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.tellltonûe DESRELIGIONS

ammespour croire ?n : quels effets ?

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I

lL i l i , ' ' i , r i - i ,

D.t^ AvF tF,rogrammes

pour-oroffe?

Possédons-nous dansLa spiritualité n'est-elle

A la croisée des neurosciences et de la théologie, une discussions'est engagée entre spécialistes autour de la question religieuse.

notre boîte crânienne un " module de Dieuqu'une il lusion ? Les enjeux du débat.

chcurs se sont penchés sur l 'expériencesp i r i t r rc l l c <n rc l , r r ion . r re r l . re r i l i r idu ccne;ru. Des crrrographies préciscsdLr cervear r d inc l i ç iJ t r . cn l ) r iô rc . c r )nrécliration oLr revivant une expériences p i r i r u c l l c l ' . r r l c . o r r r c r r i l o r r c . r i r r . ii t i r ' é . r l i ,ecs ( r 'o i r ' l r r l r i . le l ) . l4 i 2 . ) ) .N'lais ccs étLrdes onr engenclré un biarsr . l in tc rp r i t . r t io r . l - . r r e f [ , . r . . ' i l ' expe-r ience sp i r i tuc l le esr u n . réd iée , parlc ccncr ru . poruq t ro i nc p . r r . "n . lu rcc1u'elle est simplcntcnt u procluire, par] l r i . c t n cs r 6 r r . r l tn r<nr q r r ' r rnc i l l r r ' i o r r ?Si r toul se p:rsse dans le cerveauecr t . r i l t r s . ien t i6q t tc . ' , t f f i r t l c r t t . t i r r . ' iqu i l n'v a pas de réll iré spiriruellc,n ta i ' en .or r t ru r - i l c rp l iqucr .o rnnrcnrcù l r ( Fonc t ion . , r Pr r , , in . ' r . r l le r lL tcours de l 'évolurion.

( ) t t l cu t p . run . rn t l c r r r r r r re r l . l . -qumcnt et dirc clLLc l l préscnce de ce- , . i r . u i t r r e u r o n a l t l . l a , p i r i c u . r l i r edémonr re , au conr ra i re , l cx is rcnccci'unc réalité spirituclle, cle n.rêrner l t t€ nu l l \ . l rOn ' JL \ \e t l \ ( ( u l t L i r r u i rcérébra l pour vo i r - pa lce t1u ' i l v

D.

Ncrvberg, " /e caruuru ut conçu de tdle

Jàçou que la spirin itl cst fnalementI'ur das outils 16 plut puistltTûr pourl'dider ti acconplir deux fonctiottspri ntordi t lcs : l'n u to-111d i n t(n,1 c? ct/ ' tt uto-h aucendonce,.

Neurothéologie ou théoneurologie ?L( rcn)r( J( rrcu r', 'rhiologic. ploporc

clès lcs années 1980, a été popuJariséen 1984 par un r r r t i c le s ignÉ d 'untbéologien dcvenu étudianr en neur.,-scicnces, James Ashbrook. Bien quelargenenr usiré depuis, ce rerme posetoujours des problèmes à la fois à desncuroscienrifigues er à tles rhéologier^.' t\Ilue Ashbrooh ett ndl à l'oise tret

epuis l 'essor cles nctLro-s c i e n c c s à l a [ i n d e sat rnées 1990, por ré parles proerès de I ' imageriecéréblale, plusieurs cher-

. r ' , l r r e l g t r c c h o r e à r ' o i r . A l o r :somrucs- r lous . câb lés ' , narure l le -n tc t t t P t ogranr r r t i , , 1 'o r r r r ro i r r ? Le :neurosciences nc pc'uvent répondrei i cc t tc ques t ion essenr ie l le ma is ,selon le chcrcheur arréricirin Andrelv

c( tarnt ,, exPliquent les chercheurssuisses Pierre-Yves Brandt et FabriceClément dans ur article scienrif ique:u Lors dc so pranière utililation, ilI'a irtuédittetnent fnit suiure de ld

formulc: "à déJaut d'un terme phtr

simple. " , Selon quc I 'on merte lefocus sur u neuro ' ou . rhéo log ie " ,la r re r r ro théo log ie p rend c r r e l lè run sens er des objectif i différents.Dans le premier cas, clle est l 'érudeneuroscienti l ique des phénomènesreligieux (croyances, comportemenrsc t p rar i t lL re . ) . D ;ns lc 'e .on . l , i l s ag i rd'une " réfexiott théologi.lue neuro-logiqttenent inJàruée ", expliquentBrandt er CIément.

En outre fàur-i l s'en réjouir oule regretter ? -, chacune dc ces deuxapproches se srrbdivisc à nouveau.On peut cn effet érudier la religionvia les neulosciences selon une vorcréduc t ionn is re ( la re l ig ion n 'a pas

' . : , i : r : i t : . . : : , ' : . . i i j : , i l i i t i t :1i i ! f i tûi .r*" i l n 'y;: tr lA*t |1r.: i '* ; , i i ; i*.:,.ii 1..;":,j;.': ii:ii::i i.iili:l:rq huT-il *xpiii,trilÊr Ciït-$Titnt **tïe. J . : : i i - , . . : , . , , : i i r l ' i j . t : i j ; ! i l ! : i . j , I I l i l : i l i i r l i - i ! l i ' .11r- {* l i l l iS{ t

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)art\/ier-février 2O12 - Lc llondc des Rcligions II

--

Page 3: Le Monde des Religions - Cerveau et Spiritualite.pdf

K Le fait d'étuddet let substrots neurcn1ux det expéi2n.et rcligieutes, tphituelles ou nystiquet ne dininue

ni ne déptéde en ien leu tens et lew v\leu ,, estime le de(heur Màrio Beaureqald.

. : 1 "

du passé, etc. Les chercheurs sont , , ; '

pourtant explicites: n Sauoir si Dieu ':

o;rt, qurlqi, port ett une question à ."1

laquelle les neurosciencet ne peuuent ?4rrépoxdre ,, répète Ardrew Newberg àl'envi, qui conrinue de militer pource qui consrir ue à ses yeux - une uoicim?oft/mte dllns l'étude des religions etdes idéa théologiqua à leur intersectionauec la sricnee'. Son confrère MarioBeauregard souligne pour sa part que. Ie fait d'ëlucider les substrats neuronauxdes expériences re/igieuser, sPirituelles oamysriques ne diminue ni ne deprècieen rien leur sens et leur ?a/eur ,, Leceweau d'une personne observant uneimage montre une activité spéciÊque,mais les neurosciences ne savent pasdire si l'image est vraiment là. Unargum€nt fofi pour les contempteursdes religions, à I'image d'un MichaelPersinger, lui-même neuroscientifi quemais tenant d'une ligne réductionniste.Selonhti, o Dieu est simplement le nomdonné à une supposée cltuse externe denos sensatio s et sentiments qui n€ sont,à ?roprement ?arlex rien d'autre quedes accidents neurohgiques u,

Le problème scientiÊque le plusmoublant reste tout de même posé parces cas où l 'expérience spirituelle asurgi spontanément lors d'une situationde mort imminente, et sans âctivitécérébrale décelable. Ces expériencesde mort imminente (EMI) laisseraientune trace durable dans le cerveau,selon les travaux de Mario Beauregard,notammenr sous forme d'ondes lentes,connues pour se maniFester avantl'endormissement ou lors d'états modi-Êe. de conrc ien . e . e t qu i .emblenr i c ireféter le lien avec u la lumière , quis'est établi lors de I 'EMI. r

Jocelin Morisson

eJames Ashbrook et CarolAlbright,The Humanizing Brain (Pilgrim, 1997).! And(ew Newberg et

d'importance: tout se passe dans lecerveau) ou spiritualiste (l 'activité

du cerveau traduit l 'existence d'uneréa l i té sp i r i tue l le ob jec t ive) . Demême, les chercheurs distinguentdeux voies théologico-neurologi-ques: une voie u apologétique l etune voie u intégrative u I La voreapo logét ique u t i l i se les donnéesdes neurosciences pour confirme rou jr.rstiÊer cles affirmations théolo-giques, à la façon de James Ashbrooket Carol Albright dans leur ouvrageTbe Humanizing Brain. AIors qttela voie intégrative veut revisiter lathéologie dans ses Fondamentaux

en intégrant les- données neuro-scientif iques. . . Lexemple en serartle l ivre à succès d'Andrew Newberget Eugene d'Aquil l i , Pourquoi Dieune disporuîtra ?as.

Expériences de mort imminenteAinsi, rien n'est simple dans ce

domaine, et si les neuroscientiÊqueseux-mêmes s€ montfent extrëmementprudents dans leurs observations,d'autres n'hésitent pas à tenir de grandsdiscours sur le caractère illusoire desreligions, les raisons pout lesquelleselles sont apparues, l'avantage évolutifqu'elles ont consritué pour I 'homme

Eugene d'Aquil l i , Pouryuoi Dieune disparcîtra pas \Sully,2003).r Andrew Newberg, Prrnciplesof Neutotheology (Ashgate, 201 o).

janvier-février 2012 - Le Monde des Religions 23

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I

Les reoherehos sur-les états mystiquesVisions, extases, méditation... Les scientifiques tententdepuis longtemps de percer les mystères de la transcendance.Récit de ces découvertes. des exoériences hasardeusesmenées au XVlll" siècle sur le " magnétisme animal " jusqu'aux

récents apports des techniques d'exploration cérébrale.

, l : l l o r i . c e t r i t t r ; t l i . ê . , ' r r . ' L rt i !- : .

