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LE SOLAIRE THERMIQUE CHERCHE LA LUMIÈRE Biogaz MÉTHANISATION : DANS LATTENTE DES NOUVEAUX TARIFS Déchets VERS DE NOUVELLES SOURCES DE CHALEUR DÉCEMBRE 2016 ÉDITION SPÉCIALE

LE SOLAIRE Biogaz THERMIQUE M Déchets … · Ce hors-série sur la chaleur renouvelable propose un bilan de la situa - ... secteur tertiaire, disposent ainsi d’un premier socle

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LE SOLAIRE THERMIQUE CHERCHE LA LUMIÈRE

Biogaz

Méthanisation : dans l’attente des nouveaux tarifs

Déchets

vers de nouvelles sources de chaleur

DÉCEMBRE 2016

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ÉDITION SPÉCIALE CHALEUR RENOUVELABLE – 2016 1

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ITOFONDS

CHALEURUN OUTIL DURABLE

DU SOUTIEN AUX ENR THERMIQUES

Entre 2009 et 2015, le Fonds chaleur de l’Ademe a permis la

réalisation de plus de 3 600 installations de réseaux de chaleur,

de biomasse, de géothermie, de chaleur de récupération, de

biogaz ou de solaire thermique. Le montant d’aides mobilisé s’élève

à 1,39 milliard d’euros pour des montants de travaux dépassant les

4,6 milliards d’euros. L’ensemble de ces installations génère plus de

1,8 million de tep/an d’énergies renouvelable et de récupération.

Ce hors-série sur la chaleur renouvelable propose un bilan de la situa-

tion de chacune des filières de production de chaleur renouvelable.

Il présente aussi de multiples exemples de réalisations. Les porteurs

de projets que sont les collectivités, les entreprises et les acteurs du

secteur tertiaire, disposent ainsi d’un premier socle d’informations

pour préparer leurs projets d’installations d’énergies renouvelables,

grâce au soutien des ingénieurs des directions régionales de l’Ademe.

Depuis 2015, le Fonds chaleur a évolué pour faciliter le montage des

projets. Des outils en ligne permettent désormais de vérifier rapi-

dement l’éligibilité des projets et environ les trois quarts des aides

versées sont aujourd’hui forfaitaires.

En 2016 et 2017, d’autres actions doivent amplifier le soutien des

filières par le Fonds chaleur. En premier lieu, il s’agit d’accompagner

les projets retenus dans le cadre des deux appels à manifestation

d’intérêt « Dynamic Bois » en faveur de la mobilisation de la biomasse.

Les 43 projets lauréats des deux AMI représentent une aide globale

de 55 M€, permettant de mobiliser 3 millions de tonnes de bois

supplémentaires. Par ailleurs, une attention particulière est accordée

au soutien à la géothermie intermédiaire avec pompes à chaleur

ainsi qu’aux grandes installations solaires thermiques retenues dans

le cadre de l’appel à projets spécifique de l’Ademe. Enfin, le Fonds

chaleur optimise ses modalités de soutien aux réseaux de chaleur et

à la récupération de la chaleur fatale.

La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte

prévoit d’augmenter de 50 % le rythme de développement de la

production de chaleur renouvelable. Pour y parvenir, elle intègre

un accroissement de la trajectoire du Fonds chaleur dès 2016 pour

atteindre les objectifs 2018 et 2023. Pour la chaleur renouvelable,

ces derniers s’élèvent respectivement à 14,9 Mtep et 17,2 Mtep

(fourchette basse) ou 19 Mtep (fourchette haute), sachant que la

production de 2013 représentait 12,7 Mtep. La biomasse couvre

80 % de l’objectif 2018 et 75 % de l’objectif 2023.

En 2017 et ensuite, le Fonds chaleur restera donc un outil central pour

le développement des projets de chaleur renouvelable et la valorisa-

tion à grande échelle des ressources disponibles sur les territoires.

Vincent Jacques le SeigneurDirecteur de la publication

Administration : Nathalie Bouhours (tél. : 01 44 18 00 80)

Directeur commercial et publicité : Jérôme Chabaudie (tél. : 01 44 18 73 47)

Directeur de la publication : Vincent Jacques le Seigneur

Responsable des produits éditoriaux : Romain David (tél. : 01 44 18 73 42)

Rédacteurs : Aude Richard, Juliette Talpin

Secrétaire de rédaction : Charlotte de L’escale, Cécile Bernard

Maquette – réalisation : Marie Agnès Guichard, Alice Guillier

Illustration de couverture : Chantier du réseau de chauffage urbain solaire à Juvignac, dans l’Hérault. Crédit : Clipsol

journal-enr.orgLE SOLAIRE THERMIQUE CHERCHE LA LUMIÈRE

Biogaz

Méthanisation : dans l’attente des nouveaux taris

Déchets

vers de nouvelles sources de chaleur

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Éditeur :

Observatoire des énergies renouvelables 146 rue de l’Université – 75007 Paris Tél. : + 33 (0)1 44 18 00 80 www.energies-renouvelables.org

Les pages “chaleur renouvelable” publiées en 2016 dans Le Journal des Énergies Renouvelables ont été réalisées en partenariat avec l’Ademe.

Le contenu de cette publication n’engage que la responsabilité d’Observ’ER et ne représente pas l’opinion de l’Ademe. Celle-ci n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y figurent.

Dépôt légal : 1er trimestre 2017 ISSN 2491-8687 Commission paritaire : n° 1118 G 84361

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Chaufferie biomasse Dal-kia : elle alimente par son réseau de chaleur le quartier des Terres Neuves à Bègles.

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BOIS-ÉNERGIELa filière bois-énergie “en pause” .......4Forêt : la “dynamic” est lancée ! ..........6Norske Skog partage sa chaleur ..........8Chalon-sur-Saône : un mix énergétique vers le renouvelable .........9Réseaux ruraux au bois : rentables et autonomes ....................10

SOLAIRE THERMIQUEDe l’eau chaude solaire pour les veaux ...................................12Lyon voit le solaire en grand ..............13Le soleil va briller sur le réseau de Châteaubriant ..............................14Le solaire thermique cherche la lumière .............................16Le solaire se met au commissionnement ......................18Adoma Rhône-Alpes-Auvergne Le solaire allège la facture .................20De l’eau chaude solaire pour les malades ...............................22

BIOGAZMéthanisation : dans l’attente des nouveaux tarifs ...........................24Un atelier rentable à la ferme ............26Les coopératives, catalyseurs des projets ......................28Entretien avec Armelle Damiano ........29

GÉOTHERMIELégère reprise en géothermie ............30Dynamique en Aquitaine ...................32Du vin bio refroidi à la géothermie ....33Chaud et froid en boucle ..................34

DÉCHETSVers de nouvelles sources de chaleur .........................................36Blois se chauffe à la chaleur résiduelle ........................38Un récupérateur amorti en moins de trois ans ........................40La datathermie prend son envol ........41

NOUVELLES TECHNOLOGIESÉMERGENTES (NTE)Panneaux hybrides, des rendements à valider ..................42Les premiers pas de la petite méthanisation ...................................43Du froid naturel ................................44Quand la méthanisationde déchets sert de climatisation ........45

BOIS ÉNERGIE

LA FILIÈRE BOIS-ÉNERGIE EN PAUSE

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MÉTHANISATION : DANS L’ATTENTE DES NOUVEAUX TARIFS

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LÉGÈRE REPRISE

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La filière biogaz cogénération est suspendue à la publication du nouveau mécanisme de soutien d’achat de l’électricité. Les nombreux projets dans les cartons attendent un coup de pouce de l’État. De quoi atteindre les objectifs ambitieux prévus par la Programmation pluriannuelle de l’énergie.

Les réseaux de chaleur peuvent acheter leurs plaquettes forestières en circuits courts. Le faible prix du combustible renforce ainsi la compéti-tivité de l’équipement. Voici deux exemples de collectivités, en Bretagne et en Gironde, qui gardent la maîtrise de leur approvisionnement.

Malgré la baisse du coût des énergies fossiles, les opérations géother-miques progressent cette année. Les collectivités et les entreprises font de plus en plus appel à cette solution énergétique, alors que les particuliers continuent pour l’instant de la bouder.

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LA FILIÈRE BOIS-ÉNERGIE “EN PAUSE”

Touchés par la faiblesse des prix du gaz, les projets de chaufferies bois-énergie sont au ralenti. Une pause salutaire, notamment pour consolider les approvisionnements, mais qui appelle toutefois une adaptation des dispositifs de soutien. PAR AUDE RICHARD

Depuis août 2014, le prix du baril de pétrole n’a cessé de baisser pour atteindre 30 $ (27,4 €) début 2016. Les projets de chaufferies biomasse sont donc tou-chés de plein fouet par cette baisse, d’autant plus que le contexte national reste morose  : l ’économie française n’a pas complètement retrouvé sa vigueur, la baisse des dotations pèse sur le moral des collectivités, et la période des élections

régionales a entraîné un décalage dans les décisions politiques. Résultat, des projets bio-masse restent dans les cartons.

Le bilan du fonds chaleur de l’Ademe pour 2015 n’est pas encore connu. Néanmoins, si l’engagement financier devrait être stable, autour de 210 ou 220 millions

d’euros, « le nombre de réalisations et de tep [tonnes équivalent pétrole, ndlr] substituées devrait être en baisse », estime Jean-Christophe Pouet, chef du

service bioressources à l’Ademe. Mis à part l’appel à projets BCIAT

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Chères lectrices, chers lecteurs,

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2015 (Biomasse chaleur industrie, agriculture et ter-tiaire), qui a donné l’impulsion à onze projets, peu de

nouveaux dossiers de forte puissance ont vu le jour en 2015.Pour Bruno de Montclin, président du Comité interprofessionnel du bois-énergie (Cibe), cette période peut être envisagée comme une “respiration” : «  Ce contexte ne me réjouit pas, nous allons avoir du mal à atteindre les objectifs nationaux. Mais il n’est pas mauvais de faire une pause, pour approfondir les fondamentaux, et notamment pour laisser le temps aux acteurs de la forêt de s’organiser. » Tout l’enjeu est de savoir com-bien de temps cette pause durera. Difficile de faire des prédictions, mais, au regard de l’actualité internationale (États-Unis, Iran, etc.), la hausse du prix des énergies fossiles n’est pas pour demain. « Les prix bas devraient se maintenir plusieurs années. Cette période de creux pourrait se faire cruellement sentir dans deux ou trois ans, délai moyen observé pour la

mise en œuvre des installations après une étude de faisabilité », souligne Jean-Christophe Pouet.

Un triplement d’ici à 2030Pourtant, lorsque l’on regarde sur le long terme, les scénarios énergé-tiques pour 2030 et 2050 sont encourageants pour le développement de la biomasse. L’Ademe prévoit 18 Mtep de combustion de bois-énergie en 2030 et 21 Mtep en 2050, contre les 6 Mtep en 2010. Les scénarios Afterre et négaWatt misent sur la biomasse à 57 % dans le mix énergétique de 2050. Plus récemment, la loi sur la transition énergétique et la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixent des objectifs ambitieux, notamment en multipliant par cinq la quantité de chaleur et de froid livrée en 2030. Alors, comment créer une dynamique dans ce contexte ? Les profession-nels attendent beaucoup de la contribution climat-énergie, aussi appelée “taxe carbone“. Pour 2016, cette taxe est fixée à 22 €/t de CO2 émis, et à 30,5 € en 2017. Un montant relativement bas par rapport à la Suède, où elle atteint près de 100 €/t de CO2, mais qui pourrait aider à la visibilité des projets. Pour l’association Amorce, qui accompagne les collectivités sur l’énergie et les déchets, il faut que les aides de l’Ademe s’adaptent plus rapi-

dement au prix du gaz. Aujourd’hui, les dossiers de subventions sont traités au moment de la notification du projet, et non au moment de la construction du réseau. Entre-temps, le prix du gaz a baissé, ce qui influe négativement sur la compétitivité du projet. L’association demande également une augmentation de l’aide, comme l’explique David Leicher, expert en réseaux de chaleur à Amorce : « Le fonds chaleur est un des outils les plus efficaces pour impulser des chauf-feries biomasse. Aujourd’hui, une augmentation des aides moyennes pourrait permettre à certains

projets de franchir le pas, sans dégrader l’efficacité du fonds. »Le potentiel du bois-énergie est énorme, en particulier dans les villages ruraux, sans approvisionnement en gaz. Selon une enquête d’Amorce publiée en janvier 2015(1), la plupart des nouveaux réseaux bois sont de petits réseaux ruraux : 70 % d’entre eux font moins de 3 MW. Mais en termes de production d’EnR, ils ne représentent que 4 % de la chaleur livrée. L’objectif “Facteur 5”(2) sera donc atteint principalement grâce aux réseaux en milieu urbain. Dans cet état d’esprit, Amorce propose de créer un appel à projets, sur le modèle de celui des territoires à énergie positive pour la croissance verte, pour la création, l’extension ou la densification de réseaux de chaleur. Les collectivités lauréates pourraient, par exemple, obtenir une bonification de 10 % des aides du fonds chaleur. Cette propo-sition cible notamment les 35 villes de plus de 50 000 habitants qui n’ont toujours pas de réseau de chaleur. De son côté, l’Ademe compte remettre l’accent sur l’animation de terrain et revoir l’argumentaire, qui ne peut plus reposer sur le seul volet économique. Elle envisage aussi d’inclure la contribution carbone dans les analyses et de mixer les opérations avec différentes énergies... Autant de défis à relever pour 2016. n

1) Amorce - Enquête 2015 sur les réseaux de chaleur au bois.

2) Facteur 5 : dans le cadre de la loi de transition énergétique, la France s’est récemment

fixé l’objectif de multiplier par 5 d’ici à 2030 la quantité d’énergies renouvelables

et de récupération livrée par les réseaux.

Nous allons avoir du mal à atteindre les objectifs nationaux. Mais il n’est pas mauvais de faire une pause.

Plate-forme Trifyl à Labessière-Candeil, dans le Tarn.

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IE FORÊT : LA “DYNAMIC” EST LANCÉE !

Si les nouveaux projets de chaufferies biomasse ont du mal à sortir des cartons, le monde de la forêt est, lui, en pleine ébullition. L’appel à projets “Dynamic Bois”, mis en place par l’Ademe, devrait booster l’approvisionnement des futures chaufferies collectives. PAR AUDE RICHARD

Les tensions sur l’approvisionnement de plaquettes, observées il y a deux ou trois ans dans certaines régions, semblent dis-sipées. L’offre forestière suit l’évolution de la consommation des chaufferies. Et pour cause, depuis plusieurs années, les acteurs de la

forêt se structurent : ils investissent dans du matériel performant et gèrent mieux la logis-tique. Avec le ralentissement des projets de chaufferies et deux hivers doux, cette structu-ration permet d’approvisionner correctement la filière en plaquettes forestières. Qu’en sera-t-il demain ? Les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui sont très ambitieux pour la bio-masse, prévoient une mobilisation de 70 %

Ces projets s’articulent autour de trois axes : l’anima-tion, l’aide à l’investisse-ment et une aide à l’amé-lioration des peuplements.

de l’accroissement annuel de la forêt (tout usage), à com-parer avec les 50 % d ’aujourd ’hui(1). L’étude du gise-ment de la ressource réalisée par l’IGN-FCBA pour le compte de l’Ademe montre que cet objectif est envisa-geable, et atteignable sous certaines condi-tions, notamment le développement de la filière bois construction.Pour lancer la dynamique, plusieurs dispositifs et politiques émergent, comme le contrat de filière du Comité stratégique de la filière bois. Un plan national forêt-bois va être prochaine-ment publié pour définir les orientations des dix prochaines années. Le fonds stratégique forêt-bois, lui, doit aider au financement des opérations de reboisement. Sans oublier la stratégie nationale bas carbone. « On sent une ébullition. Tous les acteurs de la filière bois se retrouvent, enfin, dans des instances communes et travaillent avec l’administration. On avance !, résume une responsable de la filière biomasse

Avec Dynamic Bois, 2 millions de m3 de plus devraient être disponibles d’ ici à trois ans.

