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ד" בסLa Torah : le filtre du bien et du mal (Par Rav Nathan Mrejen) Tout quitter pour se réaliser pleinement (Par Rav Gabriel Haccoun) Parashat Lekh Lekha : L’Unité brisée (Par Dan Dvach) Peut-on changer le mazal ? (Par Yossef Aflalo) Yaacov, Israël et le rapport au chiffre 26 (Par Rav Ariel Bijaoui) Dieu avant tout ! (Par Rav Yonatan Chocron) Peut-on laver la vaisselle pendant Chabbat ? (Par Rav David Sitbon) LEKH LEKHA Espace Torah remercie Léa Marciano pour son dévouement et son professionalisme

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בס"ד

La Torah : le filtre du bien et du mal (Par Rav Nathan Mrejen)

Tout quitter pour se réaliser pleinement (Par Rav Gabriel Haccoun)

Parashat Lekh Lekha : L’Unité brisée (Par Dan Dvach)

Peut-on changer le mazal ? (Par Yossef Aflalo)

Yaacov, Israël et le rapport au chiffre 26 (Par Rav Ariel Bijaoui)

Dieu avant tout !(Par Rav Yonatan Chocron)

Peut-on laver la vaisselle pendant Chabbat ? (Par Rav David Sitbon)

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Espace Torah remercie Léa Marciano pour son dévouement et son professionalisme

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Croire en D.ieu, ce n’est pas croire qu’il y a un D.ieu. Avraham Avinou le savait

déjà. Ce qu’il a réalisé pendant trente sept ans, ce n’est pas que D.ieu a créé l’homme et le monde mais qu’Il est également présent à chaque instant. C’est cette notion qui est difficile à croire. On appelle cela en hébreu la « Hachgaha Pratit ». D.ieu est à chaque instant à côté de nous. Là est la difficulté dans la foi. Imaginer ce principe est difficile.

J’étais avec un élève et il avait un GPS. Le GPS lui dit de tourner à droite. Je lui ai dit de continuer tout droit. Il a continué tout droit et le GPS l’a repéré. C’est comme ça un peu avec HaKadoch Barouch Hou. Il sait exactement tout ce que vous faîtes. C’est ce qu’Avraham Avinou a réalisé pendant trente sept ans. D.ieu dit à Avraham Avinou : « Maintenant que tu as réalisé que c’est Moi qui ait créé le monde et que c’est Moi qui dirige le monde à chaque instant, tu vas quitter toute ta famille et tu vas aller vers toi-même. » Le but de chaque homme est d’aller vers lui-même, de ne plus être étranger à lui-même. On est tous un peu étrangers à nous-mêmes. On doit sortir de cette étrangéité et revenir vers nous même. C'est-à-dire qu’il faut devenir ce qu’on est nous –même.

HaKadoch Barouch Hou nous a donné des forces, des qualités et des défauts. Si on réalise le rôle pour lequel on est venu sur terre, alors on a un plaisir.Comment Avraham Avinou a-t-il fait pour revenir à lui-même ? Il s’est mis à apprendre la Torah, toute la Torah. Comment a-t-il appris cette Torah ?Dans les Pirkei de Rabbi Nathan, le texte dit qu’Avraham Avinou a pris ses reins et en a fait des rabbanim et il a appris la Torah de ces rabbanim. Quel rapport entre les reins et les rabbanim ? En quoi les reins peuvent m’enseigner la Torah ?

Il y a un livre du Ramhal (Rav Haïm Moshé Luzzato, auteur du Messilat

Yecharim : La voie des Justes) qui s’appelle Adir BaMarom, il explique quelle est l’essence de la faute d’Adam Harichon. Quel est le sens profond de cette faute ? Avant qu’Adam Harichon fasse la faute, il était entièrement voué vers le bien, vers la proximité avec D.ieu. Le mal existait dans le monde, symbolisé par le serpent. Dans le jardin d’Eden, il y avait une dynamique du bien qui était symbolisée à l’intérieur de l’homme et une dynamique du mal symbolisée par le serpent. Adam Harichon s’est dit qu’il voulait être encore plus proche de D.ieu. Il pensait qu’il était né avec une tendance naturelle à aller vers D.ieu et donc qu’il n’en avait aucun mérite. Il a décidé de faire la faute, de manger du fruit interdit pour introduire le mal en lui. Ainsi avec ce mal il décidera de faire le bien pour avoir un mérite beaucoup plus grand. Là était son erreur. Il ne faut pas se mettre en position risquée. C’est ce qu’il a fait et il a fauté. C’est cela la faute d’Adam Harichon. Il n’aurait pas du courir ce risque.

La Guemara dans Sanhedrin ramène qu’il y a quatre sortes d’arbres. Certains disent que c’était du blé, d’autres, la figue, la date et l’Etrog. Quand Adam a fauté et mangé de cet arbre avec l’aide de son épouse, le mal s’est imbriqué complètement dans son être. Il s’est mélangé au bien. Le mal et le bien sont complètement imbriqués l’un dans l’autre. Le but de notre vie est de séparer le mal et le bien.A l’époque avant la faute, quand un homme faisait une mitsva, il n’avait que des bonnes intentions. Maintenant quand on fait une mitsva, on a une mauvaise intention. On fait la mitsva pour l’argent ou pour les honneurs etc. Il y a pleins de pensées négatives qui s’associent à cette mitsva. Ces pensées abîment un peu la mitsva. Ca ne veut pas dire qu’il ne faut pas la faire. Il faut la faire mais il faut savoir qu’il y a aussi des pensées négatives qui sont imbriquées dans la réalisation de cette mitsva. Le bien et le mal sont complètement vissés l’un dans l’autre.

