64
L’histoire accablante du pétrole et des affaires bancaires dans la guerre privatisée de l’Angola. « TOUS LES HOMMES DES PRÉSIDENTS » : LA PART DES DIRECTEURS. Un rapport de Global Witness Dans les rôles principaux JACQUES CHIRAC et JOSÉ EDUARDO DOS SANTOS Co-vedette BORIS ELTSINE dans son propre rôle • Avec la participation de GEORGE W BUSH et DICK CHENEY • D’après l’idée originale de CHARLES PASQUA et JEAN-CHARLES MARCHIANI Manque de transparence de la plupart des INDUSTRIES PÉTROLIÈRES ET BANCAIRES INTERNATIONALES • Introduit la notion de « PUBLIEZ CE QUE VOUS PAYEZ » Sans restriction d’âge : non censuré par la COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE Publication générale à partir de mars 2002 Global Witness présente...

les hommes des Présidents

  • Upload
    dotuyen

  • View
    225

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: les hommes des Présidents

L’histoire accablante du pétrole et des affaires bancaires dans la

guerre privatisée de l’Angola.

« TOUS LES HOMMES DES PRÉSIDENTS » : LA PART DES DIRECTEURS. Un rapport de Global WitnessDans les rôles principaux JACQUES CHIRAC et JOSÉ EDUARDO DOS SANTOS

Co-vedette BORIS ELTSINE dans son propre rôle • Avec la participation de GEORGE W BUSH etDICK CHENEY • D’après l’idée originale de CHARLES PASQUA et JEAN-CHARLES MARCHIANI

Manque de transparence de la plupart des INDUSTRIES PÉTROLIÈRES ET BANCAIRESINTERNATIONALES • Introduit la notion de « PUBLIEZ CE QUE VOUS PAYEZ » Sans restriction d’âge : non censuré par la COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

Publication générale à partir de mars 2002

Global Witness présente...

Page 2: les hommes des Présidents

Tous les hommes des Présidents

Recommandations

Les sociétés pétrolières devraient:

● Adopter une politique de transparence totale. Celasuppose de :

. Rendre public un résumé des impôts et autrespaiements effectués au profit des gouvernementsnationaux dans l’ensemble des pays où les sociétésopèrent. En complément des informations déjàdisponibles dans les rapports des filiales, les donnéesdevraient être présentées comme paiements totauxnets aux autorités nationales de chaque pays etdevraient être présentées dans les rapports annuelsconsolidés des sociétés mères et dans les comptes-rendus annuels aux autorités de contrôle.

. Les données devraient être fournies au niveau localdans la langue nationale de chaque pays d’activitéainsi que dans la langue d’origine de la société.

. Les sociétés mères devraient publier pour chaquepays les noms de leurs filiales et l’endroit où cesdernières sont inscrites au registre du commerce.

● Adopter une position unifiée entre toutes les sociétésdu secteur pétrolier pour tous les pays d’activité,concernant la transparence complète des paiementsaux gouvernements nationaux.

● Faciliter la progression et la publication rapide duProgramme Contrôlé par le Personnel du FMI enAngola.

● Adopter une politique d’audit indépendant ettransparent des programmes sociaux à la fois pourles objectifs des projets et pour leur rapport qualité-prix.

Les banques commerciales fournissant des prêts à despays souffrant de problèmes graves de corruption (tels quel’Angola) devraient :

● Publier les détails complets des prêts accordés, ycompris les montants prêtés, les bénéficiaires, letaux d’intérêt, la date d’échéance et l’objet du prêt.

● S’assurer que des systèmes internes sont mis enplace pour éviter que des prêts ne respectent pas lesplafonds convenus au niveau international, tel quele plafond de millions de dollars convenu avecle FMI pour les nouveaux prêts à l’Angola en .

● Préciser les mesures prises pour vérifier que lesdépenses réelles correspondent à celles établies dansles documents de la banque et au cours desnégociations, et exiger que les dépenses soientvérifiables comme condition pour accorder le prêt.

● Identifier et mettre en oeuvre des mécanismesassurant la transparence fiscale dans les prêtsinternationaux en conjonction avec les institutionsde crédit internationales. Cela comprend laconditionnalité dans l’attribution des prêts : les prêtsdevraient être approuvés lorsque les dépenses sur lesprêts précédents ont été vérifiées et approuvées parun comité accrédité, les dépenses devraient êtrecontrôlées et les irrégularités sanctionnées par lerefus d’accorder d’autres prêts.

● S’assurer à l’avenir que tout prêt à l’Angola estremboursable par une voie gouvernementaleauditée de façon satisfaisante, pour éviter lasituation actuelle où il existe une multitude decanaux parallèles.

● Souscrire immédiatement aux directives Wolfsbergcontre le blanchiment de l’argent. Les signataires deWolfsberg, notamment ABN Amro, Citibank etSociété Générale qui prêtent déjà de l’argent àl’Angola, ne devraient pas collaborer ou prendrepart à des prêts dans lesquels toutes les parties nesont pas complètement transparentes quant à leursdéboursements et aux dépenses qui s’y rapportent.

● Les banques telles que la Lloyds Bank à Londres quigère le Trust Cabinda, devraient publier des mises àjour régulières décrivant les ressources détenues parles fonds d’investissement offshore garantis sur lepétrole et les demandes auxquelles ils sont soumis.

Les agences bilatérales de crédit à l’exportation devraient :

● Imposer une transparence complète à tous lesparticipants comme condition pour tout accord decrédits à l’exportation.

Les gouvernements nationaux devraient :

● S’assurer que les sociétés pétrolières nationalesadoptent des critères de totale transparence pourleurs activités à l’étranger. Les gouvernementsnationaux devraient exiger d’elles qu’elles adoptentune position commune claire sur la question. Lesgouvernements français et américains en particulierdevraient appeler à la transparence dans leursecteur pétrolier. En tant qu’exploitants principauxsur les champs offshores d’Angola, l’apathie deTotalFinaElf, Chevron et Exxon sur la question estscandaleuse.

● Exiger des régulateurs financiers des marchésfinanciers internationaux qu’ils obligentjuridiquement les sociétés à déposer auprès d’euxdes rapports présentant les paiements à l’ensembledes gouvernements nationaux dans les comptesconsolidés et les comptes des filiales.

● Exiger que leurs agences de financement desexportations pratiquent une totale transparencecomme condition pour établir des accords decrédits et que la transparence totale des partenaireset des bénéficiaires du financement devienne unpréalable au financement.

● Accélérer le processus consistant à nommer et àdéshonorer les juridictions qui cachent oublanchissent de l’argent sale pour les isoler, etidentifier et saisir les avoirs des régimes corrompuset non transparents.

Le gouvernement angolais devrait :

● Mettre immédiatement en oeuvre une politique detransparence pour les revenus du gouvernement etses dépenses. Le gouvernement devrait clarifiertotalement tout revenu contrôlé ou déboursé àl’extérieur du territoire, sur des budgets parallèleset/ou par la Présidence.

● Répondre aux demandes de la société civileconcernant une plus grande transparence et unaccroissement des dépenses sociales.

● Exiger que le FMI publie les résultats du diagnosticdu secteur pétrolier.

Le FMI devrait :

● Rendre publics et distribuer largement les résultatsdu Programme contrôlé par le personnel du FMI,en particulier le rapport de KPMG sur le Diagnosticdu Secteur Pétrolier qui tarde à être publié.

Page 3: les hommes des Présidents

Tous les hommes des Présidents

La communauté internationale devrait :

● Ouvrir les enquêtes nationales appropriées sur letrafic d’influence lié aux réserves de pétrole et audétournement de revenus de l’industrie angolaise dupétrole et faciliter l’enquête française surl’Angolagate. Qui savait quoi et quand ont-ils su ?

● Exiger que l’industrie du pétrole et le mondefinancier instaurent une politique de totaletransparence sur l’ensemble des revenus et des prêtsà l’Angola et aux autres régimes néo-autoritairescorrompus.

● Donner mandat pour que le FMI fournisse uneanalyse rétrospective des revenus du pétrole à partirde dans le cadre d’un effort international pouridentifier et rapatrier les avoirs détournés de l’Etat àla suite du scandale de l’Angolagate et pour que leFMI rende publique toutes les informationsdévoilées par le Programme Contrôlé par lePersonnel du FMI.

● S’assurer que les efforts de paix actuels des NationsUnies, centrés sur l’effort de guerre de l’UNITA,sont élargis pour prendre en compte le manque detransparence concernant les revenus pétroliers dugouvernement dans le cadre du processus de paix etde démobilisation. De plus, les Nations Uniesdoivent amener la société civile à participer à toutprocessus de paix.

● Reconnaître que la définition d’un comportementacceptable des sociétés est liée à l’utilisation depratiques d’affaires transparentes et la productiond’informations sur les paiements au gouvernementnational, auprès des citoyens de ce pays. Desprogrammes de contrôle ou des codes de conduitevolontaires devraient reconnaître que le concept de« partie concernée » comprend la population d’unpays au nom de laquelle les ressources d’unterritoire sont exploitées. La société civile a le droitde demander des informations correctes pourpouvoir demander des comptes à songouvernement sur la gestion de « ses » ressources. Ilest temps de déplacer le débat de la responsabilitésociale des entreprises vers la transparence desentreprises.

Le G, l’Union européenne, l’OCDE et le NouveauPartenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD) devraient :

● Mettre fin à la pratique des marchés secrets entregouvernements et sociétés multinationales enpubliant des directives claires définissant etprévoyant un code de bonne conduite pour lesentreprises multinationales dans la mise en placed’accord financiers transparents avec lesgouvernements qui les accueillent. Ceci nécessiteque le G et les autres donnent la priorité à la miseen place par les autorités nationales de contrôle demesures exigeant la transparence complète detoutes les sociétés sur les paiements auxgouvernements nationaux.

Index

Recommandations

Tous les hommes des Présidents – introduction

Partie I : Le Scandale

Une histoire de pillage des avoirs de l’Etat et de guerre privatisée – résumé

L’Angolagate – l’histoire complète

Pierre Falcone et la Sofremi

Le réseau et les marchés de Brenco avec l’Angola

L’empire commercial de Gaidamak

Les marchés et connections de Brenco avec les autres pays

A qui sont les milliards sur ce compte en banque ?

Est-ce que l’Angolagate atteint les Etats-Unis ?

Les fouilles et arrestations commencent

Jean-Christophe Mitterrand

Jacques Attali

Les Angolais mêlés à l’Angolagate

Le Président dos Santos confirme les suspicions au sujet del’Angolagate

Partie II : La complicité des sociétés pétrolières

Introduction

Le développement de l’industrie pétrolière en Angola

Les dix premières sociétés pétrolières en Angola

Pratiques actuelles de déclaration fiscale

Le dialogue avec les sociétés

La queue de l’éléphant ou l’éléphant – la contribution réelle dessociétés pétrolières aux revenus de l’État angolais

Le FMI et l’Angola

Progrès réalisés jusqu’à aujourd’hui

Programmes sociaux des sociétés

La responsabilité sociale des sociétés – une opinion véritable ou unsimple exercice de relation publique ?

Réglementer la publication des montants versés

Les risques de complicité

La vérité sur le paiement des impôts au gouvernement angolais en – unautre exemple de fonds détournés ?

Complicité-o-mètre

La complicité des sociétés pétrolières – conclusion

Partie III : Le Financement

Introduction – prêts internationaux à l’Angola

Le robinet aux crédits reste ouvert...

Nouveaux prêts depuis décembre

Les principes de Wolfsberg – directives contre le blanchiment del’argent pour les opérations bancaires privées

Fermer le lavomatic des dictateurs

Conclusion

Références

Remerciements

Page 4: les hommes des Présidents

Tous les hommes desPrésidents – introduction

«Tous les hommes des Présidents » est leproduit des investigations de GlobalWitness ainsi que des progrès d’unecampagne et des recommandations clésconcernant l’obtention de la transparence

totale. Ce rapport est la continuation de l’exposé qui a débuté endécembre avec « A Crude Awakening (Un réveil brut) » sur lesmécanismes de pillage à grande échelle des avoir l’Etat angolais,démontrant la complicité à ce pillage des sociétés qui ne sont pastransparentes sur leurs paiements au gouvernement.

Au coeur de la question du pillage de l’Etat se trouve unecontradiction flagrante : l’appauvrissement progressif d’un payspendant presque quatre décennies de guerre et de conflit est allé depair avec la croissance continue des revenus pétroliers. Malgré unrevenu pétrolier entre et milliards de dollars américains l’annéepassée (estimé représenter % du revenu de l’Etat), ledéveloppement économique et social en Angola a continué de sedétériorer. Les trois quarts de la population sont obligés de survivredans une pauvreté absolue avec moins d’un dollar par jour, % desenfants angolais âgés de moins de cinq ans sont sous-alimentés etaujourd’hui un enfant meurt de maladies que l’on peut prévenir et demalnutrition toutes les trois minutes ( tous les jours) ; l’espèrancede vie est de ans seulement et environ , millions de civils ont eu às’enfuir de chez eux depuis que la guerre a repris en janvier .

Les revenus croissants issus de l’exploitation pétrolière ont étédétournés directement vers des budgets parallèles de l’État fantôme.Les informations qui ressortent des études menées par leséconomistes participant à l’analyse du secteur pétrolier en Angolaindiquent que près de , milliard de dollars américains de revenus etprêts bancaires, (ce qui représente près d’un tiers des revenus del’État) serait introuvable dans les comptes de . Bien que lemontant exact des revenus manquants est discutable – lesinformations sur les prêts et paiements révélées dans ce rapportlaissent à penser que ce montant pourrait en fait être grandementsous estimé – ce chiffre contraste néanmoins de façon saisissante avecles millions de dollars américains que les Nations Unies sontdifficilement parvenues à rassembler pour nourrir un million deréfugiés angolais qui sont complètement dépendants de l’aidealimentaire internationale.

Les investigations de Global Witness sur ces revenus manquantsont abouti à la révélation que les hauts fonctionnaires de l’Étatgagnent maintenant de l’argent sur un processus d’acquisitionsmilitaires largement sur-évalué et profitent financièrement depratiquement tous les biens consommés dans l’effort de guerre contreUNITA. L’existence d’un compte en banque lié à ce processus etcontenant un milliard de dollar dans les Iles Vierges britanniques estégalement dévoilé. Ce compte a pour signataire deux individusproches de la Présidence.

Bien que Global Witness ne nie pas que la majorité dugouvernement angolais accueillerait avec plaisir une paix véritable, ilest manifeste que le désordre économique et politique créé par laguerre civile a été exploité de façon délibérée pour enrichir l’élite aupouvoir alors que l’échec du gouvernement à subvenir aux besoinsdes citoyens angolais a été mis sur le compte du conflit. La mort duchef sociopathe de l’UNITA, Jonas Savombi, le mars pourrait marquer la fin de cette excuse. La communautéinternationale doit saisir cette occasion pour appeler le gouvernementangolais à rendre compte de l’utilisation des revenus pétroliers.

intitulée « Le Scandale » faitsuite à l’affaire du trafic d’armes avec l’Angola, l’Angolagate, qui aéclaté en France fin . Elle révèle comment ce qui a commencécomme un exercice légitime d’autodéfense par un gouvernementreconnu au niveau international, menacé par des insurgés rebelles audébut des années , s’est terminé par l’appropriation complète et leblanchiment des avoirs de l’Etat par l’intermédiaire de budgetsparallèles, de marchés d’armes surévaluées et un endettement

« [Question :Pensez-vous que la paix reviendra en Angola ? ] Non. J’ai arrêté d’y

délibéré basé sur l’hypothèque de la production pétrolière future.Dans cette affaire, la culpabilité et la complicité des acteurséconomiques et politiques en France et en Angola ont atteint les plushauts niveaux. Des liens importants peuvent aussi être déduits avecles Etats Unis, Israël, la Russie et l’Europe, y compris un lobby directau Parlement européen.

La chute spectaculaire récente d’Enron permet de tirer des leçonssur les dangers du trafic d’influence qui caractérise l’Angolagate.Etant donné, la reformulation importante qu’a connu la politiquenationale de l’énergie et la diminution du contrôle du secteur achetéepar les donations politiques importantes d’Enron, il n’est pas possiblede ne pas s’inquiéter sur l’assistance recherchée à travers les donsimportants réalisés au profit de la campagne électorale de George WBush (et remboursés plus tard) par des personnalités qui seraient aucoeur du scandale de l’Angolagate. Si l’impact du trafic d’influencepeut être aussi sévère pour les employés et les investisseurs d’unesociété américaine (en théorie, un public national), il est faciled’imaginer l’effet que cela peut avoir sur les populations très éloignéesd’Angola.

intitulée « La complicité des sociétéspétrolières » argumente que les sociétés pétrolières internationalessont complices des abus économiques de l’élite au pouvoir car ellesont choisi de ne pas publier les revenus qu’elles ont payé à l’Étatangolais. Ces sociétés se cramponnent à la revendication qu’elles nese mêlent pas de la politique des pays dans lesquels elles opèrent, maisla décision active de ne pas divulguer des informations sur lespaiements à l’État quand de telles informations pourraient de touteévidence être produites (et sont fournies systématiquement dans lespays développés) est en soi une déclaration politique.

Dans le cadre de la loi angolaise, « tout gisement d’hydrocarburesliquides et gazeux... appartient au peuple angolais ». Il est doncscandaleux que ces propriétaires ne soient pas autorisés à savoir – eton les empêche activement de découvrir – la valeur de « leurs »ressources. En ne « publiant pas ce qu’elles paient », les sociétéspétrolières adoptent un comportement à deux vitesses qui seraientinacceptables dans les pays du Nord et empêchent les citoyensangolais à appeler leur gouvernement à rendre compte de la gestiondes revenus tirés de ressources sensées être gérées en leur nom. Aulieu de cela, les sociétés versent leurs revenus dans le « Triangle desBermudes », appelé ainsi car l’argent y disparaît et formé parl’entreprise pétrolière publique Sonangol, le Trésor et la Présidence.Ceci a des implications profondes pour ce qui est de demander descomptes au gouvernement.

Malgré la résistance des sociétés et du gouvernement angolais àrendre public les informations sur leurs revenus, Global Witness a leplaisir de dévoiler ces informations pour la première fois pour l’année

Tous les hommes des Présidents

L’Etat sur les genoux. Le résultat accablant de la guerreprivatisée en Angola.

Page 5: les hommes des Présidents

croire.Vous voyez, la guerre ici en Angola, c’est comme un boulot... Le

. Chevron Texaco et TotalFinaElf sont en tête des contributionscachées : ces deux sociétés sont connues pour leur refus de prendrepart aux discussions sur la transparence. Il est inquiétant de constaterque comme le montrent les chiffres, entre le Ministère du Pétrole et leMinistère des Finances, près de millions de dollars américains ontdisparu sans justification, indiquant que les détournements des fondsà partir de font partie d’une série prolongée d’abuséconomiques.

intitulée « Le financement » examinecomment le secteur bancaire international a géré des paradisoffshores pour ces avoirs et obtenu des commissions lucratives pouravoir facilité l’accord de prêts garantis sur le pétrole avec unminimum de contrôle. Les prêts financés par le pétrole représententune énorme source supplémentaire de revenus non justifiés pourl’État. Les enquêtes menées par Global Witness suggèrent que, entreseptembre et octobre seulement, l’État ait emprunté plusde , milliards de dollars américains en hypothéquant la productionfuture de pétrole à un taux d’intérêt élevé. Ces prêts ont été accordéspar plusieurs banques presque sans aucune procédure pour vérifierque l’argent était effectivement utilisé pour ce pour quoi il avait étéemprunté. S’ils sont corrects ces chiffres indiquent que l’estimationinformelle de , milliard de dollars américains de revenus et prêtsdétournés pourrait être une sous-estimation considérable. Lesbanques internationales ont certainement payé peu d’attention au faitqu’elles ont dépassé considérablement la limite convenue entre legouvernement et le FMI restreignant les nouveaux emprunts à millions de dollars américains au cours de l’année . Les agencesde crédits à l’exportation dans les pays du Nord sont coupables denégligences similaires et l’argent des contribuables dans les pays duNord est utilisé pour prendre en charge des accords de financementd’exportation injustifiés, dans des pays très corrompus sans aucunedisposition de transparence y afférent.

Malgré le besoin pressant du secteur des ressources naturellesd’être ouvert et transparent sur les paiements à des régimes nontransparents, l’absence saisissante de pression exercée dans ce senspar la communauté internationale est saisissante. L’Angola, parexemple, a vu le recul complet de toute politique étrangère envers lepays : reconnaissant l’importance de la production pétrolière future,les initiatives diplomatiques se sont au mieux abstenues d’entraver lesactivités de leurs groupes industriels et au pire ont été activement deconnivence pour les développer. Les engagements politiques avec legouvernement de l’Angola se sont résolument concentrés sur lessanctions contre l’UNITA avec pour objectif de ramener le groupedans le rang de ses obligations dans le cadre du Protocole de Lusakade . Bien qu’il s’agisse là d’un effort louable – et en fait GlobalWitness a contribué de façon importante à cet effort en mettant àjour le financement de l’UNITA par le commerce des diamants etcontinue de négocier et de promouvoir le processus de Kimberleypour régler le problème du commerce des diamants – lacommunauté internationale n’a pas examiné les fautes du côté dugouvernement, y compris son échec manifeste à subvenir de façonsatisfaisante aux besoins de la population en raison de la fuite énormede capitaux due à la corruption.

Sans le soutien d’une coalition internationale élargie pour lechangement, les sociétés pétrolières opérant dans le pays sont dansune position difficile. Même si elles veulent bien faire et publier cequ’elles paient au gouvernement angolais, elles sont confrontées auxreprésailles immédiates de ceux qui ont un intérêt personnel àmaintenir le statu quo. Ainsi, l’annonce d’une politique detransparence par BP a provoqué une réponse malveillante de la partde Sonangol dans une lettre confidentielle dont une copie estprésentée dans ce rapport et qui démontre clairement le méprisapparent du gouvernement sur cette question. Il est clair qu’une seulesociété ne peut pas s’engager seule dans cette voie et une logiquepressante d’action groupée coordonnée des principales sociétéspétrolières se fait sentir. D’autant plus que, d’après leur déclarationd’intention bien formulée, ces sociétés sont toutes des partenairesengagés en faveur du développement équitable et de la justice sociale.

La communauté internationale doit aussi agir de façon concluantepour faire respecter les règles de la concurrence pour les intervenantsdu secteur et introduire l’obligation de publier les montants versésaux gouvernements par les sociétés internationales dans tous les pays

où elles opèrent. Cela pourrait se faire immédiatement en exigeant lepublication de ces montants dans les rapports annuels aux principalesautorités internationales de contrôle.

La communauté internationale devrait également identifier etgeler, en attendant de rapatrier, tous les avoirs qui ont été volés àl’Etat angolais et qui se trouvent à l’étranger. Ce rapport révèlecomment le dispositif de pillage des avoirs de l’Etat et de blanchimentde l’argent mis en place par l’Angolagate ne s’arrête pas en Francemais couvre divers pays y compris l’Europe, la Russie, l’Ukraine, laRépublique tchèque et les Etats-Unis ainsi que des lavomatic extra-territoriaux tels que les Iles Vierges britanniques. Les évènements quiont conduit à la destruction du World Trade Centre, le septembre ont provoqué un nouveau sentiment d’urgence dans la luttecontre le blanchiment de l’argent, le trafic d’armes et les crimesinternationaux. La même résolution de suivre la trace et de saisir lesavoirs des groupes terroristes devrait aussi être dirigée contre cesmécanismes lorsqu’ils sont utilisés pour piller l’État dans les régimescorrompus et néo-autoritaires.

Comme le Président de la Banque Mondiale James Wolfensohn aécrit après l’attaque du WTC, « pour prévenir les conflits etconstruire la paix, il est essentiel de développer des stratégiesencourageant la cohésion et l’inclusion sociale, en s’assurant quechacun a la possibilité d’avoir un emploi rémunéré, que les sociétésévitent les grandes inégalités de revenus qui peuvent menacer lastabilité sociale et que les pauvres aient accès à l’éducation, aux soinsde santé et aux services de base tels que l’eau potable, les installationssanitaires et le pouvoir ».

La publication du montant des royalties et autres paiements verséspar les sociétés exploitant les ressources naturelles à tous lesgouvernements nationaux est une condition nécessaire à undéveloppement juste et équitable. Cela est essentiel pour éviterl’exploitation éhontée du désordre politique à des finsd’enrichissement personnel. Ce rapport est un défi à tous ceux qui sesont engagés à aller de l’avant de façon créative pour s’attaquer auxforces réelles qui sont à la base de la guerre civile en Angola etparvenir à la transparence fiscale sur les richesses pétrolièresangolaises pour que ces dernières profitent enfin pour une fois à leursvéritables propriétaires.

Tous les hommes des Présidents

Indicateurs sociaux pour l’AngolaPopulation 12,4 millions Durée de vie 48,9 ansBudget national US$ 5,1 milliardsPNB par habitant (base 1995 US$) US$ 233

EnfantsPopulation âgée de moins de 15 ans 48%Taux de mortalité des enfants de moins d’1 an 12,4%Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans garçons 20,9%

filles 19,2%Taux de scolarisation, primaire 37,5%Enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition 35%Enfants sous-alimentés 42%

(14% sévèrement)

Statistiques sur la pauvretéPopulation vivant dans la pauvreté absolue et relative 82,5%Mortalité maternelle en 1996 1,9%Population privée d’accès à l’eau potable 62%Population privée d’accès à des installations sanitaires 56%Population privée d’accès aux soins de santé 76%Personnes dépendantes de l’aide alimentaire 3,2 millionsTaux estimatif de malnutrition sévère 13%Réfugiés (estimation) 3,5 millionsTaux de chômage 80%Taux d’alphabétisation chez les adultes 42%

Mines terrestresNombre d’handicapés à cause des mines terrestres 86 000

Page 6: les hommes des Présidents

Le Scandale

Une histoire de pillage desavoirs de l’Etat et de guerreprivatisée – résumé

SUITE AU RAPPORT INTITULÉ « Un réveilbrut » publié en décembre , Global Witnessa poursuivi ses investigations concernant lamachine de guerre de l’Angola. Le résultat estl’histoire d’un exercice légitime d’auto défense

contre l’UNITA qui s’est transformé en une conspiration danslaquelle sont impliqués des hommes politiques et des individusen Angola et au-delà et qui vise à dévaliser le pays de sesrichesses grâce à des pots-de-vin liés à des marchés d’armessurévalués, financés par des prêts garantis sur le pétrole.

Nos investigations ont indiqué que certains individus clésprofitent financièrement du processus d’acquisition militaire,et ceci pour la quasi-totalité des biens consommés dansl’effort de guerre contre l’UNITA. Cela conduit à uneconclusion troublante : le désordre politique et économique etl’absence totale de transparence financière concernant lesrevenus pétroliers du gouvernement sont les conditionsnécessaires au fonctionnement de ce système de pots-de-vin etde détournement de fonds. Les indications récentes d’unecertaine volonté de faire la paix semblent avoir été stimuléesde façon importante par la mort du chef de l’UNITA, JonasSavimbi, fournissant une occasion qui devrait être saisie àdeux mains par l’ensemble des parties au conflit. Lasuggestion récente d’un cessez-le-feu est la premièreindication que des négociations de paix sont envisageables.Toutefois, il reste à éclaircir la façon dont une paix véritablepourrait être obtenue et tant que le conflit se poursuivra etque l’instabilité persistera, la richesse de l’Angola continueraà être détournée par l’intermédiaire d’une myriade desociétés et d’établissements extraterritoriaux. Cela se fait avecla gracieuse permission du système bancaire mondial, tandisqu’une majorité de déshérités angolais sont laissés à la mercide l’aide des bailleurs de fonds internationaux.

« Tous les hommes des Présidents » révèle un scandaleinternational qui s’appuie sur le processus mondial decontrôle des ressources pétrolières et sur la nature prédatricedes systèmes bancaires et financiers mondiaux. Les miasmesdes affaires qui font l’objet de cette partie du rapportdémontrent la façon dont les membres de la communautéinternationale ont recherché un intérêt mutuel avec l’Etat del’ombre en Angola afin d’assurer les approvisionnementsfuturs de pétrole. Du point de vue des intérêts pétroliers, ilsont été couronnés de succès mais cela a été désastreux pour lamajorité des citoyens angolais, qui ont payé un prix écrasantpour l’accès aux ressources qui sont exploitées en leur nom.

