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LE CONTEXTE URBAIN A BANGUI : ENTRE ACTIONS HUMANITAIRES, RECONSTRUCTION ET PROJETS DE DEVELOPPEMENT Anne Burlat Urbaniste, Architecte Mission réalisée du 10 au 18 mars 2016 Groupe URD 18 avril 2016

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LE CONTEXTE URBAIN A BANGUI :

ENTRE ACTIONS HUMANITAIRES, RECONSTRUCTION ET

PROJETS DE DEVELOPPEMENT

Anne Burlat

Urbaniste, Architecte

Mission réalisée du 10 au 18 mars 2016

Groupe URD

18 avril 2016

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1

TABLE DES MATIERES

ACRONYMES UTILISES....................................................................................................................................... 2

INTRODUCTION ................................................................................................................................................. 3

1. PROJETS DE DEVELOPPEMENT ET ACTIONS HUMANITAIRES EN CONTEXTE URBAIN ............................ 3

1.1. DES INTERVENTIONS HUMANITAIRES PROPREMENT URBAINES A BANGUI .................................. 3

1.2. TROIS PROJETS "URBAINS", AVEC DES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT ........................................ 4

2. DISTRIBUTION D’EAU ET FONCTIONNEMENT DES KBF : UN EXEMPLE D’INTERVENTIONS EN MILIEU

URBAIN ...................................................................................................................................................... 5

3. ACTIEURS HUMANITAIRES INTERNATIONAUX ET ACTEURS INSTITUTIONNELS CENTRAFRICAINS EN

MILIEU URBAIN ......................................................................................................................................... 6

4. LES IMPACTS DE LA CRISE SUR LA STRUCTURE DE LA VILLE .................................................................... 7

4.1. DES QUARTIERS SOUS-INTEGRES ...................................................................................................... 8

4.2. UN ENSEMBLE URBAIN FONCTIONNEL - LE MARCHE DU KP5 ......................................................... 8

� L’enjeu fondamental de l’accès au foncier au regard du pouvoir économique et des modes de

vies de chacun ................................................................................................................................... 8

� La prédominance des activités commerciales informelles, avant la crise, pour les PDIs ............... 9

5. LES ENJEUX DE LA REPONSE ..................................................................................................................... 9

5.1. LE SENS DE LA "SECURITE" - DU RÔLE DE L’ESPACE PUBLIC ............................................................ 9

5.2. LES OUBLIES DE LA REPONSE .......................................................................................................... 11

� La vulnérabilité des locataires ........................................................................................................ 11

� Les déplacés internes installés dans des maisons privées, "squattées" ....................................... 11

6. CONCLUSION - AGIR AU REGARD DU CONTEXTE : FORCE ET FRAGILITE DES RESEAUX URBAINS ....... 13

6.1. FAIRE VILLE, ETRE URBAIN : L’ENJEU DES RESEAUX ....................................................................... 13

6.2. LE REEQUILIBRAGE URBAIN EN COURS .......................................................................................... 13

6.3. RELEGITIMER LES ACTEURS URBAINS ET LES INSTITUTIONS DE LA VILLE ..................................... 14

6.4. UN ESPACE DE DIALOGUE - VERS UN OBJECTIF DE DEVELOPPEMENT .......................................... 14

Annexe I : Evolution de destructions systématiques de secteurs d’habitat, le KP5 et ses marges ............. 16

Annexe II : Les institutions publiques en responsabilité du développement urbain, les acteurs partenaires

..................................................................................................................................................................... 18

Annexe III : Faits & documents .................................................................................................................... 21

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ACRONYMES UTILISES

AFD Agence Française de Développement

AGR Activités Génératrices de Revenus

AT Agenda Transformatif

CCCM Camp Coordination & Camp Management

CCO Centre de Coordination des ONG

CDQ Comité de Développement des Quartiers

CMP Commission des Mouvements des Populations

DRC Danish Refugees Council

EHP Equipe Humanitaire Pays

GIC RCA Groupe International de Contact de la République Centre Africaine

GTR Groupe de Travail sur le Retour et les solutions durables

HC Human coordinator

IDP Internally Displaced Person

JIPS Joint IDP Profiling Service

KBF Kiosque Borne Fontaine

MASAH Ministère des Affaires Sociales et de l’Action Humanitaire

MASPGAH Ministère des Affaires Sociales, de la Promotion du Genre et de l’Action Humanitaire

MFB Ministère des Finances et du Budget (RCA)

MINUSCA Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Centrafrique

NRC Norvegian Refugees Council

OCHA Office for the Coordination of Humanitarian Affairs

ONG Organisation non gouvernementale

ONU Organisation des Nations Unies

PDI Personnes Déplacées en Interne

RCA République centrafricaine

SODECA Société de Distribution d’Eau Centrafricaine

THIMO Travaux à Haute Intensité de Main d’œuvre

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INTRODUCTION

Cette analyse a été produite dans le cadre d’un travail conduit en République centrafricaine (RCA) par le

Groupe URD afin de participer à la préparation de la transition post-crise. Ce rapport s’inscrit dans le cadre

d’une réflexion globale dénommée "Mieux articuler l’aide d’urgence et le retour du développement dans un

contexte post-conflit". Il est issu d’un "focus urbain" mis en place au cours de la mission, qui a pris la forme

de nombreuses rencontres, de quelques visites de terrain et d’une conférence à l’Alliance française sur le

thème "Bangui, une capitale à reconstruire ? Les enjeux de la ville de demain". L’analyse première a ensuite

été complétée au regard des documents rassemblés (cf. annexe 3). Cependant, étant donné le contexte

actuel de transition, ce qui est avancé dans ce texte peut être sujet à caution et devra être validé le cas

échéant.

L’agglomération de Bangui est constituée des trois communes de Bangui, Bimbo et Bégoua (séparée de

Bimbo en mars 2012). Cette agglomération est factuelle et non institutionnelle : alors que la commune de

Bangui est autonome, ses communes périphériques de Bimbo et Bégoua font partie d’une préfecture

(Ombella-M’Poko). Très concrètement, lorsque la commune de Bangui cherche de l’espace (du foncier

disponible) pour pourvoir à ses besoins en services peu attrayants (cimetières, assainissement, déchets,

etc.), elle se tourne vers ses territoires périphériques qui lui refusent cet accès, puisqu’ils ne profitent pas de

la gestion du territoire par Bangui. De ce fait, les projets sont actuellement bloqués.

1. PROJETS DE DEVELOPPEMENT ET ACTIONS HUMANITAIRES EN

CONTEXTE URBAIN

Le contexte actuel à Bangui, très impacté par la crise que vient de traverser le pays, ne peut pas être encore

considéré comme réellement stable, même si la situation rencontrée en mars lors de la mission peut être

vue comme porteuse d’espoir (commencement du processus de stabilisation). Les différentes réunions ont

toutes insisté sur le fait que Bangui n’était pas représentatif de la situation et que le territoire centrafricain

était une mosaïque de situations très diverses. Dans le contexte actuel où la conflictualité prend plutôt la

forme d’incidents localisés et de règlements de compte, les groupes armés font régner un semblant d’ordre

dans certaines parties du pays et attendent l’investiture du Président de la République pour négocier leur

futur politique.

Dans ce cadre d’une ville en crise, si tous les projets urbains identifiés en cours présentent un volet

humanitaire, deux modalités d’interventions se distinguent.

