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Dossier Dossier S'ENTRAÎNER À SENTIR EN ÉPÉE S'ENTRAÎNER À SENTIR EN ÉPÉE Dossier Dossier GESTION DE LA CONCURRENCE EN CANOË GESTION DE LA CONCURRENCE EN CANOË Entretien Entretien PLANIFIER EN PENTATHLON MODERNE PLANIFIER EN PENTATHLON MODERNE Histoire Histoire TENNIS DE TABLE : LE SERVICE EN QUESTION TENNIS DE TABLE : LE SERVICE EN QUESTION Revue Revue des Techniques de l’Entraînement N°03 / ÉTÉ 2007 des Techniques de l’Entraînement N°03 / ÉTÉ 2007 MINISTÈRE DE LA SANTÉ, DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS LES CAHIERS DE l’entraîneur

LES CAHIERS DE l’entraîneurs3.e-monsite.com/2010/12/26/14185494cahier-entraineur-n-3-pdf.pdf · Pierre Salamé, ancien entraîneur de l’équipe de France masculine de canoë

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EntretienEntretienPLANIFIER EN PENTATHLON MODERNEPLANIFIER EN PENTATHLON MODERNE

HistoireHistoireTENNIS DE TABLE : LE SERVICE EN QUESTIONTENNIS DE TABLE : LE SERVICE EN QUESTION

RevueRevue des Techniques de l’Entraînement N°03 / ÉTÉ 2007des Techniques de l’Entraînement N°03 / ÉTÉ 2007

MINISTÈRE DE LA SANTÉ,DE LA JEUNESSEET DES SPORTS

LES CAHIERS DE

l’entraîneur

EDITOUne revue des Techniques de l'entraînement

rédigée par les entraîneurs, à destination des entraîneurs.

Les Cahiers de l’entraîneur sont avant tout destinés aux entraîneurssportifs. Ils se positionnent comme une "Revue des Techniques del’Entraînement" et visent la diffusion de connaissances centrées surl’entraînement sportif de haut niveau. Ils sont largement alimentés parles entraîneurs eux-mêmes, à partir de situations effectives, deréflexions issues du terrain, d’élaborations d’outils, de comptes rendusd’investigations… susceptibles d’apporter un éclairage transversal auxautres disciplines sportives.

Une revue PluridisciplinaireLa revue s’appuie sur différentes disciplines sportives, olympiques ounon, en s’attachant à les appréhender à partir d’une thématique defacture technique, sur ce qui fait leur singularité. Il s’agit de décrire unedémarche, un protocole, une posture liés à l’entraînement de hautniveau, pour permettre à des entraîneurs non spécialistes de l’activitéd’en retirer des connaissances transférables.

Une revue ThématiséeDans ce numéro, Michel Sicard actuel DTN de la Fédération Françaised’Escrime aborde la délicate question de "l’entraînement des sensations". Associé au champion olympique Hugues Obry, l’ancien entraîneur national de l’épée nous dévoile une conception originale del’entraînement passant d’une "escrime automatisée" à une "escrimesensitive". Il montre combien il est possible de gagner en efficacité en"réduisant le vide entre les intentions et l’action".

C’est aussi dans un sport où la réussite française est incontestable quePierre Salamé, ancien entraîneur de l’équipe de France masculine decanoë sur plusieurs olympiades, appréhende les aspects liés au management des groupes de partenaires-concurrents.

La problématique développée par Jean-Pierre Guyomarch, l’actuelentraîneur de l’équipe de France masculine de pentathlon moderne,est centrée sur la planification. Dans cette discipline aux cinq épreuves,l’enchaînement des phases d’entraînement d’épreuves très différentess’avère capital.

Une revue Finalisée par la pratiqueS’entraîner à sentir (à l’épée), gérer un collectif de partenaires-concurrents,planifier l’entraînement d’une combinaison de spécialités sportivesreprésente autant d’occasions de revenir sur des notions fondamentalesspécifiques à l’entraînement sportif de haut niveau.

Ces axes sont toujours déclinés à partir de conceptions pratiques finalisées par la recherche de performance.

C’est aussi un des objectifs des "Cahiers de l’Entraîneur" :contribuer à l’explicitation des pratiques d’entraînement et fédérer lesconnaissances des entraîneurs pour les épauler dans leur action d’entraînement.

Gilbert AvanziniINSEP

C A H I E R S D E L’ E N T R A I N E U R N ° 3 / É T É 2 0 0 7

LES CAHIERS DEl’entraîneur

LES CAHIERS DE L'ENTRAINEURTrimestriel édité par l’INSEP

ISSN 1955-534211 rue du Tremblay, 75012 PARIS

Tél. : 01 41 74 45 96 Email de correspondance: [email protected]

Directeur de la publication : Thierry MaudetDirecteur de la rédaction : Caroline Carpentier

Rédaction en Chef : Gilbert Avanzini

Ont collaboré à ce numéro : Gilbert Avanzini, Thomas Bauer, Aldo Canti, Doriane Gomet, Jean-Pierre Guyomarch,

Jean-Emile Mazer, Jacques Monmessin, Hugues Obry, Pierre Salamé, Michel Sicard.

Crédits photographiques : Agence Iconsport, Iconothèque INSEP,Claire Dall’Orso.

Conception et réalisation :www.artconception.fr

Tirage : 3000 exemplairesImprimé en France

C A H I E R S D E L’ E N T R A I N E U R N ° 3 / É T É 2 0 0 7

SOMMAIRESOMMAIREDOSSIER

S'ENTRAÎNER À SENTIR EN ÉPÉEMichel Sicard / Hugues Obry / Gilbert Avanzini PAGE 06

DOSSIERGESTION DE LA CONCURRENCE EN CANOË

Pierre Salamé / Gilbert Avanzini PAGE 16

ENTRETIENPLANIFIER EN PENTATHLON MODERNE

Jean-Pierre Guyomarch / Aldo Canti PAGE 24

HISTOIRETENNIS DE TABLE : LE SERVICE EN QUESTION

Thomas Bauer et Doriane Gomet PAGE 30

DOSSIERS'ENTRAÎNER À SENTIR EN ÉPÉEMichel Sicard / Hugues Obry / Gilbert Avanzini PAGE 06

DOSSIERGESTION DE LA CONCURRENCE EN CANOË

Pierre Salamé / Gilbert Avanzini PAGE 16

ENTRETIENPLANIFIER EN PENTATHLON MODERNE

Jean-Pierre Guyomarch / Aldo Canti PAGE 24

HISTOIRETENNIS DE TABLE : LE SERVICE EN QUESTION

Thomas Bauer et Doriane Gomet PAGE 30

1. PRÉSENTATION DE L'ACTIVITÉ

Principes de baseL'épée est une des 3 armes présentées enescrime, outre le fleuret et le sabre. C'estune arme d'estoc, il faut toucher son adver-saire avec la pointe de la lame, les touchessont valables sur toute la surface du corps,le principe étant de parvenir à toucher sonadversaire avant d'être soi-même touché.L'écart de temps doit être supérieur à1/25ème de seconde, sinon les touchessont considérées comme simultanées et lestireurs sont crédités d'un coup double(dans le cas des touches simultanées, lesdeux tireurs reçoivent un point)

La pisteL'aire de jeu s'appelle une "piste" et ellemesure de 1,5 à 2 mètres de large, et 14mètres de long. Elle est marquée d'uneligne centrale, ainsi que des lignes "dedépart" situées à deux mètres de chaque

côté de la ligne centrale. Si un tireur reculeau-delà de la ligne de fond, son adversairemarque un point.

L'ÉPÉE

Le déroulement d'une compétition Une épreuve d'escrime oppose deux adver-saires, chacun tentant de toucher l'autresur les surfaces valables à l'aide de sonarme. Il s'agit de cumuler suffisamment depoints pour gagner le combat. Pour lesépreuves individuelles, le premier tireur quimarque 15 touches est déclaré vainqueur.Pour les épreuves par équipes, la victoire estattribuée à celle qui en marque 45.

L'arbitrageUn assaut commence lorsque l'arbitreannonce "En garde! Messieurs (Mesdames),êtes-vous prêts (es) ? Allez!". Les tireursprennent position sur leur ligne de mise engarde respective, qui se trouve à deux

mètres de la ligne médiane. Ils setiennent de côté, un pied devant l'autre,l'arme pointée vers l'adversaire et le brasnon armé derrière eux. Lorsque l'assautdoit reprendre après une touche, les tireursadoptent à nouveau cette position. Dèsqu'une touche a été portée, l'arbitreinterrompt le match en commandant"Halte!". Il analyse ensuite à haute voix laphrase d'armes (l'échange), rend la décisionet annonce le score. Les tireurs attendent ladécision de l'arbitre sans intervenir. Le faitd'ôter son masque sans en demander lapermission peut être sanctionné.

La marque Lorsque l'arbitre donne l'ordre de combattre,les tireurs tentent de marquer destouches, tout en restant sur la piste. Lescombats individuels comportent troismanches de trois minutes, avec une minutede pause entre chaque manche. Le vain-queur est le premier à marquer 15 touches,ou, si 15 touches n'ont pas été marquéesavant la fin du temps réglementaire, letireur ayant le plus de points. Grâce ausystème électronique, les armes sontcâblées de telle sorte qu'un système delampes indique les touches valables. Pourles compétitions d'épée, à chaque tireurcorrespond une lampe verte ou rouge.Lorsqu'une touche est marquée, la lampecorrespondant au tireur touché s'allume.L'arbitre arrête le combat dès qu'une lampes'allume, afin de déterminer si la touche estcomptabilisée. Si la touche est accordée, lecombat reprend à partir des lignes de miseen garde.

S’entraîner àS’entraîner àSENTIRSENTIR

en épéeen épée

Lignecentrale

Lignecentrale

Lignede fondLigne

de fond

2 m2 m

Ligne de miseen garde

Ligne de miseen garde

14 mètres14 mètres

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

Les Cahiers de l'Entraîneur - P. 7

S'ENTRAÎNER À SENTIR EN ÉPÉE

En cas d'égalité après neuf minutes, uneminute de prolongation est accordée et lepremier tireur qui marque une touche déci-sive est déclaré vainqueur. Afin d'éviter queles tireurs n'adoptent une tactique passive,un tirage au sort a lieu avant cette minutesupplémentaire, afin de déterminer le vain-queur, au cas où l'égalité persisterait.

L'épreuve par équipeLors des épreuves par équipes, chaquetireur d'une équipe affronte les trois tireursde l'équipe adverse. A moins que le tempsréglementaire ne suffise pas, le premiercombat s'achève lorsqu'une équipemarque cinq points, le deuxième, lorsquel'équipe marque 10 points, et ainsi de suitejusqu'à 45 points, soit un total de neufcombats.

Les pénalités Lorsqu'un combat est interrompu, lestireurs reprennent là où ils se sont arrêtés,sauf dans le cas d'une pénalité de perte deterrain d'un mètre. Dans ce cas, l'assautreprend un mètre plus loin, dans la zone dutireur fautif. Si les deux pieds du tireursortent sur les côtés de la piste, celui-ci estpénalisé d'une perte de terrain d'un mètre.Si un tireur sort de la piste par la limitearrière, son adversaire se voit attribuer unetouche non effectivement portée. Unepénalité peut également être attribuée si,après un avertissement, un tireur commetune faute grave. Les fautes graves sont parexemple un corps à corps résultant d'unebousculade avec violence (épée). Le faitd'ôter son masque sans l'autorisation pré-

alable de l'arbitre ou de quitter la piste peutégalement se traduire par une touche depénalité. Un carton jaune est sorti pour lepremier avertissement, puis un cartonrouge signifie qu'une touche de pénalitéest attribuée. Des fautes plus graves,comme le refus de saluer au moment vouluou le fait de tricher, entraînent un cartonnoir, ce qui équivaut à l'expulsion.

PRINCIPES TECHNIQUESET TACTIQUES

La distance de dangerL'espace est une dimension centrale enépée, notamment parce qu'elle estdélimitée et réglementée. Il est aisé decomprendre que l'on peut jouer sur ladistance séparant les adversaires ; Sur lapiste cette distance varie en fonction de lamorphologie des tireurs, et en fonctionaussi de leur capacité à exploser, leurtonicité. La distance de danger correspondà une zone où l'on peut être à portée de lapointe de l'adversaire, souvent on estcontraint de rentrer dans cette zone pourêtre en mesure de toucher soi-même, saufallonge supérieure de l'un des protagonistequi peut lui procurer un avantage en pou-vant toucher sans rentrer dans la zone dedanger. La gestion de la distance entre lesadversaires est ainsi une composantetactique, elle peut être maintenuerelativement constante, mais peut donnerlieu à des variations : en contraignant unadversaire à s'adapter constamment à desdistances sans cesse différentes, on évitequ'il ne se construise des repères, cela peut

produire une gêne importante sur un tireurayant un jeu un peu stéréotypé au niveaude la distance.

La vitesseLa vitesse est une qualité fondamentalepuisqu'elle est recherchée en escrime où ilconvient d'être plus rapide que sonadversaire pour toucher, c'est d'ailleurs undes fondements du principe de la touchevalide en épée. Cette qualité peut sedécliner en vitesse de réaction associée àune vitesse de perception, mais peut aussise centrer davantage sur le déplacement dutireur sur la piste.

La vitesse gestuelle est bien entenduimportante, "le bras doit être vite" tout enmaintenant des caractéristiques deprécision, mais elle doit être combinée àune vitesse perceptive parce qu'il ne s'agitpas de déclencher un mouvement àn'importe quel moment ; pour qu'il soitefficace il doit être contextualisé en

a question de l'intérêt des automatismesse pose dans de nombreuses activités sportives ;il s'agit de chercher à gagner du temps sur laréalisation motrice de l'action en réduisant lescoûts liés à la prise de décision, parce que lescontraintes temporelles sont toujours trèsmarquées.

Ce contexte est particulièrement vérifié pour lesactivités qui autorisent la présence directed'adversaires dans l'action, en leur donnant lapossibilité de contre-communiquer.

L'escrime est une activité sportive particulière-ment sollicitée sur cette dimension, il s'agit à lafois de s'engager dans des actions de résolutiontactique et de produire des actions marquéespar la double contrainte vitesse/précision.

Ce dilemme est encore plus saillant en épée,arme stratégique caractérisée par de longuesphases d'approche.

Michel Sicard contourne la conceptionconsistant à réduire les actions commecontingentes à une réflexion préalable pourproposer une représentation sensitive d'uneescrime "dans l'action".

Son modèle n'est pas simplement conceptuel,il s'accompagne de modalités d'entraînementspécifiques qu'il décline.

Passer d'une conception assise sur la notiond'automatisme à une représentation orientéepar la sensation, tel est le chalenge de cetarticle.

Michel Sicard : DTN FF Escrime - Entraîneur National Épée 1996/2004Hugues Obry : Cadre technique FFE - Champion Olympique.Gilbert Avanzini : Rédacteur associé - INSEP

L

Figure 1 :illustration de la distance de danger en épée

fonction du déplacement de l'adversaire eten fonction de sa posture défensive ouoffensive. Le mouvement efficace ne vautdonc que dans une frange de temps trèsbrève qui peut être perçue ou ressentie(anticipée bien souvent, c'est-à-dire avantqu'elle n'apparaisse vraiment).

La vitesse de déplacement englobe unemotricité plus globale du tireur relative aupotentiel de mouvement de son corps surla piste. Certains tireurs sont particulière-ment explosifs et mobiles, cela leur confèreune dangerosité parce qu'ils sont suscepti-bles de rompre rapidement les distancespour se rapprocher de leur adversaire et dese mettre dans une posture pour les toucher.

Faire partir l'autreCe principe tactique consiste à provoquersuffisamment l'adversaire pour qu'il

déclenche une attaque afin de le précéderpar une riposte. Il s'agit de provoquer sonadversaire en jouant à la fois sur la distancede garde, sur des feintes d'attaques, surdes intentions offensives, sur des attitudesafin de le contraindre à s'engager sur unregistre offensif et de l'amener à déclen-cher vraiment une attaque.

Pour attaquer, parce qu'il pense être mena-cé, ou parce qu'il sent l'adversaire à saportée, le tireur est obligé de se découvrir :

en tentant de rentrer dans la zone de dan-ger de son adversaire, il permet à l'autre depénétrer dans la sienne… c'est précisémentlà l'intention initiale du tacticien.