Un aperçu du pillage de l’Etat en Angola ?

L’Angolagate est le nom donné par les médias français etinternationaux au scandale qui a conduit, entre autres, àl’arrestation en décembre de Jean-ChristopheMitterrand, fils de l’ancien Président de la Républiquefrançaise François Mitterrand. Fortune Magazine a fait lecommentaire narquois suivant : « Il est de rigueur que lesscandales de corruption français soient très compliqués » et,jusqu’ici le scandale discuté dans la presse concerneseulement les allégations de trafic d’influence, de traficd’armes et d’abus de biens publics par un réseau complexed’individus impliqués dans l’approvisionnement en armes del’Angola en et .

Les investigations de Global Witness ont révélé desinformations supplémentaires qui, avec les documents déjà

publiés, laissent peu de doutes sur le fait que l’Angolagateet les événements de et qui y sont associés nereprésentent qu’une partie modeste d’un scandaleinternational beaucoup plus large impliquant des acteursinternationaux du monde des affaires et du mondepolitique. En fait, la véritable histoire est celle de laprivatisation de la guerre en Angola et de l’organisationdu pillage des avoirs de l’Etat à une échelle comparable àcelle de Mobutu et d’Abacha. Il est difficile de déterminerla portée de ce scandale et quels sont les autres leaderspolitiques impliqués. Mais comme l’a expliqué Philippe deVilliers, ancien vice-président du Rassemblement pour laFrance (RPF) de l’ancien Ministre de l’Intérieur français,Charles Pasqua : « Je peux confirmer de façon trèsexplicite que l’affaire Mitterrand-Pasqua [Angolagate] estune affaire d’Etat très grave aux ramifications inter-continentales... ».

Cette partie préliminaire présente un résumé et lecontexte de l’affaire dans son ensemble et explore sesimplications au niveau international. Le compte-renducomplet débute avec le chapitre intitulé « Angolagate –l’histoire complète ». Nous tenons à préciser que GlobalWitness n’insinue pas la culpabilité de quelque partie quece soit et que les individus nommés attendent d’être jugésou condamnés par un tribunal de justice. Néanmoins,nous invitons ceux qui sont nommés dans ce rapport às’expliquer.

Tous les hommes des Présidents

gouvernement ne fait rien pour le peuple angolais. Il prend seulement l’argent des

L’Afrique est considérée en France commeun « no man’s land judiciaire qui, au nomd’intérêts politiques mutuels, devaient resteréternellement une terre de crimes impunis. »

Reuters, citant l’éditorial du Monde, décembre2002 92

PARTIE I : LE SCANDALE©

Panos Pictures / Anders

Promesses manquées. Dos Santos a-t-il fait de son « mieuxpour l’Angola » étant donné le réseau de corruption tisséautour des revenus du pétrole et des prêts garantis sur lepétrole ?

Page 7: les hommes des Présidents

Le Scandale

Le début du trafic d’influence français enAngola

En , malgré qu’il ait gagné les élections angolaises de, le gouvernement du Président dos Santos perdait laguerre contre l’UNITA. Cette dernière avait repris lesarmes suite à sa défaite électorale, et contrôlait à cemoment là environ % du pays. Le gouvernement n’avaitni les armes, ni les fonds pour se défendre.

L’appel à l’aide de dos Santos qui a suivi visait lessympathies existantes au sein de la Présidence deMitterrand à Paris. Il fournissait aussi une solution possibleà la paranoïa croissante de la France concernant ladomination probable des Etats-Unis dans le secteurpétrolier en Angola, suite à l’arrêt de l’aide officielle desEtats-Unis à l’UNITA par l’administration Clinton.Toutefois, l’aide officielle française au gouvernementangolais trouvait un obstacle de taille dans le fait que lePrésident Mitterrand était dans sa seconde période decohabitation et partageait le pouvoir avec le gouvernementde centre-droite du Premier ministre Edouard Balladur.Toute assistance militaire officielle à l’Angola de la part dugouvernement français devait avoir le soutien du Ministrefrançais de la Défense, qui à l’époque était l’un despartisans les plus fervents de l’UNITA à Paris. Les canauxofficiels d’aide étaient donc fermés.

Jean-Christophe Mitterrand aurait alors appelél’homme d’affaires Pierre Falcone pour trouver unesolution. Falcone était à la tête d’un groupe de sociétés sousle nom ombrelle de « Brenco International », et travaillaitsimultanément comme « conseiller principal » pour laSofremi, une société de services de sécurité à l’exportationsous le contrôle du Ministère de l’Intérieur français, à latête duquel se trouvait à l’époque le Ministre CharlesPasqua.

L’équipe de Pasqua a immédiatement vu là l’occasiond’éviter la domination du secteur pétrolier angolais par lesEtats-Unis. D’après la presse, bien que Falcone ait étéintroduit dans les discussions grâce à la gauche politiquefrançaise, il recevait maintenant l’appui de l’équipe dePasqua à droite et se voyait ainsi chargé de trouver unesolution aux besoins en armes et en fonds de l’Angola, àcondition que ces derniers ne viennent pas directement deFrance.

Selon de nombreux articles de la presse française,Falcone a ensuite développé un partenariat avec l’émigrérusse et homme d’affaires Arkadi Gaidamak (parfois écrit« Gaydamac » ). Lors d’une conversation téléphoniqueavec Global Witness, Gaidamak a affirmé qu’à cetteépoque, lui et Falcone s’étaient rendus en Angola où onleur avait délivré des passeports diplomatiques grâceauxquels ils pouvaient agir de facto comme desfonctionnaires angolais. Au cours de cette conversation etdans des rapports de presse antérieurs, Gaidamak a affirméque l’objet de leur coopération était la provision de créditsgarantis sur le pétrole pour l’Angola mais il a nié avoir étéimpliqué dans des marchés d’armes. Dans uneconversation ultérieure, Gaidamak a par la suite admis quedes armes avaient été fournies mais il a cherché à justifierces accords par le fait que les marchés étaient passés avecun gouvernement légitime.

Les rapports de presses français décrivent une série decontrats que Falcone et Gaidamak auraient passé pourfournir des armes à l’Angola en et , pour unmontant total de millions de dollars américains. Desdocuments présentant des informations détaillées surcertains aspects de ces contrats ont été publiés et bien qu’ilsportent la signature de Falcone, Gaidamak brille par sonabsence.

L’Express rapporte que Falcone et Gaidamak étaient « letandem qui livrait des armes au régime angolais » et pourcela ils ont pris « le contrôle de facto de la société ZTS-Osos,basée en République slovaque ». L’article fait référence à

des armes y compris « chars, fusées, hélicoptères, véhiculesmilitaires et de transport des troupes, tous fabriqués enRussie », livrés en accord avec les contrats de et et indique que des négociations ont été « menées à Paris etl’argent transitait par un compte de la Banque Paribasdans la capitale. »

La Banque Paribas, qui a maintenant été reprise etsubsumée sous le groupe BNP-Paribas, était égalementl’une des banques clés accordant des prêts garantis sur lepétrole à l’Angola. D’après Gaidamak, le contrôle desdéboursements de ces prêts leur a, en réalité, été accordé àlui et à Falcone, qui exerçaient, comme il dit, leur devoir entant que véritables représentants du gouvernementangolais. Les prêts accordés par Paribas ont-ils été utiliséspour financer les livraisons d’armes grâce aux accordsmentionnés plus haut ? Que cela soit le cas ou non, uneautre question se pose : Etant donné les risques importantsauxquels les banques sont exposées concernant les prêtsnon remboursés, pourquoi Paribas était-elle prête àaccorder des crédits importants à un gouvernement qui, àl’époque, n’était pas du tout certain de survivre ?

L’Angola en-a-t-il eu pour son argent ?

On ne sait pas bien si les armes fournies grâce à cescontrats étaient une bonne affaire pour l’Angola. Lesarmes livrées étaient manifestement d’une qualité suffisantepour changer le sort du gouvernement, lui permettant dese battre jusqu’à une situation d’impasse militaire avecl’UNITA, qui a abouti au protocole de Lusaka en .Toutefois, la question générale de la livraison d’armes àl’Angola dans les années , ainsi que la livraison d’autresbiens, a fait l’objet de revendications concernant la qualitédes livraisons. Ces revendications vont de la livraison deviande pourrissante importée pour le seul paiement d’unecommission, à la livraison de chars et autre équipementlourd de tellement mauvaise qualité qu’ils ont dû être sortisdes bateaux de livraison avec des chaînes pour êtretransportés directement dans des « cimetières de chars », àl’extérieur de Luanda.

La situation en Afrique

La situation en Angola n’est pas une exception. Lesinvestigations menées par Global Witness dans un certainnombre de zones de conflit en Afrique indiquent que dansbien des cas, les marchés d’armes sont d’un rapportqualité-prix extrêmement mauvais. Par exemple, dans uncertain nombre d’affaires, les armes livrées valent unefraction du montant utilisé pour les payer. Dans un cas enparticulier, le gouvernement concerné a payé sesfournisseurs environ % de la valeur nominale du contrat,sur quoi ces derniers ont livré des armes valant environ% de la valeur nominale du contrat, générant ainsi unprofit immédiat de % sur le marché. Comme si celan’était pas suffisant, les fournisseurs ont ensuite organiséavec un certain nombre de banques, des financementssupplémentaires garantis sur l’extraction des ressourcesnaturelles, pour la valeur totale du contrat. Cesfinancements supplémentaires, qui représentent en fait% de la valeur nominale du contrat, ont ensuite été

Tous les hommes des Présidents

écoles et des hôpitaux pour le mettre dans sa poche.Ça ne fait rien pour eux car si

« Le spectacle qui se déroule sous nos yeuxest accablant.Au coeur de l’Etat [français], lesréseaux socialiste et néo-gaulliste se sontdonnés la main pour s’enrichir en facilitant lavente d’armes lourdes russes à un pays ravagépar la guerre et la misère. C’est une disgracepour la France et l’Afrique. »

Reuters citant l’editorial du Monde, décembre2002. 92

Page 8: les hommes des Présidents

Le Scandale

ajoutés aux % déjà générés sur les paiements effectuésd’avance. Résultat : le pays concerné a obtenu des armesvalant un quart du montant total payé, générant ainsid’énormes profits pour ceux impliqués dans le marché.

Au-delà de l’Angolagate – le trafic d’armesaprès /

Les investigations de Global Witness ont révélé qu’aumoins un autre contrat avait été établi par ZTS-Osos en ou . Bien que la date du contrat ne soit pasconnue avec certitude, il est possible que ce contrat, d’unevaleur approximative de millions de dollars américains,ait été conclu à peu près au même moment que le prêtgaranti sur le pétrole de millions de dollars américainsaccordé par Paribas le septembre .

Chose intéressante, la signature de Gaydamac (sic)apparaît à coté de celle de Falcone sur ce contrat de ZTS-Osos de /, dont une copie est présentée page .

Des sources bien placées ont indiqué qu’il était très rareque Gaidamak signe des documents. Toutefois, sur la basedes preuves écrites disponibles, la signature de Falconesemble authentique. Si c’est le cas, alors Gaidamak devraitau minimum expliquer pourquoi son nom apparaît sur cedocument.

Les investigations ont également révélé qu’en plus desarmes, ce système de financement et de livraison a étéutilisé pour de la nourriture, des médicaments et d’autresarticles nécessaires au gouvernement angolais poursoutenir son effort de guerre. L’un des véhicules clés utiliséspour fournir de la nourriture et des médicaments auxforces armées angolaises est l’une des filiales de la sociétéde Falcone, Brenco International, la société CompanhiaAngolana de Distribuição Alimentar (CADA), qui aurait obtenule monopole de l’approvisionnement de Forças Armadas deAngola (FAA) pour une période de cinq ans.

L’Angolagate et les actions en justice

Suite à une série d’enquêtes judiciaires complexes,décrites plus loin dans ce rapport, Pierre Falcone aété arrêté le er décembre . Son arrestation,ainsi que les entretiens et les fouilles menés dans lesbureaux et aux domiciles d’autres individus quiseraient liés à ce scandale, ont précipité les rapportsde presse et les spéculations sur l’Angolagate. Desindividus très en vue, tels que Jean-ChristopheMitterrand, Jacques Attali, ancien conseiller duPrésident Mitterrand et premier Directeur de laBanque européenne pour la reconstruction et ledéveloppement, mais aussi des individus moinséminents ont été arrêtés plus tard et accusés pourdiverses infractions présumées. Au cours de l’année, l’ancien Ministre de l’Intérieur CharlesPasqua et son bras droit, Jean-Charles Marchiani,ont également été mis en examen et interrogés surcette affaire. Ces derniers n’ont pas été arrêtés enraison de leur immunité en tant que membres duParlement européen.

Un mandat d’arrêt international, numéro, a été établi pour Arkadi Gaidamak le janvier . Néanmoins, il semble queGaidamak bénéficie aujourd’hui de la protectiond’Israël. Des sources bien informées ont indiquéqu’il continuait à voyager librement entre Israël etl’Angola, en Amérique du Sud et en Grande-Bretagne.

Après de nombreuses récusations, Falcone afinalement été libéré le er décembre , après avoirpassé un an exactement en prison. Sa libération a étéacceptée contre une caution de millions de francsfrançais ( dollars américains), plus de dixfois le montant de la caution la plus élevée jamaisdemandée en France. Le Nouvel Observateur rapporte quela Court d’Appel a réduit la caution exigée à millions( dollars américains), dont on dit qu’ilsauraient été payés par la société d’Etat pétrolièreangolaise, Sonangol, comme marque de solidarité pourFalcone.

Le groupe Brenco et les liens avec lesEtats-Unis

Des rapports publiés dans Arizona Republic et NewsweekMagazine ont indiqué que Falcone est bien établi auxEtats-Unis et qu’il entretient des liens solides avec l’élitepolitique américaine. A la fin de l’année , Falconea acheté une immense demeure à Paradise Valley enArizona, pour la somme réputée de , millions dedollars, l’acquisition immobilière d’un particulier laplus élevée dans l’histoire de l’Arizona. Des entretiensde personnes prétendant connaître Falcone et sonépouse bolivienne, ancienne reine de beauté, ont étépubliés dans Arizona Republic et indiquaient qu’ilsmenaient une vie de rêve, évoluant dans le circuit desfêtes de l’élite d’Arizona et dépensant des sommes

Tous les hommes des Présidents

L’Angolagate se poursuit... « l’Anastasia » appréhendé auxCanaries en février avec de faux documents et cachant tonnes d’armes et d’explosifs destinés à l’Angola.

© EFE / Elvira U

rquijo A.

leur enfant est malade ils l’envoient en Namibie ou en Afrique du Sud et ils

Une leçon de transparence – quimantient ces comptes ? Les investigations de Global Witness ont également établil’existence d’un compte en banque numéro : 15468991 détenu à la« First Virgin Bank » dans les Iles Vierges britanniques (BVI). Cecompte contenait environ 1,1 milliard de dollars américains en2001 et avait pour signataire hautes personnalités angolaises. Lavéritable identité de « First Virgin Bank » reste un mystère (Voir Aqui sont les milliards sur ce compte en banque ? page 22).

Page 9: les hommes des Présidents

Le Scandale

importantes pour diverses entreprisesphilanthropiques.

Sonia de Falcone gère Essanté, une entrepriseinscrite au registre du commerce de l’Utah, spécialiséeen produits de santé et de beauté, et dernièrement, enune série de produits visant à accroître le plaisir sexuel.La société a été incorporée à Delaware le avril ,avec Sonia et Pierre comme directeurs. Essanté estégalement lié au groupe Brenco par la détentiond’actions et des adresses communes en Grande-Bretagne, et par la détention de sociétés dans les IlesVierges britanniques. D’après Newsweek Magazine etArizona Republic, et cela a été confirmé par les comptes-rendus du financement de la campagne des électionsfédérales américaines, Essanté a donné dollarsaméricains pour la campagne électorale de Georges W.Bush. Cet argent a été restitué en janvier etl’Arizona Republic citant Newsweek déclare « l’argent a étérendu afin d’éviter les questions pour savoir si unnégociant d’armes international essayait d’acheter soninfluence auprès du nouveau gouvernement Bush ».L’Arizona Republic rapportait que le porte-parole de lafamille Falcone, Jason Rose, « avait parlé de cetteinsinuation avec dédain ». L’article de Newsweek dejanvier faisait référence à la fois à ce don et àl’arrestation de Falcone en France en décembre .

Le journal américain In These Times est allé plus loindans la discussion sur le don d’Essanté au profit de lacampagne électorale de Bush. Un article intitulé « Lestrafiquants d’armes d’à côté » fait était des déclarationde Sonia Falcone qui aurait affirmé que : « ... son marin’avait aucun lien avec Essanté et les contributionspolitiques provenaient des profits de la société. »

L’article continuait « plus important, Essanté, qui perdde l’argent depuis sept ans, n’a pas fait de bénéfices quipourraient servir à des contributions politiques ».L’article fournissait ensuite des commentaires attribuésau légendaire agent en relations publiquesd’Hollywood, Lee Solters, qui aurait affirmé que« Essanté avait passé ses six premières années et millions de dollars américains au développement de saligne de produits. Les ventes n’ont débuté sérieusementqu’en septembre dernier, après qu’Essanté ait organiséune réception de trois jours au Paris Hotel à Las Vegas.

In These Times conclue en citant un informateur décritcomme « connaissant bien la famille » : « la socété[Essanté] est allée loin grâce à la générosité de Pierre,mais après quelques années il aimerait voir quelquesprofits. Ça le prend à rebrousse poil mais par amourpour sa femme il l’a fait avec le sourire.’

Si Newsweek n’avait pas soulevé la question del’arrestation de Falcone, ainsi que celle du dond’argent, l’argent aurait-il été rendu par l’équipe decampagne de Bush ? D’après le journal In These Times,

« le GOP [Parti Républicain] a rendu l’argent suite à ladétention de Pierre – « pour éviter les apparencesd’irrégularité » selon les mots utilisés dans ladéclaration publiée par le Comité NationalRépublicain. »

D’après Swissinfo, un site Internet basé en Suisse etcouvrant les affaires suisses, le mars , « lesautorités judiciaires du Canton de Genève [...] ontlancé une autre enquête sur le blanchiment d’argentprovenant du trafic d’armes avec l’Angola ». L’articledécrivait comment cette initiative « fait suite à uneenquête précédente sur le blanchiment d’argent,couvrant aussi le trafic présumé d’armes avec l’Angola,lancé par le plus grand procureur de Genève, BernardBertossa, en janvier [].’ D’après Swissinfo, dans lecadre de cette enquête, « ... il a été requis de plusieursbanques genevoises qu’elles révèlent si des individus ouentreprises de la liste [une liste d’individus et sociétés]avaient jamais détenu des comptes chez eux ». Ilpoursuivait : « si c’est le cas, les fonctionnaires doiventexiger les relevés de compte depuis , date àlaquelle les lois suisses sur le blanchiment de l’argentsont entrées en vigueur ». D’après Swissinfo, « l’un desnoms les plus éminents de la liste était celui de l’ancienMinistre français de l’Intérieur, Charles Pasqua, et sonfils, Pierre Pasqua. Le député européen, Jean-CharlesMarchiani, et Sonia Falcone, épouse du trafiquantd’armes présumé Pierre Falcone, sont aussi sur laliste ». Il n’est suggéré aucune accusation ou méfait dela part de Sonia Falcone – il semble que cette requêtesoit liée à l’enquête sur son mari.

D’autres liens avec les Etats-Unis – despreuves ?

Peu avant l’arrestation de Falcone en décembre ,les enquêtes judiciaires en France ont conduit à unefouille de l’appartement de la secrétaire de Falcone.D’après les articles de la presse française, lesenquêteurs auraient trouvé disquettesinformatiques, contenant des quantités importantes dedocuments détaillant les activités, les contrats et lescorrespondances liés aux activités de Falcone enAngola. Etant donné que ces disquettes fournissaientsuffisamment d’informations primordiales de bonnequalité qui ont conduit à l’interrogation ultérieure, etdans certains cas à l’arrestation de Jean-ChristopheMitterrand, Jacques Attali, Charles Pasqua et Jean-Charles Marchiani, entre autres, il est logique desupposer que les informations qu’elles contenaient sontconsidérées comme fiables par les Juges.

Parmi ces documents, les enquêteurs auraientdécouvert une lettre invitant George W Bush, alorscandidat à la Présidence américaine, à une réunionavec le Président angolais dos Santos au ranch deFalcone en Arizona. Global Witness pense que cetteréunion n’a pas eu lieu mais les raisons n’en sont pasclaires. Toutefois, étant donné que l’argent d’Essantépour la campagne de Bush avait été accepté jusqu’à ceque ce don devienne publiquement gênant, on peutconclure que la réunion n’a pas eu lieu pour desraisons de programmation plutôt qu’en raison d’unmanque particulier de confiance vis à vis de Falcone oude ses avances.

Dans un article datant de fin décembre , lemagazine français, Le Nouvel Observateur, a laisséentendre qu’il existait un autre lien entre Falcone et lafamille Bush. Le magazine indiquait qu’en plus dufinancement de la campagne, Laura Bush et SoniaFalcone étaient amies. Entre temps, le journal In TheseTimes indique que toute relation est due plus auSénateur d’Arizona, Bundgaard, et aux fonds donnéspour la campagne électorale de Bush qu’à une

Tous les hommes des Présidents

Le patron de Brenco Pierre Falcone. Un personnage au centre del’Angolagate.

envoient leurs enfants à l’école à l’extérieur du pays... Ils utilisent les gens

© U

nknown

Page 10: les hommes des Présidents

Le Scandale

véritable entente amicale. Quelles que soient les relationsentre les deux familles, il n’est pas difficile d’imaginer queFalcone était en mesure d’organiser des rencontres avec lefutur Président des Etats-Unis.

Il semble toutefois probable que l’influence potentiellede Falcone ne se soit pas arrêtée à des dons pour lacampagne de Bush. In These Times rapporte qu’uneréunion a eu lieu en juin , à savoir près de cinq moisavant l’arrestation de Falcone à Paris, entre Falcone ettrois cadres de haut rang de la Phillips Petroleum Corporationqui ne sont pas nommés. Phillips Petroleum Corporation aune participation de % sur le bloc en Angola, allouéen , mais pour lequel les négociations étaient déjàbien avancées au moment de cette réunion présumée avecFalcone. L’article affirme que Phillips a refusé de faire descommentaires sur cette réunion.

Global Witness a cherché des clarifications sur le rôlequ’aurait joué Falcone concernant l’achat de laparticipation de Phillips dans le bloc . Bryan Whitworth,le vice-Président de Phillips, a répondu en janvier ,déclarant qu’il était incapable d’identifier une réunion àScottsdale en juin mais qu’il y avait eu une réunionen septembre et une réunion ultérieure à Washington enoctobre , « ...pour déterminer si Phillips voulait ounon utiliser les services de M. Falcone comme consultant[...] il a été conclu que M. Falcone ne devrait pasreprésenter Phillips ». De plus, la lettre affirme que« M.Falcone n’a jamais été employé par Phillips PetroleumCompany ni représenté Phillips de quelque manière que cesoit ». Cette réponse soulève bien sûr la question de savoirpourquoi Pierre Falcone aurait été considéré commeconsultant potentiel en premier lieu et sur quelle basePhillips en est venu ensuite à la conclusion qu’il neconvenait pas pour une telle tâche ?

Michael Austin, un ami de la famille Falcone basé enArizona et détenteur du nom de domaine d’un siteInternet soutenant Falcone a écrit dans un e-mail adresséà Global Witness : « ...Pierre tire une grande partie de sesrevenus du Bloc d’Exxon situé en Angola. » Etantdonné les rencontres apparentes entre Falcone et Phillipset étant donné qu’ExxonMobil exploite le bloc enAngola, ExxonMobil devrait clarifier si la société aégalement tenu des réunions avec Falcone et si ce derniera joué un rôle de conseil ou de facilitateur pour l’obtentionde l’exploitation du bloc . Global Witness a cherchéclarification auprès d’ExxonMobil le janvier maisattend toujours une réponse.

Suite à l’arrestation de Falcone en décembre , leSunday Times a fait allusion à des liens possibles entre leVice-Président Cheney, dans son rôle de directeur généraldes services pétroliers de la société Halliburton, etl’Angolagate. Le journal faisait le commentaire suivant :« ... en tant que Ministre de la Défense, Cheney était unpartisan déclaré de l’UNITA ... il se trouve maintenantdans la curieuse position d’avoir récemment été à la têted’une société qui a recherché des contrats de façondynamique avec « l’ennemi juré » de l’UNITA. » D’aprèsle Sunday Times, au cours de la campagne électoraleaméricaine, Cheney a été selon certaines sources accuséd’utiliser ses relations en tant qu’ancien Ministre de laDéfense afin d’obtenir des contrats pour la société[Haliburton] ». Etant donné la suggestion faite par leSunday Times que « les autorités françaises [menantl’enquête sur l’Angolagate] examinent minutieusement lesactivités de plusieurs sociétés pétrolières qui fournissent àl’Angola la majorité de ses revenus étrangers – y comprisHaliburton Co, ... » une question importante se pose :Pierre Falcone a-t-il joué un rôle dans l’obtention decontrats pour Haliburton ? Le vice-président Cheneydevrait s’expliquer immédiatement sur les succèsd’Haliburton en Angola.

Le scandale Enron a clairement démontré que le traficd’influence est un problème important aux Etats-Unis. De

façon intéressante, le don de dollars américains dudirecteur général d’Enron, Kenneth Lay, en faveur de lacampagne électorale de Bush est remarquablementsimilaire aux dollars de Falcone. Nous avons vu cequ’Enron est parvenu à accomplir grâce à ses « dons » –qu’espérait obtenir Falcone, et peut-être de façon encoreplus pertinente, qu’aurait-il réussi à faire si l’embarras deson arrestation n’avait pas facilité la restitution tardive deson argent ? Il est urgent qu’une enquête complète etdétaillée sur la portée de l’Angolagate soit menée auxEtats-Unis. Que la série d’enquêtes sur Enron conduisepeut-être à un nettoyage et à la fin des efforts entrepris parles sociétés pour acheter l’influence de Washington estmanifestement une bonne chose pour ce qui est despréoccupations légitimes au niveau national aux Etats-Unis. Toutefois, étant donné la situation désespérée de lapopulation angolaise qui a subi près de années decombats, et les avantages stratégiques et financiers queprésente l’exploitation des ressources angolaises pour lesEtats-Unis, seule une enquête complète serait satisfaisante.Que savaient les acteurs principaux et quand l’ont-ils su ?

La dette russe et les fusils

Des sources indiquent une forte participation russe dans lasociété ZTS-Osos, le fournisseur d’armes slovaque, ycompris la détention importante d’actions de la société parun certain nombre de sociétés russes de productiond’armes (Voir Les intérêts russes derrière ZTS-Osos, page ).

D’après un certain nombre de rapports de presse,Falcone et Gaidamak étaient tous deux impliqués dansune affaire visant à renégocier la dette de , milliards dedollars de l’Angola envers la Russie. D’après un article defévrier dans le journal genevois Le Temps, « en ,la paire [Gaidamak et Falcone] a négocié le rachat de ladette angolaise envers la Russie : cette dernière projetaitde recevoir , milliard de dollars au lieu des milliards dedollars que lui devait le gouvernement de Luanda ».L’article continuait ainsi : « les Angolais ont accepté derembourser ce montant, grâce aux revenus pétroliers dupays ». Concernant les personnes impliquées dans cetaccord, l’article rapportait : « des sociétés basées en Suisseont participé à l’opération : Glencore, à Zug, a échangé lepétrole ; Paribas (Suisse) et d’autres banques, ont avancél’argent promis par l’Angola ».

Le rôle de Falcone et Gaidamak dans cette affaire n’estpas clair. Toutefois, Le Temps constatait que « PierreFalcone était responsable de la distribution du revenugénéré par le rachat de la dette entre les dignitairesangolais, tandis qu’Arkadi Gaidamak faisait la mêmechose du côté russe ». Falcone et Gaidamak se sont tousles deux exprimés sur cette affaire. Falcone a indiqué qu’ilavait touché une modeste contribution, « moins de millions de dollars américains », pour ses services – defaçon ironique, il s’agit en gros de la somme requise pourpayer sa caution le er décembre . Gaidamak s’estvanté, « en fait, j’ai même dirigé les relations entre laRussie et l’Angola, en veillant aux intérêts des deuxparties ».

