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LE QUARTIER LIBRE - 11 septembre 2002 - Vol. 10, no 2 LA MÉDIATION AU POINT MORT w w w . q l . u m o n t r e a l . c a L’UNION SACRÉE L’UNION SACRÉE L E J O U R N A L D E S É T U D I A N T S D E L U N I V E R S I T É D E M O N T R É A L ISRAEL-PALESTINE. CELLES QUI LUTTENT POUR LA PAIX ÉQUITÉ SALARIALE À L’UdeM

LE JOURNAL DES ÉTUDIANTS DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL · 2020-07-01 · le quartier libre - 11 septembre 2002 - vol. 10, no 2 la mÉdiation au point mort ll’union sacrÉe le

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L’UNION SACRÉEL’UNION SACRÉE

L E J O U R N A L D E S É T U D I A N T S D E L ’ U N I V E R S I T É D E M O N T R É A L

I S R A E L - P A L E S T I N E . C E L L E S Q U I L U T T E N T P O U R L A P A I X

É Q U I T É S A L A R I A L E À L ’ U d e M

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QUARTIER LIBRE - Vol. 10 no 2 - 11 septembre 2002 Page 3

é d i t o r i a là la une

Du conceptd’étanchéité

«Des frontières étanches?». Le titre est tiré d’un article d’analyseparu ce week-end dans les pages perspectives du journal LeDevoir. Sujet évoqué: la politique sécuritaire des États-Unisrenforcée depuis ce jour où le monde est censé avoir basculé dutout au tout, à savoir il y a très exactement un an, le 11septembre 2001. Une politique qui vise en premier lieul’immigration, clandestine ounon, et qui concerne aussi le statutdes personnes demandant le statutde réfugié, par le biais notammentde l’entente sur «le tiers pays sûr»conclue en juillet avec le Canada.Cette entente prévoit de renvoyeraux États-Unis toute personnedemandant l’asile au Canada. S’il ya matière à discuter sur leschangements survenus à la suitedes attentats du World Trade Center,c’est aux immigrants qu’il convientde s’adresser.

Autrement dit, et le message se veut très clair, on demande auximmigrants de porter le fardeau des fautes commises nonseulement par une poignée de fanatiques, mais aussi par un Étatqui confond politique extérieure et invasion au bulldozer. Et l’oncleSam n’est pas seul dans sa bataille rangée. Derrière lui, de manièreplus discrète, l’Union Européenne s’enferme dans une attitudeprotectionniste. Les 21 et 22 juin, lors du Conseil européen deSéville, la lutte contre l’immigration clandestine figurait parmi lesprincipaux points abordés. Bien qu’ayant abouti sur un accord deprincipe plutôt modéré, le Conseil avait démarré sur uneproposition soutenue par la majeure partie des pays présents,prévoyant des sanctions pouvant aller jusqu’à l’arrêt des aides audéveloppement aux pays pauvres incapables de gérer le flux deleurs émigrants vers les puis-sances du Nord.

Sans le veto ferme de la France,de la Belgique et de la Suède, laproposition amenée par l’Espagneet l’Angleterre, soutenues parl’Allemagne et l’Italie, aurait pufigurer dans les annales enmatière d’absurdité lourde deconséquence. Mais au delà de cequi aurait pu s’avérer et de ce quecette proposition augure del’évolution de la position eu-ropéenne, très fragile, on nepeut que s’inquiéter lorsque lessolutions amenées face auxproblèmes posés par l’immigration excluent toute réflexion surles politiques d’intégration, pourtant fondamentales. C’est entreautres choses ce que dénoncent les quelque cent organisations,représentant 25 pays, qui se sont réunies lundi et mardi à

Bruxelles, à l’initiative du Conseil économique et social européen.On leur souhaite bien du courage. La pression est grande.

Étanches, les États-Unis le sont assurément. Mais certainementpas pour les raisons évoquées. Difficile de penser que l’onpuisse un jour contrôler de manière assez stricte n’importe quelle

frontière, à moins bien sûr d’em-pêcher toute entrée sur le territoireaux nouveaux arrivants. D’autantplus dur quand on s’érige enmodèle de démocratie pour lemonde. L’étanchéité, la vraie, estcelle qu’affiche George Bush face àtout programme mettant à mal lesacro saint marché, à tout progrèssocial ou humain. En témoigneentre autres son refus de ratifier leprotocole de Kyoto, de concéder unquelconque pouvoir au tribunalinternational de La Haye sur lesressortissants américains, son

mépris total des lois internationales, son absence au sommet deJohannesbourg, et j’en passe. L’étanchéité, devenant leitmotiv, metà jour l’effondrement des valeurs si chères à l’Amérique, valeursqui tiennent plus de l’abstraction que de la réalité, à l’image desvaleurs boursières d’Enron.

* * *

J’ai vu Mario Dumont à la télévision de Radio-Canada dimanchesoir. Mario Dumont sur le plateau de la fête de rentrée organiséepar la chaîne, publique (faut-il le rappeler!), invité spécial pourla présentation de la fameuse télésérie à polémique Bunker.

J’ai beau chercher le troisièmedegré, je ne l’ai pas encore trouvé.Faut-il alors penser que le seul soucide la côte d’écoute a justifié cedérapage contrôlé?

Quoi qu’on pense de l’ADQ et de sonchef (pour ma part pas grand-chosede bien), on est en droit de sedemander pourquoi un médiad’information entre délibérémentdans l’arène politique en permettantà un futur candidat (et pas n’importelequel) de venir jouer les vedettes.D’autant plus lorsque ce politicienpeut à loisir s’ériger en modèle depureté et d’humour, clin d’œil à

l’appui, en présentant une série ou l’on s’amuse à dénigrer laclasse politique.

Je ne sais pas pour vous, mais moi j’ai mal au cœur.

DIRECTRICE Aurore [email protected]

CHEFS DE PUPITRE

CAMPUS: Tristan Pé[email protected]ÉTÉ / MONDE: Mikaëlle [email protected]: Vacant

DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIEDominic [email protected]

COLLABORATEURSJean-François Béland, Alexandre Benoit, StéphanieDuret, Emmanuella St-DenisCORRECTEURSSerge Bergeron, Denis Desjardins

INFOGRAPHIE© Zirval Design & Imprimerie (514) 525-3781

ADMINISTRATIONJulie Leblanc

PUBLICITÉ

Accès-Média (524-1182)

IMPRESSIONImprimerie Alex

DISTRIBUTIONR.C. Graphiques

Le Quartier Libre

est le journal des étudiants de l'Université de Montréal publié par Les Publications du Quartier Libre, une corporation sans but lucratif créée par des étudiants en 1993.

Bimensuel, le Quartier Libre

est distribué gratuitement sur tout le campus de l'Université de Montréal

et dans ses environs.Nos bureaux sont situés au:2350, Édouard-Montpetit, Résidences de l’UdeM (Local 5115) C.P. 6128, succ. Centre-Ville, Montréal (Québec) H3C 3J7

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Le Quartier Libre est membre de la Presse universitaire indépendante du Québec(PUIQ)

Dépôt légal:Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada ISBN 1198-9416

Tout texte publié dans le Quartier Libre

peut être reproduit avec mention obligatoire de la source.

PROCHAINE PARUTIONMercredi 25 septembre 2002

PROCHAINE TOMBÉEJeudi 19 septembre 2002

Militaires, mères, intellectuelles, partieprenante dans le conflit qui oppose leursdeux nations, les femmes israéliennes etpalestiniennes sont aussi pour certaines

les premières à promouvoir la paix...ensemble.

Photographie: Dominic Gauthier Infographie: Zirval design

Aurore LEHMANNÀ lire en page 17

L E J O U R N A L D E S É T U D I A N T S D E L ’ U N I V E R S I T É D E M O N T R É A L

sommaireC A M P U SLes frais champignons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4Stade revampé, joueurs enchantés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5Équité salariale: l’Université quitte la table de médiation . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7N’est pas radio officielle des Carabins qui veut! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 9

S O C I É T ÉLes publicitaires sexistes ont trouvé leur maître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 10

Torture policière au Pays basque? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 15

M O N D ESolidarité Québec-Chili . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18Allemagne: Schröder miraculé des eaux? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19

C U L T U R ELe corps roi...du mime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 20Théâtre: restez, y’a rien à voir! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 22

L’agenda culturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 24

L ’ I N T E R V I E W ÉBenoît Chaput, fondateur des éditions L’Oie de Cravan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 13

L ’ É T A N C H É I T É , D E V E N A N T

L E I T M O T I V , M E T À J O U R

L ’ E F F O N D R E M E N T D E S V A L E U R S S I

C H È R E S À L ’ A M É R I Q U E , V A L E U R S

Q U I T I E N N E N T P L U S D E

L ’ A B S T R A C T I O N Q U E D E L A R É A L I T É ,À L ’ I M A G E D E S V A L E U R S

B O U R S I È R E S D ’ E N R O N .

O N D E M A N D E A U X I M M I G R A N T S D E

P O R T E R L E F A R D E A U D E S F A U T E S

C O M M I S E S , N O N S E U L E M E N T P A R

U N E P O I G N É E D E F A N A T I Q U E S , M A I S

A U S S I P A R U N É T A T Q U I C O N F O N D

P O L I T I Q U E E X T É R I E U R E E T

I N V A S I O N A U B U L L D O Z E R

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Page 4 QUARTIER LIBRE - Vol. 10 no 2 - 11 septembre 2002

D ébut septembre, en pleinerentrée universitaire, la

Confédération des associationsd’étudiants et d’étudiantes del’Université Laval (CADEUL) mobi-lise ses membres pour une nouvellebataille qui s’annonce des pluschaudes.

La raison de cette montée auxbarricades: l’imposition de «fraisde gestion» de 150 $ par année,couplée avec une hausse de 30 $des frais afférents. Au total, lesétudiants débourseront 180 $ deplus par année en frais non régle-mentés, une hausse de 10 % deleur facture universitaire annuelle.

«C’est du jamais vu, lance MathieuLachance, vice-président aux

communications à la CADEUL.Cette hausse s’est faite à notreinsu, jamais nous n’avons étéconsultés par l’Université Laval.»

Ce n’est cependant pas la premièrefois que des frais semblablesapparaissent sur les factures desétudiants, tant à l’Université Lavalque dans les autres universités dela province. Jugeant qu’un inven-taire des frais non réglementés étaitdevenu une nécessité, la Commis-sion des études, qui relève de

l’Assemblée nationale, a comman-dé un rapport sur la question enfévrier 2002.

Selon l’étude qui a été produite parle Bureau de la recherche insti-tutionnelle, il demeure difficiled’avoir une idée globale des fraisnon réglementés puisque chaqueuniversité les applique de manièredifférente.

L’Université de Montréal, Concor-dia, Bishop’s et McGill, par exem-

ple, chargent entre 40 $ et 60 $pour la diplomation des étudiants.L’Université Laval et le réseau desUniversités du Québec ne le fontpas. Il en va de même pour les fraisd’admission qui sont exigés parpresque toutes les universitésquébécoises. Certaines se conten-tent de charger 30 $ pour l’admis-sion, alors que d’autres exigentjusqu’à 65 $ par étudiant.

Dans la foulée de ce rapport, laFEUQ a décidé de produire sa

propre étude sur les frais nonréglementés. Selon la Fédération,toutes universités confondues, cesfrais atteindraient en moyenneprès de 275 $ par étudiant pourl’année 2000-2001, comparative-ment aux 145 $ déboursés par lesétudiants en 1993-1994, année oùle gel des frais de scolarité a étéappliqué.

En tenant compte de cette hausse,la facture totale payée par lesétudiants québécois (incluant lesfrais de scolarité normaux) estpassée en moyenne de 1775 $ parannée, en 1993-1994, à 1961 $ en2000-2001, soit une hausse de10,4 %. «C’est tout à faitinacceptable que le gouver-nement ferme les yeux sur detelles hausses, s’indigne NicolasBrisson, président de la FEUQ. Lesystème de prêts et bourses netient pas compte de cette réalitélorsqu’il calcule les montantsalloués à chaque étudiant. Aubout du compte, ce sont eux quisont directement pénalisés.»