La configuration de l'assaut est alors parti-culière puisqu'elle met en scène un acteurcherchant à toucher sur une premièreintention un adversaire l'ayant provoqué etun autre acteur qui a utilisé un stratagèmepour parvenir à rentrer dans la zone dedanger de son adversaire pour s'exprimer. Ilfaut comprendre qu'une attaque est précé-dée d'une phase de préparation (déplace-ment sur la piste, préparation du mouve-ment de bras …) pendant laquelle l'atta-quant peut être vulnérable parce qu'il estdans la réalisation de son enchaînement, lemouvement étant très rapide, dès lors qu'ilest amorcé et programmé, il n'est pluspossible pendant un laps de temps de le

modifier, de le rectifier… la situation alorscréée (par l'attaque) est propice au tireurl'ayant anticipée qui peut alors déclencher(rapidement, la vitesse du bras est alorsdéterminante) une attaque "actualisée" enesquivant ou parant l'attaque initiale. A cejeu, c'est celui qui déclenche en premier quiest souvent défavorisé, simplement parceque le moment de déclenchement est enfait choisi par le "provocateur" qui induitl'attaque, et qui a en fait orchestré la situa-tion… On comprend ainsi que Flessel

(reprenant les propos de l'alle-mande Duplizter) assimile l'es-crimeur à un pickpocket "atti-rant l'attention à droite pourporter la touche à gauche".

Changer le rythmeLe rythme en escrime est un élé-ment important, il reflète la fré-quence et la cadence desactions mises en œuvre pendantun assaut. Le rythme peut êtresoutenu lorsqu'un adversairemet la pression dans l'assaut surson adversaire en le pressantphysiquement, en réduisant lesdistances. Le rythme est parfoismoins soutenu avec des tireursmoins pressés, plus attentistesqui construisent davantageleurs touches. D'autres sontplus atypiques et on parle alorsde faux rythmes pour indiquerque le but de la manœuvre estde produire une gêne sur l'ad-versaire en l'empêchant dedérouler son propre jeu, sur sonpropre rythme ; il est considérécomme faux parce qu'il n'estpas clairement identifié commerapide ou lent, par exemplesous des apparences rapides enfait rien ne se passe vraiment enterme offensif.

Changer de rythme vise à romp-re avec une rythmicité établiependant une bonne partie del'assaut, en accélérant, en ralentissant, oude façon plus technique en modulant sestemps de préparation, en jouant sur lesmises à distance ou leurs variations, en pro-cédant à des alternatives plus serrées depremière, deuxième ou troisième intentions …

Changer le rythme ce n'est pas simplementse réadapter lorsque cela se passe mal pen-dant un assaut, c'est aussi empêcher l'ad-versaire de s'adapter à un mode d'actionpendant l'assaut, avant même qu'il nepense à le faire.

2. DES ESCRIMES ?

Il est admis qu'il n'existe pas une formeunique d'escrime ; en fait chaque tireur a sapropre spécificité et développe consciem-ment ou non un style singulier qui lui estpropre et qui reste fonction de ses capaci-tés physiques, de sa morphologie, de sonsystème de pensée et de la forme d'ap-prentissage à laquelle il a été confronté.Différents styles peuvent néanmoins êtreprésentés en fonction de caractéristiquesdominantes de tireurs.

Au delà des styles des escrimes allemandeset italiennes, si particulières, il est possiblede proposer une distinction entre une escri-me physique (basée sur l'engagement, laforce la vitesse), une escrime académiquedite "de catalogue" (parce qu'elle est avanttout technique) qui nécessite une grandemaîtrise du registre des possibles tech-niques, et une escrime stratégique qui ellerepose davantage sur les qualités réflexives,tactiques, donc stratégiques du tireur.

1 PREPARATION

4 RIPOSTE

2 ATTAQUE

3 PARADE

Figure 2 "Faire partir l'autre en épée"

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

Les Cahiers de l'Entraîneur - P. 9

DES OPPOSITIONS DE STYLES

Le classicisme allemandDans les années 1990, l'école allemande aproduit d'excellents tireurs à partir d'unstyle assez remarquable d'escrime, notam-ment à l'épée. Leur technique était assezpure en balayant en seconde (vers le bas) etsixte (vers le haut) et en parant les attaquesadverses. Cette escrime nécessite le"contact du fer" (contact de la lame adver-se) et reste basée sur des automatismestechniques qui peuvent s'avérer redouta-bles, parce que rapides lorsqu'ils sont bienfaits. Par contre le registre est cadré, doncprévisible pour les concurrents, et nedemande pas vraiment d'engagement phy-sique. C'est par ces failles qu'ils serontdébordés lorsque l'escrime deviendra plusengagée, plus variée (rythme, déplacement,cibles …) et donc moins académique,notamment par les tireurs français.

Le style "provoc" des Italiens,éternels adversairesLes Italiens sont les éternels rivaux destireurs français, pour s'imposer au plus hautniveau, dans toutes les armes les matchsont une coloration particulière. Les Italiensà l'épée sont imprévisibles, leur style estprovocateur. Cette opposition a été parti-culièrement illustrée lors de la finale desJ.O. de Sydney en 2000, bien entendu elleopposait l'Italie à la France lors du matchpar équipe (3 contre 3 alors). A l'épée, lesfrançais (Di Martino, Srecki, Obry) étaienttechniquement supérieurs à leurs adversai-

res, qui connaissaient bien cette supériori-té… l'équipe italienne était elle composéede 3 tireurs dont 2 fantasques et un tireurclassique.Les Italiens, pendant toute la finale vonts'appliquer à proposer une escrime spéci-fique à leurs adversaires français, en sur-prenant sans cesse, en cherchant à les fairedéjouer, pour toujours leur proposer desconfigurations atypiques :

Par exemple lors de la situation de départde l'assaut les tireurs sont situés à 4 mètresl'un de l'autre, cette distance ne permet àaucun des tireurs de se situer dans la zonede danger de l'autre, et il faut ajuster desdéplacements pour progressivement pou-voir mettre en place un projet pour toucher.Ces phases d'ajustement sont habituelle-ment déterminantes pour la suite del'assaut, il est possible de "presser" pour"amener au fond", de laisser venir poursurprendre … là les Italiens ont parfoiscassé cette phase d'escrime en allantdirectement se placer au fond de leur ligne …ce qui est désemparant pour les Françaisqui ont du s'adapter à cette configurationspéciale en allant chercher les Italiens enbout de piste… mais qui est à l'initiative decette situation ? Les Italiens ! Les Françaisn'avaient pas d'autre alternative que de"subir" l'initiative …

Le match se déroule, les Français ont tou-jours eu l'avantage, mais sans jamais excé-der 2 ou 3 points d'avance, parce que lesItaliens acculés prenaient tous les risques

pour réduire les écarts. Les Français onthésité à "tuer" le match lors du dernierrelais, en s'engageant eux-mêmes à prend-re l'initiative (à +2) alors que la fin dumatch approchait (alors fallait-il prendre unrisque ?), les Italiens eux n'avaient pas lechoix ils s'engageaient offensivement enétant contraints de prendre des initiatives…une décision "sage" est prise alors, lesFrançais "assurent" sans prendre de risque,ils gèrent parce qu'ils sont plus forts …Résultat : avec la pression émotionnelle liéeà l'issue de la rencontre et l'enjeu, lesItaliens reviennent…les Français perdront.

L'escrime physique Cette escrime est peu valorisée, elle est pra-tiquée par des athlètes particulièrementrésistants et robustes qui mettent en avantleurs qualités physiques pour chercher às'imposer dans les assauts. Etre physique enescrime c'est s'imposer sur la piste non paspar des qualités techniques ou tactiques,mais par sa puissance et son endurance. Ilsmettent continuellement la pression surleurs adversaires en les "poussant au fond"(de la piste), en n'hésitant pas "chercher le fer" (le contact des lames)pour mieux contrôler physiquement.

Développer une escrime physique cela peutaussi correspondre à favoriser des qualitésde vitesse, vitesse de bras et de jambes, audétriment de la solution technique, pluspropre, plus pure. Cette conception va unpeu à l'encontre des standards acadé-

S'ENTRAÎNER À SENTIR EN ÉPÉE

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

miques dans le noble art où il est peuvalorisant de chercher à s'imposer par cetype de moyens.

C'est ainsi que l'on peut "chambrer" untireur en soulignant sa faiblesse techniqueou tactique par la phrase assassine

"Ah, si j'avais tes jambes…".Aujourd'hui la dimension physique est trèsprésente dans l'escrime de compétition,elle donne la possibilité de développer undynamisme caractéristique de ce sport..

L'escrime de catalogueElle s'oppose diamétralement de la précé-dente, puisque -puriste- elle se veut avanttout technique.A chaque coup de l'adversaire on supposequ'il existe une ou plusieurs défensivesappropriées, et que pour chacune d'entreelles on peut enchaîner par des actionsadaptées, à condition d'avoir un éventailtechnique suffisamment large pour y faireface.

Celui qui domine est ainsi celui qui disposedu spectre le plus large de solutionstechniques, parce qu'il peut faire face à unegrande variété de situations offensives, ouen programmant lui-même l'offensive pourlaquelle son adversaire sera démuni, enrespectant là un des principes chers àl'histoire de cette activité.

Il est clair que la maîtrise d'une largegamme technique est un atout qu'ilconvient de faire valoir en assaut, mais quec'est loin d'être un gage de réussite dansl'escrime de haut niveau aujourd'hui.

Par exemple, Hugues Obry affirme qu'il agagné les championnats du monde 1998en utilisant trois coups (parfaitement maî-trisés) seulement. Il reconnaît aussi quepour ne pas être prévisible et maintenir sesprétentions mondiales, il lui a fallu étofferson registre technique par la suite, ce quilui a coûté du temps.

L'escrime est un jeu d'échecEn plaçant la stratégie comme une compé-tence centrale dans la performance, ondonne à ce sport une dimension intellec-tuelle ; celui qui s'impose n'est plus simple-ment celui qui possède le bagagetechnique le plus étendu, mais celui quimême avec peu de moyens- est capable des'adapter pour être efficace. En analysant lejeu de son adversaire, en anticipant sesréactions, en l'attirant dans des pièges, endéjouant les siens, on est capable des'imposer face à des adversaires plusrapides, ou plus techniques. On assimilel'escrime à un jeu d'échec dans lequel lestratège est au sommet de la hiérarchie,finalement peu importe la façon dont onbouge les pièces, le principal est ailleurs :dans la résolution tactique.

Dans cette conception, la "lecture du jeu"de l'adversaire est primordiale, l'anticipa-tion devient un maître mot, le corps est misà disposition du plan tactique. Bien entenducette escrime bien pensée nécessite desjambes et un bagage technique, mais ilssont au service des centres supérieurs decommande, de "l'intellect". Les adversairessont décortiqués, analysés pour prépareravec le plus grand soin le plan tactiquedestiné à la fois à le gêner et à faciliterl'expression de ses propres atouts techniques.

L'escrimeest un sport de compétitionHugues Obry souligne pour sa part quedans la conception stratégique l'adversaireprend une place trop importante, elle sepratique à deux et en intégrant les donnéesde l'adversaire dans le raisonnement, onrisque d'en perdre … son escrime.

Par exemple dans une situation fictive où ilmène 3/0 avec 3 fois la même touche, lestratège va commencer à faire rentrer laréflexion de son adversaire dans son propreplan tactique "ça fait trois fois que je letouche, il va m'attendre sur cette attaque,je vais dont anticiper son attente en modi-fiant mon attaque de base" … ce à quoirétorque Obry "on n'est jamais dans la têtede l'adversaire, le mieux est encore depratiquer son escrime et d'imposer sesqualités en restant sur son registre decompétence".Dans ce sens, Sicard évoquant les qualitésde Jeannet affirme :"Fab est tellement fort : il sait fairetellement de choses que, parfois, il veuttrop étaler toute sa palette, trop montrertout ce qu'il peut réaliser. Aujourd'hui, ilcommence à être capable de tirer trois àquatre touches, de la même manière, sansavoir l'envie de changer. Résultat, il n'en estque plus efficace".

Dans l'escrime de compétition, le but c'estla recherche de performance ; elle n'est pasphysique, technique, esthétique ou straté-gique, elle consiste simplement à toucherl'adversaire, avant d'être touché soi-mêmeet d'arriver à la fin de l'assaut en étantdevant.

Pour cela il faut bien entendudévelopper puis exprimer un registre quisoit en phase avec les qualités individuelleset singulières de chaque tireur.

Les Cahiers de l'Entraîneur - P. 11

S'ENTRAÎNER À SENTIR EN ÉPÉE

3. DES PROFILS D'ATHLÈTESDIFFÉRENTS DANS LEURENGAGEMENT

Avec l'expérience, Sicard distingue différen-tes catégories d'athlètes, dans leurs valeurset leurs modes de fonctionnement. Il affirmequ'il n'est pas évident de les amener àchanger, parce que ce mode est acquis à lafois par l'expérience et leur formation. Il esten général fidèle à la représentation qu'ilsse font d'eux mêmes dans leur sport etreste de ce fait relativement figé. Il distin-gue trois catégories d'épéistes :

Ceux qui ont besoin de comprendreLes stratèges sont des athlètes qui conçoi-vent l'escrime comme étant avant tout unsport de résolution stratégique et tactique :il s'agit de tendre des pièges à l'adversaire,de tenter d'anticiper ses réactions etanticipations de façon à les devancer, lescontrôler pour pouvoir les dominer. Il esttoujours question de plans, d'organisationtactique permettant en général de masquerses propres intentions, et deviner celles del'adversaire. L'escrime de compétition estdonc conçue comme un jeu stratégiquedans lequel le plus clairvoyant, le plusintelligent, est celui qui parviendra às'imposer. La technique est assujettie à lastratégie et il convient de "bien penser"avant d'agir. Les tireurs stratèges ontbesoin de comprendre, de se situer dans lejeu de l'oppositionpour pouvoir s'enga-ger avec vitesse etconviction.

Le physique et la tech-nique sont des outilsmis au service d'uneorganisation supérieurequi est déterminantepour orienter lerapport de force. Il nes'agit en aucun cas deperdre le "fil de l'as-saut", sous peine detomber dans le jeu del'adversaire et implaca-blement se faire tou-cher. L'action est lefruit d'une élaborationstratégique supérieure,basée sur des représentations rationnellesdu rapport de force, elle doit être irrépro-chable pour pouvoir servir les plans écha-faudés.

Ceux qui voient et qui perçoiventLes athlètes perceptifs sont des techniciens,leur conception s'apparente davantage àune escrime au coup par coup. Il s'agitd'adopter le comportement techniqueapproprié pour s'imposer à un adversairequ'il convient de déborder techniquement.Les qualités de perception, de vitesse et deprécision sont fondamentales pour mener àbien une escrime d'opposition. Il s'agitalors de percevoir le comportement adver-se, de lire les premiers signes de l'expres-sion technique pour déclencher ou parer enutilisant une réponse puisée dans un réper-toire qu'il convient d'élargir en permanen-ce. Les registres offensifs ou défensifs sontmobilisés à partir de déclencheurs conçuscomme des signaux à interpréter dans des

contraintes de temps les plus brèves possi-bles.

Ceux qui sentent l'escrimeLes athlètes sensitifs ne sont pas des stratè-ges, leur escrime s'exprime plus spontané-ment. Sicard classe volontiers Obry danscette catégorie : il ne dispose pas d'unrépertoire technique extrêmement large etvarié, mais possède des qualités qui luiconfèrent une présence particulièrementsoutenue lors des assauts. Il va sur les com-pétitions pour imposer son escrime, sanss'embarrasser de ce que sait faire ou passon adversaire. Il a une vision synthétiquede la situation et se limite à l'essentiel :chercher à toucher son adversaire. Lesactions entreprises ne sont plus à propre-ment parler des choix, mais plutôt desopportunités saisies sur l'instant, dans leflux de l'action. Ces athlètes sont en géné-ral plus créatifs, pratiquent une escrimemoins cadrée, et moins pure technique-ment qui contribue à les rendre moinsprédictibles. Leur présence dans l'action esttelle qu'ils sont difficiles à manœuvrer.Sicard reconnaît que leur engagement dansl'entraînement ne va pas de soi, parce quec'est bien l'enjeu de la compétition qui lessublime. Parvenir à les mobiliser lors de cesphases d'entraînement s'apparente ainsi àun vrai chalenge.

4. DE L'AUTOMATISMEÀ LA SENSATION

L'escrime est une activité sportive, commebien d'autres, où les acteurs sont contraintspar un temps très court pour agir et réagir.Il s'agit d'être plus rapide que son adversai-re, afin de gagner un temps sur sa réaction.La vitesse motrice (gestuelle, ou dedéplacement) est une qualité recherchée,mais elle gagne en efficacité lorsqu'elleest associée à une vitesse de perceptionet surtout de décision (la plus coûteuseen temps).