1.1. DES INTERVENTIONS HUMANITAIRES PROPREMENT URBAINES A BANGUI

Les interventions identifiées ont pour objectifs de :

1. Engager / permettre / faciliter le retour des déplacés, et en premier lieu ceux du camp de M’Poko. En

empiétant sur le domaine de l’aéroport, la présence de ce camp pose de graves problèmes de sécurité,

alors que l’aéroport est indispensable à l’économie de la RCA, pays enclavé (les routes depuis le port de

Douala sont redevenues à peu près sûres, mais peuvent rebasculer, et la rivière Oubangui n’est

navigable que quelques mois par an) :

- Les projets correspondant (PUI, ACTED) visent la reconstruction d’"abris", en fait une maison en

dur de 16 à 20 m2 (entré-couché), à l’emplacement des maisons détruites. La réparation de

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maisons très endommagées, pour des familles déplacées on non (PUI), peut être intégrée au

projet. Ce format d’abris/maisons est critiqué par les institutions qui lui reprochent d’être

minimaliste et de "ne pas respecter les règles". De fait, celles-ci ne semblent pas être validées et

partagées, mais internes au Ministère qui souhaite les soumettre au nouveau gouvernement dès

qu’il sera en place. Les populations demandent une cloison intérieure pour séparer un espace de

chambre.

- Si le travail ayant trait au foncier (NRC) va bien au-delà des problématiques de retour, celles-ci en

sont les premiers écueils. Ce projet a développé un outil sur la base d’un formulaire de

déclaration existant antérieurement et utilisé par les services du Ministère. Cet outil basé sur le

témoignage du voisinage est tout à fait pertinent dans un cadre où la communauté avant-crise

est toujours présente. Il trouve toutefois ses limites dans le cas d’une destruction totale ou d’une

réappropriation de l’ensemble d’un quartier par une autre communauté.

2. Faciliter l’accès à l’eau des populations affectées par les destructions. Les projets correspondant visent à

réhabiliter des KBF existants (Oxfam), mais la SODECA n’a pas pu assurer l’approvisionnement en eau et

presque la moitié des KBF rénovées ont dû être fermées. Cette situation pose la question de la capacité

de la SODECA à fournir de l’eau à la population résidant actuellement sur le territoire desservi :

- Il ne semble pas que cette incapacité soit saisonnière et liée à la saison des basses eaux qui laisse

hors d’eau la prise d’eau de la station de pompage ;

- Cette incapacité pourrait être le fait de la destruction de nombreux points du réseau, pour des

alimentations sauvages libres et permanentes (sans robinet), ce qui induit une très forte quantité

d’eau perdue et donc un affaiblissement de la pression ;

- Pour autant, il est à noter que l’accès à l’eau était déjà insuffisant par le passé. Le 3e

arrondissement a un réseau maillé mais non connu.

3. Injecter de l’argent (espèces) dans les communautés urbaines tout en donnant une activité à une

population jeune et désœuvrée. A partir de projets THIMO (Travaux à Haute Intensité de Main

d’œuvre), il s’agit d’assurer des travaux d’intérêt général, de type nettoyage des drains et enlèvement

de dépôts d’ordures sauvages. Il est à noter que l’objectif premier est de réinjecter de l’argent dans

l’économie locale. Certains travaux de curage ne sont pas terminés (en fonction du nombre de rotations

des groupes de travail prévus) et s’arrêtent donc avant l’exutoire du drain ou ont été planifiés dans un

quartier précis (THIMO pour anciens combattants démilitarisés) sans pouvoir atteindre leur exutoire.

Cela fait peu de sens pour l’usage. Un deuxième objectif a émergé au fur et à mesure : l’activité visible

d’un groupe important peut permettre le retour affiché de la société civile dans un quartier déserté et

peu sûr. Ces actions participent au retour de la reconnaissance d’un espace publique pacifié.

4. Engager les communautés à dialoguer et se prendre en charge, à travers des projets de "cohésion

sociale" ou de renforcement de la résilience des populations, tels les Comités de cohésion sociale (DRC).

1.2. TROIS PROJETS "URBAINS", AVEC DES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT

Trois projets se distinguent qui, s’ils ont été développés avec des objectifs de développement clairement

énoncés, intègrent également des objectifs humanitaires :

- le PRESU structuré entre une phase 1 à dominante humanitaire - la MOUS (Maîtrise d’Œuvre

Urbaine et Sociale) - toujours en cours et une phase 2 à visée de développement.

- Le PURISU, antérieur à la crise, a été simplifié pour répondre à des besoins humanitaires. Il

concerne un appui à la SODECA et la construction de 8 mini-réseaux de 3 KBF (Kiosque Borne

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Fontaine) dans les secteurs périphériques de Bangui. Chacun est alimenté par un forage dont la

pompe fonctionne à l’énergie solaire.

- L’appui du CICR à la SODECA dans la maintenance du réseau, voire le remplacement de 4 km

d’une conduite.

2. DISTRIBUTION D’EAU ET FONCTIONNEMENT DES KBF :

UN EXEMPLE D’INTERVENTIONS EN MILIEU URBAIN

La distribution d’eau au particulier se fait par branchement individuel, ou par distribution par KBF (Kiosques

Bornes Fontaines). Dans ce deuxième cas, la SODECA a mis en place un système de gestion : elle contracte

un gestionnaire, par KBF qui a la charge de régler l’eau utilisée. Pour ce faire, ceux-ci sous-traitent la gestion

du fonctionnement de la KBF à un fermier. Dans tous les cas, la SODECA facture l’eau 210 XFA/m3, aussi bien

aux branchements individuels qu’aux gestionnaires des KBF. En revanche, chaque particulier venant

s’approvisionner à une KBF paie l’eau 500 XFA/m3 au fermier de la KBF.

La carte ci-contre illustre la

distribution en eau potable à Bangui :

le centre-ville et le PK5 sont desservis

par réseaux et compteurs individuels.

Les autres secteurs de Bangui sont

alimentés par KBF, avec un maillage

plus ou moins dense, et très

largement complétés par des puits

alimentés par la nappe phréatique de

surface. Un impact direct de la crise

est la pollution de ceux-ci, car de

nombreux corps ont été jetés dans les

puits. Cette utilisation impossible est

systématique dans les quartiers

entièrement démolis. Or, au

printemps 2016, aucune action n’avait

encore été entreprise pour y remédier

et il est très probable que la nappe

elle-même ait été polluée, imposant

des actions d’envergure pour rendre

les quartiers à nouveau habitables.

Carte extraite de l’article de Nguimalet

Cyriaque-Rufin et al., Gestion de la qualité de

l’eau, conflits et risques dans la ville de Bangui,

Géocarrefour, vol 80/4 (2005)

Les diverses interventions sur l’accès à l’eau potable ont été coordonnées avec la SODECA (Société de

Distribution d’EU de Centrafrique), selon des modalités et avec des impacts différents :

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� Il semblerait que la totalité des fermiers soient chrétiens. Une ONG (COPI) a développé des KBF dans

les quartiers Nord, en imposant à la SODECA un Comité de Gestion qui choisit ses

fermiers/gestionnaires. N’arrivant pas à recouvrer les coûts, la SODECA s’est plaint auprès de l’ONG

qui lui a répondu que le projet était terminé et qu’elle n’était donc plus concernée par ce problème.

