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LES CAHIERS DE L'HISTOIRE BULLETIN DE L'ASSOCIATION DES AMIS DU CENTRE HOSPITALIER INTERDE PARTE,ME NTAL DE CLE,RMONT. N"L JANVIER 1997

LES CAHIERS L'HISTOIRE

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Page 1: LES CAHIERS L'HISTOIRE

LES CAHIERS DE L'HISTOIRE

BULLETIN DE L'ASSOCIATION DES AMIS DU CENTRE HOSPITALIERINTERDE PARTE,ME NTAL DE CLE,RMONT.

N"LJANVIER 1997

Page 2: LES CAHIERS L'HISTOIRE

SOMMAIRE

FditoP r é s e ntatio n de l'Ass oc intio n

Remerciementsà Alain Segret

CrÉation d'un lieu Musée Médiapar Alain Segret

De la psychiatriepar Henri Theillou

Arthérapie

Pésentation du C.A.

Abonnement et distribution

11

t2

t2

EDITORIAL

e bulletin est l'un des moyens aux-quels rntre Association des Arnis duCentre Hospitalier Interdéparte-

tnental de Clermont se propose d'avoir recours pourfaire connaîte son activité et pour recueillir les opi-nions de tous ceuJc qui s'intéressent à la psychiatrieen général et à notre êtablissement en particulier.

Note association se veut à Iafois, un lieu derencontre et un cente d'information pour toutes lesactivités socio professionnelles du C.H.I... Etudes,colloques, expositions et travaux, de recherche àcaractère historique et pédagogique constituent lesmoyens essentiels de connaltre Ie passé de I'établis-sement et de suiyre son évolution. Toutefois, ttous nevoulons pas rassembler seulement des idées et deshommes, mais aussi les objets car ceux-ci pennettentsouvent mieux que des écrits de faire revivre lepassé. Dans ce but, nous avons déjà élaboré unpro-jet de musée qui sera le lieu privilégié des rapportsentre le public et les acteurs intralwspitaliers atrssibien que le lien ente le passé historique et I'ecatali-té vivante.

L'appellation que nous avons donnée à notre,association contient un élément affecrtf auquel rcusatnchotx une grande importance. Nous désirofts, eneffet, agir sarx arnbition personnelle, et satts à prio-ri politique et philosophique, mais guidés po le seulintérêt que nous portons à cet établissement atquelnous sommes les uns et les autres tès attachês alorsqu'il est appelé à connnltre de profondes modifua-tions dans une përiode où, comne je Ie précise parailleurs, la Psychiatrie est en pleine évolution.

Le Présidat.

'&t ?ot/tzrt /u /%?tora "

Directeur de la Publication M. Henri THEILLOU

Rédacæur enChef M. Jean François pOpIELSKI

Comité de Rédaction : Mmes BONNAUD, DUPERRAY, NEUMANN OBRY,MM. BELIA}.IGER, BOURACHOT, DEFOSSE, DURBIN, IIESSE, WALRAND.

Périodicité : Semestriel

conception et réalisation : Imprimerie du s.I.o - clermont 60600

Page 3: LES CAHIERS L'HISTOIRE

REMERCIEMENTS

u .moment où cette associationprend vraiment son essor, je neveux pas manquer de rendre hom-

mage à Monsieur Alain Segret et le remerciertrès chaleureusement pour le travail considé-rable qu'il a accompli afin que ce projet devien-ne une réalité.

Alain Segret, Attaché de direction chargé de laPlanification au Centre Hospitalier Interdépar-temental , est, à ce titre et sous I'autorité du directeurM. Gérard Dahuron, le leadership de toutes les trans-formations intervenant dans I'organisation et le fonc-tonnement de tous les services. C'est ainsi que nousavons pu apprécier à sa juste valeur la richesse de sapensée et la rigueur de son raisonnement à I'occasiondes travaux conduisant à la présentation du projetd'Etablissement. Nous ne sommes donc pas surprispar la quantité et la qualité des documents qu'il nousa transmis.

Je tiens, en particulier, à souligner l'activitéqu'il a déployée pour la création d'un musée. Aprèsune étude approfondie, il a non seulement perçu clai-rement I'organisation et le fonctionnement de cemusée, mais encore il s'est déjà employé à réunir desobjets et du matériel qui illustrent bien certainsaspects médicaux ou d'hygiène de l'activité hospita-lière durant des époques souvent éprouvantes, par-fois amusantes mais toujours pleines d'enseigne-ment.

Aussi est-ce avec gratitude que nous publions,dans ce bulletin, le texte rédigé par Alain Segret quitraduit parfaitement tout f intérêt de cette opération.

