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LE THEATRE DE RELIEF GIORGI Giulio Certificat d’Etudes Supérieures Paysagères Année 2010/2011 // Versailles, Ecole Nationale Supérieure du Paysage Encadrants : FAUCHEUR Véronique, POUZOL Marc

Le théâtre de relief

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Projet de Giulio Giorgi, paysagiste, sur un théâtre de verdure fermé au public depuis plus de 20 ans au parc Geroges Valbon.

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Page 1: Le théâtre de relief

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LE THEATRE DE RELIEF

G I O R G I G i u l i o

Certificat d’Etudes Supérieures Paysagères

Année 2010/2011 // Versailles, Ecole Nationale Supérieure du Paysage Encadrants : FAuCHEuR Véronique, POuzOL Marc

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LE SITE

Sommaire Général

LE PROJET

Objectif .................................................................Vision......................................................................PROJET : Vue d’ensemble....................................... Ière année................................................. 2ème année............................................... 3ème année...............................................Détails : Structures................................................... Promenades sonores............................... Parcours sonores..................................... Concert du réveil....................................A suivre... ............................................................Note conclusive......................................................

Rhizome......................................................................La forme du théâtre et le Parc Georges-Valbon....Localisation et cartes du Parc.................................Le site : voirie, végétation, relief..............................une nuit au Théâtre.................................................Plan du Théâtre de Verdure.....................................Annexe 1 : Généralités..............................................Annexe II : Le Théâtre de Verdure..........................Annexe III : Faune & Flore.......................................Annexe IV : Ondes Sonores.......................................Annexe V : Théâtre-Paysage......................................Annexe VI : Ruines Nouvelles....................................

p. 46p. 46p. 47p. 48p. 49p. 50p. 51p. 56p. 57p. 58p. 59p. 60p. 61p. 62p. 63

p. 5p. 6p. 8p. 9p. 10p. 11p. 12p. 19p. 25p. 30p. 34p. 39

Glossaire...........................................................................................................................................................................Références.........................................................................................................................................................................Remerciements..................................................................................................................................................................

Page 3: Le théâtre de relief

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LE THEATRE DE RELIEF

Certificat d’Etudes Supérieures Paysagères // Année 2010/2011 // Versailles, Ecole Nationale Supérieure du Paysage // Encadrants : FAuCHEuR Véronique, POuzOL Marc.

GIORGI Giulio

LE SITE

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Il y a également, et ceci probablement dans toute culture, dans toute civilisation, des lieux réels, des lieux effectifs, des lieux qui sont dessinés dans l’institution même de la société, et qui sont des sortes de contre-emplacements, sortes d’utopies effectivement réalisées dans lesquelles les emplacements réels, tous les autres emplacements réels que l’on peut trouver à l’intérieur de la culture sont à la fois représentés, contestés et inversés, des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables.

Michel Foucault

Le Génie du Lieu était pour les Anciens le pouvoir qu’un site avait sur ceux qui l’habitaient ou venaient le visiter.

Georges Raillard

HETEROTOPIES.

GENIUS LOCI.

Page 5: Le théâtre de relief

5

Cette étude s’intéresse d’une part à la mémoire du Parc, comment et pourquoi un lieu peut glisser dans l’oubli et quel potentiel cela représente, d’autre part à la place qu’ occupe aujourd’hui dans l’imaginaire ce genre de lieu.

Le site a une petite échelle (4 ha environ) et son contexte de parc urbain est déjà issu de projets de paysagistes.

Il s’agit d’une zone privilégiée, une enclave « pure » à l’intérieur de laquelle les promeneurs aimeront s’isoler. Au-delà de ce stade de refuge contre les nuisances le site doit jouer avec les liens à l’environnement en les utilisant comme éléments qui invitent à la découverte de son imaginaire.

Réinsérer dans le tissu social du parc le site du Théâtre de Verdure, en le tissant avec la vie active des usagers tout en respectant l’imaginaire évoqué actuellement.

Intégrer une nouvelle vision en accord avec l’identité du Parc Georges-Valbon. Faune

Utilisation

Circulation

Tiers paysage

Ruine

Sons

Histoire

Végétation

Mythe/Magie

Théâtralité

Topographie

Le Théâtre de Relief : Rhizome*

*RHIZOME. Modèle descriptif et épistémologique dans lequel l’organisation des éléments ne suit pas une ligne de subordination hiérarchique - avec une base, ou une racine, prenant origine de plusieurs branchements - mais où tout élément peut affecter ou influencer tout autre.

Gilles Deleuze

p. 14, 17, 20

p. 7, 8, 19

p. 21

p. 7, 8, 16

p. 25

p. 8, 25

p. 29

p. 10, 33

p. 38

p. 38

p. 6, 33

Le Projet p. 44

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6

La Forme du ThéâtreLa forme du théâtre Grec, composante - archétype dans l’histoire de l’architecture d’occident, revient dans le Théâtre de Verdure du Parc Georges-Valbon.

Cette forme dérive du culte à Dionysos, seul die en l’honneur duquel on ne dresse pas de temple mais on célèbre en plein air. Dans son culte rural les fidèles participent aux orgies dionysiaques en formant un «chaos tournoyant», qui donnera origine en moins de 200 ans, à la forme du théâtre grec (-VI ème siècle).

La Théâtralité du ParcLa thématique du théâtre revient dans le Parc Georges-Valbon à différentes échelles :

• Grâce à sa topographie «à coin» qui progresse en dénivelé vers le nord comme des macro-gradins, on pourrait dire en effet qu’il a une connotation théâtrale sur la totalité de sa surface. Dans la partie appelée les hautes terres les paysagistes ont modelé les remblais pour donner un « effet terrasse », d’où on peut regarder l’horizon parisien et reconnaître le Sacré-coeur et la Défense.

• Il y a ensuite d’autres sites spécifiques qui ont étés conçus en relation à la forme du théâtre: leitmotiv dans la structure du parc. Les concepteurs ont appliqué dans l’ensemble du parc le principe de l’équilibre des couples : dedans/dehors, pleins/vides, constances/ruptures, ombres/lumière, éclatement/rassemblements, ouvertures/fermetures…et la forme du cercle, encore plus si couplée à un dénivelé, bien se prête ce jeu esthétique, en rappelant inévitablement la forme du théâtre.

Ici deux exemples de sites théâtraux au Parc Georges-Valbon. Le lieu dans le croquis à gauche est situé dans la partie du Parc nommée La Vallée, celui à droite dans Les Hautes terres.

Page 7: Le théâtre de relief

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la Seine

Stade de France

Aéroport Le Bourget

boulevard Périphérique

Plan du Parc Georges-Valbon (ex parc de La Courneuve)

Voirie

Relief

+30m

+75m

N

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Cache-cacheLa butte à coquille de Saint-Jacques (comme l’ écrit A.

Degaine dans Histoire du théâtre dessinée) conçue dans les années soixante par le paysagiste

Audias était le premier relief créé sur des terrains plats destinés au Parc de

La Courneuve.

Cette butte est aujourd’hui revêtue par les boisements, qui se sont développés entre-temps. Les arbres ont désormais dépassés les 20 mètres de hauteur en masquent ainsi les 12 mètres de dénivelé de la butte.

Le Théâtre de Verdure du Parc est ainsi caché, comme dans un jeu

de poupées rousses, à la fois par le relief et par les boisements.

Relief+36

m+48

m

N

0 100 m

N

Voirie et boisement autour du Théâtre de Verdure du Parc Georges-Valbon.

Densité de végétation

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9

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10

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sol s’

ouvre pour former une cuvette. J’écarquille les paupières... un amphithéâtre à ciel ouvert, voilà ce que c’est.

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eux, la cime des arbres fré

mit légèrement. Certains sont de vrais colonnes, d’autres semblent des cordes, d’autres encore sont frêles comme des f ls ; on

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négaux, extensions des profondeurs de la terre vers la voûte céleste et sous mes pieds, le sol, peut-être ce qu’il y a de plus sombre cette nuit.

Je n

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t. Autant d

e jour, elle me fait sentir vivant et sauvage, autant la nuit, elle devient un labyrinthe impénétrable... Bon, justement j’avance et me fraie un chemin

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u’à

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ranc

hage

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ltrer u

n peu de lueur n

octurne. Enf n ! Un sentier... Je ne le reconnais pas tant à son tracé au sol que grâce aux arcades touffues qui le surplombent en ne la

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r. J

’entends u

n hibou appeler discrètement je-ne-sais-qui, ou bien signale-t-il ma présence aux habitants du bois... qui doivent bien être quelque part. ...mais ...m

ais

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i e

n ple

ine nui

t ? Et

d’où vient cette lueur? Et ce bruit… Je m’aperçois que, dans cette demi-obscurité, mes sens sont en éveil : battements d’ailes, bruits de pattes de …

.J’a

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emins. B

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! - bon sang, et maintenant ? Quelle direction prendre ? Il n’y a qu’une f èche indiquant « Grand Rond »...

