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L’exposition est aussi l’occasion de réattribuer au Vietnam un chef-d’œuvre de la sculpture bouddhique, la Quan Am à mille bras, impressionnante et très rare sculpture de bois doré. Enfin, un important colloque international à l’auditorium permet d’aborder ces nouvelles approches de l’art et de l’archéologie du Vietnam. C’est une espèce aquatique que vous découvrez en ce moment au musée, dans la rotonde du 4 e étage ; Reiko Sudo nous y livre une version moderne et facétieuse des carpes de la fête japonaise des garçons, les koïnobori. Ces mêmes carpes nous rappellent celles de la maison de Clemenceau à Saint-Vincent- sur-Jard, en Vendée, qui signalaient, volant au vent, la présence du Tigre dans sa maison. L’exposition Clemenceau, le Tigre et l’Asie s’achève. Tout comme Sublimes matières, à travers 5 000 ans de création en Chine qui ouvrait notre année chinoise et que vous pouvez visiter jusqu’en juin. Vous retrouverez en force la Chine à l’automne ; patience. Artiste délicat de l’univers féminin, sans afféterie, Harunobu (mort en 1770) est parmi nous durant l’été. De ce maître de l’estampe japonaise du 18 e , le musée conserve des œuvres recherchées et inédites. Avec lui s’imposent les estampes po- lychromes, les nishiki-e et les fonds aux effets colorés, parfois marbrés sur lesquels se détachent des silhouettes de femmes graciles, le bas du kimono ne laissant échapper qu’une pointe de pied. Le Mag fait une large place aux acquisitions : vous en découvri- rez non pas l’intégralité mais un florilège de ces enrichissements qui sont aussi pour nous l’occasion de célébrer la générosité sans fin de collectionneurs et d’amateurs passionnés de notre vaste Asie. Une nouvelle rubrique vous invitera désormais dans chaque nu- méro à aborder l’histoire du musée sous un angle original. Nous l’inaugurons avec édouard Chavannes, archéologue qui a large- ment contribué au développement de la sinologie au début du 20 e siècle. Sophie Makariou Présidente du MNAAG L’été au MNAAG nous emmènera sur la « route mandarine », au Vietnam. Ouverte au 19 e et reliant Ca Mau, au sud, à Lang Son, au nord, elle évoque le Vietnam, ainsi qu’un nom trop oublié de la lit- térature française, Roland Dorgelès (1885-1973), l’auteur des Croix de bois – récit de sa guerre dans les tranchées – alors que nous commémorons le centième anniversaire de la Grande Guerre. Au Vietnam, Dorgelès explore la possibilité de vivre « d’une haleine, tous les romans de son enfance ». C’est à la découverte de ce pays trop méconnu que nous entraîne l’expo- sition L’envol du dragon, art royal du Vietnam. Les méandres du corps de l’animal s’enroulent sur de nombreux objets qui émaillent toute son histoire artistique et impose sa présence sur les « régalia » orfévrés des Nguyên, parés du titre d’empe- reur, comme sur leurs porcelaines, les « bleus de Huê ». Dans le cadre des années croisées France-Vietnam, le musée national des arts asiatiques – Guimet organise une exposition réalisée en étroite collaboration avec le musée d’Histoire du Vietnam de Hanoi. Faisant la part belle à l’art et l’archéologie d’un pays à la transition entre deux mondes, cette exposition évoque une histoire millénaire, de l’âge du Bronze (milieu du premier millénaire avant notre ère) au crépuscule de la dernière dynastie royale des Nguyên (1802-1945), en réunissant une sélection inédite d’œuvres permettant de retracer les développements de l’iconographie du dragon, très tôt associée à la personne royale et à son prestige. Dans le Vietnam traditionnel, cet animal fantastique occupe une place privilégiée au sein du corpus des animaux fabu- leux. Tout à la fois terrifiante et bénéfique, cette fascinante chimère manifeste le caractère dynamique de son rôle pro- tecteur et bienfaisant par un aspect à la fois gesticulant et animé dont les artistes vietnamiens ont, durant des siècles, décrit les méandres. Serpentiforme, le dragon participe du monde des eaux dont il est le gardien et le pourvoyeur. Déten- teur des clés de la sécheresse ou de l’inondation, évoluant dans les mondes souterrains et les milieux aquatiques avec la même aisance que dans les nuées célestes, il est par essence versatile et capricieux. Un parcours chronologique introduit le visiteur aux derniers temps de l’âge du Bronze où, dans la Culture de Dong Son, les scènes historiées des tambours et des récipients rituels présen- tent un bestiaire fantastique et original dans lequel le dragon n’a pas encore véritablement trouvé sa place. Mis au jour dans les tombes à pirogues de certains chefs de clan du delta du Fleuve rouge, ces objets témoignent du prestige du bronze, précieux alliage métallique destiné aux pièces les plus sacrées. L’évocation de la période de la domination chinoise des Han (env. 1 er -3 e siècle) permet d’illustrer l’émergence de l’iconographie du dragon figurant çà et là dans le riche mobilier funéraire mis au jour dans les tombes du nord du Vietnam (province du Thanh Hoa), notamment à la faveur des travaux de l’école française d’Extrême-Orient conduits par les archéologues Louis Pajot puis surtout Olov Janse (1892-1985) dans les années 1920-1930. Mais c’est à partir de l’indépendance retrouvée (10 e siècle) que le Vietnam décline l’image du dragon sous les formes les plus variées. Des éléments de décor architectural, des chefs-d’œuvre de céramique, divers objets somptuaires de bronze (11 e -18 e siècle) témoignent de la puissance inventive d’un pays imprégné de culture chinoise et faisant pourtant preuve d’une profonde originalité. Dans les vestiges des palais royaux de Thang Long (actuelle Hanoi), bien des ornements de toiture en céramique ou des bases de colonnes en pierre illustrent le caractère bondissant et sinueux de cet animal fantastique sensé protéger les bâtiments des incendies. On le retrouve sur de nombreuses céramiques pieusement déposées en offrande dans les tombes des 12 e -14 e siècles ainsi que sur les grands plats bleu et blanc, destinés à l’ex- portation, que le Vietnam produit avec succès à l’intention des Philippines, de l’Indonésie et du Moyen-Orient, dans le sillage de la Chine, dans le courant des 15 e et 16 e siècles. L’exposition se poursuit par l’évocation d’un sanctuaire boud- dhique dont les sculptures de bois laqué et doré sont présentées en harmonie avec les éléments de mobilier rituel et d’objets d’art religieux des 16 e -18 e siècles réunis de manière suggestive. Enfin, un ensemble exceptionnel et inédit de chefs-d’œuvre de tout premier plan (objets d’or et d’argent, bronzes, porcelaines, mobilier de bois laqué et incrusté de nacre,…) permet d’illustrer le faste de la dynastie des Nguyên, à Huê, de sa fondation, en 1802, à l’abdication du dernier empereur, Bao Dai, le 25 août 1945. Du 9 juillet au 15 septembre 2014 Dans le cadre de l’année France-Vietnam et avec le soutien de l’Institut Français N°2 MAI - AOûT 2014 1 3. EXPOSITION SPÉCIAL VIETNAM ACTUALITÉS MUSÉE VIE DES COLLECTIONS AUDITORIUM MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES MINISTÈRE DE L’ INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION MINISTÈRE DE LA CULTURE, DES SPORTS ET DU TOURISME

Le Mag du MNAAG

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Magazine du musée national des arts asiatques Guimet. Retrouvez le programme jusqu'à août 2014 du musée. Dans un même document, vous pourrez consulter à la fois la programmation des activités culturelles et celle de l'auditorium mais aussi des informations sur les collections permanentes et les expositions.

