48
Les Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

  • Upload
    ledat

  • View
    215

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Les Autochtones sur le marché dutravail canadien : travail et chômage,aujourd’hui et demain

par

Michael Mendelson

mars 2004

Page 2: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Les Autochtones sur le marché dutravail canadien : travail et chômage,

aujourd’hui et demain

par

Michael Mendelson

mars 2004

Le Caledon Institute of Social Policy est reconnaissant de l’appui financier de Ressources humaines etDéveloppement des compétences Canada (RHDC), Bureau des relations avec les Autochtones, à cette étude.Les points de vue exprimés dans le présent rapport sont entièrement ceux de l’auteur qui est égalementresponsable de toute erreur ou omission.

Page 3: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Copyright © 2004 par le Caledon Institute of Social Policy

ISBN 1-55382-096-7

Publication du :

The Caledon Institute of Social Policy1600, rue Scott, poste 620Ottawa (Ontario) CANADAK1Y 4N7Tél : (613) 729-3340Fax : (613) 729-3896Courriel : [email protected] Web : www.caledoninst.org

On peut obtenir les publications de l’institut Caledon de notre site web.

Page 4: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Table des matières

Introduction 1Définition de la population autochtone canadienne 1Structure du présent rapport 3

Les données démographiques de la population ayant une identité Autochtone 4Population d’âge actif 12Observations sommaires 18

Taux de chômage et de participation 19Taux de chômage 19Taux de participation 23Observations sommaires 28

Géographie des marchés du travail pour les Peuples autochtones 29Les régions 29Les villes 30Milieux rural et urbain 31Observations sommaires 33

L’avenir des marchés du travail pour les Peuples autochtones 34Par province 38Observations sommaires 40

Incidences sur les politiques générales 40Investir dans les enfants dès maintenant 40Établissement d’un objectif clair en matière de politique 41La réalité géographique 41Services hors-réserve 43Recherche plus poussée 44

Bibliographie 44

Page 5: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 1

Introduction

L’emploi est la pierre angulaire de laparticipation dans une société canadiennemoderne. Non seulement il est une source derevenu, mais aussi la base de l’estime de soi etde l’autonomie.

Pour l’ensemble du Canada, les niveauxd’emploi se sont améliorés au cours de la der-nière décennie, bien que le chômage demeureencore très élevé même au cours d’une périodeéconomique positive. Malheureusement, que cesoit en période positive ou négative, l’emploiparmi les Autochtones du Canada demeureplus bas et les taux de chômage plus élevés quedans la population en général. Cependant, lasituation des Autochtones canadiens s’est-elleaméliorée sur le marché du travail au coursdes dernières années? Des progrès ont-ils étéréalisés dernièrement?

Le présent rapport analyse deux indi-cateurs importants de l’activité sur le marchédu travail, soit les taux de chômage et departicipation, afin de connaître la situation desAutochtones sur le marché du travail canadien,particulièrement par rapport à la population engénéral. Il est la suite de l’étude du CaledonInstitute de 1999, Participation des Autoch-tones au marché du travail canadien, etpartage le même objectif fondamental, soit,selon [Mendelson et Battle, 1999 : 7], afin dedonner une image plus claire des marchés dutravail au Canada qui touchent les Autochtonesdans différentes régions et étudier les consé-quences de cette situation pour la politique dugouvernement. Notre étude antérieure étaitfondée sur les données tirées du recensementde 1996 et le présent rapport est fondé surcelles du recensement de 2001.

L’emploi des Autochtones devraitpréoccuper non seulement les Autochtones

canadiens mais aussi les personnes intéresséesà l’équité sociale. La réussite des Autochtonessur le marché du travail canadien est, ou dev-rait être d’un grand intérêt pour tous lesCanadiens. Notre intérêt provient non seule-ment de la valeur que nous accordons autraitement équitable de tous nos résidents,mais il est aussi enraciné dans notre intérêtpersonnel. Le Canada ne peut pas jouir d’unequalité de vie élevée s’il existe une minoritéimportante formant une classe marginaleappauvrie. De plus, comme on le constate dansle présent document, l’entrée des Autoch-tones sur le marché du travail sera absolumentessentielle afin de répondre aux exigences enmatière de demande de travailleurs au coursdes prochaines décennies, particulièrementdans l’Ouest canadien. Dans une mesure plusimportante qu’on le reconnaisse généralement,la prospérité future du Canada repose sur sondegré de réussite dans l’atteinte de résultatséquitables dans ses marchés du travail pourles Autochtones canadiens.

Le Canada doit entretenir un dialogueanimé et continu avec les organisations autoch-tones, les gouvernements de tous les paliersainsi que les organismes privés et publics sur lafaçon dont les Autochtones peuvent obtenirl’équité au sein de nos marchés du travail. Cedialogue serait aidé de façon marquée par unebase factuelle fondée sur les meilleures donnéesdisponibles. Le présent rapport est une tentativede stimuler un tel débat et de fournir l’informa-tion nécessaire à une discussion éclairée.

Définition de la population autochtonecanadienne

Comme nous l’avons discuté dans notrerapport précédent, il existe deux types dedonnées décrivant les Autochtones du Canada.

Page 6: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

2 Caledon Institute of Social Policy

Un type de données a trait aux personnesqui signalent une descendance autochtone,appelé « population ayant une origine autoch-tone ». Celle-ci est importante pour plusieursraisons dont sa comparaison avec divers groupesethnique au Canada.

Le deuxième type de données a trait à« la population ayant une identité autochtone ».Celle-ci comprend des personnes qui s’identifientcomme Autochtones ou qui se présentent commeIndien visé par un traité ou Indien de plein droit,en vertu de la Loi sur les Indiens, ou qui sontmembres d’une Première nation.

La population ayant une identité autoch-tone est celle qui est la plus pertinente pourdes questions d’équité, de possibilité et de dis-crimination ainsi que pour la planification deprogrammes fournissant des services spécialisésdestinés surtout aux Peuples autochtones. Lespersonnes ayant une origine autochtone maisqui ne s’identifient pas comme Autochtones sontbeaucoup moins susceptibles de rechercherdes programmes ciblant spécialement desAutochtones et sont aussi moins susceptiblesde partager les mêmes expériences sur lemarché du travail que les personnes qui s’iden-tifient principalement comme Autochtones. Parconséquent, le présent rapport a trait à la pop-ulation ayant une identité autochtone.

Le premier sondage auprès la popula-tion ayant une identité autochtone a été entre-pris en 1991, en guise de sondage postcensi-taire afin de fournir des données destinées à laCommission royale sur les peuples autoch-tones. Le recensement de 1996 comprenaitaussi cette population, de même que le recense-ment de 2001. Ainsi, il peut sembler que nouspossédons maintenant les données d’unedécennie et demie. Malheureusement, il existedes restrictions graves dans ces données, ce quirend les comparaisons d’un recensement par

rapport à un autre trompeuses et pas tout àfait fiables.

En premier lieu, l’auto-identificationen tant qu’Autochtone est, dans une certainemesure subjective. Comme nous le verrons, unplus grand nombre de Canadiens choisissentde s’identifier comme Autochtone afin que lespopulations à chaque période de recensementne représentent pas le même groupe de per-sonnes, sous réserve de modifications, unique-ment en raison de la naissance ou de la mort.La population ayant une identité autochtoneest plutôt un groupe qui s’élargit dans tousles recensements depuis 1991. Il s’agit sansaucun doute d’une bonne chose puisqu’ellereflète une fierté accrue et une résistance moin-dre à s’identifier comme Autochtone, mais, aupoint de vue statistique, cela signifie que les com-paraisons d’une année à l’autre doivent êtretraitées avec prudence.

Deuxièmement, dans chaque recense-ment, certaines réserves n’ont pas été enregis-trées et le modèle n’est pas nécessairementidentique pour toutes les années. Cette omissiond’enregistrement n’est pas corrigée dans cesdonnées. Par conséquent, elles sous-déclarentvraisemblablement, particulièrement pour lesPremières nations vivant sur des réserves,de 30 000 à 35 000 personnes [StatistiqueCanada, 2003], bien que la sous-déclaration nesoit pas nécessairement la même dans chaquerecensement.

Enfin, Statistique Canada n’a pas rendutrès accessibles les données de 1991 du son-dage sur les Autochtones, puisqu’il s’agissaitdu premier sondage de ce type et qu’il n’estpas considéré comme étant assez cohérentavec les sondages ultérieurs pour fournir descomparaisons valables. Ainsi, dans le présentrapport, on utilise modérément des référencesaux données de 1991, et encore, ces com-

Page 7: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 3

paraisons doivent être traitées au mieux commedes approximations. La plupart du temps, lesdonnées en série ne seront que pour lessondages de 1996 et de 2001.

Les évaluations de Statistique Canadade la population ayant une identité autoch-tone sont tirées d’un échantillonnage de 20 %du recensement, et fondées sur un question-naire plus détaillé que celui qu’on utilise pourl’ensemble du recensement. À des fins decomparaison avec l’ensemble de la popula-tion, il est préférable d’utiliser des donnéescohérentes. Par conséquent, le présent rapportutilise un échantillon de 20 % plutôt que100 % du chiffre de population selon lerecensement afin d’établir des données com-paratives sur l’ensemble de la population.Ordinairement, la différence entre un échantil-lon de 20 % et un chiffre de population de 100% dans un sondage important comme lerecensement serait futile, voire imperceptibleà deux ou trois décimales près. Cependant,l’échantillon de 20 % du recensement ne cou-vre que les personnes vivant dans des loge-ments privés et exclut toutes celles qui viventdans des logements collectifs tels que desmaisons de soins infirmiers, des foyers sco-laires, des hôpitaux et des prisons. La différ-ence en population totale est d’environ 500 000.Étant donné que nous devons utiliserl’échantillon de 20 % pour la population ayantune identité autochtone, nous nous servonségalement des chiffres de population totalemoins élevés pour l’ensemble de la population,mais cela signifie qu’une partie de ces chiffrespeut sembler moins élevée que d’habitude auxyeux des personnes qui connaissent les donnéessur la population générale du Canada.

Pourtant, même en tenant compte detoutes ces restrictions, les données du recen-

sement sont l’information la plus précise donton dispose. Ces données nous permettent deprésenter une image raisonnablement fiable del’état du marché du travail des Autochtones auCanada, et assez étoffée pour fournir une baseempirique statistique sûre pour la formulationet l’analyse des politiques.

