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INTERNATIONAL JOURNAL OF VIOLENCE AND SCHOOLS, 15, SEPTEMBER 2015, 88-118
LES COLLEGIENS ET LES LYCEENS SONT-
ILS EGAUX FACE AU RISQUE DETRE
VICTIMES ET/OU AUTEURS DE
CYBERVIOLENCE ET DE
CYBERHARCELEMENT ?
AURLIE BERGUER
UNIVERSITE NICE SOPHIA ANTIPOLIS, CENTRE DANALYSE DES PROCESSUS EN EDUCATION ET FORMATION (CAPEF)
RESUME
Lobjectif de cette tude est danalyser leffet du type dtablissement
(collge/lyce) et de lge sur la probabilit dtre victime et/ou auteur de
cyberviolence ou de cyberharclement. Les donnes sont issues dune enqute
de victimation et de violence auto-reporte mene en France auprs de 3589
collgiens et lycens gs de 10 21 ans. Les rsultats des analyses bivaries et
multivaries montrent principalement que les collgiens, notamment les 13-16
ans prsentent un risque accru dtre auteurs de cyberviolence et de
cyberharclement, indpendamment de leurs pratiques numriques. Ils sont
galement plus susceptibles dtre victimes de cyberviolence, ce qui sexplique
par leur plus forte propension tre auteurs, les statuts de victimes et dauteurs
tant fortement lis, en particulier chez les 10-12 ans. Ces rsultats mettent en
avant la ncessit de dvelopper la prvention de la cyberviolence auprs des
collgiens, en particulier les actions visant favoriser la mise en uvre de
stratgies de coping adaptes.
MOTS-CLES
Cyberviolence, cyberharclement, victimation, perptration, collge, lyce,
ge.
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et/ou auteurs de cyberviolence et de cyberharclement ?
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ABSTRACT
The purpose of this study is to analyze the effect of the school (middle/high
school) and of the age on the risk to be victim and/or author of cyberviolence
or cyberbullying. The data are from a victimization and self-reported violence
survey carried out in France on 3589 secondary school students aged from 10
to 21. The results of the bivariate and multivariate analyzes show mainly that
middle school students have a higher probability of being authors of
cyberviolence and cyberbullying, independtly of their digital practices. They
are also more likely to be victims of cyberviolence, which can be explained by
their higher propensity to be authors, the victim and author status being
strongly linked, particularly among 10-12 years. These results put forward the
need to develop cyberviolence prevention among middle school students, in
particular actions to promote appropriate coping strategies.
KEYWORDS
Cyberviolence, cyberbullying, victimization, perpetration, middle
school, high school, age.
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et/ou auteurs de cyberviolence et de cyberharclement ?
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INTRODUCTION
Souvent qualifis de gnration digitale ou de gnration branche ,
les adolescents sont ns dans une socit de mdias o l'accs l'information,
au savoir et la culture est numrique (Octobre, 2009). En France, 79 % des
jeunes de 12 17 ans utilisent internet quotidiennement et 88 % des 12-17 ans
ont un tlphone portable (Bigot et Croutte, 2014). A mesure quils grandissent
les adolescents sont de plus en plus nombreux se connecter plusieurs fois par
jour (32 % des 11-12 ans vs 68 % des 15-17 ans) et possder leur propre
ordinateur portable (51 % des 11-12 ans vs 84 % des 15-17 ans) ou smartphone
(66 % des 11-12 ans vs 98 % des 15-17 ans) (IFOP, 2013). Paralllement ces
volutions, les pratiques numriques et les prfrences se modifient. Les plus
jeunes (lves en fin de primaire) prfrent ainsi nettement les sites de jeux :
48,8 % des jeunes interrogs les classent en premire position alors quils ne
sont que 6,4 % en faire de mme pour les rseaux sociaux. La tendance
sinverse partir du collge o les jeunes prfrent de manire presque
quivalente les rseaux sociaux (35,4 %) et les sites de vidos, musique et
tlchargement (31,5 %). Cette tendance prfrer les rseaux sociaux
saccentue ensuite nettement au lyce o pas moins de 66,3 % des jeunes
dclarent prfrer ce type de site (Kredens et Fontar, 2010). Lusage
communicationnel du net permettant aux jeunes dentretenir le lien avec leur
rseau social semble donc lemporter mesure que les adolescents grandissent.
