de

    relancer le systme, grandement aid en cela par desONG (OXFAM, CINEP ou le Comit Franais) et parlEglise, que ce soit pour ladministration, la gestion etlapport financier. Sous une forme amliore, lide a tconcrtement remise au got du jour partir de lanne2005.De quoi sagit-il exactement? Lide est simple, il sagitde petites sommes2 prtes aux paysans de la rgionafin quils puissent commencer ou dvelopper desrcoltes ou autres projets productifs (levage,commercialisation, artisanat). Les financements sontddis aux activits lies la culture du riz, du mas, de

    la banane plantain, de la pcheLes projets stendent sur plusieurs mois selon leurobjectif de production, aprs quoi la somme prte doit

    LE FONDO ROTATORIODASCOBA:ALTERNATIVE SOCIO-CONOMIQUE POUR LA RCUPRATION DU TERRITOIRE

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    tre rembourse, comptant avec un intrt de 1% pourassurer les frais de fonctionnement du Fonds et saprennit. En effet, comme son nom lindique, le fondsfonctionne sur une logique de rotation. De lefficacitdes remboursements dpend laffectation de sommes de nouveaux bnficiaires et ainsi de suite.

    Les prts sont avant tout destins aux populationsvulnrables du Bas Atrato. Dans le contexte que lonconnat, il sagit surtout de personnes dplaces ouretournes rcemment sur leurs terres, ou encore desfamilles avec beaucoup denfants et/ou de personnesges charge. Le projet port peut tre le fruit dunepersonne, dune famille voire dune communaut entire,c'est--dire lchelle du village. La subsistanceconomique est videmment le but ultime.

    Mais au-del de a, cest une stratgie long terme, et

    globale. Le contexte du Bas Atrato volue, le conflit estde moindre intensit de nos jours, disons en terme deviolences directes (dplacements, assassinats slectifs,abus sexuels). La prsence dONG, de lEglise oudorganisations internationales empche les violationsflagrantes et massives, et les acteurs illgaux le savent.Ds lors, ils emploient dautres mthodes pour maintenirvoire amplifier leur contrle social sur les terres, que celasoit pour le compte dentreprises, ou des groupes armseux-mmes pour sassurer un chemin de sortie pour lecommerce illicite (de la drogue ou des armes). Pour leshabitants, cela se traduit par des menaces passivesconstantes, et la quasi obligation de se soumettre aucontrle mafieux (via des intermdiaires) de lacommercialisation des produits alimentaires ou de lhuilede palme par exemple. La prsence et lintimidation ontremplac les armes dont lcho rsonne toujours danslesprit des gens, la peur du pass permettant auxgroupes armes illgaux dentretenir la terreur prsente.

    En se basant sur ce triste constat, le Fondo Rotatoriodoit pouvoir sortir les paysans des bras des acteursextrieurs en leur offrant lopportunit de cultiver leursproduits lmentaires, ainsi quun degr dautosubsistance suffisant.

    Aujourdhui, si tout est loin dtre parfait, le systmesorganise. Ainsi, le Fonds sest dvelopp et prennis,la structure est bien en place avec un coordinateurpermanent pour ladministration et la gestion du projet.

    Encore une fois, la gographie de la zone naide pas faire connatre ce projet dans les communauts, etquand lquipe du Fondo Rotatorio se dplace pouraffecter des sommes prvues, la slection desbnficiaires doit se faire assez rapidement pour ne pasavoir se dplacer inutilement, Laccompagnement technique est donc difficile grer, alors que lidalserait de maximiser le rendement et la gestion dessommes alloues pour chaque bnficiaire. Cest cedont jai pu me rendre compte en accompagnant lunede ces missions sur le terrain au mois de Mai. Laslection sest faite la va-vite, premier arriv premierservi, et le suivi du projet, aussi bien technique quefinancier, me parat difficile tant donnes donc lesdifficults de transport et la zone couverte, mais aussi lemanque de moyens humains et conomiques chezASCOBA pour remplir ce rle.