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Page 1: Le Mag du MNAAG

L’exposition est aussi l’occasion de réattribuer au Vietnam un chef-d’œuvre de la sculpture bouddhique, la Quan Am à mille bras, impressionnante et très rare sculpture de bois doré. Enfin, un important colloque international à l’auditorium permet d’aborder ces nouvelles approches de l’art et de l’archéologie du Vietnam.

C’est une espèce aquatique que vous découvrez en ce moment au musée, dans la rotonde du 4e étage ; Reiko Sudo nous y livre une version moderne et facétieuse des carpes de la fête japonaise des garçons, les koïnobori. Ces mêmes carpes nous rappellent celles de la maison de Clemenceau à Saint-Vincent-sur-Jard, en Vendée, qui signalaient, volant au vent, la présence du Tigre dans sa maison. L’exposition Clemenceau, le Tigre et l’Asie s’achève. Tout comme Sublimes matières, à travers 5 000 ans de création en Chine qui ouvrait notre année chinoise et que vous pouvez visiter jusqu’en juin. Vous retrouverez en force la Chine à l’automne ; patience.

Artiste délicat de l’univers féminin, sans afféterie, Harunobu (mort en 1770) est parmi nous durant l’été. De ce maître de

l’estampe japonaise du 18e, le musée conserve des œuvres recherchées et inédites. Avec lui s’imposent les estampes po-lychromes, les nishiki-e et les fonds aux effets colorés, parfois marbrés sur lesquels se détachent des silhouettes de femmes graciles, le bas du kimono ne laissant échapper qu’une pointe de pied.

Le Mag fait une large place aux acquisitions : vous en découvri-rez non pas l’intégralité mais un florilège de ces enrichissements qui sont aussi pour nous l’occasion de célébrer la générosité sans fin de collectionneurs et d’amateurs passionnés de notre vaste Asie.

Une nouvelle rubrique vous invitera désormais dans chaque nu-méro à aborder l’histoire du musée sous un angle original. Nous l’inaugurons avec édouard Chavannes, archéologue qui a large-ment contribué au développement de la sinologie au début du 20e siècle.

Sophie Makariou Présidente du MNAAG

L’été au MNAAG nous emmènera sur la « route mandarine », au Vietnam. Ouverte au 19e et reliant Ca Mau, au sud, à Lang Son, au nord, elle évoque le Vietnam, ainsi qu’un nom trop oublié de la lit-térature française, Roland Dorgelès (1885-1973), l’auteur des Croix de bois – récit de sa guerre dans les tranchées – alors que nous commémorons le centième anniversaire de la Grande Guerre. Au Vietnam, Dorgelès explore la possibilité de vivre « d’une haleine, tous les romans de son enfance ». C’est à la découverte de ce pays trop méconnu que nous entraîne l’expo-sition L’envol du dragon, art royal du Vietnam. Les méandres du corps de l’animal s’enroulent sur de nombreux objets qui émaillent toute son histoire artistique et impose sa présence sur les « régalia » orfévrés des Nguyên, parés du titre d’empe-reur, comme sur leurs porcelaines, les « bleus de Huê ».

Dans le cadre des années croisées France-Vietnam, le musée national des arts asiatiques – Guimet organise une

exposition réalisée en étroite collaboration avec le musée d’Histoire du Vietnam de Hanoi. Faisant la part belle à l’art et l’archéologie d’un pays à la transition entre deux mondes, cette exposition évoque une histoire millénaire, de l’âge du Bronze (milieu du premier millénaire avant notre ère) au crépuscule de la dernière dynastie royale des Nguyên (1802-1945), en réunissant une sélection inédite d’œuvres permettant de retracer les développements de l’iconographie du dragon, très tôt associée à la personne royale et à son prestige.

Dans le Vietnam traditionnel, cet animal fantastique occupe une place privilégiée au sein du corpus des animaux fabu-leux. Tout à la fois terrifiante et bénéfique, cette fascinante chimère manifeste le caractère dynamique de son rôle pro-tecteur et bienfaisant par un aspect à la fois gesticulant et

animé dont les artistes vietnamiens ont, durant des siècles, décrit les méandres. Serpentiforme, le dragon participe du

monde des eaux dont il est le gardien et le pourvoyeur. Déten-teur des clés de la sécheresse ou de l’inondation, évoluant

dans les mondes souterrains et les milieux aquatiques avec la même aisance que dans les nuées célestes, il est par essence versatile et capricieux.

Un parcours chronologique introduit le visiteur aux derniers temps de l’âge du Bronze où, dans la Culture de Dong Son, les scènes historiées des tambours et des récipients rituels présen-tent un bestiaire fantastique et original dans lequel le dragon n’a pas encore véritablement

trouvé sa place. Mis au jour dans les tombes à pirogues de certains chefs de clan du delta du

Fleuve rouge, ces objets témoignent du prestige du bronze, précieux alliage métallique destiné aux pièces les

plus sacrées.L’évocation de la période de la domination chinoise des Han (env. 1er-3e siècle) permet d’illustrer l’émergence de l’iconographie du dragon figurant çà et là dans le riche mobilier funéraire mis au

jour dans les tombes du nord du Vietnam (province du Thanh Hoa), notamment à la faveur des travaux de l’école française d’Extrême-Orient conduits par les archéologues Louis Pajot puis surtout Olov Janse (1892-1985) dans les années 1920-1930.

Mais c’est à partir de l’indépendance retrouvée (10e siècle) que le Vietnam décline l’image du dragon sous les formes les plus variées. Des éléments de décor architectural, des chefs-d’œuvre de céramique, divers objets somptuaires de bronze (11e-18e siècle) témoignent de la puissance inventive d’un pays imprégné de culture chinoise et faisant pourtant preuve d’une profonde originalité. Dans les vestiges des palais royaux de Thang Long (actuelle Hanoi), bien des ornements de toiture en céramique ou des bases de colonnes en pierre illustrent le caractère bondissant et sinueux de cet animal fantastique sensé protéger les bâtiments des incendies. On le retrouve sur de nombreuses céramiques pieusement déposées en offrande dans les tombes des 12e-14e siècles ainsi que sur les grands plats bleu et blanc, destinés à l’ex-portation, que le Vietnam produit avec succès à l’intention des Philippines, de l’Indonésie et du Moyen-Orient, dans le sillage de la Chine, dans le courant des 15e et 16e siècles. L’exposition se poursuit par l’évocation d’un sanctuaire boud-dhique dont les sculptures de bois laqué et doré sont présentées en harmonie avec les éléments de mobilier rituel et d’objets d’art religieux des 16e-18e siècles réunis de manière suggestive.