Quelle que soit la vérité concernant cet accord, il estclair que le FMI s’inquiète de ce qu’il s’est vraiment passé.Jusqu’en décembre , le FMI n’avait pas réussi àobtenir des clarifications sur ces accords, que ce soit àLuanda ou à Moscou. Il est temps, non seulement pour lesgouvernements russes et angolais d’être transparents surces accords mais aussi pour les banques qui ont participéaux prêts garantis sur le pétrole accordés à l’Angola depuis de fournir des informations sur ce qu’elles savent dela situation.

Tous les hommes des Présidents

seulement pour faire la guerre... La plupart du temps, les gens n’attendent rien du

Page 11: les hommes des Présidents

Le Scandale

La « Frenchconnection »

De nombreux articles de pressefrançais très détaillés ne laissentau lecteur aucune alternative àla conclusion qu’au début duprogramme de livraisond’armes et de fonds de/, un certain nombrede fonctionnaires haut placés, àla fois proches du PrésidentMitterrand et au sein du partidu Premier Ministre Balladur,étaient parfaitement conscientsde ce qu’il se passait.

Un certain nombre dequestions restent encore à poser.Qu’est-il arrivé après la fin de laPrésidence Mitterrand ? Quesavait le Président Chirac,successeur de Mitterrand, deces évènements et quand ? Cesquestions sont particulièrementpoignantes étant donné que desprêts ont continué à êtreaccordés, et que des armes etautres articles ont continué àêtre livrés à l’Angola, bien aprèsle début de la PrésidenceChirac.

Falcone a écrit personnellement au Président Chirac en et en et ces lettres ont fourni de nombreusesinformations sur les projets en cours. De plus, des sourcesindiquent qu’au cours de la visite du Président Chirac enAngola en , au moins une réunion a eu lieu à Luandaentre Chirac et dos Santos au cours de laquelle Falconeétait présent.

Une autre cause de préoccupations est la libération en de trois pilotes français, dont l’avion avait été abattuen Bosnie. D’après les rapports de presse, le GénéralGallois, qui était le négociateur principal, a obtenu leurlibération avec succès mais l’ordre lui a été donné determiner les discussions avant de parvenir à uneconclusion. Quelques semaines plus tard, Gaidamak seraitintervenu pour obtenir la liberté des otages, qui sontarrivés à Paris, peu avant la conférence de paix de l’aprèsDayton sur la Bosnie, dont l’hôte était le Président Chiracnouvellement élu.

D’après Le Monde, l’ancien préfet du Var, Jean-CharlesMarchiani, remettait à Gaidamak « l’Ordre du Mérite »,en reconnaissance de ses services dans la libération desotages. Toutefois, un article de janvier dans Le Mondemettait l’accent sur le fait que le Général Gallois déploraitl’existence de « négociations parallèles » et soulignait qu’il« ne comprenait pas pourquoi Gaidamak et Marchianiétaient intervenus après [lui], cela n’avait rien apporté.Cela avait eu pour effet de ralentir la libération desotages ».

Dans un article sur la mise en accusation de Jean-Charles Marchiani du mai , Le Monde rapportaitque « l’ancien préfet du Var est aussi soupçonné d’avoirreçu une compensation financière pour l’attribution, en, de l’Ordre National du Mérite à M. Gaidamak, quiavait reçu l’aval du Président de la République, JacquesChirac ». Le Monde soulignait que Marchiani niaiténergiquement toutes les allégations formulées contre lui.

Etant donné les articles récents sur la corruption etl’affaire du « Travelgate » à l’époque où Chirac étaitMaire de Paris, toute implication potentielle de Chirac ousa connaissance du trafic d’armes et du pillage des avoirsde l’Etat en Angola, est une préoccupation de premierordre. Jusqu’à ce jour, le Président Chirac a simplement

éludé toute question liée à safonction de Maire de Paris enavançant l’argument del’immunité. Cela a conduit parexemple à la situation bizarre du« travelgate » où d’autres membresde la famille Chirac ont dûrépondre aux questions des Jugestandis que le Président lui-mêmepeut garder le silence.

Il est temps pour tousd’ouvrir le jeu

L’essence de la corruption enAngola est qu’il ne s’agit pas desommes relativement modestes oude petits avantages personnels telsque dans l’affaire du« Travelgate ». Ici, il s’agit dupillage des avoirs de l’Etat à uneéchelle comparable à celle deMobutu ou d’Abacha. Il s’agit d’unprocessus intimement lié à laconduite de la guerre en Angoladans le but exprès d’obtenir desgains personnels et politiques pourl’élite la plus haut placée enAngola, en France et ailleurs. C’est

la population angolaise qui doit payer un prix terrible – ycompris la mort de personnes entre et ,la mort de enfants par jour de causes évitables, ledéplacement d’un quart de la population et plus d’unmillion de citoyens entièrement dépendants de l’aidealimentaire, conditions qui malgré les suggestions decessez-le-feu, semblent destinées à empirer avant depouvoir s’améliorer.

Il est impératif que des décisions soient prises auniveau international pour s’assurer que les évènements etactions présentées dans ce document ne pourront jamaisse répéter. Une partie de ce processus de changementpourrait facilement être engagé sur la base des actionsdiscutées et des recommandations formulées dans cerapport sans entamer ou presque les intérêts nationaux ouceux des sociétés, à l’exception de ceux qui profitent àl’heure actuelle de l’Etat de l’ombre angolais.

A cet égard, il est impératif que les dirigeantsresponsables avouent ce qu’ils savent sur l’armement et lefinancement de la machine de guerre angolaise. Parexemple, le Président Chirac va être confronté à sonélectorat en et la conduite du processusdémocratique en France ne peut tolérer la dissimulationcontinue d’informations vitales indispensables pourdémêler ces évènements, surtout quand l’absenced’information affecte la capacité des angolais à demanderà leur gouvernement de rendre compte de ses actes. Lecoût infligé aux angolais par les intérêts pétroliers etpolitiques internationaux en Angola est trop élevé.

Tous les hommes des Présidents

« ... ce monsieur [Falcone] a traité des affairessensibles qui avaient le consentement des autoritésfrançaises et qui étaient très utiles à l’Angola. Nousavons interprété son action comme un geste deconfiance et d’amitié de la part de l’Etat français et,pour cette raison, mon gouvernement a pris desdécisions qui ont permis le développementspectaculaire de la coopération avec la France dans lesecteur pétrolier et économiquement etfinancièrement. »

Président dos Santos, confirmant les intérêts de la France,derrière les activités de Falcone et des autres.

gouvernement car ils ne connaissent pas de vie différente.Et même s’ils en

Chirac et dos Santos. Quand les Présidents et leurshommes vont-ils ouvrir le jeu ?

© A

FP

Page 12: les hommes des Présidents

Le Scandale

L’Angolagate – l’histoirecomplète

L’ANGOLAGATE EST APPARU dans lesmédias mondiaux avec l’arrestation de Jean-Christophe Mitterrand, le décembre .L’incarcération de Jean-ChristopheMitterrand, fils de l’ancien président français,

François Mitterrand, suivait l’arrestation le er décembre du moins célèbre Pierre Falcone, que le rapport deGlobal Witness intitulé « Un réveil brut » publié endécembre nommait comme l’un des membres de la« pétrolarchie » angolaise.

L’histoire a commencé en quand Jonas Sambivi etl’UNITA sont revenus sur les engagements pris lors desAccords de Bicesse en mai après avoir subi un échec aucours des premières élections nationales en Angola.L’insurrection renouvelée de l’UNITA s’est avéréerelativement réussie car la plupart des unités d’élite dugroupe avaient gardé les armes et étaient restéesopérationnelles. Par contre, les troupes du gouvernement (lesFAA) avaient démobilisé leurs forces de façondisproportionnée et se trouvaient donc dans une position defaiblesse relative. Pour la première fois, l’UNITA se trouvaiten mesure d’assiéger et de tenir des grosses villes, prenantcinq des dix-huit capitales provinciales dans l’une des étapesles plus brutales de cette guerre civile qui durait à l’époquedepuis trente ans. Les Nations Unies ont estimé qu’entre et quelque civils ont été tués directementdans le pilonnage des villes ou indirectement par des minesterrestres et la famine.

A l’époque, avec l’effondrement de l’Union soviétique,pays qui apportait le plus grand soutien à l’Angola, les armeset les moyens financiers nécessaires faisaient défaut augouvernement angolais pour pouvoir retourner la situation.Au Printemps , le gouvernement du Président dosSantos était en mauvaise posture dans cette guerre puisquel’UNITA contrôlait de grandes portions du territoireangolais et se présentait comme un vainqueur potentiel.D’après Le Monde, dans un effort visant à retourner lasituation en faveur du MPLA, dos Santos a décidé dedemander de l’aide à la gauche socialiste française sous laPrésidence de François Mitterrand. Appel a été fait à Jean-Bernard Curial, ancien expert de l’Afrique australe auprèsdu parti socialiste français, à Paris, à qui il a été demandé dese rendre immédiatement à Luanda.

Au cours de sa visite, il a été donné à Curial d’observerune situation militaire désespérée. Toutefois, d’après LeMonde, apporter un soutien à Luanda à ce moment crucialne devait pas être une tâche facile. La Présidence centre-gauche de Mitterrand connaissait sa seconde période decohabitation, ce qui signifiait le partage du pouvoir avec legouvernement centre-droit d’Edouard Balladur. Commentserait-il possible d’obtenir le soutien officiel dugouvernement français, quand la clé d’un tel soutiennécessitait l’accord du Ministre français de la Défense,François Léotard, bien connu à l’époque pour être l’un desplus grands partisans de l’UNITA à Paris ?

A son retour, Curial a rencontré le fils du Président, Jean-Christophe Mitterrand, à Paris. A ce moment-là, Jean-Christophe avait déjà quitté ses fonctions de « ConseillerAfrique » à l’Elysée. Il ne pouvait donc plus aiderdirectement mais il a suggéré à Curial de contacter PierreFalcone qui se trouvait à la tête d’un groupe de sociétés dunom de « Brenco International », basé à Paris. Falcone étaitaussi un conseiller clé de la « Sofremi » (La société françaised’exportation des matériels et systèmes du Ministère del’Intérieur), organisation mi-privée, mi-étatique opérantsous les auspices du Ministère français de l’intérieur, à la têteduquel se trouvait à l’époque Charles Pasqua.

attendent quelque chose, le premier groupe qui commence à parler de ces choses

Tous les hommes des Présidents

Pierre Falcone et la SofremiSofremi est l’acronyme français de « Société française d’exportationdes matériels et systèmes du Ministère de l’Intérieur ». Elle a été crééeen 1986, sous la jurisdiction du Ministère français de l’Intérieur, à la têteduquel se trouvait alors Charles Pasqua, qui avait été nommé par lePremier Ministre, Jacques Chirac.125

La Sofremi a été créée pour promouvoir l’expertise du Ministèrede l’Intérieur français dans le domaine de la sécurité et pour négocierdes contrats de vente d’équipement de communication et desurveillance aux forces de police étrangères.126 De tels marchés nepouvaient être organisés qu’entre la Sofremi et le gouvernement oudes institutions d’Etat, des pays visés, et tout contrat nécessitaitl’approbation finale de la CIEEMG ou Commission Interministériellepour l’étude des exportations de matériel de guerre.126 Cetteapproche a été établie pour garantir que la Sofremi ne puisse êtreimpliquée dans aucun trafic d’armes. Depuis sa création, ses activitésont beaucoup changé avec une prédominance des activités avecl’Amérique Latine et le Moyen-Orient.

D’après Le Monde, Pierre Falcone, présenté à la société par unintermédiaire du directeur de l’époque Philippe Melchior, est devenul’un des principaux conseillers de la Sofremi de 1989 à 1997. 127 Aprèsles élections de mars 1993, le nouveau Ministre de l’Intérieur Pasqua aremplacé Melchior par Bernard Poussier. Poussier est alors restédirecteur de la Sofremi jusqu’en1997.127

Le 14 décembre 2000, Poussier a été interrogé par les jugesd’instruction sur le dossier de l’Angolagate. Le Monde a rapporté qu’il aensuite « été détenu [à la prison de la Santé à Paris] pour « receld’abus de biens sociaux, abus de confiance, trafic d’influence et traficd’influence aggravé ».81, 128 Poussier a été libéré le 12 janvier 2001.

Les allégations contre Poussier semblent porter essentiellement surun versement en espèce d’environ 1 million de francs (167 000dollars)129 effectué par Pierre Falcone en 1998 au profit de Poussier.81

Dans une interview accordée au Monde le 17 janvier 2001, Poussierprécisait « c’[l’argent] était un prêt « d’honneur » d’un ami à qui j’avaisconfié mes problèmes.Ainsi, dès que ma banque me disait que j’étais àdécouvert, je lui parlais. Il me donnait ensuite de l’argent que jedéposais sur mon compte ».130

Poussier a également insisté sur le fait que la Sofremi ne mêlait passes intérêts commerciaux à ceux de Pierre Falcone. Il a déclaré : « Elle[la Sofremi] n’a jamais été impliquée de quelque manière que ce soit àla vente d’armes russes. De toute façon, à cette époque M. Falcones’occupait essentiellement des arrangements financiers dans l’industriepétrolière ».130

Le 28 octobre 1997, après les élections, Henry Hurrand a éténommé nouveau directeur de la Sofremi.Appelé par Lionel Jospin pour« faire le ménage » dans la société, il a rapidement renvoyé Poussier.D’après Le Monde, il a découvert avec surprise que le nom de Falcone« figurait sur tous les contrats ».127 Le Monde laisse entendre que lenouveau directeur était arrivé à la conclusion que les commissionsversées à Falcone étaient « excessives » et que ce pourrait être l’unedes raisons pour lesquelles la Sofremi était en déficit de 1996 à1997.127

Le 9 janvier 2001, Le Figaro a réalisé une interview d’Henry Hurand.L’une des premières mesures qu’il a prises en tant que directeur de laSofremi a été la réalisation d’un audit indépendant. « Le point le plusimportant était l’omniprésence de Pierre Falcone »131 et d’ajouter « larègle générale était qu’un représentant différent soit chargé de chaquemarché mais à partir de 1992, Falcone est devenu le seul représentantde la Sofremi. C’est totalement anormal. Il a reçu des honorairesexorbitants pour chaque opération ».131 Interrogé sur la fin de larelation entre la Sofremi et Falcone en 1997, il a déclaré : « Une foisque j’avais pris ma décision, nous avons eu une longue conversation. Jene crois pas qu’il ait compris ma détermination. En fait, je pense qu’ilétait convaincu que rien ne changerait jamais, que ces amis leprotégeraient toujours et qu’il était au-dessus de la loi ».131 Quand onlui a demandé ce qu’il voulait dire par « ses amis », Hurand a répondu« J’ai la conviction que durant toutes ces années, Falcone a graissé lapatte à tout le monde ».131

En février 2001, la Sofremi a cessé d’exister et a été remplacée parune nouvelle organisation au sein du Ministère de l’Intérieur appeléeCivipol, qui ne participera plus à la vente d’armes.127

Page 13: les hommes des Présidents

Le Scandale

Le moment de cette demande d’aide ne pouvait êtremieux choisi étant donné la politique de Pasqua depromotion des intérêts français à travers le continentafricain. A partir du début des années , la politique desEtats-Unis vis-à-vis de l’Angola s’était détournéegraduellement de son soutien à l’UNITA et orientée versune ouverture en faveur du gouvernement angolais. Il étaitclair pour Pasqua et son équipe que les intérêts pétroliers desEtats-Unis étaient responsables de ces changements. Lasociété américaine Chevron dominait déjà la productionpétrolière angolaise mais ce revirement politique étaitconsidéré comme pouvant apporter d’autres avantages auxsociétés américaines, ce qui représentait une menace sérieusepour les ambitions pétrolières de la France dans la région.En bref, le temps était venu d’un changement dans laposition de la France et un engagement en faveur du MPLA.Suite à l’arrestation de Jean-Christophe Mitterrand endécembre , l’expert sur l’Afrique et ancien chef de lapolice militaire, Paul Barril, confirmait que la vente d’armesà l’Angola faisait partie d’une stratégie pour assurer l’accès àune part importante de la production pétrolière angolaise.

Les comptes-rendus de la première rencontre entre Jean-Christophe Mitterrand et Pierre Falcone diffèrent. D’aprèsson avocat, Mitterrand a rencontré Falcone pour la premièrefois après son départ de l’Elysée, mais d’après Le Monde, unancien employé de Falcone date la première visite deMitterrand aux bureaux de Brenco International, alorssitués au Avenue Montaigne à Paris, à avant juillet ; autrement dit, quand Jean-Christophe Mitterrand étaitencore le conseiller Afrique de son père. Certaines sourcesaffirment que c’est un certain M. Jallabert, alors chargé desaffaires internationales pour la société française de produitsmilitaires et électroniques, Thomson CSF, qui auraitprésenté les deux hommes alors que Jean-Christophetravaillait encore à l’Elysée.

D’après Le Monde, une semaine environ après cettepremière rencontre, Pierre Falcone a contacté Curial pourlui faire savoir qu’il pouvait aider. Les choses sont alorsallées vite. Le novembre , le premier marché avec legouvernement angolais avait apparemment été concluaffirme Le Monde. Le premier marché, d’une valeurd’environ millions de dollars, portait sur la livraison à lami-décembre de munitions, des mortiers, et diverses

pièces d’artillerie. D’autres marchés devaient suivre. LeMonde rapporte que le avril , l’ampleur du marchépassé entre Falcone et Luanda s’est considérablementagrandie grâce à un « amendement » ou d’autres accordsd’une valeur de millions de dollars. A cette occasion, lemarché devait comprendre des avions de chasse et des charsde combat. A la fin, d’après Le Monde, Pierre Falconeavait participé à des ventes d’armes à l’Angola d’une valeurtotale de millions de dollars. Des sources indiquent quebien que la valeur nominale de ces contrats ait pu atteindre millions de dollars, une proportion importante desarmes faisant l’objet de ces marchés a été livrée beaucoupplus tard.

D’après Le Monde, le contact angolais de Falcone à Parisétait Elísio de Figueiredo qui était le « troisièmeambassadeur angolais » à Paris. En effet, suite à unedemande officielle de dos Santos, il était venu s’ajouter àl’ambassadeur officiel de l’Angola et au représentant del’UNESCO. Ces dispositions peu orthodoxes ont permis àFigueiredo , qui avait été ambassadeur à Parisprécédemment, d’assumer le rôle d’ambassadeur itinérant,sans portefeuille et d’agir en tant qu’intermédiaire de dosSantos.

Tous les hommes des Présidents

Gauche : Copie d’unelettre publiée par LeMonde adressée à Elísiode Figueiredo révélantson rôled’intermédiaire. Suiteaux accusations selonlesquelles il avait reçu millions de dollars deBrenco, Figueiredo aquitté la France. Il estrevenu depuis etconserve son poste «d’ambassadeur ».

Droite : Marché d’armesde millions de dollarsde ZTS-Osos datant denovembre , publiépar Le Monde,suggérant que le marchéa été signé à Paris.Notez l’adresse du Avenue Montaigne –l’adresse de Brenco àl’époque – écrite audessus de la signaturede Falcone, alorsrepresentant de ZTS-Osos.

L’ambassade monumentale de l’Angola sur l’avenue Foch – l’une desavenues les plus huppées de Paris.

sera puni ou tué.Alors les gens continuent de souffrir parce qu’ils ne peuvent rien

Page 14: les hommes des Présidents

Le Scandale

Présentation d’Arcadi Gaidamak –fait-il partie de Brenco ?

Des rapports indiquent que Pierre Falcone n’a pasgéré seul ce processus. Falcone semble avoirdéveloppé un partenariat avec Arkadi Gaidamak,un émigré russe qui avait passé suffisamment detemps en Israël pour avoir obtenu un passeportisraélien avant d’aller vivre en France. Le Mondeindique que Gaidamak avait rejoint la société deFalcone, Brenco et qu’ensemble ils étaient devenusreprésentants d’une usine de production d’armesslovaques, ZTS-Osos, qui devait fournir la majeurepartie des armes à l’Angola.

Un aspect intéressant de cette phase desopérations est l’absence de la signature deGaidamak sur les documents publiés par Le Monde,ce qui laisserait entendre que Gaidamak n’était pasimpliqué dans ces livraisons. Gaidamak a confirméà Global Witness au cours d’une conversationtéléphonique qu’il était proche de Pierre Falcone àcette époque mais que leurs opérations neconcernaient que la provision de pré-financementsgarantis sur la production future de pétrole parl’intermédiaire de la banque française, BanqueParibas. Il a nié vigoureusement que ces opérationssoient liées de quelque façon que ce soit avec lalivraison d’armes à l’Angola. Toutefois, lors d’uneconversation ultérieure, Gaidamak a confirmé que desarmes avaient en réalité été livrées tout en niant saparticipation directe. Sa justification était que lesmarchés avaient été passés avec un gouvernementlégitime.

Mais tout n’est pas rose !

Bien qu’il semble que ces marchés aient solidementétabli Pierre Falcone et Gaidamak à Luanda, leursactivités n’étaient pas sans problème. Le novembre, le lieutenant fidèle de Charles Pasqua, Jean-Charles Marchiani, se serait rendu à Luanda pourconclure ce que Le Monde a appelé un « accord global »avec le président dos Santos , accord qui formait nonseulement la base des livraisons futures d’armes et desfinancements garantis sur le pétrole accordés augouvernement angolais mais profitait aussi aux intérêtscommerciaux français.

Le moment choisi pour la visite de Marchianisemble avoir tout fiché par terre. En raison del’échéance des élections présidentielles françaises demai , la tension montait depuis quelque tempsentre Jacques Chirac, qui se voyait comme le prochainprésident français et Charles Pasqua. D’après Le Monde,Chirac était depuis longtemps convaincu que Pasquaapporterait son soutien à son adversaire, EdouardBalladur. Le journal poursuivait : « Si cela devaitarriver, une emprise sur l’Angola serait un atoutmajeur » et continuant son argumentation poursuivait :« en conséquence et parce que Pasqua offrait sonsoutien à Balladur, les partisans de Chirac ont transmisdes informations sur Gaidamak et Falcone aux servicesdes impôts ». Les investigations ultérieures par lesservices des impôts demeurent un sujet très controverséencore à ce jour. D’après Le Monde, « bien que lesarmes ne soient pas passées par la France, les servicesdes impôts utilisent ce point particulier pour récupérerles impôts non payés, en revendiquant que le marché aété signé à Paris». Toutefois, Alain Guilloux, avocat deBrenco à Paris, aurait affirmé que le marché avait étésigné à Luanda.

Le gel des comptes bancaires

Des sources indiquent que la Brigade financièrefrançaise a saisi quelque documents dans diversbureaux et autres locaux liés à Gaidamak et Falcone aucours de raids effectués au début . D’après LeMonde, le premier raid par la Brigade financière a eulieu dans les bureaux de Brenco le décembre etaurait conduit au gel du compte de Brenco numéro Q, détenu au bureau de Paribas de la rued’Antin à Paris, à la fin de l’année . Un rapportantérieur dans Le Monde affirmait qu’un compte détenupar ZTS-Osos dans une branche de Paribas avait étégelé en décembre . Il n’a pas été possible d’établirsi ces deux comptes étaient en fait un seul et mêmecompte.

Dans un autre article, Le Monde rapportait qu’une« enquête fiscale » sur le compte de ZTS-Osos détenuà Paribas, avait abouti à «la fermeture du compte... endécembre ». Le Monde expliquait que l’enquêtefiscale avait fait la lumière sur « des transactions avecl’Angola réalisées par l’intermédiaire d’une sociétépublique, Sonangol, qui rémunérait ZTS-Osos sur uncompte en banque ouvert à Paris, dans une branche deParibas, en ». Selon cet article, « Falcone etGaidamak, qui conservaient une procuration sur cecompte, n’ont pas déclaré les revenus ». Des sourcesindiquent néanmoins que l’intérêt de la Brigadefinancière française pour les activités de Falcone etGaidamak pourrait avoir été simplifié à l’extrême.Selon certaines sources, la Brigade financière auraiteffectué des visites de contrôle en , et au cours desvisites effectuées en , comptes différentsauraient été découverts.

Fin , les services des impôts français ontdemandé que Brenco paye des arriérés d’impôtss’élevant à de francs français (environ millions de dollars) ce qui représenterait, si cettesomme était payée, le paiement d’arriérés fiscaux leplus élevé jamais payé en France. Une facture fiscalede millions de dollars sur des marchés de millions de dollars semble extrêmement élevé : sepourrait-il que le montant exigé par les impôts soit uneindication d’un commerce avec Luandaconsidérablement plus important durant cette périodeque ce que l’on sait ou que des livraisons importantesde matériel aient eu lieu après ?

Tous les hommes des Présidents

faire.» – Un réfugié, début 2001a « Nous sommes partis à cause de la mort et de la

© REA

Arkadi Gaidamak (gauche) avec des amis. L’accumulation rapide de sa richessecontinue à attirer l’attention.

Page 15: les hommes des Présidents

Le Scandale

Le château de cartes commence às’écrouler

Bien que les médias français aient largement couvertl’arrestation de Pierre Falcone, il a fallu attendrel’arrestation de Jean-Christophe Mitterrand le décembre pour que l’Angolagate fasse sonapparition dans les journaux internationaux. Qu’est-cequi n’a pas marché dans les opérations de Falcone etGaidamak et qui a conduit à l’arrestation et, danscertains cas, l’incarcération à la prison de La Santé àParis de nombreux individus prestigieux ?

Bien que Gaidamak et Falcone aient tous deux faitl’objet d’enquêtes auparavant, ces dernières n’avaientconduit à aucune accusation. Il est clair d’après denombreux articles qu’ils disposaient tous les deuxd’alliés politiques puissants. Comme l’indiquentdiverses sources et articles, malgré le fait que la Brigadefinancière ait fait preuve de persévérance dans cesenquêtes, ces dernières ont échoué en raison d’uneopposition politique. En effet, c’est seulement quanddes preuves supplémentaires d’irrégularités ont étédécouvertes au cours d’une série d’enquêtes sansrapport, que la résistance politique semble finalementavoir cédé.

Jusqu’ici le lecteur doit avoir l’impression quel’histoire de l’Angolagate est une histoire de finance, delivraison d’armes et d’évasion fiscale au cours desannées et – c’est certainement comme celaqu’elle a été présentée dans les médias français.Toutefois, Global Witness pense que la véritablehistoire du financement de l’effort de guerre en Angolava bien au-delà de et , et d’ailleurs aussi, au-delà des seuls intérêts nationaux français et angolais ;peut-être même jusqu’au coeur de la politiqueinternationale des intérêts pétroliers. Les sectionssuivantes font la lumière sur ces évènements.

L’histoire « des grandes oreillesfrançaises pour l’Angola »

D’après L’Express, un informateur dont le nom n’a pasété divulgué aurait fourni un témoignage détaillé auJuge Marc Brisset-Foucault, sur un marché secretimpliquant la société française « Communication etSystèmes » (CS) pour l’exportation d’équipementd’interception des communications (« les grandesoreilles françaises ») vers l’Angola. L’Express n’a pasindiqué que les accusations avaient été levées sur cettequestion. Il semble probable que le raid du mai effectué en réponse aux preuves fournies par cetinformateur dans les bureaux de Falcone et du vice-président de CS, le général Claude Mouton, a fournides informations importantes utilisables dans lesinvestigations plus récentes sur les activités plus largesde Falcone. Chose intéressante, Mouton a été nommédirecteur de Brenco France en juillet .

La perquisition dans les bureaux de la CS aurait faitl’objet d’une dispute entre la police et Raymond Nart(qui ne fait pas l’objet d’investigations), anciendirecteur adjoint de la DST et, à l’époque, directeurdes relations internationales à la CS. C’est Nart qui afait plus tard une déposition (à savoir des références) enfaveur d’Arkadi Gaidamak au cours du procès endiffamation de septembre contre le journalfrançais, La lettre du Continent.

