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001 LE NOEUD PAP NUMÉRO 1 NOVEMBRE 2012

Le Nœud Pap' #1

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DESCRIPTION

Le Noeud Pap’ est un magazine indépendant et multidisciplinaire, axé sur tout ce qui fait la culture urbaine et actuelle : musique, mode, cinéma, ou toute autre forme d’art contemporain. À l’image de son nom, Le Noeud Pap’ n’est pas pour toutes les occasions. C’est pourquoi son équipe effectue une sélection pointue, sans pour autant jouer les élitistes. En nous efforçant de traiter l’actualité culturelle de façon critique et sélective, nous privilégions la créativité et l’originalité. Le Noeud Pap' se veut différent du format webzine classique, en proposant une sortie bimestrielle, à feuilleter en ligne sur la plateforme Issuu. Il contient articles, photographies, liens vidéos, en mettant l’accent sur l’esthétisme, rendant le magazine aussi agréable qu’intéressant à lire

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LE NOEUD PAPNUMÉRO 1NOVEMBRE 2012

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“On m’a dit qu’il était impoli de ne pas se présenter, et comme moi j’aime bien les bonnes manières (la politesse, tout ça) je me suis dit que j’allais peut être un peu vous parler de moi.

Moi, c’est le Nœud Pap’, gros bébé à peine pleurnichard de 10cm sur 5 (c’est pas la taille qui compte, ok ?) d’une douzaine de larronsjoyeux comme tout mais qui ont tendance à vite s’énerver quand on leur demande la place de Skrillex dans la musique électronique, ou encoresi “Bienvenue chez les Ch’tis” est un film référence. On me ballade entre Paris, parce que c’est une évidence, et Lille, parce qu’on a tendance à l’oublier mais c’est une métropole qui regorge de trésors (et pas qu’au fond de la Deûle, contrairement à ce qu’en pensent certains, suivez mon regard).

Ce que j’aime, moi, c’est la musique : la synth-pop, l’indie rock, le hip-hop, la musique électronique, la new wave la post wave la coldwave (non mais on wave là ?). Bref, j’en passe et des meilleurs tellement ça me met dans tous mes états, vous allez voir, je ne vais pas arrêter de vous en parler. Sinon, je m’y connais aussi pas mal en ciné, toujours pratique pour frimer dans les soirées auxquelles on m’invite (et même parfois je les sponsorise) « t’es allé voir le dernier filmde ce cinéaste russe super connu au nom imprononçable tellement c’est ghetto –Ah ouais ouais, je le trouve un peu kaléidoscopique mais le côté iconoclaste m’a bien accroché ». Bien sûr je rigole, c’est comme ça qu’on m’a éduqué. Aussi, j’essaye de bien m’habiller, sérieusement, quel nœud pap’ digne de ce nom oserait montrer son bout de tissu sans être accompagné d’un look impeccable ? Bien sûr, ça reste suggestif etc’est la culture qui m’entoure qui m’influence, autant qu’elle influence mes goûts en matière d’art, et ça aussi je vais pas mal vous en parler.

Bref, j’ai l’impression que j’en ai déjà trop dit, sinon ça va vous ?”

EDITO

Max Ltnr Rédacteur en Chef

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REDACTEUR EN CHEF

Max Ltnr

DIRECTEUR ARTISTIQUE

Eric Rktn

RÉDACTION

MUSIQUE Charly Lazer, Baptiste Pepin,

Floris Yvinou

MODE Pauline Fugaldi, Mathilde Bruno,

Victor Tessier

CINEMA Tristan Baldi, Lise Beuve

CULTURE GRAPHIQUE Rasheed Boombastick

CONTRIBUTEURS / CONCEPTION GRAPHIQUE

Absolt (absolt.fr) Manon Mooky (www.manonmooky.com)

PHOTOGRAPHIESMathilde Dorschner

PARTENARIATS / RELATION PRESSEAdeline Bustin

([email protected])

La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées par ses auteurs dans leurs articles. Aucun élément de ce magazine, ne peut être reproduit, sans l’autorisation écrite de l’auteur.

REMERCIEMENTSToute l’équipe de la rédaction et des contributeurs, photographes qui ont travaillé pour que ce premier numéro soit publié. Et dans le désordre : tout le Zoostick Crew / Couteaux Suisses, Amandine de Bfact pour son soutien de la 1e heure, Luc et l’équipe Ustore dans sa globalité, Absolt pour leur savoir faire graphique, le collectif Class84 et le Petit Social, l’équipe des Nuits Tardives, Unno et en particulier Francis, Le collectif Le Panier, Andrew Rivera, Myth Syzer & Perrion, Pol Barruel et tout Qhuit et Poyz & Pirlz, Soso et notre escapade à Liège, BRNS, Leaf House, Fabien Raillot pour ses bonnes ondes et tous les copains d’autres webzines qui nous soutiennent : Beware, La Biche & Le Moine, The Chemistry (Marlène et Antho) et tous ceux qu’on aurait pu oublier...Et bien sûr, last but not the least, merci à vous, lecteurs et amis.

COUVERTUREPhoto : Erwan ManchecModèle : Lise GibetNoeud Papillon : Le Colonel Moutarde

CONTACT  [email protected]

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MODEA LA PAGE : Graphic Cotton

A LA PAGE : Guissepe VirgoneEN APARTÉ : Ustore

LE DRESSING HOMMELE DRESSING FEMME

LOCAL HEROES : Le Colonel MoutardeREPORT : Carhartt, Work in progress

CINEMAROULETTE RUSSE : Quentin Dupieux

C’ÉTAIT MIEUX AVANT : Quand passent les cigognesNATURE PEINTURE : Le Pacte

CULTURE GRAPHIQUELOCAL HEROES : Douglas McWall

LOCAL HEROES : Wilou DsainbayonneLOCAL HEROES : Nadia Bella

LOCAL HEROES : Laetitita TaschattDERRIÈRE L’OBJECTIF : Eudes de SantanaDERRIÈRE L’OBJECTIF : Guillaume Lechat

DERRIÈRE L’OBJECTIF : Marley KateDERRIÈRE L’OBJECTIF : Rj Haughnessy

CHEZ ABSOLTLE NOEUD PAP VU PAR : Weedlay

LA VIE SELON MOOKYREPORT : Venise

MUSIQUEREVIEWS

5 MINUTES AVEC : Louis Aguilar & The Crocodile TearsLA CLAQUE : Leaf House

ÇA CREUSE : Retour sur le SupermarketEN TÊTE À TÊTE : BRNS

LENDEMAIN : Dour FestivalLENDEMAIN : Distortion Festival

LENDEMAIN : Le Cabaret VertLENDEMAIN : Les Nuits Secrètes

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MODE

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A LA PAGE

GRAPHIC COtTON Tout a commencé avec le t-shirt. Il lui fallait des couleurs à ce morceau de tissu blanc, il voulait sourire un peu. Plus qu’un simple vêtement, le t-shirt est devenu un véritable symbole culturel, indispensable à toute garde-robe qui se respecte, et même aux autres… Il n’a pas fallu longtemps pour que le reste suive le même chemin. Comme le denim,

les t-shirts font partie des “essentiels” que la plupart des marques déclinent à l’infini. Du simple logo au slogan faussement engagé, en passant par les loups hurlant à la lune, c’est le meilleur moyen de montrer aux autres de quelle humeur vous êtes.par Victor Tessier

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Tout a commencé avec le t-shirt. Il lui fallait des couleurs à ce morceau de tissu blanc, il voulait sourire un peu. Plus qu’un simple vêtement, le t-shirt est devenu un véritable symbole culturel, indispensable à toute garde-robe qui se respecte, et même aux autres… Il n’a pas fallu longtemps pour que le reste suive le même chemin. Comme le denim,

les t-shirts font partie des “essentiels” que la plupart des marques déclinent à l’infini. Du simple logo au slogan faussement engagé, en passant par les loups hurlant à la lune, c’est le meilleur moyen de montrer aux autres de quelle humeur vous êtes.

ELEVEN PARISPersonne ne les a raté. Eleven Paris est encore jeune, mais a su grandir très rapidement, notamment ces dernières années, avec une ligne de t-shirts “moustache”. Un concentré d’originalité, avec une gamme qui ne cesse de grandir, voici quelques exemples de ce que devez avoir sur vous.

HYPE MEANS NOTHINGOn sent dans la collection “moustache” une touche Hype Means Nothing. Encore une marque française, née en 2010, qui a vite investi les rues de Paris et d’ailleurs. Un concept simple : un portrait célèbre reproductible à l’infini, qui forme des lunettes avec ses doigts. Ils ne pouvaient pas mieux choisir leur nom.

KITSUNÉEst-il nécessaire de présenter Kitsuné ? La maison parisienne à l’accent japonais, qui frôle la perfection à chaque nouvelle collection, nous offre toujours une belle série de t-shirts qui décrit parfaitement leur univers.

www.elevenparis.com

www.hypemeansnothing.com

www.kitsune.fr

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Si vous aussi vous avez des marques fétiches ou des modèles qui vous ont marqué, envoyez-les nous ! [email protected]

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GIVENCHYPuisqu’on est parti dans le haut de gamme, restons-y un instant. Dernièrement, c’est Givenchy qui a marqué, avec une série de vêtements “Animal Instinct”. Si vous aimez vous balader avec un énorme requin sur la poitrine, cette collection est faite pour vous

LACOSTE L!VEMais redescendons au pays des gens modestes. Lacoste L!ve, le nouveau-né “young & trendy” du crocodile français, a donné un coup de fraîcheur à cette marque vieillissante… Très ré-cemment, l’illustrateur Micah Lidberg a mis ses crayons de couleur au service de Lacoste L!ve pour une capsule étonnante et éblouissante !

JVGBD & SUGARPILLSEt voilà la transition parfaite, amenée sur un plateau d’argent. Deux marques nous ont tapé dans l’œil, et avec des motifs pareils il n’y a rien d’étonnant. JVGBD et Sugarpills, pour des vêtements entièrement imprimés, aux couleurs habituellement visibles après une cure de lysergamides.

www.givenchy.com

www.lacoste.com/live

www.jvgbd.com | sugarpills.bigcartel.com

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A LA PAGE

Giuseppe VIRGONEpar Max Ltnr

«  MON TRAVAIL CONSISTE À TRAHIR L’ESSENTIEL, ENLEVER TOUTE FONCTION DU TOUCHER, CELA NE LA DÉTRUIT PAS MAIS LA REND PLUS FORTE, LA MATIÈRE DEVIENT BIJOUX. »

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Bienvenue dans l’univers de Giuseppe Virgone, fashion designer Bruxellois de 30  ans formé

à l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre à Bruxelles. Après un stage chez Gaspard Yurkievich en tant que modéliste, il lance sa première collection hiver «  Un animal devra mourir » présentée à la boutique RA à Anvers en 2010. Le jeune homme puise ses influences dans la mythologie grecque, les peintres flamands mais aussi dans les notions de rituel, de sacré, de néant, pour un résultat à la fois sombre et poétique. Il définit lui-même son travail comme «  râpé et disséqué, le vêtement s’accroche au corps, long et libre, en dissimulant de la forme masculine. ». S’en suivront deux autres collections : « The lost boys » été 2011, inspirée d’une scène de Nostalghia où une femme ouvre la robe de la Madonne et libère des oiseaux, « une scène magnifique. Pour trouver la paix intérieure, mon personnage se transforme en oiseau, une cage thoracique rétrécie, des mélanges de plumes et tricot. il y a un côté tribu dans mes collection. Une cérémonie de quelque chose. ».

Puis Accords Brisés, hiver 2012-13, une collection qui raconte l’histoire de Jérôme Savonarole, moine dominicain, prédicateur italien et réformateur (il créa et dirigea la dictature théocratique de Florence de 1494 à 1498), un personnage qui deviendra une muse pour Giuseppe : « J’aime l’idée de la puissance, la luxure, les tribus, les sectes, les réunion sacrées, les cérémonies, les messages, la vérité, le mensonge, la vanité,  la mort.  Savonarole  est tatoué de tous ces messages.  Un homme  puissant est  d’abord un homme.  Je voulais transformer  ce corps et  son pouvoir-hommes-protection,  sa soutane, en  quelque chose de  chimère,  disséqué,  lourd et fragile. ». Cette dernière était d’ailleurs présentée l’année dernière au Chacha Club de Paris lors de la fashion week. Enfin on a récemment pu découvrir « Psychotic Silence » la collection printemps-été 2013, qui, à l’image de son nom, nous emmène dans un univers sombre et déséquilibré. Talent à suivre !

MODE

Site Officiel :http://www.giuseppevirgone.be/

Tumblr :http://giuseppevirgone.tumblr.com

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EN APARTé

par Eric Rktn

Le 3 février dernier avait lieu à Lille le « Ustore Before Valentine’s Day », une bou-tique éphémère ouverte aux jeunes créateurs sensibles de faire de la promotion dans un cadre original. Nous avons rencontré Luc, l’initiateur de ce projet.

Luc  : Je me présente, Luc Tonye, je suis l’un des conceptualisateur de la boutique Ustore, qui est une boutique qui ouvre pendant 3 jours tous les deux mois, où l’on peut retrouver des jeunes marques, des créateurs, des marques de boisson inédites, des exclusivités en arts.

LNP  : Comment t’es venue l’idée du concept Ustore ?Luc  : c’est marrant, mais cette idée m’est venue de Canal + (rires).  En fait, je suis tombé sur un concept qui marche plutôt bien à Paris qui s’appelle le « Pop Up store Oberkampf «  , et j’ai trouvé ça hyper sympathique de mettre en place une sorte de synergie, ou un lieu d’échange où l’on retrouve différentes sortes d’arts, avec de l’expo vente en milieu, de la musique, de la bouffe et de la boisson. Et je me suis dit que ça pourrait être intéressant de mettre ça en plein centre de Lille, de créer une boutique éphémère et de permettre à ces marques qu’on ne retrouverait pas obligatoirement dans la ville ou seulement en ligne, de pouvoir représenter leur produits.

On est à quelle édition là ?C’est la 4e édition, il faut dire qu’au départ on avait fait une édition en février dans les locaux de l’université catholique (de Lille ndlr) pour tester le concept et on a trouvé l’espace Inkermann où l’on monte la boutique depuis septembre. Cette édition ci est pour préparer la saint valentin.

Concernant les exposants, tu les choisis ou eux se présentent, comment ça se passe ?Au départ, on avait choisi les créateurs, parce que le Ustore est basé sur une sélection assez pointue de notre part. Puis au fur et à mesure, des marques ont entendu parler de nous et nous ont contacté, comme Stamps, qui est une marque de teeshirts d’ici qui étaient venus à une édition et avaient aimé le concept, Vantis qui font des parapluies aussi. Après nous en avons contacté d’autres comme Dagobear que nous avons rencontré au pop up store à Paris, d’autres qu’on a trouvé sur internet comme Moskovar, puis Constance L que nous avons contacté par une prescriptrice qui s’appelle « La Mode by Leti » qui a parlé de nous.

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Site internet :http://ustore.clozfor.me/

Page Facebook :http://www.facebook.com/Ustorre

Photographies : Clozfor.me / Max Ltnr

Je vois des créateurs donc, mais aussi un stand « fooding »Oui, on travaille avec Perrine qui est notre artiste cupcake depuis le début de la boutique éphémère. On se disait que ça correspondait au côté « découverte » qu’on voulait mettre en place et Perrine nous a contacté tout de suite. Du coup, à chaque ouverture Ustore, on a une boulangerie cupcake qui marche plutôt bien parce que c’est aussi l’une des marques qui reste exclusivement dans notre boutique Ustore.

Tu comptes faire évoluer ce concept Ustore dans le futur?En fait on s’est rendu compte que les marques et les boutiques éphémères de ce genre existent dans d’autres villes de France (Paris, Marseille , Lyon). On s’est dit qu’il était intéressant de développer une sorte de synergie entre toutes ces boutiques et pourquoi pas, pouvoir permettre aux créateurs de toutes les visiter, c’est une idée de développement en France, et aussi en Belgique pourquoi pas, qui permette à des marques d’être plus présentes. Donc on se situe entre le salon et la boutique, mais toujours avec le côté éphémère.

En dehors du Ustore, tu avais évoqué l’idée de showcase, est ce que tu peux nous en parler ?Oui, on est en train de bosser sur un nouveau concept, qui est en plein centre de Lille, une galerie d’art où on permettrait aux marques « plus costauds  » que des jeunes créateurs d’avoir une boutique en nom propre, l’idée est de proposer aux

marques de rester pendant un mois en plein centre de Lille. Nous sommes en pleine discussions avec des marques comme Feiyue, qui présenterait leurs produits d’une manière plus artistique. On espère que ce sera mis en place pour 2012, avant le début de l’été. Si on arrive à faire ça, on pourra montrer que Lille est une ville qui bouge et qu’on a la possibilité de créer des boutiques sympathiques.