HeTviTHEILLOU

"d)âk/,àdsnaàa",,,

CREATION D'UN LIEU MUSEE MEDIA

u sgin d'un dispositif général de pro-motion de son image de marque, leC.H.I. entreprend la création d'un

Musée Média. Ce projet veut tirer toute son origina-lité de son intégration au Projet d'Etablissement.

Lieu porteur de sens et de contenu authen-tique: ce Musée Média implique l'élargissement duchamp d'action traditionnellement exploité d'oùf idée d'inclure, d'ores et déjà, recherches, travaux debilan et perspectives effectués dans le cadre du Projetd'Etablissement.

Ainsi aujourd'hui, s'il s'avère urgent de conti-nuer à rassembler écrits, objets et outils devenusobsolètes, autant d'instruments qui ont fait toute laconstruction progressive de notre identté.

L'association et son Musée Média se propo-sent comme plate forme centrale à la fois d'informa-tion, de communication et de rencontre pour I'en-semble des activités socioculturelles de l'établisse-ment. Pour autant, ils s'adressent aussi bien à unpublic extérieur qu'à l'ensemble des acteurs de l'acti-vité intrahospitalière de Clermont.

Partenariat et collaboration peuvent être misen æuvre à divers niveaux : Etat, Région, Départe-ment, Commune... Pour intégrer la valorisation dupatrimoine à la vie et au Projet d'Etablissement, lesmoyens d'aujourd'hui ne manquent pas : expositions,recherches, actions ciblées. I'utilisation de matérielsinformatiques et vidéo est bien sûr nécessaire à desmodes de présentation dynamique.

Archives et documents d'actualité sont àmême d'être exploités et sont à organiser afin d'opti-miser les ressources de I'Etablissement en ce domai-ne.

La participation d'un maximum de personnesne peut qu'enrichir le projet pour participer à la réa-lisation d'un objectif général qui se définit sur troisaxes :

. Etude et recherche à caractère historique etpédagogique

. Animation et gestion d'activités muséogra-phiques

. Gestion drinitiatives socioculturelles

AlainSEGRET

N.B. :

Si vous possédez des objets anciens ayaîtétéutilisés dans I'hôpital autrefois, pensez auMusée qui manque de matériel.Porte du Couvett de la Garde (La Newille-en-Hez)

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DE LA PSYCHIATRIE

.endant fort longtemps, on a considé-ré que les malades atteints d'affec-tions mentales étaient sous le coup

d'une action sumaturelle. Au Moyen-Age, ces étatséaient considérés comme liés à la sorcellerie, à I'en-vottement ou à la dépendance des démons.L'assimilation du fou à l'hér€tique et au sorcier per-sistera jusqu'au XVIème siècle. En 1662, un éditéænd à ûout le royaume la mesure d'enfermement desgens incapables de vivre en société qui avait déjà étéprise pour quelques établissements parisiens. Touteune population bariolée se trouve tout d'un couprecluse dans des asiles qui devront devenir, après unsiècle ou deux,le champ clos de la folie.

Au cours des XVIIème et XVIIème siècles,ces asiles se multiplient et certains deviennent le lieud'études et d'expérimentations de la part des méde-cins. Toutefois, il faut attendre 1792 prr que lesmalades soient confiés aux médecins sur I'initiativede Philippe Pinel (1745-1820) qui libère de leursliens les malades de thospice de la Salpétrière. Cettedate marque le début de la psychiatrie.

Cette médicalisation de la psychiatrie a évi-demment des conséquences pratiques sur la vie deI'aliéné qui se traduisent par la loi du 30 Juin 1838.Cette loi, qui va rcster en vigueur jusqu'à une daterécente, prend des mesurcs d'assistance et de prctec-tion, définit I'incapacité civile, f irresponsabilitépénale et ordonne le placement d'office dans lesasiles des individus jugés dangereux pour eux-mêmes et pour autrui.

Ce n'est qu'après 1920 que se répand la pra-tique des "placements libres", qui permet I'entrée etla sortie d'un hôpital psychiatrique suivant les mêmesmodalités qu'à I'hôpital général. Et c'est seulement en1938 que le terme "hôpital psychiatrique" se substi-tue à celui "d'asile" et que peu à peu le vocable de"psychiatre" supplante celui "d'aliéniste".

En prenant I'inconscient et en afErmant quetout symptôme a un sens, Freud révolutionne l'édifi-ce de la psychiatrie classique. Cependant, jusqu'à lapsychothérapie institutionnelle, la psychanalyse resteen marge des pratiques psychiatriques qui, centréessur I'asile, disposent de très peu de moyens thérapeu-tiques (Isolement, traitement moral, quelques séda-tfs non spécifiques).

Les principales thérapeutiques de choc (élec-

trochoc, insulinothérapie) ne font leur apparitionqu'en 1930. Les médicaments actifs dans la psycho-se, les neuroleptiques et les anti-dépresseurs nappa-raissent, les premiers qu'en 1952 et les seconds qu'en1957.

