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Page | 1 Les exigences auxquelles doit répondre un bâti Ce chapitre est tiré des ouvrages de Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey, ce contenu n’étant pas exhaustif nous vous conseillons de faire acquisition des deux livres suivants afin approfondir les sujets traités ci-dessous : « l’isolation thermique écologique » (nouvelle édition 2010) aux éditions « terre vivante© » « la conception bioclimatique » (2006) aux éditions « terre vivante©

Les exigences auxquelles doit répondre ... - Hisseo Charpente

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Les exigences auxquelles doit

répondre un bâti

Ce chapitre est tiré des ouvrages de Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey, ce contenu n’étant pas exhaustif nous vous conseillons de faire acquisition des deux livres suivants afin approfondir les sujets traités ci-dessous :

« l’isolation thermique écologique » (nouvelle édition 2010) aux éditions « terre vivante© » « la conception bioclimatique » (2006) aux éditions « terre vivante©

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Ce manuel constitue le support d’une formation en éco construction dispensée sur cinq jours. Avant de découvrir les différentes techniques de construction bois il nous a semblé important de permettre à notre public de se familiariser avec le matériau utilisé et d’appréhender le fonctionnement d’une maison d’habitation. Le manuel se divise en trois parties comme suit : Le bois et ses propriétés techniques appliquées à la construction. Les exigences auxquelles doit répondre un bâti. Les différents systèmes constructifs bois. (ossature bois, poteau-poutre, charpente)

Sources principales : Encyclopédie des métiers, la charpente, Association Ouvrière des Compagnons du

Devoir. L’Isolation thermique écologique (2010), Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey, édition

terre vivante Maison Bois Outils Concept, CNDB La Construction à ossature traditionnelle en chêne, Rupert Newman, édition Eyrolles

Nous apportons l’attention du lecteur sur le fait que ce manuel n’est pas exhaustif et peut comporter des erreurs. Si vous avez un projet de construction il est à savoir que toute connaissance théorique doit s’accompagner d’une expérience pratique. Ces fiches techniques ne permettent pas d’avoir toutes les connaissances nécessaires pour réaliser sa maison bois. Ce manuel ayant été conçu comme support à une formation orale, il se peut que certains points abordés ne soient pas totalement clairs pour le lecteur. Nous rappelons que ce contenu a été réalisé à l’aide de plusieurs sources dont nous avons fait une synthèse, il va donc de soi que ce manuel est mis à disposition gratuitement puisque rien n’a été inventé. Les fiches techniques sont libres de diffusion. Néanmoins, étant donné qu’il s’agit du résultat de notre travail, nous demandons simplement de mette notre site en lien, et non pas de mettre les fichiers en téléchargement depuis votre site internet, d’autant plus que le contenu des fiches sera complété ultérieurement.

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LES EXIGENCES AUXQUELLES DOIT REPONDRE UN BATI ...................... 1

I. INTRODUCTION ................................................ 4

II. LE CONFORT THERMIQUE ................................... 6

1. Introduction .................................................................. 6

2. Outil du confort thermique ........................................... 7

III. FONCTIONNEMENT D’UN ISOLANT .................. 11

1. Introduction ................................................................ 11

2. Résistance thermique ................................................. 13

3. Ponts thermiques ........................................................ 14

4. Calcul thermique ......................................................... 16

IV. ETANCHEITE A L’AIR ..................................... 18

V. GESTION DE L’HUMIDITE ............................... 21

1. Les différents outils ..................................................... 21

a) Introduction ............................................................................................... 21

b) Comportement des matériaux à l'eau ....................................................... 21

c) Comportement des matériaux à la vapeur d'eau ...................................... 22

d) Humidité relative et point de rosée ........................................................... 23

e) La gestion de l'humidité dans les parois .................................................... 24

2. Bâti conventionnel ...................................................... 24

3. Système constructif dit perspirant .............................. 25

VI. CONCLUSION .............................................. 26

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I. Introduction Maintenant que nous nous sommes familiarisé avec le matériau bois, nous allons aborder le fonctionnement d’une maison d’habitation. Le confort, l’économie d’énergie, la salubrité et le coût sont des critères à intégrer dans tous projet de construction. Il faut donc les connaître avant d’envisager un projet. Le but de ce chapitre est donc de donner le recul nécessaire avant d’appréhender telle ou telle technique de construction en bois On peut représenter tout habitat par un grand cercle délimitant un espace intérieur, dans lequel se trouvent les habitants (ou les usagers...), et un espace extérieur, qui est son environnement. Mais ces deux milieux ne sont pas franchement séparés, ni par une frontière spatiale rigide (les murs) ni fonctionnellement : le dedans et le dehors échangent entre eux, d'abord dans la phase de conception/construction, puis dans celle d'habitation, par cinq pôles de contact. D'abord le lieu où s'implante la construction et qu'elle modifie, puis la forme, c'est-à-dire l'espace architecturé vécu de l'intérieur mais aussi vu de l'extérieur, ensuite les matériaux qui concrétisent cette forme et qui viennent de l'environnement plus ou moins proche. Ces matériaux sont assemblés, mis en œuvre par des acteurs venant de l'extérieur, au moyen de fluides et d'énergies, venant eux aussi de l’extérieur. (Les fluides et les énergies désignent dans le vocabulaire du bâtiment tout ce qui le traverse et y produit un effet : l'eau, l'électricité, etc. Nous y rajoutons l'argent, fluide et énergie par excellence.) Réduire les besoins en énergie L’objectif de réduire au maximum les besoins et donc les dépenses énergétiques (pôle 5) ne pourra être atteint que si tous les autres pôles y contribuent. Certes la qualité des matériaux (pôle 3) et celle de leur mise en œuvre (pôle 4) sont essentielles. Mais en amont (avant de construire) et en aval (dans la phase d'habitation), le déterminant central, ce sont les habitants : toute conception écologique, en neuf ou en réhabilitation, tire d'abord sa valeur d'une programmation adaptée. Quel projet pour répondre à quels besoins ? Quelle taille juste du bâti pour le budget disponible ? Quelle évolutivité possible quand la structure familiale évoluera ? La cuisine intégrée est-elle prioritaire sur le surcoût que présente le devis d'un artisan soignant le choix des isolants et la qualité de mise en œuvre ?... Et puis dans la phase d'habitation, le comportement des occupants est déterminant : une maison passive dont on ouvre les fenêtres en hiver devient plus énergivore qu’une autre. La prise en compte de tous les paramètres du lieu de construction, et de l'état de l'existant dans un projet de réhabilitation (pôle I) a également une énorme incidence sur les futures consommations : quels déplacements seront imposés pour la vie quotidienne, le travail ? Quelles caractéristiques climatiques ? Comment tirer le meilleur parti des apports solaires et se protéger des éléments néfastes du climat local ? Quelles contraintes administratives pour réaliser une architecture adaptée? Enfin, l'architecture (pôle 3) (adaptation au terrain, forme, orientation, compacité, matériaux de revêtement extérieurs, etc.) a une incidence elle aussi capitale sur le confort intérieur et sur les performances thermiques globales, qu'il est souvent difficile et coûteux de vouloir corriger si ces points essentiels ont été négligés en amont.