� Suite à la réhabilitation de 70 KBF (entre février et juillet 2015) dans les 3e et 5

e arrondissements

(OXFAM) où la SODECA ne pouvait pas se déplacer, étant assimilée à une institution étatique, le

constat a dû être fait que 50 % de ces KBF réhabilités ne sont pas alimentées en eau du fait de la

faiblesse de l’adduction et ont dû être fermées. Ces actions, pourtant réalisées en partenariat avec la

SODECA, mettent en évidence la méconnaissance du fonctionnement du réseau suite à la crise et la

nécessité d’agir sur le réseau lui-même (mais les budgets ne sont pas les mêmes), alors que la crise a

aggravé la situation initiale par des destructions et des piquages sauvages sans robinets. Elles posent

également la question fondamentale de la capacité du réseau à absorber des points de distribution

supplémentaires.

� Au regard de la très faible pression disponible en bout de réseau, la Banque Mondiale a construit huit

mini-réseaux de deux à trois KBF chacun. Chacun est alimenté par un forage profond dont la pompe

est alimentée en énergie solaire par un panneau situé localement. L’ensemble des ouvrages est en

cours de réception pour remise à la SODECA qui devra en assurer la gestion et en aura la pleine

propriété. La SODECA a complété son système de gestion par un gardien, présent sur chacun des sites,

qu’elle rémunère.

� Les émeutes de septembre 2015 ont, entre autres, eu pour impact la destruction des panneaux

solaires que la Banque Mondiale a remplacés. Deux questions principales se posent aujourd’hui à la

SODECA, sans qu’elle en ait complètement conscience : que se passera-t-il en cas de prochaine

émeute ? Cette nouvelle technologie (solaire) implique, au-delà du simple époussetage du panneau,

de nouvelles compétences d’entretien que la SODECA ne possède pas aujourd’hui.

3. ACTIEURS HUMANITAIRES INTERNATIONAUX ET ACTEURS

INSTITUTIONNELS CENTRAFRICAINS EN MILIEU URBAIN

Lors des divers entretiens, la faiblesse des échanges entre les acteurs humanitaires et les acteurs

institutionnels est rapidement apparue. Deux raisons expliquent ici ce phénomène très classique :

1. D’une part, le système de financement humanitaire fait qu’une ONG ne contacte une institution en lien

avec ses actions qu’après avoir obtenu les budgets et donc intégralement défini le projet.A titre

d’exemple, on peut citer :

� Le Ministère de l’Habitat et du Logement regrette la forme des maisons reconstruites à l’été 2015

pour abriter le retour des PDI de M’Poko, qui ne "correspondent pas au règlement". Le statut du dit

règlement était moins affirmé.

Appelées d’un terme à connotation très péjorative "entrée-coucher", ces maisons sans séparation

intérieure (d’où leur surnom), de 16 à 20 m2 suivant les ONG, sont constituées de quatre murs, deux

fenêtres et une porte. Elles sont envisagées par les projets comme étant des abris temporaires

destinés à être agrandis, voire reconstruits. Par ailleurs :

- La totalité des familles relogées souhaitent une séparation intérieure ;

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- Le modèle, nécessairement simple pour être reproductible, n’étudie pas une éventuelle

extension que la présence d’une seule porte semble ne pas prendre en compte ;

- La construction en dur, briques de terre cuite ou crue, ne favorise pas une reconstruction

ultérieure.

� Le Ministère de l’urbanisme souhaite que dans les projets urbains, les espaces publics reconnus

permettent l’implantation d’une rue et non l’aménagement de chemins n’autorisant que le passage

d’un seul véhicule (cf. ci-après les caractéristiques des quartiers entièrement détruits et le rapport à la

sécurité de ces territoires).

2. D’autre part, le système humanitaire lui-même a du mal à reconnaître l’importance de travailler avec les

acteurs qui seront en charge des projets de développement à venir. Ainsi, le CCO (Centre de

Coordination des ONG) explique que le classement L3 de la RCA exclut les institutions du système des

clusters. Toutefois, si l’Agenda Transformatif (AT) qui a initié ces classements n’a pas prévu la procédure

de déclassement, autant l’AT lui-même que les évaluations faites du système des clusters soulignent dès

2009 l’importance de sortir assez vite du face-à-face ONG/ONU versus Institutions nationales/locales

pour intégrer dès que possible les acteurs nationaux dans les mécanismes de coordination.

� Les ONG choisissent de s’adresser directement aux chefs de quartiers qui sont leur interlocuteurs-

partenaires en tant que "représentants de la communauté". Cette reconnaissance peut être

fortement discutée en contexte urbain :

- Un quartier n’est pas une communauté, mais la société civile, fût-ce à une échelle réduite. Avant

la crise il est constitué par une mixité ethnique et confessionnelle.

- Comme vu précédemment1, la légitimité de la représentation du chef de quartier peut être toute

relative, ce que confirme la remarque répétée2 des populations des quartiers du bloc de Sara

Yakité concernant "la relation non transparente" des chefs de quartiers au sujet de la sélection -

confiée par des ONG - des populations bénéficiaires des THIMO (ou autres). Le quasi-

systématisme à dénoncer les agissements des chefs de quartiers (cinq quartiers sur six) amène à

questionner le positionnement des acteurs internationaux humanitaires vis-à-vis de leurs

partenaires centrafricains : demander à un partenaire ce pourquoi il n’est pas légitime pousse à

déstabiliser, voire détruire, le système initial.

4. LES IMPACTS DE LA CRISE SUR LA STRUCTURE DE LA VILLE

La violence des conflits s’est physiquement traduite, entre autres, par la destruction de maisons, voire de

quartiers complets. Les photos satellites (source : Google Earth) permettent d’identifier l’intervalle de temps

et la progression de ces destructions systématiques3 dans le 3

e arrondissement, autour de ce qui est

devenue « l’enclave musulmane ». En revanche, ce n’est pas le bon outil pour analyser des destructions

sporadiques telles qu’elles ont pu être pratiquées ailleurs. Enfin, ces instantanés datés témoignent des

destructions des maisons, non des départs des habitants.

La vue initiale du 8 décembre 2013 permet une post-identification claire des quartiers détruits dans leur

totalité (Boulata, Fondo, Kororo, Isongo, large secteur multi-quartiers du bloc de Sara-Yakité). Il s’agit des

1 Cf. ci-avant la faiblesse des textes législatifs pour la mise en œuvre d’une représentation effective de la population du quartier

(paragraphe : Les institutions & acteurs identifiées comme prenant part au développement urbain à Bangui, la municipalité) 2 DRC, Analyse des perceptions des dynamiques conflictuelles & Mapping des acteurs, Bloc Sara Yakité & Bloc Miskine, Bangui,

Décembre 2015 – pp. 53, 59, 66, 73, 78. 3 Cf. Annexe 4 : évolution de destructions systématiques de secteurs d’habitat.

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quartiers aux "marges" du marché PK5 et de son secteur dédié, qui drainaient auparavant une très forte

activité économique.

4.1. DES QUARTIERS SOUS-INTEGRES

La destruction systématique de certains quartiers durant le conflit (2013-15) doit inviter à identifier tout

élément de compréhension qui permettrait de favoriser le retour déclaré souhaité par les PDI. Une première

analyse urbaine indique que :

- Les quartiers détruits présentaient un tissu urbain non structuré, majoritairement de grands îlots

sans voie d’accès ;

- L’accès à l’eau potable était faible, en bout de réseau et principalement par bornes fontaines pour la

majorité des secteurs. De nombreux puits étaient présents dans ces quartiers sous-desservis ;

- Le secteur au Sud de l’aéroport est identifié comme inondable.

Il ressort de ces éléments que ces secteurs peuvent être considérés comme sous-intégrés en termes

d’infrastructures urbaines. Il serait également intéressant de regarder du côté des services publics (écoles et

hôpitaux) pour caractériser cette sous-intégration. Plusieurs quartiers du bloc de Sara Yakité, par exemple,

font état4 d’un sous-équipement évident.