Donc la prochaine édition du Ustore est prévue pour quand?Luc : le prochain ustore aura lieu le 7/8/9 septembre au Palais Rameau un monument historique de la métropole.

Il y aura plus de marques? qu’est ce qui le différencie des éditions précédentes? Luc  : la différence par rapport aux éditions précédentes, c’est qu’il y aura plus de marques, 100 au lieu de 20, un espace de 2000 m² , qui nous permet de développer le concept avec un restaurant éphémère installé pour l’occasion de Pause forme ou les visiteurs pourront prendre un brunch, une live room avec des concerts tous le week end d’artiste tel que Label rose, Pink tee et des Dj Sets , une créative room ou des magasin tel que nike Lille, Factory Design du vieux lille ou le spa Clarins, qui vont créer des ateliers spécifiques pour les visiteurs.

Hey bien merci Luc ! As-tu un dernier mot à dire pour les lecteurs ?Je n’ai qu’un mot à dire, venez faire du shopping, venez boire un verre, venez écouter de la bonne musique, de bons djs et de vrais créateurs dans la boutique Ustore !

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LE DRESSING

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HOMME

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LE DRESSING

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LOCAL HEROES

LE COLONEL MOUTARDELe blog La boutique Facebook

Comment aurions-nous pu résister à l’idée de vous faire partager notre fétichisme avoué et adoré. Rassurez-vous, il ne s’agit pas de combi cuir-latex-vinyle-viens-prendre-ta-fessée quoique je vous l’assure, certains membres de la rédaction soient assez tordus. Non ici, vous l’aurez deviné, on vous parlera de Nœud Papillon. Et quoi de mieux pour assouvir ce désir irrésistible de vous habiller le bas du cou que de vous présenter une marque qu’on aime beaucoup, lilloise de surcroit, Le Colonel Moutarde. On vous passera les blagues foireuses militaires ou culinaires qui piquent au nez (et merde), voir même celles du Cluedo pour ceux d’entre vous qui ont eu la chance de découvrir qui a tué ce fameux salop de Docteur Lenoir qui n’en finissait jamais de mourir, encore et encore.

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Allons au but, le Colonel Moutarde, c’est l’histoire de Clémence et Rémi, en couple dans le travail comme dans la vie qui, un peu par hasard, se sont mis à produire et vendre ces petits bouts de tissu il y a un peu moins

d’un an. « Remi ne trouvait pas le nœud qu’il voulait pour un mariage (qui est d’ailleurs vite devenu un de leur terrain de jeu favoris), il a du coup décidé de le faire lui-même. Puis se prenant au jeu, il s’est amélioré et en a fait une dizaine d’autres. Je trouvais le résultat très sympa, pourquoi ne pas les vendre ? » Banco, il n’en fallait pas plus à nos deux larrons pour se lancer. De fil en aiguille, de brocantes en marchés, de tissus en tissus, les nœuds pap’ se multiplient et notre intérêt aussi. En couture, rien ne se perd rien ne se créé, tout se transforme. Chaque étoffe faisant l’objet d’un coup de cœur se mue alors en création, quitte à sortir des carcans habituels de la mode  « il suffit qu’on craque sur un tissu et hop on fait un nœud. Notre truc ce n’est pas de suivre la mode, plutôt même d’éviter les choses trop évidentes, on aime bien sortir du cadre ». Rien d’étonnant donc de ne retrouver leurs créations qu’en série très limitées voire en pièces uniques, et c’est tant mieux. Pas mal pour un projet qui n’était pas censé prendre autant de place, mieux encore Le Colonel compte bien prendre ses quartiers dans le Vieux Lille où une collection cuir devrait même pointer le bout de son col.Tout est dit ou presque, on laissera le mot de la fin, par galanterie disons, à Clémence qu’on ne saurait contredire sans nous tirer une balle dans le pied « définitivement, le nœud est LE nouvel accessoire » Amen sister.

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REPORT

LILLE IN PROGRESS

Il y a des noms qui ont fait le streetwear d’aujourd’hui, Carhartt en est un digne représentant. Créée en 1884, la marque (Hamilton Carhartt Manufacturer) se destinait d’abord au workwear de qualité, pour faire face aux exigences de l’environnement dans lequel évoluaient les ouvriers. Dans les années 90, le hip-hop et la street culture s’est emparé de ces vêtements et a complètement changé l’image de la marque. Carhartt a su s’adapter et décliner des lignes plus « mode » sous le nom de Carhartt WIP (Work In Progress), en s’associant avec d’autres grands noms du milieu, notamment A Bathing Ape, A.P.C ou Adam Kimmel.

Par Victor Tessier Photos : Max Ltnr

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Aujourd’hui, c’est à Lille que Carhartt WIP décide de s’installer, en ouvrant une boutique en son nom propre, rue Lepelletier. Une bonne occasion de découvrir un univers encore trop peu présenté dans

la région.

L’inauguration a lieu le jeudi 30 août, deux jours avant la fameuse braderie de Lille, une date bien choisie donc, puisque la boutique profitera d’une bonne exposition dès son ouverture. Le coup d’envoi est donné à 19 h, et c’est sous une pluie battante que les gens commencent à arriver. Doucement, très doucement même, la boutique se remplit, on regarde, on n’ose pas toucher, et on jette un coup d’œil à l’extérieur : ce sont maintenant plus de 200 personnes qui sont réunies sur la petite place en face de la boutique, certains attendent leur tour pour récupérer leur Heineken gratuite, d’autres sont simplement là pour faire prendre l’air à leurs Vans immaculées et rôder leur nouvelle New Era.

La boutique maintenant. Toute en longueur, murs en briques blanches d’un côté, grande baie vitrée de l’autre, l’esprit workshop est clairement là, et on s’y sent bien  ! Un immense logo Carhartt fait de néon orne le mur, au cas où on aurait oublié où on se trouvait. C’est définitivement un endroit à voir, aussi bien pour l’esthétique que pour son con-tenu. Il ne reste plus qu’à attendre si on y trouvera de belles exclusivités comme Carhartt sait nous montrer, et puisqu’on veut nous faire croire que les temps sont durs, autant bien se préparer si on doit bientôt se retrouver à l’usine, n’est-ce pas…

Site officiel :http://www.carhartt-wip.com

Page Facebook :http://www.facebook.com/Carhartt.Store.Lille

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CINEMA

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ROULETTE RUSSE

Quentin Dupieux

C’est aux côtés de Michel Gondry avec

lequel il réalise plusieurs clips que Quentin Dupieux débute sa carrière. Dès 2001, avec son premier moyen métrage, le bien nommé Non-Film, il plante son décor et annonce la couleur. La première image est celle d’un chien seul dans un désert californien. Désoeuvré, il fuit la caméra embarquée qui le poursuit. Noir. S’en suit le réveil de Vince, interprété par Vincent Bergoley (que l’on n’appelle pas encore Kavinsky) au beau milieu d’une ville fantôme, où se déroule le tournage d’un film dont il semble être le personnage principal. Après quelques scènes tournées, il tue malencontreusement une partie de l’équipe technique mais décide de poursuivre le tournage. Cette mise en abyme grotesque n’est qu’une enfilade de non-sens et les premiers pas d’un cinéaste qui fera du « no reason » l’âme de tous ses films. Avec Non-Film, Dupieux, un poil capricieux, veut prouver qu’il peut faire un film différent de tout ce qui existe déjà. C’est sans scrupule qu’il dynamite tous les codes du cinéma, son film, il le sait ne sera pas regardable. Pas de musique. Pas de cadrages « corrects », mais une caméra épaule folâtre, qui zoome et dézoome sans arrêt. Pas de découpage. Pas de montage, mais une cinquantaines de plans séquences mis bout à bout que les mouvements absurdes de la caméra rythment. Avec cette marginalité revendiquée, les réalisations de Quentin Dupieux s’apparentent plus à des œuvres d’art qu’à des films. Le cinéaste s’octroie la liberté de créer une œuvre personnelle sans se soucier de la manière dont elle va être comprise. Il essaye de ne rien s’interdire et n’hésite pas à endosser toutes les casquettes

(scénariste, chef op, directeur de la photo, directeur des

acteurs, montage, compositeur) pour que son film soit fait à l’instinct et comme son esprit le conçoit. Il vit le tournage de ses films plus qu’il ne le dirige.

Les deux longs métrages de Dupieux s’inscrivent dans cette veine absurde. Mais le réalisateur délaisse la caméra folle, et les plans séquences interminables de Non-Film pour des images fixes et soignées. Il ne se prive pas non plus de réaliser la bande son de ses films qu’il co-signe souvent avec ses potes de Ed Banger. Steak (2006-2007), savant « mélange de Brice de Nice et d’Orange mécanique » mérite d’être compté parmi les films cultes pour cette subtile dualité. Malgré la présence d’Eric et Ramzy, Steak n’est pas une comédie mais un drame comique, profondément satirique, traité de manière

La sortie de Stade 3 le 25 avril dernier, la présentation de Wrong Cops à la quinzaine des réalisateurs et la sortie, dans les salles obscures, de Wrong le 5 septembre ne vous auront pas échappé ; Quentin Dupieux, tantôt cinéaste, tantôt musicien, demeure plus que jamais présent en 2012. Remarquable touche à tout, il change de casquette avec une aisance déconcertante et ne manque jamais d’audace pour réaliser des films conceptuels aussi fascinants qu’agaçants. Retour sur la carrière ciné de ce drôle d’Oizo.

« Une enfilade de non-sens »

« L’horreur flirte

systématiquementavec l’humour »

Par Lise Beuve

L’ART DU GRAND N’IMPORTE QUOI

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La sortie de Stade 3 le 25 avril dernier, la présentation de Wrong Cops à la quinzaine des réalisateurs et la sortie, dans les salles obscures, de Wrong le 5 septembre ne vous auront pas échappé ; Quentin Dupieux, tantôt cinéaste, tantôt musicien, demeure plus que jamais présent en 2012. Remarquable touche à tout, il change de casquette avec une aisance déconcertante et ne manque jamais d’audace pour réaliser des films conceptuels aussi fascinants qu’agaçants. Retour sur la carrière ciné de ce drôle d’Oizo.

« L’horreur flirte

systématiquementavec l’humour »

CINEMA

L’ART DU GRAND N’IMPORTE QUOI

c o m p l è t e m e n t décalée mais froidement mis en scène. Cependant trop inabouti, il

passe aisément pour une capture de délires personnels sans intérêts et s’attire le blâme de tous les critiques. De ce Steak saignant, Dupieux n’en tire qu’une leçon : tourner en anglais pour toucher un public plus vaste. Bien plus abouti, Rubber (2010) se dote d’une photo délicieuse et d’un scénario des plus gonflé. Ce thriller horrifique met en scène le road trip d’un pneu serial killer que suivent avec exaltation nos doubles écervelés à l’écran (un groupe de spectateurs venu se délecter du « spectacle »). Un véritable OVNI cinématographique où l’horreur flirte systématiquement avec l’humour, révélant la noirceur constante des films de Dupieux. En effet, aucun personnage ne sort grandi de ses aventures, on pense à Vince de Non-Film, Blaise et Chuck dans Steak et les spectateurs de rubber. Une cruauté infernale à l’égard des êtres humains sont souvent vides et irrécupérables, qui fait écho au très célèbre « vous êtes des animaux vous allez crever ». Une sorte de transfert de vie s’effectue au profit d’objets insolites personnifiés et beaucoup plus humains que les hommes eux mêmes.

Une question demeure, comment Dupieux fait-il pour arranger de tels scénarios ? Explication du chef : « J’écris mes films toujours d’une manière assez aléatoire. Une fois que j’ai fixé tous les éléments au hasard, je les relis entre eux pour créer une logique ensemble. J’essaye de ne pas avoir trop de contrôle ». Une manière de faire qui n’est pas sans rappeler celle des surréalistes et ses principes énoncés dans le manifeste d’André Breton. Des films cadavre exquis donc, qui ne peuvent qu’être détonants. Dupieux se dérobe ainsi au rôle de

réalisateur manipulateur préférant créer « son propre monde qui dérange » où chacun y voit ce qu’il veut « Ce qu’une personne doit penser à telle ou telle scène, c’est le problème de chaque spectateur, pas le mien. » Indéniablement, Quentin Dupieux est parvenu à inventer un non-cinéma qui est à prendre avec des pincettes. Conseil pré-visionnage : débrancher quelques neurones, se brancher sur le mode 4675e degré et bannir la question « mais pourquoi ? » pour y préférer « pourquoi pas ! ». Dissimulée par l’absurde et l’insolence, la profondeur de ses films a longtemps été sous-estimée. Toujours est-il qu’aujourd’hui, l’ex poulain de Michel Gondry est en compétition avec Wrong, contre son ancien maître au festival du cinéma américain de Deauville.

Le Nœud Pap’ a rencontré Dupieux en off au festival du cinéma américain de Deauville, ce dernier nous a confirmé qu’il bossait en ce moment avec Alain Chabat pour son prochain film. Mais c’est encore un secret !

« Inventer un non-cinéma »

Site Officiel Mr Oizo :http://www.oizo3000.com

Vidéos et bande annonces :http://vimeo.com/user1346942

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C'ETAIT MIEUX AVANT

Ah  ! Mais où sont-ils passés, les regards implorants, les Noir & Blanc

romantiques, les courses effrénées, les accents russes et les destins tragiques ? En un mot comme en cent, reculons promptement, c’était bien mieux avant.

En fait, si c’était mieux avant, tout ira bien plus tard, vous verrez. C’est ce que semble me chuchoter Quand passent les cigognes, entre deux secousses sismiques de frissons dans l’échine.

L’intrigue est pourtant dramatique et plutôt basique  : Boris et Véronika sont deux amoureux sur le point de se marier lorsque la Russie entre en guerre contre l’Allemagne. Boris veut servir son pays et combattre les Nazis pour la plus grande peine de Véronika, condamnée à attendre une lettre de Boris

qui tarde à arriver, et à subir les assauts de son cousin Mark, la figure du petit salopard détestable à retardement.

Le film surprend avant tout par une technique mêlant classicisme et audace  : certaines scènes prennent racine profondément dans le théâtre et l’ère muette du cinéma, offrant des gros plans intimidants et dramatiques, alors que d’autres semblent tout droit issues d’un film d’action contemporain (spécialement la scène de la fuite de Véronika, qui utilise la technique de la caméra « très » embarquée). Certains travellings sont réellement fascinants, embarquant le public dans les instants forts du film. On a peine à imaginer qu’une caméra aie pu se glisser dans certains de ces plans, qui semblent passer au travers des décors et des figurants.

Quand passent les cigognes

Titre original : Letiat Jouravlij Genre : DrameDurée : 1h30Sortie : 30 novembre 1957Réalisation : Mikhail KalatozovCouleur : N & B

Par Tristan Baldi

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La justesse de la réalisation a pour conséquence directe de vous propulser tour à tour au milieu d’un bombardement, d’un marécage boueux, d’une soirée mondaine regroupant bourgeoises émoustillées et gros lards planqués, ou dans une ville initialement rieuse, aux prises avec cette drogue qu’est un amour naissant entre deux jeunes gens («  Oulala  !  », en français dans le texte).

Le timing impeccable du film et la justesse des acteurs sont saisissants  : si l’on n’a pas ici des explosions en 3D et des gros barbus venus tout nettoyer à la sulfateuse, on tombe à fond dans l’instant présent et dans la psychologie des personnages  : tiens ?! Les protagonistes ont des sentiments, des moments de folie, et même du charisme  ! On peut tout lire, tout deviner sur ces visages. Il y a l’amour, bien sûr, mais aussi la tendresse, la peur, la jalousie, l’empathie, la détresse, la résignation, la haine, le dégoût, la soumission, le désir, et surtout l’incertitude. Pendant que l’un affronte les épreuves de la guerre, l’autre affronte celle, non moins dangereuse, du temps. L’un est un héros, l’autre est une spectatrice éloignée, juchée sur une boîte aux lettres qui ne se remplit pas. Lui est loin et sur le terrain. Elle affronte le quotidien, vit dans l’attente et cherche à échapper à un sentiment d’inutilité croissant.

Il y a dans le début de ce film une forme d’innocence qui n’est pas sans rappeler un de mes films favoris : La Cage aux rossignols de Jean Dréville (honteusement plagié par Christophe Barratier avec Les Choristes), qui fleure bon la nostalgie. Pourtant, l’on comprend rapidement qu’il ne s’agit pas d’un film léger et bon enfant. S’en suit une scène incroyable lors de laquelle Véronika se retrouve dans son immeuble bombardé, seule face à une horloge miraculée imposant son lourd «  tic, tac  » et semblant se moquer de la misère des hommes en regard de l’infinité du temps. Et que dire de la magnifique Véronika, magistralement portée à l’écran par Tatyana Samojlova  ! J’en serais presque tombé amoureux, si votre serviteur n’avait déjà toutes les femmes à ses pieds.