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cements

de branches...c’est t

oute un fourmillement que mes yeux ne perçoivent pas. Mais d’où vient donc cette lueur, ça n’a pas l’air d’être la lune..

...b

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ns-y

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tion. Eh ! u

n lapin m’a coupé la route ! Mais oui, un lapin ! Bref...hum, ce sentier me mène vers l’obscurité...même la lune

entr

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r et à

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o me gusta

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Lapin, le loir…et ce croissant de lune… je ne serais maintenant pas surpris de voir le Chat grimaçant

sort

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e...encore que, vu tout ce qui lui arrive après, je me dis qu’il vaut mieux éviter cette rencontre. …

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t arrive à un portil

lon... so

udain, au delà de la barrière, l’espace s’ouvre. Mais les arbres de la forêt semblent avoir

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rdic

tion

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Alors

ils s’a

rr

êtent

, a

llongeant, c

urieux, leurs ramages. Mais qui donc habite ici ? Je pousse le portillon, il est ouvert, et là (?) et là (?)...

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et argentée, il semble ref éter la lueur de la Lune, bien que la pâle dame reste encore cachée ; il n’y a qu’une brise lé

gère

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res environnants, comme une respiration continue, au rythme lent.

M’a

ssey

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arch

es, j

e tente d’apaiser ma respiration saccadée, et de suivre le rythme...le son… ...on dirait une onde, une vague

qui

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essivement la form

e des gradins. Là, en bas, trône un...un...je me demande vraiment où j’ai att erri !...c

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sorte

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derie, de drapé en pierre. Un étrange patchwork de scénographie à la Miss France, d’arcades

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rave

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Empire et d’un fronton pour jouer à la pelot e basque.. Ça ne peut être qu’un rêve...

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vu ! Quel endroit étrange... il me plaît. Cette lumière laiteuse, ce tte

resp

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’air d’un immense berceau... l’aube approche ...zzz . ..

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, endormi en boule, je m’éloigne du sol et f otte dans l’air. ..je

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vois le théâtre dans toute sa candeur, je sens sa resp

irat

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sensation de cocon...le feuillage des arbres..le bois

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irières...des lacs...des sentiers...et tout....

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our... ...des rues, des maisons…

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ut autour...tout autour...,

... c

’est la ville.

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Plan du Théâtre de Verdure ,

Parc Départemental Georges-Valbon

N

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ANNEXE 1Généralités

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Le Parc Départemental Georges-Valbon1

Généralités

Le parc départemental Georges-Valbon, est classé au 3ème rang des espaces verts d’Ile de France avec ses 420 ha, après le bois de Boulogne (1000 ha) et le Bois de Vincennes (850). Il est situé au nord-ouest du département de la Seine-Saint-Denis, s’étalant sur 5 communes : la Courneuve, Saint-Denis, Stains, Dugny, Garges-lés- 1Le samedi 9 janvier 2010, le Parc Départemental de la Courneuve est rebaptisé Parc Georges-Valbon en hommage à son action en tant que premier président du département de la Seine-Saint-Denis.

2

Gonesse (Val d’Oise), sur ce qui était la grande plaine de France.

En se promenant dans les bosquets on oublie vite qu’au-delà des grilles du parc, classé Natura 2000, on est dans l’un des départements les plus fortement urbanisés de France où la densité de population se situe autour de 6000 habitants au kilomètre carré. Ce département se caractérise aussi par un très fort taux de natalité et par la jeunesse de de ses habitants, puisque les moins de 20 ans représentent 30% de la population totale.

Au-delà de la volonté politique qui a motivé ses différents aménagements, son appropriation par le public dépasse aujourd’hui la simple demande de « nature 2» ; si cette surface était en 1920 occupée par des terrains cultivés et inondables, elle doit aujourd’hui tout à l’intervention de l’homme, qui a modelé le site à partir d’une plaine sans relief, planté les arbres, les fleurs, creusé les lacs, tracé les sentiers, inventé de nouveaux paysages.

Œuvre collective d’Albert Audias, Allain Provost et Gilbert Samel, cet espace a aussi été façonné par les évolutions de l’environnement urbain, des modes de vie et des techniques.

2 Grâce à sa faune le parc Georges-Valbon a aussi été certifié site Natura 2000.

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3

Le parc Georges-Valbon se compose aujourd’hui de plusieurs parties très différentes séparées en deux selon les concepteurs.

La plus ancienne, réalisée par Audias et nommée le bois dans la subdivision du paysagiste Provost3, elle est constituée d’une vaste étendue circulaire engazonnée, bordée par un boisement de style paysager.

C’est dans cette tranche de 150ha qu’on trouve le Théâtre de verdure, site du projet.

3 La Courneuve-Le Parc, Provost A., 2009,StichtingKunstboek.

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Les autres, plus récentes, conçues par Provost et Samel,ont été réalisées pendant 20 ans à partir du 1975 : cela a été le plus grand chantier d’espace vert de la région parisienne.

Cette tranche du parc naît de la construction des villes : elle est modelée avec l’équivalent de 4 fois les pyramides de Khéops des déblais des fouilles provenant de la région Parisienne (la Défense, les Halles, l’A86 entre autres). Outre l’intérêt écologique de réutiliser ces terres, cette méthode présente aussi l’avantage d’alléger les dépenses du parc.

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Voilà deux des principes constitutifs du parc dans le concours pour la réalisation de la deuxième tranche en 1971 :

-l’intérêt de créer un cadre propice au dépaysement et à la relaxation (…), isolement et protection contre les bruits occasionnés par la circulation ;

-le souhait d’intégrer des zones d’animation (…), enclaves suffisamment isolées pour ne pas détruire l’ambiance générale du parc qui doit rester un lieu de détente

Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Direction des Espaces Verts

La partie Provost-Samel présente des vastes mouvements de sol qui s’organisent autour d’une large vallée et d’un grand lac que surplombe un belvédère. Au sud, la vallée se prolonge dans celle dite « des fleurs », au nord, le pont Iris permet de franchir la voie ferrée, qui traverse le parc en son centre, vers la partie du parc nommée les hautes terres. Autour des petits Lacs Supérieurs la promenade est privilégiée, ainsi qu’ à l’ouest, où le vallon s’étend le long de la voie ferrée jusqu’au site des chapeaux chinois, qui forment un espace distinct, de plain-pied avec les habitations de Dugny.

« Profonde respiration au cœur d’une banlieue fortement urbanisée, le parc conçu par Allain Provost et Gilbert Samel est l’espace vert plus important réalisé en région parisienne depuis le Second Empire. Quinze millions de mètres cubes de

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remblais ont été transformés en reliefs artificiels aux formes douces, permettant au promeneur de découvrir successivement des coins intimes et des points de vue, une vallée orientée nord-sud et encadrée de deux buttes latérales, un fil d’eau qui se transforme en cascades, des ruisseaux, des grands lacs »

M. Racine, Jardins en France, Actes Sud,1997.

La totalité du parc est aujourd’hui traversée et bordée par de nombreux réseaux : une ligne SNCF le coupe en son centre, l’autoroute du Nord lui est tangente au Sud, des voies express composent le reste de sa périphérie. Il est de ce fait, très coupé de son environnement.

Le Parc Départemental Georges-Valbon est éclectique parce qu’il a été manié plusieurs fois au cours de son histoire. Il a donc des tonalités historiques diverses, mais il est conscient de travailler à sa propre histoire et se remet en question périodiquement : il cherche ses propres solutions aux problèmes posés par l’évolution générale des idées et de la société, et se transforme en même temps qu’elles.

A partir de 1990, les aménagements et les travaux d'entretien se font dans une optique nouvelle : on laisse la nature faire en grande partie et on n'intervient que ponctuellement dans le cadre d’une gestion harmonique

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qui vise à la protection de la nature. Les tontes sont espacées, voir limitées à des débroussaillages légers (une fois par an dans certains secteurs). Les pesticides sont bannis. Dans certaines zones, les interventions de « jardinage » n'ont pour but que de maintenir tous les stades de végétation (annuelles, vivaces, arbustes, arbres) et maîtriser certaines espèces envahissantes qui réduiraient la diversité floristique et donc faunistique.

