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Le massacre à l’arme chimique : poursuite d’une méthode et test pour la communauté internationale l’unité de l'analyse des politiques 25 Sep 2016

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Le massacre à l’arme chimique :

poursuite d’une méthode et test

pour la communauté internationale

l’unité de l'analyse des politiques

25 Sep 2016

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Le Centre Harmoon d'études contemporaines est une institution, culturelle, médiatique et de recherche, indépendante, à but non-lucratif. Sa vocation principale est la production d'études et de recherches sur le monde arabe, et en particulier l’actualité syrienne. Il a pour ambition le développement culturel et médiatique, le renforcement du rôle de la société civile, la favorisation et la diffusion des valeurs de la démocratie, soutenir le dialogue et le respect droits de l'Homme, ainsi que la fourniture de conseil et de la formation dans les domaines politiques et médiatiques à ceux qui en ont besoin dans la société syrienne dans le respect de l'identité nationale syrienne.Pour atteindre ses objectifs, le Centre Harmoon d'études contemporaines fonctionne à travers un ensemble d'unités spécialisées (l'unité d’étude des politiques, l'unité de recherche sociale, l'unité de revue de livres, l'unité et de la traduction, l'unité de recherches et d’approches juridiques), ainsi qu’à travers un certain nombre de programmes de travail (le programme des conseils et d’initiatives politique, le programme de soutenance du dialogue et de développement culturel et civique, le programme de l’avenir de la Syrie). Le centre peut ajouter de nouveaux programmes en fonction des besoins de la région et de la société syrienne. Le centre fonctionne selon divers modes pour la réalisation de ses programmes, notamment l’organisation des conférences, des ateliers, des séminaires, des cours de formation et la publication des travaux sous formes numérique ou en papier.

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Table de matières Introduction ................................................................................................................................................ 2

1. Le Crime............................................................................................................................................... 2

2. Le régime tente de s’y soustraire .................................................................................................... 4

3. La Russie offre une bouée de sauvetage ...................................................................................... 5

4. Toute l’arme chimique, ou juste une partie ? .............................................................................. 6

5. Personne ne s’en soucie ................................................................................................................... 7

6. Un crime qui ne se prescrit pas....................................................................................................... 9

7. Un gaspillage d'argent .................................................................................................................... 10

8. La future Syrie et les armes de destruction massive ................................................................ 12

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Introduction Le triste anniversaire du massacre perpétré par le régime syrien contre des citoyens Syriens,

dans la Ghouta de Damas, est un rappel permanent d’un crime majeur qui ne peut être effacé

par le temps, parce qu’il s’agit d’un crime qui ne se prescrit pas. Le peuple syrien vit encore ce

massacre dans ses moindres détails, déchiré par la douleur, et réaffirme son droit de juger ses

auteurs, démontant aussi la justesse de sa révolution contre ses bourreaux, qui n'ont pas

hésité à utiliser des armes chimiques contre lui. Ces bourreaux sans aucune valeur morale ou

humaine, n’ont aucun respect ni pour le droit international ni pour l’humanisme, et sèment la

mort et la destruction au vu et au su du monde entier, avec l’indifférence absolue d’une

communauté internationale qui observent silencieusement l'histoire de la disparition d’un

peuple.

Le «massacre» à l’arme chimique perpétré en août 2013, est le crime qui a dépassé toutes les

limites, et franchi toutes les lignes rouges fixées par le président Barack Obama au régime

syrien. Cependant, ces lignes rouges se sont révélées être de simples menaces verbales, dont

l’unique objectif était le désarmement chimique du régime syrien, et non pas la protection des

Syriens.

1. Le Crime Le massacre a eu lieu à Damas, le 21 août 2013, quand des missiles ont été lancés à partir

d'une zone près du mont Qassioun, juste au nord de la capitale syrienne, où se concentrent

des unités au nombre inconnu, attachées pour la plupart à la Garde républicaine, de l'artillerie

lourde et des lance-roquettes multiple(LRM), qui ont meurtri compagne de Damas par un

bombardement continu, qui n'a jamais cessé depuis cinq ans. Mais le 21 août, les missiles

n’étaient pas conventionnelles, et portaient des charges chimiques, qui ont causé la mort de

près de 1.450 personnes, toutes répertoriées par nom et photo. Il s’agit de civils,

majoritairement des enfants et des femmes, de Zamalka, Moadamieh, Kafr Batna, Douma,

Jesrine et Arbin, tous morts pendant leur sommeil, par suffocation et empoisonnement,

provoqués par des substances toxiques non conventionnelles.