Cependant, I'autonomie de la psychiatrie s'af-firme puisque le décret du 30 décembre 1968 insti-tue, au niveau de lenseignement de spécialités médi-cales, un certificat de psychiatrie différent de celui deneurologie avec lequel il se confondaitjusqu'alors.

Vrc aérierne de Clernpnt

LA PSYCHIATRIE DE SECTBUR

Au lendemain de la seconde guer€ mondialese met en place un courant de réflexion qui aboutiraà la circulaire du 15 Mars 1960 organisant en Francela psychiatrie publique dite de "Secteu/'.

Cette psychiatrie est fondée sur le principed'une unicité de la prévention, de la cure, de la post-cure et de la continuité de la prise en charge du mala-de par la même équipe médico-sociale.

Certre dc Jour 'Aloi'se' de Creil

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un secteur est constitué par un tenitoire géo-graphique correspondant à une population de 70 000habitants.

En principe, ce secteur est doté d'un seryiceincorporé dans I'établissement hospitalier et dediverses institutions extra-hospitalières (dispensairesdhygiène menûale, hôpitaux de jour, appartementsthérapeutiques, maisons communautaires, foyen depost-cure) qui assurent aux malades une prise encharge plus souple et qui les maintiennent autant quefairc se peut dans leur environnement d'origine.

IL N'EN RESTE PAS MOINS QUELA PSYCHIATRIE EST EN CRISE

Certaines causes de cette situation sont bienconnues et s'inscrivent dans la crise globale du systè-me de santé français et particulièrement du systèmehospitalier. Une politque générale de limitation desdépenses, dont les corollaires sont la faible évalua-tion des taux directeurs des budgets hospitaliers et ladoctrine du rcdéploiement, constitue la premièremanifestation de cette crise.

La psychiauie publique est considérée commedispendieuse et obsolète et pourrait selon certainsêne remplacée à moindres frais par d'autres formesde prise en charge des malades mentaux, dans lecadre d'une rationalisation des moyens, desméthodes, des protocoles de soins et de gestion des

hospitalisations.

Pour planifier les structures nécessaires, lelégislateur a associé toutes les parties conceméesdans le Conseil Départemental de Santé Mentale.L'objectif est d'élaborer des schémas départementauxd'organisation des équipements et des services delutt€ contre les maladies mentales visant à diminuerla capacité hospitalière classique au profit des soinsambulatoires, le malade étant pris en charge dans sonmilieu habituel.

Toutefois, cette politique ne se développe pastoujours dans le même sens. En effet, on peut distin-guerde multiples "courants" dans le mondes des psy-chiatres. Cetæ diversité se reflète dans I'exploitationdes secteurs, dont certains restent encore pauvres enstructures extra-hospitalières.

C'est le double fondement sanitaire et social dela psychiatrie qui est à la base des deux principauxcounnts de réflexion les plus actifs. Pour les uns, lapsychiatrie serait, en effet, une discipline médicale

comme les autres alors que, pour d'autres, ce seraitI'aspect "handicapés" qui I'emporterait sur I'aspect"malades".

La psychiatrie considérée comme une spéciali-té semblable aux autres est déjà illustrée par certainsdocuments administratifs, législatifs ou réglemen-taires : disparition du diplôme d'infirmier de secteurpsychiatrique, réforme des études médicales et def intemat en médecine, loi portant réforme hospitaliè-re elle-même et mise en place pour tous les établis-sements sans tenir compte des particularités structu-relles des centres hospitaliers spécialisés en psychia-trie.

Cette conception, favorisée par le développe-ment considérable des neurosciences, trouve sa

conclusion dans le rapport de Gérard Massé sur I'in-corporation de la psychiatrie publique dans le systè-me général de la santé. L'application de ce systèmeconduit à un développement des antennes de psy-chiatrie dans les hôpitaux généraux ou de préférenceà proximité de ceux-ci. Ces antennes doivent com-prendre une équipe d'infirmières et deux médecins.

Si I'on considère I'avis des partisans de I'ab-sorption de la psychiatrie par le choix médico-socialet son démantèlement en unités de long séjour, ondoit admettre la valeur de certains arguments. C'estainsi que, reconnue comme maladie comme lesautres depuis 1960, la Sécurité Sociale considèrequ'elle ouvre droit à la longue maladie et, à partir dela loi du 30 Juin 1975, que les maladies mentalesentralnent le droit au statut social de "handicaffs".

D'autrc part, s'il existe des patients pourlesquelsles uoubles cliniques n'ont que la durée éphémère d'unépisode aigu, il est évident que le plus grand nombrede malades réclame des soins dont la durée exige laprésence des psychiatrcs tout au long de leur existencepour des interventions d'importance variable.