A le regarder vivre, on s’aperçoit que des mouvements comme le Land Art ne l’ont pas laissé indifférent, et qu’il a directement été lié au développement de l’écologie, à la banalisation des transports et plus profondément, à toutes les mutations de notre image du monde.

Dans le Parc Départemental Georges-Valbon on trouve soit des œuvres permanentes prévues dans la conception du parc comme « formes d’accueil » (le «ponts Iris», la «main ouverte», la passerelle «kucalam»,…), soit des œuvres-vestiges des anciennes éditions de la fête de l’humanité (la tête du géant), et de la biennale « art grandeur nature ».

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Ouverture et Circulation

Les portes du parc sont ouvertes toute l’année selon la lumière du jour (de 7h30 à 18h l’hiver, 21h l’été). Au fil de l’année des visites nocturnes sont organisées en relation avec certains animaux (comme le chant des hiboux).

Le parc connaît plus de deux millions de visiteurs par an. Cette fréquentation est concentrée au Sud de la voie ferrée, autour du grand lac et dans la partie aménagée par Audias. Les cascades sont aussi un appel stratégique du public.

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Zoom : la partie dessinée par Albert Audias

En 1970, le public découvre les 136ha du parc d’Albert Audias, dont le paysage correspond aux besoins de loisirs de cette époque : une immense pelouse circulaire (400m de diamètre), 50ha de bois, des grandes clairières, un théâtre de verdure, un restaurant, un parc pour enfants, un club hippique…on peut se promener dans les larges avenues carrossables, pique-niquer dans les prairies, jouer sur les pelouses.

Du fait de multiples changements de programme et aléas, il aura fallu 20 ans (1950-1970) au paysagiste pour concevoir et faire réaliser cette première tranche de 150 ha qu’il faut replacer dans son contexte. Initialement, pour beaucoup, le parc devait être un duplicata dans l’esprit des bois de Boulogne et de Vincennes. Il est donc compréhensible que le concepteur se soit appuyé sur le modèle « Napoléon III » pour dessiner son projet. Avec, il est vrai, des moyens (et possibilités créatives) bien inférieurs à ceux du Second Empire. A savoir que le site plat devait être maintenu tel quel et que le recours aux eaux était alors techniquement impossible. En s’appuyant uniquement sur les pleins et les vides des boisements et des coulées vertes, le paysage a répondu au programme qui lui était imposé. Le squelette du bois qui s’organise autour d’un axe d’entrée voulu magistral

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et le « grand rond », qui est avant tout un tracé radiant de circulations très haussmanniennes avec voies, trottoirs, plantations d’alignement, éclairage. Cette structure a été conçue en fonction de la circulation des voitures qui aurait pu rentrer dans le parc. Cette approche à la conception a déterminé une échelle bien différente par rapport à celle des tranches conçues par Samel et Provost ; alors que la partie Audias c’est « un bois traversable en voiture », la partie de Samel et Provost est plutôt vouée à « une promenade piétonne bucolique et tranquille »4.

Plantés dans les sols d’origine, les arbres du bois arrivent aujourd’hui à maturité et donnent leur plein effet. Il faut souligner ici que les sols en place sont une matière première inestimable. En effet, dans la réalisation des tranches plus récentes, l’avantage de l’autofinancement partiel du parc par l’apport de remblai a une contrepartie : la pousse des végétaux y est parfois moins vigoureuse qu’escomptée. Leur décapage, stockage, remise en place affaiblit considérablement les qualités physico-chimiques de la terre végétale.

La promenade dans la partie Audias alterne de grands espaces ombragés sous le bois et lumineux sur les vastes pelouses. Un Théâtre de plein air est caché au

4Entretien du 28/11/2011.avec le paysagiste Gilbert Samel.

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sein des boisements, contre l’allée circulaire. Niché au creux d’une butte abondamment plantée, cet espace est aujourd’hui délaissé du grand public et géré avec un entretien minimal pour empêcher l’enfrichement.

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ANNEXE 2Le Théâtre de Verdure

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1

Le Théâtre de Verdure

Un relief qui fait théâtre

-

2

1

2

3

1Rapport du paysagiste Albert Audias concernant le théâtre de verdure à la préfecture de la Seine St Denis, 15/12/1976, Archives Départementales de la Seine-Saint-Denis. 2Charles.A.d’Aviler, Explication des termes d’architecture, Paris, Mariette, 1710. Réédition de l’édition originale publiée à Paris, Langlois, 1691. ; Pierre Boitard, Manuel de l’Architecture des jardins et l’Art de les composer et de les décorer, Paris, 1854, (1ère édition 1834), p79. 3Marie-Hélène Bénetière, Jardin-vocabulaire typologique et technique, Editions du Patrimoine, 1999, p194.

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3

Chronologie4

-

4 Tous les données suivants ont été fournies par les archives départementales de la Seine-Saint-Denis.

4

5

-

-

-

5 5Rapport du paysagiste Albert Audias concernant le théâtre de verdure à la préfecture de la Seine St Denis, 15/12/1976, Archives Départementales de la Seine-Saint-Denis.

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5

6

Utilisation

- -

Fête de l’humanité : cinéma, site de tir de feux d’artifice (1972,73, 74, 75,76)

Championnats de France de Pétanque. (1976,77,78,81)

Gala de chanson folk française (1978) Festival de Chansons Maghrebines (1979) « jeanne au boucher » par P. Claudel & A.

Honegger, spectacle organisé par la ville de La Courneuve (1978)

Spectacle de solidarité au profit des enfants Roumains (1977) organisé par les Pionniers de France.

Théâtre de marionnettes (1979)

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7

Rassemblements du Mouvement Cœurs Vaillants et Ames Vaillantes – Action Catholique des Enfants (1976,77, 80, 81, 33)

Fête du Conseil General de la Seine-Saint-Denis (1983)

Arrivé du « Marathon à reculons » (1985)

Fréquentation aujourd’hui

8

Etat actuel et Entretien

A la fin des années ’80, quand la pérennité de la partie supérieure des gradins était déjà compromise pour des raisons de stabilité, le service du parc a mis en place un système de séparation en bandages de tôle

(palissade poteaux acier + remplissage bacs acier nervurés), cela afin de pouvoir continuer à utiliser la partie basse.

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9

-

6

6Entretien du 7/10/2011 avec Benoit Pinsseau, chef du service du Parc. 10

Concept : le cœur délaissé d’un parc aménagé

Aujourd’hui, ni les gestionnaires, ni les employés, ni les usagers du parc n’entretiennent de réelles relations (de gestion active, d’aménagement, de loisir,…) avec le Théâtre. En effet, ses portails cadenassés, ses clôtures et le traitement (ou plutôt l'absence de traitement) de ses abords font oublier que le Théâtre est au centre du Parc, place avantageuse en terme d'usages.

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ANNEXE 3Faune & Flore

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1

Faune & Flore de la partie dessinée par Audias

HABITANTS CACHES ET MANIFESTES

Pas loin du Théâtre, vers la maison du Parc, on a l’un des sites principaux de nidification du hibou moyen-duc, rapace nocturne rare aux portes de Paris.

Dans la butte entre le grand rond et les loges du théâtre, pendant une visite effectuée en septembre, j’ai découvert des terriers à blaireaux. Même si la forme des trous d’accès est assez typique, cela reste une hypothèse jusqu’à la découverte d’empreintes ou de crottes… Ou des animaux eux-mêmes.

La totalité du Parc est envahie par une nombreuse population de lapins, pas du tout timide. On les remarque plutôt dans les parties du Parc nommées les hautes terres, la vallée, le vallon, mais les gradins du Théâtre sont aussi un très bon terrain de chasse…

2

LES PRAIRIES

Dans les grandes parcelles de gazon qui sont entrecoupées par des boisements de surface plus ou moins importante, on trouve deux types de végétation :

Végétation associée aux espaces enherbés tondus régulièrement : Plantago major, Festuca arundinacea, Agrostis capillaris, Poa annua, Lolium perenne, Dactylis glomerata, Cerastium fontanum, Medicago lupulina, Crepis capillaris, Geranium molle, Geranium pusillum, Taraxacum officinale, Bellis perennis, Trifolium repens, Trifolium fragiferum, Veronica arvensis, Convolvolus arvensis.

Végétation compagne des cultures sarclées, qui se trouve au pieds des arbres, dans les parties plus rases et abimées du gazon : Papaver rhoeas, Matricaria recutita, Picris hieracioides, Cirsium arvense, Polygonum aviculare, Anagallis arvensis, Fallopia convolvolus, Reseda Lutea, Chenopodium album, Rumes obtusiflius, Conyza sumatrensis, Picris echioides, Lepidium squamatum, Lamium purpureum, Lamium amplexicaule.

