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Université Libre de Bruxelles Institut de Gestion de l’Environnement et Aménagement du Territoire Faculté des Sciences Master en Sciences et Gestion de l’Environnement Le rôle des organisations de la société civile de défense de l’environnement : le cas du Chili Mémoire de fin d’Etudes présenté par : Marcela Pulgar San Martín En vue de l’obtention du grade académique de Master en Sciences et Gestion de l’Environnement Année académique : 2009-2010 Directeur : Prof. Edwin Zaccai

Le rôle des organisations de la société civile de défense ...mem-envi.ulb.ac.be/Memoires_en_pdf/MFE_09_10/MFE_Pulgar_09_10.pdf · Casa de la Paz), Christan Guerra (Groupe de sauvetage

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Université Libre de Bruxelles Institut de Gestion de l’Environnement et Aménagement du Territoire

Faculté des Sciences Master en Sciences et Gestion de l’Environnement

Le rôle des organisations de la société civile de défense de l’environnement : le cas du Chili

Mémoire de fin d’Etudes présenté par : Marcela Pulgar San Martín

En vue de l’obtention du grade académique de Master en Sciences et Gestion de l’Environnement

Année académique : 2009-2010

Directeur : Prof. Edwin Zaccai

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RÉSUMÉ

Les pressions qui pèsent sur l’environnement chilien sont principalement liées à l’exploitation accrue des ressources naturelles. Le cadre législatif étant particulièrement permissif, les entreprises, aussi bien nationales qu’internationales, provoquent d’énormes dégâts sur les différents écosystèmes du pays. Face à ces problèmes, les organisations de la société civile pour la défense de l’environnement vont développer une série d’outils pour empêcher, réduire ou arrêter ces dégâts.

Le cadre d’analyse de ce travail est articulé autour des organisations de défense de l’environnement (OSCE) et des différents rôles qu’elles jouent au sein de la société. Pour ce faire, nous avons interrogé des membres actifs d’organisations chiliennes du secteur et consulté des sources bibliographiques sur le sujet.

Cette recherche tente d’identifier et ensuite de comprendre quelles sont les fonctions spécifiques que ces organisations jouent dans le Chili du XXIème siècle, un pays émergent d’Amérique du sud, en pleine croissance économique.

Nous ferons donc référence aux pressions qui pèsent sur les ressources naturelles, le milieu terrestre, maritime et urbain, ainsi que les principaux problèmes qui pèsent sur l’environnement chilien.

Par la suite, nous présenterons les concepts clés de ce travail qui nous permettrons de comprendre ce qu’est une OSCE. Nous mettrons également en évidence de multiples typologies ou classifications des organisations environnementales.

Pour comprendre notre sujet d’étude, nous comptons décrire le contexte dans lequel émergent les associations chiliennes à partir des particularités sociales et politiques.

L’univers du monde associatif au Chili est vaste et fragmenté et ses organisations en mouvement permanent. Cette recherche illustre la complexité de ce phénomène ainsi que les multiples fonctions des OSCE nationales, des acteurs dynamiques qui s’opposent à la destruction de l’environnement et du cadre de vie.

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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier chaleureusement et particulièrement mon promoteur, Monsieur Edwin Zaccai, qui m’a guidée dans cette recherche. Ses précieux conseils m’ont permis de découvrir de nouvelles idées et d’élargir ma réflexion dans de nouvelles directions, ce qui a rendu cette étude particulièrement agréable. Je suis reconnaissante envers chacun des membres des associations locales au Chili qui ont consacré du temps et contribué à cette recherche : El Chapa (Coordination contre Pascua Lama de Santiago), Ximena Abogabir (Fondation Casa de la Paz), Christan Guerra (Groupe de sauvetage et de réhabilitation des animaux sauvages GRRAS), Juan Carlos Cárdenas (Centre Ecoceanos), Tatiana Rocco (Groupe de base pour le nettoyage des plages d’Antofagasta) et Alicia Sparza (Fondation Institut d’écologie politique IEP). Je remercie aussi les journalistes chiliennes du secteur de l’environnement, de la santé et de la culture Elisa Montesinos, Ana Maria Morales et Fanny Gomez, pour m’avoir mis en contact avec des organisations locales intéressantes et toutes différentes les unes des autres. Un grand merci au personnel du centre de documentation CETRI (Centre tricontinental de Louvain–la- Neuve) et COTA asbl à Bruxelles, pour m’avoir accueillie et aidée dans ma recherche bibliographique. Je remercie également Carolina Poblete (CONAMA) et Mariela Espejo (CONAF), qui m’ont aidée dans la recherche de précieuses informations au Chili. Enfin, je remercie mon époux et mes amis pour les encouragements et pour avoir exprimé leur intérêt à cette étude, et bien entendu ma famille en Belgique et ma famille chilienne, qui m’a soutenue et accompagnée à distance.

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ABREVIATIONS

CASEN : Caractérisation socio-économique (des enquêtes MIDEPLAN) CEPAL : Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes CIVICUS : Alliance mondiale pour la participation citoyenne CODELCO : Corporation nationale du cuivre (Chili) CONAMA : Commission nationale de l’environnement DGA : Direction générale des eaux du Chili EIE : Étude d’incidences environnementales IEP : Institut d’écologie politique GRRAS : Groupe de sauvetage et de réhabilitation de faune sauvage INE : Institut national des statistiques du Chili ISC : Indicateur de la société civile MIDEPLAN : Ministère de planification et de la coopération du Chili MS : Mouvements sociaux MSE : Mouvements sociaux environnementaux MSET : Mouvements sociaux environnementaux transnationaux MST : Mouvements sociaux transnationaux OCDE : Organisation pour la coopération et le développement économique OLCA : Observatoire latino-américain des conflits environnementaux ONG : Organisation non gouvernementale ONGE : Organisation non gouvernementale de l’environnement OSC : Organisation de la société civile OSCE : Organisation de la société civile de défense de l’environnement PNUD : Programme des Nations Unies pour le développement PNUE : Programme de Nations Unies pour l’environnement RENACE : Réseau national écologique RM : Région métropolitaine SAG : Service agricole et d’élevage SC : Société civile SEIA : Système d’évaluation d’Incidences environnementales WWF : World Wild Fond ZEE : Zone économique exclusive (espace maritime)

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ……………………………………………………………………………………..1 CHAPITRE I – L’ETAT DE L’ENVIRONNEMENT AU CHILI : PROBLEMES ET EVOLUTION…………………………………………………………………………………………..5 1.- Caractéristiques générales de l’environnement chilien…………………..................................... 5

1.1.- Le territoire national : situation et superficie….. ……………………………………….. 7 2.- Les pressions sur l’environnement chilien …………………………………………....................... 8

2.1.- Le modèle économique et l’exploitation des ressources naturelles………………….. 8 2.2.- Le développement du secteur productif et le transport………………………………... 9

2.2.1.- L’exploitation des ressources minérales……………………………………… 9 2.2.2.- Le secteur forestier…………………………………………………………...… 10 2.2.3.- La pêche…………………………………………………………………………. 10 2.2.4.- L’exploitation agricole…………………………………………………………... 10 2.2.5.- Le développement industriel et le transport………………………………….. 11

2.3.- La société chilienne et les pressions de la population sur l’environnement............... 11 2.3.1.- La population urbaine : les déchets liquides et solides…………………..… 12

2.3.2.- La pression liée à la pauvreté..................................................................... 13 2.4.- Les risques naturels……………………………………………………………………….. 14 3.- L’état, l’évolution et les problèmes de l’environnement et des ressources naturelles……….… 15 3.1.- L’état de l’eau………………………………………………………………………………. 15 3.2.- La qualité de l’air…………………………………………………………………………… 17 3.3.- L’utilisation et l’état des sols....................................................................................... 17 3.4.- L’état des forêts primaires et les problèmes de conservation………………………… 19 3.5.- La richesse des écosystèmes terrestres et la perte de biodiversité………………….. 23 3.6.- L’état des écosystèmes marins et des côtes chiliennes……………………................ 25 3.6.1.- Le problème spécifique de la salmoniculture……………………………..… 28 3.7.- Les ressources minières et l’impact sur l’environnement……………………………… 29 CHAPITRE II – LA SOCIÉTÉ CIVILE ORGANISSÉE ET LA DÉFENSE DE L’ENVIRONNEMENT………………………………………………………………………………..32 1.- Les concepts : la société civile, les organisations de la société civile et les mouvements sociaux environnementaux………………………………………………………………………………………… 32 1.1.- Qu’est ce que la société civile (SC) ?……………………………………………….…… 32

1.2.- Les organisations de la société civile de défense de l’environnement (OSCE)…..… 33 1.2.1.- Les mouvements sociaux environnementaux (MSE)………………………. 34

2.- Différentes typologies des OSCE proposées par la littérature……………………………........... 36 2.1.- Classification selon les domaines d’intervention……………………………………….. 36 2.2.- Classification selon la participation aux mouvements écologistes…………………… 37 2.3.- Classification des OSCE selon leurs liens et la constitution des réseaux…………… 39

2.4.- Classification des OSCE selon leur structure, leur émergence et leurs rapports avec les associations de base………………………………………………………………………… 42 2.4.1.- Les organisations formelles et informelles………………………………...… 43 2.4.2.- Le cas des ONG environnementales (ONGE) en Amérique-latine…......... 44

CHAPITRE III - LE RÔLE DES OSCE CHILIENNES DANS LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT………………………………………………………………………………. 47 1.- Les OSCE chiliennes et les problèmes environnementaux………………….…………………… 47

1.1.- Contexte d’apparition des OSCE du pays : émergence et évolution….…………….. 47 1.1.1.- Les OSCE et le début des mouvements environnementalistes…………... 49

1.2.- Les obstacles, les difficultés juridiques et les limitations financières des OSCE…....52 2.- Le profil des associations chiliennes et les problèmes environnementaux……………………... 55

2.1.- Quel OSCE pour quel problème environnemental ?..................................... …….… 56

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2.1.1.- Les OSCE et la défense des forêts…………………………………………... 57 2.1.2.- Les OSCE et la perte de biodiversité………………………………………....60 2.1.3.- Les OSCE et l’exploitation minière……...................................................... 63 2.1.4.- L’eau sous pression : les OSCE qui la défendent………………………….. 68 2.1.5.- La protection des écosystèmes marins……………………………………… 70

2.1.6.- Les OSCE et l’urbanisation : les déchets, la pollution et la substitution des terres………………………………………………………………………………... 73

2.2.- Chiffres statistiques sur les OSC environnementales du pays……………………….. 77 3.- Typologie des OSCE chiliennes……………………………………………………………………... 77 4.- Les différentes fonctions ou rôles des OSC environnementales identifiées……………………. 80 4.1.- La vision selon les organismes internationaux : PNUD……………………………….. 82 4.2.- Les OSCE chiliennes selon la société civile internationale : le réseau CIVICUS……83 4.3.- Les rôles des OSCE selon la Loi chilienne……………………………………………… 85 4.4.- Les rôles selon la perception de l’opinion publique chilienne………………………….87 CHAPITRE IV – ANALYSE DE CAS………………………………………………………...........88 ANALYSE DES ORGANISATIONS CHILIENNES DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT...……………………………………………………………………………..88 1.- Les hypothèses soulevées…………………………………………………………………………… 88 2.- Analyses de cas des OSCE interviewées………………………………………………………….. 88

2.1.- La pré-société civile mobilisant des ressources participatives : « Groupe de base pour le nettoyage des plages d’Antofagasta »………………………………………………... 88 2.2.- « Coordination contre Pascua Lama de Santiago » : la formation des MSE face à l’exploitation minière……………………………………………………………………………... 90 2.3.- « ECOCEANOS », les interventions médiatisées……………………………………… 91 2.4.- « Groupe de Sauvetage et de Réhabilitation d’Animaux Sauvages », la conservation de la nature……………………………………………………………………………………….. 92 2.5.- Problèmes transversaux pour des OSCE généralistes : Casa de la Paz et IEP.….. 94

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES…………………………………………………………….98 BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………………......106 ANNEXES………………………………………………………………………………………......112 Annexe 1 : Chiffres macroéconomiques du Chili (La Banque centrale 2009)…………….. 112 Annexe 2 : Zones maritimes du Chili : la mer territoriale, la Zone économique exclusive

- ZEE- ou mer patrimoniale et la plateforme continentale sous-marine……………………. 113 Annexe 3 : Questionnaire traduit en français de collecte d’informations sur les OSCE chiliennes étudiées en profondeurs……………………………………………………. 114 Annexe 4 : Questionnaire en espagnol de collecte d’informations sur les OSCE chiliennes étudiées en profondeur……………………………………………………………... 118 Annexe 5 : Questionnaire relatif à l’organisation « Groupe de Base pour le Nettoyage des Plages à Antofagasta »……………………………………………………………………. 122 Annexe 6 : Questionnaire relatif à l’organisation « Maison de la Paix »…………………… 126 Annexe 7 : Questionnaire relatif à l’organisation « Centre ECOCEANOS pour le développement durable » pour la Défense des écosystèmes marins……………………… 132 Annexe 8 : Questionnaire relatif à l’organisation « Groupe de sauvetage et réhabilitation de faune sauvage – GRRAS »……………………………………………………………..……146 Annexe 9 : Questionnaire relatif à l’organisation « Fondation Institut de l’Ecologie Politique »…………………………………………………………………………...................... 158 Annexe 10 : Questionnaire relatif à l’organisation « Coordination contre Pascua Lama de Santiago » ………………………………………………………………………… 167

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INDEX DES TABLEAUX ET FIGURES Fig. 1 : Découpage administratif du Chili divisé en 15 régions…………………………………………6 Fig. 2 : Découpage morphologique du Chili continental …………………..………………………….. .8 Fig. 3 : Évolution de l’accès de la population urbaine au système PTAS entre 1990 et 2007……. 12 Fig.4 : Disponibilité en eau en m3/habitant par région en 1999 ……………………………………... 16 Fig.5: Des zones de saturation des pollutions atmosphérique les plus courantes. La couleur foncée représente les sources minières tandis que la couleur claire indique les villes…………….18 Fig.6 : Évolution de l’érosion des sols entre 1979 et 2009. La description de l’érosion est signalée par la couleur rouge. Plus la couleur rouge est foncée plus l’érosion est sévère………………….. 21 Fig.7 : Superficies de forêts primaires perdues –en hectares- suite aux processus de substitutions Et d’habilitation dérivés de l’agriculture et de l’élevage, dans neuf régions du pays………………. 22 Fig.8 : Hostpot chilien au sud du pays………………………………………………………………….. 24 Fig.9 : Capture des espèces en tonnes. Les chiffres montrent une diminution générale en 2008 par rapport à 2004 suite aux restrictions imposées par la Loi………………………………………... 26 Tableau 1 : Ressources marines à valeur commerciale……………………………………………….27 Fig.10 : Nombre des émetteurs industriels et urbains distribués tout au long du pays qui déchargent directement des résidus liquides dans la mer…………………………………………….28 Tableau 2 : Ranking de la participation de la production chilienne des minéraux au niveau mondial…………………………………………………………………………………………... 29 Tableau 3 : Nombre de mines abandonnés au Chili…………………………………………………... 31 Fig.11 : Société civile en trois dimensions selon Gautier Pirotte…………………………………….. 33 Fig.12 : Représente les OSC, dont les OSCE, selon la vision de l’Université Johns Hopkins, USA…………………………………………………………………………………………………………. 36 Tableau 4 : Typologie des mouvements écologistes autour desquels se structurent les OSCE…. 37 Tableau 5 : Typologie des mouvements écologistes, des exemples chiliens………………………. 37 Tableau 6 : Les réseaux des OSCE…………………………………………………………………….. 40 Tableau 7 : Les réseaux des OSCE, des exemples du Chili…………………………………………. 42 Tableau 8 : Grille de lecture des ONG latino-américaines, dont les ONGE………………………… 45 Fig.13 : Diagramme élaboré lors de cette recherche dans le but d’illustrer la structure des OSCE en Amérique latine………………………………………………………………………………………… 46 Fig.14 : Plan régional (VIIIème région) du Système interconnecté central SIC (système nationale de fourniture d’énergie). Tous les carrés représentent des centrales hydroélectriques…………... 49 Fig.15 : Page web du Programme « Chili durable »…………………………………………………… 52 Fig.16 : Page web de l’Observatoire latino-américain des conflits environnementaux……………. 53 Fig.17 : Source de revenus des OSCE chiliennes. On observe une dominance des revenus philanthropiques…………………………………………………………………….................. 55 Fig.18 : Bassin hydrique des fleuves Pascua et Baker……………………………………………… 58 Fig.19 : Affiche de contre-propagande du mouvement social environnemental « Conseil de défense de la Patagonie » appartenant à une série d’entre elles utilisés dans les espaces publics (autoroutes) et dans les systèmes CMC……………………………………. ………………………… 60 Fig.20 : Secteur de biodiversité endémique de la zone australe d’Amérique du sud. Le numéro 4 correspond à la région de l’Araucanie (« hotspots ») habitée encore par des Mapuches……… 63 Fig.21 : Groupe de Sauvetage et de réhabilitation de la faune sauvage GRRAS dans leur Centre………………………………………………………………………………………………… 66 Tableau 9 : Flore et faune la plus représentative de la région minière d’Antofagasta…………… 67 Fig. 22 : Affiche publicitaire du MSE mobilisant des ressources participatives pour la défense de l’eau et des glaciers situés dans la mine de Pascua Lama………………………………………….. 69 Fig.23 : Logo page web Centro ECOCEANOS : “Retournons vers la mer”………………………… 70 Fig.24 : Radeau-cage de la salmoniculture chilienne en Patagonie…………………………………. 72 Fig.25 : Carte d’orientation pour l’aménagement territorial durable de la Région métropolitaine. Les cercles indiquent la taille des villes, dont Santiago au centre. Les grands cercles indiquent les grandes métropoles……………………………………………………………………...……………… 75 Fig.26 : L’IEP (institut d’écologie politique) essaie d’intervenir dans la préparation des plans régulateurs de la ville de Santiago.……………………………………………………………… 76 Tableau 10 : Nombre des OSCE enregistrées l’année 2000………………………………………… 77 Fig.27 : Affiche publicitaire pour l’organisation d’un événement culturel publique (Coordination contre Pascua Lama de Santiago)…………………………………………………………………….. 79 Fig.28 : Logo institutionnel « Fondation Maison de la Paix ». OSCE avec 25 ans d’existence….. 79

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Fig. 29 : Division des OSCE par régions. Les principales pressions sur l’environnement chilien et les principaux pôles d’actions………………………………………………………………………… 81 Fig.30 : Selon le PNUD, les OSCE chiliennes ont un rôle expressif, elles sont l’espace d’expression des croyances et des valeurs……………………………………………………………. 82 Tableau 11 : Tableau comparatif des OSC par rapport à la génération d’emplois………………… 83 Tableau 12 : Indicateur ISC sur la durabilité des actions de la société civile destinées à préserver l’environnement. Elles sont cotées avec le maximum des points -3 points-…………………………84 Fig.31 : L’EIE du projet Hydro Aysén reçoit 4.000 observations citoyennes et 3.150 observations des services publiques. Elles retardent le travail de construction de méga-barrages hydroélectriques en Patagonie……………………………………………………………………………86 Fig. 32 : « Groupe de base pour le nettoyage des plages d’Antofagasta »………………………… 89 Fig. 33 : Manifestation publique à Santiago organisée par les OSCE chiliennes appartenant au MSE « Non à Pascua Lama »……………………………………………………………………………. 91 Fig.34 : Campagne nationale des OSCE chiliennes pour la défense des baleines………………... 92 Fig.35 : Jeune puma nourri au centre GRRAS. Il sera relâché quand il pourra être autonome….. 93 Fig.36 : Remise en liberté dans son milieu naturel d’un renard (zorro) soigné au centre de sauvetage GRRAS………………………………………………………………………………………… 94 Fig. 37 : Casa de la Paz réalise des programmes d’éducation à l’environnement………………… 94 Fig. 38 : L’OSCE Institut d’écologie politique IEP, intervient dans de multiples secteurs, dont l’énergie renouvelable et la planification du territoire………………………………………… ………..96 Tableau 13 : Tableau récapitulatif de l’ensemble des OSCE interviewées (typologie, secteur d’intervention, réseaux, MSE, objectifs, méthodes de travail, financement et rôles……... 97

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INTRODUCTION

Les organisations environnementalistes issues de la société civile sont devenues aujourd’hui des protagonistes incontournables dans la protection des ressources et du milieu naturel. Face aux dégâts constatés et aux multiples pressions qui pèsent sur l’environnement, elles s’engagent dans la protection des biotopes, des animaux, des rivières, des océans…Elles prennent aussi en charge de nombreux autres problèmes environnementaux qui dépassent les contextes purement locaux ou nationaux. Au Chili, via des actions sur le terrain mais aussi à travers des initiatives destinées à influencer les politiques environnementales des institutions publiques ou privées, elles constituent une véritable force sociale (et cela depuis leur apparition vers la fin des années 80 lors du retour de la démocratie).

Mais délimiter dans la pratique ce qu’est la société civile au sens large et qui en est membre, semble être une tâche très périlleuse tant les enjeux sont complexes et les visions des experts divergentes.

L’objectif de ce travail n’est pas de rentrer dans la discussion concernant les multiples définitions de la société civile et des membres qui la composent. Nous allons limiter notre étude à l’analyse des organisations ou des associations de la société civile chilienne dont le but consiste à protéger les ressources naturelles et l’environnement du pays soumis à de multiples pressions. Il s’agît des OSCE (Organisations de la société civile de la défense de l’environnement), des acteurs nationaux dynamiques reliés à de multiples réseaux de la vie associative, dont les Mouvements sociaux environnementaux (MSE) semblent être un des mouvements les plus représentatifs.

Notre objectif principal est de comprendre quelles sont les fonctions ou les rôles que les OSCE jouent dans le Chili du XXIème siècle, un pays émergent d’Amérique du sud, avec de hauts niveaux de croissance économique et qui base son développement sur l’exploitation intensive de ses ressources naturelles.

Nous cherchons aussi à comprendre de quelle façon ces OSCE sont structurées (typologie et classification des organisations), quels sont leurs secteurs d’intervention, comment elles agissent sur le terrain, quels sont leurs réseaux et leurs liens avec d’autres acteurs, y compris avec les mouvements sociaux, quelles sont leurs fonctions spécifiques et comment elles évoluent dans le contexte national.

Mais afin de mieux cerner le rôle des OSCE chiliennes ainsi que leur dynamique de travail, il s’avère par contre nécessaire dans un premier temps d’observer quel est l’état actuel de l’environnement du pays. Pour cela, nous avons basé notre description principalement sur les rapports suivants :

a) le dernier Rapport national sur l’état de l’environnement chilien, publié au début de l’année 2010 par l’Université du Chili, le PNUE, la CEPAL et la CONAMA (Commission nationale de l’environnement chilien),

b) le Rapport sur l’état de l’environnement de l’année 2007 publié par l’Institut national de statistiques du Chili (INE).

Au chapitre 1, nous ferons donc référence aux pressions qui pèsent sur les ressources naturelles, le milieu terrestre, maritime et urbain, ainsi que les principaux problèmes qui touchent l’environnement chilien.

Ensuite, au chapitre 2, nous présenterons les concepts clés de ce travail qui nous permettrons de comprendre ce qu’est une OSCE. Nous décrivons aussi différents modèles de classification ou de typologie des OSCE que nous avons découverts dans la littérature, dont des modèles internationaux ainsi que des modèles latino-américains. Ces derniers nous révèlent les particularités des OSCE régionales et communes aux pays du continent. Dans

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ce contexte, nous mettrons en évidence l’existence de deux types de structure au Chili: celles qui ont un statut juridique (que nous appellerons aussi organisations formelles ou structurées) et celles qui n’en ont pas une (les informelles ou de fait et qui sont aussi très actives sur le terrain).

Ces différents modèles nous permettent d’analyser et de comprendre les rôles des OSCE nationales.

Ensuite, au chapitre 3, nous abordons le sujet sur les rôles des OSCE. Pour cela, nous décrivons le contexte dans lequel émergent les associations chiliennes à partir des particularités sociales et politiques. Nous analysons de quelle façon ces OSCE interviennent face aux problèmes environnementaux du pays et nous décrivons les principaux rôles émergents.

Au chapitre 4, nous comptons approfondir par des études de cas les hypothèses que nous avons posées lors de l’analyse du chapitre 3. Nous allons décrire comment les organisations chiliennes de base (la pré-société civile agissant dans l’espace local), ainsi que les OSCE régionales et nationales, tant formelles qu’informelles, se mobilisent concrètement face à des problèmes environnementaux ponctuels.

Finalement, nous exposons les principaux résultats et les conclusions obtenus, en mettant en évidence les grands axes et les propositions de cette recherche.

Problème et question de départ Le Chili est considéré comme un des pays les plus stables d’Amérique latine du point de vue économique. Par contre, la croissance économique, basée sur l’exploitation des ressources naturelles, a été privilégiée par rapport à d’autres secteurs de développement (PNUE- U. du Chili, 2010) Vingt ans après le rétablissement de la démocratie, de multiples OSCE s’inquiètent des conséquences environnementales que génèrent le maintient d’un modèle économique fortement axé sur l’exploitation et l’exportation des ressources naturelles, ainsi que d’un cadre juridique environnemental peu contraignant et fort attaché au schéma des années ‘80. Face à ce constat, les OSCE semblent combler des manques institutionnels, en proposant des politiques publiques et en agissant aussi sur le terrain, là où les dégâts sont imminents. Certaines études nationales se sont déjà penchées sur les caractéristiques des multiples organisations qui composent la société civile chilienne, mais identifier et comprendre les rôles des OSCE n’a pas été leur objectif central. C’est le cas par exemple de l’étude élaborée en 2006 sous la direction de l’Université Johns Hopkins et le PNUD, laquelle fait référence aux associations en tant que « capital social ». Ou dans la même année le cas de l’étude de l’Alliance mondiale pour la participation citoyenne CIVICUS et la fondation SOLES, qui dresse un profil général de la société civile chilienne via l’indicateur ISC -Indice de la société civile. (cf. Bibliographie) Notre but est donc d’identifier quelles sont les multiples rôles ou fonctions des OSCE chiliennes dans un contexte d’exploitation exacerbé des ressources naturelles où le développement économique est privilégié avant tout. Ce travail essaie de proposer des pistes possibles pour de futures recherches plus approfondies sur le sujet.

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Ce mémoire a donc été structuré autour de cette question : quel est le rôle des OSCE face aux problèmes environnementaux du Chili, pays du sud en pleine croissance économique qui base son développement sur l’exploitation intensive des ressources naturelles ? A partir de cette question centrale, il s’ensuit d’autres questions telles que :

- quels sont ces rôles ? - quels sont les types d’OSCE que nous pouvons identifier? - quels sont ces problèmes environnementaux?

Face à cette question, nous émettons l’idée que les OSCE ont de multiples fonctions à jouer. Simultanément, l’observation du comportement des OSCE (cf. chap.3) nous permet de soulever certaines hypothèses générales concernant leurs rôles, que nous essaierons de résoudre dans ce travail :

a) elles auraient la fonction de combler certaines insuffisances de l’action publique en matière environnementale,

b) par la voie des MSE (Mouvements sociaux environnementaux) et des observations introduites aux Études d’incidence environnementale, elles auraient la capacité de retarder des projets considérés comme nuisibles à leurs yeux, mais pas la capacité de les arrêter définitivement,

c) elles joueraient une fonction de lutte revendicative et le lobbying politique tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des institutions publiques ou privées, semble fort présent,

d) elles auraient la capacité de résoudre des problèmes concrets par des actions sur le terrain,

e) elles noueraient des liens avec des organisations de base, des OSCE nationales et internationales, un phénomène qui les situe dans une position avantageuse vis-à-vis des institutions publiques et des entreprises privées.

Note méthodologique Pour répondre à notre question de départ, nous avons utilisé, d’une part la recherche bibliographique qui nous permet d’avoir une vision générale du discours des chercheurs, et d’autre part des enquêtes sur le terrain qui nous révèlent l’opinion des acteurs travaillant sur place (c’est à dire les OSCE). Nous avons également utilisé les multiples publications élaborées par les organisations elles-mêmes, afin de compléter nos informations et d’avoir ainsi une idée de l’ampleur des recherches sur le sujet. (Dumoulin, 2006) Les rôles des OSCE de l’Amérique latine sont un sujet d’étude récent et les données existantes éparses. Afin de collecter des informations aussi nombreuses que possible et dans le but de comprendre les divers aspects de notre question, nous avons utilisé l’étude de cas comme méthode de recherche, basée sur des interviews et des analyses de multiples sources et documents. (Lessard et al. 1997) Pour préparer les interviews, dans un premier temps nous avons pris des contacts sur place (à Santiago du Chili et à Antofagasta), avec des membres des OSCE du pays. À notre retour en Belgique, nous avons entretenu les liens par des systèmes on-line de communication CMC (Computer Mediated Communication) utilisés par toutes les OSCE étudiées (cf. Diani, Bibliographie). Puis, nous avons préparé une enquête écrite avec des questions générales fermées (guidées) afin de saisir les aspects plus formels sur le fonctionnement interne des organisations, laquelle a été envoyée par mail entre mars et avril de cette année. Parallèlement, nous avons réalisé un entretient qualitatif par téléphone ou par skype

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(webcam), de plus ou moins 50 minutes, avec chacune des personnes choisies pour l’étude (cf. annexes 3 et 4). L’application de ce type de questions qualitatives nous permet d’aborder en profondeur les phénomènes d’étude en rendant compte de sa complexité. Nous avons opté pour des entretiens avec des questions ouvertes sur la base d’un questionnaire établit préalablement sur les rôles des OSCE au Chili. (Lessard, 1997) Notre population est constituée de six représentants des OSCE chiliennes appartenant à différents secteurs d’intervention et répondant à différentes typologies d’organisations. Pour choisir les interviewés, nous avons suivi les conditions suivantes:

a) qu’il s’agisse soit du fondateur ou du chef de projet avec une connaissance détaillée du travail et du fonctionnement de l’OSCE à laquelle ils appartiennent,

b) que leur OSCE ait une continuité dans leurs interventions, c) que leur OSCE soit de type formel ou informel (nous avons choisi 4 OSCE formelles

et 2 OSCE informelles) d) que l’objectif central de l’organisation soit la défense de l’environnement, e) que l’OSCE ait une organisation 100% chilienne (qu’il ne s’agisse pas d’un siège

local d’une OSCE internationale, comme Greenpeace ou WWF par exemple). De cette façon, nous décrivons l’évolution et les liens des OSCE nationales, notre objet d’étude.

f) que chacune des OSCE appartiennent à des secteurs d’intervention différents les uns des autres.

Ainsi, au final, les membres des OSCE interrogés sont :

a) Juan Carlos Cárdenas, fondateur du « Centro ECOCEANOS », défense des écosystèmes marins, siège à Santiago ;

b) Christian Guerra, fondateur de l’ONG « GRRAS », Groupe de sauvetage et de réhabilitation des animaux sauvages, défense des animaux et de la biodiversité, siège à Antofagasta ;

c) Ximena Abogabir, fondatrice et directrice de « Fondation Casa de la Paz », multiples secteurs d’intervention, siège à Santiago ;

d) El Chapa, fondateur de la « Coordination contre Pascua Lama de Santiago », défense de l’eau et des terres agricoles, siège à Santiago et agissant dans la vallée d’Huasco (IIIème région du Chili) ;

e) Alicia Sparza, directrice du département de l’énergie, « Fondation IEP » Institut d’écologie politique, multiples secteurs d’intervention, siège à Santiago ;

f) Tatiana Rocco, fondatrice « Groupe de nettoyage des plages d’Antofagasta », secteur d’intervention urbain, siège à Antofagasta.

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CHAPITRE I – L’ÉTAT DE L’ENVIRONNEMENT AU CHILI : PROBLÈMES ET ÉVOLUTIONS

1.- Caractéristiques générales de l’environnement chilien

Les dégâts dont a souffert l’environnement du pays ont augmenté lors de ces dernières décennies. Á partir de 1994 avec l’approbation de la « Loi sur les bases générales de l’environnement », les autorités nationales ont pris de multiples initiatives pour atténuer ou pour limiter le processus de détérioration du milieu. Mais les mesures sont encore insuffisantes pour arrêter vraiment les dégâts à court terme. Ce constat, mis en évidence dans le dernier rapport national élaboré par l’Université du Chili1, fait référence aux multiples pressions anthropiques auquel le milieu a été soumis, telles que la croissance économique globale et l’expansion accélérée du secteur productif, l’augmentation de la population urbaine et la croissance des inégalités sociales suite à une mauvaise distribution des revenus, mais surtout la dépendance accrue de l’économie interne à l’exploitation et à l’exportation des ressources naturelles, principalement du secteur minier, de la pêche et de l’agriculture.

Une autre pression qui est aussi mise en évidence mais cette fois de caractère naturel a été décrite par l’Institut de statistiques du Chili –INE-. Il s’agit des risques naturels tels que les tremblements des terres, le volcanisme et les tsunamis lesquels génèrent des dégâts sur l’environnement mais aussi sur les populations locales. Par rapport aux agglomérations urbaines - les secteurs les plus peuplés, qui concentrent 86,6% de la population régionale dont plus de 40% à Santiago- les principaux problèmes environnementaux détectés concernent la pollution de l’air et de l’eau, ainsi que la gestion des déchets solides et liquides, générant des conséquences négatives pour la santé publique et le milieu. Concernant les ressources naturelles, les chiffres fournis pour le PNUE et l’Université du Chili signalent par exemple, une diminution des superficies de forêts primaires (plus de 124 mille hectares), des terres dégradées et de vastes zones d’écosystèmes endémiques détruites ou menacées. Ces problèmes environnementaux contemporains ont des origines diverses mais ils restent étroitement liés au contexte historique et économique national qui semblent parfois commun aux pays de l’Amérique du sud. D’ailleurs, dans l’actualité la majorité des associations de protection de l’environnement du continent latino-américain s’accordent à souligner « l’exceptionnelle richesse biologique du continent, sa grande diversité de climats et de ressources naturelles, mais attribuent aussi la destruction de cette richesse à l’économie extractive orientée vers les marchés extérieurs et introduite à l’époque de la découverte du continent. Une richesse restée intacte durant des siècles grâce à des pratiques ancestrales d’utilisation des ressources naturelles par les populations autochtones ». (Agrasot, et al, 1994 : 15) Tous ces phénomènes ont marqué l’évolution du milieu naturel et ont façonné le comportement et les objectifs des organisations chiliennes environnementales qui à travers des actions sur le terrain ou dans les arènes de discussions jouent un rôle majeur dans la défense de l’environnement.

1Ce rapport publié en mars de 2010 a été élaboré en collaboration avec le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), la Commission économique pour l’Amérique latine et les caraïbes (CEPAL) et la Commission nationale de l’Environnement du Chili (CONAMA).

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Ensuite nous passerons en revue les principaux problèmes, les pressions et les menaces qui pèsent sur l’environnement du pays et les facteurs économiques et sociaux qui déterminent l’évolution passée et future du milieu naturel.

Fig. 1 : Découpage administratif du Chili divisé en 15 régions (INE, 2007 :12)

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1.1- Le territoire national : situation et superficie

Le Chili est situé à l’extrême sud occidental de l’Amérique du Sud. Il étend ses limites vers l’Antarctique2 et vers l’Océanie où il possède l’Ile Salas y Gómez et l’Ile de Pâque. Il comprend aussi les archipels de Juan Fernández, San Félix et San Ambrosio, qui avec l’Ile de Pâque et Salas y Gómez forment les îles sporadiques et le Chili insulaire. (Prochile, 2010- INE, 2007- Cunill, 1979).

La géomorphologie, les climats, les paysages du pays ainsi que ses ressources naturelles et ses écosystèmes sont multiples et variés selon l’endroit ou la région observée.

Le découpage géomorphologique actuel du territoire continental est distribué de façon longitudinale sur trois grandes unités centrales de relief: la Cordillère des Andes (à l’est), la Cordillère de la Côte (à l’ouest) et la Dépression intermédiaire (au centre du pays). En même temps, les plaines au bord du littoral constituent une quatrième zone de développement qu’on retrouve presque tout au long du pays. A cette morphologie générale s’annexe aussi la Pampa Magallanica (ou plateau Patagonique) et les chaînes transversales de montagnes basses à l’intérieur de la Dépression intermédiaire. Ce relief si accidenté et montagneux est particulier au Chili continental avec une couverture de 80% du territoire national tandis que les plaines ne dépassent pas 20% de la superficie totale (INE 2007-Vivanco, 2009). D’un point de vue climatique et des paysages, le Chili est

divisé en cinq parties du nord au sud: a) le Grand nord (climat aride et un paysage désertique) ; b) le Petit nord (climat semi-aride et un paysage semi-désertique) ; c) la Zone centrale (paysage méditerranéen); d) la Zone sud, (climat tempéré chaud et océanique); e) la Zone australe (tempéré froid et subpolaire). Parallèlement nous observons des zones proches de l’Antarctique avec un climat subpolaire et polaire, l’Ile de Pâques avec un climat de type subtropical et maritime tempéré-chaud, ainsi que les Andes avec un climat montagneux de hauteur sur les sommets. (INE 2007- Cunill, 1979) Cette longue et étroite bande de terre, s’étend donc du nord au sud mais aussi de l’est à l’ouest sur des paysages et des zones géographiques et climatiques très diversifiés avec un ample éventail de ressources naturelles et des écosystèmes soumis à de multiples pressions.

2 Le Traité Antarctique signé á Washington par 12 pays est entré en vigueur le 23 juin 1961. Il statue que les terres de l’Antarctique sont exclusivement consacrées à des fins scientifiques et pacifiques. Les prétentions territoriales sont exclues par le Traité, complété en 1991 par un Protocole environnemental signé par 38 Etats. « Le Chili a installé des bases scientifiques dans la zone et elles sont administrées par le gouvernement régional de Magallanes, Province de l’Antarctique chilienne. Selon le dernier recensement national, 130 chiliens y habitent ». (SUBDERE Chili, Sous-secrétariat du développement régional et administratif, 2010)

Superficie du Chili (SUBDERE, 2010- INE, 2007) Chili continental (ne comprend pas les espaces maritimes) 756.096 km2 Chili insulaire (le total des îles) 374 km2 Terres Antarctiques administrées par le Chili 1.250.000 km2 Chili maritime (cf. annexe 2) a) 12 miles de mer territoriale b) 200 miles de mer patrimoniale ou ZEE (Zone économique exclusive) c) 350 miles de plateforme continentale sous- marine

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Fig.2: Découpage morphologique du Chili continental (MINEDUC-PSU, 2009) 2.- Les pressions sur l’environnement chilien

2.1.- Le modèle économique et l’exportation des ressources naturelles

Entre les années ‘80 et les années ‘90, le pays a vécu une des plus grandes transformations en matière de politique-économique, générant des modifications dans le milieu naturel et les ressources. Il s’agit de la mise en marche d’un modèle économique, encore d’actualité, qui donne la priorité au rôle du marché et de l’entreprise privée. (Sunkel, 2007 in Université. du Chili, 2010). Vers la fin des années ’70, le modèle protectionniste qui met l’Etat dans un rôle central pour le développement économique -existant au Chili depuis les années ’30- commence à s’épuiser pour donner lieu à un modèle ultra libéralisé prôné pendant le régime militaire par les « Chicago boys » (des économistes chiliens issus de l’école de Chicago qui suivent les principes du théoricien du libéralisme, Milton Friedman). (ibid) D’un système où l’accumulation du capital s’est fait grâce à l’activité de l’industrie nationale, le pays penche vers un modèle ouvert et axé vers les marchés extérieurs. D’ailleurs, avec l’approbation du décret de loi nr.600 de l’année 1974, « commence un processus d’attraction des capitaux étrangers destinés au développement de secteurs spécifiques de l’économie…liés principalement à l’exploitation des ressources naturelles : l’activité minière, la sylviculture, la pêche, l’agriculture et la fruiticulture » (Université du Chili, 2010 :18 ). Actuellement, près de 64% des exportations nationales ont leur origine dans l’exploitation des ressources naturelles destinées aux marchés étrangers. (Direcon, 2008 in U. du Chili, PNUE et al., 2010). Les conséquences de l’internationalisation et de la libéralisation de l’économie chilienne sont divergentes. D’un coté les chiffres macro-économiques montrent des résultats très positifs avec une grande croissance (taux de croissance de près de 6% en 2005) et une forte stabilité économique. (cf. annexe 1). Cette internationalisation génère aussi des impacts positifs sur l’action des entreprises nationales qui dans le but de rester compétitives, doivent répondre aujourd’hui aux exigences et aux standards environnementaux mondiaux. (Les entreprises d’élevage de saumons chiliens par exemple, sont soumises à de fortes pressions internationales suite à l’utilisation des antibiotiques). (Ibid, Theysset, 2007) Mais d’un autre coté, des impacts négatifs se manifestent tels que : l’augmentation des pressions sur les ressources naturelles qui génèrent de graves dégâts environnementaux, la dépendance accrue aux marchés extérieurs qui rend le pays trop dépendant des fluctuations des économies des pays importateurs, la croissance des inégalités sociales suite à une mauvaise distribution des revenus, et l’affaiblissement de la fonction de surveillance et de contrôleur de l’Etat. (Ibid.). Il semble donc que ce modèle économique global du Chili n’a pas

Ouest Est

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encore internalisé les multiples externalités négatives dérivées de l’exploitation des ressources naturelles3. 2.2.- Le développement du secteur productif et le transport

Les activités économiques productives du pays, dont les plus importantes se situent autour de l’exploitation des ressources naturelles, exercent des pressions directes sur l’environnement : l’extraction du cuivre ; l’exploitation des ressources forestières pour la production de bois et de cellulose ; la pêche et l’agriculture (elles génèrent par contre la plus grosse partie du Produit national brut). L’ensemble des activités industrielles chiliennes, a une incidence sur un des problèmes majeurs au niveau global: le réchauffement climatique. Les émissions chiliennes de gaz à effets de serre (GES) correspondent à 0,2% du total des émissions mondiales, soit un chiffre qui situe le pays loin derrière les trois principaux émetteurs de GES que sont les USA, la Chine et l’UE. (INE, 2007-U. du Chili, PNUE et al. 2010) Des six gaz à réduire les émissions selon les limites établies par le protocole de Kyoto (dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote, des gaz hydrochlorofluorocarbures, perfluorocarbones et le hexafluorure de soufre), le dioxyde de carbone (CO2) est le plus répandu sur le territoire chilien avec 71% du total national des GES émis. Il est suivi par le méthane et le protoxyde d’azote, générés majoritairement par le secteur énergétique y compris le transport, puis l’activité agricole et ensuite les processus industriels et les déchets. (ibid) Mais même si les émissions des GES par rapport aux chiffres mondiaux restent aujourd’hui très basses, elles ont augmenté de 60% pendant la période comprise entre 1990 et 2006. Les estimations faites par une étude élaborée en 2008 (PROGEA) signalent que suite à la consommation d’énergie et au manque de mesures efficaces pour diminuer les émissions, les GES au Chili vont s’accroître, par rapport à l’année 2007, de 4,9 fois à l’horizon 2030. (ibid)

2.2.1.- L’exploitation des ressources minérales

Il s’agit d’une des principales activités économiques du pays et une des plus répandues sur le territoire national. Développée majoritairement au nord du Chili, car les centres d’exploitations miniers -principalement du cuivre- se trouvent dans ces zones (Chuquicamata, Antofagasta, entre autres), elle représente 7% du produit national. Le cuivre à lui seul, équivaut à 82% du PIB minier et représente 80% des exportations minières. Il reste donc le premier minéral exploité et exporté du pays. (la Banque central in U. du Chili, PNUE et al., 2010) Concernant l’environnement, ce secteur a dû s’adapter aux exigences et aux standards fixés au niveau international. L’exploitation minière a été poussée à améliorer ses processus de transformation principalement dans les secteurs liés à l’exploitation de minéraux à grande échelle (Gran mineria). « Mais ils subsistent encore des problèmes sérieux avec les passifs environnementaux dérivés des relaves (des déchets minéraux) abandonnées et des mines fermées dont les emplacements n’ont pas encore été reconditionnés. En plus, tant les secteurs de la petite comme de la moyenne entreprise minière (la Mediana et la Pequeña 3 L’externalité négative apparait lorsqu’un agent économique fait supporter les coûts de l’activité de production ou de consommation à un autre agent économique. (Des notes prises aux cours d’aspects économiques de l’environnement de M. Hecq, W.)

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minería) utilisent encore des systèmes de production très nocifs pour l’environnement » (Université du Chili- 2010 :22). Concernant les émissions de GES générées par cette activité extractive, elles ont malheureusement augmenté entre 2004 et 2008 de 48% (de 11,5 à 17 millions de tonnes de CO2). Le déficit national en gaz naturel et le besoin de l’entreprise minière à générer son électricité à moindre coût, poussent le secteur minier à produire l’énergie à partir des combustibles fossiles. (U. du Chili, PNUE et al. , 2010- INE 2007) 2.2.2.- Le secteur forestier

Après l’exploitation du cuivre, ce secteur occupe la deuxième place par rapport au produit national brut. En 2008, ses exportations ont atteint 5.408 millions de dollars. « La superficie continentale du Chili est de 75,7 millions d’hectares dans lesquelles on trouve des forêts endémiques mais aussi des plantations forestières. Ces dernières couvrent près de 2 millions d’hectares dont les principales sont le Pinus radiata et les Eucalyptus » et les forêts mixtes atteignent une superficie de 87.625 hectares. (CONAF 2005, in Université du Chili, 2010 :23). Dans ce contexte, même si certaines initiatives ont été prises pour gérer de façon durable les plantations forestières commerciales, principalement en ce qui concerne l’accroissement des certifications, il s’agit d’un secteur encore très délaissé du point de vue environnemental. Entre les années 2005 et 2008 beaucoup d’entreprises de production de cellulose ont du fermer leurs portes suite aux rejets de polluants nocifs pour l’environnement. D’autre part, les forêts endémiques semblent être les victimes directes de la sylviculture et aussi des incendies. (CONAF, 2010)

2.2.3.- La pêche

La pêche y compris la capture (pêche d’extraction) et l’élevage (aquiculture), représentent 1,2% du PIB total du pays. Le secteur de l’extraction atteint 85% du total de la production de la pêche nationale avec cinq millions de tonnes capturées pendant l’année 2005. « Mais la production du secteur de l’extraction a diminué de 35% entre 1996 et 2005, tandis que l’aquiculture a augmenté de 232% pendant la même période ». (Universidad du Chili : 24). Les exportations par contre ont connu lors de ces dernières années une importante croissance. Par contre du point de vue environnemental, cette augmentation a généré de fortes pressions sur la biomasse marine qui se trouve aujourd’hui menacée dans sa survie et dans son développement. L’élevage des saumons, un secteur en pleine expansion, est le responsable d’importants dégâts dans des lacs, des fiords et des canaux. Même si les ressources naturelles du secteur sont fort menacées, il semble que les mesures de protection et de conservation ne figurent pas comme étant prioritaires. (Ibid – Melillanca et Diaz, 2007)

2.2.4.- L’exploitation agricole

L’activité agricole (l’agriculture, la fruiticulture et l’élevage de bétail) est un des moteurs de l’économie nationale tant par son apport au PIB (3,7% en 2008) que par la génération d’emplois. L’agriculture et la fruiticulture jouent un rôle majeur dans les exportations nationales. D’ailleurs en 2008, près de 5,4% des exportations ont été des produits agricoles dont 87% du total sont des fruits. (U. du Chili, PNUE et al., 2010) Ce secteur productif, par contre, continue à générer de graves problèmes environnementaux suite à des facteurs que nous retrouvons tout au long de l’historie de l’agriculture nationale. D’abord une fragilité des écosystèmes et ensuite des pratiques agricoles et d’élevage qui n’investissent pas dans des techniques durables de production. Le secteur agricole chilien

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reste fort dépendant d’une structure particulière de propriété de la terre4 y compris pour la propriété de l’eau, où de multiples acteurs sociaux interagissent. Chacun d’eux appliquent ses propres techniques d’exploitation et de rationalité de production induisant parfois des effets très nuisibles pour la conservation du milieu physique et naturel. D’autre part, les émissions des GES générées par le secteur ont augmenté de 28% et le PIB c’est accru de 103%. (Ibid.)

2.2.5.- Le développement industriel et le transport

L’industrie est un autre secteur important pour l’économie nationale et pour la génération des postes de travail. Entre les années 2005 – 2008 il représente 16% du PIB national. La croissance du secteur industriel, avec ses processus de transformation des ressources naturelles, fait subir de fortes pressions à l’environnement. Les émissions des GES, générées majoritairement par la combustion énergétique des combustibles fossiles, ont augmenté de 70% pendant la période comprise entre 1990 et 2003. (Université du Chili, 2010) Les pressions liées au transport concernent la concentration du parc automoteur national ainsi que les émissions des GES. Le nombre total des véhicules au Chili a dépassé les 2 millions 700 mille en 2007. Du total, plus de 1 million 200 mille sont concentrés dans la Région Métropolitaine de Santiago (RM). Les émissions de CO2 dans l’année 2005 qui proviennent des « sources mobiles »atteignent, au niveau national, presque 9 millions de tonnes dont plus de 5 millions sont générés dans la RM. (INE, 2007) 2.3.- La société chilienne et les pressions de la population sur l’environnement

La population du Chili, concentrée principalement dans les grandes villes proches des ports, des centres miniers et de la Capitale (Région Métropolitaine de Santiago RM), s’étend aussi sur des zones climatiques et géographiques très diversifiées, dont des régions à priori hostiles pour la survie (le désert d’Atacama ou la Patagonie par exemple). Les caractéristiques de la géographie physique du pays (montagneuse et allongée) ainsi que la localisation des centres d’exploitation des ressources naturelles (des minéraux principalement), permettent de comprendre la distribution de la population sur le territoire national. Ainsi, au nord elle se concentre près des côtes et des enclaves minières en plein désert. Dans la zone centrale et au Sud par contre, la distribution s’est faite par rapport aux conditions naturelles qui permettent le développement des activités

productives telles que la sylviculture, l‘agriculture, l’élevage et l’industrie. Mais d’un point de vue général la population chilienne est principalement urbaine avec une forte densité dans les régions centrales du pays (RM, V, VII) tandis que des vastes superficies au nord et au sud restent peu peuplées ou inhabitées.

4 Les terres agricoles au Chili ont des propriétaires très diversifiés: du grand entrepreneur qui est orienté vers les marchés extérieurs et qui peut compter sur des technologies de pointe pour l’exploitation des ressources ; jusqu’ au petit propriétaire qui développe une culture traditionnelle de subsistance, dont les indigènes mapuches sont très représentatifs. (Rapport Pays 2005, in U. du Chili, PNUE, et al. 2010)

Population (dernier recensement 2002) Totale : 15.116.435 (16,7 millions *) Urbaine: 86,6% Rurale : 13,4% (*) Estimations de l’année 2009 _________ Région / % population RM: 40,5 % population RM, V et VII : 62,8 % population Autres régions : 37,2 % population ______________ Population indigène Totale : 692.192 Mapuches : 604.349 (87,3% du total de la population indigène) Urbaine : 64,8% Rurale : 35,2% Source: Université du Chili-INE 2007

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2.3.1.- La population urbaine : les déchets liquides et solides

Les chiffres montrent donc une importante concentration de population principalement dans la Capitale et autour de la Capitale (Région Metropolitana de Santiago). Avec presque 7 millions d’habitants sur une superficie de seulement 15.403,2 km2, Santiago présente une grande densité de population mais aussi un surpeuplement5 qui exerce de fortes pressions sur les ressources. « Dans cette région de forte concentration humaine où la planification gouvernementale du territoire semble parfois déficiente, nous constatons de fortes pressions sur les ressources naturelles et l’apparition de pôles de marginalité et d’exclusion sociale » (U. du Chili, PNUE et al. 2010). Un des problèmes majeurs du surpeuplement urbain au Chili concerne la pression exercée sur les ressources en eau suite à la difficulté pour éliminer les résidus liquides domiciliaires. Une importante partie de la population n’est pas encore connectée au Service de Traitement des eaux usagées (PTAS, Planta de Tratamiento de aguas Servidas) ni au système d’évacuation vers des réseaux d’égouts nationaux. Le développement des PTAS est par contre en croissance soutenue depuis ces quinze dernières années - de 10% des foyers urbains connectés dans les années ’90 nous passons à 87% des foyers en 2007- mais il est encore insuffisant pour couvrir la totalité de la population. D’ailleurs en 2007 près de 17,7 % des habitants du pays n’étaient pas encore connectés aux réseaux de PTAS. (SISS, in U. du Chili, PNUE et al. 2010) Au fur et à mesure que la population augmente dans les villes, la demande en eau et les rejets des résidus liquides augmentent aussi. Sans un système de traitement des eaux usagées qui suit le rythme de la croissance de la population, les pressions exercées sur l’environnement augmentent aussi. L’évacuation des liquides contaminés et non traités polluent donc les eaux superficielles (les rivières, la mer, les lacs) et les eaux souterraines (les puits,…).

Fig. 3 : Évolution de l’accès de la population urbaine au système PTAS entre 1990 et 2007 (Université du Chili, 2010 : 27) Un autre problème constaté dans les zones urbaines est la génération des résidus solides. Au fur et à mesure que le pouvoir d’achat de la population urbaine augmente, la production des déchets augmente aussi. À Santiago par exemple, les estimations montrent que les

5 La notion de surpeuplement n’est pas liée à la densité de population (concentration de population par rapport à une superficie). Le surpeuplement peut arriver dans un pays faiblement peuplé. Nous parlons de surpeuplement lorsque le nombre de personnes est trop élevé pour un système de production donné ou bien lorsque le rythme de croissance de la population dépasse le rythme de croissance économique. (Des notes prises au cours de démographie IGEAT, Professeur C. Vandermotten).

____________ Population urbaine

____________ Population non-connectée aux PTAS

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résidus domiciliaires vont s’accroître à plus de 8.000 tonnes par jour en 2015, dont la MO (matière organique) est le déchet le plus répandu. Concernant le recyclage comme méthode de réduction et de revalorisation des résidus, il est encore sous-exploité dans la Capitale: en 2004 un peu plus de 234 mille tonnes ont été récupérées tandis qu’il serait possible de recycler plus de 710 mille tonnes. Finalement, les superficies des sols utilisés pour les villes sont en général limitées (0,3%) mais la tendance est à la hausse. Le problème principal se trouve à Santiago qui s’étend et qui envahit des terrains d’une grande valeur pour l’activité agricole. (U.du Chili, PNUE et al., 2010) 2.3.2.- La pression liée à la pauvreté

Parallèlement aux pressions exercées par la population urbaine, le facteur de la pauvreté apparaît aussi comme un défit pour le développement durable et pour la protection de l’environnement. Il s’agit d’un des problèmes majeurs à mettre dans les agendas politiques des gouvernements chiliens. Même si lors de ces dix dernières années les autorités politiques ont fait des efforts pour réduire la pauvreté et l’indigence, ce processus « n’avance pas de façon proportionnelle à la distribution des revenus…Une raison pour laquelle le Chili occupe la 10éme place parmi les 100 pays avec les économies les plus inéquitables au monde… Pour l’Index de développement humain (IDH) le pays reste à la 40éme place ». (Aguirre in Université du Chili, 2010 :28). La distribution de la pauvreté est inégale dans le pays et dans les zones rurales et urbaines de chaque région. Le Chili rural (12,9% du total de la population nationale) présente un pourcentage non négligeable de population sous le seuil de la pauvreté (12,3%). (MIDEPLAN, 2006) La région qui présente le pourcentage de pauvreté le plus important du pays (20,1% du total de la population régionale) est la IX région de l’Araucanie. De plus, 20,5% de la population rurale de la région se trouve sous le seuil de la pauvreté. Il s’agît également de la zone d’habitation privilégiée des communautés indigènes du pays (presque un tiers de la population nationale indigène y habite) et aussi le lieu où subsistent de vastes forêts endémiques. Lles Mapuches (ou Araucanos), la population originelle la plus nombreuse du Chili, sont concentrés dans cette région. leur nombre varie de 604.349 personnes selon INE à 1.060.786 selon CASEN. (INE, 2002- CASEN, MIDEPLAN, 2010) Par contre, la région de l’Araucanie est une source de richesse économique suite à l’exploitation des ressources naturelles et aux importants centres de production qu’elle héberge : l’activité agricole, la pêche et la sylviculture. L’environnement de cette région est donc soumis à des pressions multiples telles que : des activités productives qui épuisent les ressources naturelles ainsi qu’une nombreuse population avec de hauts niveaux de pauvreté. « L’Araucanie concentre la majorité de la population indigène du pays et le second pourcentage national de pauvreté, une situation qui exerce une double pression sur le milieu et qui caractérise la réalité socio-économique et culturelle complexe de la zone ». (Universidad de Chile, 2010 :28). En termes généraux, la croissance de la population et la croissance de la pauvreté ne sont pas nécessairement liées, ni les seules responsables des dégâts environnementaux (nous pouvons trouver des zones avec une haute croissance de population mais avec de faibles niveaux de pauvreté). Au Chili « la pression démographique et la marginalité économique génèrent ensembles des impacts sur les biens communs tels que les ressources naturelles et les écosystèmes vulnérables ». (Beaumont, in Université du Chili, 2010).

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Les facteurs démographiques combinés avec la pauvreté, le manque de revenus, ainsi que des pratiques non durables de production et de consommation, approfondissent les problèmes de dégradation environnementale et aussi épuisent les ressources. (Rapport Pays: in U.du Chili-PNUE 2010). À Temuco par exemple, la Capitale de la région de l’Araucanie, la population se chauffe majoritairement avec du bois suite aux faibles prix du celui-ci sur le marché. Par contre la ville a été déclarée à plusieurs reprises Zone saturée (ZS) suite aux émissions de polluants dans l’air provenant de la combustion du bois. (cf. 3.2 Qualité de l’air). 2.4.- Les risques naturels

Les principaux risques naturels auxquels le pays est exposé et qui exercent des pressions sur l’environnement sont les tremblements de terre, les tempêtes, l’activité volcanique, les tsunamis et les glissements de terrains.

Le pays est situé juste à la frontière de deux plaques tectoniques (l’océanique et la continentale ou Plaque de Nazca et Plaque Sud-américaine), une zone de subduction soumise à de forts mouvements telluriques et à une grande activité volcanique. De plus, il est placé à la limite de « La Ceinture de feu qui encercle l’Océan Pacifique avec des fossés océaniques et des arcs volcaniques responsables de la majorité des séismes du monde (80% des tremblements de terres sont circonscrits à cette zone géographique) »6.