    Toutefois, je pense que ce systme est un pari pourlavenir. Sa gestion est saine, le fonctionnementsamliore, lapport est concret pour les habitants, etlalternative crdible face aux mgaprojets et/ou auxacteurs arms. Dans la mesure de ce quils peuventfaire, il me semble important que cet accompagnementaux communauts soit encourag par les partenairesdASCOBA, nationaux ou internationaux. Lalternativeproductive, au-del de dfendre la vie sur le territoire,est galement un enjeu primordial pour la rcuprationdes coutumes, des traditions de production et doncdun pan de la culture des peuples afros et mtis quil

    est indispensable de retrouver dans lespoir dundveloppement propre et pacifi pour les communauts.

    1. Fondo Rotatorio: Fonds Rotatif si lon peut en donner unetraduction littrale.

    2. Les sommes alloues peuvent aller de 500 000 1 500 000pesos, soit entre 160 et 500 euros environ. Il sagit plus danslide dun apport de base que dun financement global pourune activit donne, et ce dans le but de faire tourner lesbnficiaires.

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    Le CINEP, Centre dInvestigation etdEducation Populaire, est une fondationcolombienne qui a t cre en 1972 grce linitiative des Jsuites, avec pour objectif

    lapport dlments de rflexion pour unesocit plus juste et plus humaine traversla promotion du dveloppement humainintgral et soutenable1. Aujourdhui reconnucomme une institution importante du payspour son apport la construction de la paix,le CINEP est prsent sur la zone du Bas Atrato depuis le dplacement massif de1997 et linitiative des Communauts dePaix, et plus rcemment sur toute la rgiondu Choc.

    Laccompagnement ASCOBA estassez singulier, dans le sens o lquipe estpartie prenante du travail ralis sur leterrain. Selon le fonctionnement dASCOBA,

    ses membres se runissent 15 jours parmois. Ce laps de temps, pour lexpliquerdune manire assez schmatique, estdivis en deux priodes. Une premiremoiti du temps ddie aux runions ausein mme de lorganisation, que cela soit

    entre eux ou avec des partenaires, et qui sedroulent en gnral Riosucio, et uneseconde moiti o les membres serpartissent en commissions afin de rendre

    visite aux diffrentes communauts, dansles villages.

    La plupart des partenaires dASCOBAdlimitent leur travail linstitution dans lecadre de leurs projets, c'est--dire enappuyant plus lorganisation en tant quetelle, en ayant bien sr comme bnficiairesindirects les communauts. Le principe delaccompagnement de lquipe du CINEPest assez simple : se rendre 15 jours parmois dans le Bas Atrato, calant son

    programme sur celui dASCOBA, etaccompagnant lorganisation aussi bien lorsde ses runions internes que lors desdplacements dans les villages. Ainsi,

    laccompagnement se vit lintrieur mmedu processus, et de manire constante. Latche, si elle peut paratre passive parmoment, nen demeure pas moins unapport important pour ASCOBA, mais aussipour le CINEP qui a une dmarche

    LE CINEP AU BASATRATO:UN ACCOMPAGNEMENT DE PROXIMIT

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    dapprentissage mutuel. Concrtement,lquipe du CINEP est intgre celledASCOBA et participe la plupart desconcertations, de quelque ordre quellessoient. Ainsi, avec le temps, plus que desrelations professionnelles, ce sont des liens

    de proximit, voire damiti qui se crent.Travail qui ne serait pas possible sans cequapportent les autres partenaires, largularit des communications entre lesdiffrentes institutions tant tout aussiimportante. Bien ancr dans la rgion, et depar son caractre ecclsial, le CINEP agalement des relations trs troites avec laParoisse de Riosucio et le DiocsedApartad qui officie sur cette zone,notamment travers sa Pastorale Sociale.