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Pour ce qui concerne le surcoût d’une maison réfléchie et bien isolée l’exemple le plus parlant est bien entendu la hausse du prix de l’énergie :

Valeurs repères du coût cumulé du chauffage sur 10,20,30,40 et 50 ans selon 4 scénarios plausibles d'augmentation annuelle de l'énergie et pour une note de chauffage originelle de 1000 €/an. (En euros constants. Pour une note de 500€,

multiplier par 0.5, de 1300€ par 1.3 etc...

coût chauffage cumulé sur

10 ans 20 ans 30 ans 40 ans 50ans

scénario 1 +2%/an

11 169 24 783 41 379 61 610 86 271

scénario 2 +4%/an

12 486 30 969 58 328 98 827 158 774

scénario 3 +6%/an

13 972 38 993 83 802 164 048 307 756

scénario 4 +8%/an

15 645 49 423 122 346 279 781 619 672

Ce rapide calcul montre qu'en divisant les notes de chauffage par 4 à 5 en construction neuve, l'efficacité énergétique est d'abord synonyme de « bonne gestion financière ». Exemple pour un logement neuf de 120 m2 juste conforme à la réglementation (RT 2005) avec un coût de chauffage actuel de 500 €/an : le niveau « basse consommation » entraînera une économie sur les notes de chauffage oscillant selon l'augmentation à venir de l'énergie de 32 000 à 248 000 € sur 50 ans, alors que le surinvestissement de départ se situe entre 7 000 € (50 €/m2) et 28 000 € (200 €/m2). Pour le coût d’entretient d’une maison il est aussi nécessaire de prendre en compte la durée de vie des matériaux utilisés car celle-ci peut différer de façon très significative. Exemple : Durée de vie d’une laine minérale : entre 15 et 20 ans Durée de vie d’une fibre de bois : ≈ 60 ans (Durée de vie avant que ces isolants commencent à perdre leurs propriétés techniques) La distance avec le lieu de travail est aussi un élément essentiel à prendre compte.

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II. Le confort thermique 1. Introduction

L'équilibre thermique du corps humain Le corps humain se maintient à 37 °C environ par un apport de calories provenant des aliments, et par un ensemble de mécanismes qui régulent ses échanges thermiques avec son environnement. Il rejette de l'énergie sous forme de chaleur et de vapeur d'eau par sa peau et son appareil respiratoire. On est en situation de confort thermique quand ces échanges équilibrent les besoins du corps sans créer de gênes particulières, entre autres sans faire intervenir les mécanismes de lutte contre le froid ou la chaleur que sont le frissonnement et la transpiration. Plusieurs facteurs influent donc sur le confort thermique

Température de l’air La température des parois (rayonnement froid d’un mur en pierre) Les mouvements de l’air (courant d’air seulement agréable en été) L’humidité relative de l’air L’utilisation des trois modes de transfert de chaleur.

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L’étude de ces facteurs amène à parler de température ressentie, mais, difficilement mesurable, on utilise la température résultante sèche qui est la moyenne des deux principaux paramètres (température des parois et température de l’air) T° résultante sèche = (t° moyenne air+ t°moyenne parois) 2 À chacun son bien-être thermique Si des normes permettent d'avoir un avis sur la proportion de personnes qui seront satisfaites de telle ou telle ambiance thermique, la variabilité des habitudes culturelles et des sensibilités personnelles (selon l'âge, le sexe, l'acclimatation, les conditions de résidence, etc.) ne doit pas être minimisée dans la conception thermique d'un habitat. Par exemple, la zone de confort des anglais se situerait entre 14.5°C et 21°C, celle des américains entre 20°C et 26°C et celle des habitants des régions tropicales entre 23 °C et 29,5 °C. Certaines personnes ne dorment bien que fenêtres ouvertes, même en plein hiver, ou au contraire s'accommodent d'une transpiration qui serait insupportable à d’autres... D’autre facteurs encore peuvent avoir un effet sur le ressenti thermique. Des couleurs chaudes, la lumière, la vue du feu, un environnement sonore évocateur accentuent l'impression de chaleur. À l'inverse, les couleurs froides, l’ombre ou le bruit de l'eau, accentuent celle de fraîcheur. Ramener à un projet de construction il faudra adapter la température résultante sèche à nos attente en terme de confort. Et ainsi déterminer la nature des revêtements des murs, des plafonds et des sols en fonction de l’emploi des pièces (une chambre ou une salle de vie n’ont par exemple pas les mêmes critères de confort). Tous ceci dans le but d’optimiser l’isolation (chapitre suivant)

2. Outil du confort thermique (Apport solaire, inertie, déphasage, effusivité, résistance thermique, humidité, rayonnement, capacité thermique…) Pour construire ou réhabiliter une habitation il faut donc intégrer tous ces facteurs afin de limiter les dépenses d’énergie et permettre un bon confort intérieur et une durabilité de l’ouvrage. Nous allons donc maintenant aborder les propriétés thermiques des matériaux. Celles-ci permettent de définir le rôle de chaque matériau et de les utiliser à bonne escient. Là encore il est important, pour bien comprendre le phénomène, de différencier le comportement statique au comportement dynamique d’un matériau.

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Comportement dynamique d’un matériau Pour comprendre ce comportement il faut intégrer que les constructions sont soumises de la part du climat à deux actions différentes :

- Le climat agit sur les températures extérieures des enveloppes. Celles-ci subissent d'abord les variations journalières des températures extérieures. Pour une enveloppe "correctement" isolée, la température de sa face extérieure, si elle n'est pas ensoleillée, est très voisine de la température entre le jour et la nuit. Si la face extérieure est soumise à l'ensoleillement, sa température est influencée par la densité du flux incident et subit de ce fait, au cours de la journée, des variations encore plus importantes.