On ressort de ces 90 minutes de bonheur un peu sonné, hésitant : les dernières images portent un tel espoir et dévoilent une telle force humaniste qu’on a bien de la peine à reprendre la barre du quotidien, et le film dans son ensemble est si puissant qu’on aurait presque peur de se forger une opinion. J’ose, et je le scande : Quand passent les cigognes est un petit chef-d’œuvre qu’on aurait bien tort d’esquiver.

CINEMA

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NATURE PEINTURE

On se fixe. On ne moufte pas, on assume. On garde la nuque raide et le regard fixe. Ne pas penser à la 5ème de Beethoven,

ne pas penser à Kubrick. Il faut reconstituer et remettre les choses dans l’ordre. Je suis en train de me faire laver le cerveau par une pâle copie de thriller, tout me semble embrouillé. Il y avait ce type, ce… Will. Il était prof dans une classe de gamins tellement « difficiles » qu’ils ne savaient pas orthographier le mot « Fuck ».

Oui c’est ça, Will. Il avait une femme pédante et superficielle, et ils avaient l’air d’être heureux, ils se passaient des colliers autour du cou dans un club branché de la Nouvelle Orléans, et il lui offrait des bijoux très chers parce que c’est comme ça qu’on montre en 15 secondes de film qu’un homme aime sa femme.

Donc ils étaient heureux, je suppose. Puis lui est allé jouer aux échecs dans un club comme tout bon prof de littérature, et il a

consciencieusement éteint son téléphone pendant qu’elle se faisait violer par un salaud dans une rue très éclairée. En allant voir sa femme il était triste, alors il cassait une poubelle dans les toilettes de l’hôpital. Et puis, cet autre gars, ce… Simon ? Il inspirait la confiance, avec son costard à 12 briques, son air de démineur russe et son calme bovin. C’est pour ça que Will acceptait son offre –qui ne l’eût fait ?- et échangeait le meurtre du violeur de sa femme contre un « petit service ultérieur ».

Will est pas con, il est déjà chez Free lui, on la lui fait pas. Il sait parfaitement où il met les pieds.

Ensuite tout s’est accéléré, et ça a empiré. Le violeur, qui portait des Python boots et buvait son whisky au goulot dans sa tanière de sadique sale et méchant, se fait trouer la peau. La femme de Will oublie toute cette histoire, tout ça s’est passé il y a 6 mois. Elle a tourné la page, même si elle se procure une arme et demande un verrou de plus à la porte de l’appartement.

Mais contre toute attente (vite fait), Simon revient à la charge et demande à Will de tuer un type. Will refuse et se met toute l’organisation à dos, et les flics. Il est seul contre tous, alors il braque une super bagnole qui lui permet de semer des flics, de lire les DVD de preuves amassées ça et là, de passer des coups de fil, d’enfoncer un Box de stockage, de dormir et de se la péter devant le voiturier. Ce faisant, il mène son enquête. Il remonte toute la filière et se fait blanchir à tous niveaux, non sans un carnage final dans un centre commercial dévasté. « C’est tout de même fou, hein, que ce centre commercial soit toujours abandonné depuis le passage de l’ouragan ! » Merci Simon, je me demandais aussi.

Une fin obscure qui ressemble à l’annonce d’un second opus provoque quelques soupirs étouffés dans l’assemblée. Attendez voir. L’assemblée ?

C’était donc bien ça, la dure vérité me rattrape. Les lumières s’éteignent et je risque un coup d’œil alentour. Une foule informe se faufile vers la sortie de la salle, l’œil hagard, le sourcil ras. Esquivant les multiples flaques de matière grise fondue qui jonchent le sol, je m’arrache à l’obscurité et me rue devant l’affiche qui orne la porte de ma prison. Le Pacte. Je m’étais pourtant juré…

LE PACTEPar Tristan Baldi

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LE PACTE

CINEMA

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CULTURE GRAPHIQUE

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LOCAL HEROES

DOUGLAS MCWALLFacebook Flikr

“Cette photo commence à dater, c’est une des premières séries que j’ai faite avec Rebecca. C’était chez un ami Parisien, son appartement est un authentique musée de chasse ! Rebecca n’est pas modèle pro mais elle fait certainement partie des filles que j’aime le plus shooter, elle a une vraie présence et dégage beaucoup de choses sur chacune de ses photos. Et puis c’est toujours un plaisir de la faire se balader en petite culotte ! (Reb si tu lis ça tu auras le droit de me foutre une baffe)”

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“Ca faisait un moment que je voulais shooter avec Elise, pour l’occasion elle s’était achetée un maillot de bain Chanel rouge, tout de suite j’ai pensé à faire des photos d’elle avec ma Mustang. La couleur du maillot et le fait que ce soit un une-pièce faisait ressortir le coté chic des sixties. C’est la première photo de cette série, et l’une de mes favorites. C’était aussi l’occasion de tester mon nouveau boitier: le 5D Mark III, un vrai monstre. Finalement j’ai shooté toute cette série au 300mm, ce qui peut paraître long, mais depuis je suis tombé amoureux des longues focales.”

“Première journée de shoot avec Elise, sur la plage du Touquet. C’était avant tout une journée test pour le lendemain (shoot avec la Mustang). J’aimais beaucoup le fond turquoise, qui se mariait très bien avec le maillot d’Elise. La glace que j’avais acheté était dégueulasse, je l’avais à peine eu en main qu’elle se mettait à couler ! Elise en avait partout au final, mais j’ai tout de même réussi à avoir la photo que je souhaitais.”

“Cette photo a été prise lors d’un shoot pour Marie-Claire (Indonésie). La directrice artistique me contacte 2 jours plus tôt à 22h, me disant « tu vas devoir me faire 8 pages en noir & blanc, booker tel modèle chez IMG, un MUA (Make up Artist) et un hair-stylist’  » tout ça juste avant la fashion-week... Bref c’était un peu la panique ! Finalement tout s’est bien passé, j’ai eu l’occasion de bosser avec une très bonne équipe, on a shooté des looks YSL, Hermès, ainsi que des créa de stylistes Indonésiens.”

Culture Graphique

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LOCAL HEROES

“C’était un samedi après-midi, je m’occupais d’un projet secret pour un pote avec The Coo-lege. J’avais mon petit baby sur moi (mon argentique chéri) et j’ai immortalisé cette bonne journée sur un bout de ma pel-licule. Okay je fais genre que j’ai un gun, mais quand t’es avec des personnes d’Afrique, tu te sens tout de suite comme dans un gang à l’américaine.”

“Pour celle là, j’étais avec Laura, j’avais envie de faire des photos de cette journée fraîche et ensoleillée. On a fait un tour et une petite voix m’a soufflé d’aller aux jeux pour enfants à côté du zoo, Laura est de petite, je pense que le rapprochement avec les jeux pour enfants est venu de là. Je trouvais le manège très cool, ce qui a donné cette photo.”

WILOU DSAINBAYONNESite web

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037Culture Graphique

“Le jour de la braderie de Lille avant la tempête ! Collier Benibla fraichement acheté, Antoine prend le necklace et tape une pose assez cool avec sa casquette SNCF. A peine le temps de baisser les bras que les rouages de mon appareils s’étaient déjà déclenchés, appelle moi Lucky Pict (rires).”

“J’ai toujours rêvé de faire un truc comme ça. Donc j’en ai profité, une vieille télé sans écran, c’est cool. Au début je voulais mettre ma tête dedans mais j’ai vite changé d’avis, je n’avais pas pensé aux bouts de verres et de fer à l’intérieur. Donc je me suis dit que j’allais le mettre simplement devant quelque chose et voilà.”

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“Cette photographie, je l’ai prise avec un appareil argentique muni d’un boitier étanche. C’est le genre d’appareil que l’on reçoit gratuitement après avoir répondu à un questionnaire interminablement chiant, et c’est avec cet appareil que j’ai fait de loin, mes photographies couleurs préférées ! L’été dernier, je suis partie avec cet appareil au Maroc, à Skrirate près de Rabat où vit ma famille et où je vais régulièrement voir des amis. Lui, il s’appelle Ayoub. C’est un excellent surfeur, il passe sa vie dans l’eau à surfer, ce jour-là il n’y avait pas beaucoup de vagues et on est parti s’amuser avec des planches en mousse au loin. Je venais de débiter une connerie, il rigolait.”

LOCAL HEROES

NADIA BELLA

“Je venais à peine d’arriver aux États-Unis, en Californie. De toutes les villes de Californie que j’ai pu visiter, celle-ci est celle qui m’a le plus touchée. Je passais ma première nuit dans un hôtel situé dans le downtown de San Francisco. A peine après avoir déposé mon sac, je suis partie muni de mon 450D avec un objectif 18-200. C’était très glauque, le ghetto mais très inspirant ! Je croisais des graffeurs cagoulés avec leur énorme ghettoblaster, il y avait de magnifiques graffs partout et des sans-abris complètement défoncés mais jamais personne n’était désagréable ou dérangeant, au contraire tout le monde était très poli, des gens qui chantaient dans la rue etc.. ! J’étais passée par le parking où se trouvait la voiture, je repartais vers l’hôtel et suis passée devant ce téléphone. Les lumières colorées autour de moi étaient parfaites, je ne sais pas vraiment pourquoi “cette” photo mais l’environnement, les lumières sombres etc.. ça reflétait vraiment le quartier !”

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“Ca faisait déjà un moment que j’étais au États-Unis, et Los Angeles plus particulièrement Venice beach, le point d’exclamation de mon voyage ! Tout ce que j’avais imaginé, je l’ai vu. Je sortais de l’eau, je venais de surfer. Franchement, fallait voir la tête que je tirais en me baladant là bas, une enfant ! J’avais 5ans, les yeux ébahis, et limite la bouche ouverte ! L’univers dans lequel tu rêves vivre, il est là, devant toi, ça existe vraiment ! J’arrive près du skate park il y avait plein de Low Bikes, de Longboard skate, des surfeurs en masse, de mecs qui rap, et des filles qui passent en maillot de bain en rollers ... le cliché ! Je suis partie m’acheter une longboard skate que je souhaitais depuis 1ans, en voyant le skate park. J’ai squatté, je l’ai regardé, j’ai pris cette photo, j’ai rencontré un mec et puis on est partis skater !”

Culture Graphique

“Petit séjour à Paris avec deux amis, Louise et Kevin, qui sont en couple depuis des années. Et tu connais ? Ce genre de couple qui te donne la sensation d’être en couple avec eux ? Mes amis les plus proches à cette époque, on se trouvait chez un pote que l’on avait tous en commun. Après une soirée arrosée on dira, ils ont commencé à se laisser aller, et ça a fini dans la douche. Souvenir génial.”

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LOCAL HEROES

Laetitia TaschattFlikr Walk in Your shoes

WALKING IN YOUR SHOES

D’où t’es venue cette idée de photographier les chaussures des artistes ?Après des études en faculté d’arts plastiques, je choisis la photographie comme médium principal de mon travail. Je photographie d’abord mon frère pendant plus de dix ans dans son quotidien. Passée cette «obsession» je me passionne pour les chaussures.  Mais par n’importe quelle paire de chaussures. Celles célèbres ou en passe de le devenir.Pour cela je fréquente donc le milieu de la musique et plus particulièrement celui d’un nouveau genre « le rock électro»Depuis, je photographie des musiciens ... (live report, photo de presse, portrait ..) Confirmés ou non, célèbres ou pas encore.En attendant de retrouver, à nouveau, une nouvelle obsession.Au départ je photographiais les miennes pour reconnaitre quelles paires étaient dans quelles boîtes ... On peut imaginer le nombre de paires de chaussures que j’ai....La toute première paire que j’ai photographié est celle des Stuck in The Sound. Elle leur a plu toute suite et ils l’ont utilisé en avatar Myspace bandant leur Buzz grâce à leur titre «Toyboy» donc ça m’a permis de «buzzer» aussi ... Les autres groupes parisiens voulaient tous leur photo de chaussures ....

On peut considérer cette série comme une vraie étude sociologique, qu’est-ce que, pour toi, les chaussures reflètent sur une personne ?J’ai choisi les chaussures des rock stars au départ, parce qu’elles avaient un vécu plus visible ...

Quand on monte sur scène on prévoit sa tenue. Mais les chaussures sont la plupart du temps choisies pour leur confort et leur look. Rares sont les artistes qui ne les gardent pas après le show.j’aime me dire que leurs chaussures ont elles aussi fait le tour du monde.

On nous a dit que The Shoes tenaient leur nom de toi, tu peux nous raconter cette histoire ?En fait, la création du groupe s’est faite en même temps que le buzz de ma photo des Stuck, Je sais qu’à cette époque le groupe the shoes était un vrai mystère, on disait que c’était des lycéens, qu’ils n’étaient pas majeurs, ou au contraire que c’était des membres d’autres groupes de musique .. je me souviens même que certains pensaient qu’ils s’agissait des mecs de Justice.L’un des membres du groupe m’avait contactée via Myspace à l’époque pour me dire qu’il adorait les Stuck et cette photo. J’avais plaisanté sur le fait que j’étais la personne la mieux placée pour les photographier du coup et que j’étais peut être la source de ce choix de nom de groupe. Il n’avait pas dit oui mais il n’avait pas dit non non plus ..J’ai perdu de vue le groupe ça me rend un peu triste de ce fait, mais j’ai déjà une photo de leurs shoes donc tout va bien et je suis ravie que le groupe fonctionne et ait autant de succès.

En dehors de cette série, as-tu un/des thèmes récurrents dans tes photos?J’ai photographié mon frère pendant 10 ans ... donc j’aime travailler longtemps sur le même thème!  

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041Culture Graphique

WALKING IN YOUR SHOES

J’aime aussi photographier les fans, les groupies, les gens qui se lâchent au maximum lors des concerts. Ce que je peux faire au Festival de Dour par exemple. C’est génial de voir la passion de certains à travers celle des autres. 

Si tu devais faire le shooting de quelqu’un qui te tient à cœur, qui choisirais-tu?J’ai déjà photographié le groupe que j’adorais à mes 15 ans (Incubus) qui m’invite à chacune de leur venue en france ou en Belgique (d’ailleurs ils reviennent en juillet à Arras) Mais j’aimerai revenir des années en arrière et photographier mon idole à l’époque de sa gloire: France gall pendant ses collaborations avec Gainsbourg.

On sait que tu passes énormément de temps dans les salles de concert et festivals, certains groupes sont-ils plus facile à approcher que d’autre ? Qui as-tu pu approcher et avec qui tu te sens le plus à l’aise ?

Les groupes restent simples la plupart du temps. Comme ce sont eux qui m’invitent je n’ai pas trop de

mal à les approcher. Ils ont tous plus ou moins entendu parler de «Taschatt» parce que tout le monde connait tout le monde et que j’ai de la chance, mes photos circulent pas mal sur les blogs et les réseaux sociaux.quand ils viennent à Lille en plus ils ne sont pas «débordés». Par exemple une fois j’ai croisé en club les Phoenix. Je demande sans insister si je peux photographier ses chaussures, ça l’étonne et il me dit qu’il connait un groupe parisien qui utilise leur photo de chaussures comme photo promo. Evidemment je demande si il ne s’agit pas des Stuck et là le bassiste me demande «ah mais c’est toi Taschatt ??»Et puis demander une photo de chaussures c’est beaucoup plus simple que de demander de poser pour un portrait.C’est ce qui m’est arrivée à Dour avec Metronomy. Sur le moment je sentais bien qu’il ne fallait pas les déranger ... Donc je n’ai rien demandé j’ai photographié leurs chaussures de loin. Forcément le chanteur m’a demandé ce que je faisais. Il a du me prendre pour une tarée.

“Pour l’histoire de la photo des shoes de Justice, il s’agissait de la ED Banger party sous la tour Eiffel. J’étais invitée par Mr Flash et  pour garder notre table et notre place assise, une de mes amies et moi avions bu trois bouteilles de rosé. Quand j’ai retrouvé Gilles un peu plus tard (Mr Flash) j’étais un peu saoule et j’ai demandé à Xavier si je pouvais photographier ses chaussures. La proximité, le monde et l’alcool ont fait que je n’avais qu’une seule image .. complètement floue.”