Mais aux yeux de la Conférence desrecteurs et principaux desuniversités du Québec (CREPUQ),cette hausse est tout à fait justifiablepuisqu’elle équivaut à la hausse del’indice des prix à la consommation(IPC). «Quand on regarde ceshausses en se rappelant que

l’inflation depuis 1993-1994 estd’à peu près 10 %, il n’y a pas lieude crier à l’injustice», estimePierre Lucier, président de laCREPUQ.

R E C H E R C H ED ’ E N G A G E M E N T SP O L I T I Q U E S

Avec l’approche des électionsprovinciales, la FEUQ compte fairepromettre aux différentes for-mations politiques qu’ellesréglementeront ces «frais cham-pignons». «L’aile jeunesse du Partilibéral s’est déjà prononcée enfaveur d’une telle réglementationet nous poursuivons nosdémarches auprès d’autresreprésentants de la scène politi-que, explique Nicolas Brisson.Toutefois, nous ne pouvons pasnous contenter uniquement dedemander des appuis. Nousallons donc, dans un premiertemps, continuer à faire pressionsur le gouvernement fédéral pourqu’il ajuste à la hausse sa part definancement et, d’autre part,nous allons mettre en branle unevaste consultation sur le systèmede financement universitaire.D’autres modèles existent ailleursdans le monde et se sont avérésefficaces. Ça vaudrait peut-êtrela peine de regarder ce qu’il y ade bon dans tout cela.»

F R A I S U N I V E R S I T A I R E S

Comme de la mauvaise herbeFaute d’un financement adéquat, les universités québécoises ont créé, depuis le gel des frais de scolarité en 1994,une multitude de frais obligatoires non réglementés qui leur permettent de contourner le décret gouvernemental.Craignant que de tels frais gagnent en popularité auprès des recteurs, les associations étudiantes réclamentune réglementation plus stricte.

Tristan PÉLOQUIN

c a m p u s

T O U T E S U N I V E R S I T É S Q U É B É C O I S E S C O N F O N D U E S , C E S F R A I S

A T T E I N D R A I E N T E N M O Y E N N E P R È S D E 2 7 5 $ P A R É T U D I A N T

P O U R L ’ A N N É E 2 0 0 0 - 2 0 0 1 .

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QUARTIER LIBRE - Vol. 10 no 2 - 11 septembre 2002 Page 5

«L e terrain n’avait servi àaucune manifestation spor-

tive d’élite pendant 20 ans et on s’enservait parfois à des fins non sportives ;il a même servi de stationnementprovisoire, lors de la crise du verglas de1998», rappelle Guy Deschênes, préposé àl’entretien des installations au CEPSUM. Leretour des Carabins a intensifié les activitésdu Centre, ce qui lui a permis, ainsi qu’àses collègues, d’avoir un peu plus de travail.«On avait une liste de rappel d’employéspour l’entretien du terrain dont on nese servait plus depuis longtemps.Maintenant, une bonne partie de cesemployés sur appel ont des heuresgaranties toutes les semaines», expliqueGuy Deschênes. Une manne qui n’aurait pu

leur tomber dessus sans les résultats d’unréférendum tenu en 1998 sur le campus,où 65 % des étudiants avaient appuyé leretour d’équipes de sport d’élite àl’université après 26 ans d’absence.

U N E A B S E N C E J U S T I F I É E

En 1972, une majorité des associationsdépartementales de l’Université ont votéen faveur d’une opération d’accessibilitéen matière de sport. Un virage nécessaire,compte tenu des conditions danslesquelles les Carabins s’entraînaient pourleurs matchs. «Au début des années1970, il n’était pas rare qu’un entraî-nement de l’équipe des Carabins débute

par du jogging au terrain Bellingham(piste de course située entre les facultésde musique et d’éducation), et setermine par de la musculation àl’actuel département de géographie, surle chemin de la Côte-Sainte-Catherine»,rappelle le directeur adjoint du CEPSUM,Edgar Malépart. «C’est à ce moment queles étudiants ont montré leur volontéd’avoir accès facilement à des instal-lations sportives renouvelées etcentralisées. Parce qu’à l’époque, ellesétaient beaucoup trop dispersées surle campus et désuètes.»

Si le terrain se trouvait dans un étatpitoyable en 1998 (surface durcie ettrouée), c’est qu’il avait été utilisé à toutesles sauces. «Il a servi de salle despectacles pendant 20 ans. Mais cequi a été le plus dommageable, c’est lapréparation du terrain lors de la tenuede manifestations sportives durant lasaison hivernale, comme le ballond’hiver», croit Pierre Lefebvre, respon-sable des infrastructures au CEPSUM.L’administration du Centre ne s’opposerapas à la tenue d’activités sportivespendant le Carnaval d’hiver. Mais,soutient Pierre Lefebvre, «aucunedéblayeuse ne s’amènera sur le terrainen cas d’intempéries, comme on l’a faitdans le passé. Si une partie de ballonde neige doit être tenue en février aprèsun jour de tempête, le terrain devra

être déblayé d’une manière beaucoupplus délicate.»

Le terrain du CEPSUM, à l’instar de celuidu PEPS de l’Université Laval, est recouvertd’une surface à poil long. Une surface plusadaptée aux besoins des joueurs de footballet de soccer, dont les glissades et les chutessont fréquentes, mais «qui nécessite deuxfois plus de temps d’entretien quel’ancienne surface», relate GuyDeschênes, employé du service d’entretiendu Centre.

L A F A E C U M R A S S U R É E

Le secrétaire général de la FAECUM,Nicolas Fournier, affirme toutefois que lescraintes de la Fédération étudiante ont éténombreuses quant au soutien des équipesd’élites. Les Carabins, ce n’est pas que lefootball. Une dizaine d’équipes évoluentsous ce nom (volley-ball, ski alpin etautres). On craignait donc un scénariode financement semblable à celui del’Université Laval. «Le Rouge et Or, aufootball, n’a qu’un seul commanditaireprivé, dont ne bénéficient pas lesautres sports», soutient le secrétairegénéral. «On a poussé un soupir desoulagement lorsque l’administrationa proposé son mode de financement,qui est une enveloppe fermée validepour les dix sports» , conclut lesecrétaire général.

R É N O V A T I O N S A U C E P S U M

Les Carabins pendent la crémaillère

Le retour des Carabins au CEPSUM marque aussi l ’ inauguration d’ instal lations extérieures revampées. Deschangements nécessaires, confirmant une nouvelle vision en matière de sport étudiant. Sans les changements apportésau terrain, le grand match d’ouverture de l’équipe de football aurait pu être disputé sur un terrain aussi dur quel’asphalte...

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Alexandre BENOIT

« S I L E T E R R A I N S E T R O U V A I T D A N S U N É T A T L A M E N T A B L E ,C ’ E S T Q U ’ I L A S E R V I À T O U T E S L E S S A U C E S . »

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D epuis deux semaines, le syndicat du personnel de soutien de l’UdeMsemble être partout; à l’entrée du CEPSUM lors du match d’ouverture des

Carabins, aux portes d’entrée du pavillon Jean-Brillant pour accueillir les nouveauxétudiants, ainsi qu’en plusieurs autres endroits sur le campus, où ils multiplientles efforts pour faire savoir leur mécontentement quant à l’«attitude baveuse del’UdeM face aux femmes qui sont à son emploi».

Selon eux, les travailleuses de sexe féminin – qui œuvrent principalement dansles bureaux – gagnent en moyenne 0,90$ de moins par heure que leurs collèguesde sexe masculin, occupant principalement des emplois de métier ou detechnicien. L’Université reconnaît une certaine part d’inéquité dans les conditionsde travail de ses employés de soutien, mais n’est pas d’accord avec l’écart avancépar le syndicat.

Le litige ne date cependant pas d’hier: en 1995, l’UdeM avait décidé de mettrefin, une fois pour toutes, au problème d’inéquité en proposant un programmede «relativité salariale» semblable à celui adopté dans le reste de la fonctionpublique.

Insatisfaits par les termes de ce programme qu’ils jugeaient discriminatoire, lesmembres du syndicat ont déposé une plainte à la Commission des droits de lapersonne en 1996. Le programme de «relativité salariale» de l’Université acependant été jugé conforme à la loi par la Commission de l’équité salariale, enjanvier 2002. Mais puisque la plainte en discrimination a été déposée avant lacréation de la Commission de l’équité salariale (en 1997), c’est devant laCommission des droits de la personne que le différend devait être réglé.

Afin d’éviter un long et coûteux procès, les deux parties ont convenu en février2002 d’entamer un processus de médiation. La médiation a toutefois connu unefin abrupte en juin, après quatre mois de travaux, provoquant la frustration destravailleurs.

Selon le syndicat, c’est l’Université qui a décidé de mettre fin unilatéralement àla médiation. «L’Université se cache derrière la décision de la Commission del’équité salariale qui a approuvé son programme bidon de “relativitésalariale”, lance Michel Ducharme, président du syndicat du personnel desoutien. Nous avions toutes les raisons de croire que nous étions tout prèsd’un accord dans ce dossier. L’Université était sensée déposer de nouvellesoffres et nous avait demandé d’annuler tous nos moyens de pression au débutjuin pour démontrer notre bonne volonté. Puis à notre grande surprise, ellese retire du processus de médiation après quatre mois de travaux. C’est à n’yrien comprendre.»

L’Université n’est cependant pas du même avis. «Les syndiqués agissentcomme s’ils avaient raison sur toute la ligne, estime Gisèle Painchaud, vice-rectrice aux ressources humaines à l’Université de Montréal. Ils n’ont jamaisvoulu céder sur aucun point lors de la médiation. Le médiateur en est doncarrivé à juger que la conciliation était impossible et nous avons décidé denous retirer de la table de médiation.» 8

À l’heure actuelle, tout porte à croire que la plainte déposée en 1996 sera jugéedevant le tribunal de la Commission des droits de la personne. D’ici là, lessyndiqués promettent de faire un maximum de bruit pour faire entendre leurmécontentement et leur frustration. «Nous allons talonner le recteur Lacroixpartout où il ira, promet Michel Ducharme. Nous allons aussi faire comprendreaux gens que la Commission de l’équité salariale est une organisation à 100 %pro-patronale qui accepte des programmes d’équité complètement pourris»,ajoute-t-il, laissant entendre que l’usage de la grève n’est pas exclu des moyensde pression envisagés.

La convention collective conclue entre le syndicat des employés de soutien etl’Université de Montréal prendra fin en novembre.

QUARTIER LIBRE - Vol. 10 no 2 - 11 septembre 2002 Page 7

É Q U I T É S A L A R I A L E

Le torchon brûle Frustrés par la fin abrupte d’une médiation visant à régler le dossier de l’équité salariale, les quelque 1600 employés de soutien de l’Université de Montréal ont participé auxfestivités de la rentrée à leur manière, en distribuant des milliers de tracts aux étudiants. Au cœur du litige: une décision de l’UdeM qui remonte à 1995.

Tristan PÉLOQUIN

« L ’ U N I V E R S I T É É T A I T C E N S É E D É P O S E R D E N O U V E L L E S O F F R E S

E T N O U S A V A I T D E M A N D É D ’ A N N U L E R T O U S N O S M O Y E N S D E

P R E S S I O N P O U R D É M O N T R E R N O T R E B O N N E V O L O N T É »

c a m p u s

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Brèves

Page 8 QUARTIER LIBRE - Vol. 10 no 2 - 11 septembre 2002

c a m p u sL A C A S AC O N T E S T É E

D’après CUP - Trois associationsmembres de la Canadian Alliance ofStudent Associations (CASA) évaluentactuellement leur appartenance à cetorganisme qui représente plus de300 000 étudiants collégiaux etuniversitaires au pays.

