10
Le syndrome Copernic

Le syndrome Copernicdocs.flammarion.com/Albums/9814/9782290006511.pdf · portes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le syndrome Copernicdocs.flammarion.com/Albums/9814/9782290006511.pdf · portes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà

Le syndrome

Copernic

001_004_Copernic.qxd 16/10/07 14:24 Page 1

Page 2: Le syndrome Copernicdocs.flammarion.com/Albums/9814/9782290006511.pdf · portes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà

Du même auteur,aux Éditions J’ai lu

La moïra1- La louve et l’enfant, J’ai lu 67572- La guerre des loups, J’ai lu 69353- La nuit de la louve, J’ai lu 7331

Le testament des siècles, J’ai lu 8251

Gallica1- Le louvetier, J’ai lu 8542

Retrouver l’auteur sur son site : http://www.henriloevenbruck.com

001_004_Copernic.qxd 16/10/07 14:24 Page 2

Page 3: Le syndrome Copernicdocs.flammarion.com/Albums/9814/9782290006511.pdf · portes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà

Henri Lœvenbruck

Le syndrome

Copernic

001_004_Copernic.qxd 16/10/07 14:24 Page 3

Page 4: Le syndrome Copernicdocs.flammarion.com/Albums/9814/9782290006511.pdf · portes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà

© Éditions Flammarion, 2007

001_004_Copernic.qxd 16/10/07 14:24 Page 4

Page 5: Le syndrome Copernicdocs.flammarion.com/Albums/9814/9782290006511.pdf · portes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà

NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 110 x 178 — 13-11-07 09:21:24124122FOC - J’ai Lu NPO - Le Syndrome Copernic - Page 5 — Z24121$$$1 — Rev 18.02

A ceux qui sont partis, trop nombreux

Claude BarthélemyColin Evans

Alain GarsaultDavid Gemmell

Daniel Riche

Page 6: Le syndrome Copernicdocs.flammarion.com/Albums/9814/9782290006511.pdf · portes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà

NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 110 x 178 — 13-11-07 09:21:24124122FOC - J’ai Lu NPO - Le Syndrome Copernic - Page 6 — Z24121$$U1 — Rev 18.02

Page 7: Le syndrome Copernicdocs.flammarion.com/Albums/9814/9782290006511.pdf · portes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà

NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 110 x 178 — 13-11-07 09:21:24124122FOC - J’ai Lu NPO - Le Syndrome Copernic - Page 7 — Z24121$$$1 — Rev 18.02

Prologue

01.

La déflagration fut si forte qu’on l’entendit jusquedans les communes voisines et tout l’ouest de lacapitale.

C’était, semblait-il, un matin comme tous les autres.Un matin d’été. La vie, soudain, s’était mise à grouillersous l’esplanade bétonnée de l’Ouest parisien.

Il était 7 h 58 précisément quand une rame du RERentra, en ce huitième jour d’août, dans la lumière bla-farde de la grande station, sous le parvis de la Défense.

Les roues s’arrêtèrent lentement le long des rails,dans un grincement aigu. Un instant de silence, uneseconde immobile, puis les portes métalliques s’ouvri-rent avec bruit. Des centaines d’hommes et de femmes,enrobés de la grisaille des employés de bureau, sebousculèrent sur le quai pour rejoindre chacun sa sor-tie et monter vers l’une des trois mille six cents entre-prises installées dans les hautes tours de verre dugrand quartier d’affaires. Les longues files humainesqui s’agglutinaient sur les escaliers mécaniques évo-quaient des colonnes rangées de fourmis ouvrières,partant, dociles, vers leur labeur quotidien.

C’était encore une année de canicule et les nombreuxsystèmes de climatisation peinaient à chasser la chaleurétouffante de la ville. Pour la plupart de ces salariés

7

Page 8: Le syndrome Copernicdocs.flammarion.com/Albums/9814/9782290006511.pdf · portes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà

NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 110 x 178 — 13-11-07 09:21:24124122FOC - J’ai Lu NPO - Le Syndrome Copernic - Page 8 — Z24121$$$1 — Rev 18.02

consciencieux, le costume ou le tailleur était de mise,et on les voyait ici et là s’éponger le front de leursmouchoirs blancs, ou s’aérer le visage à l’aide de cespetits ventilateurs portables dernier cri.

Arrivés sur l’immense esplanade dans les vapeursvacillantes et les éclats du soleil, ces alignements depetits soldats de plomb s’éparpillèrent vers les tours-miroirs, comme les bras innombrables d’une granderivière.

A 8 heures précises, les cloches de l’église Notre-Dame de Pentecôte, installée au milieu des tours deverre, retentirent à travers le parvis. Huit longs coupsqu’on entendit, comme chaque matin, des deux côtésde l’esplanade.

A cet instant, le flux des arrivants était à son apogéedans le hall démesuré de la tour SEAM, sur la place dela Coupole. Dressant ses 188 mètres de façade dans leciel immaculé de l’été, c’était l’une des quatre plushautes constructions de la Défense, un fier symbole dela réussite économique. Son front de granite et sesfenêtres noires lui donnaient l’allure menaçante d’unmonolithe intemporel. Les hommes qui entraient àl’intérieur semblaient n’être que des extensions disci-plinées de l’ensemble, des petites poussières de rochequi rejoignaient ce grand aimant noir. La tour SEAMdéfiait le ciel parisien avec l’arrogance d’un jeunepremier.