Réinsertion dans le domaine hôtelier.Iz Relais dc I'Aulne de Sact-le-Grand

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De la psychiatrie (suite)

Or, partant d'une réduction pure et simple de lamaladie au handicap, l'évolution des idées s'est faitevers une séparation radicale de I'une et de I'autre.

I1 faut bien admettre que si la psychiatrie a sa

place dans les prises en charge des traitements deshandicaps, chez les malades mentaux, la réinsertiondans la vie quotidienne est évidemment précédée

d'une action thérapeutique au long cours.

Les foyers-logements, les apparæments théra-peutiques, les maisons cornmunautaires, I'accueilfamilial, I'hôpital de jour, les centres d'aide par le tra-vail, les dispensaires d'hygiène mentale, sont les

moyens les plus utilisés pour réintégrer les patients.dans la vie sociale.

Iæ faible effectf des intéressés hébergés danschacune de ces structures permet une personnalisa- -tion plus facile des soins et ce séjour plus ou moinslong constitue une étape particulièrement eff,rcaced'un retour à une vie sociale normale.

I1 convient toutefois de redresser une très im-portante disparité du dispositif de soins liée souventà I'activité tÈs variable des médecins responsables

des secteurs.

Le Conseil d'Administration,le Directeur et lePersonnel de Direction des établissements psychia-triques concourent évidemment à la gestion desstructures créées dans les secteurs. C'est en grande

partie de la manière dont ils impulsent les idées quiconstituent leur conception de la politique de santémentale que dépend la qualité de ces structures.

Une liaison étroite avec les services sociauxdoit permettre également d'élaborer avec eux unedélimitaton du champ psychiatrique car il s'avèresouvent bien difficile de le séparer du champ social.

D'autre part, le lien avec les élus et le tissuassociatif doit être assuré dans tous les secteurs e1 se

montrcr évidemment respectueux du droit du patient,de sa libeté et du secret médical.

La multplicité des solutions pose de nom-breux problèmes, notamment en ce qui conceme lalocalisation des dispositifs de soins, la demande deshôpitaux généraux d'une présence plus marquée de lapsychiatrie aux urgences médicales et le renforce-ment de la psychiatrie de liaison

Enfin, la psychiattie de réseau et de partenariatest déjà largement amorcée et sé développe dans les

maisons de retraite, les pouponnières, la protectionmatemelle et infantile, etc.

L'aspect sanitaire et I'aspect social se complè-tent très heurcusement dans les Eaitements psychia-triques et sont indissociables.

En réalité, la psychiatrie n'est donc ni sem-

blable ni identique aux autres spécialités médicales.Le traitement psychiatrique comprend, en effet, deuxphases: une phase biologique et une phase d'intégra-ton du patient dans la société. Si la première peuts'assimiler à la conduite observée dans les autres dis-ciplines médioales, la deuxième phase, qui est la pluslongue, est largement dominée par l'action psycholo-gique du psychiatre et des auxiliaires. La base de lapsychiatrie reste bien le développement de la poli-tique de secteur comportant la création de multiplesréalisations qui se substituent aux hospitalisations.

Mais le développement des structures altema-tives à I'hospitalisation ne supprime pas pour autanttotalement les services d'hospitalisaton complète. Eneffet, de même qu'en médecine générale il existe des

services de soins intensifs et des services de chro-niques, de même, en psychiatrie, doivent être hospi-talisés les malades difficiles et les régessés pro-fonds. Les établissements psychiatriques doiventdonc comporter des unités de cette naturc colrespon-dant à chacun des secteurs car il est peu probable que

des psychiatres soient volontaires pour diriger des

services consacrés exclusivement à ces catégories de

malades.

I1 faut souligner que le retentissement de toutepathologie mentale sur la vie personnelle et socialedes patients affecte profondément la pratique soi-gnante et que le psychiatre doit être avant tout unhumaniste. 11 se propose, en effet, d'aider I'homme à

advenir à sa liberté et à lui donner rm sens. De cepoint de vue, la psychiatrie plus encore qu'un huma-nisme est une éthique. I1 ne saurait exister de libertéchez l'homme sans capacité de reconnaissance de ses

besoins et de ses désirs. Telle est la tâche proposée àla psychiatrie.

Après ces considérations générales, il noussemble utle d'évoquer rapidement certains points quiposent encore des problèmes. Ce sont les urgences, lagérontopsychiatrie,la psychogériatrie, la pédopsy-chiatrie et l'évolution des établissements de soins.

Page 7: LES CAHIERS L'HISTOIRE

U nité d' Accueil-Urgences

LES URGENCES

Le problèmes des urgences a pris, depuisquelques années, une importance particulière. Lestemps sont révolus où n'arrivaient dans les services depsychiatrie que des malades voués par f intemement àI'exclusion.