Enfin, un ensemble exceptionnel et inédit de chefs-d’œuvre de tout premier plan (objets d’or et d’argent, bronzes, porcelaines, mobilier de bois laqué et incrusté de nacre,…) permet d’illustrer le faste de la dynastie des Nguyên, à Huê, de sa fondation, en 1802, à l’abdication du dernier empereur, Bao Dai, le 25 août 1945.

Du 9 juillet au 15 septembre 2014Dans le cadre de l’année France-Vietnam et avec le soutien de l’Institut Français

Toute la programmation, conditions d’accès et tarifs sur guimet.fr N°2 Mai - aoûT 2014 1

3.

EXPOSITION

spécial Vietnam

actualités musée

Vie des collections

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Quan Am à mille bras, Vietnam, bois, H. : 160 cm ; l. : 120 cm, © RMN-GP (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier

Tous les musées – et c’est particulièrement vrai pour les insti-tutions anciennes comme le MNAAG – sont parfois amenés à revoir la datation ou même la provenance de certaines pièces de leur collection, à la lumière de l’évolution des connaissances dans le domaine du Patrimoine et de l’Histoire de l’art. Tout récemment, à la faveur de recherches menées sur les col-lections bouddhiques vietnamiennes, il a été possible d’iden-tifier une pièce longtemps conservée dans la section des arts de la Chine et de la rattacher au Vietnam. L’œuvre ne passait pourtant pas inaperçue. Il s’agit d’une représentation du bodhi-sattva Avalokiteshvara sous une forme particulière, relevant plus spécifiquement de l’Asie centrale et du monde chinois, dans laquelle le bodhisattva apparait sous les traits d’une entité fémi-nine dotée de mille bras. On la connaît en Chine sous le nom de Qianshou Qianyan Guanshiyin – celle, dotée de mille mains et de mille yeux, qui écoute et qui voit. Elle incarne de manière spectaculaire et ex-plicite – par le geste démultiplié de ses mains ouvertes vers le fidèle – la vertu de compassion infinie qui figure parmi les quali-tés les plus fondamentales du bouddhisme. Il n’y a pas si long-temps, le visiteur pouvait admirer cette impressionnante sculp-ture en bois laqué et doré dans la rotonde du premier étage consacrée à la Chine bouddhique où elle était donnée comme d’origine chinoise. Il est vrai que pour les 17e, 18e et 19e siècles, certaines œuvres de Chine méridionale et du Vietnam n’offrent parfois que peu de différence. Le visage, comme le traitement

général de la sculpture, pouvaient toutefois apparaître comme autant d’indices d’une origine plus spécifiquement vietna-mienne. La preuve en fut donnée par la découverte, dans le riche fonds photographique de la Médiathèque du Patrimoine, d’une vue de l’ancienne galerie indochinoise du musée Guimet prise dans les années 1900-1910. Notre sculpture y figurait en bonne place dans la vitrine centrale intitulée « ANNAM et TON-KIN ». Il était dès lors possible de rapprocher la photographie d’un passage du Petit guide illustré au musée Guimet de Léon de Milloué publié en 1897 dans lequel le conservateur précisait que cette œuvre provenait de Hanoi. Dans la même galerie était d’ailleurs réuni un ensemble de sculptures bouddhiques du « Tonkin » (nord du Vietnam actuel), offert par Gustave Dumou-tier (1850-1904) en 1889, à la clôture de l’Exposition universelle où ces pièces avaient figuré. En retrouvant son identité vietnamienne, cette œuvre acquiert aujourd’hui une importance considérable. On connaît en effet fort peu de représentations de ce type au Vietnam, hormis quelques exemples vénérés dans des sanctuaires du delta du Fleuve rouge et dont le chef-d’œuvre, daté de l’année 1656, est toujours conservé à Chua But Thap, un des plus beaux temples du nord du Vietnam. La statue de Quan Am nghin tay nghin mat du MNAAG peut désormais être considérée comme le seul exemple du genre conservé en Occident.

Cette oeuvre est présentée dans l’exposition L’envol du dragon.

ArTS ET ArchéOlOgIE du VIETNAm : NOuVEllES APPrOchES lES 4, 5 ET 6 SEPTEmbrE 2014

Le colloque présentera, dans le cadre de l’année croisée France-Vietnam, l’avancée des connaissances dans le domaine des arts vietnamiens des périodes anciennes jusqu’à aujourd’hui.

Cet événement rassemblera des spécialistes internationaux de ces questions (France, Vietnam, mais aussi Amérique du Nord et Eu-rope) afin de stimuler des échanges tout en présentant la diversité et la richesse des arts vietnamiens d’une façon exigeante et acces-sible. Il s’agit de proposer une manifestation à caractère culturel et scientifique, mêlant les impératifs d’excellence de la recherche, tout en offrant une ouverture, à la fois large et de qualité au grand public. Cette rencontre constituera un événement scientifique inter-national étant le premier colloque consacré aux arts du Vietnam, organisé hors de ce pays.

Ce colloque se veut pluridisciplinaire, « l’art » entendu dans son sens le plus large inclut ainsi les cultures matérielles anciennes, les arts visuels, les arts plastiques contemporains ou encore l’artisanat.

Entrée libre dans la limite des places disponibles.Organisé par le Centre de Recherche sur l’Extrême-Orient de Paris Sorbonne (CREOPS).

4 septembre – Musée national des arts asiatiques – Guimet de 9h à 17h30Nouvelles découvertes en archéologie1ère session : Citadelles et lieux de pouvoirs2e session : Nouvelles découvertes sur la céramique (table ronde)3e session : Les arts de la laque

5 septembre – institut National de l’Histoire de l’art de 9h à 18hArt moderne et contemporain vietnamien4e session : Art moderne et contemporain 5e session : Singularité d’un territoire et globalisation Conférence : Les artistes vietnamiens et le rapport à l’histoire

6 septembre – Musée du Quai Branly de 9h à 16hPromouvoir et exposer l’art vietnamien6e session : Arts et patrimoine 7e session : Musées et coopération internationale

Ce programme est susceptible de changement. Pour toute information : [email protected]

newbleu.indd 1 28/01/13 09:50

Devenez membre De la samgDès sa création, la Société des amis du Musée Guimet a attiré de grands orientalistes  : A.  Foucher, J. Hackin, S. Levi, P. Pelliot, E.Sénart  ...  ; elle a contribué à l’enrichissement des col-lections du musée et l’a accompagné dans ses activités culturelles et scien-tifiques.

http://mapage.noos.fr/[email protected]

S.A.M.G. Fondée en 1926Reconnue d’Utilité Publique en 19716, place d’Iéna 75116 Paris Tél. 01 45 63 08 77

Manifestation organisée dans le cadre de France-Chine 50 -www.france-chine50.com

Du 26 mars au 9 juin 2014

Le Vietnam est le seul pays d’Asie du Sud-Est dont la culture ait été fortement marquée par la civilisation chinoise. Mille ans de domi-nation (1er-10e siècle), durant lesquels ce pays fut assimilé à une province de l’Empire du Milieu, ont évidemment infléchi l’essence même de la culture vietnamienne qui participe du monde chinois au même titre que la Corée ou le Japon et qui, comme ces contrées, a pourtant su maintenir une identité bien marquée.