    LEglise grce ces 2 entits, ralisant untravail considrable pour les communauts.Lquipe Choc du CINEP ralise avec

    ASCOBA un travail daccompagnementbas sur diffrents aspects, auxquelssajoutent les demandes exprimes parlorganisation ou les communauts. Atravers une dmarche de conseil , leCINEP a pour objectif daider ASCOBA maintenir une position claire face auxacteurs arms, dans la droite ligne delhritage et des principes laisss par

    lexprience des Communauts de Paix. Nepas se sent i r seul est une rglefondamentale pour les habitants du Choc,ainsi il est ncessaire pour ASCOBA davoirune prsence ses cts pour faire faceaux nombreuses problmatiques imposesnotamment par les entreprises et plusglobalement par la vision de dveloppementdicte par des acteurs extrieurs. Le butnest bien sr pas de remplacer cette visionen en imposant une autre, qui serait celle du

    CINEP, mais bien daider ASCOBA tenirune posture. Cela passe notamment par untravai l danalyse de contexte, afindapporter des lments de rflexion aux

    membres de lorganisation.Le CINEP suit les thmes mis en avant

    par ASCOBA, et qui relvent de la ralit duterrain. En ce sens, lune des priorits est leterritoire. Il sagit daider les communauts le rcuprer dans un premier temps, puis y redvelopper les modes de vie et de

    production ancestraux, tout en les

    protgeant des nouvelles menaces. Cela secaractrise par un soutien au niveau de lastratgie adopter, daide pour agir commeintermdiaire auprs des institutionsnationales, mais aussi en relayantlinformation au niveau international.

    Laspect culturel est galement un enjeuimportant pour retrouver la vie dantan danscette rgion. Le CINEP tente galementdapporter son concours lorganisation demanifestations, afin de recrer un tissusocial dchir parmi les habitants. La chosenest pas toujours aise et ce ct-l a tun peu dlaiss ces derniers mois parmanque de ressources humaines delquipe au niveau local, et le CINEP, toutcomme ASCOBA, se doit de repenser

    r g u l i r e m e n t s a s t r a t g i edaccompagnement en fonction delvolution du contexte.

    En effet, la stratgie du CINEP a prisrcemment un caractre plus global. C'est--dire que lquipe nest plus simplementconcentre dans le Bas Atrato mais travailledsormais aussi au niveau rgional, travers le Forum Interethnique SolidaritChoc2 et la construction dun AgendaRgional de Paix. Etant donc prsente surles deux fronts, lquipe du CINEP sert de

    vecteur ASCOBA pour que sondveloppement et celui du Bas Atrato sefasse en lien avec les autres organisationsdu Choc, les problmatiques vcues tantindissociables. Cette double prsenceexplique aussi les difficults daccompagnerles activits culturelles auprs dASCOBA.

    Avec cette dmarche de proximit et depermanence dans laccompagnement, leCINEP a gagn la confiance dASCOBAmais aussi des communauts, et possde

    une certaine lgitimit. Cette stratgiesajoute celle dveloppe par les autrespartenaires, et est complmentaire, nonsans difficults bien sr tant donne la

    multiplicit des rles. Limportant tant detoujours garder lesprit que les habitantseux-mmes sont les propritaires de leurterritoire, et donc de la manire de le grer.

    1. Site du CINEP (Centro de Investigacin y Educacin Popular) : www.cinep.org.co

    2. En espagnol, le FISCH. Son site Internet : www.fischoco.org o lon peut tlcharger un bulletindinformation rgulier en franais.

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    AUTRECOLOMBIE LE SOUTIEN

    SOLIDAIRE DUCOMIT FRANAIS

    AUX POPULATIONSDU BASATRATO

    Au dbut de lanne 1997, uneo p r a t i o n m i l i t a i r e c o n t r einsurrect ionnel le de grandeenvergure, lOpration Genesis,provoque de nombreux morts et jette travers la fort des milliersde paysans et leurs familles,dtruisant les villages, laisss labandon. Les FARC contrlaientcette zone depuis les annes 80, etlobjectif de cette opration, alliantforces armes rgulires et groupes

    paramilitaires, tait de la leurreprendre. Consquence de cetteviolence extrme, des milliers depersonnes se retrouvent non loin de

    l, Pavarando, dans ce quisapparente un camp de rfugis. Avec laide dONG nationales etinternationales, mais aussi delEglise, le courage prend vite ledessus sur la tragdie et germerapidement lespoir chez lesdplacs de retourner sur leurs

    terres, tout en prnant desprincipes collectifs clairs de non-violence et de neutralit totale faceaux acteurs arms.