Ce marché portait prétendument sur deux typesdifférents d’équipement de surveillance descommunications : le système Murène utilisé poursurveiller les téléphones portables de type GSM et lesystème plus sophistiqué, Menta, qui est utilisé poursurveiller les téléphones satellites. Un autre rapportdonne plus de détails sur cet équipement et indique

qu’en plus de sa capacité à mettre sur écoute lestéléphones satellites, le système Menta est égalementcapable de fournir des points de triangulation,permettant de localiser les utilisateurs de téléphonessatellites – un attribut certainement utile pour legouvernement angolais dans ses efforts pour localiserJonas Savimbi dans la brousse.

L’Express a rapporté que le deuxième marché, bienqu’approuvé par le Ministère français de la Défense, aété monté sans avoir été approuvé par la CommissionInterministérielle pour l’étude des exportations dematériel de guerre (CIEEMG), dont l’agrément estrequis avant d’exporter tout équipement militairesensible. L’Express indiquait également qu’une sommede millions de dollars avait disparu et que « sansréserve, la structure du marché ne permettait pas lepaiement de commissions cachées.» Claude Moutona nié toute illégalité et jusqu’à aujourd’hui, GlobalWitness n’a pas eu connaissance de quelquecommentaire que ce soit de la part de Falcone sur cettequestion.

Une affaire sans rapport conduit àl’Angolagate

En novembre , les juges Philippe Courroye etIsabelle Prévost-Desprez ont été chargés d’une enquêtesur une affaire présumée de blanchiment d’argent auMaroc., Cette enquête les a bientôt conduits versAlain Guilloux, un avocat célèbre en matière fiscale.,

Guilloux comptait dans sa liste de clients plusieurspersonnalités bien connues parmi lesquelles on trouvaitClaude Merry qui, avant sa mort, avait enregistré lafameuse cassette vidéo sur les allégations de corruptionconcernant Jacques Chirac au cours de son mandat àla Mairie de Paris. Le Monde rapportait que Guillouxagissait aussi au nom de Gaidamak et Falcone,

semble-t-il après , afin de s’occuper de la questiondes comptes en banque gelés à Paribas., (Voir Le geldes comptes en banque, page ). D’après Le Monde, suite àla découverte par les enquêteurs de fichiers serapportant à l’affaire Brenco/Paribas dans le bureaude Guilloux, la police de la Brigade Financière a denouveau effectué un raid dans les bureaux de Brenco.

Les disquettes informatiques et lachute des puissants

D’après Le Monde, un raid a eu lieu en septembre à l’appartement de la secrétaire de Pierre Falcone,Isabelle Delubac , dont les enquêteurs avaientdécouvert qu’elle avait caché disquettesinformatiques sur l’ordre de Falcone. Les disquettesfournissaient l’historique cas par cas des marchéspassés par Brenco avec l’Angola de à ainsique les noms de nombreux individus et compagnies.Elles contenaient aussi des informations détaillées surles paiements.

Ces disquettes, ainsi que d’autres sourcesd’information, ont fourni aux juges matière àapprofondir leurs enquêtes et conduit à de plus amplesrecherches dans d’autres locaux ainsi qu’àl’interrogatoire de nombreux individus dont le nomavait été révélé par les disquettes. Dans certains cas, cesprocédures ont conduit à l’inculpation de certainsindividus. Avant d’aborder les différentes arrestations etinculpations prononcées par les juges, la sectionsuivante présente des informations détaillées sur lesmarchés avec l’Angola.

Tous les hommes des Présidents

famine... nous cultivions mais tout était toujours pris soit par le gouvernement soit

Page 16: les hommes des Présidents

Le Scandale

Le réseau et les marchés deBrenco avec l’Angola

QUE FAISAIENT DONCFalcone et Gaidamak ? Lessociétés du groupe Brenco,Pierre Falcone et ses relationsavec Arkadi Gaidamak ainsi quela compagnie slovaque ZTS-Osos ont fait l’objet de

nombreuses spéculations de la part de la presse depuisque le scandale de l’Angolagate a été révélé à la finde l’année . Cette section présente cesinformations et fournit des informationssupplémentaires.

La maison mère du groupe Brenco semble êtreBrenco International, qui avec Brenco-Francepossédait plusieurs adresses à Paris. En décembre ,le journal Libération donnait un aperçu du nombrepossible de filiales de Brenco et de leur emplacementdans le monde. Il est peu probable que la liste ci-dessous soit exhaustive mais les filiales de Brencocomprenaient:

Brenco Trading Ltd sur l’Ile de Man en Grande-Bretagne ; Brenco Investment à Montréal au Canada ;Brenco Ltd à Londres en Grande-Bretagne ; Brenco CorenSA à Bogota en Colombie ; et des filiales dont le nomn’a pas été divulgué au Burma et en Argentine.L’article fait référence aux activités de Brenco enColombie, en Guinée, à Madagascar, en Russie et auKazakstan.

Certains rapports suggèrent que Brenco est unefiliale de ZTS-Osos, tandis que d’autres ont suggérél’inverse. Malgré les liens signalés entre les deuxsociétés, les investigations de Global Witness n’ont pasréussi à révéler de liens formels écrits entre elles.

Néanmoins, d’après Le Monde, en , Gaidamak etFalcone étaient signataires d’un compte en banquenuméro Q dont disposait Brenco à l’agence deParibas de la rue d’Antin.

Lorsque les premiers contrats d’armes entre ZTS-Osos et l’Angola ont été signés en et , BrencoFrance se trouvait au Avenue Montaigne à Paris. Ilest intéressant de noter que cette adresse et les numérosde téléphone et de fax de Brenco figurent sur le contratinitial de ZTS–Osos de millions de dollars, avec lasignature de Pierre Falcone, ce qui semble indiquer unlien étroit entre Brenco et ZTS-Osos. Le tampon deZTS-Osos à côté de la signature de Falcone est annotéde la légende « Affaires russo-angolaises ».

En décembre , L’Evénement du Jeudi a publié unecopie de ce premier contrat de ZTS-Osos avecl’Angola et présentait une liste détaillée deséquipements fournis :

30 chars T-62, fabriqués entre 1961 et 1972, canon115mm, champ de tir 500 km.

40 véhicules blindés BMP-2 avec 4 missiles anti-char, uncanon 75mm et une mitrailleuse 7,62 mm.

24 obusiers, 2S1 Gvozdika, fixés sur le châssis des tanks,fabriqués en 1970.

des fusils d’artillerie M-46 (130mm).18 fusils d’artillerie DCA ZU-23/2 (23mm).12 lance-fusées multiples Grad P.50 lance-grenades antipersonnelles automatiques AGS-17

Plamya (30mm).250 mitrailleuses légères RPK.500 mortiers PKM.150 bazookas Schmel.5,500 kalashnikovs : 7,62 mm AKM et 5,45 mm AK-74,

avec un lance grenade Kastor fixé sous le canon.13 millions de cartouches (7,62mm).750 000 cartouches (5,45mm).10 000 grenades offensives et défensives.21 000 grenades (30 et 40mm).5 000 obus de mortiers (82mm).50 000 30 mm obus antichar.10 700 projectiles (115, 122 et 130mm).1 500 MPB détonateurs, B429 et B90.

D’après L’Evénement du Jeudi, les spécialistes militairesont indiqué qu’une telle liste pouvait fournir unedivision motorisée de hommes. Toutefois,l’article indiquait que les munitions n’étaient passuffisantes pour mener une action offensive d’unedurée importante, faisant allusion à la probabilité del’existence d’autres contrats. Comme nous l’avons déjàindiqué plus haut, la valeur totale des contrats à la fin était prétendument de millions de dollars.,

L’article de L’Evénement du Jeudi faisait allusion à unarticle publié deux mois plus tôt au sujet d’unelivraison de camions russes à l’Angola, affirmant« L’Evénement du Jeudi a expliqué les circonstancesdans lesquelles Falcone et Gaydamac ont vendu... descamions russes à l’Angola, les mêmes que ceux utiliséspar l’armée russe». L’article continuait « déjà àl’époque, nous parlions du contrat [un contratd’armement de millions de dollars – sujet de cedernier article] entre la Russie et l’Angola ». L’articlerapportait qu’au moment de la publication de l’articled’origine « Falcone et Gaydamac niaienténergiquement avoir été impliqués, soutenant qu’ilsétaient tous deux « dégoûtés par le commerce desarmes ».

Plus loin dans l’article dans lequel figuraient les

Tous les hommes des Présidents

par l’UNITA.Si ça n’était pas les FAA qui venaient dans la journée pour les batidas,

Que s’est-il passé derrière les portes closes des quartiers généraux deBrenco, avenue Kléber à Paris ?

Page 17: les hommes des Présidents

Le Scandale

détails du contrat de millions de dollars, ce quid’après l’article démontrait que Falcone devait être untrafiquant d’armes, Falcone est cité comme ayant dit :« on doit lire entre les lignes de ce contrat » et « noussommes venus en aide à un gouvernement légitime,celui du Président Dos Santos. La morale est de notrecôté ». Bien que l’article indique que Gaidamak acontinué à nier qu’il ait eu connaissance de ce contrat,il aurait dit : « Si ce contrat existe, vous remarquerezqu’il a aidé à ramener la paix. C’est la seule chose quicompte ».

Suite aux marchés de et , les quartiersgénéraux de Brenco ont déménagé à la prestigieuseadresse du Avenue Kléber à Paris, à coté del’Ambassade d’Argentine et à quelques minutes demarche de l’Ambassade d’Angola sur l’Avenue Foch.

Paris, l’endroit où se signent lescontrats ?

Jusqu’à aujourd’hui, la presse a examiné le traficd’armes qui a eu lieu avec l’Angola en et . Lapresse a également rappelé que Brenco, Falcone etGaidamak ont tous été poursuivis pour le non-paiement présumé d’impôts sur ces marchés.

Le caractère vraiment français du contrat originalde millions de dollars devrait être souligné car ilremet en cause les revendications selon lesquelles lesmarchés ont été conclus en Angola. Non seulement ledocument était écrit en Français, mais il aurait aussiétait envoyé à Elísio de Figueiredo qui était posté àParis. L’adresse parisienne de Brenco à l’époquefigure sur le contrat, avec le nom de Pierre Falcone,signé avec la mention »., Tous ces aspects là dudocument ainsi que les informations fournies pard’autres sources, indiquent qu’il est probable que cecontrat a été signé en France. Sans doute, ces facteursexpliquent les efforts de la Brigade Financière pourporter plainte pour le non-paiement d’impôts.

Un autre contrat entre ZTS-Osos etl’Angola – Gaidamak entre en scène ?

Global Witness peut révéler l’existence d’un autrecontrat d’armes d’une valeur de dollarsdatant de /. Il est possible que ce contrat aitété établi à peu près au même moment qu’un accorddu septembre entre Paribas et la sociétépétrolière d’Etat, Sonangol, portant sur un prêt de millions de dollars qui a vu la société commercialepétrolière Glencore International AG s’engager àprélever un volume spécifié de la production pétrolièreà venir pour rembourser le prêt.

Au cours d’une conversation téléphonique avecGlobal Witness, Gaidamak a souligné que PierreFalcone et lui-même étaient devenus citoyens angolaiset que des passeports diplomatiques leur avaient étédélivrés. Après quoi, ils étaient tous deux « devenussignataires des comptes » qu’ils avaient aidé à ouvriravec la banque Paribas dans le processus de création deprêts garantis sur le pétrole. Gaidamak a affirmé queFalcone et lui-même s’étaient vus attribués le contrôledes fonds obtenus grâce à ces prêts, qui représentaienten fait une partie importante du budget de l’Etatangolais, situé et déboursé entièrement en dehors duterritoire angolais. Au cours de cette premièreconversation, Gaidamak tenait à souligner l’aspectfinancier de leurs relations avec le gouvernementangolais, niant tout rapport avec le commerced’armes.

Le marché d’armes de / présentait desdifférences de style importantes par rapport au marchéprécédent. La différence la plus évidente étaitl’utilisation de la langue portugaise. Le contrat étaitconclu par ‘Pela ZTS-Osos’ et les noms de Pierre J.Falcone et d’Arcady Gaydamac (sic) figuraient sur ledocument. Chacun de ces noms était accompagnéd’une signature. Certaines sources ont indiqué queGaidamak ne signait quasiment jamais rien. Toutefois,la signature figurant à côté de celle de Pierre J Falconesemble authentique quand on la compare aux

Tous les hommes des Présidents

Ci-dessus : Prêt garanti sur le pétrole d’un montant de millions de dollars accordé par la Banque Paribasà Sonangol en septembre .

c’était l’UNITA qui venait la nuit.A un moment nous n’avions presque plus rien à

Le marché d’armes deZTS-Osos de /d’un montant de millions de dollars. Lasignature de Falcone sur ledocument (ci-dessous) semblecorrespondre à cellefigurant sur le rapport augreffe du tribunal ducommerce (gauche).

Page 18: les hommes des Présidents

Le Scandale

manger,alors nous avons décidé de fuir dans la brousse...» – Un réfugié, Province de Biéb

signatures originales figurant sur les comptes officielsde la société de Falcone en Grande-Bretagne.

Sur ce nouveau document, le tampon de la sociéténe porte plus la mention « Affaires russo-angolaises »mais « Vrutky Slovakia ». Cette fois-ci, la liste quicomprend des véhicules de combat et de transport detroupes est annotée en Portugais [les rubriques ont étéajoutées par Global Witness] et comprend :

Article Quantité Coût unitaire Coût total(US$) (US$)

Carros de Combate BMP-2 35 350 000,00 12 250 000,00BMD 30 153 000,00 4 590 000,00

Transporte de Tropas & Cargas? RAL 4320 100 65 000,00 6 500 000,00? RAZ 260 ND 200 59 125,00 11 825 000,00? ? AZ Cavalo mecanico10 80 000,00 800 000,00

Tous les points d’interrogation indiquent que le texte n’était pas lisible (voir ci-dessous).

Le document faitréférence à deséquipementssupplémentairesdécrits en dessous dutexte présenté ci-dessus. Bien qu’unepartie de ce texte nesoit pas claire, desarticles se distinguenttels que « T/ ET », qui faitréférence à des chars.Un zéro figurait àcôté de ces articles etaucun prix n’étaitdonné ce quipourrait signifier queces articles pouvaientêtre livrés maisqu’aucun n’avait étécommandé.

La valeur totaledes articles sur la liste s’élevait à dollars, tandis que le montant total facturéétait de dollars. Un montant de dollars avait été ajouté entre les deux totaux. On nesait pas bien ce que représente cette sommesupplémentaire, mais il pourrait s’agir d’unecommission de près d’un quart de la valeur des articlescommandés.

On ne sait pas bien non plus si le prêt de millions de dollars de la Banque Paribas a servi àfinancer ce contrat. Toutefois, étant donné que lesfonds générés par les prêts garantis sur le pétroleauxquels participait Paribas ont été utilisésultérieurement par le gouvernement pour financer lalivraison d’armes en et et étant donné que,d’après Gaidamak, Gaidamak et Falcone étaientdevenus les signataires des comptes ouverts à Paribaspour les prêts accordés par la même banque, on nepeut pas écarter la possibilité qu’au moins une partiedu prêt de millions de dollars ait été utilisé pourfinancer ce contrat d’armes. La Banque Paribas devraitfournir des informations aux juges d’instruction sur cequ’elle sait des accords de prêts et des autres contratsqui auraient pu être établis. Elle devrait égalementfournir des informations sur le rôle exact de Gaidamaket de Falcone dans la négociation des prêts et leurpouvoir sur les comptes ouverts ultérieurement.

L’Angola en a-t-il eu pour son argent dansson programme d’achat d’armes ?

Afin de fournir une réponse définitive à une tellequestion, il est bien sûr nécessaire d’aller au-delà de lasimple comparaison des « listes des courses » présentéesdans les contrats de livraison d’armes avec ZTS-Osos ouavec tout autre fournisseur clés de l’Angola. Bien sûr,l’âge des articles fournis ainsi que leur état sontégalement des facteurs clés pour déterminer leur valeurréelle. Par exemple, certaines livraisons à l’Angolacomprenaient des chars de quarante ans d’âge [nous nefaisons pas référence ici aux armes fournies par ZTS-Osos] qui non seulement ne fournissent pas un avantagetactique décisif mais peuvent même se révéler dangereuxdans une situation de conflit mobile moderne.

Certaines sources en Angola ont parlé dans le passéde l’existence de cimetières d’équipement, remplis dechars et autres équipements militaires, situés juste àl’extérieur de Luanda. Loin d’être les victimes de laguerre, il semble que ces articles aient été transportés

dans des camions directement vers leurdernière demeure car ils étaient dans un tel étatqu’il n’était même pas possible de les descendredu navire d’importation grâce à leur propretraction. Ainsi, des équipements inutilisables ontété importés en Angola, principalement enraison de la commission payée à ceux quiparticipaient à ces marchés.

Lors d’autres recherches en d’autres pointschauds en Afrique, Global Witness a prisconscience de l’existence de livraisons d’armes àdes prix facturés sur-évalués, ce qui dans certainscas montre que le pays concerné obtenait deslivraisons d’une valeur équivalente à environ uncinquième ou un quart de leur valeur réelle.Dans cet exemple, la marge de profit énorme quipermettait de générer des dessous-de-table pourtous ceux qui participaient au marché, était laraison première de l’existence de ces marchés.

Les intérêts russes derrières ZTS-Osos

Dans un article publié le janvier , lejournal tchèque CTK Publications faisait état

d’intérêts russes importants derrière ZTS-Osos. Si celaest vrai, ces connections jettent une lumière nouvelle surles réseaux d’intérêts liés aux richesses pétrolières del’Angola. Cela serait également cohérent avec la volontéapparente de la Russie de renégocier les , milliards dedollars de dette de l’Angola. De plus, de tellesconnections pourraient indiquer que la politiquedéplorable de trafic d’armes avec l’Afrique du PrésidentPutin aurait débuté au cours du régime de Eltsine.

D’après un journaliste de CTK Publications, le registredu commerce de l’Etat slovaque indique que la société« ZTS-Osos Martin » a changé de nom pour s’appeler« Osos Vrutky » en décembre . Cela expliquerait lechangement du tampon de la société pour le derniermarché (reproduit ci-dessus à gauche et page ) etcorrobore l’idée que ce document tombe en dehors de lapériode /, que la presse française a surnomméAngolagate. CTK rapportait que cette nouvelle entitéétait détenue à % par des sociétés slovaques (dont lesnoms ne sont pas divulgués) et les employés d’OsosVrutky et que % étaient détenus par l’entreprisetchèque Marden. L’article présente aussi descommentaires attribués au Directeur Général d’Osos-Vrutky, Jan Valenta, qui aurait dit : « environ % desactions de la société... Osos Vrutky... est (sic) détenue parles sociétés d’armement russes Kurganmash etRosoboronexport ». Valenta aurait également dit que : « La

Tous les hommes des Présidents

Page 19: les hommes des Présidents

Le Scandale

« D’un côté l’UNITA menaçait de massacrer les villageois,de l’autre, les troupes

Tous les hommes des Présidents

L’empire commercial deGaidamakLa presse française a décrit commentGaidamak a commencé sa vie d’hommed’affaires à Paris avec la création d’unesociété de services de traduction. On adepuis dit beaucoup de choses sur sa granderichesse et la vitesse à laquelle il l’a acquise.

Gaidamak est le Directeur Général d’uneholding luxembourgeoise du nom de FinegosInternational SA 56 et le Directeur, avec son fils,Alexandre Gaidamak, d’une autre holdingluxembourgeoise du nom de Pivoine SA.56 Lafamille Gaidamak semble également liée à uncertain nombre de sociétés basées àLondres. Ces dernières comprennent :Monarch Fiduciary Ltd, Mondiale Property Ltdet Mondiale Management Ltd.39 Jusqu’àrécemment, toutes ces sociétés londoniennesétaient situées au 8 Carlos Place. MondialeManagement Ltd est en fin de comptedétenue par une holding déclarée au registredu commerce à Jersey du nom deTuderose.39 On ne sait pas bien quelle est lafonction de Tuderose, ni à qui elle appartient.

Deux autres sociétés basées à Londres,Sonus Ltd et Europitex Ltd, semblentégalement être liées aux sociétés listées ci-dessus par la détention d’actions ou par undirecteur commun.40 Dans les « Notes desdéclarations financières » de Europitex en1998, il est fait explicitement référence à un« M.A. Gaidamak » comme « la partiedétenant le contrôle de la société ». Sonus Ltdet Europitex Ltd ont toutes deux étédissoutes en mars et juillet 2001respectivement et Alexandre Gaidamak acessé d’être directeur de Mondiale PropertyLtd le 24 avril 2001.40 Arkadi Gaidamak fuitun mandat d’arrêt international depuis le 11janvier 2001.

Bien que le statut et la fonction decertaines des sociétés qui semblent avoir unlien avec Gaidamak directement ou parl’intermédiaire de son fils Alexandre ne soient

pas clairs, certaines semblent intervenir dansle secteur des investissements immobiliers.Dans le portefeuille immobilier figure ungrand immeuble dans le quartier huppé deMayfair à Londres, vendu à la fin de l’année2000. Certaines sources ont égalementindiqué que Gaidamak possédait des intérêtsimmobiliers à Kensington, autre beau quartierde Londres.56 En effet, sur les documentsjudiciaires faisant partie du dossier judiciairede Gaidamak contre l’ONG française Survie,son adresse en Grande-Bretagne est « 3 AKensington Garden No 8. »41

Gaidamak en IsraëlEn 1998, Gaidamak a officiellement changéson nom en Israël pour prendre le nom deArye Barlev.Au début de l’année 2000, unsupplément du journal de Tel Aviv Yedi’otAharonot’s Leshabat rapportait que 15% desactions de la société d’Etat israëlienne AfricaIsraël contrôlées par l’homme d’affaire LevLeviev avaient été rachetés par Gaidamak.14 Ilsemble que Gaidamak ait été présenté à

Leviev en 1999 par Dani Yatom, l’anciendirecteur des services de renseignementisraéliens, le Mossad.42 D’après Ha’aretz enjanvier 2002, Gaidamak a depuis revendu sesparts à Leviev pour 75 millions de dollars, lemême montant que ce qu’il les avait payées.43

Dans une déclaration de janvier 2000 à laBourse, Africa Israël aurait affirmé queGaidamak possédait « de nombreusespropriétés immobilières en Europe del’Ouest et de nombreuses autres entreprisesdans les secteurs des infrastructures, del’investissement immobilier et de l’énergie ».Cette déclaration continuait ainsi : « Ladécision de M. Leviev de vendre une partiedes actions de la société à l’homme d’affairesinternational Arkardy Gaydamak (sic) a étéprise au regard des avantages relatifs quipeuvent apporter de la valeur à la réalisationdes objectifs de la société. Leviev pense quesuite au partenariat avec Gaidamak, la sociétépeut connaître des succès au niveauinternational dans les secteurs de l’énergie,des biens immobiliers et desinvestissements. »14 Après quelques moisseulement, le gouvernement angolais aannoncé qu’il accordait l’exclusivité de lavente des diamants du pays à la société deLeviev. On ne sait pas le rôle que Gaidamak apeut-être joué pour donner à Leviev lecontrôle de la production des diamants enAngola.

Depuis cette première annonce, lesrelations entre Gaidamak et Leviev semblents’être développées dans le cadre d’autressecteurs d’affaires, y compris la productiond’engrais et d’uranium au Kazakhstan, et peut-être d’autres entreprises de productiond’or.44 On notera en particulier l’achat ducomplexe de traitement des produitschimiques de Tselina, connu sous le nom deKazsabton, qui était prétendument l’une dessociétés clés de production d’armesnucléaires en Union soviétique.42,44 Etantdonné que Gaidamak aurait revendu à Levievsa participation à Africa Israël, on ne sait pass’il conserve les investissements jointsLeviev/Gaidamak au Kazakhstan dans sonportefeuille.

Vol dans les hautes sphères avec Arkadi Gaidamak.

Ci-dessous gauche : Carlos Place – autrefois lecentre du réseau des intérêtscommerciaux d’Alexandre Gaidamak

Ci-dessous droite : Les démarches deGaidamak à Mayfair. Son portefeuilleimmobilier compte maintenant des biensimmobiliers prestigieux à Londres.

© REA

Page 20: les hommes des Présidents

Le Scandale

société d’exportation d’armes de l’Etat russeRosoboronexport détient environ % des parts de ZTS-Osos Vrutky », avec % détenus par la société russeKurganmash. Cette dernière fabrique des transporteursde troupes blindés, du même type que ceux mentionnésdans les contrats de / et / (BMP-s etBMP-s). CTK mettait également l’accent sur le fait queValenta « avait nié que ZTS-Osos Martin ou Osos Vrutkyait jamais fait le commerce d’armes », alors que : « OsosVrutky a une licence pour un tel commerce depuis ».

CTK n’a réussi à obtenir confirmation d’aucune desdeux sociétés russes concernant la part d’Osos Vrutkyqu’elles détenaient et Kurganmash ne souhaitait pasdivulguer le nom de ses principaux détenteurs.

Toutefois, les archives officielles du gouvernementslovaque révèlent qu’en mai , ,% des parts deZTS-Osos Martin ont été vendus à la société d’Etat russeSpecvnestekhnika Moscow, un précurseur de la sociétéRosvoruzhenye, qui était elle-même l’un de deuxprécurseurs de la société d’Etat russe d’armementRosoboronexport, mentionnée plus haut comme unactionnaire de Osos Vrutky à hauteur de %., D’aprèsles journalistes de CTK, le magasine russe MoskopvskyeNovosti, propose un autre point de vue dans un article dedécembre qui indiquait que les services secretsrusses avaient acquis ,% du capital de ZTS-Osos en, par l’intermédiaire de Specvnestekhnika.

S’il est vrai que les sociétés de production d’armesappartenant à l’Etat russe détiennent une participationimportante dans ZTS-Osos, alors les activités de lasociété et de ses associés en Angola sont sans douteconnues et peut-être approuvées par des fonctionnairesde haut rang du gouvernement russe. L’administrationrusse actuelle devrait clarifier ce qu’elle sait de cesactivités.

Falcone et Gaidamak travaillent sur ladette de , milliards de dollars envers laRussie

D’après un certain nombre de rapports de presse,Falcone et Gaidamak ont participé à un marché visant àrenégocier la dette de , milliards de dollars de l’Angolaenvers la Russie. Accord dans le cadre duquel la Russiedevait recevoir , milliard de dollars grâce à unfinancement obtenu par des prêts garantis sur le pétrole.

D’après Le Temps, une enquête judiciaire menée àGenève sur cette question a conduit au gel d’environ millions de dollars. Le Temps rapporte que : « l’enquêtemenée à Genève a permis de reconstituer les cheminssuivis par la moitié du produit de ce marché à savoir millions [supplémentaires]. » Le Temps poursuit : « au lieud’être déposés auprès de l’Etat russe, en théorie lepropriétaire de cette dette, la majorité de ce montant aété déposée sur les comptes de fonctionnaires de hautrang des deux pays. »

Le Temps rapporte les commentaires d’un informateurproche du gouvernement angolais qui aurait dit : « lescomptes des dignitaires du régime, dont certains sontmaintenant gelés dans des banques suisses, contiennentde « l’argent officiel » que ces dignitaires étaient chargésde « transporter » pour le gouvernement ».

Le Temps fait référence à « Vitaly Malkin, un banquierqui figurait parmi les dix « oligarques » les plus prochesde Eltsine, qui avait procuration sur un compte de l’UBSau nom d’une société appelée Abalone Investment Ltd ».L’article poursuivait : « le compte numéro CO – était prétendument utilisé pour recevoir les fonds venantde l’opération de rachat de la dette ».

Toujours d’après Le Temps, « Vitaly Malkin était soi-disant un actionnaire d’Abalone, avec deux autresindividus participant à l’affaire [le marché de la dette], le

marchand d’armes Pierre Falcone et le milliardaire russeArkadi Gaidamak ». Les relations commercialessuggérées de Gaidamak avec Pierre Falcone dans le cadred’Abalone Investment Ltd sont intéressantes, à la lumière descommentaires que le premier a fait au Parisien où il auraitaffirmé : « Pierre Falcone et moi-même n’avons jamaisété associés dans quelque société que ce soit ». Uncommuniqué de presse de la banque Rossiyskiy Kredit endécembre indiquait : « le conseil nouvellement élude la banque a tenu une session au cours de laquelleArkadiy Gaidamak [SIC] a été élu Président du Conseil(Président) de la Banque. L’ancien président du conseil,Vitaly Malkin, est devenu son adjoint ».