Au sujet des sources de données, toutescelles de 1995 et de 2001 figurant dans le présentrapport sont issues des données du recensement.La plupart des données sont faciles d’accèspour tous les utilisateurs sur le site Web deStatistique Canada. Toutes les données de 1991sur la population autochtone proviennent de lapublication de Statistique Canada intituléeScolarité, travail et activités connexes, revenu,dépenses et mobilité [Statistique Canada, 1993].

Dans tout ce document, le mot « pro-vinces » signifie les provinces et territoires.

Structure du présent rapport

Ce document comporte cinq sections.En premier lieu, on y examine les donnéesdémographiques de la population ayant uneidentité autochtone, tant pour tous les âges quepour la population d’âge actif. Les indicateurscentraux du marché du travail, les taux de chô-mage et de participation, sont abordés dans ladeuxième section. La troisième section analysela géographie du marché du travail pour lesAutochtones. La quatrième section scrutel’avenir afin d’évaluer certains défis que pose lemarché du travail pour les Autochtones au coursdes prochaines décennies. Enfin, la cinquièmesection examine certaines répercussions desconstations des sections précédentes sur les poli-tiques du gouvernement.

Page 8: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

4 Caledon Institute of Social Policy

Tableau 1Population ayant une identité autochtone

au Canada en 1996 et 2001

Changement en %1996-2001

22,2

3,9

17,6

1996

799 010

28 528 125

2,8

2001

976 305

29 639 035

3,3

Population ayant une identité autochtone

Population totale du Canada

Population autochtone en pourcentagede la population totale

Nota : Les chiffres de population ayant une identité autochtone et de la population totale excluent les personnesvivant dans des logements collectifs.

Les données démographiques de lapopulation ayant une identité autoch-tone

Comme l’illustre le tableau 1, le nombrede Canadiens qui se présentent comme ayantune identité autochtone est passé de 799 010 en1996 à 976 305 en 2001, ce qui représente uneaugmentation assez importante de 22 % dela population ayant une identité autochtonesur cinq ans seulement et qui serait un taux decroissance phénoménal s’il n’était attribuablequ’aux nouvelles naissances dans la popula-tion ayant une identité autochtone existante en1996. Il est plus raisonnable d’affirmer quel’augmentation « naturelle » attribuable auxnouvelles naissances (moins les décès) parmila population ayant une identité autochtoneen 1996 représentait environ 80 000 à 90 000de l’augmentation de 177 295 de la populationautochtone. Ce taux de croissance est d’envi-ron 2 % par année, ce qui demeure très rapide.Environ la moitié de l’augmentation de la pop-ulation ayant une identité autochtone estpar conséquent attribuable au plus grand nom-bre de personnes choisissant de s’identifier

comme Autochtones, comme on l’a expliquéprécédemment. De même une partie de cetteaugmentation peut être attribuable à un recen-sement des réserves plus complet [StatistiqueCanada, 2003].

La part de la population ayant une identitéautochtone dans la population totale a aussibeaucoup augmenté. Elle est passée de 2,8 %de l’ensemble de la population canadienneen1996 à 3,3 % en 2001, soit une augmenta-tion de 18 %.

La population ayant une identité autoch-tone comparée à la population totale de chaqueprovince est illustrée dans le tableau 2.L’Ontario et toutes les provinces de l’Est ontdes populations autochtones assez faibles,allant de 1 % de la population totale en 2001 àl’Île-du-Prince-Édouard à 1, 1 % au Québec,1,7 % en Ontario, 1,9 % en Nouvelle-Écosse,2,4 % au Nouveau-Brunswick et 3,7 % à Terre-Neuve et au Labrador. La population ayant uneidentité autochtone exprimée en pourcentagede la population totale est plus élevée dansl’Ouest, soit 4,4 % en Colombie-Britannique,

Page 9: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 5

Tableau 2Population ayant une identité autochtone,

provinces et territoires, 1996 et 2001

1996 2001

T.-N.Î.-P.-É.N.-É.N.-B.Qué.Ont.Man.Sask.Alb.C.-B.YukonT.N.-O.Nunavut

Populationautochtone

14 200 950 12 380 10 250 71 415 141 520 128 680 111 245 122 835 139 655 6 175 39 695

Populationtotale

547 160 132 855 899 970 729 625 7 045 08010 642 790 1 100 295 976 615 2 669 195 3 689 755 30 650 64 120

Populationautochtone en% de la popu-

lation totale

2,6 0,7 1,4 1,4 1,0 1,311,711,4 4,6 3,820,161,9

Populationautochtone

18 770 1 350 17 015 16 990 79 410 188 310 150 050 130 185 156 220 170 025 6 540 41 445

Populationtotale

508 080 133 385 897 565 719 715 7 125 58011 285 550 1 103 700 963 155 2 941 150 3 868 875 28 520 63 770

Populationautochtone en % de la popu-

lation totale

3,7 1,0 1,9 2,4 1,1 1,7 13,6 13,5 5,3 4,4 22,9 65,0

5,3 % en Alberta et un pourcentage élevé de13,5 % en Saskatchewan et 13,6 % enManitoba. Évidemment, la population ayantune identité autochtone représente une portionplus élevée de la population totale dans lesTerritoires, soit 22,9% au Yukon et 65 % auNunavut et dans les Territoires du Nord-Ouestcombinés (le Nunavut et les Territoires duNord-Ouest sont habituellement combinésdans le présent rapport parce que le Nunavutn’existait pas en 1996).

La figure 1 illustre le pourcentage de lapopulation totale ayant une identité autochtoneau Canada et résidant dans chaque province en1996 et en 2001. Bien que les Autochtones

constituent un faible pourcentage de la popula-tion totale de l’Ontario (1,7 % en 2001), ilsreprésentent tout de même la plus importantepopulation ayant une identité autochtone detoutes les provinces ou territoires, soit 19,3 %en 2001.

La figure 2 illustre la population ayantune identité autochtone à l’échelle régionale,exprimée en pourcentage de cette population àl’échelle nationale en 2001. Comme on peut leconstater, la plus grande partie de cette pop-ulation (62,1 %) vit dans les quatre provincesde l’Ouest, puis en Ontario (19,3 %) et auQuébec (8,1 %), dans les provinces del’Atlantique (5,5 %) et dans les Territoires

Page 10: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

6 Caledon Institute of Social Policy

Page 11: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 7

(4,9 %). Bien que la population ayant uneidentité autochtone forme une grande partiede la population totale dans les trois territoires,soit plus de la moitié (52 %), seulement 4,9 %de la population autochtone du Canada y vivent.

La figure 3 illustre la distribution de lapopulation ayant une identité autochtone parsecteur de résidence : réserve, petit et grandmilieu urbain. Un « petit milieu urbain » est unvillage ou une ville dont le noyau est d’au moins10 000 mais moins de 100 000). On constateune croissance importante en nombres absoluspour tous les milieux entre 1996 et 2001.Évidemment, une partie de cette croissance estattribuable au plus grand nombre de personnesayant déclaré une identification autochtone.

Les figures 4 et 5 illustrent la répartitionen pourcentage de la population ayant uneidentité autochtone dans chaque secteur de

résidence en 1996 et en 2001 respectivement.Les grands milieux urbains représentent unpourcentage croissant de l’ensemble de lapopulation autochtone, soit 27,6 % en 1996 et28,7 % en 2001. Cependant, la part de lapopulation ayant une identité autochtone surles réserves (29,2 % en 1996 et 29,3 % en 2001,et celle des petits milieux urbains (21,7 % en1996 et 21,9 % en 2001) sont assez stables.Seules les populations rurales diminuent enfonction de cette population, passant de 21,5 %en 1996 à 20,1 % en 2001.

Ainsi, la perception courante d’une« migration massive » hors-réserve vers lesvilles est un mythe et ne reflète pas la réalité.Il serait plus exact d’affirmer qu’il y a eu unléger exode des milieux ruraux vers de plusgrandes villes, mais dans le contexte d’une pop-ulation croissante. Ainsi, aucun milieu n’estréellement en déclin en termes absolus, contraire-

Page 12: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

8 Caledon Institute of Social Policy

Page 13: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 9

Tableau 3Populations ayant une identité autochtone

dans les villes en 1996 et en 2001

Montréal

Ottawa-Hull

Toronto

Hamilton

London

Sudbury

Thunder Bay

Winnipeg

Regina

Saskatoon

Calgary

Edmonton

Vancouver

Victoria

1996

9 960

11 605

16 095

5 460

4 380

4 625

7 330

45 750

13 605

16 160

15 195

32 825

31 140

6 565

2001

11 085

13 485

20 300

7 265

5 646

7 385

8 200

55 755

15 690

20 275

21 910

40 935

36 855

8 700

Changement enpourcentage 1996-2001

11,3

16,2

26,1

33,1

28,9

59,7

11,9

21,9

15,3

25,5

44,2

24,7

18,4

32,5

ment au pourcentage. En réalité, l’augentationde la proportion de la population ayant uneidentité autochtone vivant dans d’importantsmilieux urbains est assez fiable, soit 1,1 point depourcentage de 1996 à 2001.

Parmi les groupes ayant une identitéautochtone, les Indiens d’Amérique du Nordprédominent, comme l’illustre la figure 6. En1996, ce groupe représentait jusqu’à 529 040personnes ou 66 % de la population totale, lesMétis 204 115 personnes ou 26 %, les Inuits 40220 personnes ou 5 % et les « autres (dont lesidentités multiples) ou non disponibles », 225 640personnes ou 3 %. En 2001, le groupe ayantl’identité d’Indien de l’Amérique du Nordreprésentait 608 820 personnes ou 61 % de la

population totale, les Métis 292 305 ou 32 %,les Inuits 45 075 ou 4 % et les « autres (dontles identités multiples) on non disponibles »30 080 ou 3 %. Selon ces données, il semblequ’une grande partie de l’arrivée de nouvellespersonnes s’identifiant en 2001 comme Autoch-tones (tandis qu’elles n’avaient pas choisi dele faire en 1996) est probablement parmi legroupe s’identifiant comme Métis.

Il y avait 14 villes au Canada dont lespopulations ayant une identité autochtoneétaient supérieures à 5 000 habitants. La plusimportante de celles-ci parmi toutes les villesest Winnipeg qui comptait en 2001 55 755personnes qui s’identifiaient comme Autoch-tones. Edmonton et Vancouver avaient égale-

Nota : Recensement des régions métropolitaines dont les populations autochtones sont supérieures a 5 000 personnesen 2001.

Page 14: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

10 Caledon Institute of Social Policy

ment des populations très importantes, soit40 935 et 36 855 personnes respectivement.Le tableau 3 donne ces populations dans 14villes en 2001 et en 1996, avec le changementen pourcentage au cours de cette périodequinquennale.