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3

LES BOISEMENTS

Dans les espaces boisés de cette partie on trouve principalement une végétation de bois et broussailles anthropiques liée aux sols fortement nitratés :

Strate arborescente : Feuillus : Acer platanoides, Acer pseudoplatanus, Acer schwedleri, Acer campestre, Fagus sylvatica, Fraxinus excelsior, Carpinus betulus, Ostrya carpinifolia, Juglans nigra, Quercus rubra, Quercus robur, Liquidambar styraciflua, Celtis australis, Paulownia tomentosa, Ginkgo biloba, Aesculus hippocastanum, Betula alba, Betula verrucosa, Platanus spp., Populus spp., Robinia spp., Sophora japonica, Tilia tomentosa, Tilia platyphyllos, Pterocarya fraxinifolia, Prunus pissardi, Sorbus aucuparia, Salix babylonica, Ailanthus altissima,Morus alba .

Conifères : Abies grandis, Abies pinsapo, Abies douglasii, Abies pectinata, Pinus laricio, Pinus excelsa, Pinus austriaca, Picea excelsa, Picea pungens, Cedrus libani, Cedrus atlantica, Cedrus deodara, Sequoia gigantea.

Strate arbustive : Bryonia dioica, Rubus fruticosus, Sambucus nigra, Mahonia aquifolium, Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Laburnum anagyroides, Cornus sanguinea.

4

Sous-bois : Glechoma hederacea, Hedera helix, Anthriscus sylvestris, Chaerophyllum temulum, Epipactis helleborine, Cirsium arvense, Alliaria petiolata, Geranium robertianum, Geranium molle, Geranium rotundifolium, Geum urbanum, Rubus caesius, Ranunculus ficaria, Ribes rubrum.

« A noter la présence, dans la partie boisée qui surplombe l’ancien amphithéâtre, d’espèces liées à des milieux plus humides, comme l’atteste la présence de Juncus effusus, Scrophularia auriculata. » … « Floristiquement pauvre, les espaces boisés ont encore besoin de temps pour permettre l’installation d’une flore variée. Les éclaircies réalisées permettant une évolution favorable de ces bosquets encore sombres par endroit1. »

1 Extraits de « L’atlas de la flore de la Seine St Denis », Filoche Sébastien, Conservatoire botanique national du bassin Parisien, 2004

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5

Végétation des gradins

Les dalles des gradins sont revêtues d’une flore variée à caractère rudéral. On remarque bien sûr des mousses et des lichens, des fougères (Asplenium ruta-muraria, Asplenium trichomanes), des herbacées (Geum urbanum, Fragaria vesca, Cirsium arvense, Epilobium hirsutum, Epilobium parviflorum, Epilobium tetragonum, Galium spp., Geranium robertianum) et des ligneux (Fraxinus excelsior, Acer platanoides, Acer pseudoplatanus, Sambucus nigra, Buddleja davidii, Clematis vitalba).

6

La partie est des gradins est beaucoup plus envahie que celle à l’ouest. Cela est sans doute dû au fait que dans le côté est les gradins sont plus dégradés et bénéficient d’une épaisseur de sol plus importante. Ici les samares des érables aux bords du Théâtre trouvent un milieu favorable pour germer et se développer en tiges jusqu’à 2m.

A remarquer aussi la végétation de la butte au nord de la scène (où on trouve les supposés terriers à blaireaux), qui présente plusieurs arbres morts (laissés en place) et malades (il s’agit surtout de Laburnum anagryoides).

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7

Concept : le développement par superposition

Pendant les vingt dernières années, les gradins ont été colonisés par une végétation variée. Les zones humides, abritées, ou ensoleillées de l’architecture constituent des biotopes singuliers. La flore s’y est donc développée de manière spécifique, profitant du peu de sol disponible et se faufilant dans les fissures du revêtement de béton. En effet, le sol naturel demeure en grande partie inaccessible. On peut donc parler d’une dynamique de superposition : la décomposition de la végétation (largement représentée par des plantes annuelles) participe à l’enrichissement de la couche de substrat, qui s’épaissit au fur et à mesure des années. Ce processus favorise une évolution vers un enfrichement plus dense.

Ce processus a été ralenti par l’ « entretien minimal » du Théâtre. On en voit l’évolution et on peut imaginer que les gradins, au fur et à mesure que les dalles s’émietteront, seront colonisés par une couche végétale de plus en plus diffuse et diversifiée. Cette dynamique végétale, directement proportionnelle à la désagrégation des gradins, mérite de pouvoir être observée au fil du temps.

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Dans le processus évolutif du paysage anthropisé le délaissé apparait comme un temps mort de l’occupation du sol, susceptible de recevoir bientôt une affectation rentable.

Dans le processus évolutif biologique, le délaissé apparait comme un temps plein de l’activité du vivant, susceptible de générer un jardin, une forêt, une promenade, une réserve biologique ou tout cela à la fois. 2

Gilles Clément

2 Gill Clément, La foret des délaissées, p.16, L’atelier – 2000

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Dans le processus évolutif du paysage anthropisé le délaissé apparait comme un temps mort de l’occupation du sol, susceptible de recevoir bientôt une affectation rentable.

Dans le processus évolutif biologique, le délaissé apparait comme un temps plein de l’activité du vivant, susceptible de générer un jardin, une forêt, une promenade, une réserve biologique ou tout cela à la fois. 2

Gilles Clément

2 Gill Clément, La foret des délaissées, p.16, L’atelier – 2000

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ANNEXE 4Ondes sonores

GIORGI Giulio

Certificat d’Etudes Supérieures PaysagèresAnnée 2010/2011Versailles, Ecole Nationale Supérieure du Paysage

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1

Ondes sonores

Maintenant je ne vais plus qu’écouter…

J’entends les sons qui se côtoient, se combinent, se mêlent ou se suivent,

Les sons de la ville, et les autres, les sons du jour et de la nuit…

Walt Whitman, « Chant de moi-même »1

A l’abri des bruits de la ville ?

Si l’on considère les bruits reconnus comme plus gênants en ville (transports, chantiers, usines..), l’écrin du Théâtre de Verdure est sûrement l’un des lieux les plus à l’abri du parc ; cela grâce à son hémicycle en remblais, et les arbres, qui à la fois protègent et absorbent les bruits routiers et ferroviaires.

1 Dans « Le paysage sonore », p18, R. Murray Schafer, Musique et Musiciens, 1979.

2

Parce qu’il est situé dans la partie sud du parc, le Théâtre est aussi moins exposé aux bruits aériens, tandis que dans les « hautes terres » l’espace est régulièrement secoué par les bruits de décollage et atterrissage des avions à l’aéroport du Bourget. Dans l’image suivante le Théâtre du parc semble peu confronté aux zones d’influences sonores de l’aérodrome du Bourget sur le Parc Georges-Valbon2.

Au cœur du Théâtre, on entend tout de même le bruit de fond continu, dérivant des véhicules qui roulent tout

2 Source : http://www.seine-saint-denis.fr/ - section Cartes Interactives > Carte du Bruit.

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3

autour du parc. Une masse sonore grise d’où seuls certains signes acoustiques peuvent émerger3.

Les trafic du Parc

Le parc génère aussi ses propres bruits urbain: la route reliant le centre technique à la maison du parc est marquée par le va-et-vient des services techniques; leurs scooters, voitures et camionnettes forment en quelque sorte l’une des signatures sonores de ce chemin.

3 Pierre Marietan, « Musicalisation d’espaces publics », article à p. 16-19 de P+A Paysage et Aménagement, Mars 1986, éditée par l'Association promotion du paysage et publiée par le Groupe J

4

Le mythe de l’acoustique

Ce théâtre à « l’antique » est pourvu d’une acoustique parfaite. Son proscenium vaste, permet de recevoir un orchestre de grande formation. La scène et ses dégagements exceptionnels offrent toutes possibilités scéniques allant du spectacle d’opéra à celui des comédies musicales à grand spectacle4.

Il y a effectivement ce mythe, partagé, entretenu par les connaisseurs et défendeurs du site…. mais sont-ils pour autant les plus fins mélomanes ?! A vrai dire, l’acoustique du Théâtre n’est pas du tout remarquable comme celle des théâtres grecs où l’on peut entendre le moindre bruit produit sur scène. Le dénivelé total et la pente des gradins ne sont pas suffisants pour garantir une réverbération optimale. Ce qui en revanche constitue un élément structurel important dans l’acoustique du lieu, ce sont les murs « en fronton de pelote basque », grâce auxquels les sons produits sur scène peuvent mieux rebondir vers les gradins5.