^ ( O l l l | . I l r c \ ' l \ ' ( l l l ( l l l

" : l: ' i O r n D l l t ( t l . I a ( . l t l ) t \ \ l l q l l (

: i i ::.; irr :r toujours éré un cas i inrite.:l ' i : :\ l .r f iontiùrc du normrl er

d u d É r ' i . r r r t . l l l t . r r t . c t r ' , , ' r r r c r i n ' . r i rrlans trn ritucl (tcl cluc le vaLrdou drLI)ahorrcr') - clui atit rrlors conrnetLne instance cle régularion - ou scprocluirc en nrargc des instittrt ionssocialcs et rcligieuses. L)ans la culturcjurléo-chtétienne, si ccr-taines visionsorL extases ont étd vrrlorisécs (cellcsclc Bernrrclettc Soubirous ou cle fhér'èscd Ar,i la, pal exemple), d'aLLrres irhén"-mèncs - conrnre la tfrnsc dc posse5-s ion on t p l t r rô t é té l t r r iL r rLés i \cluelques cnrit is mérlpht sicpes, inrer'-prétés conrme érant clénoni:rques crlelevrrnt cle I 'exorcisme. Auraot d'hv-p , , r l r . s . . ' r r r r r , r r r r r . l l c r neer . l . rn ' . l i l l . -

rents ch,rnrps hisroriquc's et qéoqra-

p f r i<1ucs c lu i p : r r r . rge i r t la n tôn tefonction: mertre un sens collectifsurccs erârs nrt 's qLlcs.l)es llpodrèscs tpe lcs rrrrvaux antlu,-poloeitlLrcs er scicntif iques rrrnt perri f ( u r e r n c l l r ( \ ' r r l l l c ' r i n n . i , , i , / iquc ltntist:natt il .y rt, tuëtttc tu Jàtu/ dttous tos /t,ttj rt_],ttiqrcl ies rcthniqtestlu torps tlrri tiont p,ts r;té ltulilts. l...l

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Ct tte ë n rfu soc i o-ps1,dt o- b i o I ogi qu e dch nl,stiqlvs' doit ctre Jàitc. Je peueqrr'il .y t nltesstiretnott dcs lto),tttsbiologiqus d'ctttrer ct ttnttntr nidtioxtrt 'cc Ic I)icu,, lcl ivair l 'anrhropologuc

frirnçais Marcel Miruss:ru début dusiècle précédent. L)e la vision à lextase,dc la posscss ion : \ la n réd i ta t ion , lesclilïèrents nrcryens . d'other ett contntu-nicttiott rtucc k Ditu, invitcnt à mcttrc

i-r .r {asquÊ de ûi*u l

lorsqull enfile le < <asque de Dieu > sous l'æil des caméras de la BB(,le rélèbre biologiste d'oxford Richard Dawkins s?ttend à vivre uneexpérience religieuse. Nous sommes en 2003 et le (ouvre-(hef (enséstimuler le < point de Dieu > dans le cerveau défiaie la chroniquedepuis que son conc€pteur, le neuroscientifique canadien MichaelPersinger, affrrme qullpermet à 80 % des gens devivre une expériencespitituelle, qulls soient (loyants ou athées. 0r Ri(hard Dawkins ntstpas n'importe quelathée, (?st l'un des ( grands prêtres )) do maté-rialisme, connu pour avoir notamment dé(laré que la religion e5t un< virus de lbsptit > ou en(ore une ( régreiJ ion infontile >. Au bout dequarante minutes, le Pr Dawkins retire le (asque, très déçu: hormisquelques secousses dans leslambes, ilnâ rien ressentide particulier.Persinger expliquera ensuite que le seuilde sensibilité du lobe tempo-tal droit de Dawkins ert trop bas pour être influencé par le champmagnétique. [e casque de Dieu a en effet été mis au point pourstimuler une zone du (erveau en particulier: une partie du lobetemporal qui est notamment en jeu dans <eftaines crises d'épilepsieà (onnotation mystique. Jocelin Morisson

Ijanvierlévrier 2012 - Lc llonde rles Relignrns

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.:

à d i ' ran .e les h r porhè 'c ' rhêo log ique.e t ; c h e r c h e r à c o m p r e n d r e c e q u ise joue dans le corps de I 'homme entranse ou en prière.

De Mesmer à l, imagerie cérébraleLa science n'a pas anendu les IRÀ4

et autres ourils d'imagerie cérébralepour tenir un discours sur les écarsmystiques: à la fin du XVIII. siècle,Franz-Anton Mesmer, un médecinfamilier de la cour d'Autriche, parvint

- clans un but thérapeutique - àproduire des érats de rranse en labora-toire. Ses patients, placés autour d'unbaquet en bois, en contact avec oestiges métall iques, entraient dans descrises d'hystérie parfois convulsives.Une technique qu'i l désignait sousle terme obscur de u magnétismeanimal D. Outre ces transes, cerLcexpérience induisit un quesrionnementnouveau sur les états mystiques: et s'ilsn'étaient rien d'autre qu'un ensemble

[e baquet €nbois de Melmet,danr l€quelle( magnétiieur )autri(hienprovoquaitdestranle5(hezsespatients.LithogrôphieduXlX"siè(le,

de u techniques du corps o jusqu alorsincomprises ? Dans leurs travaux surle somnambulisme, l 'hypnose ou ieshallucinogènes, les successeurs deMesmer approfondirent la question etcontinuèrenr de produire des transesen laboratoire. La possession avartlaissé sa place à l ' induction.

Deux siècles plus tard, la méde-cine s'est éloignée de ces méthodesapprox ima r i ves . les nouve l les rechn i -ques d'imagerie cérébrale permettent

janvier-février 2012 - Le Monde des Religions 25

Page 6: Le Monde des Religions - Cerveau et Spiritualite.pdf

d lr.oir unc applochc bicn pltn prccisedes phénon.rùncs mysticlues. I iF.EG(élccrr o-encéphrrloer ap hie) pelme t, itleidc dc plusicurs centrtit ' tcs cl 'dlccno-d!'s placées sr.u la tôte clu sujet, cl 'en-regisrrer les ch,rngcments électriqrresdans le cerve:tu, cr l l lLNI (inraeerre

par résonlnce nlenétit1r,tc) rl iclen-t i f ]e l l r r consomnr l t ion d 'oxygèneJ . . , l i f l i ! ( r r r . . / ( , t t r ' \ , l l l ( ( t v c . r t l . I nsol-lrnlc, ccs inr)o\' l tt ions perrlef tetrtd t loca l i ser les zoncs ac t ivcs lo rsdes cxpér ienccs r l l s t iq t tcs . Unc c lecrs zores ftrt parriculièrenrent n'riscc n l v r r n t : l e l o b c t e m p o r a l ( t r n c

rdg ion drL cerveau i tnp l i c luéc c lansdc nornbre t rses foncr ions cogn i t i vcsconr rnc I ' l uc l i t io t r , l c la t rqagc . la

nrÉno i rc o r r cncorc la v is ion) . L )ans1, " . r r r r rc i ' l ' ) lU . \1 i .h . tc l R r ' i r rg t r . r r r rneurosc icnr i f ique c lnar l i cn , s r in r t rL rcer te z ( )11c chcz d i f f c ren ts su jc ts' l i r ' . l c r r . , r J l r l . r r 1 ' . l { r . l l r c t r " i r iintlr-rire chez Ia plupart cl 'entre tux

saint Pirul pourraicuL rour simplerlentrvoil sotL{Icrt de f,rrmcs cl 'épilcpsredu lobe tcnrporaL.

F r r l ' ) ' i 8 . u r r t r ( u r o l , , B l l e . l m c r i r . t i n .Vilayanur S. Ramrchrrnclran, f it écou-te r à c les p l r i cn ts l t te in ts c ie ce t te

un sentin)ent cle pr'éscnce. Air-rsi, silon cn c ro i t M ichae l Pers inger , l csgr anc ls n tvs t i r lucs co tn tnc N lo ïsc ,Muh l r r rn rac l . Bout lc lh l ou cncore

firrme spéciÊc1ue d'épilc'psie cles nrotsassociés à la rcligion. l l obsclva desréponses érnotionoelles inh,rbituellese t mi t en év idence un l ien en t re l csysrème limbique - la zonc respon-sable cn grandc parrie dcs léponscsénrotives - ct lc lobc tcnrporal: i l vaurair des prétlispositions à l'e'xpérier.rcen1\'stiquc. AtL sortir cle ces études, lelobe temporal t levenait l.t ( zonc deDicu , , la n ré taphys ique sen. rb la i tvouéc à sc rddLrirc à la phvsiqr-re, lcscxpérienccs mystiques à urte fbrmcparticulièrc d'ci)i lcpsie. Dieu, commel'explicira Persinger. re serrrit grrèrc

plus tlrr 'une procilrction du ccrlcatt.

Les l imites de l ' inductionL)c Me. , r r . r i I ' , r . ingcr ' . jusg t t . r t t x

clnrclcs sul l 'épilcpsic, l l science acherchÉ à expliqtrcr rationnellementI'expéricnce rnl stique en l l produisanten l lboratoire. Poultant I ' incluctrond'ét:rts dc transe ou de nréditation arcn \ r ' l r ; . r r r h l . lu tenrp . un ( Én. l innombrc d'obstecles. l-orsqLre le narquisde Pu1'sérur, cotrtc'nporain cr élèvedc l\ lesrner, plotluisait cles tLrtnses enlabora to i re en u t i l i s ln t l cs rnêmesnr ( l l l ro ( l c \ q l l ( .o r l n r . t i t r< . i l i t td t t i . r r i tdcs eflèts rout à fàit cl if ièr'ents: loincles crises cl 'hvstérie, ses patients deve-n:rient sonrnanrbules ct elltfaicnt dansdcs sortes dc transcs divinatoires. On

çrouLrait rnerrre ces difi i 'renccs sur Iecomprc cle l 'archlisrne et de Ia pscudo-scientif lcitÉ cle Ia méthocle, mais i lscmblc que les tcchnitlues contempo-

È rrrines l-Ic pllccnt pas l induction hors3 cie rour soupçon.

< Létude sodo-pty.ho-biologique de lo nyttique doit èûe faite ), a édt Ma Kel Màuss au début du XX' tiède.l-'éle(tro-en(éphalographie et llmàgerie par rétonan(e magnétique ont depuis ouvert des pi5te5.

)6 t-e NIondc dcs l{cligionsjanvieriévrier 2012 -

Page 7: Le Monde des Religions - Cerveau et Spiritualite.pdf

Les états modifiés de conscience (EMC)elon l'ethnologue Georges Lapassade, ( lestemes "états modifrés de conscience" (EMC)rassemblent un certain nombre d'expériences au

coursdesquelles le sujet a I'impression que lefonction-nement habituel de sa conscience se dérègle et qu'ilvitun outre rapport ou monde, à lui-mème, à son corps,à son identitéu),,. Pour désigner ce < dérèglement >,les Anglo-Saxons utilisent lexpression Altered StateofConsciousness (ASC), expression que lbn pourraittraduire littéralement par ( état de conscience altéré >.Ioutefois, Ia plupart des auteurs francophones luiont préféré celle de modification, craignant quecette notion d'altération de la conscience ne soitentendue comme un symptôme pathologique.