Les associations étudiantes de l’Universitéd’Alberta, de McGill et du Collège GrantMac Ewan, en Alberta, estiment quel’approche politique de la CASA manqued’agressivité et d’organisation. Fondée en1995, la CASA a notamment pour mandatde faire des démarches politiques auprèsd’acteurs de la scène fédérale.

Selon les associations contestataires, laCASA n’ose pas exiger des différentspaliers gouvernementaux qu’ils s’en-

gagent à réduire ou à réglementer lesfrais de scolarité, alors qu’ils sont encroissance exponentielle dans les autresprovinces canadiennes.

Rappelons que la CASA s’est alliée à laFédéation étudiante universitaire duQuébec (FEUQ), au début de l’été, afinde faire front commun pour réclamerd’Ottawa un réinvestissement de 16milliards par le biais des Transfertscanadiens en matière de santé etservices sociaux.

M C G I L L R E F U S E U N D O N D E 1 , 5 M I L L I O N S

D’après McGill Daily (CUP) - L’UniversitéMcGill a récemment refusé un don de1,5 millions offert par un de ses anciensétudiants, qui demandait en contrepartieque soit créée une chaire de recherchedédiée à l’œuvre de la romancière AynRand, connue pour ses thèsesindividualistes qui ont largementinfluencé la pensée politique de la droite.

Carmen Miller, la doyenne de la facultédes arts, ainsi que le principal del’Université McGill, Bernard Shapiro, ontcependant refusé le don, arguant quela proposition du donnateur imposeraitune vision trop restrictive du vastechamp de la philosophie. «Nous nepouvons pas vendre notre âme pourquelques milliers de dollars», acommenté M. Shapiro.

Les romans de Ayn Rand (dont TheFountainhead et Atlas Shrugged) sontreconnus pour promouvoir une visionégoïste de la société, favoriser uneintervention minimaliste de l’État, ainsique vanter les vertus du capitalismesauvage. On compte parmi les grandsadeptes de la romancière le présidentde la Réserve fédérale américaine, AlanGreenspan.

Brèves

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QUARTIER LIBRE - Vol. 10 no 2 - 11 septembre 2002 Page 9

Silence RADIOTristan PÉLOQUIN

M algré trois matchs qui se sont soldés par de cuisantes défaites (46-17contre Concordia, 46-3 face à Bishop’s et 41-0 contre McGill), les

Carabins ont réussi sans trop de mal à conquérir les cœurs des amateurs de football.Le spectacle offert est de bonne qualité et l’ambiance est à tout casser.

Déjà, la foule s’est prise d’affection pour quelques joueurs, dont le quart arrièreDavid McKinnon, visiblement très expérimenté. Certes, les rares jeux aériensprovoqués par McKinnon manquent souvent de précision, mais le tout sembles’améliorer d’un match à l’autre. Il faudra sans doute accorder un peu plus detemps aux recrues issues du collégial pour s’adapter aux trois essais du footballcanadien, comparativement aux quatre essais permis au football américain qu’ilsont l’habitude de jouer.

Il n’en demeure pas moins que les hommes en bleu ont su démontrer, malgré tout,beaucoup d’enthousiasme à jouer un football agressif et rythmé.

* * *

Toute aussi agressive et rythmée: la machine bien huilée qui administre l’équipe.En franchissant les tourniquets à l’entrée du stade, les spectateurs ont eu droit àun accueil des plus chaleureux, lors des deux matchs à domicile. Avec les fauxcamelots du Journal de Montréal qui vérifient les billets à l’entrée, la délégationd’animateurs de Radio Énergie et le canon à t-shirts promotionnels de la BrasserieMolson, les spectateurs n’ont absolument pas le temps de s’ennuyer!

Non, l’Université de Montréal, fidèle aux habitudes de son recteur Robert Lacroix,n’a pas coutume de faire les choses à peu près.

Elle a même mandaté une boîte de communications pour s’assurer que la promotionde l’équipe soit des plus dynamiques. Des publicités sont visibles un peu partout,des ententes d’exclusivité ont été signées avec les partenaires mentionnés ci-dessuset le tout donne l’impression d’assister à un événement sportif d’ordre professionnel.

Le hic, c’est que l’Université a oublié, dans sa grande vision, de laisser une petiteplace aux étudiants pour qu’ils se fassent entendre eux aussi. Ainsi, CISM, la radiodes étudiants de l’UdeM, a eu toute la misère du monde à faire parler d’elle lorsdu premier match, exclusivité accordée à Radio Énergie oblige.

Au moment même où cette dernière diffusait sa musique débilitante pouradolescents attardés, CISM présentait le match en direct sur ses ondes, en plus dediffuser des reportages sur le retour du football sur le campus. CISM fera d’ailleursde même pour toutes les rencontres à domicile, sans pour autant que l’Universiténe fasse quoi que ce soit pour reconnaître cette initiative…

En échange, Radio Énergie a eu toute la place désirée pour faire tirer des prix deprésence à la mi-temps. N’est pas «Radio officielle des Carabins de l’Université deMontréal» qui veut.

Lors du premier match, c’est du bout des lèvres que l’annonceur maison desCarabins a accepté de souligner, à cinq minutes de la fin du quatrième quart, quela partie était diffusée en direct sur les ondes de CISM. Il ne faudrait surtout pasfroisser les gens du Réseau des sports, qui ont accepté eux aussi de diffuser lematch en direct.

C’est aussi du bout des lèvres que les dirigeants du CEPSUM ont dit oui à CISM pourqu’elle puisse installer ses bannières lors du deuxième match à domicile.

Plus décevant encore, si vous écoutez les matchs des Carabins sur CISM, vous entendrezdes publicités de l’Université Laval, vous invitant à étudier chez elle. L’Université deMontréal, elle, n’a pas jugé bon se payer un petit bloc publicitaire sur les ondesradiophoniques de son propre campus. Silence radio! L’initiative de CISM sera doncpartiellement financée par l’Université Laval. Rien de plus normal, non?

CISM ne demande pourtant pas qu’on lui décroche la lune. Elle demande seulementque l’Université de Montréal reconnaisse les efforts de dizaines d’étudiants quiont voulu lui donner un petit coup de pouce. D’autant plus que cette radio fonctionneen partie grâce aux cotisations des étudiants.

Au-delà de la visibilité médiatique et de la réussite commerciale de son équipe defootball, l’Université a un devoir envers ses étudiants. Est-ce à nous de le lui rappeler?

Quand la direction de l’Université de Montréal comprendra que pour «devenirquelqu’un», comme le souligne sa publicité télévisuelle, il faut pouvoir commencerquelque part (dans les radios étudiantes, par exemple), elle aura sans doutel’intelligence de laisser un peu de place à l’initiative de ses étudiants, plutôt qu’àcelle des entreprises privées qui ne cherchent qu’à conquérir ce qu’elles considèrentcomme un «marché» de 50 000 consommateurs potentiels.

C O U P D E G U E U L E

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s o c i é t éC H I E N N E D E G A R D E E N V I S I T E A U Q U É B E C

L’hallali de la pub sexiste ?Le Québec était dans les années 1980 à l’avant-garde de la lutte contre la publicité sexiste. Depuis, il a baissé lagarde et les femmes dénudées sont redevenues de bons arguments de vente. Florence Montreynaud, une Françaisequi s’est inspirée d’expériences québécoises pour fonder La Meute, un réseau engagé contre la publicité sexiste,pourrait prochainement susciter de nouvelles initiatives au Québec.

Mikaëlle MONFORT

«J e croyais arriver au Paradis,mais il y a encore du boulot

à faire !» Ainsi s’exprimait récemment lorsde son passage à Montréal, FlorenceMontreynaud, tout en brandissant unepublicité pour une marque de vêtements.On y voyait une jeune femme vêtue d’unbikini en jean et d’un bout de manteau, quise tient jambes écartées et tuyau d’arrosageà la main (!) alors qu’un jeune hommeposté derrière elle lui tire les cheveux enmême temps qu’il lui glisse la main dansla culotte…

On comprend le dépit de FlorenceMontreynaud quand on sait que cetteécrivaine française fondatrice de La Meute,un réseau féministe et mixte engagé contrela publicité sexiste, s’est inspiréed’exemples québécois pour mener sonaction.

Le manifeste de La Meute, lancé en Franceen septembre 2000, dénonce l’utilisationdans la publicité de l’image du corps et descènes de violence ou de sexualitéappliquées à n’importe quel produit sous

couvert de création. Il refuse que lespublicitaires s’arrogent tous les droits ,dontceux de traiter le corps humain commeun objet ou de mettre en scène desreprésentations dégradantes, dévalorisantesou déshumanisantes des êtres humains etde leurs rapports.

Outre la circulation de son manifeste, LaMeute organise des campagnes ponctuellescontre des publicités sexistes. Elle a déjàaboyé contre les voitures Audi («il al’argent, il a le pouvoir, il a une Audi, ilaura la femme»), les rochers Suchard(«Vous avez beau dire non, on entendoui» avec photo d’une femme nue à la peauchocolat) ou les chaussures Weston (piedchaussé avec, en fond, une femme lasciveet dénudée). Florence Montreynaudestime que les campagnes dedénigrement de La Meuteaccompagnées d’appels au boycottont été couronnées de succès. Lescompagnies visées auraient plutôttendance à changer leur stratégie decommunication.

L ’ A U T O R É G U L A T I O N D U« P A R A D I S Q U É B É C O I S »

Parmi les actions de La Meute, ontrouve aussi la remise annuelle duprix de la pub la plus et la moinssexiste. Or, cette idée, FlorenceMontreynaud l’a trouvée au Québec !Dans les années 1980, le Conseil dustatut de la femme (CSF) attribuaitchaque année un prix Éméritas et unprix Déméritas respectivement à lapublicité la moins et la plus sexiste. Àcette époque, la presse stigmatisaitrégulièrement les représentationsdégradantes ou avilissantes desfemmes dans la publicité. Mais à lafin des années 1980, le CSF aabandonné le dossier de la publicitéen estimant qu’il pouvait en laisserla responsabilité aux organismeschargés de surveiller les médias et lapublicité.

Certes, les Normes canadiennes de lapublicité, un organisme mis sur pied parl’industrie de la publicité elle-même, viseà faire respecter le Code canadien desnormes de la publicité et les lignesdirectrices sur la représentation desfemmes et des hommes dans la publicité,les principaux textes fondant l’auto-régulation de la publicité au Canada. Cestextes stipulent qu’aucun des deux sexes nedoit être présenté dans un état dedomination face à l’autre par le biais demenaces explicites ou implicites ou parl’exercice évident de la force. En outre,selon ces textes, la publicité devrait éviterl’utilisation ou la mise en évidence de lasexualité féminine dans le but de vendre unproduit qui n’a aucun lien avec la sexualité.

La publicité devrait également éviterl’exploitation de la nudité ou le découpagesans raison des parties du corps humain.

« R I E N À D I R E S U R L A M O D E … »

Pourtant, Marc Ouellette, créatifmontréalais de Zoum communicationsmarketing, a récemment réalisé unecampagne montrant des parties du corpsd’hommes et de femmes complètement nuspour vanter un magasin de vêtements. Ilestime que cette campagne n’était passexiste même s’il reconnaît qu’elle achoqué. Pour lui, elle atteignait les limitesculturelles de la société québécoise qu’ilestime plus ouverte que la société

américaine ou ouest-canadienne, maismoins que la française. Selon MarcOuellette, les Français sont tout à fait prêtsà voir des seins nus vanter n’importe quelproduit! Florence Montreynaud luirétorquerait probablement que tous lesFrançais n’y sont pas prêts !