Les rapports présentés par les organisations syriennes et internationales, indique que la zone

de tir de missiles est une zone militaire sur le mont Qassioun, qui abrite un centre de recherche

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scientifique, considéré comme une institution de recherches militaires, supervisé par le

ministère de la Défense syrien, et possédant des laboratoires pour le développement des

armes, conventionnelles et non conventionnelles. D’autres rapports suggèrent qu’un missile

au moins a été tiré depuis l'aéroport militaire de Mazzah que les forces militaires du régime

utilisent comme une énorme plate-forme pour leurs opérations militaires.

L’Organisation (Human Rights Watch) a confirmé dans un rapport détaillé, l'utilisation de

grandes quantités de gaz de sarin lors de l'attaque, et a souligné que la charge utilisée dans

l’un des missiles a dépassé les 55 litres. Le rapport a également souligné que la forme de l’un

des missiles était singulière, non connue en dehors de la Syrie. L’organisation a confirmé

qu'elle était déjà en possession d’images de ce genre de missiles que l'armée syrienne possède,

ce qui ne laisse aucune place au doute pour l’organisation, mais pas seulement, que c’est le

régime syrien qui a utilisé ces missiles.

Ce rapport est l'un des nombreux rapports fournis par des organisations syriennes et

internationales et même onusiennes. Le plus récent de ces rapports émane de la commission

d'enquête ad hoc, missionnée officiellement par l’ONU, et présenté fin août au Conseil de

sécurité, dans lequel la commission a affirmé à son tour que « le gouvernement syrien » a

utilisé des armes chimiques à Ghouta, et les a réutilisé au moins deux fois au cours des deux

dernières années, en violation de ses engagements à détruire son arsenal des armes

chimiques. Le rapport a également indiqué qu'il y avait suffisamment de renseignements

concernant les hélicoptères des forces du régime ayant largué des appareils, qui ont ensuite

diffusé des gaz toxiques sur « Telménnes » en avril 2014 et sur « Sermin » en mars 2015 dans

la province de Idlib, dans les deux cas le gaz de chlore a été utilisé.

Le massacre de « Ghouta » a été perpétré trois jours seulement après l'arrivée de la mission

des inspecteurs internationaux à Damas, ce qui montre le mépris du régime syrien pour toutes

les normes internationales. Seize missiles SS (de type sol-sol), chargés de gaz toxiques (sarin),

ont été tirés comme un prélude à une offensive sur ces zones réfractaires qui résistaient à aux

forces armée du régime.

Le rapport des inspecteurs des Nations Unies, qui a été publié le 16 septembre 2013, n’a fait

porter la responsabilité de l'attaque à aucune partie, et s’est contenté de décrire l'attaque

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comme un «crime grave», et a insisté sur la nécessité de traduire les responsables en justice, le

plus tôt possible. Le rapport a indiqué que l’attaque a été effectuée par des missiles SS lancé

entre deux et cinq heures du matin, ce qui a pour conséquences d’augmenter le nombre des

victimes, car les gens dormaient, et surtout que le régime a utilisé dans l'attaque des missiles

qui ne produisent pas de forte explosion et endommagent peu les bâtiments, mais causent

l’étouffement et détruit les nerfs.

2. Le régime tente de s’y soustraire Les déclarations surprenantes et parfois contradictoires, émis par le régime et ses

représentants, ont grandement suscité les doutes à son égard, et ont même convaincu certains

observateurs que le régime était l’auteur du crime, même avant la publication de tout rapport.

Dans une tentative de décharger le régime de toute responsabilité dans la perpétration du

massacre dans la Ghouta, Buthainah Shaaban, conseillère politique et en communication de

Assad, a fait des déclarations irréelles, et a jeté des accusations non fondées contre

l'opposition, en évoquant des scénarios surréalistes. Elle a ainsi déclaré que : « L'opposition

syrienne est responsable de ce crime, qui après l'enlèvement d'enfants d’hommes et des

femmes des villages à Latakia, les a amenés à la Ghouta à Damas, et placés dans un seul

endroit, pour utilisé ensuite contre eux des armes chimiques », suggérant ainsi que les

victimes du massacre appartenaient à la communauté Alaouite, que les forces de l’opposition

auraient amenés par centaines de villages de Latakia, qui se situe à plus de 400 km de la

Ghouta, jonchés de dizaines de postes de contrôle et des bataillons de sécurité du régime

syrien et de son allié le Hezbollah libanais. Cette déclaration était absurde et prouvait à

l’avance, pour beaucoup que le régime syrien était impliqué dans ce crime.