Vivre un autre rapport au monde revient ainsi àexpérimenter une réalité différente de la réalitéordinaire. Au niveau philosophique, cela nous obligeà nous interroger sur qu est la normalité: comments'assurer de notre conscience ?Georges Lapassade invite à seposer la question en ces termes:( Qui , où et quand suis- je ? >Répondre à ces trois élémentsd'interrogation permet de pren-dre conscience de son statutd ' ind iv id u, dans un regis t respatio-temporel en accord avecdes repères communs à lên-semble de la société. En effet,ces repères - auxquels nousrecourons sans cesse - fondentle concept de réalité ordinaire.lls attestent en quelque sortede notre expérience subjective

La différencefondamentale entre

un épisode

et un état modifiéde conscience réside

à un vécu de rêve. Les états de conscience altétés,regrcupont les pothologies mentoles et neurclo-giques, ainsique les intoxications sous drogue. Enfin,les étots de conscience modifiés volontaitement,lorsde méditations, rclotions, yoga, tronse chamaniqueou mystique, expérience de mott imminente, iwessedes sommets ou des profondeurst')t .:

Selon les critères normatifs en vigueur dâns notresociété, on pourrait être amenés à considérer lesEMC comme des formes d états psychotiques tran-sitoires. Mais il faut être prudent face à ce parallèleavec la folie, car lors de ces EMC, même les plusprofonds, le sujet revient à la réalité du groupe auterme de son expérience. En revanche, ce n'est pasle cas du psychotique qui évolue, lui, dans une sortedétat modifié de conscience chronique et le plussouvent irréversible. La différence fondamentaleentre un épisode psychopathologique et un état

modifié de conscience résidedonc dans la capaci té demaitrise du sujet.

Longtem ps associés auxphénomènes paranormaux, lesétats modifiés de conscienceont longtemps suscité l'aver-s i o n d e l a c o m m u n a u t éscientifique. C'est seulementà par t i r des années 1960 queles psychologues américainsont repr is et approfondi lanotion dASC. < Cette notions'est olors développée dans uncontexte de contre-culturc etde Évol uti on psy ch édél iq ue.

de cette réalité. En conséquence, une variation,même infrme, d'une réponse à la question ( qui, oir,quand suis-je, suggérera la présence d'un étatmodifié de conscience.

Les critères qui permettraient de catégoriser lesétats modifiés dq conscience ne sont pas facilesà établ i r . tant le ohénomène est var iab le et sescaractéristiques multiples. Le chercheur PierreEtevenon distingue trois types d'EMC: ( Les étotsde conscience naturels, désignant l'éveil, le sommeil,Ie sommeil paradoxal qui conespond le plus souvent

Elle se situe au correfour des recherches sur l'hypnose,les drogues, les techniques de méditation >, pÉciseGeorges Lapassade. Ce courant, qui a changé leregard de la psychologie et de l'ethnologie classique,n'a Das réellement trouvé d'échos favorables au seinde la recherche française, encore très sceptique surla ouestion. I

Louiza Dahoun

"r Georges Lapassâde, États modiliés cle la conscience (PUF, 1984.. P€rrê Etevenon el Bernârd Sântêne, Élals de consc,ence,Sophrc/ogle el Yoga (Ichou, 2006).

psychopathologique

dans la capacitéde maîtrise du suiet

2012 - Le Monde dcs Relieions

Page 8: Le Monde des Religions - Cerveau et Spiritualite.pdf

I t-; , , ' ',.., ;.7r, 1i l i ' - i ' l r ' l r t l , ' r ' i

> En 2005, Ie chercheur suédois PehrGranqvist reproduisit l 'expérience deMichael Persinger cc srimula à sontour le lobe temporal de quelqucssujers. Ses résultats furent tour:i laitdifférents. Selon lui, l 'expérience dePersinger contenait un certain nombrede b i . r i , ' qu i in l luc r rça ienr les rêacr ion .des sujets. Des cririques qui donnèrentlieu à une virste polémique, au sortrrde laquelle i l semble que les conclu-s i o n : d e s e x p é r i e n c e . . l i r r d r r c r i o ndoivent être sinon inlirmées - dumoins fortemenr nuancées. Cornrncle rp l ique le neur o . ! ie r r iÈque f rxn \a i \Pierre Ereverron. - lc Ape fu 'nedintionpra r iq uèe. I N/'?rit qi( . t lt pratiquedu sujet, son ulur subjectiJ comue lesconditions extérieurcs, i fuenr tw detelles éttrdes qui doiuent tcnir conptede toutes ces spécifcités,.

Les bienfaits de la méditationCertains chercheurs, comme Eugène

Aquili et Andrerv Nervberg, commen-cèrent a lo r . i u r i l i re r I ' i n rager ie cére-brale sur des sujers experts en médi-tation. En 2001, leur étude sur desmédirants bouddhisres montrair qucI'on ne pouvait l imiter les el}èrs dela méditation à une seule zone ducerveau. Si le lobe remporal érait bienimpliqué dans cer érat modil ié deconscience, on enregistrait par aii leurs

(' Fendânt quâtre ccnts âns" scienm st religion sesfint sauté à ia garge. 0n peut âiljourd'hili ronlmencer;i prenrlre l'rxperlence niystiqil{r ôil snrierlx ':

une diminLrtion dc I 'activité dans lelobe pariétal (impliqué dans I 'orien-tation dans l 'espace et l 'évaluationdes distances) ou encore une augrnen-tation de l 'acivité dans le sysrèmel l m D l q U e l l l e . l u \ c l n O t l O l t r . a u \ e n l r -

ment de bien-êrrc). Des conclusionscohércntes:rvec le discorrrs que lesnrêdic.rnts terr.rienr \ lrr lell cxpêriËrce:le sentimenr de " 5e111r de soi ,, deplénirude. Parler de u zonc de Dieu on avait dès lols plus bcaucoup de sens.

C'est le cas de Christophe André,psychiarre à l 'hôpiral Sainre-Anne, àParis, qui propose cerrc technique àcertains de s€s parients (l ire I 'arriclce n p . 3 0 c r 3 l ) . U n e " r n e d i r a r i o nlaïque, qui vise :i réduire les risquesJc r< .huce c lans lc cadre de r roub lcsemor ion ne l . ( rnx ié re , dÉprers io r rs . . . )Convenanr d'une fi l iation avec lebouddh i rn rc e t lo in d u r rc perspecr iverédr r , . r ionn is re . Ic Dr Ar rd ré p l r r i t ipce h . rq r re anr rce avcc le J ; r l . r i - laml à ra

Stress chez les < born again )

Une étonnante étude de l'université de Duke ((aroline du Nord) amir en éviden(e une atrophie de l'hippo(ampe (hez de5 individus serédamant de (ertaines affiliation! religieuses, En fait, il apparaît que|îtrophie d€ l'hippo(ampe e5t liée au stless et se retrouve égalementdans la maladie dllzheimerou la déptession. La (onclusion des auteursest que les membres de minotités religieuses, légulièrement petsé-(utér, sont soumis à plus dânxiété. Ceux qui ont vé(u une expériencereligieuse intense - comme les ( born again D du protestantismeévangélique - ront davantage touchés. les auteulr ajoutent que< toute trunsgrcssion rcligieuse perçue peut enûoînet une angoisseénotionnelle et psychologique ù, dontles effets sur l€ (erveau rontK potentiellenent négatifs >. J. M.

En 2002, Richard Davidson, chercheur conférence u Mind and Li[e,, réunis-américain en psychiatrie, poursuivir sant scienril iques et religieux autources études en scannant plusieurs de ces questions. Lors d'une de cescentaines de méditanrs bouddhistes. conférences, un moine cistercien, leSes conclusions venaient corroborer père Thomas Keating, expliquair auxcelles d'Eugène Aquili er d'Andrew scienriliques présents o Pendaxt pres aeNewberg: la nrédication a pour effer qu.trre ceût dns, science et religion se sontde transformer le cerveau et de renfor- sauté à la gorye dès qielles le pouuaient.cer cerlaincs émotions positives. On pettt atrjourd'hui commencer à

En 2003, Davidson publiait un prendre I'etpérianca mlstiqua du tenea.x.article monrranr les effets bénéÂques C'est la pmtique intérieurc de la reli-sur lc cerveau d'une semaine de gion ou la spiritua/ité intérieure qu4méditation . pleine conscience ", je crois, afecte la santé et produit drsune mérhode méditative aujourd'hui efets que uous commencez à uoir dansuril isée par cerrains rhéraperftes. le cerueau., Cetre nouvelle approche

ouvre à un dialogue: si la sciencepeut amener à comprendre ce qui sejoue clans I'expérience mystique, cerredernière peut aider les scienti l iquesà la fois dans leurs pratiques rhéra-peutiques et dans la perspective decomprendre le foncrionnement d'uncerveau qui suscite encore beaucoupde ques ons.

Des résultâts dissemblablesL,n 2005, Mario Beauregard, cher-

cheur au départernent de psycholo-gie de l 'université de Montréal, am e n é u n e é t u d e p o r t a n t s u rquinze carmélites. lnstallées dans unechambre insonorisée, munies d'uncasque rempli de capreurs, elles sesont remémoré leur ext:rse mystiquela plus forte. Les yeux fermés, la

janvier-février 2012 - Le Monde des Relisions

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respirarion lente, les religieuses sontentrées dans ce qui semblait être unétat proche de celui des méditantsbouddhistes. Pourtant, on a relevéun certain nombre de différencesentre les deux expériences. Les enre-gistrernents effectués sur les carmé-lites présentaient une acrivation duIobe temporal - rejoignant ainsi lesérudes anrér ieures . e r p r inc ipa lemenrcelles sur l'épilepsie -, mais la présencede quelques ondes supplémentairese t une acc ivac ion par r icu l iè re d -cor rex v isue l (qu i imp l ique une ac t i -vité visionnaire) ont démontré quel'expérience mystique ne saurait êtreconsidérée comme quelque chosed'homogène.

En2005,une€rpéden(ea été réôlirée5UrUngl0upede (.méliterrerememonntuneexta$ mystiqu€.ld,unoff(êôu mona$ercd1llépé (Togo).

En 2006, Andrew Newberg réalisaitune nouvelle étude sur un phéno-mène plus mystique encore que laméditation ou l 'extase: la glossolalie,une pratique interprétée commeun " don de lespr i t " . que l 'on vo icf leur i r dans les communautes chre-t iennes du Renouveau char ismat i -que. Les acteurs du rituel u parlenten langues,, chântânt des proposincompréhensibles. f étude pratiquéesur cinq femmes révèle une baissed'activité dans les aires du langage,validant le sentiment des acteursd'être . dépossédés o de leurs paroles.Ses conclusions peinent à expliquerle phénomène. De la glossolalie auxstigmates en passant pâr les EMI

(expériences de mort imminente),il reste encore beaucoup à dire ausujet des états mystiques.