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LOCAL HEROES

“Pour la photo de gossip, j’étais sur le coté de la scène au mainsquare festival, invitée par les Pony Pony Run Run j’avais eu la chance de choper un pass all access. J’ai discuté tranquillement avec la batteuse et je lui ai demandé un peu plus tard. Elle m’a sourie ... Je crois que j’avais une touche (rires)”

“Pour l’histoire de la photo d’ Atari teenage riot, le groupe est fortement engagé, politiquement, pour le bio, l’écologie ... Je demande à la fin du concert au sublime leader Alec Empire (qui range lui même les instruments) si je peux photographier ses chaussures “of course, darling” .. et là il rajoute “Ce sont des Dior que j’ai achetées à Paris, regarde ce raffinement dans le détail” ... Bien pour un groupe qui se dit “anarchiste””

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“The Do : j’ai eu la chance d’assister à pas mal de concerts du groupe, Olivia est sublime, elle choisit toujours des fringues étonnantes... J’aime être surprise par ces choix, surtout par celui de ses chaus-sures ...”

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DERRière l'objectif

EUDES DE SANTANASite web

Ils sont les enfants de Larry Clark et envahissent les tumblr. Qui sont ces photographes à la mode qui mêlent provocation, érotisme et charmes marginaux. Le Nœud Pap’ en a sélectionné quatre, pour vous, à (re)découvrir.

COVER FOR NEON MAGAZINE, GERMANY, FEBRUARY 2012

Shoot for CSS’s LOVEFOXXX FOR SPIN MAGAZINE, USA, SEPTEMBER 2011

COVER EDITORIAL FOR OZON MAGAZINE #83 AND EDITORIAL FOR OZON MAGAZINE #83 #85, GREECE

VICE STYLE ADVERTISEMENT PUBLISHED IN VICE SPAIN

EDITORIAL FOR LAMONO MAGAZINE #69 #76 #78, SPAIN

BE TWISTED CAMPAIGN FOR LIBRESSE SCANDINAVIAN

JULIA PETIT FOR REVISTA GLOSS #48, BRAZIL

EDITORIAL FOR TENDENCIAS FASHION MAGAZINE #164, SPAIN

MAIA VIDAL FOR VANIDAD MAGAZINE #182, SPAIN

COVER WITH DELOREAN FOR GO-MAG #109, SPAIN

EDITORIAL PUBLISHED ON VICE SPAIN ONLINE

Faits d-armes

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DERRière l'objectif

GUILLAUME LECHATSite web

Faits d-armes

FASHIONLOOKBOOK ‘NAT&SIN’ SPRING SUMMER 2012

& FALL WINTER 2011

LOOKBOOK ‘BLACKRAINBOW’ SPRING SUMMER 2011

LOOKBOOK ‘DEDIKATE’ FALL WINTER 2011 & SUMMER 2010

LOOKBOOK SWAROVSKI SPING SUMMER 2010 & AUTOMN WINTER 2010

LOOKBOOK DRUKS

MUSICSHOOT FOR NAÏVE RECORDS, CLASSIXX, LAURA IMBRUGLIA, THE WOMBATS FOR LUXURIANT MAGAZINE, THE BLACK RYDER FOR CYSTER MAGAZINE, CROOKERS FOR BH MAGAZINE, FOALS FOR CYSTER MAGAZINE, THE YUPPS, BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB, KID FINLEY, JUKEBOXCLUB, MADAME KAY, NORMAN DORAY, MAYA BARSONY, BERTRAND VAN KLEEF, THE FILM

PRESSSHOOT FOR LAG MAGAZINE, BH MAGAZINE, RAISE MAGAZINE, BEN TROVATO MAGAZINE, SO’ MAGAZINE, L’EDITO MAGAZINE, BY MUTATION PARIS

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DERRière l'objectif

MARLEY KATE Site Web

Faits d-armes

MUSIC & ARTISTS

SHOOT FOR : DAN COLEN FOR BLACKBOOK, THE VIRGINS FOR DEALER DE LUXE

PRESS

SHOOT FOR : NYLON MAGAZINE, BULLET MAGAZINE, VICE MAGAZINE, CARBON COPY MAGAZINE, HOMME STAR MAGAZINE, VICE STYLE, PIG MAGAZINE, TOKION MAGAZINE, THE CONTRIBUTING EDITOR, FIASCO MAGAZINE, DUJOUR MAGAZINE, SOKO ZINE

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DERRière l'objectif

RJ SHAUGHNESSYSite web

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Faits d-armes

FASHIONSHOOT FOR : NIKE, LEVI’S, ADIDAS, VANS, RAYBAN, STUSSY

MUSICSHOOT FOR ODD FUTURE

OTHERSHOOT FOR MICROSOFT

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CHEZ ABSOLT

Absolt, qui s’occupe de la mise en page du magazine, est un collectif fondé par de jeunes actifs passionnés, afin de réaliser des projets créatifs et événementiels.

A travers “Chez Absolt” et grâce au Noeud pap’, nous vous offrons l’occasion de suivre l’avancement du collectif créatif, suivant ses actualités an matière de projets de communication, reports et événements.

www.absolt.fr

shop.absolt.fr

ABSOLT CLOTHING

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MARKUS MANN : SO PROUD

L’artiste lillois, originaire de Washington, a fait appel à Absolt pour la création de son premier clip vidéo. C’était l’occasion pour nous de mettre à l’avant notre ville, dont nous sommes plus que fière.

ABSOLT IN THE USA

Le crew est parti à l’aventure cet été, une idée en tête: visiter la côte est des Etats-Unis, partir à la rencontre des gens et bien sûr, lâcher les chiens d’Absolt en plein teuf. Ce sont douzes villes en un mois.En attendant la vidéo complête, voici le trailer.

lien vers la vidéo

lien vers la vidéo

ABSOLT CLOTHING

LAST WORKS

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LE NOEUD PAP VU PAR

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WEEDLAYCulture Graphique

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LA VIE SELON MOOKY

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REPORT

par Charly Lazer

Venise est une toute petite ville et une civilisation à part. J’étais bien au courant qu’il n’y avait pas de voitures, seulement des bateaux dans des canaux. Au détour d’une ruelle, il peut arriver qu’on tombe sur un vase brisé, on a froid, on imagine qu’il est là depuis des lustres. C’est une cité immortelle, unique en son genre, qui dégage un parfum enivrant, nouveau, revitalisant. J’avais juste un grand besoin d’un weekend loin des mes habitudes. A Venise, quand on a peu de temps, et on a toujours un peu de temps à tuer à Venise, on se retrouve rapidement aimanté par deux gros ensembles d’art moderne et contemporain. Des usines, des temples, des aspirateurs artistiques monumentaux. On peut choisir le terme qui nous fait le plus rêver. Les Fondations Pinault et Guggenheim pour oublier pendant plusieurs heures l’histoire de Venise, des siècles à avancer lentement en laissant des traces, des cendres et des miettes qui coulent au fond de la lagune.

Punta Della Dogana fut le bâtiment

de la douane de mer vénitienne. Ce centre portuaire transformé en musée expose des œuvres de la collection François Pinault. L’Éloge Du Doute ou comment montrer dans ce haut-lieu originel de la valorisation d’objets quelconques que l’artiste est forcé de douter, de se poser des questions

essentielles, et que ce doute doit être considéré comme un cadeau fait à l’art. On y trouve 19 artistes, majoritairement vivants, qui ont ce point commun de s’être évanouis dans leur vision de l’art comme dans un plat de spaghetti, le message des œuvres présentées les ayant poussé à atteindre coûte que coûte ce qu’ils considérèrent comme un aboutissement. Quitte à se planter dans un mur comme le cheval de Maurizio Cattelan. Des surprises comme ce gros tas de gibiers empaillés signé Adel Abdessemed, algérien d’origine, comme l’horreur muette des guerres cachées, des révoltes violées. Comment ne pas songer aux cadavres sous bâche en marbre, épatant, calme comme ces blocs de

verre dans lesquels on plongerait dans le vain espoir de disparaître. Une exposition qui se joue des formes, des textures, des apparences. Peut-être bien que Venise est la ville parfaite pour ne pas se sentir totalement con ou dépourvu, agacé ou ennuyé dans pareille situation. Le cœur de Jeff Koons est le truc le moins chouette, marre de l’amour, là où Roxie’s d’Edward Kienholz, une reconstitution fidèle de maison close étasunienne nous émeut d’entrée en nous rappelant l’architecture d’intérieur californienne selon David Lynch ou les mannequins nucléaires de La Colline A Des Yeux. Spectateur sur sa faim, frustré, on n’a pas le choix et on prend un multipass, direction Palazzo Grassi.

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059Culture Graphique

De fausses salles de cinéma avec de faux documentaires avec de vraies stars déchues dedans, ça a de quoi faire bader, en nous faisant plutôt marrer. Commissaire Bourgeois me balance en multicolore que le monde m’appartient, ok, et encore? A l’image de l’œuvre godzillesque de Joana Vasconcelos dans le hall, c’est un melting-pot de couleurs, de pratiques, d’origines censé nous faire aimer le monde dans lequel nous grandissons, même s’il nous emprisonne comme cette pieuvre de tissus. Outre l’obsession malsaine de Koons pour les objets gonflables, on remarque le piano violet cabossé d’Urs Fischer que j’interprète comme le pouvoir du temps sur les choses de ce monde, ou comme une déformation bienveillante du ready-made. Cette seconde adresse de Pinault fait la part belle aux tableaux. On s’approche les yeux écarquillés des trois immenses portraits un rien vindicatifs à base d’encens du chinois Zhang Huan, les cendres du nouveau monde. Toujours chinois, moins politisé, plus pipi caca comme on aime, c’est Yang-Jiechang qui exhibe un véritable accouplement interracial. Le monde est un mythomane et Jonathan Waterbridge lui met un bon coup de Karcher. Une peinture fraîche, réaliste, et autant de scènes de films ultra détaillées. C’est très expressif, s’en dégage une impression surréaliste qui me touche. Venise réinvente le temps à l’instar d’une vidéo photographique d’un artiste dont j’ai oublié le nom, des photographies qui se déploient, captées à des instants différents et qui représentent le dérangement occasionné par des volatiles, alors que Cyprien Gaillard fait de la chute d’un HLM un court métrage flou, stoïque et insaisissable. Charles Ray quant à lui débarque avec son Amérique, ses familles bien constituées et ses enfants qui se marchent sur les pieds. On s’allongerait quand même volontiers dans cette forêt lunaire imaginée par

le plasticien de l’apocalypse Loris Gréaud. On peut y voir un message naturaliste, ou juste espérer que la fin soit proche. Cependant, tous ces changements d’état d’âme ont eu ma préférence, un musée rempli vaut mieux que deux à moitié vide. Même si cette valeur quantitative ne s’applique pas à tout, j’en conviens... Chez Peggy Guggenheim, pas moyen de se faire passer pour un étudiant, du coup on paie plein tarif et on commence par l’extérieur. Des statues, des formes, je ne retiens que la seule œuvre un tant soit peu interactive, un gros bloc de granite d’Anish Kapoor duquel, à condition de s’approcher et de reculer suffisamment vite, on peut s’apercevoir en trois dimensions. En effet, ce nouveau courant de l’art contemporain n’est pas représenté à Venise, la faute au temps qui s’est arrêté? Après le jardin de madame, on entre dans sa demeure. Ça fait toujours bizarre d’entrer chez une inconnue, encore plus si elle est absente, morte, et qu’il y a partout des tableaux qui nous regardent de haut. Je retiens principalement les surréalistes Magritte, mon favori, et Dali, même s’il vieillit mal. Modigliani, lui, je l’aime d’amour, je le crains. En fin de compte, on se sent un peu meurtri, mais bon fallait s’y attendre, c’est la maison de l’épouse de Max Ernst, du coup c’est un peu le musée de base en plus petit. Après ça, les poches vides, il nous reste les ruelles et parfois, cachées, des œuvres éphémères d’artistes infantiles sur les murs.

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MUSIQUE

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REVIEWS

The XX : Coexist[sortie 11 septembre - Young Turks]

Par Eric Rktn

C’est pas que j’ai particulièrement des envies de me faire casser la gueule, ni que j’aime jouer le mec à contre-courant, mais je ne comprends pas tout l’engouement autour du nouvel album de the XX – Coexist. Tout avait bien com-mencé pourtant à l’écoute, avec « Angels » qui comme son nom l’indique a des charmes aéri-ens, suivi par un « Chained » très progressif, mais après rien à faire, le soufflet retombe, c’est la débandade sévère.

Car si le but de cet opus était de séduire une fille dans votre lit, ou de vous faire pleurer seul dans le noir, c’est réussi. En dehors de ces occasions, il sera difficile d’écouter ce disque qui tire trop sur la corde de la mélancolie au ralenti. Pas moyen, même en y mettant toute la bonne volonté du monde, on n’accroche pas sur toute la longueur de l’effort. Car c’est bien un effort de concentration qui nous est demandé, pour ne pas avoir l’impression de perdre le fil de ce Coexist jouant les précieuses fragiles.

Et pourtant, dieu sait que c’est dommage, quand on voit les merveilles de productions qu’accomplit Jamie en solo. De son plus que brillant album avec Gil Scott-Heron, en pas-sant par les remixes pour les prestigieux Nosaj Thing, Radiohead, Falty Dl et j’en passe, toutes ces expérimentations (réussies) pour en ar-river là, las. On en viendrait presque à regret-ter d’avoir écouté tous ces sides-project, peut être aurais-je mieux apprécié Coexist. Peut être aurais-je dit qu’il est génialement produit, dans la lignée du premier album, et que c’est rare aujourd’hui pour un groupe de garder la même formule, tout comme j’aurais pu dire aussi qu’un album emplit de tristesse est ce qu’on demande peut être inconsciemment, et que The xx est l’Evanescence de 2012, mais non. Mais non. Comme je le disais, rien à faire.

Poolside : Pacific Standard Time[sortie 19 juillet - Day & Night Records ]

par Eric Rktn

Caresse d’été. Brise tranquille. Soleil au ren-dez-vous. Wow.

En 2009, la disco pop était une vague qui s’est échouée sur la plage pour ne laisser que quelques perles aujourd’hui. Et il faut dire que les Poolside ont su la surfer comme il faut. De leur collaborations passées avec les précurseurs d’une pop décomplexée (Junior Senior), aux heures de gloires Kitsuné avec Guns’n’Bombs, le duo a toujours su mener sa barque où bon lui semblait. Débarquement aujourd’hui avec Poolside et ce dernier album «  Pacific Standard Time  », bande originale d’un été sans fin, où la sieste est bienvenue et le farniente obligatoire. Contrairement à ses collègues de la chillwave, cet album ne nous engloutit pas sous des vagues incessantes de synthés, non. Il sait nous laisser flotter à la surface d’une eau jamais agitée, mais jamais morte non plus. Et c’est un véritable plaisir de se laisser porter le long de ces 16 morceaux (on s’est pas foutu de nous) qui se valent tous. Tantôt bercé par les delays, ou d’un coup ré-veillé par des riffs de guitares funky, on dort, on boit, on danse, on fait l’amour, on vit quoi.

En bref, si aujourd’hui, on ne saurait prédire la durée de vie de Poolside, pour cause de bouillonnement créatif incessant chez Jeffrey et Filip, on peut au moins être sûr d’une chose: c’est que cet album durera bien plus longtemps qu’un simple amour de vacances.

Frank Ocean : Channel ORANGE[sortie le 10 juillet - Mercury]

Par Floris

Le 10 Juillet 2012 une œuvre d’art voit le jour. Je ne vous parle pas d’un tableau caché de no-tre bon Picasso ou d’une photographie perdue de l’ami Doisneau. Non, il s’agit là du premier album du membre d’OFWGKTA (Odd Future Wolf Gang Kill Them All), Frank Ocean, intit-ulé Channel ORANGE.

Après une petite intro/interlude le ton est don-né avec Thinkin Bout You, clairement meil-leur son de cet album. Comment vous dire… Je me suis pris tel Indiana Jones trouvant en-fin le trésor caché à l’écoute de ce morceau. Repris maintes et maintes fois mais jamais égalé il annonce l’orgasme auditif dont vous allez être la «  victime  » lors de l’écoute de l’album.

Car voici la particularité de cet album  : tout s’enchaine parfaitement bien. La ma-chine est bien huilée comme dirait mon grand père. Il ne s’agit pas d’un album com-posé de plusieurs bons titres mais d’un ti-tre à lui tout seul. Et ceci est malheureuse-ment de plus en plus rare de nos jours. Oh bien sûr certains titres sont exceptionnel-lement bons, mais c’est l’album dans son en-semble qu’il faut écouter.

La musicalité de cette pièce est splen-dide, le son enivrant. «  Le bonheur à l’état pur  » certains diront même. En début de soirée celui-ci fera guise d’un apéritif des plus distingués. En fin de soirée il per-mettra à vos invités de s’envoler au pays des rêves. Seul, en plein désarroi, il vous récon-fortera. En temps de colère, il vous apaisera. Vous l’aurez compris, il s’agit de l’album parfait pour toutes les situations.