La collection vietnamienne du MNAAG plonge ses racines dans l’ori-gine même de l’institution quand, dès 1889, un ensemble de sculp-tures bouddhiques du « Tonkin », présenté par Gustave Dumoutier dans la section coloniale de l’Exposition universelle de l’esplanade des Invalides, fut intégré au musée des Religions d’émile Guimet. À cette époque, les œuvres émanant du Vietnam sont essentielle-ment religieuses : sculptures bouddhiques, meubles et objets de culte. Il faut attendre le milieu des années 1930 pour que les arts anciens du Vietnam trouvent peu à peu leur place dans un musée alors en pleine mutation. Tandis que certaines représentations reli-gieuses, jugées trop tardives et d’un intérêt secondaire, rejoignent les réserves ou sont déposées dans divers musées, les liens que le musée Guimet a noués avec l’école française d’Extrême-Orient lui permettent bientôt d’évoquer, en France, la variété et la qualité des arts qui se sont épanouis à la fin de l’âge du Bronze puis lors de la période de domination des Han (1er-3e siècle) dans le delta du Fleuve rouge. Lors de ses travaux archéologiques dans la province du Thanh Hoa, l’archéologue suédois Olov Janse (1892-1985) met au jour un abondant matériel funéraire de bronze et de céramique reflétant une société en pleine mutation. À l’issue des fouilles, les pièces uniques rejoignent Hanoi tandis qu’une part importante est divisée entre les musées Guimet, Cernuschi et le musée de l’Univer-sité de Harvard, aux états-Unis. Janse constitue dans le même temps une collection de céramiques des 12e-14e siècles qui sera bientôt

PASS duO

PASS SOlO

avec le pass MNaaG visitez le musée quand vous le voulez en profitant de l’accès illimité, gratuit et coupe-file aux collections permanentes et aux expositions temporaires. Bénéficiez d’une visite gratuite au musée d’ennery (sur réservation). profitez des expositions temporaires avec la possibilité d’emmener gratuitement une personne de votre choix les sept premiers jours de chaque exposition. Bénéficiez d’un tarif réduit sur les films de l’auditorium et de réductions à la librairie et au restaurant du musée, ainsi que chez nos partenaires. le pass MNaaG vous offre l’abonnement au Mag du MNAAG que vous recevrez direc-tement sur votre boite mail.

Valable un an, le Pass MNAAG vous propose différentes formules : solo, duo ou jeunes. Retirez votre formulaire d’adhésion dans le programme et aux caisses du musée. Renseignements et tarifs sur www.guimet.fr

Ornement de toiture, dragon, Vietnam, époque Lê, 18e siècle, terre cuite grise © RMN-GP (MNAAG, Paris) /Thierry OllivierJarres, Vietnam, époque Tran, 13e-14e siècle, grès à couverte ivoire craquelée et rehauts de brun de fer © RMN-GP (MNAAG, Paris) /Thierry Ollivier

Depuis 2001, le MNAAG a bénéficié du soutien constant d’un petit nombre de donateurs dont la générosité n’a d’égal que le discer-nement et la discrétion. Grâce à leur action fidèle et continue, la section vietnamienne s’est enrichie d’apports essentiels, notam-ment en ce qui concerne les céramiques des 12e-19e siècles. Un bel ensemble de pièces funéraires des Ly et des Tran (12e-14e siècle), ornées de lotus déclinés en rinceaux soulignés de brun de fer ou dont les pétales sculptés entourent les bordures ou les pieds, a ainsi rejoint la collection du musée.

De même les productions de bleu et blanc des 15e-16e siècles, jadis représentées par un seul plat de la collection Michel Calmann (1957), sont-elles aujourd’hui illustrées par un nombre significatif d’exemples de belle qualité parmi lesquels figurent des pièces uniques. Si plusieurs de ces œuvres sont exposées dans la salle du Vietnam depuis la réouverture – leur présentation dans cet espace ayant d’ailleurs imposé un agrandissement de la vitrine principale – beaucoup d’entre elles sont entrées dans les collec-tions nationales françaises à une date encore plus récente.

Dans la perspective de l’exposition L’envol du dragon, le musée a pu acquérir un ensemble de pièces permettant de compléter le pro-pos de l’exposition. Au-delà de cette manifestation éphémère, elles participent désormais de l’excellence du MNAAG dans ce domaine comme dans tant d’autres.

enrichie par celle d’Henri Maspero (1843-1943), le sinologue installé à Hanoi dans les années 1930. Il faudra toutefois attendre 2001 et la réouverture du musée Guimet pour que le Vietnam occupe un espace spécifique au sein des arts de l’Asie du Sud-Est. Le Champa,

intégré au Vietnam depuis au moins le 15e siècle, y figure tout à côté.

lE mNAAg lANcE uN jEu-cONcOurS AuTOur dE lA PhOTOgrAPhIE. De nombreux lots à gagner dont une nuit dans un palace parisien. Le principe en est simple : choisissez une photo via un mur d’images et devinez si elle a été prise en Asie ou ailleurs. Vous avez trouvé ? Alors, vous venez de gagner des points. Plus vous les cumulez, plus vous aurez de chances de gagner des lots qui seront attribués lors de trois tirages au sort. Vous pouvez aussi participer en publiant vos propres photos et en les partageant avec vos amis.

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2 Spécial vieTNaM

Page 3: Le Mag du MNAAG

La notoriété de Suzuki Harunobu (1725? - 1770) tient notamment au fait que ce peintre fut le créateur présumé, entre 1764 et 1766, au début de l’ère Meiwa, des premières images impri-mées en un nombre illimité de coloris ; ces xylogravures - véritablement polychromes alors que ses prédécesseurs avaient dû se limiter à l’emploi de deux ou trois couleurs – furent dénommées dès lors Azuma nishiki-e, « images de brocart d’Azuma (la capitale de l’Est) », ou plus brièvement nishikie, se référant au chatoiement des étoffes multicolores tissées à Kyôto.