Dominance du réductionnismeo La uision dans les neurosciences,

c'est que les humains sont des robotsbiologiques - dëtenninés par ce qui sepasse au niueau des procesus chimiques etèlertriques dr hur cerueau. et par ce quise passe au niueau de leurs gènes, , Parces mors, Mario Beauregard expliquaitque le réductionnisme reste, dans lemonde scientifique, le mode de penséedominant. Le Dr Arnulfi spécialiste despathologies du sommeil, a montré dansune étude récente que le métabolismedes moines s'adaptait au rythme deleurs nuits, entrecoupées de prières.Certains lui avaient conÊé livrer descombats spirituels contre toutes sortesde démons, au moment de se rendormiraprès la prière des Matines. " Zezrsballucinations ne sont P/tt à rtttribueraux démons, expliquait-elle, et sont unefet direct du manque de sommeil. ,Mais n'y a-r-il pas un risque à réduireces états mystiques à un manque desommeil? D'autres disciplines sontdavantage à même d'apporter uneexpertise pertinente : l'histoire (l'imagedu démon a-t-elle changé à travers lessiècles ?), la philosophie (quel est sonsens ?), l'anthropologie (quelle est safonction sociale ?) La science, quellesque soienr ses avarcées, n'épuisera paspar son seul discours la complexité duréel. Comme le suggérait I'anthropo-logue Georges Lapassade, n lz culareet la transe doiaent être uues autremenLLes niueaux les plus profon* de lacuhure, comme de lindiuidu, uiennent4u jour Parce que l./t nanse Leur proposenne scène et en autorise I'exhibition -.Et l'anthropologue de conclure; o Parlà, les transes sont comme le rêue dessociétés. , I

Mikael Corre

P0un ATLER PtU_$- r0ll.l

r Mario Beauregard etDenyse O'Leary Du cerveau à Dieu(Guy Trédaniel, 2008).

ianvier-février 2012 - Le Monde des Religions 29

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a

{ ' . t i : - r ' i lL r ' \ i - l i . l i_ , i i , i ' . i i i ' r r , r . i r r i l

La méditation,UN OVOil de l'ospritDes cliniciens de l 'hôoital Sainte-Anne. à Paris. uti l isentdes outils thérapeutiques issus du bouddhisme.Des patients souffrant de phobies ou de dépression s'initientainsi aux technioues de la " oleine conscience ".

( {e ne senble pas Ie portersur moi lotqu'ott meuott commc ç4, mt76je suis ti,s néurosée. ,Rien chez Florence( '

ne lais.e en effct penser qu'cllc puis'esouflrir d'une phobie sociale, l 'éreu-tophob ie t la peur pan iq r re de roug i ren public), une anxiété qu'ellc rraincdepuis l errfancc et qu elle r longr.mp.tenue secrète. Ce n'est qu'à l 'âge de3l ans, alors que son nouvel emplor(conseil lère de clienrèle dans unebanque) rendait la situation inte-nable, qu'elle décide de consulterun psychiarre. Après avoir suivi unepsychothérapie classique, elle sent qu'ilIui manque encore n quclque c/tose,.C'est à ce moment qu'elle rencontrcChr is rophe André . p . r ch ia r rc à l hô-pital Sainte-Àrne, à Paris. Au sein dugroupe que ce dernier a mis en place,elle expérimente alors la méditationu p le ine consc ience, .

Le " scanner du corps "Depuis un an, Florence médite

quoridiennement et en parle de manièreéronnement rationnelle. Rien dans sorrexpérience ne se ratr:rche à la prièrc,à l 'extase ou à quelque état mystique.

30

Mid i te r en p le ine con.c icnce , c e ' ts imp lemerr r s ' l l l onger c t fe rmer l c 'yeux en faisanr quelques exercices. Sonpréléré: le ( scanner du corps ,, lorsduquel, tout en contrôlant sa respr-ra t io r r , c l l c pJ \5e cn rc \ l re se ' o r te i l s .picds, janbes, etc. u Lortque I'on est

pardonné, mais ses troubles aurontstructuré sa vie. Le monde du travailaura ainsi été source d'une angoisseperpétuelle: . Je n'y allais jamais sansune ép,tisse couchc dr maqui/|age.Personne ne connaissait son problème,imperceptible au quotidien tant elle est

fsilr r*li i ' i i:!$" la pratique est pûrteuse d'une utopie- i.rfr:; rr,.lfû d'rirr alr'{lÉ m0nde - mais oelle d'une vie

"{tiiv*llÊ *T {i'nri repprrt diïférent ailx autres

coltccntré sur n membre, on Ie sent serécbaufer. On a I'impression qtte l'onappriuoise son cotps., Une méCitationu laïque,, touce simple.

Une pratique qui, pour Florence,représente pourta.nt bien plus qu unephilosophie de vie. Pour nous permetûede le comprendre, elle nous raconte.on h is to i rc . La phr - 'b ic 'o . ' ia le qu iI ,rffecce n e,'r par soudlincmen r .rrrivee relle en souffre dcpuis qr.iun oncle l'aagressée sexuellement alors qdelle avair17 a.ns. * Chez moi, ( n Pris touta In

plate, un trnc ënorme. J'audis paur desîutres, je sutpecùlis tous les hommes d?t'ep(ruers. , Aujourd'hui, elle dir avorr

avenante et extravertie. Une person-nalité qtielle qualif ie elle-même den contrc-pbobique ,.

Un long apprentissageFlorence n'esr pas un cas isolé. Les

médi tan ts du groupe de I 'hôp i ta lSa in te -Anne sont le p lus souventporteurs d'" une soufrtnce uraie,- vraic parce que, selon Florence,^ elle empéche de uiarr,. Pour Claire,aurre membre du groupe, méditer,c'esr lurter contre la dépression; rienà vo i r avec de la . dé ten te , ou du- là,-hcr pri,,e . ' . Lorsque je midirais.je rexentais du uide. J'auis beaucoup

janvier-février 2012 - Le llonde des Religions

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rl'tttgoissc: tt dc peztâ,t norbjtl.o:' t ! n . / : . t t t , t , . i , , " t t . , i , . r , , d , . t , , t t t , :

. " ' " " I '

datlc rr dtutt li tit., f( ?a rtlj à d$t t r ttt t u rs, /o r: t1 r a j e t tt, n dt i s /.e: b ttt rc-tt1.]tt\ .fu tao ù1111; .j'4tu

jj peuI q rl) t , t

, t { . 1 ' t t r , t / t t t n t , , . a I t . . r . / û . t ,

tle hnguts lttithtttiorrs. , l)es obstaclcs

! u c r L ( r ç t . n ^ c \ _ t . r . c . l | . t l \ 1 , f . nrrssage clc la pcr-s.rr 'érlnce. _,\ujoLucl hr,.(i l l ire parvienr à nrieux relrrt iviser lch . r ' J r l r t r ' . . . . 1 r . r J r r i r i ç 1 1 1 p . r , , .tuc i lenrenr à l cspr i r .

l)our FIorcnce, rnéclirer permer rlc. r . 1 ' . . . r , ' r r l ' l r , . U , l L r L , r i J i r t r . - L . ,t l t t / , . ' ù t t . , . t t . . t t . t t . t t i , . ( 1 , , l j , t i rpar rtc p/tts ritr? .lu'eJt fànttiort t/e sesl)rurs. , l)c\ peurs qui se rnanitcsterrLdès cldcllc soir de chez clle. Elle répondd'l.raLrinrde à cetrc anxiété par la prisccl un trlnqtri l isirrrr. Certe :rnnéc. lorscl un sijorLr en curc therIrralc, elle s csrqlloridiennemcnr :tstreinte à unc séanccd . r r r e , l i r ' r i n ' . f , ' t . . 7 , t , v r i . t , . , . t , 1n,ttat),frLl ( ptualautf a(ttt !(]j1ni (. ,

d. FJI&", H

"ar I

r--Lr { , t ( ' r - \ a n c \ \ t f ô , l t \ 1 , , t , : l , t I n . d i( i l t ron l test pas t r t rc recct te rn i r lc le.nais rLn enrrainencnr de lcsprir, er.âce, t | r 9 | | ( r l . ) p ' tOn t ( c t t . t ( 1 , . I f c \ . t r , , .sont plus dcs fet i l i rés. Dans scs rclat ions:rvec ses proches ou lors r ie sirnplesL,al:rdes, Florcncc nresure ,rrL jorLr ici . , r r ' l r s < { . r . 1 ' , , . r r . t . d t . . . 1 1 , 1 , 1 1 i , 1 1 1 ç .( t(..eltu al/t, i/0j.r .lu..i( sortiif./it c, . , 1 , . , , / / , t t , t . . t , t r l i . . 1 , , , , r . a r i " , t , i . . . t , i ,t 1 1 , , . , , t . . 1 t : / , , L î t , t i q / , , , a 2 . . . , t t . , i .

i"o\tt1r/l lfs riTl-lt/es., Unc perite choscql l ! porlr ctLc, n esf en r ien anocl irre:

" Jc,ne 1'tutLris.fttnais Jàit ttutrrtt. I.,tnt(d1tnt1a)n a!t, paur toj, L.oj7./t.]ta urltirci/ tlc litprit. ,

Nourrir l 'espéranceI- lorencc en parlc aussi connrc cl,rrne

n /-r..ri. ,, Lllte . r,liscipllrtc,. tlrri ltorrcscs fnri ts gr. i ice à lassicluité cloni cl icf l i t prcuve cr <1Lri n'cst p:ts sirrs r. :rppeicr( ( r t . r ' ( \ ' u f . , . l c r i . | i ' i i i c . r , . . \tra\ 'ers dcs lcctt trcs, cles confércnccs.

I lo , n . r ' . i r r rc r t . . c d . r i l Jc . r ' . . , ' . r 1 ' \ ;1 , , -

'oJ 'J i c bnr r . l , l l i . r c : 1 . , r . , , , 1 . . . , r ; ,1 ,1 , ,t t t t ( t t f t i t , ? 4 , I t . t ^ , r t . a ! t t t . t t , . . / 1 t ! u t ! !

ce alul ie /)ite aTin! lt e t)ia ejt ttu( l /i/ t / , t l t t , . U . \ t i c l e , l n t c . r r r r r r . r r . d , l .s.1 Pl-opfe vle. L_ tDl)e fnttneD ce, c'estpcLrt-ôr[e déjà cc]lc cle sa soul]r-ancc.On complend quc sa prarique cst brenplLLs qu unc version cléscnchanréc, clcla nréclirrt ion rcligierLse. edcllc cstporreusc cl ure uropic pas encore cellcd Lln aLlrrc monclc mais celle d'unevie norLlc' l le ct cl 'un rappor.t cl iftèrc-nttlx lufres. l] le nourr.it une l.oi, unee l \c l . l r l . c . l , , l t t c l i t r t , tL 1 , , 1 r , , r r , ld -t:.) tJ l / (, a aj t d 1 /tt(gt?l- Lt 7 t ( aaln nu 1 /,1 t I t/b i,: ' r t uei //tt t t tc.,, I-a nréditation lar'qucrAllra ouverrc 1t une <1uéte, spirituellecertes, ntais égalcmenr tcligieuse _ dansson.scns er_vrnologique, celui cle u l irrredu l i cn ' .