La Torah : le filtre du bien et du mal (Par Rav Nathan Mrejen)

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Avraham Avinou avait ce problème puisqu’il est venu après la faute d’Adam

Harichon. Que veut dire alors qu’il a pris ses deux reins comme des rabbanim ?

Après la faute, le bien et le mal sont complètement imbriqués l’un à l’autre.D.ieu a dit à Avraham Avinou : Lech Lecha. Lech Lecha veut dire : « Aie du plaisir dans ta vie. » C’est cela aller vers soi-même. Ce n’est pas un plaisir matériel mais un plaisir réel, profond. C’est une harmonie dans son être.

Le problème c’est que la plupart d’entre nous n’est pas heureux. C’est parce qu’il y a un déchirement entre le bien et le mal qui sont imbriqués l’un à l’autre. On est toujours tiré vers le bien et vers le mal. C’est pourquoi on n’est pas serein. Il arrive que parfois pendant Chabbat, on a beaucoup moins de Yetser Hara. Notre tendance vers le mal est moindre. On n’arrête tout et on se repose. Mais pendant la semaine on est toujours tiré vers l’un et vers l’autre.

Ce principe est extrêmement intéressant. Comment un homme fait pour être bien ?Comme Avraham Avinou, il prend ses reins et en fait des rabbanim. Quelle est la fonction des reins d’un point de vue physiologique ? Vous mangez, puis la nourriture descend dans l’œsophage ensuite passe dans l’estomac et arrive au début de l’intestin

grêle. A ce niveau les aliments nutritifs du corps comme les glucides, le sucre, les

protéines, sortent de l’intestin et rentre dans le sang. Ils passent dans le foie et sont travaillés comme dans une usine pour pouvoir alimenter tous les organes de notre corps. Enormément d’éléments rentrent alors dans le sang. Ce sang contient des éléments positifs qui vont nourrir mais également des déchets. Les éléments nutritifs et les déchets vont passer dans les reins. Le travail des reins est de filtrer. Tout ce qui est déchet va être rejeté et tout ce qui est positif va rester dans le sang.

C’est exactement pareil pour Avraham Avinou. Comment il a fait quand il a pris ses reins pour en faire des rabbanim ? Il a étudié la Torah. Cette étude de la Torah lui a permis de séparer le bien et le mal. Exactement comme des reins, elle filtre le bien et le mal. Il a pris le bien et enlever le mal. Quand il a fait cela, il est devenu lui-même.On étudie beaucoup de Torah mais à un moment donné cette Torah doit nous aider à filtrer le bien et le mal qui est en nous et revenir à un niveau originel d’avant la faute. C’est en réalité le but de l’étude de la Torah. Quand on y parvient on a séparé le bien du mal. On n’a pas annulé le mal. On ne peut pas annulé le mal. On peut juste le séparer du bien. Quand quelqu’un a bien étudié la Torah en profondeur, il voit exactement où est le bien et où est le mal. S’il n’a pas vraiment bien étudié la Torah, c’est mélangé chez lui. Il ne voit pas la différence.

Très souvent je lis des textes qui sont très difficiles à comprendre. C’est choquant parce que chez nous le bien et le mal sont imbriqués l’un dans l’autre. Mais si on est un Talmid Hakham et qu’on comprend bien la Torah, on comprend tout de suite que ces textes ne sont pas du tout perturbants. Ils correspondent exactement à la réalité du monde. L’enseignement de la Torah a donc permis à Avraham Avinou de filtrer le bien et le mal qui étaient en lui et il a pu les

séparer. C’est comme ça qu’on revient à nous-même.

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Au début de la paracha de Lekh Lékha, Hachem demande à Avraham Avinou de quitter son pays, sa ville natale et la maison de son père pour aller vers la terre qu'Il lui montrera. Et Il lui promet ensuite plusieurs bénédictions, qu'Il lui accordera s'il réalise cela: "Je ferai de toi un grand peuple, Je te bénirai, J'agrandirai ton nom et tu seras source de bénédiction".Pourquoi Avraham Avinou devait-il quitter son pays pour pouvoir bénéficier de toutes ces bénédictions ? Hachem n'aurait-Il pas pu les lui envoyer là où il était, au lieu de lui demander d'abord de se rendre à un endroit précis ? C'est tellement difficile de tout quitter ! D'ailleurs, comme l'expliquent les commentateurs, c'est pour cela qu'Hachem a demandé à Avraham de quitter son pays, sa ville natale et la maison de son père dans cet ordre-là. En effet, il aurait été plus logique de lui dire l'inverse ("Quitte non seulement la maison de ton père, mais aussi ta ville natale et même ton pays"). Car si on quitte son pays, on quitte forcément aussi sa ville natale et la maison de son père. Pourquoi donc dire à Avraham de quitter sa ville et la maison de son père après lui avoir déjà dit "Quitte ton pays" ? Et pourquoi lui avoir dit de quitter la maison de son père après lui avoir déjà demandé de quitter sa ville natale ? Mais Hachem a d'abord mentionné, dans Sa requête, le pays puis ensuite la ville natale, et seulement après la maison paternelle, car Il ne voulait pas heurter Avraham. Il lui a donc annoncé les choses dans l'ordre croissant de difficulté, du plus facile au plus difficile. En effet:- se détacher de son pays (dont on ne connaît, parmi tous les gens qui l'habitent, qu'un nombre très restreint de personne) n'est pas très difficile ;- se détacher de sa ville (où on a des amis, des gens avec qui on est souvent en contact) est déjà moins facile; - quant à se détacher de sa maison paternelle (dans laquelle habitent des gens qu'on fréquente de près chaque jour), c'est beaucoup plus difficile.Il faut comprendre que l'épreuve de Lekh Lékha ne concerne pas seulement Avraham Avinou, elle concerne, en fait, chacun d'entre nous. Pourquoi ? La famille dans laquelle une personne naît lui permet de grandir, d'être équilibrée. De même pour la ville dans laquelle on naît, et pour les personnes que l'on côtoie. Le pays natal d'une personne a aussi, indéniablement, une influence sur elle, sur son état d'esprit, sur sa construction etc.... D'un côté, tous ces éléments nous permettent de nous construire. Mais, d'un autre côté, ils nous rendent parfois prisonniers. Prisonniers, évidemment, du regard des autres. Et prisonniers de la manière dont on nous a définis. Très souvent, nous-mêmes, dans l'éducation de nos enfants, pouvons faire cette erreur-là, où on enferme une personne, on la limite (et on l'empêche donc d'évoluer) parce qu'on la définit de telle ou telle manière. C'est pour cela qu'en Hébreu, le mot qui veut dire définition "hagdara" a la même