La figure 7 illustre la croissance de lapopulation ayant une identité autochtone danschacune de ces 14 villes entre 1996 et 2001. Letaux de croissance de quatre villes a dépasséla moyenne d’augmentation de 22% : Sudbury(60 %), Calgary (44 %), Hamilton (33 %) etVictoria (33 %). Cette population a augmentébeaucoup plus lentement que la moyenne àMontréal (11 %), à Thunder Bay (12 %) àRegina (15 %), à Ottawa-Hull (16%) et à

Vancouver (18 %). Dans les autres villes, soitToronto, London, Winnipeg, Saskatoon etEdmonton, la population autochtone a connuune augmentation plus ou moins égale à lamoyenne de 22 %.

La figure 8 illustre la population ayantune identité autochtone en pourcentage de lapopulation totale dans les 14 villes en 1996 eten 2001. La première a augmenté en propor-tion de la population totale dans la plupart desvilles de l’Ouest. Dans quatre villes, la popula-tion autochtone représentait 5 % ou plus de lapopulation générale en 2001, soit Saskatoon(9,1 %), Winnipeg (8,4 %), Regina (8,3 %) etThunder Bay (6,8 %).

Page 15: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 11

Page 16: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

12 Caledon Institute of Social Policy

La population d’âge actif

Le tableau 4 illustre les données démo-graphiques fondamentales de la populationd’âge actif (de 15 à 64 ans) ayant une iden-tité autochtone et de l’ensemble de la popula-tion. De 1996 à 2001, la population d’âge actifayant une identité autochtone a augmenté unpeu plus que celle de l’ensemble de la popula-tion ayant une identité autochtone, soit 25 %par rapport à 22 %. La population d’âge actifdans l’ensemble du Canada a aussi augmentéun peu plus rapidement que celle de tous âges,soit 4,8 % par rapport à 4 %. La populationd’âge actif ayant une identité autochtonereprésentait environ 3 % de la totalité de lapopulation d’âge actif en 2001, par rapport à2,5 % en 1996.

La répartition de la population ayantune identité autochtone a changé un peu depuis

1996. La figure 9 compare la composition decette population selon l’âge en 1996 et en 2001.La répartition de l’âge est passée un peu à droite,en raison d’un pourcentage un peu plus élevé decette population ayant 35 ans ou plus.

Le tableau 5 démontre la populationtotale ayant une identité autochtone pour lesenfants (de 0 à 14 ans), l’âge actif (de 15 à 64ans) et les personnes âgées (de 65 et plus). Onremarque un décalage de deux points depourcentage à partir des enfants (35 % de lapopulation totale ayant une identité autochtoneen 1996, 33 % en 2001) jusqu’à la populationd’âge actif (qui est passée de 61 % à 63 %respectivement).

Les groupes ayant une identité autoch-tone n’ont des distributions d’âge que légère-ment différentes, comme on peut le constater àla figure 10. La population métisse est un peu

Tableau 4Population d’âge actif ayant une identité autochtone

(de 15 à 64 ans) au Canada en 1996 et en 2001

1996

490 280

19 349

2,5

2001

612 670

20 276 505

3,0

Changement en % 1996-2001

25,0

4,8

19,2

Population d’âge actif ayant une identité autochtone

Total de la population canadienne d’âge actif

Population d’âge actif ayant une identité autochtoneen pourcentage du total de la population

Page 17: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 13

De 0-14

De 15-64

De 65+

1996

280 415

490 280

28 315

2001

323 955

612 670

39 680

Changement en% 1996-2001

16

25

40

En % dutotal 1996

35

61

4

En % dutotal 2001

33

63

4

Tableau 5Population ayant une identité autochtone

par groupe d’âge en 1996 et en 2001

Page 18: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

14 Caledon Institute of Social Policy

plus âgée et la population inuite est un peuplus jeune, tandis que la population indienned’Amérique du Nord se situe entre les deux.

Comme on pourrait s’y attendre, larépartition de la région de résidence de lapopulation d’âge actif de la population ayantune identité autochtone est semblable à cellede l’ensemble de cette population. Cependant,on remarque une présence légèrement plusmarquée de la population d’âge actif dans lesgrands centres urbains et un pourcentage moinsélevé correspondant sur les réserves commel’illustre la figure 11. Cette conséquence n’estpas imprévue car les travailleurs se rendent làoù se trouvent les emplois.

La figure 12 illustre le changementnumérique de la population ayant une identité

autochtone d’âge actif de 1996 à 2001 danschaque province, et la figure 13 donne cechangement en pourcentage. Les augmenta-tions les plus marquées en nombres absolusétaient en Ontario et dans toutes les pro-vinces de l’Ouest, l’Ontario ayant le nombre leplus élevé. Cependant, les changements enpourcentage les plus importants étaient auNouveau-Brunswick et dans les autres pro-vinces de l’Atlantique, bien que celles-cin’ont que peu de populations d’âge actifayant une identité autochtone.

Autrement dit, les données démogra-phiques de la population active sont plus ou moinsles mêmes que celles de l’ensemble de la populationayant une identité autochtone. Nous n’avons doncpas à les élaborer.

Page 19: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 15

Page 20: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

16 Caledon Institute of Social Policy

Certificat inférieur à l’école secondaire

Certificat d’études secondaires seulement

Certificat ou diplôme d’une école de métiers

Certificat ou diplôme d’études collégialesCertificat ou diplôme universitaire inférieur à un

baccalauréat

Diplôme universitaire

Populationayant une

identitéautochtone

48,0

9,9

12,1

11,6

1,4

4,4

Ensemblede la

population

31,3

14,1

10,9

15,0

2,5

15,4

Populationautochtone en

% del’ensemble dela population

154

70

112

77

56

29

Tableau 6Niveau d’éducation de la population ayant une identité autochtone

et de l’ensemble de la population de 15 ans et plus, en 1996 et 2001

En raison de son lien étroit avec lesmarchés du travail, nous sommes particulière-ment intéressés à l’éducation de la populationayant une identité autochtone. Le tableau 6 com-pare le niveau de scolarité en 2001 pour l’ensem-ble de la population de 15 ans et plus avec lapopulation de ce groupe d’âge ayant une iden-tité autochtone.

Considérant que moins d’un tiers (31 %)de tous les Canadiens n’a pas obtenu son diplômesecondaire, presque la moitié (48 %) de lapopulation ayant une identité autochtone ne l’apas obtenu. Dix pour cent seulement de cettepopulation ont obtenu leur diplôme secondaire,par rapport à 14 % pour l’ensemble de la pop-ulation. Environ 12 % de la population ayantune identité autochtone avaient obtenu un certifi-cat ou un diplôme d’une école de métiers et 12 %de plus avaient obtenu un diplôme d’étudescollégiales. Quatre pour cent seulement de cettepopulation détenaient un diplôme universitaire,par rapport à 15 % de tous les Canadiens.

La population ayant une identité autochtonecompte plus de diplômés que l’ensemble de lapopulation seulement pour les certificats et lesdiplômes d’une école de métiers.

Le tableau 6 illustre aussi l’écart entrele niveau d’instruction de la population ayantune identité autochtone et celui de la populationgénérale en calculant le coefficient entre cettedernière et la première. Plus le résultat estsupérieur à 100, plus la population ayant uneidentité autochtone est surreprésentée dansune catégorie d’éducation, tandis que plus lerésultat est inférieur à 100, plus elle est sous-représentée. La population ayant une identitéautochtone figure de façon disproportionnéedans la catégorie la moins scolarisée, avec uncoefficient de 154, et aussi parmi les personnesayant obtenu un diplôme d’une école de métiers(112). Cette population est le plus sous-représentée dans le niveau d’instruction le plusélevé illustré, soit l’obtention d’un diplômeuniversitaire, avec un coefficient de 29, suivi du

Page 21: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 17

Population ayantune identitéautochtone

42,437,435,437,331,729,738,239,430,628.024,735,250,3

Ensemble dela population

43,642,240,843,157,642,356,052,647,643,637,455,760,4

Population autochtoneen % de l’ensemble

de la population

103113115115163143147134156155152158120

T.-N.Î.-P.-É.N.-É.N.-B.Qué.Ont.Man.Sask.Alb.C.-B.YukonT.N.-O.& Nunavut

Tableau 7Population d’au moins 15 ans ayant une identité autochtone et détenant

moins qu’un diplôme d’études secondaire par province et territoire en 2001

certificat ou du diplôme universitaire inférieur àun baccalauréat (56), d’un diplôme d’étudessecondaires (70) et d’un diplôme collégial (77).

Le tableau 7 illustre pour chaque juri-diction le pourcentage de la population d’aumoins 15 ayant une identité autochtone etcelui de l’ensemble de la population du mêmeâge n’ayant pas un certificat d’études secon-daires, et compare les deux en calculant lecoefficient de la première par rapport à ladernière. Les taux relatifs de l’Est sont meil-leurs (c.-à-d. plus bas) que ceux de l’Ouest.

Le niveau d’instruction moins élevéde la population ayant une identité autoch-tone pourrait être en partie un phénomèneattribuable à sa répartition d’âge compara-tivement à l’ensemble de la population. Étantque la première est beaucoup plus jeune, elle

comprendra plus de personnes de 15 à 17ans qui n’ont pas encore terminé leurs étudessecondaires. Parmi les personnes de 15 à 24ans de cette population, 65 % n’avaient pasterminé leurs études secondaires en 2001, parrapport à 35 % seulement parmi les personnesâgées de 25 à 44 ans. Ces données indiquentqu’au moins une partie des écarts entre lapopulation ayant une identité autochtone etl’ensemble de la population est attribuable àla répartition par âge.

Dans le groupe des personnes de 45 à64 ans de la population ayant une identité autoch-tone, 46 % n’avaient pas terminé leur courssecondaire, et ce pourcentage atteint presque80 % parmi les personnes de 65 ans et plus.Comme nous l’espérons et l’anticipons, cemodèle démontre qu’un engagement accru àl’égard de l’éducation pour cette population

Page 22: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

18 Caledon Institute of Social Policy

donne des résultats à ce chapitre. Par contre, ilreste beaucoup à faire en se rappelant quepour un grand nombre de personnes plus âgéesde cette population, l’éducation formelle étaitsouvent découragée activement et tout simple-ment impossible à obtenir au-delà des niveauxles plus rudimentaires.