Enfin, ce constat pourrait être mis en perspective avec une des conclusions du groupe de travail (journée du

17 mars 2016) sur le développement urbain : "Quelque chose doit changer dans les quartiers pour permettre

un retour pérenne".

4.2. UN ENSEMBLE URBAIN FONCTIONNEL - LE MARCHE DU KP5

La cartographie de ces quartiers volontairement et systématiquement détruits lors des conflits, mise en

perspective avec la localisation des quartiers développés sans structure urbaine et de l’enclave musulmane

au réseau viaire structurant, apporte des informations importantes sur le fonctionnement socio-économique

de l’ensemble. Le marché du KP5 en est le cœur et les quartiers sous-intégrés les marges. Une étude

approfondie sur les liens économiques des populations de ces quartiers, voire des communautés de ces

quartiers, au regard du marché, serait certainement très éclairante pour définir les conditions de retour des

PDI. A ce propos, l’analyse des perceptions des dynamiques conflictuelles effectuée sur le bloc de Sara

Yakité5 est très informative et confirme la nécessité de l’appréhension du contexte urbain du conflit. L’étude

a été réalisée de manière déclarative et par quartier. Des tensions internes sont anciennes, plus ou moins

marquées suivant les quartiers, mais patentes et la crise a fourni l’occasion aux résidents d’exprimer les

frustrations tues. Deux constantes s’imposent :

� L’enjeu fondamental de l’accès au foncier au regard du pouvoir économique et des modes

de vies de chacun

La récurrence de ce sujet et son importance sont frappantes, la question foncière étant systématiquement

relevée comme cause ancienne de conflit entre communautés. L’accès au foncier stigmatise en effet les

populations musulmanes arrivantes qui, avec un pouvoir économique plus fort que les populations

résidentes chrétiennes, cherchent à s’installer et à s’approprier du territoire, qu’elles clôturent ensuite, le

soustrayant à la vue, au passage et à la vie traditionnelle, mais également à l’écoulement des eaux,

4 Ibid.

5 Ibid.

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provoquant des inondations alentours. Dès lors, c’est la modalité même d’habiter un espace partagé

(urbain) qui est différente et remise en cause, ce qui renvoie directement à l’idée déjà avancée que la

diversité est consubstantielle de la ville et que les institutions ont pour responsabilité d’établir le cadre de la

coexistence).

Ainsi, les propos stigmatisent l’appartenance à une confession alors qu’il s’agit avant tout du

fonctionnement sociétal / communautaire de l’ensemble du KP5, quartier commercial qui est sous

l’ascendance d’une ethnie de confession musulmane. Dans plusieurs quartiers6, revient explicitement cette

remarque sur la "compétition commerciale pour l’acquisition des meilleurs espaces de vente au niveau du

marché du KP5", "(l’impossibilité d’)accéder aux opportunités commerciales comme une cause de

frustrations entre jeunes et tensions intercommunautaires". On entend également que "les femmes

vendeuses du quartier n’ont plus accès au marché du KP5", et que "Bon nombre de jeunes (...) se retrouvent

aujourd’hui déscolarisés, n’ont plus accès au marché PK5 et ne pratiquent plus d’activité, voyant ainsi « le

pillage des maisons comme un moyen de s’en sortir »."

� La prédominance des activités commerciales informelles, avant la crise, pour les PDIs

Les enquêtes déclaratives effectuées par le DRC7 dans les camps de déplacés à Bangui indiquent que :

- "90 % des personnes envisagent de reprendre les mêmes activités économiques" (ce qui sous-tend

qu’au moins 90 % des personnes interrogées avaient une activité économique) ;

- Le commerce informel était le secteur d’emploi le plus important pour les deux sexes (71 % des

femmes / 31 % des hommes) alors que seulement 1 % des femmes et 9 % des hommes déclarent

avoir une activité commerciale formelle. Ces résultats sont cohérents avec l’origine des revenus :

81 % des femmes / 57 % des hommes travaillaient pour leur compte, seulement 6 % des femmes et

23 % des hommes avaient un salaire ;

- 85 % des personnes ont interrompu leur travail alors que 9 % le poursuivent (6 % partiellement).

Force est de constater que, dans la plupart des cas, la relation est forte entre la localisation du lieu de

résidence et l’activité rémunératrice, mais aucune enquête n’est venue documenter la relation au territoire

au-delà de l’accès à la maison, donc l’intégration dans des réseaux économiques qui prévalaient avant la

crise. Or, c’est bien le sens du "retour" : revenir, réinvestir ce territoire de vie quotidienne, se réinscrire dans

les réseaux relationnels et économiques.

5. LES ENJEUX DE LA REPONSE

5.1. LE SENS DE LA "SECURITE" - DU RÔLE DE L’ESPACE PUBLIC

Tous les acteurs humanitaires en témoignent : pour pouvoir retourner dans un quartier, les PDI demandent

de la sécurité, une maison et une activité génératrice de revenus (AGR). Une fois considéré de manière

lapidaire que dans un camp de déplacés, les foyers ne disposent ni d’une maison ni d’une AGR spécifique,

reste l’enjeu de la sécurité8, bien vite traduit par la présence de patrouilles d’hommes armés. Et si la

question était posée autrement ? L’enquête déclarative réalisée par le DRC indique que le principal

6 Ibid., pp. 52, 63, 70, 71.

7 DRC, Rapport d’évaluation - Intentions de retour des personnes déplacées internes à Bangui, 2014 - pp 50

8 JIPS, Revue documentaire, Soutien à ONU exercice de profilage, Informations secondaires et mapping initial des données sur la ville

de Bangui, février 2016 – p.14.

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indicateur retenu9 en matière d’amélioration de la sécurité est le retour en masse : 17 % des personnes

déplacées ne voulant pas retourner valorisent un "retour massif", choix majoritaire pour chacun des 3

premiers choix (ici, la valeur totale). Ne vient qu’ensuite ce qui est généralement traité à travers le retour de

la sécurité :

- 14 % considèrent "ne plus entendre de tir" ;

- 12 % "Selaka désarmés" ;

- 10 % "patrouille FACA" ;

- 6 % "Balaka désarmés".

Puis les réponses descendent en dessous des 5 %.

Cette valorisation du "retour massif" mise en relation avec la forte insertion sociale dont témoigne la

population banguissoise - 89 % des femmes / 80 % des hommes appartenaient avant la crise à une

association10

- traduit l’importance des réseaux sociaux dans le quotidien. Par rapport à cela, on peut noter

l’importance des lieux publics comme on nous l’a fait remarquer : "Le fait que les églises ne soient plus

fonctionnelles explique en partie la raison pour laquelle les femmes ont perdu l’habitude de s’organiser pour

les réunions tontines et associations."

Le bloc de Sara Yakité, rassemblant six quartiers, est un immense îlot urbain bordé au nord par l’avenue de

France et au sud-ouest par un canal de drainage. Aucune voie ne le traverse, lui donnant une échelle de

territoire non urbain, ce qui amène les habitants à parler de sa profondeur11

et de l’insécurité qui en découle.

Plusieurs quartiers font mention de l’insécurité antérieure à la crise qui régnait dans ces territoires mal

desservis et tous dénoncent, sans exception, l’importance qu’a pris le banditisme12

depuis la crise. Très tôt

dans la crise, l’apparition de bandes armées saisissant l’opportunité de pillages a été relevée. Il est aussi

systématiquement dénoncé que les forces de sécurité ne s’aventurent pas au-delà des voies de circulation.