Jo-Ann Munro, créative chez CossetteCommunications, estime quant à elle qu’«iln’y a rien à dire sur la mode». Dans cesconditions, les créatifs se laissent aller à unesurenchère dans la provocation. Mais touten rappelant la responsabilité desannonceurs (les compagnies qui payent etacceptent les campagnes publicitaires), ellereconnaît que surmonter la facilité dusexe et de la nudité constitue encore un déficréatif pour les publicitaires.

B I E N T Ô T U N E M E U T E A U Q U É B E C ?

Ceux qui estiment qu’il n’est ni nécessaireni opportun qu’une femme soitquasiment nue et sur le point d’avoirdes rapports sexuels pour vanter uneboisson, peuvent adresser leur plainteaux Normes canadiennes de la publicitéqui les examine et les achemineéventuellement au Conseil des normes. Sile Conseil estime que la publicitécontrevient au Code canadien ou auxlignes directrices, une demande estacheminée à l’annonceur afin qu’il retiresa publicité ou la modifie. S’il refuse dese conformer à la décision du Conseil, les

médias qui ont diffusé la publicitésont prévenus et sont censéséviter de rediffuser le contenuoriginal de la publicité. LeConseil des normes de lapublicité n’étant pas doté d’unmécanisme d’auto-saisie,l’efficacité du dispositif repose engrande partie sur la vigilance etla mobilisation du public.

En conséquence, plusieursgroupes de femmes québécoisessouhaitent accroître la vigilanceen créant de nouvelles structuresde veille et de dénonciation. Enmai dernier, le Conseil régionalSaguenay de la Fédération desfemmes du Québec dénonçait lespublicités sexistes du groupeMolson pour les produits BlackLabel et appelait au boycott de lamarque. Il demandait égalementau Conseil du statut de la femmede reprendre la distribution desprix Éméritas et Déméritas.

Cette préoccupation pourraitbien rejoindre celle de JeanneMaranda, la fondatrice deMediAction, un groupe féministespécialisé dans la surveillance

des médias. À l’occasion de son passageau Québec, Florence Montreynaud l’ainvitée à devenir «chef de meute» duQuébec.

Les prix Éméritas et Déméritas pourraientdonc bientôt renaître de leurs cendres etles éventuelles publicités sexistes duQuébec s’orner d’autocollants :«Publicité sexiste ? Je n’achète pas ! »Inquiétant pour les annonceurs ?

CONTACTS :La Meute et son manifeste :

http://lameute.org.free.frFormulaire électronique de soumission de plainte

auprès des Normes canadiennes de la publicitédisponible à l’adresse suivante :

www.normespub.com

Q U A N D L A M E U T E A B O I E , L E S E X I S M E N E P A S S E P A S .

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LE QUARTIER LIBRE EST À LA RECHERCHE DE DEUX CHEFS DE PUPITRE, SECTIONS CULTURE ET CAMPUS.Faites parvenir vos CV, lettres de motivation et articles par courriel, par télécopieur

VOUS SOUHAITEZ COLLABORER AU QUARTIER LIBRE?Prochaines réunions les mercredi 11 et 25 septembre à 17 heures au local du journal

L E J O U R N A L D E S É T U D I A N T S D E L ’ U N I V E R S I T É D E M O N T R É A L

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l ’ i n t e r v i e w é B E N O Î T C H A P U T

Quartier Libre: Si l’onconsacrait une série auxmétiers rares, celui d’éditeurde poésie figureraitprobablement en tête de liste.Puisque l’on imaginequ’aucune filière ne forme àce métier quel est le parcoursqui peut y conduire ?

Benoît Chaput : Il y a un peu plusde dix ans, j’allais en avoir trenteet ma blonde s’apprêtait àparticiper à un échange Wallonie-Québec au cours duquel elle allaitrencontrer des graveurs belges. Jeme suis demandé si moi aussi jepouvais bénéficier de boursespour partir en Belgique, et unesemaine avant ma fête qui était ladate limite pour déposer un projet,j’ai dû trouver une idée ! J’aidonc un peu improvisé sur unedes seules choses que jeconnaissais de la Belgique àl’époque, c’est à dire le mou-vement surréaliste belge auquel jem’intéressais beaucoup. J’ai forméle projet de rencontrer lessurvivants du surréalisme belge,les gens qui avaient entouré RenéMagritte. Bien sûr, beaucoupd’entre eux étaient morts, mais j’aieu la chance de rencontrer IrèneHamoir, la femme de LouisScutenaire. Tous les deux avaientété des figures importantes de lapoésie surréaliste belge.

J’ai passé une après-midi chez elleà discuter et à boire du whisky etnous nous sommes admira-blement entendus ! Je lui ai confiéque j’admirais beaucoup lespoètes de son époque, et quej’écrivais un peu de poésie maisque j’avais l’impression de ne passavoir écrire, que je n’avais pas deformation en lettres…et elle s’estcomplètement moquée de moi !Elle m’a fait comprendre que lapoésie que j’écrivais devait surtoutcorrespondre à ce que j’étais moi,à mon univers et c’est elle quim’a encouragé à m’éditer moi-même ! Ça a vraiment été déter-minant pour moi !

Q.L.: Au-delà de cet encou-ragement spirituel, avez-vousreçu des encouragements plusmatériels de la part desinstitutions culturelles québé-coises ou canadiennes ?

B.Ch.: Lorsque je suis rentré auQuébec et que j’ai décidé depublier mes poèmes, j’ai lancé

une souscription pour mefinancer. J’ai vendu à l’avanceune centaine d’exemplaires durecueil que j’ai tiré à deux centsexemplaires. Après cela, je suistoujours parvenu à rentrer dansmon argent sans être subven-tionné. En réalité, je souhaitaispouvoir éditer mes livres sansjamais demander d’aide, car situ te soumets à ce que deman-dent le Conseil des Arts ou laSODEC, tu finis par publier unlivre qui est comme tous lesautres parce que tous les édi-teurs suivent les paramètresimposés.

Q.L.: Quels sont cesparamètres imposés auxéditeurs de poésie?

B.Ch.: Éventuellement des critèresqui concernent le nombre depages des recueils, c’est totale-ment ridicule à mon sens ! Mêmesi par ailleurs, je comprends trèsbien qu’il faut des critères etqu’on ne peut aider que les

personnes qui témoignent d’unvéritable engagement. Mais celava très loin. Pour être subven-tionné par la SODEC, il faut déjàêtre une entreprise très structuréeen mesure de produire tout un tasde documents… Si tu es un jeunequi commence à faire desfanzines, n’y pense même pas ! LeConseil des Arts du Canada, lui,subventionne les éditeurs quipublient des auteurs canadiens. Jene publie pas suffisamment delivres pour être subventionné «auroulement » mais, depuis deuxans, je bénéficie de certainessubventions «au titre» attribuéespar le Conseil des Arts. Cependant,la moitié de mon catalogue n’esttoujours pas «subventionnable ».De toute façon, pour moi, il estimportant de continuer à publierdes livres qui ne rentrent pasnécessairement dans les critèresétablis par les organismesculturels.

Q.L.: Éditer de la poésiesemble déjà être un défi en

soi, est-il aussi difficile de ladistribuer ?

B.Ch.: Pendant des années, jedistribuais moi-même mes livres !Je les laissais en consigne dans leslibrairies de Montréal ou deQuébec. C’était un travailépuisant ! Heureusement, depuisquelques mois, j’ai un distribu-teur au Québec. Mes livres sontdonc devenus disponibles partoutau Québec ! Mes bandesdessinées et mes livres d’imagessont également distribués auxÉtats-Unis et en France, mais pasla poésie. C’est vraiment trèsdifficile pour un éditeur québé-cois d’être distribué en France !Cela n’intéresse pas les distribu-teurs français parce qu’il n’y a pasassez de «promo ». Au Québec,on lit beaucoup de livres édités enFrance mais la réciproque n’estpas vraie…

Q.L.: Les subventions et lesréseaux de distribution sontdes paramètres difficile-

ment contrôlables parl’éditeur, mais quels sontles object i fs que BenoîtChaput a f ixé à L’Oie deCravan ?

B.Ch.: Essentiellement, j’essaiede faire en sorte que tout ce queje publie corresponde à unedémarche poétique. Je souhaiteque les l ivres que je publiecréent une sensation poétiqueau sens le plus large du terme.C’est ma principale préoc-cupation. Je souhaite que mêmeles BD ou les livres d’imageque je publie s’intègrent dans cesouci poét ique. Je refusevraiment qu’il y ait une sépa-ration entre la BD et la poésie !J’essaie aussi que l’objet-livresupporte bien son contenu. C’estla raison pour laquelle je n’aipas de collection. Chaque fois,j’essaie de trouver la meilleureadéquation entre la poésie etl ’objet . J ’aime beaucoupfabriquer mes livres ! Je suisassez fétichiste de cela !

Mais, même si j’aime les papiersriches et sensuels, j ’essaietoujours de fixer le prix du livreau plus bas. Je ne veux pas fairedes livres de luxe inaccessibles.Longtemps, aucun de mes livresne coûtait plus de 10 $.Évidemment, maintenant c’estimpossible, mais ils sont tousautour de 12 ou 13 $ .

Q.L.: Votre premier recueilauto-publié s’intitulait Loinde nos bêtes, le plus récentde Nicole Espagnol a pourtitre Suis-je bête . Lebestiaire semble très présentdans l’univers de L’Oie deCravan ?

B.Ch.: Effectivement. J’ai aussipublié dix numéros de la Revuedes animaux et le Démonfamilier qui évoquait beaucoupHeidi, une chienne dobermanque j’avais quand j’étais jeune !J’aime beaucoup la poésieanimalière. Et j’aime beaucoupaussi le surréalisme. NicoleEspagnol, dont je publie lerecueil ces jours-ci, est unedame française de 70 ans trèsliée au surréalisme, dont leschroniques évoquent lesrapports entre la littérature et lesanimaux. Le nom de L’Oie deCravan est également lié ausurréalisme puisque je l ’aitrouvé dans un ouvrage de LouisScutenaire inspiré par unbestiaire du Moyen-Âge. Dans lebestiaire original il était question«des oies de cravant » qui sontles bernaches arctiques duCanada. On y disait qu’ellesnaissaient des mâts pourris desnavires perdus en mer. Scute-naire en a changé l’orthographeen ôtant un «t » et précisé le lieude naissance en suggérant legolfe du Mexique. Pour ceux quiconnaissent un peu l’histoire dusurréalisme et du dadaïsme,c’est une allusion très claire àArthur Cravan le poète-boxeurdisparu en mer en 1919.

Les deux derniers ouvragespubliés par L’Oie de Cravan

sont :Suis-je bête de Nicole Espagnolet Contes pour Insomniaques

de José Dubeau.

Le reste du catalogue de L’Oiede Cravan est consultable sur

www.cam.org/~cravan.

Plume d’OieIl y a dix ans, Benoît Chaput a fondé sa maison d’édition, L’Oie de Cravan, à Montréal. Depuis, la maison de l’Oie apublié une trentaine d’objets poétiques. Réflexions sur le métier d’éditeur, la poésie, le surréalisme et les animaux,mythiques ou non.

COUR

TOIS

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T CH

APUT

Propos recueillis par Mikaëlle MONFORT

B E N O Î T C H A P U T E N C O M P A G N I E D E S B É D É I S T E S J U L I E D O U C E T E T S I M O N B O S S É

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s o c i é t éQ U A N D L A M O R T F A I T V I V R E

À l’emploi de la faucheuse(PUIQ) Cadavérique, le monde funèbre? Contrairement à leurs sujets, la thanatologie

et l’entreprise funéraire sont bien vivantes en terre québécoise.

Isabelle OUIMET (MONTRÉAL CAMPUS)

À l’époque, pour s’assurerdu décès d’un individu,

l’usage voulait que le croque-mortmorde très fort un des doigts ouorteils du cadavre; si rien ne sepassait, l’issue était fatale et lamise en terre, inéluctable. De nosjours, la tâche est un peu pluscomplexe et implique denouveaux champs d’activités. Lesembaumeurs ne portent plus lehaut-de-forme, ni le long completnoir. Et l’idée d’un vautourcomme animal de compagnie leurparaît aussi sordide qu’inutile.Égyptiens des temps modernes,les thanatopracteurs et lesdirecteurs de salons funérairessont à la fois gens de médecine etfins administrateurs.

