115
PLW VU PAR DES SÉNÉGALAIS VU PAR DES SÉNÉGALAIS VU PAR DES SÉNÉGALAIS VU PAR DES SÉNÉGALAIS Les bourdes d’un halluciné

Les bourdes d'un halluciné

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Les bourdes d'un halluciné

PLW

VU PAR DES SÉNÉGALAISVU PAR DES SÉNÉGALAISVU PAR DES SÉNÉGALAISVU PAR DES SÉNÉGALAIS

Les bourdes d’un halluciné

Page 2: Les bourdes d'un halluciné

2

SOMMAIRE N° Page

1ère Partie : Analyse des actes pendant l’accusation …… ………………………… 5

1. Un grand pas dans la bonne gouvernance, un défi pour la justice sénégalaise ……. 6

2. « Idrissa Seck est dans une relation de dialogue avec le divin ou avec des énoncés

de grands érudits » ……………………………………………………………………….. 11

3. Un vendredi, deux “khoutba” …………………………………………………………….. 16

4. Ce que je pense de Idrissa Seck ……………………………………………………….. 19

5. Qui a politisé l'affaire des chantiers de Thiès ? ……………………………………..… 21

6. Des faux pas de Wade aux glissades d'Idy ……………………………………………. 24

7. Crise de 1962 et dualisme Idy - Wade : le grand fossé ………………………………. 27

8. Qu'en est-il de Wade et Idy ou entre Gorgui et Ngorsi ? …………………………….. 28

9. Rapports WADE IDY : « Tu quoque, Mi Fili », toi aussi, mon fils …………………… 29

10. Les contradictions de Idrissa Seck …………………………………………………….. 32

11. Qui parle d’une liquidation d’Idy en prison ? …………………………………………... 36

12. «Njomboor contre «Cokkeer» …………………………………………………………… 37

13. Les erreurs politiques de Idrissa Seck …………………………………………………. 39

14. Nouveaux chantiers politiques pour Idrissa Seck : Après le glaive libéral, le sable

mouvant de l’opposition ………………………………………………………………….. 42

15. Dieu, Idy et notre combat ………………………………………………………………… 46

16. Martyrolâtrie ……………………………………………………………………………….. 48

17. Idrissa Seck est-il une réincarnation de Mamadou Dia ? …………………………….. 50

18. Slogan contre slogan : De « Idy moo ko yor » à « li mu yor moo mu ko » ...……….. 52

19. Idy se découvre enfin une amitié pour Macky ... : …………………………………….. 53

20. Macky-Idy : Question de styles ! ………………………………………………………… 57

21. Délire d’un halluciné du pouvoir - Triste destinée d’un grand seigneur …………….. 60

22. Le «moi» d’Idrissa Seck ………………………………………………………………….. 62

2ème Partie : Analyse des actes après la sortie de pris on ……………………… 64

23. Profession de foi de l'ancien Premier ministre : Idrissa SECK abuse du 'Je' et snobe

la Cpa …………………………………………………………………………………….... 65

24. Après Saa-Nokho et Saa-Neex, voici Saa-Idy ! ……………………………………….. 67

25. Le mépris et les méprises d’Idrissa Seck ………………………………………………. 71

26. Idrissa Seck n'a pas de programme économique …………………………………….. 74

27. POURQUOI LE CORPS DIPLOMATIQUE AMERICAIN A RENDU VISITE A

IDRISSA SECK - Annihiler les velléités d’un pourfendeur de la stabilité sociale et de

la démocratie ……………………………………………………………………………… 77

Page 3: Les bourdes d'un halluciné

3

28. Les coalitions du recel ……………………………………………………………………. 79

29. A propos du discours de Idrissa Seck ………………………………………………….. 82

30. Des questions à Idrissa Seck ……………………………………………………………. 85

31. Idy, la rhétorique, les versets ……………………………………………………………. 87

32. Un aveu de «petite» taille ! ……………………………………………………………… 91

33. Idrissa Seck : Une imposture sénégalaise …………………………………………….. 93

34. Idy et les journalistes ……………………………………………………………………. 95

35. La caverne d’Ali Baba …………………………………………………………………… 99

36. Tartuffe ou l’imposteur ………………………………………………………………….. 101

37. MAME MBAYE NIANG, COORDONNATEUR DE « FIDEL AU PEUPLE » : « Les

enregistrements d’Idrissa Seck n’existent pas » …………………………………… ..107

38. Un Cd pour enflammer le pays ………………………………………………………… 110

39. Qu'Idrissa Seck cesse de mêler nos chefs religieux à ces histoires ………………. 113

Page 4: Les bourdes d'un halluciné

4

Avant-propos

Dans ce que la majorité d’entre nous a appelé l’Affaire Idrissa Seck, je me

suis intéressé aux avis de sénégalais qui ont pris suffisamment de recule

pour examiner, avec une rigueur intellectuelle, les questions qui nous ont

interpellé en ces moments de grand flou animés par des journalistes

alimentaires ou co-auteurs d’un projet Machiavélique.

Je vous livre dans ce recueil ces avis qui sont parus dans les principaux

journaux de la place (Rubrique ‘’Contributions’’ ) que j’ai pu lire et

confronter à mon regard sur la situation en question. Vous vous rendrez

compte, au fil de votre lecture, de la grande pertinence de certaines

analyses qui avaient prédit des situations ou posé des questions

auxquelles des événements récents apportent une lumière parfaite.

Ma démarche, à travers ce recueil, s’inscrit dans la logique du citoyen qui

refuse de confier la gestion de son bien le plus précieux (Le Sénégal ) à

une personne capable de piétiner tous les principes de la morale pour

assouvir un désir. Dans une telle démarche, j’ai l’obligation d’être attentif

vis à vis des autres et des faits, d’être à l’écoute afin de toujours aboutir à

des conclusions lucides à propos des choses qui m’interpellent. On ne

mesure pas l’intellectuel par le nombre de ses diplômes, mais plutôt par la

manière dont il vit et analyse les phénomènes dans sa Société.

Partageons cette démarche et nous ferons de notre pays une très grande

démocratie !

J’ai confiance en la lucidité de nos frères et sœurs, en la sagesse des nos

anciens pour faire échouer le projet de cet halluciné.

Page 5: Les bourdes d'un halluciné

5

1ère Partie

Analyse des actes pendant l’accusation

Page 6: Les bourdes d'un halluciné

6

Un grand pas dans la bonne gouvernance, un défi pou r la justice

sénégalaise

Le Sénégal est depuis quelques semaines au centre d’un débat politique très intense,

tant au niveau de la société que dans les médias publics et privés. Cette vivacité

débordante reste encore dans les limites d’une démocratie majeure qui fait la fierté et la

notoriété de notre pays le Sénégal. Ces discussions larges, contradictoires et libres

constituent une véritable révolution au regard du contexte que nous avons vécu au cours

des deux premières décennies du pouvoir socialiste dont les parlementaires se sont

érigés en donneurs de leçons lors de la plénière du 3 août dernier à l’Assemblée

nationale. La jeune génération doit savoir que ce qu’elle récolte aujourd’hui en matière de

libertés démocratiques est le résultat des luttes parfois héroïques de plusieurs

générations de patriotes, d’hommes politiques, de syndicalistes, de jeunes, de femmes,

d’étudiants, etc.

Le rappel de l’arsenal des textes répressifs durant cette longue période de la pensée

unique de l’Ups permet de faire la différence avec la situation actuelle.

La Loi d’urgence 60-042 du 20 août 1960 confirmée par celle 60-017 du 7 septembre

1960, suite à l’éclatement de la Fédération du Mali, le décret 60-267 du 1er août 1960

portant dissolution du Parti africain de l’indépendance (Pai) avec l’incarcération de

Majmout Diop, puis son exil, le décret 60-429 du 1er décembre 1960 portant dissolution

de l’Ugtan, l’Ordonnance 60-27 du 10 octobre 1960 relative aux agissements portant

atteintes à l’ordre et à la sécurité publique, la Loi 61-57 du 21-9-61 instituant le Tribunal

spécial de Dakar (pouvoir accru à la police), l’Arrêté 14375/ M.MIT/A.P.A du 2 octobre

1961 portant dissolution du Rassemblement de la jeunesse démocratique sénégalaise

(Rjds), l’aggravation de cette situation au cours de la crise politique de 1962 avec

l’arrestation du chef du gouvernement, Mamadou Dia et quatre de ses amis (Valdiodio

Ndiaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Aliou Tall) le 17 décembre 1962, mais

également les violences politiques durant les élections législatives de 1963 avec

plusieurs exilés (Madia Diop, Abdoulaye Thiaw, Doudou Guèye), la dissolution du Bms

par arrêté 14375/M.INT./a.P.A en 1963, de l’Ugeao en 1964 ; les tortures et les violences

physiques après la tentative de guérilla au Sénégal oriental en 1965, la déportation

sélective des syndicalistes considérés comme adversaires politiques en juin 1968 à

Ololdou, près de Bakel (Iba Der Thiam), à Dabo (Séga Seck Fall), à Sindian (Dr Hamat

Bâ), la Loi 69-du 29 avril 1969 portant Etat de siège , l’Etat d’urgence et l’interdiction de

toute propagande politique (écrite et orale), la dissolution de l’Unts et son remplacement

par la Cnts sous la loi d’urgence en 1969, le décret 71-209 du 28 février 1971 portant

dissolution de Union démocratique des étudiants du Sénégal (Udes), le décret 71-210 du

28 février 1971 portant dissolution de l’Union des étudiants de Dakar (Ued) et intégration

Page 7: Les bourdes d'un halluciné

7

de force des dirigeants étudiants dans l’armée dont feu Alhousseynou Cissé, l’arrestation

la même année des frères Blondin après l’incendie du Centre culturel français (Oumar

Blondin Diop est mort en détention), l’emprisonnement dans les mêmes circonstances

des leaders de l’Unts pendant dix mois (Iba Der Thiam, Abdoulaye Thiaw, Bamba

Guissé, Bakhaw Seck), la détention en prison de syndicalistes enseignants comme Séga

Seck Fall et Samba Diouldé Thiam, puis la dissolution du Syndicats des enseignants du

Sénégal (Ses) pour complot communiste en mars 1973.

C’est dans un tel environnement politique et juridique que se sont déroulés les procès

évoqués au-dessus. Mis en accusation pour tentative de coup d’Etat par l’Assemblée

nationale avec 61 voix pour, une contre et deux abstentions, Mamadou Dia fut condamné

à perpétuité, trois de ses compagnons à 20 ans de réclusion et le quatrième à 5 ans de

prison et 10 ans de privation de droits civiques. Celui qui a poignardé à mort le député

maire de Mbour, Demba Diop, le 3 février 1967, a été jugé, condamné à mort et exécuté

et ses complices condamnés à de lourdes peines par le Tribunal Spécial de Dakar le 18

mars 1967. Pour avoir tenté d’assassiner Léopold Sédar Senghor quelques jours après,

le 22 mars 1967, un jour de la Tabaski, Moustapha Lô, considéré comme un proche l’ex-

président du Conseil, a lui aussi subi le même sort : condamnation à mort, exécution et

refus de remise du corps à la famille de l’intéressé pour des funérailles religieuses

dignes.

Il est important de rappeler à la jeunesse actuelle, ces années de braise du régime de

l’Ups qui n’ont pas fait baisser les bras aux patriotes qui ont résisté au prix de multiples

privations et d’humiliations de toutes sortes. Ces luttes politiques et sociales intenses

associées au contexte international ont permis l’ouverture démocratique avec la

naissance du Pds en 1974, du Sudes en 1976, de l’Utls en 1977, et le vote de la Loi des

trois courants d’abord, puis celle des quatre courants (socialiste, libéral, communiste et

conservateur), avant le multipartisme intégral intervenu avec l’arrivée de Abdou Diouf au

pouvoir le 1er janvier 1981, grâce l’Article 35 de la Constitution révisée pour permettre le

remplacement du président de la République par son Premier ministre en cas de

vacance du pouvoir.

HARO SUR LES IMPUNITES

Si durant les vingt dernières années de pouvoir socialiste sous Abdou Diouf on peut noter

des progrès réels dans la démocratisation de la vie politique et la construction d’un Etat,

ce qui a permis l’alternance démocratique intervenu le 19 mars 2000, on peut au

contraire constater une aggravation du phénomène de la corruption durant cette période,

comparée à l’époque de Senghor. Le Pit n’avait-t-il pas été renvoyé du gouvernement de

majorité présidentielle pour avoir dénoncé la mal gouvernance ? Diouf n’a-t-il pas

reconnu récemment dans une émission à Rfi qu’il a échoué dans sa tentative de lutter

Page 8: Les bourdes d'un halluciné

8

contre la corruption à travers la loi sur l’enrichissement illicite qu’il a été incapable

d’appliquer ? La nécessité de mettre la lumière sur tous les scandales économico

financiers dans le pays, d’arrêter la dilapidation des deniers publics par des

détournements et leur placement à l’étranger, le démantèlement de la monstrueuse

«machinerie» du pouvoir de la corruption au niveau de tous les maillons de

l’administration et des leviers de l’Etat ont été des thèmes majeurs des campagnes

électorales de la Ca 2000 et du Fal en 2000. Ce qui explique la grande place donnée à

cette thématique lors du Discours de politique général du Premier ministre, Moustapha

Niasse, et la priorité donnée aux audits dès les premiers mois de l’alternance. Quelles

que soient les limites notées dans le suivi de ces contrôles, personne ne peut nier qu’au

moins les choses bougent au Sénégal dans ce domaine. Le nombre de chefs de service,

directeurs d’établissement public, cadres et hauts fonctionnaires limogés, relevés de leur

fonction, convoqués à la Dic, emprisonnés ou non pour suspicion de gestion douteuse,

montrent bien que les traditions d’impunité et de protections politiques dans la mauvaise

gestion des deniers publics disparaissent progressivement. Et la plupart des victimes

étaient bel et bien des cadres libéraux au moment où ces sanctions étaient prises. Je

n’irai pas jusqu’à dresser une liste, mais tous les observateur avertis et objectifs de la vie

politique sénégalaise peuvent faire le décompte de ministres, directeurs, hauts cadres ou

gradés de l’armée concernés.

Le dossier des chantiers de Thiès s’inscrit bien dans ce contexte, même si la position

politique du principal intéressé (Secrétaire général national adjoint du parti au pouvoir et

Premier ministre au moment des faits) et la nécessité d’avoir toutes les garanties pour la

transparence et le respect de la procédure peuvent expliquer la longueur du temps mis

entre son interpellation en plein conseil de ministres par le président de la République et

son «limogeage-démission» d’une part et celui entre le dépôt du rapport de l’Inspection

générale d’Etat, sa transmission à la justice et la mise en accusation par l’Assemblée

nationale à sa séance du 3 août 2005 d’autre part. Durant ce long bras de fer, au moins

18 mois, chaque partie s’est préparée politiquement pour la gestion de la confrontation

devenue inévitable. Le mutisme assourdissant de l’ex-numéro 2 du Pds, la fronde des 14

députés du groupe parlementaire Fal, la création du M-sis et d’un parti politique par le

bras droit de l’ex-Pm, la campagne de presse qui a accompagné tout ce processus, etc.

entrent dans le cadre d’une stratégie de démonstration de force et de politisation de toute

accusation ou arrestation éventuelle du mis en cause. C’est en raison de tout cela qu’on

peut considérer que le dossier des chantiers de Thiès a un volet politique. Ce qui

n’enlève en rien qu’il est avant tout un problème de mal-gouvernance, de suspicion de

corruption, de détournement de deniers publics et de viol des règles élémentaires de

traitement des marchés publics. C’est pour cette raison que cette question est aussi un

test pour la classe politique sénégalaise quant à sa capacité à se conformer aux

proclamations quotidiennes sur la bonne gouvernance et dépasser les positions

partisanes pour ne prendre en compte que l’exigence de créer les conditions de

Page 9: Les bourdes d'un halluciné

9

clarification du dossier. De ce point de vue, les partis d’opposition ont dû vivre un malaise

voire un dilemme : faut-il voter l’accusation, et dans ce cas, renforcer un adversaire

politique et lâcher un futur allié politique considéré comme un poids lourd ou faut-il voter

contre et se justifier devant l’opinion publique à partir de l’argument de la politisation et de

la discrimination, contribuer ainsi à l’affaiblissement du parti au pouvoir ? C’est finalement

cette dernière option qui prévalut au détriment d’un consensus d’intérêt national.

Le vote final, après un débat parlementaire démocratique et parfois houleux, a permis,

au-delà de la mise en accusation, de clarifier davantage la représentativité réelle du

groupe parlementaire démocratique et libéral. Il a définitivement clos le débat sur

l’existence d’un groupe de députés cagoulés qui seraient favorables à l’ex-Premier

ministre avec des menaces d’une motion de censure éventuelle en rapport avec

l’opposition parlementaire.

Après l’adoption du projet de résolution de mise en accusation de l’ancien Premier

ministre du Sénégal et du ministre du Patrimoine Bâti, de l’Habitat et de la Construction

par 69 voix pour et 35 contre, les problèmes d’interprétation, entre spécialistes du droit

constitutionnel, de l’Article 101 de la Constitution de janvier 2001 peut toujours continuer,

mais la légitimité du vote est incontestable. En effet, le taux exigé pour l’adoption de la

résolution (72\120) est de 60% seulement, mais le résultat final (69\104) donne une

majorité de 66,34% au groupe libéral et si les membres de la Haute Cour de Justice

devaient participer au vote, on serait avec, au moins 13 voix de plus pour la majorité

parlementaire (82\120) à 68,33%. Ce qui signifie au fonds qu’une large majorité de la

représentation nationale est favorable à l’ouverture de la procédure de mise en examen.

POUR UNE JUSTICE INDEPENDANTE

Le dernier défi qui reste à relever est celui d’une justice indépendante. L’environnement

international actuel, les acquis démocratiques de notre peuple par rapport à la situation

politique décrite en haut, de 1960 au milieu des années 1970, les avancées

démocratiques obtenues dans la constitution de janvier 2001, les exigences d’une

opinion publique citoyenne, d’une presse libre et d’une société civile vigilante offrent

suffisamment de garantis pour une justice transparente et un procès équitable.

Notre pays va ainsi rompre avec l’impunité totale au niveau des crimes économiques

comme ce fut le cas sous l’ancien régime. Le renforcement des pouvoirs de la Cour des

comptes et la création d’une Commission nationale contre la transparence, la corruption

et la concussion peuvent être considérés comme de bons indicateurs vers cette direction.

L’ancien chef de l’Etat avait l’habitude de dire qu’il ne scierait jamais la branche sur

laquelle il est assis. Parlant de son parti, le secrétaire général national du Pds a pris le

risque de provoquer quelques soubresauts dans son parti à dix mois d’importantes

Page 10: Les bourdes d'un halluciné

10

échéances électorales. Tant mieux si les signaux actuels au sein de la famille libérale

montrent bien que la situation continue à être bien gérée. Le Pds peut sortir plus uni,

donc plus fort de cette épreuve. Mais l’essentiel est que le président de la République,

respectant son serment d’avril 2000, a mis l’intérêt national, l’exigence de la transparence

et la bonne gouvernance au-dessus des intérêts de son parti politique

Kalidou DIALLO

Page 11: Les bourdes d'un halluciné

11

KHADIYATOULAH FALL, PROFESSEUR TITULAIRE DE

L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI : « Idrissa Seck

est dans une relation de dialogue avec le divin ou avec des

énoncés de grands érudits »

Des relents d’un discours fanatique dans le discours d’Idrissa Seck ? Le

professeur Khadiyatoulah Fall, professeur titulaire de l’Université du Québec à

Chicoutimi, estime que le discours de l’ancien Premier ministre est un

« discours du destin et de la prédestination ». Le style colle parfaitement à

une proclamation : « Je suis né pour être Président ». Avec des énoncés du

Coran et des références aux grands saints.

Merci Professeur de venir partager vos idées avec le quotidien « le

Soleil ». Vous êtes chercheur en analyse des discours et vous êtes

intellectuel. On parle beaucoup ces temps ici des textes, des énoncés

d’Idrissa Seck, soit dans sa conférence de presse, soit dans ses CD.

Quelle lecture faites-vous de ces discours ?

Je me définis d’abord comme chercheur universitaire. C’est ce lieu que

j’habite en tout premier lieu. Vous me définissez comme intellectuel. J’accepte

cette identification car il m’arrive parfois de participer au débat intellectuel.

Vous m’avez donné, à travers les pages de votre journal, l’occasion d’assumer

ce rôle. L’intellectuel a un devoir d’engagement, mais quand il est

universitaire et chercheur, sa posture intellectuelle est traversée par une

posture épistémologique qui le force à élucider la part de subjectivité, la part

de culture, la part de valeurs qui sont investies dans sa démarche de

connaissance.

L’engagement, c’est être acteur dans la cité. Etre chercheur, c’est être dans

une démarche objective, selon des méthodes bien identifiées, dans une

démarche donc de recherche de la vérité sur un objet. C’est un pari difficile,

surtout pour les Sciences humaines et sociales, mais c’est un défi

passionnant. Je me pose l’obligation dans mes objets de recherche, durant ma

recherche et en fin de parcours de ma recherche de m’interroger sur l’espace

de valeurs que convoque ma recherche et sur la manière d’agir sur la cité.

Bien sûr que cet espace de valeurs n’est pas l’espace propre de la recherche.

Cet espace de valeurs est de l’ordre de l’engagement et de la participation

citoyenne. Des multiples objets de recherche, lequel, lesquels je peux choisir

Page 12: Les bourdes d'un halluciné

12

pour éclairer les débats actuels dans nos sociétés, pour appuyer

l’émancipation d’un pays, d’un groupe, la définition des politiques sociales,

des politiques publiques ? Le choix d’un objet de recherche est déjà un acte

intellectuel, un engagement social. Ma recherche se situe dans un tiraillement

continuel entre vérité et pertinence. Pertinence par rapport à un lieu, par

rapport à des enjeux de société, par rapport à des angoisses, des utopies.

L’intérêt, aujourd’hui, pour l’analyse du discours du fanatisme que je partage

avec les membres de mon équipe de recherche est lié à ce besoin de

pertinence de ma recherche surtout à ce moment-ci alors que les fanatismes,

surtout les fanatismes religieux, suscitent partout l’indignation humaine. Je

crois qu’il y a un besoin de connaissance, de déconstruction des

fonctionnements discursifs de ces discours pour les pister, les dénoncer, pour

être vigilant chaque fois qu’ils prennent corps dans l’espace public.

Justement, vous avez dans une interview avec un de nos confrères du

« Quotidien » fait un rapprochement entre ces discours du fanatisme et les

récents discours d’Idrissa Seck.

Soyons bien précis. Je ne dis pas qu’Idrissa Seck est un fanatique. J’ai dit qu’il

y avait dans l’énonciation de ses derniers discours quelques éléments,

quelques relents qui relèvent du régime discursif du discours fanatique et qui

m’inquiètent. Donc, je ne suis pas dans le registre de l’attaque mais dans

celui de l’observation du mode d’énonciation d’un discours. Vous me

permettrez, avant de parler du discours d’Idrissa Seck, de donner ma claire

position sur ce qu’on appelle l’affaire des « chantiers de Thiès ». Je souhaite

fortement que ce dossier soit traité dans un cadre républicain. Par cadre

républicain, par socle républicain, je veux dire : veiller à ce que les principes

de bonne gouvernance et d’imputabilité des décideurs qui gèrent le bien

collectif, les biens de tous, soient au cœur du règlement de ce dossier. Un

thème fédérateur est en train d’émerger dans tout l’espace public : il faut que

des comptes soient rendus dans le cadre du Droit, de la légalité républicaine

qui exigent que l’État assume son rôle de protection de nos biens collectifs

mais également que tout accusé dans ce dossier ait toute la protection du

Droit que doit avoir un citoyen. Donc discours d’imputabilité et de justice

sociale. Le bien de tous est le bien de tous et ne doit pas être l’objet d’une

appropriation par un individu ou un réseau d’individus. Ce socle républicain et

ce besoin de justice sociale ne doivent pas être ébranlés par des positions

partisanes ou des stratégies de repositionnement politique en fonction des

Page 13: Les bourdes d'un halluciné

13

prochains défis électoraux. Ce socle républicain et ce besoin de justice sociale

ne peuvent être un lieu de consensus que si tous les interpellés dans ce

dossier subissent l’épreuve de la Justice. Il ne devrait pas y avoir

transcendance, ni dérobade devant l’épreuve de la Justice.

Ce socle républicain est également une réponse sans faille aux exigences d’un

État de droit moderne. Vous savez que notre culture sénégalaise est traversée

par une forte valeur qui a su dénouer des conflits, forger des solidarités et

c’est la valeur de « yeurmendé » qui renvoie aux valeurs de compassion, de

pitié, de pardon. Bien sûr que c’est là une de nos valeurs fortes mais quand le

« yeurmendé » finit par mettre en otage l’application du Droit, l’exigence de

justice pour tous, cela pose un problème pour l’affirmation d’un État moderne,

d’un véritable État de droit. La Justice qui, bien sûr, n’est jamais totalement

détachée de son lieu d’application, doit aussi, pour exercer le droit qui

s’impose à tous dans la diversité des cultures, des religions et des idéologies,

cette Justice doit pouvoir parfois se délier des contingences culturelles,

religieuses et politiques.

Et si on arrivait aux discours d’Idrissa Seck ?

J’ai dit, dans mon interview avec votre confrère du « Quotidien », que le

discours d’Idrissa Seck s’énonçait comme un discours du destin, comme un

discours de la prédestination. J’ai mis en rapport ce discours avec un énoncé

qu’on attribue à ce même Idrissa Seck. Il aurait déjà dit : « Je suis né pour

être Président ». C’est ce destin tracé qu’Idrissa Seck énonce et annonce.

Le discours tenu par Idrissa Seck se détache du discours profane. Il puise

exclusivement dans l’ordre du divin, du prophétique ou dans le registre du

discours d’hommes religieux exceptionnels. Les références sont des énoncés

du Coran, de la Bible. Idrissa Seck est dans une relation de dialogue, une

relation intertextuelle avec le divin ou avec des énoncés de grands saints ou

érudits de ce pays comme Cheikh Ahmadou ou Cheikh Ahmed Ces saints

hommes sont des personnages religieux dont la dévotion, la proximité d’avec

Allah font presque des hommes hors du commun. Idrissa Seck est en dialogue

avec le divin ou le « hors du commun » et sa parole n’est que l’écho d’un

« déjà inscrit, d’une destinée » qui a déjà confirmation dans un lieu autre et

donc qui n’a nul besoin de validation par la parole du profane, la parole

construite dans le monde ordinaire. Il y a là une volonté de négation d’une

quelconque puissance, d’un quelconque pouvoir à la parole profane. C’est bien

Page 14: Les bourdes d'un halluciné

14

pourquoi Idrissa Seck choisit de ne pas renvoyer dans ses citations à aucune

autorité du monde ordinaire, du monde laïc. Il nie ainsi dans son énonciation

la possibilité du pouvoir des hommes de le juger, de l’évaluer. Il est dans

l’espace du transcendant. Idrissa Seck s’énonce comme un personnage porté

par le divin. Il est comme porteur d’une parole prophétique, d’une parole

messianique, d’une parole qui le situe au-dessus du pouvoir des hommes.

C’est pour cela que j’ai dit qu’il y avait une incohérence cognitive à tenir une

telle énonciation transcendante et ensuite se constituer un collectif d’avocats.

En effet, ces avocats vont plaider à partir du Droit des hommes, du Droit

profane. Qu’un énonciateur qui refuse tout sens, tout pouvoir au pouvoir

profane souhaite exploiter le Droit profane pour se défendre, constitue une

contradiction.

Que vient, selon vous, confirmer le Cd 1 ?

Le discours fanatique s’énonce dans le défi et il peut pousser le défi jusqu’au

tragique, jusqu’au spectaculaire. La résistance de la loi des hommes pousse le

fanatique à choisir les positions extrêmes, les positions tragiques avec la

conviction que le destin se confirmera dans l’au-delà. On a beaucoup glosé

sur le comportement de défi d’Idrissa Seck depuis qu’il a quitté le pouvoir.

L’énonciation d’Idrissa Seck se situe dans un registre continuel de la bravade

puisque, se pense inatteignable, car habillé par le surnaturel, énonce la

pensée radicale, l’extrême conviction que rien ne peut ébranler son destin, se

construit comme un Saint. Son discours puise dans le registre de la pureté, de

la candeur. Dans le Cd1, on est frappé par le discours moral, le discours de la

perfection qu’il tient sur lui-même. Dans le dialogue entre « Lui et moi », ne

parle de lui que dans des propos qui le décrivent comme un individu

inattaquable sur le plan moral, sur le plan éthique, sur le plan des valeurs

humaines, sur le plan de l’action politique. Selon, il n’y a que lui qui serait

habité par la morale parmi tous ceux qu’il cite, se construit une supériorité

morale sur les autres, se veut être un saint, un saint homme, donc le modèle

d’humains qui a survécu à l’épreuve des piéges de l’impureté, des piéges du

pêché. Il s’énonce comme appartenant au type d’humains que Dieu choisit

pour les élever au rang de prophète, au rang d’élu de Dieu.

Je disais tout à l’heure que le discours fanatique exploite le défi, le défi face

au monde des humains, l’arrogance face à la justice des hommes. Ce défi

peut aller jusqu’au tragique. Le dévoilement des secrets d’État peut être

aujourd’hui lu comme l’activation du tragique car on peut voir, à travers ce

Page 15: Les bourdes d'un halluciné

15

geste, une volonté extrême de déstabilisation de l’État, de perturbation des

institutions donc de faire advenir le chaos. Nous sommes arrivés au stade de

l’énonciation du chaos, au stade eschatologique.

Pour finir, je dirai qu’avec, on vit ces derniers temps dans le monde des

extrêmes. C’est le monde des extrêmes qui construit les fanatismes, les

passions folles, les délires. Avec, nous avons eu droit pendant longtemps à un

excès de silence. Aujourd’hui, on est devant un excès de paroles, un délire de

paroles. C’est comme si quelqu’un sortit d’une longue retraite, d’une longue

réclusion dans un monastère et était pris au contact de la réalité d’une transe

verbale. Sous l’effet de quoi, je ne sais pas...

Page 16: Les bourdes d'un halluciné

16

Un vendredi, deux “khoutba”

Vendredi 22 juillet 2005. Les Sénégalais qui ont été à la mosquée puis ont écouté la

radio ont eu droit à deux «khoutba», l’un de l’imam du quartier, et l’autre de notre Idy

national.

A l’heure où un marabout est appelé Général, un homme politique, et pas n’importe

lequel, devient Mara. Tous deux ont une ambition commune : diriger le pays. Politique et

religion sont indissociables chez nous, ce qui donne à notre laïcité quelque chose que

l’on ne trouve point ailleurs. C’est ce que Moustapha Niasse semble avoir compris, lui qui

lance un appel aux chefs religieux pour qu’ils parlent au chef de l’Etat. L’heure est donc

grave, comme on dit.

Le “khoutba” de Mara-Idy a certes été le plus écouté, car diffusé à travers les ondes de

nos radios captables partout dans le monde. Mais comme on pouvait s’y attendre,

certains doutent de l’authenticité de ce Cd. Mesdames et messieurs, c’est bien Idy, il n’y

a aucun doute là-dessus. La question est : «Quand, où et comment a eu lieu

l’enregistrement ?». Le «quand» a de l’importance car le politicien-mara parle en

visionnaire : «Mon arrestation sera suivie d’une vaste enquête, une vaste opération

d’espionnage politique et d’exploration de mes réseaux d’amitié. On interrogera sans

doute mes plus proches, on les torturera peut-être, on les intimidera sûrement, au moyen

des pouvoirs exorbitants que confère aux enquêteurs le prétexte d’atteinte à la sûreté de

l’Etat, dont j’en suis sûr, ils se serviront. » Cela fait penser à Jésus disant à ses disciples :

«Alors on vous livrera à la tribulation et l’on vous tuera, et vous serez les objets de la

haine de toutes les nations à cause de mon nom…» (Matthieu 24 : 9).

Seulement, les prophéties sont gâchées par cette ph rase au présent de l’indicatif :

«La présente procédure d’atteinte à la sûreté de l’Etat est la seule à leur disposition pour

m’arrêter, m’espionner et peut-être m’assassiner arbitrairement…» Mais que voulez-

vous ? Seul Dieu ne se trompe pas. En tout cas, nos papas et mamans qui l’ont entendu

réciter des versets du Coran, avec l’accent requis, n’ont sûrement pas manqué de

claquer des doigts en criant : «Euskey !»

Ceux qui s’attendaient à voir un homme politique déçu, frustré et traqué, ont découvert

un saint ou quelqu’un qui semble se présenter comme tel. Il se définit comme «un fils qui

ne se prosterne que devant Dieu, plus digne de sa crainte et de son respect.» Là, il nous

rappelle Serigne Touba écrivant : «Dieu me suffit (…), et je me contente de Lui. (…) Je

ne crains que mon Roi et n’espère qu’en Lui.» Après avoir prédit son incarcération, voire

son assassinat, pour «détruire un fils d’emprunt après usage», Mara-Idy s’adresse à ses

proches : «L’objectif ne sera pas de défendre Idy, Allah y suffit.» Qui dit que le Sénégal

n’est pas un pays de saints ?

Page 17: Les bourdes d'un halluciné

17

Après un taalibe-président, nous avons des chances d’élire un saint-président, s’il est vrai

que la prison est un raccourci pour le palais. Cela prouve que le pays avance. On peut

alors se demander si nous n’aurons pas une République islamique. Mais si ce Cd a été

enregistré par liaison téléphonique, pendant que le “prophète” était en détention, cela

voudrait dire que notre Idy nous prend vraiment pour des demeurés et cherche à abuser

de notre foi.