Les mouvements telluriques, très fréquents sur le territoire chilien, sont principalement d’origine tectonique et rarement d’origine volcanique. La plaque océanique qui est la plus lourde, s’enfonce dans le manteau terrestre, générant des tremblements de terre parfois de dimensions cataclysmiques et généralement accompagnés de tsunamis. C’est le cas par exemple du tremblement de terre et du tsunami de 1960 à Valdivia, de 9,6 sur l’échelle de Richter ; ou bien du récent tremblement de terre accompagné aussi d’un tsunami le 27 février 2010, de 8,8 sur l’échelle de Richter dans le centre et le sud du pays. Ils ont modifié la géographie de la zone et ont ravagé la ville de Conception, un des centres administratifs et économiques les plus importants du pays, faisant des centaines de victimes. (Cunill, 1979- DGF Service sismologique, 2010)

Le pays compte aussi 122 volcans géologiquement actifs dont 60 ont été très actifs pendant ces derniers siècles, dont le Villarrica et le Llaima. 50% du territoire national est ainsi exposé aux éruptions et 20% de la population habite près d’un volcan. En février 2008, par exemple, le Volcan Chaitén au sud du Chili est entré en éruption en libérant des tonnes des gaz toxiques, de cendres et de lave, mais aussi en effaçant définitivement de la carte la ville qui portait son nom. D’ailleurs, les autorités nationales ont décidé récemment de reconstruire la ville de Chaitén dans une autre zone géographique, au nord du Volcan, à Santa Bárbara. (Senat du Chili-2010 - PRNVV, 2009, INE, 2007- Fuenzalida, 1950). « L’impact de l’éruption s’observe sur les sols agricoles car des pluies de cendres ont recouvert les terres cultivables (un dépôt de 40 centimètres de cendres couvre les terres agricoles du secteur). Le temps de récupération de ces sols peut être de plusieurs décennies » (Vera, in AFP, 2008).

Les tempêtes, quant à elles, qui provoquent des inondations, des rafales de vent et des glissements de terrains, engendrent des dégâts multiples : des pertes humaines (23 morts en 2006 et 2.062 en 2007), la destruction des infrastructures urbaines, ainsi que des dégâts sur le milieu naturel et des centaines de sinistrés (71.997 en 2006 et 4.338 en 2007) (INE, 2007).

6 Notes prises au cours de Sciences de la terre, IGEAT, Mme. Mattielli

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Certaines zones du pays sont particulièrement exposées aux glissements de terrains, principalement près des versants montagneux. C’est le cas de la ville d’Antofagasta, au nord du Chili, qui en a subi sept de grande dimension entre 1925 et 1991. En 1991 une grande partie de la ville a été détruite suite aux glissements de terrains et aux coulées de boue qui ont fait 91 morts et des centaines de sinistrés. « La côte du désert d’Atacama est soumise à un climat extrêmement aride... A Antofagasta les précipitations annuelles atteignent à peine 4 mm en moyenne (1904-1998). Par contre l’arrivée sporadique de précipitations intenses ainsi que la position géomorphologique », rend la ville vulnérable à ce type d’événement... (Vargas et al, 2000 :157). « Pendant le XXème siècle, le déclenchement d’avalanches et de coulées de boue ont coïncidé avec une période d’accroissement des anomalies régionales et globales concernant la température de l’air ou la température superficielle de la mer» (ibid.), un fait qui nous permet d’extrapoler que la ville d’Antofagasta pourrait être très vulnérable au changement climatique global.

Toutes ces pressions engendrent des dégâts spécifiques sur le milieu naturel et l’environnement. Nous allons poursuivre en passant en revue les principaux problèmes qui touchent les ressources naturelles du Chili, toujours selon les rapports nationaux publiés en 2010 par l’Université du Chili et en 2007 par l’INE: l’eau, l’air, les sols, les forêts, les écosystèmes terrestres et marins, ainsi que les ressources minières.

3.- L’état, l’évolution et les problèmes de l’environnement et des ressources naturelles

3.1.- L’état de l’eau

Le Chili possède d’importantes sources d’eau continentale (des rivières, des lacs, …) mais les principaux problèmes détectés dans le pays sont justement : la disponibilité inégale des ressources hydriques tout au long du territoire par région et par habitant ; l’utilisation de grandes quantités d’eau destinée à l’agriculture, à l’activité minière et pour la production d’électricité; la pollution et le dépassement des seuils établis par les normes chiliennes de qualité. (DGA-U. du Chili, PNUE et al. 2010)

« Au Chili l’eau est un bien national d’usage public qui appartient à toute la nation même s’il est possible d’octroyer des droits d’utilisation aux privés en tant que bien transférable ou échangeable librement ». (ibid:117). Le cadre juridique qui règle la gestion des ressources hydriques est composé par le « Code des eaux » en vigueur depuis 1981, ainsi que par un ensemble de lois comprises dans la « Loi de Base de l’environnement » de 1994. La fonction de régler, d’administrer et de mesurer appartient à l’Etat, principalement à la Direction générale des eaux (DGA) du MOP (Ministère des travaux publics). L’offre totale en eau au Chili est très stable avec une disponibilité par an de 60.614 m3/hab./an. Selon le programme des Nations Unies “World Water Assesment Programme” ces chiffres situent le pays à la 20ème place des nations avec le plus d’offre en eau au monde. Par contre, la disponibilité réelle en eau par personne dans chaque région du pays est très variable selon que nous observions le phénomène au nord ou au sud. D’ailleurs, les habitants, entre Santiago et le nord du pays (correspondant à plus ou moins 60% de la population chilienne), ont une disponibilité moyenne de 639 m3/hab./année, un chiffre insuffisant pour remplir tous les besoins de base. (ibid)

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Fig. 4 : Disponibilité en eau en m3/habitant par région en 1999 (DGA in U.du Chili, PNUE et al., 2010: 76) Au nord, par exemple, la disponibilité en eau est très limitée et est 800 fois inférieure aux régions du centre et du sud. Dans la région d’Aysén par contre, les précipitations sont 70 fois plus importantes que dans la région d’Antogagasta. Mais les précipitations ne sont pas les seuls facteurs de la disponibilité en eau. (U.du Chili, 2010) « Les pluies, l’évapotranspiration7 ainsi que l’écoulement déterminent donc la différence de disponibilité en eau par habitant sur le territoire chilien: de 200 jusqu’à 70.000 m3/hab. ». (U.du Chili, PNUE et al., 2010:58). Suite à ces conditions et au fait que le pays se trouve dans une zone de transition climatique, nous pouvons imaginer que le Chili pourrait être très vulnérable aux répercussions du changement climatique global sur la disponibilité des ressources hydriques. Mais les registres pluviométriques montrent qu’entre la IVème et la Xème région ( (Coquimbo et Los Lagos) les précipitations augmentent tandis que dans l’extrême sud, dans la région d’Aysén, les niveaux des pluies chutent. L’utilisation de l’eau quant à elle est très variable selon les demandes de chaque région. Au niveau national, 11% est destinée à la consommation tandis que les 89% restants sont utilisés à d’autres fins, principalement pour générer de l’électricité. Plus de 73% de l’eau destinée à la consommation est utilisée pour l’irrigation, 20,5% pour l’activité minière et industrielle, et enfin 6% par les ménages. Des projections faites par la DGA (Direction générale des eaux) indiquent qu’en 2030, 8% des eaux seront destinées à la consommation et 92% à d’autres fins (DGA in U. du Chili, PNUE et al., 2010). La demande en eau par région est différente selon le type d’activité productive développée. Au grand nord par exemple, elle est déterminée par l’exploitation minière croissante, tandis qu’au centre et dans certaines zones du petit nord (cf. P.15), elle est destinée principalement à l’agriculture. (ibid) De Valparaiso au Bio-Bio la demande en eau est destinée à la génération d’énergie : “Suite à la disposition du relief et l’étroitesse du territoire, la majorité des rivières chiliennes sont courtes, à débit faible, torrentueuses et inappropriées à la navigation, mais elles présentent

7 L’évapotranspiration est un ensemble de processus grâce auxquels l’eau du sol est transférée vers l’atmosphère via l’évaporation au niveau du sol et la transpiration des végétaux. (Notes de cours, Milieux aquatiques, IGEAT)

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par contre un grand potentiel hydroélectrique” (INE, 2007 : 27), avec un flux de courants est-ouest (les Andes-Océan Pacifique). Dans l’extrême nord du Chili, les rivières des zones désertiques sont principalement endoréiques car elles n’atteignent pas l’océan. La rivière El Loa, une des rares exceptions, compte par contre le bassin hydrographique le plus important du pays : 34.000 km2 et 440 km de longueur. Puis, dans la VIIIème région nous trouvons la rivière Bío-Bío, un des principaux systèmes fluviaux du pays avec un bassin hydrographique de 24.000 km2. Plus au sud, le débit des eaux augmente suite à la fréquence des pluies et à la présence des nombreux lacs qui donnent naissance aux rivières. « Les rivières patagoniques naissent sur les versants orientaux des Andes pour s’écouler dans le Pacifique parmi de magnifiques fiords et d’énormes glaciers qui donnent naissance à des cours d’eaux tels que le Palena, le Cisnes, l’Aysen, le Baker et le Pascua...». Le Baker, avec un bassin hydrographique de 27.680 km2, dont 21.480 appartiennent au Chili, présente un haut potentiel hydroélectrique très convoité par les multinationales de production d’énergie. (INE, 2007 : 27, Fuenzalida, 1950) Concernant la consommation d’eau pour les ménages, des projections montrent que 1.524 millions de m3 d’eau seront nécessaires pour couvrir les besoins de la population en croissance (16,7 millions en 2010), et donc, probablement, certaines régions du pays se veront confrontées à des problèmes de pénuries. (U.du Chili, PNUE et al., 2010) En ce qui concerne la pollution, les principaux contaminants sont le bore, l’arsenic, le fer et les nitrates. Un rapport hydro-chimique publié en 1996 énumère les dépassements des seuils franchis par plusieurs rivières, principalement au nord et au centre du pays. Par contre, au sud (de la région du Maule à Magallanes) les niveaux tolérés ont été respectés. Les lacs du Sud et du nord-patagonique présentent de forts niveaux d’eutrophisation suite aux activités économiques et humaines, qui rejettent des nitrates et des matières organiques (les lacs Villarrica, Calafquén, Riñihue et Llanquihue en sont des exemples). Mais les niveaux sont en train de diminuer progressivement grâce à l’installation de centres de purification des eaux usagées. (ibid) Les standards des services sanitaires urbains ainsi que la couverture en eau potable destinée à la population sont en général très élevés. Par contre, la qualité de l’eau potable, a diminué de 6,3% par rapport aux standards bactériologiques, à la désinfection et aux polluants physiques et chimiques. (ibid) Dans le but de régler et de limiter la pollution des eaux des lacs, de la mer et des rivières par des rejets d’eaux usagées et par des affluents industriels, la CONAMA a mis en place un ensemble de normes d’émissions et de qualités environnementales à respecter pour les eaux douces et océaniques.

3.2.- La qualité de l’air

Le contrôle et le suivi de la pollution atmosphérique et de la qualité de l’air au Chili, sont dirigés par plusieurs organisations: par le gouvernement via le Secrétariat régional du Ministère de la Santé (SEREMI de la santé) de chaque région, ainsi que par des réseaux privés associés aux plans de décontamination ou d’exécution des projets d’investissement. Les stations et les réseaux privés sont également surveillés par le SEREMI de la Santé. Avec la mise en vigueur du Règlement du Système d’évaluation d’Incidences environnementales, le nombre des stations de surveillance et de suivi des émissions du secteur public et privé est en train d’augmenter. En 2009 par exemple, quinze stations sont administrées par le MINSAL (Ministère de la Santé).

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Les résultats des analyses et des observations montrent que les principaux problèmes de pollution atmosphérique au Chili sont liés aux émissions de matières particulaires (MP); de dioxyde de soufre (SO2); d’oxyde d’azote (NOx), émises au Nord du Chili autour des exploitations minières et des centrales thermoélectriques. (U. du Chili, PNUE et al., 2010) Ensuite, dans la zone centrale, les émissions de MP (respirables pendant l’automne et l’hiver) et les hautes concentrations d’ozone troposphérique (pendant le printemps et l’été) sont générées par l’activité industrielle, les sources mobiles, les ménages et les centrales thermoélectriques. (ibid) Finalement au sud, dans les vallées centrales, pendant l’automne et l’hiver, les émissions de MP sont dues à la combustion de bois utilisé pour le chauffage des ménages. Ici, les concentrations de MP respirables sont très élevées et donc considérées dangereuses pour la santé humaine (MP10 - des particules respirables de matière inférieures à 10 microns - et MP2.5). (ibid) Les seuils de tolérance des émissions ont été dépassés à plusieurs reprises dans les villes et autour des centres miniers, situation obligeant les autorités à élaborer des plans de dépollution atmosphérique (PDA) et à déclarer les lieus touchés Zone saturée (ZS). Lorsque les seuils sont dépassés de 80%, des plans de prévention sont mis en place et la zone est considérée comme Zone en latence (ZL). (ibid) Les 39 stations de contrôle qui fonctionnent en permanence dans la zone Nord détectent deux principaux polluants émis dans l’air : le MP10 et le SO2. L’air de la ville d’Antofagasta par exemple, capitale de la IIème région et proche des importants centres miniers du pays, est pollué par ces sources minières et par l’industrie, faisant dépasser les seuils limites de matières particulaires. De son coté, la zone d’exploitation minière de Chuquicamata et de ses alentours, produisant des émissions de SO2 et de MP10, se trouve sous haute surveillance et est contrôlée grâce au Plan de dépollution atmosphérique (PDA). Ceci a permis de réduire les niveaux de dangerosité pour la santé et aujourd’hui la zone est déclarée zone latente (ZL) (ibid).

Fig. 5: Des zones de saturation des pollutions atmosphérique les plus courantes. La couleur foncée représente les sources minières tandis que la couleur claire indique les villes (Université du Chili, 2010:35)

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Région Métropolitaine (RM)

Principal centre d’exploitation du cuivre (Chiquicamata-CODELCO Chile)

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Dans le secteur d’Atacama, nous avons des sites qui présentent des problèmes de contamination suite aux émissions des fonderies de cuivre, des centrales thermoélectriques et d’une usine de métal à Huasco. Dans les alentours de la fonderie appelée Potrerillos, les concentrations atmosphériques de MP10, SO2 et d’arsenic dépassent la norme nationale. Le PDA imposé en 2003 n’a pas pu diminuer les niveaux de toxicité obligeant les autorités nationales à déplacer la population vers la ville d’El Salvador. « Les émissions de SO2 des trois dernières années restent à des niveaux très élevés, entre 9 et 10 fois plus que la valeur minimale acceptée ». (U. du Chili-PNUE, et al. , 2010 : 69) Dans le centre du pays, à Valparaiso plus précisément, les principales sources de problèmes concernent les rejets de SO2 émises par la fonderie de Ventanas dans la vallée de Puchuncavi et la fonderie de Chagres, mais grâce au PDA les niveaux sont en train de diminuer. Les MP, de leur côté, restent inférieurs aux valeurs normales journalières (moins de 80%). Dans la RM (Santiago), par contre, la situation est beaucoup plus complexe car 8.864 tonnes de MP10 ont été émis dans l’air en 2005, correspondant à 1,9% du total des émissions des polluants atmosphériques de la région. Selon le dernier inventaire des émissions de 2005, 98,1% de ces émissions sont composées de cinq gaz: CO, NOx, COV, SOx et NH3 qui correspondent à 439.972 tonnes, avec une prédominance du CO émis par des sources mobiles. La concentration de MP est en train de diminuer de manière soutenue avec moins de jours qui dépassent les normes maximales. Dans la VIème région (Del Libertador) le principal problème nait de la fonderie de Caletones de CODELCO, suite aux émissions de SO2 et de MP10. (Ibid.) Dans la VIIIème région du Bío-Bío, il n’existe pas de données récentes concernant les émissions de SO2 et des autres polluants. Par contre de nombreuses usines pétrochimiques, de cellulose, de papier et de transformation du produit de la pêche, ainsi que des centrales électriques, se trouvent dans le secteur. Elles sont responsables des rejets atmosphériques dérivés des composants du soufre. Les MP sont émis principalement par des sources urbaines et suburbaines tandis que le secteur portuaire de son coté est responsable des émissions d’oxyde de soufre et de MP. Dans la IXème région (de l’Araucanie), les villes qui présentent des problèmes sont Temuco et Padre Las Casas, d’ailleurs déclarées zones saturées (ZS) entre l’année 2005 et 2009. La source de pollution des ces villes est la combustion du bois pour le chauffage des ménages. « Lors des épisodes critiques elle peut atteindre des concentrations de 1000 microgramme/m3N pendant quelques heures » (U. du Chili, 2010 : 70). 3.3.- L’utilisation et l’état des sols

En ce qui concerne les sols chiliens, ils sont très variés, tant par leur constitution que par leur morphologie, suite aux facteurs tels que la position géographique du territoire (latitude), la diversité des climats, le relief accidenté, etc. Ils sont plutôt géologiquement jeunes, avec comme conséquence une géographie majoritairement montagneuse (80% du territoire) qui génère une certaine instabilité des terres de superficie. (INE, 2007- Fuenzalida 1950)

« Des 75,6 millions d’hectares de terres du Chili continental, seulement 6% (4,6 millions d’hectares) sont des sols potentiellement arables » (U. du Chili - PNUE, 2010 : 283). Selon l’information actuelle disponible, du total des sols potentiellement arables, plus de la moitié est limité par des facteurs naturels (tels que la profondeur, la constitution rocailleuse, la topographie, la désertification…) et par des facteurs liés à l’action humaine (l’augmentation de la salinité, la présence de minéraux lourds et de résidus chimiques, la mutation des sols agricoles vers des sols industriels, la construction d’autoroutes et de barrages, l’utilisation en tant que décharge pour des déchets industriels, ménagers ou minéraux …). Le reste des sols ayant un potentiel productif est utilisé pour l’élevage, l’activité forestière et les écosystèmes boisés. (U. du Chili-PNUE, 2010-INE, 2007)

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Même si les superficies destinées à l’activité agricole sont limitées, celles qui sont potentiellement exploitables sont par contre sous-utilisées. Par contre, les observations et les analyses du secteur signalent une surexploitation des sols effectivement utilisés, ceci étant du aux technologies d’exploitation inappropriées ainsi qu’à l’utilisation de sols qui ne sont pas aptes pour certaines activités. C’est le cas des « cultures des pentes » sur les zones montagneuses, dont plus de 20 mille hectares ont été incorporés récemment à l’exploitation agricole. D’autres effets négatifs ont aussi été constatés suite à la dégradation chimique générée par des pratiques d’irrigation inadaptées, la contamination dérivée de l’activité minière et par l’expansion urbaine. (ibid)

Le résultat de ces pressions sur le sol du pays se traduit finalement par l’apparition de plusieurs problèmes: l’érosion, la dégradation biologique et chimique ainsi que la désertification.

L’érosion constitue un problème majeur. Elle a été déclenchée dans un premier temps par l’activité humaine et a été ensuite renforcée par des phénomènes naturels. Les facteurs physiques qui déclenchent ce phénomène sont les conditions climatiques, le relief montagneux, les sols susceptibles d’être érodés et l’activité volcanique. Le facteur anthropique par contre concerne principalement les techniques d’exploitation inappropriées. Selon deux études élaborées par l’Université de Santiago, dans la vallée centrale, 34,5 millions d’hectares correspondant à 45,7% de la superficie du pays présentent différents niveaux d’érosion dont 1/3 de caractère grave. Plus récemment en 2001, une étude publiée par l’INIA (Institut de recherche agricole et d’élevage) signale que 15% du pays et 40% des sols avec un potentiel pour l’agriculture et l’élevage sont touchés par l’érosion éolique et hydrique, principalement dans la Cordillère de la Côte et la vallée centrale, dont 1/3 de manière grave.

La dégradation biologique est également générée par l’irrigation avec des eaux contaminées, l’abus d’engrais et l’utilisation excessive du feu pour nettoyer les champs. La dégradation chimique quant à elle est générée par la salinisation, l’acidification et la pollution par des métaux lourds. Le processus de désertification de son coté avance progressivement dans les zones arides et semi-arides du pays. Il a commencé au début du XXème siècle avec l’exploitation minière et il a continué avec l’exportation du blé, la colonisation du sud, la déforestation, la surexploitation des sols et l’érosion naturelle. (u. du Chili, PNUE et al.,

D’autres phénomènes, tels que la réduction des terres cultivables suite à l’expansion urbaine et aux formes de propriété foncière, génèrent aussi la perte et la dégradation du sol. Le processus de substitution suite à l’expansion urbaine remplace des terres agricoles très productives. Dans le cas de Santiago par exemple, 34.400 hectares de sols cultivables ont été envahis par des infrastructures urbaines. En ce qui concerne la propriété de la terre, les paysans et le secteur des petites exploitations agricoles produisent 25% de produits agricoles, forestiers et d’élevage dans un but de subsistance en surexploitant la terre. Tandis que « les grands propriétaires terriens, organisés et avec des méthodes de production industrielles, obtiennent une meilleure productivité mais qui génèrent aussi de forts dégâts environnementaux». (U. de Chile - PNUE, 2010)

Les organismes de l’Etat tels que le SAG (Service agricole et d’élevage), IDEA (Institut de développement agricole et d’élevage) et MINAGRI (Ministère de l’agriculture du Chili) cherchent à préserver et à récupérer les sol perdus ou dégradés par des programmes de récupération des sols dégradés.

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Fig. 6: Évolution de l’érosion des sols entre 1979 et 2009. Plus la couleur rouge est foncée plus l’érosion est sévère. (CIREN, Gouvernement du Chili, CORFO, 2010)

3.4.- L’état des forêts primaires et les problèmes de conservation

« 45% du territoire chilien est composé de sols aptes à supporter des forêts. Les bois du pays couvrent 15,6 millions d’hectares, ce qui correspond à 20,7% de la superficie du territoire national, dont 13,4 millions d’hectares (17,8% du territoire national) sont des forêts primaires ». (CONAF, 2010).

Ces vastes superficies sont confrontées à de multiples problèmes et à des pressions qui dégradent le patrimoine naturel, réduisent la superficie forestière et mettent en péril la survie des espèces végétales et animales. Le principal responsable de ces dégâts environnementaux est sans conteste le phénomène appelé de substitution et ensuite celui de l’habilitation, suivi par les incendies, la consommation de bois pour le chauffage, la fabrication des produits dérivés du bois, le trafic illégal et le problème subséquent d’ordre fiscal, suite à l’évasion d’impôts et la faiblesse du cadre juridique chilien.

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Fig. 7 : Superficies de forêts primaires perdues –en hectares- suite aux processus de substitution et d’habilitation dérivés de l’agriculture et de l’élevage, dans neuf régions du pays. (Université du Chili, 2010 :141)

En matière forestière, deux organismes principalement réalisent des études et des évaluations sur les forêts autochtones. Il s’agit de l’INFOR (l’Institut Forestier) et de la CONAF (Corporation nationale forestière). Les dernières évaluations et le cadastre des ressources natives ont été élaborés par la CONAF en 1997 et il n’existe pas d’études systématiques plus récentes.

Selon ce rapport, 82,3% des forêts primaires sont situées au sud du Chili, entre la région de Los Rios et la région de Magallanes. Et 78% des forêts du pays, concentrées entre la Région du Maule et la région d’Aysén, sont menacées suite à leur haut niveau d’endémisme. Les arbres les plus nombreux sont les arbres adultes suivis par les « renovales » (jeunes de type secondaire8), les « achaparrados » (des adultes qui grandissent en hauteur et qui ne dépassent pas les 2 ou 8 mètres) et l’adulte-renoval. Les forêts les plus répandues sont la Siempreverde, suivie par la lenga, le cohiue de Magallan, le roble-rauili-coihue et le Ciprés de Guaitecas. En ce qui concerne les espèces en danger, « 11 types de végétaux sont menacés de disparition... des mammifères et des oiseaux ont été protégés pour assurer leur conservation ». (U. du Chili, PNUE et al., 2010 :166)

La CONAF a constaté par contre une importante diminution des superficies de forêts primaires, plus de 124 mille ha entre 1994 et 2008, principalement dans les régions du Bio-Bio, La Araucania et Los Rios. Le principal responsable de ce phénomène est le processus de substitution qui consiste à supplanter les forêts primaires par des plantations de pins et d’eucalyptus. Le second responsable est le processus d’habilitation qui cherche à préparer les zones boisées pour l’activité agricole et l’élevage. Les incendies forestiers de leur coté ont augmenté aussi entre 1976 et 2008 à plus de 5 mille par an pendant la majorité des années analysées. (ibid)

Même si la consommation générale de bois est en train de se stabiliser, elle provoque aussi des dégâts issus de l’utilisation de ce bois comme source d’énergie. Celui-ci est récolté et vendu de manière illégale sur le marché noir, et est destiné aux ménages et à l’industrie. Il s’agit de la deuxième source énergétique du Chili après le pétrole (19% de l’énergie est

8 « Les forêts primaires sont des forêts formées d’espèces indigènes où aucune trace d’activité humaine n’est clairement visible et où les processus écologiques ne sont pas sensiblement perturbés. Les forêts secondaires sont des forêts qui se sont régénérées là où des forêts primaires ont disparu sous l’effet de phénomènes naturels ou d’activités humaines telles que l’agriculture ou l’élevage. Ces forêts présentes des différences majeures en termes de structure et/ou d’espèces qui la composent par rapport aux forêts primaires. La végétation secondaire est généralement instable et représente des stades successifs ». www.greenfacts.org

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générée par le bois provenant de forêts primaires situées entre la Région du Bio-Bio et la région d’Aysén). Les ménages consomment les ressources ligneuses pour le chauffage tandis que le secteur industriel, suite à la pénurie nationale de pétrole et de gaz, génère l’énergie à partir de cette ressource bon marché (plus d’un million de m³ par an). (U.du Chili, PNUE et al., 2010)

D’un autre côté, les produits forestiers dérivés non ligneux (PFNM, Productos foretales no madereros) propres à la culture paysanne et destinés à la consommation (des médicaments, des semences, de l’artisanat, etc.) ou à l’exportation, exercent aussi des pressions. Près de 21 mille tonnes de PFNM ont été exportés lors de ces dix-huit dernières années (de la rose musquée ou mosqueta, des champignons, de la mousse, des écorces de quillay, des feuilles et de écorce de boldo…). (U. du Chili-PNUE, 2010)

Face à tous ces problèmes, la législation chilienne semble inefficace pour contrôler ou réduire la perte de superficies forestières. De plus, le commerce et le trafic illégal de bois atteint aujourd’hui des chiffres proches de 110 mille m³, correspondant à une évasion d’impôt de 14 à 16 millions de dollars. La CONAF par contre a créé un plan de contrôle et un cadre juridique qui cherche à régler le secteur, à prôner la conservation et l’exploitation des ressources, à déterminer les sanctions face au non-respect des normes, etc. (Loi Nr 20.283 sur la « Récupération des forêts primaires et le développement forestier», « Conseil consultatif des forêts natives »). Mais ce cadre juridique présente de multiples faiblesses liées aux méthodes pour sanctionner les fraudeurs et pour octroyer des bonifications aux petits propriétaires respectueux des normes. Il manque aussi une vision globale sur les bienfaits que les forêts primaires apportent à la biosphère (production d’eau, capture et séquestration du carbone). Finalement la loi n’interdit pas le processus de substitution, le responsable numéro un de la réduction des superficies boisées. (U. du Chili, 2010)

Les acquis principaux sont : la mise en marche d’un Système national des aires sauvages protégées (SNASPE) qui comprend plus de 14 millions d’hectares de forêts dont 32 Parcs nationaux, 15 Monuments naturels et 2 nouvelles Réserves de la biosphère de l’UNESCO. Et depuis 1997 ils existent des Aires protégées privées (APP) d´une superficie de 15 millions d’hectares.

3.5.- La richesse des écosystèmes terrestres et la perte de biodiversité

Le Chili se trouve entouré de barrières naturelles qui ont permis le développement d’une biodiversité particulière, avec de hauts degrés d’endémisme (47% en moyenne dont 66,1% pour les amphibiens et 58% pour les reptiles).(U. du Chili, 2010) La diversité des espèces et des biotopes sont les résultats de la conjonction des facteurs naturels et géographiques particuliers au pays: d’un coté, un gradient latitudinale qui le situe du nord au sud entre 18° et 56° de latitude sud; tandis que de l’autre coté, on rencontre de profondes fosses sous-marines et des hauts sommets dans les Andes (6000 mètres de hauteur). De plus, le climat du Chili est diversifié et complexe. Même si d’un point de vue général une grande partie du territoire possède les caractéristiques du climat tempéré, celui-ci n’est pas homogène. Des variables telles que la position latitudinale nord-sud du pays à l’intérieur du continent Sud-américain, la géomorphologie semée de montagnes d’est en ouest et l’influence maritime de l’océan Pacifique, sont les responsables des grandes différences climatiques tout au long du pays. (INE, 2007-Fuenzalida, 1950)

La position latitudinale est le principal facteur des fortes variations nord-sud en donnant lieu à la naissance de zones au climat fluctuant entre le climat désertique et le climat polaire. Mais cette diversité est aussi modifiée suite au relief montagneux et à l’influence maritime.

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L’effet du courant maritime froid d’Humboldt qui remonte de l’Océan à partir de l’Antarctique, va modérer les températures et générer des nébulosités et des vents frais. Les zones côtières du pays seront influencées par des remontées de vents froids et de l’humidité qui génèrent un espace propice au développement d’une flore riche et variée. De nombreuses espèces aquatiques, amphibies et terrestres y subsistent (30.679 espèces différentes en 2006). (U. du Chili,PNUE et al. 2010- INE, 2007- Cunill, 1979)

Fig. 8: Hostpot chilien au sud du pays (Photo : Arroyo, 2004)

La zone comprise entre Antofagasta au nord et Aysén au sud, inclus des écosystèmes tels que les forêts sclérophylles et les forêts pluvieuses « valdiviennes» (Chilien winter rainfall-Valdivian forests) qui sont considérées comme des zones de « hotspot9 » suite à leur singulière diversité. Ces hotspots qui s’étendent sur 397.000 km2 abritent 1.957 espèces de plantes endémiques, 226 types d’oiseux, 64 de mammifères, 43 d’amphibiens, 41 de reptiles et 30% de la végétation est endémique. Au total, il y a plusieurs espèces qui sont menacées dans leur survie, dont 2,6% d’oiseaux, (le Picaflor Rojo, de Juan Fernández (Sephanoides fernandensis), le Rayadito de masafuera (Aphrastura masafuerae) de Juan Fernandez,…), 7,8% des mammifères (le loup fin de Juan Fernandez, le petit singe de montagne -monito de monte-,…), 34% des amphibiens (la grenouille chilienne, le crapaud de boue,…) (Arroyo in U. du Chili, PNUE et al., 2010-Vanhulst, 2009). Cette biodiversité se distribue de façon inégale sur le territoire chilien. Dans le climat méditerranéen, nous trouvons 50% des espèces de plantes supérieures. Au total, le Chili compte de 3 à 5 macro environnements terrestres, de 4 à 12 types d’habitats différents ainsi que de 12 à 178 écorégions différentes dont la région pluvieuse de Valdivia et celle du « Buisson central » sont les plus remarquables. (U.du Chili, PNUE et al. 2010) 9 Le hotspot est une région importante suite à son endémisme et au degré de menace qui pèse sur la biodiversité, qui comprend au moins 1500 types d’espèces végétales endémiques différentes. En général elles ont déjà perdu 70% ou plus de leur végétation originelle. Actuellement les 38 hotspots qui existent dans le monde occupent 2,3% de la superficie de la planète dont 86% sont détruits. Ils abritent 50% des espèces de la Terre et 77% des vertébrés terrestres. (Reduce Global Warming in U. du Chili-PNUE, 2010 :117

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Mais cette richesse est menacée suite à la perte des habitats détruits principalement par la déforestation qui ouvre la voie à l’expansion urbaine, fractionne et détruit les habitats naturels des espèces. La pollution de l’air, de l‘eau, du littoral, des sols, modifie le comportement des écosystèmes et des bassins hydriques. Un autre phénomène causant également des dégâts, concerne l’introduction d’espèces exogènes de flore et de faune. En 2008 près de 67.541 unités venues des cinq continents ont été importées au Chili. Ces espèces introduites envahissent les écosystèmes locaux en générant de graves conséquences pour la survie des espèces endogènes. C’est le cas par exemple de quatre mammifères qui modifient particulièrement les sols et la végétation : le lapin européen, le sanglier, le castor et le cerf rouge. Selon le SAG, les castors par exemple ont déjà dévasté 5.400 hectares de forêts au sud du pays, en Terre du Feu. (SAG, 2010). Une troisième cause de perte de biodiversité est la surexploitation des ressources. Certains arbres ont disparus, certains animaux aussi, dont les phoques qui ont été chassés à partir du XVIème siècle. (Vanhulst, 2010) Dans le but de préserver la biodiversité, de multiples stratégies gouvernementales ont été mises en place tels que : un Système National de secteurs protégés par l’Etat ; la création des Parcs et des Monuments nationaux ; la Stratégie nationale de la Biodiversité de 2003. Même si grâce à la Stratégie Nationale de la Biodiversité « de multiples actions ont été entamées en faveur de la survie des espèces des zones protégées et des zones humides, les résultats sont limités et il faudrait un compromis institutionnel majeur ainsi que plus d’investissements financiers (U. du Chili, PNUE et al. 2010 : 213). Face à ce constat, divers acteurs sociaux, dont les organisations de défense de l’environnement « ont des perceptions négatives par rapport à l’action de l’Etat et du secteur productif en ce qui concerne la biodiversité, sa connaissance et sa conservation». (ibid.) 3.6.- L’état des écosystèmes marins et des côtes chiliennes

Le Chili compte 4200 kilomètres de côtes sur le continent latino-américain, 12 miles de mer territoriale, 200 miles de mer patrimoniale et 350 miles de plateformes continentales sous-marines (INE, 2010). (cf. annexe 2). Une grande partie de l’activité productive du pays provient de l’extraction et de l’exportation des ressources marines (produits dérivés de la pêche et de l’aquiculture).

Le Chili se trouve donc dans une situation plutôt avantageuse qui ouvre des perspectives pour les exportations et le commerce. Il bénéficie :

a) d’un accès direct vers l’Océan Pacifique à partir de toutes les régions du pays, qui facilite l’exportation des ressources naturelles,

b) de riches ressources marines grâce à la présence du courant froid Humboldt (apportant des espèces qui se situent à la base de la chaîne trophique),

c) d’un accès direct aux mers Antarctiques. Dans ce contexte, afin de donner un aperçu des problèmes les plus importants du milieu marin, la surexploitation des ressources et la pollution des eaux, le rapport de l’U. du Chili, divise l’analyse selon deux zones : d’une part il décrit les bords côtiers ou l’habitat terrestre en bord de mer ; et d’autre part, les écosystèmes marins. Même si les chiffres signalent une diminution significative de captures des espèces et une amélioration de la qualité des eaux, beaucoup de dégâts persistent. Les problèmes constatés résultent des pressions exercées sur les espèces marines et sur la biomasse par des phénomènes naturels (le courant « phénomène du Niño ») mais surtout par l’activité

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humaine, tels que, dans l’ordre d’importance : la pêche industrielle, la pêche artisanale, les rejets des polluants industriels et urbains dans les eaux de la mer. Concernant les côtes et les superficies en bord de mer, il s’agit d’un habitat terrestre riche par sa biodiversité qui est influencé par l’eau douce (déversement des eaux des rivières) et par les eaux salées. « L’habitat terrestre du bord côtier n’a pas la même connotation économique que celles de l‘habitat marin. Cet espace est valorisé plutôt par sa biodiversité, par la beauté des différents paysages tout au long de la côte du pays, par le fait d’y être le lieu d’habitation d’espèces uniques, quelques unes en voie de disparition, etc.». (U. De Chile, 2010: 306) La côte est composée des estuaires, des lagunes et des zones humides, où cohabitent de multiples espèces. Certains estuaires chiliens (le Maule par exemple) sont des endroits soumis à de fortes pressions suite à l’activité anthropique (les ports et la pêche). (PNUE-CONAMA, 2010)

Fig. 9 : Capture des espèces en tonnes. Les chiffres montrent une diminution générale en 2008 par rapport à 2004 suite aux restrictions imposées par la Loi (U. du Chili, PNUE et al., 2010 : 305) Le bord côtier chilien est caractérisé par le fait d’y être occupé par des « caletas de pescaderos », des petits ports de pêcheurs artisanaux autour desquels se sont installées des populations qui subsistent de la pêche artisanale et de l’extraction des ressources benthoniques (des espèces de fonds marins) avec de fortes limitations économiques et technologiques. Selon le dernier recensement de l’année 2002, ils existaient près de 373 caletas enregistrées avec un total de 105.599 habitants, mais il existe aussi un nombre indéterminé d’autres caletas non enregistrées auprès des autorités. Ces établissements humains réunissent des pêcheurs, qui travaillent sur des petites embarcations qui ne dépassent pas les 18 mètres de longueur et les 50 tonnes d’extraction, des plongeurs et des orilleros. (SERNAPESCA, U. du Chili, PNUE el al., 2010) En 2008, les extractions des ressources marines benthoniques dérivées de ce secteur d’activité ont atteint 134.939 tonnes. La même année, 620 organisations de pêcheurs artisanaux présentes sur le territoire chilien, sauf à Santiago, ont aussi été enregistrées. Il s’agit donc d’une population active et organisée qui exerce des pressions sur les ressources naturelles côtières mais qui en même temps fait de la pêche et de l’extraction son « gagne-pain ». (ibid)

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Concernant les zones abritant des écosystèmes et des habitats marins, l’ « inter-mer »(mer côtière et bord côtier ) a subi de grands dégâts suite à l’activité prédatrice de l’homme liée à l’extraction constante des ressources mais aussi à cause de l’urbanisation (constructions, chemins,…). « … Dans le but de préserver sur le marché des individus de plus grand taille ainsi que pour maintenir les niveaux de la biomasse compatible avec le développement durable de la pêche, il a été nécessaire d’établir des périodes d’interdiction et d’extraction des espèces » (U. de Chili-PNUE, 2010:301). Concernant l’urbanisation, la présence de l’homme dans des zones de nidation et d’habitation des oiseaux marins côtiers génère des changements de comportements des espèces qui se nourrissent d’huîtres, de moules, et de ce fait induit aussi une dégradation du milieu marin. C’est le cas des mouettes Larus dominicanus, L. modestus et le zarapito Numenius phaeopus par exemple. (Ibid.) La zone aquatique de « sous-mer » (submarial) qui abrite des algues, ainsi que des invertébrés à haute valeur commerciale, est altérée suite à la pêche sous-marine et artisanale. La zone de la plateforme continentale concentre les plus grandes quantités de ressources marines exploitées tant par la pêche artisanale qu’industrielle, dont le principal produit extrait est le merlu courant (Merluccius gayi). « C’est principalement face à la côte centrale et du sud du Chili que se produit plus de 50% de l’extraction totale des poissons du pays, correspondant à 4% des captures mondiales». (U. de Chili-PNUE, 2010 :343)

Tableau 1 : Ressources marines à valeur commerciale (PNUE-U.de Chili, 2010) Suite à la surexploitation ainsi qu’aux phénomènes moins contrôlables tels que « El Nino » et le réchauffement climatique global, la pêche industrielle présente, au Chili, des fluctuations très marquées. Mais en général, la tendance est au surinvestissement dans des flottes lors des périodes d’abondance. Celles-ci sont suivies par des périodes de fortes crises économiques et sociales générées justement par cette surexploitation qui dépasse les limites et affaiblit la biomasse des poissons qui fraient (pêche de poissons femelles qui assurent la reproduction). En résumé, la pêche industrielle chilienne ne suit pas toujours le principe de précaution qui éviterait des désastres écologiques et la diminution ou la disparition des espèces marines. (ibid) Dans le but de limiter l’accès aux ressources et de préserver ainsi les biotopes marins, le gouvernement a mis en place la Loi générale de la pêche et d’aquiculture qui restreint l’extraction de 29 espèces dont 15 sont très importantes pour l’activité économique du pays (le loco (Concholepas concholepas), l’oursin (Loxechinus albus), le merlu courant (Merluccius gayi), la sardine courante (Strangomera bentincki, etc.)). En ce qui concerne la qualité de l’eau marine, elle reste déficiente suite aux décharges directes des résidus liquides des industries et des sources urbaines qui se trouvent en bord de mer. Mais l’état des eaux côtières est aussi calculé en fonction de la qualité de l’eau des rivières qui se déversent au littoral. Dans ce sens, la couverture nationale des Centres de traitements des eaux usées (PTAS) dans des zones urbaines joue aussi un rôle majeur dans la protection des milieux aquatiques marins. (ibid)

Ressources à valeur commerciale sur la plateforme continentale:

Ressources à valeur commerciale sur la zone pélagique:

Merluza común (Merluccius gayi gayi), Sardina española (Sardinops sagax) Merluza austral (Merluccius australis), Congrio Dorado (Genypterus blacodes) Anchoveta (Engraulis ringens) Bacalao de Profundidad (Dissostichus eleginoides)

Raya volantín (Dipturus chilensis), Sardina común (Clupea Strangomera benticki) Langostino amarillo (Cervimunida johni), Camarón Nailon (Heterocarpus reedi), Jurel (Trachurus simmetricus murphy)

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Du point de vue de la pollution par des métaux lourds, les analyses des sédiments marins ainsi que de l’eau de mer montrent une présence importante en provenance des exploitations minières, de l’aquiculture du saumon et des engrais issus de l’agriculture de la zone centrale. L’industrie du saumon est aussi la responsable des excès de phosphore, d’azote et de MO (matière organique). Mais la concentration des métaux lourds se trouve en général à des niveaux bas par rapport aux limites maximales admises. Les sédiments marins présentent par contre des traces de cuivre mais on observe une importante récupération de la qualité des eaux. (ibid)

NORD ______________ SUD Fig. 10 : Nombre des émetteurs industriels et urbains distribués tout au long du pays qui déchargent des résidus liquides dans la mer (DIRECTEMAR, in U. de Chili, 2010 : 325)

3.6.1.- Le problème spécifique de la salmoniculture

Depuis les années ’90, l’industrie chilienne du saumon a connu une forte croissance. Entre 1990 et 2008 la production s’est accrue de 1932%. En 2008, ,il existait 1.189 concessions pour la production de saumon. Par contre, cette activité a généré des effets négatifs sur l’environnement et les ressources naturelles suite à l’utilisation des antibiotiques et des produits chimiques pour combattre les maladies bactériennes et les virus. (Furci et Pinto in U. de Chili, 2010) Au Chili ils existent trois types de saumons qui sont nourris dans des centres d’élevage de la Xème région principalement, une zone qui concentre 85% de la production nationale : le saumon atlantique, la truite et le saumon du pacifique ou coho (oncorhynchus kisutch). Il s’agit d’espèces carnivores porteuses de maladies. (Ibid.) Mais le problème majeur a eu lieu en 2007 suite à une épidémie du virus ISA (anémie infectieuse du saumon), hautement contagieuse pour les saumons et qui attaque principalement l’espèce de type atlantique qui est la plus cultivée au Chili. Dans le but de contrôler la situation et de diminuer les effets négatifs, les autorités de l’époque ont décrété la fermeture des centres qui présentaient le virus, une situation qui a impliqué le licenciement massif des employés du secteur. Les conséquences de cette crise sanitaire ont généré d’importants dégâts sociaux, économiques et environnementaux. Les experts signalent que le seul moyen de combattre le virus ISA consiste à mettre en marche des mesures de biosécurité, à établir des barrières sanitaires et à éliminer tous les poissons infectés. (Ibid.) En 2007, l’organisation de protection de l’environnement WWF a publié une étude sur la salmoniculture chilienne qui signale que « l’utilisation des antibiotiques et des composants antiparasitaires au Chili est hautement alarmante… pour une production 45% plus basse que

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celle de la Norvège, le Chili utilisait 160 fois plus d’antibiotiques que la nation européenne ».. (U.de Chile-PNUE, 2010:329) 41 %

3.7.- Les ressources minières et l’impact sur l’environnement

L’exploitation minière est une des activités économiques les plus importantes du pays, avec des réserves de plusieurs tonnes pour le cuivre, l’or, le charbon, l’argent, le molybdène, l’iode et le lithium. Selon « l’Annuaire de l’activité minière du Chili 2008 » de SERNAGEOMIN (Service national de géologie et d’activité minière), les réserves et les ressources de cuivre par exemple, le minerai exploitable le plus répandu du pays, ont fluctués de 226,4 millions à 367,9 millions de tonnes entre les années 2001 et 2007, avec une vie utile estimée en 2004 à 66 années (vie utile qui se maintient constante à ce jour, suite à l’investissement dans de nouvelles prospections et explorations). Ce minéral est extrait tant par des sociétés de l’Etat du Chili (CODELCO, Corporation nationale du cuivre) que par des sociétés du secteur privé. L’apport de l’activité minière, et particulièrement celle du cuivre, au développement économique du pays est donc incontestable et les réserves encore suffisantes pour fournir une matière première d’exportation. Par contre les impacts négatifs sur les eaux continentales, les forêts natives, la biodiversité, les sols, les écosystèmes marins et l’environnement en général, ne sont pas absents non plus. (Folchi, 2003, U. du Chili, PNUE, 2010)

Minerai Place au niveau mondial 2004

Place au niveau mondial 2008

% de la production mondiale 2008

Cuivre 1ère 1ère 34 %

Or 13ème 16ème 1,68 %

Argent 5ème 4ème 6,7 %

Molybdène 1ère 3ème 15,9 %

Iode 1ère 1ère 57 %

Lithium 1ère 1ère 38 %

Tableau 2 : Ranking de la participation de la production chilienne des minéraux au niveau mondial. (Cochilco, SOQUIMICH, 2009) Les principales conséquences d’une gestion environnementale déficiente du secteur minier au Chili s’observent dans : la mauvaise qualité de l’air et de l’eau, la génération de résidus solides, mais aussi dans les conditions dans lesquelles sont abandonnées les mines qui ont déjà été exploitées, dans l’évaluation des risques pour empêcher le drainage acide et dans la consommation énergétique (bilan énergétique) à l’intérieur de chaque exploitation (U. du Chili,PNUE, 2010). Quant à la pollution de l’air, selon CONAMA, au XXème siècle, l’anhydride sulfurique, l’arsenic et le MP ont été rejetés dans l’air sans aucun contrôle ni aucun type de traitement. C’est seulement à partir des années ’90 que les alentours des mines de Chuquicamata (la mine de cuivre à ciel ouvert la plus grande au monde), Ventanas, Paipote, Caletones et Potrerillos ont été déclarées zones saturées ZS (cf.p.26) et ont été obligées de présenter des plans de dépollution et de diminution des émissions toxiques. Certains dépassements ont persistés pour l’anhydride sulfurique à Chuquicamata jusque 1998, donc les plans ont dû

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être reformulés. En termes généraux, les programmes ont été respectés et accomplis pour les mines de Protrerillos, de Caletones, de Ventanas et de Paipote. (U. du Chili, 2010 : 361) Concernant l’eau, les exploitations minières doivent concourir pour l’eau disponible avec d’autres secteurs économiques régionaux. Un exemple est le cas de Pascua Lama, un méga projet minier d’exploitation d’or qui a reçu en 2006 l’approbation de son Etude d’Impact environnemental et qui devra donc concourir avec les agriculteurs locaux. (cf. chap. 3 et 2) Concernant les centres d’exploitation du cuivre, ils se trouvent principalement entre les Ière et IVème régions, des secteurs arides et secs où la ressource liquide est très limitée. Mais en général, la consommation d’eau pour l’activité minière ne dépasse pas 5% du total utilisé au niveau national. Pour vérifier la qualité de l’eau, la DGA surveille les rivières proches des zones minières. C’est le cas du « Loa », par exemple, le bassin hydrique le plus important qui se trouve dans la région productrice de cuivre au Chili (Antofagasta). Des stations de contrôle mesurent principalement la concentration d’arsenic, de cuivre et des autres minéraux dérivés des mines. En 2004, les niveaux d’arsenic du Loa dépassent « sévèrement » la norme nationale. Le problème le plus grave se trouve donc dans la consommation d’eau contaminée avec de l’arsenic qui est destinée à l’irrigation agricole et à l’eau potable. (ibid) Un autre problème déclenché par l’activité minière est la génération des résidus solides. « Le processus d’extraction et de récupération des métaux dans un gisement minier génère des résidus massifs de deux types : ceux qui proviennent de la récupération des métaux de valeur (des relaves10, des scories et de des gravats -ripio-) et ceux qui proviennent du matériel éliminé lors de l’exploitation et qui n’apportent pas de bénéfices économiques (les stériles et les minéraux à basse valeur) ». (U. de Chili, 2010: 367). Les modifications technologiques introduites entre 1989 et 1998 n’ont malheureusement pas diminué de façon significative les résidus tels que les relaves et les gravats. Pour les stériles et les scories par contre, il semble y avoir des améliorations. Entre 2005 et 2008 les émissions de ces déchets n’ont pas diminué pour les entreprises CODELCO (les relaves sont en augmentation: de 81% à 94). Le risque principal de ce type de résidu, dépend de l’endroit où ils sont placés, de leur gestion et de leur manipulation. (ibid) Un des impacts majeurs de l’activité minière pour l’environnement est lié à la fermeture et puis à l’abandon total des anciens gisements. Le Système d’évaluation d’Impact environnemental (SEIA), dans son article 12 établit l’exécution d’un projet de fermeture lorsque l’activité d’un gisement est arrêtée ou finie (pour les mines souterraines, à ciel ouvert -rajo,-, les dépôts des déchets, les chemins, les bâtiments des enclaves minières, etc.). Mais avant 1997, il n’existait pas de cadre juridique régulateur et donc aujourd’hui nous trouvons des centaines de mines abandonnées qui ont des impacts négatifs pour l’environnement et pour la santé : pollution des rivières, des lacs, du littoral côtier; problèmes de sécurité suite aux séismes, aux inondations, aux coulées des boues, des avalanches ; émission des MP ; drainage acide, altérations esthétiques des paysages, etc. Il incombe au SERNAGEOMIN d’évaluer et de surveiller l’impact environnemental des mines ainsi que des gisements abandonnés. (U.du Chilie-PNUE, 2010)

10 « Le processus de fabrication du cuivre rejette des résidus, appelés relaves, composés de sable et d’eau. La partie sableuse de ces résidus permet de créer des digues, appelées Tranques, qui retiennent la partie liquide des résidus. Lors de l’extraction des matériaux, 1% à 2% sont des minéraux tandis que les résidus représentent 98% à 99%. Ainsi, pour une Tonne de roche on obtiendra 10kg à 20kg de cuivre et 980kg à 990kg de résidus, lesquels doivent être stockés dans les Tranques » ou piscines de relaves. ((www.sol-solution.com)

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Région Mines abandonnées Tarapacá (Zone nord) 49 Antofagasta (Zone nord) 70 Atacama (Zone Nord) 76 Coquimbo (Zone Nord) 57 Zone Centrale 86 Zone Sud 33 TOTAL 371

Tableau 3 : Nombre de mines abandonnées au Chili (SERNAGENOMIN, 2008) D’autre part, les exploitations du secteur peuvent générer des Drainages acides des mines (DAM). Pour cela il est nécessaire que quatre facteurs soient présents : l’existence d’eau, que l’eau soit en contact avec des roches ou du matériel en provenance de la mine, que la roche ou le matériel en contact avec l’eau et l’oxygène aie une composition qui génère une réaction chimique d’oxydation et enfin qu’il existe des micro-organismes associés au dioxyde de carbone qui vont intervenir comme catalyseur du processus d’oxydation. Suite à la solubilité des métaux contenus dans les matières lavées et transportés ensuite dans les eaux, les conséquences du DAM touchent les zones agricoles, les sources d’eau potable, les sédiments des rivières et de la mer, les nappes phréatiques. Au Chili le drainage acide a été étudié seulement depuis l’année 2000 par le Ministère des affaires minières. Les études démontrent que des quatre facteurs mentionnés ci-dessus (oxygène et bactéries) deux sont présents au Chili et donc les risques potentiels sont aussi réels dans certaines régions du pays. (ibid) La consommation d’énergie électrique et des combustibles dérivés des activités minières produisent aussi des impacts sur l’environnement. Selon les informations rapportées par le Conseil minier du Chili, en 2008, l’industrie du secteur a demandé un tiers de l’énergie nationale et 90% de l’énergie produite au nord du pays. L’activité qui consomme la majeure partie des combustibles fossiles est celle de l’extraction (dans les mines souterraines et à ciel ouvert) tandis que pour l’électricité, ce sont les centres de lixiviation et l’extraction (. Fig. (Cochilco 2008, in U. du Chili, 2010 :373)

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CHAPITRE II – LA SOCIÉTÉ CIVILE ORGANISÉE ET LA DÉFENSE DE L’ENVIRONNEMENT

Au chapitre précédent, nous avons présenté les principaux problèmes qui touchent l’environnement du pays dans un contexte d’exploitation accrue des ressources naturelles comme moteur de l’économie nationale. Aux points suivants, nous réviserons les concepts auxquels nous ferons référence dans ce travail dans le but d’identifier les rôles des Organisations de la société civile de défense de l’environnement (OSCE) au Chili. Nous essaierons de comprendre ce qu’est une OSCE, un Mouvement social environnemental (MSE), ainsi que les différentes classifications des OSCE proposées par la littérature. Nous proposons 5 typologies. Elles ne prétendent en aucun cas être des modèles uniques, mais plutôt servir de référence pour l’analyse spécifique des rôles des OSCE dans le cas concret du Chili. Les différentes typologies nous permettront de classer les OSCE et d’identifier ainsi ses fonctions.

1.- Les concepts : la société civile, les organisations de la société civile et les mouvements sociaux environnementaux.

1.1. – Qu’est ce que la société civile (SC)?

Dans la littérature spécialisée sur le sujet, tant en général qu’au niveau latino-américain, nous ne trouvons pas une définition unique et cohérente ni du concept générique de société civile ni de la société civile en lien avec l’environnement. Il en est de même pour les concepts qui leur sont associés : les organisations de la société civile de l’environnement et leurs rôles.

Au contraire, chaque spécialiste et chaque discipline présente des définitions selon sa vision particulière ou en rapport à une situation donnée. D’ailleurs, les termes sont constamment réinterprétés et revus selon les aléas des débats et des discussions d’actualité. Par contre, il s’agit d’un concept très utilisé dans le milieu associatif environnemental et dans les sphères de pouvoir, même s’il est toujours situé en dehors des pouvoirs étatiques et politiques.

Les auteurs latino-américains contemporains qui ont abordé le sujet, comme Néstor García Canclini, décrivent la SC comme la « nouvelle source de certitude dans un temps d’incertitude, un autre concept totalisateur destiné à nier l’ensemble des voix hétérogènes et éparses qui circulent dans les nations». (Canclini, México, 1995 : 8). D’autres, la comprennent comme une « réalité qui se situe entre l’Etat, le marché et la société, chaque fois de plus en plus importante pour les nouvelles démocraties latino-américaines» (Hengstenberg et al. 2002 :9).

Mais au delà des grandes différences conceptuelles mises en évidence selon que nous considérons la SC comme étant à la base de l’Etat ou contre l’Etat (comme une actrice du développement ou comme un contre-pouvoir), de multiples auteurs, tels que Machiavel, Gramsci, Rousseau, Marx…, convergent pour appeler société civile « tout ce qui n’est pas la société politique formelle et qui englobe toute la citoyenneté… A priori, les candidats au titre de représentants de la Société Civile sont donc nombreux, puisque celle-ci pourrait englober tout ce qui n’est pas pouvoirs publics ou militaires, ou partis politiques ». (Löwenthal, 2005 : 1-2). Mais toujours selon Löwenthal cette conception est trop englobante et il faudrait une analyse plus détaillée selon de multiples critères pour arriver à délimiter qui est membre de la société civile et qui n’en est pas. Cette dernière discussion échappe cependant aux objectifs de notre recherche.

Certaines études signalent aussi que la société civile d’une société démocratique occidentale, est une notion composée de trois dimensions : les associations (incluant de

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multiples réseaux, des groupes, des organisations, des institutions, des ONG…), les valeurs (les opinions et la conception du monde) et les espaces publics (les arènes d’argumentations et de délibérations). (Pirotte)

Dans le cadre de cette étude, nous allons nous limiter à étudier la dimension associative de la société civile. Plus précisément les organisations chiliennes (de base ou locales, régionales et nationales) que nous appellerons aussi des associations chiliennes, dont le travail est centré sur la défense de l’environnement. Nous aborderons la notion de société civile dans sa dimension associative en tant qu’espace en dehors de la sphère privée (la famille et l’entreprise individuelle) et de l’Etat (les institutions étatiques, les partis politiques, l’administration publique,…), où les personnes s’associent volontairement pour former des organisations sur base d’un intérêt commun : la défense de l’environnement. Nous appellerons ce type d’organisation OSCE (Organisations de la société civile de défense de l’environnement).