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1) Évaluation du gisement de bois-déchet et son positionnement dans la filière bois

et bois-énergie, CBA, Ademe, avril 2015.

chez Dalkia. Mais il reste encore beaucoup à faire. La dotation du fonds stratégique reste aujourd’hui encore faible, alors que la profession a calculé qu’il faudrait 150 millions d’euros de dotation pour atteindre les objectifs. »En mars, un programme a été plébiscité par les professionnels : l’AMI (appel à manifes-tations d’intérêt) Dynamic Bois, lancé par l’Ademe et les ministères de l’Écologie et de l’Agriculture. En six semaines, l’agence a reçu 96 préprojets pour une demande de 173 mil-l i on s d ’ eu ro s d’aides, preuve de l’engouement des acteurs. Au final, 24  projets ont été retenus et financés à hauteur de 30 millions d’euros. Ils permettront de mobiliser 4 millions de m3 de bois supplémentaires sur trois ans, dont environ 2 millions pour le bois-énergie. Ces projets s’articulent autour de trois axes  : l’animation, l’aide à l’investissement, et une aide à l’amélioration des peuplements. « Nous avons été très attentifs à la coordination des acteurs. Ces projets obligent les acteurs à travailler ensemble », indique Alice Fautrad, du service bioressources de l’Ademe. Le projet Dynalp, porté par Abibois, consiste à mobiliser 150 000 tonnes de bois supplé-mentaires en Bretagne, grâce à la création de plates-formes et d’aires de dépôt. En région Centre-Val de Loire, le projet Cense consacre plus de 60 % des aides à l’amélioration des peuplements.Les professionnels du bois-énergie sont una-nimes pour dire que cet AMI donne une belle impulsion, mais qu’il ne résoudra pas tous les problèmes. Pour Dalkia, « l’AMI a donné un signal fort sur l’importance d’accompagner la mobilisation des bois et a recréé une dynamique sur le financement du reboisement. Mais sur ce point, c’est au fonds stratégique bois de prendre le relais ». L’AMI devrait être reconduit en 2016, pour au moins 20 millions d’euros. Vers plUs de bois-déchetSi la dynamique pour sortir du bois de la forêt est lancée, une autre action prend de l’am-pleur : la valorisation du bois-déchet. En effet, certaines études (EUwood, 2010 ; Indufor, 2013) ont conclu qu’il pourrait y avoir un déficit d’approvisionnement en bois-énergie au cours de la décennie à venir. Une étude de l’Ademe, parue en avril 2015, montre qu’il

y a un potentiel important de bois-déchet. 1,2 million de tonnes, actuellement enfouies, pourraient faire l’objet d’une valorisation bio-masse. L’Ademe incite dorénavant à la récupé-ration des bois traités et souillés, afin de valo-riser l’ensemble de la biomasse disponible et de favoriser l’économie circulaire. Dans l’appel d’offres BCIAT 2015, une part plus impor-tante des chaufferies biomasse seront équipées pour brûler des refus de pulpeur, du bois de classe B ou encore des traverses de chemin de fer, comme c’est le cas avec le projet Pyroal Énergie, à Bergerac (Dordogne). Néanmoins, l’étude relativise le poids de ce secteur, à l’échéance 2025 : « Si le gisement de déchets est d’une taille significative par rapport à la récolte forestière actuelle, de l’ordre de 23 %, son évolution est faible en comparaison de l’augmentation possible de la mobilisation de bois de forêt. » n

Le bois-déchet est une piste pour mobiliser davantage de bois.

Le BCIAT 2015 prévoit de pouvoir brûler davantage de refus de pulpeur, de bois de classe B ou encore des traverses de chemin de fer.

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NORSKE SKOG PARTAGE SA CHALEURDans les Vosges, le papetier Norske Skog mutualise ses installations avec ses voisins. Le projet Green Valley Energy consiste à partager une chaudière biomasse et à développer un réseau de chaleur urbain. PAR AUDE RICHARD

L’ industrie du papier est touchée de plein fouet par la numérisa-tion. Le Norvégien Norske Skog, un des leaders mondiaux de la papeterie, installé à Golbey près

d’Épinal (Vosges), en fait les frais. Mais plutôt que de baisser les bras, il a choisi de se tourner vers la tran-sition énergétique et vers... ses voisins. Pour cela, l’industriel s’est rapproché de la collectivité, la Sem de développement économique d’Épinal-Golbey, afin de mettre en place une démarche d’éco-logie industrielle territoriale. L’unité de Norske Skog Golbey a déjà mutualisé ses installations avec Pavatex, un fabricant de panneaux isolants en laine de bois. Depuis 2013, les deux industriels par-

tagent leurs achats de matière première, 720 000 tonnes de bois, et la chaudière de 97 MW de Norske Skog Golbey. Pavatex a ainsi réduit de 15 % ses investissements à l ’ insta l lat ion et divise ses dépenses d’énergie par cinq !Aujourd’hui, Norske Skog Golbey souhaite aller plus loin. Le papetier a pour projet de remettre en route une ancienne chaudière gaz, arrêtée depuis 1997. Cette chaudière

Le papetier a pour projet de remettre en route une ancienne chaudière gaz, arrêtée depuis 1997.

de 20 MW, alimentée par du bois-énergie, pourra chauffer des industriels, comme l’usine de Michelin située à quelques mètres de Norske Skog, et un réseau de chaleur de 8,5 km dans la ville de Golbey. La chaleur pourra également être utilisée pour le projet de bioraffinerie à partir de copeaux de bois, que le papetier développe avec Biométhodes. Cette deuxième chaudière sera alimentée essentiellement par du bois de classe B pro-venant des déchèteries de 200 km à la ronde.

naissance de Green Valley enerGyPour mener à bien ce projet, nommé Green Valley Energy, Norske Skog Golbey s’est rapproché d’Engie Réseaux (ex-Cofely), de la Sem d’Épinal et de la Caisse des dépôts. « Nous sommes très complémentaires. Toutefois, c’est un projet complexe et lourd, et il est parfois difficile de concilier les attentes des uns et des autres », souligne Jacques-Alexandre Vignon, président de Green Valley Energy et directeur de la Sem d’Épinal. Les quatre actionnaires vont investir près de 13 millions d’euros dans ce projet, qui devrait être opérationnel en 2017. En tant que lauréat de l’appel d’offres BCIAT (Biomasse chaleur industrie agri-culture et tertiaire), Green Valley Energy bénéficie d’une subvention de 4,5 millions d’euros de l’Ademe. n

Vue aérienne de l’usine du papetier Norske Skog à Golbey dans les Vosges.

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52 % à partir de la biomasse, 38 % par la cogénération et 10 % par le gaz, qui sert d’appoint et pour l’eau chaude sanitaire l’été. « Nous essayons de trouver un équilibre entre la cogénération, qui est très rentable, et le bois-énergie, qui permet d’économiser 85 000 t de CO2 par an », explique Dominique Lamard, responsable départemental d’Engie Réseaux.

Un contrat reVUDepuis deux ans, l’énergéticien arrive à atteindre la barre des 50 % de renouvelables. En janvier 2015, la ville a renégocié le contrat de délégation de service public pour faire diminuer la facture aux habitants et instaurer une consultation des abonnés dans la négociation. Grâce à une nouvelle

répartition des abonnements entre les bâtiments publics et les autres usagers, et au taux de TVA réduit, le coût du chauffage a baissé de 11 % pour les habitants. En 2015, le coût théorique de la chaleur était de 88,58 €/MWh. « Compte tenu du fait que nous n’avons pas de récupération d’énergie fatale, c’est un score correct », commente

Dominique Lamard. Pour alimenter les trois chauf-feries biomasse, Cha-lon’Énergie consomme près de 40 000 tonnes de bois par an. Là aussi, il faut jongler entre les dif-férents cahiers des charges de chaque chaufferie et les différents bois. Pour 2015, les trois chaufferies ont consommé des plaquettes forestières (52  %), des connexes de scierie (31 %), du bois de classe A (broyat de palettes, 10 %) et des écorces (7 %). n

CHALON-SUR-SAÔNE : UN MIX ÉNERGÉTIQUE VERS LE RENOUVELABLEDepuis douze ans, Chalon-sur-Saône améliore son réseau de chaleur, qui date des années 1960. Exit le charbon, place au bois-énergie ! PAR AUDE RICHARD

Pas moins de 31 km de réseau de chaleur serpentent sous les routes de Chalon-sur-Saône. Quasiment toute la ville de 40 000 habitants est quadrillée. En 2004, une chau-

dière biomasse (4,2 MW) est installée à la chaufferie des Aubépins, au nord de la ville, à côté de deux chaudières gaz (15 MW cha-cune). En 2010, c’est au tour de la chauf-ferie de Saint-Cosme (1,5 MW), au sud, de passer à la plaquette forestière. Enfin, en 2014, Chalon’Énergie, f iliale d’Engie Réseaux dédiée au réseau de Cha lon, construit deux chaudières biomasse de 10 MW chacune, à l’est de la ville. Elles sont complétées par une cogénération gaz (16 MWth et 12 MWe) et une chaudière gaz de 25 MW. En 2015, 14 000 équiva-lents-logements ont ainsi été chauffés à

Le bois- énergie permet d’économiser 85 000 tonnes de CO2 par an.

En 2015, Chalon’Énergie a atteint 52 % de biomasse dans son réseau de chaleur grâce à quatre chaudières bois-énergie.

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IE RÉSEAUX RURAUX AU BOIS :

RENTABLES ET AUTONOMES

Les réseaux de chaleur peuvent acheter leurs plaquettes forestières en circuits courts. Le faible prix du combustible renforce ainsi la compétitivité de l’équipement. Voici deux exemples de collectivités, en Bretagne et en Gironde, qui gardent la maîtrise de leur approvisionnement. PAR JULIETTE TALPIN ET AUDE RICHARD

Gi ronde - su r-Dropt , Pe l l e -grue, Saint-Pierre d’Aurillac, L a R é o le , M au r i a c . C e s cinq petites communes de Gironde, qui vont de 270 à

4 000 habitants, ont un point commun : elles possèdent un réseau de chaleur alimenté au bois-énergie. C’est le Siphem, le syndicat mixte interterritorial du pays du Haut Entre-deux-Mers, qui les accompagne. D’abord axé sur les loge-ments en milieu rural, le Siphem s’est intéressé à l’énergie dès 2004.

Depuis 2008, cinq réseaux de chaleur à la biomasse ont fait leur apparition sur le territoire, avec des chaudières de taille très variée  : de 55 kW pour Mauriac à 1 250 kW pour La Réole. Toutes les com-munes ont développé un service public de fourniture d’énergie, avec un budget en autonomie financière. Après plusieurs années d’exploitation, Ber-trand Mathat, chargé de mission énergie

Approvisionnement de plaquettes forestières d’une chaufferie bois.

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col lect iv ités au Siphem, dresse un bilan plutôt positif des cinq réseaux : «  L’économie de ce genre de projets reste fragile par rapport au baril de pétrole. Mais au bout de cinq ans, tous les réseaux de cha-leur s’équilibrent : les recettes compensent les charges d’exploitation.  » Les bilans écono-miques dépendent énormément de la taille des installations. À Mauriac, avec un réseau de chaleur de 50 mètres, il aura fallu cinq ans pour équilibrer les comptes, mais à La Réole, le réseau de 3 km, qui alimente entre autres une maison de retraite, a été à l’équilibre en moins de deux ans.

bois acheté en directEn même temps que le développement des réseaux de chaleur, le Siphem a créé une filière d’approvisionnement en plaquettes forestières. Les cinq chaudières consomment 2 300 tonnes de bois par an, collecté dans un rayon de 25 km. « Au départ, nous avons travaillé avec le syndicat des déchets. Mais la qualité n’était pas au rendez-vous. Nous passons dorénavant directement par l’entre-prise forestière », ajoute Bertrand Mathat. La qualité du combustible s’est nettement améliorée et a permis un meilleur taux de couverture biomasse, tout en diminuant la consommation de bois. « Nous achetons le bois entre 55 et 60 €/t, en dessous du prix du marché. Mais nous sommes prêts à payer davantage, si la qualité est au rendez-vous », précise-t-il.Le syndicat réf léchit aux moyens d’amé-liorer l’exploitation des réseaux de chaleur. Une des solutions pourrait être de mutua-liser les compétences, car la rentabilité dépend beaucoup du niveau de formation des agents. L’idée est de créer une équipe qui tournerait sur les cinq chaufferies. Le syndicat réf léchit également à la création d’une usine de granulés à partir de sarments de vigne, et à l’approvisionnement de la métropole bordelaise…

le mené : Un coût dU bois optimiséDans les Côtes-d’Armor, la commune nou-velle du Mené(1) (6 500 habitants) compte six chaufferies bois desservant des réseaux de chaleur de 150 à 1 500 mètres de lon-gueur exploités en régie. Depuis une dizaine

d’années, la construction de ces équipe-ments a pour but de fournir une chaleur à moindre coût aux bâtiments municipaux, logements et commerces. Et, par ailleurs, de valoriser une ressource énergétique locale sous-exploitée. Objectif atteint, puisque le prix de l’énergie est effectivement faible : la commune du Gouray, par exemple, vend son kilowattheure à 0,095 € TTC depuis 2008 (assurant un gain de 10 à 15 000 €/

an à la commune). Ce résultat s’explique par la création d’une filière bois-énergie de proximité, où chaque étape est optimisée. « Ce qui fait la performance du procédé, c’est l’organisation du chantier de la plaquette pour éviter les arrêts, le choix de prestataires qui utilisent des matériels adaptés au chantier, et une logistique de transport bien calée sur la production des plaquettes », explique Marc Théry, chargé de mission énergie à la commune nouvelle du Mené. Résultat, depuis 2010, le prix de la plaquette forestière est de seulement 60 €/t. Les besoins sont actuellement de 1 300 t/an (à 25 % d’humidité). Mais les forêts du territoire sont privées, la collectivité a dû sécuriser son approvisionnement en implantant sur ses terres quelque 30 hectares de taillis à croissance rapide (en 2014). Ces cultures ont l’avantage de produire quatre fois plus de biomasse qu’une forêt. Elle a aussi construit un hangar de stockage de 1 000 tonnes de capacité pour saisir des opportunités d’achat de plaquettes à faire sécher ensuite. n

Les cinq chaudières consomment 2 300 tonnes de bois par an, collecté dans un rayon de 25 km.

1) Issue du regroupement de Langourla, Collinée, Le Gouray, Saint-Gouéno, Plessala,

Saint-Jacut-du-Mené et Saint-Gilles-du-Mené, devenues le 1er janvier 2016 des communes

déléguées.

La commune nou velle du Mené compte six

chaufferies bois.

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DE L’EAU CHAUDESOLAIRE POUR LES VEAUX

Le GIE Élevages de Bretagne, en partenariat avec l’Ademe, a lancé une dynamique autour du solaire thermique dans les exploitations agricoles. Résultat : 23 projets ont vu le jour.PAR AUDE RICHARD

Éleveur à 30 km de Rennes, Sébastien Sachet est un fervent défenseur des énergies renouvelables. Sur son exploitation, où il élève 390 veaux de boucherie, il a installé une chau-dière bois de 65 kW et 240 m2 de photovoltaïque sur un hangar de stockage. En décembre 2014, il opte également

pour du solaire thermique. « Nous nous servons de l’eau chaude pour diluer le lait en poudre. Avant, nous chauffions les 1 105 m3 avec le bois. Aujourd’hui, le solaire thermique couvre 55 % de nos besoins », explique l’exploitant.