- Le climat agit également par apport d'énergie à l'intérieur du bâtiment, apport dû au rayonnement solaire qui est transmis à travers les vitrages et dont une grande partie est absorbée dans les parois. Il convient de constater dès maintenant que deux types de paramètres parfois liés entre eux, la température et la puissance d’un flux thermique, sont à prendre en compte dans la dynamique du bâtiment. En mécanique un seul type de grandeur : les forces, donnent naissance à un phénomène dynamique. Rien d'étonnant dans ces conditions que la notion d'énergie, simple en mécanique, ne le soit plus en thermique. En thermique les températures et flux peuvent varier tous deux de manières très différentes :

- les variations de température extérieure peuvent être très lentes et les valeurs de la densité du flux solaire incident faibles (cas des périodes couvertes),

- les variations de températures extérieures peuvent être au contraire brutale et les densités de flux solaire important lors de l'ensoleillement (cas des périodes claires).

Ce paragraphe est là pour vous informer de la complexité de la thermique dynamique, et vous inciter si toutefois vous visez une labellisation pour votre maison à faire appel à un bureau d’étude thermique compétent. Outils permettant d’utiliser les propriétés dynamiques de manière empirique (utilisation de l’inertie) La chaleur spécifique (également appelée capacité thermique massique ou chaleur massique) est la quantité de chaleur nécessaire pour chauffer un kilogramme de matériau de 1 degré. Symbolisée « c », elle s'exprime en joule par kilogramme kelvin (J/kg.K) ou en wattheure par kilogramme kelvin (Wh/kg.K). Plus C est grand, plus le matériau, pour un poids donné, peut stocker de calories. Cette capacité à accumuler la chaleur peut qualifier un volume, c'est la capacité thermique volumique, ou une surface, c'est la capacité thermique surfacique. La capacité thermique volumique, symbolisée ρc, prononcé rô -cé (parfois C), est l'aptitude d'un volume de matériau à stocker de la chaleur. « ρ c » est le produit de la chaleur spécifique (c) par la densité du matériau (ρ) (=ρ x c). La capacité thermique s'exprime usuellement en wattheure par mètre cube kelvin (Wh/m3K). Plus ρc est grand, plus le matériau, pour un volume donné, peut stocker de la chaleur. La capacité thermique surfacique est souvent utilisée comme indicateur de l'inertie thermique. Parfois symbolisée C elle exprime l'aptitude d'un mètre carré de matériau ou de paroi à stocker de la chaleur. C'est le produit de la chaleur spécifique (c) par la densité (ρ) par l'épaisseur du matériau (e) (=ρ x c x e). Pour une paroi composée de plusieurs matériaux, c'est l'addition des capacités thermiques surfaciques des différents matériaux la composant. La capacité thermique surfacique s'exprime usuellement en wattheure par mètre carré kelvin (Wh/m2K). Plus la capacité thermique surfacique est grande, plus le matériau ou la paroi, pour une surface donnée, peut stocker de chaleur. La diffusivité thermique, symbolisée « a », exprime la vitesse de déplacement de la chaleur dans un matériau. La diffusivité se calcule : a = λ/ ρ.c. Elle s'exprime en mètres carrés par seconde (m2/s). Plus a est important, plus le matériau transmet rapidement la chaleur mais aussi, pour un temps donné, plus la profondeur de matière dans laquelle la chaleur a un effet est grande.

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L’effusivité thermique Symbolisée « b », exprime la vitesse avec laquelle un matériau absorbe des calories. L’effusivité se calcule :

b= λ.p.c Elle s’exprime en racine carré de wattheures par mètre carré Kelvin Une effusivité élevée signifie que le matériau absorbe rapidement la chaleur : il se comporte comme une « pompe à calorie », sa surface ne s’échauffe que lentement. Au contraire, si b est faible, le matériau n’absorbe pas rapidement la chaleur. Elle reste alors en surface et celle-ci se réchauffe rapidement. Effusivité de quelques matériaux de parement :

Matériaux Effusivité thermique

Marbres 5 I Béton plein 34 Calcaire/ pierres dures 31 Brique de terre cuite (pleines) 21 Calcaire/ pierres très tendres 19 Ponce naturelle 4 Enduits ciment 23 Enduits à la chaux 16 Enduits terre allégé 12 Plâtres courants 10 Enduits chanvre-chaux 8 Cuivre 597 Acier 221 Carrelage, faïence 39 Verre 23 Terre cuite 22 Plastique 13 Feuillus lourds 9 Caoutchouc 9 Linoléum 9 Résineux lourds 7 Résineux légers 5 Dalle de liège 3 Tapis, revêtement textile 2

Laine I Les matériaux dont l’effusivité est basse (b≤2) sont dit « subjectivement chaud » : leur température s’adapte presque instantanément à leur environnement. Les matériaux dont l’effusivité est comprise entre 2 et 8 sont encore considéré comme chauds car ils s’harmonisent rapidement avec leur environnement. Les matériaux compris entre 8 et 15 donnent une impression neutre et fraîche. Enfin les matériaux dont l’effusivité est élevée (b≥15) sont perçus comme froid. (Par exemple habiller systématiquement les salles d’eau de faïence, matériau à forte effusivité, est une aberration thermique dans les climats froids et tempérés, il en est de même en rénovation « pierre apparente » en intérieur qui est très à la mode.

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Inertie intérieure d'une pièce (Cette description est très succincte ce référer aux livres de Jean-Pierre Oliva pour plus de détails) L'inertie intérieure d'une paroi s'exprime en kilowattheures par mètre carré kelvin (kWh/m2.K). Celle d'une pièce se calcule en additionnant l'inertie intérieure de toutes les parois de la pièce, elle s'exprime en kilowattheures par kelvin (kWh/K). Elle peut également être rapportée au mètre carré de surface habitable, et s'exprime alors en kWh/m2K. On estime usuellement que, pour des bâtiments régulièrement utilisés tels que les habitations, l'inertie intérieure quotidienne de chaque pièce devrait être, selon l'utilisation et la région climatique, de l'ordre de 30 à 50 Wh/m2K minimum. On recherchera des parois à très forte inertie séquentielle principalement pour les sols recevant le rayonnement solaire et les régions à risque de surchauffe estivale. Comportement thermique journalier d'habitations à très forte inertie et à inertie nulle.

L'inertie a deux effets : réduction de l'amplitude des températures et déphasage dans le temps des maximums et minimums de ces températures.