En remarque finale, Le Temps fait le commentairesuivant : « une personne ayant une connaissanceapprofondie de l’enquête laisse entendre que le rachatde la dette russe par l’Angola... pourrait avoir été utilisépour financer la campagne de réélection de Boris Eltsineen ».

Le rôle essentiel de la filiale de Brenco,CADA, dans l’approvisionnement enarmes et médicaments des Forces ArméesAngolaises.

En , le journal angolais Angolense, publiait un articlesur CADA (Companhia Angolana de DistribuiçãoAlimentar), qui suggérait que cette société dont onn’avait jamais entendu parler était en fait une entrepriseconduite par divers généraux des Forces ArméesAngolaise (FAA) dont les noms n’ont pas été divulgués.L’article affirmait que le contrat obtenu par CADA étaitd’une valeur de millions de dollars et faisait de lasociété le seul fournisseur de vivres des forces armées surune période de plus de cinq ans.

Toutefois, Global Witness est en mesure de révélerque CADA appartient au groupe Brenco de Falcone etn’a aucun lien avec les généraux angolais. CADA sembleavoir pris le contrôle des tous les approvisionnements envivres, médicaments et uniformes des FAA. André deFiori, directeur de la filiale londonienne de CADA,connu sous le nom de Companhia Angolana de DistribuiçãoAlimentar Limited (CADA Ltd), a fourni un éclaircissementintéressant sur cet accord dans une lettre de .

La lettre est écrite sur du papier en-tête d’Argo (Voirpage opposée en haut), une société basée à São Paulo auBrésil. M. de Fiori explique qu’Argo est le bureau dereprésentation brésilien du « groupe Brenco ». Il fournitde plus amples explications, affirmant que la société est

Tous les hommes des Présidents

nous menaçaient de mort si nous ne les suivions pas ! La situation était devenue

Eltsine rencontre dos Santos. Eltsine a-t-il convenu de restructurer la dette del’Angola envers la Russie ?

© A

FP

Page 21: les hommes des Présidents

Le Scandale

un « groupe d’affaires international baséen Europe [Brenco Trading Ltd – BTL leholding est situé à Londres et BrencoFrance, le siège social, est situé à Paris] etspécialisé dans le développementd’activités nécessitant l’utilisation intensivede montages financiers et commerciauxdans des « pays difficiles ». Il explique :« Brenco opère avec succès dans plusieurspays tels que la Chine, Continental[Mainland (sic)], le Cazakistan (sic), laRussie, la Colombie, le Mexique et leVenezuala (sic) ».

De plus, de Fiori affirme que « l’unede ses [du groupe Brenco] sociétés extra-territoriales, CADA ... a récemment[début ] signé un contratd’approvisionnement avec une grandesociété publique angolaise et sera lasociété qui achètera en fait les biensavant de les refacturer aux angolais. Argoagit en tant que groupe commercial coordonnantl’acquisition et les négociations pour plusieurs produits aunom de CADA ».

De Fiori conclue que CADA produira « des lettres decrédit inconditionnelles à vue, basées sur les moyens depaiement et garanties fournies par Brenco... »

Dans un article du janvier faisant le lien entrele scandale du « Kremlingate » et l’Angola, le quotidienportugais Público parlait également de CADA. Dans unetentative pour déterminer le rôle de CADA en Angola,Público posait un certain nombre de questions détaillées àla Présidence angolaise. Le journal a fait des effortsimportants pour obtenir des réponses mais malgré denombreux fax, appels téléphoniques et e-mails, il n’a reçuaucune réponse à ses questions. Público a égalementenvoyé des questions à André de Fiori, directeur deCADA Ltd. A l’exception d’un commentaire sur le faitque CADA fournissait la société d’Etat angolaiseSimportex, aucune réponse n’a été reçue.

Des sources au sein de l’industrie du commerceinternational agro-alimentaire donnent également uneidée des privilèges accordés à CADA en Angola. L’un desproblèmes clés rencontrés par les exportateursalimentaires travaillant avec l’Angola quel que soitl’accord de marché est la sur-évaluation des biens àl’importation en Angola ; problème qui est, dans une

certaine mesure, modéré par la présence dela société d’inspection suisse SGS, qui produitce que l’on appelle « un certificat deconformité» (Clean Report of Findings –CRF). Il s’agit d’un processus de vérificationconçu pour s’assurer que les produits fournissont d’une qualité suffisante pour justifier leprix facturé.

Selon des sources au sein de sociétéscommerciales agro-alimentaires ayantl’expérience des affaires avec l’Angola, « lesimportations impliquant CADA ne sont passoumises à ces contrôles ». Un représentant deCADA/ARGO a affirmé une fois : « ne vousinquiétez pas au sujet de la SGS car nousn’avons pas besoin d’un certificat deconformité » Les sociétés commerciales agro-alimentaires ont informé SGS de cespratiques. Global Witness appelle vivementSGS à rendre public ce qu’elle sait des activitésde CADA en Angola.

Les documents du tribunal du commerce indiquentque CADA Ltd à Londres est situé au Queen AnneStreet, London W. CADA Ltd a été créé en et deFiori figure comme Directeur. La société est classéecomme filiale d’une société du nom de Copper FinancialInc., située à Tortola, dans les Iles Vierges Britanniques.Cette dernière a été créée par Henry Guderley, qui estégalement Secrétaire général de CADA Ltd à Londres.Guderley figure aussi au registre du tribunal decommerce comme Secrétaire général d’un certainnombre d’autres sociétés basées en Grande-Bretagne etaffiliées à Brenco, y compris Brenco Ltd ; Essante Ltd ; InvestTime Ltd ; Clearhall Ltd ; et Brenco Aviation Consulting Ltd.

Les recherches au tribunal du commerce n’ont pasrévélé l’existence actuelle ou passée d’une société du nomde Brenco Trading Ltd, inscrite en Grande-Bretagne, alorsque de Fiori avait dit que cette société était la holding dugroupe Brenco. Toutefois, une société du nom de BrencoTrading Ltd était inscrite à Douglas sur l’île de Man en. La publication dans laquelle figure Brenco TradingLtd indique que Clearhall Ltd et Invest Time en sont desfiliales. Ces deux sociétés sont inscrites au registre dutribunal de commerce à Londres. Une autre société dunom Brenco Trading Limited est située à Tortola dans les IlesVierges Britanniques, à la même adresse que CopperFinancial Inc, la holding de CADA Ltd à Londres – on ne

Tous les hommes des Présidents

Ci-dessous : Le registre du tribunal du commerce indique qui détient CADA Ltd, le rôle d’Henry Guderley comme secrétaire et de de Fiori commedirecteur. Notez que l’adresse de l’actionnaire est la même que celle de Brenco Trading Ltd, actionnaire d’Essanté Ltd (voir page ).

insupportable...» – Un réfugié, Province de Huambob « Si l’UNITA vous trouve en train de

Page 22: les hommes des Présidents

Le Scandale

cuisiner, ils goûtent votre cuisine et s’il y a du sel dedans, ils vous accusent d’être du

Tous les hommes des Présidents

Les marchés et connections deBrenco avec les autres paysLa couverture par la presse, surtout depuis l’arrestationde Pierre Falcone le 1er décembre 2000, donne une idéedes autres marchés d’armes qui semblent liés à Brenco. Enplus du fait que Brenco traite avec des pays aussi variésque la Colombie, le Mexique, la Chine ou le Kazakhstan,comme l’indiquait André de Fiori d’Argo dans sa lettre de1998 (Voir Le rôle essentiel de la filiale de Brenco, CADAdans l’approvisonnement en armes et médicaments desForces Armées Angolaises, page 19), Brenco, ou certainescomposantes de Brenco/ ZTS-Osos semblent être liés àdes marchés d’armes et d’autres équipements au Burma,au Cameroun et au Congo-Brazzaville.

Une société du groupe Brenco, Setraco,prend part aux marchés avec SLORC auBurmaEn 1992, la sociétépétrolière française Totalachevait son contrat pour legazoduc de Yadana auBurma, prétendument avecl’aide d’une filiale de Brencoou société affiliée, Setraco,qui a fourni 24 hélicoptèresde l’ère soviétique à SLORC,la junte militaire birmane.58

Les hélicoptères ont étélivrés, remis à neuf à Varsovie,suite à l’échec des effortsprécédents pour obtenir deshélicoptères du Vietnam.Acette époque la carte devisite de Jean Pichon,directeur de Setraco àRangoon (et ancien attachémilitaire à l’ambassade deFrance de Bangkok) portaitnon seulement l’adresse desbureaux de la société auVietnam et l’adresse àGenève mais aussi le« bureau de liaison français »de Setraco, situé à la même adresse que Brenco France,alors au 56 Avenue Montaigne à Paris.

La position officielle polonaise est que les hélicoptèresont été livrés directement, sans l’aide d’intermédiaires.Toutefois, un diplomate polonais de l’époque a déclaré :« les Birmans nous ont payés avec l’argent de Total ». 59 Iln’est pas suggéré là que Total ait payé directement pources hélicoptères, mais que SLORC a utilisé la prime à lasignature versée par Total pour le marché du gazoduc deYadana, peut-être combiné à des fonds dérivés de laparticipation de SLORC au commerce international del’héroïne, et que ces paiements ont ensuite été versés surle compte en banque d’un joint-venture à Singapour.

Thierry Desmarest, Directeur Général du groupeTotalFinaElf devrait clarifier ce qu’il sait des accords delivraison des hélicoptères à propos du projet de gazoducde Yadana.

Les marchés avec le CamerounAu début de 1994, le Cameroun était impliqué dans unedispute de souveraineté avec son voisin le Nigeria au sujetde la région pétrolifère de Bakassi. D’après un rapport del’AFP envoyé à la publication Jeune Afrique, une lettre dePierre Falcone à Edouard Mfoumou Akame, alors Ministredélégué à la Présidence camerounaise, indique que ZTS-

Osos a obtenu un marché pour livrer des armes auCameroun.60

D’après la publication La lettre du Continent, une lettrede Falcone du 24 mars 1994 sur papier en-tête de ZTS-Osos fournit des détails sur l’achat des armes, soi-disantd’une valeur de 71 608 700 dollars. Le marché portaitsur : 19,6 millions de dollars pour des missiles antiaériensIGLA-IE ; 9,3 millions de dollars pour trois hélicoptères decombat ; 6,27 millions pour des missiles anti-chars et 2,29millions de dollars pour leurs lanceurs ; 6,28 millions dedollars pour des munitions et 2,7 millions de dollars pour10 000 Kalachnikovs.61 La liste aurait été rallongée plustard par l’ajout d’équipement supplémentaire, y comprisdes lance-fusées pour un montant additionnel de 495 000dollars.61 La valeur totale des articles sur la liste semontait à 54,24 millions de dollars, ce qui laisse penserque d’autres articles ou des commissions importantes ontété ajoutés au prix total.

D’après La Lettre du Continent, Falcone aurait envoyéune deuxième lettre à Akame le 11 avril 1994, demandant

confirmation du transfert de 1 513300 de dollars à ZTS-Osos, grâce à laMoskva Bank.61 Dans une troisièmelettre à Akame (alors devenu Ministredes Finances du Cameroun), datantdu 3 mai 1994, Falcone se seraitextasié : « Je suis ravi que vous ayezreçu votre commande, et commevous le savez, nous sommes à votreentière disposition pour vousapporter, si vous le souhaitez, notreaide logistique à l’avenir ». L’articlepoursuit : « Pierre Falcone rappelleau destinataire « notre compte »Menatep à la Banque de NewYork ».61

Note, la banque russe Menateps’est vue retirer son agrément en mai1999 62 et en août 1999, à la suite duscandale de la Banque de New York,la banque était ouvertement décritecomme faisant partie d’un réseau deblanchiment de l’argent de Russievers des comptes à l’étranger.63, 64

99% des actionnaires de Menatep ontvoté la mise en faillite de la banque

en septembre 1999.64

Les marchés avec le Congo-BrazzavilleD’après La Lettre du Continent, le 5 juin 1995, MartinMberri, alors Ministre d’Etat de la République du Congo,chargé de la planification régionale et du développement,a écrit à Arcadi Gaydamak (sic) qu’il appelle « directeurde la société ZTS-Osos ».65 Mberri a exprimé son intérêtpour l’achat de 150 camions Oural, « ... à condition quevous nous soumettiez rapidement le texte du contratfinal... »65 D’après l’article, « un contrat de vente a étépréparé pour l’achat de 100 camions Oural 420, 25camions citernes à eau Oural 420 et 25 camions citernesà carburant Oural 420 ».

50% de la vente devait être financés par la livraison depétrole avec une « garantie de livraison émise par laRépublique du Congo et approuvée par Elf Congo ».L’article conclue : « les avocats de Pierre Falcone etd’Arcadi Gaidamak ont protesté auprès des services desimpôts que ce contrat n’avait jamais été concrétisé ».65

Etant donné l’absence de transparence sur cette question,la société TotalFinaElf devrait clarifier ce qu’elle sait de cesaccords.

Page 23: les hommes des Présidents

Le Scandale

sait pas très bien les liens qui existent entre Brenco TradingLtd sur l’Ile de Man et la société du même nom dans lesIles Vierges Britanniques.

La liquidation de Brenco France

Comme de Fiori a déjà décrit dans sa lettre de ,Brenco France a joué une fonction administrative clépour le groupe. D’après certaines sources dans laprofession juridique à Paris, cela semble être un fait quin’échappe pas à ceux qui tiennent à voir les investigationsactuelles sur l’Angolagate se terminer rapidement.D’après un avocat, « Brenco France a été mise enliquidation judiciaire le février et cela a conduit àla disparition d’un nombre important de documents de lasociété », ajoutant une autre difficulté à la confusion desprocédures pour les juges d’instruction. Global Witness avisité les bureaux de Brenco France à Paris à plusieursreprises depuis cette date et l’absence évidente d’activités,y compris le courrier non ramassé, semble corroborer cescommentaires. Global Witness a également vérifié lesregistres commerciaux en France et Brenco France estmarqué « en liquidation judiciaire du // », avecpour liquidateur SCP Girard Levy à Paris.’

Est-ce que l’Angolagate atteintles Etats-Unis ?

L’ARRESTATION et l’incarcération dePierre Falcone en décembre aprovoqué quelques froncements de sourcilsdans la haute société de l’Arizona danslaquelle, d’après le journal Arizona Republic,

Pierre Falcone et sa femme Sonia, ancien reine de beautébolivienne, jouissaient d’une réputation de très richesphilanthropes, résidents à temps partiel. Arizona Republic aposé un certain nombre de questions sur leur richesse,faisant référence au fait qu’ils ont réussi à « ... acheter lademeure la plus onéreuse [soi-disant , millions dedollars] de l’histoire de l’Arizona ». D’après le journal, AlMolina, un confident de Falcone et bijoutier local très envue, a déclaré après le scandale : « Je suis bouleversé de cequi se produit aujourd’hui... Connaissant l’homme, j’ai dumal à croire qu’il puisse se comporter de façon contraire àla morale ».

Arizona Republic brosse un portrait « philanthrope etclinquant » avec des amis et des associés qui semblent malconnaître les Falcones. Comme le dit le journal : « mêmela propriété de leur demeure semble curieuse. Leurrésidence appartenait pendant des années à une sociétédes Iles Vierges Britanniques, Gabrielle Investments Ltd, donton ne trouvait aucune trace. Le propriétaire officiel de leurnouvelle propriété de , millions de dollars à la base deCamelback Mountain, SPEP LLC, est un trust dontl’adresse est aux Iles Turks & Caicos dans les Antillesbritanniques ».

Sonia de Falcone est la présidente et co-fondatrice/directrice de Essanté Corporation, unfournisseur d’aliments naturels et traitementsprophylactiques basé dans l’Utah aux Etats-Unis etincorporé à Delaware depuis le avril . La sociétédéclare avoir une mission : « Le mot Essanté est un motfrançais. Traduit en Anglais, il signifie « l’essence d’unesanté totale ». C’est là ma mission, apporter une santééclatante au monde grâce à une thérapie nutritionnellebiologique ». Tout cela semble assez raisonnable etreprésente effectivement une tâche admirable. EssantéCorporation jouit même de l’expertise en RP de la Lee

Tous les hommes des Présidents

côté du gouvernement.Ma soeur a été gravement battue parce qu’elle avait du sel

A qui sont les milliards sur cecompte en banque ?Les investigations de Global Witness ont également révélél’existence d’un compte en banque numéro 15468991détenu à la « First Virgin Bank » dans les Iles ViergesBritanniques (IVB). Le compte contenait environ 1,1milliards de dollars au cours de l’année 2001 et avait poursignataires deux hautes personnalités angolaises.56

La véritable identité de la ’First Virgin Bank’ reste unmystère. Des enquêtes réalisées auprès de l’Inspecteurdes Banques, des Sociétés Fiduciaires et de Directeurs desociétés dans les BVI, ont amené la réponse suivante :« First Virgin Bank n’est pas agréée par la loi sur lesbanques et sociétés fiduciaires de 1990 pour mener desopérations bancaires sur le territoire ou en dehors duterritoire des Iles Vierges ». Si cette « Banque » n’est pasagréée pour agir en tant que banque, de quoi s’agit-il ?

Certaines sources ont suggéré que l’explication la plusprobable est qu’il s’agit d’un compte au nom de « FirstVirgin Bank » détenu auprès d’une autre banque régulièredans les IVB. Les autorités des IVB devraient commencerimmédiatement à enquêter sur la véritable nature de cecompte. Etant donné les relations uniques entre laGrande-Bretagne et les IVB, les autorités britanniquescompétentes devraient prendre les mesures nécessairespour s’assurer que les autorités des IVB conduisent uneenquête approfondie pour découvrir la vérité sur cecompte. Cela est essentiel étant donné la nécessitéévidente pour les contribuables internationaux d’apporterleur soutien au développement en Angola.Tout échecexposerait dangereusement les IVB une fois de pluscomme un Etat en « non-conformité », selon les termesde l’OCDE dans ses efforts pour faire le ménage dans lesparadis fiscaux.

De plus, tandis que l’influence de la Grande-Bretagnesur ces questions est à l’examen, il est essentiel que lesautorités britanniques et des IVB fournissent toutel’assistance et toutes les informations nécessaires auxinvestigations sur l’Angolagate en France. Cela estparticulièrement important étant donné la myriade desociétés liées à Brenco dans les IVB.

Page 24: les hommes des Présidents

Le Scandale

Solters Company, une agence de relations publiques basée àBeverly Hills, dont la liste des anciens clients et des clientsactuels comprend Frank Sinatra, Barbara Streisand,Michael Jackson, Bob Hope et The HarlemGlobetrotters.

Le site Internet d’Essanté obligeamment fournit « desbiographies de sociétés » pour ceux dont le rôle est d’aiderSonia Falcone dans sa mission. A côté de la description etphotographie du Vice Président du Marketing de lasociété, Arthur T. Chester, figure un texte de présentationet une photographie d’Henry Guderley, DirecteurFinancier, décrit comme « expert-comptable agréé parl’Institut des Experts Comptables de Grande-Bretagne,avec une spécialisation en affaires internationales ».

Malheureusement, le site manque d’informer le lecteur durôle de Guderley comme secrétaire général de nombreusesautres sociétés au sein de l’empire Falcone (Voir ci-dessous etLe rôle essentiel de la filiale de Brenco, CADA dansl’approvisionnement en armes et médicaments des Forces ArméesAngolaises, page ).

Henry Guderley est également le secrétaire général dela société Essante Ltd basée à Londres, qui est située au Queen Anne Street, London W. Sonia Falcone, deParadise Valley en Arizona apparaît comme le seuldirecteur de la société. La détention des actions est plussurprenante : Sonia Falcone figure comme détentriced’une action ordinaire, l’autre étant détenue par BrencoTrading Limited, Trident Chambers, PO Box , RoadTown, Tortola, Iles Vierges Britanniques. Il s’agit là de lamême adresse que celle de Copper Financial Inc, lepropriétaire officiel de CADA Ltd (qui appartient auréseau de Brenco en Angola), dont Guderley est égalementle Secrétaire Général.

D’après un site Internet suisse portant sur les questionsde blanchiment d’argent, le procureur général de Genève,Bernard Bertossa, a commencé en janvier desinvestigations sur les activités bancaires d’individussuspectés d’être impliqués dans le scandale del’Angolagate en France. « Sonia Falcone » est l’un desnoms qui figureraient sur la liste des individus et sociétés,pour lesquels on recherche des informations sur lescomptes qu’ils détenaient dans des banques suisses. Ondevrait noter que Sonia Falcone n’a pas été inculpée aucours des enquêtes sur l’Angolagate. Sur cette listefiguraient aussi d’autres noms comme celui de l’ancienMinistre français de l’Intérieur, Charles Pasqua, son fils,Pierre Pasqua et Jean-Charles Marchiani. A l’heure oùnous mettons sous presse, ces investigations se poursuivent.

chez elle qu’elle avait acheté à Kuito...C’était à la fin du mois de février et nous

Tous les hommes des Présidents

Le registre du tribunaldu commerce indiqueque Sonia Falcone est ladirectrice d’Essante Ltd,Brenco Trading Ltd enest actionnaire et HenryGuderley est lesecrétaire de la société.Notez qu’HenryGuderley est égalementle secrétaire de CADALtd et de Brenco Ltd.

Queen Ann Street – l’adresse londonienne officielle deBrenco Ltd, de CADA Ltd, d’Essanté Ltd et d’autres.

Page 25: les hommes des Présidents

Le ScandaleTrafic d’influence à la mode américaine ?

En janvier , l’Arizona Republic faisait état de larestitution d’un montant de dollars donné parEssanté Corporation au profit de la campagne électoralede Bush. La majorité de ce montant aurait été donné bienaprès la victoire électorale du Président Bush. Le journalcite le porte-parole de la famille Falcone, Jason Rose : « ...il est fâcheux, erroné et faux d’insinuer que le coupleessayait d’acheter son influence auprès du nouveauPrésident ».

Le journal In These Times rapportait que ces donsétaient constitués d’un versement de dollarseffectué en mai , suivi d’un second versement de dollars en novembre . Fait intéressant, suite auversement de mai , Scott Bundgaard, sénateur d’Etatde la région et partisan de Bush, s’étaitarrangé pour que Sonia Falcone sejoigne à un groupe de privilégiés pourrencontrer le candidat Bush, à sonarrivée à l’aéroport de Phoenix.

Sonia Falcone a affirmé que les donsétaient destinés à ce que « ... le Partirépublicain prenne mieux conscience dela question Latino-Américaine ». Al’époque, elle affirmait que PierreFalcone n’avait aucun lien avec Essantéet que les dons étaient financés par lesbénéfices de la société. En fait, la sociétéa été intégrée à Delaware le Avril avec Pierre et Sonia Falcone commedirecteurs.

Le Figaro indique que parmi les dossiersfigurant sur les disquettes informatiquesde Brenco, retrouvées par les juges d’instruction dansl’appartement de la secrétaire de Pierre Falcone, ont ététrouvées des références à de versements effectués parBrenco sur un certain nombre de comptes codés détenusdans diverses banques telles que UBS en Suisse, la BanqueLeumi à Tel Aviv et la Banque Rothschild à Monaco, ycompris un compte appelé « Essante ».

In These Times indique que la source réelle des donsd’Essanté au profit de la campagne électorale de Bushétait Pierre Falcone lui-même. D’après un informateurdont le nom n’a pas été divulgué, « la société [Essanté] afait du chemin grâce à la générosité de Pierre Falconemais après quelques années il aimerait voir des profits. Cale prend à rebrousse-poil, mais par amour pour sa femme,il l’a fait en souriant ».

Le trafic d’influence d’Enron – le don deFalcone révèle-t-il une tendance ?

Sous un déluge de critiques de la part de la pressemondiale, il semble tout à fait clair que les dons politiquesde , millions de dollars d’Enron (% pour lesRépublicains) au cours des dernières années a permisà la société d’acquérir une influence importante dans lesdécisions politiques. Il est particulièrement intéressant denoter les dollars que la société a donnés à GeorgeW Bush au cours de sa carrière politique depuis ses débutsen tant que Gouverneur du Texas jusqu’à sa candidaturecomme Président des Etats-Unis. Deux membres duCabinet Bush, le Ministre du Commerce, Donald Evans,et le Ministre de la Justice, John Ashcroft, ont dû être

écartés des investigations actuelles car ils avaientreçu près de dollars de dons politiquesd’Enron. Le Directeur Général d’Enron, KennethLay ou « Kenny Boy » comme l’a surnommé sonami le Président Bush, a personnellement donné dollars à Bush.

Le Vice-Président Dick Cheney, menacé depasser au tribunal civil au sujet du scandaleEnron, semble également avoir des liens étroitsavec la société. Il semble que les liens entre ledirecteur d’Enron, Lay, et le vice-PrésidentCheney datent de l’époque où Cheney était leDirecteur Général de la société de servicespétroliers Halliburton et où ils étaient tousdeux basés à Houston au Texas. Une fois queCheney est revenu au pouvoir en tant queVice-président, il a pris en charge le « GroupeNational de Développement de la Politique

de l’Energie », chargé de préparer la politique duprésident en matière d’énergie et dont le travail estreprésenté par une loi actuellement devant le Congrès.

Cheney a tenu six réunions avec Lay et d’autres cadresd’Enron pour discuter du plan d’urgence en matièred’énergie : le résultat final était que, comme le rapporte lejournal britannique The Observer, le plan « présente éléments détaillés, tous « pratiquement identiques auxpositions recommandées par Enron » concernantprincipalement la dérégulation et l’accroissement descapacités... ». Le Washington Post fait l’observation queCheney et d’autres fonctionnaires clés de l’AdministrationBush ont également fait pression avec agressivité sur legouvernement indien au nom d’Enron au sujet destentatives de ce dernier de vendre ses intérêts dans unprojet de centrale électrique. La société voulait générer ,milliards de dollars de cette vente, quelques semainesseulement avant de déposer son bilan.

Tous les hommes des Présidents

avons décidé de partir...» – Un réfugié, Province de Biéb « Maintenant les crimes sont

« Le point essentiel del’affaire Enron, c’estqu’elle discrédite les règlesdu jeu. Elle révèle unecorruptioninstitutionnalisée au coeurdu système politique desEtats-Unis – un échangeordinaire d’argent et depouvoir dont Bush a faitson signe particulier ».

Julian Borger in ‘Bush, thecorporations flag-carrier’,The Guardian, janvier2002 76

Bush et Cheney recherchent les intérêts de l’Amérique, mais par quels moyens ?Que savent-ils de Pierre Falcone et depuis quand ?

© A

FP

Page 26: les hommes des Présidents

Le Scandale

L’Angolagate et le scandale d’Enron –par nature, le même problème ?

Une chose est certaine dans le scandale d’Enron, lacapacité à acheter de l’influence et à parvenir à deschangements stratégiquement avantageux de lalégislation n’est pas limitée aux pays secoués par lescandale de l’Angolagate. Le trafic d’influence prospèreau coeur du système politique des Etats-Unis.

Enron soulève aussi d’autres questions sur le niveaud’influence que Pierre Falcone espérait atteindre grâceà ses dons. Le don de dollars du patrond’Enron, Kenneth Lay, au profit de la campagneélectorale de Bush est visiblement exactement de lamême taille que les dollars donnés par lesFalcones. Si Enron a pu figurer au premier plan duprogramme politique et législatif de l’équipe de Bush,qu’est-ce que les Falcones espéraient obtenir de leurdons ? Suite à la « restitution » de ce don,l’Administration a maintenant la possibilité de nier defaçon plausible – mais quelle aurait été la situation siNewsweek n’avait pas souligné les problèmes associés àces dons en premier lieu ?

Il semble toutefois probable que l’influencepotentielle de Falcone ne se soit pas arrêtée à des donspolitiques au profit de la campagne électorale de Bush.In These Times rapporte qu’une rencontre a eu lieu enjuin entre Falcone et trois cadres de haut rang dePhillips Petroleum Corporation dont les noms n’ontpas été divulgués. Cette rencontre a donc eu lieu troismois avant l’arrestation de Falcone à Paris. PhillipsPetroleum Corporation détient maintenant % du block en Angola, attribué en , mais pour lequel lesnégociations étaient déjà bien avancées à l’époque dela rencontre présumée avec Falcone. L’article affirmeque Phillips a refusé de faire de s’exprimer sur cetterencontre.