Si la maîtrise de cette technique de la xylogravure polychrome fut en réalité une conquête pro-gressive de plusieurs maîtres de l’estampe, soutenus par des cercles littéraires d’avant-garde, des éditeurs audacieux et des artisans, graveurs et imprimeurs d’immense talent, il n’en reste pas moins que le nom d’Harunobu est le plus fréquemment associé à cette apparition. Il est de fait le créateur de plus de mille cent motifs, adoptant pour la plupart un format spécifique et nou-veau, le chûban (environ 29 x 22 cm), et l’initiateur d’un nombre important d’images de calendrier (egoyomi), créées en lien étroit avec des cercles de poètes de haiku commanditaires.

De ce foisonnement créatif, qui pose subtilement entre 1765 et 1770 une culture littéraire classique comme clé majeure de compréhension d’une large part de l’ukiyo-e, le MNAAG a le privilège de conserver d’excellents tirages, susceptibles d’illustrer diverses facettes de l’art de Harunobu. Des premières images de calendriers créées pour le Nouvel An lunaire de 1765, aux illustrations symboliques et parfois parodiques d’anthologies poétiques célèbres ou de personnages de la mythologie chinoise autant que japonaise, le peintre est l’auteur d’un style graphique d’une subti-lité unique, servi par une palette colorée délicate et des procédés d’impression sophistiqués. Les mêmes recherches raffinées sont observées au cœur de scènes de genre plus anodines, issues du quotidien du quartier de Yoshiwara, ou de la description de moments suspendus à Edo.

Exposition du 18 juin au 22 septembre 2014, rotonde du 2e étage.

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PréSENTATION TEmPOrAIrE

La cascade de Nono Biki, Suzuki Harunobu (vers 1725-1770), impression polychrome nishiki-e, format chûban,1765-1770, signée : Harunobu ga, legs Madame Charles Jacquin, 1939 – AA 357 © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Harry Bréjat

Koï Current, Kennedy Center Washington, 2008 © Studio Adrien Gardère

À l’extérieur des maisons, depuis l’époque d’Edo (1603-1868), les Japonais érigent souvent de longues bannières (nobori) pour marquer un événement important ou la célébration d’une des innombrables fêtes rituelles ou festivals qui rythment l’année au Japon. L’une des fêtes les plus populaires et les plus fréquemment célébrées encore aujourd’hui est la fête des enfants, le 5 mai (autrefois fêtes des garçons). Pour leur souhaiter croissance et réussite on érige notamment des nobori en forme de carpes (koïnobori), animal fort et endurant qui remonte le courant.

C’est en s’inspirant de cette tradition ancestrale et dans le but d’exposer les exceptionnels textiles de NUNO Corporation, que Reiko Sudo et Adrien Gardère ont imaginé l’installation Koï Current qui sera présentée au sein de la rotonde du 4e étage du MNAAG à partir du 19 mai. Les visiteurs seront invités à déambuler sous un véritable flot de koïnobori contemporains, tourbillon de carpes de tissus.

inauguration le 19 mai de 20h à 23h (entrée libre) installation jusqu’au 31 août, en écho à l’exposition Clemenceau, le Tigre et l’Asie, et dans le cadre des Designer’s Days 2014.

Création de Reiko Sudo et Nuno, imaginée avec Adrien Gardère et le studio Adrien Gardère, en partenariat avec l’Association Amitiés Tissées représentée par Shukuko Voss-Tabe.

dESIgNEr’S dAyS INSTAllATION

lE muSéE d’ENNEry : l’AlchImIE d’uN lIEu ET d’uNE cOllEcTION

Le musée d’Ennery est abrité dans un hôtel particulier du 19e siècle situé 59 avenue Foch (Paris, 16e). Cette demeure est l’ancienne propriété de Clémence d’Ennery (1823-1898), épouse du jour-naliste, dramaturge et romancier Adolphe d’Ennery, ami d’émile Guimet. Elle a rassemblé, au fil des ans, une exceptionnelle collection d’arts de la Chine et du Japon qu’elle légua à l’état en 1894. Laques, sculptures bouddhiques, objets de lettrés de Chine, céramiques, porcelaines, ces quelque 7 000 objets d’art constituent un témoignage, absolument remarquable par son ampleur et par sa qualité, du goût mondain pour l’Extrême-Orient qui s’est développé en Europe dans la seconde moitié du 19e siècle. Au-delà du geste inspiré de la collectionneuse, l’ensemble atteste d’un dessein plus vaste puisque l’hôtel particulier fut entièrement modelé par Clémence d’Ennery dès 1875 pour y abriter ses collections et l’ouvrir au public. La visite de cette incroyable résidence à l’atmosphère proustienne vous permet ainsi de faire un saut dans le temps. La récente rénovation qui a permis de préserver intact l’esprit du lieu, celui des collections et de leur présentation, offre une clé essentielle pour retrouver ce moment de l’histoire du goût et de ce que l’on a nommé « le japonisme ».

informations pratiques et réservations :Le musée d’Ennery est accessible gratuitement au public uniquement sur réservation. Tél : 01 56 52 53 45 / Courriel : [email protected] billet ne peut être délivré ou vendu sur place.

© RMN-GP (MNAAG, Paris) / T.Ollivier

SAmEdI 17 mAI dE 20h00 à 23h00partagez le regard des étudiants sur l’œuvre de leur choix. À l’occasion de la Nuit des musées, le MNAAG laisse libre cours à la parole enthousiaste et créative d’étudiants en sciences humaines. Leurs regards amusés et curieux, leurs interrogations, permettront de découvrir ou de redécouvrir l’Asie et ses œuvres de façon singulière ainsi que d’échanger sur ce qu’elles suggèrent. Renseignements : www.guimet.fr

Sépulture de l’empereur Gaozong, Édouard Chavannes. Édouard Chavannes (à gauche) et Vasilij Alexeieff à côté d’une stèle érigée à l’époque des Tang, le 9 septembre 1907, AP12892 © MNAAG, D.R.

édOuArd chAVANNES (1865-1818)(…) en 1907, j’ai essayé de collaborer pour ma part à la constitution de ce premier état de l’archéologie chinoise en visitant, et en photographiant ou en estampant, divers monuments des provinces septentrionales et de la Mandchourie. J’ai maintenant à faire connaître au public les documents que j’ai rapportés. (E. Chavannes, Mission archéologique dans la Chine septentrionale, 1913.)

Comme il le dit lui-même, édouard Chavannes a fait faire à l’archéologie scientifique française en Chine ses premiers pas, il y a maintenant plus d’un siècle. Diplômé de l’Institut des langues orientales en chinois et agrégé de philosophie il est tout d’abord attaché libre à la Légation de France à Pékin en 1889. Ce séjour est pour lui l’occasion d’étudier des textes historiques et de se passionner pour les vestiges de la civilisation Han dont il livrera une première étude en 1893 dans La sculpture sur pierre en Chine aux temps des deux dynasties Han. Il approfondira ses connais-sances à l’occasion d’une importante mission archéologique dans le nord de la Chine de mars 1907 à février 1908. Il s’intéresse à l’histoire des premières dynasties chinoises dont il visite les vestiges archéologiques mais qu’il ne fouille pas. Les résultats de ses recherches ont été publiés en 1909 dans Mission archéologique dans la Chine septentrionale.