Une circulaire du 30 juillet 1992 distingue, ausein des urgences psychiatriques :

- L'urgence psychiauique pure par décompen-sation d'une affection psychiatrique lourde,

- Les états aigus transitoires, à savoir les réac-tions émotionnelles intenses survenant sur un tenainvulnérable,

- La crise, situation conflictuelle entre le mala-de et son environnement.

Les urgences sont assurées suivant diyersesrrcdnlitês:

- La coopération au service des urgences àI'hôpital général. Elle offre I'avantage d'éviter f ima-ge péjorative des contacts psychiatriques aux yeuxdu public. La solution la mieux adaptée sembleconstituée par une participation des équipes secto-rielles au service des urgences du Centre Hospitalierle plus.proche dans un fonctionnement indépendant,avec I'interyention d'un psychiatre acteur assurantI'organisation et la responsabilité de son équipe, ausein de locaux différenciés et adaptés permettant, enparticulier, d'accueillir et d'isoler des patients pertur-bés dans une atmosphère de calme ;

- Iæs centres de crises sectoriels et intersecto-riels, parfaitement valables en tant qu'antennes d'ac-cueil et de points de départ de visites à domicile.

Les visites à domicile sont I'un des points lesplus controversés des urgences psychiatriques.Particulièrement cohérentes dans le suivi d'un

patient, elles nécessitent une réflexion face à unedemande précise, en particulier sur son origine ainsique sur un éventuel cadre législatif préservant à lafois leur validité et les libertés individuelles.

I-es centres médico-psychologiques sont consi-dérés comme une réponse essentielle à I'urgence.Toutefois, ils présentent le défaut majeur de ne paspouvoirrépondre à la demande en dehors des périodesouvrables, aux heures où I'urgence siexprime le plussouvent.

Enfin, la mise en place des urgences psychia-triques ne peut se concevoir sans moyens humainsparticulièrement qualifiés, seuls capables de donner àcette rencontre la valeur thérapeutique indispensable.

LA GERONTOPSYCHIATRIE

La psychiatrie de la personne âgée, en d'autrestermes la gérontopsychiatrie, est promise à un déve-loppement à la mesure de la réalité démographiqueactuelle.

I1 convient de préciser qu'elle a pour objet lestroubles mentaux de l'homme 1gé etnon le vieillisse-ment des malades mentaux. De même, elle doit êtredistinguée de la psychogériatrie, qui peut-être définiecomme la psychologie médicale de la gériatrie.

Exactement comme la psychiatrie de I'enfantet des adultes non âgés, la gérontopsychiatrie fondesa démarche sur la prise en compte de I'appareil psy-chique du vieillard et ses trois registres d'expression:le discours, le comportement et le corps.

Comme dans le cas de toute pathologie menta-le lourde, les troubles mentaux de la personne âgéeexigent le plus souvent des soins au long cours, l'hos-pitalisation à temps complet ne représentant qu'unemodalité secondaire. La part la plus importante duprcgramme thérapeutique intéresse donc des patientsnon hospitalisés.

Par contre, une coordination avec les servicesde gériatrie s'impose.

D'autrc part, la place des institutions médico-sociales et sociales dans la prise en charge des per-sonnes âgées nécessite la participation des psy-chiatres à l'élaboration du plan gérontologique dépar-temental et du schéma régional d'organisation sani-taire et sociale.

Page 8: LES CAHIERS L'HISTOIRE

De la psychiatrie (suite)

La population âgée de chaque secteur doit pou-voir compter sur la comfftence et l'organisation de

soins adéquats. Cela suppose du personnel formé etentrailré et des structures de soins adaptées.

La gérontopsychiatrie en est encore à ses

débuts. Le personnel spécialisé, en dehors des infir-mières, fait encore défaut et bien peu de secteurs dis-posent en nombre suffisant d'ergothérapeutes, d'or-thophonistes, de psychomotriciens et de kinésithéra-peutes.

Il a été clairement établi que la chronicisationn'est pas I'apanage de l'hospitalisation à temps com-plet. Il convient donc de veiller, dans ce sens, aufonctionnement des structures à temps partiel pouréviter cette dérive.

Psychogériatrie

LA PSYCHOGERIATRIE

La psychogériatrie est encore peu développéeet constitue pourtant une expérience particulièrementintéressante mais pas facile à gérer. EIle a pour but deprendre en charge, pendant un temps limité, les per-sonnes âgées souffrant de troubles mentaux aigusmais passagers.

La difficulté essentielle est justement de n'êtrepas dans I'obligation de prolonger le séjour.

