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Les fêtes pascales à Romans sous la Renaissance

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LES FÊTES PASCALES A ROMANS

SOUS LA RENAISSANCE

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Cette édition a été réalisée avec le concours du Conseil Général de la Drôme.

© Editions Curandera 1993 73670 Entremont-le-Vieux

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JEAN-PIERRE GINET

LES FÊTES PASCALES A ROMANS

SOUS LA RENAISSANCE

EDITIONS CURANDERA

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L'auteur souhaite remercier les écrivains-historiens Corie BAU- DOUY, Michel GARCIN et Jean PAUTROT, membres de son, comité de lecture.

Il désire aussi adresser ses remerciements à l'historienne Gene- viève TERRY pour sa collaboration et l'aide précieuse qu'elle a apportée dans la correction de son manuscrit.

Cet ouvrage a été conçu initialement comme une relation des Fêtes Pascales liées à la création du Calvaire des Récollets au XVIe siècle, à Romans.

Mais la compilation nécessaire à mes recherches spécifiques m'a amené à ne pouvoir dissocier l'histoire économique et sociale de la ville alors animée d'une activité intense, et au point le plus fort de son prestige.

Mon sujet s'est donc étoffé du reflet de la vie à ROMANS à cette époque de la Renaissance, précédé par un condensé de son histoire jusqu'au XVIe siècle.

Pour agrémenter l'énumératif de la Procession des Rameaux, j'ai introduit un préambule autobiographique contenant une donnée insolite permettant de transformer la relation écrite en « reportage visuel ».

Il n'existe pratiquement pas de documentation iconographique sur Romans au XVI siècle. Nous avons donc choisi, pour illustrer cet ouvrage, des dessins du XIX siècle de Diodore Raboult. En effet, Romans a beaucoup plus changé depuis un siècle qu'elle n'a évolué du XVI au XIX siècle.

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PREMIERE PARTIE

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I LA VILLE AVANT LE XVIe SIECLE

Origines. Jadis, le site de Romans était peuplé par la tribu Celte des

Allobroges, dont la capitale était Vienne. Ce territoire colonisé par le préteur Pontinius devint partie d'une province Romaine, connue sous le nom de Gaule Narbonnaise. C'est ainsi que les nombreuses légions qui se rendaient à Vienne et à Lugdunum passaient le gué dans ce lieu appelé Conquers.

Les Romains construisirent un temple qu'ils dédièrent à Mercure, dieu des voyageurs et des marchands, et implantèrent plusieurs colonies, dont Saint-Jean d'Octaveon et Jabelin. Quel- ques siècles plus tard, cette terre Gallo-Romaine se retrouva dans l'Empire de Charlemagne.

Au IXe siècle.

C'est à cette époque justement que naquit la ville de Romans, qui ne serait peut-être demeurée qu'une bourgade sans la

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construction de l'église romane par Saint-Barnard au IXe siècle, pour recevoir les reliques de trois saints : ce qui en fit aussitôt un lieu de pélerinage.

L'instauration d'un Chapitre de chanoines dans cette église reconstruite au Xe siècle et devenue Collégiale, acheva d'asseoir le prestige de la cité.

Donc à tout seigneur tout honneur : rendons à Saint-Barnard les honneurs qu'il mérite en le situant en regard de l'Histoire.

La vie de Saint-Barnard.

Il est né en 778. Fils du seigneur d'Isernore ; marié très jeune, il dut suivre contre son gré la carrière des armes en entrant à la cour de Charlemagne. Devenu veuf, il partagea ses biens entre ses enfants et se retira à Ambronay (Ain) où, avec l'argent qui lui restait, il restaura un ancien monastère en ruines dont il devint l'abbé.

Trois ans plus tard, la renommée du preux de Charlemagne était telle qu'il était appelé par le pape comme archevêque de Vienne pour occuper le siège laissé vacant par Saint-Volfère.

Ayant fait partie de l'assemblée de Soissons, qui, en 833 déposa le fils de Charlemagne Louis le Pieux (dit le Débonnaire) au profit de Lothaire, il s'enfuit en Italie quand Louis remonta sur le trône en 835. Barnard fut suspendu par le Concile de Tramoyes en 836, puis rétabli dans son diocèse de Vienne.