Contrairement aux générationspassées, au sein desquelles laprofession se transmettait de pèreen fils, la relève en thanatopraxiemoderne ne dépend plus de latradition familiale. Alors que 400spécialistes exerçaient le métier

dans les années 1960, la BelleProvince compte aujourd’hui plusdu double d’embaumeurs. Ils ontfait le choix, tout comme leurscollègues fossoyeurs, préposés àla morgue, thanatologues etdirecteurs de cimetière, decôtoyer quotidiennement la mort.Un choix d’avenir. En 2020, alorsque le nombre total de décèsannuels aura presque doublé, laporte donnant sur le vaste marchédes baby boomers décédés seragrande ouverte, selon unerecherche de la Fédération descoopératives funéraires duQuébec, réalisée en 1994.

E N G O U E M E N T P O U R T H A N A T O S

La thanatopraxie laisse doncentrevoir une brillante perspectivede carrière, en dépit desnombreux tabous qui l’entourentd’un épais mur de silence. Lesstatistiques le prouvent: en 2000,64,7 % des diplômés du collège

de Rosemont, seul établissementde la province à offrir uneformation technique en thana-tologie, décrochaient un emploi àtemps plein dans leur domaine,selon le guide Choisir-secondaireet collégial du ministère del’Éducation du Québec.

D’ailleurs, environ 120 étudiants,dont près de la moitié sont desexe féminin, soumettent chaqueannée leur candidature auCollège. De ce nombre, seule unetrentaine d’élus parviendront às’inscrire au programme, puisquel’accès y est restreint par desprérequis spécifiques. Lescompétences et aptitudes àdévelopper sont nombreusespour obtenir le permis duministère de la Santé et desServices sociaux, nécessaire àl’exercice de la profession.

À cela s’ajoutent des habiletésémotionnelles particulières.D’après l’édition 2000 du guide

Travail-avenir du gouvernementdu Canada, «les personnes quitravaillent dans ce domainedoivent être stables affectivementet faire preuve d’empathie dansleurs relations avec les proches endeuil». Comme les heures detravail sont souvent irrégulières,parfois longues, il est égalementindiqué que «cet emploi peut êtreexigeant sur le plan affectif,physique et mental».

[...]

C O N V O I T É , L E D E U I L ?

L’entreprise obituaire estcertainement une affaire de grossous. Même dans l’univers de lamort, la recherche du profit et dela rentabilité est inévitable et laconcurrence, incontournable.«Plusieurs entreprises mortuairessont passées aux mains desmultinationales étrangères,remarque le conseiller funéraire etauteur du site Internet À votre

service funéraire, Stéphane Paquin.Cette vague a touché fortement leQuébec.»

flairant la bonne affaire et profitantde la faiblesse du huard, les voisinsdu sud affluent sur le territoiredepuis quelques années, friandsde mégacomplexes funèbres,cimetières et maisons de granderenommée. Jusqu’à toutrécemment, deux entreprisesaméricaines, soit la ServiceCorporation International et leGroupe Stewart, ne possédaient pasmoins de onze salons, dont ceux duréputé Urgel Bourgie, ainsi quedeux cimetières, notamment Lesjardins de Québec. «Les entreprisesindépendantes ont perdu une bonnepart de leurs effectifs, relate lethanatopracteur, Stéphane Paquin.Cette prise de contrôle par lesmagnats du domaine funéraire a eupour effet de faire fluctuer le prixdes funérailles.» Mais, au cours dela débandade boursière desdernières semaines, les sommités

du funèbre ont vu leurs actionsdégringoler. Conséquemment, cemouvement de rachat par desintérêts étrangers s’essoufflerapidement.

Si le vieillissement de la popu-lation est un signe précurseur dela santé financière des entreprisesobituaires, la tendance en matièred’embaumement pourrait lui fairecontrepoids. «La crémation gagneen popularité, atteste StéphanePaquin, mais c’est l’exposition quiest rentable.» Bien que l’unn’empêche pas l’autre, qu’advien-drait-il si les gens ne recouraientplus conjointement à ces services?Un tel scénario, soutient l’embau-meur, entraînerait inévitablementune importante décroissance durendement économique desinstitutions. Ainsi, la faillite enguetterait plus d’un. Postérieure-ment à leurs clients, les sociétésde la mort mangeront peut-être àleur tour les pissenlits par laracine…

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s o c i é t é

«L e 26 avril 1993, je suis rentréchez moi vers 5 heures du

matin et j’ai vu une voiture de polices’approcher. Ils m’ont arrêté et amenéau poste de police avec d’autres gens,dont Edouardo. Ils nous ont gardéspendant quatre jours et là, on a subi latorture physique et psychologiquejusqu’à ce que l’on signe des papiersdisant que nous étions coupables desactes dont on nous accusait », témoigneGorka Perea Salazar.

Après leur procès pour «incendiescriminels », les deux hommes sontcondamnés à six et sept ans de prisonferme. Pendant leur demande d’appel à lacour espagnole, ils sont libérés. Ilsprofitent de l’occasion pour s’enfuir versle Canada et faire leur demande de statutde réfugié. Durant les quatre années deprocédure, Gorka Perea et EduardoPlagaro vivent en liberté au Québec,jusqu’à ce que l’Espagne fasse sa demanded’extradition en 2001.

Gorka Perea et Eduardo Plagaro ontcommencé à militer très jeunes pourl’indépendance du Pays Basque. Ils sontimpliqués dans divers mouvementssociaux, ils font parler d’eux et dérangentrapidement les autorités. Gorka Pereafonde un organisme pour l’indépendanceet l’alphabétisation basque (EuskalHerrian Eurkars) et il est associé à l’ETA.Cependant, il nie ces allégations :« Ce sontles médias qui ont dit que j’étaismembre de l’ETA. Je ne suis pas dansl’ETA et je ne pense pas qu’on puissearriver à quelque chose avec les armes,c’est le dialogue qui va régler les conflits,ce que l’ETA avait aussi demandé en1998. »

Véronique Gauthier, sa compagne depuis1999, est très impliquée dans la cause. Ellea créé avec des amis, un comité d’appuiet fait pression sur le gouvernementcanadien pour qu’il libère les deuxprisonniers. Véronique Gauthier affirmeque « L’Espagne n’a aucune preuve del’affiliation de Gorka et d’Eduardoavec l’ETA, ni d’actes terroristes de leurpart. Je ne pense pas qu’ils soientcoupables de tels actes. D’ailleurs, ilsn’auraient jamais signé les papiers surleur responsabilité dans les actes dontils étaient accusés si ça n’avait pas étéde la torture qu’ils ont subie.»

Gorka Perea et Eduardo Plagaro affirmentavoir subi des sévices durant quatre joursd’interrogatoire. Coups de bottintéléphonique, torsion des testicules etmenaces de viol adressées à leurs soeurssont parmi les moyens qu’auraientemployés les forces policières. Ils ne sontpas les seuls prisonniers à accuserl’Espagne de torture. Cependant, l’Espagne

fait partie des pays européens qui ontratifié la Convention européenne des droitsde l’homme ainsi que la Conventioneuropéenne pour la prévention de latorture et elle se doit de fournir systé-matiquement des rapports aux instancesde surveillance pour s’assurer qu’ellerespecte les règles en ce qui a trait auxdroits humains.

C’est pourquoi ces allégations de tortureont suscité bien des remous. Le premierministre, Jose Maria Aznar, a nié cesallégations. De plus, entre le 5 et 8 février2001, le Commissaire de l’Unioneuropéenne pour les Droits de l’homme,Alvaro Gil-Robles, a fait quelques visitesdans les prisons pour vérifier la situation.Dans son rapport au Conseil de l’Europe,il affirme que : « Au cours de mon voyage,j’ai moi-même rendu visite à la prisonde Basauri pour me faire une opinionsur les conditions de détention dans cetétablissement pénitentiaire, et je n’aipas reçu de plainte de mauvaistraitements ou de tortures de la partdes détenus rencontrés à cetteoccasion. »

Dans le rapport annuel 2002 d’AmnistieInternationale figurent toutefois plusieurstémoignages de torture, dont celui d’IraxteSorzabal Diez. « [Elle] a déclaré avoir étéfrappée pendant son transfert versMadrid, elle a été passée à tabac par sixou sept agents; ensuite on l’a frappéesans interruption à la tête avec les mainsou à coup d’annuaire ou de magazineroulé. (...)Le 31 mars, elle a été conduiteà l’hôpital San Carlos de Madrid pour yêtre examinée, sur ordre d’un médecin

légiste attaché à l’Audience nationale.Une plainte a été déposée auprès de cetteinstance. »

Depuis la demande d’extradition del’Espagne, Gorka Perea et Eduardo Plagaroattendent une réponse à leur demande destatut de réfugié. Jacques Ayotte, porte-parole de la Commission de l’immigrationet du statut de réfugié du Canada, indiqueque cette demande est suspendue jusqu’àce que la ministre de la Justice, AnnMcLellan, se prononce sur la demanded’extradition. La réponse devrait êtreconnue d’ici la fin octobre.

Quoi qu’il en soit, Amnistie Internationalea fait parvenir une lettre à la ministre de laJustice, reconnaissant pleinement la

« nécessité de traduire en justice lesauteurs d’actes terroristes et d’attentats »tout en demandant que le gouvernementcanadien prenne des assurances dugouvernement espagnol pour le respect desdroits humains. Sur cette question,

monsieur Charette du ministère de la Justicen’a pas voulu se prononcer, mais a reconnuqu’«il est exact que le Canada peutdemander de telles assurances, mais cesera à la Ministre de la Justice de rendresa décision sur ce sujet.»

D E M A N D E D ’ E X T R A D I T I O N P O U R D E U X M I L I T A N T S B A S Q U E S

Entre exil et prisonGorka Perea Salazar et Eduardo Plagaro Perez de Arriluzea, deux jeunes militants basques, sont emprisonnés depuis2001 à la prison de Rivières-des-prairies. Les autorités espagnoles demandent leur extradition au gouvernementcanadien. Les deux détenus, qui affirment avoir été torturés par la police espagnole, souhaitent en revanche, que leCanada leur accorde le statut de réfugiés politiques. Au bénéfice du doute?

Emmanuella St-Denis

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V É R O N I Q U E G A U T H I E R E T L EP È R E D E G O R K A P E R E A

Les urnes et les bombes...1959 Création de l’ETA (Euzkadi Ta Askatasuna, «le Pays Basque

et sa liberté ») qui s’inspire des mouvements de libération nationaux.1973 Assassinat de l’amiral Carrero Blanco, homme fort du régime

franquiste, en réponse à la condamnation à mort de six membres de l’ETA.

1975 Mort de Franco. Rétablissement des libertés démocratiques.1977 Amnistie générale accordée aux membres de l’ETA.1978 Ratification du statut d’autonomie du Pays Basque espagnol. 1997 Cinq millions d’Espagnols manifestent contre l’assassinat de

Miguel Angel Blanco par l’ETA. 800 morts en vingt ans imputés à l’ETA.1998 L’ETA proclame une trêve unilatérale. La plate-forme de

Herri Batasuna (branche politique de l’ETA) obtient 17,3 % des suffrages aux élections autonomiques. Le Parti National Basque (PNV, modéré) l’emporte avec 37 % .

1999 L’ETA rompt unilatéralement la trêve.2000-01 30 attentats attribués à l’ETA causent la mort de 29 personnes.

Aux élections autonomiques, la plate-forme d’Euskal Herritaratok, proche de l’ETA, obtient 10% des suffrages. Le PNV conserve le pouvoir avec 42,7 % des voix.