4 Rapport relatif à l’utilisation de Théâtre de Verdure du Parc Départemental de la Courneuve par Suzanne Sorano, service culturel sous-préfecture de Raincy, 17 février 1982. Archives départementales de la Seine-Saint-Denis. 5 Entretien avec Hervé Herrero, technicien du son pour Château de Versailles Spectacles.

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5

Concept : l’enjeu des limites sonores

Créer pour l’œil sans autre préoccupation sensorielle ne débouche que sur une image visuelle laissant à l’abandon l’aspect sonore du construit. Le Parc de Versailles en est un exemple frappant, où toute voix semble engloutie dans des dimensions acoustiques hors de propos. Ce qui n’empêche pas d’observer la « grandeur » du Parc, réduite dans toute sa surface, envahie par le bruit grave, continu, incessant des routes tout autour. Concevoir un parc maintenant, ce sera prendre en compte ses limites sonores permanentes, jouer avec le recouvrement d’échelles inévitable : ce que l’oreille entend peut-être hors du regard et ce que l’œil voit peut-être hors de l’écoute.

P. Marrietan6

6 « Musicalisation d’espaces publics », article à p. 16-19 de P+A Paysage et Aménagement, Mars 1986, éditée par l'Association promotion du paysage et publiée par le Groupe J

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ANNEXE 5Théâtre-Paysage

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1

Le paysage comme théâtre

Lorsque nous parlons des “décors de notre enfance” (scenes of our childhood) ou que, paraphrasant Pope, nous décrivons le monde comme la “scène de l’homme”, nous utilisons le mot scène dans un sens apparemment littéral, qui désignerait l’endroit, le lieu où quelque chose se produit. Il nous vient rarement à l’esprit que nous utilisons en fait, par métaphore, un mot emprunté au théâtre. A l’origine en effet, le mot scène désignait les tréteaux, comme il le fait toujours en français, et lorsqu’il commença à se répandre dans le langage quotidien, ce sens d’origine était toujours présent dans les esprits : nous sous-entendions que le monde était un théâtre où nous étions à la fois acteurs et spectateurs. (…) La métaphore empruntée au théâtre ne semble pas s’être répandue dans l’usage courant avant le XVIème siècle, c’est-à-dire à une époque relativement tardive. Sa formulation supposait trois conditions : le développement de la production théâtrale comme un art formel, avec ses règles, ses conventions et son cadre propres ; la conviction commune que la relation entre les gens et leur environnement pouvait être assez savamment maîtrisée et modelée pour rendre la comparaison pertinente, mais aussi, et surtout, cette

2

métaphore supposait que les gens soient capables de s’imaginer au centre de la scène. 1

J.B. Jackson

Le paysage est donc comme un théâtre, où individus et sociétés jouent leurs propres rôles, où ils accomplissent leurs haut-faits, quotidiens ou extraordinaires, évoluant dans le temps selon la pièce, la mise en scène, le décor. La conception du paysage comme théâtre implique que l’individu et la société ont un double rôle vis-à-vis du territoire qu’ils habitent : en tant qu’acteurs transformant, dans un sens écologique, la nature ou le milieu de vie en y imprimant leur marque ; et en tant que spectateurs, sachant regarder et comprendre le sens de leurs actions sur le milieu. 2

Goffman Erving

Un peintre peint un tableau, un poète écrit une poésie, un peuple entier crée son propre paysage: réservoir profond de sa culture, empreinte de son esprit. 3

Martin Schwind

Le paysage devient donc l’interface entre vivre et se regarder vivre. C’est seulement en s’observant, en étant spectateur de ses propres actions, que l’homme peut

1 John Brinckerhoff Jackson, De la nécessité des ruines et autres sujets, p. 109-110, Editions du Linteau, 2005. Texte original: The necessity of ruins and other topics, J.B. Jackson – the university of Massachusetts press Amherst, 1980 2 Goffman Erving, La mise en scène de la vie quotidienne, Les Editions de Minuit, 1973. 3 Martin.Schwind, Senso ed esperienza del paesaggio (1950), tr.it. di A.Iadicicco, Tellus, VI (14, 1995), pp.10-11, p.10. Citation traduite par l’auteur.

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3

atteindre la conscience de son agir. L’observation large de l’espace autour duquel on demeure devient donc le ressort originel de toutes cultures, le landscape se fait à la fois moule et moulage du innerscape4.

La métaphore théâtrale était la plus efficace de celles que l’homme pouvait alors mobiliser pour envisager son espace comme une œuvre d’art et établir ainsi sa propre identité...1

J. B. Jackson

4 Innerscape, néologisme anglais pour “paysage interieur”.

4

Le théâtre comme paysage

Non c’è paesaggio senza teatro. 5 M. Venturi Ferriolo

In a natural setting, one can sit on such a slope in order to watch a sunset over water, for example. But it is not particularly comfortable, and one tends to get up and leave when the scenic phenomenon is over. In some places, the trampling of animals in a particular geological context has transformed a slope into a row of steps. There one can sit a bit more comfortably and remain sitting perhaps even after the sun has gone down. One could imagine that the Greek theater, built two to three thousand years ago, was a formalization of such a natural situation. 6

Carl Theodor Sørensen

Si la métaphore du paysage comme théâtre nous parle du rôle de l’homme et de sa prise de conscience vis-à-vis de l’environnement, l’idée du théâtre comme paysage est d’ordre plus esthétique : quelle est la relation entre la forme du théâtre et le milieu physique dans lequel on a

5 Marco Venturi. Ferriolo, p. 15, Percepire paesaggi, 2009, Bollati Boringhieri. 6 Sven Ingvar Andersson, Steen Høyer, Carl Theodor Sørensen: Landscape modernist, 2001, The Danish architecture press.

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5

commencé à concevoir cet espace, quel rôle ont le regard et le corps de l’homme dans la mise au point de cette construction ? L’histoire et l’étymologie donnent comme toujours des pistes pour commencer à répondre à ces questions.

Théâtre : lieu destiné aux spectacles, venu du grec ancien Θέατρον : « lieu où l'on regarde », dérivé du groupe de mots signifiant regarder, s’étonner, connaitre :

thàsasthai = contempler, regarder comme spectateur ;

théa = la vue ;

theàomai = je regarde –considère ;

theatès = spectateur ;

thàyma = admiration – merveille.

La forme du théâtre

Dans la Grèce antique, Dionysos est le seul dieu en l’honneur duquel on ne dresse pas de temple : son culte est donc célébré en plein air, par des pratiquants vêtus à son image. Pas non plus d’ecclésiastiques pour mener les cérémonies, les fidèles sont eux-mêmes acteurs de ces fêtes. Admettons que, pour canaliser l’orgie dionysiaque la société va d’abord en faire dans les bourgs, un « chaos

6

tournoyant ». Ce culte rural prendra, en moins de 200 ans, la forme du théâtre. Et cette forme, reprise par les villes, deviendra la façon quasi générale de célébrer le dieu.

Le lieu : on choisit une colline en forme de coquille Saint-Jacques. On dispose des bancs de bois en amphithéâtre face à un podium tout en longueur. Sur ce podium, une baraque (servant de coulisses) percée de trois portes pour l’entrée des acteurs. Entre amphithéâtre et podium : la piste du cœur. 7

A. Degaine

With the immutable demand derived from the human body, the steps [of the Greek theater] were about forty centimeters high. The thread of each step was 120 cm deep, for there had to be space for oneself and for the feet of the person sitting behind. The turning in of the steps towards the middle where the play takes place forms a part of a circle. The fact that, combined, these conditions contribute to good acoustics may have strengthened the Greek philosopher’s belief that the sacred unity of creation was revealed in geometry (…) not all people connect the amphitheater with Sophocles, and only a few classical philologists consider that one of the best preserved ancient theaters lies in Dodona where the oracle translated the sighs of the wind in a holy oak tree. But the atmosphere is there. 8

Carl Theodor Sørensen 7 André Degaine Le théâtre raconté aux jeunes, 2006, librairie Nizet 8 Sven Ingvar Andersson, Steen Høyer, Carl Theodor Sørensen: Landscape modernist, 2001, The Danish architecture press.

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7

Concept : mythe et magie du théâtre-paysage On pourrait supposer que cette reconnaissance de l’environnement et de son rôle dans la définition de l’identité humaine procédait d’une curiosité scientifique envers la nature. Cela ne semble pourtant pas avoir été le cas. Aussi beau qu’il parut, le monde de la nature n’en était pas moins vu essentiellement comme un arrière-plan, royaume du mythe et de la magie1.