Alors lancez-vous jeunes folichons ! Lachez votre gameboy et vos barbies, à vous la vie, à vous l’envie.Site web Facebook

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C2C : TETRA[Sortie le 03 Septembre 2012 / On And On Records]

Par Floris

Comme dirait un politicien que je ne nom-merais pas « si vous n’avez pas entendu parler de C2C avant aujourd’hui, vous avez raté vo-tre vie ». En effet, comment passer à côté de ce fabuleux quatuor de DJs français ? Quatre fois vainqueurs du DMC, célèbre champion-nat international des DJs, leur nom n’est plus à présenter.

« Rythmer votre vie » devrait être le slogan of-ficiel de 20Syl, Greem, Atom et Pfel. Ou encore «  la Bretagne ça vous gagne ». Car voilà, ces quatre nantais, au delà des galettes et flancs, nous injectent ici une perfusion de rythmes endiablés aux sonorités plus qu’addictives. A tous les réticents, TETRA ne vous ré-serve pas seulement des morceaux électro sans trop de lyrics, bien que ceux-ci nous émoustillent particulièrement, mais une majorité de tracks en featuring avec des ar-tistes tels Pigeon John sur Because Of You ou encore Olivier Daysoul sur Who Are You. Vous l’aurez compris, il faut de tout pour faire un monde. Et bien je dirais que TETRA est un univers à lui tout seul. Montez la sono, faîtes danser vos mères et pères, grands-mères et grands-pères, chiens et chats, car ce premier album saura plaire à tout le monde. Et c’est ce qui en fait sa beauté  : une musicalité enjail-lante selon les expressions modernes.

Oh, et ci cela ne vous suffit pas allez donc admirer les splendides clips réalisés pour cet album.

Black Marble : A differ-ent arrangement [sortie 9 octobre - Hardly Art]

Par Baptiste Pépin

Je ferme les yeux. Je suis plongé dans une nuit obscure, pluvieuse, entouré de murs de briques que l’on devine rouges mais salement noircis par l’humidité, la pollution environnante et la fumée de Philipp Morris bon marché. La tête lentement levée vers le ciel, j’aperçois un panneau ne tenant qu’à une pauvre vis rouillée indiquant un mythique Coronation Street - Salford dans la banlieue de Manchester. C’est bon, enfin arrivé à destination, je me retrouve juste devant les portes du célèbre Salford Lads Club, un samedi soir de novembre. On sent déjà une odeur de whisky et de bière, mélangée à de fortes vapeurs de weed, des jeunes, même pas majeurs pour certains, complètement défoncés devant l’établissement. Un son s’en échappe, je crois entendre une ligne de basse par-dessus une voix monotone, triste et nostalgique. Enfin  ! J’ai retrouvé l’origine de cette musique, là, dans le nord ouest de l’Angleterre, terre sacrée de Joy Division et de New Order, forcément. C’est certains maintenant, c’est bien ici que l’on trouve ce groupe si recherché. On m’a dit qu’il s’appelait Black Marble. Je suis sûr que ce sont eux derrière ces grands murs sans fenêtre du Salford Lads Club. C’est décidé, j’y vais et je m’imprègne de cette atmosphère laborieuse, de cette musique crade et simple par moment. Je ne vois rien dans cette salle aussi sombre qu’une cave délabrée, mais on s’en fout, car un premier son parvient jusqu’à mes oreilles encore bourdonnantes de la soirée de la veille. Je distingue un synthé. Non, plusieurs synthés, rapidement accompagnés des claps d’une batterie aride, frénétique, et de la voix distinguée quelques minutes auparavant. Ca ressemble fortement à de la cold wave, du post-punk comme on savait si bien le faire il y a quelques années encore, dans les fertiles eighties du côté de Manchester l’industrielle, l’ouvrière. Ce premier morceau s’appelle A Great Design, il est suffisamment bon – c’est un euphémisme-pour que je veuille m’attarder

sur la suite. L’intensité redouble dans la salle, les décibels grimpent en flèche, mon plaisir également, je me demande parfois même si cet homme sur la scène, que l’on ne distingue quasiment pas, n’est pas Peter Hook. Certes, on se dit qu’il lui manque quelques accords

supplémentaires, mais malgré tout, ce morceau, MSQ No Extra, est vraiment bon et nous rappelle les bonnes heures des génies punks anglais. J’écoute les onze titres de ce concert nommé A Different Arrangement, parfois inégaux mais au final tellement bons, comme ce UK qui nous confirme que ces mecs là, Black Marble, sont indubitablement du cru, qu’ils sont bien mancunniens. Et je peux tranquillement ouvrir les yeux. Quoi  ? Chris Stewart et Ty Kube  ? Les gars sont de Brooklyn ? Et l’album sera dans les bacs le 9 octobre prochain  ? Pourtant, je me rappelle d’une salle dans la banlieue mancunienne…

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Aer : The Brigth Side[sortie le 30 Juillet 2012]

Par Floris

10. Non amis français il ne s’agit pas de Zidane cette fois-ci mais du nombres de titres sur le premier album d’Aer nommé The Bright Side, sorti le 30 Juillet dernier.

C’est l’été (à nouveau), le soleil est au som-met, le ciel est bleu et les oiseaux sont de sor-tie. Mais pas que. Le nouvel album d’Aer va en parfaite harmonie avec tout ce nouveau monde. Chill, chaud et rythmé The Bright Side apparaît comme la bande originale de notre été, alors pourquoi pas du votre ?

Pour les connaisseurs rien ne sert de vous présenter le groupe. Pour les autres, David Von Mehring et Carter Schultz tous deux sortis du Maryland sont les auteurs de sons s’inspirant de reggae, pop et indie avec une belle touche de rap. Car c’est ici le concept d’Aer  : mélanger les genres. On se retrouve avec des sons déjà réputés comme The Feel I Bring, morceau majoritairement acoustique, très posé, avec ce doux et mélodieux rap qui caractérise le groupe.

Les présentations sont faites, enchanté, pas-sons maintenant au concret. Pourquoi, Oh Dieu !, pourquoi devriez-vous vous procurer The Bright Side ? (légalement il en va de soit). Déjà car comme nous tous vous aimez l’été et qu’une chanson qui transpire l’été vous donne l’illusion de trainer un mois d’Aout sous le soleil, bien qu’Octobre pointe déjà son nez. Mais sur-tout car l’album est tout simplement excellent. Plus impressionnant encore, Aer s’en tiennent à leur style. Ce qui est rare lorsque l’on com-mence à se faire connaître malheureusement.

The Bright Side est un album uniforme. Chaque chanson va avec la suivante, le tout s’enchainant tel les épisodes de Californication (le rapport ? C’est plutôt chill, ça parle un peu de plantes douces et ça transpire le soleil). C’est le ressenti général. Lorsque vos oreilles enten-dent ces douces mélodies votre tête se situe quelque part sur une plage Californienne, ou de Normandie hein chacun son petit kiff.

Des chansons sortant du lot  ? Je dirais qu’une seule fait office d’intrus. Kush In My Pocket qui clairement s’est perdue tel cet homme rayé et agaçant dans Où Est Charlie. Floats My Boat, Like The Way, Songbird et If You Want (Trees) sont elles les stars de cet album. Mais c’est un peu comme dire que Kobe, LBJ et KD sont les stars de Team USA… Autant dire que toute l’équipe nous fait b…… (pardon je m’égare).

The Bright Side est l’orgasme auditif de cet été. Vos oreilles vous le réclament, ne les laisser pas tomber car il n’y a pas que le sexe dans la vie, il y a la musique aussi.

Purity Ring : Shrines[sortie 24 juillet - 4AD]

Par Baptiste Pépin

Véritable arme de destruction massive, Purity Ring est une bombe provenant tout droit du froid Canadien créant au passage un cratère immense d’où surgissent des sonorités glaciales qui sentent bon le souffre. Ce n’est qu’un coup d’essai, un premier missile qui à de quoi éliminer les ennemis du genre. Les M83, Chromatics, Crystal Castles ou encore Scratch Massive, aussi bon soient-ils, n’ont plus qu’à enfiler leur gilet pare-balles et bien se tenir. Sous des visages d’anges qui n’y touchent pas, Corin Roddick, Megan James et leur chaste blaze nous préviennent pourtant avec cet album répondant au doux nom de Shrines, autrement dit, en langage gaulois, Sanctuaires. Car en effet, c’est bien au sacré que s’attaquent ces onze titres d’une électro-pop brumeuse, sombre et sublime. Une sorte de Graal pour les amoureux de cette musique, qui arrive comme par miracle à marier esthétisme et éclectisme, froideur ténébreuse et émotions. Il faut bien le dire, hormis un morceau complètement inutile avec Young

Magic, qui pour le coup n’a de magique que le nom, les dix autres titres de ce saint album nous transportent tous dans un univers imaginaire qui nous fait dire que les ténèbres ne sont peut être pas aussi mornes qu’on le pense. Dès les premières secondes, l’excellent Crawlersout nous révèle la fragilité d’une voix dont on ne sait si elle est féminine ou bien divine. La première missive magnifiquement clipée, telle une lettre d’amour poignante et

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ensanglantée, débarque directement à la suite, et ce Fineshrine nous rappelle l’influence R’n’B du projet des banlieusards d’Edmonton, mais aussi la qualité de la plume du groupe. Certes, on ne peut pas réécrire une bible pour chacun des sons de ce nouveau-bien-né, tant il regorge de sonorités mélodieuses et bien pensées. Mais il faut tout de même évoquer l’apparition du mystique et inquiétant Cartographist, ou encore d’un Lofticries qui se veut moins sombre que mélancolique. Seul pêché de ce Shrines, le plaisir ne dure qu’un peu plus de trente-huit minutes, mais il ressemble à une véritable luxure grâce aux beats et claps effrénés jalonnant chacun des morceaux, qui s’apparentent alors à une parole d’évangile. Une sorte de vérité absolue qu’aucun mécréant ne peut absoudre. Vivement leurs prochaines messes.

Lescop : Lescop[sortie 1 octobre - Pop Noire]

Par Baptiste Pépin

J’étais à un concert de Lescop il y a six mois. Un peu plus peut être. C’était une de leurs premières dates officielles, alors que la maison Kitsuné venait tout juste de balancer le premier titre du groupe sur une de ses géniales compilations. La forêt, puisque c’est de ce titre dont on parle, venait annoncer son ambition : défricher la broussaille des vestiges de la scène pop française, en même temps que faire bourgeonner les plus belles plantes sonores apparues dans les années 80. Je me souviens, sur scène, trois mecs et un mac. Johnny Hostile avec une basse dans les mains comme aimantées par l’instrument dont il sait définitivement faire bon usage. Gaël Etienne dont la guitare aussi électrique qu’électrisante sait aussi bien se faire discrète sur certains morceaux que s’approprier complètement les autres. Enfin, au centre des planches boisées, un jeune homme chante, exulte, danse. Une danse épileptique à la Ian Curtis, où Mathieu Lescop perd le contrôle de ses mouvements sans en oublier le sens du rythme et la beauté de sa plume. Une claque dans la gueule. C’est ce que j’ai ressenti pendant les 45 minutes d’une prestation parfaitement maîtrisée, annonciatrice d’un avenir verdoyant, donc plein d’espoir. Forcément, dans pareil cas, on commence la difficile prise de conscience que la patience a ses limites. L’album se fait désirer, avec tout de même une crainte non dissimulée d’une possible déception quand à la version studio. Finalement, la galette sort le 1er octobre 2012 et autant passer par le chemin le plus court, le « onze titres » de Lescop est une vraie merveille. Un mot s’incère brutalement et irrévocablement dans mon cerveau lors de cette écoute (pour dire vrai, de ces écoutes quasi ininterrompues) : le voyage. Tout d’abord un voyage dans le temps, une sorte de retour dans les années 80, où la new wave s’immisce dans l’esprit des amateurs de musique, la basse commence son règne et sa domination sur ces frangines de premières cordées. Mais il serait trop facile de ne croire qu’à une paresse

instrumentale de Lescop qui ne vivrait que sur les cendres d’un passé de moins en moins récent. Le voyage dans le futur s’inscrit dans les gènes du jeune homme qui arrive à p(r)oser une poésie toute contemporaine au travers d’une voix si fragile mais néanmoins déterminée. Voix accompagnée par celle superbement cristalline de Dorothée de Koon sur le Mal mon ange, morceau résonnant telle une ode à l’amour et sa complexité, sa dureté, son illusion et forcément, sa perte. Ses textes savent nous transporter au travers d’un large panel de sentiments humains, voyageant plus ou moins légèrement dans un espace qui n’a pas de limites, aussi bien émotionnelles que démographiques. Tour à tour, on se retrouve à Ljubljana, avant de franchir l’Atlantique pour atterrir dans l’impossible intimité new-yorkaise puis l’immensité de Los Angeles. Tokyo –après 20h- est le témoin d’une des mélodies implacablement efficace de cet album avant que Lescop n’adresse par ailleurs une réponse à Dutronc père, sur un titre méchamment mélancolique, Paris s’endort. Bref, je me souviens encore de cette salle ou je pouvais fermer les yeux et faire ce fabuleux voyage, guidé par des textes magnifiquement contés, aux sons d’une basse et d’une guitare résonnants encore dans ma tête. Enfin  ! La patience peut être récompensée…

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PAUL BANKS : BANKS[sortie 22 octobre – Matador Records]

Par Eric Rktn

Exit Julian Plenti. Le leader d’Interpol assume son vrai nom et nous balance à la figure un album solo d’une rare beauté sans crier gare. Moins sombre, donc plus lumineux, moins torturé, donc plus gracieux, voilà comment on pourrait définir cet opus. Il semblerait bien que Paul ait réussi à dissiper les nuages Interpoliens qui faisaient de l’ombre à sa propre musique.

Ce qui ne veut pas dire que tout a changé, ne partez pas! On retrouve avec plaisir des éléments communs au gang new-yorkais, des mélodies grandiloquentes (au sens narratif du terme, je ne parle pas de mégalomanie à la Muse), portées par la voix caverneuse de Paul qui paraît toujours distante, presque irréelle. Le tout pour un voyage qui durera le temps de 10 chansons épiques, chacune racontant une histoire différente.

On se perd, on se retrouve, on ne sait pas bien où on va, comme perdu dans une ville trop grande. Et cette ville serait New York. Vous n’y êtes jamais allé? Peu importe, « Banks » vous propose une visite guidée mentale à travers les borroughs, de Harlem à Manhattan sous la pluie, parfois de nuit. Et si vous jetez un œil avec le regard qu’il faut, vous apercevrez peut être au loin dans la brume l’ombre de Lou Reed planer sur Coney Island.

Thomas azier : HYLAS 002[Sortie 22 octobre 2012 - Hylas Records/BMG]

Par Baptiste Pépin

Thomas Azier. C’est son nom. Peut-être que cela ne vous dit rien pour le moment, même si ce Hylas 002 est -comme ce titre peut l’indiquer- le deuxième EP du bonhomme après Hylas 001 qui, début 2012, lançait une trilogie qui devrait s’achever avec la sortie d’un album. Seulement trois titres prennent place sur ce dernier EP, et pourtant on a la belle impression que cela semble suffisant. Non pas parce que l’on ne veut pas en entendre plus, bien au contraire, mais surtout parce que ces trois morceaux démontrent le talent du jeune homme de 24 ans, installé à Berlin depuis quelques années. Trois morceaux mûrement réfléchis, où chaque sonorité, chaque note de synthé, chaque mouvement rythmique occupe une place qui lui est subtilement dévouée, et qui ne pourrait être remplacé par quelque autre nuisance sonore. Quand aujourd’hui la musique a de fâcheuses tendances à se transformer en bruit incolore mais loin d’être indolore, Thomas Azier semble se démarquer comme il l’explique lui-même :

« La musique est aujourd’hui devenue rien de plus qu’une ambiance en arrière plan alors que nous sommes occupés à faire d’autres choses. Je ne veux pas changer cela, mais j’essaie de faire quelque chose qui captera votre attention pour communiquer avec vous. »

Ce Hylas 002 démarre avec Arrow Fire, un son guerrier, sombre mais éblouissant, épique avec une grandiloquence qui n’est pas sans rappeler les morceaux ultra-travaillés de Yoann Lemoine alias Woodkid, avec qui il tournera d’ailleurs sur certaines dates. Finalement, on n’est pas vraiment surpris. Loin du format pop habituel, les couches semblent se superposer sur ce morceau (et pas seulement sur celui-ci d’ailleurs), s’entremêler parfois, sans jamais s’entrechoquer pour former 5:24 min passionnée, passionnante. Angelene, vous amène dans un univers bien différent où la violence et la brutalité des sons semblent avoir fait place à une voix plus sensible et nostalgique.

