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7/24/2019 Les Carcinomes de La Trompe
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Mdecine d'Afrique Noire : 2000, 47 (8/9)
INTRODUCTION
Les cancers pithliaux primitifs de la trompe, le plus rare
de tous les cancers gy n c o l ogiques, reprsentent 0,1
1,92 % de lensemble des cancers gyncologiques et mam-
maires (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9). Du fait de la proximit delutrus et de lovaire, le diagnostic de cancer primitif de la
trompe est trs difficile affirmer et repose sur de critres
trs rigides :
- Prsence dune lsion macroscopique dans la trompe,
- Absence de tumeur de lovaire ou de lutrus, ou, le cas
chant tumeur de type histologique diff rent de ceux
de lutrus et ou de lovaire.
Dans le but de faire une revue de la littrature nous rappor-
tons le cas dune forme exceptionnelle bilatrale dcouver-
te sur une pice opratoire.
OBSERVATION
Une dame de 62 ans, sans antcdent particulier, originaire
de Mauritanie, deuxime geste et nullipare, tait reue pour
une tumeur abdomino-pelvienne voluant depuis 15 ans
dans un tableau associant un assez bon tat gnral, des
dmes des membres infri e u rs prenant lgrement le
godet, un ombilic dpliss, une ascite, sans hydrothorax.
Le bilan biologique et la ra d i ographie du thorax tant
normaux, une laparotomie exploratrice a t dcide.
L ex p lo ration ret ro u vait une ascite, qui est aspire, deux
masses au niveau des deux trompes repoussant un utrus
de pe tite taille semblant indemne. Les ova i res taient
re fouls dans le cul-de-sac, mais semblaient sains. Il ny
avait ni greffe pritonale, ni mtastase abdominale.
Une hy s t rectomie avec annexectomie bilat rales a t
ralise suivie dun drainage abdominal non aspiratif.
LES CARCINOMES DE LA TROMPE
A propos dun cas de cancer papillaire bilatral etrevue de la littrature
KASSE A.A. 1, DEME A. 1, DIOP M. 1, FALL M.C., MOREIRA I. 2 , DIOP P. SALOUM 2, DOTOU C. 2 , BETEL E. 2,
DEMBELE B. 2, DRABO B. 3 , TIMBELY G. 3, NELOUM J.3, TOURE P. 4
Institut Ouest Africain de Lutte contre le Cancer Universit Cheikh Anta
DIOP BP : 5126 - Dakar - Fann Sngal
1. Chef de Clinique Assistant
2. Interne des Hpitaux
3. Etudiants du CES de Chirurgie Gnrale
4. Professeur titulaire de la Chaire de Cancrologie.
LETTRE A LEDITEUR
RESUME
Les cancers pithliaux primitifs de la trompe, le plus
ra re de tous les cancers gy n c o l ogiques, rep r s e n t e n t
0,1 et 1,98 % de lensemble des cancers gyncologiques
et mammaires. Du fait de la proximit de lutrus et de
lova i re, le diagnostic de cancer primitif de la trom p e
est trs difficile affirmer et repose sur de critres trs
rigides :
- prsence dune lsion macroscopique de la trompe,
- absence de tumeur de lovaire ou de lutrus, ou, le
cas chant tumeur de type histologique diffrent de
ceux de lutrus et ou de lovaire.
Les auteurs, partir de la dcouve rte dun cancer
papillaire bilatral de la trompe sur une pice dexrse
dun tumeur pelvienne, font une tude de la littrature
en vue de cerner les problmes nosologique, pidmiolo-
gique, anatomo-pathologique, diagnostique, thrapeuti-
que, volutif et pronostique de la maladie.