J. B. Jackson

We are such stuff As dreams are made on9

Wiliam Shakespeare

Le théâtre-lieu accueille le théâtre-représentation, mélange savant entre images et sons. Les images conduisent dans le monde de l’illusion, les sons dans l’évocation, dans le surnaturel. Illusion et surnaturel forment ainsi l’atmosphère de magie qui caractérisait le théâtre à l’époque de Shakespeare, à laquelle Jackson se réfère. Cette atmosphère est essentielle pour le dépaysement du spectateur, en lui permettant de rentrer dans la narration sans poser des questions d’ordre rationnel, sans offrir de résistance.

9 William Shakespeare, The tempest, acte 4.scène 1, 148-158.

8

C’est donc une autre qualité propre au théâtre-paysage, où la composante fantastique se marie avec celle architecturale (Sørensen) et celle politique (Jacksons). Le résultat est un imaginaire défini, dans lequel on va nécessairement puiser pour le projet du Théâtre de Verdure.

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ANNEXE 6Ruines Nouvelles

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1

Un archétype du Tiers-paysage

L’attrait des ruines

Nous admirons et nous efforçons de collectionner des choses non pas tant pour leur beauté ou leur valeur intrinsèque que pour leur association à telle ou telle phase de notre passé1.

J. B. Jackson

Les ruines m’ennuient. Et quand elles m’intéressent, c’est pour être non ruines, mais des formes ou des figures intéressantes, quoique ruines. Qu’on laisse donc périr les colonnes en paix2.

Paul Valery

1 John Brinckerhoff Jackson, De la nécessité des ruines et autres sujets, p. 140, Editions du Linteau, 2005 2 Paul Valery, Notes Personnelles, 1937- dans La mémoire des ruines, Claude de Montclos, éditions mengès, paris 1992.

2

Pourquoi le Théâtre de Verdure du Parc Georges-Valbon est-il encore en place, après à peine 10 ans d’utilisation suivis par 30 ans d’oubli ?

De quel type de sommeil dort-il, considérant qu’il est entretenu pour rester en place mais pas pour être utilisé ?

Voilà deux des questions qui surgissent lorsqu’on s’intéresse à la forme et à l’histoire de ce lieu. La similitude avec une construction en ruine est évidente, mais qu’est-ce qui caractérise cet état, et quelles réflexions nous offre-t-il sur la façon de voir le paysage aujourd’hui ?

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3

Ruines nouvelles

Quand les volontés humaines n’arrivent pas toujours à prendre corps, apparaissent de multiples et parfois d’infimes accidents qui perturbent l’ordonnance de l’artifice. Fissures, érosion, dislocations, autant de phénomènes chimiques ou physiques qui laissent la possibilité à l’involontaire d’advenir. Manifestation de vie végétale, des graines arrivées ici on ne sait comment se mettent à germer, un animal trouve ici tout à coup un abri…

Au vu de son état de dégradation actuel le Théâtre de Verdure peut être identifié à une ruine, mais c’est une ruine toute particulière. Il ne s’agit pas de ruines appropriées par la nature, image que l’on retrouve dans l’idéal romantique, ni de ruines de ville (comme le colisée à Rome) ni de fouilles archéologiques aménagées pour être mises en scène. On pourrait plutôt les définir comme ruines nouvelles, parce qu’elles sont à la fois oubliées et sauvegardées. Leur identité est paradoxale.

Malgré leur nature intermédiaire ces ruines nouvelles se rapprochent plus des ruines de ville que des ruines romantiques. Elles sont entretenues de façon minimale pour faire face aux facultés qu’a le Temps d’abimer, de modeler, et de façonner la matière morte en la rendant

4

vivante. Elles sont donc partiellement aménagées, gardées propres, créant ainsi l’illusion d’un abandon, d’une léthargie mise en scène.

En ce qui concerne plus spécifiquement le Théâtre de Verdure, son état de ruine n’est pas suffisamment mis en scène pour être enregistré de façon volontaire dans la mémoire collective. En revanche, cette dernière se les approprie comme des lieux interdits renvoyant à un plaisir de l’illicite.

Le site du Théâtre est donc endormi…et cette condition porte la beauté du sommeil. Faut-il le réveiller ? Si oui, quel réveil, quels soins ?

Page 42: Le théâtre de relief

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5

Dans le domaine du Tiers paysage

La définition de ruine nouvelle et l’identité paradoxale du Théâtre de verdure, le rapprochent du concept de Tiers paysage. Dans les deux cas un manque de décision amène à un état d’inertie pourtant pourvu de potentiels.

Suivent des extraits du Manifeste du Tiers Paysage par Gilles Clément3, à mettre en parallèle avec le site du Parc.

CARACTERE Les « délaissés » résultent de l'abandon d'une activité. Ils évoluent naturellement vers un paysage secondaire. Les paysages secondarisés sont hétérogènes et chaotiques.

STATUT (point 7) Fragment partagé d'une conscience collective.

RAPPORT A LA SOCIETE (points 5 12) -Le délaissement du Tiers paysage par l'institution coïncide avec :

un point de vue dévalorisant : friche, délaissé, décombre, décharge, terrain vague, etc.

un point de vue moralisant : lieux sacrés, lieux interdits.

3 Gilles Clément, Manifeste du Tiers Paysage,2004, téléchargeable de :http://www.gillesclement.com/fichiers/_tierspaypublications_92045_manifeste_du_tiers_paysage.pdf

6

-Le délaissement du Tiers paysage par l'institution ne modifie pas son devenir, il l'entretient. -Le délaissement du Tiers paysage par l'institution garantit le maintien et le déploiement de la diversité. -Le délaissement du Tiers paysage par l'institution ne signifie pas délaissement absolu. -L'usage non institutionnel du Tiers paysage fait partie des usages les plus anciens de l'espace. -Les raisons du délaissement tiennent au regard porté par l'institution sur une catégorie de son territoire:

exploitation impossible ou irrationnelle ; exploitation non rentable ; espace déstructuré, incommode, impraticable ; espace de rejet, de déchets, de marge ; espace d'insécurité ; espace non revendicable, privé d'espérance.

-Les raisons du saisissement tiennent au même regard :

L'espace est – t – il porteur de projet ? Le projet est – il rentable ? Peut – on espérer une croissance, un développement?

MANIFESTE Instruire l'esprit du non – faire comme on instruit celui du faire.

Considérer l'accroissement des espaces de Tiers paysage issus de l'aménagement comme le contre–point nécessaire à l'aménagement proprement dit .

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7

Concept : une architecture de l’immanence

Considérer ces évènements du quotidien comme un enrichissement matériel des structures humaines, accepter que ces dernières s’inscrivent à leur tour dans une réalité concrète et temporelle, voici l’enjeu d’une architecture de l’immanence ,(…) toucher les plantes, mais aussi marcher dessus. Partager le sol, offrir aux herbes la liberté de pousser entre les pavés…démonstration de la vie4

Philippe Rahm

4 Philippe Rahm, « L‘herbe, un manifeste », dans Architecture d’aujourd’hui n°317, juin 1998.

Page 44: Le théâtre de relief

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L’oreille est le sens préféré de l’attention, elle garde, en quelque sorte, lafrontière, du coté où la vue ne voit pas.

Paul Valéry, Analecton

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LE THEATRE DE RELIEF

Certificat d’Etudes Supérieures Paysagères // Année 2010/2011 // Versailles, Ecole Nationale Supérieure du Paysage // Encadrants : FAuCHEuR Véronique, POuzOL Marc.

GIORGI Giulio

LE PROJET

Page 46: Le théâtre de relief

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La relation espace-son-mouvement définit la forme du théâtre, on va ainsi tirer parti de ce triptyque pour faire du son la composante moteur du site, pour sortir ce lieu d’une léthargie qui dure désormais depuis 30 ans.

Réinsérer dans le tissu social du parc le site du théâtre de verdure, en le tissant avec la vie active des usagers tout en respectant l’imaginaire évoqué (et l’approche romantique de cette nouvelle-ruine).

Le projet repose sur la conception d’une situation à l’entre-deux, qu’elle soit un lieu d’apprentissage, de démonstration, d’analyse, d’expérimentation en même temps qu’un lieu de jouissance auditive. Associer jouissance auditive et connaissance acoustique pour

Objectif Vision

redécouvrir le lieu et son contexte.