Le vice-président exécutif et Conseil Général dePhillips, Bryan Whitworth, a répondu aux demandesde renseignements de Global Witness en janvier ,déclarant qu’il ne pouvait identifier une réunion àScottsdale en juin mais qu’une rencontre avait bien eulieu en septembre et suite y avait été donné àWashington en octobre « ... pour déterminer siPhillips voulait ou non utiliser les services de M.Falcone comme consultant [...] il a été décidé que M.Falcone ne devrait pas représenter Phillips ». Alorspourquoi Pierre Falcone a-t-il été choisi commeconsultant potentiel en premier lieu et pourquoiPhillips a-t-elle considéré qu’il n’était pas appropriépour ce rôle après ces réunions ?

Un ami de Pierre Falcone basé en Arizona, qui acréé un site Internet en faveur de ses activités, a ditde lui-même que : « ... Pierre tire des revenusimportants du Bloc d’Exxon en Angola ». Bienqu’il soit difficile d’interpréter la véritable significationde cette déclaration, à la lumière des rencontresapparentes entre Falcone et Phillips, il est logique dedemander ce qu’Exxon Mobil sait des activités deFalcone concernant le bloc . Est-ce qu’Exxon arencontré Falcone et ce dernier a-t-il joué un rôlequelconque de conseiller ou de facilitateur auprès de lasociété concernant l’acquisition de l’exploitation dubloc ? Exxon a refusé de répondre aux demandesd’informations.

En décembre , peu de temps après l’arrestationde Pierre Falcone à Paris, le Sunday Times exprimaitl’opinion que l’Angolagate menait directement auxEtats Unis. Le journal indiquait que les investigationsfrançaises concernant l’Angolagate avaient commencéà se tourner vers les activités d’un certain nombre desociétés actives en Angola, y compris Halliburton,l’ancienne société du Vice-Président Cheney.

Le journal laissait également entendre qu’il existaitpeut-être des liens étroits entre Falcone et Bush etfaisait le commentaire suivant : « Falcone étaitsuffisamment amical avec Bush pour tenter d’organiserune réunion entre le candidat à la présidence et unautre de ses contacts, José Eduardo dos Santos, lePrésident marxiste de l’Angola. Les rapports de pressefrançais affirmaient la semaine dernière [dernièresemaine de décembre ] que cette rencontre n’avaitjamais eu lieu et que l’on savait mal l’importance descontacts entre Bush et Falcone.

Il poursuivait : « L’Angola a fait son apparitionbrièvement au cours de la campagne électoraleaméricaine quand Cheney, qui avait démissionné entant que directeur général d’Halliburton en juillet[], a été accusé d’avoir utilisé ses relations en tantqu’ancien Ministre de la Défense pour obtenir descontrats pour sa société ». Halliburton a certainementtrès bien réussi en Angola. Le journal poursuivait enaffirmant : « en tant que Ministre de la Défense,Cheney a été un partisan déclaré de l’UNITA... il setrouve maintenant dans la curieuse position où il arécemment dirigé une entreprise qui recherchait defaçon dynamique les contrats avec l’ « ennemi » juré del’UNITA ». Cela soulève la question suivante :comment Halliburton, dirigé par un partisan connu del’UNITA, peut avoir si bien réussi en Angola ?

Il est essentiel que les individus et sociétés clés quisemblent avoir des liens avec Pierre Falcone clarifient lanature de leurs relations avec lui. Nous avons vu lesimplications du trafic d’influence important dans le casd’Enron, où des gains privés importants pour les cadresdirigeants semblent avoir été générés grâce à des pertespubliques énormes et où un tas de lois ont été conçuesau profit exclusif de la société alors que les employés etles investisseurs ont été laissés sans recours. Si l’impactdu trafic d’influence peut être aussi sérieux pour lesemployés d’une société américaine qui représente unpublic national, imaginez son impact sur la populationangolaise, qui souffre depuis des décennies de conflits,d’instabilité et de pillage des avoirs de l’Etat de grandeenvergure. Tous ceux qui sont concernés doiventclarifier ce qu’ils savaient et à quel moment ils ont su.

Les paragraphes qui suivent fournissent desinformations sur les interrogatoires officiels, et danscertains cas l’arrestation, d’individus présumés être aucoeur du scandale de l’Angolagate. Le lecteur devraitnoter que les informations présentées ici ont étépubliées dans les médias internationaux. Nous avonségalement ajouté aux commentaires et opinions desmédias, des informations supplémentaires obtenues aucours de nos investigations.

Tous les hommes des Présidents

« Je reconnais qu’en me donnant del’argent, Falcone pensait me demander tôt outard de le présenter à des gens qui pourraientlui être utile.A chaque fois qu’il me donnait del’argent, j’avais conscience que j’étais de plusen plus lié à M. Falcone ».

Commentaires de Jean-Noël Tassez, le 15décembre 2000, sur ses liens avec Pierre Falcone,rapportés au Monde 89

méticuleux et ils ne sont jamais fait à moitié ! Je ne sais pas comment sont les

Page 27: les hommes des Présidents

Le Scandale

Les fouilles et arrestationscommencent

LE 29 NOVEMBRE 2000, la police de laBrigade Financière a fait une perquisitionau domicile de Jean-Charles Marchiani,aujourd’hui député européen du partiRassemblement pour la France (RPF) de

Charles Pasqua. Simultanément, les juges d’instructionainsi que les enquêteurs du Conseil Général des Hauts-de-Seine fouillaient également la demeure de Charles Pasqua(maintenant également député européen) et les quartiersgénéraux du RPF de Pasqua.

D’après Libération, les articles trouvés chez Marchiani,et les informations contenues sur les disquettesinformatiques de Falcone, ont conduit les enquêteurs àJacques Attali, un ancien conseiller proche du PrésidentFrançois Mitterrand et premier directeur de la BanqueEuropéenne pour la Reconstruction et le Développement(BERD). Les mêmes sources d’information ont précipitél’intérêt pour Jean-Christophe Mitterrand. Enconséquence, Attali et Mitterrand ont tous deux étéinterrogés par les enquêteurs entre le novembre et leer décembre .

Le er décembre , Pierre Falcone a été mis enexamen par les juges Courroye et Prévost-Desprez. Plustard le même jour, il a été inculpé de « Commerce illicited’armes, fraude fiscale, abus de biens sociaux, abus deconfiance at traffic d’influence », et envoyé à la prison deLa Santé à Paris.,

Arkadi Gaidamak et son mandat d’arrêtinternational

Au même moment, Arkadi Gaidamak était égalementconvoqué devant les juges mais ne s’est pas présenté.D’après la presse française, un mandat d’arrêtinternational a été émis le décembre .

Le décembre , Le Monde publiait un entretientavec Gaidamak, qui avait apparemment eu lieu auDorchester Hotel dans le quartier de Mayfair à Londres.

Dans cet entretien, Gaidamak affirmait que les autoritésjudiciaires et fiscales françaises le persécutaient depuis desannées. Il affirmait qu’il résidait à Londres depuis dix anset que le fait qu’il paye une somme annuelle de six millionsde francs français en impôts aux autorités britanniques nesemblait pas suffisant pour persuader les autoritésfrançaises qu’il n’était plus résident en France.

Gaidamak exprimait une litanie de plaintes contre lesautorités chargées des enquêtes et décrivait comment on lepersécutait, tout en insistant qu’il n’avait commis aucunméfait. Comme pour soutenir ses affirmations, il soulignaitsa tendance à porter plainte en diffamation. Pourconclure, Gaidamak affirmait qu’il était prêt à rencontrerle juge Courroye à condition, « ... qu’il garantisse qu’ilserait traité correctement. « En ce moment», il soulignait,« ce n’est pas le cas ». Cet entretien dépeint une situationextraordinaire où la présence d’un témoin à un processusjuridique souligne les conditions dans lesquelles ilacceptera d’être interrogé.

Peu de temps après cet entretien, des sourcesindiquaient que Gaidamak avait quitté la Grande-Bretagne pour Israël, pays dont il détient la nationalité. Ilsemble que depuis son départ Gaidamak continue devoyager dans le monde entier, effectuant au moins deuxvisites en Angola et au moins une dans un paysd’Amérique du Sud. Plus récemment il a même étésuggéré qu’il s’était rendu en Grande-Bretagne, pas plustard peut-être qu’en novembre .

La question du mandat d’arrêt international pour

Gaidamak est quelque peu confuse. Comme nous l’avonsdéjà indiqué, la presse française a affirmé qu’un mandatd’arrêt international avait été émis le décembre .

Si, en fait, un mandat d’arrêt a été émis à cette date, celasoulève la question de savoir comment Gaidamak a puparticiper à un entretien le décembre au Dorchester sansqu’aucune action ne soit prise par les autoritésbritanniques. Les investigations de Global Witness révèlentqu’en fait le mandat numéro avait été produitpar le Tribunal de Grande Instance de Paris le janvier. Apparemment, une deuxième notification a étépubliée « en vue d’arrêter » et « en vue d’extrader »Arkadi Gaidamak le janvier . Cette dernièrenotification a été envoyée à tous les états membresd’Interpol.

Une question clé : pourquoi Israël n’a pastenu compte du mandat d’arrêt deGaidamak ?

A part les accords d’extradition, il existe deux raisonspossibles à cela. Soit Israël n’honore tout simplement passes obligations en tant que membre d’Interpol, situationmanifestement inacceptable, soit la mise en application dumandat d’arrêt a été retardée – considérablement semble-t-il. Des retards sont fréquents en raison du fait que lesmandats d’arrêt internationaux sont habituellementdélivrés par les voies diplomatiques. Le scénario actuel estclairement impraticable et « permet au cheval des’emballer avant que soit fermée la porte de l’écurie ». A lalumière des évènements du septembre , un telprocessus semble complètement inapproprié étant donnéla tâche à accomplir et doit être réformé.

D’autres arrestations et inculpations liéesà l’Angolagate

Depuis l’arrestation de Falcone le er décembre , lesjuges d’instruction ont continué à interroger, inculper etarrêter d’autres individus au sujet du scandale del’Angolagate. Les cas des individus suivants sont abordésdans le contexte des allégations faites contre eux etapparaissent en suivant l’ordre dans lequel ils ont étéinterrogés par les juges. Il est important de se souvenirqu’aucun de ces individus n’a été reconnu coupable desfautes dont il était accusé.

Une première victime de l’affaireFalcone ?

Le Monde a laissé entendre que Thierry Imbot, le fils duGénéral Imbot, ancien directeur de la Direction Généraledes Services Extérieurs, était peut-être une victime dudénouement du scandale de l’Angolagate. Imbot, qui alui-même été membre de la DGSE, est mort d’une chutemystérieuse de la fenêtre de son appartement le octobre. Son nom figurait soi-disant sur l’une des disquettesinformatiques comme « consultant international pour laChine » pour Brenco International. Le Monde rapportait qu’ilaurait reçu dollars en cinq versements de à sur un compte de la Nations Bank of Virginia aux EtatsUnis. Les juges d’instruction ont apparemment requis unecopie du rapport de police produit à la suite de l’enquêtesur sa mort qui concluait qu’il s’agissait d’un accident.

Tous les hommes des Présidents

« Une machine infernale semble avoir étémise en marche qui risque de n’épargnerpersonne : ni la droite, ni la gauche, ni mêmeles juges. »

Le Figaro cité dans The Times, 16 janvier 2001 82

guerres ailleurs mais ici tuer ne suffit plus ! Il faut massacrer ! Même si vous

Page 28: les hommes des Présidents

Le Scandale

survivez, vous aurez toujours ce souvenir en vous.» – Un réfugié, Province de Huambob Le

L’enquête élargie – financement possibledu RPF, le parti de l’ancien Ministre del’Intérieur Charles Pasqua

Le Rassemblement Pour la France ou RPF, créé parCharles Pasqua, a également été mêlé à l’enquête. Pasquaet son ancien député au Ministère de l’Intérieur, Jean-Charles Marchiani, sont aujourd’hui députés européensdu RPF et Pasqua a déclaré son intention de se présentercomme candidat aux élections présidentielles de .

Comme cela a déjà été noté, le premier signe que lesenquêteurs s’intéressaient au RPF a été la perquisitionmenée par la Brigade Financière aux quartiers générauxdu parti et aux résidences de Pasqua et de Marchiani le novembre ., D’après Le Figaro, les juges avaient unintérêt particulier dans les transactions financières liées àla campagne du RPF pour les élections européennes de. Dans un autre article, Le Figaro déclarait : « le jugeCourroye, qui a demandé à la Commission Nationale desComptes de Campagne (CNCC) de mettre sous séquestreles documents liés à la campagne du RPF pour lesélections européennes de juin , recevra aujourd’huisept boîtes de documents. Le Magistrat cherche à vérifiersi le marchand d’armes Pierre Falcone, finançaitdirectement ou indirectement le parti de CharlesPasqua ». Le Figaro poursuivait : « Pasqua, qui a déjà étéinterrogé comme témoin, a toujours nié ces suggestions,tout comme son lieutenant fidèle, l’ancien préfet, Jean-Charles Marchiani.

Le mystérieux « Robert »

Le janvier , à la demande du Juge Courroye, laCommission Nationale des Comptes de Campagne(CNCC) a gelé les comptes du RPF pour la campagne de. D’après Le Monde, cette mesure a été prise, soi-disant en raison de la découverte d’une lettre de Falconeau Président dos Santos, dans laquelle le premierexpliquait que sa société Brenco avait payé la somme de dollars (sur un total de , million de dollars) à uncertain « Robert ».

Qui est ce Robert au juste ? Une réponse possible setrouve dans un article de décembre du CanardEnchaîné, dans lequel il est indiqué que le nom de« Robert » figurait dans l’agenda de Falcone à côté deplusieurs numéros de téléphone appartenant àMarchiani. D’après L’Express, ce serait « le célèbre« listing de Brenco » [documents sur les disquettesinformatiques] qui aurait conduit les enquêteurs danscette direction ». L’Express poursuivait : « le document faitréférence de nombreuses fois à ce « Robert ». Toutefois,les numéros de téléphone de ce mystérieux « Robert »conduisent à l’adresse de Marchiani à Paris, ou à laPréfecture du Var [Marchiani était précédemment Préfetdu Var], ou à son téléphone portable ». Le journal fournitensuite une explication possible de l’intérêt de Juges pour« Robert » : « le « listing » contient deux virements auprofit de « Robert », l’un de dollars en novembre et un second de dollars début ».L’Express concluait ensuite ainsi : « interrogé en novembre, sur les virements effectués par Pierre Falcone, laréponse du [ancien] préfet est absolue : « Je n’ai jamaisreçu aucun fonds de Brenco ou de Falcone ».

L’Express fait référence à une lettre datant de début entre Falcone et dos Santos, découverte sur l’une des disquettes et qui spécifie sous la rubrique , titrée« Robert » :

« Un accord politique a été passé. Nous avons avancé àtitre personnel dollars. […] Ils attendraientencore ou millions de francs, soit environs à ,million de dollars. […] Nous croyons savoir que cet argentdevrait, dans sa totalité, être utilisé pour la campagne pourles élections au Parlement européen. Il serait donc très

Tous les hommes des Présidents

Le fils de l’ancien Président français, Jean-Christophe Mitterrand (égalementconnu sous le surnom « Papa-m’a-dit ») a été arrêté le 21 décembre 2000et détenu à la prison de La Santé à Paris. Il a été accusé de « Complicitéde trafic d’armes, trafic d’influence par une personne investie d’une missionde service public, recel d’abus de biens sociaux, recel d’abus de confianceet trafic d’influence aggravé ».86, 87

Mitterrand est en particulier présumé avoir reçu 1,8 millions de dollarsde Brenco, versés sur un compte en banque suisse entre 1993 et 1998.86

D’après Le Figaro, la majorité de cet argent a été versé entre 1997 et1998.88 Mitterrand prétend que 700 000 dollars lui appartenaient et nevenaient pas de Brenco. Il est de plus accusé d’avoir reçu d’autresvirements et deux montres, qui auraient été estimées à une valeur de 3000 et 15 000 francs français chacune.86, 89

D’autres informations sur ces versements présumés sont fournies parle journal Le Monde. Le journal suggère que les 26 disquettes informatiquesmaintenant tristement célèbres montrent que quatre versements ont étéeffectués par Brenco International Trading Ltd sur un compte appartenant àMitterrand à la Banque Darrier à Genève en Suisse.90

Mitterrand a affirmé que les paiements étaient destinés à son avocat,permettant à Pierre Falcone d’organiser un crédit fort utile pour l’Angola,qui a été obtenu en engageant la production pétrolière future. En d’autresmots cela indique un marché de pré-financement ou hypothèque sur lepétrole du type décrit plus haut et abordé en détail plus loin dans cerapport (Voir Prêt international à l’Angola, page 51). D’après Le Monde,Mitterrand a affirmé : « Je n’ai jamais été informé de la vente de matérielmilitaire au régime angolais par M. Falcone ». M. Jean-Pierre Versini-Campinchi, l’avocat de Mitterrand aurait déclaré : « Sur ce point, les jugesn’ont même pas le début d’une preuve ». 90 Suite à son incarcération, lesautorités suisses ont gelé les comptes de Mitterrand le 26 décembre 2000.91

Bien que Global Witness tienne à souligner le fait que Mitterrand n’apas été reconnu coupable, les explications publiées ne semblent pas tenirdebout. Pourquoi Mitterrand a-t-il été payé en 1997 et 1998 pour uncrédit pétrolier de pré-financement établi en 1993 et 1994 ? A-t-il fourni,au cours de cette période, d’autres services qui puissent être liés à cespaiements, et si c’est le cas, où et quand Mitterrand aurait-il pu être payépour les services fournis au cours de 1993 et 1994 ? Si de tels servicesadditionnels ont été fournis, quels étaient-ils ? Il n’est pas possible de ne pastenir compte des déclarations de Mitterrand, mais, au moment où nousmettons sous presse, il est évident que de telles affirmations soulèventd’autres questions concernant sa participation présumée à cette affaire.

Le 2 janvier 2001, après avoir passé Noël et le Premier de l’An enprison, Mitterrand s’est vu proposé la mise en liberté sous caution, pourune somme d’environ 700 000 dollars. 93 Malheureusement, probablementen raison du gel de son compte suisse, il n’a pas été en mesure d’effectuerle paiement et est resté en prison 93 jusqu’au 11 janvier 2001, date àlaquelle sa mère, Danielle Mitterrand, a payé la caution exigée. Elle auraitdit alors : « j’ai apporté l’argent pour payer la rançon ».94

Jean-Christophe Mitterrand

A-t-il vraiment fait ce que papa lui disait ? ©

AFP

Page 29: les hommes des Présidents

Le Scandale

problème c’est que quand l’UNITA venait, ils brûlaient tous les champs et

important de faciliter le déblocage de ces fonds, car celanous assurerait le début d’un vrai lobby immédiatementopérationnel auprès le Parlement européen. » ,

Marchiani a nié vigoureusement être le mystérieux« Robert », déclarant : « J’étais chargé de défendre lesintérêts et la sécurité de la France dans le Cabinet deCharles Pasqua, et aussi d’établir des contacts avec lesservices étrangers ». Il continuait : « à moipersonnellement, ni le Président dos Santos, ni PierreFalcone, n’ont avancé la somme de dollars ». Ila aussi nié avoir reçu quelque fonds que ce soit de Brenco.

Le mai , Marchiani a été mis en examen pour« recel d’abus de biens sociaux » et « trafic d’influence ».

Le Monde conclue que ces accusations sont liées aux deuxversements à « Robert ».

Le Parlement européen devrait immédiatementengager une enquête sur l’identité de « Robert » pourdécouvrir la nature du « vrai lobby immédiatementopérationnel auprès le Parlement européen » del’Angola. A la lumière des excès du trafic d’influencedans le cas d’Enron, et effectivement dans celui del’Angolagate, ni le processus démocratique, ni lapopulation ne peut se permettre de faire moins.

L’enquête se concentre sur Pasqua

L’intérêt du juge pour Pasqua porte sur un certain nombrede domaines, qui semblent liés aux sources de financementd’activités politiques potentielles. Par exemple, l’entretiende Charles Pasqua du novembre avec les juges seconcentrait sur le prêt de millions de francs français qu’ilavait obtenu au début de l’an « afin de boucher untrou dans les finances du RPF. D’après Le Monde, Pasquaa expliqué que l’argent lui avait été donné à lui et non pasau parti car il était « plus solvable que le RPF ». Il a étéinterrogé sur la structure du prêt dont il aurait affirméqu’il était composé comme suit : francs françaisprovenant directement de ses économies, million defrancs français d’un chirurgien de Marseille et , millionsd’un résident du Gabon.

Le janvier , Philippe de Villiers, l’ancien vice-président du RPF de Pasqua était interrogé par les Jugessur sa propre demande. De Villiers a confirmé qu’il avaitquitté le RPF en juillet en raison « du manque detransparence dans les comptes » du parti. Quelquesjours plus tôt, il avait dit : « Les doutes que j’avaisexprimés dans un climat de réticence à comprendre,semblent maintenant justifiés ». On ne sait pas quellesinformations il a fourni aux juges. Toutefois, à la sortie deson entretien de quatre heures, il aurait dit : « Je peuxconfirmer de façon très explicite que l’affaire Mitterrand-Pasqua [Angolagate] est une affaire grave, une affaired’Etat avec des ramifications intercontinentales et desdéveloppements insoupçonnables ».

D’après Le Monde, « Les enquêteurs s’intéressent à uncertain nombre de bénéficiaires des largesses dispenséespar Brenco... ». Le journal poursuit : « Les enquêteurssont intrigués par un virement de , million de francsfrançais ( dollars) effectué le juillet auprofit de l’Association ‘France-Afrique-Orient (AFAO).’

Le Monde concluait : « Ils [les enquêteurs] semblentpostuler que ces fonds, débités d’un compte de Brenco à labanque genevoise, la Cantrade Ormond Burrus, étaient en faitutilisés pour approvisionner le Rassemblement pour laFrance, présidé par Charles Pasqua.’

Dans un article sur l’accusation de Jean-CharlesMarchiani du mai , Le Monde rapportait queMarchiani était « suspecté d’avoir reçu dollars »pour reprendre ses mots « à la marge des opérationsconcluent avec l’Etat angolais par les hommes d’affairesPierre Falcone et Arkadi Gaidamak ». L’articlepoursuivait : « L’ancien préfet du Var est égalementsuspecté d’avoir reçu une compensation financière pour

Tous les hommes des Présidents

Jacques AttaliSuite à sonentretien initialavec les jugesd’instruction le 30novembre 2000,Jacques Attali a étéinterrogé pour ladeuxième fois le 7mars 2001.96

D’aprèsLibération,« Jacques A » étaitlisté comme l’undes 300 nomsfigurant sur les 26disquettesinformatiques deBrenco ayantbénéficié deslargesses deBrenco.97 Lasecrétaire dePierre Falcone,Isabelle Delubac,aurait confirméqu’il s’agissait bien de Jacques Attali.97 D’après Libération, Delubac aexpliqué qu’Attali était une connaissance de Falcone, qui « appelaitsouvent ».97 Toutefois, elle n’était pas en mesure d’expliquer lescommentaires suivants [contenus sur les disquettes] : « Jacques A. 50000 US de BAI », et « BAIACA, 200 000 $ », qui semblent tous lesdeux liés aux activités postérieures à juillet 1998.97

Faute de clarifications supplémentaires, il est impossible deconfirmer la signification de ces annotations.Toutefois, on peut conclureque la première annotation « Jacques A. 50 000 US de BAI » faitréférence à l’acronyme de la banque angolaise, Banco Africano deInvestimentos. Chose intéressante, Brenco détient 4% des actions decette banque (Voir section banco Africano de Investimentos (BAI), page30).98 Attali détiendrait un bureau d’études appelé ACA, qui pourraitexpliquer la deuxième annotation.99 BAI a nié catégoriquement avoirpayé quelque argent que ce soit à Jacques Attali ou à tout autreindividu nommé dans le scandale de l’Angolagate.139 Toutefois, BAI n’afourni aucune explication sur le fait qu’elle ait été mentionnée de façonspécifique dans le contexte de tels paiements par les principauxjournaux français.

Attali a répondu que ces fonds étaient la rémunération de sontravail sur des projets de micro-crédits en Angola. Une fois de plus, iln’est pas possible de ne pas tenir compte des explications d’Attali maisavant de les accepter, il devrait préciser l’endroit, la quantité et la naturede ces projets de micro-crédits auxquels il fait référence et clarifierd’où ces fonds provenaient.

Libération a suggéré une alternative : « les juges pourraient avoirconclu au lieu de cela que ces sommes étaient versées pour qu’Attalijoue un rôle présumé de médiation, afin de résoudre les problèmesfiscaux de Falcone ».97, 99 Libération poursuivait en indiquant qu’Attalipourrait avoir présenté l’avocat de Falcone en matière fiscale,AlainGuilloux, à Hubert Védrine, le Ministre français des affaires étrangèreset que le but d’une telle rencontre était de faire pression sur Védrinepour qu’il aide à réduire les redressements fiscaux dont Falcone faisaitl’objet.99

Au même moment, Le Monde rapportait que le personnel deVédrine avait confirmé la rencontre de Védrine avec Guilloux.100 Lepersonnel aurait déclaré que la correspondance et les documentsenvoyés par la suite par Guilloux n’avaient eu « aucun impact ».101 Lebesoin d’insister sur le fait qu’il n’y avait eu « aucun impact » conduitsimplement à la conclusion que, au minimum, Guilloux a dû essayerd’influencer la procédure en envoyant des documents. Si cela est vrai,Guilloux a-t-il entrepris seul de faire pression ou cette rencontre a-t-elle été facilitée par Attali ? L’avocat d’Attali aurait dit, d’après Le Monde,que « ... il n’existe aucune trace de l’intervention de Védrine dans ledossier fiscal de Falcone, ni d’aucune intervention d’Attali auprès deVédrine ».102

© G

ama Press Photo

Page 30: les hommes des Présidents

Le Scandale

l’attribution, en , de l’Ordre National du Mérite àM. Gaidamak, qui a été approuvée par le Président dela République, Jacques Chirac ».

La décoration était la reconnaissance du rôle deGaidamak dans le sauvetage de deux pilotes français,abattus et gardés en otage en Bosnie. Elle a étéofficiellement requise par le Ministère français del’Agriculture et Dieu seul sait pourquoi le Ministère del’Agriculture devrait avoir quoi que ce soit à faire avecune décoration liée à la libération d’otages ! Le Figarorapporte que c’est Marchiani qui a soumis le cas àChirac, mais Marchiani aurait dit : « Jacques Chirac adécidé de décorer Gaidamak ». D’après Le Monde :« La médaille a été remise le juillet , par M.Marchiani en personne, deux jours après le transfert de, million de francs par Brenco à France-Afrique-Orient.’ Le Monde rapportait aussi que Marchiani niaitvigoureusement toute allégation contre lui. Dans unarticle ultérieur, Le Monde citait M. Pasqua quisoulignait : « Il n’existe aucune corrélation entre lepaiement de Brenco à France-Afrique-Orient et laremise de la décoration ».

Chose intéressante, les otages sont arrivés à Paris peude temps avant que le Président Chirac accueille uneconférence de paix post-Dayton sur la Bosnie. D’après LeMonde, le Général Gallois, le négociateur initial pour lalibération des otages, a fait le commentaire suivant : « Amon retour à Paris, tout était organisé et j’ai informé lesautorités que, pour la libération des otages, il suffirait à unmilitaire [français] de haut rang de rencontrer le GénéralRatko Mladic ». Le Monde soulignait que le GénéralGallois déplorait l’existence de « négociations parallèles »et qu’il « ne comprenait pas pourquoi Gaidamak etMarchiani étaient intervenus après [lui], cela n’a rienapporté. Ca n’a eu pour effet que de ralentir la libérationdes otages ».

Bernard Guillet, Secrétaire de France-Afrique-Orientet ancien conseiller diplomatique de Pasqua a comparudevant les juges et été mis en examen pour « recel d’abusde biens sociaux » le avril . D’après l’AFP, Guilleta nié les accusations portées contre lui, déclarant qu’entant que Secrétaire de l’organisation, il n’avait apprisl’existence d’un paiement qu’après qu’il avait étéeffectué. Guillet a également été interrogé au sujet d’uneCitroën Saffrane blindée, d’une valeur de , million defrancs français, donné au Président dos Santos en (alors que Pasqua était Ministre de l’Intérieur) et qui auraitété co-financée par Sofremi et Brenco.