Accompagné d’un photographe chinois à qui il confia les prises de vues à la chambre sur plaques de verre de grand format (18 x 24 cm), édouard Chavannes fera également de nombreuses pho-tographies sur verre en petit format (9 x 12 cm). Près d’un millier de leurs prises de vues sont aujourd’hui conservées au MNAAG.

pour en savoir plus : Missions archéologiques françaises en Chine, photographies et itinéraires 1907-1923, Paris, éd. RMN-GP, les Indes savantes, musée Guimet, 2004. Ouvrage accompagné d’un cédérom de 2 564 photographies légendées.

À cette occasion, un costume de théâtre nô du 18e siècle sera exceptionnellement sorti des réserves et présenté par l’auteur dans la salle Jean et Krishnâ Riboud (1er étage) *.

Ce livre est une invitation à la découverte de l’art et de l’histoire du textile qui se sont développés pendant plusieurs millénaires à travers les civilisations de l’Asie.

aurélie Samuel, responsable des collections Textiles du MNaaG, dédicacera l’ouvrage L’art du textile en Asie (coé-dition MNaaG - nouvelles éditions Scala / collection Sen-tiers d’art),samedi 24 mai 2014, de 16h à 17h30 à la librairie-boutique. * Pour les visiteurs munis d’un billet d’accès aux salles G

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développe une création scripturale développée à partir du 10e siècle au Japon, explorant un syllabaire japonais lui-même issu en droite ligne d’une sorte de fluidification et déconstruction cursive des caractères chinois. À l’issue de l’exposition a été offert au musée un précieux recueil poétique relevant de ce courant, dû à la main de l’artiste Koyama Yasuko (née en 1924), premier prix Nihon Geijutsuin Kaishô en 2013 et distinguée en outre pour la catégorie Kana par la Mainichi Shodokai. Chaque feuille rehaussée de poudres et feuilles métalliques appliquées se fait ici support d’un extrait poétique emblématique d’une esthétique littéraire en vogue au 12e siècle  : le Recueil de l’ermitage de montagne (Sankashû), anthologie de 1 552 waka du moine itinérant Saigyô (1118-1190), explorant ici une poétique de la pérégrination et du paysage, qui se fera aussi précurseur de la littérature de reclus. Les orientations stylistiques se font l’écho d’une esthétique contemporaine du poète, alliant précision, fluidité, variations rythmiques…

PhOTOgrAPhIES dE F.w. SuTTON (Collections photographiques, ill. 5)Cette photographie est accompagnée de six autres du même format prises par Frederick Sutton, officier civil (mécanicien en chef) de la Royal Navy, alors qu’il sillonnait l’Extrême-Orient entre 1865 et 1869 à bord du navire hydrographique HMS Serpent. Sutton fait partie de l’escorte militaire qui accompagne à Osaka le représentant britannique, Sir Harry Parkes, reçu en audience le 29 avril par le nouveau shogun, Tokugawa Yoshinobu. À cette occasion, il fait les premières photographies de la ville, aujourd’hui conservées au MNAAG et publiées en 2011 sous la forme d’une édition électronique (www.guimet-photo-japon.fr). Cette photographie a été reproduite en 1869 dans Voyage autour du Monde écrit par le comte Ludovic de Beauvoir à l’issue de son périple en compagnie de son ami d’enfance le duc Penthièvre. Le graveur qui l’a recopié n’a pas mis toutes les personnes de dessous le pont, ce qui accentue encore davantage l’effet de foule compacte agglutinée au sommet de ce dernier.

lA PréFAcE Au PAVIllON dES OrchIdéES cOPIéE mIllE FOIS (Chine, ill. 6)L’œuvre de Qiu Zhijie renvoie à un épisode fondateur de l’histoire de la calligraphie chinoise. La préface au Pavillon des orchidées calligraphiée par Wang Xizhi au 4e siècle apr. J.-C. commémore une célèbre réunion d’hommes illustres. Au milieu d’un paysage choisi, ces lettrés s’adonnaient à des joutes poétiques au bord d’une rivière où flottaient les coupes d’alcool. Bien que l’original de l’œuvre soit perdu depuis le 7e siècle, la préface au Pavillon des orchidées, connue par la copie, est considérée comme le chef-d’œuvre de la calligraphie chinoise. À travers le geste de Qiu Zhijie, la copie qui permet la transmission participe aussi à sa disparition par une forme de mouvement à rebours qui ramène à la matérialité de l’encre. Cette utilisation combinée de la vidéo et de la photographie en lien avec la calligraphie a contribué dès le début des années 1990 à l’émergence des nouvelles conceptions du travail de l’encre qui caractérisent une partie de la scène artistique chinoise actuelle.

Cette œuvre est présentée dans le cadre de l’exposition Sublimes matières jusqu’au 9 juin 2014.

6 vie DeS collecTioNS Toute la programmation, conditions d’accès et tarifs sur guimet.fr Toute la programmation, conditions d’accès et tarifs sur guimet.fr vie DeS collecTioNS 7

PEINTurES dE duNhuANgà partir du 6 mai, salles Dunhuang, chine, 1er étage

PEINTurES d’éVENTAIlS chINOIS Du 10 juin au 6 octobre, galerie des peintures chinoises, 2e étage

FAuNE ET FlOrE dANS lES TEXTIlES ET lES mINIATurES dE l’INdEDu 8 juillet au 3 novembre, galerie Jean et Krishnâ Riboud, 1er étage

lAquES du jAPON Du 8 juillet au 24 novembre, galerie des arts du Japon, 2e étage

POrcElAINES dE lA cOllEcTION grOg-cArVEN (Chine, ill. 1)En 1973, la collection Grog-Carven faisait l’objet d’une donation à l’état sous réserve d’usufruit : meubles, tapisseries et peintures étaient destinés au musée du Louvre, tandis que le musée Guimet recevait soixante-seize porcelaines de Chine. En 2014, neuf oiseaux parmi ces porcelaines – une paire de rapaces ; une paire de canards ; une poule faisane ; un coq ; un canard ; une paire d’oiseaux-phénix – ont été choisis pour un rachat d’usufruit et figurent ainsi dans l’exposition Sublimes matières (26 mars - 9 juin 2014). Ces pièces très colorées, mêlant goût des couleurs et de l’observation d’oiseaux saisis dans un moment de pose, datent des deux plus belles périodes de la dynastie Qing – les règnes des empereurs Kangxi (1661-1722) et Qianlong (1736-1795). Elles témoignent d’une « influence croisée » caractéristique de l’histoire du goût européen pour la Chine, moment où se rencontrent de façon somptueuse la vogue européenne des figurines de faïence et la tradition des pièces chinoises en biscuit.