Les processus décisionnels consistent àopérer des choix parmi des possibles afind'agir juste, dans un contexte donné etéphémère puisque valable seulementpendant quelques centièmes de seconde.

On a donc légitimement cherché à gagnerdu temps sur ces aspects, en veillant d'unepart à réduire les coûts pour soi, notam-ment par la création d'automatismes, et

d'autre part à augmenter ceux del'adversaire par l'utilisation de feintes, defausses informations destinées à alourdir lacharge cognitive adverse.

Intérêt des automatismesen escrimeLes automatismes visent à réduire le coûttemporel de l'action, en jouant sur des lienspré-câblés qui interviennent à différentsniveaux dans le traitement de l'information.On peut ainsi créer des automatismesperceptifs, pour accélérer le processusd'identification des informations.

Hugues Obry estime qu'avec l'expérience etl'observation il peut prévoir l'attaque decertains tireurs "tu peux jamais anticipervraiment, mais quelques détails peuvent terenseigner sur ce qui va se passer : unepetite crispation de la main opposée avantune attaque, ou le pied qui monte un toutpetit peu plus haut avant la fente, la vraie,pas la feinte…".

Mais l'essentiel des automatismes reposesur des processus destinés à alléger les pro-cessus décisionnels (figure 3). En passantdirectement de la perception à la program-mation de l'action, on shunte (1) l'étape laplus lourde du système.

Le principe est de créer des connexionsreliant directement les perceptions audéclenchement d'actions ; éviter à l'athlète

d'opérer un choix,en répondant direc-tement à un signalqui indique uneréponse précise, estun moyen de gagnerdu temps. On saitd'autre part que plusles signaux sontcomplexes et variés,plus les temps deréaction sont allon-gés.

Avec l'expérience etl'entraînement, onpeut amener l'athlè-te à produire desréponses rapides àpartir de la posture

de l'adversaire, de sa distance sur la piste,ou d'enchaînement d'actions préprogram-mées.

Caricaturalement, dans la recherche d'au-tomatisme, tout se passe comme si lesefforts décisionnels étaient produits avantla compétition, pour libérer l'athlètependant l'assaut.

A partir du moment où les réponses les pluspertinentes sont identifiées sur une situa-tion donnée, on les fige par la répétition.L'entraînement est alors conçu comme unlieu où l'on répète des gammes, à partir desituations standardisées, celles qui restentles plus fréquemment rencontrées lors desassauts.

Un peu à l'image du pianiste qui passed'une lecture lente et coûteuse des notespour ensuite progressivement travailler sadextérité sur le clavier, l'escrimeur s'em-ploie à déchiffrer dans la partition informa-

Percevoir Décider Agir ACTIONINFOS

Figure 3 : les automatismes permettent de gagner du temps en contournant les processus décisionnels, coûteux en temps.

(1) En électricité, un shunt est un dispositif de faible impédance qui permet au courant de passer d'un point à un autred'un circuit électrique. Dans le sens général, shunter est quasiment synonyme de court-circuiter

tionnelle de la situation les signes les plusreprésentatifs pour déclencher des mouve-ments adaptés.Trois orientations majeures peuvent êtreenvisagées pour optimiser le rendementdes automatismes :

- jouer sur la perception des signaux dedéclenchements d'actions : il s'agit d'accompagner l'expérience du tireurpour qu'il repère plus vite les signaux

saillants dans des situations complexes ;- consolider les liens perception-action,

cela revient à élargir la gamme desautomatismes en préprogrammant des réponses évitant ainsi leur traitementlourd,tout en veillant à ce qu'elles soient adaptées aux situations ;

- Accélérer la vitesse de production del'action s'avère bien entendu être unimpératif, les automatismes ne sontpertinents que s'ils s'appuient sur unevitesse d'exécution élevée.

Dans ce sens l'entraînement à l'automatis-me génère effectivement un gain de tempsprécieux. Mais d'une part les situationssont nombreuses et il paraît délicat d'envi-sager toutes les réponses comme automa-tisées, d'autre part, et c'est l'argument leplus cinglant, le fonctionnement automati-sé présente l'inconvénient d'induire descomportements stéréotypés, donc identi-fiables par l'adversaire.

Ce qui est gagné en temps et donc parfoisperdu en possibilités d'anticipation enfaveur de l'adversaire…

Le vide entre la décision et l'actionLa conception qui sous-tend la notion d'au-tomatisme repose sur un modèle dit du"traitement de l'information", il assimile lefonctionnement décisionnel humain à celuid'un ordinateur : il traite des informationset produit des réponses.

Dans le modèle informationnel on considèreque le sportif en situation est un individuqui pense, analyse et agit lorsqu'il perçoitune solution à une situation problème qu'ilrencontre. Pour Sicard cette conception estfragilisante parce qu'elle laisse un "vide"entre l'intention et l'action, c'est-à-direentre le moment où le sportif dispose de lasolution à produire et celui où il va pouvoirla mettre en œuvre.

Le temps de réaction est suffisamment longpour détourner l'athlète de son actionimmédiate, parce que pendant un laps detemps il est en attente d'exécution et n'estplus franchement dans une logique decombat, dans un projet de domination etde performance. Sicard recommanded'ailleurs des attaques dans ce "vide del'adversaire".

Attention, elles se distinguent de "l'attaquedans la préparation" qui est différente,

puisqu'elle s'inscrit là encore dans uneconception stratégique et technique àpartir d'une mise en œuvre offensivedéclenchée par les signes de préparation del'attaque de l'adversaire.

Sicard défend une position qui s'éloigne dumodèle informationnel, parce qu'il neconçoit pas vraiment l'escrime comme unsport à dominante décisionnelle. Dans sareprésentation on ne dissocie pas le com-portement, l'intention, le sportif, l'action etla situation ; ils ne font qu'un. Le compor-tement n'est plus simplement inféré auxintentions ou à un quelconque "projetd'action".Selon lui "l'intention est l'action", celasignifie que le tireur n'a pas à réfléchir àl'action, il doit agir directement s'il veut res-ter efficace. En pensant à l'action le tireursort du "faire" pour aller vers le "ce qu'ildoit faire". Ce passage est nocif parce qu'ildévie le sportif de sa démarche de per-formance.

Le temps de l'action se conjugue au pré-sent et ne se décline que sur l'instant, ainsiSicard recommande de rester "ici et main-tenant" pour être efficace. Sa représenta-tion se résume à la formule "réduire le videentre l'intention et l'action" et se traduitconcrètement par des recommandationsdu type :

" LORS D'UNE ATTAQUE PLUTÔTQUE DE PENSER À LA PARADE

ADAPTÉE, FAIS LA ! "

" SUR L'OFFENSIVE, PLUTÔTQUE DE VOIR L'OUVERTURE,

PRENDS LA ! "

C'est sur ces conceptions que l'on peutparler d'une escrime sentie, en opposition

avec une escrime pensée.

C'est ce que veut dire Laura Flessel quandelle affirme "Maintenant l'intuition et leplaisir sont mes guides, je ne me pose plusde questions".

Cela ne signifie pas que le tireur pratique"instinctivement" sur la piste, même siglobalement l'idée peut être retenue. Cetteconception est une porte ouverte à lacréativité, à une forme d'expression moins

rationnelle et plus spontanée.Par contre malgré les apparences, elle n'estpas accessible d'emblée, cette attitudesuppose en amont une formation, unapprentissage des différents registres del'escrime, un engagement régulier dans dessituations spécifiques d'apprentissage,beaucoup d'entraînement et d'expériencesur les pistes en situation d'assaut de com-pétition.

La rendre opérationnelle, c'est la sortir duconcept, c'est lui associer les conditions deson émergence, de son enracinement.

Si elle existe, c'est parce qu'elle est efficace.Pour être efficace, elle suppose que l'on sepenche sur les moyens concrets de la fairevivre : l'entraînement.

5. S'ENTRAÎNER

S'entraîner cela consiste à augmenter lepotentiel de l'athlète, en sachant qu'avecl'augmentation du niveau d'oppositionl'éventail technique dont il dispose seréduit considérablement (figure 5)

La leçon individuelle :"de l'exercice à la situation" La leçon individuelle met en prise un athlè-te avec son maître d'armes. Mises à part lessituations d'assauts (de compétition ou àthème), c'est le mode d'entraînement privi-légié pour développer le potentiel del'athlète, comme souvent en sport duel. Ils'agit au départ de mettre en place desconditions facilitant l'expression technique,en réduisant sa complexité. Par exemplepour une habileté spécifique, le maître d'ar-mes réduit l'incertitude (je vais démarrerpar une attaque directe sur telle cible),ralentit la vitesse d'exécution, et limite lescontraintes de déplacement (statique, puisen mouvement simple et lent, puis en

Plan

Action

Intention

Comportement

Intention&

Action

Figure 4 : réduire le vide entre l'intention et l'action pour gagner en efficacité

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

Les Cahiers de l'Entraîneur - P. 13

S'ENTRAÎNER À SENTIR EN ÉPÉE

modifiant souvent les distances et le rythme).

Progressivement, à la fois pendant laséance et au cours du développement del'expertise du tireur, on tend vers dessituations complexes marquées par descontraintes de temps. Cela correspondpour Sicard au passage "de l'exercice à lasituation". On retrouve là les principes de

toute démarche pédagogique, que ce soit àl'école, les arts ou le sport, lorsqu'onsimplifie les conditions pour faciliterl'apprentissage.

Dans la conception de Sicard, et notam-ment pour le développement de l'expertisedes tireurs de haut niveau, la simplificationdes conditions lors des phases de dévelop-pement ne doit jamais se faire au détrimentdu but ; autrement dit il s'agit toujours derester dans la logique profonde de l'activitéqui consiste avant tout à chercher à tou-cher son adversaire sans se faire touchersoi-même avant. C'est bien la situation quiprime, pas l'exercice. Elle sort l'athlète duregistre d'expression de compétition. Lasituation peut en revanche être aménagée,en réduisant les contraintes, mais elle sedistingue de l'exercice par sa finalité.

Hugues Obry estime que la leçon indivi-duelle proposée par Sicard vise à perfec-tionner certains éléments sur la base de cequi se produit en compétition. La situationproposée par Sicard est ainsi orientée, thé-matisée, mais il s'efforce de toujours s'a-dapter à la situation, sans se poser la ques-tion de la nature de la solution ; il sait quele technicien acceptera la réponse s'il elleest juste, même si elle sort des canons tech-niques attendus. Dans la mesure où laréponse proposée est bien celle de l'athlète, etmême si elle sort du cadre de l'exercice(l'ouverture et la créativité sont les bienve-nues), si elle est alimentée par l'envie detoucher l'adversaire et qu'elle a du sensdans la situation elle sera acceptée.Cela permet à l'athlète de rester dans lesimulacre de combat que propose l'entraî-neur, sans se poser la question de l'acadé-misme de sa réaction.

C'est cet état qui est recherché par Sicardqui sait que la leçon est un espace où il nesera jamais fait de cadeau "ils viennentpour me toucher, et je ne compte pas leslaisser faire". Bien entendu il ne s'agit pasvraiment d'un assaut de compétition, parceque l'opposition est cadrée et orientée (parexemple en définissant un déclenchement

particulier), mais dans l'espace délimitéc'est bien de combat dans la coopérationdont il est centralement question.

Se syntoniser L'approche préconiséepar Sicard intervient surle haut niveau, lorsqueles athlètes ont déjà latechnique, et mêmemalgré leur maîtrise, lesdébuts de saison sontparticulièrement cen-trés sur le registre tech-nique, la gestuelle, cequi correspond au rap-port corps/arme.La leçon est une occa-sion de réveiller et destimuler le canal dessensations ; elle s'ac-compagne davantaged'encouragements quede feed-back, parcequ'il ne reste pas sur unlangage technique,sauf si le problème estrécurrent et centré parexemple sur une posi-tion de main, une posture, ou un élémentparticulier de coordination, dont générale-ment la cause se situe en amont.Dans la leçon, il y a toujours deux rapportssimultanément : le rapport corps/arme et lamaîtrise de l'adversaire. Sicard travaille surun répertoire du tireur par rapport à ce qu'ilvoit et perçoit. Les tireurs sont tenus de"challenger" dans la leçon, c'est un vraicombat qui se déroule, mais pas avec unevéritable opposition ; il s'agit plus decoopérer avec eux. Bien entendu il faut

parvenir à les mettre dans cet état d'espritet Sicard affirme se laisser toucher sil'action est pertinente sur le moment.

Le principe consiste à parvenir à se syntoni-ser avec le partenaire, en ayant l'espritouvert, aller avec l'adversaire, se fondredans ce qu'il est puis à un moment, celui oùil pense qu'il va attaquer, l'attaquer dans lapréparation, dans le vide de l'action.

Le décrochage orchestré par SicardLors de la leçon individuelle, on fonctionnepar série de 7/8 répétitions par thème, soitde 15 à 20'', toujours à vitesse maximale,dans un cadre d'opposition dans la coopé-ration.

Opposition parce qu'il faut rester dans l'ob-jectif de toucher, coopération parce qu'il nes'agit pas d'un assaut et qu'il faut aména-ger un peu la situation pour parvenir à s'en-traîner. Se syntoniser c'est opérer sur unmouvement à deux qu'il convient d'articuler.L'effort est ainsi permanent et est trèscoûteux énergétiquement parce qu'ildemande beaucoup d'attention et d'impli-cation, notamment pour agir sans vraimentpenser à le faire. Par contre il n'y a pasd'enjeu, spécifique à la compétition, celuiqui sublime l'engagement des athlètes.

Aussi pour créer un état de tension Sicardn'hésite pas à sortir du cadre de la leçon enproposant par moment des actions qui nesont pas attendues dans l'orientation del'entraînement. A n'importe quel momentles tireurs savent qu'ils peuvent avoir à faireface à un mouvement hors cadre, à unimprévu … "ce qui m'intéresse dans la

leçon c'est ce moment là, celui de la réac-tion de l'athlète dans cette micro secondeoù je sais s'il est là, impliqué, ou non.

C'est presque l'objectif principal de ladémarche, parce que toute la tension de laleçon est suspendue à ce bref instant, il estunique dans la leçon, le tireur sait qu'enprincipe il ne se produira pas deux fois.C'est à cette intensité, et donc à cettecondition, que l'entraînement peut êtreproductif "affirme Sicard"

Mobilisation del'éventail technique

Entraînement CompétitionNiveau d'opposition

Assautd'entraînement

L'entraînement contribue à élargir le registrecompétitif, qui lui-même alimente le registremobilisé à l'entraînement

Figure 5 : Différents niveaux de mobilisation technique en fonctiondes degrés d'opposition des assauts

Michel Sicard

Eléments d'ouvertureEduquer la visionOn regarde toujours la cible qu'on va tou-cher, parce que le regard accompagne legeste pour gagner en précision et pour lecontrôler. Une fois que le rapport corps /arme est maîtrisé, on doit travailler sur lavision. Il s'agit de l'ouvrir, de l'élargir,notamment en développant la vision péri-phérique. Il faut donc éduquer le regard,s'ouvrir à une perspective plus large de lasituation pour laisser ses intentions se pro-mener.Pour illustrer, Obry affirme que sa percep-tion est large, il sait par exemple que le piedde son adversaire se situe sous sa main(dans le prolongement de sa main, à la ver-ticale), il n'est pas nécessaire pour lui defixer son regard sur lui, même lorsqu'ilcherche à le toucher. Cette attitudedemande beaucoup d'énergie parce que latechnique est déjà coûteuse, mais elle estparticulièrement effi-cace parce que lechamp de perceptionporte sur la situationelle-même, et pas seu-lement sur l'adversaireou la cible. L'ouverturedu regard apporte unflux d'informationssupplémentaires quisont conçues commeautant d'indices surl'actualisation de lasituation.

A partir de là on peutcréer, on peut perce-voir le vide adverse, onpeut commencer às'exprimer sanscontrainte ou déclen-cheurs forcés. PourSicard cela représenteune difficulté, parceque ce n'est pas facileà obtenir, il faut secontraindre fortementà l'entraînement, et généralement lestireurs sensitifs n'aiment pas l'entraîne-ment, ils préfèrent la compétition.

Lâcher sa pointeLorsque la situation est vécue, et lorsque letireur dispose d'un capital de confiancesuffisant, il sait que derrière il peut s'adap-ter et créer en permanence.

Cela peut l'amener à "lâcher sa pointe"pour vraiment aller toucher, avec une forcede pénétration basée sur la vitesse et lapuissance. Lâcher sa pointe c'est supprimerles facteurs inhibiteurs, ceux qui font quetu peux être amené à hésiter. Oui, il fautrentrer dans la zone de danger de l'adver-saire pour le toucher soi-même, ce queSicard illustre par "si tu veux attraper letigron, il faut rentrer dans sa tanière".