Les quelques foyers revenus dans les quartiers, ou ayant déménagé sans le quitter suite à une destruction,

précisent tous s’être réinstallés aux abords de la route pour des raisons de sécurité.

En ce qui concerne l’absence d’espace public urbain, la totalité des quartiers relèvent la présence de groupes

d’éleveurs fortement armés qui ont investi la zone maintenant vide de maisons et envahie par de hautes

herbes pour faire paître leur bétail. Ces secteurs démolis, nettement arborés, ne sont pas redevenus ruraux

pour autant et ne permettent pas la sécurité prodiguée par des espaces urbains structurés.

Une simple mise en perspective d’une visite dans ces quartiers et des avenues bruissantes de la foule

banguissoise montrent à quel point l’espace public vécu est facteur de sécurité : il est par définition un

espace où chacun a la légitimité d’être13

. On constate ainsi qu’il existe deux processus de dé-légitimation :

- Le refus par les occupants de l’espace, qui se le sont appropriés. C’est exactement le cas de l’enclave

musulmane durant la crise.

- Le sentiment d’insécurité de la part de personnes extérieures qui ne se sentent pas la possibilité d’y

venir. C’est la situation de ces quartiers désertés.

9 Ibid, p.34

10 Ibid, p.51

11 Ibid, p.72

12 Il s’agit de leur terme, qui pourrait être mis en relation avec la délinquance, le lien étant souvent fait avec la consommation de

stupéfiant. 13

"Bangui, une capitale à reconstruire ? Les enjeux de la ville de demain", Conférence animée par F. Grünewald, le 16 mars 2016 à

l’Alliance française de Bangui.

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11

Une rue du quartier Fondo, deux années après la destruction du quartier (mars 2016)

Enfin, un quart des personnes interrogées se sentent toujours restreintes dans leur liberté de circulation, ce

qui est particulièrement le cas dans les 3e, 4

e et 5

e arrondissements.

5.2. LES OUBLIES DE LA REPONSE

� La vulnérabilité des locataires

Dans l’ensemble des démarches constatées et documents consultés, le retour des PDI est envisagé par une

aide à la reconstruction de l’habitat. Si cela répond à une aide possible aux populations propriétaires de

maisons ou de parcelles avant la crise - (même informelles, ces possessions factuelles permettent quand

même de prétendre à l’utilisation d’un lieu, d’une parcelle) -, les habitants locataires sont très peu concernés

par cette vision de l’aide dédiée au retour. Or, l’enregistrement effectué au camp de M’Poko14

montre que si

51 % des PDI sont "propriétaires", 39 % étaient locataires, dont 62 % d’une maison maintenant détruite et

28 % d’un habitat endommagé. Une politique efficace de retour devra prendre en compte cette dimension.

� Les déplacés internes installés dans des maisons privées, "squattées"

Un autre sujet très délicat reste à ce jour non traité. Il concerne le squat de maisons appartenant

antérieurement à des familles qui se sont déplacées avec la crise et qui sont maintenant habitées par une

autre famille déplacée. Cela est particulièrement flagrant à l’intérieur de l’enclave du KP5 où une rue entière

peut avoir vu fuir ses habitants (de confession non musulmane), qui ont été remplacés par des familles

rejoignant l’enclave. Dans ces situations, deux enjeux majeurs devront être pris en compte dans la

perspective des retours :

14

DRC & PU/AMI, Présentation des données de l’enregistrement de M’Poko, février 2015 - Diapo 5.

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12

- Le manque de volonté de restitution de la maison squattée

Si ce sujet semble peut impacter le retour des PDI de M’Pokos (1 % des 61 % de propriétaires, soit

environ 20 ménages, et 5 % des 39 % de locataires, soit environ ̴64 ménages), il constitue un enjeu

majeur pour le retour à l’équilibre car seuls les plus démunis sont allés dans un camp de déplacés.

Les habitants formels de PK5, par exemple, étaient suffisamment résilients pour, a priori, ne pas

faire partie de ceux-ci. Pour autant, ils seront concernés en première ligne par la politique des

retours qui sera (devra être) définie.

Ces squats de grande ampleur peuvent également faire perdre de leur opérationnalité aux outils

développés. A titre d’exemple, les attestations de témoignage, (développées par NRC15

) s’appuient

sur le témoignage des voisins pour la reconnaissance de droits d’habitat sur une parcelle dont la

propriété n’est pas formelle.

- La délocalisation de nouveaux arrivés, sans activités et hors cadre de régulation habituel, peut

avoir favorisé leur entrée dans des dynamiques de délinquance en bande

Plusieurs quartiers du bloc de Sara Yakité, s’exprimant16

dans les études sur la perception des

dynamiques conflictuelles, rapportent l’évolution de jeunes déplacés musulmans résidant dans

d’autres quartiers avant la crise. Après avoir rejoint l’enclave, ils ont intégré des bandes armées qui

agissent sur le territoire de Sara-Yakité, particulièrement aux abords du canal.

15

NRC, Le projet ICLA a développé une attestation de témoignage. 16

DRC, Analyse des perceptions des dynamiques conflictuelles & Mapping des acteurs, Bloc Sara Yakité & Bloc Miskine, Bangui,

décembre 2015 – pp. 60, 71.

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13

6. CONCLUSION - AGIR AU REGARD DU CONTEXTE :

FORCE ET FRAGILITE DES RESEAUX URBAINS

6.1. FAIRE VILLE, ETRE URBAIN : L’ENJEU DES RESEAUX

L’ensemble des actions et donc de l’intérêt porté par la communauté humanitaire pour les PDI de Bangui est

naturellement orienté vers le mieux vivre, voir survivre à cette situation traumatisante pour chaque ménage

ou individu. Ce regard fait oublier que dans un contexte urbain, chacun est dépendant de l’autre, que chacun

n’existe qu’à travers les "réseaux" urbains. (Sur)vivre en ville est donc d’abord être en capacité de re-lier, de

ré-intégrer ces réseaux, ce qui fait lien : relationnel, de voisinage, économique, et bien souvent dans un

ensemble inextricablement intriqué.

Ainsi, les caractéristiques essentielles au retour souhaité des habitants17

- pour 55 % dans le lieu d’avant la

crise et pour 42 % dans un autre arrondissement de Bangui - concernent la légitimité de chacun (déplacés,

retournés, restés sur place, squatteur, etc.). L’acceptance des retournés par les populations restées dans les

quartiers reste un enjeu incontournable. A ce titre, l’enquête Résilience du DRC18

relève que "La jalousie est

la principale source de mésentente entre habitants, les conflits liés à la possession et aux moyens ressortent

comme plus déterminants que ceux liés à l’appartenance communautaire". A travers ces jalousies se jouent

les réminiscences de la crise et se construisent les stratégies de chacun, ceux qui sont restés, partis et/ou qui

effectuent des mouvements pendulaires entre les sites d’habitat et les camps de déplacés.

6.2. LE REEQUILIBRAGE URBAIN EN COURS

Force est de constater que la ville est devenue un espace fortement ségrégé. Mélange d’ethnies et de

confessions jusqu’en 2012 même si elle abritait de nombreuses frustrations ethniques et socio-

économiques, Bangui tend actuellement à présenter une répartition de la population perçue à partir du

critère premier de la confession. Or, la population urbaine est par essence diverse. La caractéristique

urbaine, le sens même de la ville, tant recherché car moteur des dynamiques qui lui sont propres, est le fait

de ces frottements engendrés par la diversité cosmopolite. Loin de vouloir les annihiler, la gestion de la ville

a l’ambition de les encadrer. La ville - ici la capitale politique, le centre économique du pays - se nourrit de

17

DRC, Dynamiques de retour des déplacés internes dans les quartiers de Bangui - note de synthèse, Juillet 2015 - pp. 10, 15. 18

DRC & LERSA, Présentation des données préliminaires de l’enquête "Résilience" sur Bangui, Septembre 2015 - Diapo 34, 35.