Une déclaration similaire a fait suite à celle de Shaaban, émanant cette fois-ci de Mère Agnès-

Mariam de la Croix, qui est pro-régime, et qui a à son tour, rapporté des histoires surréalistes

lorsqu’elle a déclaré que tout ce qui a été montré n’était qu’un film réalisé par l'opposition

syrienne, et que rien ne s'était passé à la Ghouta. Elle a également annoncé « qu’il avait un

truquage préfabriqué de l'incident d'armes chimiques ». Elle a également expliqué qu’ « Il y

avait une sélection d'images des enfants qui ont été affichés après l’attaque chimique, car il ne

semble pas que leurs parents étaient avec eux », tout en rajoutant : « les gens qui apparaissent

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dans le film ne semblent pas être tristes», faisant ainsi totalement abstraction de l'existence

de documents répertoriant par leurs noms toutes les victimes, et ignorant également les

centaines de films qui montrent l’enterrement de ces enfants dans des fosses communes.

3. La Russie offre une bouée de sauvetage Lorsque la Russie a senti que la menace américaine d’attaquer le régime syrien devenait

sérieuse, elle a essayé de trouver une issue à cette situation par une solution qui la satisfaisait

autant que les américain en proposant le désarmement du régime syrien de son arsenal

chimique, afin d’éviter toute action militaire. L’initiative russe a constitué pour le président

américain Barack Obama, un bon moyen pour sortir de l’enlisement des lignes rouges.

Cependant, le président Obama a insisté sur la nécessité de « maintenir la pression sur Assad »,

tout en mettant en œuvre l'initiative russe pour son désarmement. Le président Obama avait

qualifié l'initiative russe ayant conduit à l’abandon par Assad de son stock d'armes chimiques,

par un «développement positif», que son administration prendrait avec tout « le sérieux

nécessaire ». Obama a souligné que ces développements positifs, sont les conséquences de la

pression qui a été pratiquée par son administration sur le régime syrien. Il avait à l’époque

adressé un message mou au régime syrien, lorsqu’il a déclaré : « Assad doit cesser l'utilisation

d'armes chimique, et il doit savoir que ce qu'il a fait est très dangereux ».

En fin de compte, les Américains ont accepté l'offre russe selon laquelle le régime syrien livre

ses armes chimiques, en échange d’une renonciation à une possible frappe militaire. Le

secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergey Lavrov, avaient alors

annoncé l'acceptation par le régime syrien de mettre l’arsenal des armes chimiques de la Syrie

sous la supervision et le contrôle des organisations internationales en vue de sa destruction.

Les Américains ont nié que l’accord puisse constituer le contre coup d’une issue au dilemme

de la crise des lignes rouges, ou que son seul but soit de dépouiller le régime syrien de ses

armes chimiques à la demande d’Israël. Quant au régime syrien, il avait annoncé qu'il livrerait

ses armes chimiques, en raison de son attachement à la sécurité de ses citoyens, dans une

déclaration étrange et en totale contradiction avec la réalité, lancé par le ministre Affaires

étrangères Walid al-Moualem à Moscou, lorsqu’il a annoncé : « la présidence syrienne se

félicite de l'initiative russe, du fait de son attachement à la sécurité de ses citoyens et à la

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sécurité de notre pays, et de sa confiance en l’administration russe soucieuse d’empêcher

toute agression contre notre pays »!

En résumé, l'objectif principal, voire l’unique de l'accord aménagé par les Russes entre le

régime syrien et les Américains, était d'épargner au régime syrien une attaque militaire que les

Américains étaient sur le point de faire, et le sauver ainsi du bâton américain.