Elle constitue, en particulier, un service effica-ce et adéquat pour I'hébergement temporaire des pen-

sionnaires des maisons de retraite atteints de troublesaigus passagers.

Un appartement témoin (studio d'essai) permetd'évaluer avant la sortie, les difficultés et les besoins

de la personne âgée et, par conséquent, les aides à

mettre en place.

Le patient reçoit sa famille dans son studio ouse déplace pour la voir. 11 gère lui-même ses rcndez-vous avec les médecins.

lnternat enfants

LA PBDOPSYCHIATRIE

C'est à partir des années 50 que le champ de

I'enfance inadaptée (déficients visuels, déficientsintellectuels, caractérieLs, psychotiques) s'autonomi-se par rapport à la psychiatrie générale, d'une part, etde I'Education nationale, d'autre part.

Les intemats et les extemats médico-pédago-giques sont habilités à recevoir des enfants classés

"débiles" ou déficitaires, y compris les aniérés pro-fonds.

Les centres médico-psychologiques offrentune grande diversité de réponses face à la probléma-tique parentale, cause ou résultante des difficultés de

I'enfant.

Ce sont les hôpitaux de jour et les services

hospitaliers qui sont habilités pour accueillir lesenfants présentant une pathologie psychiatrique mas-sive.

L'organisation de la psychiatrie infanto-juvé-nile est faite sur le modèle de celle des adultes puis-qu'un intersecteur correspond à plusieurs secteurs depsychiatrie adultes et que chacun d'eux est placé sous

Page 9: LES CAHIERS L'HISTOIRE

I'autorité d'un médecin-chef qui dispose d'équipe-ments analogues à ceux de psychiatrie adulte.

Après de multiples expériences pilotes, diversmoyens ont été mis enplace dans le cadre de 300 sec-teun ou intersecteurs de psychiatrie infanto-juvénilecrÉés à panir de la circulaire du 16 Man 1922.

Avant de devenir la psychiatie active, com-poftant soins et prévention sous tous leurs aspects, lapsychiatrie infanto-juvénile de service public étaitsouvent, il y a une vingtaine d'années, réduiûe, au seindes murs de I'asile, à soigner les cas désespérés qu'onne savait où mettrc.

Au total actuellement la pédopsychiatrie pra-tique, toujoun en mutation, partout sortie des mursde lhôpital psychiatrique, s'exerce en altemative àI'hospitalisation (Maisons communautaires, hôpitalde jour, placement familial thérapeutique, hospitali-saton à domicile, centre d'accueil à temps partiel,centrc d'accueil mère-enfant, etc.) Il convient de sou-ligner également I'importance grandissante desconsultations "parents - jeunes enfants (-de 6 ans)"dans la prévention et le traitement des psyihoses pré-coses.

La dépendance, née de l'immaturité proprc àI'enfance et à I'adolescence, implique une participa-tion des parents à tous les moments de l'approche dupsychiatre. L'efficacité et la démarche de soins vontdépendre autant de la mobilisation et de I'implicationdes parents que de celle de I'enfant ou de l'adoles-cent.

La pédopsychiatrie doit, en outre, s'adapteraux différents âges, de la petite enfânce à la post-ado-lescence, administrativement de 0 à 16 ans. L'enfantcomme I'adolescent reste soumis à I'obligation sco-laire, ce dont la condition de prise en charge et desoins doit tenir compte.

Il existe une prise de conscience progressivede la place de I'enfant dans la société dont témoignela commission intemationale des droits de I'enfant de1989 et la charte euroffenne du droit de I'enfant en1992. L'ensemble des droits développés tout au longdes 54 articles de la convention intemationale desdroits de I'enfant crée des obligations aux familles età I'Etat, c'est à dire au service public auquel partici-pent les institutions de psychiatrie. Chacun, auniveau qui lui est propre, à la responsabilité desmoyens à mettre en oeuvre pour satisfaire aux exi-gences qui en découlent.

La déontologie et une éthique qui en découle,de la psychiatrie de l'énfant et de I'adolescent, sontpartout prises en charge par les équipes du servicepublic. Ces données ont permis de dégager, enFrance, "une identité professionnelle spécifique auxpsychiatres de service public de santé mentale pourI'enfant et I'adolescent."

La pédopsychiatrie, essentiellement extra-hos-pitalière, a intégré au premier chef les notions de pré-vention, de prise en charge globale de l'enfant dans etavec sa famille, le travail en réseau, la psychiatrie deliaison et le lien avec tous ceux qui sont conceméspar I'enfance et I'adolescence sur une aire géogra-phique donnée.

Iæ développement de la pédopsychiatrie publi-que peut représenter un modèle d'organisation pourd'autrcs domâines de la discipline, que ce soit la psy-chiatrie générale, la géronto-psychiatrie, etc. en rap-pelant que la meilleure stratégie reste la prévention etI'action dans la communauté, en aval,le dépistage etles soins précoces des troubles et des différentesformes de souffrance psychique.