Fig. 11 : Société civile en trois dimensions selon Gautier Pirotte

1.2.- Les organisations de la société civile de défense de l’environnement (OSCE)

La société civile est composée de multiples organisations. Une organisation est définie comme un groupement, une association généralement d’une certaine ampleur, qui cible des buts déterminés et communs aux membres du groupe. Certains auteurs décrivent les actions d’organisations qui composent la SC comme « les activités de citoyens librement associés ne disposant d’aucun pouvoir étatique et dont les activités se fondent sur des objectifs autres que la recherche du profit » (Foster, 2002 :8) Dans le cadre de cette étude, nous allons considérer comme appartenant à ce domaine les organisations (ou les associations) du pays, classiques et moins classiques, ainsi que les ONG, qui ont pour but principal d’agir en faveur de l’environnement. Notons ici que de multiples organisations généralistes et non spécialisées sur des sujets environnementaux réalisent également des actions pour la défense du milieu naturel et des victimes des dégâts environnementaux. Mais nous allons nous limiter exclusivement à l’étude des associations qui poursuivent l’objectif central de travailler les problèmes environnementaux. Les OSCE établissent donc des liens et créent des réseaux avec de multiples acteurs locaux, régionaux, nationaux et internationaux mais aussi avec d’autres associations locales externes au secteur environnemental et actives dans la défense du milieu naturel. Dans ce contexte, les organisations de défense des peuples indigènes par exemple, via la revendication de leurs droits territoriaux ancestraux, se heurtent aux compagnies forestières ou hydroélectriques qui dévastent des superficies de forêts. Nous noterons aussi la présence de membres du monde ecclésiastique, tant au Chili que dans presque tous les pays d’Amérique latine, dans le rôle de coordinateur et même parfois de leader de la SC dans certains contextes, y compris pour la défense de l’environnement dans les localités vulnérables (par exemple pour le réseau « Non à Pascua Lama » ou « Patagonie sans barrages » qui reçoivent le soutien des paroisses locales au Chili) (cf.chap.3 et 4). L’église

3ème

2ème Dimension

1ère Dimension

Espaces publics

Valeurs

Associations chiliennes (dont associations pour la défense de l’environnement : OSCE)

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catholique latino-américaine, à la fois conservatrice et progressiste, constitue parfois une forme d’expression de la SC. (P.Löwenthal, 2005) Concernant les mouvements sociaux plus au moins planifiés, ainsi que ceux qui sont plus spontanés, appartenant aussi à la SC, ils sont en liens avec de multiples associations ou organisations de défense de l’environnement ainsi qu’avec d’autres acteurs de la société civile. Ils peuvent même côtoyer des OSCE, structurées ou informelles, lors de campagnes de sensibilisation par exemple, mais ils ne seront pas considérés comme étant une association organisée. Par contre, de multiples OSCE intègrent ou créent des MSE (mouvements sociaux environnementaux) dans le but d’atteindre certains des leurs objectifs via des actions collectives. 1.2.1.- Les mouvements sociaux environnementaux (MSE) Le concept de mouvements sociaux (MS) est amplement utilisé par les spécialistes des OSC tant au niveau mondial qu’en Amérique latine pour décrire le lieu de convergence, plus ou moins organisé, de différentes catégories de la société civile. Ils sont constitués autour d’un thème ou d’un sujet qui mobilise et ils cherchent à conquérir une revendication commune ou à donner des solutions aux problèmes via la mise en marche des actions collectives. « Ils sont nés du constat de l’incapacité de certains acteurs sociaux traditionnels… à négocier et à agir, ou de celui de la carence des institutions publiques vis-à-vis des besoins de catégories importantes de la population. Ils deviendront des porteurs de propositions globales sur un choix d’évolution de la société, s’inscrivant ainsi dans la sphère politique » (Doucin, 2000 : 132). Un des MS les plus significatifs en Amérique latine est le mouvement de défense des peuples indigènes de l’Equateur qui se mobilise pour revendiquer les droits territoriaux, la défense des sols agricoles et l’identité culturelle de ces peules. La Confédération nationale des nationalités indiennes participe à la négociation des reformes agraires et aux débats législatifs sur la pluri nationalité des équatoriens. (Doucin, 2000) Un autre exemple est le MS de type environnemental contre la mine d’or Pascua Lama au nord du Chili. Les membres du mouvement (des OSCE et des agriculteurs locaux), revendiquent le droit d’avoir accès à une eau sans polluants chimiques, mais ils demandent aussi le retrait de l’entreprise multinationale propriétaire de la mine, la protection du sol agricole et la protection de la source de travail des paysans. Certains OSCE membres vont même demander le changement du Système institutionnel (l’État), trop permissif envers les capitaux étrangers, par des actions de protestations et de l’anti propagande (cf. chap.3, défense de l’eau) Pour Velasquez, un MS n’est jamais exclusivement indigène, agricole, environnemental. Il mélange des aspects politiques, économiques et culturels anciens et répond à des situations conjoncturelles très spécifiques (Velasquez, 2008). Dans ce sens, un mouvement social environnemental (MSE) peut être compris comme le lieu de convergence des acteurs sociaux et des organisations, dont les OSCE, avec comme objectif central de défendre l’environnement dans un contexte particulier mais aussi avec d’autres objectifs qui ne sont pas exclusivement de la pure revendication écologiste. Ce type d’action collective doit prendre en considération quatre éléments : a) compter avec un réseau d’interactions informels, b) être composé par des individus qui partagent des croyances et des solidarités, c) être un groupe de convergence avec de multiples thèmes, des revendications ou des conflits communs, d) entamer des actions en dehors de la sphère institutionnelle et des routines normales de la société. (Diani, in Velázquez, 2008)

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Toujours selon Diani, l’essence de tout MS sont les relations que les individus établissent à l’intérieur d’un groupe et avec l’environnement extérieur. Même si les organisations sociales comprises à l’intérieur du mouvement présentent des profils fort différents, elles sont mieux comprises dans leur contexte relationnel ou en tant que réseaux, où se tissent des liens sociaux complexes, des collaborations ou des confrontations. Les relations des différentes OSCE à l’intérieur d’un mouvement social environnemental (MSE) sont parfois conflictuelles mais elles privilégient la tolérance et la collaboration car l’appartenance à un groupe plus ample de la société leur permet d’acquérir plus de poids et de fortifier les petites associations au bord de la disparition. (Doucin, 2000- Diani in Velasquez, 2008). Le mouvement de défense de l’Amazonie au Brésil et le mouvement de défense de la Patagonie au sud du Chili et de l’Argentine constituent deux cas emblématiques dans le secteur de l’environnement au niveau régional. Le second mouvement comprend plus de 70 organisations nationales et internationales qui s’opposent à la construction de méga barrages hydro-électriques dans cette zone du continent latino-américain. Ces mouvements sociaux environnementaux (MSE) revêtent souvent un caractère transnational (MSET : Mouvements sociaux environnementaux transnationaux) qui dépasse donc les frontières nationales (Doucin,2000). La défense de la Patagonie située au sud du Chili et de l’Argentine, devient une revendication commune pour des OSCE internationales (Natural Resources Defense Council NRDC par exemple) (cf. chap. 3, le projet HydroAysén). Selon Diani, au contraire des organisations politiques qui traitent de sujets semblables, lorsqu’un mouvement social se met en place, les identités propres à chaque organisation coexistent avec celles qui sont spécifiques au mouvement même. Pour cette raison il n’existe pas de frontières formelles entre eux (le mouvement et l’organisation). Cet auteur signale par contre une condition pour pouvoir être membre d’un mouvement, celle de la reconnaissance mutuelle des différences. Quand les identités des organisations deviennent trop dominantes, les mouvements finissent par disparaître. (Eyerman et Jamison, in Diani) Dans un mouvement social environnemental, il est alors d’une importance vitale que tous ses membres partagent une série d’idées et de définitions concernant les problèmes à résoudre ou les situations à modifier. L’identification générée entre les participants est considérée comme un substitut à d’autres appartenances telles que la famille, la religion, la classe sociale... Les mouvements sociaux environnementaux forment donc de nouvelles communautés de filiation… Des filiations vertes selon Diani. Mais les identités des membres d’un mouvement social environnemental ne sont pas homogènes. Même si les organisations sont perçues par rapport aux liens qu’elles établissent, chacune joue un rôle indépendant dans le processus de construction des MSE (Velázquez, 2008). Les principales caractéristiques des MSE sont :

a) qu’ils se construisent sur la base de données scientifiques (les actions et les interventions cherchent à s’appuyer sur des données concrètes pour agir) (Horton in Velasquez, 2008),

b) qu’ils n’émergent pas de façon spontanée (ils ont besoin de multiples individus qui ont des valeurs communes, des objectifs, des ressources, etc.),

c) la filiation « verte » qui crée un sentiment d’appartenance à un groupe, d) qu’ils ont comme objectif central la conservation des ressources naturelles et de

l’environnement, e) qu’ils utilisent des méthodes particulières de protestation : des films, des concerts,

des « performances d’art », des campagnes, des réseaux on-line, etc. (Velasquez, 2008).

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2.- Différentes typologies des OSCE proposées par la littérature

Les tentatives des experts pour classifier les OSC sont nombreuses et divergentes. Le classement le plus courant divise les OSC en deux grands groupes : celles qui sont définies selon leur structure interne ou leur contenu (ce qu’elles sont) et celles qui sont définies selon leurs fonctions (ce qu’elles font).

Mais les limites entre ces 2 groupes restent parfois floues et imprécises. Il existe aussi certains essais de classification en rapport avec le type d’activité exercée ou avec le secteur d’intervention. (IRELA, 2000). Concernant spécifiquement les OSCE il y a de multiples essais de classification selon des critères différents. Nous pouvons entre autres mentionner : la classification en rapport aux domaines d’intervention de l’Université Johns Hopkins (IRELA, 2000), la typologie en relation à l’appartenance à un mouvement écologiste selon les objectives fixés (Castells, 2003), la typologie en rapport aux liens et à la création des multiples réseaux (Diani,1999) et finalement une vision latino-américaine qui englobe toutes les OSC, dont les environnementales, dans un contexte juridique donné ou bien qui naissent en dehors du cadre juridique (OSCE informelles). Elles s’inscrivent dans une logique de revendication politique et de services. (Doucin, 2000- Dumoulin, 2006).

2.1.- Classification selon les domaines d’intervention

Un des classements des plus exhaustifs est celui de la Classification internationale des organisations à but non lucratif –ICNPO- du Centre d’études de la société civile de l’Université Johns Hopkins. Selon elle, ils existent 12 catégories principales d ’OSC divisées selon leurs domaines d’activité. L’environnement, l’un d’entre eux, est aussi subdivisé en 3 grands groupes : les OSC de protection de l’environnement, les OSC de sauvegarde des ressources naturelles et les OSC de distribution d’eau et des installations sanitaires. Selon cette vision, les OSC de l’environnement (OSCE) seraient donc des organisations ou des associations indépendantes de l’Etat et en dehors de la famille, dont les actions et les activités sont destinées à défendre l’environnement (soumis à de multiples pressions), sauvegarder les ressources naturelles et faciliter l’installation des réseaux sanitaires et de distribution de l’eau.

SOCIÉTÉ CIVILE ORGANISSÉE (SCO) SELON LES DOMAINES D’INTERVENTION

Fig. 12 : Représente les OSC, dont les OSCE de l’environnement, selon la vision de l’Université Johns Hopkins, USA (Construit dans le cadre de cette recherche).

Protection générale

Eau + réseau sanitaire

Ressource naturelle

OSCE

OSC OSC

OSC

OSC

OSCE

OSC OSC

OSC

OSC

OSC

OSC

OSC

SCO

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2.2.-Classification selon la participation aux mouvements écologistes

D’autre part, Manuel Castells élabore une typologie sur base du concept de mouvement social dressé par Alain Tourraine. Castells identifie cinq types de mouvements écologistes autour desquels se structurent les OSCE : les mouvements de conservation de la nature, les mouvements de défense de l’espace propre (le syndrome Nimby), les mouvements de contreculture (l’écologie profonde), les mouvements internationaux pour sauver la planète (Greenpeace) et les mouvements politiques. Les exemples des organisations utilisés par Castells proviennent majoritairement des USA et ont pour but d’illustrer chaque typologie. Il propose leur utilisation en tant que modèle d’analyse général. (Castells, 2003)

Typologie (exemple) Identité Adversaire Objectif Conservation de la nature (le groupe des dix -USA)

Les amants de la nature

Le développement incontrôlé La nature originelle

Défense de l’espace à soi (syndrome « Nimby »)

La communauté locale Les pollueurs La qualité de vie /santé

Contreculture, écologie profonde (Earth First!, éco-féminisme)

Le moi vert L’industrialisation, la technocratie, le patriarcat

L’éco-utopie

Sauver la planète (Greenpeace)

Les éco-guerriers internationaux

Le développement global incontrôlé La durabilité

Politique verte (Die Grünen)

Les citoyens conscientisés

L’establishment politique Le contrepouvoir

Tableau 4: Typologie des mouvements écologistes autour desquels se structurent les OSCE (Castells, 2003 :137)

a) La conservation de la nature se trouve à l’origine des premiers mouvements écologistes qui sont nés aux Etats-Unis en 1891. Puis, au début des années ’80 de multiples organisations nord-américaines forment une alliance écologiste connue comme « le Groupe des dix » qui prône la défense pragmatique des causes liées à la conservation de la nature dans tout le système institutionnel. Ce type de mouvement, ample et diversifié, agglutine des associations cherchant à protéger toute forme de vie naturelle, toujours dans le cadre des limites économiques et sociales imposées par le système. Pour eux, les adversaires sont le développement incontrôlé et la bureaucratie qui n’agit pas là où il le faut. Ce type d’OSCE agit via des institutions, utilise l’influence politique avec habilité et pratique aussi la politique de coalition sans jamais s’éloigner des objectifs environnementaux. Elles se méfient des idéologies radicales en restant proches des associations plus idéologisées. Elles reçoivent le soutien de vastes secteurs populaires ainsi que des aides et des donations des élites sociales.

b) D’autre part, toujours selon Castell, les associations qui s’organisent autour de

la mobilisation locale pour la défense de l’espace propre, agissent contre toute action inappropriée à la vie en communauté. Leurs actions sont directes et interviennent rapidement dans l’espace local, là où la population constate une action ou un phénomène nuisible pour la santé et pour l’environnement. Ce type de mouvement et les organisations qui l’intègrent sont connues comme des associations liées au syndrome Nimby (Not in my backyard !) ou bien « pas dans mon jardin» (comportement d’opposition d’une communauté contre tout projet qui peut créer des externalités négatives ou des nuisances, dans l’environnement proche de la population considérée). Les citoyens cherchent à étendre la démocratie locale, à mettre en place une planification urbaine équitable pour partager la charge du développement durable/industriel et à empêcher d’être exposés aux installations

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dangereuses à proximité de leurs résidences. Il est né en 1978 aux Etats-Unis comme un mouvement qui s’opposait à l’utilisation des produits toxiques. Aujourd’hui il s’étend vers tout type d’action ou de phénomène nuisible au niveau local. « Les réactions d’opposition poussées à leur paroxysme peuvent par contre générer des conséquences néfastes pour le bien être général des citoyens en matière d’environnement»… car il existe toujours le risque d’exporter ou augmenter le problème ailleurs. (Marcheti, 2005 : 9)

c) Les organisations contre-culturelles ou bien liées à l’écologie profonde (deep ecology), cherchent délibérément à mettre en place un modèle de vie en accord avec des normes différentes et, jusqu’à un certain point, opposées à celles appliquées par l’institution publique, sur base des principes et des croyances alternatives. Elles sont guidées par les lois de la nature et leur priorité est le respect du milieu naturel qui prime sur n’importe quelle autre institution humaine. Les écologistes radicaux, le mouvement pour la libération des animaux ou l’éco-féminisme sont des exemples de ce type de mouvement. « Les deep écologists plaident pour un changement spirituel, pour une conception profonde de l’écologie, qui interdit à l’être humain de se considérer comme le seul garant de la terre » (Awoonor, 1992 : 148) Selon Castells, même si les OSC qui composent ce mouvement sont diverses et manquent parfois de coordination, elles partagent par contre des idées de la deep ecology proposées par des penseurs tels qu’Arne Naess ou George Sessions (la vie est une valeur en soi, les humains n’ont pas le droit de réduire la richesse et la diversité de la vie, le développement de la vie est compatible avec une diminution de la population humaine, l’être humain intervient trop dans le monde non-humain,…). Certains membres plus intransigeants de ce mouvement ont même créé des associations tel qu’ «Arizona Earth First !» qui prône la désobéissance civile et l’éco sabotage (contre la construction de barrages, contre la destruction des forêts, contre l’expérimentation animale, entre autres).

d) Par rapport aux organisations liées aux mouvements destinés à sauver la planète, Castells signale que la plus représentative est Greenpeace, née à Vancouver autour de la protestation antinucléaire (1971). Il s’agît de la plus grande organisation mondiale de défense de l’environnement existante aujourd’hui (6 millions de membres). Elle est structurée autour de trois principes : le sentiment d’émergence suite à la disparition imminente de la vie sur Terre, l’attitude d’inspiration quaker11 comme principe d’action et comme stratégie de communication, l’attitude pragmatique et commerciale. Ce type d’OSCE identifie des problèmes clés en utilisant la connaissance et les techniques disponibles sur toute la planète, dans le but de mettre en marche des campagnes et des « actions spectaculaires », destinées à attirer l’attention des médias et de l’opinion publique. Pour ces OSCE, majoritairement internationales, l’adversaire est le développement. Leur but est donc de dénoncer et d’exposer au regard public un problème particulier en attirant l’attention des médias. Selon ce principe, les entreprises, les gouvernements et les institutions internationales responsables des atteintes contre l’environnement sont obligés de changer leurs pratiques nuisibles afin d’éviter la critique internationale et la publicité négative.

f) Finalement, Castell signale que la politique verte n’est pas véritablement un mouvement mais plutôt une stratégie spécifique qui consiste à introduire l’écologisme

11 Nom anglais qui signifie trembleur et qu’on a donné aux membres du mouvement religieux « la Société des Amis » dérivé du protestantisme et qui est établi principalement en Angleterre, Hollande et aux Etats-Unis. Ils prêchent en particulier le pacifisme, la philanthropie et une très grande austérité de mœurs. Les quakers sont vêtus simplement, ne vont point à la guerre, ne font jamais de serment, agissent avec flegme, et surtout ne doivent jamais se mettre en colère. Au cours de leur histoire, les quakers ont fondé de nombreuses organisations, que ce soit à titre individuel, en groupe ou en collaboration avec d'autres. (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, http://quaker.chez-alice.fr/ , 2010)

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dans les sphères politiques par la voie électorale. Mais elle peut être par contre le résultat d’une coalition des mouvements populaires écologistes. C’est le cas du Parti Vert d’Allemagne (Die Grünen) créé en 1980 suite à la convergence des mouvements populaires pacifistes et antinucléaires. Die Grünen apparaît dans un contexte exceptionnel. Dans les années 1970, la réputation des trois partis politiques qui se partagent le pouvoir (les chrétiens, les sociaux-démocrates et les libéraux) diminue suite aux multiples scandales concernant leur financement (les industriels auraient subsidié ces partis avec des aides économiques). Un important secteur de la population, éloigné des industriels et désireux d’introduire des changements sur la scène politique, va proposer une nouvelle conception du pouvoir partagé entre de multiples acteurs (un contre-pouvoir), un parti « anti-parti ». Ce nouveau Parti vert qui intègre des membres actifs de divers mouvements sociaux du pays, aura le soutient électoral des jeunes, des étudiants, des professeurs, des chômeurs subsidiés par l’État, des travailleurs gouvernementaux et des populations éloignées des secteurs productifs...

Exemple pour le Chili : Typologie (exemple) Identité Adversaire Objectif Conservation de la nature

a) ONG GRRAS

Les amants de la nature: de la faune sauvage

Le développement incontrôlé : les activités minières et de la pêche

La nature originelle : protection des animaux qui sont les victimes des pressions anthropiques

Défense de l’espace à soi (syndrome « Nimby »)

a) OSCE et les pêcheurs de la « Caleta Coloso d’Antofagasta »

La communauté locale (petit port de pêcheurs artisanaux)

Les pollueurs (les entreprises minières : Mine La Escondida)

Le cadre de vie : la source de revenus, le travail

Contreculture, écologie profonde

a)Coordination contre Pascua Lama

b) Fondation Conservation Land Trust -CLT

Le moi vert

Gold Barrick (exploitation d’or) et l’Etat

L’industrialisation, l’entreprise hydroélectrique ENDESA

L’éco sabotage (contre Gold Barrick) et la désobéissance civile (contre l’Etat)

L’éco utopie, mettre en valeur les écosystèmes avant tout, défense de la Patagonie et des forêts

Tableau 5 : Typologie selon les mouvements écologistes, des exemples chiliens 2.3.- Classification des OSC selon leurs liens et la constitution des réseaux Des auteurs tels que Mario Diani, par contre, proposent des classifications sur base de la constitution des « réseaux ». Selon lui, ce qui constitue un mouvement social sont les relations. L’essence des actions des OSCE se trouve donc dans les liens établis à l’intérieur et à l’extérieur d’un groupe et non dans les individus isolés. Dans ce contexte, l’action collective composée des réseaux, des croyances et des actions, est toujours dynamique. (Diani in Velasquez, 2008). Il fait aussi référence à la CMC (Computer Mediated Communication) comme outil pour la formation des réseaux. Il parle des trois types

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d’organisations appartenant aux mouvements : celles qui mobilisent principalement des ressources professionnelles, celles axées sur les ressources participatives et les mouvements transnationaux. De multiples réseaux environnementaux ont des extensions virtuelles dans le but d’établir ou de fortifier leurs liens. Certains MSE (mouvements sociaux environnementaux) seront d’ailleurs entretenus par communication on-line. Un exemple récent au Chili est le mouvement national « Cero caza de ballenas » (Stop à la chasse de baleines) organisé dans le pays par l’association ECOCEANOS et CCC (Centre de Conservation des Cétacés) afin d’empêcher l’enlèvement de l’interdiction de la chasse de baleines auprès de la Commission baleinière internationale. (Voir chapitres III et IV).

Typologie des réseaux Acteurs Exemples

Mouvement mobilisant des ressources professionnelles

-Groupe réduit de professionnels (actifs) -Nombreux adhérents (passifs)

- WWF - Amis de la Terre - Greenpeace

Mouvement mobilisant des ressources participatives

- Des associations locales et de base (actifs) - Des réseaux informels (actifs) - Des membres (actifs)

- ProAntofagasta (nettoyage des plages au Nord du Chili)

Mouvements internationaux

Réseau de soutien

- Des coalitions - Des réseaux - Des membres

/ - Des connecteurs

- Campagnes internationales contre le Réchauffement Global - Climate Action Network

Tableau 6 : Les réseaux des OSCE

a) Organisation de mouvements mobilisant des ressources professionnelles : Il s’agît des organisations environnementales tels que WWF ou Amis de la Terre par exemple, qui ont un profil participatif mais qui ont évolué vers un type d’association composé d’une équipe réduite de professionnels qui promeut des campagnes financées par les contributions de leurs membres passifs. D’autre part Greenpeace constitue un exemple de vision plus radicale d’associations de protestation professionnelle. Ce type de groupes environnementalistes a besoin de mobiliser un vaste réseau d’adhérents et de sympathisants pour assurer l’obtention des ressources financières. Leurs causes et leurs objectifs ont le consensus de l’opinion publique même si les solutions spécifiques aux problèmes ou bien leurs tactiques d’action sont parfois fort controversées. (Diani 1999) La majorité de leurs membres de base, des individus de tout genre partageant des vissions semblables sur les sujets environnementaux, est éparse. Pour cette raison, le CMC pourrait améliorer la communication envers les adhérents ordinaires, renforcer leur identification et offrir des options pour s’impliquer davantage dans les débats de l’association. L’utilisation de CMC par la voie de la communauté virtuelle pourrait aider à relier les sympathisants avec leur organisation et le reste des membres du groupe. Pour des organisations comme Greenpeace par exemple, l’utilisation de la technologie de communication de pointe pourrait faciliter la circulation d’information nécessaire à l’organisation de campagnes. (ibid.)

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b) Organisation de mouvements mobilisant des ressources participatives : Ce type d’organisation incorpore les membres de base tant dans la fourniture des idéologies et des solidarités que dans l’action directe. Elles peuvent inclure aussi différents types d’associations et de réseaux plus informels. Dans ce contexte relationnel, les activistes et les membres de différents mouvements peuvent entrer en contact, partager et se comprendre en garantissant la continuité de l’action collective à travers le temps et l’espace. Dans ce type de réseau, la fonction des CMC est de renforcer les liens déjà existants. Mais ici des interactions directes précédant les contacts virtuels sont nécessaires afin de donner une durabilité à l’action collective (ibid.). Le mouvement de nettoyage des plages au nord du Chili (Antofagasta), né dans le but d’améliorer la gestion des déchets sur les plages et de maintenir les endroits propres, constitue, pour le Chili, un exemple de MSE avec des ressources participatives. Cette initiative mobilise des citoyens conscientisés, des membres de la marine, l’organisation PROA, entre autres acteurs du milieu environnemental. Ils communiquent et coordonnent leurs activités via des mails et des web sites. (Voir chapitre 3)

c) Organisations des mouvements transnationaux: toujours selon Diani, ces mouvements sont en pleine expansion, tout comme leur tendance à fonctionner via des coalitions et des réseaux. Les membres des mouvements transnationaux doivent avoir un ancrage dans les réseaux sociaux domestiques, être connectés périodiquement, partager des visions du monde ou bien des liens (informels ou via une organisation) et avoir une capacité d’action (au-delà des mots). Une autre forme d’interactions internationales consiste à diffuser largement à travers les frontières des actions de protestation. Leurs acteurs sociaux échangent aussi des visions politiques et constituent des réseaux de soutien transnationaux. Ces derniers ne sont pas des mouvements car ils n’incluent pas les échanges en tête-à-tête nécessaires à toute action collective. En d’autres termes, les réseaux de soutien sont des structures ponts (qui connectent d’autres acteurs), mais ne constituent pas une entité perçue comme un mouvement social. (Tarrow, in Diani, 1999) La communication à travers le CMC est décisive pour rendre l’existence de ces réseaux possible. L’emploi massif des e-mails par exemple, a augmenté la capacité de coordination des groupes coopérants sur des campagnes internationales contre le réchauffement global. Cela peut aussi susciter la formation d’organisations spécifiques comme Climate Action Network, une coalition d’associations environnementales et scientifiques concernées par les questions de réchauffement global qui utilise largement les e-mails (Diani, 1999). Pour les « mouvements sociaux transnationaux » la communication virtuelle fonctionne de la même manière que pour les mouvements participatifs à l’intérieur des frontières (contacte directe et puis par « le web). En ce qui concerne les « réseaux de soutien », la CMC pourrait renforcer les identités et les solidarités parmi leurs membres en augmentant les échanges entre les activistes et les organisations, géographiquement très distants (op.cit).

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Exemple pour le Chili :

Typologie des réseaux Acteurs Exemples

Mouvement mobilisant des ressources professionnelles

Pour la défense des écosystèmes marins

-Groupe réduit de professionnels (actifs) : 4-5 personnes

-Nombreux adhérents (passifs) : indéterminés mais des lecteurs des infos web +/- 90.000 visites /mois

Centre ECOCEANOS

Mouvement mobilisant des ressources participatives

Pour la gestion des déchets

- Des associations locales et de base (actifs) - Des réseaux informels (actifs) - Des membres (actifs) : +/- 30 personnes

- Groupe de base pour le nettoyage des plages d’Antofagasta

Mouvements internationaux

Pour la défense des

forêts

Réseau de soutien

- Des coalitions : Conseil de défense de la Patagonie - Des réseaux : groupes de base (agriculteurs, paroisses locales, etc.), International Rivers Network (IRN), Natural Resources Defense Council (NRDC) - Des membres : +/- 70 OSCE et des autres OSC

/ - Des connecteurs :

Systèmes

- Les Campagnes internationales :

pour la défense de la Patagonie, « Patagonie Sans Barrages »

Tableau 7 : Les réseaux des OSCE, des exemples du Chili 2.4.- Classification des OSCE selon leur structure, leur émergence et leurs rapports avec les associations de base Mais à coté de cette classification générale, nous trouvons des classifications plus adaptées au contexte latino-américain, marquées par une forte présence d’organisations moins classiques. Michel Doucin, dans le ‘Guide de la liberté associative dans le monde’, présente un modèle de catégorisation de la société civile latino-américaine organisée en fonction de l’existence ou de l’absence d’un cadre juridique inspiré des législations européennes. Cette logique de classification s’étend aussi aux OSCE car nous trouvons des organisations environnementalistes qui sont reconnues par la loi et des organisations qui naissent en dehors d’un cadre juridique quelconque mais qui sont très actives sur le terrain. S’il existe des différences d’évolution des OSC à l’intérieur de chaque pays d’Amérique latine, nous constatons, au moment d’établir une typologie ou une catégorisation des organisations, la présence commune de deux types de structure : celles qui ont un statut juridique (que nous appellerons aussi classiques, formelles ou structurées) et celles qui n’en ont pas (les informelles, de fait ou ad hoc, jouissant d’une légitimité octroyée par la

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population). Il apparaît aussi que les organisations formelles s’organisent selon des modèles juridiques communs hérités d’Europe et « puisés dans les législations des anciens colonisateurs.» (Doucin, 2000 : 131). 2.4.1.- Les organisations formelles et informelles Doucin parle donc d’une part des organisations formelles ou de structure classique, pour celles qui sont construites sur la base d’un dispositif légal déterminé. Celles-ci sont composées de multiples organisations telles que des associations formelles, des fondations, des coopératives. D’autre part, cet auteur reconnaît l’existence d’organisations informelles ou non classiques qui ne s’inscrivent pas dans un cadre juridique. Celles-ci naissent de la difficulté d’obtenir une place dans le dispositif légal. Cette situation est générée soit parce que les exigences juridiques sont trop contraignantes et ne s’ajustent pas au profil des associations, soit parce que les autorités publiques empêchent implicitement ou explicitement leur création qui augurerait une opposition au pouvoir étatique. « Nous ne pouvons donc pas écarter l’étude de ce type d’organisation » si nous souhaitons avoir une vision complète de l’évolution des OSC du continent où l’informel domine. « En plus, elles sont nombreuses et jouent un rôle essentiel dans l’invention des nouvelles formes démocratiques ». (Doucin, 2000 : 131) Enfin, qu’elles soient formelles ou informelles, les OSC peuvent se définir en fonction de: leur émergence et de leurs relations vis-à-vis des organisations de base : a) Les organisations émergeant lors d’une situation donnée Des spécialistes des OSC considèrent que de nombreuses organisations latino-américaines naissent aussi en réponse à une situation donnée, en réaction à la violence sociale et institutionnelle (pour la défense des Droits de l’homme, pour la défense de l’environnement, pour répondre aux carences de l’Etat, …). Nous observons également que certaines associations ou certains réseaux de défense de l’environnement émergent lorsqu’un dégât est imminent et que la population perçoit un risque de menace directe de leur lieu de vie (contamination des eaux souterraines et des rivières, pollution de l’air, problèmes de gestion de déchets, rejets toxiques, etc.). b) Les organisations de base et les organisations intermédiaires Les organisations de base comprennent les associations communautaires, les comités de quartiers (Juntas de Vecinos), les syndicats agricoles, les associations de femmes, les associations locales des agriculteurs, des pêcheurs, etc. On parle d’elles comme de la pré-société civile du continent, situé très en amont dans le tissu social. « Elles répondent aux besoins fondamentaux des populations et jouent un rôle clé dans la participation des populations au processus de développement…Elles sont actives en tant que catalyseur, mobilisateur, négociateur, défenseur des droits, etc. » (Doucin, 2000:134) Ces organisations s’inquiètent ici de problèmes environnementaux émergeant au niveau local. Les OSC intermédiaires, par contre, sont des organisations d’appui aux organisations de base. Elles constituent un groupe hétérogène et nombreux, nécessaire à la mise en place des programmes de développement durable, pour la prestation de services et en tant qu’intermédiaire (voire en tant que miroir) des organisations de base. Elles sont composées de professionnels travaillant sur le terrain mais aussi d’intellectuels (juristes, par exemple). Ce groupe d ’OSC est souvent sollicité par les Etats et les organismes internationaux pour participer à l’installation de programmes sociaux du secteur public. (Doucin, 2000)

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2.4.2.- Le cas des ONG environnementales (ONGE) en Amérique -latine Les « études génériques et approfondies sur les ONG latino-américaines sont rares » (Dumoulin, 2006 :32). Dumoulin signale qu’il existe de multiples définitions pour les ONG du continent. Cette situation est propre à l’histoire des ces organisations, tout comme la proximité existant entre les analystes en sciences sociales et les membres des ONG. La limite floue entre les discours des savants et les discours des praticiens justifie notre recours à des analyses élaborées par les différents réseaux mondiaux et latino-américains (par exemple CIVICUS, une des alliances mondiales les plus importante en la matière et le réseau appelée ‘La Sociedad Civil’, en Amérique latine), cela dans le but d’avoir une vision plus ample des recherches actuelles sur le sujet12. Émergeant dans un contexte fortement marqué par la situation politique des années ‘70 et intégrées par des groupes devenus professionnels, les ONG latino-américaines «se distinguent des mouvements de masse et des organisations de base pour lesquels elles travaillent sporadiquement» (Dumoulin, 2006 :33). Une des compétences des ONG sera alors d’être un intermédiaire ou un courtier. Elles vont collaborer avec de multiples acteurs locaux, nationaux, internationaux, publics ou privés (ibid).

Ces associations environnementales ainsi que les ONGE sont plus ou moins récentes en Amérique latine. Elles sont nées vers la fin des années ’80, alors que le continent devient pour les pays du Nord la cible des organisations de conservation de la nature et de la biodiversité. Les financiers internationaux du Nord vont investir au Sud dans la défense de l’environnement. Les ONGE vont donc proliférer dans la région. Puis, toujours dans la vision de Dumoulin, la période comprise entre 1990 et 2001 sera celle de l’âge d’or des ONG du continent car elles deviendront le « canal privilégié des bailleurs de fonds du Nord ». Plusieurs des ces ONGE vont naître de la transformation des anciennes organisations du développement rural qui, devenues de plus en plus spécialisées, vont ouvrir des espaces spécifiques pour l’agriculture bio, pour la sylviculture, pour le commerce équitable, etc. « Les ONG environnementales aujourd’hui se sont rapprochées des ONG du développement rural à partir de l’idée fédératrice que constitue le développement durable. La conservation de la biodiversité et la gestion des réserves naturelles sont également apparues comme un important secteur professionnel pendant les années 1990. Canalisant des financements internationaux devenus massifs, les ONG de conservation de la nature gèrent par exemple la quasi-totalité des projets des réserves naturelles du sous-continent… La gestion de ces types de projets peut aller d’une sous-traitance de l’Etat (limitée à certaines activités) jusqu’à la propriété et la gestion totale d’un territoire ». (Dumoulin, 2006 :43) Les ONG latino-américaines de tous genres ont évolué dans le temps. Elles sont devenues « de plus en plus hétérogènes, avec la multiplication de fondations d’entreprises, des think-tanks, des cabinets de consultants. Une nouvelle importance est par ailleurs donnée aux activités de recherche, ainsi qu’aux organisations de quartier et aux nouvelles coopératives centrées sur les alternatives économiques ». (Dumoulin, 2006 : 37)

Les revendications et les services

Enfin, toujours selon Dumoulin, les actions et les tensions des ONG (et les ONGE) latino-américaines s’inscrivent dans une logique de revendication et de prestation de services.

12 CIVICUS -Alliance mondiale pour la participation citoyenne- (www.civicus.org), Sociedad Civil -Alliance latino-américaine - (www.lasociedadcivil.org)

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Revendication (politics) Service (policy)

Militer à l’extérieur des institutions

Lobbying au sein des institutions

Bailleurs et intermédiaires

Réalisation des projets sur place

Tableau 8 : Grille de lecture des ONG latino-américaines, dont les ONGE (Dumoulin, 2006 : 46)

En ce qui concerne les revendications, les ONG latino-américaines exercent un travail politique pour défendre des idées, représenter des intérêts et transformer des programmes déjà existants. Ces revendications politiques se font via :

a) une militance à l’extérieur des institutions (avec une tendance à la formation de réseaux et à la participation aux mouvements de masses),

b) un lobbying à l’intérieur des institutions (travail politique en amont) lors de la création des projets et des traités internationaux qui sont de leur compétence (par exemple, la coalition contre les OGM au Mexique et au Brésil, face à la loi de biosécurité).

En ce qui concerne la prestation de services, les ONG participent à la mise en place de projets externes en collaboration avec les gouvernements et les organisations multilatérales. Elles peuvent suivre deux chemins :

a) celui de bailleurs de fonds et des intermédiaires, domaine des grandes ONG comme TNC ou WWF (élaboration de stratégies nationales et d’études sectorielles),

b) celui de la réalisation des projets sur le terrain, stratégie la plus répandue en Amérique latine (domaine des ONG de plus petites tailles : les ONG pour le développement rural et les ONG pour la gestion des réserves naturelles par exemple).

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OSCE ORGANISÉES SELON LEUR STRUCTURE INTERNE (VISION LATINO-AMÉRICAINE)

Fig. 13 : Diagramme élaboré lors de cette recherche dans le but d’illustrer la structure des OSCE en Amérique latine

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CHAPITRE III – LE RÔLE DES OSCE CHILIENNES DANS LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

Dans le cadre de la présente étude, nous allons nous intéresser aux OSCE et, plus particulièrement, à leur développement et au rôle qu’elles jouent au Chili. Pour ce faire, nous utiliserons les informations obtenues dans la littérature, dans les documents élaborés par les OSCE et dans les interviews que nous avons réalisées on-line (webcam) ou par téléphone.

1.- Les OSCE chiliennes et les problèmes environnementaux

1.1.- Contexte d’apparition des premières OSCE du pays : émergence et évolution

Les Organisations de la société civile de défense de l’environnement (OSCE) au Chili émergent principalement au début des années ’90. Même si vers la fin des années ’80 sont nées certaines expériences isolées en faveur de la protection des forêts et des ressources naturelles (par exemple le CODEFF, Comité national Pro Défense de la Flore et de la Faune, existant dans le pays depuis 1968), leur arrivée se produit dans une période marquée par la consolidation de la démocratie nationale et par la diversification de la vie associative des années ’90. Mais pour comprendre leur évolution actuelle ainsi que leur rôle, nous devons les observer en tant qu’acteurs de la société civile, appartenant à un système complexe où des enjeux politiques et sociaux conditionnent leur évolution. La société civile chilienne se caractérise par sa complexité et par son articulation autour d’objectifs et de secteurs d’intervention bien déterminés. « À la différence des autres pays latino-américains, dès ses origines, le pays a adopté un modèle stable de gouvernement constitutionnel en instaurant un système politique, aujourd’hui une démocratie républicaine, dont un élément central était la représentation des intérêts sociaux… D’où le développement d’un cadre propice à l’organisation de la société civile et à la médiation entre les intérêts de ses diverses composantes». (IRELA, 2000 :50). Au XVIII siècle des organisations bénévoles d’aide sociale naissent en même temps que les premières corporations patronales qui se fondent autour des intérêts des principaux secteurs de la production (l’agriculture et l’industrie). (ibid) Pendant la deuxième moitié du XIXème siècle, la législation a octroyé une reconnaissance juridique à ces associations bénévoles. Ensuite, au XXème siècle, avec l’apparition des premiers syndicats et des associations professionnelles, la culture associative « s’est renforcée dans le cadre d’un système politique multiparti axé sur le consensus » national (ibid). « Le développement de la société civile chilienne est étroitement lié à la dynamique politique, spécialement à partir des années ’20. Les processus économiques et sociaux ont aussi laissé des empreintes ». (CIVICUS, 2006 :16) Dans les années ’50, les OSC chiliennes commencèrent à se fortifier avec l’apparition d’associations et d’institutions qui dépassaient les intérêts liés à l’assistance bénévole et qui regroupèrent alors des secteurs marginalisés de la société –des ouvriers agricoles, des habitants de bidonvilles, des petits paysans. De nouveaux acteurs apparurent pour donner naissance à des organisations locales de base et plus tard aux ONG (Irarrazaval et al, 2006). Entre 1930 et jusque 1973, les OSC chiliennes ont joué un rôle majeur dans le maintien d’une démocratie pluraliste et diversifiée. (IRELA, 2000). Ensuite, lors du régime militaire –de 1973 à 1989- les OSC ont été sévèrement limitées dans leurs actions, mais ce contexte a par contre déclenché un élan pour de nombreuses ONG qui acquirent un poids décisif dans

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la vie économique, sociale et culturelle du pays. En même temps, ce contexte politique « a créé les conditions nécessaires à l’essor de différentes associations de base et de groupes populaires informels, dont l’objectif primordial a été de soulager, de manière pratique, les problèmes sociaux de populations démunies». (IRELA, 2000 :52) Durant le régime militaire, la majorité des OSC chiliennes, parmi lesquelles les ONG, jouèrent un rôle d’opposition active contre le pouvoir étatique. Ainsi, la société civile et les organisations qui la composaient furent associées au retour de la démocratie et à la protection des droits de l’Homme. Mais avec l’arrivée progressive d’un système démocratique, le rôle de la société civile et de ses organisations fut progressivement transformé. (Hengstenberg et al, 2002). D’ailleurs, les OSC contribuèrent à l’élaboration des programmes des formations politiques qui ont constitué le gouvernement de transition mis en place entre 1990 et 1994. Il n’est donc pas étonnant de constater que la majorité des organisations de défense de l’environnement (OSCE) du pays a émergé justement au début des années 90 lors de la transition démocratique, au moment où les habitants du pays commençaient à récupérer leur liberté d’action et que la vie associative devenait plus dynamique et diversifiée. Cette période de transition a provoqué de multiples effets dans la vie associative du Chili. D’un côté, les obstacles à l’activité associative ont été supprimés, et d’un autre côté les organisations se sont fragmentées et divisées: celles qui acceptent la politique économique libérale, et celles qui s’y opposent. « Quelques-unes ont été accusées d’avoir renoncé à leur indépendance en développant des contacts avec les gouvernements, alors que d’autres se sont positionnées contre les politiques gouvernementales » (IRELA, 2000 :53). Ensuite, les aides économiques internationales nécessaires au fonctionnement des organisations dans les années ’80 et jusqu’au début de la transition furent réduites ou supprimées. Mais d’autre part l’accès au financement public avait augmenté par le biais des programmes du gouvernement et des concours publics. Une des manifestations les plus importantes de la prolifération des OSCE chiliennes à partir des années ’90 fut l’apparition du premier réseau national de protection environnementale, RENACE (Réseau National d’Action Écologique), qui dès ses origines, en 1994, comptait plus de 134 organisations citoyennes environnementalistes dans tout le pays. Il est né dans le but d’aider à la formation d’un mouvement écologiste national « pour faire face à la grave dégradation du milieu naturel, par l’échange d’informations et d’expériences entre personnes, groupes et organisations ». (ibid :54) Dans ce contexte de liberté retrouvée, les OSCE ont commencé à participer activement à des aspects variés de la vie publique et eurent plus de possibilités de se préoccuper de sujets divers comme le développement durable, les modes de consommation ou l’environnement. Ces nouvelles organisations émergentes, qui à l’origine avaient mis au centre de leurs préoccupations la conservation des ressources naturelles, eurent comme rôle principal de mener de multiples actions sur le terrain, telles que défendre les forêts, dénoncer des dégâts et empêcher ou retarder la mise en marche des projets nuisibles à l’environnement comme la construction de méga-barrages. Cette façon d’agir a sensibilisé les citoyens chiliens et a permis d’améliorer la capacité de travail de ces organisations dans l’espace local. (Cerda, in Agrost, 1994).

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1.1.1.- Les OSCE et le début des mouvements environnementalistes

Au début des années ’90, alors que la démocratie était encore fragile et qu’un système administratif de transition se mettait en place, l’approbation du projet de construction du méga-barrage hydroélectrique « Pangue » dans la zone appelée l’«Alto Bio-Bio » au sud du Chili, suscita de nombreuses controverses. En 1989, la Commission Nationale de l’Energie avait donné son accord à la demande de l’Entreprise Nationale d’Electricité S.A. (ENDESA) pour commencer les travaux. Cette construction faisait partie d’un projet plus ample, élaboré dans les années ’80 et qui prévoyait la construction de 5 autres méga-barrages dans le bassin hydrique de la rivière Bio-Bio (la superficie totale du bassin est de plus de 24000 Km2). Le projet avait pu également compter sur l’aide financière de l’International Finance Corporation, appartenant au Groupe de la Banque Mondiale. (Scott, 1992)

Le projet de barrage « Pangue » se situe dans une zone de réserves naturelles (réserve Alto Bio-Bio, réserve nationale Ralco, réserve nationale Nalcas,…) comprenant un écosystème à climat tempéré très diversifié. Ces réserves abritent de nombreuses espèces vulnérables de flore et de faune, parmi lesquelles des arbres (le cyprès de la cordillère), des mammifères (le puma concolor) et des oiseaux (le campephilus magellanicus, le condor andin) ainsi que de riches écosystèmes aquatiques. Il s’agit aussi d’une zone privilégiée pour les amateurs de kayak et de tourisme d’aventure grâce au long trajet des eaux torrentueuses qui s’écoulent des Andes. Cette zone se trouve aussi à proximité de lieux d’habitation de communautés de population pehuenches, appartenant à la famille des indiens Mapuches. (CONAF, 2001- Scott, 1992)

Fig.14: Plan régional (VIIIème région) du Système interconnecté central SIC (système national de fourniture d’énergie). Tous les carrés représentent des centrales hydroélectriques (CDC SIC, 2009) La décision de construire cette centrale hydroélectrique a généré de multiples réactions des organisations environnementalistes et des OSC locales, dont des associations d’indigènes habitant dans le secteur, qui se sont opposées à l’inondation de vastes superficies de forêts, à la modification du débit et du cours naturel des eaux de la rivière et aussi au déplacement des familles pehuenches vers d’autres terres. L’inondation des forêts pour la construction de barrages hydroélectriques est au Chili une forme de réduction de la surface des zones boisées au même titre que les processus de substitution (pour la sylviculture) et d’habilitation (pour l’agriculture) comme décrit au chapitre 1.

Centrale hydroélectrique Pangue(467 Mw )

Bassin hydrique de la rivière Bio-Bio

Concepción : Capitale de la région du Bio-Bio

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L’OSCE « Comité Nacional Pro Defensa de la Flora y Fauna » (CODEFF) s’est placée à la tête de la campagne destinée à arrêter les travaux de construction annoncés par les autorités en exigeant les documents en possession de l’entreprise Pangue S.A., filiale d’ENDESA. Ceux-ci décrivent les impacts environnementaux et sociaux générés par le barrage. « Afin de ne pas devoir compromettre l’intégrité et la crédibilité institutionnelle du CODEFF, leurs membres ainsi que d’autres OSCE ont formé le « Groupe d’Action de Bío Bío »(GABB), qui a dirigé une campagne effective contre le projet Pangue. Mais les objectifs de l’entreprise électrique étaient opposés à ceux des membres de la société civile non gouvernementale appartenant au mouvement et prêts à arrêter le projet. Il semble paradoxal par contre qu’aucune institution nationale n’ait proposé des mécanismes pour que les communautés lésées par le projet puissent bénéficier des aspects commerciaux de l’ouvrage. Finalement, la décision de construire le barrage a été un compromis stratégique de l’Etat car, dans le délicat contexte politique de l’époque, une opposition coriace contre le projet pouvait polariser des positions et compromettre » la fragile démocratie chilienne du début des années ‘90. (Scott, 1992:16-17) Le contexte était aussi complexe à cause de l’absence d’un cadre juridique de protection tant de l’environnement que des minorités ethniques (la Loi de base de l’environnement a été publiée en 1994 et la Loi indigène en 1993). Même si la construction se concrétisa finalement en 1992 et s’acheva en 1997, cet événement constitue le début des premières expériences nationales d’action collective des organisations environnementalistes (MSE, mouvement social environnemental), d’ailleurs très médiatisé par la presse nationale et étrangère. Ensuite les expériences de ce genre se sont multipliées. Dans le but d’être plus efficaces et de générer un impact majeur sur l’opinion publique, les OSCE ont incorporé à leurs actions de terrain des interventions dans le monde de la politique, de l’éducation et de l’information. Pour cela, elles investissent du temps et de l’énergie dans la création et le renforcement des liens et des réseaux nationaux et internationaux. Au XXIème siècle, les secteurs d’intervention des OSCE chiliennes se sont diversifiés ainsi que les techniques de travail. Elles agissent sur le terrain en travaillant avec les groupes locaux, mais aussi dans les sphères du « virtuel ». Un exemple actuel de mouvement environnemental incorporant les organisations de base dans les actions et dans la conception d’idées (d’« organisation de mouvement mobilisant des ressources participatives » (cf. chap. 2 Diani)) et qui a eu recours aux nouvelles technologies, est celui du mouvement national « Non à Pascua Lama ». Celui-ci s’oppose à l’exploitation de la mine d’or située près de Vallenar (région III semi-aride au nord du Chili) appartenant à la multinationale canadienne Barrick Gold Corporation, à cause des dégâts qu’elle peut occasionner aux ressources hydriques et aux sols agricoles de la zone. Les OSCE qui intègrent ce mouvement utilisent des systèmes d’information virtuels CMC (Computer Mediated Communication) mais aussi d’autres moyens de communiquer comme ce programme de radio du nom de « Semillas de Agua » (Les semences de l’eau) qui est transmis par la fréquence nationale FM Radio « Nuevo Mundo ». (El Chapa, interview 2010). L’OSCE « Coordination contre Pascua Lama de Santiago », une organisation de type informel, via de multiples systèmes de communication virtuels (e-mail, facebook, blog, website,…) et avec des financements très modestes, a mobilisé au fil de l’histoire du mouvement de multiples acteurs dont des étudiants, des agriculteurs, des membres du corps

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ecclésiastique et des professionnels. En même temps, grâce aux CMC, elle entretient et nourrit les liens avec ses membres. Par contre, leurs multiples interventions n’ont jusqu’à maintenant, que seulement retardé la mise en marche du projet minier car les travaux d’exploitation ont déjà démarré. « La population est découragée et aujourd’hui je sens que le mouvement a perdu de son élan initial » (El Chapa, interview 2010). Selon le PNUE, en démocratie, le nombre d’organisations de la société civile de défense de l’environnement dans les pays de l’Amérique latine a effectivement augmenté. Ces organisations se sont diversifiées à partir des années ‘90, mais les préoccupations environnementales de la société civile ne sont pas encore pleinement intégrées dans les décisions politiques. (PNUE, 2002). Il nous semble par contre pertinent ici de faire référence au programme national « Chile Sustentable » (le Chili durable). Il ne s’agit pas d’une OSCE mais plutôt d’une initiative lancée en 1997 par des associations de défense de l’environnement (l’Institut d’écologie politique –IEP- et le Réseau national d’action écologique –RENACE). Cette initiative a été rejointe par la suite par des groupes d’experts, des professeurs, des leaders sociaux, des intellectuels et diverses personnalités nationales qui prônent une transformation radicale de la société chilienne, en favorisant la mise en marche d’un modèle de développement durable. Leurs objectifs sont :

a) motiver le débat et les accords nationaux sur le besoin d’avoir un projet de pays durable,

b) promouvoir la concertation intellectuelle et sociale dans le but de réorienter le développement du pays,

c) fortifier l’action citoyenne, d) sensibiliser la classe politique et la population.

Cette initiative est constituée d’une structure interne formelle composée d’un directoire et d’un comité d’assesseurs. Elle publie de nombreuses études et des textes élaborés par des experts et issus de leurs débats. (Larrain, 2003) Lors de la campagne présidentielle de l’année 1999 qui a mis à la tête du pays le socialiste Ricardo Lagos, RENACE a joué un rôle très actif au niveau politique dans la proposition de sujets qui ont été intégrés à l’Agenda public du nouveau gouvernement (« proposition citoyenne pour le changement »): l’iniquité sociale, la dégradation de l’environnement et le manque de participation citoyenne pendant la transition démocratique. Il s’agit donc d’un exemple d’intervention directe dans les politiques nationales (think tank13) à partir de l’initiative prise par des OSCE nationales. (IRELA, 2000- Larrain, 2003)

13 « Les think tanks sont des organismes permanents, qui se spécialisent dans la production de solutions de politique publique, grâce à un personnel propre dédié à la recherche. Ils fournissent une production originale de réflexion, d'analyse et de conseil, qui a comme vocation d’être communiquée aux gouvernants et à l'opinion publique (et disposent donc d’un site Internet) ». (www.notre-europe.eu)

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Fig.15 : Page web du Programme « Chili durable ». (www.chilesustentable.net , 2010) Globalement, nous pouvons donc distinguer quatre étapes qui ont façonné les OSCE chiliennes du XXIème siècle :

a) l’étape primaire, entre les années ’30 et ’70, où les organisations de la société civile centrent leurs actions sur des sujets sociaux et le bénévolat suite à la crise économique mondiale,

b) l’étape de limitation et de désarticulation des actions mais du renforcement des rôles des OSC dans les années ’80 et ’90, avec de multiples organisations focalisées sur des sujets politiques et de défense des droits de l’homme,

c) l’étape de la diversification dans les années ’90, avec l’apparition de la majorité des OSCE du pays («l’âge d’or des ONG» jusqu'au 2001 selon Dumoulin –cf. chap. 2),

d) nous pouvons aussi ajouter une quatrième étape (XXIème siècle) caractérisée par la tendance des OSCE à établir des alliances et des liens avec de multiples acteurs nationaux et internationaux à travers des contacts directs et par les systèmes CMC (Computer Mediated Communication). (Vergara- Dumoulin, 2006)

1.2.- Les obstacles, les difficultés juridiques et les limitations financières des OSCE

Nous constatons par contre que même si ces contextes historiques et politiques ont façonné l’émergence des premières organisations de protection de l’environnement, l’évolution de la vie associative environnementale du Chili et de ses rôles est complexe et soumise à de multiples obstacles. Le cadre juridique et les formalités nécessaires à la création d’une OSCE ainsi que l’accès limité au financement rendent difficile leurs actions et leurs interventions. D’ailleurs, le contexte géographique, avec des ressources naturelles et des écosystèmes très diversifiés, soumis à de multiples pressions (cf. chap. 1), oblige à agir simultanément dans des zones éloignées ou isolées, une situation qui demande des investissements importants notamment en déplacements, en campagnes et en publicité. Les enjeux culturels dérivés de la défense de l’environnement, principalement la protection de la biodiversité, sont aussi nombreux à cause de la présence des peuples indigènes dans des zones considérées « sensibles » et proches des « hotspot » des forêts endémiques. Même si beaucoup d’OSCE se sont spécialisées dans la résolution de problèmes spécifiques, d’autres OSCE, également nombreuses, ont opté pour une intervention environnementale plus généraliste, agissant sur des domaines différents en même temps.

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D’une part, l’ ONGE spécialisée GRRAS (Groupe de sauvetage et de réhabilitation de la faune sauvage) travaille exclusivement pour la défense des animaux sauvages de la région d’Antofagasta. Elle protège les espèces des zones désertiques qui sont victimes de l’exploitation minière ainsi que les espèces marines et les oiseaux des bords côtiers dans les alentours des ports et de la ville d’Antofagasta. D’autre part, la Fondation généraliste IEP (Institut d’écologie politique) qui fait partie du Programme national « Chile Sustentable» (le Chili durable) agit sur le terrain comme dans les forums de discussion dans le but d’inciter des changements de comportement des populations et d’inciter des politiques environnementales: propositions de programmes pour le développement durable, de lutte contre la pauvreté en tant que pression sur l’environnement, think tank, recherches... L’aspect de l’éducation et de la culture pour la défense de l’environnement est un sujet transversal qui se manifeste, soit par la voie des interventions et des actions directes des OSCE locales (campagnes, cours, formations destinés à la communauté…) soit par la publication de matériel éducatif (prospectus, rapports politiques et scientifiques, brochures, livres thématiques…) (Guerra, Sparza, interview 2010) L’ONG chilienne OLCA par exemple (Observatoire latino-américain des conflits environnementaux) propose des publications diverses sur des sujets sensibles dans le pays tels que Pascua Lama, la construction de méga-barrages en Patagonie, la politique environnementale des institutions publiques, ainsi que des études scientifiques et sociologiques concernant les pressions qui pèsent sur l’environnement. Pour donner libre accès à certaines de leurs publications et entretenir des liens avec des réseaux nationaux et internationaux d’OSCE, elle a aussi recours aux systèmes virtuels d’information. Leur page web (www.olca.cl) est mise à jour périodiquement par des professionnels du secteur de la communication travaillant au sein de l’association.

Fig.16 : Page web de l’Observatoire latino-américain des conflits environnementaux, OLCA, Chili (OLCA, 2010) Du point de vue juridique, les activités des OSC de défense de l’environnement s’appuient sur la « Constitution chilienne de 1980 » qui garanti le droit à la libre association. Les seules limites juridiques portent sur l’incompatibilité existante entre l’exercice de la direction syndicale ou d’une corporation et le militantisme dans un parti politique. Elle interdit aussi la formation des associations qui seraient contraires à la morale, à l’ordre public et à la sécurité

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de l’Etat. (Doucin, IRELA, 2000). Néanmoins, de nombreuses OSC de tout genre rencontrent de multiples difficultés pour se constituer en tant que telles. Selon la vision de certaines organisations, le cadre juridique s’avère plus un obstacle qu’un facilitateur pour la création d’une OSCE. D’ailleurs, ce n’est seulement qu’à partir de 1993 que les ONG chiliennes ont été reconnues par la Loi grâce à l’adoption d’un statut juridique spécial (IRELA, 2000). « Le processus de reconnaissance légale d’une OSC, dont les OSCE, comme association à but non lucratif ou corporation requiert l’approbation du Président de la République. Ce dernier a aussi des compétences, au travers du Ministère de la Justice, pour annuler la personnalité juridique d’une organisation ». (ibid :55). L’Etat maintient aussi un système strict de contrôle de fonctionnement des OSCE et tous les six mois les responsables des organisations doivent envoyer des rapports sur leurs activités et leur état financier. La vie associative des organisations formelles de défense de l’environnement (avec personnalité juridique) s’exerce donc principalement au travers des associations formelles, des fondations et des ONG. A coté de ces structures plus classiques qui ont une personnalité juridique, de nombreuses OSCE doivent fonctionner avec un statut informel car elles ne reçoivent pas les autorisations nécessaires à leur exercice: les associations informelles, les associations coordinatrices, les groupes d’action… (Doucin-IRELA, 2000) Ces deux types d’OSCE chiliennes (formelles et informelles) doivent aussi faire face à de multiples difficultés liées aux ressources financières. « Il y a relativement peu de mesures pour encourager les dons aux OSC, même si les contributions versées à des associations actives dans l’éducation, la formation professionnelle, la culture et les arts donnent droit à des déductions fiscales » (IRELA, 2000 :56). Les exemptions d’impôts proposés par la législation chilienne s’orientent principalement vers ces secteurs en laissant de coté toutes les autres OSC du pays, dont l’OSCE (CIVICUS, 2006). « D’autre part, toutes les OSC constituées légalement sont exonérées de l’impôt sur le revenu ; toutefois, cette exonération doit être décrétée par le Président de la République par intermédiaire du Ministère des Finances ». (op.cit) En 2004, une polémique publique s’est déclenchée suite aux changements légaux dans le système des donations et des déductions fiscales qui en découlent. Selon les associations du pays, ces nouvelles mesures, plus que de motiver les apports, ont fait diminuer les aides. Ce type de difficulté fait que de nombreuses OSC fonctionnent avec des apports personnels ou simplement de manière bénévole. D’ailleurs une des caractéristiques du « secteur non lucratif au Chili » est celle de travailler avec du volontariat. 47% des personnes économiquement actives travaillant dans les OSC du pays (toutes OSC comprises) sont des travailleurs bénévoles. (Irarràzaval et al, 2006) Le financement spécifique des OSCE provient aujourd’hui principalement de la philanthropie et ensuite de l’Etat. Celui-ci octroie des subsides (destinés principalement aux programmes éducatifs), des fonds pour des concours publics de projets et des paiements de contrats de services. Finalement les revenus de génération propre (prestation de services à une tierce personne en dehors de l’État) correspondent à 8% du total des ressources financières. (ibid) Les fondations et les corporations concentrent la majorité des revenus et des emplois tandis que les organisations de base dépendent plus du personnel bénévole. Des études comparées sur les OSC en général montrent qu’il existe une relation directe entre le renforcement de la société civile et le financement par l’État. (ibid)

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Propres 8%

Gouvernnement15%Philanthropie 77%

Fig.17 : Source de revenus des OSCE chiliennes. On observe une dominance des revenus philanthropiques. (Irarrazaval et al - PNUD, 2006) 2.-.- Le profil des associations chiliennes et les problèmes environnementaux

De manière générale, à l’heure actuelle, les OSCE du Chili présentent les caractéristiques suivantes :

a) elles émergent dans un contexte de démocratisation de la société et de diversification de la vie associative,

b) elles forment des MSE (mouvements sociaux environnementaux) qui à leurs débuts centrent leurs actions dans la défense des forêts et des ressources hydriques,

c) elles évoluent vers une diversification de leurs secteurs d’intervention : défense des ressources naturelles, recherche, proposition de politiques publiques, etc.,

d) elles semblent efficaces pour retarder des projets considérés de leur point de vue comme nuisibles pour l’environnement, mais leurs préoccupations ne sont pas encore à 100% reprises dans les politiques nationales,

e) elles interviennent parfois dans les politiques nationales en formant des groupes d’experts (think tank),

f) au XXIeme siècle elles intègrent de vastes réseaux nationaux et internationaux auxquels elles sont liées par des contacts directs et par des systèmes CMC,

g) elles sont soumises à de multiples obstacles financiers et juridiques et leurs revenus sont principalement d’origine philanthropique,

h) elles sont composées de multiples associations formelles et informelles, généralistes et spécialisées.