Observations sommaires

1. Le taux de croissance de la populationayant une identité autochtone entre 1996et 2001 était élevé, soit environ 2 %annuellement, en raison de la croissance« naturelle » et un pourcentage de crois-sance presque semblable en raison des per-sonnes supplémentaires qui s’identifientcomme Autochtones et qui ne l’avaientpas fait dans le recensement de 1996.Soixante-deux pour cent de la popula-tion ayant une identité autochtone viventdans l’Ouest et le Nord, les provinces desPrairies ayant la plus forte populationautochtone en pourcentage de leurpopulation totale (autre que les Terri-toires). Le groupe ayant l’identité indi-enne en Amérique du Nord représentait61 % de l’ensemble de la populationayant une identité autochtone en 2001,suivi des Métis, 32 %, des Inuits, 4 % et« autres (dont les personnes ayant uneidentité multiple) ou non disponibles »,3 %.

2. Contrairement au mythe, il n’existe aucunepreuve de migration massive hors-réservevers les villes. En réalité, tous les sec-teurs (réserves, régions rurales, villages etvilles) ont enregistré une croissance deleurs populations ayant une identitéautochtone, la plus forte augmentation ennombres absolus étant à la fois dans les

réserves et dans les villes. Les grands cen-tres urbains ont augmenté leur propor-tion de cette population de seulement1,1 point de pourcentage entre 1996(27,6 % du total) et 2001 (28,7 %). Lesréserves représentent encore la plusgrande part de la population ayant uneidentité autochtone parmi tous les sec-teurs, soit 29,1 % en 1996 et 29,3 %en 2001.

3. On compte maintenant 14 villes dontles populations ayant une identité autoch-tone sont supérieures à 5 000 personnes.Winnipeg est de loin la ville qui comptela plus importante population, soit plusde 50 000 personnes. Thunder Bay,Winnipeg, Regina et Saskatoon ont lesproportions les plus élevées de leurpopulation qui est autochtone, soit plusde 5 %. Sudbury, Calgary, Hamilton etVictoria connaissent la croissance la plusrapide de ces populations autochtones.

4. Seulement trois Canadiens sur dix âgés d’aumoins 15 ans n’avaient pas leur diplômed’études secondaires en 2001, contraire-ment à presque la moitié de la populationayant une identité autochtone du mêmegroupe d’âge. Une faible proportion de4 % de cette dernière détenait un diplômeuniversitaire par rapport à 15 % pourl’ensemble de la population. La populationayant une identité autochtone a eu demeilleurs résultats dans les collèges, 12 %de celle-ci ayant obtenu leur diplômecomparativement à 15 % de l’ensemble dela population (un coefficient de 77 % del’ensemble de la population). Si l’oncompare le niveau d’éducation desAutochtones à celui de l’ensemble de lapopulation, on trouve un écart moins élevédans l’Est et plus élevé dans l’Ouest et leNord.

Page 23: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 19

Tableau 8Taux de chômage des Autochtones

et taux de chômage total, de 1991 à 2001

1991

1996

2001

Taux de chômage desAutochtones (en %)

24,5

24,0

19,1

Taux de chômagetotal (en %)

10,2

10,1

7,4

Taux de chômagerelatif (en %)

240

238

258

Taux de chômage et de participation

Taux de chômage

Le tableau 8 illustre les taux de chô-mage parmi la population ayant une identitéautochtone par rapport à la population en géné-ral en 1991, 1996 et 2001. Un quart de la main-d’œuvre autochtone était sans travail en 1991et en 1996, comparativement à 10 % pourl’ensemble de la population. La troisièmecolonne illustre l’indice du taux de chômagedes Autochtones, calculé en divisant le tauxdes sans-emploi Autochtones par le taux dechômage de l’ensemble de la population. Lerésultat de ce calcul était 238 en 1996 et 240en 1991, ce qui indique que le chômage chezles Autochtones est demeuré tout juste sousdeux fois et demie du taux total.

Pour 2001, il y a de bonnes et de mau-vaises nouvelles. Les bonnes nouvelles sont laréduction d’un cinquième du taux de chômagedes Autochtones qui est passé de 24 % en 1996à 19,1 % en 2001. Ces nouvelles sont par-ticulièrement bonnes en raison de l’augmen-tation appréciable du nombre de personnes

d’âge actif chez les Autochtones, soit 122 390ou 22 %.

Évidemment, une partie de ce change-ment peut provenir de l’arrivée de personnesqui ont été employées en 1996, mais quin’ont pas choisi à ce moment de s’identifiercomme Autochtones. Cependant, même si nousestimons, peut-être à tort, que les 80 000nouvelles personnes qui s’identifient commeAutochtones sont d’âge actif et travaillenttoutes, le taux de chômage parmi les autresserait de 24 %.

Étant donné qu’il est certain qu’unepartie des 80 000 nouvelles personnes identi-fiées n’est pas d’âge actif ou est soit en chô-mage ou ne fait pas partie de la populationactive, le taux de chômage du reste de lapopulation ayant une identité autochtone(c.-à-d. la cohorte qui, dans le recensement de1996, faisait partie de la population ayantune identité autochtone) était sûrement infér-ieur à 24 % en 2001. Ainsi, on a enregistré uneamélioration non ambiguë de cet indicateurdes plus importants de la participation aumarché du travail pour les Autochtones, soit

Page 24: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

20 Caledon Institute of Social Policy

le taux de chômeurs. Malgré les divers fac-teurs d’admissibilité que nous devons incluredans d’autres discussions, il s’agit de bonnesnouvelles. Il est possible de réaliser des pro-grès et la situation ne fait pas qu’empirer chaqueannée.

Quant à la mauvaise nouvelle, elle atrait au taux de chômage relatif des Autoch-tones qui est demeuré sensiblement le mêmeen 2001 que celui de 1996 et de 1991, soit deuxfois et demie celui de l’ensemble de la population.Ces données signifient que nous n’avons réal-isé aucun progrès en cinq ans en matièred’amélioration de la position des Autochtonessur le marché du travail par rapport à la popula-tion générale. Donc, les bonnes nouvelles sontque la situation n’a pas empiré par rapport à lapopulation générale malgré une aumentationimportante de la population d’âge actif ayant uneidentité autochtone, mais elle ne s’est pasaméliorée non plus.

La figure 14 donne les taux de chômagedes provinces pour la population ayant uneidentité autochtone. Ils vont de 15 % en Ontarioet en Alberta, jusqu’à 33 % à Terre-Neuve.Cependant, ce modèle reflète grandement lestaux de chômage qui prévalent dans l’ensem-ble de la population.

La figure 15 donne les taux de chô-mage des Autochtones par rapport à ceux del’ensemble de la population (les taux de chô-mage relatifs sont les taux de la populationayant une identification autochtone diviséspar le taux de chômage de l’ensemble de lapopulation). Un modèle plus familier et plu-tôt différent voit le jour. Les augmentationsdu chômage relatif d’est en ouest atteignentleur sommet en Saskatchewan, puis diminuenten allant plus à l’ouest et vers le nord. Letableau 9 illustre les taux relatifs en 1991,1996 et 2001. On a constaté une améliorationde 1991 à 2001 en matière de taux de chômage

Page 25: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 21

relatifs dans les provinces de l’Atlantique etdes Prairies, mais ces gains ont été contre-balancés par une détérioration en Ontario, auQuébec et au Nouveau-Brunswick.

La figure 16 illustre les taux de chô-mage de 2001 parmi la population ayant uneidentité autochtone dans 14 villes importantes(celles dont les populations autochtones sechiffrent à plus de 5 000 personnes). Les tauxde chômage vont de 7,3 % seulement àOttawa-Hull à un taux élevé de 27,7 % àThunder Bay. Bien que Regina et Saskatoonsoient, comme la plupart des données pré-sentées dans le présent rapport, parmi lespires villes au plan du chômage des Autoch-tones, Winnipeg a de meilleurs résultats quesept autres villes (Thunder Bay, Saskatoon,Regina, Sudbury, Victoria, London et Van-couver). Les taux de chômage de la popula-tion ayant une identité autochtone pour troisvilles sont de 10 % ou moins, soit Ottawa-

Hull, Toronto et Calgary. Bien que les taux dechômage dans les villes en général soientinacceptables, ils ne sont pas aussi élevésqu’on l’avait prévu, à l’exception de Regina,Saskatoon, Sudbury et Thunder Bay.

Évidemment, les variations d’une villeà une autre des taux de chômage parmi cettepopulation peuvent simplement refléter lestaux de chômage variables dans chacune d’elles.Afin de découvrir dans quelle mesure c’estle cas, la figure 17 illustre le taux de chômagerelatif (c.-à-d. le taux de chômage de lapopulation ayant une identité autochtone,divisé par le taux de chômage total pour chaqueville). Les résultats vont de 130 à Ottawa-Hull (ce qui signifie que le taux de chômagedes Autochtones est de 1,3 fois celui de lapopulation en général) à 333 à Saskatoon et345 à Regina, les taux de chômage desAutochtones étant plus de trois fois plus élevésque le taux global. Une fois de plus, nous

Page 26: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

22 Caledon Institute of Social Policy

Tableau 9Coefficient du taux de chômage des Autochtones par rapport

au taux de chômage total par province, de 1991 à 2001

T.-N.Î.-P.-É.N.-É.N.-B.Qué.Ont.Man.Sask.Alb.C.-B.YukonT.N.-O.& Nunavut

1991

159220209212197199329383305269303191

1996

141205186207252230325361293266238172

2001

154180201225224240314362288264231167

Changement enpoint de % de1991 à 2001

-5 -40 -8+13+27+41 -15 -21 -17 -5 -72 -24

Page 27: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 23

constatons qu’il y a un modèle de taux rela-tifs généralement en croissance en passant del’Est à l’Ouest, pour atteindre les plus hautsniveaux dans les villes de la Saskatchewanet diminuer en allant plus loin vers l’Ouest.Cependant, sur l’ensemble, le modèle n’estpas aussi prononcé pour les villes qu’il l’estpour les provinces, à l’exception de Regina etSaskatoon.

On constate une variation considérabledes taux de chômage parmi les groupes ayantune identité autochtone, comme on peut leconstater à la figure 18. En 2002, le taux desans-emploi était de 22 % pour les Indiens del’Amérique du Nord et les Inuits, mais chez lesMétis, le chômage était environ un-tiers moinsélevé, pour atteindre 14 %. (L’« autre groupe /S.O. » comprend ceux qui ne se sont pasidentifiés à un groupe précis ayant une identitéautochtone ou qui ont donné plusieurs réponses.)