Mots cls : Carcinome papillaire, trompe
SUMMARY
Carcinoma of fallopian tube - Report of a case of
bilateral papillary carcinoma and review
Epithelial carcinomas of fallopian tube rep resent the
ra rest gyna e co logical cancer. Th ey account for 0J and
1,98 %of all gynaecologic and breast cancers. Diagnosis
of the disease is ve ry difficult and needs to meet very
rigid criteria including:
- objective macroscopic tumour in the fallopian tube,
- No ovarian or uterus tumour of the same histologictype. Whenever such a tumour is found, it must not
be of the same histologic type.
The authors, after reporting a case of bilateral papillary
carcinoma of the fallopian tube, review the literature to
de fine nosologic, ep id e m i ological, path o logi c, diagn o s-
tic, therapeutic and evolution features of the disease.
Key words : papillary Carcinoma, Fallopian tube.
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Les suites ont t compliques par une viscration qui
avait t rpare sous anesthsie gnrale. La malade tait
sortie du service au bout de trente jours dhospitalisation,avant larrive du rsultat histologi q u e, et est perdue de
vue depuis lors.
Lexamen histologique avait rvl un carcinome papillaire
bilatral de la trompe sans tumeur objective dans lutrus
ou les ovaires.
DISCUSSION ET REVUE DE LA LITTERATURE
Epidmiologie
Le cancer de la trompe reprsente 0,1 et 1,98 % de tous lesc a n c e rs gy n c o l ogiques et, reprsente le plus ra re des
cancers de la filire gnitale chez la femme (1, 2, 3, 4, 5, 6,
7, 8, 9).
Lincidence annuelle est estime entre 2,9 et 6,6 cas par
million de femmes aux USA (6). Elle nest pas connue dans
nos rgions. Plus de 2000 cas en sont rapports depuis 1950
(6). Les formes bilatrales sont exceptionnelles.
Ces donnes dincidence peuvent avoir t fausses par les
cri t res de dfinition qui at t ri buent lova i re les form e s
prenant en masse les deux organes .
Comme chez notre patiente, la maladie survient autour de
la cinquantaine (ages extrmes 18 et 87 ans) et est associe
la pauciparit, linfertilit et la salpingite chronique (6).
Symptomatologie
La triade symptomatique pat hognomonique de lhy d ro ps
tubae profluens associant des pertes liquidiennes abondan-
tes, des coliques pelviennes et une masse nest dcrite que
dans 10 15% des cas (6). La plupart du temps il sagit de
signes cliniques non spcifiques pouvant associer de faon
variable des mtrorragies, (50 61 % des cas), des algies
pelviennes (30 49 % des cas) et une masse abd omi no-
pelvienne (12 61 % des cas) ou asymptomatique dans
14 % des observations (6). Notre patiente sest prsenteavec une symptomatologie orientant vers un diagnostic de
tumeur de lovaire.
Diagnostic
Il est ra rement fait avant lintervention et peut, comme
chez notre patiente, orienter vers une tumeur de lovaire ou
alors un fibrome ou un abcs dune annexe (2).
Lim agerie peut tre trompeuse dans les formes prcoces
comme dans les formes tardives en simulant en tout pointune masse ova rienne (2). L ch ographie doppler couleur
peut orienter ve rs le diagnostic en montrant un index de
rsistance vasculaire situ entre 0,29 et 0,40 (2).
Llvation du dosage du CA 125 nest pas spcifique de la
m a ladi e, mais peut suggrer un envahissement prit o nal
(6).
La clioscopie peut, dans les formes prcoces, voquer le
diagnostic pr-opratoire (6).
Au cours de lintervention, la raret de laffection, fait que
le chirurgien pense exceptionnellement au diagnostic (6) et
ne pense pas faire une iconographie comme ce fut le cas
de notre patiente.
Anatomie pathologique
Macroscopiquement la lsion se prsente comme une mas-
se solide intra-luminale daspect papillaire prsentant des
zones hmorragiques et des zones de ncro s e, sige a n t
dans une trompe dilate et ayant une paroi paissie (6). Le
p avillon est f e rm dans l a moi ti des cas et laspect
m a c roscopique vo q u e, avant ouve rt u re de la pice, un
pyosalpynx ou un abcs (6).