Comme indiqué précédemment, la majorité des OSCE chiliennes sont nées à partir des années ’90, un fait qui nous permet de réfléchir à la relation existant entre l’évolution politique du pays et leur propre évolution. Mais il y a certaines exceptions pour quelques organisations et des réseaux qui ont déjà une longue trajectoire nationale. Deux de ces exemples sont le réseau CODEFF et la fondation Casa de la Paz. CODEFF (Comité Nacional pro Defensa de la Fauna y Flora) a été créé en 1968 avec la collaboration du mouvement international de type professionnel « Amis de la Terre ». L’année 2000, CODEFF comptait plus de 3.600 membres autour de 8 organisations régionales. Leurs objectifs sont de « contribuer au développement durable, mener des actions de recherche, élaborer des documentations, travailler dans l’éducation et la formation

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de la communauté et exercer des pressions politiques concernant la sauvegarde de la biodiversité et des forêts». (IRELA, 2000 :54). Cette OSCE établit aussi des liens avec des réseaux locaux et internationaux. La Fondation « Casa de la Paz » est née en 1983 dans le contexte de la guerre froide mais c’est à partir de 1990 qu’elle devient à part entière une organisation qui centre son travail sur la défense de l’environnement. Puis, dès le début de l’année 2000 elle incorpore la question de la durabilité (Abogabir, interview 2010). « Elle a comme objectif de travailler pour l’éducation environnementale et la participation citoyenne ainsi que de renforcer la société civile, en vue de lui assurer un rôle actif dans la planification et la gestion du développement » (IRELA, 2000 :54). D’ailleurs lorsque nous demandons concrètement ce qu’est une OSCE de défense de l’environnement ou de quelle façon nous devons la comprendre, Ximena Abogabir, présidente exécutive de Casa de la Paz, fait référence au troisième secteur, l’espace de rencontre entre les intérêts publics et les biens privés… mais « nous nous définissons comme une organisation plutôt d’intérêt public ». (Abogabir, interview 2010) Il s’agit d’organisations professionnelles qui possèdent une structure bien définie (OSCE structurées ou formelles). L’une est spécialisée dans la défense des écosystèmes terrestres, tandis que l’autre est généraliste et travaille dans l’éducation pour l’environnement, le recyclage des déchets et le monde de la politique (think tank). Toutes les deux agissent comme des organisations intermédiaires (cf. Doucin, chap. 2) car elles soutiennent des initiatives des organisations de base. Enfin, un sujet qui génère parfois des controverses dans le monde associatif environnemental du Chili est la coexistence de deux types d’associations tel que nous l’avons vu précédemment (cf. chap. 2 OSCE formelles/informelles, de base/intermédiaires):

a) les OSCE qui ont plus de ressources, plus d’accès à la technologie et plus d’options de se faire entendre par les gouvernements,

b) les OSCE appartenant aux réseaux plus locaux ou territoriaux, constituées principalement par des volontaires. Il s’agit d’un secteur sans ressources, avec un nombre limité de professionnels.

Parfois ces deux mondes se trouvent dans des positions fortement opposées au moment d’évaluer tant les impacts que génèrent leurs actions, que leur niveau de reconnaissance en tant que vrais acteurs représentatifs de la vie collective du pays. (CIVICUS, 2006) 2.1.- Quel OSCE pour quel problème environnemental?

Au chapitre 1 nous avons détaillé les principaux problèmes et les menaces qui pèsent sur l’environnement chilien. Ils sont liés principalement à l’activité productive du pays et à l’absence d’un cadre juridique contraignant, principalement pour les secteurs de la sylviculture et des ressources marines et minières. Aujourd’hui les OSC chiliennes de défense de l’environnement attribuent les dégâts à l’exploitation exacerbée des ressources naturelles mais aussi au manque de planification d’activités productives basées sur des principes de durabilité. (Abogabir, « Casa de la Paz », interview 2010). Le cadre juridique et les compétences de la loi de base sur l’environnement de 1994 sont aussi fortement critiqués par les OSCE chiliennes : « La loi de base sur l’environnement a été créée en 1994 et depuis lors n’a plus jamais été modifiée, une situation qui laisse beaucoup de vides légaux. Nous observons aussi que les normes d’émission pour la préservation de la qualité de l’air et de l’eau par exemple ont stagné et qu’il n’y a pas de mises à jours». (Guerra, “GRRAS”, interview 2010)

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2.1.1. Les OSCE et la défense des forêts

Les premières OSCE de défense des forêts ont essayé de limiter les dégâts causés par l’activité sylvicole et agricole, ainsi que par la génération d’énergie en intervenant directement sur le terrain pour suspendre ou arrêter les projets nuisibles. La défense des forêts et des cultures indigènes lors de la construction du barrage Pangue (décrit précédemment) est un exemple emblématique. Ensuite les secteurs et les organisations se sont diversifiés.

Des associations de type informel et spécialisées telles que Chile-Bosque (Chili-Forêt) par exemple, se définissent comme un groupe composé par des « amants de la nature » dont le but est de sensibiliser les citoyens en promouvant la découverte de la flore chilienne, la biodiversité terrestre et les écosystèmes endémiques menacés. Ensuite la Fondation TERRAM (de type formel, professionnelle et généraliste) naît en 1997 pour promouvoir le développement durable. Elle appartient au réseau ACCION14 et est structurée selon des axes centraux d’intervention, dont la défense de l’environnement, des ressources naturelles et des ressources marines (dérivés d’une salmoniculture fortement menacée par l’utilisation excessive des antibiotiques – cf. chap. 1). TERRAM a créé aussi l’espace appelée Defensa Alerce (défense des mélèzes), pour la protection des forêts. (ACCION, 2010) Une des pressions majeures qui pèsent aujourd’hui sur les ressources forestières et les ressources hydriques reste la consommation d’énergie. D’ailleurs les projets de construction des méga-barrages mobilisent encore la majorité des OSCE formelles et informelles de la société civile chilienne. La construction de méga-barrages hydroélectriques, cette fois en Patagonie dans les bassins des fleuves Baker et Pascua ont mis en conflit les entreprises et les organisations de la société civile de défense de l’environnement.

Le projet Hydro Aysén

Le projet Hydro Aysén dirigé par Endesa compte construire cinq méga-barrages à mettre en place dans la région d’Aysén (XIème région), proche du Parc national Lagon du Saint Rafael. L’ensemble des centrales apportera 2.750 MW au système interconnecté central (SIC) qui s’étend entre la IIIème et la Xème région où habite 90% de la population du pays. Leur capacité totale de génération moyenne annuelle sera de 18.430 GWh, correspondant à 35% de la consommation nationale de l’année 2008. (ENDESA, 2010)

Dans la Patagonie chilienne se trouve une des plus importantes réserves d’eau douce au monde. Deux grands fleuves, le Baker et le Pascua, essentiels à l’équilibre hydrique de la région, seraient destinés à la génération d’électricité par les gigantesques barrages prévus par l’entreprise électrique Endesa. Le Baker s’étend sur 182 km avec un débit de 870 m3/s (un des plus forts débits du pays), avec un bassin hydrographique total (au Chili et en Argentine) de 27.680 km2, tandis que celui du Pascua, long de 73 km, avec un débit de 700 m3/s, compte un bassin de 14.525 km2. La végétation du secteur est dominée par les espèces d’arbres au feuillage persistant, (sempervirentes, qui ne perdent jamais leurs feuilles). Cette région abrite une forêt de

14 ACCION, Association chilienne d’organismes non gouvernementaux A.G., est un des réseaux nationaux d’ OSC les plus vastes du pays. Située à Santiago, elle regroupe des OSC chiliennes formelles en provenance de multiples secteurs. (ACCION, 2010)

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feuillus dense (appelée canopée) et des sous-bois où poussent de nombreuses fougères, lichens et mousses. (Fuenzalida, 2010 – Ecosystèmes, 2010)

Les espèces qui dominent le paysage sont celles appartenant à la famille des Nothofagaceae, Nothofagus nitida (Phil.) Krasser, N. betuloides (Mirb.) Oerst., N.pumilio (Poepp. et Endl.) Krasser et N. Antarctica (G.Forst.) Oerst. Sont aussi importants les Pilgerodendron uviferum (D.Don) Florin, Tepualiastipularis (Hook. et Arn.) Griseb., Amomyrtus luma (Molina) D.Legrand et Kausel et Podocarpusnubigena Lindl. (Reiche et al. in Rodríguez et al. 2008). L’ensemble du projet de cinq barrages sera composé de réservoirs de près de 6000 hectares de superficie. La construction de ces centrales hydroélectriques implique d’inonder des espaces de forêts endémiques et aussi d’installer une ligne à haute tension qui amènera l'énergie jusqu'à Santiago et ce sur une longueur de 2.200 km. En même temps ce projet menace le développement de l'éco-tourisme local, qui est une des sources de travail les plus importantes de la région. (Sandoval, 2009)

Fig.18 : Bassin hydrique des fleuves Pascua et Baker (Rodríguez, 2008, p.40)

La réduction des superficies des forêts primaires, ainsi que des ressources hydriques appartenant au bassin des fleuves Pascua et Baker, sensibilise de multiples acteurs sociaux qui créent des réseaux environnementalistes comme le « Conseil de défense de la Patagonie » composé de plus de 70 organisations nationales et internationales. Ils dirigent la campagne « Patagonie sans barrage » qui compte arrêter le projet de construction dirigé par l’entreprise électrique Endesa-Espagne et ses associés chiliens. (Conseil de défense de la Patagonie, 2010)

Nous pouvons concevoir le « Conseil de défense de la Patagonie » comme un réseau d’organisations qui constituent un MSE (mouvement social environnemental) de type transnational qui intègre de multiples associations locales (dont des membres du corps ecclésiastique), des réseaux de soutien transnationaux (contacts virtuels par le web cf. chap. 2) et des OSC internationales dont Greenpeace, Natural Resources Defense Council

Zone Parc national « Lagon St. Rafael »

Baker

Pascua

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(NRDC), l’International Rivers Networks (IRN) entre autres. Ils forment une structure unique avec des convergences dans les objectifs et dans les actions. La campagne de ce MSE est fort médiatisée tant dans le pays qu’à l’étranger et elle récolte plus d’aides financières, principalement philanthropiques, que la majorité des MSE nationaux. (ibid.) « Les détracteurs de ces projets hydroélectriques, qui entraîneront notamment l'inondation de plusieurs milliers d'hectares, ont trouvé en Douglas Tompkins un chef de file charismatique. Cet homme d'affaires américain âgé de 62 ans, qui a fait fortune dans l'industrie textile, est tombé amoureux du Chili voici une quarantaine d'années. Il dirige The Conservation Land Trust -CLT- une fondation qui a acquis plusieurs centaines de milliers d'hectares dans le Grand Sud pour en faire plusieurs réserves naturelles. Cet homme, surnommé localement El Gringo, pense que cette mobilisation parviendra à freiner le projet et suscitera un débat économique de fond dans le pays. « S'il veut une société stable à long terme, le Chili, comme n'importe quelle autre nation, doit adapter ses perspectives de croissance et vivre en fonction de ses ressources locales. Les dépasser comme il le fait en planifiant des barrages aux extrêmes du pays est dangereux et constitue pour la société une bombe à retardement qui explosera tôt ou tard. » (Courrier international, 2006).

Les principes de l’organisation environnementaliste CLT dirigée par Tompkins, avec des sièges administratifs au Chili, en Argentine et aux États-Unis, sont puisés dans les mouvements de contre-culture et de l’écologie profonde décrite par Castell (cf. chap. 2). Cette OSCE tri-nationale a comme objectif la création et l’expansion des parcs nationaux qui ont comme vocation d’assurer la perpétuité des processus écologiques. Elle prône une vision « éco-centrique » du monde « en mettant en valeur les écosystèmes et toutes les formes de vies y habitant », en dehors de l’utilité ou les objectifs que ces êtres non humains ont pour l’être humain. (CLT, 2010)

Le Conseil de défense de la Patagonie a réussit jusqu’à maintenant à suspendre la mise en marche du projet par la voie de campagnes d’anti propagande envers d’ENDESA ainsi que par les observations introduites aux Études d’incidence environnementale (EIE) et présentées auprès des autorités compétentes (CONAMA- La Nación, 2010).

De leur coté, les autorités du gouvernement chilien ont signalé à plusieurs reprises l'importance d'augmenter la production d'électricité pour assurer la croissance économique du pays. « Avec le développement il y a une augmentation des demandes en énergie qu’il faut satisfaire de la façon la moins nuisible possible pour les besoins du pays. Ces quinze dernières années la demande globale d’énergie s’est accrue au même rythme que le PIB ». (U du Chili, 2010)

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Fig.19: Affiche de contre-propagande du mouvement social environnemental « Conseil de défense de la Patagonie » appartenant à un série d’entre elles utilisés dans les espaces publics (autoroutes) et dans les systèmes CMC.

2.1.2.- Les OSCE et la perte de la biodiversité

Comme nous l’avons expliqué précédemment, au sud du Chili, principalement dans les zones de forte endémie comme la IXème région, les causes environnementalistes pour la défense de la biodiversité ont souvent des convergences avec les causes liées à la protection des cultures ancestrales et des savoirs locaux. Certains auteurs font aussi valoir le rôle que jouent les ONGE (ONG de l’environnement) dans la légitimation des savoirs des populations indigènes sur la biodiversité, tant au niveau local qu’au sein des négociations internationales, comme c’est le cas par exemple pour la Convention sur la biodiversité -CDB- (Dumoulin, 2003). De multiples OSCE chiliennes lors de leurs interventions dans la défense de l’environnement établissent des liens avec les organisations locales de défense des cultures indigènes. ECOCEANOS par exemple, une OSCE spécialisée dans la défense de la faune marine, travaille avec des coopératives de pêcheurs artisanaux installées dans le sud du pays, principalement à Conception. Certaines d’entre elles sont composées de mapuches, des populations traditionnellement agricoles et reconverties à la pêche. D’autres sont des huilliches et lafkenches, appartenant à la famille des mapuches travaillant depuis des siècles dans la pêche de subsistance. (Cardenas, interview 2010). La « Coordination contre Pascua Lama de Santiago » de son coté, établit des contacts avec des populations d’origine diaguita, des indigènes du nord du Chili travaillant sur les terres agricoles proches de la mine d’or Pascua Lama. (El Chapa, interview 2010) Mais les OSCE qui ont sans doute le plus de convergences avec les organisations indigènes sont celles qui agissent autour de la défense des forêts dans la VIIIème et la IXème région du pays (CODEFF par exemple). Les populations mapuches sont installées dans la zone depuis des siècles. Les multiples projets énergétiques et urbanistiques –construction des barrages et des routes- ainsi que l’activité sylvicole, exercent de fortes pressions sur le milieu naturel où ils habitent. Les processus de substitution, d’habilitation et les inondations artificielles suite aux méga-barrages réduisent les superficies boisées, modifient les

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écosystèmes endémiques mais aussi les coutumes et les formes de vie de ce groupe ethnique. A plusieurs reprises, des communautés complètes de mapuches ont du se déplacer vers les grandes villes ou vers des petits villages côtiers, dans le but d’échapper à la marginalité et à la pauvreté suite à la perte de leurs terres. 20,5% de la population rurale de la région de l’Araucanie se trouve sous le seuil de pauvreté, constituant ainsi une double pression sur l’environnement. (cf. chap. 1)

Les OSCE et les communautés indigènes : les gardiens des hotspots D’après l’historien chilien Giglio, les grandes modifications du milieu naturel dans l’ensemble du pays ont été déclenchées, d’abord au moment de la conquête et de la colonisation, ensuite lors de l’indépendance et de l’autonomie (la consolidation de l’État). Dans un premier temps, les colonisateurs introduisirent de nouvelles pratiques de production qui contrastaient avec celles utilisées pendant des siècles par les multiples peuples originaires du pays. Dans les régions de la vallée centrale et du sud par exemple, d’une civilisation hydraulique basée sur une agriculture de subsistance et structurée principalement autour de la gestion naturelle de l’eau (zone avec des excédents en eau), on est passé vers une civilisation centrée sur l’extraction des ressources naturelles, destinée à l’exportation ou à l’activité de l’industrie nationale. (Giglio et al, 1980). Ensuite, lors de l’indépendance et de l’autonomie du pays, l’État déjà consolidé a centré ses efforts vers l’intégration aux marchés internationaux et les échanges des produits basés sur l’exploitation des ressources naturelles. L’agriculture, l’activité minière et les accords commerciaux qui en ont découlé, ont façonné ainsi l’utilisation de l’espace et l’intervention sur les écosystèmes du pays. (Giglio et al, 1980-IRELA, 2000). Les rapports entre les peuples indigènes et leur milieu naturel ont été ainsi altérés dans presque toutes les régions du pays entraînant de profondes modifications de l’environnement. (Ibid.) Face à cette intervention sur les espaces naturels, une ethnie locale a montré une forte opposition. Il s’agit des Araucanes (appelés aussi Mapuches, mot qui dans leur langue veut dire « homme de la terre »). Ils se sont transformés pendant plus de trois siècles en véritables barrières humaines qui ont arrêté le déplacement tant des ‘conquistadores’ que des chiliens vers les zones riches en biodiversité. Leurs luttes acharnées pour protéger leur territoire et leur culture ont permis de préserver entre le XVème et le XIXème siècle, la niche écologique située dans l’actuelle région de l’Araucanie. (Ibid.) Cette barrière céda finalement au milieu du XIXème siècle face au passage des nouveaux colons (chiliens et allemands) qui transformèrent de vastes superficies de forets en nouvelles terres agricoles et en source de bois pour l’activité minière. (ibid) En se référant à cette période, le naturiste Claudio Gay a écrit en 1852 ce qui suit : « …ils n’ont pas trouvé une meilleure solution que celle de préparer le territoire de Llanquihue (province du Chili) en se débarrassant de leurs forêts par un incendie qui a duré pendant plus de trois mois » (Gay, in Giglio et al, 1980 :84). Les modifications des écosystèmes se sont donc accélérées et des centaines de milliers d’hectares d’espèces nobles ont disparu, dont des mélèzes -Fitzroya cuppressoides-, des araucarias -Araucaria araucana-, ainsi que des hêtres, des chênes, des raulís, des canneliers et des oliviers nains. (Ibid.)

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Même si de nombreux indigènes ont du abandonner leurs terres, il existe encore des organisations qui travaillent pour la défense du territoire et de la biodiversité. « Particulièrement touchée par la misère et la marginalisation, cette ethnie a engagé à plusieurs reprises des actions de revendications de ses droits territoriaux contre des compagnies forestières et hydroélectriques». (IRELA, 2000 :54) Dans ce contexte, la perte de la diversité culturelle est liée à la perte de la biodiversité, une notion qui selon les experts en la matière est à la base de la problématique des savoirs indigènes (Giglio, 1980- Dumoulin, 2005). C’est justement ici que se situe le point de rencontre entre les OSCE et les organisations qui défendent les cultures ancestrales. La cause des OSCE qui travaillent pour la protection des hotspots chiliens du sud du pays rencontre celle des organisations de protection des indigènes. Dans la majorité des cas elles rassemblent des forces pour construire des MSE (mouvement sociaux environnementaux), tel que décrit précédemment par exemple pour le cas Pangue situé dans la région du Bio-Bio sur la frontière de la région de l’Araucanie. Aujourd’hui, la conservation de la biodiversité de cette zone australe du Chili reste une des préoccupations fondamentales des botanistes et des organisations environnementales du pays. Riche en espèces de haute valeur phylogénétique, cette zone est fortement menacée par de multiples pressions anthropiques. Elle constitue donc une priorité pour les OSCE nationales au moment de déterminer les superficies naturelles à protéger. (Roig-Junet et Debandi, Santiago, 2004)

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Fig.20 : Secteur de biodiversité endémique de la zone australe d’Amérique du sud. Le Nº4 correspond à la région de l’Araucanie (« hotspots ») habitée encore par des populations Mapuches. (Roig-Junet et Debandi, Santiago, 2004) 2.1.3.- Les OSCE et l’exploitation minière

L’exploitation des minéraux est une des activités économiques les plus répandues sur le territoire national, dont celle du cuivre qui représente 80% des exportations minières du pays (PNUE -U. du Chili, 2010). Les activités sont concentrées principalement au nord du Chili entre la Ière et la IVème région. Source de richesses économiques, elle exerce par contre de multiples pressions sur l’environnement : l’eau, la qualité de l’air, la flore, la faune et la qualité des sols (érosion, génération de résidus solides, mines abandonnées, drainage acide).

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« Lors des dernières années, l’industrie du cuivre a connu un processus de transformation et de croissance spectaculaire. Ce processus est appelé le « boom de l’exploitation minière ». (Folchi, 2003 :26). Aujourd’hui, le Chili produit deux fois plus de cuivre qu’en 1994, quatre fois plus qu’en 1983 et dix fois plus que dans les années ‘50. (Ibid.).

Cette période a coïncidé avec :

a) l’arrivée de la démocratie en 1990 laquelle a mis en place des politiques environnementales qui ont commencé à réguler, fiscaliser et sanctionner les entreprises génératrices de dégâts,

b) la tendance de l’activité minière mondiale à utiliser de nouvelles technologies, c) les modifications des procédés : une partie du cuivre extrait au Chili n’est plus

transformé entièrement (concentration, fonte et raffinage) et donc il y a moins de polluants émis (Folchi, 2003).

Ces trois éléments ont empêché la catastrophe environnementale qu’on aurait pu supposer suite à la grande expansion productive du secteur. Mais comme nous l’avons indiqué au chapitre 1 de cette recherche, avant les années ’90 de multiples polluants ont été rejetés dans les eaux et l’air, sans aucun contrôle.

La modernisation du secteur ainsi que les politiques environnementales ont limité les effets nocifs, mais ils ne sont pas suffisants pour résoudre les problèmes environnementaux dont voici quelques exemples ci-dessous. En 1997, suite à un tremblement de terre près de la vallée de l’Elqui, des réservoirs de relaves (cf. chap. 1) furent détruits et polluèrent des eaux de rivières. En 2002, la Compagnie Pelambres a du payer une amende de 12000 dollars car des tubes qui transportaient des concentrés de cuivre se sont cassés en déversant ces matériaux sur les sols. (Ibid.). En 2003, à la mine Cerro Negro un autre réservoir de relaves s’est fracturé en déversant 50 tonnes de boues toxiques.

Si les réactions des OSCE contre l’activité minière du cuivre restent limitées, c’est dû probablement au fait que la majorité des mines du pays se trouvent en montagne, dans des zones désertiques ou semi-désertiques et éloignées des zones habitées. Dans ce sens, les OSCE agissent contre des projets qui créent des nuisances dans les espaces locaux et seront donc comprises selon la définition de Castell, comme des associations liées au syndrome Nimby (Not in my backyard!). (cf. Chap. 2)

Dans la ville d’Antofagasta par exemple, entre 1990 et 1999, la mine La Escondida a construit une centrale de transformation et d’embarquement de concentrés de cuivre, à côté d’un petit port de pêcheurs artisanaux (Caleta Coloso). Des organisations sociales de pêcheurs ont protesté suite aux rejets de polluants dans l’environnement (de la poussière de cuivre dans l’air et des eaux de déchets dans la mer). Les nuisances étaient perçues comme une menace directe pour leur activité économique. La pression exercée par les organisations a obligé l’entreprise à revoir ses systèmes de transformation. (Folchi, 2003)

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Antofagasta, le cœur du cuivre

Une des régions les plus touchées est sans doute la IIème région d’Antofagasta, car la majorité des mines de cuivre du pays se trouvent dans cette zone, parmi lesquelles les plus importantes sont Chuquicamata (2650 millions de tonnes de cuivre extraits en presque un siècle d’exploitation) La Escondida et Radomiro Tomic. À quelques kilomètres de la ville d’Antofagasta, capitale de la région, il existe de nombreuses autres mines de cuivre ainsi que des exploitations de salpêtre, de moindre ampleur mais importantes pour le développement régional et national, notamment Mantos Blancos (cuivre), Maria Elena et Pedro de Valdivia (salpêtre). (Vivanco, 2009-CONAMA, 2010).

Si Antofagasta se situe au cœur de l’activité économique du pays, elle présente par contre la particularité de se trouver fort isolée d’un point de vue géographique et administratif, en plein désert, sur le bord côtier, à environ 1350 Km de Santiago. Les OSCE de la région se sentent délaissées, un phénomène qui détermine leurs comportements et leurs réponses face aux problèmes environnementaux.

Elles s’attaquent à des situations ponctuelles et appartiennent rarement à des Mouvements sociaux environnementaux (MSE) de caractère national car ceux-ci se situent principalement au centre et au sud du pays. Par contre elles établissent des liens solides avec les associations de base dans leur espace d’action. Elles créent aussi des réseaux avec des associations internationales de défense de l’environnement, pour la protection des espèces marines principalement. Avec une forte identité locale, elles ne possèdent pas de grandes ressources et généralement leurs membres sont bénévoles.

“Nous sommes isolés du reste du pays ». En plus il y a beaucoup de population flottante qui vient juste travailler dans les mines et qui après s’en va. Elle n’a pas de racines ici. Par exemple, un des problèmes majeurs de la ville est la gestion des ordures ménagères. « Les gens viennent du sud du pays ou d’ailleurs et utilisent la ville comme un campement… Ils travaillent dans les mines pendant la semaine et les week-ends descendent en ville, et puis repartent encore ». Ca ne les intéresse pas de protéger l’environnement, ils sont juste de passage. Alors ils nous laissent beaucoup de déchets et aussi beaucoup de dégâts. « Je dirais que ce problème est un effet collatéral de l’activité minière » et qui n’est pas pris en considération. Il faudrait plus d’éducation environnementale dans ce sens. (Guerra, interview 2010).

Christian Guerra est un des fondateurs de l’ONG « Groupe de Sauvetage et de réhabilitation de faune sauvage –GRRAS- (Grupo de rescate y de rehabilitacion de fauna silvestre) ». Cette OSCE de type formel (reconnue dans le cadre juridique), spécialisée et professionnelle, se consacre à la protection des animaux.

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Fig. 21 : Groupe de Sauvetage et de réhabilitation de la faune sauvage GRRAS dans leur Centre (Antofagasta, 2007).

Même si elle ne répond pas à 100% à la structure proposée par Castell (OSCE appartenant au mouvement de conservation de la nature –cf. Chap. 2) elle s’en approche sur certains points :

a) elle établit des liens avec de multiples acteurs de la société : des écoles, la commune, le SAG régional (Service agricole et d’élevage), la CONAMA à travers des sous unités régionales COREMA (Commission régionale de l’environnement), la presse, etc.…

b) leur adversaire est le développement incontrôlé, c) elle reçoit le soutien de vastes secteurs populaires.

Mais à la différence de cette classification, GRRAS agit seulement au niveau local, en ne générant pas de mouvements sociaux. Elle est composée d’un groupe réduit de professionnels, d’étudiants et de professeurs du secteur de l’environnement mais travaillant bénévolement (il n’y a pas de donations philanthropiques des élites sociales). La structure compte 15 personnes dont deux payées par l’Université (un vétérinaire et un technicien de surface). Ils reçoivent le soutien de l’Université d’Antofagasta qui prête un espace de travail et un appui logistique.

L’organisation fait aussi un travail de lobbying au sein des institutions publiques pour la reconnaissance institutionnelle des espaces naturels. Elle a d’ailleurs réussit à transformer une partie de la péninsule de Mejillones en Sanctuaire de la nature protégé par la CONAF (Corporation nationale forestière).

Leur fonction spécifique est de défendre les animaux qui sont victimes tant de l’exploitation minière que des activités anthropiques (de l’industrie et la pêche), mais aussi ceux qui sont malades ou blessés pour des raisons naturelles. Les membres s’occupent de protéger les animaux en tout genre et sans limites, mais aussi des espèces de la cordillère, des vigognes, des guanacos, des oiseaux de montagne, des rongeurs. « Les mammifères marins (des dauphins, des loups de mer), des tortues, des oiseaux victimes de la pêche industrielle ou de la pollution des eaux de mer, sont accueillis aussi dans notre centre ou bien nous intervenons sur place ». (op.cit)

Pour agir ils utilisent des moyens mis à leur disposition par l’Université. « Parfois on nous appelle par téléphone. Nous demandons la camionnette à l’Université (Département CREA-UA, Centre régional des études et d’éducation environnementale de l’Université d’Antofagasta) et nous allons sauver les animaux en détresse avec le matériel nécessaire. Parfois, on nous amène les animaux directement au Centre». (ibid)

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« Nous recevons aussi un grand nombre d’animaux sauvages blessés qui tombent dans les piscines ou dans les réservoirs de relaves des mines de cuivre actives ou à l’abandon». Il y a beaucoup d’animaux qui arrivent dans les exploitations minières, perdus ou à la recherche de nourriture. C’est encore un autre impact de l’exploitation minière qui n’est pas vraiment prévu. (Ibid)

Suite à l’aridité et à la pénurie en eau, la végétation de la zone est très limitée ou presque nulle. L’absence de pluies et la grande amplitude thermique rendent difficile le développement de la flore, sauf dans certaines zones ou nous trouvons des nappes phréatiques. La rivière Loa est la principale ressource hydrique de la région et l’unique qui débouche sur la mer (440 Km de long dans un trajet est-ouest). Concernant les animaux vertébrés, une étude élaborée par la Commission nationale de la biodiversité « Diversité biologique du Chili » a établi qu’il existe dans la région: 4 types d’amphibiens (dont 2 endémiques), 23 types de reptiles (dont 14 endémiques), 184 types d’oiseaux (dont 2 endémiques) et 24 types de mammifères (dont 1 endémique). Elle signale aussi les espèces d’animaux menacés (18 espèces de mammifères, 27 d’oiseaux, 15 de reptiles, 4 d’amphibiens et de 6 poissons). (CONAMA, 2010)

Formations représentatives

Des plantes représentatives

Des animaux représentatifs

« Cactáceas litorales »

Eulychnia sp. Copiapoa sp.

Llama (Lama glama)

« Tolar » Tola (Baccharis tola) Alpaca (Lama pacos)

« Llaretal » Llareta (Azorella compacta)

Vizcacha (Lagidium viscacia)

« Pajonal » Festuca sp. Flamenco andino (Phoenicoparrus

andinus)

Des oasis et des végétations du fond

des vallées

Tableau 9 : Flore et faune la plus représentative de la région minière d’Antofagasta (Manuel de Géographie du Chili, Errázuriz et al., in CONAMA, 2010)

Le secteur minier a suscité au Chili de nombreux mouvements sociaux (MS) tout au long de son histoire, mais les revendications ont été principalement de type social et politique. Les mouvements liés à l’exploitation du salpêtre au début du XXème siècle, constituent un des exemples les plus connus (MS des ouvriers des mines de la région d’Atacama -1ère région -proche d’Iquique)

Les MSE (MS environnementaux) à échelle nationale par contre sont un phénomène récent. Actuellement l’exploitation des autres minéraux, dont l’or, suscite l’intérêt des multiples OSCE du pays.

Dans le cas de la mine d’or Pascua Lama que nous avons mentionné précédemment, il n’y a pas que des enjeux productifs et commerciaux mais aussi des aspects politiques et sociaux à considérer. D’importantes ressources hydriques sont aussi en jeu, car cette mine d’or découverte par l’entreprise canadienne Gold Barrick se trouve sous un glacier qui alimente les rivières irrigant des terres agricoles de la vallée de Huasco. Ce problème mobilise de

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multiples OSCE autour d’un des plus importants MSE du pays : « Non à Pascua Lama ». Le comportement des OSCE face à ce problème ponctuel est aussi particulier.

2.1.4.- L’eau sous pression : les OSCE qui la défendent

Selon le Programme des Nations Unies « World Water Assesment Programme », le Chili se situe à la 20ème place des nations avec le plus d’offre en eau au monde (cf. chap. 1). Mais la disponibilité réelle à l’intérieur du pays est très inégale du nord au sud suite aux facteurs géographiques et climatiques particuliers : des zones sèches et désertiques au nord ou des zones pluvieuses et subpolaires au sud. Le secteur qui présente la plus faible disponibilité en eau est situé entre la Ière et la IVème région du Chili. Il s’agit justement de zones très exposées aux pressions de l’activité minière, principale responsable de la pollution des bassins hydriques du nord du pays.

Au niveau national, seulement 11% de l’eau est destinée à la consommation (irrigation, industrie et ménages) tandis que les 89% restant sont utilisés à d‘autres fins (principalement l’hydroélectricité). (DGA, 2010)

Les principales demandes en eau du pays proviennent de :

a) l’hydroélectricité, au sud, b) l’agriculture, au centre, c) le secteur minier, au nord.

Les principaux problèmes liés à l’eau concernent :

a) la disponibilité inégale des ressources hydriques par zone, b) la forte demande de certains secteurs productifs, c) les rejets de polluants.

La majorité des OSCE chiliennes qui défendent l’eau se heurtent donc à deux des principaux demandeurs d’eau : l’hydroélectricité et l’exploitation minière. Pour l’agriculture, les OSCE ne présentent pas d’opposition. Leur but est plutôt de défendre le secteur agricole (principalement l’agriculture de subsistance) menacée par l’hydroélectricité et l’exploitation minière.

Pour expliquer de quelle façon interviennent les OSCE qui défendent l’eau soumise aux pressions de l’activité minière, le cas de Pascua Lama nous semble représentatif au vu des enjeux et du nombre d’organisations qui sont mobilisées. Le MSE « Non à Pascua Lama » regroupe une quantité indéterminée d’associations locales de base (la pré-société civile selon Doucin) pour la défense de l’eau : des comités de quartiers (Junta de Vecinos), des membres du corps ecclésiastique, des organisations d’agriculteurs, des OSCE professionnelles et informelles, des représentants politiques, etc.

« Il y a déjà eu des centaines d’organisations différentes qui naissent, qui disparaissent et qui durent. La plus ancienne s’appelle« Conseil pour la défense de la vallée d’Huasco ». Il s’agit de personnes venant de Vallenar. Elle a eu une grande capacité de mobilisation mais maintenant je pense qu’elle se trouve dans un état de latence. Il y a aussi la « Coordinatrice pour la défense du Alto del Carmen » qui est très active». (El Chapa, interview 2010)

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Fig.22 : Affiche publicitaire du MSE mobilisant des ressources participatives pour la défense de l’eau et des glaciers situés dans la mine de Pascua Lama

L’OSCE « Coordination contre Pascua Lama de Santiago », de type informel et bénévole, a son siège central dans la capitale du pays. Son objectif est d’arrêter l’installation de la mine d’or Pascua Lama appartenant à l’entreprise canadienne Gold Barrick. Constituée de plus au moins 10 à 15 personnes fixes, elle soutient les agriculteurs, et son travail consiste principalement à sensibiliser et informer la population de Santiago et d’ailleurs sur les enjeux de ce projet (elle diffuse un programme de radio émis sur deux fréquences, travaille en réseaux avec des systèmes CMC informels comme facebook, mail, etc.) Elle prône en même temps un nouveau modèle économique et une nouvelle institution politique qui permettra à l’homme de vraiment vivre en équilibre avec la nature. Ses principes se rapprochent du secteur plus radical de l’écologie profonde – deep ecology- (cf. Castell chap.2).

« Pour nous aujourd’hui la seule solution aux problèmes environnementaux du pays passent par le changement du modèle et de l’institution. En ce moment la seule solution est la désobéissance civile. Par exemple le SEIA (système d’étude d’incidence environnementale), conçu pour faire participer la population, est un simulacre : l’étude d’incidences (EIE) a été élaborée par une société engagée par l’entreprise minière elle-même. Ensuite on nous invite à formuler nos observations. Les gens de la vallée participent naïvement et ont seulement 60 jours pour essayer de déchiffrer les textes écrits dans un langage en termes géologiques, impossible à comprendre par les paysans. C’est ça la participation citoyenne ! L’État aujourd’hui ne garantit pas nos droits. Ceux de l’entreprise sont plus importants que le bien-être de la population de la zone. Pour moi cette façon d’agir n’est pas dans une logique d’une institution d’État. Le seul moyen d’arrêter les dégâts est que les gens prennent des initiatives... qu’ils désobéissent à la loi». (El Chapa, interview 2010)

Le projet minier Pascua Lama cherche à exploiter un gisement à ciel ouvert, d’or et d’argent situé dans la Cordillère des Andes, proche de trois glaciers : Esperanza, Toro 1 et Toro 2, sur la frontière du Chili et de l’Argentine à 150km au sud-est de la ville de Vallenar (IIIème région du Chili) et à 300 km au nord-est de la ville de San Juan en Argentine. Le projet appartenant à l’entreprise canadienne Gold Barrick sera développé par la Compagnie Minière Nevada Ltda du Chili et par Barrick Exploraciones Argentina S.A d’Argentine. Ces glaciers donnent naissance aux rivières de la zone agricole d’Huasco. (U.du Chili-PNUE, 2010)

L’EIE (étude d’incidences environnementales) du projet minier à été présentée auprès des autorités de la région pour la première fois dans l’année 2000 et a été approuvée du point de

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vue environnemental en 2001. Ensuite le projet a été mis en attente pour être repris encore en 2004. Après des modifications au projet initial, il a reçu de nouvelles autorisations en 2006. La résolution de la CONAMA signale que l’entreprise ne pourra pas abîmer les glaciers et que la qualité de l’eau doit être garantie. Suite au EIE, l’entreprise a du modifier les limites de la mine pour ne pas générer d’impact sur la morphologie des glaciers. Elle compte installer des monitorings pour contrôler et faire un suivi de la qualité de l’eau.

Par contre, les OSCE appartenant au mouvement s’opposent à l’exploitation car elles dénoncent de multiples externalités négatives:

a) le projet modifiera selon eux et malgré les assurances données les trois glaciers qui se trouvent en montagne et qui donnent naissance aux rivières de la vallée d’Huasco,

b) l’exploitation et les travaux de transformation des minéraux pollueront les eaux de la vallée où sont produits principalement des fruits, des légumes, du « pisco » et du vin,

c) le projet aurait une vie de 20 ans, donc sa contribution économique pour la région serait temporaire tandis que les externalités négatives persisteront.

2.1.5.- La protection des écosystèmes marins

Comme nous avons vu au chapitre 1, les pressions des activités productives sur les écosystèmes marins ont leur origine dans :

a) la pêche d’extraction (industrielle et artisanale), b) l’aquiculture (principalement du saumon), c) les décharges directes en bord de mer, tant des polluants industriels qu’urbains.

Face à ces problèmes qui s’étendent sur les 4200 kilomètres de côtes, les OSCE nationales ont un champ d’action vaste et complexe. Car les conséquences des pressions sur l’environnement, génèrent des dégâts non seulement dans les écosystèmes marins mais aussi auprès d’une nombreuse population locale travaillant dans le secteur (des populations situées souvent dans des zones de haute concentration de pauvreté, qui survivent de la pêche artisanale ainsi que de l’extraction des coquillages et des algues).

Les OSCE de la mer au Chili interviennent sur trois niveaux:

a) au niveau politique (lobby), b) dans les actions (sensibilisation, recherche et mise en place des MSE), c) comme soutien aux victimes (des pêcheurs et des indigènes).

Les principaux sujets traités sont :

a) les conséquences de la pêche (industrielle et artisanale), b) la conservation des espèces (parmi lesquelles les baleines reçoivent un traitement

spécifique), c) la protection des chaînes trophiques marines (le krill par exemple).

Même si plusieurs OSCE généralistes du pays participent à des initiatives pour la défense des ressources marines (soutien des campagnes nationales et constitution des MSE nationaux), la majorité des organisations du secteur sont fort spécialisées.

Le Centre de conservation des cétacés (CCC) par exemple est une ONG dont le siège se trouve à Santiago et qui est très active au niveau national. Elle travaille pour la protection des cétacés et de leurs écosystèmes aquatiques, mais aussi dans les arènes des

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discussions politiques et de la diffusion d’information. « Nous cherchons à promouvoir des politiques de gestion, de conservation et de protection des espèces marines, à développer des programmes de recherche non létale sur les cétacés et leur milieu de vie, en donnant la priorité aux espèces menacées. Mais nous voudrions aussi augmenter la conscience publique et promouvoir la participation active des citoyens ». (CCC, 2010). Elle voudrait aussi influencer le gouvernement. Elle établit donc des liens et des réseaux nationaux et internationaux pour la conservation marine afin de fortifier et consolider ses objectifs.

Le Centre ECOCEANOS est une autre OSCE leader du secteur. Son parcours est assez particulier. Il s’agit d’un groupe de professionnels issus de Greenpeace-Chili qui décide de quitter l’organisation internationale pour créer une nouvelle association plus proche de la réalité locale.

Fig. 23 : Logo page web Centro ECOCEANOS: “Ecoceanos, retournons vers la mer”, (www.ecoceanos.cl, 2010)

« L’organisation est née en 1998. Nous avons décidé de quitter « la Coordination de la Campagne d’Ecologie Océanique de Greenpeace Amérique Latine » suite à des conflits politiques avec la direction de Greenpeace International, qui siège en Allemagne. Leur vision des choses était trop euro-centrique et axée sur la recherche de solutions technocratiques pour l’industrie verte. Ca a commencé à entrer en conflit avec notre vision du Sud, plus encline à lier les thèmes et les campagnes environnementales aux aspects politiques de la vie nationale (démocratisation du pays post dictature, fortification des droits à la participation et au contrôle citoyen par les campagnes). Nous voulions un modèle “métisse” de réalisation de campagnes environnementales. Notre position consistait à mettre les problèmes environnementaux dans le contexte social, politique et culturel du pays. Suite à ces divergences nous avons décidé d’abandonner l’ONG et de créer notre propre organisation ». (Cardenas, interview 2010)

ECOCEANOS est une organisation citoyenne de protection des ressources naturelles marines, appartenant aux mouvements mobilisant de ressources professionnels (selon la typologie de Diani, cf. chap. 2). Elle est actuellement composée de 4-5 professionnels. Elle a une structure formelle qui agit en réseaux avec de multiples OSCE nationales et internationales. Autonome vis à vis des gouvernements, de l’industrie et des partis politiques, elle a noué des liens très étroits avec de multiples associations locales de base (la pré-société civile selon Doucin, cf. chap. 2), principalement avec des pêcheurs artisanaux et des huilliches de la mer (de la famille des indiens mapuches). Leurs campagnes sont fort médiatisées et peuvent compter sur le soutient d‘associations de pêcheurs artisanaux et d’organisations de base. « Nous agissons en réseau national et international. Nous réalisons des campagnes publiques et nous avons un système de communication assez vaste (Ecoceanos News, Radio del Mar et www.ecoceanos.cl) qui reçoit 90.000 visites mensuelles. De plus, nous réalisons 2 programmes de radio par semaine sur les ondes de la radio Université du Chili et Radio Nuevo Mundo ». (ibid). Leur

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financement provient de projets subsidiés par des organismes internationaux ainsi que des soutiens et des versements des adhérents.

Leurs objectifs fondamentaux sont :

a) la protection et la conservation des espèces marines, b) la sensibilisation par des campagnes publiques, des activités d’information, et de

communication, c) d’exercer un lobbying politique auprès des entités publiques et des partis politiques, d) de proposer un nouveau modèle de développement (philosophie éco-centriste et

opposée ou système néolibéral).

Les OSCE face à l’élevage du saumon et la loi de la pêche Un des sujets qui inquiètent le plus les OSCE nationales en matière de ressources marines concerne l’élevage du saumon et la réforme de la loi de la pêche. En ce sens, elles ont la fonction d’informer, de dénoncer et de faire pression pour empêcher des pratiques qui sont illégales à leurs yeux. D’une part le saumon d’élevage a été et continue à être un des produits les plus exportés du pays. D’autre part, la loi est « fort laxiste et ne met pas de limites à l’utilisation des antibiotiques en privilégiant la production à tout prix. Derrière cette réussite du modèle d’exportation, l’industrie chilienne du saumon, avec une forte présence d’industries multinationales, possède les plus bas standards sanitaires et environnementaux mondiaux ».(Cardenas, interview, 2010). Les conditions de travail sont aussi fortement critiquées par les OSCE).

Fig. 24: Radeau- cage de la salmoniculture chilienne en Patagonie (Melillanca et Diaz, 2007)

« L’élevage du saumon industriel qui se situe dans la zone australe du Chili est composé d’une importante présence de compagnies multinationales, principalement des capitaux de Norvège, du Japon et d’Espagne, générant près de 50 mille emplois directs et indirects, tant dans les entreprises de transformation que pour le transport et les centres d’élevage » (Melillanca et al., 2007 : 7). « Aujourd’hui la salmoniculture intensive arrive à ses limites au nord de l’Europe. La Norvège par exemple n’a pas encore donné de nouvelles concessions à l’industrie du saumon, tandis que l’Irlande et l’Ecosse mettent en place des règles plus strictes. Au Chili, par contre, les infractions à la législation du travail, sanitaires et environnementales, sont courantes dans le secteur : violation des droits des femmes, des

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peuples indigènes... En plus la salmoniculture utilise des écosystèmes hautement vulnérables et des antibiotiques à base de produits chimiques interdits (la malachite verte et le cristal violet) détectés sur les marchés internationaux » (Melillanca et al., 2007: 5).

Concernant la législation, la réforme de la Loi générale de la pêche et de l’aquiculture du 10 mars 2010 est aussi fort critiquée par voie de campagnes publicitaires et par la diffusion d’informations. « Sauvons la mer chilienne » est une des campagnes des OSCE qui mobilise les organisations contre la privatisation de la mer.

« Suite à la crise générée par l’apparition du virus ISA -anémie infectieuse du saumon- (cf. chap. 1), les entreprises du secteur ont mis en marche un véritable lobbying au sein des institutions. Grâce à cela le gouvernement a proposé de débloquer des fonds publics (450 millions de dollars). Le projet de loi prévoit des modifications pour améliorer les systèmes productifs, les conditions de confinement des poissons ainsi qu’une rotation régulière dans les lieux d’élevage. Mais cette loi autorise aussi les entreprises aquicoles à mettre en hypothèque des superficies de mer et de terre ferme comme garantie auprès des institutions financières et des banques. Avec notre campagne « Sauvons la mer chilienne », nous essayons auprès du Tribunal Constitutionnel du Chili (TC) de déclarer inconstitutionnelle cette loi, car la mer est un bien public qui appartient à tous les Chiliens. Ce n’est pas seulement un scandale, c’est aussi le renoncement de notre pays à la souveraineté sur son territoire ». (MSE « Sauvons la mer », 2010) 2.1.6.- Les OSCE et l’urbanisation: les déchets, la pollution et la substitution des terres

« Une des étapes les plus marquantes de l’évolution de l’humanité a sans doute été l’apparition des centres urbains et la fin du nomadisme. Les villes peuvent être considérées comme une des créations les plus importantes du genre humain… Par contre nos villes sont en crises. Leur rôle civilisateur et les multiples avantages qu’elles offraient en matière de divertissement, d’offre de travail et de réalisation individuelle par rapport à la vie rurale sont remis en question, et contrastent fortement avec la réalité actuelle». (Cerda IEP, in Agrasot, 1994 : 153-154)

Au début des années ’90, les OSCE chiliennes s’inquiètent déjà de l’avenir des grandes métropoles du pays, principalement de Santiago. L’OSCE Institut d’Écologie politique –IEP- faisait référence au sujet en signalant que les grandes villes du Chili avaient des problèmes semblables à celles des autres pays de l’Amérique latine. Elle se référait aux résultats de la Conférence des Nations Unies sur l’établissement humain de 1976 qui dressait une liste des problèmes à résoudre. « En Amérique latine et aux Caraïbes, les établissements humains connaissent un ensemble de problèmes liés :

a) au disfonctionnement de leurs structures de base et à la répartition des écosystèmes naturels recelant des ressources,

b) au taux d’urbanisation plus élevé que le niveau de développement, c) à l’exode rural d’une ampleur sans précédent, d) à une forte concentration urbaine, e) à un phénomène persistant de dispersion rurale, f) à la présence d’un tiers de la population dans des établissements humains précaires, g) à la concentration de la production industrielle dans des espaces géographiquement

limités, h) à la complexité du système de transports et à ses effets nocifs pour l’environnement

et l’urbanisme » (Cerda, in Agrasot, 1994 : 156).

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Ces phénomènes génèrent au Chili des conséquences directes sur l’environnement: diminution des sols agricoles, pollution de l’air et génération de déchets (solides et liquides) (cf. chap.1) Dans un pays où 86,6% de la population est urbaine, de multiples OSCE centrent leurs activités dans les zones les plus peuplées. Elles oeuvrent à la défense de l’environnement local, à la recherche de solutions ainsi qu’à l’éducation des populations. Pour le « Groupe de base pour le nettoyage des plages d’Antofagasta », l’organisation de défense de l’environnement urbain, par contre, ne doit pas rester seulement dans sa fonction éducative mais « elle doit aussi être vigilante, contrôler la législation, c’est à dire veiller à la mise en application de la loi et à l’amélioration du cadre juridique ». (Rocco, interview 2010). Cette OSCE locale, située dans la ville d’Antofagasta et composée de près de 30 personnes, centre son travail autour de la gestion des déchets. Elle poursuit le but de « créer une culture de nettoyage dans la ville et ensuite, une culture du recyclage. Mais pour cela l’Etat ou la municipalité devrait avoir des ressources pour investir dans des entreprises ou des décharges où aurait lieu le recyclage… On ne peut pas apprendre à la population à trier ses ordures et à recycler si tout est à nouveau mélangé à la décharge » (ibid.). Ce groupe de base de type informel ne se considère pas comme une association mais plutôt comme une initiative indépendante de citoyens travaillant dans le milieu urbain. Il est constitué de personnes dont l’intérêt commun est de gérer, de leur propre initiative, les ordures accumulées sur le littoral d’Antofagasta. Né du contexte particulier de crises sanitaires de la ville suite à des faiblesses du système de gestion des ordures communales, il souligne que des solutions réelles peuvent être obtenues seulement s’il y a des changements au niveau national. Nous pouvons situer ce mouvement citoyen à la base de la société civile (la pré-société civile selon Doucin) et l’identifier en tant qu’association de base émergeant lors d’une situation donnée qui cherche à résoudre un problème local et ponctuel (cf. chap. 2) . « D’après moi il n’existe pas de culture du recyclage en ce qui concerne les ordures dans ma ville. Nous pourrions épargner et réutiliser beaucoup de choses si nous savions recycler et si des entités ou des entreprises de recyclage existaient. Dans d’autres domaines par exemple, les problèmes environnementaux chiliens actuels sont : le mauvais contrôle des ressources renouvelables telles que les poissons dont on a noté une diminution considérable, la pollution des eaux et des réserves aquifères dans le sud du Chili. Les entreprises minières utilisent de l’eau de mer dans leur processus et non les réserves d’eau douce, ce qui constitue une avancée. Cependant le problème principal de la législation chilienne perdure : les amendes sont très basses et beaucoup d’entreprises préfèrent payer l’amende plutôt que d’arrêter de polluer ». (ibid.)

Les problèmes de Santiago et les solutions des OSCE

La majorité des OSCE urbaines, bien que réparties tout au long du pays, se concentre dans la région métropolitaine de Santiago. La grande métropole rassemble les pouvoirs économiques, politiques et une énorme quantité de population (5,4 millions d’habitants en 2002 selon l’INE, représentant 40,5% de la population nationale). (U. du Chili, 2010)

Déjà dans les années ’90 l’IEP parlait d’une des maladies majeures de la capitale : l’expansion urbaine qui envahissait les sols agricoles suite à l’inadéquation des politiques de développement. Ce phénomène a provoqué et provoque encore l’extension anarchique de la ville ainsi que la diminution d’étendues de grande valeur pour l’agriculture. En 1995 Santiago

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occupait par exemple près de 70,000 hectares tandis qu’en 1930 elle n’en occupait que 6,500 (PNUE,U.du Chili, 2010).

Fig.25 : Carte d’orientation pour l’aménagement territorial durable de la Région métropolitaine. Les cercles indiquent la taille des villes, dont Santiago au centre. Les grands cercles indiquent les grandes métropoles (Gouvernement régional de la Région métropolitaine de Santiago, 2005) Les terres agricoles au Chili sont souvent fragiles et leur superficie limitée (80% de la superficie du pays est montagneuse). « Les espaces entre les agglomérations de Santiago à l’est et de Valparaiso- Viña del Mar à l’ouest, sont soumis à de nombreuses pressions qui rendent indispensable de se pencher sur leur durabilité devant l’inexistence d’un Ministère de l’environnement et en raison de la place qu’occupent ces espaces dans l’économie et dans l’imaginaire du pays » (Faliès, 2006: 2) L’IEP faisait aussi référence à un autre problème de Santiago toujours d’actualité: la pollution de l’air. La ville a été déclarée à plusieurs reprises Zone Saturée (cf. chap. 1) suite aux hautes concentrations de polluants dans l’air. Ce phénomène provoque de graves effets sur la santé des personnes à haut risque (les enfants de moins de 5 ans, les personnes âgées et les malades soufrant de bronchite et d’asthme). Dans ce contexte les autorités sont obligées de décréter des états de pré-urgence principalement pendant l’hiver : suspension des cours dans l’enseignement, fermeture des usines qui dépassent les seuils et restriction de circulation de véhicules. Enfin, la gestion des déchets liquides et solides ainsi que l’existence très limitée de programmes de recyclage ou de revalorisation des déchets mise en place par les autorités, inquiètent aussi les OSCE urbaines. (cf. chap. 1) Face à ces problèmes, les organisations choisissent en priorité l’éducation pour l’environnement comme forme d’action, ensuite des programmes spécifiques pour le recyclage et le compostage des résidus qu’elles ponctuent par des actions sur le terrain. En ce sens, les Maisons communales de Santiago établissent parfois des liens avec certaines d’entre elles afin de préparer des programmes de participation citoyenne.

Santiago

Valparaiso

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Ainsi depuis 1994 les associations environnementalistes (principalement de type généraliste) mènent des actions concrètes telles que des projets pour le traitement des déchets, des cours ou des formations sur de multiples sujets environnementaux. Mais les domaines d’intervention sont très diversifiés : utilisation des technologies appropriées, l’éducation pour l’environnement formelle et informelle, le recyclage et le compostage, l’aide à l’organisation et à la participation citoyenne, etc. « Elles présentent un large éventail d’expériences qui, par leur diversité et leur contenu, permettent de jeter les bases d’un projet plus global » (op.cit) La même année, CODEFF, organisation plutôt spécialisée dans la défense des forêts, promeut un programme éducatif et d’information en matière forestière et environnementale destiné aux habitants des villes. La fondation IEP de son coté, travaillait dans les domaines suivants :

a) Fonds d’appui à l’action en écologie, b) Observatoire des litiges en matière environnementale, c) Programme « communes vertes », d) Programme de recyclage e) Programme pour « Conseils écologiques aux municipalités » f) Programme d’éducation pour l’environnement g) …

Aujourd’hui encore les principaux secteurs d’intervention des OSCE travaillant sur les problèmes liés à l’urbanisation restent l’éducation environnementale et la gestion des déchets.

Fig. 26: L’IEP (Institut d’écologie politique) essaie d’intervenir dans la préparation des plans régulateurs de la ville de Santiago. (Sparza, interview 2010)

En termes d’éducation par exemple, l’IEP, travaille aussi sur des sujets liés à l’expansion urbaine et le plan régulateur de la ville. « On essaie d’intervenir dans la préparation du plan régulateur de Santiago pour arrêter sa croissance anarchique. Il faut une certaine logique dans l’organisation urbanistique. Pour cela il faudrait penser une ville avec des pistes cyclables, plus de parcs et d’espaces verts... car il s’avère aujourd’hui impossible d’empêcher la croissance de la ville. Il est difficile parfois d’aborder ce sujet avec les communes car chacune a son propre plan régulateur. Et là-bas ce sont les sociétés immobilières, les entreprises de construction de bâtiments qui gouvernement vraiment : elles donnent les directives des travaux aux services Communaux». (Sparza, interview 2010)

Plusieurs initiatives par contre « ne répondent qu’à des problèmes très ponctuels et n’offrent aucune alternative pour aborder la complexité des problèmes environnementaux urbains…

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Pour les projets d’éducation sur l’environnement par exemple, il est probable que les résultats obtenus auront peu d’impact si ces projets ne s’accompagnent pas d’un renforcement de la capacité d’action et d’organisation des citoyens… Il apparaît clairement ici la nécessité de passer d’une prise de conscience de l’environnement à un discours qui lie plus directement les problématiques de l’environnement et du développement ; une vision plus politique des problèmes de l’environnement doit se structurer, donnant lieu à une réflexion critique accrue des citoyens, le niveau local étant peut-être le plus approprié pour développer ce processus ». (Cerda, in Agrasot, 1994 : 164)

2.2.- Chiffres statistiques sur les OSC environnementales du pays

Selon la « Carte nationale de l’associativité » du Chili élaborée par le PNUD dans l’année 2000, le pays comptait au total 87.040 associations, tous secteurs compris, de types formels inscrits dans les registres nationaux. A ce chiffre s’ajoutent un nombre indéterminé d’organisations informelles qui ne figurent pas dans les archives. L’étude fournit aussi le chiffre pour les OSCE nationales et indique que l’environnement est un des sujets émergents dans le monde associatif du pays. (PNUD, 2000). La société est toujours en mutation et l’apparition de nouvelles formes d’associations s’occupant de sujets anciens ou nouveaux reflète ce dynamisme. Étant donné que de nombreuses OSC émergentes sont de type informel, les chiffres connus liés aux associations environnementales représentent seulement une partie très infime du nombre réel des OSCE retrouvées sur le terrain.

Nouvelle forme d’associativité

Sujet Nombre d’organisations

Environnement 212 (enregistrées)

Tableau 10 : Nombre des OSCE enregistrées l’année 2000 (PNUD, 2000) Avec ces nouvelles formes associatives apparaissent aussi de nouveaux supports techniques tels que les réseaux internet (systèmes CMC selon Diani). Ces systèmes, selon la vision de Diani expliqué au chapitre 2 de cette recherche, ouvrent la voie à des espaces inexplorés de connexion et d’interaction, tant avec d’autres organisations comme avec des individus intéressés mais n’appartenant pas aux associations (PNUD, 2000). En 2000 le PNUD signale plus de 300 pages web provenant d’organisations émergentes - principalement informelles- de tout genre (il ne fait pas mention spécifiquement aux OSCE du pays). Pour notre part, dans le cadre de cette recherche nous avons constaté que toutes les associations interviewées ou analysées dans ce travail, possèdent un outil technologique on-line de communication (sites web, blog, autres).