Tout quitter pour se réaliser pleinement (Par Rav Gabriel Haccoun)

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racine que celui qui veut dire limite "guéder" : car le fait de définir une personne la limite. Nous sommes tous limités par nos qualités et nos défauts, dans le sens où il y en a certains que nous avons, et d'autres que nous n'avons pas. Mais l'homme peut arriver à se délimiter, et c'est cela son travail: sortir de ses limites, et avoir chaque jour une nouvelle définition de soi. Parce qu'une personne évolue, se transforme, grandit. Très souvent, on définit nos enfants. On les stigmatise. Or il ne faut pas dire continuellement à un enfant "Tu es bête !". Sinon, il va finir par le devenir, en croyant -à tort- qu'il ne peut pas devenir intelligent...De même, dans un endroit où on a toujours vécu, il est très difficile de grandir. Car il est très

difficile de s'y délimiter. Il est très difficile pour l'homme de devenir ce qu'il doit devenir s'il reste tout le temps dans l'endroit où il a toujours été. Pourquoi ? Parce que cet endroit, et le regard des gens qui s'y trouvaient, l'ont défini. Or cela rend prisonnier, et empêche d'évoluer, de s'épanouir, de se réaliser. Alors que faire ? Du temps de la Guemara, lorsqu'un homme arrivait à un âge assez mûr, il partait de chez lui. Il quittait sa ville, et allait à la Yéchiva (Rabbi Aquiva, par exemple, est resté hors de chez lui pendant 24 ans). Pourquoi ? Car, comme l'explique le Kli Yakar au sujet des mots Lekh Lékha (qu'il comprend comme signifiant "Lekh méatsmékha"), pour pouvoir s'épanouir, se réaliser et grandir, il faut sortir des définitions qu'on a voulu donner sur nous. Or ceci n'est possible qu'en prenant du recul, qu'en quittant au moins un peu l'endroit dans lequel on a toujours vécu. A l'époque de la Guemara, les hommes

partaient 24 ans. Au fil des générations, cette durée a diminué. Mais, dans tous les cas, il faut savoir se détacher de l'endroit où on a toujours vécu. Pas au sens péjoratif du terme car nos parents restent nos parents, et nos amis restent nos amis, mais au niveau nafshi, au niveau de l'être. Se détacher des étiquettes que les gens nous ont collées, des mots par lesquels ils nous ont définis. Parce que c'est le seul moyen de grandir ! En allant dans un nouvel endroit, où les gens ne nous connaissent pas encore, on pourra devenir ce qu'on doit être. On pourra agir en fonction de ce qu'on est vraiment, au lieu d'être conditionné par le regard des autres, par les définitions qu'ils nous ont données. Parfois, une personne qui a pourtant le

potentiel de devenir un grand Baal 'hessed, qui a en elle une forte envie de donner, risque de se comporter comme un radin, car c'est de cela que les gens l'ont maintes fois traité...Dans la paracha de Béréchit, la Torah demande à l'homme de quitter son père et sa mère, et de s'attacher à sa femme. Elle ne l'empêche pas d'honorer ses parents. Mais elle lui rappelle que, pour pouvoir construire son couple, il est indispensable de ne pas être trop "collé" à ses parents.

C'est pourquoi Hachem a demandé à Avraham de quitter son pays, sa ville natale et la maison de son père: car Il voulait qu'Avraham grandisse ! En allant dans un nouvel endroit, on se donne la possibilité de repartir à zéro. On se rend libre de faire le bien qu'on n'aurait pas osé faire avant, par peur du regard des gens ou de ce qu'ils auraient pensé de nous. L'obligation de Lekh Lékha, de se délimiter, de se réaliser pleinement selon ce que l'on est, incombe à chacun d'entre nous. Lorsque nous aurons accompli cet ordre d'Hachem, nous mériterons aussi les bénédictions promises à Avraham Avinou: -"Je ferai de toi un grand peuple": nous influencerons beaucoup de monde ;-"Je te bénirai": la berakha reposera sur nous ;-"J'agrandirai ton nom": nous serons dignes de notre nom, car nous serons devenus ce que nous devions vraiment être.