En 837 il fonda un monastère de l'ordre de Saint-Benoît sur les bords de l'Isère, en un lieu dénommé Conquers. Lieu qu'il connaissait bien pour y avoir plusieurs fois passé le gué qui s'y trouvait et qui permettait de franchir l'Isère.

Les moines-paysans du monastère des bénédictins, placés sous l'autorité d'un abbé, défrichèrent les terres et établirent des paroisses.

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(Le monastère et le bourg se développèrent rapidement, l'imposi- tion de dîme sur les récoltes ainsi que la création de nombreux privilèges permirent à l'abbaye de constituer un certain patrimoine et d'accumuler des richesses. Malheureusement, cette prospérité excita la cupidité et la jalousie des seigneurs des environs.

L'église et le monastère furent détruits, les biens mobiliers et objets dérobés et les moines dispersés. Il fallut attendre l'an 950 pour que l'archevêque de Vienne, obtienne la sécularisation de l'abbaye qui devint un Chapitre de chanoines .)

Dans ce même temps, Barnard fit aussi construire une église-abbaye, et une fois celle-ci terminée, il fit amener les restes de trois habitants de Vienne martyrisés : Exupère, Séverin et Félicien, qui gisaient, abandonnés, près d'une porte de Vienne. Il en fit les Saints Patrons de la Ville, connus sous le nom des Trois Doms.

Le 22 janvier 842 après matines, Barnard souffrant, ne s'était pas rendu à l'église. Quelques moines accoururent chez lui prendre de ses nouvelles. Grande fut leur surprise ! La chambre était envahie par une lumière rayonnante et on percevait une odeur très agréable (probablement une odeur de rose qu'on associe à l'odeur de sainteté). Le Saint quittait son corps, la lumière s'en alla avec son esprit, mais l'odeur persista jusqu'à l'ensevelissement de sa dépouille charnelle. Pour respecter sa volonté d'humilité on enterra Barnard au bas de l'église sous le grand égout.

« Ce fut un homme illustre, fameux, généreux, éloquent, honnête, cher au peuple par sa doctrine et à Dieu par sa religion ». C'est ce que nous pouvons lire sur son épitaphe.

Une centaine d'années plus tard, en 944, un moine proposa qu'on exhume les restes du Saint qui pourrissaient dans un lieu caché pour les exposer à la vénération des fidèles. Le Saint lui serait apparu en rêve et aurait promis de faire des miracles. La

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décision fut prise. Les ossements furent lavés avec du vin qui fut utilisé pour oindre et guérir les malades.

Cette cérémonie du vinage attira beaucoup de pélerins. Les aumônes furent si importantes qu'on put rapidement faire fabriquer une châsse d'argent, ciselée et incrustée de pierreries pour présenter les reliques.

La cérémonie du vinage renouvelée au cours des siècles devint une tradition. La châsse, placée à gauche de l'autel des Saints-Apôtres était

sortie à l'occasion des nombreuses processions. Cela dura pendant six siècles jusqu'en 1567.

A partir de 1568 on portait une statue du Saint, les ossements ayant été brûlés par les Huguenots lors du pillage de la collégiale.

(Jacques SALUCES-MIOLANS de GARDE chassé de Saint- Marcellin vint se réfugier dans Romans. Il fit murer les portes et s'empara de l'autorité locale. Les soldats protestants pillèrent les maisons, dévastèrent les églises, et le 26 octobre 1567 brûlèrent le couvent des Cordeliers. Paradoxalement, c'est le baron François BEAUMONT des ADRETS qui se porta au secours de Romans rejoignant ainsi le camp catholique. )

Du Xe au XVe siècle. La ville s'édifia en plein écroulement du Saint-Empire qui se

morcela en trois royaumes : de France, avec Charles le Chauve ; de Germanie, avec Louis, et d'Italie avec Hugues, comte de Provence qui tenait sa cour en Arles. En 937, ce dernier détacha de ses possessions, un vaste territoire riche de sept cents châteaux et manoirs qu'il céda au Comte d'Albon, Guigue, dont un des descendants DELPHUS, donna son nom à ce nouvel état le « Delphiné ».