Un travail peut parallèlement être envisagépour favoriser cet état, il consiste à "serrersa pointe" : en escrime les trajectoires depointes (de l'épée, arme d'estoc) sontimportantes, plus ces trajectoires sont lon-gues, plus elles libèrent de l'espace et dutemps pour envisager une riposte.Serrer sa pointe correspond à l'idée de

réduire les trajectoires, pour être plusdirect, plus rapide ; cela permet de trouverensuite la fluidité dans le geste. Il est clairque la situation d'assaut est risquée, quedes motifs de réticence sont là en perma-nence pour t'empêcher de t'engager ;lâcher sa pointe c'est oser, sans se forcer,s'engager pour toucher vite et fort l'adver-saire.Là encore il faut travailler pour parvenir àcet état, les situations d'entraînement peu-vent fournir la confiance qui conduit à lafluidité de l'action.

Rester sur ses points forts, Hugues Obry se définit comme un escri-meur offensif, c'est en prenant les initiati-ves offensives qu'il est le mieux. Ce n'estque lorsqu'il est confronté à un problèmequi l'empêche de dérouler son jeu qu'ilpeut être mené à changer et à s'adapter ;C'était par exemple le cas lors des assautsqui l'opposaient à l'Allemand Luecke :

Hugues est un tireur puissant et atypiquequi a besoin de "prendre le fer" de sonadversaire : c'est en s'appuyant sur la lameadverse qu'il contrôle le mieux, parce quecela lui permet de sentir corporellementson adversaire pour à la fois le contrôler ets'imposer.

Il s'agissait donc de prendre le fer adverseavant de porter son attaque. La particulari-té de Luecke était d'avoir une posture degarde ouverte, avec le bras écarté du corpset la lame pas tout à fait dans l'axe de lapiste, donc trop loin pour être saisie parObry. Dans l'impossibilité d'avoir cet appuifondateur de son jeu offensif, il a toujoursété très difficile pour Obry de battreLuecke.

Si l'adversaire est plus fort il faut essayer dele mettre dans une situation inconfortable,mais on sort du registre d'une escrime oùl'on s'impose. Obry est parvenu à devenirchampion du monde en épée (en 1998)avec trois coups qu'il maîtrisait parfaite-ment. Il a cherché ensuite à parfaire sesqualités défensives, parce que cela s'avéraitnécessaire. Il estime que cela lui a coûté

1an1/2, pendant lesquels il n'a pas pus'imposer au plus haut niveau.Par contre le travail lui a ensuite permis dedévelopper une escrime plus fine qui nel'obligeait pas à dévoiler tout de suite sonjeu sur ses points forts, ce qui laissait dessolutions potentielles et lui donnait de laconfiance.Il s'agissait pour lui "d'amener son pointfort" en jouant avec l'adversaire.Il faut bien comprendre que le fait dediriger le jeu confère une liberté d'actionsupérieure, parce que dans l'escrime réacti-ve on prend l'autre en considération, etforcément ça éloigne le tireur de sonauthenticité.

Responsabilité sur la piste"Etre ce que je suis, être soi et l'assumer",c'est cela prendre ses responsabilités sur lapiste ; ce n'est pas subir des effets d'an-nonce ou dénaturer son jeu pour plongerdans le risque ou ne pas oser l'exprimer de

crainte d'être surpassé.

Cette notion deresponsabilité est capi-tale lors des matchspar équipe. Celui à quirevient la responsabili-té de "finir" le matchest davantage sollicitésur cette dimension,parce que les dernièrestouches conditionnentsouvent l'issue de larencontre.

En finissant bien, lefinisseur donne la vic-toire à son équipe, enéchouant il peut défairel'éventuelle avanceprise par ses coéqui-piers.

Cette situation confè-re une teinte émotion-nelle spécifique, un

surcroît de tension. La position de finisseurest désignée par le coach, c'est lui qui déci-de qui finit pour éviter à l'équipe un auto-questionnement complexe et potentielle-ment nocif sur l'état de chacun des tireurs.

Ce rôle est généralement testé dans l'an-née, à tour de rôle, lors des coupes dumonde.

Revenons à la finale des Jeux Olympiquesde 2000 en épée par équipe, celle quioppose les Français aux Italiens, match nul,on est en mort subite, celui qui touchegagne, avec en cas d'égalité (touche dou-ble) une priorité à l'Italie (attribué partirage au sort).

C'est Obry qui est désigné par Sicard pourfinir, il raconte :

"Je sais que les autres sont solidaires avecmoi pour ça, le choix de Sicard c'est aussi lechoix de l'équipe parce que la confiance esttotale sur ses choix. Je sais que je dois yaller, je suis prêt pour ça. Je monte sur lapiste pour mettre la touche, pas pour m'a-dapter au jeu de l'Italien.

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S'ENTRAÎNER À SENTIR EN ÉPÉE

Je sais que je sais faire et après une phased'observation, dans la situation, je sens queje peux y aller, je prend le fer de mon adver-saire et je lance mon attaque …

la lame passe à un centimètre à côté de lahanche droite de l'Italien, qui dans sondébut d'esquive, il est pris de vitesse parl'attaque, tend le bras sans se rendre vrai-ment compte qu'il vient de me toucher lui-même … l'Italie gagne l'épreuve de l'épéepar équipe…je suis effondré, mais tout legroupe est là pour me soutenir. Nous étionsensemble".

Pour Sicard un groupe solide était présentsur la piste. En 2004 le titre n'échapperapas à la France lors des JO d'Athènes.

Vivre son présentLors d'un championnat du monde Obry estconfronté à un adversaire particulier quicasse les distances en permanence, trèssurprenant, notamment par ses touches aupied. Il y va avec pour recommandation dene pas prendre de touche au pied, en foca-lisant son attention sur cet aspect. Il perdraen concédant des touches au pied. Cetteleçon, difficile, arrive suffisamment tôt dansle parcours du champion qui saura en tirerles conséquences. En 1998 il est en finaledu championnat du monde individuel. Il atoujours fait le parcours en tête en dérou-lant son jeu, c'est-à-dire en prenant le ferde son adversaire autour de trois combinai-sons. Nous sommes à 13-11 en faveur duFrançais, il reste 2 touches à mettre pourgagner. Toujours dans la lignée qu'il imposedepuis le début, il se fait remonter 13-13…Obry s'inquiète à ce moment, il hésite, ilgamberge…

Son système ne fonctionne plus ?Quelles sont les solutions ?

L'adversaire arrive-t-il à lire son jeu ? Doit-ilen changer ou le maintenir pour être effi-cace ? Sicard lit cette incertitude chez sonathlète et lui suggère simplement

"Reste simple à la main".

Cela consiste donc à changer le jeu d'Obrypour envisager de porter ses attaques sur lamain de son adversaire, sans aller chercherà le toucher au corps comme il a l'habitudede le faire. Pour Obry, la consigne de Sicardne fait aucun doute, il a totalementconfiance dans les choix du tacticien.

Obry repart sur la piste avec encore lavolonté d'imposer son jeu, sans calcul para-site ; l'opportunité se présente il touche à lamain, puis sans se poser plus de question ilrecommence l'opération : 15-13. Obry estchampion du monde. L'illustration propo-sée ici indique non pas que le coaching estla clé de tout et que les sportifs doivent seconformer aux choix des entraîneurs, maisque l'on gagne à rester actif sans trop decalcul sur ses intentions et sur celles de l'ad-versaire.

Vivre son présent c'est rester dans l'action,en s'échappant de l'analyse parfois com-plexe du passé et en se soustrayant à l'an-ticipation du futur en appréhendant parexemple le résultat.

1. DESCRIPTION DE L'ACTIVITÉ

Le slalomLe slalom consiste à parcourir le plus rapi-dement possible, en canoë ou en kayak, untracé balisé par des portes, sur un rapided'eau vive d'une rivière naturelle ou artifi-cielle (un bassin de slalom). Les compéti-tions se déroulent en contre la montre, endeux manches additionnées pour établir leclassement final. La durée d'une mancheest d'environ 1 minute 45 secondes. Letemps de récupération entre les deux man-ches est de 45 minutes à 2 heures. Despénalités, sanctionnant les mauvaises tra-jectoires (touche ou mauvais franchisse-ment de portes), s'ajoutent au temps. L'éternel dilemme du slalomeur est d'utili-ser les trajectoires, l'investissement phy-sique et technique lui permettant d'être leplus rapide possible tout en maintenant lenombre de pénalités le plus bas possible. Laprise de risque se situe dans cette dualité.

Précisions sur la disciplineLa prestation du pagayeur est chronomé-trée au centième par des cellules photo-électriques. Le temps enregistré est trans-formé en points qui correspond au nombrede secondes et centièmes.Le tracé du parcours de course (placementdéfinitif des portes) est dessiné par uncomité de traçage souvent composé d'en-traîneurs nationaux tirés au sort. Le tracé

est connu et mis en place sur le rapide laveille de la compétition. Il reste identiquepour les deux manches. Il ne peut pas êtreessayé en bateau par les pagayeurs avant lapremière manche.

Le tracé est composé de 18 à 20 portesnumérotées à franchir dans un sens defranchissement imposé dans l'ordre crois-sant. Les portes vertes sont à prendre dansle sens du courant, les portes rouges enremontée par rapport au courant (6 aumaximum).Une porte est composée dedeux fiches suspendues à 15 centimètresau-dessus de l'eau et dont la largeur est de1,20 mètre au minimum. Les portes sont jugées par des juges quiattribuent ou pas des pénalités par rapportà leur observation visuelle. Les pénalitéssont de deux ordres : "les mineures, sanctionnées par deuxpoints, sont celles occasionnées par lecontact du bateau, du corps ou de lapagaie avec l'une des fiches qui composentla porte ; il y a au maximum deux points depénalité par porte ;"Les majeures, sanctionnées par cinquantepoints sont celles occasionnées par l'omis-sion ou par un franchissement dans le mau-vais sens ou le mauvais ordre d'une porte.Dans chaque tracé des groupes de portesdéfinissent des figures à réaliser. Ces figurespeuvent être typiques, classiques, maisd'autres sont inédites. Dans tous les cas,dans la mesure où les bassins de slalom ne

sont pas normés et tous différents, que lestracés sont créés pour la circonstance doncinédits, que le milieu est instable et l'envi-ronnement changeant (vent, pluie...), leshabiletés mises en jeu sont ouvertes, laprise d'information et les capacités d'adap-tation sont capitales.

Déroulement d'une compétitionUne compétition se déroule sur 2 jours etcomporte deux phases : - les qualifications se disputent le premierjour en deux manches, 65% des pagayeurssont sélectionnés pour la journée des fina-les ;- le deuxième jour les finales se déroulenten deux manches additionnées ; la premiè-re manche est la demi-finale. Les dix pre-miers de celle-ci disputent la seconde man-che qui est la finale. Le tracé est modifiéentre les qualifications et les finales (6 por-

Gestion de laGestion de la

CONCURRENCECONCURRENCEenen canoëcanoë

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GESTION DE LA CONCURRENCE EN CANOË

tes maximum), mais pas entre les manches.

Rôle du coachL'entraîneur aide les sportifs pendant lacompétition, mais compte tenu de l'activitéet du milieu, il est impossible d'intervenirdirectement pendant les épreuves, il colla-bore donc avec les sportifs essentiellementavant et après chacune des manches :- Avant la première manche : lorsque le par-cours est déterminé et visible, il les aide à"construire leur projet de trajectoire",c'est-à-dire à fixer mentalement les modali-tés techniques et tactiques envisagées.Cette activité se fait avec l'athlète depuisles berges, tout au long du bassin, en ver-balisant à partir de la vision des portes, descourants, des obstacles, puisque le règle-ment interdit la navigation. Ce travail pré-paratoire est capital, car le pagayeur doitdéterminer avec justesse ses capacités àréaliser au mieux la trajectoire la plus rapi-de occasionnant des probabilités de pénali-tés calculées. Il met en place pour cela desscénarios conçus comme des plans-repèresqui peuvent être utilisés en fonction dudéroulement réel du projet ; souvent plu-sieurs scénarios pour chaque groupe deportes sont préparés et agencés mentale-ment de manière à être adaptables et pou-voir répondre au mieux à la situation invivo.- Entre les manches : il propose desséquences de bilan et de reconstruction du

projet de seconde manche, le tracé restantidentique, pour éventuellement corriger leregistre de navigation utilisé. Pour cela ils'aide de séquences vidéo (chaque compé-titeur est filmé), et de bilans chronomé-triques : chaque manche est chronométréede trois portes en trois portes pour obtenirdes "chronos sectoriels" qui permettent decomparer les performances de chaquesportif pour chaque section du parcours. Lepagayeur peut ainsi connaître les tech-niques et les tactiques les plus rapides surchaque secteur. Ainsi, avec l'aide de l'en-traîneur, il va opérer des choix de change-ment ou de conservation pour établir sonprojet de deuxième manche.

Profils des slalomeursPour le même tracé, les slalomeurs aurontdes réponses motrices et/ou des trajectoiresdifférentes en fonction de différents para-

mètres qui vont conditionner leur choix.Ces paramètres sont nombreux, et à partirde caractéristiques biomécaniques, physio-logiques, musculaires jusqu'au profilpsychologique, chaque pagayeur va déve-lopper un "style de navigation". Ainsi cer-tains auront un nombre d'appuis (nombrede coups de pagaie) pour une même tra-jectoire plus réduits mais plus puissants ;d'autres auront une glisse supérieure, d'au-tres des capacités d'accélération ou detransmission supérieure. L'engagement, laprise de risque conditionnent également leschoix de trajectoire.Pour les canoéistes, le côté de bordé, côtésur lequel ils pagaient, conditionnent surcertaines figures le choix de manœuvres oude trajectoires. Les formes des embarca-tions sont libres, seuls la longueur, la lar-geur et le poids sont réglementés. Celles-ciconditionnent les trajectoires car certaines

e sport de compétition met généralementdes adversaires en situation d'opposition et despartenaires en situation de coopération. Dansla pratique, que ce soit en sport collectif ou ensport individuel, les formes d'entraînement sontessentiellement collectives ; pour stimuler lacompétitivité et progresser, les partenaires sontsouvent placés en situation d'opposition.Les modes d'organisation de l'entraînement ensport de haut niveau sont ainsi caractériséspar des dynamiques à la fois individuelles etcollectives dans lesquelles on conjugue lesphases de coopération et d'opposition.

Cet article aborde la thématique de lacoopération-concurrence au sein des collectifsd'entraînement avec une déclinaison pratiquerarement abordée.

Il retrace les questions managériales que sepose un entraîneur de canoë confronté à la ges-tion d'un collectif.Son groupe est constitué de 4 sportifs de hautniveau, tous ayant déjà gagné des épreuvesinternationales majeures. L'entraîneur doit lesgérer individuellement et collectivement lorsdes compétitions et à l'entraînement, alorsqu'ils sont simultanément partenaireset adversaires. Cette situation est vécue commeproblématique par l'entraîneur qui doit faireface à un dilemme : il s'agit à la fois de profiterdes valeurs intrinsèques de chaqueindividualité pour stimuler et faire progresserle groupe (option partage), et à la fois de sti-muler les individualités par des modalitésd'opposition systématiques qui limitent leséchanges (option concurrence).

Pierre Salamé : Entraîneur National Equipe de France Canoë 1979-2000Gilbert Avanzini : Rédacteur Insep

L

Exemple fictif de décompte de points sur une compétition

Temps enregistré 1ère manche : 1mn 45s 12centièmes = 105,12 pointsPénalités enregistrées 1ère manche : une touche de pagaie à la porte N°2 = 2 pointsRésultat de la 1ère manche : 105,12 + 2 = 107,12 points

Temps enregistré 2ème manche : 1mn 43s 45centièmes = 103,45 pointsPénalités enregistrées 2ème manche : une touche de bateau à la porte N°12 = 2 pts + une touche

du corps à la porte N°14 = 2 ptsRésultat de la 2ème manche : 103,45 + 4 = 107,45 points

RESULTAT FINAL : 105,12 + 107,45 = 212,57 points

Les Cahiers de l'Entraîneur - P. 17

sont plus stables, plus rapides, d'autressont plus manœuvrantes (elles tournentmieux) et permettent de réaliser desmanœuvres plus radicales. Le profil des tra-jectoires sont ainsi conditionnées : tendues,heurtées, harmonieuses...

Pour chaque manche, le pagayeur définitun registre de navigation qui associel'engagement physique et sa répartitionsuivant les secteurs du tracé, jusqu'à lastratégie des choix d'option par rapport à laprise de risque. Les résultats de la premièremanche influencent bien entendu forte-ment le registre et les choix de la seconde(figure 2).