2002 Assassinat revendiqué par l’ETA d’un conseiller municipal socialiste d’Orio (Pays Basque). Interdiction pour trois ans de Batasuna(la branche politique de l’ETA) par la justice espagnole et les parlementaires.

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27 janvier 2002. Un attentat à labombe perpétré en plein

centre de Jérusalem plonge le mondedans la stupeur. Pour la première fois,l’attaque est le fait d’une femme, unejeune Palestinienne, étudiante àl’université A-Najah de Naplouse,considérée par les autorités pales-tiniennes comme le bastion intellectuel duHamas. Six mois auparavant, Tsahal-l’armée israélienne- avait souligné avecfierté l’accession d’une femme au rang depilote de chasse, fonction interdite auxfemmes jusqu’en 1997.

En Israël, les femmes font partieintégrante de l’armée à laquelle ellesdoivent consacrer 21 mois de leur vie enqualité de réserviste à partir de l’âge de18 ans. Si elles sont généralementécartées des opérations militaires lorsde leur service, il n’en va pas de mêmepour les femmes qui optent pour unecarrière militaire. Bien qu’elles soientprésentes dans certains des aspects lesplus noirs des affrontements, il serait fauxde croire que d’un côté ou d’un autre,toutes les femmes souscrivent au conflitqui n’en finit pas de déchirer leur peuplerespectif.

En réponse à cette violence, un certainnombre d’entre elles ont fait fi de leurreligion et de leur nationalité pour ne plusvoir que l’humain derrière l’Israélien oule Palestinien. C’est le cas des militantesde New Profile(Profil Hadash), unmouvement luttant pour la civilisation dela société israélienne, formé en septembre2000, au début de la nouvelle Intifada. Aulendemain du 30 septembre2000, ungroupe d’Israëlien-nes s’est rendu àNazareth visiter la famille d’un jeunehomme palestinien tombé sous les ballesisraéliennes. «Aujourd’hui, raconte RelaMazali, jeune israélienne, membre de«New Profile», sur le site de l’organisme,nous sommes allées à Nazareth rendrevisite à une famille endeuillée. (…) Onnous a d’abord conduit au tabernaclefunèbre où les hommes de la familleétaient assis avec de nombreux invités,des hommes également. Nous y étionsles seules femmes. Six femmes dumouvement New Profile. (…) Nousnous sommes brièvement présentées.Nous avons dit que nous venions aunom d’une organisation de femmesdont la démarche vise à réduire le rôlede l’armée dans le pays et à transformerIsraël en état civil, civilisé. J’ajoute quenous avions honte de ce qui s’étaitproduit et de ce qui arrive auxPalestiniens aujourd’hui dans le pays .»

Outre une information alternative à celleorchestrée par le gouvernement israélienet les visites aux familles palestiniennesendeuillées, l’organisme New Profile offre

aussi une plate-forme de discussion etd’inter-vention aux femmes d’Israël et dePalestine. Ainsi, par l’entremise dumouvement, des femmes des deux campsse sont rencontrées à Ar’ara en Jordaniepour discuter d’actions communes. Lapréparation de la grande manifestation deWadi Ara fut, selon «New Profile», l’undes ferments de la Coalition des Femmespour une Paix.La solidarité qui unit lesfemmes des deux camps ne date pasd’hier, car le mouvement féministeIsraélien, né il y a plus de 30 ans, s’est àl’époque rapidement ouvert auxPalestiniennes. Et avant d’être confrontéesaux problèmes de la guerre et de la paix,c’est tout d’abord autour de l’ouverturedu premier abri pour les femmes battues

à Haïfa qu’Israéliennes et Palestiniennesse sont rencontrées.

U N E S E U L E C O N S I G N E :T R A V A I L L E R E N S E M B L E

Le mouvement New Profile fait écho auxnombreux groupes de femmes nés del’émergence du mouvement féministeisraélien dans les années 70, tels que laCoalition des femmes pour une paixjuste, les Femmes en noir, l’Organisationdes femmes pour les prisonnièrespolitiques et Bat Shalom (Filles de laPaix), composante israélienne de la co-ordination des femmes israéliennes etpalestiniennes (Jerusalem Link).BatShalom possède un centre à Jérusalem-

Ouest, où elle regroupe essentiellementdes femmes juives et quelquesPalestiniennes, et un centre à Jérusalem-Est, où elle rassemble surtout desfemmes palestiniennes. Pour toutes, uneseule consigne : travailler ensemble,Israéliennes et Palestiniennes, pour unepaix juste et durable. Pour toutes, un seulcredo: agir à tous les niveaux. Sil’Organisation des femmes pour lesprisonnières politiques travaille à fairelibérer les prisonnières politiques etpalestiniennes et à améliorer leursconditions de détention, les Femmes etles mères pour la paix refusent, quant àelles, de voir leurs fils et leur marisrisquer leur vie pour une cause àlaquelle elles ne s’identifient pas. Né àl’époque de la guerre du Liban, lemouvement a ressurgi au lendemain dela deuxième Inti fada mais avec unnouveau mot d’ordre :« Nous n’avonspas ramené nos fils du Liban pour lesenvoyer se faire tuer en protégeant descolons dans les territoires occupés!»

Même son de cloche du côté de NewProfile, constitué de femmes, maisaussi de jeunes soldats revendiquant ledroit de refuser le service militaire. Lafin de l’occupation par les troupesisraéliennes des territoires occupés,l’établissement d’un État palestinien, lerespect des frontières de 1967, lareconnaissance de Jérusalem commecapitale partagée entre les deux États,l’égalité des droits pour les citoyenspalestiniens d’Israël, l’égalité des droitsentre les hommes et les femmes, lajustice sociale et la fin du militarisme…tels sont les chevaux de «bataille» detoutes ces organisations.

Bien que la tâche semble titanesque, unimmense espoir donne des ailes auxmilitantes. Un espoir alimenté par lasolidarité qu’elles ont pu constater àl’étranger, notamment le 8 juin 2001 àl’appel de la Coalition des femmes pourla paix à protester contre l’occupationdes Territoires pour le 34 e anniversairede la présence militaire de l’État d’Israélen Cisjordanie et à Gaza. À cetteoccasion, un grand nombre de militantsse sont réunis à Jérusalem,Tel Aviv, maisaussi à Ankara, Berne, Copenhague, LaHaye, Madrid, Mexico, Rome, Milan,Naples, Montréal, Stockholm, Toronto,Vienne, New York, Boston, Chicago etHouston...

C O N F L I T I S R A É L O - P A L E S T I N I E N

Paix aux femmes de bonne volontéBien qu’essentiellement menés par des hommes, les affrontements israélo-palestiniens n’ont jamais été exemptsd’une participation féminine. Militaires ou kamikazes, les Palestiniennes et les Israéliennes sont aussi des mèresde famille, des étudiantes, des professionnelles engagées dans des mouvements pour la paix. Au-delà de la haine,une résistance pacifique s’organise.

Stéphanie DURET

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L E S E N V O Y E R S E F A I R E T U E R E N P R O T É G E A N T D E S C O L O N S

D A N S L E S T E R R I T O I R E S O C C U P É S ! »

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C H A N T I E R S J E U N E S S E

Chili con QuébécoisL e s C h a n t i e r s j e u n e s s e e t l ’ O ff i c e Q u é b e c - A m é r i q u e s p o u r l a j e u n e s s eo r g a n i s e n t c o n j o i n t e m e n t u n p r o j e t d e s o l i d a r i t é s o c i a l e e n t r e l e Q u é b e ce t l e C h i l i . L’e x p é r i e n c e s e d é ro u l e ra a u d é b u t d e l ’a n n é e p ro c h a i n e . A p p e là c a n d i d a t u r e s .

Mikaëlle MONFORT

L a solidarité Nord-Sud, cela ne se limite pas à envoyerdes moyens du Nord (présumé riche) vers le Sud

(assurément pauvre ?). Les moyens et les ressources humainesdu Sud peuvent également être utilement mis à contribution dansdes projets se déroulant au Nord.

C’est en tout cas ce que tentera de démontrer le premier«projet de solidarité sociale Québec-Chili» organiséconjointement par les Chantiers jeunesse, l’Office Québec-Amériques pour la jeunesse et l’organisme Corporacio Justiciay Democratia de Santiago.

Du 22 février au 8 mars 2003, dix étudiants chiliens viendronttravailler bénévolement à des projets de réinsertion sociale dansl’arrondissement Hochelaga-Maisonneuve-Mercier à Montréal.

Auparavant, dix Québécois ou résidents québécois seront allésau Chili, du 5 au 31 janvier 2003, pour participer – égalementbénévolement – à des initiatives de lutte contre la pauvreté enmilieu rural.

Le séjour et le stage des Québécois seront organisés au Chilipar Corporacio Justicia y Democratia alors que le séjour desChiliens au Québec sera organisé par Chantiers jeunesse.

La sélection des Québécois qui seront envoyés au Chili débute cettesemaine. Les candidats doivent être âgés de 18 à 35 ans et êtrecitoyens ou résidents permanents canadiens. Ils doivent en outrehabiter le Québec depuis au moins un an. Bien sûr, priorité seradonnée aux candidats qui pourront témoigner d’expériencesbénévoles ou non au service d’organismes communautaires et auxétudiants qui pourront démontrer que ce stage s’inscrit dans leurscheminements académiques. Une participation aux frais detransport de 500 $ sera en outre demandée aux candidats retenus.

Les formulaires de candidatures sont disponibles sur les sitesInternet de Chantier jeunesse (www.cj.qc.ca) et de l’OQAJ(www.oqaj.gouv.qc.ca). Ils doivent être retournés à l’un ou l’autrede ces organismes avant le 9 octobre 2002. Des entrevues aurontlieu les 21 ou 22 octobre 2002 pour les postulants dont lacandidature aura été présélectionnée.

BÉNÉVOLES DEMANDÉS pour la Marche pour la guérison du diabète juvénile, qui aura lieudimanche 22 septembre au Parc Jean-Drapeau de l’île Ste-Hélène. Un T-shirt, lunch, prix à gagneret beaucoup de plaisir pour tous! Informations au (514) 744-5537 #0 ou sur Internet:[email protected]

HALTES-FEMMES MONTRÉAL-NORD, un centre pour femmes spécialisé en violenceconjugale, est à la recherche de bénévoles pour accompagner les femmes victimes de violenceconjugale ou en démarche d’autonomie. Les personnes intéressées doivent être disponibles aumoins quatre heures par semaine et faire preuve d’empathie, de respect et d’ouverture. Le centreoffre à ses bénévoles une formation ainsi qu’un accompagnement tout au long de leur implicationà Haltes-Femmes. Informations au (514) 328-2055

LE PARRAINAGE CIVIQUE LES MARRONNIERS est à la recherche de citoyens bénévoles pouragir à titre de parrain-marraine auprès d’adultes présentant une déficience intellectuelle légère. Celane représente que quelques heures par mois pour partager un loisir, établir des contactstéléphoniques et faire des sorties. L’organisme offre encadrement, formation, café-rencontre etactivités de groupe. Informations au (514) 255-4025 #225

LE CENTRE DE LECTURE RAPIDE propose une méthode rapide et stratégique, basée sur lamémorisation et la concentration. 30 heures réparties du 23 septembre au 25 novembre (9 lundissoirs); du 24 septembre au 19 novembre (9 mardis soirs); du 2 octobre au 27 novembre (9mercredis matins) ou du 5 octobre au 30 novembre (9 samedis matins).Prix spécial pour les étudiants à temps plein. Informations au (514) 484-9962.