Tel est certainement le choix le plus écono-mique et le plus satisfaisant au plan éthique enmatièrc de santé publique.

Site de Fitz-latnes

ÉvorurroN DU FoNcTToNNEMENTDES ÉTABLISSEMEN

PSYCHIAIRIQIJESTS

Ceue évolution considérable de la psychiatriea évidemment fortement influencé le fonctionnementdes établissements psychiatriques.

Nous n'en voulons pour preuve que ce quenous constatons nous-mêmes en ce qui conceme leCentre Hospitalier Interdépartemental de Clermont.

Page 10: LES CAHIERS L'HISTOIRE

De la psychiatrie (suite)

Cet établissement comptait, en 1939,4 000lits !

Rassembler une. masse de malades mentaux aussi

considérable dans une ville qui ne comptait, à

l'époque, même pas 7 000 habitants constituait de

toute évidence une erreur. C'est ce qui explique que

lhôpital psychiarique de Clermont a mis tellementde temps à se débanasser de sa réputation asilaire.Ceræs la politique psychiauique des Nazis s'est char-gée de remédier à sa façon à cetæ surpopulationd'aliénés et, à la libératioru la capacité de l'établisse-ment était ramenée à un peu plus de 2000lits.

Il faut rcconnaltre que la politique de secteur a

quelque peu tardé à se manifester efficacement car,

en 1989, l'établissement comptait encorc 2 336litsdhospitalisation ( complète ou partielle). Par contre,en 1995, il n'en reste plus que 2005 et cette diminu-tion n'est pas due au décès des malades mais, au

contrairc, à leur réintégËtion dans la société.

Cet élément arithmétique montre bien que

l'établissement a entrepris depuis quelques années de

combler son retard et les résultats obtenus sont pro-bants puisque le nombre des structures extra-hospita-lières est pæsé de 34 en 1986 à 68 en 1993.

Corrélativement,le nombre des joumées com-plètes d'hospitalisation a diminué de34 Vopendantlamême ffriode et la capacité en hospitalisation com-plète sera ramenée à I 000lits en I'an 2 000.

D'autre part, les liens avec les hôpitaux géné-

raux se multiplient et des antennes psychiatriques se

mettent en place dans tous les centres hospitatenainsi qu'une participation accrue aux urgences médi-'cales.

Un problème subsiste encore à ce.niveau : c'est

celui de la délocalisaton du service dhospitalisaton.certains médecins sont hostiles à toute délocalisation,d'autres sont partisans d'une délocalisation panielle etd'autl€s, enfin, d'une délocalisation totale. Ces secteurspartisarn d'une délocalisation de leurs lits dhospilali-sation ne I'envisagent çe dans le cadre du rattache-

ment au centre hospitalier interdépartemental et main-tiennent des unités dhospitalisation sur son site afind'y hoqpitaliser les patients chroniques, les patients

dits rÉgressés profonds ou les patients difficiles.

On constate par ailleurs une diminution de ladurée moyenne d'hospitalisation et il en est de mêmepour le nombre des patients admis d'office.

Notons enfin que le budget de l'établissementse monte à 750 millions, ce qui semble considérableet limite pourtant les possibilités d'entretien et de

réparation du patrimoine hospitalier qui s'étend surtrois communes, couvre 79 hectares et comprend 87

bâtiments.

Ce budget conditionne également, d'une part,

la modemisation de certains pavillons, dans le cadre

d'une action d'humanisation et, d'autre part, le déve-loppement accéIêrê des créations extra-muros.

Ces difficultés financières n empêchent pas

pour autant le Conseil d'Administration et laDirection de poursuivre au mieux la politique que

nous venons d.'énoncer suivant des dispositions qui

ont été intégrées dans le schéma départemental d'or-ganisation par le conseil départemental de santé men-tale car, suivant la devise de la Maison d'Orange "Iln'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre ni de

réussir pour persévérer".

CONCLUSION

Ce "suryol" de la psychiatrie ne se veut ni ori-ginal ni didactique. Nous I'avons entrepris dans le butde "voir un peu plus clair" dans les diverses concep-tions de nos amis psychiatres et le souci de participerà une politique judicieuse et conforme aux intérêts de

la santé publique.

Il n'est pas original parce que nous pensons

que lorsqu'on est riche de sa seule expérience on est,

en réalité, très pauvre. Nous avons donc puisé sans

vergogne dans les écrits de personnalités particuliè-rement qualifiées. Comme le dit si joliment notremaftre à penser Montaigne, "l'abeille pillote deçà

delà les fleurs, mais elle fait ensuiæ un miel qui est

bien à e11e". J'ai donc pilloté de belles et bonnes

fleurs, mais je ne suis pas très str de la qualité de

mon miel.