Pour en venir au Cd proprement dit, la lecture est un peu ennuyeuse, surtout au début,

avec des «Lui» et «Moi» à n’en plus finir. Est-ce pour justifier le titre du prochain livre ou

une révélation divine ? Les profanes d’un journal de la place, que je ne nommerai pas

pour leur éviter des poursuites judiciaires, ont commis le sacrilège de remplacer «Lui»

par «Wade», et «Moi» par un tiret. C’est comme s’ils se permettaient de changer

quelques mots dans les chansons du Général Kara, chansons qui, selon certains, lui

seraient dictées par des anges. Mais comme Mara, né pour être président, est

comparable à «un bol rempli de lait», il va leur pardonner leur ignorance, j’en suis sûr.

Grâce à notre ex-Pm, les voyous ne vont plus arracher les colliers de nos femmes, mais

surveiller les déplacements d’un certain Huchard, «malgré qu’il soit très longtemps à la

retraite» (pardon, Senghor, poète-président, le saint homme maîtrise mieux l’arabe), qui

transporte des enveloppes bien remplies. Et s’ils se retrouvent au bagne avec Mara-Idy,

ce dernier fera du beau travail en implantant la foi dans leurs cœurs, comme l’a fait Latif

Guèye avec Ino.

Nous apprenons qu’Idy, le “vertueux”, malgré son jeune âge, servait de guide spirituel au

vieux Wade, lui conseillant, après avoir vaincu l’ennemi par les armes de la démocratie,

de suivre l’exemple du prophète Mohamed (Psl), «un nouvel élu qui rend grâce à Dieu de

l’avoir secouru et choisi parmi tant d’autres possibles».

Ceux qui n’ont rien compris pensent qu’il a comparé le prince Karim à Jésus “Fils de

Dieu”. Il n’en est rien. Mara ne peut avoir de telles idées. Seul le jeune leader Talla Sylla,

futur chanteur-président, «a eu la perspicacité d’identifier, en lui reprochant de

comparer Wade à Dieu» (Vous y comprenez quelque chose ?).

Ce qui est surtout frappant dans ce “khoutba”, c’est que l’imam ne cache pas sa peur

d’une “attaque cardiaque” ou d’un “suicide” en prison. Cela nous ramène à l’affaire Maître

Seye et aux marteaux de Talla. On nous dit souvent que «Wade est incapable de tuer

une mouche». Pourquoi donc quelqu’un qui le connaît si bien se sent-il en danger à ce

point ? Il doit savoir de quoi il parle, ou alors il a perdu la tête. Pourtant Wade lui aurait

promis de ne jamais lui faire de mal…

Page 18: Les bourdes d'un halluciné

18

Idy, fils de substitution, magnanime, lance enfin cette prière : «Fais que j’aie une mention

honorable sur les langues de la postérité et fais de moi un des héritiers du jardin des

délices. Et pardonne à mon père, car il a été du nombre des égarés…»

Ces révélations qui, d’après l’auteur, sont “d’une descente fragmentée et graduelle”,

comme le Coran, nous prouvent que les pensionnaires de Reubeus-City auront un imam

digne de foi.

J’espère que nous en saurons plus vendredi prochain, au deuxième “khoutba”, sur la

raison de son arrestation, vu que les chefs d’inculpation changent tous les jours. Mais

comme le but semble être de l’incarcérer à tout prix, peut-être qu’on dira que c’est parce

qu’il a le teint trop noir, contrairement à Karim qui mérite mieux de s’installer sur le trône,

lui qui est déjà délégué auprès des princes et rois…

Que Dieu te protège, Mara, jusqu’au prochain déballage. Les garçons veulent en savoir

un peu plus sur la vie de la princesse célibataire. Par ailleurs, je croyais que maman

Elisabeth avait du goût, mais c’est vrai que comparée à l’artiste maman Vivi… Et l’histoire

des grands bandits qui se partagent le butin est très passionnante. Merci de nous l’avoir

racontée.

Ô Seigneur, où va ce pays ?

Bathie Ngoye * sermons

Page 19: Les bourdes d'un halluciné

19

Ce que je pense de Idrissa Seck

Ouf, enfin… Le Cd numéro 1 de Idy m’a soulagé et li béré. Je suis maintenant

convaincu que l’ex-ministre d’Etat, directeur de ca binet et ex-Premier ministre, ne

sera plus récupéré par Maître Wade et ne sera certa inement jamais président de la

République (du moins, tant que les Sénégalais march eront avec les pieds).

A mon avis, tous mes concitoyens épris du sens de l’Etat, ont découvert, comme moi, le

vrai visage de cet homme à travers cet enregistrement. Je pense sincèrement qu’il ne

mérite pas d’être un chef de famille (sa charmante épouse n’a qu’à bien se tenir), encore

moins un maire. Monsieur Seck agit comme celui qui dit : «Je ne peux plus manger le

couscous, alors je vais y ajouter du sable.» Moustapha Niasse, Djibo Kâ ou encore son

«ami» Ousmane Tanor Dieng en savent certainement beaucoup plus que lui sur le

fonctionnement d’un Etat, mais n’étaleront jamais leurs secrets au grand jour. Tanor a dû

frémir en écoutant la bande sonore.

Cependant, je voudrais rassurer le Président Wade, car comme le dit un proverbe wolof :

«La calomnie ne réside pas où elle va, elle est originaire d’où elle vient.» Son seul tort fut

d’avoir fait confiance à quelqu’un qui ne le mérite pas. La confiance du peuple suffit et

Dieu aime le Sénégal. Il y aura certainement d’autres Cd, mais sachez, monsieur le

Président, que votre ex-Pm pourra difficilement aller plus loin que ce jeune (…) qui avait

fait de graves «révélations» sur votre prédécesseur ; cela n’avait pas rendu le ceebu jën

national moins huileux.

Monsieur Seck est vraiment mal placé pour attaquer la première dame sur une question

de sutura, «attribut essentiel de pouvoir» (sic) alors que le but visé à travers son Cd est

justement de lever le voile sur des secrets. Ne dit-on pas que, là où règne la paix, il y a

une honnête personne qui tait une chose qu’il connaît ? Vouloir nuire à une personne

après avoir affirmé qu’elle «m’a entouré de tant d’affection, a passé tant d’heures à

compléter ma culture artistique, à décorer ma maison, à parcourir les antiquaires pour

m’acheter des objets d’art, à dessiner des meubles pour moi et me confier tant de

confidences» est une marque notoire d’ingratitude et de lâcheté. Le fait que le président

de la République fasse sortir sa propre épouse pour un entretien d’Etat montre tout le

sens qu’il accorde aux secrets d’Etat, contrairement au petit Seck qui n’était pas avec lui

pour apprendre mais pour… enregistrer. Apparemment, il a assimilé sa religion de

travers car son comportement est aux antipodes même de l’Islam.

Je voudrais profiter de cette tribune pour lancer deux appels : un à la presse nationale

qui ne doit pas être complice d’une tentative de déstabilisation du pays, un aux Thiessois

qui se sont toujours battus pour des bonnes causes. Pour parler comme un éminent

Page 20: Les bourdes d'un halluciné

20

journaliste britannique, «la vraie information, c’est quand, quelque part, à un moment

donné, quelqu’un connaît une chose qu’il ne dit pas». Entre l’information et la publicité

journalistique, le pas est vite franchi. Comme le disait souvent le vénéré El Hadji Abdoul

Aziz Dabakh (Raa) : «Dans une pirogue, il ne faut pas seulement prier pour que son

baluchon soit sauf en cas de naufrage ; il faut prier pour que l’embarcation ne coule pas.»

Quel que soit le volume d’argent distribué par l’ex-Pm, les bénéficiaires ne pourront pas

en jouir si le pays n’est pas en paix. Cette presse, qui a tant apporté à notre démocratie,

ne doit pas céder à la tentation d’un illuminé régionaliste (je dirais même…

communaliste) et sectaire.

Vous Thièssois, vous devriez être les premiers à vouloir que toute la lumière soit faite sur

les chantiers de votre ville. Comment se promener quand on a le ventre vide ? Vous êtes

des Sénégalais à part entière et non des Sénégalais entièrement à part. Peut-être que

votre maire vous a utilisés pour s’enrichir, refusez qu’il se serve de vous pour installer le

trouble dans le pays. Sa famille sera probablement à l’abri, dans un pays étranger. Si Idy

dit qu’il est «né pour être Président», j’ai envie de lui demander : pourquoi ? s’il affirme

qu’il est né pauvre et que maintenant il est riche, je voudrais savoir comment ?

Un ami catholique m’a dit que quand il écoute les invocations coraniques de Ngorsi, il

croit entendre des versets de l’Ancien Testament ! Cela montre simplement que les

textes, contextes et prétextes de notre mara sont vraiment divergents. Sous un régime

islamique, il serait sûrement condamné pour blasphème, voire apostasie.

Quel rapport y a-t-il entre le butin de guerre des musulmans du VIIe siècle et la politique

post-alternance ? Il ne suffit pas de débiter des versets à tort et à travers ; encore faut-il

maîtriser les causes et les circonstances des révélations divines. Comme disait Amadou

Hampaté Bâ, «si tu sais que tu sais, c’est parce que tu ne sais pas». Justement, comme

il est féru de versets, je vais lui demander de méditer ceux-ci, valables en toutes

circonstances : «Dis : O Dieu, Possesseur du règne ! Tu donnes le règne à qui tu veux

Tu ôtes le règne à qui tu veux ; tu donnes puissance et considération à qui tu veux et Tu

avilis qui tu veux. En ta main, Tu es capable de toute chose.» (S2, V26). En démocratie,

Dieu délègue ce pouvoir à travers le suffrage universel (direct ou indirect). Toute autre

tentative pour l’acquérir constitue justement une menace pour… la sûreté de l’Etat.

Je voudrais prodiguer une sagesse à Monsieur Seck et terminer par un autre verset.

Quand on est «léger», on peut vivre dans les airs, mais quand on est «lourd», on est bon

pour le fond des mers. «Quiconque fait dans le bien du poids d’un atome le verra :

quiconque fait dans le mal du poids d’un atome le verra (également).» S100, V7 et 8.

Mouhamed Bachir MBACKE

Page 21: Les bourdes d'un halluciné

21

Qui a politisé l'affaire des chantiers de Thiès ?

Lorsque j'entends certains zélateurs de l'édile de Thiès soutenir, doctement, avec sérieux

et assurance, que le gouvernement actuel aurait politisé l'affaire dite des chantiers de

Thiès, je mesure, à quel point, l'être humain peut travestir des faits pourtant simples,

clairs et avérés, aux seuls fins d'atteindre l'objectif qu'il s'est fixé : tromper le peuple. Un

regard sur le rétroviseur s'impose.

Dès qu'il a été désavoué en Conseil des ministres par le chef de l'Etat, sur la façon dont

le financement des chantiers de Thiès avait été effectué, l'ex-Premier ministre, avait,

clairement, senti qu'il serait interpellé sur ce dossier et qu'il ne pourrait jamais justifier les

nombreuses fautes, ainsi que les manquements et combines dont sa gestion était

émaillée. A partir de ce moment-là, il a décidé que, pour brouiller l'image du

gouvernement et s'attirer la sympathie d'un peuple formaté à la morale de «Cumba am

ndèye et de Cumba amul Ndèye», il lui fallait politiser, à outrance, une simple affaire de

mal gouvernance, de corruption et de prévarication, en un odieux complot politique, dont

il serait la victime et ses vérificateurs les ignobles bourreaux.

Voici le synopsis du mécanisme qui a été conçu pour atteindre l'objectif visé.

Acte 1 : Le maire de Thiès déclare sa ville, zone interdite au Pds et à ses alliés, au

risque de provoquer des incidents graves dont il tirerait profit pour s'ériger en martyr.

N'avons-nous pas là un acte politique ?

Acte 2 : Couvrir de huées tout membre du gouvernement qui oserait s'aventurer dans ce

qu'il considérait comme «son patrimoine personnel», pour bien faire comprendre à tous,

qu'il était incontournable, que rien ne pourrait se faire sans lui. N'avons-nous pas là un

acte politique ?

Acte 3 : Exercer sur des adversaires comme Abdou Fall et sa famille des violences

gratuites et choquantes, pour imposer sa volonté provocatrice par la terreur. N'avons-

nous pas là un acte politique?

Acte 4 : Inspirer et soutenir en sous-main la fronde de certains parlementaires, tout en

s'employant à faire croire qu'il n'a rien à voir avec eux, avec la volonté affichée de battre

en brèche l'autorité du leader du Pds, de mettre en mal l'unité du parti et de discréditer le

gouvernement, en portant atteinte à l'image que notre pays a acquise, depuis le 19 mars

2000, sur la scène internationale, au prix de sacrifices considérables. N'avons-nous pas

là un acte politique ?

Page 22: Les bourdes d'un halluciné

22

Acte 5 : Porter sur les fonts baptismaux un mouvement baptisé M-SIS, avec la volonté

déclarée de se poser en alternative politique contre le leadership du Pds. N'avons-nous

pas là un acte politique ?

Acte 6 : Charger un homme de paille terne et obscur, qui n'a ni l'étoffe, ni la dimension

d'un leader, de créer un parti fantoche qui pourrait servir de cadre d'accueil à une

candidature de rébellion et de défi, aux élections présidentielles de 2007. N'avons-nous

pas là un acte politique ?

Acte 7 : Constituer, dès qu'il a eu connaissance du dépôt, par l'Inspection générale

d'Etat, du rapport accablant et redoutable, qu'il a confectionné, un pool d'avocats, avant

qu'aucune information judiciaire ne soit officiellement ouverte contre lui, avec la mission

expresse de vendre à l'opinion l'idée selon laquelle une cabale politique, diabolique, à

forts relents de règlement de comptes, était en train de se préparer contre l'ex-Pm.

N'avons-nous pas là un acte politique ?

Acte 8 : Commettre un cabinet de communication, expressément chargé de graver, dans

toutes les consciences, l'idée fausse que le maire de Thiès est innocent, qu'il est blanc

comme neige et qu'on ne peut rien lui reprocher. Relayer cette lecture des évènements

dans toutes les salles de rédaction et dans les émissions interactives, à grand renfort

d'argent, en sonnant le ban et l'arrière-ban de tous ses partisans, parents, alliés et

complices. N'avons-nous pas là un acte politique ?

Acte 9 : Décliner, à l'occasion d'une conférence de presse surmédiatisée, son intention

de participer aux élections de 2006, comme tête de liste du Pds ou comme héritier

autoproclamé d'un parti qu'il n'avait cessé de malmener, de déconsidérer, d'humilier et de

détruire, au seul profit de ses ambitions personnelles et de son ego surdimensionné.

N'avons-nous pas là un acte politique ?

Acte 10 : Refuser, dans un premier temps, de répondre à la convocation de la Dic, en

faisant poireauter les policiers venus l'informer, de 19 h à 21 h, pour organiser la

mobilisation de ses amis, en prenant soin de les disposer tout au long de l'itinéraire

surprenant qui allait être emprunté, pour dramatiser un évènement auquel d'autres

Premiers ministres, avant lui, avaient sacrifié, sans tension, ni soubresauts, dans la

sobriété, la dignité, le respect des forces de l'ordre et de la justice.

Distiller, dans l'opinion, le sentiment qu'on pourrait attenter à sa vie et organiser avec

certains de ses conseillers une mise en scène réussie, en faisant croire que l'accusation

initialement brandie, fondée sur les chantiers de Thiès, aurait été abandonnée, faute de

preuve et le gouvernement, devant une impasse dramatique, aurait bricolé un nouveau

chef d'accusation abracadabrant, dénommé : "atteinte aux intérêts de l'Etat", inconnu du

Page 23: Les bourdes d'un halluciné

23

corpus juridique de notre droit positif, pour faire croire que le gouvernement est incapable

de retenir le moindre grief contre lui. N'avons-nous pas là un acte politique?

Acte 11 : Charger ses avocats de se lamenter, chaque jour, parce qu'ils n'auraient pas

accès au dossier sans, évidemment, jamais expliquer à l'opinion, qu'aussi longtemps que

l'information ouverte n'aura pas été bouclée, aucune loi n'autorise un avocat à accéder à

ce qui ne sera un dossier effectif, que lorsque toutes les investigations justifiant les chefs

d'accusation retenus auront été épuisés dans les délais fixés par la garde à vue.

N'avons-nous pas là un acte politique ?

Ousmane SARR Doctorant au Canada

Page 24: Les bourdes d'un halluciné

24

Des faux pas de Wade aux glissades d'Idy

La présente contribution, juste ou erronée, est la première partie d’une analyse politique

de ce qui est communément appelé dualité au sommet et qui fait la une de l’actualité au

Sénégal (...) Il est réalisé par un citoyen ordinaire et apolitique qui cherche à comprendre

ce qui est derrière toute cette agitation qui pourrait avoir des conséquences incalculables

sur le devenir de notre nation. L’analyse s’appuie sur un certain nombre de constats et de

propos tenus, dont le plus important et le plus spontané est la déclaration de Tivaouane,

après les Idy ya ka yor de Thiès : “Ce qui m’oppose à Idy, ce ne sont pas les chantiers de

Thiès. Cela pouvait être plus grave que le différend entre Mamadou Dia et Senghor. Je

lui ai confié mon parti et mon gouvernement. Je vais reprendre mon parti et mon

gouvernement, advienne que pourra”.

Les causes probables d’une cassure programmée

a) - Le faux pas du chef de parti

La dualité au sommet a entraîné la rupture du duo Wade/Idy. Lequel pourrait trouver son

origine à la période post-électorale de 2000 et au rôle déterminant joué par le fils fidèle à

l’élection du père méritant à la magistrature suprême. Cette élection a été rendue

possible grâce à l’entente, au génie, à la détermination d’acteurs réunis autour d’un

homme qui incarnait, à ce moment précis, l’espoir pour bon nombre de Sénégalais.

Cependant, après l’euphorie, il fallait redescendre sur terre pour “travailler, encore

travailler, toujours travailler” et traduire en actes concrets l’attente de tout un peuple.

La réalité de 2000 est que Me Abdoulaye Wade était porté au pouvoir par une coalition

de partis et une franche de la population ayant voté contre Abdou Diouf qui, malgré tout,

s’est retrouvé avec le meilleur score au premier tour. A ce moment précis, il est essentiel

de comprendre qu’avec 30 % de l’électorat (compte non tenu de sa composition), le parti

non majoritaire mais au pouvoir, ne pouvait qu’avoir deux impératifs, à savoir donner une

réponse appréciable à l’attente des populations dans le cadre d’un gouvernement de

coalition avec comme chef de file un adversaire potentiel aux futures compétitions, d’une

part, et d’autre part restructurer le parti libéral pour en faire la formation la plus

représentative du Sénégal.

Tout naturellement, la mission de l’élargissement des bases du parti fut confiée à Idy

alors puissant directeur de cabinet du président Wade. Dans sa stratégie de

renversement des tendances, Idy, en faiseur de roi, bénéficiant d’un sign blanc d’un père

très préoccupé par le devenir de l’Afrique, a flirté avec des personnes ressources de tous

bords, selon une logique savamment pensée. Ces acteurs, devenus son obligé par

réalisme et par la force des choses, sont aujourd’hui à la présidence, à l’Assemblée

Page 25: Les bourdes d'un halluciné

25

nationale, dans le gouvernement, dans les mairies, dans les sociétés nationales et autres

structures sous tutelles.

La première erreur de Wade (il se peut qu’il n’ait pas eu le choix) pourrait donc être

d’avoir laissé à Idy le soin de développer le parti et placer des hommes, ce qui fait du

parti libéral leur “patrimoine commun” avec un premier et un second désigné devenu

second premier.

b) - La glissade du chef du gouvernement

Dans une démocratie non encore achevée, il existe très souvent une interférence ou

amalgame entre la gestion du parti au pouvoir et la gestion du pouvoir à partir des

institutions de la République. D’où le terme de “Parti-Etat” qui favorise une politisation de

l’appareil d’Etat avec des nominations considérées comme des privilèges (exemple, le

cas du Bcg de Dias pour qui j’ai une grande sympathie) et des ralliements politiques

(transhumance) avec comme cadre de confirmation, le palais de la République en

présence du président et/ou des médias publics. Par procuration et sans responsabilité

directe dans la gestion de la chose publique, Idy avait pouvoir de nomination et de

révocation, instrument indispensable pour mener avec efficacité sa mission de

développement du parti.

La difficulté dans l’appréciation de l’évolution de la relation Wade-Idy, résulterait du fait

que, dans un régime présidentiel, le chef de l’Etat a la prérogative et défini la politique de

la nation que ses subordonnés exécutent par délégation de pouvoirs.

Devant des résultats jugés insuffisants (campagne arachidière catastrophique, drame du

bateau Le Joola, etc.) et des échéances qui pointent à l’horizon, les libéraux ont jugé

nécessaire de porter Idy à la primature. Cette exigence politique fera de Wade, de son

dauphin potentiel Idy et du parti, qu'ils soient comptables du bilan de l’alternance devant

le peuple sénégalais en 2006.

Dès lors et au vu de ce qui précède, Idy s’est trouvé maître de trois des quatre leviers qui

permettent d’être en pole position pour le contrôle de l’électorat et donc de l’appareil du

parti-Etat. Il s’agit de l’exécutif, du législatif, des municipalités. Le premier levier, à savoir

le pouvoir présidentiel, est détenu par Wade, le pouvoir judiciaire n’étant qu’un instrument

de régulation.

Dans sa déclaration de politique générale, Idy donne l’impression de porter peu d’intérêt

aux promesses électorales de Wade (aéroport de Keur Massar, autoroute à péage, rails

à grand écartement, etc.) alors que la mission du Premier ministre est de donner corps à

la vision du président. En effet, Idy adopte une démarche et se fixe des objectifs réalistes

Page 26: Les bourdes d'un halluciné

26

et réalisables qui répondent plus au souci de présenter un bilan libéral positif avec

comme bonus palpable les réalisations de Thiès. L’erreur de Idy (probablement sans

arrière pensée) pourrait être une utilisation excessive du “je” qui le peint comme l’artisan

mais aussi le responsable alors qu’il agit par délégation de celui qui, apparemment, ne

maîtrise plus tout et dont l’image est fortement ternie par l’ouvrage d’Abdou Latif

Coulibaly Wade un opposant au pouvoir : l'alternance piégée ?

Mamadou KAMARA

Page 27: Les bourdes d'un halluciné

27

Crise de 1962 et dualisme Idy - Wade : le grand fos sé

La crise de 1962 entre Senghor et Dia n’est nullement comparable ou assimilable au

choc des ambitions entre Wade et Idy ou plus exactement entre Karim et Idy, ce qui, d’un

point de vue générationnel, est plus sensé. Il ne pouvait donc s’agir d’un choc de deux

ambitions entre Senghor et Dia, dans un système politique dyarchique où un champ

étendu du pouvoir était entre les mains de Mamadou Dia.

L’ancien président du Conseil n’avait pas, en effet, l’intention de prendre le fauteuil de

Senghor pour devenir président de la République (l’essentiel du pouvoir était détenu par

lui-même), mais son ambition était plutôt, avec les pouvoirs importants qu’il détenait, de

placer le Sénégal dans l’orbite nationaliste d’un développement endogène

autogestionnaire qui ne coïncidait pas avec les vues de Senghor mettant plus l’accent sur

les aspects internationalistes au motif d’une préservation des intérêts coloniaux.

Les différents plans successifs du développement économique et social du Sénégal et

tous les programmes y afférents, en particulier dans le domaine rural, relèvent d’un

socialisme autogestionnaire d’inspiration diaiste différent sensiblement d’un socialisme

plus culturel chez Senghor, bannissant l’économisme. N’est-ce pas le président Senghor

qui disait : “Si le socialisme comme développement, plus exactement comme

épanouissement de l’homme, se réalise dans le cadre d’un plan de développement

économique et social, comme le préconisait déjà Marx, nos planificateurs sénégalais ont

tendance dans leur définition à se perdre dans l’économisme et à oublier l’aspect social,

singulièrement l’aspect culturel du plan”.

On entrevoit déjà qu’une différence d’approche dans la résolution des questions

économiques et sociales du Sénégal entre Senghor et Dia était perceptible dès les

premières heures de l’indépendance du Sénégal en 1960. La différence d’approche qui

s’est manifestée même avant l’indépendance dans leurs discussions relatives au choix

du régime politique sénégalais. Pourtant, en dépit des apparences, le président

Mamadou Dia était favorable à un régime politique présidentiel fort, eu égard aux

objectifs d’un développement accéléré ne pouvant s’accommoder d’une démocratie

formelle à l’occidental, tandis que le président Senghor était, quant à lui, partisan d’un

parlementarisme avec un président du Conseil responsable devant le parlement et non

devant le président de la République : doit-on dire paradoxe de l’histoire ou, simplement,

manœuvre méthodique, théorique et pratique savamment programmée dans le temps

par le président Senghor aux fins d’expurger Mamadou Dia du système qui avait ses

vues propres et devenait gênant à la face du monde ?

Page 28: Les bourdes d'un halluciné

28

Qu'en est-il de Wade et Idy ou entre Gorgui et Ngor si ?

D’abord, il y a une différence générationnelle entre Wade et Idy qui met ce dernier dans

la posture normalement d’un successeur naturel de Wade. Il s’y ajoute que nous sommes

ici dans un système politique pluraliste où le président de la République possède

l’essentiel des pouvoirs, le Premier ministre n’étant qu’un coordonnateur du

gouvernement. Senghor et Dia étaient non seulement de la même génération (1906,

1912), mais aussi se complétaient à merveille dans un système politique où le pouvoir

était partagé. Les hommes également, Senghor et Dia d'une part, Wade et Idy d'autre

part étaient fondamentalement différents.

Alors que Mamadou Dia avait des moyens constitutionnels suffisants lorsque la crise

éclatait et qu’il pouvait utiliser pour manipuler les institutions aux fins de règlement du

différend à sa faveur, son code d’honneur ne lui permettait pas de le faire. Et il avait opté

pour un règlement du différend dans le cadre du parti à cause de la primauté du parti sur

l’Etat sur les questions politiques dans un système non pluraliste. Idrissa Seck, alors

Premier ministre, assurément n’était pas logé dans la même enseigne que Mamadou Dia

et ne se situait pas dans la même posture avec une concentration du pouvoir dans les

seules mains du président de la République. La seule similitude qui vaille et qui est

déplorable, hormis les crises qui peuvent intervenir entre deux personnalités à la tête

d’un parti-Etat et des contextes, est relative à l’instrumentation des institutions par

Senghor hier et par Abdoulaye Wade aujourd’hui pour le règlement d’un différend

politique.

Kadialy GASSAMA

Page 29: Les bourdes d'un halluciné

29

Rapports WADE IDY : « Tu quoque, Mi Fili », toi aussi,

mon fils

Ainsi s’est écrié Jules César quand il a reconnu, parmi ceux qui étaient venus

l’assassiner, son fils adoptif, BRUTUS. L’état actuel des relations entre Maître

Abdoulaye Wade et Idrissa Seck ressemble étrangement à cette situation.

J’étais de ceux qui éprouvaient une réelle admiration pour Idrissa Seck,

ancien Premier Ministre du Sénégal, ancien Secrétaire Général Adjoint du

PDS, ancien Directeur de Campagne de Me Wade, dont il se voulait d’ailleurs

le fils putatif, le fils tout court (même si aujourd’hui il parle de « fils de

substitution »).

Ce garçon était, par son courage, par sa vaste culture, l’incarnation vivante et

la parfaite illustration de cette pensée de Corneille selon laquelle « aux âmes

bien nées la valeur n’attend pas le nombre des années ». Il a osé tenir tête en

1988, à 28 ans, au tout puissant Khalife Général des mourides qui avait

appelé alors à voter pour le candidat Diouf

Sous un certain rapport, Idrissa Seck faisait la fierté des jeunes de ce pays.

J’ai utilisé, à dessein, les temps du passé car, hélas, un pan entier de l’estime

et de l’admiration s’est écroulé, ce vendredi 22 juillet 2005, après que j’ai

écouté ce qu’il est convenu d’appeler le CD N°1. Certains n’ont pas eu tord de

parler « d’arme de destruction massive » : la fin ne doit jamais justifier les

moyens.

J’ai eu mal, j’ai eu très mal.

Je n’ai pas compris, en effet, encore moins accepté que l’adversité politique

(si tant est qu’on puisse parler ainsi au sujet des rapports entre Wade et Idy)

conduise à certains dérapages et fasse oublier certaines de nos valeurs

fondamentales comme l’éthique, la politesse, le respect dû aux anciens

(surtout quand ceux-ci ont l’âge de son géniteur).

J’ai eu mal d’entendre Idrissa Seck traiter Abdoulaye Wade, son père spirituel,

d’« ancien spermatozoïde et de futur cadavre » ; c’est injuste, c’est indigne,

c’est irrévérencieux, pour tout dire, c’est révoltant.

Page 30: Les bourdes d'un halluciné

30

Même du point de vue du coran sur lequel s’appuie Idrissa Seck. J’ai douté de

la loyauté de Idrissa Seck, quand je l’ai entendu étaler sur la place publique, à

la face du monde entier ce que Wade lui a dit entre quatre murs (après avoir

demandé à son épouse de s’éloigner). Parce que Wade a le sens du secret

d’Etat. Comme tout homme d’Etat digne de ce nom.

En conséquence, j’émets des doutes sérieux quant à la capacité de Idrissa

Seck à diriger ce pays car, je n’ai pas compris que, chez lui, l’appétit du

pouvoir l’ait emporté sur un certain nombre de principe et de valeurs.

Pour tout dire, j’ai été déçu, j’ai été choqué.

Il est bon, peut être, de préciser que je n’ai pas voté pour Wade en mars

2000, que je ne suis pas de la même formation politique que lui.

Cependant je voudrais saluer, en lui, un certain nombre de qualités car,

comme le dit si bien un proverbe de chez nous, « le lièvre a beau être ton

ennemi, reconnais qu’il a de longues oreilles »

J’ai été frappé par cette formidable capacité de pardon qui habite Me Wade.

J’ai craint, au lendemain du 19 mars, que Wade ne songeât à régler des

comptes avec certains, tellement il a subi de brimades, d’humiliations.

Au contraire, il a accepté d’oublier car il a compris que le parcours de l’homme

politique n’est pas toujours linéaire, qu’il est parsemé d’embûches. Il a

décrété une amnistie pour son prédécesseur et lui a demandé de le

représenter à un sommet de Chefs d’Etats. Quelle belle image de « fair-

play » !

Après sa brillante élection, il a tendu la main à tous, car sa conviction était

qu’on ne pouvait pas se payer le luxe d’installer le pays dans une guérilla

politique permanente. Un cessez-le-feu était possible, nécessaire même. Des

plages de convergences existent qui ont pour noms consolidation de la

démocratie, retour de la paix en Casamance, emploi des jeunes, amélioration

de notre système éducatif, développement de notre agriculture etc.

De quelque bord qu’on puisse être, on ne peut pas ne pas saluer la

magnanimité, la grandeur d’âme de Me Wade. Toutefois, il a compris avec

Corneille que « qui pardonne aisément invite à offenser ».

Page 31: Les bourdes d'un halluciné

31

C’est peut être tout le sens de certaines de ses décisions, car il s’agit de

sauver la république (la chose publique) et les valeurs qui s’y attachent. Ce

n’est point de la méchanceté. C’est cela la responsabilité.

DURA LEX, SED LEX.

Pourtant Idrissa Seck aurait pu continuer à se taire, car comme nous

l’enseigne Alfred de Vigny, dans certaines circonstances « seul le silence est

grand, tout le reste est faiblesse ; pleurer, gémir, crier est également lâche".

Son silence était assourdissant.

Hélas, Idrissa Seck a parlé, il a trop parlé, il a mal parlé. C’est peut être ce

qui va causer sa perte.

Courage Maître, comme le disait votre prédécesseur, ce n’est pas le chemin

qui est difficile, c’est difficile qui est le chemin.

La vérité finira par triompher.

Sana DIABY

Enseignant, Ziguinchor

Page 32: Les bourdes d'un halluciné

32

Les contradictions de Idrissa Seck

De toute l’histoire du Sénégal et de toutes les générations d’hommes politiques, Idrissa

Seck et ses idées véhiculées m’ont le plus marqué en dehors de Me Wade. Voilà un

homme que j’ai admiré par la brillance céleste de ses idées, sa capacité d’innovation

graduelle extraordinaire et son élocution forgée à manier avec tact la langue de Victor

Hugo et les versets coraniques.

Et en cela, je suis convaincu que je n’ai pas été la seule personne emportée par cette

vaste entreprise à dessein savamment scénarisée et distillée en puissance pour séduire

les millions de Sénégalais.

L’analyse du journaliste politologue émérite, Mame Less Camara, à propos de

l’entreprise de séduction de Idrissa Seck, étaye avec pertinence ma réflexion sur la

démarche de l’homme de vouloir perpétuellement séduire ses semblables. «Idrissa Seck,

c’est quelqu’un qui veut séduire, qui laisse séduire et qui même dans sa façon de parler,

formule les choses de manière à être admiré», disait Mame Less Camara (Le Soleil du

23 avril 2004).

Constatant depuis un certain temps des actes posés et des déclarations faites par

l’homme, je suis en droit, en tant qu’être humain doté d’un esprit cartésien, de me poser

de sérieuses questions et de me sentir abusé par l’image factice mise en scène et

théâtralisée par Idrissa Seck et ses irréductibles que je n’avais jamais cessé de défendre

sous tous les cieux, ce qui m’a valu toutes sortes de qualificatifs d’ignominie.

Mais hélas, ma déception et mon amertume furent si grandes et palpitantes quand

certaines piques et attaques ont été lancées à l’endroit de Me Wade et du Pds ; car

l’imagination, quelle qu’en soit sa fertilité, ne pouvait rapporter ou décrire mon admiration

sans limite à l’endroit de l’ex-tout puissant n°2 d u régime, à qui Wade a tout donné,

surtout la reconnaissance internationale, l’affection, l’aisance financière, le savoir, le

pouvoir et la confiance.