Exemple de parois

Capacité thermique intérieure

quotidienne (kWh/m2K)

et épaisseur de pénétration

Capacité thermique intérieure

séquentielle (kWh/m2K) et épaisseur

de pénétration Sol. terre cuite sur chape

de pose* sur isolant 17 (très forte) / 3 cm 49 (forte)/ 19 cm

Sol. Plancher bois massif sur isolant 9 (moyenne) / 2 cm 21 (faible)/ 16 cm

Mur. Brique monomur, finition plâtre 9 (moyenne) / 4 cm 38 (moyenne)/ 18 cm

Mur. Isolation extérieure sur mur

en aggloméré de ciment 16 (forte) / 6 cm 55 (forte) / 22 cm

Toiture. Déversement de chènevotte sur plaques de

plâtre 5 (faible) / 5 cm 15 (faible) / 19 cm

Toiture. Dalle béton isolée par l'extérieur 25 (très forte) / 4 cm 128 (très forte) / 20 cm

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III. Fonctionnement d’un isolant

1. Introduction Nous avons d’abord vue le fonctionnement dynamique des matériaux à laisser passer plus ou moins la chaleur et ainsi d’abaisser la température de confort par leur différentes capacités :

La capacité d’en stocker plus ou moins La capacité de la laisser passer plus ou moins rapidement ; La capacité d’adapter plus ou moins rapidement sa température de surface à celle de l’air ambiant

Il faut maintenant retenir les calories dans l’habitation pour réaliser des bâtiments économes et « environnementalement » performant. Pour ce, on parle d’enveloppe thermique. Celle-ci est définit par différents critères mais tous d’abord intéressons nous au fonctionnement d’un isolant. Lorsque l'on chauffe l'air d'une habitation non isolée, les parois ne s'échauffent pas. Les calories qui atteignent ces dernières par convection et rayonnement passent au travers par conduction, et s'en échappent, à nouveau par convection et rayonnement, avant d'avoir eu le temps de les réchauffer. Le rôle de l'isolation est d'interposer entre l'intérieur et l'extérieur une barrière au passage des calories au moyen de matériaux ayant (principalement) une capacité de conduction la plus faible possible. Le plus mauvais conducteur de la chaleur est le vide, qui ne permet plus que des échanges par rayonnement. C'est ce qui explique par exemple que dans l'espace, une simple feuille en aluminium suffit à arrêter tout flux thermique. Mais, sauf exception, sur terre, le « vide » est rempli d'air, et la paroi chaude de la lame d'air échange ses calories avec la paroi froide par convection (voir schémas confort thermique). Pour que l'air conserve ses qualités d'isolation, il doit être immobile. Cette immobilité s'obtient en l'enfermant dans des alvéoles les plus petites possibles afin de le compartimenter et ainsi freiner les mouvements de convection. L'amincissement des parois entre les alvéoles réduit les transferts par conduction et par rayonnement. Un isolant est donc un matériau de faible densité avec le moins de contacts possible entre ses particules pour réduire la conduction, comportant un très grand nombre de cellules les plus petites possible pour réduire la convection. Les transferts par rayonnement sont réduits par la multiplication des cellules et la faible densité de leurs parois. Plus l'isolant est épais, plus il y a de cellules et de parois entre cellules. Cela explique pourquoi l'épaisseur des matériaux isolants est déterminante pour leur efficacité.

Paroi pleine non isolée : les calories transmises à la paroi par rayonnement et convection la traverse majoritairement par conduction et sont dissipées à l'extérieur par rayonnement et Convection.

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Vide (théorique) : les calories transmises au parement intérieur ne réchauffent le parement extérieur que par rayonnement. Elles sont ensuite dissipées à l'extérieur.

Lame d'air : la face interne réchauffée transmet à la face externe froide ses calories par rayonnements et convection de l'air.

Isolant : la petitesse des alvéoles réduit la convection de l'air emprisonné, la légèreté de leurs parois limite le rayonnement, et la réduction de leurs points de contact limite les transferts par conduction. Les transferts se font, mais dans des proportions limitées.

La conductivité thermique : le coefficient λ (lambda) La conductivité (ou conductibilité) thermique est la propriété qu'ont les corps de transmettre la chaleur par conduction, rayonnement et convection. Elle s'exprime par le coefficient λ (lambda). Plus λ est grand, plus le matériau est conducteur, plus λ est petit, plus le matériau est isolant. λ est exprimé en watts par mètre kelvin (W/mK). Pour connaître le λ des matériaux, on peut utiliser les données accompagnant les règles de calcul des réglementations thermiques. Mais ces valeurs données par défaut étant généralement pénalisantes, les industriels font quantifier eux-mêmes les performances propres des produits qu'ils mettent sur le marché. Pour ces produits (tel type d'isolant de telle marque...) on peut alors prendre les valeurs données par l'industriel à partir du moment où elles sont certifiées par un organisme tiers. Par ailleurs, si le λ d'un matériau est peu affecté par les changements de température, il peut fluctuer en fonction de l'humidité ambiante dans les matériaux hygroscopiques (capables de contenir de l'eau sous forme liquide). Pour les isolants, le λ renseigné (et à utiliser) est le «λ utile » (à un taux d'hygrométrie moyen donné, en opposition au « λ sec »).

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2. Résistance thermique La résistance thermique : R Plus l'épaisseur « e » d'un matériau est importante, plus le flux de chaleur qui cherche à le traverser rencontre de résistance. Cette résistance se calcule par l'opération : R= e/λ. Plus R est grand, plus le matériau est isolant. e est exprimé en mètre, R en mètre carré kelvin par watt (m2K/W). En pratique, on utilise : – le coefficient λ pour exprimer la performance d'un matériau pris en tant que matière (tel type de laine de verre, de feutre de bois...) ; – la valeur R pour les matériaux pris en tant que produits (le rouleau de laine de verre de marque X et de Y centimètres d'épaisseur, telle brique de terre cuite...). Mais il faut relativiser cette valeur R donnée pour un produit car une mise en œuvre inadaptée ou un vieillissement prématuré peut la faire chuter. Nous verrons par exemple plus loin qu'avec les ponts thermiques induits par le type de mise en œuvre, cette valeur R peut être divisée par plus de 2 et qu'avec une mauvaise étanchéité à l'air, elle peut l'être par près de 5. De fait, la valeur R d'un produit n'informe que sur la contribution potentielle maximale de ce produit (et très rarement atteinte) à la résistance thermique de la paroi. Définition Le terme isolant thermique est souvent utilisé de façon générique. Mais une définition en est proposée par la norme NFP 75-10 :« Est appelé isolant thermique un matériau dont la résistance R est supérieure ou égale à 0,5 m2K/W et le lambda inférieur ou égal à 0,065 W/mK. » Le coefficient de transmission thermique : U En pratique, une paroi est constituée de plusieurs couches de matériaux d'épaisseurs et de conductivités thermiques différentes. Dans ce cas, les résistances (R) de chaque couche s'additionnent. Pour calculer la résistance totale de la paroi, il faut en outre faire intervenir deux résistances supplémentaires appelées « résistances superficielles ». Ces grandeurs quantifient les échanges thermiques spécifiques qui se font avec l'air au niveau des parements intérieurs (Rsi) et extérieurs (Rse). Dans l'approche simplifiée de la thermique « statique », on estime que ces valeurs ne dépendent que de l'inclinaison de la paroi et du sens du flux thermique. Elles sont alors indiquées dans les textes officiels.

