LE-MONDE-CNV-14_12_09

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  • Psychologie

    Au bureau, Eric se voit repro-cher son comportementpar sa collgue. Le tonmon-

    te, il semporte, sa collgue aussi.Dj tendues, les relations se sontenvenimesunpeuplus.Cettesc-ne va tre rpte sous forme dejeude rle, lors dun stage dedeuxjoursdeformationlacommuni-cationnonviolente(CNV).Dhori-zons diffrents, dix hommes etquatre femmes, dont certains encours de reconversion profession-nelle, sont venus pour apprendre mieux grer les conflits au tra-vail, dans le couple ou en famille.

    Pas toujours simple quand lacommunication quotidienne esttruffe de piges. Jai limpres-sion que tu devrais, il faut quetuou,plusradical,tuesnul,laparoleest souvent formate, fai-tede jugements lemporte-pice,de gnralisations. Base surlcouteempathique, laCNVexplo-re dautres voies : il sagit avanttoutdviterdemoraliser,decorri-ger, de clore une question

    Mise au point il y a quaranteans aux Etats-Unis par MarshallRosenberg, docteur en psycholo-gie clinique, la CNV est arrive enFrance la fin des annes 1990.Desmilliers de personnes ont sui-vi des formations dans lHexago-ne, qui compte ce jour 25forma-teurs certifis.Nousavonsappris parlermais pas communiquer,aime dire Marshall Rosenberg.Ceprocessuspermetchacunden-

    trerencontactavecsesbesoinspro-fonds pour mieux communiquer,avec bienveillance. Mais com-ment parler ce langage ducur? En quatre tapes, rpond-il :Lobservationdesfaits, lexpres-sion des sentiments, lidentifica-tion des besoins et la formulationdedemandes claires.

    Une dispute avec son conjoint,un enfant qui ncoute pas, une

    amie qui annule une sance decinma au dernier moment : lessources de conflit ne manquentpas.Achaquefois, il fautsedeman-der Quelle est mon intention,quest-ce que je veux, pourquoi jefais les choses?, indique la forma-trice et psychothrapeute Caroli-neAder-Lamy.

    Pour illustrer le langage de laCNV, les formateurs ont recours

    limage de la girafe, qui a un groscur et un grand cou qui lui don-nede ladistance, enoppositionaulangagehabituel,ditchacal,quivhicule le jugement et lvalua-tion. A lissue de la formation, lesquatorze participants se disentmieuxarmspourcommuniquer.

    Lesmots sont l, il faut les lais-ser sortir , estime Sabrina, unepsychologue. Olivier, ingnieur

    en environnement, voque unrapprentissage vers plus de flui-dit, de respect, de reconnaissan-ce. Cest une pratique qui rcla-me de lassiduit et un gros travailsur soi , ajoute Frdric, cadredansun grand groupe.

    La CNV est une faon de com-muniquer avec, chaque fois, unbesoin dauthenticit et de sponta-nit,mmedans la colre. Cenestpas tre gentil, cest tre vrai ,expliqueCarolineAder-Lamy.Cenest pas un outil, ni une recette, niune technique ; cest une maniredevivre,uneposture intrieuredif-frente,qui reposesur laconfiance,lerespectdesoietdelautre,pour-suit Isabelle Desplats, qui animedes stages.

    Lesdemandesde formation laCNVsontdeplusenplusnombreu-ses, notamment dans les hpi-taux.Comment accueillir la souf-france des parents en cas de dia-gnosticdemaladie gravepour leurenfant ? Comment grer lesconflits ? Comment entendre lesbesoins des patients ?, etc. :

    autant de questions que sestposes PascaleMolho, formatrice,lorsquelle exerait en tant quemdecinhospitalier.

    Le responsable de lamaternitdun hpital ma demand de for-mer son quipe afin damliorer leclimat. Le but tait de leur fairecomprendre que lquipe peut treun lieu de ressourcement et pasdusure, rsume Pascale Molho.Lobjectif est de faire de la bien-traitance,mme si lemot nexistepas dans le dictionnaire, sourit-

    elle. La CNV est galement utiliseauprs du personnel de la prisonde Fresnes (Val-de-Marne), et deltablissement pnitentiairepourmineurs de Porcheville (Yve-lines).