Je me souviens d’une confidence d’un député maire “pro–Idy”, qui me disait que ce que

Wade faisait pour Idy, il ne le faisait pas pour ses enfants, et qu’il donnait de l’argent de

poche à Idy qui quittait tous les jours le lycée Van Vo pour rallier le Cabinet de Wade à la

rue Thiong d’alors.

En esprit éclairé par l’analyse des actes et des déclarations dans le passé et maintenant,

la morale, l’engagement républicain et le sens de responsabilité de gestionnaire d’une

parcelle de citoyenneté dans l’espace aménagé nommé Sénégal, je saurai m’interdire à

m’autoriser d’aménager une place dans le débat fugace, qu’un homme, obsédé par des

Page 33: Les bourdes d'un halluciné

33

ambitions présidentielles (I was born to be président), quel qu’en soit le prix, et quelles

que soient les méthodes non révélées à dessein ; pour éclairer les esprits non attentifs à

certains signaux et décrier l’entreprise machiavélique d’un homme qui veut tenir le

Sénégal en otage par des bavardages et déclarations mesquines et insolentes.

Les Sénégal, qui s’est bâti pendant des siècles à partir de mille et un sacrifices

d’honnêtes gens qui n’ont pas connu le renvoi de l’ascenseur, ne se laisse pas détruire

par un seul homme qui tente impertinemment et par ingratitude à assouvir un désir

personnel.

En tout état de cause, on est loin de continuer à croire aux déclarations d’idrissa Seck,

ponctuées de tant de lyrismes et d’émotions, sur les personnes de la Primature le 21 avril

2004.

Aujourd’hui, les Sénégalais sont choqués et outrés par certain propos du Maire de Thiès.

Souvenez-vous en juin 2004, de retour de son exil de France après son limogeage

(période pendant laquelle il doit avoir écrit le livre Lui et moi), interrogé par un journaliste

de la Rfm sur ses rapports avec Karim Wade, il déclara : «Le président n’a jamais

accepté que Karim travaille à la présidence, c’est moi qui l’ai recruté et l’ai imposé, il n’est

pas mon concurrent politique, ce n’est pas possible qu’il le soit, nous avons d’excellents

rapports.»

Et par amnésie ou insulte à des mémoires fertiles, Idrissa Seck tente de faire croire aux

Sénégalais que la famille Wade a toujours essayé d’imposer Karim comme patron de la

Présidence et parallèlement aussi, il insinue que Wade pense à Karim pour sa

succession. Pour tant de Sénégalais convaincus aux idéaux démocratiques, épris de

justice et de liberté, il est temps d’arrêter la diversion, de laisser ce débat puéril et de

parler de la vraie question, celle relative aux 46 milliards et par ricochet, expliquer l’affaire

de l’amnistie fiscale de 5 milliards accordée à Sénégal - Pêche et évoquée par Abdou

Latif Coulibaly qui l’aurait incriminé du temps de sa toute puissance de ministre d’Etat,

Directeur de Cabinet du Président de la République.

Et ce qui a valu au malheureux très brillant inspecteur des impôts, Abdou Hamid Fall, son

poste de conseiller fiscal du Président et a failli emporter par la même occasion

Abdoulaye Baldé. (…)

Dans son Cd1 de Lui et moi, Idrissa Seck parle de première violation des attributs

présidentiels par Madame Wade concernant les travaux de réfection du Palais en la

diabolisant et tente de la décrire comme une femme aux goûts immodérés et aux appétits

insatiables du luxe.

Page 34: Les bourdes d'un halluciné

34

Tout le monde se souvient que, dans l’émission en toute liberté de Daouda Ndiaye, alors

directeur de la télé en 2000, Idrissa Seck disait : «…Vous ne pouvez pas imaginer à

combien la sobriété est dans la maison des Wade, (…). C’est moi qui ai demandé les

travaux de réfections du Palais au Président après constat de l’état piteux des lieux, il

fallait désinfecter, dératiser, nettoyer et refaire tout le circuit électrique parce que le palais

n’a même pas de prise de terre et vous ne souhaiteriez pas que le Président

s’électrocutât en branchant son ordinateur», à un Daouda Ndiaye très professionnel mais

acquis à l’exercice favori de l’homme des contradictions. Toujours dans le volet des

contradictions de «Raspoutine», selon certains, ou «Idrissa Seck radjim» selon d’autres,

il a souhaité une majorité stable à bâtir autour du Président avec les partis représentatifs

et non avec un Landing qui a 4%, Iba Der 2 % et Djibo 69 000 voix à qui 100 000

sénégalais ont tourné le dos : «On ne peut pas se prévaloir d’une majorité stable sans les

acteurs de l’Alternance» (clin d’œil à Niasse et Bathily), dixit Seck.

Qui ne se souvient pas des premières déclarations d’Idrissa seck au lendemain de

l’alternance, attaquant Moustapha Niasse, première violation du pacte de cohésion

gouvernementale entre alliés. Au sortir de la fête de l’anniversaire du collège Saint

Gabriel de Thiès dont il fut ancien élève, il dit : «Moustapha Niasse est mon concurrent,

je le combattrai et je vais le battre.» Et quelques mois plus tard en 2001, à l’émission

Objection de Sud FM, répondant à une question du journaliste Birima Fall sur le rôle joué

sur le départ de Moustapha Niasse, il répondra avoir joué un grand rôle car Niasse, au

lieu de travailler, lorgne le fauteuil du Président et refuse de fusionner avec le Pds après

deux tentatives lors de déjeuner.

Suivant la logique Seckiste de majorité stable, pourquoi il devrait combattre un Niasse qui

valait 17% ?

Lors d’une conférence de presse en période de splendeur après les législatives de 2001,

Idy et Fada ont tenté d’humilier les jallarbistes avec un rire moqueur en exhibant à la

télévision nationale une feuille avec une courbe descendante de l’électorat de la Ld/Mpt

pour dire qu’avec cette dégringolade, Bathily ne doit pas prétendre à plus de postes

ministériels et que le Pds.

Quelles mesquineries et ingratitudes de la part d’un homme que Batilly a sauvé des

mirages des délices du pouvoir, n’eut été sa clairvoyance pour le report des

renouvellements préélectoraux de 2000. (…)

Cette position de N°2 dont il se gargarisait et aff ectionnait tant, aujourd’hui, dans sa

volonté hérétique, ne l’intéresse plus, après s’être remis à l’évidence car pour lui, tous les

autres chiffres travaillent pour le N°1 (c’est un t ruisme de le dire). Le seul chiffre qui

l’intéresse et tous les croyants savent que le seul numéro 1 dans tous les domaines est

Page 35: Les bourdes d'un halluciné

35

l’omnipotent et l’omniscient (Dieu). Curieuse question. Pourquoi “Mara” Seck, en bon

érudit ne l’a pas compris ou bien abuse-t-il encore les incrédules, car certains Sénégalais

lui prêtent trop d’intelligence qu’il n’a pas encore démontrée, sinon il n’aurait pas perdu

tous les pouvoirs dérivés que Wade lui avait conférés pour se mettre dans la position

d’ennemi de tous les responsables du Pds, exceptés ses gourous et larbins.

Concernant les contradictions sur les transhumants, j’en réserve la réponse à la

contribution qui sortira après le Cd 2 ou les nombreux e-mails qui infecteront les sites

(Hotmail, Yahoo, Caramail, Voila, etc.) ou les Sms, ou la diffusion sur un site WEB des

affabulations et manipulations de Lui et moi.

Je m’engage dans cette bataille aux côtés d’un homme qui aura tout donné au Sénégal

après 26 ans de privations, d’humiliation, de trahison, d’endurance et de ténacité, pour

que la reconnaissance, la gratitude, le respect et la morale fassent tâche d’huile sur

l’immense tissu blanc du cœur des sénégalais. Par la grâce de Dieu, Wade en sortira

tout auréolé et pardonnera encore cette lourde et longue chaîne de trahisons et

d’ingratitudes par son “fils” qui s’érige en prophète en invoquant les versets coraniques

pour se comparer subtilement, au prophète Mohamed (Psl).

Talla Sylla n’avait pas raison de dire en 2001 : «Wa ouha onzou bilahi minal Idrissa seck

Ra Djim.» Je confie à Mr Seck cette parole d’un vieux sage Saloum Saloum : «Les

Sénégalais accordent une grande sympathie à ceux qui sont en position de faiblesse

même s’il ne le croit pas ; mais si l’ingratitude surtout à l’endroit d’un vieux se manifeste,

ils vous tournent le dos et vous haïssent à jamais.»

Pape Samba DIOP

Page 36: Les bourdes d'un halluciné

36

Qui parle d’une liquidation d’Idy en prison ?

L'affaire Idrissa Seck nous réserve chaque jour son lot de mystères. Et ses partisans ne

cessent de nous tympaniser sur les risques de liquidation du président des Cent mètres

carrés. Il semble que les détenus l'ont élu président. Un homme lucide peut-il un seul

instant penser que Wade a intérêt à ce que Idy soit liquidé en prison. A y réfléchir de

près, on a comme l'impression que Idy lui-même pourrait se suicider au cas où... et

mettre cela sur le compte de l'Etat. En effet, comment peut-on en 2005 exhumer la

situation de Omar Blondin Diop pour affirmer sans sourciller que c'est son ancien gardien

qui est affecté à Rebeuss. Omar Blondin Diop est mort, il y a plus de trente ans dans les

années 1970. Normalement, tout gardien qui officiait à cette époque doit être à la retraite.

Sinon que ceux qui colportent cette rumeur nous disent à quel âge ce gardien est rentré

dans la fonction publique. De grâce Idy est un citoyen comme les autres. Qui peut parmi

tous ceux qui se préoccupent de sa santé affirmer qu'il ne tombera pas malade dans les

vingt-quatre heures ou dans une semaine ? La mort peut vous trouver partout sur votre

lit, dans votre voiture ( éditons le cas du commandant des sapeurs pompiers décédé

récemment alors qu'il fermait le convoi du Premier ministre), dans la rue, en prison. A-t-

on épilogué sur la santé de Modiène Ndiaye ex-directeur génaral de la Lonase ? Et

pourtant il purge dignement sa détention préventive. Si Idy doit tomber malade en prison,

il le sera, personne n'y pourra rien. C'est Dieu qui l'aura voulu ainsi. De grâce, cessons

de colporter la rumeur.

S'agissant des hommes politiques, il faut qu'il fasse attention, très attention, très très

attention surtout ceux qui aspirent à diriger demain le pays. Les documents sonores,

écrits... sont en train d'être archivés dans les cassettes et Cd ou rangés dans des boîtes

d'archives. Leurs déclarations d'aujourd'hui leur seront opposées demain et bonjour les

dégâts.

Bassirou FALL

Page 37: Les bourdes d'un halluciné

37

«Njomboor contre «Cokkeer»

Les grands intellectuels sont souvent de grands naï fs. Mais naïfs dans le sens noble du terme ; c’est-à-dire crédules, peu méfiant s et d’une sensibilité qui frise la paranoïa.

De ce point de vue, on pourrait classer le fondateur du Parti démocratique sénégalais (Pds) dans cette catégorie de grands intellectuels quand on remonte dans le temps toutes les diverses fortunes qu’il a vécues avec ses proches collaborateurs, de Serigne Diop à Idrissa Seck, en passant par feu Fara Ndiaye, Ousmane Ngom, etc.

De la création de son parti en 1974, tous les témoins de l’histoire savent que feu Fara Ndiaye et Serigne Diop, alors jeune militant très engagé auprès de Maître Wade, occupaient dans le cœur de ce dernier une place que nul autre, dans ce nouveau parti qu’était le Pds, pouvait s’imaginer prendre un jour. Mais au fil du temps, avec beaucoup de moyens et une bonne dose de machiavélisme, l’adversaire d’en face, le tout puissant Parti socialiste, managé par le redoutable et non moins astucieux feu Jean Collin, arrivera à décrocher le jeune Serigne Diop qu’il savait ambitieux et assez téméraire pour provoquer son patron sur le terrain des principes démocratiques et autres orientations du Pds.

( … )

Se retrouvant ainsi seul, sans rival auprès de Wade, Idrissa Seck s’empressa d’occuper la place de n°2, laissée vacante par Ousmane Ngom. Et c’est à partir de ce moment que ce garçon intelligent et d’une rare érudition va commencer à tisser sa toile autour de Wade. Profitant alors des faiblesses sentimentales et de la confiance aveugle que lui vouait ce dernier, il s’imposa avec beaucoup de culot comme partisan principal de la victoire électorale du 19 mars 2000. Et connaissant son soi-disant père spirituel jusqu’au bout des ongles - Wade ne disait-il pas que Idy était capable de lire dans ses pensées ? -, il n’eut aucune peine à s’accaparer des reines du parti et du gouvernement, plaçant un peu partout des gens à lui qui lui sont plus dévoués qu’à ce «Président intellectuel plus préoccupé par son rayonnement à l’extérieur» que par son propre pouvoir interne qu’il croyait en de bonnes mains, ne se rendant même pas compte que son parti était presque entièrement «déwadisé».

Accablé de toutes parts par des cadres écartés de son parti et par des membres de son staff personnel qui se plaignaient de la guéguerre pernicieuse que leur menait son fils spirituel devenu entre temps un tout puissant Premier ministre, le charismatique leader des libéraux finit par se rendre compte que son pouvoir était en train de lui filer entre les doigts. Il décida alors de mettre un terme à ce jeu de quilles auquel s’adonnait l’homme en qui il avait placé toute sa confiance.

Page 38: Les bourdes d'un halluciné

38

Cependant, puisque les dessous de cette brouille ne sont pas aussi perceptibles que la contre-attaque déclenchée par le camp des fidèles de Wade, l’élimination de celui que nous appellerons Cokkeer qui s’est avéré aussi astucieux que Njomboor ne semble pas aussi aisé qu’on le prévoyait, d’autant plus que ce dernier (qui semble avoir prévu cette éventualité) s’est entouré de tant de précautions, qui défraient actuellement la chronique et dérangent énormément, qu’on le prendrait pour une simple victime expiatoire.

Certes on a toujours vu en politique de jeunes lycaons aux dents longues nourrir de folles ambitions pour atteindre des objectifs très élevés à l’ombre du leader, mais on a vu rarement de jeunes lycaons chercher à décapiter littéralement leur leader et leur famille.

Comme quoi, on a beau être njomboor, on peut toujours rencontrer un cokkeer sur son chemin. *Njomboor et cokkeer le lièvre et la perdrix, deux animaux qui incarnent la ruse dans les contes sénégalais. Khadre FALL – Journaliste

Page 39: Les bourdes d'un halluciné

39

Les erreurs politiques de Idrissa Seck En choisissant de se défendre par des révélations s ur ses secrètes relations avec le président Wade et les secrets de la famille au p ouvoir, l’ancien Premier ministre utilise une arme à double tranchant. Est-il certain qu’il s’en tirera sans dommages politiques irrémissibles? C’est toute la problémati que de la surenchère actuelle.

Interpellé, en mandat de dépôt pour atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale, Idrissa Seck a répondu à travers un enregistrement dans le lequel il se répand en révélant pêle-mêle des faits et des conversations avec le chef de l’Etat. C’est un moyen de défense inédit chez un homme politique de son acabit, au Sénégal comme ailleurs dans le monde. Même si on loue cette tactique guerrière - l’attaque pour ne pas devoir subir -, il est évident que dans cette affaire, les points marqués ne sont pas les coups portés à l’adversaire mais bien l’autodestruction qui est la conséquence de ce grand déballage.

L’audition, la garde-à-vue et l’inculpation de Idrissa Seck sont les conséquences d’un processus qui a échappé à tous les protagonistes de ce duel à mort entre un leader politique et son second. Parce que c’est Abdoulaye Wade et Idrissa Seck, ce duel pour un sceptre a pris les formes d’un combat entre deux mâles pour la domination d’un groupe. Comme chez les félins, quand le mâle dominateur vieillit, un mâle plus jeune le défie, l’attaque pour le chasser du territoire sur lequel il a régné et le tue s’il résiste. C’est la loi de la nature. Si le mâle vieillissant est battu, il est condamné à une errance jusqu’à la fin de ses jours. Entre Wade et son " fils ", c’est la loi de la jungle qui règle le jeu. Seck, devenu adulte et fort de tout ce qu’il a appris aux côtés du père, certain d’avoir bien aiguisé ses crocs sur des cibles faibles, le voilà qui s’attaque à son " père " pour lui enlever son territoire et tout ce qui s’y trouve.

Evidemment, les règles politiciennes, même si on y décèle la même férocité que chez les félins de nos savanes, n’en sont pas pour autant de même nature. Et les règles qui régissent la République sont certainement beaucoup plus civilisées que celles de la jungle. Alors, le conflit si violent entre Me Abdoulaye Wade et Idrissa Seck serait-il à la hauteur de ce qui se fait tous les jours dans tous les recoins de nos savanes et forêts ? On n’en est pas loin. La différence tient à ce que ce n’est pas de cette manière que la succession des générations se règle ou se résout en République.

Entre Me Wade et Idrissa Seck, il n’y a jamais eu de relations d’Etat. Le caractère personnel de leurs relations a pris le pas sur le protocole d’Etat, sur le caractère institutionnel des rapports entre son directeur de cabinet, puis chef de gouvernement. Le chef de l’Etat, c’est Gorgui (le Vieux en Wolof), son directeur de cabinet puis Premier ministre, c’est Ngorsi (le jeune homme). Normal que les relations personnelles dominent car le président Wade a choisi de ne pas prendre de la hauteur en consignant dans la constitution de 2001 le droit au président de la République de diriger un parti politique.

Page 40: Les bourdes d'un halluciné

40

Idrissa Seck, son bras droit et principal conseiller, ajoutera une couche en utilisant le concept de Gorgui, en élevant la posture avec le titre de Moom (lui) pour faire porter les listes électorales de la coalition Sopi par le président Wade. C’était s’exposer que de descendre dans l’arène politique d’une manière frauduleuse. Wade se délecte de l’entourloupe politicienne et Seck se félicite du coup. La complicité entre les deux hommes, au détriment de toute éthique politique, marque les esprits. Elle est si parfaite que l’on se demande si on est en face d’un duo ou d’un Minotaure à l’opposé : une bête à une tête et deux corps. Une sorte de siamois mono-céphale. En tout cas, cette situation a sans doute eu des effets sur les deux hommes quant à leur posture au sommet de l’Etat.

Le président Wade s’est plutôt montré partisan du statu quo dans ses rapports avec son bras droit malgré les vicissitudes des événements politiques de l’été 2003 jusqu’au départ de Idrissa Seck du gouvernement. Le 10 mars 2004, à 40 jours du limogeage de celui-ci, le président Wade déclarait à Matam : " que les gens cessent de dire que je veux me séparer de Idrissa Seck. Ce n’est pas vrai ! Je lui fais confiance ! Je lui fais confiance ! Je lui fais confiance ! ". Ce qui n’avait pas eu l’effet escompté : le Premier ministre demeura dans son silence jusqu’à son limogeage le 21 avril 2004. Que s’est-il passé pour que le monstre à deux corps et une tête mue pour se transformer à deux monstres politiques strictement identiques ? Apparemment, c’est parce que les deux corps ne marchaient pas au même rythme et n’allaient pas dans la même direction, bien que la tête fonctionnait comme si elle était portée par un seul corps. C’est pourquoi une mitose formidable a eu lieu quand, le 21 avril, Wade s’est séparé de son numéro deux. Wade vit son clone naître, grandir très vite et le défier. Une version tropicale de " Clone War ", dernière version de " La Guerre des Etoiles ".

L’erreur de Seck tient peut-être à cette nouvelle donne : il n’est que le clone de Wade. Et une copie n’a jamais valu l’original. En se croyant prêt à affronter son maître et en se fiant à son expérience personnelle aux côtés du président Wade, il s’est senti apte à encaisser une attaque de celui-ci. Ce qu’il a ignoré, c’est que le patron du PDS est aujourd’hui chef d’Etat avec ce que cela comporte comme forces, moyens, capacités intellectuelles et de nuisance. C’est ce qui le perd ou le perdra dans ce combat. Toutes les fautes se paieront cash. Et cela n’a pas tardé car avec sa seconde cassette sortie le jeudi 21 juillet, Seck a donné à Me Wade les verges pour le battre. D’abord, en se montrant peu digne de garder un secret le plus insignifiant. Ce qui ne lui facilitera pas ses relations futures avec toutes les notabilités politiques, religieuses ou administratives du pays. Qui demain se confiera à Seck après ce qu’il vient de révéler sur ses relations avec le président Wade et la gestion des fonds secrets ?

Ensuite, il a donné à Wade la preuve de sa détermination à salir son image. Celui-ci ne se gênera pas à aller le plus loin dans la traque à Idrissa Seck et ses amis. Point de quartier dans ce combat à mort.

Enfin, Wade sait désormais qu’il ne saurait organiser son héritage comme il l’entend. La génération qu’il voulait promouvoir à travers Seck lui aura fait plus de tort qu’aucune

Page 41: Les bourdes d'un halluciné

41

autre. Et que s’il n’a pas voulu partager sa légitimité avec les formations politiques qui ont soutenu sa candidature en 2000, c’est dans son camp qu’il a le plus vu son leadership menacé. Et c’est son homme de confiance qui lui a le plus contesté son pouvoir et défié avec le plus de vigueur.

Si Seck a commis des erreurs, Wade n’en a pas moins commis en confisquant un pouvoir pour lui seul alors que le vote de 2000 n’a jamais été aussi catégorique sur sa propre personne. En poussant à la sortie et un à un tous ceux qui ont théorisé et parrainé sa candidature unique, il s’est isolé et n’a pas vu le danger venir de son propre camp. Ce qui a permis à Idrissa Seck d’avoir autant de hardiesse pour réclamer, lui aussi, sa part de pouvoir et d’ambition avec culot et énergie. Seck va sans doute payer son outrecuidance, mais Wade entend sonner le tocsin. S’il ne finit pas comme le mâle vieillissant.

Issa SALL

Page 42: Les bourdes d'un halluciné

42

NOUVEAUX CHANTIERS POLITIQUES POUR IDRISSA SECK : Après le glaive libéral, le sable mouvant de l’opposition

L’orchestre du Comité directeur du Parti démocratique sénégalais (Pds) a une

sainte horreur des instrumentistes qui alignent les fausses notes. Disons les

notes rebelles. La ligne musicale est articulée autour d’une fidélité au

président de la République et Secrétaire général national, Me Abdoulaye

Wade. En chef d’orchestre et éditeur de la politique musicale « bleue »,

« Maître » a accueilli, dans son parti, un instrumentiste doué : Idrissa Seck.

Ce jeune au rire malicieux et aux couplets croustillants savait titiller les

cordes, au grand bonheur du chef d’orchestre. Puis, vint le jour où

l’instrumentiste y allait de ses solos hors normes. Ses initiatives s’appelaient

« dualité au sommet de l’Etat », « bataille de la succession de Wade »,

« verrouillage du parti », etc. Une séquence s’ouvrait avec le suspense sur sa

destitution ou non de la station primatoriale. Séquence fermée le 21 avril

2004, avec avant de partir, un cours sur les « grappes de convergence »,

nœud de la question des milliards de Thiès. Mais il est parti quand même.

Sans créer un orchestre. Sans répondre aux attaques mixées et re-mixées de

ce groupe de « rockers » du Wadisme dénommé les « faucons » du palais.

Dans la presse, l’absence d’Idrissa Seck a donné lieu à une autre science

musicale : l’interprétation du silence. Alors, le show a continué pour

propulser, au-devant la scène, une bande de « rebelles » parlementaires

appelés : frondeurs. Oumar Sarr, président du Conseil régional de Diourbel et

élu Pds, a donné le tempo, pour étaler les griefs tournant autour d’un

ostracisme dont ses compagnons et lui auraient fait l’objet. Le camp libéral a

relevé cette fausse note. A moins d’un an des législatives, cette musique de

dissidence étalait les plages discordantes. Les pontes libérales, drivées par le

patron du groupe parlementaire, y allaient de leurs bœufs : « auto-

exclusion », « trahison de l’idéal libéral », « menaces sur l’alternance »,

« déloyauté vis-à-vis du président Wade », « coup fourré d’hommes liges »

d’Idrissa Seck, etc. Le chef d’orchestre arrangera tout. Les frondeurs ont été

reçus au palais, en groupe, conformément à leur demande formulée de tout

temps.

Page 43: Les bourdes d'un halluciné

43

Enonciation d’une ambition

Restait à résoudre la question Idrissa Seck. Dans la musique, Me Wade

laissera aux frondeurs une respiration : c’est une question qui les concerne les

deux, lui le père et l’autre, le fils. Le père rompra le silence, utilisant la

métaphore du garçon envoyé à la boutique et revenant avec un surplus de

dépenses. Ces propos tireront le fils de sa bruyante réserve. Avec cette

tirade : « J’ai déjà expliqué les raisons qui m’ont emmené à me prononcer

maintenant. La première, c’était de partager mes vues sur les enjeux

politiques extrêmement importants du moment... » La seconde ?

L’énonciation d’une ambition de leader. D’autres diraient « ambitions

présidentielles ». L’énonciation de son destin présidentiel, étape suprême

après l’escale politique des Législatives de l’année prochaine : « Répondre à

cet immense courant de sympathie porteur du projet Idy 2006... » Le numéro

2 officiel, autoproclamé numéro 1 bis, a avoué ne se battre que pour ce

chiffre. Une clause politique (ou politicienne ?) : « Dans le courant de ma vie,

personne n’aura l’occasion de me voir être candidat contre Me Wade à

l’élection présidentielle. Je l’ai dit et redit. Si Me Wade est candidat en 2007,

Idrissa Seck n’y sera pas. S’il l’est en 2012, Idrissa Seck n’y sera pas. S’il l’est

en 2017, Idrissa Seck n’y sera pas. S’il l’est en 2022, date à laquelle j’aurai

atteint les 63 ans que je me suis prescrit comme âge de ma retraite, je n’y

serai pas et vous aurez définitivement perdu le plaisir de m’avoir comme

président de la République ».

Idrissa Seck, même devant la perspective de devoir répondre à une

convocation des autorités judiciaires dans l’affaire milliards de Thiès, a pris

garde de ne pas renier son appartenance au Pds. « Je me suis engagé à ne

jamais quitter le Pds, à ne jamais créer un autre parti politique et à ne jamais

adhérer à un autre parti politique, fût-il celui de fidèles amis. Deux cas se

présentent donc : Idy 2006 à la tête du Pds ou Idy 2006 à la tête d’une

coalition de citoyens ». Au passage, l’instrumentiste Idy contestera sa

légitimité au Comité directeur du Pds. Ironie du sort, Idrissa Seck a été exclu,

jeudi dernier, du Parti démocratique sénégalais (Pds) par cette structure que

lui-même jugeait illégale. Le Comité directeur a prononcé la messe pour

bouter, hors du temple libéral, cet enfant « bleu » qui n’avait à la bouche que

des idées « noires » ou « subversives ».

Page 44: Les bourdes d'un halluciné

44

La scène libérale

Il quitte la scène libérale en même temps que Oumar Sarr, patron des

frondeurs, Awa Guèye Kébé, ex-ministre et fidèle du maire de Thiès, Pape

Diouf, maire de Bambey et ancien ministre de l’Agriculture. Des noms connus

pour être des ponts entre l’opposition et son leader au moment où celui-ci

était entre les mains des enquêteurs de la Division des investigations

criminelles. Les entrevues se sont articulées autour du tempo de la solidarité

autour des principes de liberté et de sauvegarde de la République. Pour le

reste, pas d’enthousiasme outre mesure. Avant (et depuis) Rebeuss, le patron

de la chorale rebelle, Idrissa Seck, pose les jalons de son avenir politique hors

du Parti démocratique sénégalais. L’intention est prêtée à ce chef d’orchestre

« rebelle » de se frayer un chemin pour devenir l’alternative au président

Wade. Ce que ne dément pas sa composition musicale favorite : « Le premier

jour après Wade, je voudrais que cela soit Idy ». Il ne dit pas une chose :

l’échéance. Voulait-il attendre que le président Wade s’en aille de lui-même

ou oeuvrerait-il à son départ prématuré ? Cette dernière perspective

donnerait raison à ceux qui, comme Mahmouth Saleh, ont entonné le refrain

du « coup d’Etat rampant ». La première hypothèse ferait jouer à Seck le rôle

du fils peu pressé de fêter le départ du père. Et qui verserait même des

larmes ! Pas de crocodile...

Dans la Droite

L’ex-Premier ministre tend la main à l’opposition, même s’il a démenti les

informations sur un gouvernement d’union nationale au cas où la fronde

aurait eu raison du gouvernement Macky Sall. « C’est une exigence que de lui

parler comme je le faisais quand j’étais au gouvernement. Parce que, pour

moi, il faut bien s’entendre. J’ai une vision très claire de ce que doit être la

politique. Le premier souci que nous ayons, c’est un souci de stabilité, de

paix, de tranquillité, d’harmonie et d’entente au sujet des règles de

compétition. Cela, j’y travaille tout le temps ». Mais la nouvelle donne, c’est

que le maire de Thiès n’est plus au gouvernement. Il bat le tempo de sa

solitude, à Rebeuss. L’opposition, en dehors des principes de Droit et de

forme, n’est pas prête à se ranger derrière un chef d’orchestre nommé Seck

pour entonner des airs de « l’alternance de l’alternance ».Cette tentative

arrive au moment où Abdourahim Agne cherche au Cadre permanent de

concertation de l’opposition (Cpc) une figure consensuelle comme Amath

Dansokho ; au moment où Moustapha Niasse, fort d’une riche expérience de

Page 45: Les bourdes d'un halluciné

45

l’Etat, prépare des challenges majeurs dans sa carrière d’opposant ; au

moment où Ousmane Tanor Dieng, ayant repris en main le navire socialiste,

joue la musique de l’alternative à cette alternance : au moment où Djibo Kâ,

« berger » de l’Economie maritime, respire l’épanouissement dans l’alliance

stratégique. Djibo Kâ et Tanor, des hommes presque de sa génération

(politique), feront-ils à Idrissa Seck la fleur de se ranger derrière lui ?

D’autant que Seck s’en est, une nouvelle fois, violemment pris au leader de

l’Urd ! Mais Idrissa Seck ne démord pas de sa destinée présidentielle. La

preuve ? Une lettre qui lui est attribuée et dans laquelle il invite Abdourahim

Agne à le rejoindre dans la Droite : « Rejoins-moi, la vérité est dans la

Droite ».

Cette musique des retrouvailles politiques autour d’Idrissa Seck est-elle partie

pour être le tube d’hivernage ? Rien n’est moins sur ! Car en 1999,

l’opposition réunie autour de Dansokho, Bathily et Savané ont, après une

analyse rigoureuse de la situation politique, eu la certitude que seul Me Wade

pouvait mettre fin au régime de Diouf. En 2005, Idrissa est-il une alternative

au président Wade ?

PAR HABIB DEMBA FALL

Page 46: Les bourdes d'un halluciné

46

Dieu, Idy et notre combat

Monsieur Seck, (car, malgré toute la sympathie que je nourris à votre endroit et vis à vis

de l’injustice dont vous êtes frappé, on n’est pas encore familier), permettez-moi quand

même, au nom de la contribution constructive, de m’insurger contre ce que j’appellerai

chez vous une «fixation religieuse» une obsession pernicieuse à mon humble avis.

Vous êtes mieux placé que moi pour savoir que :

- Le Sénégal compte aussi parmi ses honorables et simples citoyens des Catholiques.

- Il a été reproché à «votre ancien père» et bourreau actuel de plier la République devant

des marabouts.

- Le combat que vous êtes obligé de mener aujourd’hui concerne tous les citoyens

suivant leurs sensibilités et selon leurs religions.

- Les religions, au-delà de leurs aspects sacrificiels, renvoient toutes aux mêmes valeurs

humaines et la même divinité suprême.

Et alors ?

Simplement pour dire que la laïcité de notre République doit être conservée, quels que

puissent être par ailleurs les enjeux communicationnels. Comment pouvez-vous parler à

tous les Sénégalais et calquer votre rhétorique sur la seule référence islamique. Je suis

musulman comme vous. Je suis fermement croyant en Dieu et à son envoyé le prophète

Mohamed (PSL). Je suis très solidaire de votre cause, non pas pour vous, mais pour la

défense des acquis démocratiques de mon pays. Je suis convaincu de votre sincérité

quant au «coup contre Idy». Je demeure admiratif de votre courage et de votre

engagement contre le «le Clan des Bandits affamés». Mais je puis vous dire qu’au-delà

de ma simple personne, c’est une bonne partie des citoyens de notre pays que vous êtes

entrain de «dégoûter» par votre référence incessante, persistante et vraiment pas

nécessaire au Coran.

Laissons Dieu en dehors de tout ça. D’autant plus qu’il risque de ne pas être à l’aise dans

une histoire de trahison, de sous, de malhonnêteté et de perversité ?

Nous sommes certains de vos grandes qualités de rhéteur et de vos capacités à bien

communiquer. Soyez certain qu’à ce niveau les faucons du président et lui-même y

compris ne vous arrivent pas à la cheville.

Page 47: Les bourdes d'un halluciné

47

Monsieur Seck, je vous devine futé, intelligent et anticipatif à tel point que j’ai du mal à

vous imaginer poser des actes gratuits à ce niveau de vos ennuis, alors dites nous quel

est le but d’une telle manœuvre ?

Il est certes vrai que le Sénégal compte à peu prés 95% de musulmans dont beaucoup

plus d’électeurs de cette sensibilité religieuse, il est évident que les quotes-parts sont

plus intéressants avec ce groupe, mais de là à volontairement se mettre à dos d’autres

citoyens qui pourraient vous soutenir et, plus fidèlement encore que quiconque. De là à

délibérément ignorer les fondements de la laïcité républicaine : j’avoue que je ne vous

suis pas et cela me peine.