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Le coefficient de transmission surfacique : U R exprime la résistance de la paroi au passage de la chaleur En fait, pour caractériser la performance thermique d'une paroi, on utilise son inverse U, appelé coefficient de transmission surfacique : U=I /R. Le coefficient U exprime la conductance de la paroi, c'est-à-dire l'intensité du flux de chaleur qui traverse un mètre carré de paroi pour une différence de température d'un degré entre les deux ambiances que sépare cette paroi. Plus U est faible, plus la paroi est isolante. U est exprimé en watt par mètre carré kelvin (W/m2K).

Si les valeurs λ et R sont importantes pour le choix des matériaux, la grandeur U est celle qui nous intéresse au final car c'est elle qui exprime la p er f o rma n c e d e l a p a ro i e t permet de calculer celle d'un bâtiment. Il est aussi nécessaire d’intégrer les ponts thermiques afin de savoir si la paroi est réellement pertinente.

3. Ponts thermiques Les ponts thermiques sont des parties de l’enveloppe du bâtiment dans lesquelles la résistance thermique est affaiblie de manière sensible. Ils sont à l’origine de déperditions accrues (ou de surchauffe en été), mais aussi : -de condensations pouvant dégrader de manière accélérée des parties du bâtit - de moisissures responsables d’une pollution de l’air intérieur ; -de salissures ou de fissures en façades ; -de sources d’inconfort par la présence de points de zones froides. Les ponts thermiques de liaisons Les jonctions entre différents éléments de l’enveloppe des bâtiments (Dalle/mur ; mur/fenêtre…) requièrent souvent des assemblages ou des dispositifs techniques qui affaiblissent ou coupent la couche isolante. Ces faiblesses, appelées « ponts thermiques de liaison », sont pour chaque jonction plus ou moins importante selon le système constructif. En construction neuve, ces ponts thermiques sont très fortement limités en choisissant un système constructif qui intègre leur réduction (monomurs maçonnés par exemple), qui en comporte peu par nature (ossature bois), ou bien les supprime grâce à une isolation rapportée par l'extérieur. En réhabilitation, si l'on ne peut pas opter pour l'isolation par extérieur, de loin le système le plus efficace, plusieurs choix techniques restent possibles : - pour limiter les ponts thermiques existants : retour de l'isolant par l'intérieur sur tout ou partie des refends ou des dalles, incorporation des balcons dans l'espace habité, réalisation d'un enduit extérieur isolant etc...

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Pour ne pas créer de nouveaux ponts à l'occasion d'une rénovation : réaliser des planchers en structure bois (ou bois/béton) plutôt que des dalles en béton armé. L'intensité des ponts thermiques de liaison est représentée par : Le coefficient Ψ (prononcé psi), exprimé en watt par mètre kelvin (W/mK) pour les ponts linéaires (ou linéiques) : liaison mur/dalle, pourtour de fenêtre... ; Le coefficient χ (prononcé ki), exprimé en watt par k elvin (W/K) pour les ponts ponctuels : poteau traversant une dalle isolée, poutre métallique traversant un mur... ; Plus ψ et x sont grands, plus les déperditions sont importantes. Différent ponts thermique de liaison

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Différent ponts thermique intégré

4. Calcul thermique Pour calculer le coefficient de déperdition thermique réel d'une paroi (intégrant es ponts thermiques), il faut rajouter au calcul l'incidence de tel poteau d'ossature, telle suspente métallique, tel coffre de volet roulant, telle jonction avec la dalle... Le calcul devient vite alors affaire de thermicien, avec des grandeurs à intégrer qui dépendront de l'outil utilisé (méthodes simplifiées, logiciels plus ou moins élaborés). Notons néanmoins quelques repères :

Pour les ponts thermiques intégrés (PTI) ponctuels : on calcule le U de I m2 de paroi sans pont thermique, on y additionne ensuite le nombre « n » de ponts (par m2) multiplié par leur intensité (χ) : U=U +n1.χ1+n2.χ2…

Pour les PTI linéaires, plusieurs solutions, la plus simple étant : On calcule le U de 1 m2 de paroi sans pont thermique, on y additionne ensuite le nombre de mètres de ponts par m2 multiplié par le Ψ de chacun : U=U +n1.Ψ1+n2.Ψ2…

Pour les ponts thermiques de liaison (PTL) : on multiplie le U du m2 de paroi (qui comprend déjà l'incidence des PTI) par sa surface (S) et l'on y additionne :

-Les déperditions des PTL linéaires (Ψ) multiplié par leur longueur (I) ; -Les déperditions des PTL ponctuels (χ) multiplié par leur nombre (n). Cela d onne au final : U=U.S + Ψ1.l1 +Ψ2.l2... + n1.χ1 + n2.χ2...

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Pour connaître les déperditions sur une année de l'enveloppe du bâtiment, on additionne les déperditions de l'ensemble des parois que l'on multiplie ensuite par les degrés jours unifiés du lieu, puis par 0,024.

Si le principe est simple, la multiplication du nombre de parois et de leurs ponts thermiques respectifs impose un calcul assez important. De plus, ce n'est qu'après addition à ce résultat des déperditions dues aux renouvellements d'air et des pertes du système de chauffage, et déduction des apports solaires et des apports internes que ce calcul aboutira au « bilan thermique » du bâtiment. C'est ce travail que réalisent, de manière plus ou moins succincte, les thermiciens lors de l'étude thermique. Quelques valeurs repère

. Les DJU (degrés jour unifiés) sont des moyennes d'écart des températures entre

l'extérieur et un intérieur à une température moyenne de 18 °C lors des périodes de chauffe (conventionnellement

du I er octobre au 20 mai). Calculés généralement sur 30 ans, ils oscillent

pour la France entre 1 200 pour la Corse et 3 800 pour le Jura. Ils sont fournis par les

règles de calcul de la réglementation

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IV. Etanchéité à l’air Comme vue plus haut, les parois d’un bâtiment sont soumises à des différences de pression d’air qui, si l’enveloppe n’est pas étanche, créent des transferts d’air non souhaités entre l’intérieur et l’extérieur. C’est fuites, responsables de déperditions thermiques accrues en hiver et de surchauffe en été, ont également, comme les ponts thermiques, de nombreuses autres conséquences :