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La fin de la parasha de Noah’ décrit une humanité quasi idéale. Les individus s’entendent parfaitement, «ils se conduisaient entre eux, avec amour et amitié » (Rashi sur 11, 2), la paix règne, « ils haïssaient la dispute » (id), ils parlent tous la même langue, l’hébreu (Rashi) et visent tous un même objectif.Lorsqu’on observe le monde aujourd’hui, des peuples qui s’entre-déchirent, des populations qui se violentent, se terrorisent, sans parler des éternels problèmes d’inégalité et d’injustice, il y a lieu de s’interroger. En comparaison avec nos sociétés, celle du temps d’Avraham était un véritable modèle. Pourquoi D., qui place la paix au-dessus de tout, a-t-il décidé de briser l’unité de ce peuple ?Certes, l’objectif commun du peuple de la Tour de Babel était de conquérir le Ciel. Mais il s’agissait sans aucun doute, aux yeux du Créateur, d’un objectif puéril, un jeu d’enfant. D. n’avait-il pas d’autre solution pour les faire revenir à la raison, que de briser cette paix qu’Il chérit tant ? Etait-il nécessaire de provoquer ainsi la division entre les peuples, et d’entrainer ainsi la Terre entière, dans des conflits nationaliste à répétition avec leur cortège de malheurs ?Pour pouvoir répondre à ces questions il nous faut découvrir l’objectif de cette génération. Voici ce qu’en dit le midrash : ‘’ Il ne dépend pas seulement de D., de s’octroyer le Ciel et de nous laisser la Terre.’’ (M.R. Noah’ 36, 6). Autrement dit, l’humanité entend conquérir le Ciel et en disposer, comme elle dispose de la Terre. Voilà leur objectif, mais que signifie-t-il ?L’humanité, après le Déluge, a compris que sa subsistance dépendait du Ciel. C’est en effet, grâce à la pluie du ciel et au Soleil que la terre s’abreuve et

que pousse la végétation de laquelle ils se nourrissent. Mais ils ont compris aussi que c’est du Ciel que s’abat le malheur. C’est de la pluie qu’est venu le Déluge exterminateur et c’est le Soleil qui provoque la sècheresse et la famine. Cette dépendance est difficile à supporter, il faut s’en affranchir, prendre en charge la gestion du ciel et … mettre D. de côté. Ainsi, le bénéfice pour eux sera double. Ils prennent du Ciel ce qu’il y a de bon, et ils maitrisent la source des malédictions !Celle attitude ressemble étrangement à celle des générations qui ont suivi le Siècle des Lumières et jusqu’à aujourd’hui. Les premières découvertes réalisées par les hommes de science ont entamé, dans l’esprit des hommes, l’image de la toute-puissance divine. Il est vrai que les succès rencontrés dans tous les domaines ont été encourageants. Ces découvertes ont progressivement fait tomber des pans d’ignorance et permis d’améliorer les conditions et l’espérance de vie de l’homme. Les pires maladies, la précarité, la mort précoce, ont disparu. Fiers de de ces succès, les savants ajoutent à l’objectif bénéfique de la Science, une tache annexe, celle de rendre inutile ‘l’hypothèse’ de dieu dans la Création. On raconte qu’après sa découverte de l’ADN, Francis Crick se serait écrié : « Je n’ai plus besoin de Dieu ! ». Cet objectif, comme, donc, à l’instar de celui de la génération de la Tour de Babel, n’est tout compte fait pas si puéril. Malgré tout, aux yeux du Maitre du Monde, cela reste puéril. Pourquoi décide-t-Il malgré tout, de faire perdre à cette génération son unité et sa paix ? Pour comprendre, reprenons le midrash. Il se trouve que ce n’est pas seulement à D. que s’en est pris cette

Parashat Lekh Lekha : L’Unité brisée Inspiré de textes du RaBaSH, Rabbi Baroukh Shalom Ashlag זצ"ל, fils

du Baal HaSoulam זצ"ל (Par Dan Dvach)

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génération. Ils avaient une autre cible en la personne d’Avraham : ‘Avraham était unique sur la Terre. Ils disaient de lui, cet Avraham est une mule stérile, incapable de procréer.’ (Id.).Avraham progresse à contre-courant de l’idéologie de son époque. Il a, bien entendu comme tout le monde, pris la mesure des bienfaits que le Ciel prodigue. Mais Avraham a tenu à pousser plus loin la réflexion et à investiguer sur l’intention du Créateur. « Aucun homme n’a enseigné à Avraham comment connaitre Son Créateur, il l’a appris de lui-même. » (Bamidbar Raba 14, 2). Il parvient ainsi à une double conclusion. La première est que les bienfaits que le Ciel prodigue, nécessitent une sagesse formidable pour parvenir jusqu’à l’homme. La seconde est que cette sagesse est en réalité, entièrement au service de ces bienfaits. Voici un exemple qui va nous permettre de mieux saisir cette idée.Lorsqu’un individu savoure un fruit et s’en rassasie, rien ne l’oblige à réfléchir sur le processus de digestion infiniment complexe que cela entraine. Ni que ce processus va permettre de libérer les sucres de ce fruit. Ni que ces sucres parviendront, via le sang,

aux cellules du corps. Ni que par une chimie très complexe, ces cellules vont décomposer ces sucres et en récupérer l’énergie qui y est stockée, cette énergie même, qui nous permet de vivre et d’agir. Il n’est pas forcé non plus de savoir qu’il existe une fonction très sophistiquée qui consiste à combiner l’eau du Ciel avec

l’énergie du Soleil afin de stocker celle-ci dans des sucres. Et que dans la nature, seules les cellules végétales possèdent cette fonction ! Rien ne l’oblige non plus de savoir que la langue de l’homme possède des cellules qui signalent au cerveau la présence de ces sucres. Et enfin, que le cerveau ‘’s’arrange’’ à faire ressentir cette sensation si agréable, qui pousse nos enfants à se jeter sur tout ce qui est sucré, et à leur fournir de cette énergie indispensable à leur croissance. En conclusion, la capacité qu’a l’homme, à la fois de jouir et se rassasier, est le fruit à la fois d’une intelligence et d’une sagesse extrême.Ce couplage entre la Sagesse et la Bonté se retrouve dans d’innombrables processus de la nature. Mais rien ne nous oblige à les appréhender. Avraham quant à lui, a cherché à savoir. Grâce à ses investigations, il parvient à la conviction que la volonté du Créateur est