"Considérer le logement sous le seul angle de l’accès à un toit est erroné. Il est le moteur

comme le sujet de plusieurs flux, de sa création à son accès (...). En ville, l’aide ne peut pas

simplement être apportée à l’individu, déconnecté de son milieu (...). La ville est un

système à la fois puissant et vulnérable. Il est puissant de l’interaction de ses réseaux, de

leurs connexions au-delà du lieu géographique. Il est vulnérable de l’artificialité de

l’artefact, qu’il soit question des structures de régulation socio-économique, de l’isolement

de l’individu comme des inévitables destructions matérielles qui engendrent des ruptures

de flux (...). La ville se caractérise de fait par l’impossibilité d’y concevoir un individu seul.

Les échanges sont sa raison d’être."

pp 8-9, Groupe URD, Villes et crises, les enjeux de l’aide humanitaire, septembre 2015

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14

cette diversité, de ces différences, de ces divergences, que les institutions urbaines ont à charge d’encadrer.

C’est pour cette raison qu’en ville les institutions sont si présentes, ou plutôt devraient être si présentes ici.

Agir sans elles, c’est prolonger les fractures dans le temps, voire les accentuer.

6.3. RELEGITIMER LES ACTEURS URBAINS ET LES INSTITUTIONS DE LA VILLE

La phrase "Rappelons que dans les sites de déplacés, les PDI étaient pour la plupart sous la responsabilité de

chefs de zone ou représentants de divers comités. Ceci (le retour) représente surtout un défi pour les chefs de

quartier qui devront retrouver leur légitimité auprès des populations retournées"19

est symptomatique du

regard des acteurs humanitaires, centré sur ceux pour qui ils agissent, les bénéficiaires, c’est-à-dire ici les

PDI. Or, pour une situation pérenne, il semble primordial de retourner le regard et de questionner le défi

pour les nouveaux leaders, lors du retour d’accepter (voire valoriser) la légitimité des chefs de quartiers.

Le sujet des chefs de quartiers a été abordé à plusieurs reprises dans cette brève analyse. Dernier maillon

institutionnel mis en place par la population de manière bien peu encadrée, ils ont été les interlocuteurs de

toutes les faveurs des ONG, au risque de déstabiliser le système.

Les Comités de Développement des Quartiers, mis en place avant la crise, étaient des organes de

représentation de la société civile, dédiés à faire remonter l’information. Sans une compréhension fine de

ces différents canaux de communication qui ne s’excluent pas du tout, le risque est réel de n’agir que dans

l’instant, en déstabilisant toute structure pérenne.

Est-il possible de réaliser une revue documentaire, Soutien à un exercice de profilage, informations

secondaires et mapping initial de données sur la ville de Bangui20

complète, sur la base exclusive de

documents réalisés par des acteurs humanitaires ? La prise en compte du contexte urbain implique de se

positionner à la fois dans une vision humanitaire (le retour des PDI aujourd’hui dans des camps) et dans une

vision de développement (comment agir pour que les résultats des actions soit pérenne). La journée

organisée le 17 avril avait notamment pour objectif de faire travailler ensemble institutions et acteurs

humanitaires. Aussi, beaucoup ont été surpris par la simplicité de l’événement et le contenu de son

déroulement.

Aujourd’hui, après plus de dix années d’instabilité, dont presque trois de crise, les institutions centrafricaines

sont délégitimées. Pour autant, penser sortir d’une phase humanitaire sans elles est une ineptie. De vraies

compétences existent au sein des institutions, en lien direct avec la spécificité centrafricaine du double

passeport21

. Est-il constructif de s’appuyer exclusivement sur un nouveau gouvernement pour travailler à la

re-légitimation des institutions ? Sont-elles indispensables pour le fonctionnement, même a minima, de

Bangui ? L’un des enjeux de la communauté internationale est bien maintenant d’être en capacité de

reconstruire un dialogue effectif avec les acteurs centrafricains comme entre acteurs de Bangui, ce qui

implique une réelle ouverture du côté institutionnel centrafricain.

6.4. UN ESPACE DE DIALOGUE - VERS UN OBJECTIF DE DEVELOPPEMENT

La crise l’a mis en évidence : à Bangui, l’enjeu territorial est majeur. La destruction en septembre 2015 de

799 des 800 maisons-abris tout juste reconstruites pour le retour des PDI dans le quartier de Foulbé et ses

19

DRC, Dynamiques de retour des déplacés internes dans les quartiers de Bangui, juillet 2015, p.15. 20

JIPS, Revue documentaire, Soutien à un exercice de profilage, informations secondaires et mapping initial de données

sur la ville de Bangui, Février 2016 21

Cf. Annexe 2

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15

environs a durement rappelé qu’habiter est plus qu’avoir un simple toit : c’est avant tout s’inscrire dans un

territoire. Cette brève analyse a également relevé l’importance de la caractéristique de sous-intégration

dans le processus de destruction engendré par la crise. A ce sujet, la mise en place d’espace(s) de dialogue

semble incontournable pour le processus de retour des personnes déplacées et la reconstruction de la

sécurité nécessaire aux retours. Cet espace a certainement plusieurs étages, qu’il s’agisse de la société civile

dans ses diverses réalités (individuelles ou associatives) sur un territoire considéré ou des institutions,

qu’elles soient municipales (avec pour objet la gestion du secteur et de ses habitants) ou nationales (avec

pour mission l’établissement de stratégies comme celle du développement de la capitale tant que la

décentralisation n’est pas effective).

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16

Annexe I : Evolution de destructions systématiques de secteurs d’habitat,

le KP5 et ses marges

Le KP5 et son territoire d’influence directe

Source : Google Earth

8 décembre 2013

29 décembre 2015

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17

Evolutions comparées des quartiers du 3° arrondissement concernés par la destruction22

et du

camp de déplacés M’Poko de l’aéroport:

Le bloc de Sara Yakité - 08 décembre 2013 / 17 août 2014 / 29 décembre 2015

Le quartier de Fondo - 08 décembre 2013 / 17 août 2014 / 29 décembre 2015

Le quartier de Boulata - 8 décembre 2013 / 17 août 2014

Les quartiers de Kokoro - 8 décembre 2013 / 17 août 2014 / 29 décembre 2015

Camp M’Poko - 8 décembre 2013 / 28 février 2014 / 17 août 2014 / 29 décembre 2015

22

Les évolutions des quartiers ci-nommés ont dû être supprimées pour la version site web de l’analyse. Pour une

version complète de cette analyse urbaine, veuillez prendre contact avec la spécialiste des questions urbaines du

Groupe URD : [email protected]

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18

Annexe II : Les institutions publiques en responsabilité du développement urbain, les

acteurs partenaires

Limite : Dans le contexte de transition avec l’investiture du nouveau Chef de l’Etat le 30 mars 2016, ce qui est

avancé peut être sujet à caution et devra être vérifié le cas échéant.