Une énergie gratUite92 m2 de capteurs sont installés sur le bâtiment d’élevage. Il s’agit de capteurs C1000HP de 10 m2, adaptés aux grandes installations. L’eau chaude arrive entre 20 et 90 °C, en fonction de l’ensoleillement, dans deux ballons de stockage de 2 500 litres chacun. En appoint, un troisième ballon mélange l’eau de la chaudière bois et celle

issue du solaire thermique. Et même en Bretagne, cela fonctionne

très bien, comme le souligne Sébastien Sachet : «  Une

journée de mars enso-leillée, nous attei-

gnons facilement les 60 °C. Je n’ai jamais eu de problème avec l’installation. »

Grâce à la pose des capteurs, l’éleveur a divisé par deux

les quantités de bois consommées, soit

15  tonnes. Même s’il possède des terrains boisés, cela lui évite de gérer les approvisionne-ments et la manutention des coupes. Il béné-ficie ainsi toute l’année d’une énergie gratuite, sans main d’œuvre. Mais cette installation a un coût : 75 000 € HT, hors subvention. L’Ademe, via le fonds chaleur, l’a soutenu à hauteur de 55 %. « Ce coût est assez lourd et il faut arriver à l’amortir dans le temps. Ce n’est pas un investissement que l’on réalise à cinq ans de la retraite… », ajoute le jeune éleveur de 36 ans. Le Groupement d’intérêt économique (GIE) Élevages de Bretagne considère qu’il faut compter 800 à 900 €/m2, soit un retour sur investissement au bout de 8 à 10 ans comparé au gaz et 15 ans par rapport au bois. Sébastien Sachet fait partie des 23 éleveurs accompagnés par le GIE depuis 2012, via un appel à projets solaire thermique agricole, en partenariat avec l’Ademe. « La Bretagne est une région très dynamique en élevage de veaux de boucherie ou en élevage laitier, pour lequel le solaire thermique peut également jouer un rôle intéressant. Néanmoins, en 2015, la chute du prix du gaz a pesé sur les investissements. Nous n’avons eu aucun nouveau projet », indique Joanna Herrera, chargée de mission au GIE. Un nouvel appel à projets pour 2016 vient d’être lancé. n

Aujourd’hui, le solaire thermique couvre 55 % des besoins.

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Chères lectrices, chers lecteurs,

Dans une dynamique d’amélioration continue, Observ’ER souhaite connaître votre avis sur ce dossier. Vous pouvez-nous aider en consacrant 5 minutes de votre temps à notre questionnaire de satisfaction, accessible ici.

Le solaire thermique peut être très attrac-tif pour les exploita-tions agricoles comme la production de veaux de boucherie, qui requiert beau-coup d’eau chaude.

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LYON VOIT LE SOLAIRE EN GRAND

Et le gagnant est… GrandLyon Habitat. Le bailleur social de la métropole lyonnaise a remporté le premier appel d’offres de l’Ademe pour les grandes installations solaires thermiques. Plus d’un millier de logements seront raccordés. PAR AUDE RICHARD

GrandLyon Habitat a profité de l’appel à projets de l’Ademe pour déployer des projets solaires thermiques. Une énergie que le bailleur social connaît déjà bien. Entre 2006 et aujourd’hui, il a installé 5 000 m2 de capteurs sur 48 sites. En 2017, trois résidences supplémentaires seront équipées

de capteurs thermiques : Léo-Lagrange à Vénissieux, Château-Roy à Fontaines-sur-Saône, et Champlong à Saint-Genis-Laval. Au total, plus de 1 044 m2 de panneaux seront installés pour produire de l’eau chaude sanitaire. À Léo-Lagrange, le solaire thermique viendra en complément du réseau de chaleur de Vénissieux, qui fonctionne au bois. À Cham-plong, il s’agit d’une cogénération-gaz. Et à Château-Roy, le bâtiment, qui vient d’être entièrement rénové en BBC+, dispose d’une chaufferie bois. En moyenne, sur les trois sites, l’investissement de 1,2 million d’euros sera amorti sur 15 ans. Le solaire permettra d’économiser, en moyenne, 41 euros par an et par logement. « Grâce à la mutualisation des coûts des panneaux et des travaux de maîtrise d’œuvre, on économise 10 à 15 % sur le budget total », estime Benoît Crozier, responsable d’opéra-tions de GrandLyon Habitat.

Un coUp de poUce à l’investissementAlors, pourquoi le solaire thermique ne se développe-t-il pas davantage chez les bailleurs sociaux ? L’investissement de départ, assez conséquent, peut en décourager certains. GrandLyon Habitat ne le cache pas : sans l’appel à projets, il n’aurait pas réalisé ces investissements. Il recevra

une subvention de l’Ademe de 40 %. Pour les futurs appels à projets, ce taux devrait être augmenté (lire article p. 16). Autre frein, les difficultés d’exploitation. Pour GrandLyon Habitat, comme pour d’autres

bailleurs, un tiers des installations ne permet pas d’ob-tenir les résultats attendus de fonc-tionnement. Pour Corinne Ramonet, responsable de l ’unité énergie de GrandLyon

Habitat, il est nécessaire de revoir le mode d’intervention : « Aujourd’hui, sur les petites installations, l’exploitant s’occupe de toutes les énergies. Nous sommes en réflexion pour le décharger du solaire thermique et faire appel à un prestataire spécialisé quand cela est nécessaire ». L’aspect “mutualisation” des trois résidences permettra de développer le suivi et le com-missionnement. n

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Sans appel à projets, le bailleur social n’aurait pas réa-lisé ces investis-sements.

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LE SOLEIL VA BRILLER SUR LE RÉSEAU DE CHÂTEAUBRIANT

Le réseau de chaleur de Châteaubriant, qui utilise plus de 60 % de bois-énergie, va être doté d’une centrale solaire thermique. Ce démonstrateur à l’échelle d’une ville devrait permettre de se passer du gaz pendant la période d’été.PAR AUDE RICHARD

«S’ils le font au Danemark, pour-quoi ça ne fonctionnerait pas chez nous ? » C’est en partant de ce postulat que Dominique Egret, directeur des services,

et les élus de la ville de Châteaubriant ont fait le pari du solaire thermique à grande échelle. À la fin de l’année 2016, le réseau de chaleur de cette ville de Loire-Atlantique devrait être en partie alimenté par l’énergie solaire. Certes, le taux de couverture sera assez faible, environ 4 %, mais ce projet innovant ouvre la voie à un nouveau débouché pour le solaire thermique. Soutenu par le projet européen Solar District Heating plus (SDHplus), c’est un des deux lauréats de l’appel à projets de l’Ademe “Grandes installations”. En France, deux réseaux de chaleur sont déjà équipés de capteurs ther-

miques, celui de Balma (Haute-Garonne) et celui de Juvignac (Hérault). Mais ce sont des démonstrateurs à l’échelle d’un quartier : 800 m2 de capteurs pour le premier et 500 m2 pour le second. À Châteaubriant, 2 000 m2 de capteurs seront installés. Un déploiement à une tout autre échelle. Le réseau de chaleur de Châteaubriant (10 km) dessert de nombreux bâtiments publics (hôpital, collèges, gymnases), ce qui équivaut à 1 800 logements. Depuis 2011, il est alimenté par une chaudière bois de 3 MW et deux chau-dières gaz d’appoint, de 3 MW chacune. En juillet-août, le solaire thermique viendra rem-placer le gaz et une partie du bois. Les autres saisons, il complètera le mix énergétique. Les

Le réseau de chaleur de Châteaubriant dessert de nombreux bâtiments publics : hôpi-tal, collèges, gymnases…

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émissions de gaz à effet de serre seront ainsi réduites de 24 tonnes de CO2 par an.

préchaUffer les retoUrsConcrètement, le rayonnement du soleil chauffe un fluide caloporteur qui, grâce à un échangeur, transmet son énergie à l’eau du réseau. Les calories solaires sont alors injec-tées sur le retour, dont la température est aux alentours de 75 °C. Ceci permet d’augmenter la température de 1 ou 2 °C l’hiver, et de 20 °C l’été. En ce qui concerne le type de panneaux, la municipalité n’a pas encore arrêté son choix.

Les grandes installations nécessitent des panneaux spécifiques, qui mesurent 10 m2 à la place des 2 m2 classiques. Deux fabricants sont sur le marché : Clipsol et Viessman, avec capteurs plans ou à tubes sous vide. La technologie du solaire thermique est tout à fait mature, mais la combinaison avec de la biomasse est un facteur à maîtriser, comme l’explique Amandine Le Denn, ingénieure chez Tecsol, qui a réalisé l’étude de faisabilité et assure la maîtrise d’œuvre du projet : « Les chaudières bois modulent mal à faible puissance et le solaire pourra venir couvrir en été plus de 70 % de la puissance instantanée demandée par le réseau. Un stockage journalier permettra de découpler la production instantanée de la demande. La conception et la gestion du stockage et de la boucle solaire sont deux points clés pour un couplage optimal solaire/bois, et assureront la réussite de ce projet ».

Une garantie solaireLa ville de Châteaubriant a tout mis en œuvre pour que ce démons-trateur soit une réussite. Elle porte elle-même le projet, et non Cofely, le concessionnaire du réseau. « C’est un risque, mais un risque calculé, estime Dominique Egret, directeur des services techniques. L’investisse-ment est de 1,45 million d’euros et l’Ademe nous octroie une subvention de 70 %. Au regard du prix actuel du gaz et du montant de l’investissement, le démonstrateur n’est pas rentable, sans subvention. Notre objectif est avant tout de démontrer que ça fonctionne pour amorcer la pompe et faire en sorte que les tarifs des panneaux diminuent. » Un budget annexe a été constitué pour pouvoir vendre de la chaleur. Il intègre les redevances dues par le concessionnaire Cofely, qui a pris une part active aux études et qui gèrera le site dès sa mise en service. L’emprunt devrait être remboursé en douze ans. Pour s’assurer que le projet fonctionne, la collectivité a mis en place avec ses partenaires une garantie solaire. Tecsol, en charge des études, et Cofely, l’exploitant et le fabricant de capteurs, devront s’engager à livrer 900 MWh chaque année. Si la production n’est pas respectée, à 5 % près sur les cinq premières années, le montant des pénalités sera de 140 €/MWh, soit le double du prix de vente de la chaleur. « Sans cette garantie, le solaire aurait été compliqué à mettre en place, car l’exploitant a plutôt intérêt à vendre ses énergies, le gaz ou le bois, plutôt que du solaire », souligne Dominique Egret. Au travers de ses exigences de subventions, l’Ademe impose que le prix de la chaleur baisse de 5 % par rapport au prix de la DSP actuelle de 74 €/MWh. Châteaubriant et ses partenaires relèveront-ils le défi ? n

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LE SOLAIRE THERMIQUE CHERCHE LA LUMIÈRE

Même si le nombre d’installations est toujours en berne, une certaine dynamique s’installe au sein de la filière solaire thermique. L’appel à projets de l’Ademe sur les grandes installations et le plan de relance Socol impulsent et sécurisent les nouveaux projets. PAR AUDE RICHARD

Le marché solaire thermique est à nouveau fortement en baisse, à hauteur de 33 % en 2015. Il s’établit à 101 450 m2 en 2015 contre 150 500 m2 en 2014. Les chiffres d’Uniclima et d’Enerplan (syndicat des professionnels du solaire) sont sans équivoque. La filière continue de plonger, aussi bien

dans l’individuel que dans le collectif. Ce dernier segment, qui représente plus de la moitié du marché, connaît à nouveau un recul (-22 %), pour la troisième année consécutive. Les chiffres du fonds chaleur de l’Ademe suivent la même courbe : 77 dossiers en 2015 (contre 456 en 2011) et 7 300 m2 installés, un résultat stable par rapport à 2014, aidé par l’installation de 2 000 m2 à Châ-teaubriant (lire article p. 14), qui est comptabilisée. Toutes les régions françaises sont touchées. « Dans le monde entier, on sent un ralentissement pour le solaire thermique, mais pas au point de ce qui se passe en France ! Nous devons redonner de la visibilité économique à la chaleur solaire en

France. C’est une énergie très performante, il faut le faire savoir », lançait François Gibert, vice-président d’Enerplan, lors des États généraux de la chaleur solaire mi-octobre à Nantes.

“grandes installations” : cinq projets déposésFace à ce constat alarmant, les profession-nels se mobilisent. L’Ademe a lancé en 2015 un appel à projets “Grandes installations”. L’objectif est de soutenir le solaire thermique de grande taille pour réaliser des économies d’échelle et baisser les coûts. Une des exigences de l’Ademe est que chaque kilowattheure soit contrôlé, grâce à un suivi,

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un monitoring et à une maintenance adé-quate. Cinq projets ont été déposés. Si seu-lement deux se sont avérés éligibles (le réseau de chaleur de Châteaubriant et les résidences de GrandLyon Habitat), l’Ademe considère tout de même cette première édition comme une réussite. « De plus en plus, les exploitants de réseaux commencent à étudier l’injection du solaire avec pour schéma le plus souvent constaté le préchauffage de la branche retour, indique Nadine Berthomieu, en charge du solaire ther-mique à l’Ademe. Grâce à la mutualisation des besoins au sein d’un réseau, on valorise 15 à 30 % d’énergie solaire sup-plémentaire par rap-port à un bâtiment seul. C’est un des axes de développement du solaire pour les pro-chaines années. » Moselis, un bailleur social de Moselle, avait déposé un projet, mais le taux de subvention ne pouvait dépasser 45 % eu égard à la taille de l’entreprise. Les bailleurs sociaux ne seront plus considérés comme des acteurs du secteur concurrentiel dès 2016. L’Ademe reste cependant très vigi-lante sur les coûts et les modalités de suivi et d’exploitation exposées dans le dossier. Moselis devrait redéposer son projet. Pour ce

deuxième appel à projets, un industriel de Rhône-Alpes est également fortement pressenti pour candidater.

sUivi et maintenance, les clés de la réUssitePour que les maîtres d’ouvrage optent à nouveau pour le solaire ther-mique, l’initiative Socol initiée par Enerplan a été renforcée pour monter en puissance. Elle rassemble désormais près de 2 000 membres. L’Ademe soutient les actions à hauteur de 600 000 euros sur trois ans, avec deux axes de travail : la technique et la communication. Les actions se multiplient, comme le souligne Edwige Gautier, en charge de Socol à Enerplan : « Nous avons créé un panel d’outils pour assurer le bon fonctionnement des installations de la conception à l’exploitation, en passant par l’installation. Aujourd’hui, nous nous focalisons sur le suivi de production et la maintenance ». Depuis février, Socol propose aux maîtres d’ouvrage un outil dynamique de mise en service, une sorte de liste avec différents éléments à vérifier et documenter pour chaque installation, afin de s’assurer qu’elle fonctionne conformément aux attentes. La qualification “Qualisol collectif ” est opérationnelle depuis sep-tembre 2015 et pourrait devenir obligatoire en 2017 pour obtenir des aides de l’Ademe. L’instauration de la Réglementation thermique RT2012, qui autorise les logements collectifs à consommer plus (57,5 kWh/m2.an contre 50 kWh/m2.an avec les standards BBC et RT2005), a participé à la chute de la filière. Un groupe d’experts travaille à la revalorisation du solaire thermique collectif dans le moteur de calcul RT2012. La bonification du droit à construire, dont le décret devrait bientôt sortir, s’appuiera sur une performance RT2012 -20 %. Elle pourrait ainsi pallier le droit à surconsommer, prorogé jusqu’en 2018. En ce qui concerne la communication, des réunions de sensibilisation ont régu-lièrement lieu dans les régions. Environ 70 personnes sont présentes à chaque fois, ce qui fait dire à Edwige Gautier, que « même si le nombre d’installations ne décolle pas, on sent une réelle dynamique positive sur le terrain ». Un signe précurseur de reprise ? n

De plus en plus, les exploitants commencent à étudier l’injection du solaire thermique sur les réseaux de chaleur.

TENDANCE ÉVOLUTIVE DES INSTALLATIONS DEPUIS 2009

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Nombre de dossiers Surface en ares Tonnes équivalent-pétrole

Les contrats de maintenance des exploitations solaires sont souvent mal adaptés à cause d’un manque de connaissance de l’ installation par l’exploi-tant. Une mise en service en présence de l’exploitant est donc essentielle.