3.- Typologie des OSCE chiliennes

Les différents modèles théoriques de classification des OSCE présentés au chapitre 2 nous permettent de classer les fonctions que jouent chacune des organisations analysées dans ce travail. Nous avons présenté les typologies selon :

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a) les domaines d’intervention, b) l’appartenance à un certain type de mouvement écologiste, c) le type de réseaux et les liens construits à l’intérieur et à l’extérieur de l’organisation, d) la vision latino-américaine qui divise les OSCE en deux groupes (formelles et informelles), e) la vision latino-américaine qui parle des ONGE comme des associations revendicatrices d’idées (travail politique) et prestataires de services (mise en place des projets) (cf. chap. 2). L’observation du comportement des OSCE chiliennes face aux problèmes environnementaux du pays nous montre que les organisations ne sont pas nécessairement vues selon un type ou une structure figée. Les OSCE sont des structures dynamiques et en mouvement permanent. Elles peuvent donc être vues simultanément selon un type de classification ou un autre car leurs fonctions sont multiples. Nous observons aussi que le modèle latino-américain de classification nous permet de prendre en compte des dimensions propres à la région qui ne sont pas incluses dans les modèles internationaux : non-formalisme du point de vue juridique par exemple, le travail revendicatif (défense des idées politiques) très présent dans les interventions des OSCE du pays ou bien la mise en place de projets éducatifs sur le terrain. Nous trouvons ainsi des associations comme « Coordinadora Contre Pascua Lama de Santiago » (Coordinatrice contre Pascua Lama-Santiago) qui œuvre pour la défense de l’eau et des sols agricoles apparemment soumis à la pression de l’exploitation minière (principalement d’or) dans la IIIème région près de Vallenar. Elle présente les caractéristiques suivantes :

a) elle est une organisation informelle (pas de structure juridique ni de reconnaissance étatique),

b) elle est née suite à une situation donnée (l’apparition d’une entreprise cherchant à exploiter l’or dans une zone de glaciers proches des communautés agricoles),

c) elle appartient aux réseaux du MSE mobilisant des ressources participatives (Non à Pascua Lama) et recourt aux systèmes de communication virtuelle (CMC),

d) elle défend les intérêts locaux (les intérêts des agriculteurs de la zone -IIIème région du Chili),

e) OSCE de caractère revendicatif (défense des idées politiques), f) elle travaille pour la sensibilisation, dénonce et essaie de boycotter le projet par la

voie de la contre-propagande, g) elle défend les ressources naturelles, h) ses membres sont bénévoles (ressources minimales grâces à l’organisation

d’activités culturelles publiques). « Au début le prêtre de la paroisse de la vallée d’Huasco a commencé à sensibiliser la population. Les gens, majoritairement des agriculteurs de la zone, ont compris petit à petit qu’une mine d’or pouvait être polluante. Moi, je suis arrivé plus tard pour diriger un programme à la radio et grâce à ce programme je me suis rapproché des gens et du conflit… Et voilà, aujourd’hui, j’appartiens au mouvement contre Pascua Lama et notre organisation en est une parmi des dizaines d’autres… Sans eau la vie s’arrête et les risques avec l’exploitation de cette mine sont énormes… C’est un problème complexe. Notre but est d’agir sur le terrain et de sensibiliser.... nous avons pour cela avec un programme de radio qui est transmis dans la vallée depuis Santiago et aussi un réseau de contacts dans la capitale et dans la vallée». (El Chapa, interview 2010)

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Fig. 27: Affiche publicitaire pour l’organisation d’un événement culturel public (coordination contre Pascua Lama de Santiago, mai 2010). D’autre part des OSCE comme « Casa de la Paz » ont comme objectif la mise en place d’un modèle durable de développement par la voie de l’éducation environnementale et l’intervention à l’intérieur des entreprises. Il s’agit d’une organisation :

a) de type formel (avec une structure interne et une reconnaissance officielle), b) généraliste (touche plusieurs problèmes à la fois), c) qui travaille sur de multiples sujets (gestion environnementale participative et

éducation, développement durable, sujets destinés à l’entreprise pour une production sans dégâts environnementaux),

d) de type professionnel et de prestation de services (composée d’une équipe d’experts en sujets environnementaux et en développement durable),

e) de type intermédiaire (appui à des organisations de base), f) de consultants (recherche de dialogue constructif entre les organisations de base et

les secteurs productifs), g) qui fait des propositions au niveau politique et participe à des tables de discussion

avec l’État et le secteur privé (think tank).

Fig. 28: Logo institutionel Fundation Casa de la Paz. OSCE qui a 25 ans d’existence. « Nous comptons deux lignes de travail: une que nous appelons la gestion environnementale participative avec une emphase sur des sujets tels que l’éducation environnementale, le recyclage et l’efficience énergétique. Pour cela nous comptons sur des fonds publics et privés. Par exemple, certaines entreprises nous demandent d’éduquer la communauté car elles ont besoin d’une population plus informée ou bien nous travaillons avec les écoles. La seconde ligne étant ce que l’on appelle le droit durable. Pour cela il faut arriver à un accord

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qui permet à l’entreprise de développer ses projets sans altérer ou produire un impact négatif sur la qualité de vie de la communauté et des villages locaux. (Abogabir, interview 2010) « Jusqu’à maintenant nous avons fait un travail d’éducation en dehors de l’entreprise (les écoles, les communautés) mais avec notre démarche nous ne touchons pas aux tactiques internes des secteurs productifs. Pour trouver la solution aux problèmes environnementaux nous devons développer une ligne de travail à l’intérieur de l’entreprise, dans leurs opérations ». (ibid) Les OSCE du pays sont multiples et fragmentées. Elles se divisent en formelles et informelles, avec une forte présence de groupes de base très actifs (la pré-société civile) qui donnent des solutions aux problèmes ponctuels et participent aux MSE nationaux.

4.- Les différentes fonctions ou rôles des OSC environnementales identifiées

Face à ces multiples problèmes, les OSCE vont jouer un double rôle. Premièrement, envers les entreprises responsables des nuisances, pour faire arrêter ou pour retarder les projets d’exploitation. Deuxièmement, envers l’Etat, via un lobbying politique, pour faire évoluer la législation, et en particulier pour introduire un système plus efficace de contrôle et de pénalités financières.

En plus de faire pression sur les industries nationales, multinationales et sur l’Etat, les OSCE chiliennes vont également :

a) combler des déficiences des services publics par des gestions et des actions concrètes :

a. Les autorités n’ont pas su imposer un cadre juridique contraignant et efficace. Les OSCE vont tenter de pallier ces manquements en faisant pression sur l’entreprise polluante pour limiter les nuisances, par des manifestations, des marches (pression sociale) et aussi par des négociations durant lesquelles l’OSCE sert de truchement entre les communautés locales et l’entreprise (par exemple l’OSCE « Fondation Casa de la Paz »).

b. Un autre domaine d’une mauvaise gestion concerne les déchets (recyclage, compostage et nettoyage). Par exemple, suite aux déficiences du système communal d’enlèvement des ordures ménagères, des citoyens d’Antofagasta regroupés dans l’OSCE « Groupe de base pour le nettoyage des plages Antofagasta » s’occupent du nettoyage de zones côtières.

b) influencer les pouvoirs publics : a. Des OSCE vont essayer de jouer un rôle actif au niveau des revendications

politiques et environnementales (cf. Dumoulin, chap. 2) à l’extérieur des Institutions par l’organisation de MSE (Mouvement sociaux environnementaux), par exemple le « Conseil de défense de la Patagonie » pour une « Patagonie sans barrages ».

b. Des OSCE vont aussi exercer des actions de lobbying au sein des Institutions publiques pour essayer de changer la législation (par exemple : l’OSCE « Centro ECOCEANOS » qui tente de faire changer la législation de la pêche, ou encore la Fondation IEP qui essaie d’intervenir dans la préparation du Plan régulateur urbain de la ville de Santiago).

c) proposer de nouvelles formes de développement. Par exemple : l’OSCE Casa de la Paz propose un modèle de développement durable plus respectueux de l’environnement, en fournissant du consulting, des tables de travail et par l’éducation. Nous trouvons un autre exemple avec l’OSCE IEP (Institut d’Ecologie Politique) qui intervient dans l’éducation citoyenne pour l’utilisation rationnelle de l’énergie.

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Fig. 29: Division des OSCE par régions. Les principales pressions sur l’environnement chilien et les principaux pôles d’actions (Construit lors de cette recherche).

Grand Nord (désertique) Zone d’exploitation minière :

- Défense des animaux - Gestion des déchets - Récupération des sols - Défense de l’eau

Petit Nord (semi-aride) Zone d’exploitation minière, agricole et vinicole:

- Défense de l’eau - Défense des sols agricoles - Défense des victimes

Centre et RM de Santiago ( climat méditerranéen) Zone d’activité politique, administration, agriculture et industrie, urbanisation :

- Gestion des déchets - Pollution de l’air - Politique environnementale - Recherche - Autres

Sud (tempéré chaud et océanique) Zone d’hydroélectricité, forestière et industrielle :

- Protection des forêts endémiques (hotspot)

- Défense des victimes (Mapuches)

- Protection de l’eau - Protection de la terre

Extrême sud (tempéré froid et subpolaire) Zone d’hydroélectricité, forestière, d’élevage et d’aquiculture :

- Protection des forêts endémiques

- Protection de l’eau - Protection des sols - Salmoniculture

P r o t e c t i o n d e s é c o s y s t è m

e s m a r i n s + E

d u c a t i o n p o u r l’e n v i r o n n e

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4.1.- La vision selon les organismes internationaux : PNUD

Le Programme des Nations Unies pour le développement –PNUD- a publié en 2006 une étude sur les OSC à but non lucratif du pays (OSFL, Organisations sin fines de lucro) en tant que capital social, c'est-à-dire générateur d’emplois. Selon cette vision, les organisations de la société civile à but non lucratif jouent un rôle majeur dans la construction de liens de confiance et de réciprocité, nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie et de l’économie de marché. (Irrazaval, et al-PNUD, 2006) Cette définition converge avec la définition d’Hengstenberg (voir Chap. 2) qui situe les OSCE entre l’Etat, le marché et la société, comme un acteur nécessaire pour la démocratie Pour faire cette recherche, la première étude de ce genre du pays, le PNUD a travaillé en collaboration avec le Centre d’Études de la société civile de l’Université Johns Hopkins aux Etats-Unis. Selon la PNUD, les organisations sociales sont divisées en deux grands groupes selon les rôles qu’elles jouent : les OSC avec une fonction de service et les OSC avec une fonction expressive. Les premières participent à la prestation directe de services à la communauté tandis que les deuxièmes proposent des espaces pour l’expression des valeurs, des croyances, etc. Selon le PNUD, les OSCE chiliennes ont un rôle expressif.

Fig. 30: Selon le PNUD, les OSCE chiliennes ont un rôle expressif, elles sont l’espace d’expression des croyances et des valeurs. (Photo : Semillas de Agua, 2010) Celles qui ont un rôle de service (dans le secteur de l’éducation, du service social, du développement communautaire et de la santé) génèrent la majeure quantité d’emplois (59%) tandis que les organisations à rôle expressif, dont les OSCE, rassemblent 38% des emplois du secteur à but non lucratif. Les OSCE de leur coté génèrent seulement 1% de l’emploi et sont composées principalement de travailleurs bénévoles. D’ailleurs l’emploi bénévole est créé majoritairement par les organisations qui jouent un rôle expressif. Les OSCE en tant qu’organisations à but non lucratif, ont donc une présence faible suite aux revenus moindres qu’elles administrent, au nombre limité de personnes rémunérées qu’elles engagent et au fait qu’elles travaillent principalement avec des bénévoles. Selon le PNUD en

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tant que capital social les OSCE chiliennes ne sont pas encore suffisamment consolidées dans pays.

Tableau 11: Tableau comparatif des OSC (Perçues comme des OSFL) selon leurs rôle de service et leur rôle expressif et par rapport à la génération d’emplois.

4.2.- Les OSCE chiliennes selon la société civile internationale : le réseau CIVICUS

CIVICUS, l’Alliance mondiale pour l’action citoyenne, est un des plus vastes réseaux internationaux d’ OSC qui compte à peu près 1000 organisations, des mouvements sociaux et des populations en provenance d’au moins 105 pays différents. Ce réseau a été créé dans le but de « renforcer l’action citoyenne et la société civile à travers le monde… en s’appuyant sur la force du réseau international de ses membres ». Il agit en tant que « courtier du savoir » en « fournissant à ses membres, à ses partenaires, à ses alliés, aux médias et à d’autres, des analyses de qualité pour étayer des campagnes ou d’autres interventions.» (CIVICUS, 2010). Dans ce contexte il a mis en marche un programme de recherche appelé « Indicateur de la société civile –ISC-» implanté dans près de 60 pays, dont le Chili. CIVICUS et leur partenaire chilien, l’ OSC « Fondation Soles », ont dressé en 2006 une analyse détaillée sur l’état de la société civile et de la vie associative du pays. Ils concluent que la société civile chilienne, très éloignée des institutions d’État, ainsi que fort fragmentée, se trouve aujourd’hui dans une phase de reconstruction. Ils signalent que le cycle de destruction de la société civile qui débute en 1973, montre aujourd’hui les premiers signes de récupération organique : réinvention des formes d’organiser, pour éduquer et pour construire des réseaux et des liens. Même si les capacités d’influencer les politiques d’État sont encore limitées, il semblerait qu’il émerge une vie associative plus organisée qui compte des OSC leaders capables de rassembler des forces et d’interagir avec d’autres secteurs (dont les médias). Et justement un des acteurs ayant la meilleure cote sont les OSCE. Il semblerait que leur capacité à préserver l’environnement est une des forces de la société civile chilienne.

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Pour arriver à cette conclusion CIVICUS et SOLES centrent leur analyse sur l’observation d’un indicateur de la société civile (le numéro 3.7.1) qu’ils nomment : « Indicateur de la durabilité environnementale ». Sur une échelle de 0 à 3, l’analyse indique à quel degré les actions de la société civile, dont les OSCE, se situent pour préserver l’environnement (0=résultat négatif et 3= résultat positif). Référence Indicateur Points

3.7.1 Des actions de la société civile pour préserver l’environnement

3

Tableau 12: Indicateur ISC sur la durabilité des actions de la société civile destinées à préserver l’environnement. Elles sont cotées avec le maximum des points -3 points. (CIVICUS Chili, 2006 :70) Après le sommet de la terre au Brésil (1992), de nombreuses initiatives pour préserver l’environnement au Chili commencent à voir le jour. Leurs actions et les initiatives entamées vont se centrer sur les rôles d’information, d’amélioration des situations données et d’éducation. Elles remplissent aussi la fonction d’entamer des actions d’opposition ou de dénonciation de projets nuisibles pour le milieu naturel et de proposer des politiques de changement aux gouvernements. a) Information : Selon CIVICUS, les interventions des OSCE chiliennes ont comme rôle principal de rendre l’accès à l’information plus facile et direct. Dans ce sens, connaître les plans, les politiques, les études ou les ressources du secteur public et destinés à l’environnement sera une de leurs missions centrales. Voici quelques exemples d’organisations réparties en fonction de leurs domaines d’action :

- Pour les écosystèmes aquatiques et les ressources liés à la pêche il y a une prévalence pour les ONGE OCEANIA et ECOCEANOS

- Pour les forêts et les activités sylvicoles il y a CODEFF, TERRAM, Ingénieurs pour la forêt primaire et Greenpeace Chili

- Pour les ressources hydriques, CIVICUS fait référence aux Agriculteurs de Pica à Collahuasi (Ière région) qui se sont organisés dans le but de dénoncer les exploitations minières qui détournent les eaux communément utilisées pour irriguer les terres agricoles de la vallée.

b) Amélioration et éducation : Concernant les usages et les bonnes pratiques en faveur de l’environnement, les actions des OSCE sont destinées à améliorer les conditions d’exploitation des endroits qui présentent des dégâts par la voie du recyclage, le compostage et l’éducation environnementale dans les écoles et les quartiers. Ce type d’intervention reçoit le soutien financier des Fonds de protection environnementale de CONAMA et des organismes internationaux. c) Opposition et dénonciation : Les OSCE joue également le rôle de s’opposer aux projets qui mettent en péril l’environnement et l’équilibre des écosystèmes locaux. Il s’agit par exemple des actions entamées contre les dangers potentiels que peuvent engendrer le projet minier de Pascua Lama ; ou encore des dénonciations face à la construction des barrages hydroélectriques dans la Xème région suite a la montée des eaux qui pourrait détruire des ressources naturelles et la biodiversité de la zone. d) Think tank : Pour conclure, CIVICUS signale que dans la défense et la protection de l’environnement les OSCE du pays jouent un rôle majeur sur le terrain et contribuent aussi à introduire des problèmes environnementaux dans les agendas politiques des

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gouvernements. De cette façon les gouvernements deviennent plus actifs face à ces demandes.

4.3. - Les rôles des OSCE selon la Loi chilienne

Au début des années ‘90 le pays ne possédait ni un cadre juridique en matière d’environnement, ni une institution gouvernementale centrale pour administrer et prendre en charge les multiples problèmes qui pesaient sur le milieu et les ressources naturelles. La « Loi 19.300 des Bases générales de l’environnement » approuvée en mars 1994 sous la direction du Président chilien Patricio Aylwin, créa le premier organisme du secteur : CONAMA, Commission nationale de l’environnement. La CONAMA est un service de consultation, d’analyse, de communication et de coordination en matière environnementale qui propose au Président de la République des politiques d’action. En 2007, le gouvernement de Michelle Bachelet donne le statut de Ministre au directeur de la CONAMA (Loi nr. 20.173). Il s’agit d’un Ministre sans Ministère, qui préside le Conseil directif de cette institution, composé par d’autres Ministres (de l’économie, du transport, de l’urbanisme, de la santé, de la défense, etc.) Puis en juin 2008 Bachelet présente un nouveau Projet (Loi 20.417) qui introduit des changements aux lois précédentes, créant ainsi le Ministère de l’environnement ainsi qu’un organisme de contrôle décentralisé (« Superintendencia del Medioambiente »). Le projet reçoit l’accord du Sénat et de la chambre en janvier 2010. (CONAMA, 2010) Même si du point de vue juridique cette institution d’État bénéficie aujourd’hui de l’approbation légale des autorités législatives, dans la pratique elle n’est pas en fonction et au moment de la rédaction de cette recherche, l’ensemble du projet se trouve dans une fasse d’attente. Les nouvelles autorités politiques (les autorités exécutives) arrivées à la direction du pays en mars 2010 ont présenté des objections. Face à l’incertitude concernant la future installation du Ministère et de l’organisme de fiscalisation environnementale, nous allons considérer la Loi de 1994 comme le cadre juridique de référence. En effet, elle détermine encore les méthodes d’évaluation d’incidences environnementales d’application ainsi que les formes de participation et les rôles des OSCE chiliennes. La Loi des Bases de l’environnement est fondée sur le premier principe qui signale que tout le monde a le droit de vivre dans un environnement libre de pollution. Dans ce contexte, les rôles des OSCE qui découlent de la Loi sont : s’opposer aux projets nuisibles grâce au Système d’évaluation d’impact environnemental (SEIA) et entamer des campagnes éducatives pour la protection de l’environnement. (Loi 1994- U. du Chili, 2010) a) Opposition aux projets nuisibles : Afin d’atteindre l’objectif central qui est de protéger l’environnement, la Loi incorpore cette perspective participative en intégrant les opinions de toutes les victimes ou personnes touchées par une problématique ou par un projet spécifique, mais aussi l’avis des organisations citoyennes plus structurées. L’Etat à travers des Commissions régionales (COREMA) et la CONAMA, a donc le devoir de faciliter l’information pour les organisations locales ainsi que d’établir les mécanismes qui assurent la participation de la communauté organisée. D’autre part les OSC ont le droit de réfuter tout nouveau projet en attente d’autorisation qui pourrait produire des impacts négatifs sur le milieu naturel et le cadre de vie des citoyens. Dans ce sens, les OSCE remplissent la fonction de contester des initiatives considérées comme nuisibles pour le milieu naturel et la vie humaine, même si elles ne sont pas des victimes directes d’une action quelconque.

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Avec ce principe, la Loi cherche à incorporer des tierces personnes qui peuvent entamer des actions pour protéger l’environnement et même obtenir la réparation des dégâts. Les ONG et les organisations de la société civile seront donc écoutées dans un Conseil consultatif créé par ce cadre juridique. L’objectif étant d’analyser les conséquences d’une action sur l’environnement avant qu’elle ne soit entreprise et après qu’elle soit entamée. Les OSCE participent au Système d’évaluation d’impact environnemental (SEIA) en faisant des observations aux projets. La disposition légale signale dans son art. 28 que les organisations citoyennes qui ont une personnalité juridique, ainsi que les personnes naturelles, peuvent avoir accès au contenu des Études d’impact ainsi qu’aux documents annexés (l’Étude d’impact est l’équivalent à l’Étude ou l’Évaluation d’incidence15). Par contre la CONAMA se réserve le droit de garder les antécédents techniques, financiers ou autres qui lui seront indiqués par les intéressés (les propriétaires du projet), dans le but d’assurer la confidentialité commerciale et industrielle. Les OSCE ont donc la fonction de formuler des observations à l’Étude et donner leur avis. La procédure de participation est par contre fort contestée par les OSCE qui critiquent le manque d’impartialité des auteurs des études ainsi que l’absence d’enquêtes publiques ouvertes à tous avant et après l’élaboration de l’étude. Selon la vision de certaines d’entre elles, il faudrait introduire des modifications destinées à améliorer le système national d’évaluation –SEIA- et les méthodes de participation. (U. du Chili, 2010)

Fig. 31 : L’EIE du projet Hydro Aysén reçoit 4.000 observations citoyennes et 3.150 observations des services publics. Elles retardent le travail de construction de méga-barrages hydroélectriques en Patagonie (La Nación, 2008) Par contre, dans certains cas, le SEIA apparaît efficace pour suspendre la mise en marche de projets considérés comme nuisibles. C’est le cas par exemple du projet « Hydro-Aysén » qui prévoit la construction de cinq méga-barrages en Patagonie dont un sur le Baker, une rivière binationale (Chili-Argentine) qui dépasse les 27 000 km2 et qui possède un haut potentiel hydroélectrique. En 2008 les citoyens et les OSCE du pays appartenant au Comité de défense de la Patagonie ont présenté 4.000 observations concernant le projet d’installation de la centrale « Baker » tandis que de leur coté les services publics en ont présenté 3.150. Toutes ces objections ont obligé l’entreprise à arrêter les plans de construction. « La suspension oblige l’entreprise Endesa-Colbun à retarder la construction des cinq méga-centrales, dont Baker qui devait commencer ses œuvres fin de l’année prochaine (2009) pour être opérationnel en 2013». (La Nación, 2008)

15 Il s’agît de la procédure ayant pour objectif d’analyser les conséquences d’une action sur l’environnement ou d’un projet avant sa mise en marche, afin d’éviter des dommages dans l’environnement. (notes de cours d’Évaluation environnementale, Mme. F. Godart)

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b) Campagnes éducatives : Le deuxième aspect lié à la participation de la société civile et les OSCE concerne l’éducation, l’objectif étant de résoudre les problèmes environnementaux par la sensibilité et la connaissance des sujets traités. La capacité de la population à participer à la recherche de solutions dépend de leur niveau de conscience et de formation. Les OSCE et la société civile en général ont aussi un rôle à jouer à ce niveau. Par la Loi, l’Etat chilien s’engage à promouvoir les campagnes éducatives pour la protection de l’environnement.

4.4.- Les rôles selon la perception de l’opinion publique chilienne

Les sondages d’opinion sur des matières environnementales au Chili sont rarement repris dans la littérature. Nous trouvons par contre une étude d’Opinion publique élaborée par la CONAMA en 2008 qui fait référence aux perceptions citoyennes sur les problèmes environnementaux et sur les rôles des acteurs sociaux face à la dégradation du milieu naturel. Dans ce sens, la population attribue un rôle reconnu aux OSCE chiliennes lors de la recherche de solutions aux multiples dégâts et pressions qui pèsent sur l’environnement. D’ailleurs elles sont perçues comme des acteurs qui doivent agir et répondre en mettant sur pied des actions concrètes. Bien qu’elles ne soient pas les seules à avoir cette tâche (15% de la population donne cette fonction aux entreprises), 6% de la population par contre compte sur les organisations de défense de l’environnement pour résoudre certains des problèmes perçus comme graves (par ordre décroissant : la destruction de la couche d’ozone, la pollution atmosphérique, la pollution de l’eau, la perte de la biodiversité, l’appauvrissement des sols et la contamination acoustique). Ceux qui doivent prendre des responsabilités par contre, sont d’abord le Gouvernement (33%) et puis les citoyens eux-mêmes (27% des opinions). (U. du Chili, 2010) Quelles sont les tâches à prendre en charge par les OSCE dans le but de diminuer les dégâts et de résoudre les problèmes environnementaux du pays? La population identifie les rôles suivants: éduquer les citoyens, augmenter et améliorer la fiscalisation, promouvoir des mesures pour la dépollution, proposer des politiques environnementales meilleures et nouvelles, augmenter les travaux de recherche. (ibid.) Ce même sondage signale que 6% des citoyens questionnés reconnaissent aussi l’ONG internationale Greenpeace ainsi que les associations locales de protection de l’environnement, comme des institutions avec une certaine autorité et une crédibilité en la matière. Tandis que 40% de la population ne reconnaît aucune autorité générale valable, laissant entrevoir par ce fait que les institutions du secteur environnementale mises sur pied par l’Etat (la CONAMA entre autres, reconnue seulement par 20% de la population) sont perçues comme n’ayant pas de poids en la matière. Face à ce sentiment d’absence de gestion gouvernementale des sujets perçus comme problématiques, les citoyens semblent se tourner vers d’autres interlocuteurs qui répondent aux besoins du secteur. Nous retrouvons ici l’observation faite par Doucin, à savoir que ces OSCE visent à combler certaines insuffisances de l’action publique dans les domaines environnementaux. Un phénomène d’ailleurs courant sur le continent latino-américain. (cf. chap. 2)

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CHAPITRE IV - ANALYSE DE CAS

ANALYSE DES ORGANISATIONS CHILIENNES DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

1.- Les hypothèses soulevées

Comme nous l’avons vu au chapitre 1, les pressions qui pèsent sur l’environnement chilien sont dues aux multiples activités productives et à l’exploitation accrue des ressources naturelles, considérée par le pays comme le moteur de l’économie. Nous avons constaté aussi que le cadre juridique qui régule l’environnement du pays (Loi de bases sur l’environnement de 1994) semble insuffisant pour donner des solutions et pour limiter les formes d’exploitation et d’extraction des ressources naturelles (U. du Chili-PNUE, 2010). Les différents types d’OSCE décrits interviennent aussi dans des secteurs variés. Leur but étant de protéger l’environnement soumis à ces multiples pressions. Ces constats nous permettent de soulever certaines hypothèses générales concernant les rôles que jouent les OSCE chiliennes dans le pays :

a) elles auraient la fonction de combler certaines insuffisances de l’action publique en matière environnementale,

b) par la voie des MSE (Mouvements sociaux environnementaux) et des observations introduites aux Études d’incidence environnementale, elles auraient la capacité de retarder des projets considérés comme nuisibles à leurs yeux, mais pas la capacité de les arrêter définitivement,

c) elles joueraient une fonction, qui semble fort présente, de lutte revendicative et de lobbying politique tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des institutions publiques ou privées,

d) elles auraient la capacité de résoudre des problèmes concrets par des actions sur le terrain,

e) elles noueraient des liens avec des organisations de base, des OSCE nationales et internationales, un phénomène qui les situe dans une position avantageuse vis-à-vis des institutions publiques et des entreprises privées.

Afin de vérifier ces hypothèses nous allons observer de plus près comment travaillent et agissent les OSCE locales que nous avons interviewées. 2.- Analyses de cas des OSCE interviewées

2.1.- La pré-société civile mobilisant des ressources participatives : « Groupe de base pour le nettoyage des plages d’Antofagasta »

La crise des déchets dans la ville d’Antofagasta

Selon le dernier recensement national de l’année 2002, 97,7% de la population de la IIème région, la région d’Antofagasta, est urbaine, ce qui équivaut à plus de 420 mille personnes. (INE, 2008). Située sur la côte et bordée par le désert d’Atacama, la ville d’Antofagasta est la capitale régionale et le centre administratif de la zone. Elle concentre le plus important nombre d’habitants de la région.

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Pour gérer ses déchets, la Municipalité de la ville a contracté les services d’un concessionnaire privé nommé «CASINO Aseos Industriales”. Au début de l’année 2010, la ville a du faire face à l’une des ses plus graves crises sanitaires suite aux conflits entre cette entreprise privée et les autorités communales qui avaient contracté les services de celle-ci. Les modifications apportées dans le système de collecte des déchets des particuliers et le désaccord autour du contrat signé entre les deux parties ont provoqué l’accumulation de tonnes de poubelles et d’ordures dans différents points de la ville. (Senat du Chili, 2010)

Lors de l’appel d’offres initial, un projet avait vu le jour pour la collecte des ordures : il s’agissait de la mise en place de containers de collecte dans certains points de la ville, au lieu du système traditionnel d’utilisation des camions ramasseurs de déchets et d’un staff de travailleurs responsables d’enlever les poubelles devant chaque domicile. (Guerra, in Casino 2010)

Indépendamment à ce problème, les autorités sanitaires de la région ont également détecté des foyers épidémiques de maladies virales (le choléra), créant une pression supplémentaire sur la population et l’environnement urbain. C’est dans ce contexte que naît une nouvelle association qui se définit comme « Groupe de base pour le nettoyage des plages d’Antofagasta ». Elle compte résoudre les problèmes ponctuels dus à l’accumulation des déchets sur les plages de la ville.

Fig. 32 : « Groupe de base pour le nettoyage des plages d’Antofagasta». (Photo : Rocco, 2010) Il s’agit d’une organisation informelle de base composée de volontaires (la pré-société civile selon Doucin, cf. chap. 2) qui peut compter sur le soutien de l’association ProA (Pour Antofagasta) et des membres de la marine locale. « Un groupe de personnes de la ville d’Antofagasta s’est organisé de sa propre initiative pour effectuer des nettoyages de plages dans la ville, s’envoyant des e-mails d’ami en ami. Les personnes intéressées se présentent au lieu de rendez-vous, au jour et à l’heure indiqués dans les e-mails, munies de gants et de sacs poubelles. La personne qui organise l’action prévient le Secrétariat de la mer (Gobernación marítima) comptant ainsi sur leur participation. Il a été établi que les actions auront lieu le dernier jour de chaque mois et la plage a été sélectionnée à l’avance. Durant le nettoyage, le verre est séparé du reste des ordures et il est remis à une institution qui le collecte à des fins humanitaires (Coaniquem). Nous faisons aussi appel à la presse locale pour diffuser les actions ». (Rocco, interview 2010)

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Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, cette OSCE est une organisation appartenant au mouvement mobilisant des ressources participatives (cf. chap.2) car :

a) elle incorpore des membres de base pour générer des idées et des actions, b) elle inclut différents types de réseaux (formels et informels), c) leurs membres donnent une continuité au mouvement par des systèmes CMC, d) il existe un contact direct précédent les contacts virtuels.

Dans ce cas concret, l’OSCE aurait la fonction de combler les déficiences d’une action incombant aux institutions publiques. Dans l’urgence, l’organisation prend en main une tâche normalement dévolue à la Municipalité. « Sur le terrain, nous montrons à la Communauté qu’il n’est pas nécessaire d’appartenir à une grande organisation pour apporter notre petite pierre à la conservation de l’environnement » et plus spécifiquement à la conservation de l’environnement du milieu urbain (Rocco, interview 2010). A court terme, elle est efficace pour résoudre ce problème ponctuel. Par contre, à long terme, la situation est différente car il existe certaines tâches que l’association locale ne peut accomplir sans la participation des organismes publics. « Nous cherchons à créer une culture de nettoyage dans la ville et ensuite une culture du recyclage, mais pour cela l’Etat ou la Municipalité devrait avoir des ressources afin de pouvoir investir dans des entreprises ou des décharges où aurait lieu le recyclage… on ne peut pas apprendre à la population à trier ses ordures et à recycler si tout est à nouveau mélangé à la décharge». Même si l’OSCE comble un manque des services publics, elle ne remplace pas pour autant l’administration publique. 2.2.- « Coordination contre Pascua Lama de Santiago» : la formation des MSE face à l’exploitation minière

De l’eau oui, de l’or non

Nous avons vu précédemment de quelle façon l’activité minière pouvait exercer des pressions sur les ressources hydriques (cf. chap. 3). La future exploitation d’or de la mine de Pascua Lama est située près d’une vallée agricole semi-aride au nord du Chili. Elle oppose les populations locales exerçant une activité de subsistance, à un des plus vastes projets miniers du pays issu d’une multinationale spécialisée dans l’extraction et l’exploitation de l’or. De multiples organisations de base (pré-société civile) et des OSCE nationales sont apparues autour de ce projet minier. Les OSCE veulent empêcher la dégradation de trois glaciers qui se situent au-dessus de la mine, des glaciers qui donnent naissance à la rivière Toro qui nourrit les terres agricoles de la zone. Les OSCE agissent en réseaux et forment un des plus importants mouvements sociaux environnementaux – MSE - du pays, mobilisant des ressources participatives (cf. chap.2). (D’ailleurs « Non à Pascua Lama » et « Patagonie sans Barrages » sont les MSE les plus importants actuellement au Chili). C’est dans ce contexte que naît l’OSCE « Coordination contre Pascua Lama de Santiago », qui est le résultat d’une évolution qui a commencé aux alentours de 1998-1999. L’association, telle qu’elle est aujourd’hui, est composée de jeunes professionnels venus de tout le pays, majoritairement des ex-étudiants de l’Université du Chili. « Quand je suis arrivé dans la vallée pour diriger un programme de radio et préparer mon mémoire de fin d’études (anthropologie), le mouvement contre Pascua Lama était composé de 5 personnes dont une sœur de la paroisse de Huasco »… Par la suite, d’autres groupes et associations sont nés et ont rejoint les initiatives organisées contre l’exploitation de la mine. « Quelques religieux de

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la vallée ont d’abord formé un groupe appelé ‘Pastorale de la Sauvegarde de la Création’ et tous leurs confrères, avec le soutien de l’Evêque, se sont progressivement unis à la lutte contre l’entreprise minière et ont parlé du problème a l étranger ». (El Chapa, interview 2010)

Fig. 33 : Manifestation publique à Santiago organisée par les OSCE chiliennes appartenant au MSE « Non à Pascua Lama » Au vu de sa structure et de son fonctionnement que nous avons décrit précédemment (cf. chap. 2 typologie), il s’agit donc d’une organisation informelle dont l’objectif principal est d’essayer d’arrêter la source responsable des nuisances sur l’environnement, c'est-à-dire d’arrêter le projet minier, et de consolider des liens avec des organisations locales, principalement des agriculteurs, pour constituer des mouvements sociaux contre la multinationale. Si leurs actions, communes avec celles d’autres OSCE et organisations de base, ont contribué à retarder le projet, elles ne l’ont pas arrêté définitivement, l’étude d’impact environnemental de l’entreprise ayant reçu l’approbation de la CONAMA en février 2006. En conclusion, ce cas remplit donc les 2 hypothèses suivantes :

a) l’OSCE retarde le projet mais ne l’arrête pas et, b) la force de l’OSCE est de faire des actions efficaces grâce à leurs réseaux d’organisations de base.

2.3.- « ECOCEANOS », les interventions médiatisées

OSCE contre la chasse aux baleines En 2008, le gouvernement chilien crée au Chili le sanctuaire des baleines de l’océan austral « Roca Oceánica de Concón » (loi 20.293). Ce sanctuaire est un lieu de vie paisible pour 43 espèces de cétacés, par ailleurs protégées par cette loi. En juin 2010, les baleines ont vu leur futur devenir incertain suite à la proposition présentée à la Commission Baleinière Internationale (CBI) de reprendre la chasse commerciale aux baleines, y compris dans des sanctuaires naturels. Cette proposition a été très critiquée par les OSCE du pays qui ont réalisé une campagne médiatique d’opposition de grande ampleur. (CCC, 2010) L’organisation ECOCEANOS (organisation mobilisant des ressources professionnelles, cf. chap. 2 typologie) a rejoint la cause de la défense des baleines, en réseau avec d’autres organisations et OSCE chiliennes de défense des espèces marines. Ses interventions ont consisté en :

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a) démarrer la campagne nationale ‘Stop à la chasse à la baleine’ en coordination avec d’autres organisations : CCC (Centre de Conservations des Cétacés) et AnimaNaturalis,

b) faire un travail de lobbying auprès des autorités politiques du pays pour qu’elles fassent pression sur la CBI, car la proposition de rétablir la chasse à la baleine avait soutenue par Cristian Maqueira, chilien, Président de CBI. (ECOCEANOS 2010),

c) rejoindre un MSET déjà actif dans le monde entier. Finalement, la proposition n’a pas vu le jour car elle a été rejetée par les pays composant la CBI. En conclusion, l’action d’ECOCEANOS a combiné sa voix avec celle d’autres mouvements internationaux, ce qui a permis d’arrêter la proposition de la fin du moratoire de la chasse commerciale à la baleine. Nous voyons que le lobbying politique réalisé par ECOCEANOS avec les autres membres des réseaux a porté ses fruits, car des politiciens ont rejoint la campagne nationale d’opposition. Le réseau de base d’ECOCEANOS (Conapach – réseau de pêcheurs) a aussi soutenu des initiatives qui nous ont démontré la force qu’un réseau de base peut donner.

Fig. 34 : Campagne nationale des OSCE chiliennes pour la défense des baleines

2.4.- « Groupe de Sauvetage et de Réhabilitation d’Animaux Sauvages », la conservation de la nature

La défense de la faune

Dans la région d’Antofagasta, au nord du Chili, la faune sauvage est victime de multiples nuisances générées par l’activité minière et par la pêche. Les effets anthropiques se répercutent sur les animaux, par l’emploi industriel qui est fait aujourd’hui de la côte. Par

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exemple, tout le développement industriel de la ville de Mejillones affecte plusieurs écosystèmes. Le port d’embarquement de tous les minéraux de la zone (y compris du plomb), et la thermoélectricité (quatre centrales fonctionnant au charbon, au gaz naturel et au pétrole) provoquent une grande pollution des eaux et des fonds marins du secteur qui n’a pas été prise en compte par les autorités. (Guerra, interview 2010)

Fig. 35: Jeune puma nourri au centre GRRAS. Il sera relâché quand il pourra être autonome. (GRRAS, 2010) Pour résoudre, du moins ponctuellement ces problèmes sur le terrain, le centre bénéficie d’un local mis à sa disposition par l’Université de la ville. C’est un lieu de passage pour les animaux, de récupération et ensuite de libération. Les animaux malades arrivent au centre, ils sont soignés, alimentés, puis remis en liberté dans leur milieu naturel. L’ OSCE a généré une infrastructure liée à l’éducation, a créé des modules éducatifs et a fait participer des collèges et des groupements sociaux à des activités relatives à l’éducation environnementale, créant ainsi des réseaux locaux. Quand surgit un problème environnemental, la presse vient immédiatement interviewer l’OSCE, et comme celle-ci est connue et a beaucoup de contacts avec le public, elle est crédible. « Nous avons un pouvoir de persuasion, et ce que nous disons a du poids, au niveau local certes, mais du poids quand même. » (ibid) Le contact avec la communauté est plus direct qu’avant: « avant, si un éléphant de mer était blessé par exemple, les gens appelaient la police ou les pêcheurs, qui prenaient contact avec nous. Aujourd’hui, la population nous appelle directement ». (ibid) L’organisation effectue des actions de lobbying : « nous sommes impliqués dans la préservation de la biodiversité: nous luttons depuis longtemps pour que la Péninsule de Mejillones, située entre Antofagasta et Mejillones, soit considérée comme un sanctuaire de la nature et que des mesures soient prises en ce sens. Pour ce faire, nous avons conscientisé les gens et, en début d’année, une partie de cette zone a été prise en charge par la CONAF et a déjà été transformée en parc national ». (ibid) Pour conclure, GRRAS joue un rôle :

a) au niveau du lobbying politique pour la création de Parcs nationaux b) de résolution de problèmes sur le terrain via des actions directes de sauvetage

d’animaux, c) de constitution de réseaux avec des populations locales et des organisations de base

par l’éducation et le travail quotidien. Dans ce cas, nous observons que l’organisation ne cherche pas à combler un manquement de l’Etat.

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Fig. 36: Remise en liberté dans son milieu naturel d’un renard (zorro) soigné au centre de sauvetage GRRAS (GRRAS, 2010) 2.5.- Problèmes transversaux pour des OSCE généralistes : Casa de la Paz et IEP

Fondation Casa de la Paz

L’environnement chilien, soumis à de multiples pressions, demande une intervention des OSCE dans des secteurs plus transversaux : l’éducation, la négociation, la proposition de politiques publiques, l’expertise en groupe (think tank), etc. Pour la Fondation Casa de la Paz, la solution aux problèmes environnementaux du pays passe par la mise en place d’un modèle de développement durable, plus respectueux de la nature et des populations. L’OSCE établit des liens avec des réseaux de base, mais aussi avec les entreprises et agit en médiateur entre ces deux mondes, dans le cadre de projets qui génèrent des conflits environnementaux. Par rapport au monde indigène, par exemple, des entreprises minières l’ont contactée pour faire passer une ligne à haute tension à travers une zone de développement indigène. Leur action a consisté à expliquer à la communauté indigène quelle était la loi et à leur demander de définir le tracé qui les incommoderait le moins et de négocier ensemble les compensations financières. Casa de la Paz anime des tables de travail pour apporter les conditions nécessaires à un dialogue constructif entre la communauté et l’entreprise.

Fig. 37 : Casa de la Paz réalise des programmes d’éducation à l’environnement (Casa de la Paz, 2010) L’organisation a aussi des liens avec l’Etat mais elle n’essaie pas de combler les manquements de ce dernier. Elle propose par contre des niches nouvelles de développement : elle participe à toutes les tables de travail auxquelles elle est invitée, par exemple la table de travail sur la politique de développement durable et celle sur la politique nationale de la biodiversité.

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L’OSCE propose de nouvelles relations entre les principaux acteurs impliqués dans le secteur de l’environnement (l’Etat, l’entreprise et la société civile). Sans forcement faire du lobbying, elle va proposer de nouveaux modèles de developpement et informer les différentes parties sur les besoins de chacun. En relation avec les instititions publiques et la création du Ministère de l’environnenment, l’OSCE déclare : «Je crois que la crise de la salmoniculture démontre ce que l’absence de législation environnementale signifie. La législation actuelle est mauvaise pour tout le monde, y compris pour les entreprises elles-mêmes. Quand ces dernières analysent le problème de la salmoniculture, elles disent: “ce qui nous a manqué, c’est une pénalité monétaire”. Par conséquent, il me semble que le Ministère de l’Environnement viendra répondre à ce besoin de répression ». (Abogabir, interview 2010) Casa de la Paz ne s’oppose pas aux projets, mais essaie de trouver des solutions pour minimiser les nuisances. Elle a decidé de pénétrer au sein de l’entreprise pour bien expliquer à cette dernière quelles nuisances elle ocasionne et pour lui permettre de mettre sur pied un projet avec le moins d’externalités négatives possibles. L’association s’est rendue compte que sans travailler avec l’entreprise et de pouvoir influer sur ses décisions internes, le reste de son travail n’ a pas de sens et que les résultats obtenus sont décevants. « Il faut reconnaître que l’impulsion principale du changement dans le domaine environnemental au Chili provient des exigences du marché externe. Par exemple, un secteur aussi conservateur que le secteur agricole a dû mettre en place de nouvelles et de bonnes pratiques agricoles simplement pour pouvoir exporter ses produits vers des marchés extérieurs à la rentabilité plus élevée. Et dans ce cas précis, l’action des ONG a été très limitée. Le Chili aujourd’hui fait partie de l’OCDE et de ce fait a de toute façon l’obligation d’améliorer ses pratiques environnementales ». (Abogabir, interview 2010) Pour conclure, cette OSCE de type professionnel et intermédiaire va faire :

a. une sorte de lobbying politique auprès des Institutions d’Etat, b. elle ne va pas tenter d’arrêter des projets, mais plutôt essayer de les améliorer, c. elles vont établir des liens avec les organisations de base, pour l’éducation et pour le

dialogue constructif avec l’entreprise, d. Dans leur rôle d’intermédiaire, elle va essayer de résoudre des problèmes que

l’entreprise génère, e. Leur but n’est pas de combler le manquement de l’Etat.

Fondation Institut d’écologie politique IEP IEP travaille sur des projets financés par l’Etat et fournit des prestations de services. Ce financement est problématique car l’OSCE vit en permanence sous la menace de perdre son financement public si elle réalise trop ouvertement des actions contre les intérêts de l Etat. Pour cette OSCE le but principal de ses interventions est de mettre en place un modèle de développement durable. La croissance économique doit aller de pair avec l’accroissement de l’éducation, de la conscience environnementale… Cette organisation est généraliste, elle travaille sur de multiples problèmes environnementaux du pays, comme l’économie d’énergie, la pêche, la protection des ressources forestières, l’élevage du saumon, etc. Elle intervient aussi dans les espaces urbains (Plan Régulateur de la Ville de Santiago, cf. chap. 3)

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“ Nous investissons parfois des mois de travail avec des groupes locaux qui planchent sur des sujets concernant l’urbanisation (programme d’une ville plus amicale). Nous nous réunissons et présentons des propositions et des documents au gouvernement et à d’autres institutions sur de meilleures manières de gérer la ville. Nous essayons d’intervenir dans tous les secteurs et pour cela, nous travaillons étroitement avec nos réseaux locaux. Nous avons par exemple un réseau pour les sujets concernant l’urbanisation, un réseau pour les problèmes forestiers, etc.… » (Sparza, interview 2010) Pour IEP, l’éducation et l’information sont importantes car plus une personne est informée, plus la protection de l’environnement est assurée. L’agent de changement n’est pas l’ONG, mais les gens. « Nous sommes juste les catalyseurs, dans la mesure ou nous contribuons à maintenir les gens informés » (ibid)

Fig.38 : L’OSCE Institut d’écologie politique IEP, intervient dans de multiples secteurs, dont l’énergie renouvelable et la planification du territoire. En résume, IEP:

a) travaille étroitement avec différents réseaux spécialisés dans des secteurs diversifiés, b) fait du lobbying auprès de l’Etat et suggère des propositions pour l’amélioration du

cadre de vie auprès des autorités communales, c) résout des problèmes dans le secteur de l’énergie verte à l’échelle du citoyen, d) son rôle central n’est pas de combler les manquements de l’Etat, mais plutôt de

résoudre des problèmes par l’éducation de la population, et par ce fait, de déclencher le changement.

R

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Nom de l’organisation

Typologie d’OSCE

Secteur d’intervention

Réseaux MSE d’appartenance

Les objectifs Méthodes de travail

Type de financement

Rôles identifiés

Coordination contre Pascua

Lama de Santiago

- Informelle -Mobilisant des

ressources participatives

-Deep-ecology -Revendicative (lobby externe)

L’exploitation minière, l’eau et les terres

agricoles

- Ong OLCA -Organisations

de paysans - La paroisse

d’Huasco - Citoyens

-Réseau en Argentine

Non à Pascua Lama - Empêcher l’installation de la

mine d’or -Protéger l’eau

- Protéger les sols et les paysans

-Changer l’institutionna

- Mobilisation sociale (des

marches) -Diffusion

d’informations (radio et web)

Bénévoles et organisation des activités culturelles

- Eco-sabotage - Dénoncer -Protéger

-Sensibiliser -Appuyer les associations

locales -Politique

Centre ECOCEANOS

- Formelle -Mobilisant des

ressources professionnelles

-Revendicative (lobby interne)

Les ressources marines

Multiples : nationaux,

internationaux, de base (des

organisations de pêcheurs)

Multiples dont : - Stop à la chasse aux

baleines -Non à la privatisation

de la mer

-Protéger les écosystèmes marins et les

pêcheurs artisanaux

- Faire changer la Loi de la pêche

- Manifestations publiques

- Diffusion et éducation

- Publications et recherches

Aides internationales et

aide des adhérents

-Lobby politique - Dénoncer - Informer

- Appuyer les associations

locales -Contre pouvoir

Fondation IEP-Institut

d’écologie politique

- Formelle -OSCE mobilisant

des ressources professionnelles -Revendicative (lobby interne)

Multiples : le secteur urbain, les ressources

naturelles l’eau, l’énergie, etc.

Multiples : nationaux et

internationaux (dont RENACE ) Programme pour le Chili durable

Multiples dont : -Non à Pascua Lama

-Patagonie sans barrages

-Proposer un nouveau modèle

de développement

-Alliances stratégiques

-Diffusion d’informations -Campagnes

Projets et prestation de

services

-Éducation -Politique

- Recherche (think-tank) -Dénoncer -Protéger

Fondation Casa de la Paz (Maison

de la Paix)

- Formelle -Mobilisant des

ressources professionnelles

- Services (projets sur le terrain)

-Revendicative (lobby interne)

Multiples : le secteur urbain, la pollution, les déchets, l’eau,

l’efficience énergétique, etc.

Multiples : - Réseau latino-

américain de conflits

-Acción AG

Pas de mouvement particulier

-Sensibiliser et éduquer pour la

protection de l’environnement

-Diffusion d’informations

-Formation destinée à la population

-Des conseils -Participation au

EIE

Projets et prestation des

services

- Education -Politique

-Négociateur -Intermédiaire

(troisième pouvoir)

-Contrôleur

Groupe de base pour le nettoyage

des plages d’Antofagasta

- Informelle - La pré-société

civile - Mobilisant des

ressources participatives

La gestion de déchets - ProA

-Citoyens d’Antofagasta

Mouvement régional pour la gestion des

déchets

- Propreté et santé

-Eduquer (changer les mentalités)

Action sur le terrain

Bénévole -Éducation - Résoudre un problème local

ONG GRRAS-

Groupe de sauvetage et de réhabilitation de faune sauvage

- Formelle -Conservation de la

nature -Lobbying à l’intérieur des

institutions locales

Les écosystèmes terrestres et marins,

faune sauvage

- Université d’Antofagasta - De multiples associations

locales

Pas de mouvement particulier

-Protection de la faune sauvage

(terrestre et marine)

- Eduquer (changer les mentalités)

Actions sur le terrain, diffusion

presse, brochures éducatives

Bénévole et soutien logistique

de l’Université d’Antofagasta

-Protection - Sensibilisation -Éducation - Lobbying

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CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Le but de ce travail était de répondre aux différentes questions que nous nous sommes posées, dont la principale était : quel est le rôle des OSCE face aux problèmes environnementaux du Chili, pays du sud en pleine croissance économique qui base son développement sur l’exploitation intensive des ressources naturelles ? Notre étude conclut que les rôles des OSCE au Chili sont multiples. Face aux divers problèmes environnementaux provoqués par la surexploitation des ressources naturelles, les organisations interviennent pour essayer d’arrêter ou de réduire les dégâts. Elles agissent directement sur le terrain auprès de la source responsable des nuisances, mais aussi dans les sphères politiques ou avec la population pour motiver les changements de comportements (sensibilisation, éducation, etc.). Les OSCE sont aussi très diversifiées et classifiées selon de multiples critères tels que leur structure interne, leur liens avec d’autres organisations, l‘appartenance aux mouvements sociaux environnementaux, etc. 1.- Bilan des problèmes environnementaux Le Chili a connu, lors de ces dernières années, une grande croissance économique basée sur un modèle d’économie ultralibérale, ouverte et orientée vers les marchés extérieurs, dont l’exploitation des ressources naturelles est l’activité la plus développée. Cette croissance a par contre généré des externalités négatives : d’une part une mauvaise distribution des revenus et d’autre part de graves problèmes environnementaux.

L’environnement du Chili est donc soumis à de multiples pressions provoquées par les activités des industries nationales et internationales d’extraction de matières primaires. L’agriculture, l’exploitation forestière, la pêche et l’extraction des minéraux sont les principaux responsables des dégâts. Par ailleurs, l’État dispose d’un cadre juridique (Loi de base de l’environnement de 1994) déficient pour limiter les nuisances apportées au milieu naturel et urbain. A tel point que la législation devient également un problème dans la gestion de l’environnement au Chili.

Les problèmes environnementaux du pays sont multiples. Selon le rapport 2010 de la PNUE, la CEPAL, la CONAMA et de l’Université du Chili, ainsi que le rapport de l’Institut national des statistiques du Chili (INE 2007), l’eau, l’air, les sols, les écosystèmes marins, les forêts endémiques, la biodiversité et l’environnement urbain (gestion des déchets, pollution de l’air,…) sont en constante dégradation. La législation est particulièrement laxiste dans les secteurs de la protection des forêts et des ressources marines, où les acteurs économiques préfèrent payer les amendes que de se mettre en conformité avec la législation environnementale. L’écosystème marin est confronté aux problèmes de la pêche d’extraction (industrielle et artisanale), de l’aquiculture (utilisation excessive d’antibiotiques dans l’élevage des saumons, entre autre), et de la décharge directement en bord de mer de polluants tant industriels qu’urbains. Pour le secteur forestier, les processus d’habilitation et de substitution, les incendies, la consommation de bois de chauffage, l’usage de bois pour créer différents produits, le trafic illégal, les inondations des superficies boisées (hotspot) par des méga-barrages hydroélectriques, dégradent le patrimoine naturel, réduisent la superficie forestière et mettent en péril la survie des espèces végétales et animales.

Quant à l’eau, nous observons une disponibilité inégale des ressources hydriques suivant la zone, une forte demande de certains secteurs productifs, et des rejets de polluants. La construction de méga-barrages hydroélectriques pour la production

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d’énergie (au sud et à l’extrême sud du Chili en Patagonie) modifie aussi le débit des eaux des rivières. L’exploitation des minéraux en montagne peut aussi perturber les ressources hydriques (glaciers). (Exemple: le projet d’exploitation d’une mine d’or au nord du pays : Pascua Lama).

La pollution atmosphérique et la mauvaise qualité de l’air sont liées aux activités urbaines, minières et industrielles et elles sont localisées principalement dans la zone centrale (Santiago et d’autres grandes villes, soumises aux émissions des sources mobiles et de l’activité industrielle), dans la zone Nord (Chuquicamata, IIème région d’Antofagasta, centre d’exploitation du cuivre) et Temuco (chauffage au bois comme source énergétique bon marché).

Les sols agricoles sont réduits à cause de la géographie montagneuse. Les principales pressions sur les sols sont l’érosion, les dégradations biologique et chimique et la désertification.

D’autre part, le secteur minier provoque la mauvaise qualité de l’air et de l’eau et rejette des résidus solides (des relaves) composés de produits toxiques. Des mines sont également abandonnées sans traitements préalables. Les problèmes les plus importants du secteur urbain sont la gestion des déchets, tant liquides que solides, la pollution de l’air et la substitution des zones agricoles par la croissance anarchique des villes. 2.- Les typologies des OSCE et les réseaux :

Face aux multiples problèmes environnementaux, des OSCE chiliennes vont agir pour essayer de résoudre des problèmes ponctuels, améliorer le cadre de vie, transformer le modèle de développement et le système institutionnel, mais aussi motiver les personnes ou l’entreprise par des valeurs ou des convictions. Dans cette étude nous avons présenté 5 types de classifications qui essaient de reprendre les multiples dimensions des organisations environnementalistes: certains modèles sont généraux et basés sur les expériences internationales des OSCE européennes et nord-américaines (Castells, Diani, Université Hopkins), d’autres modèles sont propres à l’Amérique latine (Doucin et Dumoulin). Les typologies nous montrent qu’une OSCE peut être comprise simultanément selon différentes perspectives. D’une part elle agit par exemple dans l’espace local, tandis que de l’autre elle peut établir des liens et appartenir aux réseaux internationaux. Elle peut exercer des pressions sociales et elle peut proposer des politiques d’action publique. Les différentes typologies sont :

a) la classification des OSCE selon les domaines d’intervention (l’Université Hopkins) est une référence générale qui nous permet d’identifier le secteur où l’OSCE agit,

b) la typologie latino-américaine selon la structure interne (Doucin), les OSCE

chiliennes sont divisées en 2 grands groupes : les organisations formelles et les organisations informelles. Le système juridique chilien garantit la liberté d’association, mais pose par contre des contraintes lors de la constitution d’une organisation formelle, car toute association doit recevoir l’autorisation du Président de la République et du Ministère de la Justice pour se constituer formellement. De ce fait, et à cause des difficultés administratives, beaucoup d’organisations se forment en dehors du cadre juridique,

100

c) la typologie latino-américaine, selon Dumoulin : les organisations chiliennes ont des revendications politiques et agissent en dehors des Institutions pour former des réseaux (Coordination contre Pascua Lama de Santiago), ou à l’intérieur des Institutions en faisant du lobbying politique. Par rapport à la prestation de services, les OSCE nationales travaillent principalement sur des projets de terrain et certaines suivent les idées de leurs bailleurs de fonds (ECOCEANOS, Conseil de la Patagonie),

d) par rapport aux mouvements écologistes définis par Castells, des OSCE

chiliennes tendent à rejoindre les classifications de Conservation de la nature (défense de la nature dans le cadre du système institutionnel) et de la Deep Ecology (l’éco-utopie) Il nous semble pertinent d’indiquer ici que pour le cas des exploitations minières, les OSCE ont plutôt tendance à se classer dans la catégorie NIMBY: la majorité des mines de cuivre chiliennes sont fort éloignées des régions habitées, mais quand les effets de l’activité minière se rapprochent des zones de peuplement les OSCE agissent de concert avec la population contre la nuisance,

e) par rapport à la classification selon les liens et les réseaux établit par Diani,

les OSCE chiliennes appartiennent principalement aux OSCE mobilisant des ressources participatives : il s’agit surtout d’OSCE informelles et bénévoles qui utilisent beaucoup le système de communication on-line pour organiser leurs interventions (système CMC -Computer Mediated Communication).

Mais nous trouvons aussi des OSCE qui utilisent des ressources professionnelles (des organisations de type formel qui reçoivent des subsides internationaux ou qui sont financées par des projets externes). Un cas intéressant est celui d’ECOCEANOS qui dispose d’une équipe de seulement 5 personnes, dont les actions sont très médiatisées. Des OSCE chiliennes rejoignent aussi des mouvements internationaux de défense de l’environnement quand les objectifs ou les responsables des dégâts sont communs... Suite au fait qu’au Chili de multiples entreprises d’exploitation des ressources naturelles sont des multinationales étrangères, cette tendance est en train d’augmenter. (La Coordination contre Pascua Lama de Santiago, a établit des liens avec des OSCE du Pérou, de Tanzanie et de Nouvelle guinée car Gold Barrick exploite aussi des minéraux dans ces pays).

Occasionnellement, des OSCE plus locales ou régionales éloignées du centre administratif (la ville d’Antofagasta par exemple) n’intègrent pas des mouvement sociaux environnementaux nationaux mais établissent par contre des liens avec des réseaux internationaux. (L’ONG GRRAS établit des liens avec des associations de défense des tortues marines dans tout le Pacifique Sud-est pour des échanges scientifiques.)

Les OSCE chiliennes établissent aussi des liens avec d’autres organisations locales (dont la pré- société civile) soit pour des projets ponctuels sur le terrain, soit pour constituer des Mouvements Sociaux Environnementaux (MSE) (cf. chap.2).

Elles se servent des réseaux locaux qu’elles ont formés avec des organisations de base pour la mise en place de projets comme par exemple l’énergie durable, le recyclage et le compostage. Leurs liens sont étroits et coopératifs. Ces réseaux locaux sont intégrés aussi par d’autres OSCE nationales qui ont des objectifs semblables mais parfois des divergences dans l’action. (Par exemple, la « Coordination contre Pascua Lama de Santiago » présente des différences dans la méthode de travail avec d’autres OSCE du MSE « Non à Pascua Lama).