    Les demandes sont aussi crois-santes dans les entreprises dontles salaris sont confronts unstress grandissant. Avec la CNV,nous aidons les personnes passerde la domination la coopration.Cela apporte lcoute de soi,apprendre dire non, tre suffi-samment capable dentendrelautre pour tenir compte de lui,explique Isabelle Desplats. Il y aparfois coupure entre la tte etle cur, dcrit Pascale Molho : Jai vu des bons pres de famille,des fans de scoutisme le week-end,qui pouvaient virer sans vergogneune personne le lundi afin de sui-vre les directives de leur hirarchie,mme si, au fond deux-mmes, ilsntaient pas daccord.p

    Pascale Santi

    Lesmots sont des fentres,

    de Marshall B.Rosenberg, d. La Dcou-

    verte, 259p., 16.

    Cessez dtre gentil, soyez vrai, de Tho-

    mas dAnsembourg, Editions de lhom-

    me, 256p., 20.

    nSur leWebnvc-europe. org/france

    Unealternativeauxrprimandesdanslescoursdcole

    DANS LA COURde rcration,quand je vois un enfant en taperun autre, je lui dis que jeme sensinquiet parce que jai besoin dtresr que chacun passe une bonnercration, explique RobertGreuillet, enseignant en arts plas-tiques Chatou. Une formulationqui est ses yeux plus efficaceque: Arrte dembter ton cama-rade! Jemets un cur en ban-doulire pour demander len-fant comment il se sent, sil est tris-

    te, inquiet ou joyeux, indiquepour sa part une enseignante enmaternelle.

    Les demandesde formation lacommunicationnonviolente(CNV) sont deplus enplusnom-breusesdans les tablissementsscolaires. Au lyce Edmond-Miche-let, Arpajon, elles ont commencen2008avec des journes de sen-sibilisationpour les dlgus declasse et une confrencedestineauxparents autour desquestions:

    Comment dialoguer dans le res-pect? et Cest quoi enseigner?Cest quoi apprendre?, expliquela formatrice, Eliane Rgis.

    La violence est souvent prsen-te dans les rapports entre les jeu-nes, sans aucune conscience de cequil y a derrire. Lors de heurts, ondemandeaux lves ce quils res-sentent. Durant cesmoments, ilssont surpris de la possible libertdexpression de leurs sentiments,ils se sentent accueillis et respec-

    ts, analyseKarimRahila, consul-tant en dveloppement relation-nel et organisateur de stagesbass sur la CNV.

    Face la solitude et auman-que de reconnaissance que ressentlemonde enseignant, la CNVpeutaussi se rvler trs utile, ajoute lapsychothrapeute CarolineAder-Lamy, il est indispensable quepro-fesseurs et instituteurs, lves etparents se lapproprient.p

    P. Sa.

    Cestunemaniredevivre,unepostureintrieurediffrente

    IsabelleDesplatsanimatrice de stages

    JoyauxdeNolpouresthtesMdaillonencramique, bolsdeporcelainepeints lamain, tableauxentextile brod de perles,mobile aux bijouxde verre, commode en cartonet papier vgtal , luminaires poupes elles sont neuf cratrices propo-ser leur univers fminin et potique, dans la galerie des Ateliers dart deFrance, Paris. Dunmme souffle, elles dcorent, tissent, peignent,faonnent ou sculptent desuvres qui respirent la fantaisie. Parmielles, Pascale Aperc cre des bijoux, partir de drles danimaux styli-ss, enmtal argent ou en rsine colore. Les cramiquesdeNadineUrvoaz, des bonshommes en formede quille chapeauts darbre oudefleurs, font rver tout veill. Quant aux tableaux colors de lillustratri-ce-mosasteMarieGoyat, ils font cohabiter avec bonheur carreauxpeints

    lamain, maux,miroir teint, perles et cabochonsChacunede cesuvres dartistes, indite, fait un cadeaudeNol idal pour esth-

    tes ( partir de 40 euros pour les petits bijoux, jusqu 2500euros unmaxi-tableau enmosaque, et 700euros environ, lacommodeen carton).pVronique Lorelle (PHOTOS DR)Exposition Eclats de couleur , du 3dcembre jusquau 26 janvier 2010.