Des axes d'entraînement répartis sur l'année :Au cours d'une manche de slalom la filièreprioritairement mise en jeu est l'anaérobielactique. L'effort est extrême sur 1mn45, lafréquence cardiaque est maximale. Lescontractions musculaires en fonction desfigures à réaliser sont de types concen-triques principalement mais aussi excen-triques et isométriques. Les types de forcesollicités sont la force endurance, la forceexplosive.Le slalomeur s'entraîne en moyenne deux àtrois fois par jour, 11 mois sur 12.Musculation en salle, préparation aérobie(footing, vélo, ski de fond, natation,bateau) composent l'ossature de la prépa-ration physique qui s'effectue la plupart dutemps collectivement et pratiquementtoute l'année.

Les séances en bateau de slalom dans desportes représentent plus de la moitié del'entraînement. Ces séances sont majoritai-res en période de pré-compétition et decompétition.

Les habiletés techniques doivent être déve-loppées toute la saison sous forme de répé-titions, de gammes. L'innovation techniqueest permanente en particulier à cause del'évolution rapide du matériel. Par exemple,un slalomeur change de forme de coquepratiquement chaque année. Aussi lesréglages techniques, le travail sur les res-sentis, les prises d'information sensitives etvisuelles sont entretenues et enrichies sanscesse. Les séances dans des portes en eauvive assez vite sollicitantes (de 15 mn àhaute intensité à 45mn) sont très présenteset peuvent alterner avec une navigation surl'eau plate ou peu courante.

2. CONTEXTEORGANISATIONNEL

Organisation collective du staff (1)

Un seul entraîneur par catégorie : L'équipede France de canoë-kayak de slalom olym-pique est composée de quatre catégoriesd'embarcation : le kayak homme (K1H), lekayak dame (K1D), le canoë monoplace(C1), le canoë biplace (C2). Un seul entraî-neur a la responsabilité d'une catégorie. Iln'existe pas en slalom d'entraîneur person-nel.L'entraîneur de chaque catégorie estnommé par le DTN, les pagayeurs n'ont pasle choix de l'entraîneur. Celui-ci a la respon-sabilité de la même catégorie au minimumpendant une olympiade, la plupart pendant

Porte N˚1

Figure 2a

Figure 2b

Figures 2a et 2b :changement de stratégie entre les manches.

Le pagayeur a choisi de prendre la porte 3 en descenteà la première manche (2a). Cette solution semble plusrapide même si pour cela il doit allonger sa trajectoire

en remontant dans le courant après la porte 2. Or, lechrono sectoriel pris de la porte 1 à la porte 4 lors de lapremière manche lui démontre qu'un autre pagayeur a

été plus rapide que lui en faisant une inversion (2b),sans prendre plus de risque, l'étude vidéo le confirme.Entre les manches le pagayeur va ainsi étudier secteur

par secteur, avec son entraîneur, la réalisation depremière manche et construire un nouveau projet de

trajectoire pour sa deuxième manche.

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

(1)Nous décrivons ici l'organisation de l'Equipe de France telle quelle était jusqu'en 2000.L'organisation actuelle a évolué vers plus de transversalité :

Il y a deux entraîneurs kayaks et deux entraîneurs canoë qui se repartissent les pagayeurs.C'est-à-dire que dans une catégorie, deux K1H peuvent avoir l'entraîneur X comme référent

et le dernier K1H l'entraîneur Y : la problématique " collaborationet concurrence " au sein d'un même groupe d'entraînement est moins prégnante.

deux olympiades. Les quatre entraîneursolympiques travaillent en synergie, de nom-breuses actions sont communes, la moitiédes stages, toutes les compétitions impor-tantes ; la collaboration et la complémenta-rité sont des valeurs fortes. Les décisionsimportantes sont prises collégialement avecle directeur des Equipes de France de sla-lom. La plupart des entraîneurs sont répar-tis sur des Pôles France, entraînent au quo-tidien, d'autres sont hors Pôle mais sedéplacent sur les lieux d'entraînement. Unstaff classique compose une équipe endéplacement : entraîneur adjoint, médecin,kinésithérapeute-chiropracteur.Le Directeur des Equipes de France Slalom etle D.T.N. coordonnent l'ensemble du Staff.

Le groupe C1 Equipe de FranceL'équipe de France A de C1 depuis lesannées 90 oscille entre la première et laseconde place mondiale. Elle est constituéede cinq pagayeurs qui figurent régulière-ment dans les huit premiers mondiaux. Ilsont tous une expérience internationaleconséquente et trois d'entre eux peuventgagner un mondial ou les JO. La concur-rence est extrême entre eux pour les sélec-tions aux JO et pour les grands événe-ments.

Principes de sélectionLes sélections sont mathématiques à partird'un décompte de points des deux meilleursclassements de trois courses disputées encinq jours, en général à quatre mois de l'ob-jectif majeur. Pour les Championnats duMonde quatre embarcations par catégoriespeuvent concourir, seulement deux aumaximum aux Jeux Olympiques.

Organisation de l'entraînementLes C1 sont répartis et s'entraînent sur lesdifférents pôles France. Ils ne se retrouventtous réunis que lors des stages Equipe deFrance. Ces stages durent entre 5 jours(stages en France) à 20 jours (stages loin-tains, Europe de l'ouest, hémisphère sud),la moitié d'entre-eux sont pluri-catégoriels.Il y a à peu près 60 jours de stages.L'entraînement sur l'eau est constitué deséances collectives (environ 80%) et deséances individuelles (environ 20%) aussibien dans les pôles qu'en stages équipe deFrance.L'entraînement dans les portes en eau vivese compose de plusieurs types de séances :

Séances techniques-Séances perfectionnement technique : phases d'apprentissage, acquisitions denouvelles habiletés, mise au point denouvelles figures de nouvelles manœuv-res, recherche technique,-Séances systématisation : séance com-portant des exercices de stabilisation

d'habiletés (répétitions, gammes...),-Séances concentration : séance ayant un protocole ciblant la concentration soit unmaintien de l'attention sur un domaineprécis (le nombre de touches, le nombred'appuis...).

Séances simulations-Séances concrétisation : séance de répé-tition de compétition ayant pour objectif la meilleure performance possible auxconditions du moment (chronométrée et jugée, sur le tracé entier ou des partiesde tracé, pas nécessairement en concur-rence),-Séances confrontation : séance ayantpour objectif majeur de développerl'esprit de compétition en jouant surl'émulation, la rivalité (mise en concur-rence systématique).

Chaque pagayeur développe son "projetde navigation individuel". Elaboré avecl'entraîneur, il balise la voie à suivre pourprogresser. Tous les domaines touchant la

GESTION DE LA CONCURRENCE EN CANOË

Saison type en Slalom

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performance sont traités plus ou moinsprécisément, mais l'un des plus explorés etbalisés est celui du secteur technico-tac-tique. Sur le plan technique comme sur leplan tactique de nombreux champs peu-vent être communs à plusieurs pagayeurs,d'autres seront plus personnels.L'entraîneur doit tenir compte du profil dechacun pour que, lors de la préparationd'une séance collective d'entraînementcomme pour un planning mensuel, desobjectifs communs sensibilisent lespagayeurs à collaborer ou à se comparer. Sur l'eau vive, dans des portes, il n'y a pasde possibilité de référence par des distancesou des vitesses, contrairement à une pisted'athlétisme, les tracés et la configurationde chaque bassin étant spécifique. La per-formance n'est évaluable que par rapport àcelle d'autres pagayeurs. La seule référen-ce objective possible réside dans la compa-raison chronométrique entre eux.

Aussi il est indispensable pour ceux-ci des'entraîner ensemble pour s'évaluer s'ilsveulent avoir une information fiable surleurs performances : étalonnage technique,tactique ou physique. Les analyses à partird'enregistrement vidéo sont également trèsdéveloppées.Les comparaisons pour s'évaluer touchentde nombreux domaines :

-L'évaluation de la condition physique,-L'évaluation de manœuvres différentespour une même figure,

-L'évaluation de trajectoires différentes pour une même figure,

-L'évaluation technico-tactique.

A l'entraînement les collaborations sontnombreuses et commencent souvent à par-tir des contingences matérielles comme letransport et les tâches collectives tels que lemontage ou le réglage des portes. Dans ledomaine de la préparation physique la col-laboration est souvent de mise, en salle demusculation par exemple.

Dans le domaine technico-tactique lacoopération est nécessaire (figure 3) et ellecommence par le fait d'accepter l'applica-tion du même protocole et de jouer le jeulors de séances de confrontation - compa-raison et peut aller jusqu'à la mise en com-mun de protocole et d'analyse pour testerune nouvelle forme de bateau ou une nou-velle pagaie.

Les séances d'entraînement confrontation-nelles, la plupart du temps chronométréeset jugées, mettent en jeu une certaineforme de coopération dans la mesure oùles pagayeurs s'investissent pleinement etéchangent, de fait, leur savoir faire. Eneffet, outre la comparaison chronomé-trique, les pagayeurs se voient naviguer, etles séquences sont souvent filmées et ana-lysées.L'entraîneur profite de cette nécessité de"coopération" pour développer une dyna-mique de groupe qui lui permettra parmutualisation d'enrichir ses connaissanceset d'élargir le panel technico-tactique dechacun les pagayeurs : des nouvelles habi-letés, de nouvelles manœuvres, des trajec-toires innovantes.

Cette mutualisation a ses limites, surtout à

l'approche ou lors des compétitions, maisaussi à l'entraînement lorsque, par exem-ple, l'élément technique mutualisé est lepoint fort d'un des pagayeurs, une sorte de"botte secrète" de "spécial" qui peut fairela différence en course. Le donnant-don-nant dans ce cas peut être difficile à rendreet la collaboration peut être mal vécue.Loin des échéances, le partage et les échan-ges sont beaucoup plus intenses qu'à l'ap-proche des courses importantes où, la riva-lité prenant le dessus, la préservation indivi-duelle de ses points forts, de sa singularitéest prédominante.

L'entraînement avec d'autres catégoriesd'embarcations est très fréquent ; il permetsuivant celles-ci de varier les repères, decomparer des trajectoires et aussi de dédra-matiser en sortant de sa catégorie.

3. DILEMMECONCURRENCE / PARTAGE

Dans la catégorie C1 deux problématiquesmajeures s'opposaient :

-La gestion de la concurrence internepour un même objectif "course de sélec-tion pour les JO, la médaille d'or à Sydney"par un entraîneur unique.-Le maintien de la coopération pour pro-fiter de l'effet "émulation" d'un groupeaussi riche sans nuire à la performanceindividuelle, les 3 saisons sportives quiprécédaient les JO.

En effet, comme nous l'avons vu précé-demment, le groupe C1 présentait un réelpotentiel de médaille aux JO, aucun leader

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

Pierre Salamé et Tony Estanguet

ne se détachait, chacun avait la capacitéd'atteindre ce but.Les pagayeurs se connaissaient bien ilsétaient réunis en équipe de France depuisquatre ans, certains en faisait partie depuishuit ans. En terme de management deuxoptions étaient possibles : La première étaitde profiter du fort potentiel du groupe,grâce à un travail coopératif poussé, pourobtenir une mutualisation des point fortsau profit de chacun des pagayeurs. Cette dynamique soutendait que ceux-ciconçoivent que la mise en commun etl'échange leur permettraient de devenir (le)meilleur. Le danger résidait dans le faitqu'un nivellement par le bas pouvaits'opérer ou que chaque pagayeur perde sasingularité. Assez facile en terme d'organi-sation car les séances sont collectives,ce mode de fonctionnement requiert dutemps pour les échanges et les mises encommun et une capacité de persuasion etd'animation certaine pour l'entraîneur.

La deuxième était d'exacerber la concurren-ce à l'extrême afin de transcender chaquepagayeur et d'obtenir par l'entretien de larivalité un niveau supérieur. Cette démar-che pouvait entraîner un effet délétère parun repli sur soi-même, un registre person-nel de navigation appauvri par le manquede références et aussi une ambiance exé-crable. Ce mode de fonctionnement estconsommateur de temps, en effet les séan-ces individuelles d'entraînement sont plusnombreuses, les séances vidéo aussi.

Certains pagayeurs étaient sur un modeplutôt participatif, d'autres sur un mode deconcurrence et de non-partage. Le faitque l'organisation de l'encadrement étaittelle qu'une même personne imposéeentraîne tous les pagayeurs d'une mêmecatégorie gêne certains athlètes. En effet,ceux-ci mettent en doute la probité et laconfidentialité de l'entraîneur par rapport àl'égalité des prestations et de son accom-pagnement.

Choix de mode d'organisationMon choix d'organisation et de manage-ment s'est porté sur une position médiane.Ce choix, mûrement réfléchi fut condition-né par mes expériences antérieures, plutôtaxées sur la collaboration et qui semblaientavoir atteint ses limites. L'avis despagayeurs, qui allait dans le même sens etle travail réflexif entrepris en amont condi-tionnèrent cette nouvelle stratégie, mamanière de faire et d'être.

Mon nouveau management devait amenerà ce que je devienne l'entraîneur de chaqueC1, son entraîneur personnel (de typeentraîneur exclusif comme on le voit entennis, avec un managérat individuel), alorsque je gardais la responsabilité et lecoaching de tous.Je voulais parallèlement profiter des valeursintrinsèques de chaque individualité pourstimuler et faire progresser le groupe(option partage) tout en insufflant uneforme de concurrence raisonnée et intelligente.

Je devais mettre en place et stabiliser uneconfiance pleine et entière entre chaquepagayeur et moi-même.

C'est-à-dire qu'en plus d'être la personne

référente du pagayeur, rôle classique dansnotre mode d'organisation fédérale, je mefixais de développer un rapport de confian-ce totale et entière auprès de chacun, afinqu'il considère que je mettais bien enœuvre tout ce qui était en mon pouvoir eten mes capacités pour qu'il gagne.Le socle de ma stratégie fut de développerune relation égalitaire avec chaque pagayeur :"à niveau égal - prestations égales", qu'ellessoient formelles ou informelles.

Des règles de fonctionnement élaboréesavec les athlètes conditionnent tout monfonctionnement avec eux, y compris nosrelations.En particulier, des règles furent instituéespour aménager la confrontation et lacoopération ; la coopération en particulierfut fortement diminuée lors des compéti-tions et bien ajustée à l'entraînement.

4. DÉCLINAISON PRATIQUED'UNE ORGANISATION“TRAITEMENT ÉGALITAIRE”

Un nombre important d'adaptationsconcernait le traitement égalitaire entremoi et chaque pagayeur, afin qu'aucund'entre eux ne puisse me faire le reprochede favoritisme ou de partialité. Le principes'appuyait sur le fait de proposer les mêmesprestations à niveau égal de sélection ou declassement en équipe de France. Mes pres-tations étaient particulièrement sensibles àce principe d'égalité à l'entraînement etplus encore lors des compétitions car letemps imparti au coaching est limité (1 à1h30 entre les manches).A l'entraînement, en stage, je veillais àavoir le même nombre de séances indivi-duelles et de séquences vidéo pour chaquepagayeur ; de même, j'essayais d'équilibrer

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GESTION DE LA CONCURRENCE EN CANOË

t

Figure 3 - Coopération en phase d’entraînement

Situation de reconnaissance d'un nouveau bassin de course non essayé jusqu'à là. Un obstacle en pleincourant qui crée un contre courant (en gris sur la figure)atypique (très puissant et asymétrique) mérite,

d'être inventorié, en vue d'une compétition proche. Une porte en remontée (porte 2) va être testée par legroupe C1 pour connaitre les caractéristiques de ce contre courant, sachant que les trajectoires sont libres à

condition de respecter le sens et l'ordre de franchissement ; des parcours seront effectués successivement enoptant pour les différentes figures possibles (6 à 10 passages pour chaque type de figures) :

-Trajectoire noire "Chicane droite",-Trajectoire rouge "Stop gauche",

-Trajectoire bleu "Chicane gauche",-Trajectoire verte "Stop droit".