Où est le raffinement de l’homme, la tolérance tant recommandée par l’Islam. Je ne vous

suis pas ! Point besoin de vous préciser que dans votre situation actuelle, il vaut mieux

ratisser large.

A moins que vous ne vouliez faire vôtre cette «réflexion Marxienne» : «La religion est

l’opium du peuple.» Excusez-moi, Monsieur Seck, de cette association entre l’icône de la

gauche et votre personne, fervent défenseur des valeurs de droite, car c’est la seule

raison qui, pour moi, peut justifier un tel acharnement. Ne me dites pas que vous

comptez rallier les Sénégalais à votre cause en leur servant l’Islam comme plat de

résistance.

Mais, cela c’est sans compter avec une variable fondamentalement propre au Sénégalais

(je m’en excuse auprès de mes concitoyens) : il a souvent un fort rapport théorique à la

foi, mais, en pratique, il n’en a rien à faire. Dans leur immense majorité, mes concitoyens

n’ont qu’une ferveur circonstanciée à la solde des seuls intérêts de leurs ventres et bas-

ventres. Regardez vos anciens compagnons se délecter de leurs nouveaux attributs, cela

saute aux yeux. Alors de grâce, Monsieur Seck, continuons le combat ensemble pour la

défense de la démocratie, des valeurs de la République, sans moralisme aucun.

Je pense pouvoir dire honnêtement qu’on est sorti largement et ce, depuis mars 2000,

des chantiers de la morale pour en arriver aux chantiers de Thiès par la seule volonté du

Sénégalais le plus ignoble et le plus ingrat qui soit. Alors tâchons de rester concentrés

sur l’essentiel, afin que la revue des troupes puisse se faire dans la plus grande

communion.

Mahi WANE - Citoyen sénégalais vivant à Genève

Page 48: Les bourdes d'un halluciné

48

Martyrolâtrie

Certes, Idrissa Seck est victime d’une injustice et d’une cabale. Or, l’arbitraire a comme

effet (non désiré) de créer autour de ceux qui en sont victimes un élan (spontané ?) de

sympathie et de solidarité. Ainsi, nombre de Sénégalais compatissent (un peu trop) aux

tribulations d’Idrissa Seck. Cet excès de compassion frôle souvent ce que nous pourrions

qualifier de “victimolatrie”. Cette “victimolatrie”, conjuguée aux multiples ressentiments

des “déçus de l’alternance” et des discours sibyllins d’Idrissa Seck ont de quoi dérouter et

fausser les jugements. Ainsi, les pistes sont tellement brouillées que, paradoxalement, le

combat fratricide auquel se livrent anti et pro-Idy a tendance à se muer en un combat du

“bien contre le mal”, celui du “parti contre la patrie” (voir contribution du 08/08/05 par

exemple), celui de la justice contre l’arbitraire ou encore celui de David contre Goliath,

etc ? Que nenni !

Il faut dire que Idrissa Seck est, d’abord et avant tout, victime d’un système et d’un parti

qu’il a contribué à mettre en place et dont il a été pendant longtemps le second et l’une

des têtes pensantes. Il est victime d’un homme qu’il a fréquenté pendant plus de trente

ans ; homme qui l’a forgé et “éduqué”. En effet, si Wade est un assoiffé de pouvoir, un

dictateur caché, un manipulateur sournois (ce qu’il est certainement) bref, le MAL, tandis

qu’Idrissa Seck incarnerait la Vertu ainsi qu’il s’évertue à nous le faire croire, comment

expliquer alors que ces deux hommes aient pu cheminer (sans anicroches) pendant

toutes ces années ? Un esprit simple, mais sensé, aurait du mal à le comprendre et, cela

d’autant plus que «le vice a toujours eu du mal à cohabiter avec la vertu» (Idy dixit). Il

n’est pas utile de rappeler cet adage : «Qui se rassemble, s’assemble.» Par ailleurs, faut-

il rappeler qu’Idrissa Seck n’a jamais démissionné (hormis son faux-départ de la

Primature) ? Il a d’abord été renvoyé du gouvernement et, jusqu’à son récent renvoi du

Pds («le Clan des Bandits affamés» dénoncé dans le Cd n°1 “lui et moi”), il continuait à

faire partie de ce “gang” dont il disait être «actionnaire majoritaire». Si, malgré tout cela,

on est encore vertueux…

Excellent rhéteur (les sophistes et tous les idéologues de tout acabit le sont aussi),

Monsieur Seck parsème ses discours de maintes références islamiques, lesquelles lui

servent de bases argumentaires. Voudrait-il un Etat islamique ? Une application de la

charia ? Quid encore d’un code de la famille basé et inspiré de la charia ? Assurément

non ! Par ailleurs, pour un homme appelé (puisque c’est son destin ; lui dixit) à diriger un

pays laïc, comment peut-il parler à tous les Sénégalais selon une rhétorique à référence

exclusivement islamique ? Notre scepticisme ne fait qu’accroître si l’on sait que ces

versets sont souvent détournés et utilisés pour “régler des comptes” (contre Wade ou

contre Ousmane Ngom, par exemple) ou pour faire de la propagande politicienne (l’appel

à Agne par exemple). Accusé par exemple de tous les maux et turpitudes de la terre par

Ousmane Ngom (qui, au passage, n’est pas meilleur), Idi (Idy ?) n’a trouvé comme

Page 49: Les bourdes d'un halluciné

49

parade que de lui sortir une litanie de versets. Pour une personne si soucieuse de sa

probité morale, il lui importait, soit de répondre par des faits, soit de laisser la justice

trancher sur ce qui pourrait être alors une diffamation. Il y a des silences coupables.

La liste est longue des contradictions et supercheries d’Idrissa Seck et nous y

reviendrons prochainement. Aujourd’hui, il faut tout simplement rappeler que son combat

est un combat personnel et exclusivement - il faut y insister - de politique politicienne.

Prenons simplement ces deux déclarations : «I was born to be a president» et «la prison

pourrait être un raccourci vers le palais.» Assurément, cet homme qui confesse aimer la

compétition est vraiment sûr de son destin (et accessoirement du nôtre car il devrait nous

diriger). Quant à nous, ayons la lucidité (et le courage) de nous choisir un destin et un

avenir autre, c’est-à-dire, ne pas avoir comme, seule perspective, cet angoissant

dilemme cornélien : Wade ou Idy ?

Oumar BA - Paris

Page 50: Les bourdes d'un halluciné

50

Idrissa Seck est-il une réincarnation de Mamadou Di a ?

Il est courant, ces dernières semaines, de comparer la crise de décembre 1962 avec

l’affaire dite Idrissa Seck. Il est intéressant dès lors d’examiner les ressemblances et les

dissemblances de ces deux crises. Peut-être en tirera-t-on un éclairage utile à la bonne

compréhension des événements en cours dans notre pays.

Conflit opposant le numéro un de l’Etat et du parti dominant à son numéro deux,

emprisonnement du numéro deux, saisine de la Haute Cour de Justice, accusation de

complot contre la sûreté de l’Etat, … on pourrait encore allonger la liste des similitudes

pouvant faire penser que la crise de décembre 1962 serait en train de se répéter avec un

Idrissa Seck à la place du Président Mamadou Dia. Mais voyons les choses d’un peu

plus près en nous posant quelques questions essentielles.

Puisqu’il s’agit d’un conflit au sommet de l’Etat, la première question qui vient à l’esprit

est la suivante : qui détient le pouvoir et qui veut le prendre ? Dans ses Mémoires d’un

militant du tiers-monde, le Président Dia donne un argument choc : «On fait un coup

d’Etat pour prendre le pouvoir, mais moi j’avais tous les pouvoirs.» Et il est vrai qu’il les

avait tous depuis l’autonomie interne de 1957. C’est seulement en 1960, après

l’éclatement de la Fédération du Mali, que Senghor a obtenu un poste au sommet de

l’Etat avec la création d’une Présidence de la République. Mais le Président du Conseil,

Mamadou Dia, demeurait le véritable chef de l’Etat.

S’agissant de la crise d’aujourd’hui, pas besoin d’argumenter outre mesure. Me Wade est

élu à la tête de l’Etat après 26 ans d’opposition et avec une Constitution qui lui donne

tous les pouvoirs. Ainsi, toutes proportions gardées, M. Seck serait à la place du Senghor

de 1962, celle de l’homme en quête de pouvoir. Mais avec une différence notable : tandis

que Senghor était le leader du Bds et n’était donc pas un usurpateur, lui (ou plutôt «moi»)

n’est qu’un délégataire de Me Wade aussi bien dans l’Etat que dans le Pds. Ses

adversaires ont alors beau jeu de le décrire comme une caricature de Iznogoud, ce

fameux vizir de bande dessinée «qui voulait devenir calife à la place du calife».

Poussons la comparaison. Me Wade est bien à la place du Président Dia, celle de

l’homme qui détient constitutionnellement tout le pouvoir et qui accepte de le partager.

Sauf qu’il est aussi à la place de Senghor, celle de la légitimité historique que confère le

statut de leader fondateur du parti au pouvoir. Me Wade est encore à la même place que

le Président Dia quand il porte l’habit du bâtisseur. Son programme des grands chantiers

rappelle le plan quadriennal de 1960. Tout comme le Président Dia, le bâtisseur Wade

n’a pas trop de temps pour la politique politicienne et il est toujours exposé quand il a ses

côtés un homme qui, lui, consacre tout son temps à étudier ses faiblesses, à tisser sa

toile… et à préparer sa succession.

Page 51: Les bourdes d'un halluciné

51

Après cet enjeu de la détention du pouvoir, la question des valeurs que défendent les

deux camps en présence mérite d’être examinée. En 2004, le conflit au sommet de l’Etat

porte sur les «chantiers de Thiès». L’enjeu est donc celui de la gestion vertueuse des

ressources publiques. C’est bien le développement économique et social du Sénégal qui

est en cause dans ce conflit, tant il est vrai que son avènement est incompatible avec le

cancer de la corruption. Aucun pays ne s’est développé sans avoir, à un moment donné

de son histoire, posé des actes majeurs et graves pour promouvoir une moralisation de la

gouvernance financière.

Le même enjeu était présent en 1962. Le Président Dia s’insurgeait contre la corruption.

Il traquait les députés et autres responsables de son parti qui avaient profité de leurs

positions de pouvoir pour s’enrichir frauduleusement. Il s’apprêtait à les traduire en

justice. Sa chute a résulté, d’une part, de l’adoption d’une motion de censure dont les

signatures avaient été acquises au moyen d’enveloppes bourrées d’argent et, d’autre

part, d’une intervention militaire extérieure discrète mais réelle, dont Foccart a témoigné

bien tardivement dans ses Mémoires. La chute de Dia va ouvrir, dans l’histoire du

Sénégal, une parenthèse de 40 ans : ce fut l’âge d’or de l’enrichissement illicite.

Sous ce rapport, Idrissa Seck est éloigné de la place du Président Dia par toute la

distance qui sépare l’accusateur de l’accusé. Sa chute fait entrevoir la fermeture de cette

parenthèse ouverte en 1962. En effet, quelle que soit l’issue des procès en vue, il est

évident que l’impunité des dirigeants en prend un sacré coup avec l’affaire des chantiers

de Thiès, car les gestionnaires de la chose publique feront désormais très attention. Il

faut espérer que ce coup sera fatal. Ainsi le Sénégal comblerait-il avec éclat son retard

considérable sur de nombreux pays africains par rapport à l’enjeu vital que représente la

consécration d’une éthique de gestion saine des ressources nationales.

Une comparaison plus approfondie pourrait confirmer que le Président Wade

ressemblerait davantage à un Mamadou Dia qui aurait réussi à «reprendre en main son

pouvoir et son parti» pour donner vie à sa fameuse stratégie de la «destruction

créatrice». Pour reconstruire les mentalités des dirigeants et des citoyens, il faut en effet,

en 1962 comme en 2005, commencer par détruire les vieux réflexes de prédation et

d’incivisme. Cela peut faire mal. Mais il n’y a pas d’autre solution.

Cependant, mon propos n’est ni de chercher, ni de trouver, en 2005, une réincarnation

parfaite des acteurs du drame de 1962. Dans Le 18 Brumaire de Louis Napoléon

Bonaparte, Karl Marx, en réparant un «oubli» de Hegel, a soutenu que les grands

personnages historiques ne pouvaient se réincarner que sous la forme altérée de

comédiens ou de farceurs. C’est sans doute sous ce seul angle d’analyse que la

comparaison entre le Président Dia et le Premier ministre Idrissa Seck peut se révéler

pertinente. Doudou FAYE

Page 52: Les bourdes d'un halluciné

52

Slogan contre slogan :

De « Idy moo ko yor » à « li mu yor moo mu ko »

Un slogan déclamé sous tous les tons, outre le brassard rouge dont la

symbolique est en passe d’être dévoyée : « Idy mo ko yor » (Idy est le

meilleur ou c’est Idy qui détient la clé). Sous tous les cieux abritant encore un

responsable libéral hostile à leur leader aujourd’hui à Rebeuss, les partisans

de l’ancien Premier ministre s’égosillent. Ils ont inventé quelque chose de

spécial, à leurs yeux. Mais, dans les cercles libéraux, et au-delà, un autre

slogan est en train d’émerger : « li mu yor lewu ko » ou « li mou yor moo mu

ko » (ce qu’il détient ne lui appartient pas !) Plus qu’une simple allusion, les

contempteurs du maire de Thiès mettent le doigt sur la question des milliards.

Le slogan « Idy moo ko yor », à leur avis, est le résumé d’un récit

d’usurpation. Il veulent laisser Idy, tout seul, porter l’habit d’un tel slogan,

étant entendu que ce slogan restera gravé dans la mémoire des Sénégalais,

comme la trace la plus marquante de l’histoire des détournements de deniers

publics au Sénégal. Mais « Idy lan la yor ? », se demande-t-on dans les

cercles libéraux. Doit-on se vanter d’un tel avoir ?

A la question des milliards de Thiès et à celle du détournement, s’ajoute le

grief d’une usurpation d’une légitimé institutionnelle que le peuple sénégalais,

souverain par la volonté des urnes, a mise entre les mains du Président

Abdoulaye Wade en mars 2000. Idy a voulu occuper la place de Wade sans

passer par l’assentiment du peuple. Comme pour l’histoire des chantiers, il est

accusé d’avoir mis en avant ses propres ambitions au détriment du bien

public, des enfants et des petits-enfants du peuple.

Cet acte d’accusation créé au slogan « Idy mo ko yor » une réplique : « Li mu

yor moo mu ko » ou bien « li mu yor lewu ko ». Histoire de dire que ce qu’il

possède est la richesse collective. Un nouveau slogan donc, ce « Li mu yor

lewu ko ».

PAR HABIB DEMBA FALL

Page 53: Les bourdes d'un halluciné

53

Idy se découvre enfin une amitié pour Macky ...

Dans la lettre qu’il adresse à Macky Sall, Idrissa Seck dit : « Il n’est pire

ennemi que celui qui fut votre ami ». Ceux qui connaissent la vraie nature des

relations entre Macky et Idy, ont été très surpris de voir ce dernier se

reconnaître une amitié tardive qu’il vouerait au premier. La vérité, c’est que

Macky n’a jamais été l’ami de Idy et Idy n’a jamais été l’ami de Macky. Sinon,

comment comprendre que le patron d’alors de la structure des cadres du PDS,

la Cellule Initiatives et Stratégies, la véritable force de propositions du PDS,

n’ait pas été appelé à siéger dans le premier gouvernement de l’Alternance ?

Au lendemain du 3 avril 2000, toutes les Sénégalaises et tous les Sénégalais

voyaient déjà Macky Sall siéger à la tribune d’honneur aux côtés du Président

Wade et des membres du gouvernement, lors de la célébration de la fête de

l’indépendance.

Non, Macky ne sera pas dans le premier gouvernement de l’Alternance, parce

que Idy avait pu trouver les arguments nécessaires pour convaincre le

Président Wade de nommer l’ingénieur Macky à la tête des ICS. Par la suite,

par des tours de passe-passe dont il garde jalousement le secret, Idy réussira

à placer son ami Djibril Ngom, ancien ministre de Diouf, à la tête de la

première industrie du pays. Pour des raisons que nul n’ignore. Et le tour fut

joué ! Idy ne s’arrêta pas en si bon chemin dans la lutte feutrée qu’il mena

contre son « ami » d’aujourd’hui, pendant qu’il se cherche obstinément de

nouveaux amis, croyant désormais « qu’il est temps de songer enfin à la

République », lui qui insulte ses institutions du matin au soir. Si ses fameux

CD étaient dignes de vos oreilles, nous vous aurions vivement conseillé de les

écouter pour avoir une idée de son délire anti-républicain. Mais non Le second

jalon du bras de fer que Idy voulut imposer à Macky fut posé à Thiès. C’était

un week-end de 2003 durant lequel le tout puissant Idy de l’époque avait cru

bon de convoquer directement, en sa qualité de Premier ministre, l’ensemble

des responsables du Ministère de l’Energie, des Mines et de l’Hydraulique dont

Macky avait la charge. Idy voulait fermer les carrières installées dans la

région de Thiès qui fournissent au Sénégal l’ensemble des granulats (calcaire,

basalte, etc.) dont avait besoin le Président Wade pour réaliser les grands

chantiers de l’Alternance.

Bien entendu, Macky s’opposa à une telle idée. Du coup, « l’ami » était

devenu gênant parce que refusant, consciemment et par réflexe patriotique,

de se ranger dans le camp des « anti-Wade », conspiration qui se mettait en

Page 54: Les bourdes d'un halluciné

54

place, de la manière la plus sournoise, au sein de l’Etat et du PDS. Idy revint

à la charge le jeudi suivant, en Conseil des Ministres, sur ce dossier de la

fermeture des carrières de Thiès qui lui tenait tant à cœur. L’échange de

propos peu amènes entre l’ancien Premier ministre et Macky, devenu Ministre

d’Etat, reste encore vivace dans la tête de tous ceux qui siégèrent alors à ce

fameux Conseil. Le Président Wade trancha. Les carrières de Thiès furent

sauvées et, aujourd’hui, ce sont elles qui alimentent la construction des

routes et de toutes les infrastructures réalisées en faveur des Sénégalais.

Mais avant cela, que de péripéties avant que le patron des cadres du PDS

puisse siéger au Gouvernement ! Déjà, au moment du départ de Moustapha

Niasse de la Primature, il est de notoriété publique que Macky avait été

désigné par le président de la République pour prendre le portefeuille de

l’Equipement et des Transports. Idy usa de subterfuges pour encore l’éliminer.

Le problème avec Idy, c’est qu’à force de pratiquer le dédoublement de

personnalité, il finit toujours par se prendre pour ce qu’il n’est pas.

Numéro 2 de l’Etat, il se prenait pour un 2e numéro 1. Du coup, il pensait

détenir le pouvoir de nommer alors que la Constitution du Sénégal réserve

cette prérogative exclusivement au président de la République.

Premier Ministre, il se prenait pour le Chef de l’Etat. Aujourd’hui encore,

depuis Rebeuss, il conclut sa lettre à Macky, sur un ton péremptoire choquant

tous les Musulmans : « Allah n’aime pas les traîtres. Moi non plus ». Qui

d’entre nous ose juxtaposer son nom à celui d’Allah ? Qui c’est celui qui a

installé la dualité au sommet de l’Etat, envers et contre la volonté des

Sénégalais ayant consacré leurs suffrages à Me Wade ? Idy démontre, une

fois de plus, sa mauvaise lecture en toutes choses. Avec une telle obsession

du pouvoir, une telle soif de domination sur ses semblables, une telle folie en

définitive, lui qui n’a d’intérêt que pour le fameux « chiffre 1 », ne peut avoir

d’amis. En réalité, « Mara » cherche plutôt des « talibés », ce que ne saurait

accepter le « Macky » que je connais, honnête et courtois, mais ferme et

rigoureux, surtout pour ce qui touche à l’honneur et à la loyauté.

Parce que je peux m’honorer de l’amitié de Macky Sall depuis l’université,

ayant donc le privilège d’être destinataire, par moments, de quelques

confidences, je pense pouvoir remettre les pendules à l’heure en ce qui

concerne le fameux dîner à cinq dont parle Idy. Ce dîner s’est tenu bien avant

la démission-reconduction de Idrissa Seck, intervenue le 24 août 2003. Le

Page 55: Les bourdes d'un halluciné

55

dîner a eu lieu au cours du mois de juin 2003, juste après le fameux Conseil

des Ministres durant lequel Macky s’était opposé au projet de Idy de fermer

les carrières de Thiès. Le dîner était à l’initiative de Idy qui souhaitait arrondir

les angles entre « responsables ». Ce que je peux en dire, c’est ce que Macky

m’en avait dit. Au cours de ce fameux dîner, Macky avait reçu ce qui semblait

être des menaces de Idrissa Seck en des termes très clairs : « Ne te mets pas

dans la tête que tu peux me contester. Sinon, je dirais au président Wade de

te virer du gouvernement. Ce qu’il ferait sans état d’âme », avait lancé

vertement Idy à Macky. L’ami que j’étais voulut en savoir plus, mais Macky

refusa de m’en dire davantage, en me rétorquant qu’il ne traite jamais les

affaires de l’Etat en dehors du cadre qui sied. Dans de telles conditions, force

est donc de constater que Idy n’a jamais proposé, comme il le laisse entendre

dans sa missive, que Macky soit nommé Ministre d’Etat, Ministre de

l’Intérieur, n°2 du gouvernement, donc appelé à assurer son intérim. Ceux qui

sont dans la vérité savent bien que c’est le Chef de l’Etat, Maître Abdoulaye

Wade, lui seul, qui nomme à un poste si sensible, parce que

constitutionnellement investi de la prérogative de nommer aux postes civils et

militaires. En nommant Macky Sall au Ministère de l’Intérieur, le Président

Wade ne sentait-il pas déjà le guet-apens dans lequel l’attirait son n°2

putatif ? Ne travestissons donc pas l’histoire. Idy ne fait que fabuler.

« Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ».

Ce qui gêne Idy en réalité, c’est que Macky et son gouvernement sont en train

de traduire en actes la vision du Président Wade. Le Chef de l’Etat ne s’y est

d’ailleurs pas trompé, lui qui disait récemment : « Avec Macky Sall, je

réaliserai sur le restant de mon premier mandat plus que ce que j’ai fait

jusqu’à présent. » Le discours d’Idy a perdu la tête, après avoir égaré sa

queue dans les menaces contre la République et ses vaillants défenseurs.

Chaque jour, du fond de sa cellule, il démontre aux Sénégalais qu’il a plus que

jamais l’injure à la bouche, l’invective à la main. Plus que jamais encore, il est

devenu un affabulateur systématique, mais pas assez doué pour entraîner

Macky Sall, réputé courtois et déterminé, dans ses fausses querelles de

borne-fontaine. La Cellule Initiatives et Stratégies a vu juste, elle qui a invité

Macky Sall à prendre de la hauteur. Pour être, en réalité, à la hauteur de cette

tâche à lui confiée par le chef de l’Etat : alléger aux Sénégalais leurs

problèmes de tous les jours. C’est cela le principal. Signe de cette ligne de

conduite, le Premier ministre, en ce moment chargé de symboles du

lancement d’une infrastructure majeure comme l’autoroute à péage, avait

Page 56: Les bourdes d'un halluciné

56

averti : « Les propos désobligeants dénotent d’une étroitesse d’âme de leurs

auteurs ». Idy, fin de séquence.

Par Mamadou Sèye

Page 57: Les bourdes d'un halluciné

57

Macky-Idy : Question de styles !

Macky Sall croit en Dieu. Il ne le crie pas sur tous les toits de Dakar. Crier

cette foi ne fait pourtant plus rire tant le vacarme mystique semble faire

recette. Placé au cœur de la République, il rend grâce au Créateur, sans

oublier de mettre en pratique deux bonnes vieilles recommandations divines :

la reconnaissance et la loyauté. Ecoutons-le : « Le contrat qui me lie au

président de la République est un contrat de fidélité ». Ce n’est pas un

passage du Coran traduit en français que vous avez lu là. Toutefois, Dieu

aurait aimé ce modèle de dévouement à l’endroit de celui qui a placé l’homme

de Fatick à la tête du Gouvernement. Macky Sall ne parle pas de station,

vocable renvoyant à une certaine élévation par rapport aux autres

responsables de l’Etat ou autres contribuables tout court. Il met plutôt

l’accent sur les vertus de la loyauté, sans s’appuyer, outre mesure, sur des

textes sacrés. « L’éthique exigée par ce rôle (de Premier ministre) est d’être

en phase avec sa vision, de la traduire, avec fidélité et rigueur, en actes

concrets ou de démissionner lorsqu’on ne veut pas l’assumer ».

Cette éthique, mise en oeuvre dans les actes, au quotidien, écarte toute idée

de dualité au sommet de l’Etat entre celui qui est investi du pouvoir de

nommer et celui qu’il a nommé. Pourtant, il y a un peu plus d’un an, Idrissa

Seck a reconnu de manière explicite, qu’il y avait une dualité. Et qu’il lui fallait

s’effacer pour faire de la place au président de la République ! Le silence

bavard dans lequel il s’est emmuré a alimenté, malgré tout, un tourbillon de

commentaires dans la presse et au-delà. Puis, déchirant le voile de mutisme,

l’ancien Premier ministre, ne s’embarrassant pas des accusations axées sur le

délit du « trop d’ambition », utilise le « Je » à tous les coups. Il ne se gène

pas à dire : « Dans ma vie, je me suis battu pour un seul chiffre : le 1. Aucun

autre chiffre ne mérite que je me batte ». Il se met dans la posture de

l’héritier regardant ses autres frères de son piédestal. Car ces propos

constatent un vide dans l’après-Wade. Mais il y a plus grave, un désert des

vertus au Parti démocratique sénégalais. L’affaire est instruite par Monsieur

Seck : « J’ai des ennemis au Pds à cause de la cohabitation entre le vice et la

vertu, la droiture et la tortuosité, le Bien et le Mal ».

Désert des vertus

Sans fards, il se fait homme défendant « les valeurs de droiture, de

protection, au risque de (sa) vie, la dignité et les droits de l’Homme ».

Page 58: Les bourdes d'un halluciné

58

Ambition ou prétention ? Il en rit de ce rire commercial sorti d’un distributeur

automatique de bonne humeur, affiché en permanence dans ses rapports

avec la presse.

A l’opposé, Macky Sall affiche le style du bâtisseur aux côtés du grand

bâtisseur (ce dernier mot est de lui, pour parler de Me Wade). Son rire n’est

pas calculé. Il l’assume. Il mise plutôt sur l’efficacité, se taillant, dans l’étoffe

du sens de la mesure et de la responsabilité républicaine, un costume de

Premier ministre. Il ne parle ni de numéro un ni d’un autre numéro. « Ma

seule ambition est de continuer avec lui, et le plus loin possible, dans la

concrétisation de sa vision. Mon ambition est que le jour du bilan, ma feuille

de route soit bien remplie, remplie de réalisations concrètes qui seront des

motifs tangibles pour mettre en place la coalition la plus large possible autour

du président de la République ».

Sa feuille de route n’est point un bréviaire dans lequel il parle de l’après-

Wade, comme Idy : « Le premier jour après-Wade, je veux que cela soit

Idy ».

Pendant qu’Idrissa Seck place ses pieds dans les starting-blocks pour piquer

l’héritage du Sopi à ses frères, Macky Sall se donne pour programme la

réalisation d’un pluralisme de convergences autour du chef de l’Etat. Il

n’écarte aucun allié acquis ou à venir, sans aliéner l’idéal libéral. Il parle, avec

cette délicatesse que lui reconnaissent même ses adversaires ou alliés

politiques. Même s’il n’est pas en phase avec le Secrétaire général de And-

Jëf/Pads sur l’opportunité de mettre en place un gouvernement d’union

nationale. De Djibo Kâ, il se garde de prononcer des propos peu nobles : « Le

ministre d’Etat Djibo Kâ a toute notre amitié. C’est en toute indépendance

qu’il a avancé l’idée de coupler les élections législatives avec l’élection

présidentielle. C’est là une idée qui contribue au débat politique actuel. Djibo

Kâ est un homme politique d’expérience et son analyse de la situation l’a

poussé à faire cette proposition ». De Landing Savané, il dit, à propos d’un

gouvernement d’union : « Le ministre d’Etat Landing Savané s’est prononcé

sur cette question en sa qualité de Secrétaire général de Aj-Pads. Je crois

pouvoir dire, au nom du Pds, que notre parti ne se sent point concerné par

cette idée. L’idée d’un gouvernement de large rassemblement est bien

derrière nous, car en réalité, nous y sommes déjà, avec une coalition politique

forte parce qu’harmonieuse et soudée derrière le président de la

République. »

Page 59: Les bourdes d'un halluciné

59

Le Premier ministre et Landing Savané peuvent se regarder dans les yeux un

jeudi de Conseil des ministres, après avoir géré les contractions sans sortir

des mots gênants ! Ce qui n’est ni le cas concernant les sorties d’Idrissa Seck

contre Djibo (à son départ de la Primature et lors de sa conférence de presse

chez lui) et contre Landing Savané (dans les colonnes de « L’Observateur »

du mercredi, dans une lettre). Vous comprendrez que nous ayons choisi de

nous garder de reproduire ces propos dans ces colonnes, par respect pour

MM. Djibo Kâ, Landing Savané et nos lecteurs. Personne n’a jamais pris le

théoricien de « l’intelligence républicaine » en défaut par rapport à la

nécessité de tisser des rapports faits de courtoisie, sans égarer en cours de

route cette grande vertu qu’est la fermeté. Même pas l’opposition !

Le camp du Bien

Macky Sall n’est pas l’homme qui prédit le feu aux gens de la Gauche ou aux

gens gauches (c’est selon). Il n’est pas homme à demander, comme dans les

récits d’Orient, de rejoindre le camp du Bien ou de chercher grâce à ses yeux.

Fort de cette ligne de conduite, le Premier ministre s’est limité au « contenu

factuel du rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) ». Non sans dégager

une position de principe : « Nous sommes aujourd’hui devant une situation

qui exige la clarification des positions des uns et des autres. A partir du

moment où l’attitude d’un responsable ou d’un militant, et ses actions de tous

les jours, sont en porte-à-faux avec les intérêts du parti, à partir du moment

où les gens posent des actes de déstabilisation du parti, le Pds se devait de

prendre ses responsabilités. Et c’est ce que nous avons fait. Maintenant, c’est

une page qui est tournée. Nous avons les yeux rivés vers l’avenir ». Qu’a-t-il

fait qui vaille qu’on prononce le grand châtiment à son encontre ? Bon Dieu, la

politique, surtout quand cela délire !

PAR HABIB DEMBA FALL

Page 60: Les bourdes d'un halluciné

60

Délire d’un halluciné du pouvoir - Triste destinée d’un grand

seigneur

Dans les livraisons des quotidiens parus le jeudi 25 août, M. Idrissa Seck, maire de

Thiès, ancien Premier ministre, a adressé une correspondance à M. Macky Sall, Premier

ministre du Sénégal, n° 2 du Pds.

L’énumération comparative devrait être complétée ainsi qu’il suit :

- Idrissa Seck, ancien Premier ministre, ancien n° 2 du Pds, maire de Thiès

- Macky Sall, Premier ministre, n° 2 du Pds, maire de Fatick.

Les termes de la missive révèlent bien plus un état global de préoccupation, j’allais dire

d’inquiétudes, plutôt qu’une simple qualification (traître) et un conseil. Il essaie, après

avoir planté le décor, de discréditer la relation sincère, amicale, fraternelle entre M.

Macky Sall et M. Karim Wade. Hélas, cette relation se fonde sur un dénominateur

commun, le président de la République, par ailleurs, secrétaire général du Pds, pour

l’intérêt supérieur de la Nation sénégalaise. Il s’agit plutôt d’une complicité agissante pour

le triomphe des grands projets de Maître Abdoulaye Wade, seuls susceptibles d’assurer

un développement harmonieux du pays.

Ce duo le gêne et cela se comprend, car il est un des socles du pouvoir, un bouclier

contre ses prétentions de succession à Maître Wade. Si son écrit vise à gripper cette

machine, hélas, c’est peine perdue. Il gêne parce que justement M. Macky Sall, avec

force intelligence, affirme et démontre son ancrage dans le camp présidentiel, posture qui

ne peut que le rapprocher de la famille de Maître Abdoulaye Wade.

Ainsi, l’image négative et visiblement mal intentionnée, qu’il porte à M. Macky Sall ne

peut, et il le sait, à tout point de vue, correspondre à sa posture. Cette posture qu’il a tant

vantée dans le passé. Ses traits de caractère, sa personnalité propre, sa valeur morale,

ses relations vis-à-vis du président de la République ne peuvent en aucun cas

correspondre à la description qu’en fait le maire de Thiès. Le Premier ministre ne peut en

rien lui être inférieur, au propre comme au figuré, sauf s’il verse dans la calomnie : «Allah

n’aime pas la calomnie».

Sa tentative d’isoler son successeur, en tant que «facteur de division» est aussi

malheureusement comprise. Elle est vaine. Il administre par cet écrit la preuve de la

loyauté, celle-là qui lui a cruellement fait défaut, de M. Macky Sall à l’endroit de Maître

Abdoulaye Wade, son engagement sans faille derrière le président de la République, y

Page 61: Les bourdes d'un halluciné

61

compris dans la gestion des affaires de l’Etat, dans la transparence et la bonne

gouvernance et l’instauration d’un Etat de droit. Au bout du compte, si Ndioublang et

parmi nous, même drapé d’un manteau de Serigne ou de Oustaz, il sera débusqué,

traqué et vaincu, non par les armes de la délation politicienne ou des arguties de bas

étage, mais plutôt par l’arme de la loyauté, de la sincérité et de l’engagement politique

aux côtés de Maître Abdoulaye Wade.