Jean Diseroi

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janvieÉévrier 2012 - Lc I londc t ler Rcl igions.J I

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I J /,\ \ ./ r/'\ | .---., ,. nI ni --,, ,'--',1 ,'--., L-L_( UXulUt dlt lt,u ) uu ld,

I

lranse chamaniqueEn 2001 , alors qu'elle effectuait l 'enregistrement d'une cérémonieen Mongolie, Corine Sombrun entre involontairement en transe.Huit ans durant, elle va s'attacher à développer ce don en suivantl 'enseignement des chamanes locaux, acquérant des techniquesqu'elle met aujourd'hui au service d'études scientif iques.

" i o : . . .. r ".:a- omment vous présenlez-

,';., ' ' vous: oianiste. écrivainr:ià(

- , i êt... chamane?: " { . & : Ie ne nr , . . r r r i renrc".'),---,+L-S '

. : , , ! . i J i l rna ls L r )n ln te (h . l lnJDç.

Cc tc rme n 'app l r t ien t p i rs : \ mact r l tu re , e t mômc s i les chamanesm'ont assuré que j 'ava is des donspour l 'êrre, j 'estime ne pas avoir ccttclégitimité. En revanchc, grâce au.xtechniqucs cle rranse ituxqLrelles j 'ai etcentraînée, je pcux me délinir comrreguelqu'un qui étudie les capacités ducer\ieau, une sorte d'exploratrice decc continent dont i l restc encore tlntà découvrir.

À quoi sert la transe en Mongolie?C'csr un noyen d'accécler au mondc

dcs esprits et dc naintenir ou restaurerl 'halmonic entrc eux <:t les humains.Lc chamuismc mongol repose sur trnetrldit ion orale transnise un i<luenrent

Corine SombrunPàrallèlement à son métierde (ompositri(e,(orin€ Sombrun étudi€ ave(dei rdentifiqueelesmé(anism€r physiologiquer de lâ transe.Effe a notamm€nt pùblié Mon iniliotion.hez,ei chamdrer {Po(ket, 2007) el les ftibulationsd'une ùonone à Potis \Po<ket,2009].

32

aux personnes qui ont reçLl " l 'étin-celle chamanique ', Une sorte de donreçrr des esprits pour jouer le rôled'interface entre lcs deux mondes. Sivous avez une glippc, vous n'irez pasvoir un chanane, on ne lc consultepas conrme on consulte un médecin.Selon cettc tladitioll, i l est normald'avoir des problèmes. En rev:rnche,s'i ls sont récurrents, cela signiÊe qucvoLls avez énervé un esprit et alorsI' intervention du chamane devienrrricc.'aire. Ln règle gcner.rlc. i l .rpp;rrairque la personne n'a pas honoré lescsprits ou respccté les traditions. Celapeut également remonter à plusieursgénérarions. l-e chamanisme mongolsr.rggère en eflèt la notion de tr:rns-

eénrlalrrgic. Urre - ftrrre non rep.rrëcpar Lrn ritLrel chamlniclue peur ainstêrre porréc er transmise de générarioncn g1énérarion.

Pour n.roi, qui ai du mal à concevorrla notion de monde dcs esprits, celarevient à percevoir des infbrmations.F,n transe, i l me scmblc que moncerveau captc cc que je ne perçolspas - ou très pcu - ciatrs un ét:ttde consc ience ord in i r i re . ( lomme

r i n ra per , .epr ion Je la r ia l i té e ra i t( augmentéc o. C'esr la nécessité de

comprendre ce phénomène qui m apoussée à entreprendre des recherchesen neurosciences.

Comment expliquez-vous la transed'un point de vue rationnel?

Ar r . u r re i tuc l< rc ienr i f i t lue n . rv . r i tjamais été faire sur la transe ch:rma-nique mongole. I)ierre L,tevenon, I 'undes pionniers de I ' imagerie cérébraleen France, m'a mis en contact avecPierre Flor-Henry, chef du servicecle psychiatrie adulte et directeur duClinical Diagnosric and Rese;uch Centetde l 'Alberta Hospital, à Edn.ronton, anCanada. Ce dernier a lirit des électro-encéphalogrammes (F,EG) de moncerveau en étar de conscience ordinaire,puis en érat modifié de conscience.Les résulrars ont prouvé que la transemodiliair de façon rrè* rpecraculaircle fonctionnemcnt des circuits céré-br . rux . A le . , e r l r re au t res ! u r rc J \ t i -vation des z-ones dices u pcrceptives o(limbitlues). C)e qui pourrait cxpliquerque cet état me permette d'accéder àdes capacirés qrre jc n'ai pas dans unétat de conscience ordinaire, oir leszones dires . spécularives, (réflexion,

mental) sont plus actives. Pendant latr:rnsc, par exenrple, je vois des zones

janvier-février 2012 - Le i\Iorrde des Rcligions

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tnlrongolie,en (0mpagnied'Enkhtuya,la (hamôn€quia init ié(odne Sonbrunauxte(hniquejanc€stral€sd€ la transe.

disharmonieuses er mon rolp\ produirdt. son,. de,.hanrc. d". g.,,.,. iorrn.s r t e ( e r v e a u l o n c r i o n n a i r s u u d a i na tec une in re l l igen .c p lu , per .epr , ,ce f - , \ava i r - comment repÔndrc i r rnProbternfdonle. l l ftudla Ie prc,uvcr,mals (ertJin\ trarau_',. .ornrne CeUx CIUPhy. ic ien loë l Srerne imer . n ronr renroe ja que dc \ ron . peuver r r mod iherr e ra t v rb f4 lo i re d une ce l lu lc . U , r<aut , re e rude pub l iee c r r 2009 (Mr , ;k i[oba)/Àhi el al. r app.,rre de. elérnenrsce reponse sur l'émission de biophotorrspar le corps. Une rrès fàjble iumièrereiul.tanr de pro(eç\u\ d oxydariorrce l lu la i re e t donr l i r r ren . i re u l l ie ra r ren , ton( r ion Je lé rar de \ . r l té dc l i rc r l lu le . 5 in ,p i ranr , le ce , résu l ra r . ,q e s c h e r c h e u r \ d e l l n r e r n a r i o n a ltnsr r ruL o l B ioph l r iL . en { l lem. tsncl t . l lA .VJn V i iL e r a l . r . o , , , . . . i , r .t l m p a c l d e l i r m é d i r d t i u n \ u r ( e u (emtsrron de biophotons. I e, resulrar.on l reve le une var i . r r io r r . ign i6 .a r i r eavant et après I'exerci.e. No,ls som,n.s

depuis entrés en contact avec ce labo_ratolre pour commencer une étude(ur l i r rdnse. Aurar r r d approche. qurtendent a demonl re r qu r rn o rgan i rn ,e

) . r )à f t por re de . in lo rmar io -n" que

I evo tu on de . rechno log ie r pe |merau lourd hu i de rner r rc en év idcnce. De

res \en \ p rdr iqucmenr p lu , la dou leur .la percePtton du - moi \e rran\lorn)c.Je perds aussi la notion d,espace, detemps, er mes sens semblenaaccéderI un deux ième r r iuesr r de Êoncr ionne_ment. Je peLL\ " voir le. yeux lermes;oes anrmdur . der r i sage, . des repre-

, û*II fi*'{ étâà ffir{tt$!é rle *onsçience} r$es ssn$$*irT{:iÊ:*{ fi**{idsr à tlel deuxièrne nlv*:àu dàfr:rl*?iç*neru*$t.,.,s ,teijx ,,vsir,,!Ës y*ux tËinres ,

l .r i imaginer que le cerveau, dan. l.craLht perperceprifdan. lequej le plonge iatranse, puisse avoir Ia capacité dà lestaP le l r , r l ) a ce [e) un grar rd pa . . À , , la i ,ce(

.f(cher\ he\_ permet tron t peur_étr.eun lour de le flanchir.

Que se passe-t-il lors de vos transes?

. | . r r ran \c me permer d avo i r p lus de

lo r !e que r l tn \ un s râ f l lo rmai . Je ne

sentauons géométriques, plus étonnantencore, la matière disparaît. Un corpsnumam, par exemple, nest plus enfermédan\ 5a peau. I i dev ienr une sor reo esp . rLe don l le conrour s ê rend b ien

:^1_:.,, O" sa \urlace habiruelle. f.yressen\ dec /one\ f luider ou bloquécs,

ly vors des fo rmes. de . un i re r , p lu "o_u-motn( ,hdrmon ieur , . .u l le rq , ,e ls 1 .res(ens ie be(o in inconr rô lab le d .agr r . .

33

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l , . , :=, , r ' .

Mon nez se met à renifler Non pasdes odeurs, mais des zoncs disharmo-nieuses. Mes mains v répondent pardes signes, dcs danses. Ma bouchesouffie, prononce des langages incon-r ru . . Je . chant . ou de . sor r . gue ie r r r i .incapable de reprodtLire dans un étatde conscicncc ordinaire.

Comment avez-vous découverlla transe chamanique?

L,n Mongolie, pcndant unc cérénro-nic chrmirnique à Iaquclle j 'assistarsdar r . i c c . rd r< d ' r r r r rcpr r r t . rge quc jel . r i :a i : por r r l . r BC( . l ' e ta i r suppo 'eeenlegistrcr lc rituel, mais le son clutambour cst palvenu à me propulseren état de transe. Mon corps s'est mlsà sautel, à bouger, à se transformer. Jeressentais une cruffe à la place du nez,des pattes à la place des mains, jc pous-sais des hurlements de loup. Le pluselltavant esr que j 'en av:ris conscience,miris je nc pouvais absolument plus lecontrôler Le charnane Balgir m'a alorsallrmé que j 'avais été . choisic, parles esprits. Je devais accornplir monin i t ia t ion pour deven i r char r rane ànon tour. J'ai suivi I 'enseignemenr dela chamane Enkhttrya, devenue uneproche amie, durant huir ans. On n.r'afabriqué un tambour et un costurreafin de pratiquer la rranse.

Si moi-mème i 'entends le tambour,entrerai-ie en transe?