LES INSTITUTIONS & ACTEURS IDENTIFIEES COMME PRENANT PART AU DEVELOPPEMENT URBAIN A

BANGUI :

Le premier constat est classique : les institutions centrafricaines n’échangent que très peu entre elles et ne

traduisent aucune envie de partenariat. Ce qui est moins classique, c’est la présence dans de nombreuses

institutions de compétences avérées. Tout au long de la mission, des échanges de qualité sur le fond ont

souvent été au rendez-vous.

Lors de discussions, il a été relevé puis confirmé que l’une des principales lacunes dans le pilotage de dossier

est le manque de prise d’initiatives de la part d’agents tout à fait compétents. De manière très classique, une

hypothèse impute cette absence d’initiative à une hiérarchie nombreuse et forte. Une première observation

aurait pourtant tendance à constater des équipes ministérielles réduites, dans des Ministères fortement

thématisés en ce qui concerne le développement urbain (tous sont organisés sur ce même modèle).

Enfin, la RCA présente la particularité d’avoir une élite sociale au sein de laquelle un grand nombre de

personnes possèdent deux passeports, le second étant souvent français, avec une vie effective dans les deux

pays. Ce rapport à l’extraterritorialité pourrait être questionné pour l’engagement ressenti de l’équipe

gouvernante.

LA MUNICIPALITE DE BANGUI / les mairies d’arrondissement / les chefs de groupes / les chefs de quartiers

A l’heure actuelle, tous sont nommés institutionnellement, aucun représentant n’est élu et donc aucune

décentralisation n’est effective. Un projet de code des collectivités est sur le bureau, en attente du nouveau

chef de l’Etat, le gouvernement temporaire ayant estimé, comme pour de nombreux chantiers de fond, qu’il

n’était pas de son rôle de statuer. Ce code consacre la décentralisation et offre deux éventuels travers.

D’une part, trop décentralisateur, il peut être mis sous la pile des dossiers en attente de jours meilleurs, et il

sera certainement nécessaire de veiller à ce qu’il soit étudié comme il se doit. D’autre part, son texte est

aujourd’hui très ambitieux et s’il devait être validé en l’état, au-delà de la question - certes réelle - des

compétences des municipalités, se poserait la question du pouvoir décentralisé. Celui-ci pourrait en effet

susciter en premier lieu de très fortes pressions sur des structures et des hommes non outillés pour y

résister. Il pourrait également éveiller l’intérêt d’hommes politiques plus en quête de pouvoir que concernés

par la gestion du bien public.

Les municipalités ont à leur charge, de manière très classique, le bon déroulement de la vie quotidienne :

gestion des marchés et entretien de l’espace public (dont les infrastructures de drainage et la gestion des

déchets).

Sur le terrain, les Maires d’arrondissement sont directement en lien avec les chefs de quartiers. Ces Maires

d’arrondissement sont souvent des notables et donc reconnus comme des représentants, mais leur impact

est directement lié à leur personnalité, leur intérêt et, de ce fait, par leur engagement pour la "chose"

publique sur le territoire concerné.

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19

Dans la structure actuelle, les chefs de groupes constituent un maillon particulier : ils sont plus la

représentation d’un regroupement de chefs de quartiers, pour les réunions ad hoc, qu’un échelon

hiérarchique dans la structuration institutionnelle.

Enfin, les chefs de quartiers sont plus proches des habitants qui participent à leur choix : ils sont élus par des

élections qui ne sont pas du fait de l’Etat et sont ainsi des représentants de la population reconnus par la

Municipalité comme le maillon le plus déconcentré de l’administration. L’élection est informelle, des

candidats se présentent et les personnes du quartier votent. La Mairie entérine ensuite le chef de quartier.

Dans les faits, la situation diffère suivant les quartiers, mais la majorité d’entre eux sont chefs de quartier "à

titre temporaire" (c’est-à-dire dans l’attente des élections). Il est par ailleurs fréquent que la passation se

fasse par filiation suite à un décès. Cette position ne semble pas encadrée par des textes et la question se

pose lorsque le chef de quartier choisi se révèle ne pas être un bon représentant.

LE GOUVERNEMENT

La structuration des ministères est établie de manière identique et formelle :

- Le Secrétaire Général a été supprimé, son rôle est assuré par le Directeur de Cabinet ;

- Chaque Ministère comprend une direction des ressources et (deux) directions générales sectorielles,

chacune divisée en trois directions. Chaque direction est subdivisée en 3 services.

Pour le développement urbain, les Ministères de référence sont :

� Ministères rencontrés durant la mission de mars :

- Le Ministère de l’urbanisme et des édifices publics

- Le Ministère de l’habitat et du logement

- Le Ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et régionalisation

- Le Ministère de l’énergie et de l’hydraulique

- Le Ministère des affaires sociales et de l’action humanitaire

Dans la cadre de la crise actuelle, ce Ministère est particulièrement pertinent (DDR : Désarmement,

Démobilisation, Désarmement).

� Incontournable dans un cadre de coopération internationale :

- Le Ministère du plan, de l’économie et de la coopération internationale

� Ministères n’ayant pas encore été rencontrés :

- Le Ministère des travaux publics, de l’équipement et de l’aménagement du territoire

Ce ministère a souvent été cité comme travaillant sur l’ensemble du territoire et non en milieu

urbain.

- Le Ministère de l’environnement, de l’écologie et du développement durable

Force est de constater que ces thèmes, difficilement forts, ne sont pas des administrations

influentes dans un contexte comme celui de la RCA. De fait, les enjeux importants rattachés (eau et

forêt / agriculture et élevage) sont séparés dans des ministères ad hoc.

- Le Ministère de la réconciliation, du dialogue politique et de la promotion de la culture civique

Dans un cadre conflictuel tel qu’actuel, ce Ministère pourrait être considéré autour de la notion de

citoyenneté.

LES INSTITUTIONS "TECHNIQUES" NATIONALES

� ANEA (l’Agence Nationale pour l’Eau et l’Assainissement)

L’ANEA agit sous la tutelle institutionnelle du Ministère de l’énergie et de l’hydraulique

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20

LES SOCIETES CONCESSIONNAIRES DE SERVICES MARCHANDS

� SODECA (SOciété de Distribution d’Eau de CentrAfrique)

La SODECA agit sous la tutelle institutionnelle du Ministère de l’énergie et de l’hydraulique.

La problématique de l’alimentation en eau potable est prioritaire dans le cadre des établissements

humains et particulièrement pour une ville-capitale comme Bangui. La SODECA a mandat pour opérer

sur 8 villes mais, de fait, elle n’intervient que dans 3 ou 4 villes en dehors de Bangui et est appuyée par

un organisme international.

La SODECA est une SEM (Société d’Economie Mixte) théorique, dont l’Etat possède 97,5 % des parts et

Ecobank 2,5 %. Elle s’est structurée ainsi en 2006, à la vente symbolique à l’Etat des parts de la SAUR

qui assurait un contrat d’affermage depuis 1990.

LES ACTEURS PARABUBLICS

� AGETIP-CAF (Agence d’Exécution des Travaux d’Intérêt Public en CentrAFrique)

http://www.agetipcaf.org

L'AGETIP CAF est, depuis janvier 2006, le nouveau nom de l’ATRACOM (créée en février 1994). Elle est

issue de la volonté du gouvernement centrafricain et de la Banque Mondiale, pour la mise en œuvre

de programmes de développement. Disposant d’un statut d’association à but non lucratif (loi 61/233

du 27 mai 1961), ses membres sont :

- Les membres de l'Etat représentés par le Ministère chargé de l'Urbanisme ;

- la ville de Bangui ;

- la ville de Bimbo ;

- l'Association des Maires de Centrafrique ;

- l'Association Nationale des Entrepreneurs et Artisans Centrafricains (ANEAC) ;

- la Société de Distribution d'Eau (SODECA) ;

- l'Energie Centrafricaine (ENERCA) ;

- la Société Centrafricaine des Télécommunications (SOCATEL) ;

- le Ministère de l'Environnement.