Venons-en, enfin, à l’essentiel, sa comparaison avec Maître Abdoulaye Wade, Idy a dit

César-Pompée. Ces deux grandes figures de Rome qui se lancèrent dans un combat

sans merci et duquel César (Idy) sortit vainqueur. Curieuse mise en scène. Non

seulement il ne peut être l’égal de Maître Wade, président de la République, dépositaire

du pouvoir populaire, par voie démocratique, mais il se positionne en vainqueur.

Nos humanités nous ont appris que César et Pompée étaient des militaires. Dieu merci,

nous ne sommes plus à l’époque antique, Rome n’est pas le Sénégal.

La République, au 3ème millénaire, s’apprécie et se jauge autrement que par l’usage de

la force armée. La Rome antique constitue l’antithèse même d’une accession

démocratique au pouvoir. Autrement dit, César et Pompée n’y auraient pas à leur place.

Mais affligeant, est à ce titre le rôle que s’auto-attribue Idy qui se veut César, donc

vainqueur. Hélas, à sa décharge, ou plutôt, à son ignorance, le savoir historique retient

que jamais César n’a subi un sort comparable au sien.

Symbole de victoire certes, César aura été aussi symbole de l’échec de la prétention.

Lorsque se sentant poussé des ailes, il voulut dépasser la République pour la monarchie,

expression de sa personnalisation du pouvoir. Tragique fut alors sa fin (triste destinée

d’un grand seigneur) aux Ides de mars en 44 avant J-C.

L’ancien Premier ministre accepterait-il d’être César sans sa fin ? La gloire résumée

d’une prétention démesurée sans le sang qui gicle et qui, dans un drame, ensevelit la

haute stature d’une célébrité qui dépassa les murs de Rome ?

Au vrai, l’actuel Premier ministre a par-devers lui, l’onction du chef, sa confiance, la

maîtrise des grands dossiers de l’Etat et la volonté de traduire en actes le désir du

président de la République, de faire du Sénégal un pays émergent.

Que son adversaire déclaré soit subitement atteint de tremblote ne nous émeut guère.

Cela nous conforte dans la certitude que le Premier ministre est sur la bonne voie, celle

d’assouvir les désirs des Sénégalais en relevant les grands défis socioéconomiques et

de garantir d’éclatantes victoires au Pds en 2006 et au Président en 2007.

Abdoulaye Daouda DIALLO

Page 62: Les bourdes d'un halluciné

62

Le «moi» d’Idrissa Seck

La politique ne m’a jamais intéressé, à plus forte raison maintenant que je suis plus

conscient de ses méfaits et de l’état d’esprit de nos politiques qui, en passant, ne luttent

que pour des intérêts personnels, égoïstes et restent obsédés par le pouvoir.

Mais étant membre de la communauté, de surcroît futur responsable de notre cher pays,

comment rester insensible devant une situation aussi alarmante. C’est un devoir, voire

une obligation, pour tout intellectuel de dire non ! D’éclairer l’opinion sur les désirs

inavoués et l’obsession de certains politiciens de vouloir accéder au Palais par tous les

moyens.

L’humilité est une qualité qui n’est pas donné à tout le monde. En effet, M. Seck nous a

fait étalage de son intelligentsia, de son talent d’orateur, de ses qualités de chef d’Etat.

M. le Premier ministre, excusez-moi, M. l’ex-Premier ministre, vous oubliez que le tigre ne

proclame jamais sa tigritude. Thurston, le plus grand magicien de tous les temps, disait

que son seul secret de réussite, c’est qu’il aime son auditoire, donc il était à l’écoute de

son public. M. Seck, soit à l’écoute de ton peuple et non le contraire, vous êtes né pour

être n°1 comme vous le dites alors que même le plus petit profane sait que ce numéro

est le propriétaire d’Allah, l’Unique.

La critique est vaine, parce qu’elle met l’individu sur la défensive et le pousse à se

justifier. La critique est dangereuse, parce qu’elle blesse l’amour propre et qu’elle

provoque la rancune. Donc quand vous vous adressez à une personne, souvenez-vous

que c’est un être imparfait doté de son orgueil et de son amour propre. Un grand homme

montre sa grandeur dans la façon dont il gère ses relations antérieures.

M. Seck, je fais partie des millions de Sénégalais que vous avez déçus avec un

comportement qui frôle le ridicule après votre incarcération.

M. Seck, vous avez oublié de considérer le point de vue des Sénégalais et des

Sénégalaises pour susciter en eux le vif désir de faire. Ce que vous proposez ne doit pas

être interprété en terme de manipulation où la personne serait amenée à agir dans votre

intérêt, mais à son détriment.

M. Seck, sachez qu’on peut se faire plus d’amis en deux mois en s’intéressant

sincèrement aux autres qu’on ne saurait en conquérir en deux ans en essayant d’amener

les autres à s’intéresser à soi.

Page 63: Les bourdes d'un halluciné

63

M. Seck, avec l’expérience dont vous vous glorifiez, comment avez-vous pu faire cette

erreur de débutant et pourtant nous connaissons tous des gens qui peinent toute leur vie

durant en voulant à tout prix que les gens s’intéressent à eux quitte à utiliser la religion.

Vains efforts M. Seck, les gens ne s’intéressent pas à vous, ils ne songent pas à moi. Ils

songent à eux-mêmes, ils y pensent le matin, à midi et le soir. M. Seck, si vous vous

efforcez seulement d’impressionner vos semblables, d’attirer leur attention sur vous-

mêmes, vous n’aurez jamais beaucoup d’amis sincères. Les amis, les vrais amis ne se

gagnent pas ainsi.

M. Seck, l’individu qui ne prend pas en compte les avis de ses semblables est celui qui

rencontre le plus de difficultés dans l’existence et qui est le plus nuisible à la société.

C’est parmi de tels êtres qu’on trouve le plus grand nombre de ratés.

M. Seck, votre «moi» égoïste, inadapté et trop mesquin vous a trahi. Blaise Pascal ne

disait-il pas que «ton ami ou celui que tu considères comme tel n’est que celui qui ne t’as

pas encore trahi», et cela, Maître l’a très tôt compris et heureusement pour notre

démocratie.

Cheikhou Oumar DIOP - Etudiant BBA 3 Management /

Page 64: Les bourdes d'un halluciné

64

2ème Partie

Analyse des actes après la sortie de

prison

Page 65: Les bourdes d'un halluciné

65

Profession de foi de l'ancien Premier ministre :

Idrissa SECK abuse du 'Je' et snobe la Cpa

Pour la quatrième fois, l'ancien numéro deux du Pds use de son jeu favori :

s'adresser ‘solennellement’ à ses compatriotes via des Cd radiodiffusés. Dans ce

dernier discours comme dans les premiers, Idrissa S eck révèle un égocentrisme

qui se manifeste par l'usage abusif du ‘je’ et igno re, royalement, la frange la plus

représentative de l'opposition. Exégèse d'un laïus !

Dans son Cd radiodiffusé samedi dernier, Idrissa Seck a fait un usage abusif du ‘Je’. Ce

pronom personnel qu'on dit haïssable, est revenu plusieurs fois, en effet, dans le speech

du maire de Thiès, lorsqu'il s'est agi pour l'ex-numéro deux du Pds, de revenir sur son

projet de redressement national ou quand il rappelle ses déboires avec l'actuel régime.

Ce discours, outre qu'il édifie sur la centralité de l'ex-Premier ministre dans le futur

dispositif de Rewmi (le nouveau parti du maire de Thiès), révèle la volonté de son auteur

de se passer d'une quelconque coalition pour réaliser son ambition présidentielle. Nulle

part, en effet, Idrissa Seck n'a fait mention d'une alliance, fut-elle stratégique, pour

changer la vie du Sénégal et des Sénégalais. Nulle part, il n'y est fait allusion à un

regroupement de partis pour la réalisation d'un projet politique commun.

Idrissa Seck enfourchera son cheval et ira donc en solo, solliciter les suffrages des

Sénégalais. La Coalition populaire pour l'alternative (Cpa) qui est la plus représentative

de l'opposition sénégalaise, a été royalement ignorée par l'ex-pensionnaire de la prison

de Rebeuss dans son ‘discours à la nation’. En lieu et place, Idrissa Seck a décidé de

compter sur ‘les meilleurs d'entre nous’, entendus comme ceux qui auront en bandoulière

un curriculum vitae très étoffé. Le fameux sésame qui compte plus que tout aux yeux de

l'ancien sherpa du président Abdoulaye Wade et qui serait une condition sine qua none

pour entrer dans le futur schéma gouvernemental de Ndamal Kadior. Ceux qui ont été

sollicités au lendemain de l'alternance pour donner ‘corps à la vision du président Wade’

feront-ils partie de ces ‘meilleurs’ fils du pays sur lesquels Idrissa Seck compte s'appuyer

pour la concrétisation de son projet de redressement national ? Bien malin celui qui

pourrait répondre à une telle question.

De source en tout cas sûre, le maire de Thiès veut ratisser large auprès des Sénégalais

qui ne sont militants d'aucun parti politique et qui seraient, aux yeux de M. Seck, les plus

nombreux électeurs. Autrement dit, le vivier électoral de l'ex-puissant directeur de cabinet

de Wade est consitué des ‘non-alignés’, dépités par la chose politique. Mais n'est-ce pas

là une contradiction d'Idrissa Seck si l'on sait que c'est sur la base du programme de son

parti qu'il va solliciter les suffrages de ses concitoyens, politiquement non colorés ?

Quelle différence y aura-t-il entre l'ex-numéro deux du Pds et le leader de Rewmi pour

amener les potentiels électeurs du maire de Thiès à avoir de nouveau confiance aux

Page 66: Les bourdes d'un halluciné

66

hommes politiques ? Quelle démarcation l'ancien collaborateur de Wade entend-il faire

avec les autres leaders politiques pour mériter plus que ses adversaires la confiance des

non-alignés ? Jusqu'à quel niveau assumera-t-il sa part de responsabilité des sept

années de l'alternance dont, quatre au moins, gardent indélébile la marque de sa

participation. C'est, certainement, la prochaine campagne électorale qui apportera un

début de réponse à ces différentes questions.

Aguibou KANE

Page 67: Les bourdes d'un halluciné

67

Après Saa-Nokho et Saa-Neex, voici Saa-Idy !

Imaginez Saa-Neex, le truculent comédien, dans le rôle d’un candidat à l'élection

présidentielle tenant un discours à la Nation. Voici ce à quoi m'ont fait penser les deux

derniers Cd d’Idrissa Seck, surtout celui en wolof. Lui qui nous avait accoutumés aux

déclarations à forts relents religieux, aux discours emphatiques et pompeux, aussi creux

que solennels, a surpris plus d'un en s'exerçant avec une égale inefficacité au comique.

Le mystérieux sage qu’il a cité, en annonçant sa candidature, lui aurait-il enfin fait

comprendre que le Saint Coran ne s'utilisait pas à hue et à dia au gré des intérêts de

celui qui s'en sert ?

Toujours est-il que ses nouveaux Cd sont à se tordre de rire, mais pas à cause des

imitations. S’il continue dans cette lancée, bientôt on entendra les gens se dire : ‘Avez-

vous écouté le nouveau Saa-Idy ? Ree ba tass !’ Et comme dans notre ré(ba

sonn)publique le ridicule ne tue plus depuis le 19 mars 2000, Saa-Idy ponctue la fin de

ses élucubrations des magnifiques envolées de Yandé Codou Sène, l'égérie de Senghor

avec qui Mara, quoi qu'il puisse vouloir croire, n'a en commun hélas ou heureusement

que le teint et la taille. Ensuite, M. Seck est particulièrement critique envers son ancien

mentor assimilé à un lièvre, animal dont la réputation ne provient pas de la capacité à

supporter de lourds fardeaux. C’est vrai. L’âne est plus indiqué pour ce type de tâches.

Il prétend minimiser les conflits personnels et insiste sur l’intérêt de la Nation. C’est à

tomber des nues. Depuis quand le ‘né pour être président’, qui se targue de cracher sur

la place de numéro 2, se préoccupe-t-il de l’intérêt de la Nation ? (Je parle d’actes et non

de belles paroles.) C’est alors qu’il nous explique que l’intérêt de la Nation est de l’élire,

lui, Idrissa Seck, car dit-il ‘ces intérêts commandent aujourd’hui que soient corrigées les

insuffisances notées sur le pouvoir de Wade. Qui pourrait mieux le faire que celui qui en

connaît l’envers et le revers ?’ Lui donc, celui dont le gouvernement semble déjà fixé et

qui ne semble penser aux intérêts de la Nation que quand il les confond avec les siens.

J’espère que rire ne rompt pas le jeûne, car on ne peut s’empêcher de pouffer en

entendant Saa-Idy déclarer qu’il a été écarté du gouvernement parce qu’il n'a cessé

d'exprimer son désaccord sur certains sujets. Apprenez M. Seck que, lorsque l'on se

pique d'être un homme d'Etat de la même trempe que Senghor par exemple, on ne se

contente pas d'exprimer du bout des lèvres sa désapprobation, on ne se complaît pas

dans les accointances hypocrites et les viles alliances, on ne ronge pas son frein en

attendant son heure : on démissionne. Voilà ce qu'aurait fait un Homme. Il est bien facile

et tout aussi lâche de jeter du sable dans le plat dont on sait qu’on n’y mangera plus.

Saa-Idy énumère les défauts de Wade comme s’il venait de les découvrir avec dégoût et

incompréhension. Si en trente ans de compagnonnage, il n’a pas réussi à les déceler,

Page 68: Les bourdes d'un halluciné

68

qu'il ne compte pas sur nous pour croire qu'il pourra, en quelques mois, voir les

problèmes des Sénégalais et les résoudre. De deux choses l'une : ou il est dupe et naïf,

ce qui est un problème bien important ou pire, il ne s'en est jamais préoccupé tant que

cela lui convenait. Dans un cas comme dans l'autre, comment confier notre pays et ses

millions d'habitants à un tel homme ?

Il déclare que le devoir lui prescrit d’intervenir pour éviter le naufrage. Ha ! Ha ! Ha ! Saa-

Idy est vraiment drôle ! Qu’il y ait risque de naufrage ou pas, il faut bien qu’il trouve un

prétexte, car n’oublions pas qu’il est né pour être président. Lui, le messie investi d'une

mission quasi-prophétique de sauveur, devrait nous éclairer, nous pauvres hères

ignorants, sur les origines de son immense fortune dont il s'est vanté et qui lui permet de

vivre avec sa famille et toute sa cour en France, dans de grands palaces, des mois

durant, de financer ses voyages, ses tournées de grand-duc, sa vie de château. Nous

attendons la preuve qu'il a les mains aussi propres qu'il cherche à le faire croire sans

jamais le prouver. Que lui, ‘le grand croyant’, pose donc sa main sur le Saint Coran et

jure qu’il n’a jamais détourné de deniers publics.

Son dossier est pendant devant la justice parce qu’il est accusé d’avoir volé l’argent de

ce pauvre peuple qu’il veut gouverner, mais Monsieur se cantonne à dire qu’on y a mis

tous les moyens possibles sans pouvoir prouver sa culpabilité. Cet argument est bien

faible et ne prouve en rien son innocence. D’aucuns soutiennent que puisque la justice

des hommes n’a pas de preuves, nous devons faire comme si de rien n’était et voir en

Idy l'homme le plus honnête que la terre ait jamais porté. Mais confie-t-on de la viande à

une hyène ? Des milliards se sont évaporés, Idy y a les mains salies jusqu’aux coudes,

mais en grand seigneur, il pardonne aux ‘enquêteurs’. Ha ! Ha ! Ha ! Saa-Idy est plus que

drôle ! S’il a découvert la caverne d’Ali Baba ou ramassé la calebasse de Kuss, qu’il nous

le dise donc et le débat sera clos ! Nous saurons enfin d’où vient sa soudaine fortune que

ne sauraient expliquer ses salaires de ministre et de maire. Nous croirons en lui que nous

saurons ce qui s'est vraiment passé avec la Sonatel, qui était James Stewart, qu'en est-il

vraiment de l'histoire des véhicules importés ? Tout laisse croire qu’en matière d'affaires,

Saa-Idy n’est pas saint Idy. Le renard est connu pour cacher ses biens là où nul ne peut

les trouver. L’absence de preuves ne peut, en l'espèce, aucunement signifier innocence.

Et les milliards des chantiers de Thiès ne doivent pas devenir un sujet tabou.

Monsieur, malgré son éviction, se réclamait toujours du parti de Wade, ‘sa famille

naturelle’, prêt à rentrer dans les rangs ‘si le peuple le demandait’. Que c’est drôle ! C’est

évident qu’il jaugeait ses chances d’accéder au pouvoir, quitte à cautionner une politique

qu’il juge désastreuse pour le pays. Ses intérêts d’abord, ceux de la Nation ensuite. Mais

Wade ne veut plus de lui. Il crée donc son propre parti politique dénommé ‘Rewmi’ (Le

pays) et il compare ‘sopi’ et ‘rewmi’, oubliant que ‘sopi’ n’est pas le nom d’un parti, mais

juste un slogan. A force d’imiter Wade, il en perd les pédales. N’eût-il pas été plus simple

Page 69: Les bourdes d'un halluciné

69

de créer le Prn. (Parti pour le redressement national) ? Non, Monsieur veut faire

comprendre à tous les enfants du pays qu’il est désormais leur père, bon gré mal gré.

Mais ‘rééw mi’ étant wolof, les citoyens des autres ethnies risquent de ne pas s’y

retrouver. Je crois donc que ‘Sénégal’ serait plus approprié comme nom du parti du

Sauveur. Il pourrait même anticiper et l’appeler ‘Afrique’, vu que Wade et Khadafi

envisagent les futurs Etats-Unis d’Afrique. Encore une fois, si le ridicule pouvait tuer ! On

attend donc son programme. Que nous sort-il ? Il répète à l'envi les maux dans lesquels

nous nous débattons tous les jours et qu'un enfant pourrait énumérer, affecte d’être

concerné, lui le nabab, et promet d’apporter les remèdes. Classique, me direz-vous.

Wade est déjà passé par-là...

Idy me fait penser à d'autres acteurs de l'histoire politique africaine, Mobutu par exemple.

Même soif de pouvoir, même ambition folle, même détermination à ne reculer devant rien

pour arriver à ses fins, même égocentrisme, même ‘reconnaissance’ envers ceux qui les

ont initiés à la politique. Tous deux, quand ils ont goûté un peu au miel des hautes

stations, ont voulu le pouvoir tout entier, par tous les moyens. Pour rappel, Mobutu n’était

rien quand Patrice Lumumba le fit entrer en politique et lui confia des responsabilités. On

sait le rôle que joua le futur dictateur zaïrois dans l'arrestation et l'assassinat de son

mentor. Idy, sans aller jusqu-là, se serait ‘contenté’ d’enregistrer dès le départ et

sournoisement ses conversations privées avec le président de la République qui lui

faisait entièrement confiance et de soustraire frauduleusement son bulletin de santé.

Comme je disais, il y a quelques mois, si Dieu se proposait pour diriger le Sénégal, Idy

serait capable de lui répondre : ‘Je ferai de Toi mon Premier ministre car je dois être

numéro 1.’ Et si on avait un président parfait dans un Sénégal qui gagne, il serait alors

question de coup d’Etat rampant, couché ou debout. Je le redis, le pouvoir rend fou et

Monsieur a grand besoin de quelques séances de ndëpp.

Certes, l'ambition peut être une qualité, mais dire ‘Je suis né pour être président’, c'est

penser sincèrement et profondément que l'on est celui que Dieu a choisi pour diriger tous

les Sénégalais, pour être leur chef et leur berger. Quiconque pense ainsi est un danger

public. Pendant que Wade clame qu’il n’y a aucun Sénégalais capable de le remplacer,

Idy croit que lui seul est capable de diriger le pays. Ces deux-là, imbus de leurs

personnes, ont décidément une bien piètre idée de leurs compatriotes. Ils tiennent les

Sénégalais pour des incapables, des attardés mentaux, des moins que rien, des

‘yambars’ dont ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. La différence fondamentale entre

les deux hommes est que Wade au moins croit à ce qu’il dit, même s’il est souvent le

seul à y croire.

Idy critique une situation qu’il a grandement contribué à créer. Il reconnaît qu’il avait une

position de quasi-président de la République. Qu’avait-il alors fait pour la Nation ?

Directeur de cabinet, son travail consistait à se rapprocher de son but, tout faire pour

Page 70: Les bourdes d'un halluciné

70

devenir Premier ministre. Les Premiers ministres qui l’ont précédé, Mame Madior Boye

surtout, ont travaillé dans l’intérêt du pays. S’il les a écartés, ce n’était donc par pour

l’intérêt de ‘rewmi’, mais pour le sien personnel et égoïste : le pouvoir. Une fois cette

‘station’ atteinte, il lui fallait tout mettre en place pour arriver à destination. Seulement,

dans sa précipitation, son train a déraillé. Il ne perd pas espoir cependant, convaincu qu’il

lui suffit de dire ce que les gens veulent entendre pour être élu. Il en est d’autant plus

convaincu qu’il y a des gens qui s’allient à lui dans l’espoir d’avoir demain leur part du

gâteau qu’est l’argent du peuple. Des gens qui le défendent bec et ongles et taxent de

pro-Wade quiconque dénonce ses manœuvres ou demande où sont passés les milliards

de Thiès.

D’aucuns disent : ‘Oui, mais quand il atteindra son but, ce pourquoi il est né, il se mettra

enfin à travailler pour l’intérêt du pays.’ On se souvient qu’être président n’avait pas suffi

à Mobutu. Il avait traqué et éliminé tous ses rivaux, avant de commencer à s’attribuer

tous les titres possibles et imaginables. Idy aurait déjà des diplômes fictifs… La folie des

grandeurs n’a pas de limites. D’autres disent : ‘S’il a volé et est devenu riche, il n’aura

plus besoin de voler une fois au pouvoir.’ Je ne sais pas s’il faut en rire ou en pleurer.

Ceux qui aiment l’argent, n’estiment jamais en avoir assez, même si on leur offrait le

monde et tout ce qu’il contient. Et puis, ne dit-on pas qu’un voleur reste un voleur ? Wade

gaspille nos sous et s'entoure de voleurs qui s'empressent de se remplir les poches

avant le prochain remaniement. Idy président, le mot d'ordre ne sera pas ‘ne pas se

servir’, mais de ne pas se faire prendre ‘jusqu’à l’extinction du soleil’.

Et ceux par qui la vérité devrait pouvoir arriver, les sentinelles de l'information juste et

vraie, sont ceux grâce à qui Saa-Idy a ravi la vedette aux Saa-Neex et autres comiques.

Ils le peignent sous les traits de ‘l'homme de la situation’. Il s'agit bien entendu de

certains journalistes qui ont érigé le ‘duel Wade/Idy’ en machine médiatique, une vraie

manipulation de l’opinion publique. Un journal de la place est allé jusqu’à citer les noms

de trois étudiants qui ont adhéré au parti de Saa-Idy. C’est lamentable. De toute façon,

j’espère que le peuple n’aura pas à choisir entre le pire et le moins pire, alors qu’il y a

d’autres candidats ou potentiels candidats dont on ne parle bizarrement pas ou que

Wade a rayés de la liste en imposant une caution que ces honnêtes citoyens ne peuvent

pas débourser. Il n’y a pas que des pro-Wade et des pro-Idy au Sénégal. Beaucoup ne

veulent ni de l’un ni de l’autre.

Bathie Ngoye THIAM

Page 71: Les bourdes d'un halluciné

71

Le mépris et les méprises d’Idrissa Seck

‘Au regard de l’échec massivement constaté aujourd’hui, le devoir me prescrit d’intervenir

pour éviter le naufrage’. Naufrage ? Idrissa Seck aurait pu parler de déluge, puisqu’il se

veut le Noé de 2006. Le maire de Thiès - ville où il ne compte pas de domicile - a

décidément peu de respect pour ses compatriotes, ‘tous nés pour être dirigés’ par lui.

Il a si peu de considération pour les Sénégalais que, comble d’arrogance, il a commencé

sa tournée d’étalage de ses richesses par Ziguinchor. Là même où il avait lancé son

fameux ‘Je suis un homme riche !’, devant les bailleurs de fonds, c'est-à-dire ceux

chargés d’aider financièrement son pays pauvre. Sans bouder au passage le plaisir de

houspiller publiquement une dame, ministre à l’époque.

‘Le redressement économique signifiera de faire avec les meilleurs d’entre nous une

alternance générationnelle..’ Ce Idrissa Seck-là n’est vraiment pas nouveau : il est resté

tout aussi méprisant pour les Sénégalais. Sinon comment peut-il ainsi dire que c’est dans

la classe politique qu’on retrouve ‘les meilleurs’ du pays ? Une telle assertion est grave.

Même si, dans son répertoire des joyeusetés, on l’a déjà entendu décrété, par sa fatwa à

lui, le politicien marabout, que tous les hommes de gauche iraient en enfer. Les hommes

de gauche dont il s’honore aujourd’hui d’être leur compagnon, les hommes de gauche

parmi lesquels figure Landing Savané à qui il fait appel aujourd’hui. Ce n’est pourtant pas

là sa plus vertigineuse contradiction. Sous ce chapitre, c’est un délice que de lire son

dernier texte, envoyé sous forme de Cd aux journalistes comme pour les tenir à distance

prophylactique. L’ex-quasi président de la République y écrit que ‘peu importe que le

médecin se nomme Idrissa Seck ou pas’ pour soigner le Sénégal qu’il dit malade. Mais,

quelques lignes plus loin, sa conviction pathologique d’être ‘né pour être président’

reprend le dessus, et lui fait dire : ‘En ce nouveau Sénégal, je veillerai sans concession

au principe de l’Etat de droit’.

Décidément, les Sénégalais n’y échapperont pas : le messie pour eux est un bonhomme

de courte taille, revenu au pays à la tête d’une fortune à l’origine inexpliquée (sinon trop

clairement comprise), après avoir mis le pays en péril institutionnel par des intrigues de

basses eaux au sommet du pouvoir.

Seck a été ministre du Commerce : que retiennent les Sénégalais de cet épisode ? Il a

été directeur de cabinet du président Wade : quel souvenir en ont les hauts

fonctionnaires et les alliés politiques du président ? Il fut Premier ministre, ‘quasi

président de la République’ : avec quelle incidence pour la stabilité du pays ? Au profit de

qui ?

Page 72: Les bourdes d'un halluciné

72

Seck crie tellement fort qu’on n’entend pas ce qu’il dit. A le suivre, sa rupture avec Wade

s’expliquerait par son opposition au vote de la loi Ezzan, les projets ‘irréalistes’ et

l’immixtion de la famille présidentielle dans les affaires de l’Etat. Seck n’a pourtant quitté

le gouvernement que forcé et contraint, limogé par le président de la République. La

conduite vertueuse exigeait de sa part de démissionner si tant est qu’il était si opposé à

Wade sur des questions aussi importantes. Il ne l’a pas fait. On peut logiquement en

déduire que Seck est du genre à rester dans un gouvernement même lorsqu’il est

convaincu que la voie empruntée par celui-ci n’est pas la meilleure pour le pays. Pour

quelles raisons ?

Le maire de Thiès veut un nouveau Sénégal. Nous préférons un Sénégal nouveau. Celui

en construction depuis qu’il n’est plus aux affaires. Nous préférons ce Sénégal des

réalisations socioéconomiques à celui de la parlotte, celui de l’efficacité vertueuse à celui

des intrigues au sommet de l’Etat, celui où nous vivons depuis que le président Wade a

confié le gouvernement à Macky Sall à celui de la période tumultueuse de 2003/2004. Il

se doit à la vérité de l’avouer : l’actuel Premier ministre est en train, de réussir, à vèpres,

servira à corriger le retard enregistré, à none, par son prédécesseur.

L’on se souvient qu'une fois arrivé au pouvoir, Idrissa Seck avait déclaré que son souci

premier était de ‘formater l’esprit des Sénégalais’. C'est-à-dire les dresser, les

conditionner, les modeler à son goût. Comme l’on tentait de le faire dans les régimes

totalitaires, par le moyen de la police politique.

Seck parle d’’abomination morale’… Il se pavane pourtant avec le député Mama Dabo,

qu’il exhibe fièrement comme un trophée. Alors que, en contradiction avec l’esprit de nos

lois qu’il vote, ce député continue de bénéficier des avantages attachés à son statut de

parlementaire, lui qui, dans les faits, a démissionné de son parti, donc de son mandat, en

déclarant son soutien à un candidat à la présidentielle qui n’est pas celui de sa formation.

Vous avez dit parangon de la vertu ?

Mais la suprême offense au pays, c’est d’appeler son futur parti ‘Rewmi’. A moins d’en

ignorer la portée, il n’est pas concevable, dans une république, d’appeler son parti ‘La

Nation’. De la même façon que le vert-jaune-rouge ne saurait être pris pour couleurs

d’une formation politique, on ne peut l’appeler ‘Rewmi’. C’est d’une prétention

innommable et d’une désinvolture inacceptable ! La nation, c’est ce que nous avons de

plus en commun.

Qu’adviendrait-il si dix prétendants à la fonction présidentielle désignaient chacun son

parti sous le vocable de Rewmi, en pulaar, en soninké, diola, sérère et j’en passe ? Ne

jouons pas à ce jeu-là : à trop forcer sur la communication, sans souci des fondamentaux

Page 73: Les bourdes d'un halluciné

73

du pays, on en vient à devenir dangereux : il va bien falloir que Idrissa Seck le

comprenne, lui qui avait déjà fait une adresse à la nation, le …4 avril.

Dans son plaidoyer pro domo, l’ancien Premier ministre explique que c’est lui le messie,

parce que, dit-il, il a connu « l’envers et le revers de l’alternance ». Il voulait certainement

parler de « l’envers et l’endroit ». Ce que retient l’opinion majoritaire, c’est qu’après avoir

connu l’envers de l’alternance avec lui, nous en connaissons l’endroit depuis son départ.

Abou Abel THIAM

Page 74: Les bourdes d'un halluciné

74

Idrissa Seck n'a pas de programme économique

Idrissa Seck, l'homme qui gérait son portefeuille pendant que l'opposition et la société

civile menaient les luttes démocratiques, répondait, jeudi 12 octobre, aux questions de

Christophe Boisbouvier sur Radio France internationale (Rfi). Dès sa prise de parole,

l'invité dit vouloir ‘restaurer l'Etat de droit’. Mais nous n'avancerions pas pour autant si,

tenté par l'Etat absolutiste de droit, Idrissa Seck faisait délibérément l'impasse sur l'Etat

libéral de droit et sur la mutation lente de celui-ci en Etat social de droit ou Etat-

providence. C'est que l'intention ne vaut pas le débat. Elle ne vaut toujours pas le débat

quand Idrissa Seck, s'exprimant, on ne sait à quel titre, martèle : ‘Je ne veux plus qu'on

utilise la Justice pour régler des problèmes politiques ; je ne veux plus voir des

journalistes convoqués à la Direction des investigations criminelles (Dic).’ Au pouvoir, il

n'y a guère longtemps, le politicien Seck jeta Mbaye Diouf en prison pour faire main

basse sur Thiès et astreignit la gracieuse Khady Diagne au supplice du bagne. En

disgrâce, Seck se tut pendant tout l'épisode de l'incarcération du journaliste Madiambal

Diagne.

L'intention ne vaut pas non plus le débat pour celui qui s'intéresse à la ‘théorie

économique’ de l'Invité Afrique sur Rfi. M. Seck dit vouloir ‘faire tomber la croissance

dans le panier de la ménagère’. Même les profanes connaissent la vieille recette de la

croissance qui s'égoutte, le fameux trickle down. L’idée d’un lien automatique entre la

croissance économique et la solution des problèmes sociaux ne tient pas la route. ‘La

richesse ‘s’égouttera’ (‘will trickle down’) sur les plus pauvres en même temps qu’un

accroissement du produit (national) bénéficiera à tous’. En d’autres termes, une

‘transfusion goutte-à-goutte (…) devrait s’opérer vers les classes les plus défavorisées en

raison de la croissance de la richesse globale’. Toutes les statistiques sociales actuelles

montrent que ‘l’exhumation (…) du concept, fort prisé dans les années 60, de trickle

down, a révélé une fois de plus son caractère illusoire. Il n’y a pas plus actuellement

d’effet de percolation de la croissance économique sur les secteurs sociaux qu’il n’y en

avait eu à l’époque’. En pratique, lorsqu’on s’en tient, comme le suggère l'économiste

sénégalais Makhtar Diouf, ‘à la nomenclature classique des biens de consommation

(alimentation et boissons ; habillement et linge ; habitation ; hygiène et santé ; transport,

télécommunication, information ; culture et loisirs) qu’on trouve dans tous les manuels

d’économie politique’, on cerne aussi bien que n’importe quel ‘expert’ le phénomène de

pauvreté autour de soi.

En mars 2004, Idrissa Seck présentait à la presse le Livre blanc de l’Alternance, Le

changement en actions, de quatre années de gestion du pays par l'équipe à laquelle il a

appartenu. Dans l'opuscule Le changement en actions, la croissance se déclinait en ces

termes : ‘L’année 2003, pour laquelle un taux de croissance de 6,3 % a été obtenu,

conforte les bonnes performances de l’économie sénégalaise qui reste cependant

Page 75: Les bourdes d'un halluciné

75

tributaire de la pluviométrie, notamment pour son agriculture’. Dans la même période, les

résultats de l’enquête du réseau Afrobaromètre contrarient l’alternance sociale. En

octobre 2006, l’électorat populaire du Parti démocratique sénégalais (Pds), toujours au

pouvoir, déchante.