Partant de ces constats, nous nous demanderons, dans cette tude, si les
adolescents prsentent une vulnrabilit plus ou moins forte face la
cyberviolence et au cyberharclement en fonction de ltablissement quils
frquentent (collge ou lyce) et en fonction de leur ge. Cette question est
importante dun point de vue de la prvention car les lments de rponse
apports peuvent permettre de se faire une ide plus prcise des niveaux
scolaires sur lesquelles focaliser la prvention, gage defficacit des actions
entreprises (Tokunaga, 2010).
1. REVUE DE LA LITTERATURE
1.1 CYBERVIOLENCE ET CYBERHARCELEMENT
Sintresser au phnomne de cyberviolence entrane ncessairement une
interrogation sur la dfinition que lon en donne. La revue de la littrature
scientifique au niveau international montre que cette question est loin dtre
rsolue et que le manque de consensus entrane un flou smantique et
conceptuel handicapant pour la recherche dans ce domaine. Au-del de la
diversit des termes utiliss cest le concept de cyberbullying qui semble
dominer. Traduit de manire imparfaite en Franais par cyberharclement ,
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et/ou auteurs de cyberviolence et de cyberharclement ?
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ce nologisme est construit partir du terme bullying dont la dfinition la
plus communment admise est celle dOlweus (1993) : un lve est victime
de bullying lorsqu'il est soumis de faon rpte et long terme des actions
ngatives de la part d'un ou de plusieurs lves et quil a des difficults se
dfendre , auquel on ajoute le prfixe cyber qui renvoie lespace
numrique.
Remarquons nanmoins que deux difficults entourent ce concept : la
premire vient du fait quil nexiste pas de dfinition communment admise du
cyberbullying. Alors que certains auteurs vont adopter une dfinition qui
comprend les diffrents critres du bullying1 (Hinduja et Patchin, 2009 ; Smith,
Mahdavi, Carvalho et Tippett, 2008), dautres vont au contraire proposer une
dfinition nincluant aucun de ces critres (Juvonen et Gross, 2008 ; Twyman,
Saylor, Taylor et Comeaux, 2010). De ces divergences rsulte une faible
comparabilit des rsultats. La seconde difficult rside dans le fait que mme
si un accord tait trouv sur le nombre et les caractristiques des critres
inclure dans la dfinition du cyberbullying, ce concept ne semble pas permettre
de rendre compte du phnomne de violence entre adolescents. Nous rfrant,
entre autres, aux travaux de Debarbieux (1999) et Blaya (2006) mens dans le
cadre de la violence lcole, il nous semble que la violence entre pairs,
quelle soit commise par le biais des Technologies de lInformation et de la
Communication ou en face face, ne peut se rduire du bullying ou, pour
utiliser le terme franais, du harclement.
C'est pourquoi il nous parat prfrable de parler de cyberviolence et de ne
considrer le cyberbullying (ou cyberharclement) que comme un type bien
particulier de cyberviolence. Cette posture thorique vise viter des
amalgames nfastes la validit et la comparabilit des rsultats empiriques
et offre la possibilit de considrer le phnomne dans sa globalit. Elle
implique dadopter une dfinition large de la cyberviolence et de tenir
compte de la relativit de la notion de violence en nimposant pas de dfinition
prconue aux lves interrogs afin de ne pas les enfermer dans une
reprsentation qui ne reflterait pas la ralit de leurs expriences (Debarbieux,
1999).
Dun point de vue mthodologique cette posture se traduit par lutilisation
dun outil permettant de mesurer la cyberviolence dans toute sa complexit et
sa multidimensionnalit. Comme l'ont fait notamment les chercheurs de
l'Observatoire International de la Violence l'cole dans le cadre des tudes
sur les violences en milieu scolaire (Coulibaly, 2013 ; Debarbieux et Kohout-
Diaz, 2010), nous choisissons d'tudier le phnomne de cyberviolence en
demandant un chantillon de jeunes de rpondre un questionnaire
prsentant diffrents comportements dviants reprsentatifs afin de leur
demander s'ils en ont t victimes et/ou auteurs et, si oui, quelle frquence
1 La dfinition de ces critres dans le contexte numrique tant elle-mme objet de
dsaccords.
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et/ou auteurs de cyberviolence et de cyberharclement ?
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(questions chelles). L'oprationnalisation de la cyberviolence au travers des
comportements dviants proposs doit s'appuyer sur les rsultats des
recherches prcdentes concernant la nature de la cyberviolence. Le risque de
ne pas