4. Toute l’arme chimique, ou juste une partie ? Au cours de la livraison d'armes chimiques par le régime syrien, et bien avant cela, lorsqu’il a

senti le danger d’un retrait de celles-ci, il a commencé à chercher des lieux sûrs pour y placer

une partie de ces armes, pour un éventuel besoin à l’avenir. De nombreux rapports publiés

dans la presse, réaffirmés par certaines organisations syriennes des droits de l'homme, ont

indiqué que le régime syrien avait caché des missiles à charge chimiques dans les camps du

Hezbollah au Liban. Des rapports émanant des services de renseignement américains ont

affirmé que « Le régime syrien a rangé dans des planques du gaz Gaz VX, plus létal que celui

qu’il a abandonnés », et ont souligné que ces armes « sont actuellement sous les mains du

Hezbollah ». Les rapports américains ont révélé que les inspecteurs internationaux et les

puissances mondiales, ont passé sous silence, et n’ont pas assez mis la pression sur le régime

syrien pour obtenir plus de renseignements ou pour vérifier les données fournies sur son stock

de matières chimiques, de crainte que Assad reconsidère son acceptation de démanteler

l'arsenal chimiques de la Syrie. Selon les rapports de l'ONU, le régime syrien a reconnu et livré

1300 tonnes de substances chimiques, alors que d’autres rapports disent que ce volume

correspond à 75 pour cent de son véritable stock.

La conclusion de la CIA consistait à dire qu'il y avait un nombre croissant de preuves que Assad

possède des cachettes pour de produits chimiques interdits. Certains observateurs

considèrent que Assad a peut-être dissimulé une partie de ce qu’il possédait, pour l’utiliser

dans la défense des bastions du régime, ou qu’il l’a donné au Hezbollah, comme un cadeau

pour le maintenir comme une puissance régionale dérangeante avec laquelle il faut toujours

compter.

Après la remise des armes chimiques à l’ONU, la Maison Blanche et le Département d'Etat

américain ont déclaré que la tâche de la réception des armes chimiques « a été un succès,

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même si le régime a caché certains produits chimiques mortels ». Les responsables Américains

ont affirmé que la situation aurait été, en termes de sécurité, plus dangereuse aujourd'hui, si

cette quantité de produits, n’avait pas été éliminée ». Dans le même sens, Thomas

Countryman, secrétaire d'Etat adjoint pour la sécurité internationale et la non-prolifération,

avait déclaré : « il est important de maintenir la perspective que les plus dangereuses de ces

armes inhumaines, ne sont plus dans les mains de ce dictateur », parlant de Assad.

5. Personne ne s’en soucie Il est regrettable que les réactions internationales, et en premier lieu celle des Etats-Unis,

fussent faibles et molles, ce qui a permis au régime syrien d’échapper à sa responsabilité

juridique de la grande attaque chimique.

Les réactions impertinentes des États-Unis et de l'Europe en général, face aux petites attaques

chimiques, qui ont précédé celle d’août 2013, avaient encouragé Assad à prendre le risque –

dont les conséquences étaient prévisibles- d’aller plus loin dans l’utilisation des armes

chimiques à une plus grande échelle. En vérité, par le fait qu’aucune sanction n’a été imposée

suite à ce grand massacre, le régime syrien, ainsi que l'Iran, ont obtenu ce qu'ils veulent, à

savoir une menace directe adressée au peuple syrien qu’il n’y a aucune interdiction légale ou

humaine dans leur guerre contre lui, et ont obtenu, ce qui ressemble à un feu vert de la part

de l'administration américaine d'utiliser tous types d'armes, y compris les armes de

destruction massive, dans leur guerre en Syrie, parce que les Américains ne peuvent pas

prétendre avoir été surpris par l’attaque chimique sur Ghouta, du fait qu'il ne s’agissait pas de

la première fois.

Les menaces qui foisonnaient auparavant n’ont servi à rien. En effet, le président Obama avait

déclaré dans en décembre 2012 que « les États-Unis n’accepteraient pas que le régime syrien

fasse usage des armes chimiques, et qu’il y aura des conséquences pour une telle utilisation ».

Et au lieu de dissuader le régime à la non-utilisation de ces armes, par respect de ses

engagements ou par crainte, les faits indiquent au contraire qu’il a eu un recours accru aux

nouvelles armes chimiques contre les civiles.