Pour promouvoir la justice sociale, le prix Nobel d’économie 1998, Amartya Sen,

relativise même l’impact de la redistribution des richesses et la plus ou moins grande

satisfaction des individus. Mieux connue sous la dénomination de ‘paradoxe Sen’, la

thèse soutenue par l’économiste indien préconise une justice sociale basée sur le

nivellement des capacités (‘capabilities’), ‘ces libertés dont les plus pauvres jouissent

réellement de choisir la vie qu’ils ont des raisons de valoriser’. Pour Sen, ‘l’accès des

individus aux biens que tout le monde est supposé désirer (…) ne doit pas relever d’une

simple logique de marché mais d’un contrat social d’ordre éthique’. Le co-inventeur de

l’Indice de développement humain (Idh) ‘a toujours affirmé que l’analyse économique

pratiquée par les instituts officiels est simplement incapable de prendre en compte la

diversité des comportements humains et qu’elle se trompe, négligeant les incidences

économiques des passions religieuses et sociales, des traditions, des mœurs, du

clientélisme, etc.’ Sen ‘défend l’idée d’une économie au sein de laquelle les êtres

humains sont vus comme des individualités dotées de droits à exercer, non comme des

unités de bétail ou des populations existant passivement et dont il faut s’occuper’.

Sans programme économique donc, Idrissa Seck fait également peur. La presse rapporte

chaque jour la manière dont ses anciens camarades s'éclipsent quand il le voit entrer

dans une localité. Mais avec quelle terreur M. Seck emprunte-t-il la voie publique pour

susciter autant de panique? Le ‘libéral de droite’ - ainsi se nomme-t-il - aurait emprunté à

la droite extrême toutes ses méthodes d'intimidation. Nulle part dans le monde moderne,

il n'y a eu d'alliance durable avec l'extrême droite. En 2002, la France observa une trêve

républicaine de très courte durée pour faire barrage à l'extrême droite. Landing Savané,

celui dont le parti s'arc-boute à ‘l'approfondissement de l'alternance’, semble l'avoir bien

compris. Abdoulaye Bathily, pour sa part, fait le pari courageux et lucide de l'alternative

sans Idrissa Seck.

L'expérience fait de l'historien, essayiste et homme politique un allié sûr de la Coalition

populaire pour l'alternative (Cpa). Il n'est pas politiquement acceptable que les

socialistes, les progressistes, les travaillistes du Parti de l'indépendance et du travail (Pit)

et les panafricanistes du Rassemblement national démocratique (Rnd) reprennent goût

au deal et renoncent, quatre mois seulement avant les élections générales, au

programme commun, tant attendu, de reconquête démocratique.

Le manifestant et bagarreur de rue Malick Ndiaye trouvera certainement mon propos

‘incohérent’ et ‘injuste’, comme il trouva ‘haineuses’ toutes mes réflexions antérieures sur

Page 76: Les bourdes d'un halluciné

76

l'imposteur. Mais y a-t-il plus odieux que de préférer le politicien Idrissa Seck aux

camarades, hommes et femmes, avec qui on a mené, au cours des six dernières années,

les luttes qui ont permis de libérer des journalistes et des hommes politiques de prison et

de conjurer la guerre civile en participant à tous les débats démocratiques et en en

suscitant beaucoup d'autres ? La volte-face odieuse rappelle les grandes trahisons qui

clouent nos jeunes nations africaines au sol. Tant pis pour lui ; nous, on est toujours

debout et on continue ! La couleur orange du mobilier de fortune trimbalé par M. Ndiaye

rappelle la couleur du fruit dont il boira seul le jus. Délestée de son objectif premier, la

‘Coalition citoyenne’ n'existe maintenant que sur le papier.

Gardons nos petits sous et suscitons à n'importe quel prix le débat si nous aimons le

Sénégal qui, aux yeux de bon nombre de nos concitoyens, passe pour le pays le plus

mal aimé au monde. Pour ma part, je demande pardon à toutes celles et à tous ceux à

qui j'ai parlé, avec conviction, de la ‘Coalition citoyenne’. Je leur dois néanmoins des

comptes. C'est la raison pour laquelle j'ai consacré, dans un essai politique sous presse,

un chapitre, sans animosité, à mes relations avec Malick Ndiaye. Titre du livre :

‘L'apothéose du deal : la démocratie des petits arrangements’. Rendez-vous dans un

mois.

Abdoul Aziz DIOP

Page 77: Les bourdes d'un halluciné

77

POURQUOI LE CORPS DIPLOMATIQUE AMERICAIN A RENDU VI SITE

A IDRISSA SECK - Annihiler les velléités d’un pourf endeur de la

stabilité sociale et de la démocratie

Il est de tradition qu’à la veille de grandes consu ltations électorales, les autorités

de l’Ambassade américaine accréditées à Dakar aille nt au chevet des acteurs de la

classe politique sénégalaise. Avec les élections de février prochain qui pointent à

l’horizon, ces amis du Sénégal n’ont pas failli à l a règle. La visite dans l’après- midi

d’avant-hier au domicile du point E de l’ex-Premier Ministre Idrissa Seck d’une

délégation de l’ambassade américaine dirigée par le chargé des affaires Robert

Jackson a ainsi revêtu tout son sens dans cette dém arche pour faire part d’une

volonté de voir le processus électoral aboutir à un terme heureux. Le passage chez

Idrissa Seck qui foule les lois et institutions de la république en se lançant déjà

dans une campagne électorale non encore ouverte ave c un parti non encore

reconnu est pour assurément tirer la sonnette d’ala rme sur les agissements de cet

acteur politique aux intentions jugées machiavéliqu es et à la limite anarchiques.

Celui dont la volonté manifeste est aussi selon les observateurs avertis de marcher

sur tout ce qui se dresse sur son passage pour la r éalisation de son onirique projet

politique.

Une fois de plus Idrissa Seck a saisi la visite de la délégation américaine conduite par le

chargé des affaires de l’ambassade Robert Jackson et comprenant le conseiller

économique Wallace Bain et celui politique Roy Withaker pour en faire une exploitation

politique à son profit. Comme d’habitude, il a usé de l’arme médiatique favorite pour en

tirer un maximum de profit. Idrissa Seck en recevant les diplomates américains a récidivé

avec son manque de mesure, de capacité à gérer les secrets d’Etat et voire même à

tordre le cou à la préséance protocolaire. Sinon, comment expliquer la rapidité de la fuite

de l’information de la visite devant lui être rendue et la complaisance qui a permis à des

journalistes qui ont longtemps squatté son domicile de la rue Kaolack érigée en bunker et

y ont accédé malgré sa « milice » armée. La délégation de l’ambassade américaine qui

a été bien «surprise de constater cette présence troublante de la presse» a été ainsi bien

renforcée dans sa conviction et son choix de s’orienter à ce moment-là vers le seul

acteur politique du landernau sénégalais qui a manifestement opté pour une «guérilla

politique planifiée» avec déjà le bras de fer qu’il est en train de livrer contre les garants

de l’ordre républicain. Attitude de défiance pouvant si on n’y prend garde installer une

situation de remue- ménage et même de violence sans précédant dans le pays.

Page 78: Les bourdes d'un halluciné

78

LE GESTE DE IDRISSA SECK TRANCHE D’AVEC CELUI DE L A CPA ET DU G10

Ce comportement de Idrissa Seck, il faut le dire, tranche d’avec la vision d’une opposition

republicaine qui à travers la CPA ou le G10 s’évertue tant bien que mal à s’organiser

autour de réflexions et d’initiatives pour l’amélioration et la sécurisation du processus

électoral. La démarche a permis du reste comme cela est constaté, de rassurer

l’opposition sur son cheval de bataille s’articulant autour du respect de la date de tenue

des élections en février 2007 et de l’audit du fichier électoral. Là, les éventuelles

difficultés ont été dissipées face à l’engagement solidaire du ministre de l’Intérieur et du

président de la république.

Idrissa Seck lui, comme pour mettre les bouchées doubles, n’a pas attendu, pour

s’engager dans l’illégalité absolue. Il s’est ainsi jeté sans crier gare et sans attendre

l’acceptation ou la reconnaissance officielle de son parti politique, dans la campagne

électorale. Opérant avec sa stratégie de la terre brûlée, il tente de récupérer les

transhumants, qui ne sont rien d’autre que ses propres pions qu’il avait placés du temps

de son magistère, au mépris des normes de légitimité, de consensus à la base, de

l’observation des profils capables d’assumer les tâches de représentation à travers le

parlement, les collectivités collectives et l’administration centrale.

CES FEUILLES MORTES QUI REVENT DE PARTAGER LE BUTIN DE THIES

Mais ces «feuilles mortes» qu’une presse affidée aide à brandir pour déclarer faussement

la saignée dans le parti au pouvoir au sud, au nord et bientôt au centre du pays, sont tout

simplement convaincus qu’ils ne peuvent jamais décrocher un second mandat,

reviennent vers leur mentor, dans l’espoir nourri de partager avec lui «le butin» des

chantiers de Thiès. Mais attendons encore que la Haute Cour de Justice donne son

verdict toujours attendu par le peuple sénégalais. Il sera bientôt prononcé.

La démarche des autorités diplomatiques américaines à mettre dans le sens de la

préservation des acquis démocratiques d’un pays souverain et à la bonne gouvernance

est à saluer. Que leurs démarches exploitées malheureusement à d’autres fins par celui

que d’aucuns ont fini de considérer comme le «Saanex de l’échiquier politique national»

ne subissent pas un coup de froid pour se poursuivre ailleurs, vers d’autres états- majors

politiques.

Mohamed Thioune

Page 79: Les bourdes d'un halluciné

79

Les coalitions du recel

Un modèle possède à la perfection certaines caractéristiques qui, à la longue, servent

d'objet d'imitation. Il en est ainsi du système politique de beaucoup de pays

démocratiques. Souvent érigé en «modèle», «le système suédois de société et de

civilisation», par exemple, «est considéré comme assez digne d'intérêt pour qu'il

devienne un thème fréquent dans les débats politiques» en Europe et ailleurs dans le

monde. Destinés à la même architecture, les piliers d'un modèle politique sénégalais en

construction reposeraient sur la relative bonne acclimatation des institutions au

multipartisme illimité, le grand nombre de chapelles politiques, les coalitions et le

dénouement heureux des compétitions électorales sur fond de respect du pluralisme, de

bonne organisation du scrutin, de bonne supervision des opérations et de dénonciation,

quasi instantanée, des manquements grâce, notamment, aux personnels compétents des

radios privées. Quand il fonctionne dans la transparence, ce modèle peut valoir au pays

des alternances pacifiques et des avancées substantielles dans les domaines de

l'économie, du progrès social et du rayonnement culturel.

A l'inverse, le contre-modèle imposé par les coalitions du recel, rend les alternances

incertaines. Ces dernières installent, quand elles se produisent, des personnels criminels

dans les grands centres de décision (présidence de la République, gouvernement,

chambres parlementaires, système judiciaire, assemblées locales, universités, grandes

entreprises des secteurs stratégiques des mines, des télécommunications, de l'eau, de

l'électricité, etc.). Mais qu'est-ce qu'une coalition du recel ? Dans quelles circonstances

se forme-t-elle ? De quelle manière voit-elle le jour ? Comment s'explique sa grande

fragilité quand elle atteint son objectif de conquête du pouvoir ? Qu'est-ce que les

citoyens peuvent en attendre ?

Le recel ne se limite pas au fait de «garder (...) une chose volée par un autre». Le fait de

«cacher quelqu'un pour le soustraire à la justice» est aussi du domaine du recel. Depuis

peu, ce second aspect du délit de recel trouve son application en politique. Deux camps -

celui du président Wade et celui, virtuel, de son ancien poulain Idrissa Seck - s'accusent

mutuellement de détournement de deniers publics à grande échelle et d'enrichissement

illicite. En l'absence de démenti formel, assorti de preuves d'inculpabilité, de part et

d'autre, la sagesse recommande aux citoyens de renvoyer les deux camps dos à dos et

de demander que justice soit faite. Le choix d'un camp consacre le recel politique. Nous

appellerons coalition du recel toute coalition de partis qui accueille en son sein la

formation politique amenée par le patron d'un des camps en conflit. A titre d'exemple, la

Coalition populaire pour l'alternative (Cpa) se mue en coalition du recel lorsqu'elle admet

que le Front pour le progrès et la justice (Fpj), sabordé au profit d'Idrissa Seck, intègre

ses rangs. En cas de recel politique, la traditionnelle conférence des leaders et des

plénipotentiaires se mue en une banale rencontre de receleurs. La loi s'applique dans

Page 80: Les bourdes d'un halluciné

80

toute sa rigueur. Une certaine coalition «citoyenne» tombe, elle, sous la sentence du

cochon. De quoi s'agit-il ? Il ne sert à rien de tendre la carte d'un resto chic au chef

glouton de ladite coalition ; il suffit de lui servir les restes de la ville dont il se satisfait

depuis des lustres.

Chef de l'opposition, Abdoulaye Wade théorisa, dans Un destin pour l'Afrique, le

«compromis historique de la contribution» qui est une «trêve» entre le pouvoir établi et

les élites. Les termes du compromis (libre expression, sécurité des cadres et confiance

de ces derniers au président élu) achoppent, dès l'accession au pouvoir, sur de nouvelles

dispositions constitutionnelles qui rendent le président Wade incapable «de se dégager,

ainsi qu'il l'écrivait lui-même, des coteries, de s'élever au-dessus de la mêlée et d'être un

véritable arbitre (...)». Au bout de six ans d'exercice du pouvoir, l'opposition est

persuadée qu'une large coalition viendrait à bout de son régime. Les conditions de la

naissance d'une coalition du recel sont réunies lorsque l'arithmétique électorale l'emporte

sur la rédaction et la vulgarisation d'un programme alternatif crédible autour duquel se

cristallise le plus grand nombre d'électeurs. Persuadé que quelques hordes

instrumentalisées suffisent pour en être le chef, Idrissa Seck forcera tôt ou tard la porte

de la Cpa. Ses hôtes, tentés par une contribution financière qui leur faciliterait la

campagne électorale face au mammouth, pourraient l'accueillir avec le sourire du

receleur adossé à l'impunité. Le moment venu, le peuple et ses intérêts seront totalement

absents des calculs de bas étage.

Dans la préface au Programme du gouvernement de transition de la Coalition Alternance

2000 (Adn, And jëf/Pads, Ld/Mpt, Msu, Pds, Pit, Udf/Mboloo mi, Ups, Yoon Wi), le

candidat Abdoulaye Wade écrit (en rouge dans le texte) : «En tant que candidat de la

Coalition, en accord avec mes alliés, j’ai élaboré mon programme personnel. Car

finalement, c’est connu, l’élection présidentielle est l’élection d’un homme avant d’être

celle du candidat d’un groupe». Après la victoire, le pouvoir devint celui d'un homme

jouissant seul de la légitimité populaire. Ainsi s'explique la fragilité d'une coalition, sans

éthique, qui sort auréolée de l'élection présidentielle. L'élu ne reconnaîtra à aucun de ses

alliés un droit de regard sur la manière de gouverner le pays et de conduire ses relations

avec les autres Etats. Avec beaucoup moins de sérieux qu'une coalition normale, une

coalition du recel, comme celle qu'ambitionne de diriger Idrissa Seck, sera vite et

violemment délestée des alliés trop crédules pour mériter un traitement digne de leur

rang. Idrissa Seck avoue, en privé, avoir séparé Moustapha Niasse du président Wade

pour gagner les législatives anticipées d'avril 2001. Les députés frondeurs étaient donc

les siens dès cet instant. Mais la victoire scella, avant celle des locales, le

présidentialisme post-alternance qui, au terme de sa maturation, écrasa Idy et consorts.

En acceptant de parrainer la récidive, les témoins de cet épisode criminalisent la

politique.

Page 81: Les bourdes d'un halluciné

81

Comparé au recel de bijoux qui profite au receleur, le recel politique profite au voleur. Ce

dernier, particulièrement impliqué dans des rapports incestueux au sein d'une coalition du

recel, conquiert le pouvoir avec l'argent volé aux contribuables. Idrissa Seck se serait

doté d'un «trésor de guerre» et des moyens de traitement, au moins jusqu'en 2012, d'une

«garde prétorienne». Avec un sentiment de revanche, il s'entourera, le moment venu,

d'hommes et de femmes de piètre qualité, corrompus pour la plupart, avec en toile de

fond des relations incestueuses avec les intellectuels alimentaires. En matière de sport, il

ne pratiquera que celui qui permet, en toute chose, d'avoir le beurre, l'argent du beurre,

la vache et la laitière. Et les citoyens, abusés par la phraséologie de l'imposteur,

attendront longtemps de son magistère ce qu'ils ne verront jamais. (…)

Abdoul Aziz DIOP

Page 82: Les bourdes d'un halluciné

82

A propos du discours de Idrissa Seck

Beaucoup de Sénégalais présentent monsieur Idrissa seck comme un grand

communicateur politique. Il convient de reconnaître qu’il ne manque pas de talents, qu’il a

une voix attirante, une intonation parfaite et un sens de l’humour qui fait de lui un

adversaire politique redoutable. Il connaît assez bien l’homo senegalensis et joue

parfaitement sur sa psychologie pour attirer un maximum de sympathie.

Je ne connais pas bien l’homme pour me prononcer sur sa bonne foi, sa sincérité et ses

qualités ou défaut. Mais j’ai analysé son dernier discours et j’ai trouvé un ensemble

d’éléments contradictoires sur son projet de redressement national.

Je voudrais attirer l’attention du peuple sénégalais sur ces points pour qu’il ne soit plus

bluffé par des discours politiques et qu’il choisisse le futur président sur des bases

objectives.

1. «J’ai suivi avec intérêt le débat : retrouvaille ou opposition Wade / Idy. J’ai écouté avec

une égale attention les arguments des uns et des autres.» Ces deux phrases signifient

que Monsieur Seck était intéressé par des retrouvailles avec Wade et qu’il a accordé une

égale attention aux arguments pour et contre de telles retrouvailles. Cette attitude cache

un manque de constance et une absence de conviction. En effet, après son discours du 4

avril, les choses semblaient claires. Mais, si Monsieur Seck a continué à accorder de

l’intérêt et de l’attention à des négociations avec Wade, c’est que la rupture annoncée

n’était pas définitive et que des marchandages sont toujours possibles. Il est donc

possible qu’Idy se retrouve avec Ndiombor si celui-ci renonce à se présenter et accepte

de le soutenir. (…). Idy veut être Président et il est prêt à s’allier avec le diable pour y

arriver même s’il doit piétiner ses principes ;

2. «Compagnonnage ininterrompu de trente ans.» L’adage dit : dis-moi qui tu hantes, je

te dirais qui tu es. Pour avoir eu un compagnonnage et en plus ininterrompu de 30 ans

avec le personnage qu’il décrit comme Ndiombor et incapable de diriger le Sénégal, il est

légitime de se demander qui est Idrissa Seck. Comment un presque Saint, un noble, un

pur, un désintéressé peut-il cheminer pendant 30 ans avec quelqu’un qui représente le

contraire de ces valeurs sans qu’il n’y ait eu un seul heurt. A moins qu’Idy ait cheminé

avec Wade malgré ses défauts, juste pour arriver à ses fins, ce qui est de la politique

politicienne. Il est difficile de croire qu’il ne savait rien de tout cela, malgré le départ de

Fara Ndiaye, Boubacar Sall, Ousmane Ngom, Marcel Bassène, Babacar Gaye et Serigne

Diop. Le vieux est mauvais, mais tant qu’il ne menace pas mes intérêts, je suis avec lui.

Comment qualifier un tel comportement ;

Page 83: Les bourdes d'un halluciné

83

3. «Récompense la droiture et s’écarte noblement de la tortuosité.» Nous souhaitons,

pour la plupart, un système pareil. Mais il me revient qu’en qualité de numéro 2 du Pds,

c’est Idy qui a lancé la campagne de débauche des cadres du Ps. Il y a en qui font partie

de ce qu’il y a de plus tortueux au Sénégal. Je ne voudrais pas citer beaucoup de noms,

mais l’entourage de Monsieur Seck n’est pas, à mon avis, ce qu’il y a de plus droit au

pays ;

4. «On ne transige pas avec la vérité, même pour affirmer une solidarité politique ou

familiale.» Pourtant, pour vaincre le Ps, vous avez pactisez avec Niasse qui représente le

socialisme plus que Tanor. Et aujourd’hui, vous êtes prêt à vous retrouver avec les

Socialistes rien que pour vaincre Wade;

5. «Qu’il y a de noble, de pur, de désintéressé.» Si vous êtes noble et désintéressé,

investissez votre argent dans des activités génératrices de revenus et créez des emplois

comme Youssou Ndour. Le Coran que vous aimez bien nous recommande de ne pas

choisir comme Gouverneur celui qui le demande. Votre référence vous disqualifie mon

cher ;

6. «Je n’aurais pas sollicité vos suffrages si je n’avais eu la conviction que nous avons

ensemble la capacité d’assurer le redressement de notre pays. Le Sénégal est malade,

mais il possède les cellules saines, nécessaires à sa guérison. Car il est impossible qu’il

ne se trouve pas des Sénégalaises et des Sénégalais capables de le soigner. Alors

seulement, un médecin chef, désigné par la Nation, prendrait la direction de l’équipe.» Ce

paragraphe signifie qu’il faut choisir et regrouper les compétences avant de désigner le

médecin chef. Pourtant votre démarche qui consiste à créer votre parti et vous présenter

signifie que vous prétendez être le médecin chef. Ce ne sont plus des Sénégalaises et

des Sénégalais capables de le soigner qui désignent le médecin, mais c’est le médecin

qui va les choisir. Vous demandez aux Sénégalais de vous désigner ou vous êtes celui

qu’il leur faut. Sois plus clair gosse, comme dirait Saneex ;

7. «Le pays ne sera plus sous la direction d’un président absolu ; gouvernement que je

mettrais en place.» Vous voulez être président de la République ou Premier ministre.

Dans un régime sans président absolu, c’est le Premier ministre qui nomme le

Gouvernement. Quel régime voulez-vous mettre en place : présidentiel, ou

parlementaire. Dans le premier cas, vous serez tout puissant et dans le second vous ne

nommez pas le Gouvernement. Là aussi, soyez plus clair ;

8. «Meilleurs d’entre nous.» Si les meilleurs d’entre nous sont Omar Sarr, Opa Ndiaye,

Awa Guèye Kébé, Samba Bathily, Yankhoba Diattara, Pape Diouf, Mama Dabo, Jules

Souleymane Diop qui n’est même pas journaliste, alors le Sénégal n’est pas le pays de

l’excellence que l’on imagine ;

Page 84: Les bourdes d'un halluciné

84

9. «Au même rang que les autres pouvoirs, l’organisme de régulation de l’audio visuel.»

Le coup d’œil à la presse est bien passé, mais dites nous au même rang que quels

pouvoirs. Je n’imagine pas qu’il s’agit de l’Exécutif, du Législatif et du Judiciaire. Mais si

vous faites allusion à ces trois pouvoirs, c’est que vous voyez tout faux. Je ne pense pas

que la Constitution soit indiquée pour loger une telle structure ;

10. enfin «solutionner», n’existe pas en français. On règle un problème ou on lui trouve

une solution. Mais «solutionner» que vous n’êtes pas le seul à employer d’ailleurs, c’est

du jargon.

Merci de m’expliquer davantage votre position. Je ne suis pas contre vous, je suis juste

un amoureux de l’écriture qui a appris à lire entre les lignes. J’aurai bien voulu voter,

mais malheureusement, je suis dans un pays où il n’y aura pas de bureaux de vote.

Puisque ma voix ne comptera pas, que ma plume puisse servir.

Cheikh Hassan BARRY

Page 85: Les bourdes d'un halluciné

85

Des questions à Idrissa Seck

Nous vous avons écouté lors de vos sorties radiophoniques à Rfm le dernier dimanche

du mois de Ramadan dans l’émission le Grand Jury, le vendredi 27 octobre 2006 à Sud

Fm dans l’émission Objection et le samedi 28 octobre 2006 dans l’émission Ëtëbu Sud.

Comme d’habitude, vous nous avez séduit par la facilité de votre verbe et par vos

références fréquentes au Saint Coran et aux textes sacrés. Cependant, je confesse que

je suis restée sur ma faim, car des questions importantes à mes yeux n’ont pas été

posées par les animateurs de ces émissions auxquelles vous avez été convié.

M. Seck, contrairement aux opposants actuels de Me Wade, vous avez été très proche

de ce dernier durant les premières heures de l’alternance avant votre éviction. Vous

rappelez-vous du phénomène de la transhumance ? Sans doute.

Avez-vous été le théoricien de cette stratégie spécialement conçue par votre ancien parti

pour aller brouter dans les prairies vertes du Parti socialiste que vous avez, oh ironie du

sort, aidé à se débarrasser de leurs mauvaises herbes ? Si l’on sait que vous occupiez la

fonction de stratège-maison dans votre ancienne formation politique, quelle caution

morale avez-vous donné à cette pratique ?

M. Seck, allez-vous reconduire ces pratiques malsaines de la politique que nous autres

Sénégalais lambda n'avons jamais comprises, nous qui avons combattu avec la dernière

énergie ces fossoyeurs de la République que nous retrouvons, deux années après, plus

fossoyeurs que jamais. Et puis M. Seck, ce nouveau phénomène de ‘Toxu’ que vous

traduisez par Hégire (même si pour d’aucuns Hégire est traduit pas ‘xàdday’) n’est-il pas

une reconduction de cette même transhumance que nous fustigeons ?

En tout cas, une chose est sûre, c’est que tous deux traduisent un environnement de

précarité et de rareté qui conduit à la poursuite ou à la recherche d’un environnement

meilleur propice à la survie de l’espèce animale (pour la transhumance) et de celle d’une

communauté religieuse pour l’Hégire. La ressemblance s’arrête là, car en ce qui

concerne les phénomènes que nous vivons, les valeurs qui sous-tendent les motifs sont

plutôt négatives. En effet, certains politiciens véreux n’hésitent pas, par un tour de passe-

passe, à cracher dans le plat qu’ils ont été plusieurs à concocter juste parce qu’ils ont

décidé au dernier moment de ne plus y goûter. Le ‘Toxu’ n’est-il pas cette autre forme de

transhumance obtenue avec des espèces sonnantes et trébuchantes ?

Si je vous fais part de ces remarques, c’est parce que vous semblez préconiser un autre

style de management axé sur la gestion des compétences des Sénégalais sous votre

magistère que nous appelons d’ailleurs de tous nos vœux. D’ailleurs à cet effet, les

résultats provisoires de l’étude que vous avez commanditée, vous ont sans doute édifié

Page 86: Les bourdes d'un halluciné

86

sur ce point. De ces résultats fusent déjà les cris de cœur des Sénégalais. Nous en

avons marre des politiciens et de la pratique actuelle de la politique qui promeut la

médiocrité et est perçue comme un moyen d’ascension sociale.

Je ne suis pas non plus satisfaite de la façon dont vous avez tranché cette question au

cours de l’émission Ëtëbu Sud. Vous projetez de mettre ce que vous appelez les ‘doers’

à leur place et les politiciens à la leur. N’allez-vous pas, une fois que vous serez hissé à

la station suprême, sacrifier l’intérêt du peuple sénégalais sur l’autel de vos ambitions

pouvoiristes ?

N’allez-vous pas rééditer l’histoire en faisant comme votre ex-mentor qui s’est séparé

sans état d’âme de ses meilleurs ‘doers’ pour les remplacer par des bêtes politiques ? Je

pense en ce sens au Pr Eva Marie Coll Seck, à Mme Safiétou Ndiaye Diop et à plein

d’autres qui ont abattu en leur temps un travail exceptionnel dans leurs ministères

respectifs. Connaissant l’amour du pouvoir des Africains, une profession de foi ne me

contente guère.

Sur un autre régime, M. Seck vous vous référez beaucoup au Saint Coran et aux autres

textes sacrés, ce qui est une bonne chose. C’est votre droit le plus absolu de le faire

comme d’autres se réfèrent sans complexe à Marx, à Durkheim, à Tocqueville… d’autant

plus que vous vous référez à des valeurs éternelles. Mais ce qui me préoccupe c’est

qu’en même temps vous manifestez une grande sympathie à l’endroit d’Américains

membres de cercles influents avec lesquels vous semblez entretenir des relations très

étroites, qui, sans doute, n’hésiteront pas à vous appuyer durant votre marche vers le

palais.

Pourquoi vous appuieraient-ils, vous, M. Seck qui vous référez sans cesse au Coran, et

qui ambitionne sans nul doute de puiser dans ses enseignements les valeurs qui vont

dicter les actions des dirigeants que vous aurez sous votre direction ?

En tout cas, une chose est sûre, c’est que les valeurs islamiques sont aux antipodes de

celles des Américains. Avez-vous une claire conscience de la mission qui vous attend ?

Et comment comptez-vous vous y prendre à ce funambulisme ? A moins qu’il n'y ait des

choses que nous ignorons.

Voilà en substance, M. Seck, les points sur lesquels j’aimerais avoir des éclairages. Voilà

les préoccupations d’une citoyenne soucieuse de l’avenir de son pays et qui souhaite

l’émergence d’une cité sénégalaise plus juste, plus forte, plus respectable et plus

vertueuse.

Ndèye Faty SARR

Page 87: Les bourdes d'un halluciné

87

Idy, la rhétorique, les versets

Lui : ‘Ah! Mara, encore tes versets’. Moi : ‘Oui Ma ître, toujours mes versets’.

(Extraits du Cd n°1 d'Idrissa SECK intitulé Lui et Moi)

L'actualité de ces derniers jours au Sénégal reste sans conteste marquée par le retour au

premier plan sur la scène politique de l'ex-Premier ministre Idrissa Seck. En effet, à

l'instar de son ‘ex-père d'emprunt’ qui s'était exilé en France pendant une année avant de

rentrer au Sénégal et d'occuper la scène politico-médiatique en renversant tout sur son

passage, tel un Attila des temps modernes, Idy se positionne aujourd'hui, ou du moins

tend à se positionner par sa communication et sa présence sur le champ politique,

comme le principal leader de l'opposition, pour ne pas dire le challenger de Me Wade.

Dans un monde en pleine mutation, marqué par l'accès rapide à l'information, notamment

grâce à l'avènement des nouvelles technologies de l'information et de la communication,

une telle démarche est tout à fait compréhensible. Elle est même intelligente.

Idy, on l'aime ou on ne l'aime pas, mais force est de reconnaître qu'il ne laisse personne

indifférent. Si quelques-uns parmi ses détracteurs pensent qu'il est un homme pressé,

Idrissa Seck est, à n'en point douter, un homme intelligent doublé d'un communicateur

hors pair.

M'intéressant aux débats qui animent la vie politique de notre nation, comme bon nombre

de mes concitoyens, j'ai écouté avec attention la récente sortie de M. Seck sur les ondes

de la radio Rfm. Je voudrais tout de suite préciser que mon propos ne s'inscrit pas dans

la lignée des argumentaires développés par le camp des ‘pro-Idy’, ni de ceux théorisés

par les ‘anti-Idy’. Seulement, la sortie de l'ancien Premier ministre a suscité en moi

quelques interrogations sur la communication de l'homme, notamment sa propension à

utiliser les versets coraniques. Aussi, cette contribution s'inscrit-elle dans le cadre d'une

analyse de certains aspects de la démarche communicationnelle du président de ‘Rewmi’

par rapport à l'utilisation des textes sacrés.

Le musulman que j'aspire à être, comme disait l'autre, ne trouve aucun inconvénient à ce

qu'un individu puise ses références dans les Livres révélés. Allah (Qu'il soit exalté) nous

dit dans le Saint Coran : ‘...Nous n'avons rien omis d'écrire dans le Livre...’ (Sourate 6,

Verset 38). ‘... Et nous avons fait descendre sur toi le Livre, comme un exposé explicite

de toute chose, comme un guide, une grâce et une bonne annonce aux musulmans’.

(Sourate 16, Verset 89). De même, la Bible, la Thora ou les Psaumes de David

constituent des sources inestimables auprès desquelles, s'abreuver procure au lecteur un

enseignement spirituel riche et fécond, mais aussi une morale renforcée.

Page 88: Les bourdes d'un halluciné

88

Beaucoup de versets du Saint Coran ont trait aux principes d'économie politique, aux

règles juridiques et aux éléments de sociologie qui régissent le monde et dont les

applications ont été avérées au cours de l'Histoire, d'où sa prétention légitime à régenter

la vie en société dans tous ses aspects, y compris politique.

En fin politique, Idrissa Seck qui, il faut le reconnaître, surfe allègrement sur les plages de

la réthorique, a compris l'importance et l'effet de la religion auprès des masses. A cet

égard, il en use, voire en abuse... ‘L'ordinateur qui a un disque dur donné, ne fonctionne

que sur la base de logiciels compatibles avec son système d'exploitation’, disait-il. Je suis

entièrement d'accord avec cette assertion et fais d'ailleurs partie de ceux qui sont

convaincus que l'ancien Premier ministre a été formaté selon les références qu'il s'est lui-

même fixées, à savoir les textes sacrés. C'est pourquoi je ne peux manquer de

m'interroger à la suite de ce passage de son interview accordée à la radio Rfm.

Rfm : ‘Vous prévoyez d'aller dans d'autres régions ‘

I. S. : ‘Bien évidemment, je ferai la totalité du territoire national’

Rfm : ‘Quand ?’

I. S. : ‘Ne vous hâtez pas de réciter le Coran, avant que ne vous soit achevée sa

révélation. Quand ce sera le moment.’

Je présume que cette dernière phrase prononcée par Idrissa Seck lui a été inspirée par

ceci : ‘Que soit exalté Allah, le Vrai Souverain ! Ne te hâte pas de réciter le Coran avant

que ne te soit achevée sa révélation. Et dis : Ô mon Seigneur, accrois mes

connaissances’ . (Sourate 20, Verset 114). Voici ce que donne en transcription le verset

en question : ‘Fa Ta'ala llahou Malikoul Haqq. Wa la ta'jal bil Qour'ani mine qabli in

youqda ileïka wahyouhou. Wa qoul Rabbi zidni illman’.

Le Coran étant un Livre inaltéré et révélé, la Parole incréée d'Allah, il est admis que la

compréhension de son contenu est certes beaucoup plus aisée pour ceux qui jouissent

de la connaissance de la langue arabe littéraire, langue de la Révélation par excellence.