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de prodiguer du bien à ses créatures. Il s’attache à cette volonté, et décide d’en être le prolongement et de prodiguer le bien lui aussi, à sa mesure. C’est sur ce point qu’il s’oppose aux hommes de sa génération. Eux aussi veulent savoir comment fonctionne le monde, mais avec une intention différente. Celle de parvenir, grâce à leur intelligence, à gérer l’univers, et s’affranchir ainsi de l’intervention de D. Tandis qu’Avraham veut se contenter d’être un simple rouage au service de la volonté de D. De plus, alors que leur idéologie consiste à découvrir, créer, produire, ériger, et parvenir à se protéger des malheurs, celle d’Avraham se limite à prodiguer du bien aux autres. Le roi Nemrod règne en maitre sur cette génération. Lui aussi a investigué, il ‘’connaissait aussi son Maitre’’ (Rashi 10, 9). Il jugeait cependant que l’idéologie d’Avraham entrainerait l’homme à peiner comme une ‘’mule’’, sans en tirer le moindre bénéfice. Le projet de D. ne lui convient pas, il le rejette, se révolte et entraine dans sa révolte toute l’humanité. Il tente même de convaincre Avraham. En vain (Gen. R. 38, 13). Ce-dernier préfère être jeté dans la fournaise plutôt qu’adhérer à l’idéologie de Nemrod. Nous touchons là, sans doute, la raison pour laquelle D. brise l’unité de cette génération. Nemrod était de la trempe de ces dictateurs, capables de convaincre par la parole tout un peuple et de l’entrainer comme un seul homme à poursuivre son idéologie, serait-elle absurde, serait-elle suicidaire. Certes il a réussi à établir la paix et l’unité, mais celles-ci sont artificielles. Le peuple n’est uni que parce qu’ils sont séduits pas la pensée unique de leur chef et qu’il ne peut y avoir d’opposants à cette pensée puisqu’ils sont éliminés. L’histoire nous a appris à quels malheurs s’expose le monde, face à de telles situations. Si Nemrod a réussi à convaincre l’ensemble de l’humanité, parce que tous les hommes parlaient la même langue. Il suffira à D. de brouiller leurs langues. Il se créera des divisions certes, mais ainsi, chaque peuple pourra avoir sa propre idéologie. Quant à Avraham, il va entamer une série d’épreuves grâce auxquelles il va tracer la voie vers l’Unité véritable. Celle qui rassemble non pas autour d’une pensée unique, mais autour d’une volonté unique, la volonté du créateur ב"ה.

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L'homme a-t-il la capacité d'intervenir pour changer son propre mazal ? Existe-t-il un champ d'action qui puisse lui permettre de s'extraire de l'influence des astres, et d'échapper au déterminisme ?La stérilité, la pauvreté, et toutes les épreuves de la vie, sont une réalité intangible de la création, immuable. Tout comme les lois et principes physiques qui régissent le monde. Nul ne peut s'y soustraire ! Pourtant, dans notre paracha, Dieu va demander à Avraham de sortir ("Vayotsé oto ha'houtsa"), et Il va lui dire: « Compte les étoiles ! Peux-tu en supputer le nombre ? Ainsi sera ta descendance ! ».Dieu va donc arracher Avraham des limites que lui imposaient la nature et ses lois. Car Avraham et Sarah étaient déjà avancés en âge. La Guemara Taanit, à la page 25a, rapporte que Rabbi Élazar ben Pédat était très

pauvre. Un jour, après avoir pratiqué une saignée et avoir consommé une gousse d'ail, il s'évanouit de faiblesse. Lorsqu'il se réveilla, il raconta avoir demandé à Dieu: « Maître du monde ! Jusqu'à quand vas-Tu m'éprouver ? Jusqu'à quand vais-je endurer cette misère dans laquelle je vis ?». Et Dieu va alors lui répondre: « Élazar, mon fils ! Désires-tu que Je détruise et renverse le monde, et alors tu naîtras peut-être avec le mazal de la bonne parnassa ?". Mais Rabbi Élazar ben Pédat refusa. Nous comprenons de cette histoire que, pour changer le mazal, le monde entier doit être renversé, et revenir au départ. Et tout cela, sans aucune garantie. Comment comprendre alors que, dans toute sim'ha (dans tout

événement de joie), nous souhaitons "Mazal tov" ? Car si le mazal a été programmé depuis la création du monde, comment pourrait-il changer ?On raconte qu'un jour, à l'issue de Roch Hachana, le Rav de Louvline alla informer Rabbi Bounam qu'il perdrait durant l'année tout son argent. Au bout d'un an, Rabbi Bounam vint trouver le Rav de Louvline pour lui annoncer... que sa prédiction ne s'était pas réalisée ! Le Rav lui demanda alors : « Qu'as-tu fait de particulier ? ». Et Rabbi Bounam lui répondit qu'il n'avait cessé, durant l'année, de pleurer et de prier. Le Rav de Louvline acquiesça, et dit à Rabbi Bounam: « Les larmes, les pleurs et les prières ont le pouvoir de changer le mazal».La Guemara Baba Métsia, à la page 59a, affirme que Dieu a fermé toutes les portes,

Peut-on changer le mazal ? (Par Yossef Aflalo)