Selon Ia traditior.r mongole, -,ousentrerez cn transe uniquencnt si vousêtes chamanc. Seules les personnes. dés ignées par les esp l i t s , aura icn ten el1èt cette capacité. Mais ellc estrar.e : e n 2001 , i l n'v avait en MongoLeqliune trentl inc de chamanes sur lespresque rrois mill ions d'habitants.

Le fait que vous soyez musiciennevous a-t-i l prédestiné?

Torrs lcs musiciens D enrrent pas entr-.lnsc, et la plr-rpart cles ch,rmanesn onr jamais étLrdié la musique. Enrcvanche, cer ta ins sc icn t i f iques\ , 'u t i c r ) r ) (n l I l r p , , rh i .c r luc l c rpc-ricncc d'unc mort immincntc (F.MI)- qur i . r i rc .u . à l jgc d . I I mo i . -

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ou d'importants chocs psychologiquespourt aient lavor iser le développementde ccrt.rines fàcultés. D'après lesrecherche ' qL l ( nc ,us nr .non, ' . Ie tfréquences sonores du tambour pour-raient être à I 'originc de l 'activationdes zoncs perceptives du cerveau, cegu i .o r rcour r . r i r . ru dévc loppemenrd'une hypersensibil i té.

L'entrée en transe est-elleun moment agréable?

Lintérêt de cettc forme de transecs t qu 'e l le es t indu i te par la seu ler o l o r t t i o u p . r r l e . o r r d u r a r r r b o u r . l lr i r , r d , rn . pds de l i \que \ inherenrs àl'ingestion <{e substrnccs psy,choacrives.l-n revanche, l ' iclée d'acceprer qucIc mental . perde ' le contrôle estt o u j o u r r i n q r r i e t r t r r t c . l i ' r r t d e l ' e n dL n r u i l c d É l e n v i r o n r r e m e n t . S ' i l e s rharmonierLx, h tnnse est très agréablc,:rvec des gcstes et des chants parforsrrès beaux. S'i l est disharmonieux, onle perçoit énormément, I ' inrpressioncst rrlors très déplaisanre. I l faut menerr rn ver i t rh lc com[ra t por r r renrc r c terétrblir l 'équil ibrc.

Est-il possible de saisir un telphénomène en convoquantla neurologie ou la psychologie?

Mon bur pour l ' i ns tan t es t demontrer que cette fbrnre de tlansedonne accès à des ressources intéres-santes. Et, contrairement à ce que ditla tradition mongole, que rour lemonde peut la pratiquer. Beaucoupd'cntre nous ont d'ailleurs déjà déve-loppé de telles capacités. Souvent sansle savoir, ce qui était mon cas, ou sansoser en parler, de peur de passer pouru fou o. Cela ne veut pas dire que toutle monde sera cloué, mais je rcsteper,'u.rJêe que la re.hni.lue perrr s.rp-prendre, comme pour la méditarion.F t que ra p r r r ique pour ra i r dere lop-per une forme d'intell igence percep-tivc. Au mêmc tirre <1ue des exercicesintellectuels peuvent développer notreintcll igence spéculative. En transe, lemcntal étant moins u présent u, nousavons une autre perception du. je,,nous ressentons beaucoup moins lapeur, le stress, l l douleur. Elle selartdonc un moyen de mieux éqrri l ibrerle rapport perceptif/spécul:rt if, et

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CorineSombrunà l'Alberta Horpital d'tdmonton ((anadô), id aye( lârrirtante du Prflor-Henry.

janvier-février 2012 - Le l\'londe dcs Rclisions

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d'améliorer la gestion des émotionsengendrées par un mental qui, dansnos sociétés, est sans cesse sollicité.

Avec quels scientifiquespoursuivez-vous vos recherches ?

Des neuropsychiatres, psychiatres,médecins, physiciens, biophysiciens,chimistes, neu roph arm acologues,drercheurs en sciences cognitives, enbiologie moléculaire. Ces études vontaussiêtre poursuivies à Los Argeles. erouyertes aux chercheurs susceptiblesd être intéressés. On ne peut expliqueræs phénomènes sous un seul angle,

Quel protocole avez-vous suivilors de ces recherches et quelsrésultats espérez-vous obtenir?

Je devais parvenir à entrer en transepar la seule volonté et sans bouger. àcause des électrodes posées sur ma tête.Une fois entraînée, j'ai pu passer destests pour dérerminer si je ne souffraisd'aucune pathologie d'ordre psychia-trique. Les résultats I'ont prouvé. LePr Flor-Henry a alors fait des EEGde mon cerveau en étar normal, puisen état de transe. Les résultars orrrmontré que dans la première siruarionles tracés étaient normaux, mais qu'enétat de transe ils étaient comparablesaux EEG du groupe contrôle souf-Êant de schizophrénie et de troublesmaniaco-dépressi[s. Ce qui a souleveles questions suivantes : comment uncerveau sain peut-i l se comporrer defaçon si parhologique ec revenir par taseule volonté - er sans garder la moin-dre séquelle - à un foncrionnemenrnormal ? Y aurait-il dans la pratiquede cette forme d'état modiffé deconscience une réponse au rrairementde pathologies d'ordre psychiarrique ?Au trairement de la douleur ? De radépression ? Des quesrions encore sansreponse, mais qui onr d'ores et déjàrepoussé les limites des connaissancessur le cerveau et ouverr des pisres derecherche rrès inréressanres sur soufonctionnemenr. Une seconde parrredu protocole consiste maintenant àtravailler en collaboration avec dessujets atteints de psychopathologies,

afin de voir si ces techniques peuventapporter une réponse curative. Nousciblons des sujets souffrant d'une mêmepathologie. Travailler sur une seuledépression, par exemple, ne suffit pasà prouver I'efficacité de la réponse. Lesséances sont filmées et suivies par desmédecins et des chercheurs intéresséspar ces phénomènes. Le but est de faireune base de données à laquelle tousles scientifiques pourront accéder. PIusnous serons nombreux à tenter d'enexpliquer les mécanismes et plus nousaurons de chances de les découvrir.Le protocole ne fait que commencer.mais j'a.joute et insiste sur le fait qu'ilest hors de quesrion de substituer cestechniques de transe aux traitemen$médicaux ac tue ls . qu i on t dé jà fa i rleurs preuves. Si nous parvenonsun .jour à montrer que le cerveau ala possibil iré de capter et, pourquoipas, d'harmoniser une sorte d'étatu vibratoire, d'une pathologie, cestechniques pourraient alors s'ajouteraux thérapies existantes. Et apporterainsi une réponse plus globale autraitement d'une pathologie. Unetroisième partie du protocole sera de

Il n est jamais facile de se confronter àune réalité qui nous dépæse. D'accepterun ( voyage o dont on ne sait pasoir i l va nous mener. Mais une foisqu'on a surmonté la peur, on peuts'interroger sur l'utilité de ces érats,qui sont d'ordre intuitif Ils semblentpermettre de réagir plus tôt, de nousavertir d'un dysfonctionnement oud'une incohérence entre ce que lasociété nous pousse à être et ce quenous sommes. [a tradition chamaniquemongole le symbolise en disant queI'une des meilleures façons d'énerverles esprits est de faire quelque chosecontre sa volonté. Cela entraîne unedisharmonie, qui serait à l'origine d'unproblème ou d'une maladie.

Pensez-vous avoir réponduà vos interrogations initiales?

Sur le plan personnel, oui. Les étudessur les EMC sonr en route. Ma voieest tracée €t évidente. Ce parcoursm'a permis de réaliser que j'avais uncerveau. Et que je n avais aucune idéed'un grand nombre de ses capacirés.

Je me dis qu il est temps de les révéler.De prendre conscience que l 'avenir

( Je reste persuadée que la technique de la transepeut s'apprendre. Et que sa pratique pourraitdévelopper une forme d'intelligence perceptive ,,

modéliser le son du tambour et de lefaire écouter à des sujets sains pourvoir si cela déclenche le même ryped'EMC que sur mon cerveau. Et s'ilesr possible de développer les capacitésperceptives liées à cet état.

Vous sentez-vous visitéepar des esprits lors d'une transe?

Les psychiatres parlent d'un phéno-mène de dépersonnalisation. Il esr vraique ma culture occidentale m'empêchede concevoir la norion d'esprir. J'aidonc plutôt pensé que je dwenais folle.Lrs tests psychiarriques ont prouvé que

.je ne l'étais pas, mais chaque transereste une véritable remise en question.

de I'humain ne se jouera pas seulementdans l'hypertechnologie, mais aussidans sa détermination à mieuxconnaitre et uriliser le porenriel percep-tif de son cerveau. fhomme du {irtur,la version n 2.0 u, semble déjà en nous.Et ces techniques de transe, ce trésorlaissé par nos ancêtres au travers destraditions chamaniques, pourrâientbien être I'un des moyens d'en révélerles incroyables capacirés. Mais ausside rerouver une façon plus perceptiveet intuirive d'envisager notre rapportà notre corps, âux autres et à notreenYironnement. I

Propos recueillispar Louiza Dahoun

janviet-lévrier 2012 - Le Monde des Religions 35

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.r' i i i':

neu[étudiants sur dix ont relaté uncpro fonde expér ience myst ique.Louvrage de Robert Forre, Entbeogensrnd rhe Futrre of Religion (Council

on Spiritual Practices, 1997), compareI 'exper ien , . e des myst iques rea l i séepar l 'csprit et les voyages mvstiquessous psychédéliques, constatant qu'ilssont point par poinr identiques.

Uaccès à un état modifié deconscience (EMC) passe-t-il par laconsommation de substances?

Les PDL sonr l une des po :s ib i l i tesd'induire un EMC, mais ce n'est deloin pas la seule. Et lorsque c'est lecar . lac .ès à la d imens ion sp i r i rue l ledépend en parrie du niveau préexis-tanr de preparar ion er de déue loppe-menr spiriruel du consommateur. Lamédit:rt ion, les prières, le tambourpour le r chamanes p<rmeuent ausç id aLceder à unc fo rme dc r ranscer , -dance. La conscience de l ' immanencc,c'est-à-dire la présence de Dieu et deI'esprit en toures choses, est alorsprégnante, rejoignant sur ce point latradition chamanique qui observeI 'espr i r dans les p lances . les ru is -seaux... Chaque branche mystique.l ses proPres moyens pour enlrer encontact avec le transcendant.

Les analogies entre expériencespsychédéliques et voyageschamaniques semblent nombreuses.