Taux de participation

Le tableau 10 révèle le taux de par-ticipation de la population active (c.-à-d. laproportion de la population d’âge actif qui travailleou qui cherche activement du travail) par-mi les Autochtones et la population totaleen 1991, 1996 et 2001. Lest taux de partici-pation des Autochtones se sont améliorésde façon constante de 1991 à 2001. En outre,étant donné que les taux de participationparmi l’ensemble de la population ont chutéentre 1991 et 1996 et sont demeurés les mêmesen 2001 qu’en 1996, les taux de participationrelatifs de la population ayant une identitéautochtone sont pratiquement devenus égauxà ceux de la population générale. Le taux departicipation relatif de la population ayantune identité autochtone est passé de 84en 1991 à 88 en 1996 et à 92 en 2001. Cesrésultats confirment la tendance observée dans

Page 28: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

24 Caledon Institute of Social Policy

Taux de participationdes Autochtones

(en %)

57,4

58,7

61,4

Taux departicipation total

(en %)

68.0

65,5

66,4

Taux departicipation

relatif

84

89

92

1991

1996

2001

Tableau 10Taux de participation des Autochtones par rapport

au taux de participation total, de 1991 à 2001

Page 29: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 25

notre rapport précédent et sont une nouvelletrès positive. En deux mots, les personnes ayantune identité autochtone essaient de trouver dutravail presque au même taux que la popula-tion totale malgré les taux de chômage élevésdes Autochtones.

La figure 19 illustre les taux de par-ticipation et les taux de participation relatifsde la population autochtone pour chaqueprovince en 2001. Ces taux étaient les plus basen Saskatchewan (55 %) et les plus élevésau Yukon (72 %). Cependant, les taux de parti-cipation pour l’ensemble de la populationétaient plus élevés dans l’Ouest et moinsélevés dans l’Est. Le modèle des taux de par-ticipation relatifs est donc plus identifiable : lestaux relatifs sont pires (c.-à-d. les plus bas) enSaskatchewan, au Manitoba, dans les Terri-toires du Nord-Ouest/ Nunavut et en Alberta.Il est intéressant de constater que les tauxde participation relatifs de Terre-Neuve et du

Labrador dépassent 100 %, ce qui signifie queles personnes ayant une identité autochtoneont un taux de participation plus élevé quel’ensemble de la population de cette province.De même, à l’Île-du-Prince-Édouard, auNouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, enOntario et en Colombie-Britannique, les tauxde participation de ces personnes sont pres-que égaux à ceux de l’ensemble de la population.

La tendance que nous avons observéedans le rapport précédent semble revenir en2001. Les taux de participation des Autoch-tones semblent plus élevés que prévu, en raisonde leur chômage élevé. Les taux de chômageet de participation sont habituellement inverse-ment corrélés : un chômage plus élevé signifieune participation moins élevée et inversement.Ce modèle est qualifié d’effet du « travailleurdécouragé » parce qu’on estime que desniveaux de chômage plus élevés découragentles travailleurs qui cessent ensuite de chercher

Page 30: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

26 Caledon Institute of Social Policy

CanadaT.-N.N.-É.N.-B.Qué.Ont.Man.Sask.Alb.C.-B.

Taux departicipation

réel

61,060,260,662,157,764,659,054,564,262,9

Taux departicipation

prévu

58,247,656,251,558,761,458,355,361,355,7

Différence en pointsde %

(réelle – prévue)

2,812,8 4,4 10,6 -1,0 3,2 0,7 -0,8 2,9 7,2

Territoires et l’île-du-Prince-Édouard, la var-iation du chômage parmi les provinces« explique » environ 77 % de la variation des tauxde participation, ces derniers chutant de 0.74point de pourcentage pour chaque augmenta-tion d’un point de pourcentage des taux dechômage. Les résultats sont presque identiquesà tous les plans à ceux de 1996. (L’équation estla suivante : taux de participation = 0,74 fois letaux de chômage plus 0,72.)

Le tableau 11 présente les résultats del’application de cette équation aux taux dechômage de 2001 des personnes ayant uneidentité autochtone afin d’en déduire un taux departicipation « prévu », s’il existait le même lienentre les taux de participation et les taux dechômage parmi la main-d’œuvre ayant uneidentité autochtone que parmi la population totale.Le tableau compare les taux de participationprévus et réels et illustre la différence en pointsde pourcentage.

du travail et abandonnent le marché du travail.Existe-t-il une façon de quantifier ce lien afinque nous puissions savoir dans quelle mesure lestaux de participation des Autochtones sontmeilleurs que prévu? Si nous pouvons établirune équation exprimant le lien quantifié entreles taux de participation et les taux de chômagepour la population générale, on peut ensuitel’appliquer à celle de la population ayant uneidentité autochtone pour constater la différence.Une équation est simplement un énoncé quiaffirme que pour un taux de chômage x, il y ahabituellement un taux de participation y.

Une étude rigoureuse du lien qui existeentre les taux de chômage et ceux de participa-tion essaierait d’établir une telle équation enanalysant des microdonnées reflétant l’expér-ience réelle de millions de travailleurs canadiens.Cependant, pour obtenir une estimation approxi-mative, on peut se servir de données globalesrecueillies pour les provinces. Si on exclut les

Tableau 11Taux de participation prévu

et réel des Autochtones en 2001

Page 31: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 27

En moyenne, au Canada, le taux de par-ticipation réel des Autochtones était supérieurde 3 points de pourcentage à ce qu’il aurait étési la main-d’œuvre autochtone avait le mêmelien entre la participation et le chômage que lapopulation totale. Une fois de plus, c’est unenouvelle très positive puisqu’elle signifie que lapopulation ayant une identité autochtone nese laisse pas aussi facilement décourager d’essayerde trouver du travail que la population générale.Outre des taux de participation déjà élevés,cette constatation signifie que le principal défi dumarché du travail pour la collectivité autoch-tone n’est pas de manquer de volonté de tra-vailler, mais plutôt de trouver des emplois.

Cependant, la situation n’est pas aussiclaire si on examine les données à l’échelle dechaque province. Au Québec, au Manitoba et enSaskatchewan, les taux réels de participationsont environ les mêmes que les taux prévus.

Au Manitoba et en Saskatchewan, ce résultatreflète un modèle trop connu de sous-performance relative par rapport au autresprovinces.

La figure 20 illustre les taux de par-ticipation et les taux de participation relatifsde la population ayant une identité autochtonedans 14 villes importantes. Dans huit villes,soit Montréal, Ottawa-Hull, Toronto, Hamilton,London, Sudbury, Calgary et Victoria, lestaux de participation des Autochtones sontpresque les mêmes que ceux enregistrés dansla population totale. Les taux de participationdes Autochtones sont les mêmes que ceuxde l’ensemble de la population à Hamilton età Calgary et, en réalité, plus élevés à Ottawa-Hull et à Toronto. Les taux de participationrelatifs sont de moins de 90 % à Regina et àSaskatoon seulement.

Page 32: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

28 Caledon Institute of Social Policy

La figure 21 illustre les taux de par-ticipation parmi les groupes ayant une iden-tité autochtone. Tout comme pour les taux dechômage, les Indiens de l’Amérique du Nordont les moins bons résultats (57 %), suivis dela catégorie Autre/N.D. (60 %), des Inuits(63 %) et des Métis (69 %).

Observations sommaires

1. Le marché du travail canadien a absorbé122 390 personnes d’âge actif de plusayant une identité autochtone au coursdes cinq années de 1996 à 2001. Malgréune augmentation importante du nombred’Autochtones cherchant un emploi, letaux de chômage de cette population a

chuté d’un cinquième passant de 24 % en1996, à 19,1 % en 2001.

2. En matière de chômage, la position de lapopulation ayant une identité autochtoneest à peu près la même par rapport àcelle de la population totale en 2001qu’elle était en 1996 et en 1991. L’écartn’a pas été élargi malgré une augmenta-tion importante de la main-d’œuvreautochtone, mais on n’a pas non plusenregistré d’amélioration.

3. Les taux relatifs de chômage demeurentles plus élevés au Manitoba et en Sas-katchewan et les plus bas dans l’Est.Ces taux continuent à augmenter enOntario, mais ils se sont stabilisés auQuébec.

Page 33: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 29

4. Au même titre que les taux de chômageaméliorés, la population ayant une iden-tité autochtone continue à jouir de tauxde participation accrus. Les taux de par-ticipation relatifs continuent aussi às’améliorer. Sur l’ensemble, les taux departicipation de la population ayant uneidentité autochtone sont de trois pointsde pourcentage plus élevés que ce qu’onaurait prévu en raison de son taux dechômage. Cette population fait preuved’une participation étonnamment forte aumarché du travail.

5. Le taux de participation relatif de lapopulation ayant une identité autochtoneest supérieur à 100 % à Terre-Neuve etau Labrador, ce qui indique que la par-ticipation est plus élevée parmi cettepopulation que dans l’ensemble de lapopulation. Partout dans l’Est, les tauxde participation relatifs des Autochtonessont supérieurs à 90 %. Malheureuse-ment, les taux relatifs au Manitoba et enSaskatchewan sont encore une fois lespires de toutes les provinces. Un modèlesemblable peut être observé pour lestaux de participation prévus par rapportaux taux réels.

Géographie des marchés du travailpour les Peuples autochtones

Les régions

Le tableau 12 présente un résumé régio-nal des taux de participation et de chômageabsolus et relatifs pour la population ayantune identité autochtone en 1996 et en 2001.En examinant d’abord les taux absolus, les

conditions du marché du travail en 2001étaient un peu moins favorables dans l’Ouestque dans l’Est, tant au plan du chômagequ’à celui e la participation. En général, lemodèle régional en 2001 est semblable àcelui de 1996 en ce qui a trait aux taux abso-lus. Dans toutes les régions, le chômage et laparticipation étaient meilleurs en 2001 qu’en1996 en termes absolus, ce qui reflète uneamélioration de la conjoncture économiquepour l’ensemble du Canada.

Au plan relatif, la situation n’est pas toutà fait aussi bonne. Aucun des taux de chômagerelatifs des régions n’a connu d’amélioration de1996 à 2001, demeurant plutôt stables. Enrevanche, les taux de participation relatifs detoutes les régions ont connu une améliorationde 1996 à 2001. Cependant, l’Ouest n’a pasd’aussi bons résultats que l’Est au plan rela-tif ni en chômage ni en participation, et lesPrairies ont les pires résultats.