-Dysfonctionnement du système de ventilation (l’air entre et sort un peu n’importe où au lieu de d’assurer le balayage complet du logement comme l’ont prévu les concepteurs. -Dégradations accélérées du bâti par les condensations concentrées aux passages des flux d'air ; -Dégradation de la qualité de l'air intérieur : apports d'air chargé de polluants présents dans les parois (fibres d'isolants, poussières, moisissures fixées sur les points de condensation...) ; -Impossibilité de contrôle des flux de vapeur d'eau dans les parois, interdisant toute gestion cohérente de l'humidité dans celles-ci

Les fuites ou entrées d'air parasites La localisation des fuites d'air non désirées peut être très diverse d'un bâtiment à l'autre mais avec tout de même des points faibles récurrents :

-les menuiseries extérieures : seuils de portes, liaisons murs/baies et ouvrants/dormants, coffres de volets roulants. -les liaisons des parois entre elles : sol/murs, murs/plafond... et particulièrement murs/rampant. -les équipements électriques : prises, interrupteurs... et tableau ; -les trappes et autres éléments traversant les parois (plomberie, évacuation, gaines techniques...).

Étanchéité à l'air et performance des isolants Les isolants étant généralement des matériaux peu denses, une grande partie d'entre eux n'opposent que peu de résistance aux flux d'air qui cherchent à les traverser. Cette faiblesse réduit considérablement leur pouvoir isolant s'ils ne sont pas mis en œuvre dans des volumes étanches à l'air. D'où l'importance de leur adjoindre des écrans « pare-air » parfaitement continus sur leurs deux faces.

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Sur la face interne, la fonction de l'étanchéité est d'empêcher l'air chaud d'entrer dans l'isolant où il perd ses calories au contact des parties extérieures plus froides. En outre, ce refroidissement entraîne des condensations dans l'isolant, qui à. leur tour font chuter les performances et nuisent à la durabilité des matériaux, et à la qualité de l'air intérieur. Cette barrière intérieure pourra être, selon les cas, un film « pare-air » spécifique, un film « frein de vapeur» le parement lui-même (plaque de plâtre, enduit... à condition qu'il soit continu à 100 %), ou un panneau de contreventement intérieur. Une fissure de I mm dans l'étanchéité à l'air peut diviser par 5 la performance d'un isolant !

Sur la face externe, l'objectif principal est le même : empêcher qu'un flux d'air extérieur ne pénètre l'isolant et affaiblisse ainsi une grande partie de son potentiel d'isolation. Mais cette barrière, placée côté extérieur, joue également un rôle déterminant dans la protection de la couche d'isolation contre les intrusions d'insectes ou de rongeurs. Pour remplir cette fonction, en sous-toiture ou derrière la lame d'air d'un bardage, les membranes pare-pluie souples sont de peu d'utilité et gagnent à être remplacées systématiquement par des panneaux rigides bouvetés.

D'après une étude de l'institut de physique du bâtiment de Stuttgart, la valeur U d'une structure d'isolation thermique se détériore du facteur 4,8 lorsque l’étanchéité à l’air est mauvaise. Rapporté à la réalité, cela signifie que pour une maison d'une surface habitable de 80 m2 qui présente des fuites dans l'étanchéité à l'air, le chauffage nécessite une quantité d'énergie aussi grande que pour une maison étanche à l'air d'une surface habitable d'env. 400 m2.

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Exemples de réalisation pour une étanchéité à l'air effective La mise en œuvre de l'étanchéité à l'air doit être particulièrement soignée aux raccords entre lés ou panneaux, aux jonctions de parois, et à tous les passages techniques... Mais une bonne étanchéité à l'air ne s'improvise pas et n'est effective que si : -Les détails de réalisation ont été soigneusement prévus en amont ; -la pose est réalisée avec soin et avec des produits adaptée -l'intervention des autres corps de métiers ne vient pas endommager le travail précédemment réalisé.

Jonction entre lès ou panneaux assurant l’étanchéité à l’air par du mastic et ou un adhésif

Etanchéité aux angles et raccord des parois avec du mastic et /ou des rubans adhésifs larges, parfois préformés Quand l'étanchéité à l'air est assurée par un enduit, sa continuité doit être réelle, y compris au droit des boîtiers électriques (pré enduit sous boîtier électrique), à l'entourage des fenêtres ou dans les angles entre parois (certains adhésifs se terminent par une trame à inclure dans les enduits contigus).

Jonction au droit des traversées des gaines (aération...) ou autres réseaux (électricité, plomberie...).

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V. Gestion de l’humidité

1. Les différents outils

a) Introduction La sensibilité à l'humidité (eau et vapeur d'eau) Les matériaux de construction ont des comportements divers à l'humidité, qu'elle se présente sous sa forme liquide (on parlera d'eau ou d'eau liquide) ou sous sa forme gazeuse (on parlera de vapeur d'eau). S'ils supportent sans dommage la présence d'un air chargé de vapeur d'eau, beaucoup voient leurs performances ou leur durabilité dégradées en cas de présence trop importante et/ou trop longue d'eau. C'est le cas de la plupart des isolants mais aussi des structures qui leur sont associées. Concernant les isolants, la présence d'eau peut dans certains cas engendrer des moisissures si l'humidité persiste. Quand ils sont trop sensibles à l'eau, les matériaux sont « traités » pour leur apporter une stabilité dans le temps.

b) Comportement des matériaux à l'eau Avant d'aborder la problématique de la vapeur d'eau dans les parois, examinons comment les matériaux qui composent celles-ci se comportent en présence d'eau à l'état liquide, car ce fonctionnement interfère avec la gestion de l'humidité à l'état gazeux. Plusieurs caractères déterminent le comportement des matériaux à l'eau

Leur porosité Un matériau poreux est un matériau qui comporte des pores ou des cavités de plus ou moins grande taille, pouvant accueillir de l'air (à la différence du verre, de l'acier, qui sont des matériaux non poreux). Ces pores peuvent être isolés les uns des autres on parle alors de structure fermée, comme certains polystyrènes ou bien reliés entre eux par des canaux, constituant une structure ouverte. C'est le cas de la majorité des matériaux de construction : la terre cuite, le béton, le bois, et de la plupart des isolants (laines minérales ou végétales...).