Chaque parcours sera effectué à vitesse de course, chronométré de la porte 1 à la porte 3 et filmé.Un échange permanent entre les pagayeurs est provoqué par l'entraîneur pour mutualiser les essais etdéterminer les spécificités de ce contre courant atypique. L'étude collective des prises vidéo complètera

l'inventaire. Ainsi le jour de la course si cette figure (ou une figure approchante) est tracée, les choix indivi-duels s'appuieront sur cette séquence collective.La mise en place d'une séance "confrontation" tous les 2

jours, voire tous les jours, changea radicalement l'état d'esprit des pagayeurs.Des mesures d'accompagnement furent nécessaires pour amortir la radicalisation des rapports.

mes conseils et mes commentaires au coursd'une même séance ou au cours d'unmême stage. Cela pouvait aller jusqu'autemps passé avec chacun en ville, ou aunombre de repas pris côte à côte. En effet,sans ce souci d'équilibre, inconsciemmentquelquefois, on se porte naturellement versles athlètes avec qui l'on a le plus d'affini-tés ou vers celui qui sollicite le plus de feed-back ou d'accompagnement. J'ai dû adap-ter le format de mes interventions pourcadrer avec le principe égalitaire : du plan-ning annuel jusqu'au programme de stage.

Le mode de sélectionIl était déjà en vigueur et restera non modi-fié parce qu'il était le premier garant d'éga-lité. Il est strictement objectif et mathéma-tique. La forme chronométrée de la discipli-ne permet de s'en remettre aux résultats etaux classements.

Ce choix délibéré est primordial pour larelation entraîneur/athlète : celle-ci n'est,au moins sur ce plan, pas soumise aux déci-sions subjectives souvent source deconflits, il permet de maintenir une relationde confiance. Il en est de même pour larépartition des aides personnalisées quiétaient réglementées et réparties à l'aided'un barème en fonction des résultats et duprofil social (salarié, étudiant etc...).

Le nombre de stages et de compétitionsétaient aussi répartis égalitairement.J'étais donc vigilant dans mes relations avecles athlètes pour éviter quelconque favori-tisme, mais pendant les compétitions mesprestations étaient encore plus réglées etégalitaires.

Concurrence raisonnéeDurant l'olympiade précédente (1992-1996), l'esprit collaboration était tellementbien ancré qu'un nivellement par le bas s'é-tait développé dans la mesure où chacun sesatisfaisait presque de la réussite du parte-naire : "dommage, je ne monte pas sur lepodium, mais ce n'est pas grave parce quec'est quand même un C1 français". Je limi-tais les séances "confrontation" dans lamesure ou cela compromettait la coopéra-tion et les échanges, aussi le niveau de per-formance n'atteignait pas son maximum.

Stratégie collectiveLa régulation du groupe s'opère par le suivide valeurs et de l'application de principesbasés sur le respect de l'autre ; il fallait ten-dre vers une concurrence raisonnée. Uncontrat moral de non dénigrement entre lespagayeurs ainsi qu'avec moi est instauré, ladifférence est tolérée tant qu'elle n'entravepas le fonctionnement collectif et indivi-duel, les actions collectives ne doivent pasentraver l'originalité et la créativité.

Un effort particulier est apporté à la com-munication interne entre les pagayeurs etmoi-même : informations collectives,emploi du temps de chacun, justificationsde fonctionnement individuel… Les malen-tendus sont ainsi évités au maximum. Pource faire, une réunion journalière obligatoireest organisée systématiquement, en géné-ral le soir ; ceci est lourd mais la garantie dela bonne communication est à ce prix. La

blague récurrente des pagayeurs des autrescatégories était :

"Allez les C1, en réunion !"

Une confrontation "dure" tous les deuxjours est organisée afin d'entretenir unengagement total et que chacun puisseprélever des données objectives sur sonétat de forme et son niveau. Cela passe parune prise de conscience afin de convaincreque l'investissement personnel sur ce genrede séances est synonyme de progrès indivi-duels, parce qu'il est nécessaire que tousjouent le jeu.

Gestion du groupe en compétitionEn compétition, la plupart des échangesentraîneur/athlète sont individuels. Ceséchanges à espace dit "privé" représententles entretiens de face à face entre l'entraî-neur et un athlète, isolés et sans possibilitéd'échanges avec d'autres intervenants (ath-lète ou autre). Les séquences collectives neportent pas sur les projets de performance,mais plutôt sur l'organisation.

Ce mode reste conforme à la collaborationque je souhaitais, plus encline à privilégierles échanges en dyade, avec chaque athlè-te, pour préserver leur confidentialité etainsi atténuer les phénomènes de concur-rence.

Les échanges individuels ne sont pas répar-tis de façon aléatoires, l'ordre de ces entre-tiens et leur durée respectent une disposi-tion relativement stable, pour chaquephase de la compétition : ils sont détermi-nés en collaboration avec les pagayeurs (surdes critères de performance, après analysesapprofondies des compétitions précéden-tes) et avant la compétition, et sont ensuiteredistribués en fonction des résultats de lapremière manche et des qualifications(choix préférentiels accordés aux plus per-formants).

Notion de partage égalitaire Cette notion entend que je me dois d'ac-corder la même attention à l'ensemble despagayeurs du groupe, sans en privilégier unen particulier. Ainsi, lorsque le temps n'estpas fortement contraint, je prends soin derencontrer chaque athlète individuelle-ment, tandis que lorsque la contrainte tem-porelle est trop forte j'adapte les durées enfonction des besoins et profils des sportifsmais je peux aller jusqu'à partager égalitai-rement le temps à disposition.

Pour l'équité, il ne s'agit donc pas que departager le temps, même en parts égales,entre les sportifs, mais aussi d'adapter letemps de travail individuel en fonction debesoins identifiés. Ces adaptations sont dis-cutées et arrêtées collectivement et appli-quées scrupuleusement.

Entre les manches, la séquence vidéoconsiste à analyser la première manche,pour en faire un bilan et éventuellementmodifier le registre de navigation. Elle s'o-père sous forte contrainte temporelle,puisque l'équipe ne dispose que d'uned'heure à 1h30 pour :

-réunir les images vidéo (2 caméras surle parcours) et les chronos sectoriels ;-faire les bilans ;-apporter des modifications au registrede navigation ;-se changer, récupérer, se faire masseret s'alimenter,

Le coach doit donner un retour privé sur lanavigation de chaque acteur engagé dansla compétition, sans dévoiler certainesapproches spécifiques, fruits d'un travail derecherche pour chaque pagayeur qui doitrester "off", sous peine de rupture deconfiance. Je suis donc tenaillé d'un côtépar l'envie (et la nécessité collective, enterme de performance) de partager le tra-vail de reconnaissance et de recherche del'ensemble des pagayeurs dont j'ai la char-ge, et de l'autre par l'engagement pris deme contraindre à taire certaines informa-tions aux membres du groupe.

Entre les manches le temps disponible estpartagé en parties égales, une grosse hor-loge règle la durée des échanges et ce typede management impose également l'ordrede passage comme une variable à prendreen considération comme critère égalitaire :il est clair que si les échanges s'éternisentavec les premiers, ce sont les derniers pré-vus qui restent les plus mal lotis.

Le premier à passer bénéficie d'une analysemoins fine compte tenu de la moins bonneconnaissance du parcours par l'entraîneurau départ.

Le dernier dispose lui de moins de tempspour reconstruire son parcours et intégrerles éventuelles corrections pour la manchesuivante

Après différents essais, la procédure choisiefut que le meilleur de la manche précéden-te choisisse son créneau et ainsi de suite enfonction du classement pour les autres.

La construction de règlesJ'estimais nécessaire d'établir des règles defaçon directive (que j'imposais au groupe)et d'en proposer d'autres à l'ensemble desacteurs qui constituent le groupe, pouréchanges et éventuellement modification.

Ces règles visaient à optimiser l'organisa-tion le fonctionnement collectifs en spéci-fiant les modes de collaboration individua-lisés, en les gérant sur le plan collectif(principe de partage de temps "égalitaireadapté", c'est-à-dire correspondant auxbesoins de chacun ou bien "égalitairesstricts") en respectant les créneaux detemps disponibles.La mise en place des règles collectivesconcernait également le principe d'aideprioritaire, mais aussi celui de l'exclusiontemporaire des athlètes "out", c'est-à-direne pouvant plus aspirer à des résultats surla compétition (ce qui revenait à accorderleur créneau de temps contraint aux athlè-tes encore en course pour une manchedonnée).Ce choix se déclinait en fonction de la natu-re des compétitions (différence notableentre coupe du monde et championnat dumonde) pas toujours organisées suivant lemême système de contraintes.

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

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GESTION DE LA CONCURRENCE EN CANOË

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

Votre découverte du pentathlonmoderne tient assez de circonstancespersonnelles. Aujourd'hui, commentdevient-on pentathlète ?

La fédération, avec le support des clubs, amis en place le "pentajeune". Il s'agit defaire découvrir aux jeunes la course, lanatation et le tir et ce, à partir de 8-9 ans.Il est vrai qu'ensuite, il y a une grossedéperdition, parce que cette activité finale-ment très ludique, ne prépare pas à la pra-tique de haut niveau. Dans ce contexte, lespôles Espoirs de Noyon et Font-Romeuainsi que les pôles France d'Aix et Bordeauxont un rôle essentiel dans la détection desfuturs pentathlètes. Nous constatons queles anciens nageurs ont souvent le meilleurprofil pour faire une carrière de haut niveau :ils connaissent déjà la difficulté de lacompétition, ont une culture de pratiqueintensive, et ont souvent une bonnechance d'être performants en course, quiest également une spécialité à dominanteénergétique. Même si en pentathlon ladétection n'est pas évidente à mettre enplace, c'est sur elle que repose principale-ment la filière d'accès au haut niveau.L'enjeu est de taille pour un sport qui nepeut exister que par une élite performante.

Si parfois, les pentathlètes sont issus d'aut-res sports (la natation par exemple), il estplus rare de voir un pentathlète devenir un

PLANIFIERPLANIFIERen Pentathlon Moderneen Pentathlon Moderne

Cinq spécialités, une seule épreuveCinq spécialités, une seule épreuve

LE DÉROULEMENTD'UNE COMPÉTITIONDE PENTATHLON MODERNE

Epreuve de pistoletPlomb10 mètres - 20 x un plomb- 40 secondes pour lâcher le plombAlors que les tireurs ont 1h45 pourtirer 60 plombs, les pentathlètes ont40 secondes par plomb et obéissentà des commandements.1000 points = 172/200

Escrime :

EpéeVictoire en une seule touchesur une minute.Si aucune touche n'est marquée,il y a double défaite.Finale : 35 assauts (36 finalistes)25 victoires = 1000 points

Natation :200 mètres nage libre1000 points = 2'30

Equitation :

Course de sauts d'obstacles12 obstacles avec un doubleet un tripleObstacle : 1,20 mètre maximum delargeur et de hauteurTirage au sort des chevaux, 20 minutesde détente (contact avec le cheval)Départ avec 1200 points : une barrecoûte 28 points et un refus 40 points.

Course à pied3000 mètres - course à handicap(le premier qui passe la ligneremporte le pentathlon)10 minutes = 1000 points

QualificationsUne épreuve de qualification a lieu deuxjours avant la finale sur quatre disciplines(sans l'équitation).Les 36 premiers sont qualifiés en finale (engénéral de 85 à 110 pentathlètes au départdes épreuves de Coupe du Monde).Seuls les Jeux Olympiques et la finale deCoupe du Monde n'ont qu'une finale de36 pentahlètes.

ENTRETIEN : PENTATHLON MODERNE

spécialiste de haut niveau. Citons tout demême Robert Leroux qui, après avoir portéles couleurs du pentathlon moderne fran-çais, est devenu une escrimeur de très hautniveau, mais aussi Pierre Philippe qui estdevenu l'entraîneur national du tir au pisto-let avec les résultats que tout le mondeconnaît (entraîneur de Philippe Dumoulin…)

Quelles sont les principales qualitésd'un pentathlète ?

Il faut avant tout être performant en nata-tion et en course avec des qualités énergé-tiques de "résistance" pour courir le 3000mètres en moins de 9'00 pour les meilleursmais aussi de vitesse pour nager le 200mètres en deux minutes. Ensuite, pour êtreperformant dans les trois épreuves ditestechniques, le pentathlète doit égalementdévelopper en escrime toutes les qualitésd'un sport de combat comme le traitementde l'information ou la coordination gestuel-le, en tir, il doit développer des qualités deconcentration et de volonté et en équita-tion, principalement des qualités de"sentiment" et d'adaptabilité.

Mais pour atteindre le plus haut niveau, laqualité essentielle du pentathlète reste lemental. Les meilleurs sont ceux qui saventle mieux gérer l'incertitude des trois épreu-ves techniques notamment en tir et enescrime ou le résultat moyen de chaque

athlète se situe dans une fourchette de 150points pentathlon, mais aussi en équitationavec le tirage au sort du cheval.Le pentathlète doit être capable de mettreen place des stratégies mentales lui per-mettant de régulariser ses performancesdans chaque épreuve, mais aussi d'amortirl'impact émotionnel du résultat, positif ounégatif, de l'épreuve précédente. Le résul-tat final se construit : il ne faut pas, parexemple, essayer de rattraper un échec àtout prix dans l'épreuve suivante, au risque

"d'exploser"… D'ailleurs, le scénario estsouvent différent d'une compétition à l'au-tre. Sébastien Deleigne a obtenu en 1997et 1998 deux titres de Champion duMonde, mais de manière totalement diffé-rente ; la première année, il avait dominé letir, puis fait la compétition en tête de bouten bout, la deuxième année, après un tirmoyen, il a patiemment gagné des places,pour arracher la victoire en course à pied. Ilest donc essentiel de savoir s'adapter à tou-tes les situations.

inq spécialités sportives qui n'ont, à priori, pas grand-chose en commun.Pourtant, le challenge du pentathlon moderne est bien d'enchaîner le tir,l'escrime, l'équitation, la natation et la course à pied dans la journée.

Le pentathlon moderne n'est surtout pas l'addition de cinq spécialités, mais uneseule épreuve, avec ses spécificités parfois complexes. Dans ce contexte,l'entraînement n'est efficace que s'il s'appuie sur une programmation cohérentequi tient compte de nombreux paramètres aussi différents que l'entraînementdes points faibles et des points forts, ou encore l'âge et le vécu des pentathlètes.L'originalité de cette discipline a également abouti à des solutions très innovantes,comme la mise en place de "blocs" de spécialités, périodes privilégiées pourle perfectionnement d'une spécialité…

Explications de Jean-Pierre Guyomarch,entraîneur de l'équipe de France masculine à l'Insep.

C

Photos Pentathlon : Claire Dall’Orso

Les Cahiers de l'Entraîneur - P. 25

ENTRETIEN avec :Jean-Pierre Guyomarch(1) : Entraîneur National Pentathlon Moderne MasculinAldo Canti : Rédacteur Insep

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

Dans ces conditions, l'avènement d'unchampion en pentathlon prend dutemps….

L'expérience compte pour une bonne partdans la réussite. C'est pour cette raison quela plupart des meilleurs pentathlètes appro-che la trentaine. En France, Joël Bouzou aété sacré Champion du Monde à 32 ans,Sébastien Deleigne à 30 et 31 ans ! La rai-son est simple : l'équitation, le tir et l'escri-me demandent beaucoup de maturité et

de lucidité pour atteindre le plus hautniveau alors qu'avec un entraînement bienindividualisé, il est tout à fait possible degarder son meilleur niveau en course et ennatation. En règle générale, il faut au mini-mum 10 ans avec 25 à 30 heures d'entraî-nement hebdomadaire pour atteindre lehaut niveau.

Toutefois, on assiste depuis quelquesannées à l'éclosion de jeunes athlètes per-formants dés leurs premières saisons chezles seniors. Cela s'explique en partie par lamise en place d'une détection de plus enplus précoce, surtout à l'étranger.

Une telle diversité de spécialités àgérer doit impliquer une programma-tion très fine. Quelle en est votreapproche ?

La programmation est pour moi une étapeessentielle dans le processus d'entraîne-ment. Cette programmation doit prendreen compte toutes les spécificités de la disci-pline, comme bien sur, le calendrier descompétitions, le profil et l'âge de chaqueathlète ou encore l'utilisation des installa-tions de l'INSEP comme le stand de tir, lapiscine et la salle d'armes que nous parta-geons avec les autres pôles de l'établisse-ment ainsi que celles de la Garde républi-caine où nous montons à cheval. La rigiditéde la programmation est donc une

contrainte que je dois contourner pour évi-ter la répétitivité des cycles de travail.L'organisation de stages collectifs et indivi-duels à l'extérieur de l'INSEP me permet delimiter les effets négatifs de cette routine :Saumur pour l'équitation, Font-Romeupour la course et la natation ou encoreReims pour l'escrime.

La difficulté pour moi est de programmer,pour chaque athlète, un entraînement indi-vidualisé en tenant compte de la grosse

hétérogénéité de mon groupe : par exem-ple, il y a 9 ans d'écart entre le plus jeunepentathlète et le plus âgé, 10 secondes ennatation entre le meilleur nageur et lemoins bon, des capacités de récupérationtotalement différentes entre un Policierdétaché et un étudiant en STAPS. De lamême manière, par leurs différents par-cours, certains pentathlètes peuvent sup-porter un entraînement assez rébarbatifquand, au contraire, d'autres ont constam-ment besoin de changements, d'innova-tions, voire de surprises.