45

Page 47: Le théâtre de relief

47

LE PROJET: vue d’ensemble

Le projet se déroule sur trois ans et se développe à partir d’une double approche :

L’ éveil de l’imaginaire et le réveil par la transformation spatiale.

La première concerne le travail sonore sur le site. Cela pour chercher à définir ce que l’œil ne peut signifier, l’oreille l’exprimant déjà : on valorise donc le domaine

acoustique du Parc en faisant du bruit (nuisant ou pas) une matière sonore.

Le deuxième concerne plutôt les actions physiques sur le site pour pouvoir pratiquer l’espace.

de l’imaginaire par la transformation spatiale

cueillette de sons chantiers

Parcours Sonores

Promenades Sonores

Concerts du Réveil

I

I I

I I I

L’ éveil Le réveil

Toute l’année

sept.-oct. mai-aout

mai-jui l l .

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PROJET_Ière année

Cueillette de sons Chantiers

Tout public visitant le parc (classes, familles, individuels, aussi bien que les employés du parc) est invité au fil de l’année à participer à des ateliers de prises de sons.

Les ateliers visent à produire une collection de matériel sonore qui couvre les différentes saisons et les différents moments de la journée, organisant aussi des séances de nuit, au même moment que les promenades en nocturne (actuellement déjà dans le programme des activités du Parc).

Une partie de ces séances est concertée et organisée (écoles), l’autre est volontaire : les visiteurs sont invités à se munir d’enregistreur aux stands désignés (aux entrées, à la maison du Parc) et faire la «cueillette» pendant la visite. Tout enregistrement de sons naturels ou artificiels effectué dans les limites du parc est accepté. Chaque enregistrement est ensuite sauvegardé et classé selon date, auteur, lieu(x) et sujet(s)1.

1. Par exemple : bruits d’ animaux, du vent, d’eau, de transports, de chantiers, de voix et d’ activités humaines (jeux, sports, pique-nique, compétitions, dialogues, interviews), etc.

Les chantiers visent à mettre en état le Théâtre (rénovation, mise en place des structures1, aménagement des circulations piétonnes, jardinage) en fonction des activités de la deuxième année (parcours et promenades sonores). La ligne de conduite générale étant de travailler par superposition, en réduisant au minimum la modification de l’existant (par exemple on préserve la flore des gradins et l’état de dégradation des gradins).

Dans le cadre d’une approche participative, les activités avec les écoles sont organisées en « doubles séances » où on fait à la fois la cueillette des sons et du jardinage autour du Théâtre.

1. Voir p.49-53 pour le détail des structures.

Startup

Repérage des partenariat, mécénats et des organismes promoteurs, état des lieux, expertises. La communication et médiatisation du projet précèdent de 6 mois le début de la première année d’activités.

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49

PROJET_2ème année

Promenades sonores

Les sons enregistrés pendant la première année sont sélectionnés et géoréférenceés (pour une explication de ce système voir p. 54 et Glossaire p. 59) sur le site du Théâtre de Verdure et ses alentours.

Chaque visiteur est invité à retirer sur place un casque et un appareil/iPhone prêté pour capter les sons. Alternativement, le système de captation est également disponible via une application téléchargeable sur son propre iPhone.

En se promenant aux alentours du Théâtre le visiteur croise différentes zones de son, hacune exprimant un fragment de l’identité acoustique du Parc Georges Valbon. Chaque écoute, selon les lieux explorés, le moment dans la journée, le rythme et la durée de la promenade, est unique.

Parcours sonores

Les parcours sonores sont localisés à l’intérieur du Théâtre de Verdure où, en appliquant le même principe que les promenades sonores, une deuxième sélection de sons est géoréférencée selon une grille plus dense.

Ce recueil de sons est explorable grâce à un système modulaire de passerelles et escaliers installées sur les gradins (voir p. 54).

Les entrées sud du Théâtre sont mises en évidence avec cinq portails différents.

Le Théâtre de Verdure peut finalement être pratiqué par le public sans que sa structure originaire ne soit altérée.

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50

PROJET_3ème année

Concerts du Réveil

Des artistes emblématiques

de la scène musicale

contemporaine sont invités à créer des

compositions et donner des concerts utilisant :

•le matériel sonore accumulé pendant la première année

•les possibilités d’interactivité offertes par la géoréférencement des sons

Il s’agit d’événements musicaux sur mesure, médiatisés via radio/télé, et capables d’attirer sur place un public varié

entre connaisseurs de la musique et simples visiteurs du Parc.

Page 51: Le théâtre de relief

51

Détails_Structures1Les structures proposées sont conçues selon les 2 principes suivants :

Principe de la superposition, afin de pouvoir explorer l’espace du théâtre plutôt que le dominer, de pouvoir pratiquer en laissant le plus intact possible la nature-ruine du lieu

Principe de la modularité, pour permettre un système d’installation économique et adaptable aux exigences des différents évènements

Ces deux principes rejoignent la vision du projet (p. 44) dans le choix des éléments architectoniques et de leur symbolique : Portes, Escaliers et Passerelles.

Ci-dessous: scénario pour la IIème année du projet (Parcours Sonores). Vue d’ensemble vers le côté sud du Théâtre de Verdure.

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Détails_StructuresII

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Matériaux :

Structures tubulaires et caillebotis : acier galvanisé

Revêtement portes : tôle en aluminium laqué

Détails_StructuresIII

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Détails_StructuresIV

“Frapper à la porte” [vue de l’intérieur du Théâtre]

“Rester à la porte” [vue de l’extérieur du Théâtre]

“Portes ouvertes” Détai

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Détails_StructuresV

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Les 5 Portes

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Détails_Promenades Sonores«Un lieu de pratique musicale publique» :La conception de promenades et parcours sonores s’inscrit dans le domaine de la réalité augmentée via un dispositif technologique dédié à l’écoute, qui combine traitement informatique du signal sonore et technologies de géolocalisation. Ce dispositif offre aux artistes-programmateurs un nouveau mode de composition musicale adaptée et spatialisée pour un lieu donné, l’auditeur devenant le « chef d’orchestre » de cette composition lors de ses déambulations dans le site.

Le sons enregistrés pendant la première année de projet sont situés avec un système GPS dans les cases d’un damier virtuel qui couvre le site du Théâtre de Verdure et ses alentours.

Le système de captation de ces sons est aussi téléchargeable comme application pour iPhone, pour que les visiteurs puissent explorer l’univers sonore parallèle du Parc sans devoir louer un appareil capteur sur place.

Muni de casque et baladeur audio équipé d’un GPS, le visiteur, en se promenant dans le site rentre dans les différentes cases, captant ainsi les différents sons selon sa déambulation.

Théâtre de Verdure Damier de sons géolocalisésExemple d’itinéraire , ayant comme conclusion le parcours sonore sur les gradins .

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Détails_Parcours Sonores

Programmation du damier de sons géolocalisés[cases de 9m2]

Mise en place de l’accueil du public[structures et point d’accueil avec baladeurs GPS ou iPhones + casques]

Itinéraire sur les gradins[débutant au niveau des 5 Por tes en haut de l’hémicycle]

Chacun, en suivant le parcours se trouve à créer une partition unique par son trajet, le rythme de sa promenade et la permanence dans les cases de son.

Les séances de parcours sont de deux types :

• Perçues avec le casque, pour une expérience auditive intime

• Amplifiées dans l’enceinte du Théâtre pour que l’on puisse aussi regarder comment les autres promeneurs, avec leurs déplacements, créent la partition. Cela donne la possibilité de faire interagir plusieurs « parcoureurs » en donnant des partitions à plusieurs voix.

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Détails_Concer ts du Réveil

Les Concerts du Réveil se caractérisent donc par cette dimension interactive, où par exemple on peut faire parcourir les gradins à des personnes qui déclenchent des séries de sons. Les possibilités créatives offertes par ce lieu garantissent une forte interaction avec le public.

Le Théâtre de Verdure du Parc arrive ainsi à répondre aux exigences d’artistes et de musiciens dont le travail nécessite un lieu d’exception pour des création hors du cadre typique de la salle de concert.

Artistes, Compositeurs et Musiciens sont invités à concevoir des

évènements-concerts qui tirent parti des structures modulaires, de la

banque d’enregistrements créée pendant la première année et

du système de géolocalisation sonore déjà en place.

Il y a une inversion des espaces théâtraux : le sol

de l’avant-scène prend la fonction des gradins (places pour le public) et les gradins mêmes deviennent une deuxième scène.

Les artistes ont ainsi à leur disposition deux endroits

pour les représentations, avec la possibilité de créer un

pont entre les deux et impliquer d’avantage le public.