Leur hydrophilie ou hydrophobie

La molécule d'eau est polarisée, et fonctionne comme un aimant. La plupart des matériaux l'attirent, ils sont dits hydrophiles, d'autres la repoussent, comme par exemple les surfaces huilées où les gouttes d'eau perlent plutôt qu'adhérer ou être aspirées. Ce sont des matériaux hydrophobes (silicone, huile, certains plastiques... mais également laine minérale et liège).

Leur capillarité

Lorsqu'un matériau hydrophile est en contact avec l'eau, il a tendance à aspirer cette eau. Cette succion (ou traction) capillaire, d'autant plus forte que les capillaires sont fins et rectilignes, fait migrer l'eau vers les parties plus sèches du matériau. C'est ce même phénomène, appelé alors ascension capillaire, qui fait monter l'eau dans un mur, aspire le pétrole dans la mèche de la lampe, ou fait monter la sève jusqu'en haut des arbres. Un comportement capillaire des matériaux permet aussi à l'eau de condensation de se diffuser (permettant de déconcentrer les problèmes d'humidité) et de migrer jusqu'à la surface des parois pour s'évaporer au contact de l'air. Dans un matériau peu ou non capillaire, l'eau de condensation se concentre puis tombe par gravité. -Le comportement capillaire se mesure en laboratoire. . Il s’exprime généralement par les coefficients d’absorption liquide et de transport d’eau liquide

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Classement de divers matériaux selon leur activité capillaire

Activité capillaire

Coefficient d'absorption d'eau Aw (en kg/m2s1/2)

Coefficient de transport liquide (redistribution) Dww (en m2/s)

Exemples

Nulle à très faible < 0,01 < 10-11 Plastiques, quelques enduits « techniques », polystyrène, laines minérales, verre cellulaire, panneaux fibrociment, matériaux hydrofugés...

De faible à significative

0,005 à 0, I 10-8 à 10-12 Bois perpendiculairement aux fibres, majorité des pierres, enduits commerciaux contemporains, liège expansé...

Forte 0,05 à 0,2 10-6 à 10-9 Bois dans le sens des fibres, enduits terre ou chaux traditionnels, pierres calcaires poreuses, maçonneries en briques, pisé...

Très forte > 0,1 > I 0-7 Maçonneries en briques, ouate de cellulose, plâtre, plaques de plâtre...

Leur hygroscopicité

Les matériaux poreux, à structure ouverte et hydrophiles, sont également hygroscopiques, c'est-à-dire qu'ils peuvent fixer sur leurs pores des molécules de vapeur d'eau qui, selon la taille des pores et le taux d'humidité relative de l'air, condensent plus ou moins rapidement : on parle alors d'humidité hygroscopique, d'adsorption et de condensation capillaire. Dans une paroi, la présence de matériaux hygroscopiques permet de stocker et de déstocker une partie de l'humidité de l'air. Une paroi composée de tels matériaux est donc moins sensible à des teneurs d'humidité fluctuantes et, en abaissant le taux d'humidité de l'air, repousse le moment (ou l'endroit) où la vapeur d'eau condensera par saturation.

c) Comportement des matériaux à la vapeur d'eau Indépendamment de son comportement avec l'eau liquide, chaque matériau offre une certaine résistance à la migration de la vapeur d'eau. Cette résistance s'exprime par le coefficient pi et la valeur Sd. Définitions

Le coefficient (ou facteur) de résistance à la diffusion de vapeur d'eau. Grandeur sans unité, symbolisé .μ (prononcé mu), elle indique dans quelle mesure un matériau (pris sous son aspect « matière » : le béton, le bois...) s'oppose à la migration de la vapeur d'eau. Il est établi par convention que l'étalon pour exprimer la progression de la vapeur d'eau est l'air immobile μ air = I) Un matériau ayant un μ. de 30 signifie qu'il résiste 30 fois plus à la diffusion de vapeur d'eau que l'air.

La résistance à la diffusion de vapeur d'eau.

Symbolisée Sd (prononcé esdé), elle indique dans quelle mesure un matériau (pris sous son aspect produit : brique de 20 cm, plaque de plâtre de 13 mm...) s'oppose à la migration de la vapeur d'eau. On l'obtient en multipliant le coefficient μ (du matériau) par l'épaisseur (du produit) en mètre : Sd = μ x e Sd s'exprime en mètres (m). Un matériau ayant un Sd de 5,00 m exerce la même résistance à la diffusion de vapeur d'eau qu'une lame d'air immobile de 5 mètres de largeur. Plus le μ et le Sd d'un matériau sont grands, plus ce dernier s’oppose à la migration de la vapeur d'eau.

La perméance et la perméabilité à la vapeur d'eau. Dans le bâtiment on utilise plus ces termes comme qualificatifs que comme grandeurs physiques. On dira par exemple qu'une paroi ou un matériau est perméant (ou perspirant) s'il s'oppose peu à la migration de vapeur d'eau.

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résistance à la vapeur d'eau de divers matériaux

Coefficient de résistance à la vapeur d'eau (μ)

Épaisseur Résistance à la vapeur d'eau (Sd en m)

Air (= référence) I I m I Verre +∞ 4 mm +∞ Béton armé 80 à 130 (1) 12 cm 9,6 à 15,6 Bois tendre (sapin...) 20 à 50(1) 2 cm 0,4 à I Plâtre (tradi, placo...) 4 à 10 (1) 13 mm 0,05 à 0,I3

Polystyrène expansé 60 20 cm 12

Laine minérale I 20 cm 0.2

Laine végétale I à 2 20 cm 0.2

Film en polyéthylène 0,15 mm

(2)

50

Feuille d'aluminium 0,05 mm

(2)

1500

(I) Pour un même matériau, le p, peut évoluer selon sa densité et son taux d'humidité. (2) Pour les matériaux très fins (films, membrane...), seule la valeur Sd est renseignée.

d) Humidité relative et point de rosée Définitions

Humidité absolue. Quantité de vapeur d'eau présente dans une masse d'air donnée. Elle s'exprime en grammes par mètre cube d'air ou par kilogramme d'air sec. Humidité saturante. Quantité maximale de vapeur d'eau que l'air peut contenir à une température donnée (sans que celle-ci se condense). Plus l'air est chaud, plus il peut contenir d'eau sous forme de vapeur (Exemple : de l'air à 20 °C peut contenir jusqu'à 14,4 g de vapeur d'eau par mètre cube alors qu'il ne peut en contenir que 12,5 g à 10 °C.) Humidité relative (HR). Proportion entre humidité absolue et humidité saturante pour une température donnée. (Par exemple, à 20 °C, si l'air contient 7.2 g de vapeur d'eau, son humidité relative est de 7,2 g/ 14,4 g = 0,5 soit 50 %. On appelle aussi ce pourcentage le taux d'hygrométrie.) Point de rosée. Lorsque l'humidité relative augmente jusqu'au niveau de l'humidité saturante (HR = 100 %), on dit qu'elle arrive à saturation ou que la vapeur =eau devient saturante. Au-delà de ce point, appelé point de rosée, le surplus de vapeur d'eau se condense en eau.