PAVIllON ET PINS Sur uN PrOmONTOIrE (Japon, ill. 2)Le soutien constant de la Société des Amis du Musée Guimet a permis de longue date à la section Japon de réaliser des acquisitions d’exception. C’est cette année par la volonté de l’un de ses membres bienfaiteurs qu’ont pu être acquises trois peintures essentielles auprès d’une collection privée japonaise : un kakémono du peintre Rimpa Sakai Hoitsu (Nikka Kannon, datée 1824), ainsi que deux paysages à l’encre et couleurs légères de Tokuyama Gyokuran (1727-1784), peintre lettrée Nanga peu représentée dans les collections publiques, élève de Yanagisawa Kien puis compagne de Ike no Taiga. Tirant souvent son inspiration de thématiques littéraires chinoises (c’est le cas du Voyage au pays de Chû, composition inspirée d’un poème de Li Bo) ou de créations poétiques plus contemporaines (certaines de ses œuvres portent des calligraphies de poèmes de sa mère),

Toute l’actualité sur

elle développe dans la deuxième moitié du 18e siècle à Kyôto un style pictural à la fois sinisé et excentrique. Ainsi sa description d’un passage entre deux promontoires rocheux, peint sur éventail dans une perspective double et combinatoire, donne-t-elle lieu à une composition forte et magistrale, qui s’autorise une mise en espace novatrice d’éléments de paysages très classiques (pavillon, pins, montagnes). L’usage de la réserve, au cœur des deux escarpements et suggérant ici le passage d’un cours d’eau, appuie l’intensité de cette vision paysagée.

POrTrAIT équESTrE du jEuNE mAhârâjAh dAlîP SINgh (Inde, ill. 3)Fils cadet de Ranjit Singh – à qui il succéda à l’âge de cinq ans –, Dalîp Singh (1838-1893) fut le dernier mahârâjah du royaume sikh du Punjâb. En 1849, à l’issue des guerres anglo-sikhes qui conduisirent à l’annexion du Punjâb par l’East India Company, Dalîp Singh fut déposé par les Britanniques. Envoyé en exil en Angleterre en 1854, il y devint l’ami du prince Albert et le familier de la reine Victoria – qui nourrissait à son endroit une affection quasi maternelle. Après de vaines et brumeuses tentatives pour reconquérir le trône de ses ancêtres, Dalîp Singh s’éteindra à Paris le 22 octobre 1893. D’une délicatesse cristalline, cet élégant Portrait équestre de Dalîp Singh fut vraisemblablement exécuté entre 1846 et 1849 – avant la déposition du jeune mahârâjah par le Gouverneur-Général de l’Inde britannique, Lord Dalhousie.

rEcuEIl dE POèmES cAllIgrAPhIéS SANkAShû (Japon, ill. 4)La 2e édition de l’exposition Sho, évoquant tant la création calligraphique contemporaine que la préservation d’un héritage culturel millénaire, a permis de montrer dans les salles Japon du MNAAG une centaine d’œuvres créées en 2013, issues des principaux courants stylistiques tels que soutenus par l’Association Mainichi Shodokai.Parmi ces grands axes de recherche, la catégorie des kana

lES SEcrETS dE lA lAquE FrANçAISE : lE VErNIS mArTIN Une révélation quant à l’engouement pour une technique qui incarne le luxe et le raffinement. Musée des arts Décoratifs, paris, jusqu’au 08.06.2014

lOST kINgdOmS - hINdu-buddhIST SculPTurE OF EArly SOuThEAST ASIA, 5Th TO 8Th cENTuryPrès de 160 sculptures mettent en lumière des « royaumes perdus », dont les existences sont parfois sorties de l’ombre au 20e siècle.Metropolitan Museum of art, New-York, jusqu’au 27.07.2014

ukIyO-E : A jOurNEy ThrOugh ThE FlOATINg wOrld Cette rétrospective présente les travaux des plus grands artistes ukiyo-e de l’histoire. Nagoya city Museum, jusqu’au 06.05.2014 ; Yamaguchi prefectoral Museum du 16.05 au 13.07.2014

PArIS-chINESE PAINTINg – lEgAcy OF XXTh cENTury chINESE mASTErS Cette exposition propose de découvrir une centaine de peintures chinoises datant du 20e siècle. Elles illustrent l’impact que la France eut sur plusieurs générations d’artistes chinois. Museum of art, Hong-Kong, du 20.06 au 21.09.2014

itinérance

clEmENcEAu, lE TIgrE ET l’ASIEAprès sa création au MNAAG, poursuivez cette découverte originale des cultures, de l’art et des religions de l’Asie dans les pas du Père la Victoire. Musée départemental des arts asiatiques, Nice, du 05.07 au 06.10.2014

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1. Paire d’oiseaux - phénix, Fours de Jingdezhen, dynastie Qing, période Qian-long (1736-1795), émaux sur biscuit, donation Grog-Carven, 1973, rachat d’usufruit 2014, 3518 a et b © MNAAG, tous droits réservés2. Pavillon et pins sur un promontoire, Tokuyama Gyokuran (1727-1784), encre et couleurs légères sur papier, format éventail senmen monté en kakémono, H. : 23,8 cm ; L. : 52,3 cm (surface picturale), don de la SAMG pour le compte de M. et Mme Pierre Dulout, MA 12546 © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier3. Portrait équestre du jeune mahârâjah Dalîp Singh, Punjâb, milieu du XIXe siècle, gouache et or sur papier, H. : 20,5 cm ; l. : 16,7 cm (miniature) ; H. : 29,5 cm ; l. : 25 cm (page), MA 12543, don de M. Olivier Gérard © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier4. Recueil de poèmes calligraphiés Sankashû, Koyama Yasuko (1924- ), encre, poudre et feuilles métalliques sur papier ; album orihon, H. : 33 cm ; l. : 25 cm ; ép. : 4 cm, MA 12544, don de l’artiste © MNAAG, tous droits réservés5. Foule rassemblée sur le pont au dessus de la rivière Ôkawa à Osaka, Frede-rick William Sutton (1832-1883), vers 1867, épreuve à l’albumine sur papier d’après un négatif verre au collodion, 121x161 mm, portant la mention manuscrite au verso : 7 – Osaka – Japan – 23 © MNAAG, tous droits réservés6. La préface au pavillon des orchidées copiée mille fois (cinq états), Qiu Zhijie (né en 1969) 1990-1995, cinq tirages photographiques associés à une vidéo H. : 87 cm, L. : 171,5 cm, don Jean-Marc Decrop 2014, MA 12545 - 1 à 5 © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Fragment de tenture de tente «pichhavai», Inde, 19e siècle, broderie, fil de soie, point de chaînette, satin © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Vishnu Garudâsana des montagnes de Marbre, Vietnam, 8e et 9e siècles, grès, polychromie tardive © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

C’est à l’occasion de prêts exceptionnels que vous pourrez retrouver les pièces du musée national des arts asiatiques – Guimet dans diverses expositions internationales.