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3.- Les rôles spécifiques des OSCE Nos observations nous permettent de constater que certaines fonctions sont communes pour une majorité des OSCE du pays. Les rôles généraux que nous avons identifiés sont : a) le rôle revendicatif : lobbying politique à l’intérieur et à l’extérieur des institutions pour transformer les lois et pour introduire des thématiques ou des sujets d’intérêt pour les OSCE. Elles vont essayer d’avoir une incidence dans les politiques publiques pour proposer de nouveaux modèles plus respectueux de l’environnement (mais ici il s’agit d’une aspiration car les possibilités réelles d’influencer les politiques nationales sont très limitées et dépendantes de l’évolution de la politique nationale). La majorité des actions et des campagnes menées par les organisations chiliennes de défense de l’environnement cherche par contre d’une manière ou d’une autre à influencer les politiques publiques. Même si aujourd’hui il n’existe pas d’études qui permettent de mesurer l’efficacité des initiatives entamées par les associations, nous trouvons par contre de nombreuses actions en provenance des OSCE dont les objectifs sont justement d’avoir une incidence dans les agendas gouvernementaux en matière environnementale, b) le rôle de dénonciation : face aux dégâts constatés ou aux dégâts à venir, informer et puis s’opposer aux responsables des nuisances, les entreprises nationales ou multinationales. Elles vont dénoncer les responsables dans le but d’arrêter les dégâts ou bloquer des projets générant des externalités négatives, c) le rôle de protection des ressources naturelles : il s’agit du rôle traditionnel identifié depuis le début de l’apparition des OSCE dans le pays, qui se focalise dans un premier temps sur le défense de la biodiversité (le cas de CODEFF pour la défense des forêts en est un exemple). d) le rôle éducatif : formation pour l’action citoyenne, les organisations cherchent à introduire un changement des comportements des populations et des acteurs impliqués. Pour cela, elles vont investir du temps et des ressources dans la préparation de brochures, de matériel éducatif, de formations destinées aux citoyens et aux étudiants, et en développant de multiples outils de communications (systèmes CMC, radios, contacts avec la presse, bulletins d’information, etc.). Certaines vont étendre leur rayon d’actions au secteur de l’entreprise (éducation au sein de l’industrie pour la gestion de déchets, pour l’efficience énergétique). Face aux problèmes environnementaux, elles essaient de sensibiliser pour motiver à l’action. Plus la population est informée, plus la protection de l’environnement est assurée, e) le rôle pour la résolution des problèmes sur le terrain : agir face à l’urgence, généralement suite aux déficiences de l’État ou de la législation chilienne, et lorsqu’elles constatent une défaillance (accumulation des déchets, nuisances envers la faune sauvage par exemple), elles vont proposer des réponses et des solutions. Nous avons aussi identifiés des rôles particuliers à certains types d’ OSCE. De façon plus détaillée nous pouvons conclure que les rôles suivants sont les plus représentatifs : Éco sabotage et désobéissance civile : face à l’inefficience ou aux carences de l’État, face à un cadre juridique considéré comme n’étant pas assez contraignant, les OSCE prônent le sabotage des pollueurs et la désobéissance aux règles imposées par l’État. Leur but est d’exercer une pression pour modifier le cadre juridique et créer une

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nouvelle Institution gouvernementale (OSCE Coordination contre Pascua Lama de Santiago).

Contre-pouvoir : les OSCE s’opposent au pouvoir étatique et aux partis politiques en fortifiant les mouvements sociaux et les processus démocratiques pour la défense de l’environnement. Elles s’opposent aux politiques d’État et en même temps proposent de nouvelles alternatives (OSCE ECOCEANOS). Troisième pouvoir : les OSCE sont comme un troisième secteur (situé entre le secteur étatique et le secteur privé) et dans ce sens il s’agit du « troisième pouvoir ». En gardant leur indépendance, elles ont donc une capacité à proposer des programmes et des politiques dans les deux premiers secteurs. « Nous ne devons demander à personne comment administrer notre budget, ni comment diriger nos projets. Nous sommes indépendants de l’État et de l’entreprise privée » (Abogabir, interview 2010). Négociateur : en tant qu’intermédiaire (troisième secteur), elles peuvent concilier des positions et aider à débloquer des situations de crises car elles ont des liens avec des associations de base et avec le secteur privé. En 2003 par exemple, les principales compagnies forestières du pays (« Forestal Arauco », « CMPC » ainsi que l’entreprise distributrice de bois « Home Depot ») signent un accord historique avec 5 organisations environnementalistes : Forêt ancienne, les Défenseurs de la forêt, Greenpeace, Institut d’écologie politique et TERRAM (CIVICUS, 2006).

Contrôleur : « Je pense que le rôle permanent de la société civile doit être d’exiger la transparence de l’État, d’exiger de rendre des comptes, d’être présente lors de la prise de décisions, de participer à tous les niveaux possibles quand des décisions sont prises en matière environnementale. Je pense que les rôles principaux des ONGE sont de surveiller, d’être attentives, et je crois que ces rôles doivent s’exercer. Les ONG doivent être vigilantes. Aucun pays ne peut se passer des OSCE et des ONGE». (Abogabir, interview 2010)

4.- Tableau avec des différentes OSCE en relation avec les problèmes, les typologies et les rôles

Organisation Pression sur l’environnement

Principaux problèmes ou

dégâts

Typologie des OSCE

Rôles

ONG GRRAS (pour la défense de faune sauvage), région minière d’Antofagasta Coordination contre Pascua Lama (défense de l’eau)

Exploitation minière - Mines abandonnées et relaves (déchets minier) - Pollution de l’air et de l’eau - Érosion des sols Effets secondaires selon OSCE : - Population flottante (déracinement et déchets) - Faune sauvage (victime) - Pollution de l’eau et perte des sols agricoles suite à l’extraction d’or

- Conservation de la nature (mais régionale ou locale) et Not in my backyard ! (cuivre principalement) - Extrême nord pas des MSE nationaux (isolement) mais locaux + réseau internationale - A. Latine : formelle/ revendication /services - Deep-ecology et MSE ressources participatives (Non à Pascua Lama)

-Protection, sensibilisation, éducation, lobbying politique -Eco-sabotage, dénoncer, protéger, sensibiliser (éduquer), appuyer les

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associations locales, politique

CLT (Conservation land trust) CODEFF, Comité national pour la défense de la flore et la faune (défense de la biodiversité)

Exploitation forestière - Diminution des superficies boisées : processus d’habilitation, de substitution, les incendies, la consommation de bois pour le chauffage, les inondations de méga barrages hydroélectriques - Menace sur les écosystèmes terrestres (hotspot), risque de survie pour les espèces animales et végétales (biodiversité terrestre) - Pertes des cultures ancestrales (mapuches)

- Conservation de la nature et deep ecology - Des MSE internationaux et participatifs (Patagonie sans barrages) - A. Latine : formelles et revendication - Conservation de la nature - MSE mobilisant des ressources participatives A. Latine : formelle et revendication/service

-Protection, sensibilisation, éco sabotage, dénonciation - Protection et gardiennage des ressources naturelles et cultures ancestrales (mapuches), éduquer

ECOCEANOS (défense des écosystèmes marins)

Pêche et aquiculture - Menace sur les écosystèmes marins : risque de survie des espèces - Antibiotiques et produits chimiques (aquiculture du saumon) - Décharge directe des polluants en bord de mer

- MSE ressources professionnelles - A. Latine : formelle, revendication et services

- Lobbying politique, dénoncer, informer, appuyer des associations locales des pêcheurs, contre-pouvoir

Coordination contre Pascua Lama (défense de sols agricoles)

Exploitation agricole -Erosion - Dégradation biologique et chimique des sols - 80% des superficies de montagne

- Deep-ecology et MSE ressources participatives (Non à Pascua Lama)

-éco-sabotage, dénoncer, protéger, sensibiliser (éduquer), appuyer les associations locales, politique

Casa de la Paz (défense de l’environnement)

Industrie et transport - Pollution de l’eau - Débit de l’eau (méga barrages) - Pollution de l’air (Zones saturées) - Déchets de l’industrie

- Conservation de la nature - Pas des MSE nationaux - A. Latine : formelle/ revendication /services

- Education, politique, négociateur, intermédiaire (troisième pouvoir), contrôleur

Groupe de base pour le nettoyage des plages (gestion de déchets) IEP, Institut d’écologie politique (défense de l’environnement)

Population - Pauvreté rurale - Réduction et dégradation de sols agricoles (urbanisation) - Pollution de l’air (ZS : zones de saturation) - Gestion des déchets (solides et liquides)

- MSE ressources participatives (locaux) - A. Latine : formelle/informelle et revendication /services, - La pré société civile - MSE ressources professionnelles - A. Latine : formelle/ revendication /services

-Education, résoudre problèmes ponctuels suite aux défaillances institutionnelles (Commune d’Antofagasta) - Education, politique, recherche, dénoncer, protéger, contrôleur

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5.- Les perspectives

Perspectives face à la croissance économique Lors de ces 20 dernières années, la forte croissance économique que le pays a connue a provoqué de graves dégâts sur l’environnement. Le modèle économique ouvert et axé sur l’exploitation de ressources naturelles, facilite l’installation de plus en plus nombreuses d’entreprises nationales ou multinationales qui exercent leurs activités dans un contexte juridique plutôt permissif. Suite à ce phénomène, de plus en plus d’Organisations de la société civile de défense de l’environnement vont jouer le rôle de contrôler et de surveiller ces activités industrielles et simultanément d’informer la population des conséquences et des dégâts possibles que ces industries peuvent provoquer. A long terme les entreprises, nationales et étrangères, devront s’adapter. D’une part grâce au travail qu’exercent les OSCE et d’autre part parce que les pressions des marchés extérieurs qui insistent sur le respect des normes environnementales augmentent. Le Chili vient d’être incorporé à l’OCDE (depuis Janvier 2010) et afin de rester compétitives les entreprises devront changer leur manière d’exploiter une nature toujours plus précieuse aux yeux de citoyens, chaque jour plus conscientisés et éduqués. Les secteurs productifs se trouveront face à une société civile chaque fois de plus en plus organisée et dynamique, reliée aux réseaux environnementalistes et prête à défendre son milieu naturel. De même, les entreprises devront faire face à une nouvelle génération de chiliens qui sera consciente de l’importance de respecter son cadre de vie et cela en partie grâce aux initiatives éducatives et à la sensibilisation exercées par les OSCE. Même si la distribution des revenus reste très inégale à l’intérieur du pays et que la pauvreté est encore un problème à résoudre, le pays se trouve en plein processus d’expansion économique (comme ce fût le cas pour l’Europe il y a 50 ans). Au fur et à mesure que le pouvoir d’achat de la population augmente, le niveau de l’éducation et de la sensibilisation s’accroît également. La population du pays devient plus exigeante et attentive vis-à-vis de l’environnement et de son cadre de vie. D’ailleurs certaines sociétés d’extraction des ressources ont développé une cellule écologique à l’intérieur de leur structure et cela depuis quelques années. Certaines OSCE prônent d’ailleurs le besoin de générer des changements de mentalité et de comportement justement à l’intérieur des entreprises responsables de dégâts. Les perspectives politiques De multiples processus sociaux et politiques ont façonné l’émergence et la construction des organisations environnementalistes du pays. D’ailleurs elles sont nées pendant la fin des années ’80 lors du retour de la démocratie, un fait qui nous permet de réfléchir à la relation existant entre l’évolution politique du pays et leur propre évolution. Dans un contexte démocratique de plus en plus marqué, l’environnement devient un sujet porteur pour gagner des voix. Le lobbying politique des OSCE aide à conscientiser les politiciens du pays qui peuvent dans leurs discours et leurs actes améliorer l’environnement, mettre des sujets dans les agendas publics et en même temps se faire élire. Par exemple, de plus en plus de politiciens participent aux

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campagnes environnementalistes à coté des OSCE chiliennes. Ces politiciens deviennent sensibles aux problèmes environnementaux du pays et répondent dans le même temps aux demandes croissantes de leur électorat. Même s’il ne s’agît pas du rôle unique des OSCE, pour l’instant elles pallient certaines carences de l’Etat en matière environnementale. Il en résulte que 40% de la population nationale ne reconnaît aucune autorité valable en matière environnementale dans le pays et attribue de ce fait aux OSCE des fonctions qui incombent traditionnellement à l’Etat : la fiscalisation, l’élaboration de politiques environnementales, etc. (Sondage d’opinion 2008, cf. chap. 3). Mais à court terme les organismes publics devront réagir et instaurer un cadre juridique plus complet (aujourd’hui il n’existe pas encore de Ministère de l’environnement au Chili) et une institution publique claire, car les MSE pourraient s’essouffler et laisser place à un mécontentement populaire généralisé. Les MSE canalisent les sentiments de révolte et d’injustice ressentis par les citoyens suite à la dégradation des biotopes où ils vivent. En ce sens nous rejoignons la vision du PNUD qui signale que le rôle principal des OSCE du pays est de devenir l’espace d’expression des valeurs et des croyances.

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- ACCION : www.accionag.cl

- TCL : www.theconservationlandtrust.org

- ECOCEANOS : http://www.ecoceanos.cl/

- CASA DE LA PAZ : http://www.casadelapaz.cl/casadelapaz/publico/portada.htm

- IEP, Institut d’écologie politique : www.iep.cl

- GRRAS: http://www.crrfs-grras.blogspot.com/

- PROA : http://www.proa.org/esp/

- NON A PASCUA LAMA : http://www.noapascualama.org/

- PATAGONIE SANS BARAGES : http://www.patagoniasinrepresas.cl/final/index.php

- SEMILLAS DE AGUA: http://semillasdeagua.blogspot.com/

- CERO CAZA DE BALLENAS: http://www.cerocazadeballenas.cl/

- RAJAS: http://www.rajas.cl/

- RENACE : http://www.renace.org.mx/

- SAUVONS LA MER: http://www.thepetitionsite.com/1/di-no-a-la-privatizacion-del-mar-chileno/

- PROGRAMME CHILI DURABLE : http://www.chilesustentable.net/

Publications des OSCE chiliennes

- LARRAIN, S., PALACIOS, K. et AEDO, M.P., “Proposition citoyenne pour le changement” (Proposición ciudadana por el cambio), Programme Chile Sustentable, Santiago, 2003

- MELILLANCA, P. et DIAZ, I., “Radiographie de l’industrie du saumon au Chili”, (Radiografia a la industria del salmon en Chile), Centre ECOCEANOS, Puerto Montt, 2007

- PACTE ACTION ÉCOLOGIQUE D’AMÈRIQUE-LATINE, “La construction du futur”, IEP et REDES, les traités alternatifs de Rio ’92 », Montevideo, 1993

Journaux, magazines et presse écrite

- La Nación, Santiago (20.11.2008), (18.04.2010)

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- IPS, Agence Inter Press Service (15.05.2009)

- Tierra América (20.11.2007)

- Courrier International, « La Patagonie chilienne à contre-courant » (27.01.06)

- CHILE FORESTAL, « Mouvement pour la conservation » (« Movimiento por la conservacion »), Magazine, Santiago, 2003, p. 46-48.

Interviews

- ABOGABIR, X., “Fondation Casa de la Paz”, Bruxelles-Santiago, 2010

- GUERRA, C., « ONG GRRAS, Groupe de sauvetage et de réhabilitation de faune sauvage », Bruxelles-Antofagasta, 2010

- ROCCO, T., « Groupe de base pour le nettoyage des plages d’Antofagasta», Bruxelles-Antofagasta, 2010

- EL CHAPA, “Coordination contre Pascua Lama de Santiago”, Bruxelles- Santiago, 2010

- SPARZA, A. « Fondation IEP, Institut d’écologie politique », Bruxelles-Santiago, 2010

- CARDENAS, J.C., Centro “Ecoceanos”, Bruxelles-Santiago, 2010

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ANNEXES

Annexe 1 : Chiffres macroéconomiques du Chili (la Banque centrale 2009)

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Annexe 2 : Zones maritimes du Chili : la mer territoriale (de 12 miles), la Zone économique exclusive –ZEE- ou mer patrimoniale (de 200 miles) et la plateforme continentale sous-marine (350 miles). (SUBDERE, 2010-PSU, 2009-INE,2007)

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Annexe 3 : Questionnaire traduit en français de collecte d’informations sur les OSCE chiliennes étudiées en profondeur

Questionnaire destiné aux Organisations de défense de l’environnement au Chili

Le questionnaire ci-dessous est divisé en deux parties: la première partie fait référence aux aspects généraux de l’organisation par le biais de questions à choix multiples. Les thèmes abordés sont l’origine de l’organisation, son fonctionnement, les objectifs fixés, les secteurs d’intervention, etc. La deuxième partie est composée de questions ouvertes relatives aux rôles spécifiques de l’organisation dans la défense de l’environnement au Chili, ces questions ont servi de trame lors de nos interviews orales.

Chaque annexe suivante reprend :

- la carte d’identité de l’organisation et les données relatives à la manière dont l’interview orale a été réalisée,

- les réponses aux questionnaires à choix multiples, - l’interview orale intégralement transcrite

A) Carte d’identité de l’organisation Nom de l’organisation: Personne interrogée et fonction: Situation géographique: Site web: Date : Type d’interview : (téléphonique ou webcam) Heure d’interview : B) Questionnaire structuré sur les aspects généraux de l'organisation (choix multiple, des questions fermées) 1.- De quel type d’organisation s’agit-il?: a) ONG b) Fondation c) Association locale d) Coordination d’organisations e) Association de résidents f) Coopérative g) autre (préciser): … 2.- Quand et comment est née l’organisation? (brève évocation historique) 3.- Quelles difficultés les fondateurs de l’organisation ont-ils rencontrées? a) la législation chilienne b) les ressources c) autre (préciser): …. d) nous n’avons pas eu de difficultés 4. L'organisation est-elle l'objet de contrôles externes? Oui – Non. Si la réponse est oui, qui effectue les contrôles? : a) des organismes internationaux

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b) des organismes publics c) une autre organisation de défense de l’environnement plus grande c) autre (qui) : … 5.- Qui sont les membres de l’organisation? a) des étudiants b) des experts, des spécialistes c) des chefs d’entreprise d) des membres de l’Eglise e) des travailleurs agricoles f) des pêcheurs g) des responsables politiques h) autre (préciser): … 6.- Existe-t-il des liens de coopération avec d’autres organisations? a) internationales b) nationales c) des associations locales de base d) nous n’avons pas de liens avec d'autres organisations Mentionnez une de ces organisations:

- Réseaux: - Associations:

7.- L’organisation est-elle dotée d’une structure administrative/juridique? Oui - Non Si la réponse est oui, par qui est-elle dirigée? : a) un directeur b) un président c) un secrétaire d) autre (préciser): … d) il s’agit d’une organisation unipersonnelle 8.- Votre organisation collabore à la mise en marche de: a) projets d’autres organisations locales b) projets d’organismes publics c) projets d’organisations de défense de l’environnement étrangères (WWF, GREENPEACE, etc.) d) autres (préciser de quel type de projet il s’agit): … e) nous ne travaillons que sur nos propres projets 9.- Votre organisation englobe-t-elle des mouvements sociaux importants de défense de l'environnement? Oui - Non Si la réponse est oui, d'où viennent ces mouvements sociaux? a) du Chili b) de l'étranger c) du Chili et de l’étranger Quels sont ces mouvements? a) « No a Pascua Lama »16 b) « Patagonia sin represas »17 c) « Cero caza de ballenas»18

16 "Non à Pascua Lama" 17 "La Patagonie sans barrage"

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d) autre (préciser): … 10- Quel est/quels sont le(s) secteur(s) d'intervention de votre organisation (domaines d'action): a) protection des ressources naturelles (forêts, fleuves, mers, montagnes, autres) b) protection des victimes des dégâts environnementaux c) protection des cultures indigènes d) pollution e) gestion des déchets f) gestion de l'eau g) autres (indiquer les domaines les plus pertinents): … 11.- Quels sont les objectifs visés par l'organisation? a) sensibiliser le public aux problèmes environnementaux b) développer des projets de micro-entreprise c) dénoncer des dégâts d) défendre les victimes des dégâts environnementaux e) défendre la nature et la biodiversité f) autres (lesquels): … 12.- Quelles sont vos méthodes de travail? a) diffusion de l’information b) cours destinés à la population c) recherche et publications d) conseil e) autres (préciser): … f) participation au SEIA (système d’évaluation d’impact environnemental) 13.- Quelles sont vos sources de financement? a) financement d’organisations étrangères b) projets financés par l'Etat c) projets financés par des organismes privés b) cotisations de sympathisants c) vente de services e) autre (préciser): … d) travail bénévole, nous n’avons pas de source de financement 14.- Quels moyens de communication utilisez-vous pour communiquer avec la société civile? a) porte à porte b) réunions d'information c) radio d) télévision e) journal f) bulletin d'information g) autre (préciser): … C) Questionnaire ouvert sur le rôle ou les rôles de l’organisation 1.- D’après vous, quels sont les principaux problèmes environnementaux actuellement observés au Chili et quels sont les problèmes potentiels pour le futur?

18 "Stop à la chasse à la baleine"

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2.- Les actions de votre organisation de défense de l’environnement sont-elles principalement destinées à résoudre des problèmes sur le terrain ou à travailler sur les idées? 3.- Quelles sont les principales difficultés rencontrées durant vos interventions sur le terrain ou dans le domaine des idées? Quels sont les points forts de vos actions? 4.- Quelle fonction joue votre organisation concernant les aspects énumérés ci-dessous? (Seulement se référer aux aspects qui entrent dans le cadre du travail effectué par votre organisation): - la conservation de la nature et des ressources naturelles - la défense d'espaces et de territoires (organisations locales de base, associations de résidents, cultures indigènes, etc.) - les victimes de dégâts environnementaux - la population en général (participation citoyenne, sensibilisation, campagnes) - la promotion d'une nouvelle philosophie de vie en harmonie avec l'environnement au Chili - la mise en œuvre de nouveaux modèles de développement au niveau mondial (développement durable) - l'action des industries et l'exploitation des ressources naturelles - l'action de l'Etat et l'élaboration de politiques publiques - le travail scientifique - le développement urbain (l'environnement dans les grandes villes) 5.- De quelle manière les actions de votre organisation contribuent-elles à la proposition d'un modèle de développement durable? (Exemple: participation à l'élaboration de politiques publiques, d'études scientifiques et de sensibilisation, de projets d'éducation à l'environnement et soutien aux producteurs locaux, …) 6.- L'organisation de défense de l'environnement doit-elle être considérée comme un contrepouvoir, une instance parallèle au Gouvernement, une instance destinée à suppléer les défaillances de l'Etat, un acteur de transformation sociale, ou autre? Expliquez 7.- Pensez-vous que la création d'un Ministère de l'Environnement soit nécessaire au Chili? Pourquoi? 8.- Selon vous, quelle serait la situation au Chili sans l'existence des organisations de défense de l'environnement? 9.- Quel est le problème environnemental le plus grave auquel vous devez faire face, résoudre ou traiter actuellement? 10.- Quel est le rôle central de votre organisation dans la défense de l'environnement? Merci pour votre participation! Marcela Pulgar Licenciée en Communication sociale Etudiante en Master en Sciences et Gestion de l'Environnement ULB-IGEAT, Université Libre de Bruxelles www.ulb.ac.be [email protected]

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Annexe 4 : Questionnaire en espagnol de collecte d’informations sur les OSCE chiliennes étudiées en profondeur

Cuestionario aplicado a las organizaciones de defensa del medioambiente en Chile

El cuestionario que a continuación aplicamos está dividido en dos partes. En una primera parte, se hace referencia a los aspectos generales de la organización vía preguntas de selección múltiple. Los temas abordados son : origen de la organización, funcionamiento, objetivos fijados, sectores de intervención, etc. Luego, la segunda parte está compuesta de preguntas abiertas respecto al rol o los roles específicos desempeñados por la organización en la defensa del medioambiente en Chile, la cuales seran aplicadas durante la entrevista oral.

A) Identidad de la organización Nombre de la organización: Persona entrevistada y función: Ubicación geográfica: Pagina web: Fecha: Tipo de entrevista: Hora: B) Cuestionario estructurado sobre aspectos generales (selección múltiple) 1.- ¿De qué tipo de organización se trata?: a) Ong b) Fundación c) Asociación local d) Coordinadora e) Junta de vecinos f) Cooperativa g) otra (indicar): … 2.- ¿Cómo y cuándo nace la organización? (Breve historia) 3.- ¿Qué dificultades tuvieron para constituirse como organización? a) la legislación chilena b) los recursos c) otra (indicar):…. d) no tuvimos dificultades 4. ¿Están sometidos a controles externos? Sí – No. Si responde sí, ¿quiénes realizan los controles? : a) organismos internacionales b) organismos públicos c) otra organización de defensa del medioambiente pero de mayor tamaño c) otros (quiénes)… 5.- ¿Quiénes integran la organización? a) estudiantes b) profesionales c) empresarios d) miembros de la iglesia

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e) trabajadores agrícolas f) pescadores g) políticos h) otros (indicar):…. 6.- ¿Existen lazos de cooperación con otras organizaciones? a) internacionales b) nacionales c) asociaciones locales de base d) no tenemos lazos Mencione alguna de ellas:

- Redes: - Asociaciones:

7.- ¿Cuentan con una estructura administrativa y/o jurídica? Sí - No Si responde sí, ¿quiénes la componen? : a) director b) presidente c) secretario d) otros (indicar):…. e) organización unipersonal 8.- Tu organización colabora en poner en marcha: a) proyectos de otras organizaciones locales b) proyectos de los organismos públicos c) proyectos de organizaciones de defensa del medioambiente extranjeras (WWF, GREENPEACE, TNC, etc) d) otros (cuáles):… e) sólo tenemos proyectos propios 9.- ¿Tu organización integra movimientos sociales amplios de defensa del medioambiente? Sí - No Si responde sí, ¿de dónde son ellos? a) De Chile b) Del extranjero c) Ambos ¿cuáles son? a) « No a Pascua Lama » b) « Patagonia sin represas » c) « Cero caza de ballenas» d) otro (indicar):… 10- ¿Cuál es el (o los sectores) de intervención? (Áreas de trabajo): a) protección de recursos naturales (bosques, ríos, océanos, montañas, otros) b) protección a las víctimas de los daños medioambientales c) protección de culturas indígenas d) contaminación e) gestión de desechos f) agua g) otro (indicar los más relevantes): … 11.- ¿Cuáles son los objetivos que se han propuesto? a) sensibilizar sobre temas medioambientales

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b) desarrollar proyectos de microempresa c) denunciar daños d) defender a las víctimas de daños medioambientales e) defender la naturaleza et la biodiversidad f) otros (cuáles): … 12.- ¿Qué métodos de trabajo utilizan? a) difusión de información b) cursos destinados a la población c) investigación y publicación d) asesorías e) otros (indicar algunos): … f) participación a SEIA19 13.- ¿Cuáles son sus fuentes de financiamiento? a) financiamiento de organizaciones extranjeras b) proyectos concursables del Estado c) proyectos concursables de organismos privados b) ayudas de simpatizantes c) venta de servicios e) otra: … d) trabajo voluntario, no contamos con financiamiento 14.- ¿Qué medios de comunicación utilizan para comunicar con la comunidad? a) puerta a puerta b) reuniones informativas c) radio d) televisión e) diario f) boletín informativo g) otro C) Cuestionario abierto sobre el rol o los roles de la organización 1.- Según tu visión, ¿cuáles son los principales problemas medioambientales chilenos constatados en el presente y cuáles los posibles problemas futuros? 2.- Las acciones de tu organización de defensa del medio ambiente ¿están orientadas principalmente a resolver problemas en terreno o a trabajar en el ámbito de las ideas? 3.- ¿Cuáles son las principales dificultades encontradas durante sus intervenciones en terreno o en el ámbito de las ideas? ¿Cuáles son las fortalezas (facilitadores) de vuestro accionar? 4.- ¿Qué función desempeñan como organización en relación a los aspectos que a continuación se enumeran? (Sólo referirse a aquellos que competen el ámbito de trabajo de tu organización) : - la conservación de la naturaleza y los recursos naturales - la defensa del espacio propio (organizaciones locales de base, juntas de vecinos, culturas indígenas, etc) - las víctimas de los daños medioambientales

19 Sistema de Evaluación de Impacto Ambiental

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- la población en general (participación ciudadana, sensibilización, campañas) - la proposición de una nueva filosofía de vida armoniosa con el medioambiente chileno - la creación de nuevos modelos de desarrollo a nivel mundial (desarrollo durable) - la acción de las industrias y la explotación de recursos naturales - la acción del Estado y la elaboración de políticas públicas - la labor científica - el desarrollo urbano (medioambiente en las grandes urbes) 5.- ¿De qué manera las acciones de la organización contribuyen a la propuesta de un modelo de desarrollo durable? (Ejemplo: Participación a la elaboración de políticas de Estado, elaboración de estudios científicos y sensibilización, educación para el medioambiente, apoyo a productores locales) 6.- La organización de defensa del medioambiente debe entenderse como ¿un contrapoder, como un co-Gobierno, como una instancia destinada a suplir las falencias del Estado, como agente de transformación social, otros? Explicar 7.- ¿Crees que es necesario un Ministerio del Medioambiente en Chile? ¿Por qué? 8.- Desde tú visión, ¿cuál sería el escenario en Chile sin la existencia de las organizaciones de defensa del medioambiente? 9.- ¿Cuál es el problema medioambiental mayor que están abocados a resolver o tratar actualmente? 10.- ¿Cuál es la función central que cumple tu organización en la defensa del medioambiente? ¡Gracias por tu participación! Marcela Pulgar Comunicadora Social Estudiante de Master en Ciencia y Gestión Medioambiental ULB-IGEAT, Universidad Libre de Bruselas www.ulb.ac.be [email protected]

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Annexe 5 : Questionnaire relatif à l’organisation « Groupe de Base pour le Nettoyage des Plages à Antofagasta »

A) Identidad de la organización Nombre de la organización: Grupo de base para la limpieza de playas en Antofagasta Persona entrevistada: Tatiana Rocco Sánchez Ubicación geográfica: Antofagasta, Chile Página web: xxxxxxx Fecha: mayo 2010 Tipo de entrevista: escrita (mail) Hora: xxxxx B) Cuestionario estructurado sobre aspectos generales (selección múltiple) 1.- ¿De qué tipo de organización se trata?: a) Ong b) Fundación c) Asociación local d) Coordinadora e) Junta de vecinos f) Cooperativa g) Otra 2.- ¿Cómo y cuándo nace la organización? (Breve historia) Un grupo de personas de la ciudad de Antofagasta, por iniciativa propia se organiza para realizar limpiezas de playas en la ciudad, mandando un correo electrónico de amigo a amigo, así los interesados asisten el día y la hora indicada en el mail, con guantes y bolsas de basura. La persona que organiza esto se comunica con el la Gobernación Marítima para también contar con la participación de ellos. Se ha establecido que es el ultimo día de cada mes y se elige la playa con anterioridad. En la limpieza se separa la basura del vidrio y este ultimo es entregado a una institución que recolecta los vidrios (Coaniquem). También se llama a la prensa local para que se pueda difundir. 3.- ¿Qué dificultades tuvieron para constituirse como organización? a) la legislación chilena b) los recursos c) otra d) no tuvimos dificultades 4. ¿Están sometidos a controles externos? Sí – No. Si responde sí, ¿quiénes realizan los controles? : a) organismos internacionales b) organismos públicos c) otra organización de defensa del medioambiente pero de mayor envergadura c) otros 5.- ¿Quiénes integran la organización? a) estudiantes b) profesionales c) empresarios d) miembros de la iglesia e) trabajadores agrícolas f) pescadores g) políticos h) otro 6.- ¿Existen lazos de cooperación con otras organizaciones? a) internacionales b) nacionales c) asociaciones locales de base d) no tenemos lazos Mencione alguna de ellas:

- Redes: - Asociaciones:

7.- ¿Cuentan con una estructura administrativa y/o jurídica? Sí - No Si responde, ¿quiénes la componen? : a) director b) presidente c) secretario d) otros d) organización unipersonal

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8.- Tu organización colabora en poner en marcha: a) proyectos de otras organizaciones locales b) proyectos de los organismos públicos c) proyectos de organizaciones de defensa del medioambiente extranjeras (WWF, GREENPEACE, TNC, etc) d) otros e) sólo tenemos proyectos propios 9.- ¿Tu organización integra movimientos sociales amplios de defensa del medioambiente? Sí - No Si responde sí, ¿de dónde son ellos? a) De Chile b) Del extranjero c) Ambos ¿Cuáles son? a) « No a Pascua Lama » b) « Patagonia sin represas » c) « Cero caza de ballenas» d) otra 10- ¿Cuál es el (o los sectores) de intervención? (Áreas de trabajo): a) protección de recursos naturales (bosques, ríos, océanos, montañas, otros) b) protección a las víctimas de los daños medioambientales c) protección de culturas indígenas d) contaminación e) gestión de desechos f) agua g) otro 11.- ¿Cuáles son los objetivos que se han propuesto? a) sensibilizar sobre temas medioambientales b) desarrollar proyectos de microempresa c) denunciar daños d) defender las víctimas de daños medioambientales e) defender la naturaleza et la biodiversidad f) otros 12.- ¿Qué métodos de trabajo utilizan? a) difusión de información b) cursos destinados a la población c) investigación y publicación d) asesorías e) otros 13.- ¿Cuáles son sus fuentes de financiamiento? a) financiamiento de organizaciones extranjeras b) proyectos concursables del Estado c) proyectos concursables de organismos privados b) ayudas de simpatizantes c) venta de servicios e) otra d) trabajo voluntario, no contamos con financiamiento 14.- ¿Qué medios de comunicación utilizan para comunicar con la comunidad? a) puerta a puerta b) reuniones informativas c) radio d) televisión e) diario f) boletín informativo g) otro

C) Cuestionario abierto sobre el rol o los roles de la organización y entrevista 1.- Según tú, ¿cuál es la función o el rol efectivo que juega tu organización en terreno? Mostrar a la comunidad que no es necesario pertenecer a una organización para cuidar el medio ambiente y mantener las playas limpias que uno puede aportar con un pequeño granito de arena ocupando un poco de tiempo una bolsa de basura y unos guantes. Además de sensibilizar a la comunidad que para cuidar el medio ambiente no es necesario andar limpiando siempre sino, no andar ensuciando…. Hay un refrán que dice “No se es limpio por andar limpiando, sino es limpio el que no ensucia”.

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2.- ¿Cuáles son las principales dificultades encontradas durante sus intervenciones? ¿Cuáles son las fortalezas (facilitadores)? Dificultad: Nos falta coordinar mejor con la Municipalidad la recolección de la basura después de la limpieza, ellos van días después que nosotros limpiamos y muchas veces la basura se vuelve a dispersar por el viento o los perros. Fortalezas: Que llega mucha gente interesada en cuidar el medio ambiente. 3.- Según tu visión, ¿cuáles son los principales problemas medioambientales chilenos constados en el presente y cuáles los posibles problemas futuros? Según mi visión o la realidad que vivimos en mi ciudad es la basura. No hay una cultura de reciclaje, podríamos ahorrar o reutilizar muchas cosas si supiéramos reciclar y existieran las entidades o empresas que reciclen. El mal control de los recursos renovables como los peces, se ha notado una disminución considerable de este recurso. En el sur de Chile la contaminación de las aguas y las reservas de aguas están escasas, las empresas mineras por lo menos están utilizando agua de mar para sus procesos y no las reservas de agua eso es un avance. Pero uno de los problemas principales de Chile es la legislación, las multas son muy bajas y muchas empresas prefieren pagar la multa que dejar de contaminar. 4.- ¿Crees que es necesario un Ministerio del Medioambiente en Chile? ¿Por qué? En realidad no se si un Ministerio es lo que se necesita, pero en todo caso sí una buena legislación. 5.- Las acciones de tu organización de defensa del medio ambiente ¿están orientadas principalmente a resolver problemas en terreno o a trabajar en el ámbito de las ideas? En terreno, mostrando a la comunidad que no es necesario pertenecer a una gran organización para aportar con un pequeño grano de arena al medio ambiente. 6.- ¿Qué función desempeñan como organización en relación a los aspectos que a continuación se enumeran? (Sólo referirse a aquellos que competen el ámbito de trabajo de tu organización) : - la conservación de la naturaleza y los recursos naturales - la defensa del espacio propio (organizaciones locales de base, juntas de vecinos, culturas indígenas, etc) - las víctimas de los daños medioambientales - la población en general (participación ciudadana, sensibilización, campañas) - la proposición de una nueva filosofía de vida armoniosa con el medioambiente chileno - la creación de nuevos modelos de desarrollo a nivel mundial (desarrollo durable) - la acción de las industrias y la explotación de recursos naturales - la acción del Estado y la elaboración de políticas públicas - la labor científica - el desarrollo urbano (mediombiente en las grandes urbes) 7.- ¿De qué manera las acciones de la organización contribuyen a la propuesta de un modelo de desarrollo durable? (Ejemplo: Participación a la elaboración de políticas de Estado, elaboración de estudios científicos y sensibilización, eduación para el emdioambiente, apoyo a productores locales) A una educación para el medio ambiente. 8.- La organización de defensa del medioambiente debe entenderse como ¿un contrapoder, como un co-Gobierno, como una instancia destinada a suplir las falencias del Estado, como agente de transformación social, otros? Explicar La Organización de Defensa del Medio Ambiente debe educar y controlar la legislación, es decir ver el cumplimiento de estas leyes y de las mejoras de éstas misma. 9.- ¿Crees que es necesario un Ministerio del Medioambiente en Chile? ¿Por qué? No… mejorando la legislación y la fiscalización mediaombiental es suficiente o crear un Ministerio para que haga cumplir o mejore la legislación que ya existe… En el fondo mi pregunta es muy simple ¿es necesario realmente un Ministerio para hacer cumplir las leyes? 10.- Desde tú visión, ¿cuál sería el escenario en Chile sin la existencia de las organizaciones de defensa del medioambiente? Un caos y todo el mundo haría lo que quisiera. Sinceramente no tendríamos ningún recurso (fauna, flora, recursos hidrícos, minerales, etc.), no habría conciencia medioambiental. 11.- ¿Cuál es el problema medioambiental mayor que están abocados a resolver o tratar actualmente? La basura, crear una cultura de limpieza en la ciudad y posterior a eso una cultura de reciclaje, pero para eso el Estado o la Municipalidad debería tener los recursos para invertir en empresas o en el mismo vertedero que se realice el reciclaje… Uno no le puede enseñar a la gente a separar la basura y reciclar si al vertedero todo se vuelve a mezclar.

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12.- ¿Cuál es la función central que cumple tu organización en la defensa del medioambiente? Evitar la contaminación de nuestras playas con basura doméstica. ¡Gracias por tu participación! Marcela Pulgar Comunicadora Social Estudiante de Master en Ciencia y Gestión Medioambiental ULB-IGEAT, Universidad Libre de Bruselas www.ulb.ac.be [email protected]

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Annexe n°6 : Questionnaire relatif à l’organisation « Maison de la Paix»

A) Identidad de la organización Nombre de la organización: Casa de la Paz Persona entrevistada y función: Ximena Abogabir, Presidenta Ejecutiva Ubicación geográfica: Chile Pagina web: www.casadelapaz.cl Fecha: junio y julio de 2010 Tipo de entrevista: webcam (skype) Hora: 17h00 Bélgica (11h00 Chile) B) Cuestionario estructurado sobre aspectos generales (selección múltiple) 1.- ¿De qué tipo de organización se trata?: a) Ong b) Fundación c) Asociación local d) Coordinadora e) Junta de vecinos f) Cooperativa g) Otra (indicar): … 2.- ¿Cómo y cuándo nace la organización? (Breve historia) Nace el año 1983 en el marco de la Guerra Fría. En los ‘90 evoluciona hacia los temas ambientales y en el 2000, a la sustentabilidad. 3.- ¿Qué dificultades tuvieron para constituirse como organización? a) la legislación chilena b) los recursos c) otra (indicar):…. d) no tuvimos dificultades 4. ¿Están sometidos a controles externos? Sí– No. Si responde sí, ¿quiénes realizan los controles? : a) organismos internacionales b) organismos públicos c) otra organización de defensa del medioambiente pero de mayor tamaño d) otros (quiénes)… 5.- ¿Quiénes integran la organización? a) estudiantes b) profesionales c) empresarios d) miembros de la iglesia e) trabajadores agrícolas f) pescadores g) políticos h) otros: (indicar) 6.- ¿Existen lazos de cooperación con otras organizaciones? a) internacionales b) nacionales c) asociaciones locales de base d) no tenemos lazos Mencione alguna de ellas:

- Redes: Ashoka, Avina, Red Latinoamericana de Conflictos Ambientales - Asociaciones: AcciónAG

7.- ¿Cuentan con una estructura administrativa y/o jurídica? Sí - No Si responde, ¿quiénes la componen? : a) directorio: Sergio Vergara, Juan Escudero, Rodrigo Egaña, Maribel Vidal, Felipe Risopatron, Javier Cox b) presidente: M. Emilia Correa c) secretario: Gloria Israel d) otros d) organización unipersonal 8.- Tu organización colabora en poner en marcha: a) proyectos de otras organizaciones locales b) proyectos de los organismos públicos c) proyectos de organizaciones de defensa del medioambiente extranjeras (WWF, GREENPEACE, TNC, etc) d) otros (cuáles):… e) sólo tenemos proyectos propios

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9.- ¿Tu organización integra movimientos sociales amplios de defensa del medioambiente? Sí - No Si responde sí, ¿de dónde son ellos? a) De Chile b) Del extranjero c) Ambos ¿cuáles son? a) « No a Pascua Lama » b) « Patagonia sin represas » c) « Cero caza de ballenas» d) otro (indicar):… 10- ¿Cuál es el (o los sectores) de intervención? (Areas de trabajo): a) protección de recursos naturales (bosques, ríos, océanos, montañas, otros) b) protección a las víctimas de los daños medioambientales c) protección de culturas indígenas d) contaminación e) gestión de desechos f) agua g) otro (indicar los más relevantes): …Eficiencia energética 11.- ¿Cuáles son los objetivos que se han propuesto? a) sensibilizar sobre temas medioambientales b) desarrollar proyectos de microempresa c) denunciar daños d) defender a las víctimas de daños medioambientales e) defender la naturaleza et la biodiversidad f) otros (cuáles): … 12.- ¿Qué métodos de trabajo utilizan? a) difusión de información b) cursos destinados a la población c) investigación y publicación d) asesorías e) otros (indicar algunos): … f) participación a SEIA 13.- ¿Cuáles son sus fuentes de financiamiento? a) financiamiento de organizaciones extranjeras b) proyectos concursables del Estado c) proyectos concursables de organismos privados b) ayudas de simpatizantes c) venta de servicios e) otra: … d) trabajo voluntario, no contamos con financiamiento 14.- ¿Qué medios de comunicación utilizan para comunicar con la comunidad? a) puerta a puerta b) reuniones informativas c) radio d) televisión e) diario f) boletín informativo g) otro C) Cuestionario abierto sobre el rol o los roles de la organización Según tu visión, ¿cuáles son los principales problemas medioambientales chilenos constados en el presente y cuáles los posibles problemas futuros?

El principal problema tiene que ver con la sobreexplotación de los recursos naturales. Eso genera una presión feroz en los recursos naturales. El caso más claro de esto es el caso del salmón y sin embargo […] Chile hizo una epopeya del salmón diciendo que se había convertido en el segundo producto después del cobre en cuanto a la generación de ingresos. Y por no haber podido ser producido en el marco del desarrollo sustentable la verdad es que fue terrible. Los impactos económicos y sociales que generó fueron enormes. Pero el proceso de sobreexplotación de recursos ahora está más acelerado, es un tema de ritmos.

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Las acciones de tu organización de defensa del medio ambiente ¿están orientadas principalmente a resolver problemas en terreno o a trabajar en el ámbito de las ideas? Nosotros tenemos dos líneas de acción, una que nosotros llamamos gestión ambiental participativa con mucho énfasis en temas de educación ambiental tales como reciclaje, arborización y eficiencia energética. Y eso lo hacemos con fondos público y privados. Por ejemplo, hay empresas que nos piden que nosotros eduquemos a las comunidades, porque necesitan una comunidad más informada, o derechamente apoyando las escuelas. Y la otra área es lo que se llama desarrollo sustentable. Esto consiste en lograr un acuerdo que permita a las empresas desarrollar sus proyectos pero sin alterar o producir un impacto negativo en la calidad de vida de la comunidad y las localidades cercanas.

¿Cuáles son las principales dificultades encontradas durante sus intervenciones en terreno o en el ámbito de las ideas? Y ¿Cuáles son las fortalezas (facilitadores) de vuestro accionar? En el área educacional, nosotros nos hacemos la pregunta de ¿por qué se designan marginales los cambios de conducta? Porque si bien hoy día, la gran parte de la población entiende que hay temas y problemas ambientales, no hace la relación en torno a cuál es la conducta que ellos tienen que cambiar para poder resolver esos problemas. Y eso es en parte a lo que aludimos cuando decimos “polarizar o estar (o actuar) que es el debate elemental. Te explico; tú tienes un grupo de personas que dice: todo está mal, todo es terrible, todo es catastrofismo y vamos a morirnos. Y otro grupo que dice: nunca hemos estado mejor que ahora, como la gente ha ido superando la pobreza, la tecnología va posibilitando los remedios y va generando la modernidad. Entonces, ante un debate tan polarizado, la mayoría de las personas no hace nada. Esta es claramente una dificultad. Y en el área de la convivencia sustentable, nosotros hemos focalizado nuestro interés de la puerta de la empresa hacia fuera. Salimos hacia las comunidades, los colegios, hacia las autoridades locales. Y ahora nos dimos cuenta que si no incidimos en tácticas internas, es decir en la línea de operaciones de las empresas, no es posible solucionar el problema.

¿Hasta ahora el trabajo de Uds. se ha centrado más en la sociedad civil y no en la fuente generadora de daños, por ejemplo, una empresa minera?

Eso era así, hasta el año pasado, hasta que nos dimos cuenta que si nosotros simplemente trabajábamos hacia la sociedad civil y no al interior de las empresas, igual se iban a presentar los problemas. Y cuando no se tiene un capital invertido en mejorar la calidad de vida de las comunidades, cuando se produce un derrame o tienen un problema de contaminación, igual la empresa va a tener que invertir para solucionar el problema y no les va a servir lo que han hecho antes de que se produzca el problema. Entonces para nosotros es importante trabajar también al interior de las empresas.

Esas son las dificultades. ¿Cuál sería el facilitador, la fortaleza que les permitiría a ustedes hacer ese cambio interno dentro de las empresas?

Por un lado, en torno al cambio de conciencia, en el sentido de que las comunidades aceptan que las empresas tienen motivo para no trasladar sus impactos ambientales y sociales hacia sus comunidades. Un bien que parecía inaceptable. Y además la gente ya sabe cómo organizarse y como protestar. Por otro lado, la normativa ambiental hasta el año pasado –no sabemos cómo va a ser ahora- está en debate. Ahora está todo el tema de las termoeléctricas, pero con el cambio de gobierno es probable que esto se relaje. Pero claramente un facilitador es que ante los casos de conflicto ambiental, ahora se tenga conciencia que todo los grupos humanos son protagonistas. Como en el caso de la participación gigantesca de la cuidad de Valdivia, la estudiantina con todos sus estamentos, la universidad, el mundo político, la sociedad civil, la iglesia (este es el caso de la contaminación del río Tres Cruces por CELCO, celulosa del grupo Angelini, que provocó la muerte de un enorme número de cisnes de cuello negro). Y últimamente tenemos el caso de AES GENER en el proyecto Campiche, en la quinta región, en la ciudad de Ventanas. Un grupo de tres personas ecologistas logró paralizar una obra de la construcción de una termoeléctrica de gran tecnología. Ellos lograron que la Corte Suprema revocara un permiso de la CONAMA, por un tema muy de detalle de cambio del sub-suelo. Entonces también se dieron cuenta que o hacen las cosas muy bien, o cualquier detalle se les puede volver en contra. Esta central lleva un año paralizada, a mitad de construcción. Cuando suceden estas cosas, no sólo afecta a la empresa en cuestión sino que también todo el mundo empresarial escucha y se dan cuenta que efectivamente las cosas las tienen que hacer de otra manera. Y eso es un agente facilitador.

En ese sentido ¿podemos decir que un nuevo rol que se perfila de las organizaciones o de la organización de ustedes

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sería justamente poder hacer ese cambio de mentalidad al interior de la empresa?

Exactamente. Recientemente se ha dicho que tradicionalmente la labor de las ONG ha sido en primer lugar la denuncia; en segundo lugar, promover un sistema de certificación como han hecho efectivamente las ONG hasta ahora. Pero La Casa de la Paz hace referencia a una tercera vía que se relaciona con mostrar a las empresas cómo hacer para cambiar pues deben cambiar o van a tener problemas.

¿Cuáles son las áreas específicas en las que ustedes trabajan? y ¿cuál es el rol que desempeñan en función de cada una de las siguientes áreas? - la conservación de la naturaleza y los recursos naturales: Sí, sin duda, trabajamos el área de conservación de la naturaleza y los recursos naturales, fundamentalmente a través de la ONG. - la defensa del espacio propio (organizaciones locales de base, juntas de vecinos, culturas indígenas, etc) Sí, concretamente por ejemplo con el mundo indígena. Hay empresas mineras que se han acercado a nosotros, por ejemplo para hacer un tendido eléctrico que pasa por un área de desarrollo indígena. En ese caso, lo que nosotros hacemos es explicar a la comunidad qué régimen de trabajo rige y pedirles a ellos que definan el trazado que menos les incomode y negociar juntos sus compensaciones. Lo mismo en caso de comunidades de escasos recursos. Ahí lo que nosotros hacemos es armar mesas de trabajo para poder generar las condiciones para que exista un diálogo constructivo entre la comunidad y la empresa. Es decir, que la comunidad esté informada, sepa cuáles son sus derechos, sepa qué es lo que puede negociar y a la vez que la empresa entienda que efectivamente esa es una comunidad que no tiene ganas de sabotearla, ni chantajearla, sino que está legítimamente interesada en una convivencia sustentable, pero que mejore su calidad de vida. - la acción del Estado y la elaboración de políticas públicas. Y respecto a la acción del Estado y a la elaboración de políticas públicas, ¿desempeñan alguna labor especial? Con respecto al Estado nosotros co-participamos en todas las mesas de trabajo a las cuales hemos sido invitados, por ejemplo la mesa de política para desarrollo sustentable, la política nacional de biodiversidad. También en “Casa de la Paz” impulsamos una mesa metropolitana para poner el tema del reciclaje, capacitaciones e instalaciones energéticas y así también estamos siempre dispuestos a colaborar con el Estado cuando se producen las coincidencias.

Desde hace algún tiempo se generaba un feedback, es decir las proposiciones que ustedes hacían eran consideradas. ¿Crées que de alguna manera tuvieron alguna influencia en la proposición de políticas que se desarrollaron en Chile hasta el momento en que se pensara en la creación del Ministerio del Medioambiente?

Yo diría que sí. Nosotros fuimos bastante críticos respecto a la creación del Ministerio del Medio Ambiente por considerar que el tema ambiental es eminentemente transversal. Sin embargo, a juicio nuestro, esto fue parcialmente resuelto en el momento en que se forma un Consejo de Ministros para la sustentabilidad. Me parece que es allí donde quedó el concepto “transversal” en la nueva institucionalidad. Por lo tanto podemos estar esperanzados que efectivamente se mejore el sistema ambiental.

¿De qué manera las acciones de la organización contribuyen a la propuesta de un modelo de desarrollo durable? (Ejemplo: Participación a la elaboración de políticas de Estado, elaboración de estudios científicos y sensibilización, educación para el medioambiente, apoyo a productores locales). En el caso de Uds. todo va por al área de la de educación ¿o me equivoco? Nosotros tenemos una preocupación permanente por sistematizar nuestros aprendizajes, porque como somos una ONG, estamos permanentemente innovando, explorando nuevos caminos. Entonces, en ese sentido un aporte que Casa de la Paz ha hecho, es generar conocimientos sobre diversos temas, claramente sobre educación ambiental, sobre participación ciudadana, sobre reciclaje, producción energética, sobre desarrollo sustentable. Y estos modelos son impulsados por el gobierno mismo o por otras ONG o incluso por consultoras. Entonces, yo diría que el gran aporte que Casa de la Paz ha hecho es básicamente innovar, proponer y después ofrecer. Ahora, sin duda que no nos sentimos propietarios de ninguna de las reformas que rigen hoy, sino que simplemente hemos aportado un granito de arena. La organización de defensa del medioambiente debe entenderse como ¿un contrapoder, como un co-Gobierno, como una instancia destinada a suplir las falencias del Estado, como agente de transformación social? ¿Cuál sería su función específica en esa área, respecto a su relación con el Estado? Bueno, a mi me gusta la definición de “tercer sector”, es decir un conjunto de intereses públicos y bienes privados. Y en eso nosotros tenemos una coincidencia bastante contundente con el quehacer de CONAMA por ejemplo. No sabría decirte dónde termina CONAMA y dónde empezamos nosotros y viceversa. Pero la diferencia es que nosotros nos mandamos solos, no le tenemos que preguntar a nadie, nosotros tenemos que gestionar nuestro financiamiento, nosotros tomamos las decisiones sobre lo que vamos a hacer y lo que no.

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Pero nosotros claramente nos definimos como una organización de interés público.

Por lo que leí en su sitio Web, ¿la organización está compuesta por profesionales pero también por voluntarios?

Sí, está compuesta por profesionales y también por voluntarios pero independientes de todo partido político o de la iglesia.

¿Y tienen nexos también con otras organizaciones locales de base dentro del país, como junta de vecinos u otros?

Nosotros trabajamos ahora para organizaciones de base por lo tanto trabajamos con ellas, pero lo hacemos a través de alianzas con organizaciones pares nuestras. Sobre todo en Chile que tiene esta geografía tan alargada y donde todo queda tan distante de Santiago. Nuestro concepto de crecimiento en nuestra organización es a través de alianzas. Alianza con otras organizaciones y donde cada vez que vamos a trabajar y se nos presenta algo nuevo, siempre buscamos una organización con la cual podamos trabajar en conjunto y hacer alianza.

¿Crees que es necesario un Ministerio del Medioambiente en Chile? ¿Por qué? Yo creo que el caso de la crisis de la salmonicultura demuestra lo que significa la ausencia de una normativa ambiental. La normativa actual es mala para todos, incluso los mismos empresarios cuando analizan su caso ellos dicen: " a nosotros lo que nos faltó fue fiscalización". Por lo tanto, a mí me parece que el Ministerio del Medio Ambiente viene a responder a aquello, porque de partida se separa el rol de fiscalización del rol de la educación, participación ciudadana, evaluación de costo ambiental etc.

¿Entonces si es que existe un Ministerio del Medio Ambiente, habría un cambio en la función o en la dinámica de trabajo de las organizaciones medioambientales? Porque durante un gran período las ONG lo que hicieron fue suplir ciertas falencias, pues justamente no había un marco jurídico que protegiere el medio ambiente en Chile. ¿Cambiaría pues el rol de las ONG o tendrían que adaptarse?

Dado que Chile tiene todavía tanto espacio para mejorar, yo me imagino que habrá aún mucho espacio para que las ONG sigan presionando la agenda y apurando el paso, sobre todo en este Gobierno que va a hacer las cosas siempre para apurar el crecimiento del país. Por lo tanto creo que por mucho rato hay espacio para mejorar normativas, para mejorar los problemas medioambientales, aumentar la conciencia ambiental y para que la CONAMA se pueda abrir paso.

Desde tú visión, ¿cuál sería el escenario en Chile sin la existencia de las organizaciones de defensa del medioambiente? Yo pienso que todo sería mucho más lento, pero hay que reconocer que el principal impulso que ha tenido el tema ambiental en Chile, son las exigencias del mercado externo. Por ejemplo, hoy un sector tan conservador como el sector agrícola ha tenido que implementar nuevas y buenas prácticas agrícolas simplemente porque existe una rentabilidad de sus productos de exportación. Y ahí por ejemplo, las ONGs es muy poco lo que han hecho. Chile hoy es parte de la OCDE, por lo tanto sí o sí tiene que mejorar sus prácticas ambientales. Las ONGs contribuyen a ello, pero no todo es mérito nuestro evidentemente. El hecho de que Chile sea incorporado a la OCDE, ¿ha obligado al país a cambiar sus políticas medioambientales? Exactamente. ¿Cuál es el problema medioambiental mayor que están abocados a resolver o tratar actualmente? ¿El problema con las salmoneras? Yo no diría que nosotros estemos abocados a las salmoneras, lo que pasa es que ese caso es interesante para poder analizar cómo el hecho de haber tenido un comportamiento laxo en el tema medioambiental ha generado una catástrofe social, ambiental y económica. Otra tema importante es el tema de los recursos hídricos para la gran minería. Entendiendo que la minería, principalmente la del cobre, que genera los mayores ingresos al país y qué necesita mucha agua, busque hoy aguas subterráneas, aguas fósiles y por lo tanto los recursos hídricos pasen a ser de un recurso renovable a ser tal vez no renovable. Esto es claramente crítico para la gran minería, tanto así que la minería está mirando hacia otras alternativas como los procesos de desalinización. Sin embargo, la desalinización del agua puede ser una solución para asentamientos de lodos del borde costero, pero allí hay que subir el agua muchas veces a 5.000 metros de altura por lo tanto necesitan energía. Entonces en un contexto de cambio climático no es tan fácil decir: Ok, yo reservo, construyo una planta desalinizadora, construyo la red eléctrica y ya.

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Pensaba en este momento en Pascua Lama, que ha sido un tema de los más polémicos justamente por el problema del agua. Me decían que muchos agricultores del área tuvieron que marcharse o terminaron trabajando para la propia empresa, porque ya están haciendo explotaciones. ¿Tú crees que las organizaciones tienen algún rol que jugar allí?

Como te decía yo creo que el rol de denuncia y de capacitar y empoderar a las comunidades ha sido muy importante para mandar la señal a la empresa de que tienen que mejorar. El primer proyecto de Pascua Lama pasaba por afectar los glaciares y tú comprenderás... […] es un pecado mortal porque eso es imposible… […] y entonces a partir de la denuncia, a partir del trabajo de las ONGs, ellos hicieron cambios. Respecto al otro tema que es el de las hidroeléctricas en la Patagonia. Allí también hay varias organizaciones que están trabajando. ¿Tú crees que la acción de las organizaciones ha sido efectiva? Sin duda. Como posiblemente esas represas terminen construyéndose, probablemente en varios años más, pero en un contexto de cambio climático. Chile es el paraíso en cuanto a recursos de electricidad hydroélectrica. Por lo tanto, si se llega a construir se va a construir mejor tanto ambientalmente como socialmente de como estaba el proyecto inicial. Yo creo que allí hay un tremendo mérito de parte de las ONG de haber concientizado la región, de haber entendido por qué hay que cuidarlas. Por lo tanto, ese proyecto, si se llega a realizar, hay que realizarlo con mucho más cuidado. ¿Tú crees que una vez creado el Ministerio del Medio Ambiente, las ONG van a tener que cumplir un rol de supervisión del rol que realice el Estado en ese sentido? Yo pienso que idealmente ese es el rol permanente de la sociedad civil, exigir transparencia. Exigir rendición de las cuentas, estar allí en las decisiones, estar participando en las instancias cuando se dicten normativas y estar en todo lo que tenga que ver con el impacto ambiental. Creo que ese rol principalmente se debe cumplir. Las ONGs deben estar encima. Chile sin ONG ¿se puede perfilar? Ningún país. Yo creo que ningún país, no solo en Chile. El tercer poder yo creo que es algo que nadie discute. Para terminar y volviendo a tu organización, ¿Cómo se financian ustedes? ¿Hay colaboraciones de terceros? Diferentes instancias y con proyectos. Nunca hemos recibido donaciones zonales. Las actividades se financian a través de proyectos. Y hay mucho trabajo voluntario de muchas personas. Todo lo que quieras saber de la Casa de la Paz, existe en la página Web. Donde dice comunicaciones y allí está el reporte. Todos los datos duros de la organización los vas a encontrar allí. ¿Si tuviera alguna duda te podría mandar un mail? Ningún problema, mucha suerte, ningún problema. Muchas gracias por tu tiempo y por tu aporte. Marcela Pulgar Comunicadora Social Estudiante de Master en Ciencia y Gestión Medioambiental ULB-IGEAT, Universidad Libre de Bruselas www.ulb.ac.be [email protected] [email protected]

Annexe 7 : Questionnaire relatif à l’organisation « Centre ECOCEANOS pour le développement durable » pour la Défense des écosystèmes marins

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A) Identidad de la organización Nombre de la organización: Centro Ecoceanos para el Desarrollo Sustentable Persona entrevistada: Juan Carlos Cárdenas Nuñez Ubicación: Santiago de Chile Pagina web: www.ecoceanos.cl Fecha: mayo y julio 2010 Tipo de entrevista: mail y conversación webcam (skype) Hora: 24h00 Bélgica (18h00 Chile) B) Cuestionario estructurado sobre aspectos generales (selección múltiple)

1.- ¿De qué tipo de organización se trata?:

a) Ong b) Fundación c) Asociación local (Tenemos la figura legal mas simple, que es la de asociación comunitaria. Dependemos de la Municipalidad de Santiago) d) Coordinadora e) Junta de vecinos f) Cooperativa g) Otra

2.- ¿Cómo y cuándo nace la organización? (Breve historia)

Nace en 1998, después de haber salido de la Coordinación de la Campaña de Ecología Oceánica de Greenpeace América Latina y eliminado el equipo de campaña de Greenpeace Pacifico Sur (nombre oficial de la oficina chilena, que creamos en 1990 a través del proyecto Greenpeace América latina (1989-1996) del cual yo era parte.