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LE SOLAIRE SE MET AU COMMISSIONNEMENTAvec les exigences de performance énergétique, le commissionnement commence à se généraliser à tous les domaines du bâtiment. Ces procédures, qui permettent à une installation d’atteindre le niveau de performance contractuelle et de le maintenir dans le temps, concernent désormais le solaire thermique. Les bailleurs sociaux sont particulièrement concernés par cette démarche. PAR JULIETTE TALPIN

Depuis 2009, 60 % des ins-tallations solaires collectives concernent le logement. Or le secteur de l’habitat collectif a connu de multiples contre-réfé-

rences qui nuisent au développement de la filière. Selon l’Ademe, le problème est dû à l’organisation même de ces structures dont les services développement, réalisation et maintenance sont indépen-dants et ne communiquent pas suffisamment entre eux. « Si les hypo-thèses de consommation d’eau chaude en conception ne sont pas validées par les départements construction et exploitation, il y a un risque de sur-dimensionnement ; de même, si la maintenance n’échange pas avec la construction, elle ne connaît pas l’installation lors de son intervention après

la garantie de parfait achèvement», constate Nadine Berthomieu, ingénieur service réseaux et énergies renouvelables à l’Ademe. En somme, il faut une vision globale dès la conception. La solution est donc de mettre en place une équipe garante globalement de la performance énergétique qui soit portée par la maîtrise d’œuvre ou toute entité juri-diquement responsable de la conception-réa-lisation.

Le génie cLimatique pionnierCette démarche, appelée commissionne-ment, demande surtout une traçabilité à

En Pays de la Loire, les centrales solaires disposent d’un carnet de santé permettant un suivi et une maintenance simples de l’ installation.

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chaque étape du projet et un engagement des intervenants, depuis la conception et tout au long de la vie de l’ouvrage. « Il faut formaliser correctement toutes les transmissions de documents depuis le cahier des charges initial jusqu’à la remise de l’installation, afin de valider son bon fonctionnement et de donner à l’ex-ploitant tous les élé-ments pour travailler correctement  » , explique Xavier Cholin de l’Ines (Institut national d e l ’ é n e r g i e solaire). Dans les années 1990, les insta l lat ions de génie climatique ont été les premières à faire l’objet de telles procédures. Ces équipements complexes connaissaient à l’époque des pannes et des mauvais réglages liés aussi à ce manque de transmission d’informations entre la réalisa-tion et l’exploitation. Mais la démarche com-mence à se généraliser à tous les domaines du bâtiment. Y compris à la filière solaire

thermique. Depuis 2016, Socol, initiative chapeautée par Enerplan qui réunit 1 200 acteurs de la chaleur solaire collective, propose aux maîtres d’ouvrage un guide du commissionnement permettant de documenter chaque étape (disponible sur le site de Socol). « En solaire thermique, la mise en service réelle intervient à l’arrivée des usagers, parfois plusieurs mois après la réception du bâtiment, explique Edwige Porcheyre, coordinatrice du projet Socol chez Enerplan. En raison de l’absence de puisage d’eau chaude sanitaire, des surchauffes de capteurs peuvent se produire si l’installation est mise en service dès la réception et avant l’arrivée des usagers, et entraîner ensuite des pannes du système. De plus, il est essentiel de mettre en place un suivi du système dès la mise en service, et d’impliquer l’exploitant le plus en amont du projet et si possible durant cette phase de mise en service dynamique. Il est important que l’exploitant dispose d’un dossier technique comprenant les documents essentiels de conception, mise en œuvre et réglages de l’installation (schéma, ratios de dimensionnement...). »

réception dynamique obLigatoireEt désormais, la maîtrise d’ouvrage ne devra plus se contenter de la seule réception “statique” (validation de la conformité de l’instal-lation au schéma de conception). La réception « dynamique », qui consiste à mettre en route l’installation pour constater si réellement elle fonctionne conformément à l’étude de dimensionnement, est aujourd’hui considérée comme incontournable pour éviter bien des problèmes ensuite. L’Ademe va d’ailleurs l’inscrire comme une forte recommandation qui deviendra obligatoire dès 2018 afin d’obtenir les aides du Fonds chaleur.

carnet de santé de L’instaLLationEn Pays de la Loire, un outil simple et opérationnel est utilisé depuis deux ans, le “carnet de santé”. Il a été imaginé par Jean-Paul Louineau, fondateur en 2002 du bureau d’études Alliance Soleil (accompagne-ment maîtrise d’ouvrage, audits et expertises solaires) et soutenu par l’Ademe Pays de la Loire. « Comme pour le suivi médical d’un enfant, le carnet de santé d’une centrale solaire comprend toutes les informations essentielles de la vie de l’installation », précise-t-il. Le document d’une vingtaine de pages est extrêmement pédagogique, il intègre notamment une page “B-A-BA du solaire” (ou comment vérifier simplement que l’installation fonctionne : exemple, quand il fait beau entre 11 heures et 15 heures, la température du ballon solaire est au minimum de 40 °C). Outre la carte d’identité (intervenants, principales données techniques, schéma hydraulique), le fascicule prévoit une fiche de réception dyna-mique pour valider le fonctionnement effectif en quelques points. « La réception dynamique est indispensable car l’important ce n’est pas l’équipement (capteurs, tuyaux, ballons...) mais la production d’énergie renouvelable en kWh qui va sortir de l’installation », rappelle-t-il. Est également incluse une fiche de maintenance et de relevé de fonction-nement. Aussi, comme dans un carnet de santé médical, le document propose des courbes types permettant à l’exploitant de comparer la production d’énergie de sa centrale au théorique. « Souvent, les valeurs sont relevées mais elles ne sont pas analysées, il faut donner des garde-fous qui alertent les maîtres d’ouvrage », estime Jean-Paul Louineau. Le carnet de santé est placé dans la chaufferie avec le dossier technique, et systématiquement présenté à tous les acteurs intervenant sur la centrale solaire. L’Ademe Pays de la Loire a rendu obligatoire le carnet de santé pour obtenir les aides Fonds chaleur. n

Le carnet de santé est placé dans la chauf-ferie avec le dossier tech-nique, et systé-matiquement présenté à tous les acteurs intervenant sur la centrale solaire.

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E ADOMA AUVERGNE-RHÔNE-ALPES LE SOLAIRE ALLÈGE LA FACTURE

Réduire de 38 % la consommation de combustibles de son parc entre 2010 et 2020. Voilà l ’objectif que s’est fixé Adoma, filiale du groupe SNI (Caisse des dépôts),

qui accueille près de 71 000 personnes en grande précarité dans ses 400 résidences et foyers dans toute la France. Car la particularité de ce bailleur est de ne pas répercuter les factures d’énergie sur les locataires. Adoma a réalisé des audits énergétiques et identifié trois leviers principaux pour réduire ses factures d’énergie : l’isolation des bâtiments, la mise en place de chaudières plus performantes, et l’installation de centrales solaires pour l’eau chaude sanitaire. Sur la question du solaire, la direction Auvergne-Rhône-Alpes s’est montrée particulièrement enthousiaste. Trois raisons à cela selon Cédric Alonso, responsable du service énergie : « L’ensoleillement favorable sur cette région, des sites adaptés, et la réussite des premières installations. » Entre 2011 et 2016, Adoma a mis en route 20 installations d’environ 100 m2 chacune pour un investissement global de 2,5 M€ en Auvergne-Rhone-Alpes (aides Ademe et Région de 50 %). Un quart des 80 rési-dences ont donc été équipées et 5 supplémentaires le seront bientôt. « Les résidences Adoma sont particulièrement adaptées à la mise en place de centrales solaires car ce sont de grands bâtiments avec de grandes surfaces dis-ponibles en toiture-terrasse et des besoins en eau chaude sanitaire importants (80 l/personne/jour) et constants sur l’année (pas de risque de surchauffe des capteurs) », explique Cédric Alonso. À chaque rénovation énergétique d’une résidence, le solaire est donc systématiquement étudié et il est retenu s’il apporte les meilleures baisses de consommation de gaz.

temps de retour de 10 à 20 ansDans les 20 centrales en place, la couver-ture solaire varie entre 40 et 50 % (hors bouclage), ce qui assure un temps de retour sur investissement de 10 à 20 ans (avec sub-ventions). Prenons par exemple le cas de la résidence La Peupleraie à Pont-de-Chéruy (Isère, 240 lits), qui consomme 6 500 m3

d’ECS par an. L’installation de 122  m² de capteurs autovidangeables SKR 500 avec 6 000 litres de capacité de stockage solaire affiche un taux de couverture de 42 % (hors bouclage) pour une production de 667 kWh/m² entre octobre 2015 et sep-tembre 2016 (voir aussi Graphique 1). « Le taux de couverture n’est pas énorme mais nous avons préféré maximiser la production par m² de capteur », souligne Marie-Lyne Laquer-rière-Saudax, responsable de l’agence Tecsol Auvergne-Rhône-Alpes, qui a conçu 12 des 20 centrales solaires d’Adoma Auvergne-Rhône-Alpes. Aux tarifs actuels du gaz (his-toriquement bas), l’économie est d’environ 4 100 € par an, sachant que l’installation a coûté 128 000 € avec une aide de 56 000 € du Fonds chaleur de l’Ademe.

Dans deux ans, 25 des 80 résidences Adoma d’Auvergne-Rhône-Alpes seront équipées de cen-trales solaires thermiques.

Les contre-performances des installations solaires ne doivent pas occulter que de multiples sites fonctionnent bien et assurent de substantielles économies d’énergies fossiles au maître d’ouvrage. Exemple avec le bailleur social Adoma en Auvergne-Rhône-Alpes dont le poste ECS a baissé de 40 à 50 % dans ses 20 résidences équipées d’eau chaude solaire. PAR JULIETTE TALPINA

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Les cLés du succèsPour Cédric Alonso, trois points sont essen-tiels pour obtenir une installation solaire performante. Le premier est le télésuivi des installations qui alerte lorsqu’il y a une situation anormale. « Indispensable » selon lui. Les 20 résidences solaires d’Adoma sont équipées du télésuivi détaillé de Tecsol ; le coût est de 600 €HT/an par installation. Ensuite, il faut connaître précisément les besoins de chaque résidence tout au long de l’année afin de bien dimensionner l’instal-lation. Enfin, « il est important de s’être entouré par d’entreprises compétentes : un bureau d’études qui conçoit un schéma simple, un installateur efficace et présent pendant au moins un an, et un exploitant impliqué » (voir aussi Graphique 2). Sur ce dernier point, Adoma a signé avec l’exploitant E2S un contrat d’intéressement sur les économies de gaz permettant à la fois de l’impliquer dans la bonne gestion des cen-trales solaires et de mieux réguler les chauf-feries en hiver. Une passation de consignes est par ailleurs systématique entre l’instal-lateur et l’exploitant au moment de la mise en route. En dernier lieu, le dossier tech-nique et le schéma hydraulique sont laissés en chaufferie et des fiches de consignes sont fixées sur la porte.

La vigilance du maître d’ouvrage lui-même est aussi un point crucial : « Une installation solaire nécessite plus d’implication de la part du maître d’ouvrage que la gestion d’une chaufferie classique, notamment pour vérifier sur les relevés mensuels de production le bon fonctionnement des installa-tions », souligne Cédric Alonso. n

GRAPHIQUE 2 : LES CLÉS DU SUCCÈS

LE MAÎTRE D’OUVRAGE

• Suivi dès la phase de conception

• Réception de l’installation en plusieurs étapes

• Suivi poussé sur les 6 premiers mois

• Suivi mensuel des données de production

• Conception simple

• Facilité d’exploitation

• AOR de qualité

• Implication en phase exploitation

• Formations et compétences reconnues

• Interactions avec le MOE - phase réglages

• Réalisation d’un DOE de qualité

• Implication sur au moins 1 an

• Formations et compétences reconnues

• Passage de consignes efficace

• Implication dans la performance de l’installation (GRS, PFI)

LE MAÎTRE D’ŒUVRE

L’INSTALLATEUR L’EXPLOITANT

SOURCE : ADOMA

GRAPHIQUE 1 : PERFORMANCES MESURÉES SUR LA RÉSIDENCE ADOMA LA PEUPLERAIE DE PONT-DE-CHÉRUY (38) ENTRE OCTOBRE 2015 ET SEPTEMBRE 2016SOURCE : TECSOL

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Ce schéma demande davantage de monitoring et de comptage et augmente sensiblement les pertes de calories. Mais les volumes d’eau distribuée très importants dans les hôpitaux justifient le recours aux installations solaires thermiques.À ce jour, cette technique est parfaitement maîtrisée. Des schémas en « eau technique » sont recensés au sein de la schématèque de Socol et servent de référence. Cependant, en 2010, lors de l’étude de l’hôpital de Crest, cette schématèque n’existait pas. Le schéma hydraulique fondé sur le système Sonnenkraft était assez compliqué. Aujourd’hui, les erreurs de comptage retardent le versement total de la subvention de l’Ademe. « Nous avons des difficultés à obtenir la valeur utile produite par le solaire et sa conformité avec l’étude de conception. Nous devons voir si le problème vient du compteur ou de son emplacement », explique Fabrice Bettwy, de la direction régionale Auvergne-Rhône-Alpes de l’Ademe. Entre la conception et la pose des panneaux, un service de chirurgie a fermé. Comme les panneaux étaient déjà en place, l’installation est légèrement surdimensionnée. Néanmoins, elle fonctionne tout à fait correctement, car la chaleur peut être déchargée sur la boucle de distribution, et le système sous-pression n’enregistre aucune surchauffe ni panne des pompes. Le taux de couverture est de 54 %, et la produc-tivité brute au niveau de la boucle primaire des capteurs solaires est de l’ordre de 500 kWh/an/m2. Un bon score par rapport à la moyenne de la région Auvergne-Rhône-Alpes, autour de 400 kWh/an/m2. n

DE L’EAU CHAUDE SOLAIRE

POUR LES MALADESComme de nombreux établissements de santé, l’hôpital de Crest a choisi le solaire thermique pour produire de l’eau chaude sanitaire. Un schéma hydraulique spécifique a été installé. PAR AUDE RICHARD

L e solaire thermique est une des énergies idéales pour un établisse-ment de santé. En effet, les besoins en eau chaude sanitaire sont élevés et constants. Le conseil de sur-

veillance de l’hôpital de Crest (Drôme), au sud de Valence, n’a pas hésité lors de la construction du nouvel hôpital. Il a fait ins-taller 50 m2 de capteurs solaires thermiques. « L’installation a coûté 72 000 euros, avec une subvention de l’Ademe qui devrait s’élever à près de 40 % », se souvient Thierry Gauche-rand, responsable administratif et financier de l’hôpital. Elle vient compléter deux chau-dières gaz de 220 et 320 kW.

un schéma contre Le risque de LégioneLLeSi le solaire thermique s’adapte très bien aux besoins des hôpitaux, un schéma hydraulique spécifique est fortement recommandé pour éviter le risque de légionelle. On parle de schéma en « eau technique ». Contrairement aux installations classiques, l’eau distribuée n’est pas directement chauffée par les capteurs. Un échan-geur à plaques est placé entre le stockage solaire et le ballon de distribution, qui est porté à une tem-pérature de 55 à 60 °C.

Avec son bardage bois, la récupé-ration d’eau de pluie, des nichoirs et 50 m2 de panneaux solaires, l’ hôpital de Crest est certifié « Haute Qualité environnemen-tale » et reconnu par la ligue de protection des oiseaux.

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MÉTHANISATION : DANS L’ATTENTE DES NOUVEAUX TARIFSLa filière biogaz cogénération est suspendue à la publication du nouveau mécanisme de soutien d’achat de l’électricité. Les nombreux projets dans les cartons attendent un coup de pouce de l’État. De quoi atteindre les objectifs ambitieux prévus par la Programmation pluriannuelle de l’énergie.PAR AUDE RICHARD

Le bouton pause est enclenché. Toute la filière méthanisation attend la sortie des tarifs d’achat d’électricité. Après la publication, fin octobre 2015, d’un arrêté pour les instal-

lations existantes, le mécanisme de soutien pour les nouveaux sites devrait paraître cet été. Cette attente, qui dure depuis plusieurs

mois, pèse sur la filière : les porteurs de projet ne signent pas, les construc-

teurs survivent ou se diversifient. Host, spécialiste de la micro-méthanisation (inférieure à 75 kW) a

construit des unités de 250-300 kW. L’objectif de 1 000 méthaniseurs en 2020 s’éloigne

de plus en plus. Fin 2015, 421 installa-tions produisaient de l’électricité à

partir de biogaz, dont 260 ins-ta l lat ions agricoles ou

centralisées, pour une puissance totale

La consomma-tion finale de biogaz va plus que doubler sur la période 2015-2018, selon le bureau d’étude Xerfi.