Les Dauphins devaient régner pendant les quatre siècles où

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les Capétiens gouvernèrent la France. A l'avénement du premier Valois Philippe VI, les deux états furent réunis, en 1349.

Curieusement, pendant ce temps, Romans, bien que géogra- phiquement situé en Dauphiné, était resté une seigneurie indé- pendante, placée sous l'autorité du Chapitre de Saint-Barnard. Les Dauphins s'en accomodaient d'autant plus, que l'abbé du Chapitre était l'Archevêque de Vienne.

Au cours de la durée de cette administration de la ville par le Chapitre, celui-ci instaura la cérémonie de la Procession des Rameaux dont le rituel s'est poursuivi jusqu'au XVIe siècle, où il atteint son apogée de magnificence, juste avant que les guerres de religion ne bouleversent les structures de la vie de la cité.

(Il y eut toujours par la suite des processions pascales, mais l'auréole de Fêtes, de faste, avait disparu à jamais. )

Dès le XIe siècle, le Chapitre portait les restes de Saint- Barnard et les habitants des communes voisines accouraient à la procession espérant par leurs prières et leurs dévotions favoriser les récoltes nouvelles.

A cette occasion, les clercs sortaient aussi les statues des trois saints patrons de la ville, Félicien, Séverin et Exupère.

Le cortège se formait aux abords de la Collégiale (comme l'on pourra s'en rendre compte, le protocole de ces processions correspon- dait à une vraie étiquette de cour. Le moindre dérogement à la place hiérarchique aurait été une faute de lèse-majesté), il devait emprun- ter la rue Pêcherie, la rue de Clérieux, franchir la porte, puis le faubourg du même nom, pour atteindre le Mont Chaffal (lieu communément désigné sous le nom de Rampaux, du latin Ramis Palmum, actuellement les Récollets) appelé aussi Chiron, et qui fut par la suite l'emplacement choisi pour la construction du Calvaire.

Les groupes étaient présumés se rendre à la rencontre de Jésus et de son âne que l'on ramenait à Saint-Barnard jusqu'au chœur.

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Toujours au XIe siècle, et sous l' administration du Chapitre de Saint-Barnard, celui-ci, en cette époque de féodalité, avait promulgué des lois qu'il appliquait avec une certaine rigueur.

Les habitants étaient soumis à cette puissance ecclésiastique selon la formule reprise plusieurs fois dans l'histoire de la ville :

« Romans se gouverne par ses bonnes coutumes ». Chaque événement nous ramène toujours au Chapitre. Il est

présent partout. Les premières constructions, le pont, les rem- parts, la forteresse, les hôpitaux, le commerce et l'artisanat, les marchés et les foires, l'administration, la justice, les taxes et les impôts, la co-seigneurie avec le Dauphin, et même la maison du bordel : c'est toujours le Chapitre.

Quand la population laïque fut assez nombreuse pour représenter une force, elle voulut élire des consuls ; un gouverne- ment municipal fut établi pour gouverner selon les bonnes coutumes, c'est-à-dire, créer des revenus pour effectuer des travaux municipaux.

A partir de 1138, le consulat fut établi dans la plupart des cités qui s'administraient par elles-mêmes. A Romans, comme dans un grand nombre de villes d'Italie et de Provence, cette forme d'administration locale était déjà ancienne. C'était une sorte de juridiction chargée du maintien de l'ordre et de la sécurité des habitants, de l'organisation des métiers et du com- merce, ainsi que de la réglementation des foires et des marchés. Elle s'occupait également à effectuer des travaux d'intérêt public, à ouvrir des hôpitaux, à aider les pauvres, et à délibérer sur tous les sujets qui concernaient l'ensemble des habitants.

Le Chapitre s'aperçut rapidement que cette administration exerçait une autorité concurrente à la sienne. Ne pouvant faire appel à la force qui n'était pas de son côté, il utilisa toutes les ruses pour contester les pouvoirs des Consuls.