Mêlant l’analogique et le numérique, synthétiseurs et bruits industriels, Thomas Azier réussi le pari de créer une véritable symphonie qui trouve son apogée avec Shade of Black, titre nostalgique à souhait, dramatique aussi voire oppressant par moment, mais tellement beau. Même si plusieurs écoutes peuvent être nécessaires afin de capter l’essence même de cette musique, se dégage d’Hylas 002 une magnifique simplicité, une sorte de lumière noire éclatante et brillante, que l’on ne demande qu’à réécouter sur un album que l’on attend déjà avec impatience.

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5 MINUTES AVEC...

Louis Aguilar & the Crocodile Tearspar Max Ltnr et Eric Rktn

Attrapés entre deux concerts, Louis Aguilar et les Crocodiles Tears ont répondu à quelques questions du Nœud Pap. Interview de la révélation folk 2012 dans les coulisses des Nuits Secrètes.

Louis Aguilar  : On est un groupe d’americana. En gros, c’est un un bon mélange entre la folk, la country, et le rock n roll. On vient de Lille, et on existe depuis à peu près un an en tant que groupe.

Vous venez tous de formations assez différentes, comment vous êtes vous rencontrés ?LA  : On s’est rencontré dans des bars avec Nico, qui joue dans Roken is dodelijk, on a été amené à se croiser souvent sur les concerts, au point de devenir amis, et j’avais envie de monter un groupe. Avec Brendan, on est potes depuis un moment et on a déjà eu l’occasion de jouer, mais c’était il y a super longtemps, c’est logiquement qu’il a rejoint le groupe.

Pourquoi cette volonté de former quand on a déjà plusieurs albums solos à son actif ?LA  : Je voulais étoffer un peu la musique, J’ai voulu me rapprocher sur scène de ce que je fais sur l’album. Le problème, c’est qu’en studio je pouvais rajouter des couches et des couches,

mais en live j’étais toujours seul. Cette envie de monter un groupe est venue assez naturellement. Être plusieurs maintenant fait aussi qu’on compose ensemble, comme un groupe.

Tu es encore très jeune (22 ans) et pourtant tu as plusieurs albums sortis, est ce que le fait de sortir de nouveaux albums te mets une pression ?LA : Non pas vraiment, je fais toujours ce que j’ai envie de faire, que ça plaise ou pas. Apparemment ça plaît au public, donc tant mieux, mais je ne mets pas de pression. Brendan: et en plus il est entouré de vieux maintenant (rires)

Tu peux nous parler de cette attirance pour la musique américaine ?La musique que je fais est super influencée par la bas, par la country, le folk. Quand je suis allé aux Etats Unis, j’ai rejoins un groupe de country en tant que guitariste, on a fait la tournée des rodéos, et c’est comme ça que j’ai pris goût a jouer en groupe, et que j’ai pu en apprendre plus sur ce style de musique, j’étais en plein dedans.

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Ce voyage a influencé ce dernier album ?Pas vraiment, jpas dans la manière de le faire. Les compos étaient déjà faites avant ce voyage. On était trois à l’époque, on a enregistré en live, tout simplement.

J’imagine qu’il n’y a pas que la musique qui t’influence dans les Etats UnisDe manière générale, c’est tout ce qui tourne autour de la culture américaine profonde, les westerns, la période de la crise boursière , mais c’est toute cette imagerie que j’adore.

Tu as énormément de Tatouages  , est ce que tu pourrais nous raconter l’histoire d’un en particulier ?Je crois que j’en ai plus 100 maintenant, j’ai arrêté de compter (rires). J’en ai un sur la main droite, je suis allé a New

York pour le faire. Enfin je suis allé à NY juste pour le faire, parce que je voulais absolument que ce soit ce tatoueur là, il est a l’ancienne, américain, et chez lui il y a des têtes d’ours empaillés. En fait à côté de son boulot de tatoueur et il est antiquaire, c’était une super expérience.

Des projets pour le futur ?Brendan  : On part à quatre dans un ranch bientôt. Le but est de s’enfermer et de commencer à composer le prochain album ensemble. Sinon, on est accompagné par le Grand Mix de Tourcoing pour les 2 prochaines années, ça va nous permettre de jouer plus.

Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter ?LA  : Toujours plein d’amusement, merci !

Ecoutez Louis Aguilar & The Crocodile tears « close your eyes, you’re invisible »http://louisaguilar.bandcamp.com/

fan page facebook :http://www.facebook.com/pages/louis-aguilar

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Romain : A la base, Leaf House est le nom d’une chanson d’Animal Collective, de l’album « Sun Tong ». J’ai découvert cette chanson quand j’avais 15/16 ans, et elle m’a vraiment fait passer de ma

phase Slipknot/Korn/Linkin Park à « putain, il y a autre chose ». C’est vraiment pour moi un pont d’une phase adolescente à un autre style musical très instructif . C’est pour ça que j’ai voulu choisir ce nom et c’est resté. D’ailleurs on a fait une reprise d’eux ce soir (« My Girls » ndlr). Maintenant, on écoute aussi beaucoup d’autres styles musicaux, comme l’électro : Blockhead, Four Tet, Mount Kimbie, Caribou, Deerhunter et Devendra banhart qui est une grosse influence au niveau des guitares folk. Sans oublier Ratatat qu’on adore , on a d’ailleurs fait une chanson qui s’appelle « LP5 », on a essayé de s’en rapprocher. Mais nos influences se retrouvent fort, comme Radiohead pour Antoine, ou encore Gang Gang Dance.

D’un coup leur univers n’en est que plus clair, mais aussi plus beau, quoiqu’on a encore du mal à voir le lien entre headbanger sur du Sliknot et se laisser hypnotiser par Panda Bear. De toute

LA CLAQUE

LEAF HOUSEC’était en mars dernier, je reçois le mail d’une amie qui me dit « ho, tu dois absolument écouter ça, tu vas voir c’est génial ». En général, c’est toujours plein d’appréhension que j’aborde ces recommandations de potes de potes. Première écoute, de « Wood Signs we found » de Leaf House, et dès les premiers instants, c’est la claque. Ni une ni deux, j’appelle mon amie, et on saute dans la première voiture direction Liège pour les voir jouer au Surlet.

Moitié reprises, moitié compos, voilà leur créneau de ce soir, et j’avoue plusieurs fois m’être trompé entre les deux, tant la formation belge est à l’aise dans l’interprétation. On distinguera des hommages à Animal Collective, à Ratatat, Caribou, s’intégrant parfaitement à leur propres morceaux, portés par la voix possédée de Romain. Une heure et demi de concert en apesanteur, on oublie que l’endroit est minuscule, on oublie que l’endroit est rempli à craquer, on oublie de dire pardon aux gens qu’on piétine, on ne perd pas une miette de ce qui se passe devant, aussi envoûtant que l’album studio, voire plus.

Après leur live, nous retrouvons Julien, Romain, Antoine et Ben autour d’une bière pour discuter de leurs influences.

par Eric Rktn

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LEAF HOUSEC’était en mars dernier, je reçois le mail d’une amie qui me dit « ho, tu dois absolument écouter ça, tu vas voir c’est génial ». En général, c’est toujours plein d’appréhension que j’aborde ces recommandations de potes de potes. Première écoute, de « Wood Signs we found » de Leaf House, et dès les premiers instants, c’est la claque. Ni une ni deux, j’appelle mon amie, et on saute dans la première voiture direction Liège pour les voir jouer au Surlet.

Moitié reprises, moitié compos, voilà leur créneau de ce soir, et j’avoue plusieurs fois m’être trompé entre les deux, tant la formation belge est à l’aise dans l’interprétation. On distinguera des hommages à Animal Collective, à Ratatat, Caribou, s’intégrant parfaitement à leur propres morceaux, portés par la voix possédée de Romain. Une heure et demi de concert en apesanteur, on oublie que l’endroit est minuscule, on oublie que l’endroit est rempli à craquer, on oublie de dire pardon aux gens qu’on piétine, on ne perd pas une miette de ce qui se passe devant, aussi envoûtant que l’album studio, voire plus.

Après leur live, nous retrouvons Julien, Romain, Antoine et Ben autour d’une bière pour discuter de leurs influences.

MUSIQUE

façon, chez les Leaf House, tout est un peu une histoire d’heureux hasards, de leur rencontre à la

signature sur un label :

Romain : avec Ben on avait essayé de faire un projet ensemble, c’était un flop total. On a répété une fois avec Antoine, il était dans notre classe et faisait de la batterie. Je me suis dit : « allez pourquoi pas il a l’air sympa ». flop. Flop total... Je me disais « c’est quoi cette merde, personne ne veut faire de groupe avec moi ». Je me suis acheté un petit micro pour m’enregistrer solo, j’ai mis les compos sur internet (dont une avec Antoine), et là un label nous a découvert et a dit « on peut vous enregistrer », on a répondu « oui nous avons un groupe, on peut enregistrer un album 12 titres quand vous voulez ». C’était du bluff . J’ai appelé Ben en lui disant « on a un label, il nous faut un bassiste, il nous faut des morceaux ». On a eu 6 mois pour enregistrer, avant

ça on avait fait 2 concerts pourris. On a commencé par la fin, c’est à dire avoir un album avant de savoir faire la scène, on a donc dû bosser pendant un an, pour arriver à refaire ce qu’on a fait sur l’album, aidé par un manager et maintenant un ingé son. Ben : A l’époque ,Romain avait un groupe pop rock appelé Lagun, le connaissant un peu et aimant beaucoup sa voix je m’étais dit « un jour, il faut que je fasse un truc avec lui ». On avait essayé , mais c’était vraiment pourri, alors on a arrêté là.

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Un jour il m’a contacté, et m’a fait écouter quelques morceaux qu’il avait enregistré lui-même. C’est vrai que ça a fonctionné assez vite, pas forcément la direction qu’on prend aujourd’hui, mais il y avait un truc. Aujourd’hui, les choses nous tombent dessus au fur et à mesure, à la base on ne s’attendait pas forcément à ce que ça décolle.

Et les voilà, un peu plus d’un an après, en train de parcourir la Belgique, mais aussi l’étranger avec des dates à Maastricht, Bruxelles, ou plus

récemment au Glazart à Paris. Curieux d’en savoir un peu plus, nous ne résistons pas à l’envie de demander les artistes qui tournent en boucle dans leur lecteurs mp3 :

Antoine: Beaucoup de Four Tet, le 1er album de Sepalcure, du Mount Kimbie, pas mal de Tame Impala, Panda bear, et le remix de « stick to my side » de Pantha du Prince par Four Tet avec panda Bear qui chante dessus. C’est un peu la réunion de tout ce que j’aime ! Ben : moi j’écoute pour l’instant du Nurses, Cults

LA CLAQUE

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073MUSIQUE

Ecoutez leur album Wood Signs we found :http://leaf-house.bandcamp.com/

Page Facebook :http://www.facebook.com/leafhouseband

aussi mais vite fait (avec un peu de honte), Zoo Kid aussi, Panda Bear, Animal Collective, Caribou. Stephane : les Deadman Bones avec « l acteur Ryan Gosling ! » et toujours du rock alternatif, Mark Lanegan. Je me suis mis aux influences du groupe depuis un mois, j’étais plus rock plus dur, genre sludge , drone... Romain : je n’ai pas d’Ipod ! Je me préserve les oreilles. Non, sinon j’écoute en ce moment « fever dream » de Nurses, « Amanaemonesia» de Chairlift, et Diagrams, le nouveau groupe de Tunng.

En guise de conclusion, nous aurons un débat, forcément un peu animé, sur le port du nœud pap’ ou de la cravate, et c’est Ben qui apportera le mot de la fin de notre escapade liégeoise :

Antoine : Totalement cravate ! Je ne sais pas la nuance en fait parce que je ne porte ni l’un ni l’autre, il faut savoir que notre premier ministre belge porte une cravate rouge... Ben : Un nœud papillon rouge ! T’es bien un des seuls wallons à ne pas savoir ça, tous les wallons sont nœud pap’ ! Antoine : Ah du coup, je suis plus noeud pap’ ! Il faut savoir que nous on existe a travers notre pays qu’est la Belgique (rires) et s’il y a bien un homme qui peut régler les conflits du nord et du sud c’est bien monsieur Di Rupo. Ben : Quand on entend Antoine, on comprend pourquoi Van Damme vient de Belgique...

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çA CREUSE

SUPERMARKETpar Max Ltnr

RETOUR SUR LE PLUS REGRETTÉ DES CLUBS LILLOIS

Souvenez-vous c’était il y a deux ans. Un soir de novembre 2010 le Magazine Club ouvrait ses portes pour la première fois fermant définitivement celles du Supermarket Club, cultissime lieu de fête pour tout afficionado de musique électronique à Lille, 4 ans après son ouverture en 2006. Un club en remplace un autre, un cycle inévitable me diriez-vous. A l’image de la musique, rare sont les clubs qui parcourent les décennies.  Le cœur encore gros, les noctambules se pressent désormais non moins sans excitation à l’entrée du « Mag », prêt à en découdre avec une nouvelle ère. Les souvenirs toujours chauds, nous sommes revenus sur cette époque avec Péo Watson, ancien programmateur du « Super », dorénavant aux commandes du Magazine Club. Séquence nostalgie, mais pas que.

Péo Watson. Je suis le chargé de programmation du Magazine Club, ancien programmateur du Supermarket et j’ai 33 ans.

On va revenir sur la création du Supermarket Club, qu’est-ce qui vous a poussé à créer ce club ? Une déception dans la programmation des clubs lillois ?PW : Non, c’était surtout la suite logique d’une aventure humaine je dirais. En réalité, le Supermarket est né de l’initiative de ce qui constitue aujourd’hui l’équipe du Magazine club, c’est-à-dire Darius, Paulo et moi. En 2006, j’ai décidé de monter un petit club, de son côté Darius organisait des soirées en Belgique flamande, du côté de Gant, qui s’appelaient «  Cuisine de Luxe  » et qui marchaient très fort à l’époque. Paulo aussi organisait des soirées, et il se trouve que les deux sont aussi beaux-frères. En 2006, ils ont eu cette envie de monter un club qui ressemblait à l’esprit de leurs soirées. En toute logique, on s’est associé pour ce projet.

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RETOUR SUR LE PLUS REGRETTÉ DES CLUBS LILLOIS

Donc le Supermarket est vraiment né comme ça, il n’est pas issu d’une réflexion commerciale ou économique, même si forcement ça entre en jeu. Il est surtout né de deux beaux-frères qui avaient envie de le faire ensemble et de faire fructifier leurs 6 années de collaboration sur des soirées en Belgique. Et ils m’ont proposé de me joindre à eux.

Comment les as-tu rencontré ?Je les connaissais parce que j’avais déjà fait plusieurs co-productions avec Darius avec mon collectif «  les cochons de l’espace », que j’avais créé en 1998 et qui faisait aussi pas mal de soirées en France et en Belgique. C’est en 2001 que j’ai rencontré Darius lors d’une soirée en Belgique, il m’a proposé de devenir résident de ses soirées « Cuisine de Luxe », donc j’ai mixé pour lui pendant 2-3ans, puis à un moment, il s’est dit que ce serait peut-être bien qu’on organise des soirées ensemble carrément. Donc en 2006, quand ils ont décidé de créer le Supermarket, ils se sont naturellement tournés vers moi pour une résidence et la programmation du club.

Est-ce que vous aviez une réelle volonté de créer un club «  underground  »  ou cela s’est imposé comme tel ?Le contexte du club en lui-même ne pouvait qu’en faire un club underground. Bien sûr la programmation y a collé, mais quand on une infrastructure assez limitée, petite (une cave de

150-200 personnes maximum), à part mettre un comptoir, un coin avec des platines et repeindre les murs, on ne pouvait pas y faire autre chose qu’un lieu assez minimaliste. Donc forcément l’endroit en lui-même était underground, et pour nous c’était naturel de faire cette programmation. Il ne faut pas oublier qu’il y a le KIOSK Club juste à côté, qui était vraiment un club précurseur des soirées électroniques à Lille depuis 2004, mais eux sur un créneau vraiment orienté techno. On est arrivé dans un esprit de complémentarité.

Donc il n’y avait pas de concurrence entre les deux clubs pourtant situés à 100m l’un de l’autre ? Du tout  ! Ce sont des amis de longue date, encore aujourd’hui. Comme je l’ai dit, on était dans un esprit complémentaire l’un de l’autre, nous plutôt axé sur la disco, la house et l’électro plus « banger ». On s’est vraiment positionné là-dessus, alors que KIOSK passait vraiment plus de techno à l’ancienne, ce qu’on ne faisait pas.

Maintenant que tu t’occupes de la DA du Magazine Club, est-ce que ca t’arrives de regretter l’époque du Super ?J’ai forcément plus de contraintes avec le Magazine, disons que parfois je regrette d’un point de vue purement artistique et d’un point de vue d’émotions et d’atmosphère, de ne plus voir ces 200 personnes qui se donnaient rendez-vous chaque weekend et qui créaient l’ambiance famille du Supermarket. Maintenant j’ai 33 ans, moi comme mes associés avons senti le besoin d’évoluer, d’avoir plus d’ambitions et de se développer. Le projet Magazine Club était la suite logique des événements.