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Unité de méthanisation d’une capacité de 100 kW, à Retiers, dans l’Ille-et-Vilaine.

Chères lectrices, chers lecteurs,

Dans une dynamique d’amélioration continue, Observ’ER souhaite connaître votre avis sur ce dossier. Vous pouvez-nous aider en consacrant 5 minutes de votre temps à notre questionnaire de satisfaction, accessible ici.

installée de 365 MW. En 2015, l’Ademe a noté une baisse du nombre de dossiers sou-tenus par rapport aux années précédentes. L’agence a aidé 88 projets, contre 122 en 2014, pour un montant stable autour de 39 millions d’euros. L’attente du nouveau mécanisme de soutien n’est pas la seule raison expliquant le ralentis-sement des projets. Plusieurs études (E-cube(1), l’Académie des technologies(2), etc.) ont mis en exergue des points qui handicapent la filière, comme les difficultés à rentabiliser les unités ou le statut réglementaire des digestats qui reste flou. « Il y a un certain scepticisme ambiant au niveau des responsables de la filière et dans les médias, alors que sur le terrain de plus en plus d’agriculteurs souhaitent se lancer dans la métha-nisation », juge Guillaume Bastide, ingénieur méthanisation à l’Ademe. Ce qui est certain, c’est que le nombre de retours d’expérience est

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faible. Au sein du Comité national biogaz, un groupe de travail planche sur des indicateurs. Animé par le Club Biogaz de l’ATEE, il per-mettra d’avoir une meilleure vision de l’état de la filière.

Une boUffée d’oxygène poUr la filièreFace à cette situation, le nouveau mécanisme de soutien devrait apporter une bouffée d’oxygène à la filière. « La période 2016-2017 est bien engagée, il faut juste que les projets se déclenchent ! », estime Timothée Bellet, cogé-rant de Biogaz Planet. En plus d’une revalori-sation du tarif de quelques centimes, le projet d’arrêté prévoit de garantir le prix d’achat pen-dant 20 ans (et non 15 ans) pour les méthani-seurs de moins de 500 kW, de ne plus prendre en compte la valorisation de la chaleur et de ne plus limiter le pourcentage de cultures inter-médiaires à vocation énergétique, tout en pla-fonnant les cultures alimentaires à 15 % des quantités d’intrants.2016-2017 pourrait marquer un tournant dans le développement de la méthanisation en France. Les évolutions réglementaires (auto-risation d’injection du biogaz issu des boues d’épuration, exonération de taxe foncière pour les méthaniseurs à la ferme, etc.) et l’augmenta-tion de tarif devraient enfin porter leurs fruits. Selon le bureau d’étude Xerfi, la consomma-tion finale de biogaz va plus que doubler sur la période 2015-2018, alors qu’elle n’avait pro-gressé “que” de 50 % entre 2012 et 2015. Le chiffre d’affaires de la filière (développeurs, maîtres d’œuvre, constructeurs, exploitants, etc.), estimé à 390 millions d’euros l’an dernier, devrait atteindre 920 millions d’euros en 2020. La programmation pluriannuelle de l’énergie est, elle aussi, ambitieuse pour la méthanisa-tion. L’objectif est de 137 MW installés fin 2018 et 300 MW en option haute fin 2023.

Par ailleurs, la petite méthanisation agricole (entre 80 et 300 kW) prend de plus en plus de place dans le paysage. « Il y a un gisement de déchets très diffus en France. Soit on construit de grosses unités compliquées économique-ment et humainement, soit on passe à l’individuel. On a fait beaucoup de sur mesure, il faut maintenant passer à une standardisation du marché », estime Guillaume Bastide. Les deux leaders de la construction de méthaniseurs, Agrikomp et Biogaz Planet, ont d’ailleurs sorti chacun une gamme de 75 à 150 kW. Pour les unités de plus de 500 kW, un appel d’offres tri-annuel a été lancé début février. Il permettra de sélectionner 10 MW par an en ciblant les projets exemplaires en matière de qualité de l’air, de valorisation de la chaleur et d’investissement participatif. n

1) “Bilan et perspectives de la filière biogaz en France”, étude commanditée

par l’ATEE, les fédérations agricoles, GRTGaz, GrDF, Engie, Crédit Agricole SA, publiée

le 26 novembre 2015.

2) “Le biogaz”, publié par l’Académie des technologies le 29 mars 2016.

L’INJECTION DE BIOMÉTHANE PROGRESSELes installations qui injectent le biogaz dans le réseau de gaz ne sont pas concernées par le nouveau mécanisme de soutien. Leur nombre continue de progresser. Environ 20 unités sont en service actuellement et les demandes augmentent. Le marché est porteur : le constructeur Biogaz Planet enregistre un quart de ses commandes en injection, le développeur-investisseur Evergaz et le producteur d’électricité Vol-V ont annoncé chacun une vingtaine de projets pour 2020. Face à cet engouement, le fondateur de Vol-V, Cédric de Saint-Jouan, et d’autres acteurs de la filière ont créé un think tank pour promouvoir le biométhane auprès des pouvoirs publics et des citoyens : France Biométhane souhaite vulgariser les problématiques sociétales liées au biométhane et montrer comment le biogaz peut aider la filière agricole à trouver un équilibre financier.

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Aide Ademe (fonds déchets et chaleur) (M€)

2 2 6 7 26 37 33,5 39,6 39,2

Nombre de projets 10 16 26 24 66 96 99 122 88

% moyen d’aide/assiette 14 % 10 % 17 % 14 % 15 % 18 % 14 % 14 % 16 %

Production électrique estimée/an

28 GWh 32 GWh 56 GWh 66 GWh 178 GWh 195 GWh 186 GWh 198 GWh 99 GWh

Production thermique estimée/an dont injection

16 GWh 18 GWh 76 GWh 77 GWh 285 GWh 235 GWh 375 GWh 492 GWh 427 GWh

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UN ATELIER RENTABLE À LA FERME

Qui a dit que le biogaz agricole n’était pas rémunérateur ? Certainement pas Pascal et Étienne Breton. Installé en Normandie, leur méthaniseur leur rapporte près de 7 500 euros net par mois. PAR AUDE RICHARD

Agriculteurs à Magny-le-Désert (Orne), Étienne, le fils, Pascal, le père, et leurs trois associés élèvent un trou-peau de 200 vaches, qui produisent 2,1 millions de litres de lait par an, et 150 taurillons. Au total, la ferme compte près de 700 animaux, avec 260 hectares de

culture et 20 hectares de verger cidricole. Il y a trois ans, les exploi-tants ont décidé de produire de l’énergie grâce aux déchets. « Nous sommes partis des quantités d’intrants sur notre ferme pour calculer la puissance, indique Étienne Breton. Nous souhaitions être complètement autonomes et ne pas dépendre d’approvisionnements extérieurs. » Pour l’étude de faisabilité et le montage du dossier, les éleveurs sont accompagnés par le centre de gestion. Avec du lisier et du fumier à dis-position toute l’année, ils optent pour un chargement de 30 tonnes par jour, soit 10 000 tonnes à l’année, et pour un moteur de cogénération bridé volontairement à une puissance de 195 kW – par crainte de man-quer d’intrants. L’hiver, la ration du méthaniseur est composée à plus

de 90 % de fumier-lisier, avec quelques déchets de végétaux (marc de pommes). L’été, les éleveurs utilisent entre 3 et 4,5  tonnes de cultures intermé-diaires à vocation

énergétique (Cive), un mélange d’avoine-vesce, semé après un blé et ensilé à l’automne. Depuis ce printemps, la municipalité leur donne quelques tonnes d’herbe coupée. L’unité de méthanisation produit du biogaz, valorisé en cogénération. La chaleur alimente les maisons d’habitation, quatre ballons

L’été, 45 % de la chaleur est valorisée, l’hiver, ce taux monte facile-ment à plus de 80 %.

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contractant deux prêts, l’un sur 7 ans pour le moteur, l’autre sur 15 ans pour le reste. Ils n’ont donc pas apporté d’autofinancement. « Les banques, qui sont habituellement très vigi-lantes, nous ont suivis sans souci. Nous avons même eu deux propositions. Encore une fois, le fait d’être autonome en intrants a joué en notre faveur », explique Étienne Breton.Pendant 8 mois, le Gaec Breton a bénéficié des tarifs d’achat de l’électricité de 2011 (18,58 c€/

kWh), grâce à une bonne valorisation de la chaleur. Mais les associés ont préféré réaliser un avenant le 1er janvier 2016, en choisissant les nouveaux tarifs publiés le 30 octobre 2015. La chaleur n’est plus valorisée, mais le tarif est passé à 21 c€/kWh. Grâce à cette augmentation, le chiffre d’affaires mensuel de l’unité a évolué d’environ 40 000 €. Côté charges, il faut rembourser les mensualités du méthaniseur (14 000 €) et du séchoir (1 000 €), payer l’assurance (800 €), la maintenance (2 900 €), la consommation électrique (2 000 €) et rémunérer la main-d’œuvre (1 h 30 par jour soit 750 €). Le montant total des dépenses mensuelles s’élève donc à 21 450 €. À la fin du mois, depuis janvier 2016, le résultat net avoisine les 7 500 €, soit 1 500 € pour chaque associé, seulement avec la méthanisation. « Avec la crise laitière, heureusement qu’il y a la métha ! », précise Étienne. Le retour sur investissement est prévu sur 8 ans.Fort de cette expérience et face au stock de fumier-lisier qui s’amoncelle dans la stabulation, le Gaec va augmenter la puissance du méthani-seur pour la passer à 250 kWh. Un investissement supplémentaire de 18 000 euros et 10 minutes de travail supplémentaire chaque jour, pour un chiffre d’affaires qui pourrait augmenter de 90 000 euros par an. « Avec la méthanisation, on revoit notre stratégie sur la ferme, conclut Étienne. On ne va plus développer notre troupeau de vaches laitières, mais davantage l’atelier taurillon et l’énergie. Outre l’aspect financier, la production de biogaz est un travail beaucoup moins pénible physiquement que l’élevage, et nous apporte une ouverture d’esprit et une nouvelle moti-vation dans notre métier ! » n

Grâce à une grande autonomie dans les intrants, en particulier le fumier, l’unité de méthanisation du Gaec Breton dégage un résultat net de près de 90 000 €/an.

d’eau chaude pour la production de cidre et le nettoyage de la laiterie, et, depuis jan-vier, un séchoir à céréales et à plaquettes de bois. L’été, 45 % de la chaleur est valorisée, l’hiver, ce taux monte facilement à plus de 80 % avec le séchoir. L’unité ne possède pas de séparateur de phase, le digestat est épandu directement dans les champs, mélangé à une tonne à lisier. Agrikomp, le constructeur, avait estimé la production à 8 000 heures par an. Presque une année plus tard, ce chiffre est atteint et il reste encore 27 jours... L’unité produit donc quelque 1,5 MWh/an. « L’autonomie en intrants est une garantie primordiale pour le bon fonctionnement de l’unité. Nous ne courons jamais après les matières premières et la ration est toujours homogène. Il n’y a pas de variation dans la qualité des intrants, donc le biogaz est produit en continu », souligne Étienne Breton. L’éleveur est également très rigoureux dans le suivi du méthaniseur. Chaque soir, il vérifie le moteur, les pompes et le digesteur.

les associés vont aUgmenter la pUissance dU méthanisateUrAu total, le Gaec (Groupement agricole d’exploitation en commun) Breton a investi 1,8 million d’euros dans l’unité. Il a béné-ficié d’une aide de l’Ademe, de la région Nor-mandie et du Feader (Fonds européen agri-cole de développement régional) à hauteur de 224 000 euros. Les éleveurs ont également emprunté près de 1,6  million d’euros, en

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LES COOPÉRATIVES, CATALYSEURS DES PROJETS

Les coopératives contribuent fortement à l’émergence de la méthanisation agricole. Elles assurent un accompagnement technique de leurs adhérents, prennent du capital dans les installations voire favorisent la création de nouveaux débouchés pour le biogaz. PAR JULIETTE TALPIN ET AUDE RICHARD

«En 2010, avec le boom du photo-voltaïque, nous avons compris que l’agriculteur devenait un producteur d’énergie. En tant que coopérative agricole, nous

avons un rôle à jouer dans la filière biogaz plutôt que de laisser le marché aux énergéti-ciens. » Depuis, Xavier Lepage, responsable du service énergies de la coopérative Vivescia en Champagne-Ardenne, a structuré un service complet pour accompagner les agri-culteurs porteurs d’un projet de méthanisa-tion. Elle a déjà effectué plus d’une centaine de diagnostics gratuits sur l’opportunité de réaliser une installation. Lorsque celui-ci s’avère positif, la coopérative peut mener les études de faisabilité jusqu’aux autorisations administratives. Puis sa filiale Omnisolis

peut prendre le relais pour la maî-trise d’œuvre. En tant qu’interlocu-teurs quot idiens des agriculteurs, d’autres coopéra-tives se sont aussi positionnées dans

le conseil sur la méthanisation. En Pays de la Loire, Terrena a accompagné de A à Z un projet pilote de micro- méthanisation (65 kWe). La coopérative s’est aussi engagée à endosser le risque d’exploitation à hauteur de 50 % des pertes pendant deux ans, si nécessaire. Terrena a par ailleurs pris une participation de 34 % dans Valdis (Issé, Loire-Atlantique), au côté du spécialiste de l ’équarrissage Saria Industries, dans une usine qui traite 58 000 tonnes de bio-déchets agroalimentaires.

fédérer les petites UnitésD’autres coopératives ont fait le choix de sécuriser l’approvisionnement des unités de biogaz de leurs adhérents en leur livrant des déchets. Mais depuis février dernier, l’enga-gement des coopératives pour développer le biogaz a franchi une nouvelle étape : fédérer les petites unités qui livrent du biogaz au réseau. Le groupe coopératif breton Tris-kalia a créé Cobiogaz avec Direct Énergie, la société d’économie mixte de la Région Bre-tagne (Semaeb) et de la Caisse des dépôts. Cette société va développer un système per-mettant à de petites installations éloignées du réseau de gaz naturel de compresser le biogaz et de le transporter vers un point unique d’épuration en biométhane et d’injection dans le réseau. On connaissait la collecte des céréales et du lait par les coopératives, place au biogaz désormais ! n

La coopérative peut mener les études de faisabilité jusqu’aux autorisations administratives.

Xavier Lepage, responsable du service énergies de la coopérative Vivescia en Champagne-Ardennes.

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« L’OPPORTUNITÉ DE VENDRE UN NOUVEAU PRODUIT, DE L’ÉNERGIE RENOUVELABLE »

Alors que la filière biogaz attire de nombreux porteurs de projets, Le Journal des Énergies Renouvelables a interrogé Armelle Damiano, directrice de l’association spécialisée Aile(1), sur les points à étudier avant de se lancer.PROPOS RECUEILLIS PAR JULIETTE TALPIN

Le Journal des Énergies Renouvelables : La méthani-sation est-elle une voie de diversification intéressante pour les agriculteurs ?Armelle Damanio : La méthanisation peut être envi-sagée comme un nouvel atelier de l’exploitation ou comme une solution collective de valorisation des eff luents d’élevage sur un site dédié. La première situa-tion est la plus fréquente. Elle exige de mobiliser des investissements, des compétences et un temps de travail conséquents. Cette diver-sification offre l’opportunité à l’exploi-tation de vendre un nouveau produit, de l’énergie renouvelable, à un tarif préférentiel et garanti pendant 20 ans.