La découverte de la cause des différ-ences entre l’Est et l’Ouest va bien au-delà duprésent rapport et comporte probablement denombreux facteurs difficiles à quantifier. Unesimple régression du pourcentage de la pop-ulation ayant une identité autochtone n’ayantpas un certificat de fin d’études secondairesdans chaque province en 2001 « explique »43 % de la variation des taux de chômage rela-tifs de cette population parmi les provinces.Cette donnée est légèrement inférieure à cellede 1996, au moment où on a découvert que cettemême régression représentait 56 % de la vari-ation du chômage relatif. Une étude rigour-euse de cette question nécessiterait l’utilisa-tion de microdonnées plutôt que des donnéesglobales sur la régression par province. Néan-moins, ces données laissent supposer l’exis-tence d’un lien prévu entre l’éducation et lechômage.

Page 34: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

30 Caledon Institute of Social Policy

Est (de Terre-Neuve à l’Ontario)

Ouest (Prairies, C.-B. et Territoires)

Provinces des Prairies

Est (de Terre-Neuve à l’Ontario)

Ouest (Prairies, C.-B. et Territoires)

Provinces des Prairies

Taux de chômage Taux de participation

réel

23,4

24,3

24,0

17,8

19,8

18,4

relatif

229

291

326

232

288

330

réel

59,1

57,9

55,6

62,3

60,9

59,6

relatif

94

85

80

95

89

84

1996

2001

Les villes

Nous examinons aussi la géographie dupoint de vue des villes, comme le démontre letableau 13. Dans les villes de l’Est (compre-nant arbitrairement Sudbury et tout ce qui setrouve à l’est de celle-ci) le chômage parmi lapopulation ayant une identité autochtone étaitde 10,9 % en 2001, par rapport à celui de lapopulation totale de ces villes, 6,4 %. Ainsi, auplan relatif, le taux de chômage des Autochtonesétait 1,7 fois celui de la population totale. Bienque ce taux de chômage soit nettement tropélevé, il ne dépasse pas les limites des groupesminoritaires du Canada. Les niveaux de chô-mage des nouveaux arrivants sont aussi d’envi-ron 11 %.

Cependant, le chômage des Autochtonesdans les villes de l’Ouest est de 15,2 % malgré

les niveaux de chômage moins élevés parmi lapopulation totale de ces villes, donnant lieu à unchômage relatif de 2,5 fois le taux général. Cetaux de chômage absolu et relatif élevé estsupérieur aux limites de l’expérience de presquetous les groupes minoritaires au Canada.

Le tableau 14 illustre les taux de par-ticipation de la main-d’œuvre pour les villesen 2001 et les moyennes pour l’Est et l’Ouest.Les taux de participation parmi la populationayant une identité autochtone dans l’Est sonttrès bons. En réalité, ils sont les mêmes queceux de la population totale. Il s’agit là du tauxd’équité qui devrait faire partie des objectifscentraux de la politique du marché du travaildes Canadiens d’origine autochtone et il estencourageant de constater qu’il existe desparamètres au sein desquels l’équité est déjàréalisée. On peut parfois faire valoir que l’équité

Tableau 12Taux de chômage et de participation

des Autochtones par région, en 1996 et en 2001

Page 35: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 31

Tableau 13Taux de chômage des Autochtones et taux de

chômage total, villes de l’Est et de l’Ouest, en 2001

Montréal

Ottawa-Hull

Toronto

Hamilton

London

Sudbury

Moyenne de l’Est

Thunder Bay

Winnipeg

Regina

Saskatoon

Calgary

Edmonton

Vancouver

Victora

Moyenne de l’Ouest

Taux de chômagedes Autochtones

12,2

7,3

8,7

12,3

15,3

19,7

10,9

22,7

14,3

20,7

22,3

10,1

13,1

15,4

16,4

15,1

Taux de chômageet la population totale

Taux dechômage relatif

Villes de l’Est

7,5

5,6

5,9

5,7

6,7

9,2

6,4

8,8

5,6

6,0

6,7

4,9

5,5

7,2

6,6

6,2

163

130

147

216

228

214

169

258

255

345

333

206

238

214

248

243

est un objectif impossible dans un avenirprochain, mais le fait qu’elle ait déjà été réali-sée dans une grande partie du Canada (et nonseulement dans quelques petites villes dis-persées) prouve qu’elle est possible.

Malheureusement, les villes de l’Ouestn’ont pas encore atteint l’équité même au plande la participation, un indicateur clé du marchédu travail qui est parmi les meilleurs pour lesCanadiens d’origine autochtone. Les taux departicipation accusent un certain retard avec une

moyenne de 93 % du niveau de la populationtotale.

Milieux rural et urbain

Enfin, en ce qui a trait à la géographiedes marchés du travail pour la populationayant une identité autochtone, nous examinonsaussi les indicateurs de chômage et de par-ticipation par secteur de résidence, soit sur une

Villes de l’Ouest

Page 36: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

32 Caledon Institute of Social Policy

Tableau 14Taux de participation des Autochtones et taux

de participation total, villes de l’Est et de l’Ouest, en 2001

Montréal

Ottawa-Hull

Toronto

Hamilton

London

Sudbury

Moyenne de l’Est

Thunder Bay

Winnipeg

Regina

Calgary

Edmonton

Vancouver

Victora

Moyenne de l’Ouest

Taux de participationdes Autochtones

Taux departicipation total

Taux departicipation relatif

Villes de l’Est

Villes de l’Ouest

64,2

72,6

71,7

65,5

66,0

60,0

67,6

65,7

70,4

68,8

65,5

67,4

62,0

68,2

98

103

104

100

98

97

100

57,3

64,3

58,3

58,4

75,3

66,7

63,3

63,5

69,2

63,7

68,6

70,5

79,8

75,2

71,8

66,2

64,3

64,5

90

94

83

84

100

93

96

99

93

réserve, en région rurale (tant sur une fermeque dans un petit village), dans de petits etgrands centres urbains (également connussous l’appellation région métropolitaine derecensement). Les données peuvent être unpeu asymétriques parce qu’il y a un certainchevauchement des réserves avec les autrescatégories et, avant et par-dessus tout, il y aaussi certaines questions relativement à laprécision des données des réserves sur l’emploi.Néanmoins, ces données sont les meilleures

qui soient disponibles et elles sont susceptiblesd’être précises à quelques points de pourcen-tage près.

La figure 22 illustre le taux de chômagedans quatre secteurs de résidence. Le chô-mage est de loin le plus élevé sur les réserves,soit 28 % en 2001, et beaucoup moins élevédans tous les autres secteurs de résidence,allant de 18 % dans les régions rurales et lespetits centres urbains, jusqu’à 14 % (la moitié

Page 37: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 33

du taux sur les réserves) dans les grands centresurbains. La figure 23 démontre les taux departicipation par secteur de résidence, quivont de 52 % sur les réserves à 64 % dans lesrégions rurales, 65 % dans les petits centresurbains et 66 % dans les grandes villes. Unefois de plus, la performance des réserves estla moins bonne parmi les six tailles de collec-tivités dans ce deuxième indicateur-clé dumarché du travail.

Ces observations sont importantesétant donné qu’elles indiquent que les mem-bres des Premières nations peuvent devoirchoisir entre obtenir un emploi et demeurersur une réserve. Cependant, cette dernière solu-tion est souvent non seulement une question desavoir où habiter mais aussi d’avoir ou non unemploi. Elle peut également être une questionde conservation de sa culture, de son identitéet de sa tradition. Ce dilemme est aggravé parla politique fédérale étant donné que la plu-

part des avantages offerts par le gouvernementfédéral sont présentement liés aux réserves,renforçant ainsi la rupture des liens avec labande, lorsqu’un membre quitte la réserve.Cependant, la politique fédérale peut changeréventuellement en raison de décisions judiciairesrécentes élargissant les droits de vote auxmembres d’une bande vivant à l’extérieur desréserves.

Observations sommaires

1. Le marché du travail des Autochtones estdivisé en quatre segments : entre l’Est etl’Ouest, ainsi que sur les réserves et endehors de celles-ci. Dans l’Est et àl’extérieur des réserves, ce marché n’estpas très différent de la norme canadienne.Sur les réserves et dans l’Ouest, il estnettement pire que cette norme. Ces

Page 38: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

34 Caledon Institute of Social Policy

réalités représentent des défis importantspour les marchés du travail de l’Ouest, oùla population ayant une identité autochtoneest d’une importance croissante pourl’économie, comme on en discuteradavantage dans la prochaine section duprésent rapport et pour les politiquesfédérales et des bandes relatives auxréserves.

2. L’aspect positif de cette étude de la géo-graphie des marchés du travail autoch-tones est que tout n’est pas sombre et quede nombreux indicateurs dans l’Est sontpositifs. Il s’agit d’une démonstration tan-gible que la réussite est possible.

L’avenir des marchés du travail pour lesPeuples autochtones

En raison d’un profil d’âge plus jeune etd’un plus grand nombre de personness’identifiant comme Autochtones, la popula-tion autochtone active du Canada continuera àcroître très rapidement. On ne peut pas pré-dire combien de nouvelles personnes déci-deront de s’identifier comme Autochtonesdans les sondages futurs, mais on peut prévoirexactement la croissance de la main-d’œuvreautochtone sur les 15 prochaines années dansla mesure où cette croissance n’est attribu-able qu’au vieillissement de la populationexistante ayant une identité autochtone. Ceci

Page 39: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 35

est possible parce que chaque personne quifranchira l’âge de 15 ans au cours des 15prochaines années est déjà née. Ainsi, on n’aqu’à projeter le vieillissement de la main-d’œuvre pour obtenir des paramètres quanti-tatifs précis autour des questions politiquesessentielles pour le marché du travail futurdu pays, au moins dans la mesure où la crois-sance future de la population ayant une iden-tité autochtone n’est attribuable qu’aux fac-teurs démographiques (dans le cas présent, onignore la mortalité puisqu’elle sera un facteurpeu important pour ce groupe d’âge).

La question centrale consiste à savoircombien il faudrait de postes pour combler lalacune en matière d’emploi entre les popula-tions autochtones et non-autochtones.

La figure 24 illustre la croissance pré-vue de la population ayant une identité autoch-

tone de 15 à 64 ans s’il n’y a pas d’autrespersonnes qui décident de s’identifier commeAutochtones en plus de celles qui l’ont déjàfait dans le recensement de 2001, soit en raisond’une croissance « naturelle ». La figure 25montre le nombre de nouveaux emplois quiseront nécessaires pour réaliser une équité enmatière de taux de participation et de chômageentre la population ayant une identité autoch-tone et l’ensemble de la population, en présu-mant que ces taux pour 2001 dans la popula-tion générale (7,4 % et 66,4 % respectivementpour la population canadienne de 15 à 64 ans)continuent dans l’avenir.