    Ainsi dbute lexprience dersistance civile, et cest dans ce

    contexte que le CINEP fait appel auCCFD, alors partenaire, pourparticiper ce mouvement etobtenir un soutien moral de lasocit civile franaise. Petit petit,

    sorganise en France un rseaudONG, qui se traduit par lacration du Comit de soutien auxCommunauts de Paix du Bas

    Atrato1. Et depuis lors, en fonctionde lvolution du contexte et desdemandes locales, le Comit nacess dappuyer les initiatives dep a i x d e s p o p u l a t i o n safrosdescendantes et mtisses decette rgion, soutenant depuis 2003lorganisation ASCOBA, ce quisinscrit dans une suite logique delexprience des Communauts depaix2.

    Pour ASCOBA dune part maisaussi pour les villageois, cet appuiest trs important.

    Tout dabord parce quil sagitdun accompagnement solidaire. Eneffet, les bnfices dun soutienmoral, sils sont par dfinition

    difficiles mesurer, nen demeurentpas moins pour cette populationmeurtrie un espoir certain. Parceque dans un contexte de conflit, ilest vident que tout soutien, ft-illointain, est bon prendre. De plus,

    le Bas Atrato souffre cruellement dumanque de moyens publics, lEtat(civil) tant bien peu prsent. Le faitde recevoir un appui moral extrieurest donc trs apprci. Ainsi, les

    victimes deviennent visibles, et lapermanence du Comit Franaisdans ses activits est une preuvequelles ne sont pas seules, alorsque que les habitants du Chocpourraient sy rsigner tant leurcombat est historiquement invisiblepour le reste de la Colombie. Cesoutien moral a de plus engendrde nombreux changes entre lesuns et les autres, et des liens

    personnels se sont tisss que cesoit en France ou en Colombie, loccasion de visites mutuellesrgulires.

    LE FAIT DE RECEVOIR UNAPPUI MORAL EXTRIEUR

    EST TRS APPRCI.AINSI,LES VICTIMES DEVIENNENT

    VISIBLES, ET LA

    PERMANENCE DU COMIT

    FRANAIS DANS SES

    ACTIVITS EST UNE PREUVEQUELLES NE SONT PAS

    SEULES

    FLEUVEATRATO DEPUIS LES BUREAUX DASCOBAEXTRAIT DE LEXPOSITION PHOTO QUI SERA PRSENTE LE 26 SEPTEMBRE,

    LOCCASION DE LA FTE COLOMBIENNE DE MCON

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    D e n o m b r e u x m e m b r e sdASCOBA ont en effet t invitsen France pour tmoigner du conflitet des violations dont souffrent lespeuples quils reprsentent. Cestun autre volet de lappui apportpar le Comit Franais, et qui estun effort permanent. Il sagit eneffet dans un premier temps dedonner la parole ceux qui ne lontpas en Co lomb ie . D i f f use rlinformation pour la rendre visibleest galement important. Le Chocest certes des annes lumires denotre pays en bien des aspects,mais travailler solidairement peut jouer sur les consciences etapporter humblement un plus lacondition de vie des populations duBas Atrato. A cela sajoute le fait

    que des problmatiques locales, jepense notamment lhuile depalme et plus gnralement auxagrocombustibles, ont une porteinternationale, dans le sens o unem u l t i t u d e d e p r o d u i t s d econsommation courante intgredans leur composit ion cettefameuse huile, qui occasionne

    l autre bout du monde desassassinats et des dplacements

    de villages entiers pour sapproprierillgalement les terres et faire

    pousser le palmier. Ce travail seconcrtise par des runionspubliques en France mais aussilorganisation dune fte annuelle Mcon, en Septembre, car il estaussi possible de parler du Chocsur un ton plus joyeux, et dansun cadre festif!