Le rez-de-chaussée s’emplit lentement de la rumeurmatinale. Les six sas qui ouvraient la façade filtraientpéniblement le flot continu des travailleurs qui se suc-cédaient aux portes de sécurité, introduisant sagementleurs cartes magnétiques avant de passer les tourni-quets métalliques. Le brouhaha de la foule se mêlait auronronnement de la climatisation et au bruit desascenseurs, puis s’élevait sous le plafond de l’accueildans une cacophonie étourdissante.

8

Page 9: Le syndrome Copernicdocs.flammarion.com/Albums/9814/9782290006511.pdf · portes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà

NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 110 x 178 — 13-11-07 09:21:24124122FOC - J’ai Lu NPO - Le Syndrome Copernic - Page 9 — Z24121$$$1 — Rev 18.02

Le ballet quotidien commençait. Sans surprise, pourl’instant.

Il y avait les visages habituels. Comme celui de Lau-rent Huard, agé de trente-deux ans, cadre moyen, che-veux rasés, démarche sûre. A 8 h 03, il franchit l’unedes grandes portes de verre qui donnaient accès à cettecitadelle des temps modernes. Il était en avance, pourune fois, mais son patron, lui, ne notait que les retards.Ce jour-là il avait, avec des clients de sa société, uneréunion de la plus haute importance. Il n’avait d’ail-leurs pas fermé l’œil de la nuit, et, au petit matin, s’étaitcouvert le visage d’une crème antifatigue dont il n’étaitpas certain qu’elle serait véritablement efficace. Maismieux valait mettre toutes les chances de son côté. Ilavait embrassé sa nouvelle petite amie encore endor-mie, enfilé son plus beau costume, taillé sur mesuredans un petit atelier de banlieue, et, alors qu’il atten-dait, main dans la poche, que s’ouvrent enfin les largesportes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà le sou-rire forcé qu’il allait devoir se composer pour accueillirson rendez-vous.

Derrière lui, deux jeunes femmes en tailleur discu-taient à voix basse, penchées l’une vers l’autre. Stépha-nie Dollon, Parisienne timide et célibataire, etAnouchka Marek, fille d’un immigré tchèque. Dansleur costume sombre, elles ressemblaient à deux éco-lières anglaises. Tous les matins, les deux amies – quis’étaient rencontrées dans la cafétéria de la tour deuxans plus tôt – arrivaient ensemble. Elles se retrou-vaient à la sortie du RER, puis elles marchaient côteà côte vers leurs bureaux respectifs, échangeant leurshumeurs du jour et leurs aventures de la veille, avantd’être séparées jusqu’au déjeuner.

A 8 h 04, devant les façades grises des ascenseurs,beaucoup patientaient déjà, serrés les uns contre les

9

Page 10: Le syndrome Copernicdocs.flammarion.com/Albums/9814/9782290006511.pdf · portes de l’un des ascenseurs qui menaient aux qua-rante-quatre étages de l’édifice, il répétait déjà

NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 110 x 178 — 13-11-07 09:21:24124122FOC - J’ai Lu NPO - Le Syndrome Copernic - Page 10 — Z24121$$$1 — Rev 18.02

autres. Des habitués pour la plupart, comme PatrickOber, la cinquantaine, un cadre solitaire et silencieux,au QI élevé mais aux qualités sociales limitées, grosfumeur, téléphage, lecteur compulsif ; Marie Duha-mel, une secrétaire au chignon soigné, obsédée par leregard des autres, terrifiée à l’idée de déplaire – à sonpatron, surtout ; ou Stéphane Bailly, un ingénieurcommercial qui s’était installé à Paris quelques moisplus tôt, et dont la jeune épouse restait à la maisonpour garder leurs deux enfants, parce qu’ils n’avaientpas trouvé de place en crèche dans la capitale... Desfemmes et des hommes ordinaires, tellement diffé-rents et tellement semblables.

A 8 h 05, derrière le long comptoir sombre de l’ac-cueil, celui que tout le monde appelait Monsieur Jean– mais dont le vrai nom était Paboumbaki Ndinga –s’apprêta enfin à partir. Engoncé dans son costumebleu marine, le vigile congolais jeta le petit gobelet encarton dans lequel il avait bu son dernier café, puis ilsalua les quatre hôtesses déjà fort occupées. Il travail-lait là depuis l’ouverture officielle de la tour, en 1974,et les différentes sociétés qui avaient successivementgéré le site l’avaient gardé à son poste, car c’était unhomme aussi consciencieux que charmant et quiconnaissait ce gigantesque batiment comme sa poche.Il appelait l’édifice sa tour, parce qu’il savait son his-toire mieux que personne, ses secrets, ses moindresrecoins, et fronçait ironiquement les sourcils quandl’un de ses occupants arrivait plus tard que d’habitudeavec des cernes sous les yeux.

A 8 h 06, un coursier qui n’avait même pas pris lapeine d’enlever son casque de moto déposa des paquetssoigneusement emballés sur le comptoir. Plus loin, desAméricains en costumes décontractés parlaient deleurs voix fortes et nasillardes. Ici, un homme vêtud’une blouse blanche, là, trois jeunes gens en chemise

10