La figure 25 démontre qu’avec 323 945personnes âgées de 15 à 64 ans employées en2001 dans la population ayant une identitéautochtone, il aurait fallu que 52 764 de plussoient employées si les taux de participation etde chômage avaient été égaux à ceux de

Page 40: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

36 Caledon Institute of Social Policy

l’ensemble de la population en 2001. De même,elle révèle que 103 093 personnes de plus ayantune identité autochtone que le nombre employéen 2001 devront être employées en 2006 afind’égaliser les taux de participation et de chô-mage de la population totale en 2001, et cettecroissance de l’emploi devra se poursuivredans les années subséquentes (156 378 en 2011et 189 842 d’ici à 2016).

La figure 26 projette la main-d’œuvreautochtone en pourcentage de la main-d’œuvretotale (de 15 à 64 ans) de 2001 à 2016.L’estimation de la main-d’œuvre canadienne del’avenir a été tirée de la projection de lapopulation moyenne par Statistique Canada[George, Loh, Verma, et Shin 2001]. La main-d’œuvre autochtone passera de 2,9 % de la main-d’œuvre totale en 2001 à un pourcentage deprojeté de 3,6 en 2016, soit une augmentationimportante de 24 %. Cependant, les estimationsde la main-d’œuvre future au Canada sontfondées sur l’ensemble de la population, tandis

que celles de la population ayant une identitéautochtone excluent les personnes vivant dansdes logements collectifs. Ce facteur devraitêtre assez faible, mais il signifie que la propor-tion de la main-d’œuvre autochtone dans l’ave-nir est un peu sous-estimée dans ces donnéeset toutes celles qui suivront dans cette sectiondu présent rapport. Néanmoins, ces estima-tions sont approximatives et peuvent formerune base raisonnable pour une politique.

Bien sûr, la proportion des travailleursautochtones dans la main-d’œuvre variera defaçon marquée au plan géographique. Le tab-leau 15 illustre l’augmentation « naturelle » dela main-d’œuvre ayant une identité autochtoneau cours des trois périodes de recensement de2001 à 2016. La figure 27 illustre l’augmen-tation cumulative en pourcentage dans chaqueprovince de 2001 à 2016. « Cumulative » signi-fie l’augmentation totale de 2001 jusqu’auxautres délais fixés, par exemple, en Saskatche-wan cette augmentation est de 19 % pour la

Page 41: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 37

Tableau 15Croissance « naturelle » de la main-d’œuvre

autochtone, de 2001 à 2016

T.-N.

Î.-P.-É.

N.-É.

N.-B.

Qué.

Ont.

Man.

Sask.

Alb.

C.-B.

Yukon

T.N.-O.

& Nunavut

2001

12 850825

10 94011 34551 350

124 03590 44574 44097 390

110 7904 225

11 33012 715

2006

14 245955

12 25312 35856 483

136 385103 81888 613

111 933124 355

4 69313 08315 368

2011

15 3851 030

13 71513 47561 870

150 575119 095103 810127 015137 170

5 16014 83518 065

2016

15 703 1 09814 53314 18064 828

157 278130 443115 658136 900143 185

5 46315 87820 458

Page 42: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

38 Caledon Institute of Social Policy

main-d’œuvre autochtone de 2001 à 2006,de 39 % de 2001 à 2011, et de 55% de 2001à 2016. Les augmentations les plus impor-tantes seront enregistrées au Manitoba, enSaskatchewan et dans les Territoires.

Par province

La figure 28 illustre la main-d’œuvreautochtone projetée en pourcentage de lamain-d’œuvre totale pour chaque province en2001, 2006, 2011 et 2016. Le graphique illustrede façon spectaculaire l’importance croissantede la main-d’œuvre autochtone au Manitoba eten Saskatchewan par rapport à toutes les autresprovinces. Dans ces deux provinces, la main-d’œuvre autochtone augmentera pour atteindreenviron 17 % de la main-d’œuvre totale au

cours de la prochaine décennie et demie. Dansune large mesure, les enfants autochtones desménages manitobains et saskatchewannais, quisont dans les garderies et dans les écolesreprésentent l’avenir économique de ces deuxprovinces.

La figure 29 donne la même informa-tion, mais pour les trois territoires. Il existe desécarts marqués entre les territoires en ce quitouche leur main-d’œuvre autochtone présenteet future. Les Canadiens du Sud peuvent avoirtendance à parler des territoires comme d’ungroupe et à les rassembler à des fins deplanification, mais il existe des défis et desoccasions différents représentés par une main-d’œuvre autochtone qui, d’ici à 2016, passerade 24 % de la main-d’œuvre totale au Yukon, à50 % dans les Territoires du Nord-Ouest, et àpresque 90 % au Nunavut.

Page 43: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 39

Page 44: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

40 Caledon Institute of Social Policy

Observations sommaires

1. Au cours de la dernière décennie, le marchédu travail du Canada a mieux réussi quede nombreuses personnes auraient cru àabsorber le nombre croissant de travailleursautochtones. Le défi sera plus grand aucours des prochaines années. Afin decommencer à combler l’écart entre lapopulation ayant une identité autochtone etla population totale, il faudra augmenter lesoccasions d’emploi pour les Autochtones.

2. L’importance croissante de la main-d’œuvre autochtone pour le Manitoba etla Saskatchewan ne peut pas être exa-gérée. En effet, il n’existe vraisembla-blement aucun autre facteur économiqueplus critique pour ces provinces. La pré-sence autochtone beaucoup plus élevéedans ces deux provinces signifie aussique les politiques autochtones fédéralesdevraient être examinées à l’échelle desPrairies, puisque ces provinces seronttouchées de façon disproportionnée partout changement à la politique fédérale.

Incidence sur les politiques générales

L’objectif du présent rapport consiste àfournir une base empirique pour un débatd’orientation de politique. Dans les pages quisuivent, on énonce plusieurs orientations possi-bles pour une réforme qui pourrait être dis-cutée utilement à la lumière de l’analyse entre-prise dans ce document.

Investir dans les enfants maintenant

Comme on l’a constaté, la main-d’œuvreautochtone connaîtra une importance crois-

sante au cours de la prochaine décennie etdemie, plus particulièrement dans les provincesdes Prairies. Les enfants qui deviendront lesnouveaux venus dans la main-d’œuvre sontaujourd’hui à la maison, dans les écoles et dansdes centres de la petite enfance.

Les gouvernements fédéral, provinciaux/territoriaux et des Premières nations ainsi queles organisations autochtones ont déployé degrands efforts pour les programmes touchantles familles et les enfants autochtones mais, enraison de l’ampleur du défi à relever, il fautaccomplir davantage. Plutôt que percevoir ladépense éventuelle simplement comme unedemande de plus pour des fonds publics déjàrestreints, on devrait chercher activement tousles moyens possibles d’investir de façon avi-sée dans l’amélioration des chances pour lesenfants et la jeunesse autochtones. Lessommes bien dépensées actuellement serontsûrement très rentables pour l’avenir. L’alpha-bétisme et la capacité de calculer sont essen-tiels à l’emploi dans l’économie actuelle et leurimportance augmentera encore dans l’avenir.Existe-t-il des secteurs pour lesquels ont pour-rait envisager une programmation accrue oumeilleure à l’intention des enfants autochtones etde leurs familles?

Voici quelques exemples des questionsfondamentales que les gouvernements pro-vinciaux/territoriaux et des Premières nationsdevraient se poser :

• Εst-ce que chaque enfant autochtone quipourrait bénéficier d’un programme du type« Bon départ » est en mesure d’y accéder?

• Εxiste-t-il des services pour les enfants etleurs familles sous l’entière autorité autoch-tone dans les grandes villes, accompagnésd’un mandat préventif et d’une stratégiecommunautaire bien financés?

Page 45: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 41

• Existe-t-il des services de garde d’enfantsde qualité et fiables pour toutes les famillesautochtones qui pourraient en tirer profit,sur les réserves ou en dehors de celles-ci?

• Les écoles servant les enfants et la jeunesseautochtones disposent-elles des ressourcessuffisantes et des compétences adéquatespour donner un appui à leurs étudiantsautochtones?

• Y a-t-il des ressources adéquates au planculturel pour aider chaque parent autochtonequi pourrait tirer parti d’aide, tant sur lesréserves qu’à l’extérieur de celles-ci etparticulièrement dans les villes?

• Existe-t-il des programmes pour aider lesenfants et les jeunes autochtones à poursuivre leurs études ou à revenir à l’écoles’il ont décroché pendant quelques années?

• Les universités et les collèges sont-ils aussiaccessibles que possible aux candidatsautochtones admissibles?

• Les candidats autochtones admissiblespeuvent-ils accéder facilement à des pro-grammes d’apprentissage et de formationdans les métiers?

• Le recyclage est-il facilement accessibleaux jeunes adultes autochtones qui désir-ent maintenant compléter leur éducation?

• Existe-t-il de bons programmes d’alpha-bétisation et d’initiation à l’arithmétiquedans les organismes correctionnels, par-ticulièrement pour les jeunes contre-venants?

Établissement d’un objectif clair en matièrede politique

Dans le monde entier, les gouvernementsse sont fixé des objectifs clairs et quantifiablesafin de mesurer le progrès et d’évaluer la réussitede leurs programmes. Les données figurant dansle présent rapport indiquent que la populationayant une identité autochtone a progressé au plandes taux de participation relatifs, mais qu’elledemeure plus ou moins inchangée en ce qui atrait aux taux de chômage relatifs.

L’atteinte de l’équité en matière de tauxde chômage et de participation est un objectiftangible et quantifiable pour la main-d’œuvreautochtone. Le gouvernement du Canada etd’autres gouvernements devraient adopter cebut quantifiable et mesurer constamment leprogrès réalise pour l’atteindre. On ne peut passous-estimer le pouvoir d’un objectif énoncéclairement et mesurable pour améliorer lesprogrammes et soutenir les efforts.

La réalité géographique

Le Manitoba et la Saskatchewan, demême que les Territoires, auront une main-d’œuvre autochtone très imposante et de plusen plus importante dans un avenir prochain.D’autres provinces seront aussi touchées, maisces deux provinces et les Territoires parti-culièrement doivent avoir une populationautochtone prospère si elles veulent réussirdans les prochaines décennies. Le rendementde la main-d’œuvre autochtone contribueragrandement à ce que le Manitoba, laSaskatchewan et les Territoires arrivent àmaintenir la croissance nationale du PIB ou àtirer de l’arrière.