Le JDER : Comment les porteurs de projets d’unité de méthanisation doivent-ils envisager leur plan d’appro-visionnement en substrats ?A. D. : La stratégie d’approvisionnement est un point essentiel dans un projet. Elle conditionne la quantité et la qualité du biogaz produit. Comme c’est une exi-gence pour obtenir des subventions, il est préférable pour les porteurs de projets de viser un minimum de 50 % d’autonomie grâce aux substrats qu’ils produisent (eff luents d’élevage, cultures énergétiques). Ils peuvent compléter ensuite en fonction des opportunités sur des déchets extérieurs (déchets agroalimentaires ou issus des collectivités). Certains recherchent d’emblée 100 % d’autonomie pour sécuriser l’ensemble ; c’est dommage de s’interdire des matières extérieures à un coût com-pétitif et de priver le territoire d’une solution locale de traitement de déchets.

Le JDER : Quelle est la meilleure solution pour valo-riser le biogaz : cogénération ou injection du biomé-thane après épuration ?A. D. : Aujourd’hui, tous les porteurs de projets de méthanisation agricole ont l’obligation d’étudier en priorité l’injection du biométhane dans le réseau de gaz, avant la cogénération (production d’électricité

et de chaleur). Ce mode de valorisation en injec-tion est plus rentable car l’exploitation vend

100 % de l’énergie à un tarif préférentiel et garanti, alors que cette proportion est

de 40 à 70 % dans le cas de la cogé-nération. Pour une grande partie des élevages français, la cogénération est un mode de valorisation peu adapté : trop d’investissements sont nécessaires

pour atteindre le niveau d’utilisation de chaleur exigé par le tarif réglementaire

d’achat de l’électricité.

Le JDER : La méthanisation est-elle rentable ?A. D. : Une étude récente a montré que de nombreux sites de cogénération ont connu des dysfonctionnements et des problèmes de rentabilité. Mais il ne faut pas géné-raliser : de nombreuses installations atteignent leur pré-visionnel. En outre, la future grille des tarifs d’achat de l’électricité sera globalement plus favorable et portera sur 20 ans au lieu de 15. Concernant les installations en injection de biométhane, la rentabilité semble bonne dans la quinzaine de sites actuels. n

1) Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement.

La stratégie d’approvisionne-ment est un point essentiel dans un

projet.

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LÉGÈRE REPRISE EN GÉOTHERMIE

Malgré la baisse du coût des énergies fossiles, les opérations géothermiques progressent cette année. Les collectivités et les entreprises font de plus en plus appel à cette solution énergétique, alors que les particuliers continuent pour l’instant de la bouder. PAR AUDE RICHARD

«Les actions que nous avons mises en place commencent à porter leurs fruits, mais nous ne sommes pas au bout de nos peines », résume Astrid Cardona Maestro, ingé-

nieur géothermie à l’Agence de l’environne-ment et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). En effet, la filière géothermie retrouve des couleurs. Après trois ans de baisse consécu-tive des projets de géothermie accompagnés par le Fonds Chaleur de l’Ademe, le nombre d’opérations remonte

légèrement par rapport à 2014. Ainsi, en 2015, 52 projets ont été subventionnés contre 46 l’année précédente. En parallèle,

la production de chaleur renouvelable géothermique a doublé par rapport à 2014, avec une augmenta-

tion du montant des aides Ademe accordées à la filière. Un beau score comparé aux autres

énergies renouvelables thermiques. Ces bons chiffres sont essentiellement

dus aux opérations de géo-thermie profonde sur le

Dogger a l imentant de s ré seau x de

En 2015, 52  projets ont été subventionnés contre 46 en 2014. Cette dynamique devrait conti-nuer sur 2016.

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Chères lectrices, chers lecteurs,

Dans une dynamique d’amélioration continue, Observ’ER souhaite connaître votre avis sur ce dossier. Vous pouvez-nous aider en consacrant 5 minutes de votre temps à notre questionnaire de satisfaction, accessible ici.

chaleur urbains en Île-de-France. Six pro-jets ont été raccordés sur le bassin parisien en 2015 (Tremblay-en-France, Ivry-sur-Seine, Le Blanc-Mesnil, Bagneux, Gentilly, Vil-lepinte). Cette dynamique devrait se pour-suivre sur 2016. Concernant la géothermie intermédiaire, le nombre de projets de pompes à chaleur sur aquifère superficiel a pratiquement doublé en 2015. Ils sont favo-risés par un bonus supplémentaire d’aide dédiée aux forages, mis en place en 2015. Et, depuis deux ans, on voit émerger de nom-breuses opérations sur champs de sonde. Cette solution, possible techniquement sur tout le territoire, est bien adaptée aux petites opérations de 60-70 kW pour les collecti-vités. Dans le Loiret, Mézières-lez-Cléry, petit village de 800 habitants à l’orée de la Sologne, n’a pas hésité à installer trois sondes géothermiques pour chauffer son école. Une étude de l’Association française des profes-sionnels de la géothermie (AFPG), qui sortira en septembre, montre que 600 opérations

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ont été réa l isées en 2015, pour des puissances entre 100 et 150  kW. D’après Christian Boissavy, président

de l’AFPG, le travail de terrain commence à se voir. « En région Centre, il y a eu un“bus de la géothermie”, avec différentes installations à visiter, qui a bien fonctionné. Dans toutes les régions, nous avons fait beaucoup de demi-journées de sensibilisation des maîtres d’ouvrage. C’est un travail long mais efficace. »

Les particuLiers : un marché en berneCes bons chiffres ne doivent pas voiler le reste de l’activité : les ventes de pompes à chaleur eau/eau pour les particuliers sont en chute libre depuis plusieurs années. À peine 3 000 opéra-tions ont été réalisées en 2015, contre 20 000 il y a dix ans. Le marché est capté par l’aéro-thermie, moins coûteuse à l’achat, et qui béné-ficie également du crédit d’impôt de 30 %. Les nouvelles étiquettes européennes “éco-design” et la simplification de la réglementation pour la géothermie de minime importance n’ont pas encore redynamisé le marché. Pourtant, la filière s’est structurée et les professionnels se sont formés. Environ 90 entreprises sont cer-tifiées “qualiforage”. Pour Christian Boissavy, les pouvoirs publics doivent faire la différence entre la géothermie et l’aérothermie. « Comme le ministère du Développement durable ne veut pas modifier le crédit d’impôt, nous militons pour “un chèque pour la géothermie”, comme en Alle-magne. Cette somme donnerait un coup de pouce

aux ménages lors de l’investissement. S’il n’y a pas cette aide, le marché des particuliers ne redécollera pas ».

Vers un réseau d’animateursFace au manque d’attractivité de la géothermie pour les particuliers, les professionnels concentrent leurs efforts vers les collectivités et les entreprises. Pour accélérer la cadence, l’Ademe a réalisé un audit de la filière. L’étude Gallileo, qui devrait être publiée cet automne, préconise certaines actions, comme des formations ou des demi-journées de sen-sibilisation dédiées aux architectes, des outils de communication sur la géothermie très basse énergie destinés aux responsables de piscines, maisons de retraite, crèches… Et la mise en place d’un réseau d’anima-teurs régionaux, à l’image de ceux pour la biomasse. Aujourd’hui, trois régions disposent d’animateurs (Centre-Val de Loire, Picardie et Aqui-taine). L’objectif est d’étendre ce dispositif à l’ensemble des 13 grandes régions. L’autre piste de déploiement peut être le froid. Des discussions entre l’Ademe et l’interprofession sont en cours pour intégrer les sub-ventions liées au froid renouvelable dans le Fonds Chaleur, et un titre V pour incorporer le géocooling dans la réglementation thermique 2012 (RT2012) devrait voir le jour avant fin 2016. Deux jours de séminaire à Valbonne sont également prévus en mars 2017 pour étudier les perspec-tives de développement. Grâce à ces actions, les professionnels espèrent transformer le léger frémissement en une réelle reprise du marché. n

BILAN FONDS CHALEUR 2015

Avec un renforcement du budget annoncé en 2017 et des taux d’aide plus importants pour la géothermie (en moyenne 10 % d’augmentation sur les aides forfaitaires), le Fonds Chaleur devrait rester incitatif pour la filière géothermie. Néanmoins, le bilan cumulé de production d’EnR d’origine géothermique à fin 2015 représente seulement 20 % de l’objectif fixé à 2020 (+ 570 kTep par rapport à la situation en 2006).

LES JOURNÉES DE LA GÉOTHERMIEPour la première fois, les journées de la géothermie, organisées par l’AFPG, ont été couplées avec l’European Geothermal Congress. Les deux événements se sont déroulé du 19 au 23 septembre à Strasbourg. Les conférences ont abordé le marché des trois filières géothermiques et des visites de sites ont été proposées.http://journees-de-la-geothermie2016.fr

Type Nombre installations

Assiette aide k€

Aide Ademe k€

Aide partenaires k€ (non exhaustive) Tep/an Tep/

installationCoût

€/Tep

Aide Ademe €/

Tep

Aide Ademe €/Tep

sur 20 ans

Taux aide Ademe

Aquifère profond 5 62 943 13 525 5 955 34 022 6 804 1 850 398 20 21 %

Aquifère superficiel 24 6 496 1329 - 599 25 10 854 2 221 111 20 %

Champs de sondes 19 8 805 3 061 119 358 19 24 588 8 548 427 35 %

Eaux usées et mer 4 8 201 1 797 - 258 64 31 833 6 975 349 22 %

Total 52 86 445 19 713 6 074 35 237

Forage géothermique pour le chauffage urbain à Val Maubuée.

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DYNAMIQUE EN AQUITAINE

Comme le Bassin parisien, celui de l’Aquitaine dispose d’une ressource géothermale intéressante. Une dynamique s’installe progressivement. PAR AUDE RICHARD

Une douzaine de réseaux de chaleur est alimentée par la géothermie en Aquitaine. Mais, depuis les années 1980, aucun réseau géothermique n’a vu le jour. Cela pourrait bien évoluer. Conscients du potentiel géothermique de la région, l’Ademe et le Bureau de recherches géologiques

et minières (BRGM) ont créé un poste d’animateur de la filière. Depuis un an, Olivier Goyénèche, ingénieur au BRGM, assiste les maîtres d’ouvrage, travaille avec les bureaux d’étude, et facilite le dialogue entre les acteurs privés ou publics et l’Ademe. « En géo-thermie profonde, il y a moins de débouchés qu’en Île-de-France. Seules quelques grandes villes comme Bordeaux et Pau peuvent avoir un réseau assez dense. Mais, en géothermie de minime importance, les boucles d’eau tempérée et le rafraîchissement naturel (géocooling) séduisent de plus en plus de petites collectivités. » C’est le cas, par exemple, du domaine viticole de Pontet-Canet à Pauillac (lire page 33) ou d’Aubas, en Dordogne, petite ville d’environ 650 habitants qui a opté pour une boucle d’eau tempérée afin de chauffer et rafraîchir gratuitement

l’école et la cantine scolaire, la mairie et quelques logements. D’autres communes réf léchissent à la géothermie comme Le Verdon-sur-Mer ou Libourne. « Le bois est une solution très développée en Aqui-taine. Mais, l’agence locale de l’énergie et du climat, l’Alec33, propose de plus en plus la géothermie aux maîtres d’ouvrage. Les choses commencent à bouger  !  », s’enthousiasme Olivier Goyénèche.

bordeaux riVe droiteDu côté de la géothermie profonde, Bor-deaux Métropole porte un projet sur le quar-tier Plaine-Rive droite. Il s’agit de créer un réseau de chaleur de 16 km, alimenté par un forage de 1 500-1 600 m. Mais, si le poten-tiel souterrain est présent, la ressource n’est pas encore bien connue, comme l’explique Olivier Goyénèche. « L’aquifère du Jurassique devrait délivrer un bon débit et une eau à environ 70 °C. Mais, contrairement au Bassin parisien, le Bassin aquitain est fragmenté du fait de l’oro-genèse des Pyrénées. Pour l’instant, on connaît très bien la ressource du Turonien-Cénomanien à 700-1 300 m, mais nous ne sommes pas cer-tains de ce que nous trouverons à 1 600 m sous l’agglomération bordelaise. » Pour permettre d’explorer ce nouveau gisement, l’Ademe financera le retour au Cénomanien en cas d’échec à 1 600 m. n

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de Bordeaux.

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DU VIN BIO REFROIDI À LA GÉOTHERMIE

En agriculture et plus particulièrement en viticulture, la géothermie est une solution intéressante. Dans le Bordelais, Château Pontet-Canet en a fait l’expérience. PAR AUDE RICHARD

Parmi les 60 crus classés de l’appel-lation Pauillac, Château Pontet-Canet est le seul à être certifié en culture biologique et biodynamie. Jean-Michel Comme, l’homme à la

barre de Pontet-Canet, cherchait à construire une nouvelle écurie pour les chevaux de trait, ainsi que des logements et des bâtiments de stockage. Il s’est dirigé naturellement vers les énergies renouvelables en remplacement du fioul et d’une partie de l’électricité. « Nous avons besoin de chauffer des bâtiments anciens ou neufs et de l’eau chaude sanitaire. Nous utilisons également de la chaleur pour la vinification jusqu’à 30 °C et du froid pour rafraîchir nos vins à 7 °C. La géothermie nous a permis de répondre à toutes ces nécessités très hétéroclites, avec une seule technologie simple d’utilisation. »

trois pompes à chaLeur pour Le chaud et Le froidJean-Michel Comme et le bureau d’études Enerbat ont opté pour un champ de 67 sondes, de 95 m de profondeur, ainsi que trois pompes à chaleur qui produisent du chaud et du froid simultanément. Les héber-gements saisonniers, le cuvier, le chai, la salle de réception, les bureaux sont donc refroidis ou chauffés par trois groupes Trane CGWH, d’une puissance unitaire de 158 kW en froid et 221 kW en chaud, pour une surface totale de 5 850 m2. « Pontet-Canet est le premier domaine viticole à utiliser la géothermie. Pourtant, de nombreux vignerons ont des besoins

en chaud et froid. Cette technique pourrait donc être multipliée  », souligne François Bodin, chargé de mission à l’Ademe Aquitaine. Seul frein, l’investissement de départ, assez élevé (1 M€) en ce qui concerne les installations géothermiques. Mais, comme le souligne Jean-Michel Comme, « c’est la dimension éthique qui prime ». L’Ademe, via le Fonds Chaleur, a sub-ventionné à hauteur de 40 % cette installation. Le vigneron, qui applique les principes de la biodynamie à l’énergie, souhaite maintenant produire sa propre électricité pour alimenter les pompes à chaleur. n

Les champs de sonde (une sonde tous les 10 mètres) sont loca-lisés dans les chemins, au bord des parcelles viticoles. Cela n’a pas empêché le bon déroule-ment des travaux dans les vignes.