LA FONDATION MARIE-VICTORIN pour la nature et les sciences, dans le cadre du projet Larelève des Équipements scientifique, embauche 25 jeunes. Ces emplois temporaires sont offertsaux jeunes issus des communautés culturelles, des minorités visibles et à des jeunes handicapés.Les étudiants spécialisés dans les domaines scientifique, muséologique ou technologique sontégalement visés, dans le but de leur permettre d'acquérir une première expérience de travailqualifiante. Les jeunes auront la chance de s'insérer dans un milieu de travail réputé et très stimulant,celui du Service des équipements scientifiques de la Ville de Montréal qui regroupe le Biodôme, leJardin botanique, l'Insectarium et le Planétarium. Les emplois offerts touchent tous les secteursd'activités propres aux musées et sont très diversifiés : éducation et animation des publics, recherchescientifique, muséologie, et enfin mise en marché. Certains postes ont été ouverts en juillet, les autresdébuteront en septembre prochain. Information: Michel Milot, directeur général, Tél: (514) 872-6956 • Téléc.: (514) 872-3765 [email protected]

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P remière puissance économiqueet démographique d’Europe,

l’Allemagne a été frappée, il y a quelquessemaines, par d’importantes inondationsdans les länders riverains de l’Elbe. Cescrues, qualifiées de «Jahrhundertflut »— l’inondation du siècle — ont tuéseize personnes et forcé l’évacuation de100 000 autres personnes. Les coûts despertes matériel les encourues sontévalués à plus de 15 milliards d’euros.Cette catastrophe environnementale s’estdéroulée alors que le pays se prépare àaller aux urnes le 22 septembreprochain.

Au plan électoral, l’enjeu est de taille, carles Allemands doivent se prononcer surla reconduite du gouvernement decoalition sortant, regroupant les sociaux-démocrates (SPD) dirigés par lechancelier Gerhard Schröder et les Verts,élus pour un premier mandat en 1998,ou les remplacer par un gouvernementregroupant les libéraux (FDP) et lesdémocrates-chrétiens (CDU) d’EdmundStoiber, l’actuel ministre président de laBavière. Malgré les inondations, lesconsidérations économiques constituentle principal, sinon l’unique enjeu de lacampagne.

U N C H Ô M A G EE N D É M I Q U E

Le pays connaît depuis quelques années,des difficultés économiques, carac-térisées par la montée du chômageatteignant 9,7 % de la population active,soit quatre millions de personnes. Leproblème touche particulièrement lesländers de l’ancienne RDA avec un tauxde chômage moyen de 18 %. Or, cettequestion devient problématique, car letaux de chômage moyen des länders del’Ouest est plus de deux fois moins élevé,se situant à 7,8 %.

Cette si tuation est d’autant plusinquiétante pour le chancelier Schröderqu’il avait été élu en 1998 en promettantde réduire le nombre de chômeurs à 3,5millions à l’automne 2002.

Schröder, malgré son incapacité à tenirsa promesse électorale de 1998, récidiveen promettant de réduire de moitié lenombre de chômeurs dans les troisprochaines années, alors que le paysconnaît un taux de croissance du PIBpour 2002 ne dépassant pas 1%, soit leplus bas de l’ensemble des pays del’Union européenne. En raison de lafaible consommation des ménages, lacroissance du PIB devrait rester bien endeçà de la moyenne européenne.

Les espoirs de la coalition de gauche deGerhard Schröder se portent vers lessolutions de la Commission Hartz, dunom de l’ancien directeur des ressources

humaines de Volkswagen, regroupant lesprincipaux acteurs économiques du pays(comparable au sommet socio-économique québécois sous LucienBouchard). Véritable bouquet demesures sociales-démocrates, le planpropose de lever un emprunt de 150millions d’euros garanti par l’État afin decréer, dans les prochains mois, unmillion d’emplois dans les régions del’Est durement touchées par le chômage.

Ces mesures sont sévèrement critiquéespar les démocrates-chrétiens d’EdmundStoiber. En effet, ils doutent de la capacitédu gouvernement allemand, limité parune économie peu dynamique etencadrée par les normes européennesen matière d’endettement et de déficitpublic, d’assumer la mise en place de cesmesures typiquement keynésiennes.

L E B L Â M E D E L AC O M M I S S I O N E U R O P É E N N E

En plus de cette problématique liée aumarché de l’emploi, le pays connaît unesituation économique particulièrementdifficile perceptible par les principauxindicateurs économiques. Parallèlementà un accroissement du déficit de lasécurité sociale et un important manqueà gagner fiscal, le pays recevra sous peuun blâme de la Commission européenneà cause de l’accroissement incontrôlé deson déficit public.

S C H R Ö D E R , M I R A C U L É D E S E A U X ?

Quels seront les prochains évènementsde la campagne? Après le premier débattélévisé de l’histoire allemande, les deuxcandidats sont au coude à coude à 39 %pour Schröder et 41 % pour Stoiber.Cette situation favorise une montée enpuissance du rôle des tiers partis qui,dans la configuration actuelle du paysagepolitique, sont assurés de détenir labalance du pouvoir dans d’hypothétiquesgouvernements de coalition. D’ici auscrutin, il est prévisible que des jeux decoulisses favoriseront des alliancespouvant s’avérer éventuellement éton-nantes.

Quoi qu’il en soit, au lendemain desélections, le nouveau gouvernementaura des di f f icul tés au plan de lagouvernance et de la cohésion desact ions gouvernementale. Certes,l’Allemagne serait ingouvernable si lesdeux camps arrivaient ex-aequo le 22septembre au soir. Les choses étant cequ’elles sont, il est possible d’affirmerqu’advenant une victoire des sociaux-démocrates de Gerhard Schröder, cedernier serai t véri tablement le«miraculé des eaux».

[email protected]

A L L E M A G N E

Élections en eaux troublesLes terribles inondations qui ont frappé l’Allemagne le mois dernier n’ont pas englouti le principal thème de la campagne électorale en cours: la situation économique du pays. Lespropositions keynésiennes de Gerhard Schröder, le chancelier sortant, sont contestées par son adversaire conservateur, Edmund Stoiber.

Jean-François BÉLAND

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D enise Boulanger a toujours aimé lethéâtre, mais elle ne sentait pas que

c’était sa voie. Elle se dirige d’abord versla danse classique, avant de découvrir l’artdramatique puis le mime qui unissent enfinles aspects qu’elle aime du théâtre et de ladanse. «La danse, au contraire du mime,ne dépeint pas la vie telle qu’elle est. Enmime, on reproduit les gestes duquotidien, on calque la vie. La dansedépeint la joie, la légèreté. Le mime abeaucoup plus de profondeur». Pour JeanAsselin, le vrai amour du théâtre commenceà la Roulotte de Montréal, une école dethéâtre sur le terrain, où il côtoie PaulBuissonneau, Pierre Falardeau et Julien

Poulin. C’est là qu’il commence à faire dela mise en scène. Par la suite, il s’exile enEurope pendant neuf ans pour étudier lethéâtre à Londres, Paris et Prague avant derencontrer Decroux, le grand maître dumime.

É T I E N N E D E C R O U X , M A Î T R E E T I N S P I R A T E U R

À l’école de mime Omnibus, on enseigne laméthode de Decroux, celui qui a réinventéle mime et y a consacré sa vie. «Decrouxa mis sur pied une sorte de grammairedu corps. Il a mis des mots sur chacunede ses parties, a décortiqué les

mouvements», affirme Denise Boulanger.Decroux a été le maître des plus grandsmimes et acteurs de ce monde, de MarcelMarceau à Jean-Louis Barrault en passantpar Raymond Devos et le Québécois ClaudeSt-Denis. Pour Jean Asselin, «l’œuvre deDecroux est intemporelle. Elle pourraitse situer dans la Rome antique ou mêmedans mille ans. Elle est beaucoup plusprès du théâtre que de la danse».

Mais le mime, un art jeune qui n’a pasplus de cinquante ans, a été snobé par lemilieu des arts. «Le mime a tellementmauvaise presse que personne n’osel’assumer. À Omnibus, on porte le mot

malgré l’incompréhensionque ça suscite», avoue JeanAsselin. La formation estdivisée en quatre thèmes: lastructure dynamique et lerythme; l’incidence del’espace et de la durée surle vocabulaire gestuel; lerapport des éléments inertes(costumes, accessoires) aujeu des interprètes et au sensde l’œuvre; le concept«d’ange et de héros»appliqué à la transpositiondu réel en personnages et ensituation mythiques.

Comme Decroux, on prônele corps avant tout. Si lesMarcel Marceau ont voulufaire du mime un artspectaculaire, Decroux croitplutôt à la simplicité. C’estpour cette raison que danscette technique d’ap-prentissage, on oublie complètement levisage pour se concentrer sur le corps.«Decroux faisait souvent masquer lesvisages pour amener l’acteur à jouer avecson corps. Le visage et les mains ontl’habitude de s’exprimer et leursexpressions sont tellement connotées. Lecorps, lui, c’est moins évident», souligneDenise Boulanger.

Si Jean Asselin adore la création et la miseen scène, il préfère encore plusl’enseignement. «Il n’y a rien comme lapédagogie, le passage de connaissances.Je déteste le culte du jeune mais j’aibeaucoup d’espoir en la jeunesse. Lesjeunes sont plus enthousiastes que nous.À l’école, je leur apprends le sentiment depropriété de soi. C’est difficile et ils nesont pas toujours prêts à l’accepter. Dansce monde, la seule chose grave, c’estlorsqu’on touche à ta personne et aucorps encore plus qu’aux idées. Il y a unproverbe qui dit «un enfant vient au mondeavec son pain sous le bras». Je pense quele plus important est de préserver sonlibre arbitre.»

L E S V O I E S D U M I M E

Depuis quelques semaines, Omnibusoccupe la vieille caserne de pompiersfraîchement rénovée de la rue Fullum, làoù loge aussi le théâtre l’Espace libre.C’est dans ce théâtre que la troupeOmnibus, aussi fondée par Jean Asselin etDenise Boucher en 1970, présentera du24 septembre au 5 octobre 2002 unesérie de spectacles intitulés Les voies dumime. Pour cet événement, la troupe ainvité deux troupes étrangères, l’une deFrance et l’autre du Mexique. Omnibusprésentera deux pièces regroupées sous

le titre de Intérieurs femme. La première,mise en scène par Odette Guimond etinterprétée par Denise Boulanger,s’intitule Fil de soie. «Ça montre unefemme couchée dans son lit et qui va selever et se mettre en action. Decrouxdisait une phrase très belle: la verticaleest une conquête. En mime, on apprendà se tenir debout», raconte DeniseBoulanger.

La seconde pièce d’Intérieurs femme estune création et une interprétation deFrancine Alepin, autre vétéran d’Omnibus.Cette pièce qui s’intitule Éphéméride est lerésultat d’un journal où la créatrice aamassé un geste par jour pendant uneannée complète. La troupe mexicaine Lineade sombra présentera une pièce intituléeGaleria de moribundos, inspirée del’œuvre de Samuel Beckett et la troupefrançaise le Théâtre du mouvementprésentera le chant perdu des petits riens,«L’art du béhaviorisme revisité par lascience».

Finalement, les trois troupes se sont réuniesdans une pièce intitulée Latitudes croisées.Cette création, dirigée par Francine Alepin,présente douze personnages errant sur lanef Atlantique, lorsque les vivres viennent àmanquer. Latitudes croisées partira entournée en l’Europe et au Mexique du 24octobre au 17 novembre.

Omnibus s’apprête aussi à mettre en ligne(http://www.mimeomnibus.qc.ca/), uneœuvre encyclopédique intitulée Le corps àl’ère des lumières, qui explique la théoriedu mime: «les mimes sont souvent desgens secrets. Nous, nous voulons partagernotre savoir et en faire profiter le plus degens possible.»

L A R É A L I T É S O U S L E M I M E

L’art de ne rien dire pour parler1970. Denise Boulanger a 17 ans lorsqu’elle s’embarque pour la France avec Jean Asselin, son professeur etcompagnon, pour effectuer un stage d’un mois auprès du père du mime moderne, Étienne Decroux. À leur retourd’Europe, cinq ans plus tard, ils décident de créer une école du mime à Montréal. En 1977 naît Omnibus. Vingt-cinqans plus tard, l’institution subsiste toujours. Elle est la seule du genre en Amérique du Nord.

