Antonio Celestino

Le couvent du Carmelà Salvador, F

État de Bahia

Le couvent du Carmel est un des principaux monuments historiques de la ville de Salvador, capitale de l'État de Bahia, au Brésil. Sa construction fut entreprise en 1586 ; dès qu'ils le purent, les carmes s7y installèrent. Comme dans le cas de la plupart des anciens monuments religieux, il fut agrandi au cours des sihcles et devint le témoin des grandes heures de l'histoire, comme la reddition en 1625 des troupes hollandaises signée dans la salle dite de la Capitulation, ou la guerre de l'indépendance durant laquelle ses bâtiments servirent de caserne. L'histoire du Brésil est intimement liée à ce couvent; outre tous les moments qu'il evoque, il illustre, par sa beauté plastique si typique, l'architecture religieuse des diverses époques de sa construction.

Cet édifice est situé dans un quartier dont l'atmosphère est encore profon-

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CONVENTO DO CARMO, Salvador (Brtsil). Vue

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21 CONVENTO DO CARMO, Salvador (Brtsil). Le cloître et la piscine.

CONVENTO DO CARMO, Salvador (Brésil). Vieux murs. On peut constater les dégâts. 23 CONVENTO DO CARMO, Salvador (Brésil). Installation des poutres du troisième étage. 24 CONVENTO DO CAaafo, Salvador (Brtsil). Le toit avec les vieilles poutres. On peut noter les ouvertures en haut à gauche. 2/ CONVENTO DO CARMO, Salvador (Brésil). Galerie.

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dément coloniale et qui l'enveloppe d'un extraordinaire ensemble architectural, le Pelourinho, dont le nom est connu même hors du Brésil. Le lieu est élevé, bien aéré, et commande un large horizon; les rues évoquent les obscures légendes que la mer apporta d'Afrique et d'Europe et qui envoûtent encore ses nuits chaudes : la Maison des sept morts, la Croix de Pâques, rappellent les tristes esclaves dont on sent encore parfois la présence certaines nuits baignées de mystère où règne un effroi surnaturel.

Le couvent a deux cloîtres. I1 était la propriété particulière de la province carmélite de Santo Elias. Aujourd'hui, une entreprise hôtelière (le Grupo Luxor de Hoteis) a obtenu, avec l'autorisation du gouvernement de l'État de Bahia, de louer une partie du monument pour y aménager un hôtel de caté- gorie supérieure. Mais, dans cette partie, il y avait aussi le Musée de l'État de Bahia, qu'il fallut transférer dans un autre emplacement approprié. L'ordre religieux se réserva une partie du couvent, où habitent aujourd'hui quelques moines ; ils y conservent un précieux ensemble d'objets appartenant à leur ordre, d'un extraordinaire intérêt muséologique : argenterie, toiles, meubles, chasubles, etc. ; sans doute ces objets sont-ils exposés, mais la présentation laisse beaucoup à désirer du fait de l'improvisation qui y a présidé, dans

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l'ignorance de tout système ou méthode qui se serait imposé dans un cas de ce genre.

La partie louée, qui entoure un cloître d'aspect monumental, somptueux, se trouvait dans un piètre état; la masonnerie, les colonnes de grks et toute la charpente de l'édifice comme de la toiture nécessitaient de sérieux travaux. L'entreprise locataire fit établir le levé cadastral de l'immeuble, dont on ne possédait aucun plan ; elle eut soin en outre de relever le plan de la partie historique, pour que sa restauration s'effectue, autant que possible, en respec- tant son caractère primitif, l'architecture initiale ayant souffert des inévitables modifications que lui avaient fait subir les maîtres d'œuvre du passé.

Puis on supprima les ajouts qui altéraient l'aspect original du monument, dont on renforsa par une ossature de béton armé la masonnerie de pierre en mauvais état. On infiltra de la résine époxy dans les colonnes de grès qui étaient dégradées et l'on remplasa près de 70 % des pièces de bois détériorées par le temps, en même temps qu'on réparait les murs de brique et qu'on effectuait la difficile restauration de tous les encadrements. Pendant que se réalisaient ces travaux, on entreprenait l'installation de l'hôtel, dont le projet prévoyait 5 0 chambres ; mais ce nombre fut porté à 70 lorsqu'on eut découvert un plan- cher supérieur qui servait aux cellules des esclaves que possédait chaque moine; ces cellules étaient accessibles par des échelles amovibles, afin que les esclaves ne puissent descendre sans l'ordre des maltres ... Les difficultés auxquelles on s'est heurté pour aménager dans un immeuble vieux de quatre cents ans un hôtel moderne avec toutes ses installations complexes telles que salles de bain, climatisation, canalisations électriques, câbles téléphoniques, ascenseurs, etc., durent être résolues sans plan préalable, en faisant appel aux compétences de divers spécialistes : ingénieurs, historiens d'art, archéologues, architectes des services de restauration ;. bref, chaque étape était surveillée par le technicien dont la spécialité était le plus nécessaire pour résoudre le problème qui se posait. Mais l'ensemble du projet et la conduite des travaux avaient été confiés à deux architectes brésiliens : Sérgio Rocha et Fernando Leal.

Les services de l'hôtel ont été installés dans des annexes du couvent, mais qui n'en faisaient pas partie. On sépara ainsi du monument historique les activités les moins nobles ou relativement polluantes ou dangereuses.

Le mobilier fut réalisé selon des modèles conps dans le même esprit, de restauration. Dans la partie centrale à ciel ouvert du cloître fut creusée une piscine circulaire, qui s'harmonisait parfaitement au style de l'ensemble.

Les travaux durèrent un peu moins de quatre ans et coûtèrent près de 2 millions de dollars.

L'hôtel est aujourd'hui ouvert; quelques objets qui sont la propriété du Musée de l'État y sont exposés, en l'embellissant ; mais il ne peut s'agir l à . d'une exposition mustologique. Dans la galerie du cloître, qui a été fermée de panneaux de verre trempé pour protéger l'intérieur, se tiennent des expo- sitions d'art plastique.

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