« LE PROJET MAGAZINE CLUB était la suite logique des

événements. »

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Ton meilleur souvenir au Supermarket ? Le set de Stevie Kotey des Chicken Lips pour les 1 an du club, qui reste pour moi le meilleur set de l’histoire du Supermarket. L’aftershow de Justice qu’on avait annoncé au tout dernier moment, à l’époque Facebook n’existait pas, on avait dû passer quelques coups de fil vers 22-23h à ce qu’on appelle les leaders d’opinions. Quelques heures après, c’était l’émeute. Et il y avait en plus le caractère improvisé et dernière minute de la soirée qui a rendu la nuit vraiment dingue. Evidemment, j’ai beaucoup de souvenirs dans ce club, c’est difficile de choisir.

Rétrospectivement, on peut parler d’un vrai succès, autant auprès du public que des artistesAu bout d’un moment, on arrivait à être complet tous les weekends au Supermarket. Le club avait vraiment bonne presse, et on en parlait à Paris, à l’étranger. Pourtant avec un petit club comme ça, c’est dur de se payer des noms, mais on avait quand même réussi à atteindre cette notoriété. La programmation c’est mon boulot, je suis en très bon terme avec beaucoup d’artistes et leurs agents, et je peux te dire que 99% du temps, ils repartent très satisfaits, que ce soit avec le Super ou maintenant avec le Magazine.

Il y a eu une période de chevauchement entre l’ouverture du Magazine Club, et le rachat définitif du Supermarket, durant laquelle le club s’est renommé en Playground et avait lui une direction artistique Hip-Hop.

Ça s’est fait au moment où on a acheté le Magazine, on était en travaux et on a décidé ensemble pour des raisons d’emploi du temps que j’arrêtais de travailler au Super. L’idée était de lui enlever l’image electro pour justement créer une attente à l’ouverture du Magazine Club, et donner au public qui aime cette musique une nouvelle adresse.

Le club a définitivement été racheté par la suite, tu penses que l’équipe du Playground voulait rester ?Ils auraient bien aimé, oui, je pense. Après , acheter une discothèque aujourd’hui en France, c’est quasi mission impossible. A moins d’avoir l’intégralité de la somme à mettre sur la table, les banques ne prêtent pas.

Maintenant que tu t’occupes de la programmation d’un plus grand club, au public plus large, est-ce que tu as dû modifier tes choix, t’adapter ?Au Supermarket, on était plus dans une optique de découverte. On a fait Brodinski en 2006 ou encore Breakbot et Kavinski en 2007. Des noms comme ça qui sont en haut de l’affiche aujourd’hui, et qui à l’époque ne m’ont rien couté, je peux t’en sortir des dizaines. Aujourd’hui, ils reviennent au Mag avec un autre statut, on

çA CREUSE

« acheter une discothèque aujourd'hui en france, c'est quasi mission impossible »

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s’entend toujours super bien et je sais que le club sera blindé. La programmation du Mag est faite pour être qualitative, et accessible à tous, et ça c’est vraiment notre marque de fabrique. En toute modestie, je trouve qu’on est en train d’apporter quelque chose à la musique électronique  « alternative », dans le sens où on essaye de la promouvoir au plus grand public, on démocratise cette musique. Avant, ils n’y avaient que le Supermarket et le Kiosk d’un côté, avec leur sélection très pointue et underground, et les clubs commerciaux de l’autre. Aujourd’hui, le Magazine Club est le chainon manquant entre les deux, tout en gardant une programmation de qualité. Attention, ce n’est pas parce qu’un artiste ramène plus de monde et qu’il devient plus connu que sa musique devient merdique tout d’un coup, beaucoup de personnes raisonnent comme ça, c’est dommage. Prends l’exemple de Brodinski et Gesaffelstein, pour un public d’initié, ça semble évident que c’est un succès commercial, mais va dans la rue et demande à 100 personnes si ils connaissent Gesaffelstein, si tu en trouve 3, c’est déjà un exploit. Il faut quand même remettre les choses en perspective.

Lors de votre première année en 2010-2011, la programmation était principalement construite autour des résidents (Jean Nipon, The Glimmers, Art Point M, Justin Robertson, One Man Party entre autre). Par la suite on a vu s’enchainer les guests de renom à une vitesse folle, que s’est-il passé entre deux ?

C’est tout simplement ce qu’on avait prévu de faire ! On partait du principe que comme le club était nouveau, on allait avoir de la fréquentation ne serait-ce que par curiosité, c’est comme ça dès qu’un nouveau club ouvre. Donc on s’était dit qu’on allait faire la première année avec des gens qu’on adore, qui sont quand même des résidents internationaux super qualitatifs, et on bout d’un an on avait déjà un public fidélisé. On avait un peu «  dragué  » la clientèle des clubs généraliste. Là, on a vraiment commencé à faire de la programmation. Ca a super bien marché puisque qu’on a pu voir un vrai buzz autour de ça.

Que peut-on te souhaiter pour la suite ? Des projets ?Personnellement, mon projet serait de redévelopper ma carrière de DJ et de producteur. Je suis DJ depuis 1996, j’ai pas mal tourné dans le nord de la France et en Belgique. C’est vrai que depuis 2006, avec le Supermarket, puis avec le Magazine Club, je m’étais un peu sédentarisé. J’avais déjà fait quelques prods il y a quelques années, mais jamais complètement à fond. A 33 ans, j’adore programmer mais c’est vraiment quelque chose que j’ai envie de faire aujourd’hui, et je vais me donner le temps pour essayer d’y arriver. Et aussi continuer mes projets avec mes associés, notamment monter une agence de communication avec la cellule du magazine et avec notre graphiste.

Site web : www.magazineclub.fr

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en tête à tête

BRNSpar Baptiste Pépin

Les premières heures de l’année 2010 se sont à peine écoulées et alors que d’autres sont encore en train de décuver des excès de la veille, Antoine Meersseman et Tim Philippe décident de composer et de jouer quelques notes de musique dans un local de la capitale belge. Quelques mois plus tard, Diego Leyder et César Laloux se greffent à ce projet qui prend forme  : BRNS est né. Plus indie que ce groupe tu meurs, BRNS se veut maître de son destin, composer une musique pop, à la lisière du post-rock, sortie tout droit de leur imaginaire plutôt que des cerveaux de mercantiles labels. Alors que mes oreilles se rendaient à l’International en novembre 2011 pour écouter le son électro des excellents nantais de Depth Affect, ma tête hochant instinctivement de bas en haut était repartie avec des souvenirs d’une batterie furieuse, de hurlements démoniaques et d’un synthé aux faux airs d’orgue : Mexico, Here dead he lies ou encore Our Lights, autant de morceaux résonnant comme de petites bombes pop gravés dans mes souvenirs, et ce nom, BRNS, qui n’a jamais aussi bien porté son nom, tant ce qu’il fait s’accroche inlassablement à mon cerveau. De l’eau a coulé sous les ponts depuis cette date parisienne, de nombreuses autres sont venues s’ajouter un peu partout en France, en Suisse et chez nos amis du Benelux. Une notoriété grimpante que les deux leaders du groupe nous relatent lors d’un tête-à-tête pour Le Nœud Pap’.

LNP : Je vous ai vu jouer à l’International à Paris il y a presque un an maintenant, quasiment dans l’anonymat. Et maintenant vous venez de faire Rock-en-Seine et on peut lire des articles dithyrambiques sur Libération, les Inrocks etc. Même si pour moi ce n’est pas vraiment une surprise, comment mesurez-vous le chemin parcouru ?Antoine  : Effectivement, ça a été assez rapide, il y a même pas un an qui s’est écoulé entre les deux. Après, c’est vrai qu’à chaque fois que l’on est venu en France ça a été assez bouillant, à l’International en premier, il y a eu des supers retours, il y avait beaucoup de monde et c’était assez étonnant. Par la suite on a eu du booking sur la France, avec quelques dates clés. On en a jamais gardé sous la pédale, c’était du boulot, on avait envie d’y arriver. C’est vrai que c’est assez fou, mais finalement ça a été quand même progressif.

Vous ne vous y attendiez pas ?Tim : C’est assez étonnant, parce qu’au début du projet, quand on faisait notre musique dans une cave, on ne s’attendait pas du tout à être programmé déjà en Belgique dans des trucs assez intéressant. Donc oui, ça a été très rapide, jamais on ne se serait imaginé jouer à Rock-en-Seine un an et demi après avoir fait la première date. C’est fou.

En parlant de scène, on ressent une vraie énergie qui se dégage de vos lives, on sent un vrai plaisir de communier avec le public. Est-ce plus important que le studio pour vous ?Antoine  : Les deux sont évidemment aussi important l’un que l’autre, après ce sont deux approches super différentes. En studio on va beaucoup plus travailler des petits arrangements, des secondes voix, des petits détails et on aime ça, pour

« On n-avait aucune idée de la manière dont ça allait être reçu, c-était le

grand point d-interrogation. »

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079MUSIQUE

que ce soit du travail bien fait. Après il y a plein de choses qu’on ne sait pas faire en live, qu’on ne sait pas rendre à l’identique. C’est donc un travail différent qui est basé sur l’énergie, sur quelque chose d’assez spontané et d’assez brut. Après on a vraiment travaillé le live. Comme à l’International, je ne dirais pas qu’on l’a fait au bluff mais je dirais au finish, on ne pouvait pas nous reprocher d’être dans la réserve et c’est ça au départ qui a fait qu’on a réussi à avoir des dates et développer le projet.Tim : En live c’est là que prend tout le sens de notre musique et de l’émotion, quand on la partage avec le public.

Comment a démarré l’aventure BRNS ? Groupe de potes qui se dit CARPE DIEM ou alors véritable ambition dès le départ ? Tim  : En fait le premier objectif, c’était de faire un projet qui nous était super personnel. Donc au début ça a commencé entre Antoine et moi, puis ensuite il y a eu Diego qui s’est rajouté à la guitare, qui a amené une ambiance très atmosphérique. Antoine  : On voulait avoir une approche quelque peu originale, on n’avait pas envie d’être connu, on avait envie de tourner, de présenter le projet et de voir de quelle manière il serait reçu. On n’avait pas de but précis, on voulait juste faire quelque chose qui nous correspondait à 100% et donc on a fait très peu de compromis dans la composition. Après c’est clair, il y a eu du répondant, et on ne pouvait pas espérer mieux je crois. Mais à la base c’était vraiment un projet qu’on faisait en toute humilité,

dans notre cave. Quand on jouait les premières notes de Mexico, on n’avait pas du tout conscience que ça allait passer en radio. On n’avait aucune idée de la manière dont ça allait être reçu, c’était le grand point d’interrogation. Et puis tout s’est enchainé de manière complètement dingue. C’était une super surprise et une belle récompense. Surtout qu’en Belgique il y a un public pour des choses très indé et un public pour des choses très mainstream, très pute. Nous on se situait ni dans l’un ni dans l’autre. Et je crois qu’ici le public attendait quelque chose qui faisait la jonction entre les deux univers, et finalement tout le monde s’y est retrouvé.

Pop, post-rock ou encore math-pop, ressentez-vous le besoin de définir le style de votre musique ? Comment la qualifieriez-vous ?Antoine  : On est toujours dans une optique de métissage, après on dit toujours qu’à la base c’est pop parce que c’est clair que les harmonies sont pop, qu’on aime bien. Et il y a moyen de faire de la pop sans être putassier, c’est ce qu’on essaie de faire et après on mélange ça avec plein de choses. Par exemple, ce qu’on a sorti sur Wounded, les ambiances des morceaux sont quand même super différentes, avec des passages un peu post-rock, un peu math-pop. Mais tout ça reste dans la suggestion, on n’est pas dans le pastiche de groupes vraiment post-rock. Le but c’est de faire un gros melting-pot de toutes ces influences, tout en essayant de le digérer un maximum.

Fixez-vous d’ailleurs des limites dans la musique que vous faites, mais surtout que vous allez faire dans le futur ?Tim : En fait depuis le début on essaie vraiment de ne pas se fixer de limites, même si après on a quand même tous des influences en commun qui fait que notre univers devient assez cohérent. Depuis le début, on fait du piste par piste, et si on a envie de mettre un piano et bien on va mettre un piano. On est assez adepte des petits instruments, des petites percussions un peu enfantines et ce sont des choses qui vont toujours se rajouter et se rajouter au fur et à mesure des morceaux. Quand on écoute l’album on se rend compte qu’il y a toute une évolution, des petites choses qui se rajoutent comme ça.Antoine : Oui, on ne se fixe pas de limites vraiment, parce que si on a envie que sur un morceau il n’y ait pas de refrain, on le fera. On l’a déjà fait et c’est quelque chose dont on n’a pas peur. Après on s’interdit quand même de tomber dans les clichés post-rock, math rock, il faut bien l’avouer. Voilà,

« Depuis le début on essaie vraiment de ne pas se fixer

de limites. »

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j’aime beaucoup, j’en écoute beaucoup, mais on n’est pas un groupe de post-rock classique, je trouve qu’on a un peu fait le tour de ce genre. Ca ne se renouvelle pas des masses, donc on essaie de trouver le petit truc qui sort un peu du cadre.

Pouvez-vous nous parler de votre album Wounded et des morceaux qui le composent ?Tim : En fait Wounded c’est un peu la concrétisation des morceaux que l’on joue depuis un an et demi sur scène. Les morceaux ont été composés sur six mois environ, donc une période assez courte. Mais après ils ont beaucoup évolué, on les a beaucoup travaillé. Il y a beaucoup d’ambiances différentes, notamment au niveau des voix. Donc je pense que c’est un mini album assez riche au niveau de toutes les textures et des percussions. Maintenant je pense que pour la suite on aura fait la digestion de toutes ces couches là et on aura peut être quelque chose d’encore plus cohérent.Antoine  : Maintenant, on se rend compte que les morceaux ont beaucoup plus de connections entre eux, parce qu’on a trouvé notre identité. Wounded c’est un mini album, parce qu’on a décidé de l’appeler mini album en fait. Pour ne pas dire que c’est le premier album de BRNS, parce qu’on sait que ça reste quelque chose d’assez jeune. On est assez content du résultat mais on sait qu’il y a encore des imperfections, des choses pas encore assez mûres. On a encore fait du chemin depuis qu’on les a

composé, notamment avec la scène ce qui nous a donné de l’assurance et de la confiance.

Déjà dans la préparation de l’album alors ?Antoine  : Pour l’instant on défend celui-ci, on défend Wounded, mais après c’est clair qu’on a envie d’aller de l’avant. Mais un album c’est encore trop tôt, car on est dans une période où l’on a envie de tester des choses pour voir où l’on va vraiment.

On ressent une vraie envie de se lâcher, d’envoyer les instrus, notamment sur un morceau comme Our Lights avec sa fin apocalyptique et déstructurée. Faire un album instrumental et expérimental vous est-il venu à l’idée ?Tim : En fait on est vraiment très friand des deux. Par exemple sur ce morceau là, Our Lights, en live la fin est au moins deux fois plus longue. Mais on aime cette idée de contraste entre des harmonies vocales peut être plus calmes, plus pop, très mélodieuses et confronter ça à une musique plus mécanique, plus brutale.C’est vrai que parfois on est tenté de faire des longs passages instrumentaux, et sur un prochain album c’est clair qu’on aura des morceaux avec des longues plages comme ça parce qu’on peut se permettre d’avoir des morceaux un peu différents, des ovni dans le tas. C’est quelque que chose où l’on prend beaucoup de plaisir, à faire des choses très progressives, très évolutives avec des superpositions de couches et de boucles.

Chez certains groupes on ressent l’influence que peut avoir un autre groupe ou un autre artiste sur la musique produite. Chez vous, c’est beaucoup

en tête à tête

« Un album, c-est encore trop tôt, […] on a envie de tester

des choses pour voir où l-on va vraiment. »

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moins évident. Pourtant j’imagine que vous avez été influencé également ?Antoine : Oui il y en a beaucoup. Après ça reste un grand mot, on est tous amateurs de musique, on écoute des choses donc fondamentalement cela a une influence sur nous, en tant que musiciens, que mélomanes. Certains nous rapprochent de Foals, d’Animal Collective et c’est clair qu’on écoute ces groupes là. Aussi à Rock-en-Seine on a joué avec Grandaddy, c’est un groupe que j’ai écouté à fond et je trouve que c’est un groupe ultra intègre. Ce sont des gars qui n’ont pas signé sur des majors immenses et ça rajoute quelque chose d’encore plus fort à ce qu’ils font. Et ça nous influence forcément.