Emmanuella ST-DENIS

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« E N M I M E , O N A P P R E N DÀ S E T E N I R D E B O U T » .

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c u l t u r e

D es amis se retrouvent autour d’unfeu de camp, en plein cœur d’une

forêt. La chaleur et la boisson aidant, ondiscute de tout et de rien. Mais qu’iladvienne que l’un des participants sorte uneenregistreuse de sa poche, et soudainementle rien se mue en un acte délibéré deconstruction, où chacun dévoile sonpersonnage, et où, les règles du jeu posées,la création peut prendre son essor. Pourpeu que les arbres empruntent la figure despectateurs, et dès cet instant tout devientpossible, même la mise en scène d’une

pièce aux relents de vécu pour deux amisde longue date qui ne vivent que pour créer.Le résultat: une œuvre aboutie où se mêlentthéâtre et arts visuels, à contre-pied de cequ’il convient de faire sur scène et intituléeLe rien de deux kilos.

Drôle de départ pour une œuvre théâtrale.Drôle de concept pioché à même la réalité,mais dont la finalité artistique revient àrenverser complètement les règles de l’art.Une discipline dans laquelle excellent lesauteurs Ugo Monticone et Marc Sauvageau,

qui se définissent eux-mêmes volontierscomme des Martiens. Et on veut bien lescroire, au vu de leur curriculum vitaerespectif. Les deux diplômés dans ledomaine des communications ont rouléleur bosse jusque dans les tréfonds desHEC, ont survécu aux étudesadministratives, au monde sauvage de lacommunication, aidés en cela par un goûtimmodéré pour tout ce qui n’est pas dudomaine du rationnel. L’un, publicitaire,voyageur et écrivain; l’autre, metteur enscène, poète, cinéaste (Marc Sauvageau aété lauréat du prix Louisette Gervais) etjournaliste, mais l’un comme l’autre portéspar un même désir (ou besoin vital) deréaliser leurs rêves.

L A C O N F U S I O N D E S G E N R E S

Leur credo: la création est à la portée detous. Et de tenir parole, puisque l’un etl’autre ont déjà publié et qu’ils n’en sontpas à leurs premières armes en tant quemetteurs en scène. Deux parcoursparallèles, mais aussi une étroitecollaboration qui remonte à l’enfance, àl’époque où les heures de loisirs étaientoccupées par la réalisation de gags dans lejardin et de mises en situation déjàmarquées par l’univers théâtral. «Nouséprouvions une frustration lorsque nousterminions, jusqu’au jour ou nous avonscompris que ce que nous faisions seraitmeilleur avec un script.» C’est le déclicpour Marc, qui commence à écrire, vicedont il ne se départira plus. «Les annéesaidant, je me suis rendu compte quej’étais un extraterrestre, que ce soit auxHEC ou dans le milieu artistique… cequi est aussi ma principale force!» Forceque partage Ugo, revenu du monde de lapublicité avec la certitude de vouloir

consacrer son temps à la création.«J’airapidement compris que ce milieu étaiten conflit d’intérêt avec mes valeurs.» Dulac Louise et du Burkina Faso, Ugo ramènedeux ouvrages où le récit se faitintrospection. «Tout ce que je sais, c’estque je ne sais rien. Mais si je ne suis passpécialiste, j’ai tout au moins lapossibilité de créer.»

À les entendre finir les phrases de l’autre,on sent immédiatement une interactiontrès forte. Ce pourquoi Marc et Ugo ontcréé, il y a exactement un an, le cercleCréatic. Cercle ouvert, dont la vocationpremière est de permettre à tous deréaliser un projet personnel dans un cadred’entraide. Sorte de laboratoire où règnela confusion des genres, Créatic metl’accent sur l’échange d’idées, d’in-formations, l’objectif étant de mener àterme ce qui ne trouve pas nécessairementsa place dans les circuits classiques. «Lesartistes ont trop souvent le réflexe decacher leurs idées par peur de se les fairevoler. C’est ce qui fait qu’on reste petit.De notre côté, nous aspirons aucontraire à créer une émulation, à seservir des énergies de tout le mondepour engendre de vraies idées.» Cefaisant, Créatic renforce l’espritd’appartenance au monde des arts enencourageant les créateurs de la relève.

E N T R E R É A L I T É E T T H É Â T R E

Fruit de cette expérience, Le rien de deuxkilos rassemble des artistes divers etbénévoles, chacun étant encouragé àintervenir au cours du processus decréation. «C’est parfois déstabilisant pourcertains acteurs, habitués à obéir auxdirectives du metteur en scène.» Ici, la

direction se fait en équipe, les idées des unset des autres marquant ainsi l’évolution dela pièce. Sur et derrière la scène, unguitariste ajoute à l’atmosphère surréalisteen improvisant sur les textes, accompagnantles accords et désaccords des personnages.D’une soirée à l’autre, le fond musicalchange, marquant le début d’un véritableéchange avec le public. Et parce qu’on nefait décidément rien comme les autres, lesauteurs ont imaginé de perdre lesspectateurs au milieu d’une forêt,composée d’œuvres réalisées par unetrentaine d’artistes. Ainsi confondu avec lemilieu naturel des campeurs, le publicparticipe au processus de création quiprend forme devant ses yeux. Si bien qu’àla fin on finit par se perdre entre réalité etthéâtre, à moins que le théâtre ne soit lui-même que le reflet de la réalité.

Événement multidisciplinaire, Le rien dedeux kilos, de par sa démarche originale,comble les espaces laissés vides par lemilieu théâtral québécois. Le tout mis enœuvre sans la moindre subvention. Unvéritable sacerdoce pour ses auteurs, et unepartie de plaisir pour tous. Parce que «lacréation, c’est la vie».

Le rien de deux kilos

Mise en scèneUgo Monticone et Marc Sauvageau

Arts visuels (La Forêt) coordonnés par Philippe Mayer

Du 26 septembre au 13 octobre 2002, au World Beat Center

Informations au (514) 849-8476Billets en vente à l’Aparthée :

(514) 530-5713

R E L È V E T H É Â T R A L E

Les choses de rienPeut-on créer quelque chose à partir de rien, surtout quand ce rien pèse deux kilos? Qu’est-ce que la création, sinonun acte de concrétisation, la réalisation matérielle d’une pensée, la structuration visuelle, tactile ou auditive d’unrêve? Et si tout était possible, même créer tout quand on pense n’avoir r ien. Pensum pour campeurs en mald’inspiration…

Aurore LEHMANN

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L E R I E N D E D E U X K I L O S E N R É P É T I T I O N , O Ù C O M M E N T R E N V E R S E R L E S R È G L E S D E L ’A R T

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culture

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R I E N À V O I R : T O L É R A N C E !

Qu’est-ce que la musique sacrée, et plus spécialement encore qu’est-ce que la musique électroacoustiquesacrée? Réseaux, société de concerts spécialisée dans la musique électroacoustique (sur haut-parleurs), encollaboration avec l’Espace Go, présente un concert bénéfice au profit d’Amnistie internationale. Le principe:installé confortablement, l’auditeur littéralement entouré par la musique diffusée de tous côtés, peut se laisserenvoûter. Du «cinéma pour l’oreille». Ce concert sera constitué des œuvres lauréates du Concours internationalde Musiques sacrées de Fribourg (Suisse) qui a eu lieu en juillet dernier. Les trois œuvres primées exprimentchacune à sa manière le sentiment de joie lié à la paix. Éléments multiculturels, croisements et jeux de sons,où comment s’élever en beauté!

Dimanche 15 septembre, 16 heures à l’Espace Go.

Renseignements : www.rien.qc.ca ou au (514) 527-4735

Billetterie (514) 845-4890

L E S M A R D I S - G R A S D U C O N T E

Profitant de l’effervescence du renouveau du conte au Québec, une nouvelle soirée hebdomadaire fait sonentrée à Montréal. Animés par Claudette L’Heureux, conteuse, et André Lemelin, conteur et producteur (FestivalVoix d’Amérique), les Mardis-Gras seront présentés tous les mardis au bar l’Intrus. Lieu de diffusionprofessionnelle et tremplin pour la relève, les Mardis-Gras sont divisés en deux parties: deux demi-heuresavec deux conteurs invités, et un micro libre pour les amateurs de conte. Tout au long de la saisond’automne, on pourra entendre Jean-Marc Massie, Renée Robitaille, Mathieu Lippé, Jacques Pasquet, BrianPerro, Yvan Bienvenue et bien d’autres.

Entrée gratuite

Informations: [email protected]

E N C O R E 1 0 J O U R S P O U R ( R E ) D É C O U V R I R A T O M E G O Y A N

On croit le connaître, mais il risque de nous surprendre.. Atom Egoyan, l’un des cinéastes canadiens les plusprolifiques et surtout l’un des plus remarquables, est la vedette de la programmation de la Cinémathèquequébécoise. L’occasion inespérée de voir et de revoir les films qui ont fait son succès, mais aussi les œuvresmoins connues, courts ou longs métrages. Jusqu’au 21 septembre inclus, sont au programme De beauxlendemains, Exotica, Felicia’s Journey, mais aussi Les Figurants, L’expert en sinistres…. Et le 20 octobre,la Cinémathèque présente son dernier film, Ararat, dans le cadre des FCMM.

D’origine arménienne, fils d’artistes peintres, Atom Egoyan s’intéresse particulièrement aux fractures de lacellule familiale, aux questionnements sur l’identité. Un regard lucide, acerbe et tendre sur nos contemporains.

Jusqu’au 21 septembre à la Cinémathèque québécoise

Informations: (514) 842-9768

V I E T N A M , A R T A C T U E L : V O Y A G E Z S A N S V A L I S E S . . .

Le centre d’exposition de l’Université de Montréal présente pour la première fois au Québec une expositionsur l’art actuel vietnamien. Sept artistes pour vous plonger dans l’univers de la création vietnamiennecontemporaine, par le biais de techniques comme la laque, l’encre et la gravure sur papier et sur toile.

Au cours de la dernière décennie, le Vietnam a connu des changements rapides. La modernisation de l’économieamorcée en 1986 a permis aux artistes de mettre de côté les formes imposées par l’art traditionnel et le réalismesocialiste et de peindre selon une vision plus personnelle. Les artistes présentés ont entre 25 et 40 ans. Souventissus de communautés rurales, ils ont étudié dans les écoles de beaux-arts reconnues. Tous partagent le goûtdu risque et de la nouveauté. À découvrir absolument!

Jusqu’au 22 septembre au Centre d’exposition de l’UdeM, 2940, Chemin de la Côte-Sainte-Catherine.

Mardi, mercredi, jeudi et dimanche de 12 heures à 18 heures.

Entrée gratuite.

A P P E L A U X A R T I S T E S

Que ce soit en chanson, musique, théâtre ou danse, c’est le moment de soumettre sa candidature afin departiciper à la huitième édition du festival Vue sur la relève, qui aura lieu du 2 au 12 avril 2003. Tous lesjeunes artistes, âgés de 18 à 35 ans, qui ont un spectacle professionnel à proposer ont jusqu’au 4 novembrepour présenter leur candidature.

Le festival Vue sur la relève est le tremplin idéal pour les nouveaux talents. Il leur permet de faire découvrirleurs œuvres à un public avide de nouveautés. Beaucoup ont déjà profité de l’occasion pour se faire connaître(Daniel Boucher, Tomas Jensen, Mes Aïeux, la Chango Family…).

Les artistes intéressés sont invités à présenter un dossier complet comprenant: une lettre de présentation, uncurriculum vitae, des photographies s’il y a lieu et du matériel audiovisuel. Le tout doit être envoyé à: Vue surla relève, 7378 rue Lajeunesse, bureau 310, Montréal (Québec), H2R 2H8.

Renseignements au (514) 278-3941

L’agenda culturel

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