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à l'exception de celle des larmes. Rien ne résiste à une prière sincère, remplie de larmes et de pleurs ! Même s'il est, a priori, quasi-impossible de changer le mazal, la prière a la faculté de briser les limites que la nature impose à la Création. Celui qui prie et déverse ses larmes devant le Maître du monde dans un véritable esprit de se rapprocher de Lui, d'une symbiose totale, pourra alors rompre les barrières qui l'entourent. Rien ne résiste à une prière adressée à Dieu avec amour et ferveur !C'est cela le sens du mazal tov que l'on souhaite lorsque l'on participe à un événement joyeux. Ce mazal tov est une berakha (une bénédiction) qui, grâce à une relation chaleureuse, de proximité avec l'autre, va créer un impact dans les Cieux, et transformer un mazal prédéterminé en mazal tov. Hormis la prière, il existe un autre moyen de s'extraire du déterminisme : la Torah. Elle a précédé le monde, et elle se tient au-dessus de toute réalité.Il existe une faute pour laquelle il n'y a pas d'expiation dans ce monde : le 'hilloul Hachem (la profanation du Nom de Dieu). Mais celui qui étudie la Torah s'élève au-dessus du monde physique, et échappe au mazal. Par cette étude, il vit dans un autre

monde, une autre dimension, dans laquelle le pardon et l'annulation d'un décret de mort sont possibles. Il n'est plus restreint et confiné aux limites du monde matériel. Celui qui va se dévouer, se sacrifier et sanctifier son temps en étudiant la Torah, échappe totalement à l'influence des astres, et n'est pas soumis aux lois de la nature. Il n'est pas étonnant alors que le mazal ne puisse le dominer. La Torah est la valeur suprême de toute notre existence, et nous devons nous investir pour l'acquérir, et pour sortir de notre petitesse. Le monde fonctionne selon le principe de "mida keneguède mida". "Bémida chéadam modède, kakh modédim lo". Dieu se conduit envers l'homme de la manière dont celui-ci se conduit envers son prochain. La Guemara Baba Batra, à la page 11a, raconte qu'une veuve qui avait sept enfants est venue solliciter Binyamin Hatsadik, un trésorier de la tsédaka. Mais, hélas, la caisse de tsédaka était vide ! Devant le désarroi de cette femme, Binyamin Hatsadik lui a donné de son propre argent, et l'a ainsi ressuscitée. Lorsque, quelques années plus tard, l'ange de la mort est venu prendre l'âme de Binyamin, les anges du ciel se sont exclamés à Dieu : « Un

homme qui a sauvé de la mort une veuve et ses sept enfants peut-il mourir aussi jeune ? ». Au même instant, Dieu annula le décret de mort qui concernait Binyamin, et ajouta à celui-ci 22 ans de vie supplémentaire.Ce maassé 'hessed, cet acte d'amour et de bonté, a transpercé les lois de la nature, et a projeté l'homme dans une autre dimension de vie, qui échappe totalement au déterminisme.Lorsqu'on agit bien envers son prochain, l'acte que nous faisons nous revient. C'est comme si on jetait une balle contre un mur: elle reviendra vers celui qui l'a lancée. Celui qui se soucie du bien-être des autres mérite que les autres se soucient de son bien-être à lui, et lui fassent du bien. C'est cela le principe de mida kénéguède mida. Il existe donc trois façons de changer le mazal d'un homme:- par la Torah, qui va élever l'homme au-delà du Olam hazé, et donc le placer dans une autre réalité de vie.- par la prière, qui, lorsqu'elle est sincère, a le pouvoir de briser toutes les barrières.- et enfin par la guemilout 'hassadim, qui fonctionne selon le principe de mida kénéguède mida.

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Dans la paracha de Lekh Lékha, Hachem dit à Avraham (qui s'appelait alors Avram) : « Lekh lékha méartsékha oumimoladetékha oumibeth avikha el haarets acher aréka (Vas pour toi, de ton pays, de ta ville natale, de la maison de ton père, vers la terre que Je t'indiquerai.) ». Puis Il va faire à Avraham Avinou plusieurs bénédictions, en lui disant notamment :- vééesskha légoy gadol: Je ferai de toi un grand peuple ;- vaavarékhékha: Je te bénirai ;- vaagadéla chémékha: J'agrandirai ton nom; - véhyé bérakha: et tu seras source de bénédiction.

A propos de ces bénédictions, Rachi explique que lorsqu'un homme est en voyage, il a moins la possibilité:- D'avoir des enfants car, du fait de ses déplacements, il n'a pas la tranquillité nécessaire à cela.- De gagner de l'argent car, là aussi, ses déplacements entraînent un manque de stabilité, et donc une difficulté à réaliser des bénéfices.- D'avoir une bonne réputation car puisqu'il n'est que de passage dans certains endroits, les gens le connaissent moins que dans la ville où il habite généralement.C'est pourquoi, d'après Rachi, lorsque D.ieu demande à Avraham de partir en voyage, il le rassure sur le fait que ce départ ne lui occasionnera aucune des trois pertes habituelles. Au contraire ! Il entraînera chez lui une grande descendance (vééesskha légoy gadol), de la berakha dans l'argent (vaavarékhékha) et une réputation encore meilleure (vaagadéla chémékha).Au sujet des mots "vaagadéla chémékha", Rachi donne une seconde explication: par ces termes, D.ieu annonce à Avraham qu'un jour, Il ajoutera une lettre à son prénom. Et ainsi, lui qui s'appelait Avram va s'appeler Avraham. Autrement dit, D.ieu a ajouté à son prénom la lettre hé (Il a aussi mis cette lettre dans le prénom de Sarah qui, auparavant, s'appelait Saraï). Rachi donne une dernière explication concernant les bénédictions que D.ieu a donné à Avraham après lui avoir dit "Lekh Lékha" :- vééesskha légoy gadol : zé chéomrim Eloké Avraham - vaavarékhékha: zé chéomrim Eloké Yits'hak - vaagadéla chémékha: zé chéomrim Eloké YaacovAutrement dit:- Lorsqu'on nous parle de la première bénédiction, celle d'avoir une grande descendance, un grand peuple, c'est pour cela que l'on dit "le Dieu d'Avraham".- Lorsqu'on nous annonce la prospérité dans l'argent, c'est pour cela que l'on dit "le Dieu de Yitshak".- Et lorsqu'on nous annonce "vaagadéla chémékha (J'agrandirai ton nom, autrement dit : je lui ajouterai une lettre)", c'est pour cela que l'on dit "Dieu de Yaacov".Au sujet de la dernière partie de ce Rachi, le Gaon de Vilna demande : quel lien y a-t-il entre la bénédiction de "vaagadéla chémékha"(qui a entraîné l'ajout d'une lettre dans le prénom d'Avraham), et le fait que l'on dise dans la Amida : "Eloké Yaacov" ? Et il donne, à ce sujet, une explication magnifique :Tous les jours, dans la Amida, nous disons: "Eloké Avraham, Eloké Yits'hak vÉloké Yaacov". Comment se fait-il que nous disions "Eloké Yaacov", et pas "Eloké Israël" ? N'aurait-il pas été plus logique de désigner Yaacov par le second prénom qu'il a