Page 5: Le Mag du MNAAG

Musée national des arts asiatiques – Guimet

Danse kathak (InDe) Sous la direction de Hari et Chethana

23.05 et 24.05.14

spectacle

www.guimet.frwww.fnac.com

6, place d’Iéna 75016 Paris

à 20h30

afficheauditorium2014DEF.indd 1 07/04/14 16:57

NOOPur PErFOrmINg ArTS cENTrE vendredi 23 et samedi 24 mai à 20h30

Danse kathak (inde) / Sous la direction de Hari et chethanaSitué au cœur de Bangalore, le Noopur Performing Arts Centre est une académie de danse kathak fondée en 1996 par le couple de danseurs, Hari et Chethana. Hari et Chethana ont appris le kathak auprès de Guru Geethanjali Lal, puis de Bharathi Vittal, Vaibhavi Joshipura et Smt. Kumudini Lakhia. Hari est diplômé du Natya Institute of Kathak and Choreo-graphy, où il a reçu l’enseignement de Guru Smt. Maya Rao.Danseurs inspirés, Hari et Chethana sont régulièrement acclamés par les critiques, et se sont produits en Inde et dans le monde en-tier. Ils sont notamment le premier couple de danseurs kathak à avoir dansé en Arabie Saoudite. Ils font partie de l’Indian Council for Cultural Relations et sont aussi membres de l’International Dance Council (UNESCO).À travers la danse, Hari et Chethana cherchent à diffuser la culture indienne et l’amour envers l’humanité, et contribuent effi-cacement à la promotion des arts indiens au-delà des frontières. C’est leur soif de transmettre leur rigueur classique et leur vir-tuosité technique qui les a menés à créer l’académie « Noopur » à Bangalore, où leur savoir des traditions indiennes est transmis aux jeunes générations. Hari et Chethana ont ainsi formé plus de 500 élèves de diverses origines culturelles, ethniques et sociales, avec lesquels ils réa-lisent des productions de danse comme Yatra - The Journey of Dance en 2003, Ramayan en 2005, ou Bali Yatra en 2007.Respectueux de la tradition artistique du nord de l’Inde, tout en intégrant les nuances culturelles du sud, « Noopur » s’attache à promouvoir un kathak pur, expressif, empreint de dévotion, et cherche à enseigner le sens de la spiritualité, la religion, les valeurs et la morale dans la danse afin de revenir aux racines pro-fondes de la tradition indienne.

ASIAN muSIc ENSEmblE vendredi 13 juin à 20h30

avec Song Ji-yun (daegeum, corée), le Hoai phuong (danbau, vietnam), Barkhuu Khasbat (yuching, Mongolie), Woo Min-young (percussion, corée), orsoo amarjargal (khuuchir, Mon-golie) et Shin Jae-eun (ajaeng, corée)L’Asian Music Ensemble (A.M.E.) est un groupe créé en Corée et réunissant six musiciens traditionnels issus de trois pays d’Asie : Corée, Vietnam et Mongolie.Familiers de la musique traditionnelle coréenne dont ils maî-trisent les différentes composantes - rythme, mélodie, etc. - les instrumentistes non coréens, grâce à leur sensibilité et à leurs instruments spécifiques, apportent dans l’interprétation des morceaux du groupe une couleur de son et une touche d’ori-ginalité particulièrement séduisantes. Une tonalité unique que l’on retrouve d’ailleurs aussi bien dans les pièces traditionnelles interprétées par l’ensemble que dans ses propres compositions.L’Asian Music Ensemble a remporté en Corée plusieurs prix nationaux (et a également enregistré un CD live). Il s’y est déjà produit dans quelques grandes occasions, notamment dans le cadre du Festival Mondial des Théâtres des Nations (2011), ou dans le cadre de la cérémonie de clôture du 17e Festival Interna-tional du Film de Busan (2012).Découvert l’an dernier par le public parisien, l’ensemble avait aussi donné des concerts et présenté des ateliers-conférences au Vietnam et en Mongolie.À la croisée de trois cultures, enrichie de leurs différences, une musique de l’âme.

ArchIPElS du PANSOrI Samedi 14 juin à 20h30

avec Min Hye-sung (disciple de la chanteuse park Song-hee, « Trésor national vivant », spécialiste du pansori), léonardo Gar-cia (flûtes, composition, arrangements), Jean-charles Richard (saxophone, prix de l’académie charles cros en 2012), arnault cuisinier (contrebasse), Nicolas Déflache (électroacoustique) et Hervé péjaudier (écrivain de théâtre et comédien)Depuis les années 1970, le pansori connaît un rayonnement crois-sant, et une ouverture à de nouvelles expériences musicales. « Archipels » approche le pansori à travers une formation où la voix de la chanteuse Min Hye-sung s’intègre à un quintette mêlant flûtes traditionnelles (kena, siku et bansuri), saxophones, contrebasse, musique électronique et récit théâtral chanté. Le projet s’articule à partir d’un jeu en miroir entre superposi-tions idiomatiques et esthétiques qui peuvent s’ériger en com-plémentarité ou en contraste, mais toujours rapprochant le pu-blic francophone et coréen du fil conducteur du texte et du son.Le programme se compose d’une sélection de pièces coréennes (pansori, minyo…) et de créations arrangées sur la base d’une fu-sion entre des musiques de tradition orale (coréennes, andines, balkaniques), du jazz et des musiques contemporaines savantes, avec dialogue permanent entre écriture et improvisation.

8 auDiToRiuM Toute la programmation, conditions d’accès et tarifs sur guimet.fr

guimet.frouvert tous les jours de 10h00 à 18h00, sauf le mardi

Publication quadrimestrielle du musée national des arts asiatiques-Guimet, 6 place d’Iéna – 75116 Paris. Tél : 01 56 52 53 00 www.guimet.fr - Directrice de la publication : Sophie Makariou Coordination éditoriale : Anne Leclercq assistée de Jeanne Corbal - Ont participé à ce numéro : Spécial Vietnam : Pierre Baptiste - Actualités, musée et vie des collections : Hélène Bayou, Jérôme Ghesquière, Eric Lefebvre, Amina Taha-Hussein Okada, Marie-Catherine Rey - Numérique : Muriel Mussard ; Activités culturelles et pédagogiques : Hélène Baudelet, Cécile Becker - Auditorium : Anna-Nicole Hunt, Hubert Laot, Véronique Prost ; Développement des publics : Raphaëlle Fauvette, Agnès Legueul - Direction artistique et conception graphique : Pauline Roy ; Impression : Imprimerie Chartrez – 62055 Saint-Nicolas-lez-Arras © musée national des arts asiatiques – Guimet, Paris, 2014

Renseignements et réservations : 01 40 73 88 18 ou [email protected]