Avant le massacre de Ghouta, l’éventualité d’un recours aux armes chimiques par le régime

augmentait progressivement au rythme de l’avancement constant des forces de la révolution

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syrienne et le déclin des forces du régime. Ce dernier a admis posséder des armes chimiques

le 23 juillet, 2012, lorsque le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères de

l'époque (Jihad Maqdisi) avait affirmé que le régime « n’utilisera des armes chimiques ou

bactériennes, que dans le cas d'une agression extérieure». Ce fut alors la première

reconnaissance officielle de l’existence d'un arsenal d'armes chimiques par le régime syrien.

Le régime syrien a utilisé les armes chimiques dans plusieurs attaques contres des régions et

des villes de Syrie bien avant août 2013, à Rif Dimachq (Otaiba, Ein Tarma, Daria, et Baldat

Taiba), et Cheikh Maksoud à Alep, et Saraqeb à Idlib, et Jobar et le camp de Yarmouk à Damas.

Le réseau syrien pour les droits humaine a recensé 33 attaque avec des gaz toxiques dans la

période du 23 Décembre 2012 au 27 Septembre 2013, ceci sous les yeux du monde entier,

qui n'a fait aucun effort pour l'en empêcher, jusqu’ à ce qu’il commette le massacre du mois

d’août.

Le climat peu favorable au régime syrien permettait de le dissuader et de le sanctionner sans

user d’action militaire. Mais cela n'a pas eu lieu, et la passivité des États-Unis et de l'Occident

a été désastreuse pour les Syriens. La gravité de ce qui s’est passé après le massacre de Ghouta,

ne résulte pas seulement de l’absence d’une réponse internationale dissuasive, mais plus

encore de cette permission qui a été accordée au régime syrien de poursuivre ses attaques et

même d’innover en matière d’armes destructrices létales, tel que les barils explosifs largué sur

les civils de manière aléatoire et dont le nombre dépasse les cents barils par jour. A ce titre ils

ne diffèrent pas beaucoup – vu l'intensité de leur utilisation- des armes de destruction

massive. Le régime a également augmenté son recours au gaz toxique de chlore, ce qui a

amené le journal Washington Post à dire que Obama avait donné à « Assad un mandat pour

une nouvelle utilisation des armes chimiques ».

La position américaine était honteuse, à la fois du point de vu de droit international ou

simplement du point de vue humanitaire ou politique. Se rajoute à cela le fait de continuer

d'empêcher l'opposition syrienne armée, dans toutes ses composantes, de posséder des armes

efficaces à même de dissuader le régime, ce qui a conduit à des résultats désastreux pour le

peuple syrien.

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6. Un crime qui ne se prescrit pas Le droit international et humanitaire, stipulent que de tels crimes ne peuvent pas tomber par

prescription. Ce qui encouragent les Syriens à demander à la communauté internationale de

traduire les auteurs de ce crime devant la justice, car ils ont été impliqués dans l'utilisation

d'armes interdites au niveau international, et ont également été impliqués dans le meurtre de

plus d'un demi-million de Syriens depuis mars 2011 jusqu'à aujourd'hui, ainsi que le

déplacement de millions de personnes aussi bien à l’intérieur de la Syrie que vers l’extérieur.

Les crimes du régime contre les civils ont commencé bien avant l’attaque chimique, par des

bombardements des quartiers et des villes avec des bombes et des barils explosifs, qui ont

anéanti des quartiers et des villages entiers.

Bien que la résolution 2209, adopté en 2015 par le Conseil de sécurité interdit au régime

syrien d’utiliser, de développer, de produire ou de posséder des armes chimiques, de quelque

manière que ce soit, ainsi que de les stocker ou de les transférer, directement ou

indirectement, à des pays ou à des entités extérieur. La résolution a précisé que toute

utilisation par le régime des armes chimiques serait une violation des conventions

internationales, et que les auteurs en seront tenus responsables. La résolution a laissé

entendre la possibilité d’un éventuel recours au chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

qui permet l'utilisation de la force, pour mettre fin à ces violations. Cependant, le régime syrien

s’en est moqué et a continué à utiliser les armes chimiques en toute quiétude.

Le Réseau syrien pour les droits de l'homme a recensé 139 attaques avec des armes chimiques

après l'adoption de la résolution 2118 sur le désarmement du régime de son arsenal chimique,

qui a été adopté par le Conseil de sécurité le 27 septembre 2013, et 33 attaques depuis le

début de la révolution syrienne, sans qu’aucun responsable de ces attaques n’en soit puni. De

plus, l'utilisation du gaz de chlore constitue «une violation des résolutions 2118 et 2209 »,

mais également de l'accord signé par le régime le 14 septembre 2013 aux termes duquel il

s’engageait à ne plus utiliser des gaz toxiques et procède à leur destruction.