REPÈRES•  5 840 h de fonctionnement

annuel•  Besoins en chauffage :

841,6 MWh/an•  Besoins en ECS : 94 MWh/an•  Besoins en refroidissement :

292,3 MWh/an

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CHAUD ET FROID EN BOUCLEEn France, les boucles d’eau tempérée sur sondes sont encore rares. Mais bientôt, c’est tout un quartier qui sera alimenté de cette façon à Ferney-Voltaire. Zoom sur cette technologie qui offre de nombreux avantages. PAR AUDE RICHARD

Àla frontière entre la Suisse et la France, la commu-nauté de communes du Pays de Gex a engagé un ambi-tieux projet urbain de 65 ha sur la commune de Ferney-Voltaire. Pour alimenter ce futur quartier en chaleur et en froid, l’aménageur, la SPL Territoire d’innova-

tion, a opté pour un réseau de chaleur nouvelle génération, un réseau d’énergie, c’est-à-dire d’échange thermique intelligent. Très en vogue en Suisse, cette solution n’est pas encore bien développée en France. Pourtant, elle possède de nombreux avantages. Ce nouveau type de réseau repose sur une boucle d’eau tempérée sur sondes géothermiques. À Ferney-Voltaire, il s’agit de deux réseaux, l’un pour le chaud et l’autre pour le froid, en forme de boucle de 950 m, et reliés à 80 sondes géo-thermiques. Le tube chaud évolue entre 14 et 18 °C et le tube froid entre 12 et 16 °C, l’objectif étant de toujours maintenir un écart de 4 °C dans les tuyaux. Cette boucle va servir de socle pour alimenter 17 chaufferies équipées de pompes à chaleur. Contrairement à un réseau de chaleur classique, chaque bâtiment dispose de sa chaufferie.

stockage dans Les sondesTout l’intérêt d’un réseau d’énergie est de mutualiser les besoins de chaud et de froid entre les différents utilisateurs (tertiaires, résiden-tiels…) et de valoriser la chaleur fatale. À Ferney-Voltaire, il est envisagé de collecter celle de l’anneau du Centre européen pour la recherche nucléaire. Ce sont les sondes géothermiques qui effectuent le stockage et l’appoint d’énergie. Une sonde, située entre 200 m et 250 m de

profondeur, rayonne dans un diamètre de 6 m, soit 10 à 15 000 tonnes de terre. Cela permet de stocker 10 000 kWh, l’équivalent de 1 000 litres de fioul ! Ce système va d’abord alimenter 62 000 m2 de plancher entre 2016 et 2018. Pour cette pre-mière phase, les besoins en chaud sont estimés à 1 518 MWh, en froid à 975 MWh, et en eau chaude sanitaire à 964 MWh. L’extension à l’ensemble de la zone couvrant 350 000 m2 de surface de plancher d’ici 2030 est égale-ment à l’étude. « Cette solution est assez souple et peut s’agrandir indéfiniment. Ce réseau se tisse en même temps que les bâtiments se construisent. Dans un deuxième temps, il est prévu d’ajouter encore 80 sondes, et 23 sous-stations supplémen-taires », indique Hakim Hamadou, ingénieur à la direction régionale Auvergne-Rhône-Alpes de l’Ademe. Pour réaliser ce type de réseau, il faut une taille critique car le coût est élevé : 4,4 M€ au total, dont 2 M€ pour le champ de sondes et 1,1 M€ pour la boucle d’eau tem-pérée. L’Ademe a soutenu ce projet novateur via le fonds « Nouvelles Technologies Émer-gentes » (NTE), à hauteur de 43 %. n

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Vue d’artiste de la place Jura de la ZAC Ferney-Voltaire.

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de serre et la consommation d’engrais

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des inquiétudes de la part des riverains...

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marche ? Quel impact sur l’environnement ?

Quel intérêt économique ? Quelles sont

les perspectives de développement ?

64 pagesFormat 150 x 210 mmÉdition 2015

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DÉCHETS :VERS DE NOUVELLES SOURCES DE CHALEURCSR, gazéification, chaleur fatale… les pistes pour mieux valoriser énergiquement les déchets se multiplient. PAR AUDE RICHARD

Réduire de 50 % les déchets enfouis d’ici à 2025 et amé-liorer la valorisation énergétique des déchets non recy-clables, voilà les deux grands axes de la loi sur la transition énergétique sur les déchets. Dans ce but, l’État s’attaque aux petits

fragments de plastique, de papier ou de bois qui ne sont pas recyclés. Après préparation, ces déchets peuvent être utilisés dans des installations adaptées sous forme de com-bustibles solides de récupération (CSR) et fournir de l’énergie. On estime à 2,5 Mt/an la quantité de CSR pouvant être produite d’ici 2025. Mais aujourd’hui, les débouchés – en cimenterie notamment – sont de seulement 1 Mt/an. Pour

organiser la filière et éviter que les 1,5 Mt/an supplémentaires ne soient pas exportées, l’Ademe a lancé un appel à projets

pour la construction de chaufferies spécifiques pour les CSR.

Clos depuis la mi-juin, les résultats ne sont pas encore connus. Néanmoins, Marc Cheverry,

chef du service Mobilisation et valori-sation des déchets à l’Ademe, nous

livre quelques détails : « Nous avons reçu 14 projets pour

680  000 tonnes de CSR. Le nombre

de dossiers a été une agréable surprise. On sent une appétence des acteurs pour cette question ». Trois dossiers ont été retenus et seront pré-sentés en commission à l’Ademe pour étude. La sélection a été réalisée à partir de la per-formance technique et environnementale des installations et de leur aspect économique. Les chaufferies, dont l’aide €/MWh demandée était la plus basse, ont été privilégiées. « Le taux d’aide varie de 28 à 145 €/MWh, soit une multiplication par cinq. Cette fourchette est trop grande et le coût des projets souvent trop élevé. Nous devons travailler avec les porteurs de pro-jets pour le diminuer », ajoute Marc Cheverry. Une trentaine de millions d’euros sera ainsi allouée par l’Ademe en 2017. Et un nouvel appel d’offres sera ouvert au printemps 2017.

Centres de tri favorisés La question économique est centrale. Le prix de la chaleur ne sera plus dépendant des énergies fossiles mais de celui des CSR. À moyen terme, les centres de tri devraient être favorisés par rapport à l’enfouissement du fait de l’augmentation de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). Mais

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On estime à 2,5 Mt/an la quantité de CSR pouvant être produite d’ici 2025.

Traitement des CSR.

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le tri à la source va également diminuer le taux de matériaux à récupérer. « La rentabi-lité des centres de tri repose sur la valorisation des matériaux. Avec les CSR, leur compétitivité devrait donc s’améliorer », juge Marc Cheverry. On ne parle pas encore de CSR d’ordures ménagères, pour lesquels le coût reste extrê-mement élevé. Une autre piste de valorisation énergétique des déchets émerge  : la gazéification. Les déchets de carton, bois et plastique ne sont plus brûlés dans des chaufferies spécifiques, mais directement transformés en gaz, pour produire de l’électricité et de la chaleur. La société Europlasma, qui a mis en route la première usine dotée de cette technologie en France à Morcenx (Landes), multiplie ses projets. À Thouars (Deux-Sèvres), le préfet vient d’autoriser la construction de l’usine du projet “CHO TIPER”. Le projet “CHO Locminé” dans le Morbihan a, quant à lui, obtenu un avis favorable lors de l’enquête publique en juin. Au total, les trois usines pourraient consommer plus de 150 000 t/an de déchets industriels banals et de biomasse et produire quelques 30 MWh. Une autre usine (projet “CHO Brocéliande”) est en cours de développement à Montauban-de-Bretagne en Ile-et-Vilaine. n

DE PLUS EN PLUS DE CHALEUR RÉCUPÉRÉE51 TWh. C’est le potentiel de chaleur fatale à plus de 100 °C, que l’on pourrait récupérer en France dans l’industrie, selon l’étude de l’Ademe parue en mars 2015 “La chaleur fatale industrielle”. L’étude note que 20 % des gisements sont proches d’un réseau de chaleur et que cette chaleur équivaut à 16 % des consommations énergétiques de l’industrie ! Le potentiel est donc très important. Reste à trouver les débouchés pour valoriser au mieux cette chaleur jusqu’alors perdue.La future directive européenne sur l’efficacité énergétique devrait la prendre en compte. Le Fonds chaleur de l’Ademe subventionne depuis l’année dernière les investissements de récupération. 27 installations (8 UIOM et 19 industriels) en ont ainsi bénéficié en 2015. « On perçoit une bonne dynamique, qui s’est poursuivie cette année, indique Marina Boucher, ingénieur à l’Ademe. Nous démarrons une étude sur les températures en dessous de 100 °C, qui devrait nous permettre d’avoir une approche encore plus précise. » Mais pour amplifier le mouvement, la filière a besoin de sécurité. Que se passe-t-il si un industriel qui approvisionne un réseau de chaleur met la clé sous la porte ? Une étude sur le risque industriel, initiée par le pôle Énergie 2020 (pôle d’excellence en Hauts-de-France), est en cours. Un groupe de travail – Ademe, Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), industriels et conseil régional – a passé au crible une dizaine de cas pratiques pour mettre en avant les outils les plus adéquats. « Un fonds de garantie privé-public pourrait ainsi se mettre en place en 2017, si nous obtenons un amorçage par des fonds publics », précise Guillaume Perrin, responsable chaleur à la FNCCR. La filière récupération est en marche !

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BLOIS SE CHAUFFE À LA CHALEUR RÉSIDUELLE

La création d’un réseau de chaleur n’est pas courante ces temps-ci. Blois a osé sauter le pas. Les deux tiers de la ville ligérienne sont désormais chauffés grâce à la chaleur résiduelle et au bois, ce qui lui permettra d’atteindre les 23 % de chaleur renouvelable dès l’année prochaine. PAR AUDE RICHARD

On ne peut pas les manquer en arrivant à Blois. Les fumées blanches de l’usine d’incinération sont visibles de loin. Située aux portes de la ville, l’unité de valori-sation énergétique traite chaque année 90 500 tonnes de déchets (dont 65 % d’or-

dures ménagères) provenant, entre autres, des 58 communes du syndicat de traitement des déchets Val-Eco et de l’agglomération. La municipalité a fait de cette unité un allié de sa politique environnementale. Elle récupère la chaleur résiduelle pour chauffer des bâti-ments publics et des habitations. Un premier réseau de chaleur, créé dans les années 60, alimente déjà l’équiva-lent de 6 000 logements. Et un deuxième entrera en fonctionnement cet automne, en plein cœur de la ville. Francis Pellevoizin, directeur Énergie à la ville de Blois, revient sur les prémices de ce réseau : « Les responsables de l’hôpital devaient changer de chaudière. Ils se posaient des questions pour passer au bois énergie et ils ont contacté l’Ademe. À la même époque, le conseil régional, qui possède trois lycées dans le quartier, avait

également joint l’Agence, qui a fait le lien entre les différents projets. C’est comme cela que l’on s’est retrouvé en 2009 tous ensemble autour de la table pour réfléchir à un réseau de chaleur ».Rapidement, le bois énergie est écarté au profit de la récupération de la chaleur résiduelle de l’usine d’incinération des ordures ména-gères (UIOM). «  Nous fournissions environ 40 000 MWh/an de chaleur et d’eau chaude sani-taire au premier réseau et nous transformions le reste en électricité avec un turbo-alternateur d’une puissance de 6,5 MW, explique Gildas Le Gall, responsable du site exploité par Arcante (filiale de Suez RV Énergie). Avec ces deux solutions, toute notre énergie est valorisée. »Le deuxième réseau de chaleur devrait consommer 30 000 MWh/an et l’usine devrait fournir 14 MW à la ville pour ses deux réseaux. Son coefficient de valorisation de la chaleur des

L’usine devrait fournir 14 MW à la ville pour ses deux réseaux.

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déchets atteindra ainsi les 85-90 %, l’un des meilleurs scores en France. « Si le réseau se déve-loppe, nous pourrions encore imaginer augmenter la part de production de chaleur », ajoute Gildas Le Gall.Long de 8,7 km, le deuxième réseau de cha-leur alimentera essentiellement des bâtiments tertiaires situés dans le quartier Provinces. La vapeur produite par l’unité (2 x 18 t/h à 45 bars et 360 °C) sera turbinée pour fabri-quer de l’électricité, puis la chaleur sera sou-tirée à environ 109 °C pour alimenter d’abord l’hôpital, qui a besoin d’une chaleur autour de 105 °C, puis les bureaux et les logements, avec une température autour de 90 °C.

L’état ne montre pas L’exempLeSi la majorité des structures se sont raccordées à ce second réseau de chaleur, certaines ne l’ont pas voulu, notamment « de nombreux bâtiments appartenant à l’État, comme celui de la Sécurité sociale, de la CAF ou de la gendar-merie, précise Jérôme Boujot, adjoint du maire de Blois, en charge de l’Environnement. Il y a un décalage entre les intentions de l’État et la réalité sur le terrain. Nous avons donc écrit à la ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer pour lui faire part de notre étonnement. Ségolène Royal a demandé au préfet de servir de médiateur. Nous sommes en négociation. » Les services de la mairie estiment que ce non-rac-cordement de bâtiment pourrait peser sur 1 à 2 % du prix de la chaleur.

Ce nouveau réseau de chaleur, alimenté à plus de 80 % par de la cha-leur résiduelle, remplace essentiellement des chaudières gaz. Il permet d’obtenir un prix de la chaleur aux alentours de 44,65 €/MWh TTC, soit une baisse de 30 à 43 % par rapport à l’existant. « Même avec la baisse du prix du gaz, nous restons compétitifs », assure Jérôme Boujot. Pour ce deuxième réseau, la ville a investi 8 M€ HT, dont 1,9 M€ de subvention par l’Ademe. « La demande de subvention a été faite il y a deux ans, avant que le prix du gaz ne chute, remarque Francis Pellevoizi. Si nous l’avions faite aujourd’hui, au moment de la mise en service, la subvention serait bien supérieure. » Pour rentabiliser son investissement, la ville va classer ce deuxième réseau, comme elle l’a déjà fait avec le premier. En cas de travaux éner-gétiques, les propriétaires seront obligés de se raccorder. n

CHIFFRES CLÉS1er réseau de chaleur :•  14 km – 6 000 équivalent logements•  67,5 % UIOM•  25,5 % biomasse•  7 % gaz2e réseau de chaleur :•  8,7 km •  82 % UIOM•  18 % gaz•  55 % de la chaleur sont consommés par l’hôpitalRessources humaines :Une personne à temps plein, employée par la ville, pour chaque réseau. La redevance pour contrôler la délégation de service public est comprise dans le prix de la chaleur et permet à la ville de payer un salaire supplémentaire.V

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Centre hospitalier de Blois.

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UN RÉCUPÉRATEUR AMORTI EN MOINS DE TROIS ANS

Comme tous les papetiers, Kimberly Clark consomme énormément d’énergie. La récupération de la chaleur fatale lui a permis de diminuer de 8 % sa consommation de gaz. PAR AUDE RICHARD

Sur son site de Villey-Saint-Étienne, en Meurthe-et-Moselle, Kimberly Clark, spécialiste des produits à base de ouate de cellulose, absorbe chaque année 132 GWh d’électricité et 230 GWh de gaz, dont 80 % sert au séchage du papier. C’est à la suite d’une étude thermique réalisée en 2015

par Endesa, leader du secteur électrique en Espagne, en partenariat avec Operational France, que les responsables de la papeterie décident d’améliorer l’efficacité énergétique de leur procédé. Une unité de récu-pération de l’énergie contenue dans les buées de séchage d’une puis-sance de 2 700 kW est installée. Cette unité transmet la chaleur récu-

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pérée à un circuit de valorisation de l’énergie qui alimente plusieurs équipements tech-niques liés au procédé. Cette énergie vient se substituer à la vapeur, ce qui permet de diminuer très fortement la consommation de gaz naturel pour la production de vapeur.

19 gwh de gaz éConomisésSi la mise en place d’un récupérateur de chaleur était une évidence, les travaux ont, en revanche, demandé une gestion très précise. L’usine tourne sept jours sur sept et l’arrêt mensuel de quelques heures est trop court pour effectuer les opérations nécessaires. « Nous avons réussi à nouer un partenariat avec les responsables projet et production de Kimberly Clark pour prévoir, à l’heure près, les éventuels aléas », note le respon-sable du projet pour Endesa. Aujourd’hui, la chaleur récupérée est distribuée sous forme d’eau chaude (50-55 °C) auprès d’unités de traitement d’air et d’un échangeur de pré-chauffage de l’air de combustion des brûleurs alimentant les sécheurs. L’air chaud rejeté par la nouvelle pompe à vide a également été canalisé et réinjecté dans l’installation de récupération de chaleur, ce qui permet de valoriser toutes les sources de chaleur fatale dans cette zone de l’usine. Le bilan économique et environne-mental de l’opération est très avantageux. Kim-berly Clark a investi 1,13 M€, avec une sub-vention de 273 000 euros (Ademe et région). Et la récupération de la chaleur fatale a permis d’économiser 19 GWh de gaz par an ! Le retour sur investissement est ainsi estimé à moins de trois ans avec les aides de l’Ademe. n

UNE INSTALLATION REPRODUCTIBLE ?Beaucoup d’industries rejettent de la chaleur qui n’est pas valorisée. Reste à bien identifier les besoins en énergie sur site. Pour avoir une installation rentable, l’énergie récupérée devra être valorisée tout au long de l’année, à des niveaux de température adaptés aux besoins. Le Centre technique des industries aérauliques et thermiques (CETIAT) met à disposition des porteurs de projet un autodiagnostic en ligne pour estimer le potentiel de chaleur récupérable : recuperation-chaleur.fr/potentiel-entreprise.Côté financement, l’Ademe vient de publier la brochure “Faites des économies ! L’Ademe finance vos projets de récupération de chaleur” disponible sur leur site. À voir aussi : ademe.fr/faites-economies-lademe-finance-projets-recuperation-chaleur

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d’eau glacée ainsi que tous les ventilo-convec-teurs dans les bureaux avaient déjà été changés pour s’adapter à une température plus basse, environ 55 °C à la sortie de l’échangeur.

faCture de Chauffage en baisseLa chaudière gaz de 1,2 MW a été mise à l’arrêt car le data center assure 100 % des besoins de chauffage. «  Nous réfléchissions depuis longtemps à cette solution, mais nous avons souhaité espacer les investissements dans le temps », ajoute Bertrand Dollet.Grâce à ces travaux en amont, la récupération de la chaleur n’a coûté que 220 000 euros à Air France, financée à 62 % par une aide du Fonds chaleur de l’Ademe. La facture de chauffage d’Air France devrait diminuer de 50 000 euros par an. L’investissement sera donc amorti en quatre ans. n

CHIFFRES CLÉS•  Production de

chaleur : 893 MWh/an, soit 77 tep/an de chaleur injectées dans le réseau.