Ca vous énerve quand on vous dit que vous êtes les Wu Lyf belges ?Tim : Ce n’est pas énervant, mais c’est un groupe qui dans la démarche a quelque chose d’un peu artificiel je trouve, un peu trop hype et on voit où ça a mené… Quand ils ont commencé à se faire connaître on était déjà sur scène avec les morceaux que l’on joue aujourd’hui, donc je ne les avais jamais entendu.Antoine  : Le fait qu’on nous rapproche d’eux c’est essentiellement dû à un truc journalistique en fait, parce qu’on a certains morceaux où l’on crie et d’autres où il y a des synthés qui font un peu orgue. Mais au-delà de ça, ça n’a pas grand-chose à voir, donc c’est un peu bizarre, il faut un peu s’en foutre je crois. Donc quand on nous dit ça, on se dit que finalement ils ont fait un bon album quand même, et donc ça pourrait être pire et on pourrait être comparé à Mylène Farmer.

Pouvez-vous nous expliquer le cheminement de la composition d’un morceau chez BRNS ? A quatre ce n’est pas forcément évident, ça doit souvent bastonner en studio ?Antoine : On est deux, puis trois, puis quatre en fait (rires). Souvent moi et Tim on débute la compo, pour vraiment essayer d’avoir une cohérence, puis après s’ajoute Diego pour éviter que ce soit un gros bloc mais un truc assez homogène. Ensuite on ajoute les voix et toutes sortes d’arrangements. Et quand on a une grosse base, on triture dans tous les sens pour avoir des morceaux où il n’y aura pas deux fois la même partie. Enfin, on les joue à quatre. Même si maintenant on essaie vraiment de composer à quatre. Mais voilà, d’un commun accord on travaille à deux à la base d’un morceau, pour avoir une identité, parce que des fois quand tout le monde compose ça devient le gros bric-à-brac et ça ne ressemble plus à rien. Donc on essaie de garder une certaine homogénéité.

Si tout se passe comme vous le souhaitez, BRNS dans cinq ans ça donne quoi ?Tim  : Pour la suite on aimerait bien partir sur d’autres territoires, parce qu’on n’a pas vraiment envie de devenir très gros dans un territoire précis. Là on va faire deux dates en Suisse, on espère partir en Allemagne, en Hollande peut-être l’Angleterre.Antoine  : On n’a pas envie de devenir l’énorme groupe, on n’est pas un groupe à single avec des chansons de trois minutes. Ca nous plairait bien d’être un bon petit groupe indie que des gens suivent à chaque album et jouer dans des salles un peu partout dans le monde, devant 250 personnes chaque soir. Je serais déjà super content. En France c’est déjà génial de faire des concerts devant 400 à 4000 personnes. Donc tu demandes dans cinq ans, et en fait je crois qu’on a envie d’être encore là et tourner, faire ce que l’on aime. On n’a pas envie d’être un feu de paille, de brûler les étapes. On souhaite une vraie longévité. Dans notre travail on fait attention à ça, et c’est pour ça que l’on bosse avec des gens intègres dont on apprécie la démarche pour être sûr de ne pas tomber dans des plans ou l’on va devenir quelque chose dont on n’a pas envie.

« Ca pourrait être pire et on pourrait être comparé à

Mylène Farmer. »

Ecoutez leur mini album « Wounded » :http://brns.bandcamp.com/

Page Facebook :http://www.facebook.com/BRNSmusic

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LENDEMAIN

DOUR FESTIVALpar Paul De Pone Photos : Laetitita Taschatt

Je vous fais des présentations rapides, moi c’est Paul. Les concerts, c’est mon truc, la bière, encore plus, et en parler, c’est le pied. J’ai roulé ma bosse dans tous les festivals depuis maintenant quelques années, atterri dans des afters bizarres, rencontré des filles étranges, et si vous pensiez que le monde est tout beau et tout rose, alors vous auriez tout faux.

J’ai beau avoir visité pas mal d’endroits dans ma vie, je n’ai jamais pu poser mes valises à Dour, pas vraiment parce que je déteste les belges et leur penchant pour le gras de frites, mais plus parce que sa réputation boueuse me faisait moyennement envie. Il faut dire que le line up vaut le détour et que les programmateurs du Dour ont le nez fin pour savoir ce qui va marcher l’année d’après, raison de plus d’y traîner mes espadrilles.

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Plus d’info : http://www.dourfestival.be

Au plus loin que je m'en souvienne, ces 3 jours sont passés aussi vite qu'un flash de whisky, c'est

vous dire les souvenirs que j'en ai. Au début, on est toujours pleins de bonnes intentions. On prépare son planning, on se dit qu'on ira voir tel ou tel groupe, mais au final on se fait toujours tacler par la fatigue, l'alcool ou les drogues. C'est là que ça devient intéressant. Prenez par exemple Rone, le nouveau prodige de chez Infiné et son live qui vous envoie très loin, je l'ai raté. Raté aussi James Blake, mais c'est moins grave, vus les soucis techniques rencontrés, il valait mieux ne pas être là pour entendre ça.

En toute sincérité, si je ne devais retenir qu'une seule chose, ça serait BRNS et leur concert qui m'a retourné le bide autant qu'un shot d'absinthe à 8h du matin. Intenses, sincères, les belges ont su me faire oublier la boue, le fait que je n'avais pas de bottes, qu'il faisait froid, et que les clémentines sont les aliments les plus rafraîchissants que vous pourrez rencontrer en festival. Pour le reste, demandez plutôt à mes potes, moi j'estime avoir beaucoup trop donné, y compris en neurones.

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DISTORTIONpar Paul De Pone

Alors que je rote encore le barbecue de la veille et que nos valises grincent sur les pavés froids de Lille, nous embarquons pour 5 jours scandinaves au cœur d’un Copenhague en ébullition, transformé par la folie Distortion. Le festival est à l’Europe ce que le grandiose South by South West est aux américains, c’est en tout cas ce que laisse entendre Rolling Stone Magazine, « 96 hours of relentless hedonism done the Viking way », pas de doutes on était bien au même endroit ; au bon endroit.Je vous passe les détails chiants à mourir du voyage tronqué par la rencontre imprévu d’un groupe d’amis en pleine descente d’acide dans la gare de Bruxelles et d’un retard de vol de 3h justifié par un « soucis technique », on découvrira plus tard qu’il s’agissait d’un problème de toilettes. Ouais, on s’en branle.Nous voilà donc arrivé au pays des 1001 blondes même pas siliconées, dieu qu’elles sont belles, arborant fièrement leur dégaine de mannequin Asos pour collection automne-hiver-été qu’en sais-je, leurs airs froids me faisant dire qu’elles sont chaudes. Les quatre jours qui suivirent ne furent qu’une succession plus ou moins hasardeuse de beuveries dont les souvenirs peinent à revenir, essayons tout de même d’être précis.

JOUR 1A peine arrivés dans notre appartement de transit (un 1pièce de 20m² où la cabine de douche flirte dangereusement avec le réfrigérateur) que je partage avec mon compagnon de route, nous décidons de prendre le taureau par les cornes, la bouteille par le goulot et de nous lancer dans l’aventure Distortion. Quelques heures plus tard nous déambulons dans les rues de Copenhague à la recherche d’un point de chute pour la soirée, quand nous nous retrouvons coincés dans ce qui ressemble fortement à l’une des street parties dont on nous vantait tellement

le succès. Là, successivement, nous avons levé le coude avec un homme panda, avons été pris d’assaut par un groupe de filles qui visiblement étaient tout heureuses de s’émoustiller devant une paire de français hagards (je n’invente rien) et avons croisé la route d’un vrai viking, appelons le Olaf, dont la barbe ferait jalouser n’importe quel taliban confirmé, Olaf nous a promis de s’occuper de nous, de nous montrer les meilleurs coins de la ville, Olaf s’est cassé la gueule d’un mont de cartons faisant office de podium pirate, nous n’avons plus jamais entendu parler d’Olaf.

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JOUR 2Après avoir passé la journée à végéter, nous repartons de plus belle au cœur de la capitale armés de nos plus belles flasques pour ce qui va être la nuit la plus étrange de la semaine. Jamais nous n’aurions imaginé qu’un simple stop McDonald se serait transformé en scène surréaliste, jusqu’au moment où un mec étrange voyant nos têtes de larrons éméchés nous invite à sa table. Ce mec est colombien, s’appelle Luis, est comédien/danseur/chanteur/surement travesti à ses heures perdues. Il est accompagné de deux petits thaïlandais qui n’ont pas ouvert la bouche du repas si ce n’est pour rire jaune. Nous débattions, nous chantions, c’est au moment où il se proposa de nous payer un énième burger que je commenceais à m’inquiéter, merde il veut quoi ce type, vite on se casse. Je ne suis pas sûr de la chronologie ni comment mais ce soir-là nous avons suivi un gros et une meuf presque potable dans un club où ils disaient avoir leur habitude. Ce n’est pas très grand, la musique est à chier mais l’ambiance n’est pas si mal. Quoi ? Vous ne prenez la carte que pour les bouteilles ? Champagne ? Champagne. La scène aurait mérité d’être filmée, imaginez deux petits blancs s’improviser en chanteurs r&b dans un clip de mauvais gout, les bitchies en moins. On finit la nuit vers 8h aussi perdus qu’une feuille de salade dans un McDonald, on sait où on est (le quartier des putes qui soit dit en passant n’ont rien à nous envier) mais on ne sait pas vraiment pourquoi. On finira par retrouver notre chemin 2h plus tard, au moins on ne pourra pas dire qu’on n’aura pas visité.

JOUR 3Pas grand-chose à faire en ce troisième jour de festival. Il pleut et surtout, on est creuvé. Tant bien que mal on se décide quand même à décoller direction Vesterbro où nous sommes sensé retrouver Danielle et ses amies, rencontrées 2 jours plus tôt. En vain. Trempés et à court de motivation (même les spécialités locales en jean moulant ne nous émoustillent plus), nous décidons de partir de la street-party prenant effet dans une station essence pour rentrer. Dodo, enfin.

JOUR 4Ce soir c’est le grand soir comme dirait l’autre. La Final-Party, l’événement dont on nous a parlé toute la semaine, l’apothéose en somme. Avant toute chose, il est l’heure de libérer notre charmante chambre de bonne et de nous diriger vers l’auberge de jeunesse où nous somme sensé passer la dernière nuit et poser nos affaires (à la réflexion, un casier aurait été tout aussi utile). On y croise le groupe Tristesse Contemporaine qui joue le soir même avant de prendre le métro puis le taxi, gracieusement payé par nos compagnons danois de fortune. Let’s do this.

Un terrain industriel abandonné, 9 scènes qui se chevauchent presque les unes sur les autres, on passe du hip-hop à la techno, de la house à la pop, de l’electro au reggae (ah bon ?) en quelques mètres. On aperçoit dans le ciel un mini-bus soutenu par une grue d’où volent les confettis en pagaille. Dans le désordre Benny Banks, Tristesse Contemporaine, Thomas Barfod, Nguzunguzu, Matias Aguayo, Pachanga Boys, Kasper Bjorke et Michael Mayer auront rythmé ma nuit. Je ne me souviens pas avoir passé une nuit aussi agréable depuis longtemps ; on danse (beaucoup), on boit (beaucoup), on se casse la gueule (un peu) et j’ai l’impression que les gens sont heureux, alors, moi aussi.

JOUR 5 Les derniers résistants de la final party se rejoignent devant la scène, que dis-je, l’autel dédié au label Kompakt. Je suppose que Michael Mayer est aux commandes mais à cette heure si je ne suis plus sûre de rien, en tout cas la musique et bonne. Rapidement et sans trop savoir pourquoi on nous invite, avec une petite dizaine de personnes, à grimper sur scène aux côtés de nos héros d’un soir où les blondes (la bière cette fois) trainent à foison. Alors que le soleil se lève, au loin, mon regard se pose sur de magnifiques yeux turquoises d’une brunette que j’espère ne pas être trop jeune, notre avion décolle dans deux heures, on est bien, clap de fin.

Plus d’info : http://cphdistortion.dk

En vidéo : http://youtu.be/Yr4OAxwNCh8

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LE CABARET VERTpar Eric Rktn Photos : Darkroom

Au pays des sangliers et de la cacasse à cul nu, le Cabaret Vert n’est pas le seul roi. Après tout, Charleville-Mezière n’a pas seulement la réputation de produire un festival incontournable des Ardennes, c’est aussi la ville de Rimbaud et la capitale mondiale de la marionnette s’il vous plaît, et je dis ça sans ironie.

Cette année l’organisation a rajouté un jour en plus, histoire que les hordes de sauvages festivaliers puissent kiffer un peu plus les lives de Eagles Of Death Metal et Kap Bambino, on ne se fout

pas de vous. Et côté accueil non plus d’ailleurs, reçu comme des rois chez nos amis de Couteaux Suisses et leur balcon avec vue sur les scènes, on avait pas vraiment à se plaindre.

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Plus d’info : http://www.cabaretvert.com

On a pu y apprécier les coups de crossfader des Birdy Nam Nam, le live retournant des C2C qui gagnent la palme du groupe qu’on a vu le plus sur les scènes cet été (et on ne se lasse pas), et Public Enemy dont le bring the noise résonne encore dans nos tympans - live ici par le collectif Sourdoreille http://www.youtube.com/watch?v=sruWMSYepjU .

Il y a des concerts qu’il faut tout de même voir de près. Malgré quelques réticences, parce que ça n’est pas notre tasse de thé, on est allé prendre la température au milieu de la foule pour Skrillex. Qu’on soit d’accord, cette forme du dubstep n’est pas le truc le plus mélodique que l’on ait inventé, mais il faut lui reconnaître une qualité, c’est redoutablement efficace, et Skrillex se pose bien en ponte du genre, distribuant à des claques en-veux-tu-en-voilà. Une dizaine de minutes ont suffit pour qu’on se surprenne à headbanger au rythme des wobbles vomissant les basses. De quoi bien s’échauffer avant ce qui était le highlight du weekend : Digitalism.

Pendant 2h, on aurait pu se croire à Berlin, 2h où tous les titres du duo ont pris une autre dimension de « Pogo » en passant par « Blitz » ou les tout récents «  simply Dead  », on a pas boudé notre bonheur. Nouvel album, nouveau live donc. Au milieu de la scène, le grand cœur de « I Love you dude » flashes nos yeux, fait taper du pied et lever les bras. Il pleut mais on s’en fiche pas mal.

Il était temps de se détendre en profitant des spécialités locales, autre point fort du festival ardennais à l’ambiance unique. Je veux dire par là que le mélange du public est vraiment étonnant, la (pas) faute à la programmation, mêlant rock, métal et musiques électroniques. Il sont rares les endroits où vous pourrez pogoter avec des bobos, boire un verre avec des métalleux et taxer une clope à un fluo kid, et ce n’est pas nous qui diront non pour y retourner.

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LES NUITS secrètespar Max Ltnr Photos : Max Ltnr

Plus d’info : www.lesnuitssecretes.com

On vous l’accorde, la programmation des Nuits Sécrètes ne pèse pas bien lourd face à ses voisins hexagonaux ou belges. Mais tout de même, on peut compter Orelsan, Don

Rimini, Battles, Baxter Dury, Deus ou encore avec les régionaux de l’étape Club Cheval parmi les têtes d’affiches , sans oublier son lot de découvertes, le tout pour un tarif plus raisonnable que certaines soirées de la capitale. Non, on ne va pas bouder notre plaisir.

Il faut avouer que le festival gagne en charme ce qu’il perd en puissance de feu. On est loin du joyeux bordel que peut nous offrir les gigas-festivals et c’est tant mieux, on n’est pas venu pour ça. Out les tentes empilés les unes sur les autres, les bousculades à répétition, les batailles féroces à l’entrée des scènes ou stands de nourriture, les énervés du tam-tam à 5h du mat’. Ici on mange un tajine entre deux siestes, on commence les concerts en douceur et on les finit en sueur. Simple et efficace. Là où ça devient très intéressant, c’est que le festival propose un type de concert encore jamais vu chez ses voisins  : les parcours secrets. Le principe est simple, les participants ont la possibilité de monter dans un bus

aux vitres opaques sans savoir où ils vont ni l’artiste qu’ils vont voir, de quoi éveiller notre curiosité pour de bon.

Côté musique on retiendra le live électrique du Club Cheval, l’électro puissante de Don Rimini, la performance soignée de Baxter Dury ou encore la folk intimiste de Louis Aguilar and The Crocodile Tears. Mais si on ne devait vous parler que d’une chose, ce serait sans hésitation du concert du grand, très grand Charles Bradley (accompagné de ses « Extraordinaires »). Une intensité et une émotion rare chez un homme dont chacune des rides transporte plus de tristesse accumulée que nombre d’entre nous dans toute une vie. On en ressort la larme à l’œil, les jambes tremblantes et le cœur gonflé. Merci, on reviendra.

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