C'est ainsi que ‘la ta'jal’ en arabe et dans le verset précité signifie ‘ne te hâte pas’. ‘Ne

vous hâtez pas’ aurait donné ‘la ta'jilou’. De même, l'emploi du partitif ‘ileïka’ qui signifie

‘vers toi’ montre bien qu'Allah s'adresse à son Prophète (Que la paix et la Bénédiction

d'Allah soient sur lui). S'adressant aux hommes comme Allah le fait dans de nombreux

passage du Coran, Il utilise le partitif ‘ileîkoum’ qui signifie ‘vers vous’. Il n'est point besoin

d'une exégèse des textes ou d'être un savant en théologie pour savoir que la Révélation

(Wahyou) était exclusivement destinée au Prophète Muhammad (Que la paix et la

Page 89: Les bourdes d'un halluciné

89

Bénédiction d'Allah soient sur lui), même si quelques élus privilégiés ont bénéficié de

Révélations à travers l'histoire.

De la pure sémantique, me direz-vous ! Le Coran étant par essence miraculeux et

inimitable, tant au point de vue du fond que de la forme, chaque terme dans la langue du

Coran a un certain poids, chaque mot a sa raison d'être et le simple fait d'omettre ne

serait-ce qu'une voyelle peut être lourd de conséquences, comme en attestent ces

versets : ‘Alif, Lãm, Rã. C'est un Livre dont les Versets sont parfaits en style et en sens,

émanant d'un Sage, d'un Parfaitement Connaisseur’. (Sourate 11, Verset 1). ‘Voilà ce

que nous te récitons des Versets et de la Révélation précise.’ (Sourate 3, Verset 58). ‘Dis

: Quand même les hommes et les djinns s'uniraient pour produire un semblable de ce

Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s'ils se soutenaient les uns les

autres’. (Sourate 17, Verset 88). On peut multiplier les exemples...

Je ne doute pas un instant que M. Seck, ‘formaté’ comme il l'est, ignore tout ceci. Alors,

une question me taraude l'esprit. En modifiant volontairement le contenu d'un verset, qu'a

voulu insinuer Idy ? Voulait-il s'inspirer du verset en changeant son contenu pour

l'adapter aux circonstances de son dialogue ? Cette hypothèse me paraît risquée et

dangereuse compte tenu du caractère inaltérable du Livre. En voulant reproduire ledit

verset, s'est-il trompé et a employé la deuxième personne du pluriel à la place de la

deuxième personne du singulier ? Cette hypothèse de l'erreur me paraît très improbable,

étant persuadé qu'Idy possède une maîtrise certaine du Livre. A moins que... à moins

que... Voulait-il l'employer pour lui-même ? Certes, le Coran se reconnaît par ses

caractères d'universalité et de perfection. ‘Qu'on exalte la Bénédiction de Celui qui a fait

descendre le Livre de Discernement sur son serviteur, afin qu'il soit un avertisseur à

l'Univers’. (Sourate 25, Verset 1).

Le Coran n'est pas un Livre comme les autres. S'y référer est une chose louable en soi. Il

faut cependant beaucoup de prudence dans le maniement et l'utilisation de ses versets

qui entrent toujours dans un contexte précis et peuvent conduire à des interprétations

diverses et souvent dangereuses. La référence au Coran ainsi que sa maîtrise ne

constituent pas, à elles seules, un signe de vertu, elles peuvent parfaitement cacher une

volonté de nuire ou d'abuser le monde.

D'ailleurs, n'est-il pas contradictoire de vouloir porter en bandoulière la référence

constante au Livre, de se vouloir ‘formater’ par et pour les textes sacrés, alors que, dans

le même temps, on ne se gêne pas de poser des actes que toute morale répréhende ?

‘Les seules ressources que mon passage au pouvoir, ont mises à ma disposition et qui

renforcent mes moyens d'intervention politique et sociale sont les fonds politiques que le

président lui-même m'a discrétionnairement alloués. J'ai déjà indiqué le code qui préside

chez moi à leur redistribution : les proches, les orphelins, les indigents, les lourdement

Page 90: Les bourdes d'un halluciné

90

endettés, l'affranchissement des jougs, les voyageurs en détresse et ceux dont les cœurs

sont à gagner à notre cause’.

Ce code rappelle étrangement le Verset 60 de la Sourate 9 qui dit ceci : ‘Les Sadaqâts

ne sont destinés que pour les pauvres, les indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les

cœurs sont à gagner (à l'islam), l'affranchissement des jougs, ceux qui sont lourdement

endettés dans le sentier d'Allah, et pour le voyageur en détresse. C'est un décret d'Allah.

Et Allah est Omniscient et Sage’. Lorsque l'on sait que parmi ‘ceux dont les cœurs sont à

gagner à notre cause’ figurent des ‘transhumants’, il y a de quoi se poser des questions

par rapport à la démarche et à l'éthique ! Gagner les cœurs à l'islam est-il comparable à

gagner les cœurs à ‘Rewmi’ ?

Pour en conclure avec les versets, méditons sur celui-ci : ‘Il y a parmi les gens celui dont

la parole sur la vie présente te plaît, et qui prend Allah à témoin de ce qu'il a dans le

cœur, tandis que c'est le plus acharné disputeur’ (Sourate 2, Verset 204).

‘Napoléon en allant conquérir l'Egypte, avait dans sa bibliothèque au rayon politique, le

Coran. Et il amusait ses collaborateurs à chaque fois qu'il commencait ses discours par

Allah le Miséricordieux et le Très Miséricordieux’. Napoléon peut s'amuser avec le Coran,

j'ose croire, Monsieur le Premier ministre, que tel n'est pas votre cas !

Amadou BA

Page 91: Les bourdes d'un halluciné

91

Un aveu de «petite» taille !

Soucieux de cicatriser la plaie ouverte par les chantiers de Thiès et voulant se racheter

une conscience, Idrissa Seck, l’ex-futur président du Sénégal, avoue s’être enrichi grâce

aux fonds politiques à lui discrétionnairement alloués par le président de la République.

En d’autres termes, on ne peut plus claire, il affirme avoir volé et partagé son butin avec

ses proches, donnant ainsi aux Sénégalais le confort de la certitude que son

incarcération se justifiait. Un tel aveu ne devrait surtout pas surprendre : les conseillers

en communication sont passés par là. Un peu à l’image de Jacques Séguéla, publicitaire

chevronné, recruté en catastrophe entre les deux tours lors des présidentielles de 2000,

qui conseillait le candidat socialiste de reprendre le slogan Sopi en français, tout en

sachant à l’avance qu’il avait fini d’être imprimé dans l’esprit des populations par son

challenger Wade. Les conseillers en communication de Idy, se rappelant sûrement que

«faute avouée est à moitié pardonnée», lui ont donc conseillé de cracher cette tache

noire, qui sera certainement le thème de campagne de ses adversaires politiques. Ce

qu’il fit avec un certain angélisme. En quoi consistait le modus operandi ? Avouer son

enrichissement légalement illicite à l’aide d’envolées illuminées, susciter un débat

pendant quelques jours et faire clore définitivement cette question, en vue de se refaire

une virginité politique. Dans son jeu subtil du «mentir vrai», Idy, le madré se prévaut de

«sa propre turpitude» à force de jouer avec le feu médiatique. S’il est vrai que la

communication est devenue le préalable à toute action, il est conseillé, en politique, de

savoir utiliser souvent le silence, surtout si on a la prétention de prendre la place du Père.

Là où ses conseillers en communication ont péché, c’est quand ils lui ont suggéré,

quelques jours plus tard, de démentir qu’il avoue avoir volé, oubliant que dans ces

genres d’affaires, un démenti équivaut souvent à une confirmation. D’autant qu’on pense

être blanchi par la Justice. A l’avenir, en allant se prêter aux questions des journalistes,

ils feraient bien de lui demander de chercher à convaincre plutôt qu’à s’enflammer, quitte

à ce qu’ils nous privent, nous auditeurs, de ses envolées lyriques, voire poétiques,

bibliques et coraniques dont nous sommes très friands. Lui, qui a compris que «la

meilleure façon de paraître géniale est d’être inintelligible».

Les communicants que le «président-né» a recrutés de tout bord, censés être ses

«blanchisseuses», sont en passe de devenir ses «noircisseuses». Car, faire nier à leur

candidat d’être l’auteur des formules du genre «je suis né pour être Président», «je suis

né pauvre, maintenant je suis devenu riche» et autres formules chocs dont lui seul a le

secret, le fait passer, aux yeux de l’opinion, pour un «cas d’école de parole non tenue» et

de fieffé menteur, en plus d’avoir en lui, le gène de la trahison.

Face aux défis qui interpellent le peuple sénégalais, toute candidature fantaisiste est

disqualifiée, si tant il est vrai qu’une candidature aux présidentielles n’a de sens que si

Page 92: Les bourdes d'un halluciné

92

elle est faite pour construire. Celle de Monsieur Seck ne sera donc qu’une candidature de

plus. Le travail de tout candidat sérieux doit consister d’abord à labourer le pays profond,

(…), au lieu de courtiser l’establishment et de se laisser enivrer d’éloges de journalistes

corrompus. Idrissa Seck confond Thiès et Sénégal. Il peut être un bon maire pour Thiès

commune, un bon candidat fantaisiste, mais lui-même sait pertinemment qu’il n’est pas

présidentiable. Etre martyr ne se décrète pas, mais quand on veut forcer le trait jusqu’à

se faire martyr, on devient un poison social.

En outre, celui qui dit «draguer sa femme de temps en temps» (sic) ferait mieux de la

séduire pour de bon avant d’aller à la quête des voix des Sénégalaises et des

Sénégalais. Ou bien n’aurait-elle pas encore vu son beau sourire «commercial».

Aveuglé par le culte du moi et son individualisme narcissique, Idrissa Seck s’est déjà mis

dans la peau du président, conforté en cela par le ralliement de personnalités (qui,

fussent-ils ministres, ne rapportent pas une voix dans une élection présidentielle), en

allant négocier avec des partenaires, ses partenaires à lui. Les spécialistes de la

littérature politique ont là une bonne matière, pour réécrire à la façon de Franz-Olivier

Gisbert (journaliste français, auteur de La Tragédie du Président Scènes de la vie

politique 1986-2006) ; La Tragédie de l’ex-futur président du Sénégal.

L’homme n’étant pas, d’après André Malraux, ce qu’il cache, mais ce qu’il fait, les

Sénégalais attendent encore d’autres aveux de taille, (…).

N’ayant aucune chance de bénéficier de notre voix aux élections, nous accordons

volontiers à Monsieur Seck celle de Tacite, historien latin, qui disait : «Pour devenir

maître, il faut agir en esclave.»

Amadou THIMBO - Etudiant à Paris

Page 93: Les bourdes d'un halluciné

93

Idrissa Seck : Une imposture sénégalaise

Depuis son retour de Paris, l’ex Premier ministre Idrissa Seck s’est lancé dans une vaste

opération de séduction et de mystification de l’opinion publique sénégalaise et

internationale. Comme à son habitude l’ex-sherpa du président Abdoulaye Wade a fait

diffuser par le biais des radios privées (souvent complaisantes) un enregistrement sonore

dans lequel il peint un tableau apocalyptique de la situation socio-économique du pays.

Tenus pour uniques responsables, le président Wade et le gouvernement de Macky Sall

y sont voués aux gémonies à cause de leur prétendue incompétence ; dans la foulée,

Idrissa Seck se porte volontaire pour remédier au mal et annonce la création de son parti

Rewmi (le pays en wolof).

Rappelons que le 4 avril dernier, il avait choisi le jour de la fête de l’indépendance pour

annoncer sa candidature à la présidentielle du 25 février 2007 sous prétexte de

redressement national. Cette fois-ci, la veille du ramadan lui aura servi de moment de

diffusion de son spot publicitaire sur un ton prophético-messianique, le tout déclamé par

une voix caverneuse sortie d’outre-tombe.

Tout pour la forme, rien dans le fond, cette formule résume assez bien la stratégie

communicationnelle de M. Seck qui n’a d’autre ambition que de marquer l’inconscient

collectif aussi bien par le ton employé, le choix du moment de diffusion de ses

enregistrements sonores que par la sélection du vocabulaire. Excellent comédien, Idy se

sert des techniques les plus modernes du marketing politique pour nous vendre son

baratin politico-mystico-religieux à coups de versets coraniques, d’allusions bibliques et

de références à la sagesse wolof, tentant d’exploiter cyniquement la religiosité du peuple

sénégalais.

Au lieu d’essayer de mystifier le ‘goorgorlou’, Idy devrait nous expliquer les tenants et

aboutissants de sa gestion des ‘chantiers de Thiès’. Par quel artifice le tout puissant

Premier ministre de l’époque a-t-il pu dépenser 40 milliards pour embellir sa propre

commune, soit le double du montant voté par l’Assemblée nationale dans le budget ?

Cela au mépris des règles les plus élémentaires de l’éthique républicaine, de la

comptabilité publique et du droit budgétaire. Sans oublier les surfacturations abyssales et

les conditions nébuleuses de passation des marchés relevés par l’Inspection générale

d’Etat. Donc, avant de monter sur ses grands chevaux ou de revêtir la cape et l’épée de

Zorro, notre sauveur autoproclamé ferait bien d’attendre le résultat des commissions

rogatoires internationales envoyées par la Commission d’instruction de la Haute Cour de

justice, juridiction d’exception pour un imposteur d’exception. Avis aux militants de

‘Rirrmi’(le bruit) qui risquent de miser sur un cheval non partant pour le Grand Prix du 25

février. Sa candidature ayant pour entre autres objectifs d’occulter ses déboires

judiciaires par une fuite en avant et de justifier, a posteriori, une éventuelle condamnation

Page 94: Les bourdes d'un halluciné

94

comme une tentative désespérée du pouvoir pour empêcher l’auto-prophétie selon

laquelle il sera le quatrième président du Sénégal.

Enfin Idy devra éclairer la lanterne des Sénégalais sur le mystère de l’origine de sa

fortune soudaine. Les français ont inventé le Tgv, notre génie national a lui mis au point

une technologie de pointe appelée Egv (enrichissement à grande vitesse ). Vautrin

(personnage du Père Goriot de Balzac) nous enseigne que ‘le secret des grandes

fortunes sans cause apparente est un crime oublié parce qu’il a été proprement fait’.

Arrogance, excès de confiance ou tout simplement mépris ? La question mérite d’être

posée au vu de l’extraordinaire toupet d'Idrissa Seck qui a avoué, lors de l’émission

Grand Jury du 22 octobre, avoir tiré sa fortune des fonds politiques que le président lui

avait discrétionnairement confiés. Incroyable !

Certes, l’ex-Premier ministre peut se prévaloir sur ce plan du bénéfice de l’arrêt de la

Commission d’instruction en date du 7 février 2006 qui affirmait qu’aucune investigation

ne pouvait être menée sur la destination de ces fonds secrets alloués au président de la

République, mais est-ce une raison pour narguer impunément et sans vergogne la

République et ses citoyens.

Mohamed Ayib DAFFE

Page 95: Les bourdes d'un halluciné

95

Idy et les journalistes

Depuis quelque temps, des hommes politiques de la mouvance présidentielle avancent

que notre Idy national a des journalistes à sa solde. Notre Farba hors du commun se

permet de citer des noms et Me El Hadj Diouf promet d’aller en guerre contre les

journalistes ‘pro-Idy’. Je sens que les amateurs de divertissements vont encore se

régaler. Thiey Sénégal ! Les journalistes sont certes comptés parmi les plus corrompus

au Sénégal, mais... Il se trouve qu'Idy, le ‘communicateur’, fait tout pour occuper le

devant de la scène et l'on ne peut pas reprocher aux journalistes de faire leur travail. Bien

entendu, monsieur en profite pour essayer de donner aux électeurs l’image d'un homme

honnête, vertueux, pieux, intelligent, un bon père de famille qui aime sa femme, qui ne

drague pas, ne fréquente pas les bars, et j'en passe.

Sur Rfm, le pauvre journaliste qui s'est déplacé pour l’interviewer, n'a pas le temps de

poser ses questions. M. Seck récite un discours qu'il semble avoir préparé d'avance. Et il

y va avec ses versets. Sourate telle, verset tel. Comme l'on pouvait s'y attendre, certains

tombent dans le piège, disant : ‘Il connaît bien le Coran.’ Mon œil. Demandez-lui à

l’improviste quel est le verset 12 de telle sourate. De plus, ceux qui connaissent le Coran

ne jouent pas avec. Monsieur, lui, se réfère à Napoléon qui amusait ses collaborateurs

en citant le Coran. Et il trouve que ce serait intelligent de se servir du saint Livre pour

embobiner les populations. Inquiétant, n'est-ce pas ?

Mais quand on se sert des médias pour ses ambitions, il faut s'attendre au revers de la

médaille. La chute est souvent imprévisible. L'ancien Premier ministre, poussé à bout,

tout le monde voulant savoir l'origine de sa soudaine fortune, avoue avoir puisé dans les

fonds politiques pour s’enrichir. N'est-ce pas là une révélation de taille ? Les journalistes

de tous bords reprennent l’information, certains criant ‘Au voleur !’, d'autres tentant de

recoller les pots cassés. On se demande alors pourquoi il a avoué, lui qui ne cessait de

déclarer : ‘Jusqu'à l'extinction du soleil, le détournement du moindre centime d'argent

public ne pourra m'être imputé... Tout ce que je possède a une origine licite.’ Personne

n’y croyait, bien entendu. Il lâche donc une partie du morceau : ‘Je ne me suis pas enrichi

à la faveur du pouvoir. Les seules ressources que mon passage au pouvoir a mises à ma

disposition et qui renforcent mes moyens d’intervention politique et sociale, sont les fonds

politiques que le président lui-même m’a discrétionnairement alloués.’

En bien ! Voyons ! C'est donc licite de se servir des fonds politiques pour s'enrichir ?

N'importe qui peut les détourner en toute quiétude ? Je suis de ceux qui se demandent si

M. Seck n’a pas parlé des fonds politiques où il ne peut encourir aucune peine pour

détourner notre attention des chantiers de Thiès. Veut-il protéger son épouse qu’il nous

décrit comme une femme qui s’habille bien et sent bon ? On a pu lire que dès que

Page 96: Les bourdes d'un halluciné

96

l'affaire des chantiers de Thiès a éclaté, des biens qui étaient au nom de cette femme ont

été vendus. Pour ne pas laisser de preuves jusqu'à l’extinction du soleil ? En tout cas,

Wade dit lui avoir accordé vingt et quelques milliards, mais qu'il en a pris quarante. Que

va-t-on chercher d'autre ?

Et puis, voilà notre Idy invité par le grand Abdou Latif Coulibaly, le journaliste hors pair, le

diseur de vérité, celui qui honore la profession, etc. Dès le départ, on est frappé par la

familiarité entre les deux hommes. Idy se sent chez lui et n'hésite pas à tutoyer son

interlocuteur. Rappelons qu’il venait juste d'avouer s'être enrichi, en partie, grâce à

l'argent du peuple. Naturellement, on s’attendait à ce que Latif pousse ses ‘investigations’

pour édifier les citoyens. O déception ! On a l’impression que M. Coulibaly s'efforce de

faire passer son invité comme une victime, histoire de rectifier le tir. Il lui pose sans cesse

des questions du style : ‘Est-ce que votre rupture avec Wade vous a causé de la peine ?’

Et quoi encore ?

Franchement, les Sénégalais ont d’autres questions : - Idy, vous semblez dire que vous

vous êtes en partie enrichi en vous servant des fonds politiques. D'où vient l'autre partie?

- Combien d'argent avez-vous soutiré de ces fonds ?

- Vous avez dit : ‘Une histoire d'argent m'oppose à Wade.’ De quel argent s'agit-il ?

- ‘Les grands bandits ne se disputent qu'au moment de partager le butin.’ Etes-vous deux

bandits qui se sont disputés au moment de partager les milliards du pays ?

- Après ce que vous avez fait à Wade, enregistrer à son insu vos conversations privées

et vous approprier l'argent qu'il vous avait confié, pensez-vous que le peuple pourra vous

faire confiance ?

- A quoi jouez-vous en faisant descendre vos Cd de façon fragmentée et graduelle

comme le Coran ? Vous prenez-vous pour Dieu ?

On ne peut pas passer sous silence les milliards de francs qu'Idy aurait mis dans sa

poche pour ensuite revenir dire aux Sénégalais de voter pour lui. Non, le grand Latif a

déçu. On est hélas obligé de penser à une rumeur qui faisait d'Idy l'informateur du

journaliste, car Latif, dans ses écrits, révèle parfois des choses que ne peut savoir qu'un

proche du pouvoir. Et, étrangement, ses déballages ont fait réagir tous les hommes

politiques sauf Idy qui est, comme nous le savons tous, prompt à divulguer les secrets

dits d’Etat. Mais, n'alimentons pas davantage les rumeurs...

Page 97: Les bourdes d'un halluciné

97

M. Seck déclare à propos des sommes d'argent qu’il a ‘déplacées’ (randal, en wolof) :

‘J'ai déjà indiqué chez moi le code qui préside leurs redistributions : les proches, les

orphelins, les indigents, les lourdement endettés, les voyageurs en détresse et ceux dont

les cœurs sont à gagner à notre cause.’ Est-ce l'envoyé de Dieu qui parle ? Si ce type

n'est pas fou à lier, il prend vraiment les Sénégalais pour des moutons. Ainsi donc, on

peut voler pourvu qu'on en donne une partie aux proches, aux orphelins, etc. Que c'est

beau et facile ! Dans certains pays, il serait pendu sur la place publique pour l’exemple.

Après ces aveux, le bon musulman qu'il est ou aspire à être devrait demander qu'on lui

coupe les mains, vu que c'est ainsi qu'on doit punir les voleurs d'après la charia. Mais,

non. Il va ‘siffler la fin de la récréation’ et porter plainte contre quiconque l'accusera. Il ne

manquait plus que ça ! Il faudrait d'abord qu'il nous donne une autre définition du mot

‘voleur’.

Là où l'on tombe des nues, c'est quand il déclare avoir consigné dans un registre les

mouvements de ces fonds. ‘Le Livre m’a inspiré d’en dresser compte. Même si la loi dit

qu’il n'y a pas comptabilité, pas d’explication, pas de justification, j’en ai dressé compte...’

Et il menace de sortir la liste des bénéficiaires. C'est lamentable ! Nous dire à qui Wade a

donné des sous qu'il pourrait ‘mettre sous son lit ou brûler’ ne nous intéresse pas. Par

contre, charité bien ordonnée commençant par soi-même, Idy doit, sans tarder, publier la

liste de ses proches, des orphelins et autres à qui ou avec qui il a partagé le butin. Mara,

on attend le Cd. Cela facilitera le travail à la Dic. Et surtout, n'oubliez pas de citer les

noms des ceddo et autres païens qui, grâce à cet argent, ont rallié la cause de l'Islam.

D'aucuns disent : ‘Ils sont tous des voleurs, donc arrêtez de nous parler de ces histoires

d'argent.’ On ne peut être plus irresponsable. Il faudrait qu'on montre à la télé un milliard

de francs, en billets de 5 000 étalés, et les Sénégalais qui crèvent la dalle, verront qu'il ne

s'agit pas d’une somme négligeable. Et là, il est question de dizaines de milliards. Mais

comme tout est bien qui finit bien, on peut supposer qu'Idy a juste ‘emprunté’ un peu

d'argent qu'il rendra, une fois président, aux fonds politiques à sa disposition. Pauvre

Sénégal ! (On parle d’Idy, mais il n’est, disons-le, que l’arbre qui cache la forêt.)

D'autres ont le culot d'arguer qu'Idy a voulu susciter le débat sur les fonds politiques pour

que le citoyen puisse se prononcer par rapport à cet argent du contribuable, dont le chef

de l'Etat peut faire usage sans aucune forme de comptabilité. Ah ! Nous ne sommes pas

au bout de nos surprises. Ainsi, tout malfaiteur capturé peut dire qu’il voulait juste

susciter un débat. Le pédophile dira : ‘Oui, j’ai violé vos enfants, mais c'était dans le but

de vous pousser à mieux les protéger.’

Seulement, il y a eu du nouveau. Me Ousmane Sèye, l’avocat de l'Etat, déclare que c'est

Idy qui veut appeler cet argent ‘fonds politiques’, alors qu’il s'agit de fonds publics. Et il va

plus loin en affirmant que pour négocier sa libération, l'ancien Premier ministre avait

Page 98: Les bourdes d'un halluciné

98

promis de financer, avec cet argent, disons une partie, la campagne électorale du

candidat Wade. Et les déshérités et les orphelins ? Ah ! J'ai failli oublier que les

campagnes électorales sont des occasions d'offrir des sacs de riz. N'empêche que dans

tout cela, le peuple se demande qui dit la vérité. Le camp de Wade n’inspire plus

confiance, mais Idy manque atrocement de crédibilité. N'est-ce pas lui qui disait qu'il n'y a

jamais eu de négociations ? Maintenant, le voilà qui raconte, de mémoire, les ‘minutes de

ces négociations’. Pourquoi de mémoire ? Lui, si méticuleux à enregistrer ses

conversations et à ‘dresser compte’, comment se fait-il qu’il n'ait pas enregistré ces

importantes conversations ? Il était en prison, certes, mais rusé comme il est et bien

branché technologie, il devrait nous sortir un Cd sur ces négociations enfin avouées.

Bref.

C’est alors que la notaire Nafissatou Diop Cissé, plénipotentiaire de l’accusé, obligée

d’entrer dans la danse pour avoir été au cœur du ‘deal’, menace : ‘S’ils publient leur

document, nous ne nous ferons pas prier pour publier les documents que nous avons.’ Et

le feuilleton continue ! J’espère que le reste du monde ne suit pas ce qui se passe chez

nous car il y a de quoi avoir honte.

A trop parler, Idy s'enfonce tout seul. Les médias dont il se sert sans modération, risquent

de le perdre. Et si, par malheur, il accède au pouvoir, grâce à eux, les journalistes auront

intérêt à être ses griots ou à changer de métier, car un tel personnage ne laissera aucun

opposant suivre la même voie pour le détrôner. Messieurs de la presse, vous voilà donc

avertis !

Bathie Ngoye THIAM

Page 99: Les bourdes d'un halluciné

99

La caverne d’Ali Baba

Abdoulaye Wade a passé la soirée du lundi au mardi, jusqu’à une heure du

matin, à discuter avec son neveu Alex Ndiaye. Il a décidé d’arrêter. Quoi ? Le

jeu de massacre. (…)

L’alternance a blessé au combat un de ses fils les plus valeureux, Idrissa

Seck. Si le Sénégal le perdait, ce serait une des plus grandes déceptions de

notre jeune nation. Nous sommes passés à côté d’hommes très valeureux, qui

dorment aujourd’hui dans le cimetière des héros sans victoire. Mais sa mort

resterait dans les consciences comme un grand gâchis. Il faut un tout pour

bâtir une réputation, il faut un rien pour la perdre. Cet homme, je le pense, a

l’autorité, la compétence, et l’intelligence. Il lui manquait la confiance que les

peuples accordent aux grands hommes pour leur confier leurs destins. Nous

nous étions dit « enfin ». Mais il n’y a jamais de « enfin » en politique. Rien

n’est jamais fini. De toutes les leçons apprises en prison, c’est celle qu’Idrissa

Seck n’a pas eu le temps d’assimiler. (…)

Je ne veux pas lui jouer la cornemuse, et lui chanter les oraisons funèbres.

Quand il a été arrêté, en août 2005, et accusé de tous les maux, on le croyait

mort, et ses adversaires chantaient déjà la victoire. Il est revenu triomphal,

en portant à ses anciens alliés les attaques les plus meurtrières. Des milliers

de sénégalais, parmi lesquels je me reconnais, se sont portés à sa défense.

(…)

Eh bien, Idrissa Seck vient de dire à tous ceux qui lui accordaient une certaine

bonne foi, qu’il est comme eux. C’est à ces gens qu’il vient d’asséner un grand

coup de couteau dans le dos, pas à Wade. (…). Ce qui est nouveau, c’est que

notre Ullyssa national, héros de tous les temps, qui a défié tous les dangers,

résisté à toutes les tentations, n’ait pas résisté à celle de nous en foutre une

par derrière. La plupart des gens honnêtes qui lui ont posé cette question, «

as-tu négocié quelque chose ? » ont eu la même réponse : « je n’ai rien

négocié. Il a envoyé des gens, qui m’ont fait des propositions, mais comme je

leur ai dit, sama guemmin, noppam ». Mais que voulez-vous ? Quand

quelqu’un vous dit une chose pareille, à fort renfort de textos coraniques,

vous lui donnez le bon Dieu sans confession. J’ai appris par la suite, qu’un

mensonge qui répare est mieux qu’une vérité qui détruit. Ce sont des

endoctrinés du seckisme qui me l’ont appris. Mais quand on prend de façon

Page 100: Les bourdes d'un halluciné

100

aussi éhontée le chemin du mensonge, on doit s’interdire la marche arrière.

J’ai discuté avec la plupart des « seckistes » un peu à travers le monde. Ils lui

reprochent tous d’avoir dit la vérité. « Mais pourquoi bon sang, a-t-il dit ça, il

pouvait se taire, il nous met dans une situation difficile ».

Ses conseillers en communication ne pensent pas la même chose. Ils croient

aux vertus réparatrices de la repentance. Mais quelle repentance, que de se

livrer, armes et mains liées, à son ennemi, en lui disant « Je n’ai pas volé,

mais j’ai pris quelque chose ». Si tous ceux qui le poussaient à se présenter

contre Wade savaient ce qu’il traîne comme casseroles, ils l’en auraient

certainement dissuadé. Ils ne savaient pas qu’ils poussaient sur un condamné

à la mort…

Il faut quand même admirer son intelligence suicidaire. C’est le malheur de

tous les hommes qui se croient une tête au-dessus des autres. Quand ils

sortent une idée, même la plus bête, tout le monde applaudit, en pensant que

c’est une idée de génie. Depuis qu’Idrissa Seck s’est entouré de ses sbires, on

dirait que son sixième sens l’a quitté. Et puisque le reste, ceux qui ont

directement accès à lui, le prennent pour un saint, ils crient « allah akbar », à

chaque fois qu’il se fend la peau. Voilà un homme qui a tout d’un coup décidé

que, pour libérer son peuple des forces coalisées de la corruption et du

mensonge, il doit se suicider !

Souleymane Jules Diop Jeudi 16 novembre 2006

(Vous ne vous êtes pas trompés, il s’agit bien de l’ancien conseiller en

communication de Idrissa Seck)

Page 101: Les bourdes d'un halluciné

101

Tartuffe ou l’imposteur

Tartuffe, c’est bien ce loup qui se veut une tête d’agneau. Notre objectif n’est point de

verser dans la vulgaire médisance, la calomnie, les invectives inutiles et peu

intéressantes pour les Sénégalais. Il ne s’agit point de s’écrier : «Au voleur ! Au voleur !»,

mais plutôt de relever le niveau du débat, en montrant à nos compatriotes, la vraie nature

de celui qui a tenté de dévier et de dévaluer l’alternance, celui qui a insidieusement, avec

perversité, déçu les attentes du peuple du Sopi. L’objet est d’attirer l’attention, d’alerter et

d’avertir le vaillant peuple sénégalais.

A la lecture du titre de cette contribution, les férus de littérature, particulièrement les

nostalgiques du «siècle des lumières», penseront à Molière. Mais rassurez-vous, il ne

s’agit point ici d’une apologie de la littérature, d’un retour au Baroque ou à la

Renaissance, mais plutôt, de la description d’un phénomène et d’un homme de chez

nous, qui ressemble fort bien au personnage principal de la pièce de Molière, qui fut une

véritable satire de la bourgeoisie et de la Politique.

Celui qui lui ressemble chez nous est un homme aveuglé et possédé par une ambition

démesurée, voire une prétention enfantine, au point de se prendre même pour le pair de

son Père. Celui-ci a adopté des versets du Coran mal maîtrisés, interprétés juste par

rapport au besoin de sa petite personne, ses bas desseins ; des versets, qu’il croit,

descendus sur terre, juste pour constituer la base théorique de son farfelu et fallacieux

programme de vie, rythmé par la prétention, l’ingratitude, l’intolérance, la cupidité et

l’impatience.

Celui qui lui ressemble chez nous, a été découvert en janvier 2001, quand, aussitôt après

l’alternance, il a commencé ses dérives. C’est avec un hitlérisme rampant qu’il a inauguré

l’alternance, cette ère si généreuse et si prometteuse, qu’il a brutalement dévaluée, en

dévorant ses illustres fils et filles, comme un ogre. Ceux qui l’avaient découvert furent

caricaturés comme des frondeurs qu’il fallait immédiatement anéantir, tels des

mécréants, en se fondant sur un verset du coran qui veut que l’on détruise ses

adversaires, comme des incrédules bons pour l’enfer. Au XVIIe siècle, le même scénario

a gangrené le royaume de France, et Molière, dans son œuvre toute entière en a rendu

compte si merveilleusement : «Ils (les Tartuffes) s’en assurent (de l’Etat) une sorte de

monopole, se poussent ainsi -sous le «manteau»- dans les allées du pouvoir, infiltrent

l’appareil d’Etat, le colonisent au service de leur secte. La Tartufferie est bien un

parasitisme de la chose publique.» -1 Tout ce que le coran dit sur le Prophète (Psl), et

ses Sahabas*, notre Tartuffe se l’applique. Il se peint comme un saint homme, juste,

intelligent, et tout le reste comme des voleurs, des nullards, expressions qu’il adore, en

insultant ses adversaires.