Page 46: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

42 Caledon Institute of Social Policy

On doit reconnaître que les gouverne-ments du Manitoba et de la Saskatchewanont démontré leur engagement à améliorer lesniveaux de vie de leur population autochtoneet que le gouvernement fédéral a égalemententrepris de nombreux projets à cette fin. Àl’échelle urbaine, de nombreuses villes,notamment Winnipeg, se sont efforcées d’aiderà améliorer les occasions pour leurs résidantsautochtones. En outre, les Premières nations ontdepuis longtemps une importance significativedans ces deux provinces et il existe de plusen plus d’organisations urbaines autochtonesdans les villes. Les trois paliers de gouverne-ment, de concert avec les organisationsautochtones, ont en général accompli du bontravail en collaboration. Néanmoins, commenous l’avons constaté sur presque chaqueindicateur, la situation du marché du travail dela population ayant une identité autochtone auManitoba et en Saskatchewan fait partie despires au Canada. Par conséquent, non seule-ment ces provinces ont plus à perdre, mais ellescommencent aussi en plus mauvaise position.

La politique fédérale doit refléter la non-uniformité de la situation des Autochtones partout le Canada. Il faudrait comprendre quedes modifications aux politiques ayant uneincidence financière ont des répercussionsbeaucoup plus importantes au Manitoba et enSaskatchewan. À titre d’exemple, le retraitfédéral de tous les services destinés auxPremières nations, exception faite des servicesofferts sur les réserves (discuté plus à fond ci-dessous), qui a été mis en œuvre au cours desdernières décennies a touché de façon dis-proportionnée le Manitoba et la Saskatchewan.D’autres questions, telles que la mesure danslaquelle l’aide sociale financée par le fédéral etadministrée par les Premières nations sur lesréserves et la politique provinciale seront beau-coup plus critiques pour ces deux provinces quepour les autres. En outre, les politiques du

marché du travail sont de plus en plus laresponsabilité conjointe des gouvernementsfédéral, provinciaux et territoriaux assumée envertu d’ententes intervenues entre eux. Lespolitiques du marché du travail autochtone etles relations entre les gouvernements serontinextricablement liées, particulièrement dans lesPrairies, ce qui nécessitera la collaboration entretous les paliers de gouvernement, dont lesgouvernements des Premières nations.

Ottawa est loin des Prairies. Les min-istères fédéraux relèvent, par le biais de leursstructures hiérarchiques, d’Ottawa où sedécident les promotions et se fait l’élaborationdes politiques. La coordination fédérale surplace dans les provinces des Prairies affecteau moins six ministères fédéraux importants,soit Ressources humaines et développement descompétences, Affaires indiennes et du NordCanada, Développement social, IndustrieCanada, Santé Canada et Patrimoine Canada.Bien qu’on ait essayé de faire mieux travaillerces ministères ensemble dans les régions, ilssont tous « cloisonnés » à divers degrés et doiventconsulter Ottawa pour tout changementsignificatif. À Ottawa, la représentation régio-nale peut ou non être considérée avec atten-tion lors de la prise de décisions et la réceptivitéaux préoccupations régionales varie d’unequestion à une autre et d’un ministère à un autre.

Dans notre rapport précédent, nousavons recommandé d’envisager une nominationau niveau de sous-ministre dont le titulaire seraitchargé de la coordination des questionsautochtones et serait en poste dans l’Ouest,probablement à Winnipeg, ce qui a déjà étéfait, lorsqu’un délégué principal a été nommépour l’«Ouest » et en poste en Alberta, chargéthéoriquement de la diversification de l’écono-mie de l’Ouest. Cette option est encore valideet mérite qu’on lui accorde une attention sér-ieuse.

Page 47: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

Caledon Institute of Social Policy 43

Services hors-réserve

Le ministère fédéral Ressourceshumaines et Développement des compétencesappuie un système élaboré de services d’emploivisant la main-d’œuvre autochtone, tant sur lesréserves qu’à l’extérieur de celles-ci par le biaisd’ententes sur le développement des ressourceshumaines autochtones. En outre, il existeplusieurs dispositions spéciales telles que lesprogrammes pour les Autochtones en milieuurbain entrepris avec plusieurs provinces etorganisations autochtones. Cependant, pour laplupart du financement destiné aux Autochtones,la politique fédérale actuelle consiste àrestreindre son appui aux services destinés auxAutochtones habitant dans les réserves.

Comme nous l’avons constaté, lespopulations sur les réserves ne diminuent pas.En fait, la population ayant une identitéautochtone augmente tant sur les réserves quedans les villes. Cependant, nos données neprésentent qu’une image à un moment donné.Derrière ces données statiques, il existe sansaucun doute des départs et des arrivéesimportants lorsque des personnes quittent lesréserves ou y reviennent. À titre d’exemple, lesdonnées du recensement de 2001 révèlent que30 % (12 630 personnes) de la population ayantune identité autochtone à Winnipeg ont changéd’adresse au moins une fois au cours de l’annéeprécédente et, parmi celles-ci, environ 7 % (ou3 545 personnes) venaient d’une subdivision derecensement différente. Parmi ce dernier groupe,il est possible qu’un nombre important vienned’une réserve directement ou indirectement parl’intermédiaire d’une ville ou d’un village pluspetit.

Jusqu’à une époque récente, le départde la réserve a souvent signifié l’abandon de sabande, au moins du point de vue du gou-vernement fédéral. Par exemple, bien que le

gouvernement fédéral finance les agences deservices à l’enfant et à la famille des Premièresnations sur les réserves, ces agences ne sont pasfinancées par Ottawa pour fournir ces serviceshors-réserve, même à leurs propres membres desPremières nations qui les choisiraient s’ils lepouvaient. De même, toute une gamme d’autresservices et de droits ne sont reconnus que surles réserves. Toutes ces restrictions pourraientcommencer à s’effriter en raison de la recon-naissance récente du droit de vote des mem-bres de bandes hors-réserve lors des électionsau sein des bandes. Il est probable que d’autresformes de droits et de responsabilités puis-sent suivre un jour. Cependant, entre-temps,Ottawa demande réellement aux membresdes Premières nations de faire un choix difficileentre des services continus offerts par l’admini-stration locale et un déménagement en ville

Cette politique fédérale entrave l’évo-lution naturelle du lien des Premières nationspar rapport à leur assise territoriale. Ce lien doitêtre en mesure de s’adapter et de se développerpar rapport à la réalité et non selon des cri-tères politiques (et essentiellement financiers)conçus par Ottawa. Surtout, selon la perspec-tive du présent rapport, il vaut la peined’examiner encore les figures 22 et 23. Étantdonné que le chômage sur les réserves est depresque 30 % et un peu sous les 15 % dans lesvilles et qu’il n’existe pas beaucoup de pos-sibilités d’augmenter les occasions d’emploisur de nombreuses réserves (mais non toutes),une politique du marché du travail pour lesAutochtones devra reconnaître la réalité quela plupart des emplois sont dans les villes. Lapolitique fédérale qui demande effectivementde se défaire des éléments critiques de l’iden-tité des bandes et ne réussit pas à prévoir lemaintien de liens étroits avec les bandes hors-réserve, établit une entrave à la façon d’amél-iorer l’emploi des Autochtones. Elle force unchoix cruel entre l’identité et l’emploi. Comme

Page 48: Les Autochtones sur le marché du travail canadien … Autochtones sur le marché du travail canadien : travail et chômage, aujourd’hui et demain par Michael Mendelson mars 2004

44 Caledon Institute of Social Policy

on l’a souligné, avec le temps. Les tribunauxseront susceptibles de limiter cette politique,mais on sait que les tribunaux sont une façonlente et coûteuse d’établir des politiques (etque celles-ci ne sont pas nécessairement lesmeilleures). Même si le réexamen de cettepolitique ne sera ni facile ni possible à accom-plir du jour au lendemain, le temps est venu des’y mettre pour Ottawa.

Recherche plus poussée

Aucun rapport de recherche ne seraitcomplet sans une recommandation d’aller plusloin. La présente étude est principalementdescriptive plutôt qu’analytique, mais elle sug-gère un certain nombre de questions nécessitantune analyse plus poussée.

À titre d’exemple, il serait utile demieux comprendre le phénomène des taux departicipation élevés des Autochtones. Ces tauxsont une question essentielle à la conceptiondes politiques. S’ils sont en réalité véritable-ment plus élevés que prévu, comme le laissentsupposer les données de ce rapport, il faudraitconcevoir des services de soutien à l’emploi àl’intention de la population ayant une identitéautochtone pour aider les gens à trouver desemplois, pour leur permettre de se recycler etd’obtenir une formation et, dans certains cas,pour aider à la création d’emplois. Par contre,en se fondant sur les renseignements présentésdans le présent rapport, il ne serait pas sage deconsacrer de l’argent à des incitatifs finan-ciers supplémentaires aux Autochtones pourqu’ils trouvent un emploi. Apparemment lesAutochtones du Canada n’en ont pas besoin.Cette recherche jette de la lumière sur unequestion de conception des programmesimmédiate et essentielle touchant une dépensede millions de deniers publics.

Un grand nombre d’autres questionspourrait également être examiné plus enprofondeur. La présente étude n’a pas, parexemple, étudié la disparité des sexes sur lesmarchés du travail. Les hommes et les femmesde la population ayant une identité autoch-tone perçoivent-ils le marché du travail dif-féremment? Dans l’affirmative, de quelle façonet que pouvons-nous en tirer pour la concep-tion des programmes?

Cette recherche servirait non seulementau gouvernement fédéral, mais aussi auxprovinces et aux gouvernements des Premièresnations. Un programme de recherche pluslogique et axé sur les politiques serait un ajoutpratique au travail qui est déjà en marche dansde nombreux gouvernements et organisationsautochtones.

Bibliographie

George, M., S. Loh, R. Verma et Y. Shin. (2001).Projections démographiques pour le Canada, lesprovinces et les territoires, 2000-2026. Numéro decatalogue 91-520. Ottawa : Ministère de l’Industrie,Gouvernement du Canada.

Mendelson, M. et K. Battle. (1999). Aboriginal Peo-ple in Canada’s Labour Market. Ottawa : CaledonInstitute of Social Policy, juin. (Participation desAutochtones au marché du travail canadien.) Ottawa :Caledon Institute of Social Policy.

Statistique Canada. (2003). Peuples autochtones duCanada : Un profil démographique. Numéro decatalogue 96F0030XIE2001007. Ottawa : Ministère del’Industrie, Gouvernement du Canada.

Statistique Canada. (1993). Scolarité, travail etactivités connexes, revenu, dépenses et mobilité.Numéro de catalogue 89-534. Ottawa : Ministère del’Industrie, Gouvernement du Canada.