•  Nombre de m2 chauffés à 100 % par le data center : 10 000 m2.

•  Investissement dans récupérateur de chaleur et réseau de chaleur : 220 000 €

•  Économies réalisées : 50 000 €/an

•  Critères de réussite : proximité des bâtiments à chauffer, réflexion globale sur la rénovation thermique du site, espacement des investissements.

LA DATATHERMIE PREND SON ENVOLLes entreprises qui disposent d’un data center en interne peuvent se chauffer grâce à leurs données. La preuve avec Air France. PAR AUDE RICHARD

Dans le sud de la France, un bâtiment accueille plus de 500 serveurs informatiques répartis sur 1 000 m2. Ces énormes machines de stockage de données chauffent vite. Pour pouvoir garder des températures adaptées au bon

fonctionnement de l’informatique, la salle est refroidie aux alentours de 23 °C grâce à une climatisation électrique. Le moteur de cette climatisation produit de la chaleur, qui, en général, chauffe uniquement les petits oiseaux... Air France a eu la bonne idée de récupérer cette chaleur pour chauffer ses bureaux. « Nous avons la chance d’avoir quatre bâtiments tertiaires à proximité du data center, explique Bertrand Dollet, adjoint au chef de centre. Nous avons donc installé un échangeur de 940 kW et construit un réseau de chaleur de 400 mètres. » Le récupérateur de chaleur a été installé cette année, après d’importants travaux de rénovation par la société APL. Le groupe de production

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La chaudière gaz de 1,2 MW a été mise à l’arrêt car le data center assure 100 % des besoins de chauffage.

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PANNEAUX HYBRIDES, DES RENDEMENTS À VALIDER

Cela fait déjà trois à quatre ans que les panneaux solaires hybrides ont fait leur apparition sur le marché. Néanmoins, il manque encore des références pour valider cette technologie associant photovoltaïque et solaire thermique. PAR AUDE RICHARD

Combiner production d’électricité et de chaleur sur un même panneau solaire, l’idée semble séduisante. Il s’agit d’exploiter au maximum la chaleur produite sous les panneaux photo-voltaïques. L’intérêt est double : produire de l’énergie sup-plémentaire, mais également stabiliser la température des

panneaux photovoltaïques et améliorer leur performance. Si en théorie les technologies fonctionnent, elles ne sont pas encore éligibles au fonds chaleur, car les références manquent.Pourtant, deux systèmes sont déjà commercialisés : un système à eau pour produire de l’eau chaude sanitaire, voire du chauffage, et un système à air, également appelé aérovoltaïque, pour le chauffage. Dualsun, qui propose un système à eau, promet des rendements trois fois supérieurs aux panneaux PV classiques. Un ménage pourrait ainsi chauffer, au moins, 50 % de sa production d’eau chaude. Il est possible d’estimer l’ordre de grandeur de la production via un outil en ligne. Pour Yann Crévolin, de l’association Hespul, « la production thermique de 10 m2 de panneaux hybrides est à peu près comparable à celle d’un petit chauffe-eau solaire individuel (2 à 4 m2). Les campagnes d’instrumentation menées par le fabricant semblent cohérentes avec les simulations ».

Écarts de rendement pour les systèmes à air Ce qui est plus compliqué à mesurer, ce sont les systèmes à air. Systovi a développé le R-Volt, un système de cheminée adossée aux panneaux, qui

récupère l’air chaud et l’insuffle dans la maison. Selon Mohamed Benabdelkarim, directeur technique, la technologie « atteint des

rendements de 55 % et contribue à réchauffer l’air ambiant de 3 °C ». Des installations sur des bâtiments tertiaires ou

dans des poulaillers sont opérationnelles. La pro-duction d’un capteur aérovoltaïque dépend

de l’ensoleillement, de la température extérieure, des pertes de la maison

et de la régulation. L’estimation de la production est donc

compliquée à réaliser. Le bureau d’études

Cardonnel a planché sur le sujet, avec un logiciel pour calculer les rendements énergétiques de la RT2012 (titre V). Pour eux, la production ther-mique d’une installation de 3 kWc n’atteindrait pas 3 000 kWh/an comme annoncé, mais entre 400 et 700 kWh, soit quatre à cinq fois moins que prévu. Un écart énorme, comme le souligne Yann Crévolin : « La vérité est peut-être entre les deux. En l’attente de retours d’expérience de sites instrumentés, nous communiquons des performances entre 450 et 1 500 kWh/an, soit 3 à 10 % des besoins de chauffage pour une maison. » n

TECHNOLOGIES ÉLIGIBLES AU FONDS NOUVELLES TECHNOLOGIES ÉMERGENTES (NTE)•  Systèmes solaires thermiques non

éligibles au fonds chaleur, pour la production d’eau chaude sanitaire et/ou de chauf-fage en résidentiel collectif

•  Systèmes solaires thermiques de préchauffage d’air ou d’eau pour les applications de chauffage/cli-matisation des locaux industriels, tertiaires ou agricoles

•  Systèmes solaires thermiques pour applications industrielles ou agricoles : process “basse tempé-rature” (< 110 °C).

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)LES PREMIERS PAS DE LA PETITE MÉTHANISATION

L’Ademe ne divulguera son étude sur les unités de moins de 75 kW qu’à partir de l’été, mais les premiers retours d’expérience se dessinent. Et d’un constructeur à l’autre, les résultats varient beaucoup. PAR AUDE RICHARD

Avant de soutenir de nouvelles technologies, mieux vaut les tester. L’Ademe a appliqué ce principe pour la petite méthanisation à la ferme. À travers une analyse technico-économique, l ’agence a suivi sept unités de biogaz, de sept constructeurs différents, pendant

12 mois. Aujourd’hui, les résultats sont connus pour cinq d’entre eux : Host, Arcbiogaz, Valogreen, Naskeo (Méthajade) et ERigène. Si certains s’en sortent bien, d’autres ont connu quelques soucis. « Ces unités étaient des pilotes ou des démonstrateurs, les dysfonctionne-ments étaient prévisibles, mais cela reste optimisable. Le plus important est que des solutions aient été trouvées et que ces problèmes n’aient pas été rencontrés sur plusieurs installations », indique Julien Thual, ingé-nieur méthanisation à l’Ademe, en charge de l’étude.

D’un point de vue organique, la production de biogaz et de méthane est conforme au prévisionnel pour les installations d’Host et Arcbiogaz, mais n’en atteint que 45 % pour d’autres procédés. La production électrique suit souvent les mêmes tendances que celle de biogaz. Quels que soient la marque et le taux de charge, l’Ademe note que le rende-ment du moteur de cogénération est infé-

rieur de 3 à 6 % minimum au rendement annoncé. Pour le temps de travail, les écarts entre les technologies sont importants : Host, avec son unité automatisée, arrive en premier avec moins de 20 heures de travail par mois, alors que la moyenne se situe à 40 heures par mois.

Nouveaux tarifs d’achat de l’électricité : uNe bouffée d’oxygèNeCôté économique, l’investissement moyen dans une installation en voie liquide (65 à 75 kW) est de 510 000 euros, alors qu’il est de l’ordre de 730 000 € pour des installations en voie sèche (36-56 kW). Concrè-tement, le coût du kWe est bien plus faible en voie liquide (7 200 €) qu’en voie sèche (16 000 €). La rentabilité de la micro-méthanisation est encore compliquée. L’unité d’Arcbiogaz s’en sort bien avec un excédent brut d’exploitation (EBE) de 60 000 euros par an, alors que Méthajade affiche un EBE négatif de – 14 000 euros par an. Les nouveaux tarifs d’achat de l’électricité, publiés le 30 octobre 2015 pour les installations existantes, apportent une bouffée d’oxygène à la petite méthanisation. À 22 c€/kWh, les cinq installations pour-raient dégager entre 6 000 et 18 000 euros d’EBE par an. Le Gaec des Buissons, constructeur Host, pourrait ainsi passer d’un EBE annuel de 38 000 euros à un EBE de 56 000 €. « L’étude de l’Ademe

légitime notre procédé en voie liquide. Il fau-drait qu’elle sorte rapidement pour que l’on puisse communiquer dessus. Mais nous atten-dons surtout la publication des nouveaux tarifs pour lancer ce marché », révèle Jean-Sébastien Tronc, directeur commercial d’Host France. En attendant, ce constructeur propose des méthaniseurs de puissance plus élevée. n

Le coût du kWe est bien plus faible en voie liquide qu’en voie sèche.

SEPT EXPLOITATIONS SUIVIES•  Exploitation Guilbaud (44)

– Méthajade (Naskeo).•  Gaec Des Buissons (49) – Host.•  Sca Forzy (27) – Valogreen.•  Earl Devienne (81) – Arkolia.•  Earl Bois Guilbert (76) – ERigene.•  Biogazplus (47) – Arcbiogaz.•  Gaec Des Beaudors (43)

– Agréole Développement.

NOUVEAU TARIF INSTALLATION EXISTANTE : •  Tarif de base de 18 c€/kWhe

vendu pour les installations < 80 kWe.

•  Prime EDF de 0 à 4 c€/kWhe vendu, selon le pourcentage d’effluents d’élevage.

•  Permet de dégager 6 000 à 18 000 € supplémentaires par an.

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DU FROID NATURELLe géocooling, autrement dit le rafraîchissement direct et naturel des bâtiments grâce au sous-sol, commence à se démocratiser. L’Ademe l’a intégré dans le fonds NTE, et l’AFPG se bat pour qu’il soit pris en compte dans la RT2012. PAR AUDE RICHARD

Le froid est l’un des atouts de la géothermie, la seule énergie renouvelable à pouvoir en produire directement. En effet, en plus de la production de chauffage, la ressource du sous-sol peut rafraîchir les bâtiments, sans passer par une pompe à chaleur. Il s’agit du géocooling, adaptation à la géothermie

de ce que l’on appelle plus généralement le “freecooling”.La température du sous-sol proche reste constante toute l’année, autour d’une dizaine de degrés. En été, il peut être intéressant d’utiliser cet avantage pour rafraîchir des bâtiments. L’eau de nappe aquifère, ou l’eau glycolée circulant dans des sondes géothermiques ou dans des pieux énergétiques peut être véhiculée vers un échangeur de chaleur et permettre le refroidissement du fluide circulant dans le circuit de chauffage du bâtiment. L’énergie apportée pour rafraîchir le bâtiment est gratuite, et la consommation d’énergie du système se résume à celle des circulateurs utilisés. C’est beaucoup plus intéressant qu’une clima-tisation classique. De plus, dans le cas de sondes ou de pieux, l’énergie extraite du bâtiment, grâce au géocooling, assure une recharge thermique

du sous-sol, ce qui améliore les performances du système en hiver lorsqu’il est utilisé pour chauffer le bâtiment.Aujourd’hui, cet énorme avantage n’est pas pris en compte, ni dans la RT2012, ni dans le Fonds Chaleur. « L’Ademe souhaite mieux évaluer cette technique pour assurer sa plus large diffusion. Elle a donc proposé d’intégrer les systèmes faisant appel au géocooling au fonds “Nouvelles Technologies Emergentes” (NTE) afin d’en cerner plus précisément la pertinence technique, économique et environnementale », souligne Astrid Maestro Cardona, ingénieur géothermie à l’Ademe.La profession se mobilise également pour faire reconnaître le géocooling dans les moteurs de calcul de la RT2012. L’étude de faisabi-lité menée à partir de cas de référence, avec l’appui technique du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), a permis à l’AFPG de rédiger une proposition, à partir de deux configurations : géocooling avec système de refroidissement actif, et géocooling seul. Le titre V système “géocooling” préparé par l’AFPG concerne l’ensemble des applications d’utilisation géothermique (sonde, nappe, pieux…), quel que soit leur usage (résidentiel ou tertiaire). Il est à visée générique, c’est-à-dire qu’il ne se limite pas à une gamme de pro-duits ou à un fabricant, mais permet à toute la filière de pouvoir l’utiliser. Le géocooling devrait être intégré à la RT2012 à la fin de l’année. n

EGIS

À Tours (Indre-et-Loire), l’ancien tri postal, baptisé “La Nef ”, est aujourd’hui un bâtiment à énergie positive. Le bureau d’ études Egis a mis en place trois pompes à chaleur raccordées à un forage géothermique et à une bâche de stockage des frigories pour le rafraîchissement en “ freecooling”. Une technique nettement moins énergivore qu’une climatisation clas-sique.

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ÉDITION SPÉCIALE CHALEUR RENOUVELABLE – 2016 45

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QUAND LA MÉTHANISATIONDE DÉCHETS SERT DE CLIMATISATION

La Société d’Équipement de la Région de Montpellier (SERM) a installé à la clinique Saint-Roch une machine à absorption pour produire du froid et valoriser ainsi la chaleur fatale de l’usine de méthanisation voisine durant l’été. PAR AUDE RICHARD

Cet été, la clinique Saint-Roch de Montpellier a refroidi ses salles d’opération avec… du froid renouvelable. En déménageant dans le quartier flambant neuf des Grisettes, l’établissement a ainsi profité des infrastructures énergé-tiques dernier cri et de la proximité avec l’usine de métha-

nisation d’ordures ménagères. Située à 900 mètres, la société Amétyst alimente, en effet, un réseau qui couvre les besoins de chaleur de 120 000 m2 de surface de plancher. Un réseau de chaleur renouve-lable à plus de 85 %.

Du froiD (presque) gratuitSi, l’hiver, la production de chaleur d’Amétyst est majoritairement absorbée par le quartier, qu’en est-il, en été, avec une production constante ? La SERM, concessionnaire du réseau, a proposé à la clinique de produire du froid à partir du réseau de chaleur grâce à un absorbeur installé sur son site. « Dans ce nouvel écoquartier de logements, où les bâti-ments sont bioclimatiques, nous n’avions pas prévu pas d’installer un réseau

de froid, explique Frédérick Cauvin, directeur adjoint en charge de l’Énergie à la SERM. La machine à absorption alimentée par le réseau de chaleur est une technologie tout à fait mature.» Cette machine à absorption de 170 kW, qui utilise de l’eau comme réfrigérant, trans-forme ainsi la chaleur en froid. De la chaleur à basse température est évacuée par un dry-adiabatique sans risque légionnelle pour la cli-nique. Si l’investissement peut paraître élevé (300 000 euros), l’opération a bénéficié d’une aide du fonds NTE (nouvelles technologies émergentes) de l’Ademe de 130 000 euros, et est rentabilisée en un an. La SERM s’apprête d’ailleurs à installer une deuxième machine à absorption pour refroidir 10 000 m2 de bureaux. n

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ADAPTABLE À TOUTES LES SOURCES DE CHALEURLa SERM n’en est pas à son coup d’essai. Elle connaît bien la technologie des machines à absorption pour en avoir installé trois autres sur une trigénération au gaz, une trigénération au bois et une installation solaire thermique. « Cela fonctionne avec n’importe quelle source de chaleur notamment renouvelable ou de récupération. Notre expérience depuis 15 ans est très positive », conclut Frédérick Cauvin.

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