Dans un entretien ultérieur avec Le Monde, Guilletexprime un point de vue intéressant sur une raisonpossible du don de Brenco à France-Afrique-Orient.Interrogé sur la raison de ce don, Guillet a déclaré : « M.Falcone, qui comme moi connaît bien les Etats-Unis, croitau lobbying. Je sais qu’en France le système judiciairel’associe à tort à au trafic d’influence » ; commentairequi semble approuver le comportement démontré avecsuccès par Enron à Washington et au-delà.

Le mai , Pasqua a également été misofficiellement en examen par les juges pour « recel d’abusde biens sociaux » et « trafic d’influence ». Lelendemain, Pasqua a été interrogé pour la deuxième fois,cette fois-ci pour « financement illégal de campagneélectorale ». Pasqua a réagi : « Tout cela est dirigé contrel’action politique que je mène ». Il a poursuivi endéclarant : « Ils n’ont pas un seul élément contre moi. Ilsn’ont strictement rien. Je n’accepte pas d’être mis enexamen et vais prendre les mesures nécessaires auprès dela Chambre d’Instruction de la Cour d’Appel de Paris[pour mettre fin à l’enquête].

Début juin , Le Parisien rapportait que les enquêtessur les affaires d’un certain nombre d’associés de Pasquaavait révélé l’existence de comptes en banque secrets àMonaco, sur lesquels des centaines de millions de francs

français auraient transité. Les comptes seraient auCrédit Foncier de Monaco, gérée par Charles Feliciaggi,qui serait un proche du Président dos Santos.

L’allégation se concentre sur les mouvements de fondsprovenant du « Ministère des Forces Armées » de l’Angola(sans doute, le journal voulait dire le Ministère angolais dela Défense) et du « cabinet présidentiel à Luanda ».

L’une de ces transaction se serait montée à millions dedollars et Le Parisien laisse entendre que ces fonds étaientdes commissions sur la vente d’armes. Une partie de cesfonds étaient ensuite redistribués à des sociétés extra-territoriales et à des établissements en France.

Les efforts pour déjouer les juges

Avec ce processus en toile de fond, les différentsprotagonistes impliqués dans l’affaire déployaientsimultanément des efforts extraordinaires pour mettre finaux enquêtes en utilisant divers détails techniques. Dansun des cas, accompagné de diffamations importantescontre les autorités chargées de l’enquête, l’avocat d’AlainGuilloux a donné des arguments contre les juges en disantqu’ils n’auraient pas dû avoir le droit d’obtenir lesdocuments qui ont conduit aux enquêtes sur l’Angolagatecar ils enquêtaient en fait sur un autre dossier. Il s’agit làd’un argument intéressant qui tournerait en dérision leprocessus juridique : parce que les juges enquêtaient enfait sur un dossier sans rapport, ils auraient dû oublier cequ’ils avaient découvert !

Pendant ce temps, Jean-Christophe Mitterrand s’étaitembarqué dans ce qui pourrait être décrit comme uneoffensive verbale contre les juges. D’après Le Monde, ilaurait dit : « Le juge Courroye sue la haine ». Cet éclatpublic ne lui a pas rendu service, surtout étant donné ladéfense vigoureuse du juge Courroye et de son équipe parses collègues du système judiciaire. Jean-Marie Coulon,Premier Président de la Cour d’Appel de Paris a réagiainsi : « Les actes du juge impartial doivent être exposés etnon sa personalité, rouage de la démocratie, qui, elle, doitêtre protégée ».

Lors d’une autre tentative pour saper l’enquête,l’avocat Gilles Goldnadel a suggéré que d’après un décretde sur « le matériel, les armes et les munitions deguerre » il était « illégal de monter une enquête sans « lademande du Ministère de la Défense, de la Guerre, de laMarine, des Forces aériennes ou des Finances » ».

D’après Goldnadel, sans leur autorisation, les juges nedevraient pas être autorisés à enquêter sur le commercedes armes avec l’Angola. La Cour d’Appel de Paris adécidé le janvier que l’enquête était valide etdevrait se poursuivre, déclarant qu’elle prendrait une

Tous les hommes des Présidents

maintenant il n’y a pas assez de nourriture pour les gens... L’avenir, je ne sais pas

Qui ? Nous ? Charles Pasqua et Jean-Charles Marchiani nient un « vrai lobbyimmédiatement opérationnel auprès le Parlement européen » pour l’Angola.

© A

FP

Page 31: les hommes des Présidents

Le Scandale

décision sur l’enquête sur les armes après le février.

Pendant ce temps, le Ministre français de la Défense aémis la requête exigée et les enquêtes des juges se sontpoursuivies. La requête du Ministère semble avoir pendantun temps mis fin à la possibilité pour les équipes dedéfense d’éviter les accusations de vente d’armes sur labase de ces détails techniques plutôt que de laisser leursclients répondre aux accusations devant la justice. Cettesituation n’a duré que jusqu’au juin , date àlaquelle la Cour de Cassation de Paris a décrété que lespoursuites contre Pierre Falcone, Arkadi Gaidamak etJean-Christophe Mitterrand concernant les ventes d’armesdevaient être abandonnées. L’argument de la cour donnaitraison aux revendications selon lesquelles les jugesn’auraient pas dû poursuivre les enquêtes sur le commercedes armes sans autorisation ministérielle préalable.

Fin juin , Falcone a fait publier une déclarationpar son porte-parole américain, Jason Rose dans laquelle ilconfirmait son innocence. Contre les accusations de traficd’armes, Falcone a répondu que : « C’est [l’accusation detrafic d’armes] totalement faux ! L’accusation est aussidestructrice et injuste que les accusations de sorcellerie auMoyen-Age. Légalement, aucune ne résiste à un examenapprofondi. De quoi donc suis-je accusé moralement ? Degagner beaucoup d’argent ? Très certainement. Et j’en aigagné beaucoup ! ».

A l’heure où nous mettions sous presse, tous ceux quiont été inculpés au cours de l’enquête le sont toujours.Pasqua et Marchiani conservent leur immunitéparlementaire et les juges d’instruction ne peuvent doncpas imposer de contrôle judiciaire ou exiger leurdétention, comme cela a été le cas pour d’autres individusinculpés dans la même affaire. Toutefois, il est importantde souligner que tous doivent être présumés innocents detoutes les accusations dont ils ont fait l’objet, jusqu’à ceque les accusations soient prouvées devant une cour dejustice.

D’autres liens interessants

En plus de l’enchevêtrement de sociétés et individusconnectés les uns aux autres décrit ci-dessus, les articles depresse et les enquêtes soulèvent des questions inquiétantessur d’autres sociétés, qui demandent une clarificationurgente.

Banco Africano de Investimentos (BAI)

D’après le site internet du Ministère américain desaffaires étrangères, BAI a été créée en et est classéecomme la seule investment bank en Angola. D’aprèsLibération, la banque a été inaugurée le novembre àLuanda. Apparemment établie avec millions dedollars de capital, passé à millions de dollars en ,

la banque a des intérêts dans des secteurs aussi variés quela construction de brasseries au Mozambique oul’industrie du diamant avec Ascorp. Pour une banquetout cela semble assez raisonnable. La BAI a desreprésentations à Luanda (et ailleurs en Angola), àLisbonne et au Luxembourg.

La lecture des rapports de presse au sujet de BAI révèlequelques points intéressants. Le journal, O Independenterapporte : « Des sources à Futungo indiquent que lePrésident s’inquiète des développements récents ». Lejournal poursuit « c’est pourquoi avec Menatep, unebanque russe, il a créé le Banco Africano do Investimentos….’

Dans un article datant de , apparemment au sujet dela livraison d’armes à l’Angola via ZTS-Osos, Libérationrapportait : « Arkadi Gaidamak …détient % du capitalde la nouvelle banque, BAI ».

D’après la « déclaration du Président » publiée par laBAI elle-même, la banque fait la liste de ses actionnairescomme suit :

Sonangol, UEE 17,5%Service Group 8,0%José Carlos Récio 7,5%Investec Bank, Limited 7,5%Amer-Com International 6,0%Caixa Central de Crédito Agrícola Mútuo, CRL 5,0%Banco Pinto & Sotto Mayor, SA 5,0%Dabas Management, Limited 5,0%Central Investimentos – Sociedade Financeira de Corretagem, SA 4,5%Autres 34%

On pourrait comprendre qu’un observateur se demandequels sont les individus et sociétés figurant parmi lesactionnaires clés qui constituent les % de la catégorie« autres ». Africa Hoje indique que % supplémentaires sontrépartis comme suit : Soares da Costa et Mota &Companhia, % chacun, et Sousa Cintra holding %.

Toutefois, d’après les rapports de presse français, les liensavec l’Angolagate semblent aller plus loin que la simpledétention possible d’actions de la banque par certainsacteurs clés présumés. D’après Le Monde, Jacques Attali, lepremier directeur de la Banque européenne pour laReconstruction et le Développement, a reçu , million defrancs français provenant de comptes de « Brenco etBAI ». Le Monde poursuivait : « …un établissementbancaire angolais [BAI] dont M. Falcone est un actionnaire.Interrogé comme témoin le er décembre [] M. Attalisoutenait que sa société [ACA] avait reçu dollars dela BAI ». Plus tôt, Le Monde faisait le commentaire suivant :« D’après M. Falcone, l’ancien confident de FrançoisMitterrand a été rémunéré « pour étudier [la mise en placede] les micro-crédits en Angola ».

En réponse aux demandes d’information sur la détentionde ses actions, BAI a confirmé que Brenco, la société deFalcone, détient % de la banque. En d’autres termes, c’estBrenco qui détient une part de la BAI et non pas Falconepersonnellement. Toutefois, en ce qui concerne les questionssur le rôle éventuel de Gaidamak, la BAI déclare : « il n’estpas correct que tous les noms auxquels vous faites référencesont ou ont été des actionnaires de la BAI ».

BAI déclare au sujet de Brenco que la société « a souscrit% et payé dollars [, million de dollars] au prixminimal des actions émises, par virement de cette sommesur un compte du Comité de Promotion pour laconstitution de la BAI, à Lisbonne. Depuis lors, Brenco n’ajamais utilisé la BAI pour quelque transaction bancaire quece soit et aucun compte de dépôt n’a été ouvert par Brencoà la BAI. Ni Brenco ni aucun autre des noms auxquels vousfaites référence n’a reçu de crédit ou d’autres formes desoutien... ».

En ce qui concerne le Président dos Santos, BAI déclarequ’il n’y a « aucun lien formel ou informel entre la BAI et lePrésident de la République angolaise ». Pour conclure, lalettre affirme : « Aucun paiement n’a été effectué par la BAI

Tous les hommes des Présidents

non plus, je pense seulement à trouver à manger pour demain.» – Un réfugié, début 2001a

Banco Africano de Investimentos (BAI).

Page 32: les hommes des Présidents

Le Scandale

au profit des personnes auxquelles vous faites référence[sans doute y compris Jacques Attali] ».

Dans une lettre du septembre, en réponse à d’autresquestions de Global Witness, Mário Palhares, Présidentexécutif de la BAI a fait les commentaires suivants :

● Nous n’avons aucun commentaire à faire sur la politiqueéditoriale de quelque journal que ce soit. Nous vousavons fourni des informations correctes sur le fait queBrenco est un actionnaire fondateur de la BAI avec uneparticipation de %. Nous n’avons pas d’autrescommentaires à faire sur la question

● Chaque actionnaire de la BAI avait une activitécommerciale ou financière en Angola quand la BAI aété constituée en société commerciale en . POur cequi est de Brenco, comme nous l’avons déjà dit dansnotre lettre du août [], la société n’a jamais utiliséla BAI pour effectuer quelque transaction bancaire quece soit et Brenco n’a ouvert aucun compte de dépôt à laBAI. Nous considérons donc que cette participation étaitstrictement un investissement financier.

● M. Gaidamak n’a jamais joué aucun rôle auprès de laBAI, à quelque moment que ce soit.

● Nous ne faisons aucun commentaire sur les allégationsde la presse. Nous vous avons donné une informationcorrecte en vous disant que la BAI n’a jamais effectué depaiement au profit des gens dont vous parlez

● Comme vous le dites, notre réponse était « précise etutile ». Dans l’intérêt de la transparence, nous vousavons donné des informations précises qui sonttotalement exactes et fiables. D’ailleurs, ces informationssont publiques et donc accessible au grand public.

Pour conclure, la lettre se termine comme suit : « Pourdernier commentaire, nous ne voyons aucune raison depoursuivre cet échange de correspondance et de notre pointde vue, nous pensons que cette lettre devrait être considéréecomme notre dernière contribution à votre tâche ».

Elf Petroleum Angola Ltd – une société invisible du groupeElf ?

Depuis l’explosion de la presse sur l’Angolagate endécembre , on a beaucoup insisté sur les effortsdéployés pour protéger les intérêts de la France, suite auxdécisions et mesures politiques prises par les différentsindividus impliqués dans le scandale. Les enquêtes parallèlesont révélé toutefois que l’engagement d’Elf en Angola estplus compliqué que ce que les observateurs supposaient. ElfPetroleum Angola Ltd. inscrite au registre du commerce enAngola est (ou du moins était) la filiale d’Elf qui détenait% de la concession Cabcog du bloc de Cabinda,exploité par Chevron.

Elf Petroleum Angola Ltd semble avoir disparu de tous lesdocuments de la société depuis le regroupement [à savoirTotalFinaElf].

Malgré la disparition apparente de la société, un certainnombre de raisons laissent à penser que la sociétéexiste toujours :

● Contrairement aux documents publiés actuellement parla société, Elf Petroleum Angola Ltd apparaît dans lesanciens documents d’Elf comme ayant été créée en.

● Elf Petroleum Angola Ltd figure dans les comptes d’Elf de comme une filiale détenue à % par le groupe etdans les comptes de comme une filiale détenue à,%. Qu’est-il advenu des ,% qui semblent avoirété perdus entre et ?

● Jusqu’à fin novembre , Chevron continuait àdéclarer Elf Petroleum Angola Ltd comme partenaire sur lebloc zéro.

● Le document publié par le Ministère angolais du pétroleintitulé ‘Relatório de Actividades do Sector ’ ;GEPE/MINPET Mai , distingue clairement ElfPetroleum Angola Ltd d’Elf Exploration Angola.

● Des preuves en possession de Global Witness indiquentqu’Elf Petroleum Angola Ltd dispose d’un compte enbanque dans la filiale de Paribas du rue d’Antin àParis. Des poursuites judiciaires sans rapport [avecl’Angolagate] ont été menées pour tenter de geler ce quecertaines sources avaient qualifié de fonds importantsdéposés sur ce compte. Ces poursuites n’étaient liées àaucun méfait présumé d’Elf mais visaient à récupérer lesrevenus de l’Etat angolais déposés sur les comptes desfiliales d’Elf, en raison du fait que l’Angola s’étaitrétracté sur les paiements finaux d’un projet deconstruction.

Le août , Global Witness a demandé à TotalFinaElfdes clarifications sur les activités de Elf Petroleum Angola Ltd.Le janvier , Global Witness a également demandé àla société son point de vue sur la transparence des montantsversés aux gouvernements nationaux. A l’heure où nousmettions sous presse, la société n’avait toujours pas réponduà nos requêtes.

Falcon Oil et Prodev

Falcon Oil détient % du bloc géré par Exxon-Mobil. Prodevdétient % du bloc d’Elf(aujourd’hui TotalFinaElf).« Une proportion importante dela prime à la signature estimée à millions de dollars versée augouvernement pour ces blocs etle bloc géré par BP, a étédétournée par le gouvernementpour se fournir des armes ».

Depuis lors, la presse abeaucoup spéculé sur ce quesont ces sociétés indiquant qu’elles n’étaient pas trèsconnues en tant que sociétés pétrolières dans les cercles des« gros pétroliers ».

Après la publication du rapport « Un réveil brut », lesinvestigations sur ces sociétés se sont poursuivies. Bien quede nombreuses sources à Luanda suggèrent que Falcon Oilest la même société que Falcon Oil and Gas en West Virginieaux Etats-Unis, la société angolaise Falcon Oil est en réalitéFalcon Oil Holdings S.A., inscrite comme par hasard auPanama. La société dispose d’un bureau à Paris. Nous nesuggerons pas que ces sociétés aient commis des actesillegaux, mais elles doivent être soumises aux mêmescritères de transparance que les autres.

Les autres inconnus africains

Dans un article intitulé « les mystérieux associés de RocOil », l’Africa Energy Intelligence fait remarquer l’existence dedeux associés sur le bloc de Cabinda Sud, qu’il qualified’« inconnus dans le secteur de l’exploration pétrolière enAfrique ». Ces sociétés sont Force Petroleum, qui détient %du bloc, et Lacula Oil, qui en détient %.

D’après Africa Energy Intelligence, « Force Petroleum estune entreprise privée basée en Grande-Bretagne et saparticipation à Cabinda Sud serait son seul avoir ». L’articlepoursuit : « Pour ce qui est de Lacula, elle serait détenue parWestern Major qui a des activités en Angola. Lacula Oil a déjàété associée à TotalElfFina à Cabinda Sud, avec la mêmeparticipation de %, mais la société n’a pas d’autresavoirs ».

Au vu des inquiétudes concernant l’absence detransparence dans le pays, Global Witness appelle lessociétés à révéler par qui elles sont contrôlées et à fournirdes informations détaillées sur leurs activités.

Tous les hommes des Présidents

« Il n’y a pas eu de distribution de nourriture depuis longtemps.Les enfants ont

Falcon Oil – un inconnu dans le secteurpétrolier en eaux profondes détient % dubloc d’Exxon Mobil.

Page 33: les hommes des Présidents

Le Scandale

faim.Pour les nourrir, il faut aller dans les champs très loin... J’ai mal à la tête ! J’ai

Tous les hommes des Présidents

Le Président dos Santos confirme les suspicions au sujetde l’AngolagateLa vive réaction du Président dos Santos au scandale de l’Angolagate semble confirmer, plus oumoins, la plupart des suspicions et accusations exprimées par le pouvoir judiciaire français. Il estdifficile de voir comment le Président aurait pu aggraver encore la situation en essayant de limiter lesdégâts. Les commentaires les plus éloquents du Président ont été exprimés dans son discours debienvenu à l’ambassadeur français le 23 février 2001. Dans un extraordinaire discours, dos Santosaccusait « les agents de l’Etat français » de se concilier « les conditions d’empoisonnement de l’espritet de campagnes diffamatoires affectant la réputation des entités angolaises et nuisant aux intérêts dugouvernement angolais... ».145

Après avoir déclaré qu’il n’avait nullement l’intention de s’immiscer dans les affaires internes de laFrance, le Président a ensuite fait exactement le contraire. Il a reconnu le rôle clé de Falcone et deses activités, dont il a dit qu’ils avaient été approuvés par l’Etat français. Pour reprendre ses propresmots : « J’ai le devoir de reconnaître que certaines des personnes qui font actuellement l’objet depoursuites judiciaires en France ont énormément contribué au développement de l’amitié et de lacoopération entre l’Angola et la France... ».145 Il a ensuite poursuivi : « M. Pierre Falcone, par exemple,par l’intermédiaire de sa société, a apporté son soutien à l’Angola à un moment crucial de sonhistoire et grâce à son soutien, la démocratie et la séparation constitutionnelle de la justice et dupouvoir ont été préservées, des millions de personnes ont été protégées contre un génocideimminent et nous avons libéré nos villes des sièges militaires et du pilonnage massif et sans distinctionqui causaient dévastation et désespoir ».145

Le Président dos Santos a alors confirmé les avantages commerciaux de ces accords pour laFrance en déclarant : « ... ce monsieur s’est occupé de questions sensibles qui avaient leconsentement des autorités françaises et étaient très utiles à l’Angola. Nous avons interprété sonaction comme une preuve de confiance et d’amitié de la part de l’Etat français, et c’est pour cetteraison que mon gouvernement à pris des décisions qui ont permis le développement spectaculairede la coopération avec la France dans le secteur pétrolier et économiquement et financièrement ».145

Il a de plus insisté sur le fait que ZTS-Osos n’était pas une société française et que le matériel achetéà la société n’avait pas transité sur le territoire français, soulignant que les armes provenaient de « ...pays en Europe de l’Est, et en particulier de Russie ».145

Le Président dos Santos a également fait remarquer que : « toute cette confusion délibérée avaitdéjà eu lieu avec M.Tarallo [sans doute une référence aux déclarations attribuées à l’ancien cadred’Elf,André Tarallo, qui avait laissé entendre qu’Elf avait géré une boîte noire de 60 millions de dollarspar an grâce à un compte en banque au Liechtenstein, utilisé pour verser des pots-de-vin à différentsfonctionnaires de haut rang dans certains pays d’Afrique, y compris l’Angola] et je dois vousconfesser, Monsieur l’ambassadeur, que cette situation nous a laissé tout simplement perplexes ».145

Finalement, après avoir implicitement fait le lien entre les succès des intérêts commerciauxfrançais et les activités de Pierre Falcone, le Président a mis en garde contre les conséquences del’inaction pour mettre fin aux poursuites judiciaires actuelles, car « l’amitié c’est comme une plante quimeurt si on ne l’arrose pas et ne la nourrit pas régulièrement. Je pense que c’est maintenant à votregouvernement, à travers des gestes pratiques, de faire plus pour l’amitié et la coopération entre nosdeux peuples. Et c’est avec ce sentiment que je vous accueille et vous souhaite du succès dans laréalisation de votre mission ».’145 En termes diplomatiques, le Président a non seulement exprimé unpoint de vue intéressant de non-intervention, mais il a également tendu un calice empoisonné aunouvel ambassadeur.

Les Angolais mêlés àl’AngolagateParmi les 26 disquettes informatiquestrouvées dans l’appartement parisien de lasecrétaire de Falcone, se trouvent desinformations sur les versements effectuéspar Brenco au profit d’un certain nombred’éminents Angolais. Parmi ces individus,Elísio de Figueiredo semblent avoir obtenule plus. Comme nous l’avons déjà noté, deFigueiredo était le troisième ambassadeurangolais basé à Paris. Son rôle semble avoirété de faire la liaison entre le Président dosSantos et Falcone et Gaidamak. Le Monderapporte : « On pense que l’ambassadeur,Elísio de Figueiredo, a également étérémunéré : M. Falcone lui aurait peut-êtredonné plus de 18 millions de dollars ». Lejournal poursuit : « Isabelle Delubac [lasecrétaire de Falcone] a déclaré auxenquêteurs « j’ai vu cette personne dansles bureaux de Brenco à plusieursoccasions ».26

D’après Le Monde, Falcone auraitaffirmé « Je peux confirmer que nous avonsdonné de l’argent à M. Elisio de Figueiredopour couvrir les coûts et les activitésentreprises lors de ses missions ».26

Pourquoi au juste était-il nécessaire qu’unparticulier couvre les frais d’unfonctionnaire du gouvernement angolaisagissant en sa capacité officielle ? Cela n’estpas clair. Le Monde poursuivait : « L’hommed’affaires a également précisé que « dans lecontexte de ces missions », les fondsétaient transférés à d’autres personnalitésangolaises, telles que le Ministre adjoint duMinistère de l’Intérieur, chef des servicessecrets, M. Meala ». Falcone aurait dit : « Jeveux être clair, cela avait pour but defaciliter les choses et non pas d’acheter lesgens. En d’autres termes, ce n’est pas de lacorruption, mais ça s’inscrit dans la logiquedes choses là-bas en Angola ».26 A lalumière du scandale d’Enron, sans douteFalcone estimait aussi que le don de 100000 dollars au profit de la campagneélectorale de Bush s’inscrivait «... dans lalogique des choses là-bas... [aux Etats-Unis] ».

Cette déclaration éloquente, qui laisseentendre que les devoirs publics sontconsidérés comme une forme de propriétépublique par l’élite au pouvoir en Angola,représente un point de vue qui doitcertainement être contesté. Il estégalement intéressant de voir que Falconesemble avoir le même point de vue queBernard Guillet, Secrétaire de France-Afrique-Orient, qui a dit : « M. Falcone, quicomme moi connaît bien les Etats-Unis,pense que le lobbying est nécessaire. Je suisconscient qu’en France le système judiciairel’associe à tort à au trafic d’influence ».116

Dos Santos étend sa non-ingérencedans les affaires judiciairesfrançaises en présentant son cas àChirac. La lettre de dos Santos àChirac datant d’avril , publiéedans Le Nouvel Observateur.

Page 34: les hommes des Présidents

Le Scandale

Tous les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

Introduction

GLOBAL WITNESS Global Witness croitfermement que les sociétés pétrolièresinternationales sont complices des abuséconomiques de l’élite au pouvoir enAngola et de la perpétuation de la guerre

parce qu’elles choisissent de ne pas publier les chiffres desrevenus qu’elles paient à l’État angolais, empêchant ainsi lapopulation angolaise de demander des comptes à songouvernement sur l’utilisation de ces revenus.

Cette partie examine le comportement des sociétéspétrolières à cet égard. Elle présente d’abord brièvementl’histoire du secteur pétrolier en Angola ainsi que les acteursprincipaux de l’industrie. Après un examen des obligationsactuelles en matière de déclaration fiscale dans les paysdéveloppés, la discussion se concentre sur le dialogue deGlobal Witness avec les sociétés pétrolières opérant enAngola après la publication du rapport « Un réveil brut »en . Ce dialogue avait pour but de faciliter l’actionvolontaire des sociétés pour l’adoption d’un système detransparence totale et pour rendre publics les détails deleurs paiements consolidés aux gouvernements nationaux.Les objections répétées à la publication de ces informations(alors que les sociétés fournissent systématiquement de tellesinformations dans les pays développés du Nord) sontévaluées et, Global Witness pense qu’elles sontréprouvables.

Bien que certaines sociétés les plus progressistesreconnaissent leur responsabilité en ce qui concerne lapublication de ces informations, jusqu’ici seule la société BPa annoncé publiquement son intention de dévoiler leschiffres nécessaires (quand sa production de pétrole dans lepays commencera). L’annonce de l’intention de BP de« faire ce qu’il faut » a attiré toute une batterie de menacesvoilées de la part de la société pétrolière angolaise,Sonangol. L’extraordinaire lettre confidentielle queSonangol a envoyé à BP est reproduite dans le chapitre« Réponse des sociétés – BP Amoco ».

La réponse rapide de l’élite angolaise a révélé leslimitations des initiatives volontaires sur la transparence etmis en exergue le besoin d’un contrôle par les autorités decontrôle financier du Nord, telles que la Commissionaméricaine des titres et des échanges ou l’Agencebritannique des services financiers. Un chapitre intitulé« Contrôler les déclarations de paiement » analyse ce cas ;une section sur « Les risques de complicité pour lessociétés » montre aussi les dangers de la non-transparencepour les investisseurs et les actionnaires.

Le Programme contrôlé par le personnel du FMI enAngola est également examiné et l’intégrité des sociétéspétrolières par rapport à leur refus de publier leursinformations est mise en question au vu de ce qui constitueun comportement responsable des sociétés dans un certainnombre de forums internationaux. Les informations quisont maintenant divulguées par le Diagnostic du SecteurPétrolier du FMI suggèrent qu’en , près de , milliardde dollars américains en revenus et emprunts – ce quireprésente un tiers des revenus de l’État angolais quis’élèvent à à milliards de dollars – ne peuvent pas êtrelocalisés. Un employé de la Banque Mondiale déclare dansune courrier : « Les missions successives du FMI/BanqueMondiale au cours de ces dernières années ont travaillé surles informations fournies par les autorités et ont trouvé desdépenses importantes non justifiées équivalentes à un tierset la moitié des revenus fiscaux déclarés. Malheureusement,ces problèmes n’ont toujours pas été résolus et le personneldu FMI attend des explications sur l’utilisation d’environ ,

mal aux bras et aux pieds ! C’est à 50 kilomètres ! Il faut faire le trajet la nuit,à

PARTIE II : LA COMPLICITÉ DES SOCIÉTÉS PÉTROLIÈRES

milliard de dollars de revenus fiscaux et prêts externes en. Ces calculs sont dérivés des seules informations dugouvernement. Les informations sur les paiements dessociétés pétrolières sont maigres, puisque certaines sociétésinvoquentles clauses de confidentialité et aucun cadre n’aété créé pour rendre-compte des paiements liés au pétrole. »

Les chiffres présentés à la fin de cette partie révèlentaussi pour la première fois le montant des impôts quechaque société pétrolière a payé au gouvernement angolaispour l’année et montrent un trou noir non justifiécontenant une différence de millions de dollars entre lesdonnées sur les revenus fournies par le Ministère du Pétroleet celles qui parviennent jusqu’au Ministère des Finances.Cela suggère que les différences actuelles mises à jour par leFMI révèlent un mode d’abus économique soutenu quiprofite délibérément de la guerre civile et d’ungouvernement qui ne répond devant rien.