Esto se debió a conflictos políticos e ideológicos con la nueva dirección que asumió Greenpeace International, más vinculada a una visión euro-céntrica (oficina alemana) y ligada a una visión de establecer alianzas con soluciones tecnocráticas y respaldar a la “industria verde” (especialmente en Alemania). Esto comenzó a entrar en conflicto con nuestra visión del sur, más vinculada a relacionar los temas y campañas ambientales de Greenpece con los aspectos políticos en América latina y en Chile especialmente (democratización del país post-dictadura, fortalecer los derechos a la participación y control ciudadano a través de las campañas), situar los problemas ambientales bajo una dimensión social y cultural. Perdimos la pelea luego de tres años de conflictos y fuimos eliminados sistemáticamente.

Con el equipo de campaña, partimos de Greenpeace en 1996 y luego de un largo proceso de reorganización, nos insertamos dentro de las asociaciones de pescadores artesanales (Confederación Nacional de Pescadores Artesanales de Chile / Conapach) que reunía 43.000 pescadores coalición para desarrollar campañas de defensa ambiental y social en los temas costeros-marinos y lucha contra el modelo neoliberal, utilizando la experiencia obtenida en las campañas internacionales / latinoamericanas de Greenpeace, los contactos, la capacidad para realizar lobby y presionar a los gobiernos y parlamentos, así como el trabajo comunicacional. Un modelo “mestizo” de realizar campañas ambientales–sociales nacionales y locales, tomando en cuenta los aspectos y condiciones políticas y económicas globales, tratando de incidir sobre los espacios y foros internacionales, así como desarrollando políticas de alianzas con ONGs y organizaciones sociales en Europa, USA, América Latina y Asia.

3.- ¿Qué dificultades tuvieron para constituirse como organización?

a) la legislación chilena

b) Los recursos: nuestra filosofía es mantener la independencia política y financiera de los gobiernos, la industria y los partidos políticos, para mantener la credibilidad, autonomía e independencia como organizaciones ciudadanas autónomas. Al salir en conflicto público con la nueva dirección de Greenpeace Internacional, durante un periodo fuimos aislados por el resto de las ONGs, que en general estaban muy comprometidas con el nuevo gobierno de la concertación y exploraban acuerdos para reformar a la industria. Luego de nuestras primeras campañas exitosas con los pescadores, logramos armar un nicho y ganarnos los espacios como actores y referentes públicos y políticos.

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c) otra. El accionar por aislarnos y bloquearnos políticamente por parte de Greenpeace y las ONGs nacionales más conservadoras. Sólo tuvimos apoyo en un comienzo de parte del movimiento social de pescadores artesanales y sindicatos de trabajadores de la industria salmonera.

d) no tuvimos dificultades

4. ¿Están sometidos a controles externos? Sí – No.

Si responde sí, ¿quiénes realizan los controles? :

a) organismos internacionales

b) organismos públicos. Legal y financieramente en Chile todas las organizaciones ciudadanas estamos bajo control del Estado (Ministerio del Interior y Servicio de Impuesto Internos).

c) otra organización de defensa del medioambiente pero de mayor envergadura. Nuestros financistas internacionales controlan el uso de los recursos en los objetivos de campaña, efectividad de las campañas. Debemos anualmente entregar reportes de las campañas y financieros.

d) otros. Políticamente, al actuar como redes y coaliciones, entregamos la información de campaña, resultados del trabajo y usos de recursos a nuestros colegas cuando realizamos campañas conjuntas.

5.- ¿Quiénes integran la organización?

a) estudiantes

b) profesionales (1 médico veterinario, 2 periodistas y 1 administradora). Actuamos en redes nacionales e internacionales. Realizamos campañas públicas y tenemos un sistema de comunicaciones (Ecoceanos News, Radio del mar y www.ecoceanos.cl) que recibe 90.000 visitas mensuales. Además realizamos 2 programas de radio semanales en la radio Universidad de Chile y Radio Nuevo Mundo.

c) empresarios

d) miembros de la iglesia

e) trabajadores agrícolas

f) pescadores

g) políticos

h) otro

6.- ¿Existen lazos de cooperación con otras organizaciones?

a) internacionales

b) nacionales

c) asociaciones locales de base

d) no tenemos lazos

Mencione alguna de ellas:

- Redes: Colectivo Internacional de Apoyo a los pescadores (ICSF) con sede en Belgica / India; OECD Watch / ASOC ( Antartic and Southern Ocean Coalition); Pure salmon Campaign Coalitio ;Cero caza de ballenas / Veterinarios Sin Fronteras ( Cataluña, España).

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- Asociaciones: Parlamento del Mar (Chile)/ Conapach / Federacion de trabajadores de la industria del salmón de la X región./ Red de Acción y Justicia Ambiental/ CBI Latina ( ballenas ) /Conadecus ( consumidores) / Instituto Alejandro Liptchutz (ICAL).

7.- ¿Cuentan con una estructura administrativa y/o jurídica? Sí - No

Si responde, ¿quiénes la componen? :

a) director

b) presidente

c) secretario

d) otros

d) organización unipersonal

8.- Tu organización colabora en poner en marcha:

a) proyectos de otras organizaciones locales

b) proyectos de los organismos públicos

c) proyectos de organizaciones de defensa del medioambiente extranjeras (WWF, GREENPEACE, TNC, etc) Cuando se establecen coaliciones internacionales para impulsar campañas (Defensa de los recursos de alta mar, ballenas, Antártica, fondos marinos, contra los impactos de la industria salmonera y pesquera, etc).

d) otros

e) sólo tenemos proyectos propios. No nuestros proyectos son siempre en alianza con organizaciones ciudadanas locales, ONGs internacionales o parte de un movimiento social.

9.- ¿Tu organización integra movimientos sociales amplios de defensa del medioambiente?

Sí - No

Si responde sí, ¿de dónde son ellos?

a) De Chile

b) Del extranjero

c) Ambos

¿Cuáles son?

a) « No a Pascua Lama »

b) « Patagonia sin represas »

c) « Cero caza de ballenas»

d) otra: “No a la privatización de nuestro mar” ( 2007-2010); “No a la expansión de la industria salmonera en Magallanes, Patagonia Chilena” ( 2008-2010), “No a la pesca de arrastre” ( 2007-2009) , “Eliminación del empleo de antibióticos en la industria salmonera en Chile” ( 2002-2010) ; cambio climático ( Cochabamba y Cumbre de los pueblos y la defensa de la madre Tierra, 2010 ). “Por una nueva Constitución democrática y participativa”

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10- ¿Cuál es el (o los sectores) de intervención? (Áreas de trabajo):

a) protección de recursos naturales / biodiversidad marina ( ríos, lagos, fiordos, áreas costeras, alta mar- océanos, recursos y ecosistemas marinos )

b) protección a las víctimas de los daños medioambientales

c) protección de los derechos y las culturas indígenas

d) contaminación (marina-costera y de alimentos marinos -inocuidad alimentaria)

e) gestión de desechos

f) agua (vinculada a la campaña sobre cambio climático)

g) otro

11.- ¿Cuáles son los objetivos que se han propuesto?

a) sensibilizar sobre temas medioambientales

b) desarrollar proyectos de microempresa

c) denunciar daños

d) defender las víctimas de daños medioambientales

e) defender la naturaleza et la biodiversidad

f) otros: fortalecer la organización ciudadana; el cambio cultural para generar una cultura de ciudadanos participativa y con capacidad de control del Estado y de las empresas; contribuir al proceso de democratización del país; generar capacidad de control territorial ciudadano para presionar y detener la expansión de la industria de acuicultura y pesca industrial intensiva; control y denunciar el accionar de transnacionales en Chile.

12.- ¿Qué métodos de trabajo utilizan?

a) difusión de información

b) cursos destinados a la población

c) investigación y publicación

d) asesorías

e) otros: campañas publicas-movilizaciones sociales. Campañas comunicacionales. Lobby en el parlamento. Creación y fortalecimiento de redes nacionales e internacionales.

13.- ¿Cuáles son sus fuentes de financiamiento?

a) financiamiento de organizaciones extranjeras

b) proyectos concursables del Estado

c) proyectos concursables de organismos privados

b) ayudas de simpatizantes

c) venta de servicios

e) otra

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d) trabajo voluntario, como apoyo al trabajo de campaña

14.- ¿Qué medios de comunicación utilizan para comunicar con la comunidad?

a) puerta a puerta

b) reuniones informativas

c) radio

d) televisión

e) diario

f) boletín informativo

g) otro : Trabajo en redes . Acciones directas no violentas (manifestaciones)

C) Cuestionario abierto sobre el rol o los roles de la organización y entrevista

1.- Según tu visión, ¿cuáles son los principales problemas medioambientales chilenos constados en el presente y cuáles los posibles problemas futuros?

a) Modelo de producción y consumo neoliberal

b) Falta de democracia .Sistema excluyente en lo social y concentrador en lo económico

c) Débil nivel de organización ciudadana, fragmentación social e individualismo en la población, especialmente la de carácter urbano

d) Agresiva política de privatización de los recursos y ecosistemas naturales

e) Debilidad del Estado. Falta de control social

f) No existencia de un proyecto político-social y cultural alternativo

Principal problema: El Agua. Integra todos los temas. Privatizada y no es considerada un derecho humano en la actual legislación. Fuerte impacto del cambio climático, especialmente a nivel de glaciares y Antártica. Expansión de minería, forestal, acuicultura y agricultura de exportación compite con usos para consumo humano y mantención de funciones de lo ecosistemas.

2.- Las acciones de tu organización de defensa del medio ambiente ¿están orientadas principalmente a resolver problemas en terreno o a trabajar en el ámbito de las ideas?

Rol efectivo que juega la organización en terreno:

Democratización de la Información / Creación y fortalecimientos de redes a nivel internacional y local / Creación de agendas ciudadanas para la acción / Desarrollo de alianzas estratégicas / confrontación pública con el Estado y la industria (especialmente transnacional) como método de educación cívica de la población / Ir construyendo una agenda ambiental –social basada en organizaciones y enfoques autónomos y terriroriales.

3.- ¿Cuáles son las principales dificultades encontradas durante sus intervenciones? ¿Cuáles son las fortalezas (facilitadores)?

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Dificultades: Control / corrupción de las organizaciones sociales, sindicatos y ONGs por parte del Estado y la industria. Falta de transparencia y dificultades legales para acceder a la información pública / fragmentación y debilidad de las organizaciones sociales y sindicatos.

Fortalezas: Vision estratégica e integradora de los diversos aspectos de los conflictos ambientales / Trabajo en redes / Manejo de las comunicaciones, capacidad de influir en los medios de comunicación masiva y sectores de parlamentarios.

4.- ¿Qué función desempeñan como organización en relación a los aspectos que a continuación se enumeran? (Sólo referirse a aquellos que competen el ámbito de trabajo de tu organización): Explicar

4.1 - Conservación de la naturaleza y de los recursos naturales

Este es uno de los aspectos centrales de nuestro trabajo que realizamos desde hace 13 años como organización ciudadana, autónoma de los gobiernos, la industria y los partidos políticos. Para ello llevamos a cabo campañas públicas, actividades de información, comunicaciones y lobby, apoyadas en las redes de organizaciones ciudadanas, de la pesca artesanal, organizaciones costeras, pueblos originarios y consumidores, tanto a nivel nacional como internacional.

Desde 1998 las diversas campañas han tenido dicho enfoque. Entre ellas podemos destacar : Campaña contra la pesca ilegal de bacalao de profundidad en aguas Antárticas y la defensa de los derechos de las tripulaciones ( 1998-2002); Campaña contra los impactos ambientales, sanitarios y sociales de la expansión de la industria de salmonicultura industrial en Chile ( 2001-2010); Campaña para el establecimiento del santuario ballenero en aguas jurisdiccionales chilenas ( 2007-2008); Campaña por la protección de los fondos marinos en la alta mar del Pacífico sur oriental y el establecimiento de una moratoria contra la pesca de arrastre sobre ecosistemas marinos vulnerables( 2004-2007); Campaña contra la privatización de las pesqueras chilenas y establecimiento del sistema de cuotas individuales transferibles (2000-2002); Campaña para la regulación de la pesca de krill en la Antártica (2007-2009); Campaña contra el empleo masivo de antibióticos y químicos en la industria salmonera chilena. Por la defensa de la inocuidad alimentaria (2007-2009); Campaña contra la expansión de la salmonicultura industrial en aguas de la Patagonia chilena Región de Magallanes (2009-2010); Campaña contra la reapertura de la caza comercial de ballenas. Comisión Ballenera Internacional (2010-2011); Campaña por la disminución de la vulnerabilidad de las comunidades costeras, pesca artesanal y pueblos originarios frente a desastres naturales y cambio climático global (20120-2011).

Ecoceanos es parte de diversas coaliciones nacionales e internacionales tales como: Colectivo de Apoyo a los Pescadores (ICSF); ASOC ( Antartic and Southern Ocean Coalition); OCDE Watch; Grupo Puente para el control del comportamiento empresarial; CBI Latinoamérica; Red de Justicia Ambiental; Parlamento del Mar; Coalición Cero Caza de Ballenas; Coalición No a la Privatización de Nuestro Mar, entre otras.

4.2.-Defensa del espacio propio (organizaciones locales de base, juntas de vecinos, culturas indígenas, etc.)

Nuestras campañas y el apoyo que se entrega a los movimientos sociales frentes a los impactos de las políticas gubernamentales, megaproyectos de inversión pesquera y de acuicultura industrial apunta hacia la defensa del acceso y usos de los recursos naturales y el territorio de las organizaciones locales. Para ello nos integramos durante la creación de coaliciones para implementar las campañas públicas a las organizaciones locales, juntas de vecinos.

Ejemplos recientes en este sentido son: la actual campaña contra la expansión de la industria salmonera en la región de Magallanes (Patagonia chilena), la cual esta tratando de imponer 1.600 concesiones costeras para establecer centros de crianza y engorda de salmón para la exportación, expulsando de amplias áreas del litoral a los pescadores artesanales, cultivadores marinos de pequeña escala y operadores regionales de turismo. Para ello se ha creado la coalición “Patagonia sin Salmoneras” donde participan organizaciones locales de la ciudad de Puerto Natales, unida a la Cámara de Turismo de la Provincia de Última Esperanza y los productores ganaderos locales, los cuales ven amenazados sus prístinos ecosistemas costeros de Magallanes, cuya economía depende de las actividades de turismo y de turismo de intereses especiales (naturaleza y observación de fauna y flora regional, deportes al aire libre, investigación científica).

Otro ejemplo han sido la lucha de la Comunidad Huilliche de Pepiukelen contra la compañía salmonera Los Fiordos del holding Agrosuper, por ocupación ilegal de sus áreas costeras y contaminación de las vertientes de la comunidad en Pargua, al sur de Puerto Montt, región de Los Lagos.

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El apoyo de Ecoceanos a la campaña de las organizaciones de los pueblos originarios por la adopción del Estado chileno e implementación a nivel nacional del Convenio 169 de la Organización Internacional del Trabajo (OIT/ ILO), el cual obliga al Estado a la consulta y participación de las organizaciones indígenas frente a proyectos de inversión que ocupen sus territorios, junto a reconocer el uso consuetudinario de los espacios territoriales y recursos naturales.

4.3.- Víctimas de los daños medioambientales

Exponemos las situaciones y a las victimas de los daños ambientales, sanitarios y sociales, producto de la aplicación de las políticas gubernamentales y el accionar de la industria. Ejemplos: el caso de los buzos y trabajadores de la industria salmonera y pesquera chilena que sufren de una de las mayores tasas de accidentabilidad y mortalidad de esta industria a nivel global.

O los impactos en la salud pública debido al empleo masivo de químicos prohibidos o antibióticos en las producciones industriales. Junto a ello exponemos a nivel nacional e internacional las violaciones de los derechos de las trabajadoras de la industria salmonera, principalmente por las compañías noruegas y el Estado Noruego en Chile. Para ello trabajamos aliados con los sindicatos y federaciones de trabajadores del salmón en las regiones del sur de Chile.

Además exponemos los costos sociales y ambientales de la aplicación de las políticas de privatización del mar sobre los pescadores artesanales y las comunidades costeras chilenas.

4.4. - Población en general (participación ciudadana, sensibilización, campañas)

Es la base de nuestro trabajo de campaña estructurado en base a la entrega y recepción de información a nivel masivo, organización y coordinación de las organizaciones mediante la creación de coaliciones, sensibilización puública a través de la acción directa, lobby en los espacios públicos y políticos y presión sobre el gobierno, partidos políticos, parlamento, industria y los actores y mercados internacionales.

4.5.- Proposición de una nueva filosofía de vida armoniosa con el medioambiente chileno

(Ver punto 6). En general nos adscribimos en una filosofía eco-céntrica, pacifista, de respeto a todas las formas de vida y de la diversidad cultural, basada en la acción ciudadana directa no violenta, que se opone al modelo neoliberal consumista, individualista, competitivo.

En lo político nos planteamos antiimperialistas, optando por las iniciativas de unidad política-económica latinoamericana. Luchamos por el establecimiento de un nuevo Estado y constitución política, de carácter descentralizador, ciudadana y que reconozca los derechos y demandas de los pueblos originarios.

4.6.- Creación de nuevos modelos de desarrollo a nivel mundial (desarrollo durable)

Participamos con las propuestas temáticas en la Comisión de Pesca de las Naciones Unidas (Cofi), la organización mundial de la agricultura y alimentación FAO; en las asambleas generales de las Naciones Unidas cuando se refieren a temas ambientales y marinos vinculados a la biodiversidad, pesquerías y acuicultura; la Convención de Biodiversidad (CBD) ; la Convención para la Conservación de los Recursos Marinos Vivos de la Antártica (CCMLAR); la Comisión Ballenera Internacional; la Comisión de Pesca del Parlamento Europeo, la Comisión Permanente del Pacífico Sur (CPPS), la Organización Regional de Pesca del Pacifico Sur, entre otras.

4.7- Acción de las industrias y la explotación de recursos naturales

A través de la realización de campañas de información, denuncia, rechazo y creación de regulaciones por parte del Estado chileno o de los países donde están los mercados de las exportaciones chilenas, en relación con los estándares ambientales y sanitarios de las producciones pesqueras y de acuicultura. Hemos utilizado al ICSF /CIAP y el OCDE Watch para el control del accionar de las compañías transnacionales en nuestro país.

4.8- Acción del Estado y la elaboración de políticas públicas

Representamos junto a las otras ONG y el movimiento social la posición y demandas de la ciudadanía frente a los organismos del Estado relacionados con la conservación del medio ambiente, la protección de la

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biodiversidad, los recursos naturales, la salud publica, los derechos de los trabajadores, la inocuidad de los alimentos y el cumplimiento de los acuerdos internacionales. Por ello habitualmente interactuamos en la elaboración de políticas públicas con los Ministerios de Relaciones Exteriores, Economía, CONAMA, Salud, Trabajo y las diversas comisiones del parlamento chileno. Al mismo tiempo mantenemos informados a los diversos parlamentos y organizaciones de consumidores y ciudadanos de los países y bloques comerciales con los cuales Chile tiene acuerdos comerciales a través de los tratados de libre comercio.

Complementariamente realizamos la labor de control sobre los funcionarios del Estado en conjunto con las organizaciones de pescadores artesanales, sindicatos de trabajadores y consumidores. Ello ha significado la salida de dos Subsecretarios de pesca acusados de corrupción durante estos veinte años, así como el control por los organismos públicos de comportamientos poco transparentes o corruptos de funcionarios.

En los últimos años, incentivamos la creación de organismos autónomos del Estado para asegurar la transparencia y el acceso a la información, así como la inocuidad de los alimentos.

4.9- Labor científica

Tenemos contactos de carácter secundario con los científicos e investigadores para obtener apoyo a nuestras campañas y aportar con información. Ello debido a que la mayoría de los científicos están cooptados a través del financiamiento a los centros de investigación y universidades por el Estado y la Industria. En muchos casos son cómplices de los procesos de destrucción ambiental y de las acciones de relaciones públicas de los gobiernos y empresas.

4.10- Desarrollo urbano (medioambiente en las grandes urbes)

Apoyamos y nos sumamos públicamente a las campañas que realizan otras organizaciones y redes ciudadanas que luchan contra la expansión irracional de las ciudades, promovido por los intereses inmobiliarios y especuladores especialmente en Santiago. Ello es parte del modelo centralista, concentrador y excluyente existente en el país.

A ello se suma el problema del acceso al agua potable como un derecho humano, el cual expresa brutalmente su inequidad en el acceso y calidad en las ciudades, derivado de las actuales políticas y de los usos irracionales por parte de la minería, industria forestal, agricultura de exportación, ganadería, pesca y acuicultura industrial.

6.- La organización de defensa del medioambiente debe entenderse como ¿un contrapoder, como un co-Gobierno, como una instancia destinada a suplir las falencias del Estado, como agente de transformación social, otros? Explicar

Como un contrapoder frente al Estado y los partidos políticos, que es capaz de contribuir a la constitución de movimientos sociales, a los procesos de democratización del país, recuperación y defensa de nuestros recursos y ecosistemas naturales, a la lucha contra la aplicación de dobles estándares ambientales, sanitarios y sociales de las compañías transnacionales, al control contra la corrupción de los altos funcionarios del Estado encargados de regular al sector empresarial.

Además las organizaciones ciudadanas deben ser un modelo de accionar autónomo que contribuye y es expresión del actual cambio cultural existente en la sociedad chilena para la construcción de ciudadanos que participan, se informan, proponen y cuentan con una identidad latinoamericana.

No sustituye al Estado, sino que se plantea la construcción de otro modelo de desarrollo alternativo al actual industrial-extractivo-exportador; modificar los patrones de producción y consumo actual, reemplazándolos por forma sustentables, destinados a responder a las necesidades nacionales; construcción de un Estado democrático basado en una nueva Constitución, la participación directa y resolutiva de las organizaciones ciudadanas, la descentralización territorial y un enfoque eco-céntrico (basado en la defensa de la vida y la mantención de la estructura y funcionamiento de los ecosistemas naturales, base de la existencia humana), el cual sustituye al actual de carácter antropocéntrico-industrialista, basado en las lógicas de mercado, el individualismo y la competencia caníbal.

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7.- ¿Crees que es necesario un Ministerio del Medioambiente en Chile? ¿Por qué?

El tema no es el Ministerio sino las políticas nacionales que implemente.

8.- Desde tú visión, ¿cuál sería el escenario en Chile sin la existencia de las organizaciones de defensa del medioambiente?

El aumento de la actual asimetría política en la sociedad chilena; el aumento del abusos de las grandes compañías y el Estado sobre las comunidades locales y los intereses de los ciudadanos por la falta de control y monitoreo público a nivel nacional e internacional; una mayor profundización de los procesos de destrucción ambiental y desintegración social producto del actual modelo neoliberal; la falta de información y efectivo control de la comunidad internacional sobre lo que sucede en Chile en temas de derechos humanos, respeto a los derechos laborales, de género, de los pueblos originarios y cumplimiento de los compromisos internacionales de Chile a nivel internacional, entre otros aspectos.

9.- ¿Cuál es el problema medioambiental mayor que están abocados a resolver o tratar actualmente?

Lucha contra el modelo de producción y consumo neoliberal en el sector costero-marino. La privatización de los recursos marinos y el litoral costero del país incentivada por los gobiernos de la Concertación y ahora por la derecha neoliberal. La expansión de la industria transnacional salmonera en la Patagonia chilena. Lucha contra los intentos de eliminar la actual moratoria internacional contra la caza comercial de ballenas. Los impactos del cambio climático global en el medio marino, comunidades costeras y Antártica y la lucha por la recuperación de agua como propiedad pública y derecho humano.

10.- ¿Cuál es la función central que cumple tu organización en la defensa del medio ambiente?

Democratizar el acceso a la información, aportar a la coordinación de las organizaciones ciudadanas para el desarrollo de campañas públicas, aportar a la creación de agendas ciudadanas para la acción, contribuir a la democratización de Chile impulsando el establecimiento participativo de una nueva Constitución, la recuperación de nuestros recursos naturales (cobre, agua, recursos pesqueros, litoral costero).

La visión estratégica de nuestras campañas es contribuir al cambio cultural al interior de la sociedad chilena, lo que precederá a los futuros cambios políticos en nuestro país. Para ello utilizamos la creación y el desarrollo de campañas públicas ambientales-sociales como una especie de escuela al aire libre de educación cívica. Su objetivo de largo plazo es el crear y fortalecer una nueva cultura, con ciudadanos conscientes, participativos, informados y autónomos frente al Estado, industria y partidos políticos, los cuales tengan capacidad de control y administración de sus territorios y recursos.

Labor que desempeñan con los pescadores artesanales:

El sector de la pesca artesanal es clave para nuestro trabajo de defensa ambiental y de los derechos ciudadanos, de las comunidades costeras y de género, ya que dota de gran visibilidad pública, respaldo y presión social sobre el Estado, parlamento y la industria. Nuestra alianza estratégica proviene del periodo de lucha contra la dictadura militar por la recuperación de los derechos ciudadanos y del sistema democrático y posteriormente contra la privatización de las pesquerías chilenas y del litoral sur del país.

Un eje de cooperación es la lucha contra los impactos sanitarios, ambientales y sociales de la expansión de la industria salmonera en las regiones de Los lagos (Puerto Montt y archipiélago de Chiloé) y posteriormente las regiones de Aysén y Magallanes.

A nivel internacional desarrollamos por casi dos décadas una cooperación con el Colectivo Internacional de Apoyo a la Pesca Artesanal (CIAPA /ICSF) con base en la India y Bélgica por la defensa de los derechos de acceso a los recursos marinos y dulce- acuáticos / continentales (ríos, lagos) de las comunidades costeras y la defensa de los derechos de género. A ello se une el control sobre el comportamiento de las transnacionales

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europeas en aguas latinoamericanas y los impactos que genera las políticas pesqueras y de acuicultura de la UE.

Esta cooperación se realiza a nivel comunicacional, la realización de seminarios, campañas y lobby en los organismos internacionales - principalmente Naciones Unidas- y parlamentos nacionales y de la UE.

Tema de la defensa de ballenas: Esta ha sido una campaña emblemática en Chile. El 2007-2008 se realizó una exitosa campaña nacional, liderada por la Conapach (Confederación Nacional de Pescadores Artesanales, aproximadamente 43.000 asociados a lo largo del litoral chileno) y las organizaciones Centro Ecoceanos, Centro de Conservación Cetácea (ONG basada en Chiloé) y el Observatorio latinoamericano de Conflictos Ambientales (OLCA).

Obtuvimos el apoyo transversal en el parlamento chileno, el respaldo de la presidenta Bachelet y un 97% de apoyo de la ciudadanía chilena, logrando el decreto de dos leyes que establecen que todas las aguas chilenas (5 millones de Kilómetros cuadrados) son un área donde se conservan las poblaciones de cetáceos y sus áreas de reproducción, alimentación y rutas migratorias, prohibiéndose todo tipo de caza y promoviéndose el uso no-letal de las poblaciones de ballenas a través del turismo de observación de base comunitaria.

Los objetivos estratégicos de la campaña de ballenas son: incorporar a la población urbana (especialmente los jóvenes) a la participación y defensa activa del medio ambiente; difundir la situación ambiental en el medio marino nacional e internacional; establecer medidas de conservación que permitan la creación de áreas marinas protegidas que contengan la expansión de la industria pesquera y de la salmonicultura; fortalecer económica y socialmente a las comunidades costeras y pesca artesanal a través de la realización de actividades de turismo, los cuales tienen una creciente aceptación en el país y es un factor de protección de la biodiversidad marina y las áreas costeras frente a los impactos de la industria.

11.-Pueblos originarios

Ecoceanos tradicionalmente apoya las demandas políticas, económicas y sociales de los pueblos originarios. A ello se une el establecimiento de alianzas estratégicas contra la expansión de la industria pesquera, de acuicultura, forestales y mineras. Para ello pone a su disposición su sistema de comunicación (www.ecoceanos.cl, Ecoceanos News, Radio del Mar y el programa Pulso Ambiental en la Radio de la Universidad de Chile).

Ecoceanos apoyó la campaña en el parlamento que logró el reconocimiento de los derechos consuetudinarios (tradicional) de los pueblos indígenas en las áreas costeras chilenas, así como el apoyo a la campaña de las organizaciones de los pueblos originarios gracias a la cual el Estado chileno adoptó la implementación a nivel nacional del Convenio 169 de la Organización Internacional del Trabajo (OIT/ ILO). Este obliga al Estado chileno a la consulta y participación de las organizaciones indígenas frente a proyectos de inversión sobre los recursos y ecosistemas naturales, así como al reconocimiento del uso consuetudinario de sus espacios territoriales y recursos.

Otro espacio de cooperación es la actual evaluación de los impactos generado post-terremoto y tsunami del 27 de febrero del 2010 sobre las comunidades costeras, pueblos indígenas y pescadores artesanales en Chile (2010-2011).

El trabajo de Ecoceanos es con las organizaciones de los pueblos originarios que históricamente han vivido y utilizan las áreas marino-costeras, islas, archipiélagos y dulceacuícolas (lagos), tales como el pueblo Mapuche –Huilliche ( Gente del mar, principalmente en las regiones de Los Lagos) y Mapuche. Lafkenches ( Gente de los lagos (Lafken), principalmente en las regiones del Bío-Bío y de Los Lagos.

Entrevista webcam

(problema de comunicación on-line)

...Lo mismo pasó con el gobierno de Lagos, en donde se privatizó gran parte de lo que quedaba todavía y ahora Bachelet hace esto. Piensa tú, piensa que la última ley que aprobó... antes de dejar el poder: la

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privatización del litoral chileno. Lo firmó la presidenta Bachelet el día 9 o 10 de marzo, diez horas antes de salir del gobierno.

¿A qué te refieres con privatizar el mar?

El gobierno de Ricardo Lagos entregó cuotas individuales de pesca. Es decir, a las empresas se les entregó en propiedad un porcentaje de los recursos marinos, gratis, gratuitamente. Y eso fue el año 2002 y por lo tanto el 2012 se cumplen 10 años de eso, ahora nosotros estamos allí peleando para que se discuta sobre lo que significó ese proceso, pues ahora tú no puedes entrar a pescar al mar porque todos los recursos del mar han sido entregados en propiedad a la grandes compañías y también a los pescadores. Y si tú entras a pescar estás robando, en el día de hoy. Esto fue entregado de manera gratuita a las compañías, ahora quedan 10 compañías grandes en Chile que controlan casi el 90% de todas las capturas en el país. Ellos tienen cuotas individuales de captura que le aseguran un porcentaje de la cuota global anual de pesca. Todo esto es propiedad de ellos. Ellos a su vez pueden vender, arrendar, heredar, transferir esas cuotas, como propiedad....

¿Esa medida involucra también a pescadores artesanales o solamente la pesca industrial?

También a los pescadores. Nosotros durante tres años peleamos contra esta medida junto con los pescadores, pero luego el gobierno del presidente Lagos los fue comprando a los dirigentes con la promesa de que también a ellos les iba a tocar parte de la entrega de cuotas. Entonces ellos entraron finalmente al juego y ¿qué es lo que sucede con esto? Que tú puedes vender tu cuota, si tú tienes problemas económicos, esa cuota que el Estado te entregó gratuitamente tú la puedes vender. Los pescadores la han ido vendiendo a las empresas grandes, por lo tanto más o menos casi un cuarenta por ciento de los pescadores ha ido saliendo del sistema porque han vendido sus cuotas.

¿Ya no están trabajando como pescadores?

No. Ellos se han transformado en mano de obra temporera, barata. Usados como asalariados de la propia industria pesquera, donde fueron compradas las cuotas. Ellos les pescan a las empresas las cuotas que están dentro de las cinco millas. Porque las cinco millas que están frente a la costa por ley, éstas cinco millas les fueron entregadas a los pescadores, pero los pescadores han ido vendiendo sus cuotas y la industria los contrata al año, por una cantidad de meses, para que ellos pesquen dentro de esas cinco millas. Pero esa captura es propiedad de las compañías y con eso ellas hacen harina, aceite o exportan productos congelados.

¿Esa concesión implica solamente los recursos de los pescadores que han vendido sus cuotas, incluye también los pescadores de la costa - orilleros?

Incluye todos. La mayor parte de las pesquerías comerciales están con el sistema de cuotas individuales transferibles. Es decir, se llama "límite máximo de captura", entonces eso tiene que ver con las pesquerías más importantes, porque las pesquerías de orilla, todavía siguen siendo pesquerías artesanales. La industria no opera sobre esta pesquería, son pesquerías de volúmenes más pequeños. La industria opera fundamentalmente con jurel. El jurel representa casi el 50% de toda la extraction pesquera. La pesca industrial en Chile es básicamente de jurel. Una parte importante de ésta ….. se transforma en harina de pescado …….porque se usa para alimentar salmones o para la alimentación de la ganadería, la industria avícola, alimentación de cerdos y toda la industria alimentaria usa harina de pescado. Y Chile y Perú son los que aportan casi 70% de toda la harina de pescado del mundo. Porque ésta es la quinta área más productiva de todo el planeta. Toda área está en las costas de Chile y Perú, zona influenciada por la corriente de Humboldt que es una corriente de origen sur-antártico, una de las áreas más productivas del planeta y aquí la pesca conjunta de Chile y Perú hacen casi 25% de la pesca mundial en volumen entre más de 70 países que pescan en el planeta. El nivel de capturas que se hacen en la región es altísimo y gran parte de eso se destina para la producción de harina y de aceite industrial. Eso es fundamentalmente con jurel, anchoveta, sardina y caballa que son recursos pelágicos, recursos de superficie, que su ciclo de vida está vinculado a la superficie marina.

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¿Me puedes hablar más sobre los recursos bentónicos, los que están en profundidad?

Los recursos bentónicos están asociados con el fondo marino y son todos los que son algas, moluscos, crustáceos y algunos tipos de peces que son más cercanos a la orilla. Los buzos bajan a unos doce o 20 metros y los pelágicos son los de superficie, los demersales que son recursos pesqueros que están a media agua o con el fondo marino pero más hacia el interior del mar y ahí se encuentran todos los peces de carne blanca fundamentalmente congrio y merluza. La mayoría o muchos de esos sistemas son recursos demersales, pesqueros sobretodo, los que se pueden encontrar desde los 20, 40 metros hasta los fondos marinos, pero más hacia alta mar. En Chile y en Perú las principales pesquerías industriales son pelágicas los artesanales, las principales capturas son demersales de peces, congrios, merluzas y.... tiene una gran cantidad de otros peces más de carne blanca y destinada al consumo humano.

Ustedes, según lo que decías en el cuetionario que aplicamos, trabajan con los pescadores artesanales. Me hablaste sobre las cuotas y que las están vendiendo ¿cuál es el objetivo de esta relación con elos, ayudarlos a que no vendan, sensibilizarlos, cuidar esos recursos...?

Nosotros les ayudamos en sus reivindicaciones, hacemos alianzas con ellos, en primer lugar contra la política pesquera, porque la política pesquera tiene como objetivo la concentración del sector pesquero, es decir, que cada vez menos compañías van dominando tanto el sector de captura como el sector de procesamiento y comercio. Entonces por ejemplo, el día de hoy no quedan más que 4 o 5 grandes compañías que controlan casi el 90% de la pesquería pelágica. Un ejemplo de ello es Angelini. Angelini concentra el 90% de toda la pesca del norte del país. Una sola compañía. En estos casi 10 años, ellos fueron eliminando todas las empresas pequeñas y medianas, las fueron quebrando, les fueron comprando sus cuotas. Entonces nuestros objetivos son:

1° Con la pesca artesanal: establecer alianzas para luchar contra la política pesquera. La política pesquera tiene como objetivo primero el tema de la concentración económica, es decir, que las actividades de pesca crecientemente estén en manos de las grandes empresas pesqueras.

2° Entonces nosotros como segundo objetivo estamos por luchar contra la “trasnacionalización” del sector pesquero y la acuicultura, porque fundamentalmente en el sector de la acuicultura industrial, las compañías no son chilenas sino que son compañías trasnacionales las que están controlando tanto el área de producción como el área de procesamiento y exportación. En este sector fundamentalmente están las grandes compañías trasnacionales Noruegas...

¿Son los mismos que están explotando en Europa el recurso pesquero pero en otras condiciones, son las mismas compañías?

Son las mismos. Básicamente son tres compañías: la Marine Harvest, una compañía que pertenece a un solo hombre que se llama John Fredricksen que es el hombre más rico de Noruega, que es propietario de la principal flota de barcos de transporte de petróleo. Noruega es uno de los principales productores de petróleo a nivel mundial. Pero al mismo tiempo la flota de Fredricksen es la flota que hace el transporte del petróleo del área de conflicto en medio oriente, en Irak, hacia Estados Unidos. Por eso que este tipo es millonario y parte de su diversificación lo fue colocando hace 4 años atrás en la compra de grandes compañías salmoneras en Noruega, esto es compañías que tienen una presencia dominante en Chile. La segunda compañía noruega que domina en Chile se llama Cermaq, compañía en la cual el Estado de Noruega controla el 43% de las acciones. Cermaq en Chile se llama Mainstream (Cermaq –Mainstream S.A. Industria Salmonera, Calbuco, X Región, Chile).

En nuestra página se encuentra bastante información al respecto. Entonces estas dos compañías ya van a controlar casi el 40% de toda la producción del salmón en Chile. Nosotros con los pescadores luchamos contra las compañías trasnacionales, porque generalmente aplican doble estándares en nuestro país, es decir, las compañías noruegas tienen altísimos estándares ambientales, sanitarios, laborales y también en relación con las políticas de género, pero estos estándares y estas políticas no las aplican en Chile, no los aplican en Chile. Al contrario, ellos son uno de los principales compañías que violan, incluso la legislación chilena es una legislación muy laxa, muy frágil, entonces allí hay también un espacio de trabajo de campaña, para la denuncia de este comportamiento de las transnacionales, fundamentalmente Noruega y secundariamente japonesa y española en relación con estándares ambientales, sanitarios, laborales y de género. El otro espacio en el cual

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nosotros hacemos alianzas con los artesanales es en relación con los impactos que tienen estas industrias, impactos ambientales, pero también sanitarios, sociales y económicos. Y dentro de la industria salmonera los primeros impactos tienen que ver con la ocupación del territorio, del litoral costero en las áreas de pesca, del área de extracción de recurso bentónicos de los sectores que usan la pesca artesanal para el transporte por parte de las compañías salmoneras. Cuando llegaron las compañías salmoneras se establecieron en el borde costero, expulsaron a los pescadores y a las comunidades, se apropiaron territorialmente de esa área...

¿Con la aprobación de la legislación del gobierno de turno?

Claro, esto ya lleva casi 30 años.

Empezó en los años 70-80.

No. Comenzó en la década de los 80. Pero a partir de los ‘90, es cuando la industria salmonera da un salto en cuanto a producción, porque en la década de los ‘90 es cuando entran las trasnacionales y las grandes empresas salmoneras en Chile que provienen del sector de la pesca, de harina y aceite de pescado, como esas empresa eran las que abastecían a los salmoneros de harina y aceite para alimentarlos, después ellos dijeron "¿por qué no vamos comprando todo? nosotros producimos el alimento que es aceite y harina de pescado, producimos los salmones y hacemos las exportaciones de esto?". Los costos de la alimentación de los salmones es del 50 por ciento del costo fijo en la producción de salmón. Entonces estas grandes compañías que estaban ubicadas principalmente en la 8° región, Concepción y Talcahuano que es una de las principales áreas de producción mundial de harina y aceite de pescado, entraron en el año 1990 al negocio salmonero porque era un negocio muy bueno. La demanda de harina era creciente a nivel mundial y las regulaciones y las restricciones eran mínimas. Entonces en el año 1990 comienza una etapa en la que por ejemplo se exportaban. Te voy a dar una cifra estimada, pero imagínate tú, unos doscientos millones de dólares anuales y se pasó en una década de unos 200 ó 300 millones de dólares anuales a unos 2.400 millones de dólares anuales, que eso fue entre los años 2007-2008.

¿Por qué en el año 1990?, ¿Fueron acuerdos que se establecieron durante el régimen militar?

Fue porque cuando se va la dictadura militar y entra la Concertación, estos grandes capitales, estas grandes empresas ven que el gobierno de la Concertación es un gobierno que se está estableciendo y que requiere enviar señales de que no tiene ninguna oposición contra las grandes compañías y ellos aprovechan el que este gobierno se tiene que instalar y le ofrecen al gobierno que el desarrollo de la salmonicultura le permitiría a a la democracia establecer una nueva industria que fuera una industria fundamentalmente exportadora, una industria en la cual ellos pudiesen ir ocupando espacios de expansión territorial y también productivo. Y hay otro elemento interesante: existe un segmento de empresarios que están ligados a la Concertación que hacen acuerdos con la Concertación a comienzo de los noventa, para que respalden este proceso de expansión de la industria salmonera en Chiloé fundamentalmente y en Aysén. Y eso obviamente a cambio de financiamiento porque hay una declaración de Ricardo Lagos. Durante el período de Ricardo Lagos la industria salmonera fue como el delfín de Ricardo Lagos porque Ricardo Lagos dijo: "cuando yo finalice mi gobierno uno de cada tres salmones que se coman en el mundo va a provenir de Chile".

¿Y lo cumplió?

Lo cumplió. Pero qué significó eso. Que el proceso de expansión de la industria salmonera en Chiloé fue increíble. No sé si sabes que Chile es el único país donde se entregan concesiones de tierra de agua gratis, las empresas no pagan nada, el Estado se lo entrega gratuitamente y el Estado a su vez les da apoyo en todo el proceso de exportación, de difusión internacional, entonces las industrias salmoneras y los empresarios que estaban más cerca de la Concertación utilizaron a la Concertación para que el proceso de expansión territorial y gestión productiva ocurriera sin ningún tipo de regulación, sin ningún tipo de restricción y lo aprovecharon muy bien. Y en menos de 10 años Chile pasó a ser el segundo productor y exportador mundial de salmones, fundamentalmente salmón del Atlántico, y secundariamente salmón del Pacífico. Y a mitad de la década de los ’90 Chile ya está cerca del 38% de la oferta mundial del salmón y luego Noruega estaba por el 40%, 42%. Tú comprenderás que dos países hacían casi el 80% de la producción mundial. Pero eran dos países en los cuales la forma de producir eran bastantes diferentes. En Noruega habían fuertes controles estatales, fuertes regulaciones sanitarias, ambientales, laborales en cambio en Chile, éste era un país donde la expansión se hacía de una manera muy salvaje, de una manera muy poco regulada. Las compañías noruegas permitían que

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ellos tuvieran una producción de gran volumen y le permitiera controlar la exportación de mercados, fundamentalmente de Estados Unidos. Entonces, ellos aprovechaban esto y es importante señalar que el primer subsecretario de pesca que tuvo Ricardo Lagos fue el ex-presidente de la industria salmonera de Salmón-Chile, que es un hecho inédito, nunca antes un empresario había sido subsecretario de pesca, tan brutalmente. Sin embargo con Ricardo Lagos se nombró inmediatamente al ex-presidente de Salmón-Chile que es el nombre que tiene aquí la asociación de productores de salmón, de los grandes productores, como su primer subsecretario de pesca. Esto fue como dejar al gato cuidando la pescadería.

Explícame.

Se llamaba Daniel Albarran. Nosotros inmediatamente junto con los pescadores hicimos todo un monitoreo de este señor, porque supimos que el hombre estaba muy endeudado y también estaba en un proceso de ir tomando concesiones salmoneras a su nombre, entonces lo monitoreamos y finalmente descubrimos que a los cuatro meses de estar como secretario empezó a auto-otorgar concesiones de salmonicultura...

Se cortó la comunicación...

¡Gracias por tu participación!

Marcela Pulgar Comunicadora Social Estudiante de Master en Ciencia y Gestión Medioambiental ULB-IGEAT, Universidad Libre de Bruselas www.ulb.ac.be [email protected] [email protected]

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Annexe n°8 : Questionnaire relatif à l’organisation « Groupe de sauvetage et réhabilitation de faune sauvage – GRRAS »

A) Identidad de la organización

Nombre de la organización: Centro de rescate y rehabilitación de fauna silvestre, Universidad de Antofagasta animales, Chile Persona entrevistada: Christian Guerra Castro (fundador) Ubicación geográfica: Antofagasta, Chile Pagina web: http://www.crrfs-grras.blogspot.com/ Fecha: mayo y 30 de junio de 2010 Tipo de entrevista : mail y telófonica Hora : 02h00AM Bélgica (20h00 Chile)

B) Cuestionario estructurado sobre aspectos generales (selección múltiple)

Cuestionario estructurado sobre aspectos generales

1.- ¿De qué tipo de organización se trata?:

a) Ong

b) Fundación

c) Asociación local

d) Coordinadora

e) Junta de vecinos

f) Cooperativa

g) Otra

2.- ¿Cómo y cuándo nace la organización? (Breve historia)

Esta organización nace por el año 1998, debido a la necesidad de atender animales silvestres que llegaban a la Universidad de Antofagasta al Centro de Rescate de Fauna Silvestre. Existía la necesidad de tener una organización que pudiera realizar actividades de atención de los animales, educación ambiental, generación de proyectos y fondos para costear los requerimientos del centro, ya que no se contaba con algún financiamiento proveniente de la Universidad.

3.- ¿Qué dificultades tuvieron para constituirse como organización?

a) la legislación chilena

b) los recursos

c) otra

d) no tuvimos dificultades

4. ¿Están sometidos a controles externos? Sí – No.

Si responde sí, ¿quiénes realizan los controles? :

a) organismos internacionales

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b) organismos públicos

c) otra organización de defensa del medioambiente pero de mayor envergadura

d) otros

e) ninguno

5.- ¿Quiénes integran la organización?

a) estudiantes

b) profesionales

c) empresarios

d) miembros de la iglesia

e) trabajadores agrícolas

f) pescadores

g) políticos

h) otro

6.- ¿Existen lazos de cooperación con otras organizaciones?

a) internacionales

b) nacionales

c) asociaciones locales de base

d) no tenemos lazos

Mencione alguna de ellas:

Redes: otros centros de rescate del país, Ongs internacionales de protección de fauna

Asociaciones:

7.- ¿Cuentan con una estructura administrativa y/o jurídica? Sí - No

Si responde, ¿quiénes la componen? :

a) director

b) presidente

c) secretario

d) otros

d) organización unipersonal

8.- Tu organización colabora en poner en marcha:

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a) proyectos de otras organizaciones locales

b) proyectos de los organismos públicos

c) proyectos de organizaciones de defensa del medioambiente extranjeras (WWF, GREENPEACE, TNC, etc)

d) otros

e) sólo tenemos proyectos propios

9.- ¿Tu organización integra movimientos sociales amplios de defensa del medioambiente?

Sí - No

Si responde sí, ¿de dónde son ellos?

a) De Chile

b) Del extranjero

c) Ambos

¿cuáles son?

a) « No a Pascua Lama »

b) « Patagonia sin represas »

c) « Cero caza de ballenas»

d) otra

10- ¿Cuál es el (o los sectores) de intervención? (Áreas de trabajo):

a) protección de recursos naturales (bosques, ríos, océanos, montañas, otros)

b) protección a las víctimas de los daños medioambientales

c) protección de culturas indígenas

d) contaminación

e) gestión de desechos

f) agua

g) otro

11.- ¿Cuáles son los objetivos que se han propuesto?

a) sensibilizar sobre temas medioambientales

b) desarrollar proyectos de microempresa

c) denunciar daños

d) defender las víctimas de daños medioambientales

e) defender la naturaleza et la biodiversidad

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f) otros

12.- ¿Qué métodos de trabajo utilizan?

a) difusión de información

b) cursos destinados a la población

c) investigación y publicación

d) asesorías

e) otros

13.- ¿Cuáles son sus fuentes de financiamiento?

a) financiamiento de organizaciones extranjeras

b) proyectos concursables del Estado

c) proyectos concursables de organismos privados

b) ayudas de simpatizantes

c) venta de servicios

e) otra

d) trabajo voluntario, no contamos con financiamiento

14.- ¿Qué medios de comunicación utilizan para comunicar con la comunidad?

a) puerta a puerta

b) reuniones informativas

c) radio

d) televisión

e) diario

f) boletín informativo

g) otro, creación de folletos, cartillas.

C) Cuestionario abierto sobre el rol o los roles de la organización y entrevista […] De allí nace la necesidad de poder tener un Centro de Rescate de animales, ahora de fauna silvestre y así se transforma en la primera necesidad. Con el tiempo este centro va creciendo, nos surgen ideas, empezamos a trabajar con la gente en educación ambiental y entonces empieza a crecer el rango de acción de lo que es el Centro de Rescate.

Es decir que en un primer momento empezaron con el tema de protección y rehabilitación de fauna y animales.

Rehabilitación de fauna solamente. Rehabilitación de animales.

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Rehabilitación y rescate. ¿Podrías explicarme como funcionan?

Llegan animales enfermos, se curan, se alimentan y luego la función principal del centro es devolver los animales a su medio natural. Eso es lo referido a la rehabilitación y luego a la liberación de los animales. Esto no funciona como un zoológico, no tiene nada que ver. Estamos totalmente en contra de cómo funcionan los zoológicos. Es un lugar de pasada de los animales, de recuperación y después liberación.

Y ¿cuál es el tipo de animales que encontramos principalmente en la zona?

Principalmente animales marinos, aves marinas, eso es lo que principalmente llega. Hoy en día lo que estamos recibiendo con mucha ocurrencia son animales heridos porque caen a piscinas mineras y son traídos al centro para ser atendidos... Estamos haciendo una labor bastante grande, muchos animales llegan al centro porque han caído a las piscinas de relaves. Los animales llegan perdidos a alguna mina y las personas que trabajan en las minas los traen acá en busca de atención para ellos. Para las mineras son impactos no previstos.

¿Cómo llegaste tú a la organización, cuál es tu participación en el centro, eres parte del directorio o de la fundación?

Soy uno de los fundadores de la organización, nosotros creamos esta organización, éramos unas 15 personas y yo soy uno de los fundadores. Hoy día no participo con dedicación máxima en el centro como lo hacía antes, con el tiempo uno empieza a hacer otras cosas. Se va dejando espacio a personas nuevas, más jóvenes para que participen y trabajen en esto. ¿Entiendes? Pero, claro, soy uno de los fundadores de esta organización.

Claro, ella se fundó en el año 1998. Me decías en la encuesta que ustedes no tuvieron ningún problema para organizarse. ¿Ustedes está constituidos como una ONG?

Sí, estamos constituidos como una ONG.

¿La Universidad de Antofagasta tiene alguna incidencia en el trabajo que hacen ustedes hoy día? ¿Cuál es su función en este aspecto?

El vínculo que nosotros tenemos con la Universidad es que ella nos facilita un lugar de trabajo, nos presta el espacio físico y nos da el agua, la luz, nos entrega los servicios básicos. Así, dentro de la Universidad nosotros tenemos un lugar, es allí donde se ubica el Centro de Rescate, es el espacio físico donde están las jaulas con los animales, la enfermería, la oficina y todo el resto.

Respecto a la gente del grupo ¿cuántos más o menos son ustedes en el centro hoy día?

Esto siempre va variando, algunos entran otros se van, que les gusta o no les gusta algo, pero generalmente se mantienen 15 personas.

Entre estas 15 personas ¿hay gente que está vinculada a la Universidad o no necesariamente?

Hay gente que está vinculada a la Universidad, porque como estamos dentro del campus universitario llegan muchos estudiantes de distintas carreras interesados por colaborar en el asunto del cuidado de los animales por ejemplo y también hay profesionales de la Universidad que están trabajando allí, que son pocos, pero también hay gente externa que llega.

¿Todos son voluntarios?

En esta organización sí. Esta organización funciona con el Centro de Rescate y en este Centro de Rescate hay algunas personas que tienen remuneraciones, para lo que es la labor de mantenimiento diario de los animales.

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Allí hay un a persona que trabaja con un contrato por la Universidad. También hay un veterinario que trabaja con un contrato de esta casa de estudios.

¿Entonces la Universidad aporta además con algo de material humano e infraestructura?

Claro, apoya en esa parte con material económico para la contratación de algunas personas y con la infraestructura.

En el punto N°6 del cuestionario tú decías que ustedes tenían algunos lazos con organizaciones internacionales. ¿Son ONG o son organizaciones de otro tipo?

Son ONG. Grupos de investigación por ejemplo, con tortugas marinas. Tenemos contacto con Carumbe, con gente de Perú, nos relacionamos con harta gente que trabaja en el ámbito de la investigación con tortugas marinas. De hecho, tenemos una red de investigadores de tortugas marinas por casi todo el Pacífico Sur Este. Hasta Colombia e incluso México. Tenemos contacto con esa gente que trabaja con tortugas marítimas pero que igual trabaja también con cuidado del medio ambiente y muchas otras cosas más.

En Antofagasta, ¿cuál es la zona donde han llegado las tortugas marinas?

En el sector de la Isla Santa María. En Mejillones estuvieron un tiempo y después incluso estuvieron en el terminal pesquero de Antofagasta. Las que llegan se llaman tortugas verdes. Aparecieron hace poco. Antes no se veían, ahora sí.

¿Estas tortugas son de aguas cálidas, verdad?

Se reproducen en sectores más cálidos pero a esta zona se llegan a alimentar. Porque aquí hay más alimento que en las zonas tropicales.

Y eso es en qué período.

Durante todo el año.

¿Ustedes también hacen un trabajo con la organización y las redes?

Claro. Hemos hecho simposios. Podríamos decir que nosotros empezamos con el primer simposio internacional de tortugas marinas de Sudamérica. Y eso hace ya tiempo, vamos al cuarto que es en Colombia, el segundo fue en Perú, después en Ecuador, y ahora este año ya es en Colombia. Espero poder ir.

Actualmente, ¿Tienes algún puesto en la dirección?

Por ahora no tengo ninguno, soy sólo integrante.

Y en otros aspectos tú me decías que ustedes trabajan con proyectos de otras organizaciones locales y públicas. Me imagino que hay ciertos programas de Estado, de la CONAMA.

Exactamente. En CONAMA por ejemplo está el FPA, que es el Fondo de Protección Ambiental. Hemos participado allí, hemos postulado y hemos ganado algunos proyectos de educación ambiental. Allí también trabajamos con el centro de rescate y nos asociamos con variadas otras entidades de la Universidad como el CREA.

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Ustedes trabajan con el rescate de la fauna, pero también con el tema de la educación ambiental. ¿Cómo funciona eso, a quién está dirigido, cuál es la dinámica de trabajo?

Con estos proyectos que ganamos, generamos infraestructura, creamos módulos educativos y hacemos participar a colegios o a agrupaciones sociales. Por ejemplo los llevábamos al CREA y allí les hacemos actividades, relativas a lo que es la educación ambiental.

Principalmente con colegios.

Sí principalmente con colegios. Con quien más trabajamos es con colegios.

¿Y esos programas de educación ambiental, involucraban específicamente el tema de la defensa de los animales o hay otras áreas?

Se basan principalmente en eso pero de allí uno va abordando lo que es la contaminación y cosas más amplias, pero siempre basándonos en los animales y de allí nos expandimos un poco. El cuidado del medio ambiente, generar conductas en que la gente se comprometa a tener una actitud más acorde con el cuidado ambiental, el tratado de la basura, el cuidar el agua, el cuidar los animales, el cuidar el entorno, etc.

Desde el punto de vista de ustedes y el trabajo que han hecho en educación ¿cuáles son las áreas más afectadas en Antofagasta que deberían ser reforzadas en materia medio ambiental, qué es lo que está flaqueando en Antofagasta?

De parte de la población el problema es con el manejo de la basura, o sea está muy mal el manejo de la basura, está muy mal el manejo de los residuos domiciliarios.

Y esto ¿es porque la gente no tiene educación al respecto o por que no hay infraestructura adecuada?

Por las dos cosas. Acá a principios de este año, hubo un colapso con el tema de la basura. El método que utilizaban para recolectar la basura no funcionó.

¿El método de la Municipalidad?

Claro, el tipo, el método de recolección de basura. El problema grande que hay hoy día en Antofagasta es el gran número de población flotante.

Y eso ¿cómo afecta?

Eso afecta porque no es gente que tenga arraigo con la ciudad, no es gente que sea de acá. Llega del sur de otros lugares y usan al final Antofagasta como un campamento. Trabajan en la minería, después en los días libres bajan a Antofagasta y de allí suben a trabajar a la mina, entonces no les interesa cuidar el entorno, en ese aspecto se ha visto muy deteriorado el entorno, el cuidado de la gente, de la basura de todo eso.

¿Tú crees que como Antofagasta es una zona minera, este problema se debe principalmente a la gente que viene a trabajar en la minería? ¿Es como un efecto colateral de la minería?

Sí, es un efecto colateral de la minería.

¿No se han planteado la posibilidad de formar a esta gente? ¿Hay alguna forma de identificar esa población flotante?

La autoridad no ve este punto de vista, ve que hay basura nada más, pero no se han hecho un programa de educación de la gente en este sentido. Eso no existe.

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¿Ustedes trabajan principalmente en Antofagasta, no integran movimientos a nivel nacional?

No, porque en realidad acá nosotros estamos bastante alejados.

Pero tal vez existen otro tipo de problemas que pudiera unirlos a organizaciones nacionales. Me enteré de la famosa, gran movilización que hubo en Antofagasta, que fue un movimiento espontáneo de limpieza de playas en la zona. ¿Existen entonces movimientos espontáneos en este sentido?

Claro, a veces afloran grupos de gente, se organizan y hacen estas cosas, pero no hay algo constante.

Y además del trabajo educativo ustedes mencionan protección de los recursos naturales. ¿A qué se refieren con esto?

A lo que es biodiversidad.

También involucran el tema de la biodiversidad.