Le type histologique le plus frquemment dcrit est lad-
n o c a rcinome (6). La microscopie reconnat des va ri t s
alvolaires, papillaires, endomtrodes ou mdullaires avec
des transitions brutales entre un pithlium normal et la
prolifration. Des formes associes et des types histologi-
ques plus ra res (sarcomes purs, lymphomes, carc in o-sa r-
c o rmes, mles hy d at i fo rmes et ch o ri o c a rcinomes) sont
dcrits (6).
Il est dcrit dans ces tumeurs des altrations gnomiques,
dans des proportions identiques ceux qui sont observs
dans les cancers de lova i re, et portant sur C-erbB-2
(25,6 %), p53 (60,5 %) (3).
La forte prvalence de mutations ponctuelles du codon 12du gne K-ras (87,5 %) pourrait suggrer son rle dans la
pathognie molculaire de la maladie (5).
Lextension des tumeurs malignes de la trompe se fait par
ex fol iation de cellules cl on ognes dans la lumire et qui
vont ensuite migrer vers le pelvis, la cavit abdominale et
ou lutrus (1). Lextension intra-abdominale se fait com-
KASSE A.A., DEME A. , DIOP M. , FALL M.C., MOREIRA I. , DIOP P. SALOUM , DOTOU
C. , BETEL E. , DEMBELE B. , DRABO B. , TIMBELY G. , NELOUM J., TOURE P.395
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me dans les cancers de lovaire vers le pritoine parital,
lpiploon, le pritoine viscral et le diaphragme (1).
Lenvahissement sreux se fait de proche en pro che pour
aboutir une prise masse de la trompe (1).
Les lymphatiques effrents traversent le msosalpynx. pour
rejoindre les effrents utro-ovariens le long des vaisseaux
l o m b o - a o rtiques avant daboutir aux ganglions lombo-
aortiques (1). Dautres voies lymphatiques suivent le liga-
ment rond pour aboutir aux ganglions iliaques et obtura-
teurs (1). Ceci explique les envahissements ganglionnaires
pelviens et lombo-aortiques frquents (59 % de N+ tous
stades confondus dont 33 % de N+ au stade 1,66 % au
stade II et 80 % aux stades III et IV) (1). Plus rarement, ondcrit des envahissements ganglionnaires inguinaux (1).
L o ri gine des fo rmes bilat rales ou mu l t i c e n t riques fa i t
lobjet de nombreuses discussions.
Les donnes disponibles ne permettent pas actuellement de
d t e rminer sil sagit de gre ffes noplasique s, de
mtastases ou de vritables lsions synchrones.
La stadification
La stadification est faite comme dans le cancer de lovaire
par la laparotomie exploratrice (6).
Les donnes de la littrature font tat de sries prsentant
des cas des stades re l at ivement moins avancs que les
cancers de lovaire (6). En effet, 20 25 % des cas sont au
stade 1,20, 25 % au stade II et 40 50 % aux stades III et
IV (6).
Ces donnes de stadification peuvent avoir t fausses par
les critres de dfinition qui attribuent lovaire les formes
avances prenant en masse les deux organes.
Le traitement
Du fait de la ra ret de la maladie et de ses similitudes
davec le cancer de lovaire, la plupart des auteurs recom-mandent de recourir aux stratgies thrapeutiques utilises
dans le traitement du cancer de lovaire (6).
L i n t e rvention de base est la colpohy s t rectomie largi e
aux annexes avec ly m p h a d n e c t o m i e, omentec tomie et
cytorduction maximale dans les cas extension stri c t e-
ment pelvie nne des biopsie s priton ales mu l t i p l e s
( go u t t i res parito-coliques, diap h ragme et viscres) et
picking ganglionnaire lombo-aortique systmatique (6).
Du fait des risques de greffes noplasiques, le tra itement
conservateur ne serait presque jamais indiqu dans le can-cer de la trompe (6).