Yaacov, Israël et le rapport au chiffre 26 (Par Rav Ariel Bijaoui)

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reçu, de même qu'Avraham est désigné par "Avraham" et non par le prénom Avram, qui était le sien avant d'être modifié ? Le Gaon répond que l'on dit "Eloké Avraham, Eloké Yits'hak vEloké Yaacov" (et non pas "vEloké Israël") car, si on compte le nombre de lettres contenues dans ces mots, lorsqu'on les écrit en hébreu, on arrive au chiffre 26, correspondant à la valeur numérique du Tétragramme. Autrement dit, ces mots font allusion au Nom d'Hachem Youd-Ké-Vav-Ké. Le Gaon de Vilna fait d'ailleurs remarquer qu'une allusion à cette explication se trouve dans le verset de Téhilim qui dit "Loulé Hachem chéhaya lanou yomar na Israël"; car ces mots peuvent se comprendre ainsi : Si ce n'était Hachem (c'est-à-dire le chiffre 26 que nous obtenons en disant "Eloké Yaacov"), nous aurions dit "Eloké Israël". Sous-entendu : il est vrai que dans la Amida, on aurait dû dire "Eloké Avraham, Eloké Yits'hak vEloké Israël"? Mais pour arriver au chiffre 26 (par la somme des lettres de ces six mots), on dit "Eloké Yaacov" au lieu de "Eloké Israël".Puis le Gaon pose une autre question. Il demande: pourquoi est-ce qu'on ne dit pas "Eloké Avraham Eloké Yits'hak Eloké Israël" ? Car, ainsi, le total de 26 lettres serait aussi atteint !Et il donne une réponse toute simple: grammaticalement, en hébreu, lorsqu'on énumère une liste d'éléments, un vav figurera forcément avant le dernier élément de la liste.Le Gaon de Vilna déduit de là que tout le raisonnement que nous venons de faire ne se tient que parce que D.ieu a dit à Avraham "vaagadéla chémékha", que parce qu'Il a ajouté au prénom d'Avraham (qui, au départ, était "Avram"), la lettre hé. En effet, c'est parce qu'Avraham a eu un agrandissement de son nom que nous disons "Eloké Yaacov". Sinon, s'il avait continué à s'appeler Avram, nous aurions pu dire "Eloké Israël" tout en obtenant un total de 26 lettres.Dès lors, l'explication de Rachi "vaagadéla chémékha: zé chéomrim Eloké Yaacov" devient limpide : C'est parce qu'Avraham a reçu la bénédiction de vaagadéla chémékha qui implique que D.ieu va agrandir son nom en y ajoutant la lette hé, que nous disons, dans la Amida, "Eloké Yaacov" et pas "Eloké Israël".

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A la fin de la paracha de Lekh Lékha, la Torah nous parle de la première brith mila qui a eu lieu dans le monde : celle d'Avraham Avinou. Celle-ci fut réalisée au prix de nombreux sacrifices. En effet, comme en témoigne le verset, Avraham n'avait pas huit jours lorsqu'il l'a effectuée. Il avait 99 ans ! A cet âge, sans anesthésie, sans bistouri et sans désinfectant, il a fait la mila sur lui et sur tous les gens de sa maison (dont son fils Yichmael, son fils, qui avait alors 13 ans). Combien de sacrifices a-t-il fait pour cette mitsva !

A part Avraham Avinou, il y a eu, tout au long de notre histoire, de nombreuses personnes qui ont pratiquement sacrifié leur vie pour que leur fils ait le mérite de faire la brith mila, comme le montre par exemple l'histoire suivante:

A l'époque du rideau de fer, en Russie, alors que les Russes avaient interdit tout signe de Judaïsme et étaient prêts à exécuter tout celui qui pratiquerait cette religion, une femme voulait faire la brith mila à son fils. Mais, de peur d'être attrapée par les Russes, elle s'en abstint. Jusqu'au jour où elle entendit qu'une famille s'apprêtait à faire une brith mila en cachette. Elle décida alors d'y amener son fils bien que celui-ci avait déjà 2

mois, afin qu'ils puissent lui faire la brith mila à lui aussi.Elle amena donc son fils en poussette chez cette famille, qu'elle trouva en train de faire la brith mila à leur fils en cachette. Lorsque cette famille la vit, elle lui cria de s'enfuir, en lui disant: "Pars d'ici ! Ne sais-tu pas que c'est très dangereux ?". Mais la mère expliqua la raison de sa venue en cet endroit : elle voulait que son fils soit circoncis. La famille accepta de le circoncire aussi, mais (aussi étonnant que cela puisse paraître, et on comprendra plus loin la raison de cet étrange comportement), la mère ne voulut pas leur donner elle-même l'enfant pour qu'ils le circoncissent; elle tint à ce que ce soit eux qui le prennent. Ils prirent donc l'enfant, et purent -Baroukh Hachem- le circoncire. Peu après, ils le rendirent à sa mère. Mais à peine celle-ci le toucha qu'elle tomba par terre et s'évanouit...On la réanima rapidement, on lui demanda ce qui lui était arrivé, et on lui dit de prendre son fils. Mais à peine essaya-t-elle à nouveau de le prendre qu'elle s'évanouit encore une fois...On l'assit alors sur un lit, on mît l'enfant à côté d'elle, on lui demanda ce qui lui arrivait et si elle avait des problèmes de santé, mais elle répondit : « Non. Je vais vous expliquer ce qu'il s'est passé».Et les paroles qu'elle prononça alors sont un véritable moussar pour nous:« Lorsque mon fils est né, j'ai voulu m'approcher de lui et l'embrasser. Mais je me suis alors rappelée que je n'avais pas encore réjouit Dieu, en Lui donnant la part qui Lui revenait : je n'avais pas encore fait à mon fils sa brith mila. Comment aurais-je pu alors profiter de mon fils, sans avoir donné à Hachem ce qui Lui revient ? Je me suis donc empêchée d'embrasser mon fils. Et maintenant, deux mois plus tard, j'ai enfin donné à Hachem Sa part,