LES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE CENTRAFRICAINE

Les organisations de la société civile n’interviennent pas explicitement sur le développement urbain, mais en

tant que maillon de la société civile, voire régulateur, leur rôle peut être particulièrement important.

Généralement associatives, elles peuvent avoir plusieurs types d’objectifs :

- Associations de tontines ;

- Association de femmes, de jeunes, etc. ;

- Associations confessionnelles ;

- Conseils des sages ;

- Comité de Développement de Quartier (CDQ) ;

- Comités de Cohésion sociale (ou équivalent) ;

- ONG centrafricaines ;

- Etc.

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21

Annexe III : Faits & documents

BANGUI - IDPs - CAMP M’POKO

Ordre chronologique des :

Faits

Chiffres

Documents consultés

Ratification de la convention de Kampala par la RCA 20 déc 2010

Embargo sur les armes décrété par les Nations unies 2013

Fuite de Bozizé, face à Michel Djotodia à la tête des Seleka 24 mars 2013

Dissolution de la Seleka par M.Djotodia sept 2013

� Les Anti-Balaka entreprennent de se venger (relation au nettoyage ethnique) sept 2013

Offensive Anti-Balaka à Bangui / Représailles ex-Séléka 05 déc 2013

Premier réfugiés à Mpoko (majoritairement chrétiens) 05 déc 2013

Opération Sangaris 05 déc 2013

Offensive Anti-Balaka Bossangoa 05-07 déc 2013

CCCm RRT (Rapid Response Team) à Bangui pour activation du cluster 18 déc 2013

MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) sans autorisation CSNU déc 2013

DRC, ≈ jan 15 310 000 PDI à Bangui (CMP, Commission des Mouvements de Pop.) déc 2013

Attaque au site de Don Bosco 31 déc 2013

Global CCCM, 100 000 PDI à Mpoko (CMP) 05 janv 2014

Démission de M.Djotodia, Catherine Samba Panza est élue présidente de transition janv 2014

CCCM - Shelter cluster (carte) Camp Mpoko (sur image du 20 janv 14) 06 fév 14

(Point, draft) Visites et Rencontres dans les arrondissements de Bangui 18 fév 14

Le Tchad retire ses troupes de la MISCA mars 2013

Réorganisation de l’ex-Seleka qui nomme un nouvel état-major militaire mars 2014

Le Tchad ferme ses frontières printemps 2014

Massacre église Notre Dame de Fatima (Bangui) 29 mai 2014

EUFOR RCA (sécurité à Bangui) juin 2014

Ghetto du 5e arrondissement juin 2014

DRC, ≈ jan 15 110 000 PDI à Bangui (43 sites, CMP / Nb mis en doute par DRC) 01 juil 2014

DRC ≈ jan 15 37 400 PDI à M’Poko (CMP) 01 juil 2014

? Stratégie Vers le Retour et Autres Solution Durable en République Centrafricaine ? juin 14

HCT (Note conceptuel, draft) Stratégie de retour soutenable des populations déplacées juin 14

(draft final) TdR Groupe de travail SolDur Juil 14

Signature de l’accord de cessation des hostilités à Brazzaville 23 juil 2014

Piliers SolDur (Plan d’action consolidé) Appuis au PDI et solutions durables

Bangui (3e, 4

e, 5

e), Bimbo, Begoua Aout 14

MINUSCA sept 2014

GIC RCA Conclusions de la 6e réunion du GIC du 11 nov 14 (en annexe courrier 10 fév 15) 11 nov 14

CCCM (Plan de situation), site AVICOM 11 nov 14

OCHA ?? (Présentation PPt) Aménagement du site d’ AVICOM nov 14

Cluster protection ? (CR visite du site AVICOM) 17 nov 14

Rapport d’évaluation sécuritaire du Site de relocalisation des déplacés du camp M’Poko

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22

Cluster Protection Evaluation du site d’AVICOM 17 nov 14

OCHA (Présentation au HCT) Appui aux retourx et solutions durables à Bangui 25 nov 14

MFB (gvt) Arrêté de réquisition, site AVICOM 27 nov 14

Dissolution de la coordination anti-Balaka par Patrice Ngaissona nov 2014

Installation d’une clinique de MSF dans l’aéroport (Libé) 01 déc 2014

CCCM - UNHCR - DRC (Carte, draft) Quartier d’origine des PDIs du site de M’Poko 05 déc 14

OCHA (position paper, draft) Mpoko IDP camp situation ≈ déc 14

HC (Courrier à MASAH) Suites pour le site des déplacés de M’Poko 18 déc 14

MASAH (Réponse à HC) Retour IDPs Mpoko 22 déc 14

? (Note interne) Distributions aux PDIs du site de l’aéroport du 14 dec 15 ? jan 15

DRC (DUE - UNHCR - CCCM - Cluster Protection, Rapport d’évaluation 2014, étude juil 14) ≈ jan 15

Intentions de retour des personnes déplacées internes à Bangui

? (draft) Calendrier (...) processus retour et réinstallation PDI du site Mpoko ≈ fev 15

MASAH (Courrier à HC) Fermeture du site des déplacés internes de l’aéroport) 10 fev 15

DRC - PUAMI (LERSA - MASAH) Présentation (ppt) des données de l’enregistrement de MPOKO fev 15

OCHA ? (Note stratégique, draft) Retour / Réinstalayion des IDPs du site M’Poko ≈ mar 15

OCHA (CR réunion Task force) Reinst. IDPs Mpoko 27 mar 15

Forum de Bangui 4 - 11 mai 2015

DRC-PNUD Analyse à base communautaire des perceptions des dynamiques conflictuelles mai 15

Des populations du PK5

Cluster Protection (Présentation PPt) CMP Bangui (Situation des PDI en RCA) 07 juil 15

DRC (Note de synthèse) Dynamiques de retour des PDI dans les quartiers de Bangui juil 15

HC (Communiqué de presse) 02 sept 15

Inquiétude de la communauté humanitaire de la décision du Gvt de fermer M’Poko

MASPGAH (Courrier au HC) Réponse communique de presse, Fermeture M’Poko 08 sept 15

DRC (FAO - ECHO - CHF) Présentation (PPT) des données préliminaires Bangui sept 15

De l’enquête « RESILIENCE » sur Bangui

Regain de violence suite à l’assassinat d’un musulman retrouvé (mosquée 3e arrdt) 26 sept 15

DRC Dynamiques de déplacements, perceptions sécuritaires et stratégies oct 15

de résilience suite à la crise de fin septembre de Bangui (enquête 7-10 oct15)

? TdR, Groupe de travail sur le retour ≈ fin sept 15

DRC (Fond Bêkou - AFD) Analyse des perceptions des dynamiques conflictuelles dec 15

& Mapping des acteurs, Bloc Sara Yakité & Bloc Miskine, Bangui

EHP (Note d’orientation) Le retour et les solutions durables en RCA (sept 15) fév 16

EHP Checklist planification et assistance au retour fév 16

JIPS (Revue documentaire) Soutien à un Service de Profilage, Informations secondaires fév 16

et Mapping initial des Données sur le Ville de Bangui

GTR (draft) Plan d’opération pour l’assistance au retour sur les sites menacés d’éviction ≈ fév 16