Toutes les données confirment que le régime syrien avait violé à plusieurs reprises les

résolutions du Conseil de sécurité, y compris les résolutions 2118 et 2209 et 2235, sans que

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la Russie ne mette en œuvre son engagement fait aux États-Unis, de l’en empêcher, et sans

que les États-Unis ne fasse quoi que ce soit face à une utilisation répétée de gaz toxiques.

Conformément à l'article V Statut de Rome de la Cour pénale internationale, relatif à la

poursuite des personnes responsables des crimes les plus graves, précisent que relèvent de

cet article : les crimes de génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre, qui

constituent des violations graves du droit international, et ne se prescrivent pas, quel que soit

la qualité de leur auteur (président, un chef militaire ou un haut responsable politique, etc.).

L’article 29 stipule que « Les crimes relevant de la compétence de la Cour ne se prescrivent

pas ». Les conventions du droit international humanitaire insistent sur la nécessité de traduire

en justice les responsables des crimes de guerre, quelle que soit leur nationalité ou lieu de tels

crimes.

7. Un gaspillage d'argent Le régime syrien, tout au long de son règne aussi bien sous Assad père et qu’Assad fils, s’est

employé à disséminer l'économie syrienne, sous le prétexte de construire un équilibre

militaire avec Israël, ou ce qu'il appelle «l'équilibre stratégique ». Ce prétendu équilibre s’est

avéré fictif, et que l’objectif du régime était de construire un énorme et dangereux arsenal

militaire pour se protéger contre son peuple, et pour assurer son maintien seul au pouvoir, de

manière autoritaire et totalitaire. Son arsenal d’armes de destruction massive chimiques et

biologiques, n’a pas été mis en place pour faire face à Israël, mais pour tuer son peuple en plein

jour et en toute impunité.

Pendant quatre décennies, environ 70 pour cent du budget de l'Etat était consacré à la

défense, et à l'achat d'armes pour accroître l’arsenal militaire, qu’il s’agisse des armes

classiques, stratégiques tels que les missiles balistiques, ou des armes non conventionnelles

telles que les armes chimiques et bactériologique, qui relevaient des secrets d'Etat, dont les

Syriens ignoraient tout. Ces achats s’accompagnait d'énormes commissions, au profit des

symboles du régime, des grands officiers, et des membres de la famille Assad, qui ont épuisé

le budget et ramener le niveau de vie des Syriens au plus bas. Ainsi le revenu annuel moyen

par habitant en Syrie était le plus faible dans la région, et même inférieur au revenu annuel

par habitant au Liban, un pays qui a vécu une guerre civile pendant des décennies.

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En outre, le régime syrien a dilapidé dans sa récente guerre contre le peuple la plupart des

réserves en devises étrangère de la Syrie, qui s’élevait à plus de 18 milliards dollars, avant le

début de la révolution syrienne en 2011, en plus de dizaines de milliards de dollars reçus au

cours des dernières années, de la part de ses alliés sous la forme de subventions, d'aides, ou

de prêts pour soutenir sa guerre, dont la garantie se constituait quelques fois sous forme

d’hypothèques sur les biens publics de l'Etat, pour garantir leur remboursement.

Il se peut que la principale raison qui a contribué à la survie du régime, en dépit de toute cette

ruine économique, soit la structure sécuritaire et répressive, propre aux régimes dictatoriales,

et totalitaires, malgré l’existence des sanctions, dont seul le peuple supporte la charge, à

l’instar de tous ces régimes répressifs, comme le régime de Kadhafi en Libye, ou celui d'Ali

Abdullah Saleh au Yémen, etc.

Malgré toutes ces énormes dépenses pour construire son arsenal chimique, le régime syrien

l’a abandonné pour se maintenir au pouvoir devenant ainsi au service des projets, iranien,

russe et autres. Il a également commencé à accabler l'Etat syrien par des dettes qu’il a

contractées pour financer des projets personnels, pour assurer sa protection. Une question

alors se pose sur la légalité de telles dettes et si elles seront exigibles ou si elles tombent avec

la chute du régime.