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Pendant plus de deux siècles, le Chapitre et la population derrière ses consuls, s'affrontèrent en une véritable guerre civile, verbale et juridique.

En 1342, le Dauphin Humbert II profita de cette situation pour envahir la ville. Il la rattacha au Dauphiné et en fit sa capitale.

(Comme la cité éclatait dans ses remparts, il fit démembrer 4363 setérées de terres, de prés, de vignes, et 555 setérées de bois des mandements de Monteux et Peyrins. Sept ans plus tard, en 1349, le Dauphin vendait ses états au roi Philippe VI de Valois. Ce qui fait que lors des Fêtes Pascales du XVIe siècle, nous serons des Français ayant pour roi Henri III. )

Humbert II trouvant que le consulat était une bonne administration pour une ville, il accorda aux Romanais le droit d'élire des consuls par une charte du 27 février 1342.

« Nous accordons aux bourgeois la faculté d'élire quatre consuls tous les ans ; ils auront le pouvoir, sur l'avis du conseil, d'ordonner tout ce qui sera utile et nécessaire pour le bien général. Cette élection sera faite en présence de nos officiers, les Consuls prêteront serment entre leurs mains, d'être fidèles et de ne consentir à aucune réunion du peuple sans appeler les magistrats ».

En plus de leurs attributions existantes, les consuls obtinrent la police sur les poids et mesures, et surtout, le droit de lever une taille : reconnaissance suprême de la part de l'autorité delphinale. Ils devaient prêter serment de maintenir les bonnes coutumes. Pour cela, ils touchaient une indemnité de 15 florins par an.

Pendant plus d'un siècle, l'administration communale fut en proie aux rivalités qui existaient entre le Chapitre de Saint- Barnard et le Dauphin ou son représentant.

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C'est Louis XI qui dota Romans d'un statut libéral et définitif par la charte du 14 février 1450. Ce Dauphin faisait de longs et fréquents séjours au château de Peyrins et avait noué avec les Romanais des contacts joviaux et bienveillants. Il séjournait souvent en ville et logeait chez des bourgeois ou chez ses maîtresses. Ce prince très habile amoindrit progressivement les pouvoirs du Chapitre pour ne donner aux Romanais qu'une seule autorité de tutelle, celle du Dauphin.

Chaque année, le 25 mars, les chefs de famille se réunissaient à la maison commune de la rue de l'Armillerie pour élire les consuls. La rue de l'Armillerie est une des principales artères séparant la haute ville de la basse ville. C'est le centre des affaires. On y trouve entre autres les magasins d'Antoine GUERIN situés au rez-de-chaussée de l'Hôtel du Vivier.

Les consuls sont censés représenter les quatre catégories de citoyens qui composent la ville. Le premier consul est le représen- tant des nobles, des professions libérales et des bourgeois rentiers. Le second consul celui des marchands. Le troisième consul est choisi parmi les artisans, et le quatrième, chez les cultivateurs.

Les consuls sont élus pour un an et recrutés parmi les membres du conseil particulier fort de vingt-quatre personnes, désignées pour trois ans. Dès que les nouveaux consuls sont connus, l'ensemble des collèges se rend à la Collégiale où le sacristain du Chapitre célèbre une messe solennelle en l'honneur des nouveaux élus.

C'est la parfaite démocratie !

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Peu avant l'époque sanglante du « Carnaval de Romans », les célébra- tions pascales, à la fois chrétiennes et païennes, donnaient lieu à des fêtes et des processions dont on a du mal aujourd'hui à imaginer l'ampleur. Prenant prétexte de ces fêtes, J.P. Ginet nous trace le portrait d'une ville alors à son apogée, débor- dante d'activité, riche, vivante et colorée. Peintre et historien, l'auteur, dans une langue pleine de saveur, fait défiler sous nos yeux tout un peuple à la fois industrieux et frondeur, inventif et jaloux de ses libertés conquises.

ISBN : 2.86677.138.9 Prix : 149 F

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