ROSEN, aprs avoir compar les survies de patientes pr-
sentant des stades I et II de cancers de lova i re et de la
trompe, conclut que cette dernire avait un pronostic plus
svre (9). Il est donc recommand de faire systmatique-
ment un traitement adjuvant systmique.
Les mono-chim iothrapies ayant donn des rsultats plus
d c evant, les protocoles conseills associent des sels de
pl atine dautres drogues (6). Le protocole de rfre n ce
associe le Cisplatine (50 mg/m2 de surface corporelle), lecyclophosphamide (500 mg/m2 de surface corp orelle) et
la dria mycine (50 mg/m2 de surface corp orelle) pendant
6 12 cycles de 28 jours (6).
Des instillations intra-pritonales, 4 semaines aprs lin-
tervention, de 100 150 mCi dor collodal ou de 15 16,5
mCi de 32P dilus dans 1000 ml de srum sal isotonique
ont permis dobtenir des doses sur la surface du pritoine
de lord re de 35-40 Gy en une instillation ou 80 Gy en
deux fois (7).
Pour rduire le risque de rcidive vaginale, la curiethrapie
de barrage par applicateur endovaginal a permis de dlivrer
jusqu 20 Gy sur la surface du vagin (7).
Les protocoles dirradiation externe adjuvante usuels com-
prennent une administration de 30 50 Gy par des champs
opposs de 16 cm sur 16 cm, dlivrs par le cobalt ou un
acclrateur linaire (7).
La surveillance se fait de faon rap p ro che (tous les
3 mois) pendant les deux premires annes par la clinique,
limagerie et les dosages du CA 125 (6,7).
Des laparotomies ou laparoscopies de second ou mme detroisime regard, ont t ralises par certaines quipes (8).
Lexprience du Rosewell Park Memorial Institute lui attri-
bue un rle pronostique (8). Nous nen avons pas trouv
dautre confirmation dans la littrature.
Les sites de rcidive sont le pelvis (56 %), labdomen
(50 %) et les mtastases mtachrones (44 %) (4).
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Des rcidives, juges jadis incurables (6,7,8), ont totale-ment
d i s p a ru aprs administration de taxanes (10). Cette consta-
t ation ouvre la voie lutil isation du Placl i t a xel et duDocetaxel en chimiothrapie de premire ligne comme cela
se fait actuellement dans le cancer de lovaire dont on sait
quil est de meilleur pronostic que le cancer de la trompe (9).
Pronostic
Les fa c t e urs classiques de mauvais pronostic incluaient :
une tumeur de grande taille (6), un stade avanc (4,7), un
e nvahissement ga n g l i o n n a i re pelvien ou lombo-aort i q u e
(1), lexistence dun rsidu macroscopique post opratoire
(6,8), la persistance dun rsidu aprs laparotomie ou lapa-
roscopie de second regard (8) et labsence de chi mi ot h-rapie (6) ou de traitement combin (7).
Le rle pronostique de laltration des gnes de la p53, K-
ras, c-erb-2 et de limmu n o - m a rq u age de la tumeur au
CA125 est en cours dvaluation (3,6).
CONCLUSION
Les cancers de la trompe sont des affections trs rares. Les
fo rmes bilat rales sont ex c eptionnelles. Cette ra ret de
laffection rend son tude pidmiologique trs difficile. Le
diagnostic est rarement fait avant lintervention ou ltude
h i s t o l ogi q u e. Les cri t res de dfini tion de la maladie
pe u vent avoir influ sur la frquence de la maladie et sa
stadification.
Du fait de ses similitudes histo-pathologiques et volutives
d avec le cancer de lovai re, le traitement est similaire
celui de cette dernire.Des tudes sont attendues pour une meilleure dfinition de
la maladie, du rle des taxanes et du Topotcan en chimio-
thrapie de premire ligne et des facteurs de pronostic.
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