Il ne se veut pas didactique parce que, bien que

nous ayons eu I'occasion, au plan professionnel, d'ac-complir quelques missions dans les hôpitaux psy-chiatriques et que nous soyons administrateur de

thôpital de Clermont depuis un bon nombrc d'an-nées, nous ne préændons pas être un vrai spécialisteet par conséquent faire autorité en matière de psy-

chiatrie. Nous apportons donc séulement notre pieneà la remise en équilibre d'une discipline qui gagne,jour après jour, ses lettres de noblpsse.

HENRITHEILI,OUInspectew Gûéral Hotpraire des Affaires Sociales

10

Page 11: LES CAHIERS L'HISTOIRE

I

L'ARTHÉRAPIE

UNE OUVERTURE SUR LA CITE

ans le cadre de I'activité "Afthérapie",qui s'est déroulée pendant plusieursannées chez Monsieur EIZENSOPF,

artisæ peintre, diverses peintures et dessins ont gamiles chevalets. Oeuvres de débutants, ou artistes enco-re hésitants ou en sommeil, toujours est-il que lesélèves du peintre, soignants et soignés ont mtri I'idéed'erytoserleurs merveilles. Et c'est tout natur€llementqu'est né un projet d'exposition appelé Arttre. Le lieune pouvait qu'être dans la ville même de Clermont etla collaboration avec la mairie permettait d'utiliserles salles d'exposition de I'Hôtel de Ville.

Cette exposition, dont le Comité d'Organisa-tion a permis la pleine réalisation" constitue en çel-que sorte les prémices de I'activité de I'Associationdes Amis du C.H.I de Clermont. En jouant le rôle devéritable relais entre le C.H.I et la Mairie deClermont l'association démontrait sa volonté d'orga-niser et d'être présente dans les manifestations cultu-relles où le C.H.I. est évoqué.

Une magnifique affiche, a vu le jour, conçue àpartir des tableaux des élèves. Chacun y a laissé satrace, son empreinte, mosaiQue des rencontres, cou-leurs des mots.

Magnifiquement encadrées les oeuvres expo-sées ont suscité I'intérêt des nombreux visiteursvenus durant les dix jours qu'a duré I'exposition. Levemissage a permis une rencontre entre les artistes etla population tant curieuse qu'admirative.

L'émotion fut de la partie dans une ambiancechaleureuse et sympathique. la reconnaissance tantau niveau de la ville de Clermont qu'à celui du C.H.I.

et par notre président éclaire déjà le chemin quis'ouvre à nous en cette fin de siècle dans notre ren-contre avec la souffrance psychique. Iæ patientdevient un citoyen, pouvant s'intégrer pourvu qu'onlui en laisse la possibilité, dans une vie sociale et cul-turelle.

J.F POPIEISKI

t1

CEuvre d'un artiste encore bæornu

IARTHEIExposition de peinture et de dessin

de l'atelier d'ArtjThérapie duCentre Hospitalier Interdépartemental

de Clermont.

du 12 au 19 AVRTL 1996

HÔTEL DE VILLE DE CLERMoNT

Salles Grévin et Cassini

Tous les jours de

10 h OO à 12 h OO et de 14h OO à 18 h OO

Affi che annonç ant I' exp o s iti on

Page 12: LES CAHIERS L'HISTOIRE

PRESENTATION DEL'AS SOCIATION CULTURELLE

DES AMIS DU C.H.I. DE CLERMONT

Président: M. Henri THEILLOU

Vice Président '. M. Philippe HESSE

Vice Présidenl : issu du Conseil Scientifiquenon désisné

Sécrétaire Général: M. J-F POPIELSKI

Secrétaire Général Adioint :M. Lionel DURBIN

Trésorier: Mme Anpette NEUMANN

Tré s orier Adj oint : }i4me Maryline DUPERRAY

Membres: M. Emmanuel BELLANGERMme Christiane BONNAUDM. Joël BOURRACHOTM. Gérard DAHURONM. Philippe DEFOSSEM. Christian MAILLARDMme Marylin OBRYM. Christian WALRANDM. ou Mme X

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ABONNE,ME,NTet

DISTRIBUTION

Ce bulletin sera remis gratuitement à

les adhérents de l'association.

Son prix de vente unitaire est de 100 F.

L'abonnement pour les entreprises et

sociétés est fixé à 200 F par an.

Le montant de I'adhésion à I'associationest fixé porn 1997 à 50 F minimum

à adresser à Madame NEUMANN Annette

Trésorier de l'Association.C}JI,2 rue des Finets

60600 Clermont

Té1. :03.44.77.50.86

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