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e) La gestion de l'humidité dans les parois Nous avons vu au début de cette partie qu'il était possible de concevoir des parois de telle sorte que les différentes sources d'humidité n'y pénètrent pas, Ou que du moins il n'y ait jamais d'excès d'humidité qui serait cause à la fois de chute de performance des isolants, de détérioration de la qualité de l'air intérieur et de dégâts graves affectant la durabilité du bâti. Pour atteindre ces objectifs, on distingue historiquement deux stratégies différentes, celle des bâtiments anciens de type préindustriel, et celle des bâtiments contemporains.

2. Bâti conventionnel

Pare vapeur conventionnel avec paroi externe ne permettant pas l’évaporation

La stratégie conventionnelle consiste à essayer de ne pas permettre à la vapeur d’eau d’être en contact avec les éléments porteurs ou isolants du bâtiment et ainsi empêcher tous transfert. La pose de film étanche coupure de capillarité, étanchéité sous couverture à l’aide de goudron… A partir des années 1970 L’isolation par l’intérieur s’impose en France, il faut donc alors résoudre les problèmes de condensation inhérente à ce système. Le pare vapeur se démocratise donc, mais l’étanchéité de cette barrière, posée côté chaud de la paroi n’est que théorique : l’air étant un fluide, la surpression le fait confluer vers tous les défauts et toutes les discontinuités du pare-vapeur. Le résultat est donc une concentration de vapeur d’eau et de condensation dans certaines parties de la paroi: -pont thermiques -raccords entre parois (ossatures primaires ou secondaires) -passage des canalisations électriques -étanchéité défaillante entre lés de pare-vapeur. Ils est notamment dangereux de mettre en place des pare-vapeur sans avoir la capacité réelle d'en assurer la continuité.» Guide la Thermique du bâtiment, 2007, ISOVER, Cette phrase écrite en petits caractères au détour d'une page d'un ouvrage qui en comporte cent quarante et qui se présente comme la référence technique de l'isolation, est-elle suffisante au regard de l'énorme problème qu’elle évoque ?

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3. Système constructif dit perspirant Calqué sur le fonctionnement des habitats vernaculaire de nos régions (maison en pierre bâtit à la chaux, à la terre, pisé, torchis …), Le principe est de réguler le passage de la vapeur d’eau et d’en favoriser le transit pour ce il faut respecter plusieurs règle :

Le premier principe est de limiter la pénétration de la vapeur d'eau dans la paroi. Pour cela il faut d'abord réaliser côté intérieur une très bonne étanchéité à l'air. Le matériau choisi pour assurer l'étanchéité à l'air doit opposer une certaine résistance à la migration de vapeur d'eau, mais avec un Sd limité afin que l'éventuelle humidité présente dans la paroi puisse s'évaporer vers l'intérieur, si besoin, aussitôt que les conditions le permettent. On parle alors de « frein de vapeur ». Ce peut être un panneau, un film, un enduit...

Le deuxième principe, particulièrement important avec les fortes épaisseurs d'isolation, est de choisir pour la paroi des matériaux suffisamment capillaires pour permettre à l'éventuelle eau condensée de se déplacer pour rejoindre les parements et se ré évaporer

Le troisième principe est de disposer les matériaux en couches de perméabilité croissante de l'intérieur vers l'extérieur (les plus fermés côté intérieur... jusqu'au parement extérieur, toujours très ouvert à la vapeur d'eau).

Le garde-fou la règle du « 5 pour 1 » et ses applications En l'absence de prise en compte de cette problématique dans les textes de référence français et vu la difficulté de faire des études au cas par cas sur de petits projets, de nombreux acteurs de l'éco construction appliquent depuis une dizaine d'années la règle du 5 pour 1 au dimensionnement des parois perspirantes. Méthode simple de dimensionnement « par défaut » des résistances à la vapeur d'eau issue de la réglementation britannique, elle propose une résistance à la vapeur d'eau du parement intérieur 5 fois supérieure à celle du parement extérieur (Sd int, ≥ 5 x Sd ext.), avec toutefois un Sd minimal de 1 mètre côté intérieur. Toutefois il est préférable de confirmer la perspirance de la paroi avec un diagramme de glaser. (Voir « exemple de différents complexe » dans le chapitre ossature bois) Un frein vapeur est considéré comme tel lorsque sa valeur sd est comprise entre 1 et 5 Les matériaux dont le sd est supérieur 10 seront considéré comme un pare vapeur.

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VI. Conclusion En conclusion et à notre avis on ne peut concevoir puis construire une habitation sans intégrer tous ces facteurs, qui comme nous l’avons vue sont déterminants pour le confort intérieur, la consommation d’énergie, le coût d’entretient, la durabilité du bâtiment…… Les sujets traités ci-dessus ne sont abordés que de manière succincte et demande à être approfondis, rapporter à un projet de construction on constate qu’il n’y a pas de solution miracle adapté à tous les projets, il est donc nécessaire de s’entourer de professionnels compétents et minutieux, tant au niveau de la programmation que de la mise en œuvre. En effet que ce soit en neuf ou en réhabilitation les phases essentielles de programmation et de conception sont trop souvent négligées au prétexte que la rémunération de la prestation intellectuelle qu’elle représente serait un surcoût. Ne pas prendre en compte cette programmation ne mènera qu’à des dépenses inutile car l’habitat ne répondra pas à nos attentes : un espace de vie adapté à la fois à sont environnement et à nos besoins réels. Dans la phase de construction il sera aussi nécessaire de faire appel à des artisans compétents car la mise en œuvre est au moins aussi importante que le choix des matériaux, par exemple mettre 40 cm d’isolant si l’étanchéité à l’air n’est pas correctement réalisée n’engendrera qu’un surcoût inutile de matériaux, il en est de même pour tous les postes de construction. Prendre l’artisan le moins cher n’est pas forcement un bon calcul car derrière un faible coût il peut ce cacher une mise en œuvre douteuse, d’autant plus qu’en France les entreprises n’ont qu’une « obligation de moyen » et non pas de résultat. Encore une fois nous conseillons de lire les livres de Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey pour plus de détails.