Les chamanes voyagent enrre la realitéordinaire et la réalité non ordinaire,sans s'y perdre. I ls entretiennent desrelations avec des esprits qui deviennentalors des alliés dans leur travail (lire enp. 32 à 35). l.a médecine psychédéliquerejoint le chamanisme dans la mesureoir les PDL permettent d'entrer encontact avec des mondes différents erde sentir des présences, des existencesséparées de notre conscience (desn entités o). Ces EMC peuvent alorsavoir des retombées dans le quotidiende chacun sous lorme de synchronicité- ce qu'on a vu arrive plus tard - oud'informations obtenues auprès desesprits. Si le recours aux PDL deyientlégal en France sur le plan médical,le protocole clinique devra déÊnir unencadrement strict du patient, parle biais de chamanes et de médecinsformés au-.< ingrédients de base.

Vous évoquez une réalitésous-jacente à notre propre réalité.Que voulez-vous dire?

Toute personne faisant l'expérienced'un EMC peur s'apercevoir qu'i lexiste bien d aurres niveaux de réalité

Le pouvoir deshallucinogènesAyahuasca, LSD, psilocybine... Souvent diabolisés, les psychédéliquessuscitent auiourd'hui l'intérêt de nombreux chercheurs. oui leurreconnaissent un rôle thérapeutique et une authentique dimensionmystique. Entretien avec le psychiatre Olivier Chambon.

es substances ditespsychédéliques soniutilisées pour soignerdes états dépressifsou d'alcoolisme

protond. Comment agissent-elles t

læs ps1'chédéliques - communémentappelés PDL - ouvrent une portevers I ' inconscient. Mais i ls ouvrerrraussi des canaux de perception supra-sensoriels permettant de vivre I'inter-connexion de toutes les conscienccs,de visiter des univers parallèles et deréaliser une expérience mystiqued'union avec le sacré, En 1962, uneexpérience s'était donné pour but devoir si la psilocybine, le principe actifde champignons ha l luc inogènes,pouvait être considérée comme unesubsta nce en theogène (é rymolog i -

que ment, enthéogène signifie. quigénère Dieu ou l 'Esprit en soi ,) pourdes personnes avant des prédispositionsreligieuses - des étudiants en théo-logie. Les résultats ont été probants:

Olivier ChambonMérlêdn psydiàtre, olivier (hambon estnotamment lâut€ur dê la llédedne Wûédélique:le pouvoit dtûopeutique d6 holludnogànr(L€s Arèner, 2009) et de le Ch onone et le Pty (Mamaéditionr, 2010), (oédt àve( [àurent ]luguelit.

36 janvier-février 2012 - Le Mondc des Religions

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faur apprendre à s'éveiller. De plus,

nos sens nous trompent: par exerrple,nous avons l'illusion que la matière esrp le ine .er .o l ide . a lo rs que Ia phrs iqu<quanrque monr re qu 'c l le esr f i i re cevide à 99,99 70.

lutilisation des pDL se situê auxantipodes de la pensée cartésienne,..

Rappe lons d abord que les p r inc i_pales découvertes de Deicartes ont et.faires au cours de trois célèbres révcs,c'est-à-dire dans des érats nrodifiés deconscience. Les exemples de décou_verres scienti6ques nrajeures réaliséesgrâce aux expériences faites sous pDLsonc multiples: le codécouvreur deI'ADN, Francis Crick, a révélé qu'i l

n'aurait pas pu réaliser sa découverresans LSD, er Kary Mull is uti l isa luiaussi cette substance pour avancerdan\ ses t ravJux sur le , , po lvnrèr .es ,qur lul. onr valu un prix Nobel. Larecherche a un travail énorme à nrcnerpour rassurer les gens quant au bonusage des PDL: ce sonr touc saufdessubstances réservées à une jeunesse endiscothèque. Util isées dans un cadremédical approprié, les pDL orrr unvrai rôle à jouer sur le plan osvcho_thérapeurique. D"n, nàrr. p"ir, ,.,préjugés sont plus fo.r, que i. i f"its.l,I a un oecJtage et)tre Ià_ france elq autres pays, comtrle les Etats-Unis,quant aux recherches portant sur lespsychédéliques et d'àutres réalitésspirituelles, telles que les expériencesde morr imminenre (EMI).

Le scientifique Benny Shanon asoulevé un tollé lorsqu,il a avancéque Moise avait présenté sesDix Commândements sous I'effetde puissants hallucinogènes.

Il a pourtant probablement raison.Des recherches universitaires montrcnrque les principaux philosophes grecsonr.consrruir la pensée occidenralesur la base des révélations qu,i ls onteues apres avoir consommé des subs_t rnce) p roches du I 5D. I j se pou | ra i rau is i que les e f fe rs de deux iharnp i .gnons, le psilocybe et l 'amanite tuc_mouches, aient joué un rôle fonoa_menral dans la naissance des reiigions,notamment du christianisme.

Le potentiel des pDL dans un mondeen perre de va]eurs esr rrès inrporranr.l l s ramènenr à des va leurs humanis_res,,à I'amour, au respecr de la Têrreet cle tous les êtres, à une vie moinsmatérialisre. Bien sûr, après un EMCinduit par psychédélique, le plus durresre à la i re : i l faur in regre i ce queI o n a a p p r i s p o u r i a p p l i q u e r d a n snor re v ie quor id ienne. Aprè \ avo i rrécu une telle expérience, Leaucoupqe.gens vont entrer dans une approchesplrlruelle, se merrre au yoga ou à lamedttaÛon. I

propos recueillis parSidonie Maurrn

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utiliréesdantun (adre médi(al,leJsubstan(ejpiy(hédéliquer,peuvent5'avéretde pré(ieur outiltd'explorationd€ l'eJprithunain.

que ce lu i que nous conna isson: . Ccsniveaux ont leur propre forme d,or-gn isar ion énerger iq uc , sonr per rp le .0e consclences autono-mes, et peuventnleIaSrI JreL norre realité quoridicrrne.l \oç c tnq rens ne nou\ Permct ten tque de voir la réalité ordinaire, alorsque notre conscience est une sorte dc" Super - (en j . qu i r rous permer d a ro i racces a ces autles niveaux. Nous rlcvoyons qu'une infime parrie de cequi existe réellemenr: nous sorl[resmentalemenr immergés dans unc sorrcdr réaliré virruelle cànsrruite par nosctnq sens. Les yogis disenr que noursommes dans un état de rêve dont rt

)anuietlévrier 2012 - Le Monde des Rcligions37

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( , i - i rVi:Al. i . . - D t f . , r . f t i ^ t t t t '- : l L l r ! r . - . L l l L

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ler-norgnago d'ur-lvoyageur du sacréDes champignons hallucinogènes consommés seul à Amsterdamaux transes vécues en compagnie de chamanes péruviens,Tom Verdier, auteur d'un roman sur l'expérience psychédélique, a suiviun chemin de traverse qui l'a mené sur les pas des mystiques.

( (a u issement, é léuat I on,uol de I'esprit, enlè-uemenL c'est tout an,et ces dffirents nomsx'expriment qu'une

méme chose que I'on appelle aussiextase ,, écrir Thérèse d'Avila, dansMa Vie. 1...1 On sent, on uoit qu'onett empofté, mais on xe sait où I'ox ua.Malgré le plaisir qu'on éprourc, la

faiblesse naturelle, dans les commence-tnentt, cttuse un sentiment de fayeur,Aussi I'âme doitelle déployer ici dunurage, de la résolution l...l. Quoiqiit ( LA C0sm0g0nie Chrétienne n'a fepéfépuisse aduexir, i l faut tout r isquer [ . . .) nrrn errrerln,raa É.^mr.,,ô+.,. trr nâlrrr, tâ r, i . . iâpuisse aduenir, ilfnur tour risqrcrl. I-+.,-_ )- L^- *.i ̂ ;. ,.^- ."_- ^^_,; :. que quelques sommets du monde visionnaire ucr aller de bon g,e où Iot sera porté. .

Tom Verdier n'était pas encore fami-l ier des écrits de Thérèse d'Avilalorsqu'i l expérimenta ce sentimentde lrayeur. lor'qu i l lur emporte malgré

TonVerdiel,auteurde lud€dont le ciel(Albin ^,lkhel).

sans doute, d'explorer sa conscience,d'élargir sa vision de la réallé- " J'aiaussi pris conscience que le discoursactuel strr ces substances auait pour butd'infantiliser la population. ,

ll fallait donc voir par soi-même.C'est cette plongée dans I'universpsychédélique que Tom Verdier racontedans un roman à thèse, Lucie dans learl fruit de quatre années de recher-ches scientifiques, d'expériences vécues

l u i . I l n 'é ra i r pas par r icu l iè remenrmystique non plus lorsqu'à 25 ans i lavala ses premiers champignons hallu-c inogènes. seu l dans un appânemenrd'Amsterdam.

Voir par soi-mêmeCecre ddcision n avair pas été prise )

la lêgère . I l s 'é ra i r longuemenr docu-mçnré :ur les subsrance. psychéde-liquer diter errthéogènes ( l i treralemenr

' qu isusc i ren t D ieu en so i " ) . d 'abordpour sermonne l son l rè re qu i s e rar rlaissé tenter avant lui, Dans son esprit,comnre dans ce lu i du grand pub l ic .I 'univers psychédélique était alors asso-cié au pire : une expérience terriÊante,

par l 'auteur et transposées à despersonnages de fiction, dans un sryleparfois maladroit. Ambroise et sesamis dans le l i r re , Tom dans la v ie ,appor tenr néanmoins . là . un témoi -gnage fascinant et posent une questionembarrassante dans notre pays quiinterdit toute forme de recherchescienti l ique sur les psychédéliques etsanctionne pénalement leur usage àt i t re p r ivé : u t i l i sés de man ière

" réfechie, respectueuse eT constructiue ,,dans de bonnes conditions (être dansun endro i r ca lme, i so lé e r p rorégé. à

ieun depuis six heures. sobre. entouré

peuplée d'angoisses, de boufiées déli-

! rantes, d'états schizophréniques dont,] qui sait, on ne reviendrait peut-être

fÏ jamais,.. - Mes lectures monl rayurè.

l.= J'ai nlors conpris qu il nl auait aucun

lb risqua d'addition ni d'ou?rdote et quclz les otvchédcliaues Douuaitnr mime ëtrer ; , " .16 ac oont daluudnlt // aes (xP(ftenlcl

ai spirinelles., Qu'ils lui permettraient,

janvier-février 2012 - Le Monde des Religions

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d'une personne expérimentée, sansavoir consommé d'anridépresseursdepuis au moins deux mois et dansdes pays oir ces drogues sont légales),les psychédéliques pourraient-i ls êtreun n moyen da démocftltiser I'expériencanlttique ,a

n La prison de I'ego "C'est une des thèses les plus passion-

nantes du l ivre: que vous ayez ou nonune religion, cette expérience vousforcera à vous poser la question dusacré. Lauteur s'en explique de façonmétaphorique: o L'ego est uxe armuretrès effcdce pour protéger Ie ctrur dela personnalité mais c'est une prisonaussi si on s7 Jàit prendre. Bébé, I'egoeJt comme un Petit b/tllon dans uneboite cubique. Peu à peu, il se met àgonfer, et à coller de plus en ?lus auxbords. Il reste de tout ?eti+ jours, dansks coins. Mais une fois aduhe, l'ego del'être humain est tellement gonfé, colléaux murs qu'on a I'impresion d'être cenl L cette prison, Elle nous suit dtns nosdtplacements, elle notu enferme mais ellenïus Prutège dussi, L'ego, c'en comme l,ttarne sur /es maixs, c'est la corne de /arcnscience. Lortqu or I'èrorche en partieet que l'on se met au contact det choses- lcs psychèdéliques ou! ) obligenr -.

on découure que son esprit, une Jàis entunse, est capable de chantar de danser,de faire des choses jamais imaginées.