Programmez-vous pendant l'année desépreuves tests ?

Je ne mets en place des épreuves tests àl'entraînement que dans l'épreuve du tir.C'est d'ailleurs suite au texte paru dans lepremier cahier de l'entraîneur et consacréau tir à l'arc, que j'ai pris contact avec l'en-traîneur Marc Dellenbach. Après avoiréchangé nos points de vue, j'ai mis en placeune épreuve-test hebdomadaire. L'objectifest de s'accoutumer à une situation destress et de banaliser les commandementsde compétition. Il est d'ailleurs à noterqu'entre ces tests et les vraies compétitions,les pentathlètes perdent 5 à 6 points…

Pour les autres disciplines, les deux ou troiscompétitions nationales nous servent sou-vent de tests.

En ce qui concerne les compétitions, nousessayons de les programmer à un moisd'intervalle. La saison s'étend de mars àjuillet et ce rythme nous permet de pro-grammer à la fois récupération et entraîne-ment.

Comment gérez-vous la récupération,dans un contexte de travail assez chargé ?

J'étais comme beaucoup d'entraîneursadepte du système qui consiste à proposertrois semaines de travail intense pour unesemaine plus facile dite de repos relatif.Finalement, j'ai abandonné cette solutionqui allait à l'encontre d'une approche indi-vidualisée de l'entraînement. Actuellement,les périodes de travail sont continues et cesont les réactions et les signaux de fatiguetransmis par les athlètes qui me permettentde réduire ou d'augmenter la charge detravail.

Un entraînement peut être adapté voir annulési je considère que toutes les conditions nesont pas requises pour atteindre l'objectif de laséance. Les athlètes savent également qu'ilspeuvent couper trois ou quatre jours avec lepôle quand la fatigue est trop importante. Cefonctionnement est basé sur une relation deconfiance avec les athlètes qui deviennent plusactifs et plus responsables dans l'élaborationdu processus d'entraînement.

Les Cahiers de l'Entraîneur - P. 27

Les cinq spécialités du pentathlon sont-elles régulièrement travaillées, ou pri-vilégiez-vous des temps forts pour entravailler certaines plus particulière-ment ?

Je pense qu'il y a plusieurs chemins pouratteindre le plus haut niveau. Différentesorganisations sont possibles et noussommes sans cesse dans la réflexion pourproposer un système efficient. Aujourd'hui,je fonctionne souvent par "blocs" quicorrespondent à des périodes de plus oumoins une semaine consacrées essentielle-ment au développement d'une discipline.

On délaisse alors pratiquement les autresspécialités et cela permet de travailler enétant reposé et concentré. Ce travail ciblépermet d'aller plus au fond des choses, demieux appréhender la spécialité concernéeet souvent de déclencher des paliers deprogression, qui sont plus aléatoires avecdes séances espacées.

Le danger n'est-il pas de perdre sesacquis si on ne pratique pas une spé-cialité pendant un temps ?

Paradoxalement, avec l'expérience, j'ai sou-vent constaté que ne plus pratiquer uneépreuve pendant un laps de temps pouvaits'avérer bénéfique. Que ce soit en tir, enescrime ou en équitation, pour espérer pro-gresser, le pentathlète doit avoir envie de

s'entraîner, il doit être frais mentalement.Après une interruption de quelques jours,la capacité de concentration et d'attentionest souvent bien meilleure et le travailbeaucoup plus rentable.

Ce fonctionnement permet également derenforcer les transferts entre certainesspécialités comme, par exemple, au niveauénergétique entre la course et la natation,au niveau physique entre la course etl'escrime ou encore, au niveau mental entrele tir et l'escrime.

Faites-vous appel à des entraîneursspécialistes ?

Nous travaillons régulièrement avec desentraîneurs de spécialités qui nous appor-tent leur expertise.

Par contre, je tiens à garder la main surl'entraînement, avec une approche globalede l'activité. Le pentathlon est un sport àpart entière et non l'addition de cinq spé-cialités sportives. De plus, chaque épreuvecomporte une particularité pas toujours évi-dente à prendre en compte pour le spécia-liste. Par exemple, le stress des pentathlè-tes, lors de l'épreuve du tir, où le tempspour tirer chaque plomb est limité à 40secondes, n'est pas toujours comprise parles tireurs. L'épreuve d'escrime disputée surune seule touche et en une seule minute

demande également une approche trèsspécifique de la discipline. L'œil du spécia-liste nous est indispensable, mais ne s'ap-puyer que sur eux, en ignorant la spécifici-té complexe du pentathlon, serait uneerreur.En compétition, il existe de nombreusesinteractions entre les cinq disciplines. Parexemple, seul un entraîneur de pentathlonpourra prendre en compte l'influence posi-tive ou négative que peut avoir le résultatd'une épreuve sur la suivante.

Dans l'élaboration des séances, êtes-vous attentif à l'enchaînement des dif-férentes spécialités ?

Nous sommes impliqués dans cinq spéciali-tés très différentes sur beaucoup d'aspects,et la gestion de leur agencement dans l'en-traînement est effectivement complexe. Lepassage de l'une à l'autre, ce que l'onappelle les enchaînements, ne va pas desoi. Les effets d'une séquence d'entraîne-ment laissent des séquelles sur la suivante,il faut donc essayer de les combiner, quandon en a la possibilité (contraintes matériel-les). C'est bien le cœur de notre discipline :les cinq épreuves sont combinées entreelles, et c'est dans ce cadre que la perform-ance se déroule en compétition. Maiscontrairement au triathlon, les enchaîne-ments ne sont pas primordiaux au pentath-lon puisque les athlètes disposent d'au

moins 45 minutes entre chaque épreuvepour se changer et récupérer. C'est pour-quoi aujourd'hui, j'ai tendance à privilégierla qualité d'une séance sans tenir comptede l'ordre de la compétition. L'escrime estainsi pratiquée l'après midi ou le soir pourbénéficier des séances avec les escrimeurs,soit à l'INSEP, soit en club.

J'évite également les séances de courseaprès celle d'équitation pour ne pasimposer aux athlètes un antagonismemusculaire sujet aux blessures.

Par contre, le tir qui nécessite stabilité,rigueur et attention est de façon généraleprogrammé le matin en première épreuve,comme en compétition. Les conditionsd'entraînement doivent être facilitantesafin de préserver la qualité du travaileffectué lors des phases d'entraînement,même si nous savons très bien que lors descompétitions, les épreuves s'enchaînent.

Qu'entendez-vous par qualité de séance ?

Pour moi, une séance est qualitative si elleapporte une plus value en terme deperformance. Pour cela, l'athlète doit biencomprendre l'objectif de cette séance pours'en approprier le contenu. Comme beau-coup d'entraîneurs, je ne peux plusaugmenter la charge de travail au niveauquantitatif de façon raisonnable. Le temps

passé sur le terrain doit donc être optimisépar la qualité du travail effectué.

Le manque de temps nous oblige à aller àl'essentiel de la spécialité, à sa logiqueinterne. Par exemple, en natation, la nagecomplète est privilégiée au détriment desjambes ou des bras. L'intensité de chaquesérie est individualisée avec toujours uneexigence particulière sur l'efficacité dugeste. En tir, le pentathlète doit construireun geste simple et fiable adapté à lacontrainte de temps que notre règlementnous impose. Mais dans ce cas, simpliciténe veut pas dire facilité, bien au contraire.C'est parce que le geste est "épuré" que jepeux demander lors de chaque séance unniveau d'exigence supérieur dans sa réalisa-tion et sa reproductivité. Enfin, en équita-tion, 80% du travail est réalisé sur les obs-tacles. Le travail sur le plat est délaissé,encore une fois par manque du temps etdoit donc être compensé par un apprentis-sage plus spécifique.

Faut-il pour autant favoriser les pointsfaibles aux dépends des points forts ?

Certainement pas. Il faut rester très perfor-mant dans ses points forts. La meilleurefaçon de faire face à l'incertitude du pen-tathlon est de se savoir performant dansses points forts pour aborder ses pointsfaibles avec le moins de pression possible.Lorsque nous sommes loin des échéances,nous avons tendance à travailler davantagenos points faibles.

Le temps nous permet de mettre en placedes stratégies de progrès à long terme. Aucontraire, l'approche de l'échéance nousamène à nous concentrer sur les pointsforts.

Cela permet au pentathlète d'aborder lacompétition avec plus de confiance. Defaçon générale, chaque athlète garde toutau long de sa carrière le même profil et

l'objectif de l'entraînement est de renforcerles points forts et de limiter les dégâts surles points faibles.

De toute façon, aujourd'hui chez lesgarçons, un pentathlète de haut niveau nepeut plus avoir un point faible s'il veutespérer être performant.

N'est-ce pas parfois difficile à vivre dene pas aller au bout d'une spécialité,comme peut le faire un vrai spécialiste ?

C'est vrai que les pentathlète ont parfois uncertain sentiment de frustration. A l'INSEP,nous côtoyons des spécialistes de hautniveau en natation, en tir ou en escrime. Encomparant les performances il est alorspossible de développer un complexe vis-à-vis de ces champions de spécialités.

C'est pourquoi il est essentiel pour nous degarder en tête la spécificité et l'originalitéde notre sport. Le défi du pentathlète estde trouver toutes les combinaisons possi-bles entre cinq disciplines totalement diffé-rentes pour pouvoir présenter plusieursassemblages performants le jour de la com-pétition.

Le temps que nous n'avons pas pour nousconcentrer sur une discipline doit toujoursêtre compensé par un travail très qualitatif.

Cela demande à chaque pentathlète uneanalyse fine de sa pratique pour ne pasrefaire plusieurs fois les mêmes erreurs.

V 1 L J J 1 D M V 1 D M SS 2 M V V 2 L M S 2 L J DD 3 M S S 3 M J D 3 M V LL 4 J D D 4 M V L 4 M S MM 5 V L L 5 J S M 5 J D MM 6 S M M 6 V D M 6 V L JJ 7 D M M 7 S L J 7 S M VV 8 L J J 8 D M V 8 D M SS 9 M V V 9 L M S 9 L J DD 10 M S S 10 M J D 10 M V LL 11 J D D 11 M V L 11 M S MM 12 V L L 12 J S M 12 J D MM 13 S M M 13 V D M 13 V L JJ 14 D M M 14 S L J 14 S M VV 15 L J J 15 D M V 15 D M SS 1 6 M V V 16 L M S 1 6 L J DD 17 M S S 17 M J D 17 M V LL 18 J D D 18 M V L 18 M S MM 19 V L L 19 J S M 19 J D MM 20 S M M 20 V D M 20 V L JJ 21 D M M 21 S L J 21 S M VV 22 L J J 22 D M V 22 D M SS 2 3 M V V 23 L M S 2 3 L J DD 24 M S S 24 M J D 24 M V LL 25 J D D 25 M V L 25 M S MM 26 V L L 26 J S M 26 J D MM 27 S M M 27 V D M 27 V L JJ 28 D M M 28 S L J 28 S M VV 29 L J 29 D FS M V 29 D M SS 3 0 M V 30 L M S 30 L J DD 31 M S 31 J 31 M V

mars-03

Finale WC

WC1

7,9 et 11

25 et 27

12 et 14

mai-05 juin-06 juil-07 août 08janv-01 fév-02dec-12 avr-04 sept-09

17/19/21

24 et 26

11 et 13

PRAGUE

WC2

Compétitions internationales

Compétitions nationales

StagesCoupes du monde

Repos

F.

ROMEU

SAUMUR

Championnats Europes et Mondes

SEOUL

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

PROGRAMME PREVISIONNEL SAISON SENIOR 2007

ENTRETIEN : PENTATHLON MODERNE

LUNDI MARDI MERCREDI JEUDI VENDREDI SAMEDI DIMANCHECyril VIALA Semaine du 05 février 2007

TIR

NATATION 3KMS Z1NATATION 3KMS Z1 COURSE 45' FOOTING NATATION 3KMS Z1NATATION 3KMS Z1 NATATION 7 KMS COURSE 45' FOOTINGFOOTING / 20x30"30"

ESCRIME 1H30PPG + Fondamentaux

ESCRIME CLUB 2HAssauts libres

ESCRIME INSEP 2HAssauts libres

ESCRIME INSEP 2HAvec les escrimeurs

LECONS 45'INDIVIDUELLES

ESCRIME

LECONS 45'INDIVIDUELLES

ESCRIME

COMPETITION

ESCRIME

Quelle est la situation actuelle del'équipe de France masculine depentathlon, en vue notamment desJeux de Pékin ?

Toute une génération a arrêté en 2000après les Jeux de Sydney et il a fallu recons-truire un effectif. Aujourd'hui, cinq athlètesvont tenter de décrocher les deux placespossibles pour les Jeux de Pékin. Les résul-tats enregistrés depuis trois ans (PLA, 3èmeaux championnats d'Europe 2004, ASTIER,4ème aux championnats d'Europe 2004 ,VIALA, 4ème aux championnats d'Europe2006, ZAKRZEWSKI, 5ème de la finale de laCoupe du Monde 2006 et BERROU, 5èmeet 4ème aux deux dernières Coupe duMonde 2007, avec également une 4èmeplace par équipe aux derniers champion-nats du Monde), nous permettent de rede-venir ambitieux avec pourquoi pas la pre-mière médaille Olympique individuelle del'histoire du pentathlon moderne Français.

(1) Jean-Pierre Guyomarch

Il intègre l'INSEP en septembre 1983. Entraîneur de l'équipe masculine depuis 2000,

après avoir été 3 ans l'entraîneur adjoint.Trois fois Champion de France, il participe à deuxchampionnats du Monde et il est remplaçant aux

Jeux Olympiques de Séoul en 1988. Durant sa carrière, il côtoie une très belle

génération de pentathlètes français commeJoël Bouzou, Sébastien Deleigne, tous deux

Champions du Monde, ou encoreChristophe Ruer, vice-Champion du Monde.

matin Après-midi

LUNDILEÇON 45’ Individuelle ESCRIME

NATATION 3 KM

ESCRIMEASSAUTS

LIBRES

MARDICOURSEFOOTING

45’

ESCRIME CLUB

2H

MER.

ESCRIME 1H30

PPG + Fondamentaux

NATATION 3 KM

JEUDI FOOTING20x30"30"

ESCRIME INSEP 2H Avec les

escrimeurs

VEND.NATATION

7 KMS

LEÇON 45 ' Individuelle ESCRIME

SAM. TIRCOURSE

45' FOOTING

DIM. COMPETITION ESCRIME

Les Cahiers de l'Entraîneur - P. 29

Exemple de bloc semaine escrime

La technique gestuelle du pongiste, àlaquelle on peut associer un champ de pos-sibles tactiques, s'est considérablementmodifiée au cours du temps et a conduit àune accélération spectaculaire des échan-ges. Ceci s'explique pour deux principalesraisons : un affinement des règles du jeu etl'apparition de nouveaux matériaux- notamment des revêtements collés sur lebois de la raquette "backsides" à coeffi-cient de frottement important.

Pour comprendre ce fossé qui sépa-re les débuts du tennis de table auhaut niveau d'aujourd'hui, il a sem-blé intéressant d'examiner la maniè-re dont le "technicien" appréhendel'intérêt tactique du service : simpleengagement, orientation du jeu ouvéritable arme tactique de pointe ?

Raymond Verger publie en 1932 un ouvra-ge "Ping-Pong. Théorie et tactique". Paruchez Grasset, ce livre présente en quelqueschapitres les divers compartiments du jeuau tout début des années 30, tant sur leplan des techniques que des aspects tac-tiques. C'est le premier ouvrage français surcette activité. Son but était semble-t-il, dedonner quelques clés de lecture aux jeunesjoueurs de sa génération, afin qu'ils puis-sent atteindre le très haut niveau et concur-rencer les pongistes des nations dominan-tes d'alors telle la Hongrie. Nous avons

soumis quelques pages de l'ouvrage àJacques Mommessin, entraîneur nationalde tennis de table en fonction à l'INSEP.