    Galerie LAtelier, viaduc des Arts, 55, avenue Daumesnil, 75012Paris.

    Ateliersdart.com.

    Lathorieduplaisiroucommentencouragerlespetitsgestescolospar lamusement

    Lelangageducur,armeanti-conflitsLes formationsencommunicationnonviolente (CNV)semultiplientdans lesmilieuxprofessionnels

    &Vous

    Unepoubelle couverte dunpetit toit enmtal, dansunparc de Stockholm.

    Unemrede famille y jetteunpapier gras. Aussitt, la poubellemetun sonqui semble toutdroit sorti dune bataille navalelectronique, un long sifflementpuis une sourde explosion. Intri-gue, une autre personne tentelexprience.Mmebruit,mmetonnement. Dautres passantsseprennent au jeu, des enfantsramassent des ordures qui tra-nentpar terre. Bientt, on se pres-se autour de la poubellemagique.

    A lorigine de cette factie, unsystme lectronique qui sac-tionne lorsquune personne pas-se lamain entre la poubelle et letoit. Lemcanismeprouve sonefficacit. En une journe, la bo-te ordures se remplit de 72kgde dchets, plus du double dupoids recueilli dans une poubel-le banale.

    Lexprience tend prouverque lon adopte plus volontiersun comportement civique lors-que cela constitue un amuse-ment. Dautres actions dummegenre semblent corroborer la

    thorie. Ainsi, cette quipe detechniciens quimtamorphose,en une nuit, un escalier situdans une station demtro, tou-jours Stockholm. Aumatin, ondcouvre un clavier de pianogant, chaquemarche reprsen-tant une touche, noire ou blan-che, qui met une note lorsquony pose le pied. Les passants nesen privent pas, dlaissant lesca-lator que la plupart dentre euxempruntaient pourtant la veille.

    Ces expriences, qui ont don-n lieu au tournage de vidostrs regardes sur Internet, ma-

    nent dunmme projet, baptisThe FunTheory (la thorie duplaisir). Les internautes sont invi-ts proposer dautresmcanis-mes cocasses visant conomi-ser lnergie, rduire la pollutionet plus gnralement populari-ser les petits gestes de tous lesjours censs sauver la plante.

    Les initiatives nemanquentpas, comme ce container verretransform en juke-box ou cemiroir qui se couvre de couleurslorsquon se lave soigneusementlesmains. Le crateur le plusinnovant recevra la sommede

    2500 euros, peut-on lire sur lesiteWeb Thefuntheory. com.

    Surfant sur lenthousiasmecivique, le projet nen affichepasmoins un objectif commer-cial. The Fun Theory doit en effetson existence, et son finance-ment, la branche sudoise deVolkswagen, qui appose discrte-ment son logo la fin de chaquevido. Nous cherchons faireconnatre nos voitures respec-tueuses de lenvironnement,indiqueMarcus Thomasfolk,porte-parole du constructeurautomobile Stockholm. Lobjec-

    tif, admet-il, consiste crer unlien entre le devoir que consti-tue le geste environnemental etle plaisir de la conduite.

    En France, la communicationde Volkswagen joue sur unregistre diamtralement oppo-s. Le constructeur a rcem-ment diffus un clip pour la Pas-sat Bluemotionmoquant lillu-soire retour la bougie, cre-do attribu une communautdcologistes radicaux cher-chant vainement nmettreaucun gramme de CO2.p

    Olivier Razemon

    22 0123Dimanche 13 - Lundi 14 dcembre 2009