Qa'il est en adéquation com?lète auecte qui se passe "maintenant. " "

Avant I'ingérence de ces subsrances,Tom Verdier donnait peu de sens àsa vie, i l espérait, comme tout iemonde, un cer ta in nombre de rëur -sites, une autonomie de mouvement.Ces expériences onr d'abord bouleversésa vision, sans doute trop rationnelle,du monde. Des chamanes péruviensl'ont ensuite aidé à cheminer dansdes étars incompréhensibles, trèsan imdux. dan\ des un ivers p . r r lo isseu lement peup lé . Je sen\a t ion \ , àcommuniquer avec les serpents o,.des esprits par téléparhie: u La cosmo-gonie chrétienne n'a repéré que quelqucsszmmett bien uisibles du monde uisiott-naire, écri(il. Quand les re/igions

chauaniqrres oflrcnt des cnnes deraillee'du moindre chemin de terre, elles uousoffent las noyens de nauiguer beaucoupmieux et bearcoup plus uilement dansces états de conscience. ,

i . ^/ ' \ JU âns . dPfe \ àvo l r e tuo le I n ln -dou isme, le bouddh i rme, le ranr r iqmee l s l l r tour le zen, Tom Verd ie r v i rsa première expérience mystique. I llui aura quand même fallu plus de

boullëes d'angoisse, cetre érreinte duvide, cette nuit de l 'esprit, lors delaquelle le plus gros travail consisteà faire taire le cerveau spéculatif, lespensées de l'ego qui empêchent d'êtreau contact direct de l 'expérience.Ces états naturels ou chimiques,seraient-i ls donc autant de moyensde locomotion différenrs pour arriverau même endroit ?

150 prises (principaleme nt de LSD,de champigr.rons hallucinogènes etd'ayahuasca) : u Ma conscience s'estdëpouillëc de rous scs o' ipraux. La paixinJinie que j), di d(icouu€rte est rettëeen grdnde partie en moi, , Même srI 'extase mystique dont parle I 'auteurn'est que l 'un des possibles de I 'ex-pér ience psychédé l ique (cer ta insesprits ne I 'expérimenteront même

. jamais ) , les phénomènes décr i t spar Tom Verdier questionnent. Lesreprésentants de diverses rraditionsmystiques évoquent, chacun avecleurs mots, cerre clarté parfaire, cemême chemin très ardu, ces mêmes

Impossible de répondre scienriÊ-quement à la question mais à traversces éveils u instantanés u, Tom Verdiera trouvé sa réponse. I l évoque unecommunauté d'expérience avec lesmystiques de toutes les traditions,qui transcende les époques et lescultures. u L€s textet stcrés - I'Apo-calypsc, Ies uisioxs d'Ezéchiel, celle deMoile - me sont deuenus clairs. J'1 airecofitlu ce que je uolais mlLmême.

Je n'ai aucun dorte là-dessus, les rédac-teurt de ces lextet ont connu /es mëmesëtats, ont trnuerse les mème' contréesmentales. , I

Jennifer Schwarz

nepréftntàtion fantartique du monde. Gravure italienne du XVlll'sièdê {(olledion privée).

ianvier]février 2012 - Le Mondc des ReligioDs 39

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Les nouvolles frontierosde la conscience

Les avancées scientifiques vont-elles réhabiliter l'âme?En montrant que notre monde n'est pas fermé sur lui-même,la physique quantique redonne de nouvelles perspectivesaux conceotions non matérialistes de la conscience.

I ' i nverse de tou tes lesconceprions tradition-nelles selon lesquellesl 'homme possédera i tune âme, la conscience,

pour la g rande major i té des cher -cheurs en neurosciences, n'est riend ' a u r r e q u e I e p r o d u i r d e l a c r i v i r éneuronale. Dans cette conceptionmoderne, la conscience est. perchée,au sommet d 'une éche l le dont resbarreaux inlérieurs sont constiruéspar les particules élémentaires, suivresdes : r tomes e t des molécu les , lesbarreaux supérieurs étanr formés parIes neurones, les différentes zonescérébrales et le cerveau.

Mais la physique quantique est entrain de profondément bouleverserce schéma. Elle nous montre que cespatticules élérrentaires qui constituentla base de l'échelle sont en fait compa-rab les à . . . un arc -en-c ie l . Comnrc

Jean StaunePhilorophe des sden(e5, enseignant etlondàteur da l'Un iversité interdis(iplina ir€de Pari5, ilert notômment l'auteur deNotrc exitten(r- o-t-elle un Jerr ? (Press€5 dêla Rena ksan(e, 2007) et d€ lo Jd€r(€€l, otot€ {Pres5€r de la Renai5san(e, 2010).

40

nous €n avons tous fait l 'expérience,un arc-en-ciel bouge quand nousnous déplaçons. l l serait absurde depar le r de la pos i t ion e t la v i tes 'e d unarc-en-ciel, puisque celles-ci dépendentde nor re p ropre pos i r io r r e r de nor repropre v i tesse . Un des grands enser -gn€ments de Ia phvsique quantiqueest que c'est la même chose pour lesc l rac te r is r iques de toures les par t i cu-les é lémcnra i res , e l les sonr indérer -minées en dehors de l 'observation.Cela nous amène à transfoln-rer notr.

de considérel la conscience commeétant uniquement un épiphénomèneissu de la matière.

Particules et libre arbitreLe deuxième apport de la physique

quantique au domaine de la conscienceconcerne le l ibre arbirre. Chaque loisqu'un expérimentateur pose une ques-tion à la nature, la réponse semble êtrele résultat d'un choix. Cela a pu amenerdes scienti6ques aussi éminents queFreeman Dyson (Institut des études

* [,]stfe rtlalité dans laquelle nous vivons,$i t i , iËe dân$ le lemps, l 'espace, l 'Énergierf ir nil*tiene, ri!s$t pas la nÉalité ullime :>

i .helle en un cercle i La conscien.ccontribue ainsi zza I 'observarion àdéfinir les propriétés des particulesé lémenra i res . . . qu i cons t i tuent lesbases de la conscience. Comme le fartr e m à r q u e r l e p h y s i c i c r r B e r n a r dd'Espagnat, de l ' lnstitur de France,dès lors que la conscience contribuei deflnil lcs carrcrerisriques de' fonde-ments de la mat iè re . i l es r paradoxr l

avancées de Princeton) à dire quequelque chose qui ressemble au librearbitre se produit au niveau micro-phvsique. Bien que cette opinion soitminoritaire, des mathématiciens commeRoger Penrose (université d'Oxford)ou des phvsiciens comme Henrv Stapp(université de Berkeley) pensenr quela conscience repose fondamentale-ment sur des phénomènes d'ordre

janvier-février 2012 - Le illonde des Religions

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quanrique, er que c'esr pour cela queles é t res humains sonr pourvus d unevérirable liberté de choix.

Uouverture d'une brècheDepuis trois siècles, l'un des principes

clés de Ia science u classique , était laclôture du monde physique: tous lesphénomène' qui \e produisenr aurourde nous ont leurs causes dans notr.monde. Cela semblait exclure à jamaisla s imp lc poss ib i l i ce d 'ex is tence d uneâme contrôlant notre cerveau. Maisla phv< ique quar r t ique a ouver r un(brèche Jar r r te p r inc ipe en melan ten évidence un certain nombre dcphénomènes, telle la non-localité(deux particules Formant un ensembleunique: ce qui se produit pour l 'uneà des conréquences immédiarer rurI 'au t re . que l le que ro i r la d is ranre qu iles sépare), qui échappenr clairement autempr er à lcspace. et qui ne reposenrn isur I 'e r r r rg ie n i sur la mar iè re . Ce lacontribue à rendre crédible I'inruition

majeure de toutes les grandes religions,monothéistes ou non, pour lesquellesle monde ne se l imite pas à ce quenous pouvons voir, mesurer, toucheret sentir, et constitue le troisièmeapport de la physique quantique audomaine de Ia conscience. Le neuro-logue Sir John Eccles, prix Nobel demédecine, a publié avec le physicienFriedrich Beck une démonstrationselon laquelle l ' incertitude qui existeau niveau quantique sur la position desparricule,, elénrenraile< perrner J envi-sager comment une entité immatériellepourrait modilier certains processus ducen edu !Jni violer aucunenrenr les loisde la (nouvelle) physique I Si cela neconsritue pas une preuve de I 'existencede l'âme, cela fait disparaître l'argumenrqui en interdisair I 'exisrence.

Ainsi, la physique quantique remeren question les schémas simplisresselon lesquels le cerveau secrète laconscience comme le foie secrète labile, et i l n'est plus possible de dire,

cornme Jean-Pierre Changeux, duColfège de France. que " IHomme naplus rien de lbsprit, il sufft d'êne unHomme neuronal. ,

u Une survie après la mort "Il y a quelques années un jeune et

bri l lant physicien quantique perditbrutalement sa mère. A la sortie dela messe, i l me dit, étant agnostique,avec une pointe de rage dans la voix:n Qu'est ce que la physique quantiquepeut nous dire sur la mort? > Je I'aiamené à répéter la question devantBernard d'Espagnat, qui lui répon-dir ql,e " la physique quantique nouscnt€ig e que cette rëdlitë dans laquellettotrs uiuons, situèe dans Ie rcmps, l'es-pace, l'énergie et la mdtière, n'est Pas laré/llité uhime, et que la réalité ubime,si elle existe, ne peut-,être située dans lemonde des phénomènes- Cela rend apriori non absttrde I'idée d'une possiblesuruie après la moft ,. a

Jean Staune

janvier-février 2012 - Le Nlonde des Religions 41