Dieu avant tout !(Par Rav Yonatan Chocron)

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et je peux donc enfin prendre mon fils et l'enlacer... L'émotion que j'ai ressentie à ce moment a été si intense que j'en ai perdu connaissance».

Malgré tout l'amour qu'une mère peut avoir pour son enfant, cette femme a réussi à maîtriser ses sentiments, parce qu'elle voulait d'abord remercier Hachem, en accomplissant la mitsva de brith mila qu'Il a ordonnée.

De nos jours, nous pouvons -Baroukh Hachem- accomplir les mitsvot sans contrainte, sans peur et sans danger. Combien dons devons-nous, à plus forte raison, les accomplir avec joie et empressement, et remercier Dieu d'être libres de pouvoir les réaliser !

Pour l'instant, cette liberté n'est pas totale, car nous ne sommes pas encore en Erets Israël avec le Machia'h. Mais espérons que nous y serons très bientôt, car nous pourrons alors servir Hachem pleinement !

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Le Choul'han Aroukh (simane 323, séif 6) tranche qu'on a le droit:- le vendredi soir après avoir terminé le repas, de laver les ustensiles pour le lendemain matin;- et, après la séouda du matin, de les laver pour la séouda chelichith. Mais après la séouda chelichith, il est interdit de laver les ustensiles, sauf les verres parce qu'il n'y a pas de "keviyout léchtiya", c'est-à-dire qu'il n'y a pas de moment précis pour boire. La permission de laver des verres est valable pour plusieurs verres, et pas seulement pour celui qu'on veut utiliser pour boire. Telle est la Halakha stricte dans le Choul'hane Aroukh.

Maintenant, nous allons voir qu'il y a d'autre contextes dans lesquels il est permis ou interdit de faire la vaisselle.

Le fait d'avoir le droit ou pas de faire la vaisselle pendant Chabbat pour un jour de semaine fait l'objet d'une discussion dans les Richonim (entre Rachi et d'autres décisionnaires). Certains considèrent que cela pose un problème de "hakhana lé'hol" (préparer pour les jours de la semaine), alors que selon d'autres, cela occasionne une "tir'ha yétéra" (fatigue supplémentaire), et entrave donc le repos du Chabbat, auquel font allusion les mots "Chabbat vayinafash". Le Chabbat doit, en effet, être un repos. En ce jour, nos paroles doivent être différentes de celles de la semaine (par exemple, pendant Chabbat on salue en disant "Chabbat Chalom"; alors qu'en semaine on dit simplement "Chalom"), et on doit aussi marcher moins vite qu'en semaine.Selon l'avis de Rachi qui dit que le fait de laver la vaisselle pendant Chabbat pose un problème de "hakhana lé'hol", dans le cas où une personne a un service de vaisselle spécial pour Chabbat, il n'y a pas d'interdiction à le laver en ce jour; car si elle le lave, elle

ne le lave pas pour les jours de semaine mais pour le Chabbat suivant. Cependant, d'après l'avis des autres décisionnaires qui disent que le fait de faire pendant Chabbat la vaisselle pour la semaine pose un problème de "tir'ha yétéra", il ne faut pas faire pendant Chabbat la vaisselle pour le 'hol. Ceci est la Halakha stricte. Mais dans le cas où le fait de ne pas faire la vaisselle pendant Chabbat implique de poser dans l'évier des ustensiles sales et que leur présence dérange, il sera permis de les laver pendant Chabbat même si on n'en a pas besoin en ce jour, car la présence d'un tas d'assiettes sales dans l'évier ou sur le plan de travail n'est pas un kavod pour Chabbat.Par conséquent, pour ne pas être dérangé en ce jour par la saleté de ces ustensiles et le désordre qu'ils occasionnent, on pourra les laver pendant Chabbat (dans le même ordre d'idée, la Halakha permet de faire son lit pendant Chabbat pour ne pas être dérangé en ce jour par la présence d'un lit défait, non-arrangé). De même, si une mauvaise odeur se dégage des ustensiles sales, où que ceux-ci entraînent la venue de mouches, il sera permis de les laver pendant Chabbat même si on n'en a pas besoin en ce jour. Et on n'aura pas besoin de se montrer strict et d'attendre la fin de Chabbat pour cela. Car le problème de "tir'ha yétéra" n'existe que lorsqu'on n'a pas vraiment besoin d'effectuer l'action qui occasionne cette fatigue.

Ces permissions s'appliquent même lorsqu'on possède un autre service de vaisselle (et qu'on n'a donc pas absolument besoin d'utiliser le premier) : si on veut se montrer strict et l'utiliser pour éviter d'avoir à laver le premier pendant Chabbat, on pourra le faire, mais ce n'est pas une obligation.

Peut-on laver la vaisselle pendant Chabbat ? (Par Rav David Sitbon)