Le régime continue à utiliser des armes interdites au niveau international, même après avoir

remis ses armes chimiques. Dans un rapport présenté fin août au Conseil de sécurité

l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), a confirmé que les inspecteurs

d'armes chimiques « ont des informations que des produits chimiques comme le chlore sont

encore utilisés pendant la guerre en Syrie contre des civils », le rapport a souligné que le régime

syrien a utilisé des armes chimique et le gaz de chlore plus d'une fois récemment, et a appelé

à une intervention internationale pour sanctionner les responsables de ces actes au sein du

régime.

Les Syriens craignent que le Conseil de sécurité ne puisse pas parvenir à un accord qui

imposerait des sanctions au régime pour l’usage des armes chimiques, à cause du discrédit

jetée par la Russie sur les preuves fournies par la Commission indépendante, et qui a conclu

que les forces gouvernementales sont derrière deux attaques de ce genre.

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Bien que la Grande-Bretagne et la France aient appelé le Conseil de sécurité à imposer des

sanctions au régime syrien, la Russie a mis tout son poids afin d'éviter au régime syrien toute

sanction. La Russie a déclaré, via son ambassadeur que certes « on a trouvé l’arme du crime,

mais il n’y a pas d’empreintes sur l’arme », par conséquent « nul ne peut être soumis à des

sanctions, le rapport ne contient pas des noms et ni des faits avérés ».

Il est utile de noter que le Conseil de sécurité se trouve devant une épreuve juridique et

éthique difficile. Après que le comité international chargé d’enquêter sur les neuf attaques où

des armes chimiques ont été utilisées, dans différentes parties de la Syrie, rend un rapport

selon lequel le régime syrien est responsable de trois attaques, et l’EI (Daech) est responsable

d'une attaque, tandis que pour les cinq attaques restantes, aucune vérification n’a pu être

effectuée pour en déterminer les responsables à cause de la situation sécuritaire qui prévaut

en Syrie, la question qui se pose alors est celle de savoir quelle sera la position du Conseil de

sécurité.

Il semble que la Russie va encore risquer ses responsabilités internationales en tant que

membre permanent du Conseil, pour sauver le régime syrien. La Russie et le reste des

membres permanents rendent-ils ainsi légitime l'utilisation des armes de destruction massive,

qui deviendra une chose banale ?

8. La future Syrie et les armes de destruction massive Si les armes chimiques n’ont pas été employées comme un moyen de dissuasion pour

protéger le pays et le peuple, mais comme un moyen pour protéger le régime, la future Syrie

aura-t-elle encore besoin de ce type d'arme? Une question légitime qui se pose après ce qui

est arrivé en Syrie, et face au risque de ce qui pourrait arriver à l’avenir ?

Les armes chimiques, et toutes les armes de destruction massive, fournit un moyen de

dissuasion à long terme contre des menaces existentielles, soit la menace d'une attaque

conventionnelle, ou celle d’une attaque impliquant l'utilisation d'armes nucléaires, d'armes

chimiques ou biologiques. En revanche, ce fut, pour le régime syrien, une arme destiné à être

utilisé contre son propre peuple, non pas contre un ennemi extérieur.

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Par conséquent, l’adoption à l’avenir d’une politique orientée vers le désarmement des armes

de destruction massive dans la région, et dans le monde, devient un impératif afin de préserver

l'espèce humaine et la civilisation humaine.

La remise aujourd'hui de cette question à l’ordre du jour à l’occasion de troisième anniversaire

du crime, qui a eu lieu contre le peuple syrien, met la crédibilité de la communauté

internationale à l’épreuve. L’indifférence à l’égard de ce peuple, soulève également la question

de la crédibilité de la communauté internationale à l'avenir, et celle de sa responsabilité si des

faits pareils viennent à se reproduire ailleurs dans le monde.

Traduire les responsables du régime syrien en justice, et tous les criminels qui agissent de la

même manière, est très important, non seulement au niveau syrien, mais sur le plan humain

dans son ensemble, parce que de tels crimes ne tombent pas par prescription, et restent

comme un témoin de l’échec de l’humanité, tant que la justice n’a pas été rendue, et que les

auteurs de ces crimes n’ont pas été sanctionné, quelque soit leur qualité président, un haut

dirigeant ou un chef de guerre.

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