    Le Comit ne fonctionnefinancirement qu travers lesdons et le produit de diversesventes dartisanat colombien. Celapermet denvoyer de largent ASCOBA pour que lorganisationpuisse dvelopper ses activits.Deux comits dASCOBA sontrgulirement appuys, lun traitantdes thmes lis la dimensione t n i c o t e r r i t o r i a l e d u

    dveloppement, avec notammentun travail sur la rcupration desterres et le retour la vie sur leterritoire ancestral. Lautre abordeles aspects de la diffusion et durespect des Droits de lHomme etdu Droit International Humanitairedans l es communauts . Lefi n a n c e m e n t p e r m e t l e u r

    fonct ionnement , e t d aut resactivits plus ponctuelles peuvent

    g a l e m e n t t r e s o u t e n u e sconomiquement.

    Le budget du Comit permetgalement de financer la prsencedun Volontaire sur place, au seinde lquipe du CINEP et aux ctsdASCOBA, permet tant unepermanence de linformation etca rac t r i san t conc r tementlaccompagnement solidaire sur lazone. De plus, une deux fois lanne, le Comit rend visite sur let e r r a i n A S C O B A e t a u xcommunauts3. Les membresdASCOBA apprcient de sentir leurs cts la prsence solidaire deceux quils appellent leurs frresde France . Et si cest bien auxcommunauts elles mmes desapproprier, in fine, leur destin, cetype de soutien solidaire les y

    encourage, apportant modestementsa pierre ldifice. Cela se mesurebien lorsque lon se rend dans lesc o m m u n a u t s o l e s g e n sexpriment leur gratitude. Linverseest vrai galement puisque lesapports sont mutuels, et ainsi va lap h i l o s o p h i e d e c e taccompagnement, savoir que les

    populations du Bas Atrato ont aussibeaucoup nous apporter travers

    leurs expriences ou leur manirede penser.

    1. Comit compos lorigine par le Comit Catholique contre la Faim et pour le Dveloppement(CCFD), lAction des Chrtiens pour lAbolition de la Torture (ACAT), le Mouvement pour uneAlternative Non-violente (MAN), lEcole de la Paix et la Fondation de France (plus aujourdhui). Lecomit sest aussi dvelopp dans certaines villes comme Agen, Grenoble, Mcon ou Lille.

    2. Suite la cration dASCOBA et donc la disparition proprement parler des Communauts dePaix, on parle du Comit de soutien aux Populations du Bas Atrato.

    3. Dans ce cadre, Franois Loyat, de Mcon, a rendu visite au mois de Juin aux partenairescolombiens du Comit, ainsi bien sr qu ASCOBA et aux communauts du Bas Atrato.

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    De par le monde, tout conflit entrane lafflux dONGnationales ou internationales, accompagnesgnralement par le secteur de lEglise. Le Bas Atratona pas chapp la rgle.Une fois le violent pisode de lopration Genesispass, la rue principale de Riosucio, le long du fleuve,a vu fleurir de nombreuses pancartes aux maisons,i n d i q u a n t l a p r s e n c e d e n t i t s n o ngouvernementales dans la rgion. Reflet delvolution de lintensit du conflit, certains criteauxont demeurs mais quelques ONG ont quitt leslieux, ou tout du moins ny ont plus de reprsentation

    permanente.ASCOBA est ne dune volont commune propre auxhabitants de la rgion, mais elle a toujours taccompagne par des acteurs extrieurs. Aujourdhuisont prsentes ses cts des institutions commeOXFAM, le CINEP, le CCFD, le Comit Franais oulEglise entre autres.Cette prsence nest pas sans influence sur la vie auquotidien de lorganisation, et ASCOBA nayant pasde fonds propres pour sautofinancer, elle estdpendante conomiquement. Ds lors, il est parfoisdifficile de concilier les stratgies des uns et des

    autres, tout en gardant sans cesse lesprit quelintrt premier de chacun doit tre lamlioration desconditions de vie des populations du Bas Atrato, et ladfense de la vie sur le territoire.