Les spectateurs de leur côte se trouvent dans une position insolite, où le charme

de « ruine nouvelle » des gradins est mis en scène.

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à suivre

Au terme des trois ans, il restera la possibilité de garder un éveil évènementiel et plastique du site, de continuer à organiser des ouvertures ponctuelles, qui puissent permettre au site de « sommeiller » tranquillement entre deux manifestations.

La gestion du site devra continuer à considérer son identité et son charme de ruine nouvelle.

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Note conclusive

Faire prendre conscience à chacun du phénomène acoustique dans sa dimension qualitative et esthétique, c’est aussi se donner les moyens d’une création socio-musicale. C’est d’une part allier le son créé à l’ambiance « naturelle » d’un lieu (intégrer la musique), c’est d’autre part assurer la continuité entre la production musicale de l’artiste et le jeu- jouissance des membres du corps social.

Françoise Kaltenback, Musicalisation d’espaces publics , P+A Mars 1996.

Ce travail n’ aurait pas été possible sans l’échange avec Marc Pouzol et Véronique Faucheur. Leurs avis et directions n’ont pas seulement fait évoluer mon approche de la conception, mais aussi mon goût pour la recherche et la découverte du plaisir de faire projet. J’emprunte donc en conclusion de ce travail une citation souvent mentionnée dans les écrits de l’atelier lebalto.

My work has always been in progress;finishing a dance has left me with the idea, often slim in the beginning, for the next one. In that way I do not think of each dance as an object, rather a short stop on the way.

Merce Cunnigham [choréographe] The Weekend Australian 20-21 January 2001: 18..

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La réalité augmentée désigne les systèmes informatiques qui rendent possible la superposition d'un modèle virtuel 3D ou 2D à la perception que nous avons naturellement de la réalité et ceci en temps réel. Elle s'applique aussi bien à la perception visuelle qu'aux perceptions proprioceptives comme les perceptions tactiles ou auditives. http://fr.wikipedia.org/wiki/réalité_augmenté Exemples d’applications de réalité augmentée : http://www.layar.com/

La géolocalisation ou géoréférencement est un procédé permettant de positionner un objet (une personne, etc) sur un plan ou une carte à l'aide de ses coordonnées géographiques.Cette opération est réalisée à l'aide d'un terminal capable d'être localisé (grâce à un système de positionnement par satellites (et un récepteur GPS par exemple) ou à d'autres techniques) et de publier (en temps réel ou de façon différée) ses coordonnées géographiques (latitude/longitude).

Voici une référence* :NUIT BLEUE 2009-2012CHLORURES | Pascal Rueff et Christophe Baratay Juillet, de 21h à 7h | Saline entière Promenade sonore ELEKTROPHONIE a initié en 2007, aux côtés de Pascal Rueff et Christophe Baratay, un programme de recherche s’inscrivant dans le domaine de la réalité augmentée : Pascal Rueff et Christophe Baratay ont développé Chimera System, un nouveau dispositif technologique dédié à l’écoute, qui combine traitement informatique du signal sonore et technologies de géolocalisation. Ce dispositif offre aux artistes un nouveau mode de composition musicale adaptée et spatialisée pour un lieu donné, l’auditeur devenant le « chef d’orchestre » de cette composition lors de ses déambulations dans ce lieu. Muni d’un baladeur audio équipé d’un GPS, le festivalier explore les univers poétiques d’une Saline parallèle. Enregistrée en binaural, cette fiction développe un monde sonore tridimensionnel proche de l’hallucination. Programmée par l’informaticien Christophe Baratay, Chlorures est une réalisation du poète sonore Pascal Rueff et de la musicienne Morgan Touzé.

*Réference donnée par Lionel Viard pendant la conférence du 10/12/2011 «Création musicale & Jardins» organisée par le Centre de Documentation de la Musique Contemporaine en partenariat avec la Mairie de Paris

Glossaire

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RéférencesProjets et écrits d’anciens étudiants disponibles au Centre de Documentation de l’ Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles :“Laisser émerger l’empreinte” , Anna Thomé, 2006, Travail Personnel de Fin d’Etudes. « Exercice sur la métamorphose » , Mathieu Labeille, 2009, Travail Personnel de Fin d’Etudes. « Le Parc de La Courneuve, la mesure humaine du paysage synthétique », Stephanie Vaillet, 1999, Mémoire du DEA en Jardins, Paysage et Territoires .

Documents disponibles aux Archives Départementales de la Seine-Saint-Denis :Mémoire du Parc Paysager de La Courneuve, Elisabeth Duval, 1972

Rapport du 2 septembre 1964 par Albert Audias au Prefet

Rapport relatif à l’utilisation de Théâtre de Verdure du Parc Départemental de la Courneuve, Suzanne Sorano, service culturel sous-préfecture de Raincy, 17 février 1982.

Rapport du paysagiste Albert Audias concernant le théâtre de verdure à la préfecture de la Seine St Denis, 15/12/1976

Publications : La Courneuve – Le Parc, Allain Provost, Stichting Kunstboek, 2005.

Architectures de bandes dessinées , Divers Auteurs, Institut Français d’Architecture, 1985.Histoire du théâtre dessinée, André Dégaine, Nizet, 2000.

Stadtgruen Annette Becker & Peter Cachola Schmal, Birkhauser, 2010.Paysage Loisir, Jacques Simon.

Manifeste du Tiers Paysage, Gilles Clément, 2004, téléchargeable de :http://www.gillesclement.com/fichiers/_tierspaypublications_92045_manifeste_du_tiers_paysage.pdf

La foret des délaissées, Gilles Clément, L’atelier, 2000

« L’atlas de la flore de la Seine St Denis, Filoche Sébastien, Conservatoire botanique national du bassin Parisien, 2004

Le paysage sonore, R. Murray Schafer, Musique et Musiciens, 1979.

Musicalisation d’espaces publics, Pierre Marietan, P+A Paysage et Aménagement, Mars 1986, éditée par l’Association promotion du paysage et publiée par le Groupe J.

De la nécessité des ruines et autres sujets, John Brinckerhoff Jackson, p. 140, Editions du Linteau, 2005

La mémoire des ruines, Claude de Montclos, éditions mengès, paris 1992.

« L‘herbe, un manifeste », Philippe Rahm, dans Architecture d’aujourd’hui n°317, juin 1998.

La mise en scène de la vie quotidienne, Goffman Erving, Les Editions de Minuit, 1973.

Senso ed esperienza del paesaggio, Martin.Schwind, tr.it. di A.Iadicicco, Tellus, VI (14, 1995).

Percepire paesaggi, Marco Venturi. Ferriolo, Bollati Boringhieri, 2009.

Carl Theodor Sørensen: Landscape modernist, Sven Ingvar Andersson, Steen Høyer, The Danish architecture press, 2001.

Le théâtre raconté aux jeunes, André Degaine, librairie Nizet, 2006.

The tempest, William Shakespeare, acte 4.scène 1, 148-158.

Explication des termes d’architecture, Charles.A.d’Aviler, Paris, Mariette, 1710. Réédition de l’édition originale publiée à Paris, Langlois, 1691. ; Pierre Boitard, Manuel de l’Architecture des jardins et l’Art de les composer et de les décorer, Paris, 1854.

Jardin-vocabulaire typologique et technique, Marie-Hélène Bénetière, Editions du Patrimoine, 1999.

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Remerciements

La famille : Mamma, Papà, Davide, Valeria, Jacopo, Matteo ; LeBalto : Marc & Véronique ; à suivre en ordre alphabétique :

Arnaud Sallé, Benoit Pinsseau, Camille Courtecuisse, Carole Thévenet, Catherine Chomarat, Claire Debrat, Corentin Anglade, Emeline

Brossard, Estelle Ollivier, Gigi Romano, Gilbert Samel, Giulia Prada, Héloïse Chaigne, Hervé Herrero, Jaques Rémus, Joséphine Billey,

Karin Samson, Laura Medina, Laura Roubinet, Laure Guilleminot, Lionel Viard, Lucas Delafosse, Manuela Canghiari, Marc Rumerlhart,

Margaux Vigne, Marie Trotta, Marion Guenzer, Mathieu Blervacq, Maxime Aubinet, Nolwenn Marchand, Olivier Gonin, Olivier Jacques,

Paule Pointereau, Pauline Maraninchi, Pierre Ollivier, Pietro Sternai, Roberta Zucchetti, Soeren Kudsk-Iversen, Stephanie Buttier,

Suria Gessner, Sylvie Martelet, Thibaut Guezais, Thomas Orssaud, Véra Gastal, Véronique Fernandez.