Page 102: Les bourdes d'un halluciné

102

Pourtant, il a fallu juste 3 ans de pouvoir, pour que le prétendu «saint homme» devienne

le plus grand braconnier de l’économie nationale, et le plus grand prédateur de Cfa de

l’histoire du Sénégal, qui s’enorgueillit en plus, que personne ne peut prouver l’origine

subite de sa richesse, qui scandalise de la même manière que le Tartuffe de Molière,

dont les vers suivants sont révélateurs :

«Certes c’est une chose aussi qui scandalise,

De voir qu’un inconnu céans s’impatronise,

Qu’un gueux qui, quand il vint, n’avait pas de souliers,

Et dont l’habit entier valait bien six deniers,

En vienne jusque-là que de se méconnaître,

De contrarier tout, et de faire le maître.» -2

Notre Tartuffe nous a menti, ce qui est prohibé par le Coran qu’il prétend avoir comme

référence, en jurant, la main, non sur le cœur ou le Saint coran, mais sur la poche ou

plutôt le coffre, qu’il ne viendra jamais allonger une liste de parricidaires. Juste après 3

ans de pouvoir, il fut soûlé de sa volonté de puissance, son désir d’extermination, au

point d’utiliser l’arme atomique contre ses frères et son père, là où ses prédécesseurs

avaient eu, au moins, le cœur de se contenter des «armes politiques conventionnelles».

Mon Dieu ! Qu’il est résistant, le Père Wade : autant de trahisons, autant d’injures, autant

de pièges, autant d’ingratitudes !

Ses adversaires n’auront jamais le dessus sur lui, car à tout cela, il oppose autant de

conviction, de courage, de ténacité et d’humanisme à la fois ; ses adversaires ne feront

que tomber comme des mouches devant une lumière incandescente, sans qu’il ait besoin

de lever le petit doigt, car c’est le Tout Puissant et son peuple qui le protègent ?

De cette marmaille d’enfants qui l’ont suivi depuis 1974 -1976, beaucoup portent sa griffe

personnelle. La plupart ont grandi et se constituent, systématiquement, en pièce de

rechange, en rempart, en sentinelle pour la défense de sa vision.

Ainsi, perpétuellement, à chaque fois qu’un volcan s’éteindra, un autre s’éveillera ! Pitié à

ceux qui pensent à l’après-Wade ! Quelle désillusion pour ceux-là, car, il n’y aura point

d’après Wade ; le Wadisme étant une flamme allumée pour l’éternité, et qui se

transmettra de génération en génération. C’est une «Weltanschauung», un esprit, une

idée. La solidarité numérique, le Wade formula pour un partage équitable des sur-profits

Page 103: Les bourdes d'un halluciné

103

pétroliers, le Nepad etc. font partie des concepts qui régiront le monde et l’Afrique,

pendant tout le XXIe siècle.

Notre tartuffe, a-t-il lu Montesquieu, lui qui dit avoir fait un «passage» à Sciences Po ? Si

tel est le cas, a-t-il assimilé sa leçon suivante ? :

«L’amour de l’égalité dans une démocratie borne l’ambition au seul désir, au seul

bonheur de rendre à sa patrie de plus grands services, que les autres citoyens... En

naissant, on contracte envers elle, une dette immense dont on ne peut jamais

s’acquitter.» -3

Notre Tartuffe, lui, en lieu et place, détourne les deniers publics et se vante que personne

ne peut prouver son crime économique ! Au lieu de prouver l’origine de sa subite

richesse. Toute honte bue, il arpente les rues de nos villes, bandant les muscles avec

une horde de courtisans, en criant victoire. Victoire sur le peuple dont il a dilapidé, pillé,

sans pitié et sans vergogne, les maigres ressources. Bon sang ! Sur quelle mystérieuse

planète, autre que celles connues du système solaire, sommesnous ?

Oui, les frondeurs en 2001 avaient trop tôt compris ; si on les avait écoutés, on aurait,

sauvé tous ces milliards dont on parle, épargné le peuple de toute cette comédie qui se

joue sous ses yeux, évité au Père tous ces «impairs» qui, entachent injustement son

bilan si positif, et ses ambitions si prometteuses, pour notre avenir.

La même situation s’était présentée dans la société parisienne du XVIe siècle. Molière en

fait une description pertinente :

«Par le chantage ou la délation, les hypocrites extorquent la complicité du pouvoir,

évincent leurs rivaux, réduisent les gêneurs. Des carrières, des fortunes, s’érigent sous le

manteau des valeurs «sacrées». Malheur à qui dénoncera les bons apôtres ! La vindicte

en sera implacablement «dirigée» contre l’empêcheur de Tartuffier en rond» - 4

Notre Tartuffe considère notre pays comme un titre foncier qu’on peut acheter, et les

Sénégalais comme des moutons de panurge, qui ne croient en rien, et que quelques

milliards volés suffiront pour les asservir. La noblesse ne s’achète, ni ne se décrète : le

Président Wade, par réflexe libéral, a voulu, par décret, anoblir certaines personnes :

c’est peut-être là, un excès de générosité fatale.

Notre Tartuffe, grâce à cette générosité légendaire du Président Wade, et sa confiance

en la jeunesse, a cumulé tellement de fonctions à la fois que, finalement, «la moutarde lui

est montée au nez».

Page 104: Les bourdes d'un halluciné

104

Ceci rappelle l’adage qui veut «qu’on n’administre pas à un bébé un gigot, car il risque de

suffoquer». C’est vrai que le Président a voulu donner à une fourmi la part d’un éléphant.

Conséquences, la fourmi étouffe, explose et meurt.

Notre Tartuffe a une tare congénitale. Il s’ignore lui-même, ignore notre peuple et ses

réalités. Il gagnerait à méditer cette pensée de Plutarque et à essayer de se taire, voire

de se terrer. «C’est une tâche ardue et malaisée qu’entreprend la philosophie lorsqu’elle

se propose de soigner les gens affectés de bavardage. Car le remède dont elle dispose,

la raison, n’est accessible qu’à ceux qui écoutent, et les bavards n’écoutent jamais : ils

sont toujours en train de parler. L’incapacité à se taire trouve là, d’ailleurs, son principal

inconvénient : l’impossibilité d’entreprendre ce qu’on vous dit. C’est une surdité

volontaire, et je gage que ceux qui en sont affligés en veulent à la nature de ne leur avoir

donné qu’une langue pour deux oreilles.» - 5

Chez nous, l’adage dit que «sont souvent pris pour fous, seuls, ceux qui s’habillent en

loques, ou qui se mettent nus en public. Mais en réalité, les fous sont parmi ceux dont on

soupçonne le moins de folie».

Jusqu’à ce que notre Tartuffe se permette de débarquer dans un commissariat de police,

en caleçon, montrant son indignité à porter un habit de Premier ministre, jusqu’à ce qu’il

ait cessé de se torturer de garder le silence, les Sénégalais pouvaient encore douter.

Mais, quand notre faux dévot s’est mis à jaser seul, pour lui seul, comme un Prof de Philo

déraisonné, il a prouvé qu’il était un cas de psychiatrie avec des signes pathologiques

très sévères : notre Tartuffe a besoin à la fois de plusieurs spécialistes à son chevet :

psychanalystes, psychologues, sociologues, islamologues, politologues. Il faut tout un

monde pour lui éviter l’abîme ; car la solution à ses problèmes n’est pas politique, mais

franchement médicale. Il faut une bonne chirurgie sociale, une thérapie de rééquilibrage

psychologique, voire de réinsertion sociale pour replacer le monstre sur l’orbite des

humains. Notre Tartuffe est un cas de psychiatrie.

Pourtant, quand les premiers signes pathologiques avaient fait leurs apparitions, nous

faisions partie de ceux qui pensaient que, pour lui se repentir, serait un remède efficace

pour repartir. Mais, hélas, le libéral de lait s’est complètement fourvoyé dans la

médisance, les calomnies, les divulgations de secrets d’Etat. Plus il s’exprimait, plus il

s’enfonçait ! Euripide, rapporte Plutarque dans son ouvrage Le Bavardage, indique «que

la catastrophe guette quiconque ne sait pas verrouiller – non pas son grenier ou ses

coffres-forts, mais sa bouche», avant de donner le conseil suivant à un de ses auditeurs :

«Tais toi, mon fils : le silence est plein de vertus». - 6.

Quand l’impatience pousse l’individu à ne pouvoir attendre, quelque part, un parchemin

universitaire, préférant se contenter uniquement de petites attestations de séminaires

Page 105: Les bourdes d'un halluciné

105

trimestriels ou semestriels (parce que, suivant la logique académique universitaire, il faut

3, 4, voire 7 années pour décrocher une licence, une maîtrise, ou un doctorat), il n’est

pas évident que cet individu ait la patience d’attendre 7, 12, voire 25 années, comme

Maître Wade, pour devenir président de la République. Alors, le sot se précipite, se

heurtant à tous, et heurtant tous et tout, aveuglé comme un rongeur sur qui, on projette la

lumière d’une torche en pleine obscurité. C’est ça, notre Tartuffe.

Notre Tartuffe, le théoricien de la transhumance, dès les premières heures du

changement, a été celui qui a dévalué l’alternance, en tentant d’instaurer le règne des

vaincus du 19 mars sur les pauvres vainqueurs, dont certains, aujourd’hui, rasent les

murs, le cœur plein d’amertume et de mélancolie. Des ministres, pourtant réputés

honnêtes et compétents, furent traînés à la Dic et dans la boue, au moment où, de

vulgaires voleurs, traîtres et autres bandits politiques sont laissés en ballade, en

divagation.

Les plus grands vices d’Etat, les plus grandes intrigues, sous le masque de la dévotion,

connus dans l’œuvre de Molière (Tartuffe’,‘ Scapin’, le Misanthrope’, l’Avare, ‘Panulphe

ou l’Imposteur’, etc.), se sont déroulés pendant le règne de notre Tartuffe : de 2000 à

Avril 2004; Puisqu’il n’est point d’âge sans ‘faux dévots’, tout le monde peut comprendre

que le Sénégal à découvert avec lui, le ‘plus grand faux dévot’ de son histoire. Salut à

Molière, lui qui, au XVIIe siècle déjà, avait dans ses célèbres pièces aidé à démasquer

ces monstres. C’est vrai, il n’est point d’âge sans faux dévots. Ceci est valable, du moyen

âge au Sénégal de l’Alternance.

Notre Tartuffe rappelle ce Caporal nain, originaire d’Autriche, qui, à coups d’intrigues, de

complots et de tartufferies, a réussi, en 1933, à se hisser au sommet de l’empire

Allemand, «Das Reich» qu’il a fait basculer dans la nuit de cristal (kristallnacht),

l’holocauste, l’horreur de 1939 à 1945. Il y a dans l’histoire des hommes dangereux qu’il

faut savoir stopper à temps. Les Allemands continuent de se demander, comment

Adolphe Hitler, le monstre, a réussi à les mettre tous au pas. Les Sénégalais ne

devraient pas avoir les mêmes remords, les mêmes interrogations, en se complaisant

«au cirque politique» de notre Tartuffe ; c’est un jeu trop dangereux qu’il faut arrêter aux

prochaines élections, ou avant, en votant massivement pour l’antithèse de Tartuffe, c’est-

à-dire pour le chantre de l’humanisme, de la tolérance et de la persévérance dans la

patience : Maître Abdoulaye Wade.

Il n’est point besoin de donner le nom de notre Tartuffe, car il n’y a pas de doute que tous

les Sénégalais savent de qui il s’agit.

Cependant, il n’y a pas de souci, encore moins de doute, que le Sopi originel demeure

bien incarné par les dignes fils et filles de notre pays, qui n’ont jamais trahi, ni travesti

Page 106: Les bourdes d'un halluciné

106

leur engagement politique. Ceux-là ne disposent, ni de comptes à l’étranger, ni de

châteaux, encore moins, de trésors volés, et ils n’ont qu’une ambition : travailler pour que

l’œuvre du Président Wade, dans notre pays, ne s’éteigne jamais.

Notes

1,2,4 - (voir dans le «Tartuffe» de Molière, Textes intégrales, Edition Hachette-2005)

3 - (voir l’Esprit des lois, Tome II de Montesquieu, G. Flammarion Paris-1979)

5,6 - (voir «La conscience tranquille et le bavardage», de Plutarque, Edition Arléa, Paris-

1991)

* Compagnons du Prophète Mohamed (Psl)

Dr Mamadou Lamine BA

Page 107: Les bourdes d'un halluciné

107

MAME MBAYE NIANG, COORDONNATEUR DE « FIDEL AU PEUPLE » : « Les enregistrements d’Idrissa Seck n’existent pas »

Nous avons été manipulés par Idrissa Seck ». Ce propos de Mame Mbaye

Niang fonde toute la légitimité de la démarche initiée par la nouvelle

mouvance dénommée « Fidel au peuple ». C’est-à-dire ces hommes et ces

femmes qui ont choisi l’option de la dissidence pour dire … non à Idrissa Seck

et mettre un terme à ses agissements afin de lui barrer la route. Simplement,

parce que l’ex-Premier ministre se fait un point d’honneur de manipuler

l’opinion publique avec ses enregistrements … virtuels.

« Personne n’est plus convaincu que nous qu’il a des ambitions folles. Et, ce

serait vraiment dangereux de lui donner la direction du pays ». Devant la

presse, Mame Mbaye Niang s’est voulu, on ne peut plus clair, dans sa

démarche. « Nous voulons tout d’abord présenter nos sincères excuses au

peuple sénégalais, résidents et émigres, face à cette situation politique

troublante à laquelle notre pays est exposé ; situation dans laquelle notre

participation active est de notoriété publique ». De l’avis de Mame Mbaye

Niang, c’est à la faveur de l’emprisonnement d’Idrissa Seck qu’une vaste

campagne de communication et de mobilisation a été déroulée sur le plan

national et international pour exiger sa libération. « Durant cette période,

nous en avions profité pour jeter les bases d’une future structure politique

capable de porter un projet de société que nous présenterions aux Sénégalais

pour briguer leurs suffrages avec Monsieur Seck à sa tête », tient à préciser

M. Niang. À l’occasion, des discussions concluantes avaient été menées avec

le Pep de Pape Modi Sow et le Rp de Serigne Mamoune Niasse. « Pour preuve,

à la suite de l’emprisonnement de Diattara, Abdou Silèye Kidiéra et moi-

même avons rencontré Oumar Khassimou Dia et Serigne Mamoune Niasse

pour sceller les alliances. Et, cela s’est passé comme M. Niasse l’a rappelé

récemment. Avec le Pep, il nous fallait engager les discussions pour trouver

comment contourner les choses avec la non-délivrance de notre récépissé.

Lorsque Idrissa est sorti de prison, il nous a fait savoir que de tels accords

n’engageaient que notre personne. Nous n’avons pas compris pourquoi il est

revenu sur sa décision. Et depuis lors, il a refusé de nous voir pour

s’expliquer, parce qu’il s’agit de questions de principes ».

Page 108: Les bourdes d'un halluciné

108

« Selon le coordonnateur des « Fidel au peuple », « aujourd’hui, il n’y a pas

l’ombre d’un doute que Monsieur Seck est responsable des charges qui pèsent

sur lui, car son discours actuel le prouve, de par des déclarations

contradictoires sur la gestion des ressources publiques et politiques qui

étaient sous sa responsabilité ». Et M. Niang de rappeler qu’il « dispose

d’énormes moyens financiers capables de payer des produits de haute

technologie moderne qui peuvent reproduire la voix, l’écriture et la signature

de toute personne qui existe dans ses répertoires électroniques. D’où la

menace qui pèse sur la nation, car il est prêt à reproduire la voix, l’écriture et

la signature des personnalités pour leur faire dire ou écrire des calomnies sur

d’autres personnalités susceptibles de créer des perturbations et des émeutes

dans ce pays. Telle est sa volonté si l’échec et la perte sont à ces horizons ».

Semer le trouble

Dès lors, tient à préciser M. Niang, « il est bon de savoir que les Cd qu’il

prétend détenir sont l’œuvre des logiciels « Voice Imitation record » et

« kali » capables de reproduire n’importe quelle voix ». Mieux, souligne-t-il,

« ces enregistrements n’existent pas. Car, c’est nous-mêmes qui avons

diffusé et amplifié ces rumeurs pour le compte d’Idrissa Seck ». C’est la

raison pour laquelle, poursuit-il, « leur stratégie consiste, de par leur volonté

instinctive de survivre et de triompher politiquement, à semer le trouble dans

la conscience du peuple afin qu’il se répercute dans l’État. Ceci aura pour

conséquence inéluctable la désaffection des citoyens à l’égard des institutions.

Et, il suffit alors d’une occasion pour faire apparaître la menace de la discorde

nationale ». Mame Mbaye Niang est conscient qu’Idrissa Seck « entretient une

perpétuelle effervescence politique ». D’après lui, « il est nécessaire que nos

partis d’opposition, l’État, la jeunesse, l’élite et toutes les forces vives de la

nation réagissent pour résoudre et compenser, par eux-mêmes, les effets de

la machination de Monsieur Idrissa Seck ». Alors, « si rude que soit notre

route, il serait indigne de nous et mortellement dangereux de la suivre d’un

pas tremblant. Si nous n’étions pas le peuple sénégalais, nous pourrions

reculer devant la tâche et nous asseoir au bord de la route en nous livrant au

destin. Mais, nous sommes le peuple sénégalais. Alors que beaucoup nous

tenaient pour perdus, ou tout au moins, pour bien immatures, nous avons su

fournir l’effort héroïque et organiser l’alternance qui nous a permis d’être dans

les rangs des vainqueurs ».

Page 109: Les bourdes d'un halluciné

109

Dans ce même ordre d’idées, Mame Mbaye Niang et ses frères tiennent à

rappeler que, « en se basant sur la menace de démettre les personnes qu’il a

eu l’intelligence de placer à des niveaux de responsabilité qui n’adhèrent ni à

leur profil, ni à leur niveau d’études, il lui est loisible de donner des

instructions même orales. Cela explique, en partie, sur les chantiers de Thiès,

qu’il ait utilisé cette tactique pour écarter sa culpabilité. Car, ayant eu à

donner des ordres oraux à exécuter à des hommes sous peine d’être démis ».

D. SARR NIANG

Page 110: Les bourdes d'un halluciné

110

Un Cd pour enflammer le pays

L'heure est grave, comme on l'entend souvent dire. Le Sénégal, qui a toujours été un havre de paix,

risque de sombrer dans le chaos, si nous n'y prenons garde, parce que des politiques véreux en auront

ainsi décidé.Ceux-là mêmes qui prétendent œuvrer pour le bien-être de la Nation sont capables de nous

dresser les uns contre les autres s'ils n'arrivent pas à satisfaire leurs ambitions personnelles. Accéder au

pouvoir ou se maintenir au pouvoir. Ils n'ont pas d'autre but. Et l'on dit que la fin justifie les moyens.

Les affaires Wade/Idy commencent sérieusement à bien faire, mais on est obligé d'y revenir puisqu'il y a

chaque jour de nouveaux rebondissements. Aux dernières nouvelles, je cite Il est midi, journal à la gloire

du président : ‘Selon nos sources, Idrissa seck s'apprêterait à sortir un autre cd dans lequel les voix de

Abdoulaye Wade et de son épouse auraient été imitées. Dans ce compact disc, le maire de Thiès

prétend que le chef de l'Etat se serait moqué du khalife général des mourides et Viviane Wade se serait,

à son tour, attaquée aux mourides. Naturellement, tout cela est rigolo et suscite plus le rire que

l'indignation. L'ex-Pm sait qu'il est en train de se noyer et est prêt à s'accrocher même à une brindille de

balai pour se sauver des flots. Mais sa descente aux enfers est irréversible et personne ne pourra le

sauver. Pas même le gardien du paradis. De leur côté, les mourides sont avertis et quoi qu'ils puissent

entendre le jour où le Cd sera mis sur les ondes, qu'ils sachent que ce ne sont que des baratins.’ (Jeudi,

23 novembre 2006).

Il y a de quoi trembler, de quoi s'inquiéter pour la stabilité de notre cher pays. Rien ne divise les

Sénégalais autant que les confréries, avec notre tradition des deux ‘korité’ et consorts. Jouer avec, c'est

jouer avec le feu. Le premier sur le banc des accusés est Wade qui affiche exagérément son

mourisdisme de même qu'Idy, son ex-disciple, étale abusivement ses versets de Coran. Vu l'état actuel

des mentalités sénégalaises, mêler politique et religion est une redoutable bombe à retardement. Que

Dieu sauve le pays ! Les marabouts politiciens aussi, pour ne pas dire surtout, doivent sérieusement

réfléchir à ce qu'ils font. La politique est un terrain où l'on donne et reçoit des coups, or les guides

religieux, chez nous, sont presque pris pour des espèces de divinités. On n'y touche pas. Pourquoi ? Ne

prenons pas le risque d'y répondre. En tout cas, on a l'habitude de voir des journalistes malmenés ou

leurs sièges saccagés voire brûlés, quand les routes ne sont pas barrées, parce qu'ils ont écrit ou dit

quelque chose sur tel ou tel marabout. Récemment, des Baay-Faal se sont permis d'attaquer une

gendarmerie pour libérer certains des leurs qui y étaient détenus...

Mais revenons à l'article des journalistes du président. Les croyants sont d'abord choqués par ce

passage : ‘Mais sa descente aux enfers est irréversible et personne ne pourra le sauver. Pas même le

gardien du paradis.’ Et Dieu dans tout cela ? Certes, une arrestation de l'ex-Pm ne surprendrait

personne, la machine étant déjà en route... Est-ce ce qu'ils veulent dire par ‘descente aux enfers’ ? Cela

mis à part, l'article, qui ressemble plus à un aveu qu'à une dénonciation, reflète l'inquiétude, la panique

de ses auteurs, car j'imagine qu'ils se sont concertés avant de le publier. Si la première phrase est au

conditionnel, la deuxième, au présent de l'indicatif, parle d'un fait réel. ‘Dans ce compact disc, le maire de

Thiès prétend que le chef de l'Etat se serait moqué du khalife général des mourides et Viviane Wade se

serait, à son tour, attaquée aux mourides.’ On peut donc en déduire que ce Cd existe et qu'ils l'ont

apparemment écouté. (En effet, cela fait plus d'un an que certains Sénégalais ont eu vent de ce Cd et de

son contenu.) Et s'ils prennent les devants pour annoncer que ce sont des baratins, cela ne joue pas en

leur faveur. Les gens vont se dire qu'il n'y a pas de fumée sans feu et croire à l'authenticité des voix.

Mais par prudence, vu la délicatesse du sujet, procédons par hypothèses :

Page 111: Les bourdes d'un halluciné

111

1- Si les voix sont authentiques. Cela expliquerait les fouilles chez Idy pour trouver... cet enregistrement.

Wade n'a aucun intérêt à ce qu'on l'entende dire du mal de ‘son’ marabout. Si ce Cd est mis sur les

ondes, beaucoup repenseront au livre d'un marabout remettant en cause le mouridisme du président.

Livre qui, sur ndiggal du khalife, n'est d'ailleurs pas sorti. Et le candidat Wade y laisserait beaucoup de

plumes car bon nombre de mourides l'estiment parce qu'ils le voient s'agenouiller devant Serigne Saliou.

Par ailleurs, les réactions de certains fanatiques, n'ayons pas peur des mots, sont imprévisibles. Le pire

serait à craindre. Que Dieu nous en préserve !

Mais qu'est-ce qui pousserait Idy à diffuser un tel Cd ? En sortant le numéro 12 après le numéro 2, il

nous a bien fait comprendre qu'il en a d'autres qui ‘descendront’ de façon graduelle et fragmentée,

comme le Coran. Selon les circonstances, il en balancera un au choix. L'article cité insinue qu'il serait

prêt à lâcher sa bombe parce qu'il retournera inéluctablement en prison et n'en sortira pas avant le 26

février 2007, si les élections sont tenues le 25. En gros, il serait prêt à faire exploser le pays s'il sait qu'il a

tout perdu. ‘Si je tombe, Wade tombera aussi.’ Serait-ce là ce qu'il appelle ‘la grande querelle’ ? Ce qui

est sûr est que tant qu'il est vivant et en liberté, il n'a, lui non plus, aucun intérêt à ce que ce Cd soit

diffusé. Même ses proches qui profitent du ‘butin’, le trouveront ignoble. Si les Wade ont parlé ainsi

devant lui, c'est parce qu'ils lui faisaient entièrement confiance, le considèrant comme un membre de la

famille avec qui ils pouvaient discuter de tout et de rien, alors qu'il les enregistrait perfidement, tout en

rigolant avec eux et les poussant sans doute à en dire plus. Cela me fait penser à ces paroles de Me

Wade à Me Nafissatou Diop Cissé, en novembre 2005 : ‘Je ne comprends pas ce que je lui (Idy) ai fait.

Je lui ai tout donné : le parti, le pouvoir, l'argent. Il est mon fils. Je lui ai même dit que de tous ceux qui

sont susceptibles de me remplacer, c'est lui le moins mauvais. Pourquoi m'a-t-il enregistré?’

2 - Si les voix sont imitées. Certains mourides, qui y croiront, diront : ‘C'est un tidiane qui a payé des

gens pour tenir des propos plus qu'irrespectueux à l'encontre de notre khalife général, Serigne Saliou

Mbacké, Serigne Touba...’ Le Sénégal n'a vraiment pas besoin de ça. Et le faire avec les voix imitées du

chef de l'Etat et de son épouse ? Si tel est le cas, même la prison à vie serait légère comme peine. Mais

les plus sceptiques diront : ‘Si Idy devait payer des comédiens pour imiter les voix de Wade et Viviane, ils

parleraient des fonds politiques et des chantiers de Thiès ou que sais-je encore, en sa faveur, et non de

Serigne Saliou et des mourides.’

3 - Ce n'est qu'une rumeur. Faisons comme ceux qui affirment que ce ‘Cd thermonucléaire’ n'a jamais

existé, et tout le monde pourra souffler de soulagement. Ouf ! On l'a échappé bel ! Pas si vite ! Après que

Madiambel Diagne eu écrit qu'on avait menti au président, Il est midi, dans son édition du samedi 25

novembre 2006, sous la plume de Ndiogou Wack Seck, ne voulant ou ne pouvant plus laisser planer le

doute, déclare : ‘Non, Monsieur le Président, Cheikh Tidiane Sy et Ousmane Ngom ne vous ont jamais

menti... Le Cd ‘explosif’ d'Idrissa Seck existe bel et bien en sampling !! {...} Car, ne vous y trompez pas,

l'homme dispose bel et bien d'un Cd qui peut être considéré comme une bombe si l'on en croit la presse.

Dans ce Cd - dont nous avons parlé il y a plusieurs mois (précisément en août 2005) en même temps

que les autres journaux, en fait le Cd numéro 3 - une voix, qui ressemble parfaitement à celle

d'Abdoulaye Wade, se permet de vitupérer contre de très grands chefs religieux, des khalifes des

confréries les plus importantes du pays, en les traitant de tous les noms d'oiseaux.’ On ne peut être plus

clair. Avez-vous fait attention au mot ‘parfaitement’ ? Idy devait donc avoir d'excellents comédiens et de

bons informaticiens. L'Américain Jeff est un surdoué, s'il est vrai que c'est lui qui a fait ce ‘montage’. Ils

ont quand même tenu, dans cette deuxième version, à mettre ‘chefs religieux’ et ‘khalifes’ au pluriel pour

ne pas ameuter les mourides. C'est compréhensible...

Page 112: Les bourdes d'un halluciné

112

Il reste cependant une question qui taraude certains esprits : si les Wade n'ont jamais tenu de tels

propos, pourquoi paniquer au point de laisser des agents traquer les journalistes toute une nuit durant

pour savoir si Idy leur a envoyé un Cd explosif ? Ils devraient se dire : ‘Tout cela est rigolo et suscite plus

le rire que l'indignation’ et dormir sur leurs deux oreilles. N'est-ce pas ?

En tout cas, si jamais ce Cd, qu'il soit réel ou virtuel, est mis sur les ondes, Idy y aura beaucoup plus à

perdre que Wade. En liberté ou en taule, ce sera la fin de sa carrière politique dont il a lui-même déjà

creusé la tombe, alors qu'il est encore jeune et débordant d'ambitions qu'on lui connaît. Mieux vaut

laisser entendre qu'il ne s'agit que d'une rumeur. Mais, étrangement, les journalistes du camp

présidentiel, au lieu de se taire en se disant qu'Idy n'est pas si fou pour sortir un tel Cd, s'évertuent à

nous démontrer que les voix sont imitées, ce qui ne fait que nous pousser à croire le contraire.

C'est ainsi que le lundi 27 novembre 2006, Le Soleil et Il est midi ont publié simultanément ces

déclarations d'un ex-proche du maire de Thiès : ‘(Idy) est prêt à reproduire la voix, l'écriture et la

signature des personnalités pour leur faire dire ou écrire des calomnies sur d'autres personnalités

susceptibles de créer des perturbations et des émeutes dans ce pays. Telle est sa volonté si l'échec et la

perte sont à ses horizons.’ Le Messager aussi en a parlé. Résultat : ces journalistes enfoncent Wade

qu'ils essayent de sauver, car ce sont eux qui font courir la rumeur en cherchant à la démentir avant

qu'elle n'arrive sur la place publique.

Je ne peux terminer sans rappeler qu'à chaque fois que notre ami Bush est dans le pétrin, on nous sort

une cassette audio (plus de vidéo) avec une voix attribuée à Ben Laden, qui profère des menaces. Oui,

comme je l'avais écrit dans une contribution, on peut de nos jours faire dire à la reine d'Angleterre, et en

wolof, qu'elle est née à Tataguine. Est-ce le cas ici ?

Bathie Ngoye THIAM.

Page 113: Les bourdes d'un halluciné

113

Qu'Idrissa Seck cesse de mêler nos chefs religieux à ces histoires

Idrissa Seck a raconté dans les colonnes de l'Observateur du 8 Décembre 2006, je cite :

‘Abdoulaye Wade courait derrière le cheval de Serigne Touba, quand celui-ci venait à

Kébémer’. Cette anecdote n'est rien d'autre qu'une pure et simple affabulation, quel qu'en

soit l'auteur pour les raisons suivantes: Ce fut le 18 Août 1895, qu'Ahmadou Bamba

quitta sa résidence dans le Dioloff, après avoir reçu l'ordre de son seigneur, et de son

guide Mouhamed (P.S.S.L). Il passa par Djéwol, où il rencontrera le commandant de la

troupe, chargé de son arrestation. Ils passeront la nuit à Djéwol, qu'ils quittèrent le

lendemain pour Coki, puis Louga, d'où le Cheikh gagna Saint-Louis à bord d'une voiture.

Après sa condamnation par le Conseil coloniale à Saint-Louis, Ahmadou Bamba fut

déporté au Gabon en 1895, et y séjourna jusqu'au 8 Septembre 1902, date de son retour

d'exil, au Sénégal. Dès son arrivée, il se rendit à Saint-Louis, où il resta 15 jours, avant

de partir pour Louga, le premier du mois de Ramadan, puis Sanuoi où il resta tout le mois

de Ramadan. Il se rendit ensuite à Macca Samba Baba, M'backé Cayor, Keur Makhtar,

Niakhal, Coki Gouye, pour terminer son périple à Darou Salam. A cette occasion, il rendit

visite à plusieurs Cheikhs dans le Djoloff. Le 15 juin 1903, le Cheikh fut envoyé en

Mauritanie auprès de Cheikh Sidya, où il séjourna jusqu'en avril 1907. A son retour au

Sénégal, il sera aussitôt placé en résidence surveillée à Thieyène, village situé à 60 Km

de Louga. Il ne le quittera que le 14 Janvier 1912 pour Diourbel, où il s'installera

définitivement sans jamais le quitter une seule fois jusqu'à sa disparition en 1927. La

seule fois qu'il a voulu se rendre à Touba, il a été retourné par les autorités coloniales qui

lui ont signifié son interdiction de quitter Diourbel.

Donc, s'il est vrai que Abdoulaye courait derrière le cheval de Serigne Touba, ce ne peut

être qu'avant 1895. Car, cet illustre figure de l'Islam, apôtre de la non violence, qui a su

faire de ses compatriotes par la douceur, la persuasion et l'exemple, les meilleurs

musulmans du monde, était constamment sous la surveillance strict des autorités

coloniales entre 1895 et 1927.

Les problèmes crypto personnels entre Idrissa Seck et Abdoulaye Wade ne devraient

pas être réglés, ni sur le dos des Sénégalais, non moins à travers les hommes religieux.

Après l'histoire des Cd, c'est celui du cheval. Nous demandons à Monsieur Idrissa Seck,

de ne plus mêler nos chefs religieux à ces histoires de conflit personnel, mais plutôt de

faire valoir aux yeux des Sénégalais, des arguments juridiques ou politiques afin de les

convaincre pour solliciter leurs suffrages. Ce que les Sénégalais attentent de leurs élites

politiques, c'est plutôt un discours à la hauteur de leurs ambitions. Les hommes politiques

doivent proposer aux Sénégalais un programme de développement économique et social

et des solutions de sortie de crise. Les parents d'élèves sont présentement préoccupés

par le sort de leurs enfants du Secondaire, qui n'ont reçu aucun enseignement depuis

l'ouverture des classes à cause de la grève des enseignants. Cette situation ne semble

Page 114: Les bourdes d'un halluciné

114

pas déranger outre mesure nos autorités. Est ce, peut-être, qu'ils ne sont pas concernés,

parce que leurs enfants poursuivent tranquillement leurs études au Canada, à Paris ou à

New York.

Pour conclure, je dirai que les élites politiques et gouvernementales, devraient arrêter de

divertir le peuple Sénégalais. Ils sont tenus de taire leurs divergences et querelles, et de

s'occuper plutôt des problèmes du pays. Ils doivent se comporter en homme d'Etat et non

en politicien. C'est la seule voix qui fera d'eux des cadres de référence pour tous ceux qui

les regardent et qui les écoutent.

Abdourahmane SALL

Page 115: Les bourdes d'un halluciné

115

Puisse DIEU le ramener sur la chemin

des non égarés