    Etant donn la jeunesse de lorganisation ASCOBA,celle-ci ne peut tre compltement autonome, tantfinancirement que politiquement. De plus, un telcontexte ncessite une prsence non tatique pourdfendre les droits lmentaires, et ce en relation autravail de plaidoyer et de coordination avec lesinstitutions publiques.Lquilibre entre ingrence et autonomie est subtil, etil est trs intressant de voir comment se droulentles processus de ngociations entre ONG ou entreASCOBA et ses partenaires. Avec le temps, au-deldes relations institutionnelles se sont forges des

    relations humaines fortes entre les diffrentsprotagonistes. La coordination se fait gnralementen bonne intelligence et pour lintrt gnral.De mon point de vue, il existe toutefois des cueilsqui peuvent nuire, la marge, au dveloppementdASCOBA, et au dveloppement tout court. Cetterflexion peut tre valable pour le monde dudveloppement en gnral, pas seulement enColombie, et cest un refrain assez connu lorsque lonvoque le travail des ONG. Ces dernires dpendentla plupart du temps de subventions institutionnelles(UE ou agences de lONU par exemple), outre les

    dons, les apports du marketing ou autres. Dans lecadre du phnomne de professionnalisation voire deconcurrence entre ONG qui opre depuis disons lesannes 90, ces institutions se doivent dtre comptitives pour exister. Or, jai parfois le

    PARMI LESACTEURS DU

    DVELOPPEMENT,LGLISE A UNRLE ESSENTIEL.CI-CONTRE,LGLISE DERIOSUCIO AUCENTRE DU

    VILLAGE INOND.

    LA COORDINATION DE LACCOMPAGNEMENTAUDFI DU DVELOPPEMENT

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    Juillet 2009Rdaction Olivier LAGARDE - [email protected] en page/Photos Guillaume ORTIOU-CAMPION - [email protected]

    sentiment que cela prend le pas sur lintrt gnral.Ce nest pas une rgle videmment, loin de l, maiscest un ressenti que je constate au fil du temps.Limage dune ONG, sa visibilit, la russite ou lacohrence dun projet en terme bureaucratique, sont

    des facteurs prendre en compte et quil ne faut pasnier, car cette rflexion participe aussi la vision dudveloppement qua tout un chacun.Dans le cas du Bas Atrato, je me surprends parfois constater quel point les idologies, les politiques,les stratgies des diffrentes organisations peuventavoir un impact sur la bonne marche dudveloppement dASCOBA, mon sens du moins.Cela tant amplifi dans un contexte si particulier quelest celui du Choc. Bien sr il ne faut pas treutopique mais il faut prendre ses aspects l encompte. ASCOBA doit pouvoir profiter de cela. Avantde pouvoir tre autonome, il faut pouvoir treindpendant dans ses choix stratgiques etpolitiques. Cest un travail de longue haleine quelorganisation se doit daccomplir, ne serait-ce que

    pour amliorer son fonctionnement et dgager unevision politique long terme de ce que doit tre lalutte pour la vie dans le Bas Atrato, traversnotamment les conseils communautaires. A linverse,le danger est quASCOBA tombe dans lassistanat et

    la passivit.Dune manire gnrale, si le travail des ONG estindispensable et positif, les organisations de basedoivent se nourrir de leurs atermoiements, mais ausside ce quelles leur apportent pour se dfinir commerellement propritaires de leur destin, et de celui despopulations quelles aident au quotidien.Chacun a sa vision du dveloppement, sa visionpolitique, sociale ou religieuse, sa stratgiedaccompagnement, et cela est on ne peut plusnormal, il faut en accepter les consquences, ne pastre naf. La beaut de la solidarit, au sens large,rside justement en cela quelle est plurielle, elle doittre le corollaire de toute initiative citoyenne portesur lintrt commun, se nourrissant de ces mmesdiffrences pour avancer et faire avancer.