AUTOUR DE 1932…

Peu de temps après la création de la FFTT,en 1927, un élan d'indépendance se mani-feste. Encore sous le joug de la FF Tennis,de nombreux pongistes souhaitent devenirautonomes et s'engagent dans une campa-gne de promotion, "certes encore bien

timide", mais affirmée. Ils entreprennentnotamment l'écriture d'un nouveau règle-ment du tennis de table dont l'objectif estde préciser ce qui le différencie du tennis.Verger, joueur au Ping-pong club de Paris(premier club officiel) et membre actif de laFédération, est l'un de ceux-là. Jean Fayard,lui aussi fervent praticien, publie un texteélogieux sur le tennis de table en premièrepage de L'Auto du 20 août 1931, intitulé"Les joies du ping-pong". C'est dans cetesprit que Verger présente son ouvrage etcollabore activement à la mise au point de

la première revue spécialisée "Ping-Pong"dès décembre 1932. Si son lancement sem-ble a priori "une entreprise insensée", iln'en demeure pas moins un acte fort etsymbolique. Il faut dire qu'il existait jus-qu'alors une revue bimensuelle "officielle"conjointe aux deux sports, nommée "Revuedu Tennis et du ping-pong". Au même titrequ'Henri Desgrange avait créé avec l'Auto leTour de France en 1903, Verger et Bourquindécidèrent d'organiser avec le soutien de larevue une "croisade du ping-pong".

Le 5 mars 1933 est annoncée la miseen place d'une tournée nationale,près de trois mille kilomètres, dont lebut est de faire connaître l'activitépar-delà les grandes villes.

Des matchs d'exhibition sont alorsorganisés avec les meilleurs joueurs

qui brillent en France, dont les deuxHongrois Victor Barna et Laszlo Bellak. Aucœur de cette effervescence, on peutdavantage comprendre l'ouvrage. Notreintérêt se centrera sur l'analyse qui est pro-duite sur le "service", parce qu'il est révéla-teur du grain d'observation de Verger.

ENTRE LE MATÉRIEL ET LESRÈGLES

"Le service peut être varié à l'infini" écritVerger en guise d'introduction à ce coup

"J'AI DÉJÀ DIT QUE LE SERVICE NE DEVRAIT ÊTREQU'UNE BONNE MISE EN JEU.

C'EST TOUTEFOIS UN AVANTAGE DE SERVIR. CELAVOUS DONNE LE COMMANDEMENT ET VOUS

PERMET D'ORIENTER L'ÉCHANGE À VOTRE GRÉ."

Tennis de table :Tennis de table :

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

LeLe SERVICESERVICEen questionen question

TENNIS DE TABLE : LE SERVICE EN QUESTION

particulier. Si la recherche de trajectoiresmultiples et variées se retrouve bien évi-demment dans le haut niveau aujourd'hui,les paramètres favorisant ou, au contraire,réduisant le nombre des possibles diffèrentfondamentalement, induisant une transfor-mation du geste. La comparaison entre lesplanches photographiques (voir planchescomparatives) de Bellak et celles desjoueurs d'aujourd'hui font apparaître denettes différences : un lancer de balle réali-sé sur un plan différent (passage de l'hori-zontal au vertical), une position par rapportà la table désaxée (passage du centre aupivot) ou encore une contribution desmembres corporels différente (passaged'une quasi absence de l'utilisation desmembres inférieurs à l'exception d'unelégère rotation du buste à une exploitationcomplète du corps). Mommessin expliqueces différences notables par deux argu-ments forts.

Le premier relève de l'évolution du maté-riel. Comme il ne peut pas imprimer beau-coup d'effet à la balle, puisque les raquet-tes étaient constituées de bois en liègedont les "deux faces sont recouvertes decaoutchouc strié de picots", Bellak la frap-pe horizontalement de façon à lui donnerune trajectoire tendue et rapide.Aujourd'hui, la majorité des joueurs utili-sent des revêtements "backside" qui leur

permettent de produire et de varier deseffets au niveau des services. L'utilisationde la colle rapide, qui va se banaliser àpartir du milieu des années 80, va offrir lapossibilité aux joueurs de donner encoreplus de vitesse à leurs services. Toutefois,dans les années 30, on avait déjà comprisl'intérêt des effets puisque Verger parle deservice rapide en "balle roulée" et d'"effetnettement lifté". Notons à ce propos qu'ilexistait des techniques extrêmementavancées telles que le twist finger service,

sur laquelle Mommessin a porté son atten-tion avec un sourire admiratif et teintéd'une pointe de nostalgie. Il s'agit d'unservice qui consiste à frotter la balle pardeux fois, une fois au moment du lancer (laballe tenue entre le pouce et l'index) et uneseconde avec la raquette. Les Anglais Perryet Haydon étaient passés maîtres dans l'artde cette technique qui bien que "compli-quée", n'était pas "impraticable".

Le second est lié à la réglementation duservice. Le règlement était encore souplepuisque les seules contraintes étaient defrapper au-dessus de la surface de la tableen restant dans les limites d'une ligneimaginaire, qui prolonge chaque côté de latable. Du fait que le joueur ne soit pas dansl'obligation de jeter la balle verticalement,d'après le règlement alors en vigueur, il vas'aider de l'inertie du jet en la lançant verssa raquette.

A l'heure actuelle, en revanche, le serviceconstitue l'aspect du jeu le plus codifié.Outre que les joueurs doivent lancer la balleverticalement à une hauteur minimum de16 centimètres avant de réaliser leur serv-ice, l'ITTF a imposé aux joueurs de ne pluscacher la balle avec leur bras pendant sonexécution. Cela peut paraître une modifica-tion banale, ou un simple ajustement àmettre en place pour les joueurs, mais en

omme nous le signalions lors du N°1d'automne 2005 des Cahiers de l'Entraîneur, lestechniques d'entraînement se sont développéesau fil du temps, avec les expériences successivesdes entraîneurs et les performances des sportifs.

Bien peu d'entraîneurs ont pris le soin deconsigner leur travail, mais nous maintenonsnotre désir d'effectuer un retour en arrière danscette partie "historique" des Cahiers del'entraîneur, pour rendre hommage aux entraî-neurs qui, par leur travail, ont contribué àbâtir les techniques de l'entraînement.La transmission des connaissances pratiquesnous paraît fondamentale, pour ne pas avoirà réinventer sans cesse ce que d'autres avantnous avaient déjà envisagé.Si chaque sport préserve avec le temps salogique propre, on constate que les techniques

et tactiques employées par les sportifs n'ontcessé de se peaufiner, de se préciser en un peuplus d'un siècle.

Fruit de l'évolution du matériel comme de celledes règlements sportifs, cette transformationprogressive des savoir-faire sportifs émane despratiquants eux-mêmes. Revenir un instant surcette genèse des gestes sportifs permet d'évaluerles progrès réalisés. L'analyse historiquesouligne ainsi combien la performance naîtde la créativité incessante des athlètes et deleur entourage.

L'ouvrage de Raymond Verger, Ping Pong,théorie et tactique (1932) est l'une de ces tracesque le passé nous a léguée, l'une de ces œuvresqui fonde la culture sportive.

C

Thomas Bauer et Doriane Gomet : Rédacteurs INSEP

Les Cahiers de l'Entraîneur - P. 31

Le service de Bellak, Finale des Chamionnatsdu Monde à Berlin en 1930

Comparatif des services

1930

Le joueur est positionné dansl’axe central de la table.

Le joueur ne regarde pas la balle !

Le lancer de ballese fait à l’horizontale.

Légère rotation des épauleset du tronc (par rapport àla première diapositive).

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

TENNIS DE TABLE : LE SERVICE EN QUESTIONTENNIS DE TABLE : LE SERVICE EN QUESTION

La joueuse est décalée del’axe central de la table,en position de pivot.

Le lancer de ballese fait à la verticale.

La joueuse ne quittepas la balle des yeux.

Le bras se retire sur le côtépour ne pas cacher le serviceau moment du contact balle-raquette(contrainte réglementaire).

La joueuse se repositionneface à la table, prête àintervenir sur le retouradverse.

Le service de Carole GrundischPréparation aux Championnats d’Europe à Belgrade (Insep)

Les Cahiers de l'Entraîneur - P. 33

2007

réalité cette décision transforme énormé-ment la gestuelle. Ainsi, puisqu'ils doiventplacer leur bras inactif le long de leur corps,les joueurs doivent trouver un nouveaupoint d'équilibre, d'aucuns optant désor-mais pour des services du revers pourcontourner la règle car dans ce cas le brasne gêne pas la visibilité de l'adversaire.

En tout état de cause, le règlement commela qualité du matériel ont engendré la pro-duction de services où le poignet est consi-dérablement sollicité, les jambes désormaisplus actives (souples et toniques) pouramortir le choc au moment du contactentre la balle et la raquette, et le corps plusmobile car avant même que son adversairen'ait touché la balle et évalué l'effet misdans le service, le joueur est déjà replacé en"position d'attente". C'est-à-dire qu'il estdéjà disposé à intervenir sur la troisièmeballe (après le retour de service).

Cela dit l'influence tennistique encore pré-gnante dans ces années 30 explique sansdoute certains comportements comme leplacement du joueur au milieu de tableavec une utilisation à proportion égale ducoup droit et du revers - ce qui n'est plustout à fait le cas aujourd'hui.

UN DISCOURS AMBIGU

Les quelques pages que Verger consacre auservice sont en 1932 d'une richesse incom-mensurable pour le pongiste néophyte.Elles révèlent cependant dans l'écriturecomme dans les idées défendues, des para-doxes que l'auteur ne semble pas parvenirà résoudre.

Par exemple, alors qu'il avoue déconseiller"très vivement les services trop compliqués,aux effets exagérés" car selon lui celaamène le joueur à perdre souvent trop depoints, les descriptions qu'il propose s'ins-crivent dans une haute technicité.

De la même manière, alors qu'il évoquedans certains paragraphes le servicecomme une simple mise en jeu n'impli-quant aucune prise de risque, il défendparadoxalement l'idée d' "orienter l'échan-ge", de donner "la direction de l'échange",ou plus généralement de construire sonpoint à partir du service.

Ce discours ambigu à mi-chemin entrecontinuité et rupture, entre service d'enga-gement et arme de pointe, met en éviden-ce les difficultés non résolues auxquelles ilest confronté et qui traduisent inévitable-ment la complexité du service.

Mommessin a lui aussi relevé ce paradoxe.Il faut préciser qu'à l'époque (depuis janvier1931), les règles du jeu instauraient le sys-tème de comptage en 21 points avec 5services chacun, imposaient le service endouble rebond et fixaient la hauteur du filetà 17,5 cm (contrairement à aujourd'hui :set de 11 points, 2 services chacun et hau-teur du filet à 15,25 cm).

Si l'on ajoute à cela le port de tenues vesti-mentaires peu confortables et l'utilisationde raquettes à picots, on comprend mieuxle sens mesuré de son discours : le jeu était

plutôt "régulier" avec beaucoup de pous-settes, quelques lifts et attaques en drive .Les parties pouvaient durer longtemps,voire très longtemps, puisque la durée dumatch la plus longue fut enregistrée lors dela rencontre en huitième de finale desChampionnats du Monde à Prague, en1936, qui opposait un Français à unHongrois : 7h30 de match ! Les arbitresdécidèrent d'arrêter la rencontre et dedépartager les deux joueurs au tirage ausort. Le Français fut malheureusementdéclaré perdant.

CONCEPTUALISERL'ENTRAÎNEMENT

Il y a une justesse dans les positions deVerger, car c'était un joueur qui réfléchissait"à son ping", même s'il est critiquable surcertains points. Le discours faisait déjàapparaître la mise en place de schémas tac-tiques, certes relativement basiques, maiscohérents, réalisés en vue soit d'optimiserses points forts, soit d'exploiter les faibles-ses de son adversaire.

Mommessin pense que cet ouvrage pour-rait être instructif pour les jeunes pongistes,le développement de l'autonomie passeselon lui par une connaissance plus appro-fondie de la discipline.

Certains extraits seraient intéressants à leurfaire découvrir non seulement pour mieuxs'imprégner de la culture pongiste (car cer-tains pensent révolutionner le jeu), maisaussi sur le plan psychologique parce qu'ilénonce des vérités atemporelles.

Sa perception de la logique de l'activité estjuste, basée sur l'attaque-défense dans unemême frappe, le duel dès le service, etc.Jacques Mommessin insiste entre autres surcette première phrase du chapitre : "Ce quidonne à mon sentiment, un caractère pas-sionnant au ping-pong, c'est la lutte". Il ditvrai !

Bien sûr on relèvera le caractère désuet del'ouvrage : non seulement dans l'explica-tion des réalisations techniques qui se sontbien évidemment métamorphosées, maisaussi dans l'absence du concept de "ventrepongiste", autrement appelé le "coude". Ils'agit du point faible du pongiste, l'endroitoù en prise orthodoxe (classique) il est par-fois amené à hésiter à jouer en coup droitou en revers.

A l'époque, ce compartiment du jeu n'étaitpas abordé, du fait probablement d'unevitesse de jeu beaucoup moins rapidequ'aujourd'hui.

Plus qu'un discours d'entraîneur quiconceptualise sa pratique, les propos deVerger sont ceux d'un joueur qui offre sesconseils parce qu'il a réussi sportivement.

Néanmoins, ils donnent un aperçu sur lanature de l'entraînement qui était pratiquéà l'époque où le service était travaillécomme une mise en jeu personnalisée. Al'heure actuelle, il est un élémentincontournable à la base d'un très grandnombre d'exercices.

Raymond Verger

Les Cahiers de l'Entraîneur - N°3 - ÉTÉ 2007

Les Cahiers de l'Entraîneur - P. 35

TENNIS DE TABLE : LE SERVICE EN QUESTION

N° 1 - AUTOMNE 2005

DossierLa gestion de la prise de risque en plongeon.Gilles Emptoz-Lacote, Gilbert Avanzini

DossierLa gestion des fluctuations attentionnelles en tir à l’arc.Marc Dellenbach, Gilbert Avanzini

DossierL’entraînement à la créativité :l’improvisation en natation synchronisée.Anne Capron

EntretienAthlétisme : La qualité sans modération,la quantité avec discernement.Fernand Urtebise, Aldo Canti

HistoireLe 400 mètres haies vu par Joseph Maigrot.Bulletin de l’INS 1949

N° 2 - AUTOMNE 2006

DossierLa tactique en judo.Patrick Rosso, Stéphane Frémont, Gilbert Avanzini

DossierLa confiance en gymnastique.Yves Kieffer, Aude Villemain, Gilbert Avanzini

Entretienla polyspécialité en athlétisme.Renaud Longuevre, Aldo Canti, Gilbert Avanzini

Histoireles secrets du crawl.Thomas Bauer, Doriane Gomet

SOMMAIRESDES CAHIERS DE L’ENTRAÎNEUR

N° 1 ET 2

Numéros disponibles sur demande à l’INSEP

www.savoir-sport.orgL'information sportive au service des entraîneurs francophones

Accés Libre

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Une revue des Techniques de l'entraînement rédigée par les entraîneurs, à destination des entraîneurs.

Techniques de l'entraînement ?

Les Cahiers de l'Entraîneur visent la diffusion de connaissances centrées surl'entraînement sportif lorsqu'il appréhende le haut niveau.Quels que soient le sujet ou la thématique abordés, l'article doit toujours avoir unancrage réel lié à une pratique (réflexion issue de la pratique, ou organisant lapratique, bilan argumenté de programmes d'entraînement, thématique d'entraîne-ment, analyse critique de pratique, stratégie de préparation à la compétition,technique d'aide à la performance, accompagnement d'athlète à la compétition…)

Rédigée par les entraîneurs ?

Les entraîneurs, notamment lorsqu'ils sont engagés dans le haut niveau, disposentde peu de temps pour mener une réflexion sur ce qu'il mettent en œuvre lors del'entraînement. Leur compétence est liée à la performance, ce ne sont pasforcément des rédacteurs. C'est pour cela que les articles des "Cahiers del'Entraîneur" sont souvent co-rédigés ; on associe un rédacteur à l'entraîneur. Le rédacteur n'est pas simplement un scribe, sa mission consiste à faire émerger desconnaissances pratiques. Il s'agit d'aider l'entraîneur de référence à ordonner sessavoirs-faire ou ses connaissances sur une thématique qui est au cœur de sontravail et éventuellement à étoffer sa position par des apports qui étayent sapratique (et pas l'inverse).

A destination des entraîneurs ?

Chaque numéro des "Cahiers de l'entraîneur" entend regrouper des articlesdétaillés, variés et présentés de manière mutuellement intelligible par des collèguesde disciplines différentes. Bien entendu un effort d'ouverture doit être entreprisd'une part pour être compris par des non spécialistes, d'autre part pour susciter leurintérêt -éventuellement envisager des applications - dans leur propre champ de réfé-rence.

Comment procéder ?

Entraîneurs et/ou rédacteurs (un entraîneur doit impérativement être associé)peuvent envoyer un résumé de leur article, sur une page comprenant :

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