Sí. Porque nosotros acá tenemos la Península de Mejillones, que está entre Antofagasta y Mejillones. Nosotros hemos estado desde hace tiempo luchando para que se declare un santuario de la naturaleza o se genere alguna medida para proteger este lugar. Entonces todo este tiempo hemos creado harta conciencia y hoy en hoy día ya vemos los frutos de eso, porque a principio de año una parte de ese lugar fue tomado por la CONAF y ya fue transformado en parque nacional. Entonces hemos creado conciencia poco a poco con estos proyectos que hemos hecho, hemos ido involucrando, convenciendo a las autoridades, convenciendo a la gente, aprovechamos siempre la televisión, la radio y el periódico, para ir dando a conocer esto. Hace cinco u ocho años atrás nadie conocía lo que era la península, ni el valor paisajístico y de biodiversidad que tenía y hoy en día es algo que está súper valorado.

De alguna manera ¿han hecho como un trabajo de lobbying ante las autoridades o a nivel político se podría decir y ha dado resultado?

Hemos trabajado a todo nivel. Siempre hemos recurrido a eso y nos ha dado resultado.

¿A través de los medios?

Hemos creado videos, documentales, libritos de biodiversidad, póster, autoadhesivos. Hemos salido en programas en la televisión.

¿Hay algún medio que nos permita tener acceso a esto?

Todo está en la página del CREA: www.uantof.cl/crea. Allí hay bastante material, porque todo el material que nosotros generamos lo subimos a esa página para que esté disponible para el resto de la gente. Para la comunidad.

CREA ¿es la instancia que depende de la Universidad, o es la Universidad misma?

El CREA es una unidad dentro de la Universidad. Es el Centro Regional de Estudio y Educación Ambiental.

¿Es la que les presta los locales y la infraestructura?

Yo trabajo esporádicamente en el CREA. El CREA se vincula con el Centro de Rescate, con el Grupo de rescate

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y de allí sacamos también algún apoyo económico para ocupar sus dependencias. Tenemos hartas facilidades para ocupar muchas cosas allí. Los mismos que trabajamos en el Centro de Rescate, trabajamos en el CREA.

Eso es como un departamento aparte y eso les permite, me imagino, poder proyectarse y pensar en una continuidad. Porque muchos de los problemas de las organizaciones que han surgido (que fue en general una tónica entre los años ‘90 y los años 2000) es que muchas organizaciones desaparecieron porque no tenían financiamiento ni apoyo.

Exactamente. Si nosotros no tuviésemos el CREA, porque trabajamos ahí, quizás no seríamos conocidos, porque lo que hace el Centro de Rescate y el Grupo de Rescate está siempre amparado por el CREA. Nosotros usamos el CREA para darle más vitalidad, más realce a lo que hacemos.

Eso le da como una connotación distinta frente al público.

Claro al final somos los mismos, pero con caras legales distintas. Hacemos la misma labor, somos los mismos.

Y la diferencia entre lo que hacía el CREA o lo que hacen ustedes como ONG. ¿Cuál es la diferencia?

El Crea como te decía es una unidad dentro de la Universidad, entonces el Crea se formó por un proyecto del gobierno y las finalidades de CREA es involucrar a los estudiantes de la Universidad para entregarles herramientas para que ellos puedan tener más aptitudes en torno a conocimientos medio-ambientales. Aparte de ello, nosotros hacemos asesorías técnicas, consultorías, varias cosas de ese tipo.

¿Para privados, públicos...?

Para privados, para la industria, para otras orientaciones, para el Estado, esa es la forma que tiene el CREA de auto sustentarse.

Ese es el Crea, la institución que les permite a ustedes como ONG auto sustentarse.

De allí nosotros vamos apoyando el Grupo de Rescate, al Centro de Rescate.

Entiendo.

Auto sustentando.

¿Cómo se materializa la denuncia a los daños medioambientales, vía medios de comunicación, de manifestaciones? ¿Cómo se hace esto?

No hacemos tanto como manifestaciones, pero cuando ocurre alguna contingencia ambiental, como ya somos conocidos, la prensa llega enseguida a nosotros, porque hemos tenido mucha llegada hacia el público. Tenemos poder de convencimiento, somos creíbles, llega al momento la prensa y lo que decimos tiene peso, a nivel local, claro, pero igual tiene peso.

¿Cómo se hace el trabajo en terreno? ¿Van ustedes todos los días, los animales llegan, ustedes los van a buscar?

Usamos la forma que sea. A veces nos llaman por teléfono y nosotros nos conseguimos la camioneta del CREA y vamos o va alguien a rescatar el animal, con todos los implementos: jaula, material para manipular el animal y van y lo rescatan los mismos voluntarios y los llevan al centro de rescate. También se ha dado muchos casos en que nos llaman, como ya nos conocen, si es un pajarito un animalito pequeño, lo traen las persona y otras veces nos llaman por teléfono y nosotros vamos. Antes el contacto era distinto, por ejemplo si había un lobo de mar varado, llamaban a los carabineros, los carabineros llamaban a los marinos y los marinos

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se comunicaban con nosotros. Hoy la comunidad nos conoce entonces y el contacto es más directo.

O sea no sólo trabajan con aves marinas… ¿También delfines, tortugas marinas?

Claro, también delfines y tortugas marinas, lobos de mar, cualquier animal. Animales de la cordillera, a veces nos llegan guanacos, vicuñas, aves de la cordillera, roedores, infinidad de animales. También tenemos convenio con el Servicio Nacional de Pesca (SERNAPESCA) y con el Servicio Agrícola Ganadero (SAG). También tenemos una labor en conjunto con ellos, como ellos son fiscalizadores, y el SAG en este caso tiene a cargo todo lo que es control de fauna, cuando encuentran o decomisan animales ellos nos traen animales al centro algunas veces.

Todo el mundo habla de cambio climático y obviamente se generan consecuencias.... ¿Ustedes ¿han podido notar este cambio o alguna modificación visible en el comportamiento de las especies marinas?

No te podría afirmar fehacientemente eso, pero sí puedo decirte que hay efectos en los animales producto de la la actividad antrópica. Principalmente por el uso industrial que hoy día se le da a la costa. Por ejemplo acá en Mejillones, todo el desarrollo industrial que hoy afecta a muchas especies. Hay un puerto de embarque de todo tipo de minerales de la zona, plomo entre ellos. Hay termoeléctrica, hay cuatro que funcionan con carbón, gas natural, petróleo, es decir, todo tipo de combustibles. Hay una gran contaminación de las aguas y del fondo marino en el sector que no ha sido tomado en cuenta por las autoridades.

¿Se han hecho estudios de impacto ambiental?

Yo trabajo haciendo estudios de impacto ambiental. Yo sé lo que pasa, sé que hay muchos metales pesados y contaminantes que están en concentraciones súper altas, están pasadas, pasadísimas de la norma, pero la autoridad no hace nada. Y se supone que todos esos informes van a la autoridad.

La autoridad hoy día es CONAMA.

Claro. La CONAMA, DIPRECA, etc. Esos son los organismos competentes en esa área. La Armada de Chile.

¿Ellos, la Armada, también tienen un departamento de control medio ambiental?

Sí, ellos tienen gente trabajando en eso.

Y sabiendo que existen todos estos problemas ¿cuál piensas tú que debería ser la solución, cómo se podría subsanar? ¿Vía un Ministerio o vía una legislación?

Hay que mejorar la legislación, yo te escribía eso, las normas de admisión y las normas de concentración están ahí. La CONAMA no tiene hoy día la capacidad legal como para poder empujar y sacar normas y algunos otros cambios en la legislación en beneficio del medio ambiente. La ley de base se creó y allí quedó. Debió haber seguido mejorando y llenando los vacíos legales que existen.

¿Se estancó, se creo en el año 1994 y ahí quedó?

Desde entonces no ha habido mejoras de esa ley.

¿Además de mejorar la legislación crees necesaria la creación de un Ministerio del Medio Ambiente?

Sí, claro, es muy necesario. Claro que sí. Es urgente.

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¿Cuál crees tú que sería el rol de las ONG, si se crea el Ministerio del Medio Ambiente? pues actualmente parecen estar reemplazando la labor que debería hacer el gobierno en materia medioambiental.

Yo creo que no, creo que las ONG deberían seguir haciendo lo que hasta ahora han hecho. Las ONG, son las que están empujando que las cosas se hagan. No creo que sería bueno, esperar que el Ministerio hiciera todo. Creo que el camino del desarrollo del medio ambiente no va por ahí. Los roles de la ONG son distintos de los del Ministerio. Creo que las ONG tiene la labor de crear conciencia en la población, en la gente, en las entidades públicas, colaborando con las Ministerios, no reemplazándolos, sino más bien hostigándolos. Ojala se cree un Ministerio, pero igual, si no hay nadie que esté molestando, presionando, las cosas no se hacen. Y eso creo que es la labor de las ONG, presionar para que las cosas vayan hacia donde deben ir. Más ahora con este gobierno en el cual no es prioridad el medio ambiente, sino apoyar el desarrollo de la industria, un desarrollo que no va de la mano con el medio ambiente y la gente.

En ese contexto, ¿cuál crees tú que sería el rol de la ONG o de tu ONG?

Crear conciencia ambiental en la gente, conciencia del cuidado y eso involucra al gobierno, a todos.

Involucra a todas las instancias. A tu juicio, ¿hay bastante por hacer en Chile, en Antofagasta?

En estos últimos 5 años, nosotros hemos avanzado harto y hemos logrado crear conciencia sobre todo en las entidades públicas, que es lo más importante, porque al final de cuentas ellos son los que toman las decisiones. Empujan y van viendo para donde se mueven las cosas.

Ojala exista un Ministerio pero si no hay nadie exigiendo allí, las cosas no se hacen y esa es la función de la ONG, empujar para que las cosas se muevan para donde deban ir.

Ahora con el tema del terremoto y la reconstrucción es muy probable que se posterguen acciones en el campo medio ambiental. ¿Qué piensa tú?

Habrá justificación para dejar de hacerlas.

Respecto de tu visión del medio ambiente en Chile a nivel general, ¿cuál crees tú que serían los principales problemas que enfrenta el país hoy y cuáles los que debería enfrentar a futuro?

La gran sobreexplotación de los recursos del país, recursos renovables terrestres y marinos. Creo que eso es un problema grande. Todos ahora se basan en producir, producir y producir, pero de una manera no sustentable en el tiempo. Estamos agotando los recursos de una manera extremadamente rápida, en 10 años hay especies que ya no se encuentran, que están en veda, hay que enfrentar que queda poco recurso, ya sea en parte terrestre o marítima y esto es algo que está ocurriendo hoy día. El día de mañana eso va a ser un gran problema, porque esos recursos ya no van a existir, ya nos están escaseando, pero en el futuro no los vamos a tener. Esto evidentemente va a ser un problema medioambiental grande, va a perjudicar el sustento de la población misma.

¿Toda la economía está centrada en la sobreexplotación de recursos?

Está centrada en la sobreexplotación de recursos, por ejemplo ya no hay pesca, la pesca artesanal está colapsada.

¿Qué pasa con la pesca artesanal de la Caleta Coloso?

Hay poco, muy poco, ha sido reducido, ha sido transformado. Y el mismo Estado ha ayudado a que desaparezcan estos grupos pequeños de gente que trabaja en el mar, porque es un estorbo para el gobierno. Se los cataloga de conflictivos.

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¿En qué actividad se han refugiado estos trabajadores, porque igual tienen que trabajar? ¿Qué hacen?

Como no hay recursos han debido cambiar los botes e irse a las minas, pues el mar ya no les da el sustento.

Lo que está pasando en la VIII región, incluso antes del terremoto, los pescadores terminaban trabajando en turismo.

Trabajando en turismo y trabajando en las salmoneras y luego todos quedaron allí botados, cuando quebraron las salmoneras. Yo creo que el gran problema medioambiental que hay en Chile es la sobreexplotación de todos los recursos renovables y la contaminación.

¿Cuándo tú dices que ustedes hacen formación medioambiental en los colegios, a qué tipo de colegios te refieres, primarios o secundarios, ese tipo de público?

Todo tipo de colegios, desde niños de primero básico hasta 4° medio.

¿Colegios municipales?

Colegios fiscales, de todo tipo.

¿Cuál es tu profesión?

Soy Ecólogo Marino, con mención en Impacto Ambiental. También soy Licenciado en Ciencias Ecológicas.

Gracias por haber participado a esta entrevista.

Marcela Pulgar Comunicadora Social Estudiante de Master en Ciencia y Gestión Mediaombiental ULB-IGEAT, Universidad Libre de Bruselas www.ulb.ac.be [email protected]

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Annexe n°9 : Questionnaire relatif à l’organisation « Fondation Institut de l’Ecologie Politique »

A) Identidad de la organización Nombre de la organización: Fundación Instituto de Ecología Política Persona entrevistada: Alicia Esparza Méndez, Directora áreas Eficiencia Energética, Energías Renovables y Cero CO2 Ubicación: Seminario 776, Ñuñoa Pagina web: www.iepe.org Fecha: junio 2010 Tipo de entrevista: mail, téléfono et webcam Hora: 21H00 Bélgica (15h00 Chile) B) Cuestionario estructurado sobre aspectos generales (selección múltiple) 1.- ¿De qué tipo de organización se trata?: a) Ong b) Fundación c) Asociación local d) Coordinadora e) Junta de vecinos f) Cooperativa g) Otra 2.- ¿Cómo y cuándo nace la organización? (Breve historia) El Instituto de Ecología Política es una organización no gubernamental que trabaja desde 1987 en el área de medio ambiente. Nuestro trabajo se ha desarrollado a través de la educación para la sustentabilidad, la investigación, el fortalecimiento de la sociedad civil, campañas de educación, de denuncia, acciones legales en defensa del medio ambiente y las personas, la creación de alianzas estratégicas y desarrollo de políticas públicas que puedan garantizar el derecho a vivir en un medio ambiente saludable. 3.- ¿Qué dificultades tuvieron para constituirse como organización? a) la legislacion chilena b) los recursos c) otra d) no tuvimos dificultades 4. ¿Están sometidos a controles externos? Sí – No. Si responde sí, ¿quiénes realizan los controles?: a) organismos internacionales: Nuestros patrocinantes; Heinrich Boll Fundation, Frances Liberte, FII. b) organismos Públicos: Ministerio de Justicia chileno, CONAMA. c) otra organización de defensa del medioambiente pero de mayor envergadura d) otros 5.- ¿Quiénes integran la organizacion? a) estudiantes b) Profesionales c) empresarios d) miembros de la iglesia e) trabajadores agricolas f) Pescadores g) politicos h) otro 6.- ¿Existen lazos de cooperación con otras organizaciones? a) Internacionales: Asociación Tierra del futuro - RELCA: Red Latinoamericana de Conflictos Ambientales - RLB: Red Latinoamericana de Bosques - The International Society for Ecological Economics - INGOF: Foro Internacional de ONG´s - Sustentable de las Naciones Unidas - ICBL: International Campaign to band Landmines. b) Nacionales: RENACE: Red Nacional de Acción Ecológica - Foro Ciudadano por la Defensa del Agua - ACJR: Alianza Chilena por un Comercio Justo y responsable - Liga de Consumidores Conscientes - Alianza por los Bosques - Frente Amplio por un Aire Limpio - Ciclo Arbol Vida - Foro de Ong's de Desarrollo y Medio Ambiente - ICEFI: Iniciativa Chilena de Certificación Forestal Independiente - Campaña Chilena para la prohibición de minas antipersonales - Alianza Nacional Aysén Reserva de Vida - Sociedad Chilena de Economía Ecológica.

c) Asociaciones locales de base: Programa Chile Sustentable.

d) no tenemos lazos Mencione alguna de ellas:

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- Redes: anteriormenta detalladas - Asociaciones: anteriormenta detalladas

7.- ¿Cuentan con una estructura administrativa y/o jurídica? Sí - No Si responde, ¿quiénes la componen? : a) director: Existe un Directorio b) presidente c) secretario d) otros d) organización unipersonal 8.- Tu organización colabora en poner en marcha: a) Proyectos de otras organizaciones locales b) proyectos de los organismos públicos c) proyectos de organizaciones de defensa del medioambiente extranjeras (WWF, GREENPEACE, TNC, etc) d) otros e) También tenemos proyectos propios 9.- ¿Tu organización integra movimientos sociales amplios de defensa del medioambiente? Sí - No Si responde sí, ¿de dónde son ellos? a) De Chile b) Del extranjero c) Ambos ¿cuáles son? a) « No a Pascua Lama » b) « Patagonia sin represas » c) « Cero caza de ballenas» d) otra 10- ¿Cuál es el (o los sectores) de intervención? (Áreas de trabajo): a) Protección de recursos naturales (bosques, ríos, océanos, montañas, otros) b) Protección a las víctimas de los daños medioambientales c) Protección de culturas indígenas (con poca frecuencia) d) Contaminación e) Gestión de desechos f) Agua g) Otro 11.- ¿Cuáles son los objetivos que se han propuesto? a) Sensibilizar sobre temas medioambientales b) desarrollar proyectos de microempresa c) Denunciar daños d) Defender las víctimas de daños medioambientales e) Defender la naturaleza et la biodiversidad f) otros 12.- ¿Qué métodos de trabajo utilizan? a) difusión de información b) cursos destinados a la población c) investigación y publicación d) asesorías e) otros 13.- ¿Cuáles son sus fuentes de financiamiento? a) financiamiento de organizaciones extranjeras b) proyectos concursables del Estado c) proyectos concursables de organismos privados d) ayudas de simpatizantes e) venta de servicios f) otra g) trabajo voluntario, no contamos con financiamiento 14.- ¿Qué medios de comunicación utilizan para comunicar con la comunidad? a) puerta a puerta b) Reuniones informativas c) Radio d) Televisión e) Diario f) Boletín informativo g) otro (INTERNET)

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C) Cuestionario abierto sobre el rol o los roles de la organización y entrevista

¿Es ese un problema fundamental?

Claro, porque al estar privatizada (el agua), las mineras son las que más pueden pagar, y el que más puede pagar es el que utiliza el agua. En este sentido es bien complejo el problema.

O sea que hoy día el tema del agua es un tema de pugna de poder. ¿El que tiene el agua es el que tiene el poder?

Claro. Pero no solo las mineras. Hay una empresa española, Aguas Andina, con más o menos el 75-80% de la propiedad de agua en Chile y no solamente el agua superficial sino también de las napas subterráneas. Son dueños de las cuencas, de las napas superficiales y aguas profundas.

¿Y el Estado no tiene allí alguna ingerencia, alguna participación en la protección y el control?

No, ninguna. Lo que hace, es que a través de la Superintendencia de Agua, por ejemplo, puede hacer algún tipo de observación, sugerencias. Pero no puede castigar por mal uso. No lepuede impedir. Porque Aguas Andina, aparte de la dotación de agua que te dan, extraen el agua del alcantarillado. Es decir, nosotros pagamos para que nos den el agua y también para que no saquen el agua. Porque también tienen plantas de tratamiento de agua, donde ellos limpian las aguas servidas para volverlas al cause, porque es una normativa legal que existe ahora, pero también nos cobran por eso.

Y esa empresa, Aguas Andina, ¿trabaja a lo largo de todo Chile o está limitado solo en la zona de Santiago?

Ellos trabajan en casi todo Chile, pero con diferentes nombres.

¿Es una multinacional?

Pero en el mercado funcionan con diferentes nombres. Acá en la zona Central puede llamarse Aguas Andina, en el norte puede llamarse Aguas Valpo, Aguas Antofagasta y etc. etc., el nombre va dependiendo de la región más o menos.

¿Y cómo hacen ustedes para resolver los problemas en terreno, de qué manera ustedes intervienen? ¿Cuál es la tarea de ustedes?

Bueno, a través de los seminarios que nosotros hacemos muchas veces. Nosotros participamos en proyectos a través de la CONAMA. Por ejemplo un taller de cambio climático y allí introducimos el tema para que la comunidad lo detecte, porque tampoco disponemos de recursos suficientes para hacer campañas. Además si nos abocamos a hacer una campaña a través de los medios publicitarios, también salimos perjudicados, entonces tenemos que tratar de hacerlo con cuidado.. Es complicado el escenario para poder trabajar, por el tema de recursos. Porque si fuéramos en contra de algún privado con fondos del Estado, el Estado quita los fondos.

¿Una vez que la organización existe y tiene todos sus estatutos y está dentro de la ley, la organización puede participar en proyectos con otras instituciones de igual a igual?

En el Gobierno pasado de la Concertación, era peor. No sé que es peor si la derecha o la izquierda porque en la época de la Concertación nosotros no teníamos ninguna garantía, ni siquiera nos aprobaban proyectos, nada. Ahora, de hecho, a nosotros nos invitaron a participar en la mesa de trabajo del consejo consultivo de la CONAMA y afortunadamente porque es la primera vez en 20 años que estamos participando. Para nosotros estar en el Consejo Consultivo es una gran paso. Y esto se logró en un gobierno de derecha, que es increíble. La Concertación jamás nos invitó, jamás estuvimos allí.

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¿Cuál son las principales dificultades que ha encontrado en el accionar de su organización?

El primero es el financiamiento, como en todo y lo segundo el tema de voluntad política. El tema de la falta de espacios uno los puede generar, los puede buscar, pero el tema político no. Durante la Concertación fue terrible, no teníamos ningún espacio para trabajar, no nos daban ni una oportunidad, no nos aprobaban ningún proyecto. De hecho fue tanto, que en una oportunidad nos pasó que gente conocida nos alertó - pues uno se va haciendo de gente conocida en el medio-. Una persona “x” nos dijo que no participen más porque el IEP está vetado, así que no les van a aprobar ningún proyecto por A, B, C motivos.

Ustedes se llaman Instituto de Ecología Política y Desarrollo Sustentable. ¿Ustedes forman parte del desarrollo sustentable o son ustedes los que crean un movimiento por el desarrollo sustentable?

El desarrollo sustentable es un concepto. Es como nosotros vemos el tema del desarrollo, porque los países tiene que desarrollarse, pero deben desarrollarse no de acuerdo a la normativa, sino que de acuerdo a los temas medioambientales, es decir, que sea un desarrollo correcto, un crecimiento justo, igualitario para todos y no sólo aspirando a un crecimiento económico. El crecimiento deber ser también de conciencia con los temas de educación y de salud etc. Porque es un todo, todo lo que tiene que ver con el medio ambiente es un todo, afecta a toda la sociedad.

Pero, ¿el Programa Chile sustentable forma parte del Instituto de ustedes?

Correcto, es un brazo, que funciona con sus propios recursos. Ellos son gestores de proyectos también.

¿Es una instancia aparte?

Pero sigue siendo parte del Instituto, es para poder hacer trabajos de investigación. El IEP es un trabajo más de acción, ya sea en campañas, en seminarios, en talleres. Mientras que el Programa de Chile sustentable es de investigación.

¿Y básicamente en qué consiste su trabajo en terreno, el trabajo del IEP?

Talleres a través de los municipios, también hacemos campañas de educación a través de la Web o en forma directa en colegios, por ejemplo.

¿Entonces el principal trabajo que hacen ustedes en terreno es un trabajo educativo?

Claro, para crear conciencia del tema. Se parte desde allí. Saliendo de este tema y volviendo al tema del agua podemos conectar desde aquí al tema de la conciencia energética, lo que tiene que ver con la energía. Yo diría que estos son los dos grandes temas.

En el área energética, ¿cuáles son las cosas concretas que hacen?

Estamos creando un sistema de certificación energética. Por ejemplo, en un edificio público se hace una auditoria, es ver cómo y por donde se puede empezar a reducir el consumo energético, para que sea más eficiente y se reduzcan los costos y las emisiones.

Cuando uno habla del tema del medio ambiente, no solo son recursos naturales, no es sólo recursos productivos sino que hablamos, de gente de economía, en fin, de muchos temas. ¿Ustedes trabajan en el área de conservación de la naturaleza y recursos naturales? ¿Cuál es el área más desarrollada por ustedes en este ámbito?

Trabajamos el área de recursos naturales, que tiene que ver también con el desarrollo forestal, pero también un poco hemos trabajado con el mundo indígena. Hemos trabajado en el tema de recursos: el sector de pesca, salmón y cultura.

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En el área urbana, ¿cuál crees tú que es el rol que cumplen o deberían cumplir los organismos de defensa del medio ambiente, específicamente en Santiago, dado que Chile es un país, en el cual cerca del 80% de la población es urbana?

Se toma también Santiago. El Instituto trata de abordar todas las áreas, como tú bien decías el cuidado del medio ambiente tiene que ver con todo. Lo que tiene que ver con la expansión de la ciudad por ejemplo, vemos temas del plano regulador, que se detenga un poco el crecimiento desmesurado de la ciudad, que exista un crecimiento lógico con sentido urbanístico, que se incluyan temas urbanos como el uso de ciclo vías, parques, áreas verdes, si ya no es posible impedir que crezca la ciudad. Hemos tratado de tomar el tema de los planos reguladores. Es difícil entrar en el tema del plano regulador de los municipios, porque cada Municipalidad controla y tiene su propio plano regulador. En donde las grandes inmobiliarias, las empresas que construyen edificios, vienen prácticamente siendo los que gobiernan, son los que dan las direcciones de obras municipales.

¿Y en esa área creen que ustedes tengan alguna posibilidad?

Claro, si nosotros tratamos de entrar por todas las áreas posibles, por todos lados.

¿Tú crees las organizaciones, las ONG, tienen un rol que cumplir, en materia de políticas públicas a nivel nacional o local?

Tratamos de hacerlo también. Y para eso a veces invertimos meses de trabajo con diferentes grupos que estén también trabajando. Por ejemplo, si hubiese un tema de urbanización de una ciudad más amigable, nos reunimos con varios grupos que trabajen el tema, elaboramos algún tipo de documento y presentamos esas propuestas a los diferentes estamentos, a quién corresponda, a la casa de gobierno, a direcciones de obra, etc. Tratamos de meternos en todas las áreas y para eso tenemos redes de trabajo. Una red con la cual trabajamos temas de ciudad, tenemos otra red en el sur con temas forestales, con algún problema local. En estos casos nos enfocamos a esa área local. En realidad estamos picoteando por todos lados.

¿Cuál crees tú que es el actor con el cuál es más complicado negociar o trabajar?

Lejos, la minería. Es que no te toman en cuenta pero para nada, nada. Absolutamente nada. Igual nos introducimos en el tema, estamos tratando de utilizar el Facebook o el Twitter, estamos tirando mensajes para que esto se logre.

Uno de los temas más sensibles es también el de la construcción de mega centrales hidroeléctricas en el sur, ¿qué crees tú que debería hacer la organización, para revertir esta situación?

Para mí, es el tema de la educación. La educación en los hogares, orientar en las familias. Si nosotros como país, como grupo social, lográramos educar en torno al tema central de la reducción del consumo energético, no necesitaríamos la construcción de mega centrales.

¿Y no crees que esas mega centrales se están construyendo principalmente para generar energía para consumo de la minería?

Por supuesto. Para eso se está generando energía. Eso de que es la gente la que está necesitando cada vez más energía es una excusa. Las que necesitan más energía son las mineras, que están todos los días exigiendo más energía. Para seguir apropiándose de todos nuestros recursos naturales y después nos dejan el desecho. No se si sabes, pero ayer no se aprobó el royalty con el cual las mineras estarían obligadas a dejar una cantidad de dinero como impuesto por el daño medio ambiental que ellas generan. Pero no se logró que las bancadas lo aprobaran. Las bancadas tienen en esto un tema político obviamente.

¿El rol de la organización de defensa del medio ambiente en general, no específicamente la de ustedes, cuál sería su

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rol? ¿Se presenta más bien como un contrapoder a las empresas o al Estado?

Yo creo que debería ser más drástico, debería hacerse otro tipo de cosas, campañas, no sé.

¿Campañas destinadas a quién?

A la sociedad civil.

Entonces ¿tú crees que el poder de cambio está más bien en la sociedad civil en general más que en la ONG?

Sí.

Y la ONG, entonces ¿qué rol cumple?

Una sociedad informada, por lo menos puede aprobar o desaprobar lo que considere justo, los que no están informados son meros observadores, no le simporta lo que esté pasado.

¿Entonces, el rol de la ONG sería sensibilizar, pero el verdadero motor de cambio no sería la ONG sino la misma gente?

Claro.

Bueno en Chile no hay Ministerio del Medio Ambiente. La CONAMA solo existe desde el año 1994, ¿crees tú que las ONG vienen a suplir la falencia que presenta el Estado o va más allá de eso?

¿El rol de la ONG, en lo que respecta a la creación del Ministerio?

Sí.

No sé, a mí me da la impresión que crear el Ministerio sería tornar el tema mucho más burocrático de lo que es hoy día. Aunque sí sería necesario si pensamos en la necesidad de regularizar el problema del tratamiento del medio ambiente. Pero creo que tiene su pro y su contra, herramientas legales para que se sigan cometiendo actos de abuso en torno a lo que es el medio ambiente. No sé realmente si es mejor tener un Ministerio del Medio Ambiente o no tenerlo.

Claro, porque todo depende de las condiciones en que esté elaborado. Me llama la atención que cada vez que he hablado de este tema con alguna ONG, todas han señalado más o menos lo mismo. El tema no es la creación de un Ministerio del medio ambiente, el tema es que se creen leyes que se hagan respetar y que protejan realmente tanto al ciudadano como al medio ambiente. ¿Estás de acuerdo con ello?

Claro.

La solución no está en el Ministerio sino en la forma en que se apliquen las leyes. La gente está reticente, desconfiada. Leí que ya está lista la creación del Ministerio del Medio Ambiente, aprobada en la Contraloría y que está lista para nombrar al personal para que empiece a funcionar en algún tiempo. Pero no sabemos cómo va a funcionar.

El actual gobierno tiene pocas herramientas para trabajar, tiene muy poca agente capacitada en temas medio ambientales. O sea el ministro o ministra es como un mero saludo a la bandera. No tiene ni siquiera oficina para trabajar, es como bien ridículo.

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Supe que la ministra actual estuvo cuando se creo este famoso conjunto de medidas de creación del Ministerio medio ambiente. En la época de Bachelet, se formó un grupo de trabajo con gente de todas las bancadas políticas, pues el gobierno llamó a todos los sectores y esta ministra fue una de las que se opuso a la idea de votar en contra del proyecto de la construcción de mega centrales hidroeléctricas en el sur. Sin embargo ahora es la Ministra del medio ambiente, estando ella de acuerdo con estas construcciones en el sur.

Claro y cuando ingresa todo este tipo de trabajo un megaproyecto que se va a ejecutar incluso con mineras. Si ella trabajaba en una consultora grande Gac.

Nota: Gac (Gestión Ambiental Consultores) (María Ignacia Benítez era operadora del Sistema de Evaluación de Impacto Ambiental SEIA)

El famoso tema del conflicto de intereses.

Claro.

¿Tú crees que la ONG cumple ese rol de suplir las falencias del Estado como te preguntaba hace un rato? ¿Qué te parece a ti?

La ONG trata de cumplir ese rol, trata, porque también las ONG se ven enfrentadas a un montón de temas que tienen que ver entre otros, básicamente con temas económicos, la falta de recursos. Y también muchas veces el Estado no te va a dar recursos para que actúes en contra de ellos o para que los critiquen o para que le hagas ver las falencias que tienen.

¿Tu crees que al crearse un Ministerio del medio ambiente no significaría que las tareas de la ONG deberían modificarse?

No creo, porque me parece que el tema de la creación del Ministerio del medio ambiente traería algunos beneficios pero a la vez dificultades serias, que tienen que ver con la contraposición de un Ministerio del medio ambiente con lo que es el Ministerio de Energía, el Ministerio de Minería, Ministerio de Pesca... Yo lo veo como bastante complejo para un ministro de medio ambiente, para poder trabajar. Si va a actuar como un adorno más dentro de lo que es la paleta de ministerios, o va a terminar siendo un estorbo en realidad para poder avanzar.

¿Tú has trabajado en los proyectos de temas sobre hidroelectricidad?

Yo he trabajado en energías renovables, eficiencia energética y reducción de emisiones. Esas son mis áreas.

¿Y ahí, en esas áreas en las que tú trabajas, cuáles son hoy día las urgencias en Chile? ¿Tú trabajas específicamente en Santiago o abarcan otras zonas?

Abarcamos otras zonas si es necesario, por ejemplo hemos hecho certificaciones eléctricas en el sur, de eficiencia energética y también en el norte. Hemos tratado de meter proyectos como Valle Solar con la utilización de paneles solares en una pequeña comunidad. Esto funcionó como un plan piloto.

¿Cuál crees tú que serían hoy día, las urgencias en el área energética en Chile?

Creo que sería muy bueno para el tema que tiene que ver con energías renovables, el que tú puedas participar en proyectos individuales como agente civil. Y que se pueda contar con apoyo del gobierno u otro para poder sostener el proyecto en el tiempo. Proyectos individuales de eficiencia energética por ejemplo. Si vivo en el norte y se me ocurre poner paneles solares con la comunidad, esto debo poder mantenerlo a través del tiempo.

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Tal vez, a través de proyectos poder contar con el apoyo del gobierno de turno para que esto se mantenga. Porque yo me podría conseguir paneles por ejemplo, que me los dan desde Alemania, desde China, de donde sea, pero a través del tiempo yo debería mantener esto. Para eso yo necesito aparte de los recursos lógicos, necesito de alguna ley que me faculte a mí y me proteja para que a través del tiempo yo pueda continuar con mi proyecto. Para no estar yo metiendo la mano al bolsillo todo el tiempo.

¿Y esto no podría ser un rol de la ONG, el educar para la autogestión? ¿Qué piensas de esto?

No. La ONG hace eso actualmente, da apoyo para que la gente presente proyectos en grupo. Porque muchas veces es también cómo y dónde se presenta un proyecto, entonces la ONG al tener más experiencia, puede participar en apoyar a esa comunidad x en la presentación de proyectos.

Por ejemplo si viene a ustedes un grupo de ciudadanos del norte queriendo instalar paneles solares, ¿su trabajo sería guiar a esta gente?

A veces nos toca hacer todo. La gente viene a veces y tiene las puras ganas. La falta de profesionales para determinados temas es tremenda. Tienen las ganas y no saben si tienen derechos de agua, no saben de sistemas de caudales, a veces ni siquiera saben cuál es el caudal de una cuenca durante el año. Hay que hacer el estudio por lo menos del caudal. El tema de viento, por ejemplo. Estamos trabajando para tratar que esta información sea de conocimiento público, no puede ser que no se sepa nada, por ejemplo con respecto a los vientos. Si yo como particular quiero instalar un molino eólico en Valparaíso para obtener energía eléctrica, tengo que hacer primero un estudio de viento por lo menos de unos dos o tres años.

Estábamos antes hablando de los caudales, se ha dicho que en Chile hay mucho río, muchos caudales, mucho potencial hidroeléctrico. ¿Tú crees que la solución al problema energético en Chile es la hidroelectricidad?

Yo me inclino por las centrales de pasada, significa más construcción de centrales chicas, pero que no son invasivas.

¿Es decir que la construcción de la central de Patagonia de todas maneras podría hacerse de otra manera?

Sí, podría hacerse de otra manera, con otra alternativa, utilización de las cuencas. Lo que yo rechazo es la mala planificación, porque evidentemente al construir una mega represa, les ahorran años luz si tuvieran que construir 10 centrales chicas de pasada, es lejos más caro para ellas.

O sea que ¿tú piensas que el tema de la construcción de las mega represas es simplemente una excusa para no invertir más con centrales de pasada?

Y también el apoyo a otros proyectos que tengan que ver con energía. Acá en Chile es increíble que siendo productores de cobre le compremos los paneles solares a los chinos. Los chinos se llevan el cobre, lo modifican ellos y los traen de vuelta y nos venden a nosotros los paneles de cobre. El otro tema, por ejemplo viene una central eólica, yo le compró la infraestructura a Holanda, Noruega o Dinamarca…… le compró el acero que yo estoy produciendo, se lo llevan lo modifican y luego se lo compro a un precio elevadísimo. Entonce la construcción de estas torres eólicas llegan a un precio elevadísimo.

El gran problema de Chile, sería que somos un taxi exportador de materias primas, pero no de manufacturas.

Yo creo que es un tema de falta de interés, porque si se masificara la producción de energía eólica el costo se reduciría. Endesa hizo un proyecto de energía eólica en la cuarta región. Es un proyecto de energía eólica, pero yo creo que fue más que nada para cumplir con el 5% obligatorio que tienen ahora las grandes empresas de producción de energías renovables. Y piensan "ya estamos salvados por varios años, ya no me molestarán las ONG ni la sociedad civil durante harto tiempo, ya cumplí con la cantidad exigida". No es porque lo han querido hacer, lo hicieron sólo como un proyecto emblemático de energía eólica, para que los dejen de presionar.

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¿Y ese 5% está indicado por la normativa chilena o se refiere al Standard internacional?

Ley Internacional y chilena. Ahora hace dos años, se aprobó la ley corta, en la cual dentro de 5 años más van a estar obligados a que sea un 10% de producción de energía eólica, de energía renovable. Lo que se pretende es que de aquí al años 2025 sea el 25%. Que se vaya aumentando a través del tiempo. Bien improbable, pero bueno, bien quimérico.

¿Y tú crees que el famoso tema de las centrales megas eléctricas en Chile consiga la aprobación y se pongan a andar los proyectos? ¿cómo se ve el panorama?

Eso ya está listo, eso está cocinado, hace rato.

Pero aún no han empezado los trabajos en Hidroaysén.

Lo que pasa es que lo más que se ha logrado es tener parado un poco el proyecto. Manteniendo el sufrimiento, porque sabemos que tarde o temprano se va a hacer. Porque en Chile, se hacen leyes para las grandes empresas. Ese es el tema, así es el sistema y a veces se hacen como rondas de seguimiento y de consulta pública a las empresas para ver qué es lo que les conviene o no. Eso lo encuentro aún más terrible. Entonces, ellos ven si les conviene la aprobación de una ley o no.

Pero allí la ONG, tanto ustedes como cualquier otra, tiene un rol que cumplir.

Claro, informar y tratando de contraponerse y también con abogados tratando de encontrar resquicios legales para, por ejemplo, seguir deteniendo el tema de Hidroaysén, como se ha hecho hasta ahora. Y casi todos son voluntarios porque tener un abogado cien por ciento dedicado al tema, nunca jamás.

¿O sea que así se ha mantenido el problema, hay abogados que han trabajado voluntariamente, que han estudiado las leyes y han buscado los subterfugios?

Claro hay algunos. Porque si tú te imaginas aquí se necesita un buffet de abogados o sea una docena de abogados funcionando, todos trabajando en diversos temas por aquí por allá buscando subterfugios legales para que esto se siga deteniendo. Así se ha trabajado con abogados voluntarios. Pero tenemos que tener una cara visible a la cual hay que pagarle. Imagínate una empresa como Colbún o Endesa tienen un buffet completo que trabaja para ellos. Las 24 horas. No un buffet, unos cuantos bufetes.

... Se corto la comunicación.

Marcela Pulgar Comunicadora Social Estudiante de Master en Ciencia y Gestión Mediaombiental ULB-IGEAT, Universidad Libre de Bruselas www.ulb.ac.be [email protected]

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Annexe n°10 : Questionnaire relatif à l’organisation « Coordination contre Pascua Lama de Santiago»

A) Identidad de la organización

Nombre de la organización: Coordinadora Contra Pascua Lama de Santiago

Persona entrevistada: El Chapa20 Ubicación geográfica: Santiago, Chile Pagina web: no hay pagina web, pero hay un programa de radio « Programa Radial Semillas de Agua (Radio Tierra) » Fecha: 12 de mayo de 2010 Tipo de entrevista: Hora: 16.00 en Bélgica (10.00 en Chile) C) Cuestionario abierto sobre el rol o los roles de la organización y entrevista

¿Como y cuando nace la asociación? ¿En qué año fue eso?

En el '98, '99, 2000. En realidad vi un cartel de la iglesia. Fue el primer contacto que tuve en referencia a este problema. Lo estaba organizando una monja con otra persona. Eran como cinco personas en total. Tenían un mapa del valle con los glaciares, y decían que podría quedar la “escoba” si no se hacía nada. Y así la gente empezó a comprender poco a poco que una mina de oro podía ser contaminante. Y yo, como tenía que dirigir un programa (radial)… y preparar mi memoria de fin des esrudios (antropología). En ese programa, yo podía hablar de cultura, de cuestiones sociales, de cualquier tema que yo propusiera. Y me interesé por este problema, si se acaba el río, no puedes vivir. Es mucho más complejo. Empecé a investigar. Conocí a unos viejitos que estaban ubicados en el pueblo más cerca de la mina. Me hice amigo de la gente. Y de a poco empecé a meterme cada vez más y ahora como que el tema me supera.

¿A que te refieres con que te supera?

Yo no puedo escribir sobre esto. Ahora haría una tesis relacionada con el tema del agua. Es un tema más general. Aparte que es una cosa como de distancia, que no puedo hacerlo (escribir una tesis) estando tan de adentro. No sé, como que me cuesta.

¿A que te refieres con eso de estar adentro?

Estoy demasiado implicado. Igual está bien, yo sé que hay antropología militante y todo… pero hay que tener una mínima distancia para hablar.

¿Es difícil ser imparcial?

Tampoco creo en la imparcialidad. Sí, hay que tener una opinión, un punto de vista […] aunque que te las des de científico.

Siempre hay una opinión de fondo.

Claro, pero mi punto de vista, como que no sé, como que soy parte del conflicto. Entonces, como que hablar de él, no me parece […] para hacer antropología. Aunque claro, existe también la ecología militante.

¿Cuál es el tipo de asociación con la que te has ido contactando, las asociaciones de base, los agricultores?

Hay varias. Han hecho como mil organizaciones distintas. Que nacen y mueren. Algunas se mantienen. Por ejemplo, la más antigua se llama el Consejo de Defensa del Valle de Huasco, que está en Vallenar. Son gente de distintas partes del valle pero principalmente de Vallenar. Han tenido momentos de más capacidad de movilización y organización, pero ahora están en un período como de latencia.

¿Y eso, por qué es? ¿La gente ha perdido credibilidad en las acciones?

La gente se desinteresa….Se organizaron y eligieron a un presidente inmediatamente…y el presidente como que se empezó a empoderar cada vez más del cargo y empezó a ser como “el protagonista” cuando se suponía que era una asamblea de gente, participativa. Se perdió confianza en él, como que estaba haciendo carrera

20 Dans le but de protéger sa vie privé, l’anthropologue chilien membre et fondateur de cette organisation, utilise ce surnom à l’intérieur du mouvement social contre Pascua Lama.

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política, tratando como de capitalizar el tema e incluso ha sido como pre-candidato a diputado. No sé, al principio era más confrontacional la cosa y después fue más negociar con el gobierno y al final como que no han hecho muchas cosas, por lo menos las que se esperaban. Pero, sí se han hecho otras cosas. Ellos son los que organizan unas marchas que se hacen en Vallenar todos los años. "La marcha por la vida y el agua". Van como en la séptima y nosotros hemos ayudado a organizarla.

¿Cómo empezó la Coordinadora?

Unos jóvenes en la Universidad estaban justo haciendo una reunión, porque ya se estaba conociendo el tema. Y como con el tiempo nos empezamos a juntar y tuvimos reuniones semanales y nos fuimos al norte.

¿Y Uds. eran estudiantes?

De la Universidad de Chile y de otros lados. Era mucha gente, casi toda de Santiago. Se hizo un colectivo de resistencia. Hicimos varias cosas a lo largo de la vida... Y justo coincidió con un momento clave, cuando en el Valle había mucha movilización, en Santiago también, con el tema de Barrick, las mineras etc. Hubo una marcha bastante grande para ser un conflicto ambiental. Y después, yo me fui al Valle. Formamos un Centro Cultural. Nos conseguimos una casa que estaba abandonada, la rehabilitamos y la hicimos funcionar como Centro de Operaciones de la misma gente, abierta los pobladores del Vallé de Huasco.

Y la gente que participaba en el local, ¿quiénes son? La gente que trabajaba en el sector de la agricultura, ¿o no?

Tendrías que ir al Valle para entender. Es difícil hablar de una cosa así tan etérea. Hay una diferencia bien grande entre la parte alta del valle y la parte del medio y la de abajo. Son comunas distintas. Para arriba, para El Alto del Carmen, que es dónde está Chollay que es un lugar rural, súper rural. Las casas están bien alejadas unas de otras porque el valle es bien angosto, todos viven de la agricultura. Y la gente que no trabja en la agricultura… es porque es profesor, o trabaja en los municipios, o presta servicios a la gente que esta viviendo ahí, gente que vive de la agricultura desde hace, no sé, muchísimos años, cientos de años.

Es una agricultura tradicional.

Claro. Y ahí es donde se han formado otras organizaciones, de ellos mismos. Pero como que han ido cambiando de nombre, también como que van y vienen. También hay una comunidad agrícola que es una propiedad colectiva de la tierra. Las tierras no son tierras agrícolas, son tierras pastoriles, las llaman Las Lluvias en el Norte. En una zona tan seca como en este Valle, todo lo que esta hacia arriba de los cerros, de los canales de los regadíos, no te sirve para la agricultura, solamente lo puedes ocupar como recurso pastoril cuando llueve. Es tierra no más, no es para plantar, es para llevar el ganado. Pero son miles de hectáreas. eran más, porque fueron reducidas por usurpaciones de tierra...

¿Y se han creado comunidades agrícolas?

Sí, hay comunidades agrícolas que incluyen indígenas. Una de ellas se llama Estancia Agrícola Huascoaltina... Ellos también están peleando contra las mineras. Pero el problema es que a la vez pelean con otras personas de otras organizaciones similares a la de ellos, cosa que les ha impedido luchar juntos y tener más fuerza. Pero como que nunca se pudieron unir. Como que "si estás con él, no participamos". Y bueno, esta comunidad indígena, igual ha sido importante porque dentro de su propiedad están todos los proyectos mineros. Ellos eran dueños de las tierras donde está Pascua Lama, donde hubo una usurpación en el año 1997. Se dice que esto está súper documentado porque investigó Nancy Yañez, abogada de los huascoaltinos.

Volviendo al tema de las organizaciones, ¿tú, actualmente que trabajo haces?

Tengo un programa de radio.

Claro, si. ¿Pero con qué tema tiene que ver?

Yo hago un programa con unos amigos. Y el programa lo retransmiten en el Valle de Huasco, en la red Profeta. La única red radial, que es de la iglesia y que se escucha en las cuatro comunas. Y el programa nace con este colectivo. Queríamos ayudar a comunicar el conflicto entre la misma gente y con Santiago.

¿Cuál es la radio?

Primero era en la radio Tierra…y después de un año nos fuimos a la radio Juan Gomes Milla.

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¿Juan Gomes Milla?

Hay una radio en Juan Gomes Milla, la escuela de periodismo de la Universidad. Se transmite on-line y se escucha en la escuela y nos sirve para transmitir.

¿Cómo se llama su colectivo?

Bueno el Colectivo de Resistencia se paró, como que se diluyó. Pero después trabajé allá con otra, que se llamaba la Coordinadora de Defensa de Alto del Carmen, de los ríos del Carmen y del Tránsito. Era una organización de la misma gente de allá. Después se formó una cosa que no tenía nombre y luego la nombramos Coordinadora Contra Pascua Lama de Santiago. Un nombre bien feo a todo esto. Y todavía trabajamos ahí, pero ha perdido fuerza actualmente.

Me imagino que Uds. no tienen ningún tipo de apoyo económico y financiero. ¿Como lo hacen para organizarse?

Realizamos actividades culturales.

Y la gente del Valle. ¿Ellos trabajan con Uds.? ¿Uds. trabajan con ellos? ¿Cómo se coordinan ahí?

Mira, ahora estamos en un momento de descoordinación. Pero, por ejemplo tenemos contactos con... Es que allá la iglesia ha sido súper importante. Dentro de las primeras personas que reaccionaron ante la llegada de la minera, fueron una hermana y un sacerdote. El padre Jano, que ahora está bien posicionado dentro de la iglesia y la hermana Cristina, que es una misionera que venía de Indonesia. Ellos formaron un grupo que se llama la Pastoral de la Salvaguarda de la Creación. Que no sé si existe todavía, pero se empezó a unir con distintas parroquias y después, todos los religiosos y religiosas de Huasco han apoyado unilateralmente y unánimemente la lucha contra la minera. Han reunido firmas y han insistido para que el Obispo de la 3ra región también los apoye. No sé muy bien, pero fueron también a un encuentro religioso en Brasil, al que asistió Benedicto el Papa, y han llevado este problema a un montón de lados. Bueno, entonces, el padre de la iglesia, que pese a que lo han cambiando constantemente, porque ha sido un cura comprometido, pero siempre ha llegado otro padre que sigue apoyando la causa.

¿Ustedes tienen contacto con otras organizaciones nacionales e internacionales, o ONG? ¿Cuál es la línea principal de la organización de ustedes?

Nosotros no tenemos mucho interés en contactarnos con las ONG. Sin embargo, tenemos bastante contacto con una de ellas que se llama OLCA (Observatorio Latinoamericano de Conflictos Ambientales). Ellos son los que más llevan apoyando el tema en el valle y dentro de todo nos parecen los más confiables o por lo menos más confiables que otros.

¿Cuál es la postura de la organización de ustedes respecto a la creación del Ministerio del Medio Ambiente?

Bueno hay ministra del Medio Ambiente, aunque no hay Ministerio. A nosotros no nos importa nada que exista o no el Ministerio del Medio Ambiente, o cualquier nombre bonito que se le quiera dar. La ministra del medio ambiente del gobierno de la concertación, del gobierno pasado, iba a negociar a favor de la empresa en los conflictos, a hacer lobby. No me parece que el Ministerio importe mucho, como que todo depende de la voluntad política y de los partidos. Esta figura pública (de ministra) es más bien como un lavado de imagen, para suavizar todos los lugares en los cuales hay conflicto. Si uno ha vivido conflictos ambientales allí se ve claro esto que digo. La figura de la ministra o ministro del medio ambiente sirve para el gran público que no ha tenido una experiencia de este tipo. Cada vez hay más conflictos. En Santiago por ejemplo, en La Farfana (Maipú), toda esa gente que vive en la población, allí están haciendo un trabajo con el zanjón de la Aguada y la gente no tiene a quien recurrir para solucionar el problema de la contaminación, el aire es irrespirable, la población ha terminado por acostumbrase al mal olor, ya han perdido el olfato. Nadie te defiende. Si se vive un conflicto allí en algún pueblo, algo así como que se va a instalar un relave para 600.000 toneladas, llega el ministro a puro distraer, a decir lo de siempre: “que se van a respetar las leyes, que la institucionalidad funciona”, pero no defienden a nadie. Nunca han parado un proyecto, nunca en Chile. Ni la CONAMA, que era como un Ministerio antiguo. Ni un Ministerio, si lo hubiera, va a parar ningún proyecto, porque todo va a depender del presidente, no de un organismo técnico al final de cuentas.

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¿Tú crees que en Chile es necesario que haya un organismo fiscalizador?

Aquí hay un organismo fiscalizador. Pero un tema es la voluntad política del ejecutivo, porque en Chile todo depende de la voluntad política del ejecutivo. Lamentablemente aquí es así. Se trata de un sistema “centralista”. Cuando el organismo fiscalizador no ha estado de acuerdo con lo que el poder central implementa, lo que han hecho es remover a los técnicos. Ha pasado esto por ejemplo, con un proyecto de petcoke en Calera.

¿Cuando hablas de organismos técnicos a qué te refieres específicamente?

Chile es un país centralista y está en una relación estrecha y coludido con las transnacionales para que no funcionen las fiscalizaciones. Hagan lo que quieran, no sacamos nada con tener Ministerio o cualquier otra institución de bello nombre. La participación ciudadana la han ocupado las mismas empresas para hacer un simulacro de participación ciudadana.

Todos los conceptos ambientales se los han apropiado las transnacionales y el mismo gobierno para dar una imagen de responsabilidad social de un tema determinado. Imagen que le han inventado al gobierno las transnacionales, creo yo.

En Chile la participación ciudadana también existe en el seguimiento de los procesos ambientales que se dan hoy día y yo creo que se va a seguir siempre pero veamos en qué condiciones.

La empresa tiene mucho tiempo para volver a presentar el estudio. La empresa va mejorando y puliendo su estudio para el que tuvo años de preparación. Y al final, se lo pasan a la comunidad. Pero la comunidad tiene solo 60 días para hacerle las observaciones, un trabajo de años de preparación por parte de la empresa, que viene en los términos más técnicos y complejos que existan. ¡Y eso, los integrantes de la comunidad lo deben resolver en 60 días! A esto le llaman participación ciudadana.

Esto es lo que pasó en Pascua Lama. Yo estuve allí, fui testigo de la supuesta participación ciudadana. Un informe de 8.000 páginas de redacción en términos técnicos. En código geológico, complicando el lenguaje lo más posible para que fuera imposible de entender por un campesino ¿Te das cuenta? Tuvieron 60 días para tratar de entender algo que la empresa elaboró en 6 años. Esa fue la participación ciudadana en Pascua Lama.

Se mandaron muchas cartas y muchas observaciones de todas formas. Por ejemplo, respecto al depósito de estériles, indicando que se está haciendo un depósito de estériles que en caso de Pascua Lama va a ser un depósito de estériles de 140.000.000 toneladas, en la parte norte, en la naciente del río Estrecho, de aislaciones de rocas y de otros.

Río Estrecho es uno de los afluentes del rió Huasco. La gente con toda razón y su sentido común, dicen que si van a poner un depósito de estériles de 140.000.000 toneladas van a generar drenaje ácido que va a contaminar el río con arsénico. ¡Nos vamos a morir! y algo como esto fue rechazado por la comisión técnica aludiendo que su propuesta fue mal formulada. Rechazada su observación.

Algunas observaciones eran acogidas, acogieron 100 observaciones y la participación ciudadana se reducía a que cuando acogían la observación la empresa respondía de alguna forma y volvía a mejorar su proyecto respecto de la presentación, para evitar observaciones futuras. Y como la revisión del proyecto está en manos de una empresa particular contratada para el caso, la empresa gestora del proyecto le devuelve el proyecto a la transnacional.

¿Y cómo crees tú que la gente podría participar efectivamente en este proceso, han planteado las personas de la comunidad alguna forma concreta en que ellos pudieran participar?

En este momento la desobediencia civil sería lo ideal. En este momento, si el Estado garantiza el derecho de las empresas por encima del bienestar de las personas de la zona. Para mí, la conducta del Estado, si se presenta de esta manera, no tiene nada que ver con la lógica institucional. El Estado no puede basarse en esta lógica institucional.

Entonces hablar de institucionalidad o ¿cuál sería la mejor opción institucional? Para mí, como en este lugar en donde ya están trabajando en el sector, la única forma de detener este problema, es que la gente tome la iniciativa y desobedezca la ley derechamente, porque no queda otra opción. Pero esto no está pasando y yo creo que no va a pasar.

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¿Es decir que la gente no se siente interpretada de ninguna manera en la instancia de participación ciudadana?

Si quieres generar institucionalidad para regular todo esto, se tiene que hacer todo de nuevo. Crear una Constitución Política nueva, generar organismos que realmente sean técnicos y que no dependan del poder político central, con autonomía total. Que puedan decir NO, por ejemplo si vas a poner una fundición de cobre a 500 metros de la casa habitación, aunque claro esto no lo hacen, es un ejemplo.

En el caso específico de Pascua Lama ¿Cuál crees tú que son las mayores dificultades que están enfrentando y cuáles serían los facilitadotes que podrían ayudar al movimiento o al trabajo que hacen ustedes en terreno?

(... se corto la linea...)

[…] Se ha ido gente que era valiosa para la lucha. También han interferido en las elecciones locales, de alcalde. Por ejemplo, la alcaldesa de Alto del Carmen era secretaria social de Barrick. Financiaron todas las campañas, desde del senador al ultimo mequetrefe o concejal de toda esta zona, con plata de las mineras. Han hecho acarreo de gente para que venga a votar de otros lugares. El valle de Ovalle siempre ha funcionado como cohecho… A todas las familias les regalan algo para que voten por tal persona. Es una práctica arraigada en la cultura local. Ni siquiera se ve mal.

Y la gente ¿qué espera?

La gente quiere algo material a cambio de su voto, no una promesa. Y como la minera tiene capacidad económica, ha logrado que la gente vote por los que ellos quieren. En las elecciones, sospechamos, como también pasó en San Juan - yo estuve trabajando ahí- hicieron lo mismo.

Pero sobre este tema concreto. ¿Qué espera la comunidad?

Hay un poco de gente que esta contenta con todo. Los que creen que van a tener trabajo gracias a la instalación de la mina. Hay otros que quieren negociar. Otros que quieren que se vayan. Pero el problema es que en estos momentos la capacidad de organización no lo permite. Hay como 20 posiciones distintas de los pobladores del valle. Hay algunos que no se interesan. Para saber lo que quiere la gente habría que hacer una encuesta.

Me estabas hablando de las medianas dificultades, del costo y también de lo que tú crees que les ha facilitado el trabajo. Me decías que una de ellas es el apoyo de la iglesia.

La iglesia nos ha facilitado el trabajo, pero no ha sido fácil decir que se ha facilitado, por la misma mentalidad de los lugareños. Para cualquier persona, con un mínimo de sentido común, se da cuenta que el proyecto es una abominación. Basta con ver las cuestiones técnicas, las dimensiones del proyecto, lo que quieren hacer y todo lo que están ocultando. Para cualquier persona que sabe sumar dos más dos… Basta mirar el rió... se puede llegar a secar, los glaciares... Por una cuestión que no se había dado nunca antes en el mundo, que hicieran un proyecto en una frontera.

Con Argentina.

Y al lado de glaciares. La empresa preparó ponencias: mostraban que ¡iban a llevar los tres glaciares, que los trasladaría hacia un cuarto glaciar! Eso nos ayudó bastante. ¡Era un absurdo! era absurdo, les desbarataba todo el discurso. Y bueno, hay un montón de cosas que nos han ayudado, pero son como raras. En realidad las mismas contradicciones que tiene la minera nos sirven para denunciar esto. Pero más allá de eso, en estos momentos estamos centrados en muchas dificultades, porque no hay movilización suficiente. Hay súper poca movilización. Más allá de la cuál es la posición de la gente, hay más bien una desmoralización.

¿ Por qué están desmoralizados?

Lo que pasa es que hemos pasado de ser miles de personas a un mínimo de lo que éramos antes. Seguimos haciendo bastantes cosas. Pero aún así, sabemos que esta gente, en caso que se plantee alguna acción... sabemos que se van a sumar. Pero igual está un poco complicado el tema.

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¿Y qué postura tienen frente a ello?

Bueno, se están haciendo acciones importantes y de verdad pueden ayudar a darnos más tiempo. Participamos de un Día Mundial Contra Barrick en conjunto con otros. Nos pusimos primero en contacto con Argentina. Hay un grupo argentino de periodistas que tenían contacto con gente en Canadá, después otros dirigentes en Nueva Guinea y empezamos a ver que habían bastantes lugares que estaban siendo afectados por la misma transnacional Barrick. Bueno ya no se hace esto, pero al menos hay una red de contactos en Australia, Nueva Guinea, Tanzania...

Bueno, ¡ muchas gracias por tu ayuda !

Marcela Pulgar Comunicadora Social Estudiante de Master en Ciencia y Gestión Mediaombiental ULB-IGEAT, Universidad Libre de Bruselas www.ulb.ac.be [email protected]