L’industrie pétrolière en Angola aujourd’hui

L’Angola est le deuxième pays producteur de pétrole enAfrique sub-saharienne, après le Nigéria. L’économienationale est en grande partie dépendante du secteurpétrolier, qui représente environ ,% des revenus dugouvernement. Les terres au large de l’Angola ont acquisune réputation mondiale pour la production de pétrole,avec deux tiers des puits de prospection découvrant dupétrole, contre un taux de réussite de % dans les eauxprofondes du Nigéria et une moyenne mondiale d’environ%. Cela a suscité un grand intérêt pour les nouvelleszones potentielles de prospection de la part de l’ensembledes grands acteurs mondiaux du secteur pétrolier. En ,les analystes prédisaient un investissement potentiel de milliards de dollars américains sur les quatre années

Tandis que l’élite angolaise et internationale s’enrichit grâce auxdécouvertes pétrolières au large de l’Angola, un enfant meurt toutesles trois minutes de maladies que l’on peut soigner et de malnutrition.

Page 35: les hommes des Présidents

Le Scandale

Tous les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

travers la « mata » (brousse) ou la tropa (l’armée du gouvernement)... te prends.

Le développement de l’industriepétrolière en Angola.L’industrie pétrolière en Angola a commencé en 1955 avec ladécouverte de pétrole par Petrofina dans la vallée deKwanza. L’industrie s’est développée avec la découverte degisements offshore dans l’enclave coloniale angolaise deCabinda dans les années 60 par la Cabinda Gulf Oil Company(CABCOG), qui est devenue une filiale de Chevron en1984.143

En 1978 et 1979, une enquête sismique de la plaquecontinentale au large de l’Angola a révélé d’autres gisementsimportants de pétrole. Cela a conduit à la création de 13« blocs » en plus du premier bloc de Cabinda, le bloc 0, toussitués dans les eaux peu profondes de la côte angolaise.Après l’attribution de ces blocs, le gouvernement a créé 17nouveaux blocs numérotés de 14 à 30 et s’étendant dans leseaux plus profondes au-delà des 14 premiers blocs, ceux-cisont appelés « les blocs en eaux profondes ».155 ( Voir carte ci-contre)

En mai 1999, le gouvernement a attribué les troispremiers « blocs en eau profonde » : les blocs 31 à 33 acquisrespectivement par BP-Amoco, Elf et ExxonMobil. Enseptembre 2001, le quatrième bloc ultra profond, le bloc 34, aété attribué à Sonangol, avec l’assistance technique de NorskHydro.146

En théorie, chaque bloc est attribué grâce à un processusd’appel d’offre et une fois que le bloc est attribué, une« prime à la signature » est payée par chacune des sociétésdu bloc. Il s’agit d’un paiement non remboursable que lessociétés annoncent qu’elles vont payer dans leur déclarationd’offre si leur offre est couronnée de succès. Une fois que leprocessus d’appel d’offre est terminé, un « Exploitant » estchoisi. L’ « Exploitant » est la société qui sera responsable dudéveloppement du bloc, et prendra des décisions clés sur lemontant des investissements, la conception des équipementsnécessaires et leur déploiement ultérieur pour s’assurer quele développement du bloc est réalisé de la façon la plusefficace possible. Les associés contribuent souvent audéveloppement du bloc sous la direction de l’Exploitant. Ilssont en fait co-investisseurs et le partage ultérieur des profitsest déterminé par la part qu’ils détiennent.143

Législation cléPour une discussion rapide des autres aspects de la législationliés à l’exploitation pétrolière, se rapporter au rapport deGlobal Witness de décembre 1999, « Un réveil brut ». Il esttoutefois bon de rappeler ici les points suivants :

Dans le cadre de la loi angolaise No 13/78 du 26 Août1978 147, il est établi que « tout gisementd’hydrocarbures liquides ou gazeux qui se trouvesous terre ou sous la plaque continentale sur leterritoire national, jusqu’à la limite des eauxjuridictionnelles de la République Populaired’Angola, ou sur tout territoire sur lequel l’Angolaexerce sa souveraineté, tel que cela est établi parles conventions internationales, appartient au peupleangolais 148, sous la forme de propriété de l’État. »

Pour toute discussion sur les mérites de la transparencedu secteur pétrolier en Angola, cette partie de la législationest très importante. Si, comme cela est établi dans le texte ci-dessus, « les hydrocarbures liquides et gazeux » sont desressources naturelles qui appartiennent au peuple angolais,alors le peuple angolais a sans aucun doute le droit d’avoiraccès aux informations concernant le revenu généré à partirde l’exploitation de leurs ressources naturelles.Actuellement,les Angolais n’ont pas accès à ces informations et on lesdissuade activement d’essayer de les obtenir.

Les contracts d’exploitation des blocs pétroliersJusqu’en 1979, le forme préférée de relation contractuelle étaitl’ « Accord de Joint-Venture ». La majorité (en pourcentage dela production pétrolière angolaise totale) des blocs pétroliers encours d’exploitation font l’objet d’accords de joint-venture selonlesquels chaque société prend un pourcentage de la licence et ilest exigé de chaque société qu’elle paye les coûts dedéveloppement et d’exploitation en fonction du pourcentagequ’elle détient.Après paiement des impôts et des royalties, lessociétés reçoivent ensuite les bénéfices restants en fonction deleur part. Dans ce type d’accord, Sonangol doit payer d’avanceles coûts de développement tout comme les autres exploitantsdu bloc.143 Actuellement, le plus important bloc en joint-ventureen cours d’exploitation est le bloc 0 de Cabinda exploité parChevron, qui extrait environ 70% de la production pétrolièreangolaise.155 Les autres principaux centres de production sont lebloc 3, au large de la côte septentrionale, le bloc 1 et le bloc 2,tous les deux au large de Soyo.143

Depuis 1979 la forme préférée d’accord est l’Accord dePartage de la Production (APP). Dans ce cas, les sociétésd’exploitation pétrolière agissent en tant qu’entrepreneurauprès de Sonangol et encourent la totalité des coûts ainsi quele risque lié à la prospection et au développement des champsde pétrole dans les blocs. Etant donné que Sonangol est enréalité également un associé, ses coûts sont en général encouruspar les autres partenaires du bloc durant cette phasepréliminaire. Les coûts de développement et la gestion desinstallations de production sont couverts par un pourcentage dela production de pétrole (qui peut atteindre jusqu’à 50%),connu sous le nom de « coût pétrole ».Après le paiement desimpôts dus au gouvernement, le « profit pétrole » est diviséentre les actionnaires et Sonangol en fonction de leurparticipation dans le bloc.143

Les blocs pétroliers offshore de l’Angola.

Page 36: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

Ici, ces troupes, les Commandos, se comportent bien.Pas de problème.Mais la

Tous les hommes des Présidents

suivantes. Toutefois, la production pétrolière de l’Angolaen est restée à près de barils par jour (bpj).

Les analystes prévoient qu’avec le début de nouvellesproductions elle va passer à bpj en , divisés parbloc de la façon suivante:

Bloc Production (bpj)Bloc 0 500 000Bloc 2 50 000Bloc 3 95 000Bloc 14 95 000Bloc 17 100 000Autres 60 000 Total 900 000

N.B. L’EIU ne précise pas quels sont les blocs correspondant à la catégorie « Autres ».

Les blocs attribués récemment tels que les blocs , et - ainsi que les champs supplémentaires se trouvant sur lesblocs déjà exploités ne devraient pas entrer en productionavant un certain nombre d’années. Il est prévu que le bloc d’Exxon Mobil commence à produire en avec uneproduction maximale de bpj. Le calendrier pour lapremière production des blocs - en eaux très profondesest plus difficile à prévoir étant donné les profondeursimmenses de l’eau et les exigences en ingénierie., Leprochain accroissement important de la production depétrole en Angola commencera en , tandis que lechamp de Girassol du bloc de TotalFinaElf a commencéà produire en décembre ., ,

Malgré la régularité des communiqués de presse dessociétés d’exploitation pétrolière louant leurs dernièresdécouvertes au cours de l’année passée, le développementprogressif de l’industrie pétrolière en Angola n’a pas été quede la navigation en eaux calmes. Les relations entre legouvernement et les sociétés se sont détériorées depuis la finde l’année , lorsque le Ministre du Pétrole, José MariaBotelho de Vasconcelos a déclaré que l’Angola voulaitralentir la vitesse de développement pour allonger le cyclede production dans les blocs en eaux très profondes de

l’Angola., Ces conflits ont été incarnés par la disputed’ExxonMobil avec Sonangol au sujet du développementdu bloc . Le Ministre de Vasconcelos a accuséExxonMobil de choisir une option technique inutilementcouteuse pour développer le bloc et de ne pas s’enentretenir au préalable., Il a affirmé qu’une telledécision aurait un impact négatif sur la part des revenus dugouvernement générés par le pétrole exploité sur ce bloc.,

Il existe visiblement un conflit entre les intérêts légitimesde l’État angolais concernant la maximisation des revenusissus de ses ressources et les motivations de maximisation duprofit des sociétés pétrolières, qui cherchent à maximiserleur rendement dans le temps le plus court possible.

D’après l’Economist Intelligence Unit (EIU) un autre raisondu lent développement de certains nouveaux champspétrolifères serait que Sonangol est à court d’argent. Ceciest surprenant étant donné la série d’emprunts queSonangol a obtenus auprès de banques internationales (VoirPrêts internationaux à l’Angola, page ). L’EIU fait remarquerque des sources au sein de l’industrie ont suggéré que celaétait dû à des détournements d’argent de la part deSonangol, sans être plus précis., Si cela est vrai, cedevrait être une préoccupation majeure pour le FMI.

Les primes à la signature et l’attributiondes blocs à .

La valeur des primes à la signature a augmenté de façonspectaculaire pour l’attribution de blocs en eaux trèsprofondes. Dans le passé, l’attribution des contrats étaitdéterminée sur la base de la présentation au gouvernementpar une société donnée d’un plan détaillé de création et degestion d’un bloc pétrolier précisant le partage des bénéficestel que déterminé lors des négociations. Des sources àLuanda indiquent qu’à présent les décisions clés concernantl’attribution des blocs pétroliers sont prises au plus hautniveau et les attributions de permis sont biaisées en faveurde critères politiques plutôt que techniques.

En , le nouveau directeur de Sonangol, Joaquim

PetrogalPortugal

Bloc/Participation dans bloc (%)

1 Safueiro (10%) A14 (9%) A

Cabinda C. (20%)32 (5%)33 (5%)

Norsk HydroNorvège

Bloc/Participation dans bloc (%)

34 (30%)17 (10%) A5 (27,5%)9 (10%)25 (10%)

StatoilNorvège

Bloc/Participation dans bloc (%)

17 (13,33%) A15 (13,33%)31 (13,33%)

ShellRoyaume-Uni/Pays-Bas

Bloc/Participation dans bloc (%)

18 (50%)21 (10%)34 (15%)

Les dix premières sociétés pétrolières en AngolaLes dix sociétés pétrolières les plus actives aujourd’hui en Angola sont présentées ci-dessous146,149, avec les blocs qu’elles détiennent et leur rôle dans lesblocs, que se soit en tant qu’Entrepreneur (en vert) ou en tant qu’associé (en noir). Les blocs en cours d’exploitation sont marqués A.

SonangolAngola

Bloc/Participation dans bloc (%)

4 Kiabo (100%) A5 (30%)3 (100%)34 (20%)

0/A, B & C (41%) A2/80-85 (25%) A

3/85-91 (6,67%) A14 (20% ) A

Zone A (51%) AZone B (51%) A

19 (20%)21 (20%)22 (20%)24 (20%)25 (25%)31 (20%)32 (20%)33 (20%)

Cabinda N. (20%)Cabinda C. (20%)Cabinda S. (20%)

TotalFinaElfFrance/Belgique

Bloc/Participation dans bloc (%)

3/85-91 (53,34%) A17 (40%) A

Zone A (49%) AZone B (32,6%) A

3/80 (50%)19 (30%)32 (30%)

0/A, B & C (10%) A1 Safueiro (25%) A2/80–85 (27,5%) A

14 (20%)31 (5%)33 (15%)

ExxonMobilEtats-Unis

Bloc/Participation dans bloc (%)

15 (40%)20 (50%)24 (50%)33 (45%)

17 (20%) A9 (35%)21 (20%)22 (25%)25 (35%)31 (25%)32 (15%)

ChevronTexacoEtats-Unis

Bloc/Participation dans bloc (%)

0/A, B & C (39,2%) A14 (31%) A

2/80-85 (20%) A9 (40%)22 (40%)

Zone B (16,4%) A20 (50%)

AgipItalie

Bloc/Participation dans bloc (%)

1 Safueiro (50%) A25 (40%)

0/A, B & C (9,8%) A3/85-91 (16%) A

14 (20%) A3/80 (15%)15 (20%)

BP-AmocoRoyaume-Uni

Bloc/Participation dans bloc (%)

5 (27,5%)18 (50%)

31 (26,67%)17 (16,67%) A15 (26,67%)

21 (20%)

Page 37: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

tropa [là bas en route] elle t’arrête et prends ta nourriture... Ils ne te tuent pas

Duarte da Costa David, nommé par le Président dosSantos, a introduit le concept du paiement d’une prime nonremboursable exceptionnelle à la signature, pratiquecourante dans d’autres pays producteurs de pétrole.

D’après les experts Wood Mackenzie, le montant de laprime à la signature pour le bloc payé en janvier était de millions de dollars américains. Sur la base desdonnées présentées dans le tableau ci-dessous, on peutcalculer que le montant moyen des primes payées entre lasignature du bloc et celle du bloc en janvier est de, millions de dollars américains, avec un maximum de millions de dollars pour le bloc . Les blocs et ontattiré des offres légèrement plus élevées de et millionsde dollars américains respectivement. Même en prenanten compte ces paiements plus élevés, les différentes sociétésont payé en moyenne dollars américains par km pources blocs.

Etant donné l’intérêt énorme suscité par les blocs -,il était très probable que le montant des primes soit plusélevé que les primes versées jusque là. Mais des sourcesindiquent que les sociétés ont considérablement sous-estiméles demandes d’avances de la Présidence et plutôt que depayer les millions estimés pour chaque bloc, elles ont étéforcées de payer des sommes beaucoup plus importantes.

Les estimations de Wood Mackenzie suggèrent que , et millions de dollars américains ont été versés pour lesblocs à respectivement. « Un réveil brut » indiquaitque le montant total des primes à la signature étaitd’environ millions de dollars américains (environ %du budget national pour l’année ). En d’autres termes,pour des blocs de taille comparable à ceux déjà mentionnés,les sociétés intervenant sur les blocs à étaient prêtes àpayer en moyenne dollars américains par km, cequi représente plus de dix fois ( %) la moyenne des paiements précédents.

Interrogées sur le montant de ces primes à la signature,les sociétés pétrolières ont de façon générale indiqué que cesmontants n’étaient pas excessifs étant donné la superficiedes blocs disponibles. Cela n’est pas exact : la superficie desblocs à est à peu près comparable à celle des blocsattribués précédemment. De même, Wood Mackenzie

suggère que les blocs , et pourraient contenir desréserves d’un volume comparable. Il semble donc que lesnouveaux blocs ne contiennent pas % de pétrole enplus par rapport à ceux attribués auparavant.

D’un côté le gouvernement angolais devrait être félicitéde tirer une avance maximale de l’industrie pétrolière

Tous les hommes des Présidents

internationale pour l’utilisation des ressources de l’Angola,particulièrement si ce revenu considérable était utilisé pourle développement constructif du pays. Au lieu de cela,comme « Un réveil brut » en faisait état, des sourcesindiquent qu’entre et millions de dollars américains(du montant total des primes à la signature pour les blocs et ) ont disparu au sein de la Présidence pour l’acquisitionclandestine d’armes. En l’absence de clarifications de lapart des sociétés et du gouvernement angolais, despaiements si élevés apparaissent comme une perte debénéfices potentiels pour le peuple angolais et peut-êtrecomme une mauvaise affaire pour les sociétés et leursactionnaires.

Pas de prise de responsabilité sanstransparence

Depuis le lancement d’ « Un réveil brut » en décembre, Global Witness s’est engagé dans un dialogue avec lessociétés pétrolières opérant en Angola. Son but étaitd’élargir la définition de la responsabilité sociale des sociétésen discutant des arguments en faveur de la publication parles sociétés pétrolières des informations sur leurs paiementsau gouvernement angolais – un concept que nousappellerons « la transparence totale ».

Le scandale de l’Angolagate tout comme les enquêtes deGlobal Witness montrent clairement qu’une proportionimportante des revenus de l’État angolais, dont presque% sont tirés de la production de pétrole, fait l’objet d’undétournement par l’élite angolaise et que ce processus depillage de l’État est intimement lié à l’évolution de laguerre. Dans ce contexte, les Angolais n’ont pas lacapacité de demander des comptes à leur gouvernement carle manque d’information sur les revenus de l’État lesempêche de procéder à tout examen approfondi despratiques actuelles. Comme aucune information de base surles revenus du gouvernement n’est disponible, comment lapopulation pourrait-elle demander des comptes sur lesdépenses du gouvernement ? L’absence quasi totale deliberté de la presse ne fait qu’aggraver le problème.

Les sociétés opérant en Angola qui ne pratiquent pasune transparence totale se font complices du financementcontinue d’une guerre pratiquement privatisée et du volmassif des revenus de l’État à une échelle qui équivaut auxvols perpétrés par le Président Abacha au Nigéria et lePrésident Mobutu au Zaïre. Cela ne veut pas dire que cessociétés sont directement impliquées dans le processus depillage de l’État, ou dans le paiement de pots-de-vin, bienque certaines le soient. Toutefois, étant donné que l’État tirela majorité de ses revenus du pétrole, revenus qui sontensuite détournés, les sociétés d’exploitation pétrolière nepeuvent se décharger totalement de cette relation causaledirecte sans dévoiler le montant total de leurs paiements.Global Witness pense fermement que l’adoption d’unsystème transparent révélant le montant des revenusgénérés par l’industrie pétrolière en Angola créera pardéfaut la transparence pour la majeure partie des revenusde l’État, permettant ainsi à tous les citoyens angolais decommencer à demander des comptes à leur gouvernementquant à l’utilisation des avoirs de l’État. L’absence detransparence totale par les sociétés mine aussi l’esprit de laLoi No /, qui établit que le pétrole angolais appartientau peuple angolais.

Global Witness appelle les sociétés à publier toutes lesinformations sur les impôts et autres paiements qu’elleseffectuent au profit des gouvernements nationaux – commecela est déjà systématiquement le cas en Europe, enAmérique du Nord et en Australasie. Bien que ce rapportmette l’accent sur l’Angola, les sociétés devraient publier lesmontants de tels paiements pour tous les pays où ellesopèrent.

Tableau de l’estimation des montants des primes àla signature pour les blocs pétroliers en eauxprofondes en Angola

Prime parTitre Date Superficie Prime superficie nette

Km2 US$ million US$/Km2

Bloc 17 Jan 1993 5 030 6 1 193Bloc 16 Jan 1993 4 912 13 2 647Bloc 15 Sep 1994 4 172 35 8 389Bloc 14 Mar 1995 4 094 15 3 664Bloc 20 Oct 1996 5 000 10 2 000Bloc 18 Oct 1996 5 000 9 1 800Bloc 22 Jan 1998 5 480 16 2 920Bloc 19 Fev 1998 4 850 10 2 062Bloc 21 Jan 1999 6 180 45 7 282Bloc 24 Jan 1999 4 778 70 14 650Bloc 25 Mar 1999 4 852 60 12 366Bloc 31 Juin 1999 5 349 400 74 780Bloc 32 Juin 1999 4 317 250 57 911Bloc 33 Juin 1999 5 996 350 58 372Total 1 289

Source : Reproduit à partir d’un rapport ad hoc de Wood Mackenzie – Lesmontants des primes sont des estimations et les montants totaux versés peuventinclure d’autres versements tels que des versementts pour des « projets sociaux ».

Page 38: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

mais ils te battent... et te font porter des choses pour eux.» – Un réfugié, début 2001a

Le dialogue avec lessociétés

LE DIALOGUE qui a suivi le lancement durapport « Un réveil brut » en décembre consistait en des réunions en tête-à tête entreGlobal Witness et de nombreuses sociétéspétrolières clés. En octobre à Londres

une réunion rassemblant plusieurs parties concernées etanimée par le Ministère des Affaires étrangères britannique aégalement été organisé, durant laquelle la question de latransparence totale était au centre des discussions.

Certaines sociétés participant à ce dialogue ont répondufavorablement au principe de la transparence totale, aussibien pour l’Angola que pour le reste du monde. Toutefois, uncertain nombre d’objections et de malentendus qui ont étéexprimés au cours de ces diverses réunions doivent égalementêtre abordés. Ils font l’objet d’une discussion ci-dessous.

. Confidentialité des sociétés

Les sociétés ont suggéré que les demandes de transparencesignifiaient que les sociétés pétrolières et leurs filiales devaientpublier des informations confidentielles sur la société. Il amême été dit que Global Witness appelait les sociétés àpublier des informations sur le processus d’adjudication d’unbloc lors de son déroulement.

Cela est faux. Global Witness ne s’intéresse pas auprocessus d’adjudication des blocs pétroliers lorsqu’il est encours – il s’agit là manifestement d’informationsconfidentielles. On pourrait s’y intéresser si ce processusimpliquait le paiement de pots-de-vin ou de paiements ennature ou si le processus d’acquisition des blocs ne faisait pasl’objet d’un processus ouvert d’adjudication. Dans desconditions normales, ce n’est qu’une fois le processusd’adjudication terminé et les entrepreneurs et leurspartenaires choisis que des révélations peuvent être faites aupublic.

De plus, il est difficile de comprendre pourquoi desinformations de base sur le versement d’impôts et des primesà la signature devraient être confidentielles, quand il estévident que les sociétés fournissent déjà ce typed’informations dans leur pays d’origine. Il est clair que lessociétés font deux poids deux mesures : la transparence dessociétés semblent une nécessité pour les pays développés duNord, mais une toute autre histoire pour les pays endéveloppement du Sud. Global Witness appelle les sociétés àpratiquer la transparence pour l’ensemble de leurs activités,dans le monde entier.

. Les sociétés pétrolières internationalessont les acteurs principaux

Les sociétés ont indiqué que leurs paiements augouvernement angolais ne représentait pas la majorité de sesrevenus pétroliers. Il a été suggéré que la majorité desrevenus provenait des accords de partenariat avec Sonangolpour l’exploitation des blocs. Ainsi, si le but était d’étabir uneestimation raisonnable des revenus de l’État, demander desinformations sur leurs paiements aux sociétés pétrolières nefournirait qu’une partie modeste des informationsnécessaires.

Cette objection ne tient pas debout pour plusieursraisons.

D’abord la majorité des revenus du gouvernement pourla prochaine décennie de production sera tirée de plus enplus du paiement des impôts par les sociétés pétrolières. Aucours de cette période, la majorité des revenus de l’Étatangolais provenant du pétrole sera tirée du paiement desimpôts sur les sociétés et non pas des accords de partenariat

Tous les hommes des Présidents

Pratiques actuelles de déclaration fiscale

Les sociétés inscrites au registre du commerce auRoyaume-UniEn Grande-Bretagne, les sociétés déposent leurs documentscomptables de l’année auprès du greffier du Tribunal du Commerce, enconformité avec les Principes Comptables de Grande-Bretagne (UKStandard Accounting Principles). Ces Principes sont de façon généraleconformes aux normes internationales. Les déclarations d’impôts sontprésentées comme « paiement d’impôt au Royaume-Uni », ventilés etnets, et comme « taxation à l’étranger », non ventilés.161

Manifestement, si une société inscrite au registre du commerce auRoyaume-Uni opère uniquement en Angola, tous les impôts enregistrésferaient référence aux impôts payés en Angola. C’est le cas decertaines filiales qui ont été créées dans le cadre des activités globalesd’une société d’exploitation pétrolière en Angola, comme la filiale deBP en Angola, BP Exploration (Angola) Ltd, qui est inscrite au registredu commerce au Royaume-Uni.Toutefois, du point de vue du citoyenangolais, un tel scenario est déroutant : avant de pouvoir obtenir lesinformations concernant les paiements des sociétés pétrolières, il fautd’abord connaître le nom et l’endroit où sont inscrites les filialesconcernées et cela nécessiterait de rassembler des informations àpartir de nombreux endroits à travers le monde. Cette tâche est renduencore plus difficile par le fait que la société mère déploie souvent ungrand nombre de filiales, qui sont parfois en activité pour une périodede temps très courte.

Encore pire, si une société inscrite au registre du commercebritannique a des activités dans un certain nombre de pays, lesinformations concernant les paiements d’impôts « à l’étranger »présentées dans les comptes annuels sont une fusion d’informationsprovenant des différents pays. Un examen des comptes annuels detelles sociétés ne révèlerait pas les paiements d’impôts en Angola. Enprincipe, un citoyen intéressé pourrait alors contacter directement unesociété afin d’obtenir ces informations pour un seul endroit mais, bienentendu, dans le cas de l’Angola, les sociétés pétrolières ne donnentpas ce type d’informations.

Les sociétés non inscrites au registre du commerceau Royaume-UniAux Etats-Unis, en Europe et dans les autres juridictions du mondedéveloppé, les informations sur le paiement des impôts par les sociétésopérant dans ces pays sont facilement accessibles puisqu’il est possiblepour quelqu’un d’aller au tribunal du commerce et de demander cesinformations directement.Toutefois, ces informations ne sont pasdisponibles en Angola et dans d’autres pays moins bien réglementés.Ce manque d’information est aggravé par le fait que les juridictions lesmieux réglementées n’appliquent pas la même qualité d’informationscomptables pour leurs activités nationales et celles de l’étranger.

Etant donné que toutes les informations clés sont déjà disponiblespour les sociétés pétrolières, bien qu’elles ne soient pas facilementaccessibles, Global Witness recommande les mesures suivantes dans lecadre de sa politique en faveur de la « transparence totale » :

Les sociétés mères devraient fournir une ventilation des impôts etautres paiements versés aux gouvernements nationaux pour tous lespays où elles opèrent. Par exemple, des informations devraient êtrefournies dans les rapports annuels consolidés de la société mère enplus des informations déjà disponibles dans ceux des filiales. Lesinformations devraient être présentées comme paiements nets totauxaux autorités nationales pour chaque pays et devraient être publiées àla fois dans les comptes rendus aux autorités de contrôle et dans lesrapports annuels des sociétés mères et des filiales.

Les informations devraient être fournies dans la langue nationale dechaque pays ainsi que dans la langue du pays d’orgine de la société.

Les sociétés mères devraient publier le nom de chaque filiale et lelieu où elles sont inscrites et spécifier leurs lieux d’opération.

Il faut souligner que la publication de ces informations engageraitdes coûts minimaux pour les sociétés concernées, étant donné qu’ellesdisposent déjà de ces informations à des fins de comptabilité interne.

Page 39: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

avec Sonangol. Global Witness est arrivé à cette conclusionen analysant les prévisions de BP-Statoil Alliance pour le lebloc . (Pour de plus amples détails, voir « La queue del’éléphant ou l’éléphant » – à droite).

La valeur de telles contributions fiscales a augmenté avecle paiement d’énormes primes à la signature des sociétéspétrolières. En juillet , BP-Amoco, TotalFinaElf,ExxonMobil et leurs partenaires ont payéapproximativement millions de dollars américains enprimes à la signature pour les blocs à , générant environ% des revenus totaux du gouvernement pour cette année-là. Bien qu’il s’agisse là de paiements exceptionnels, on aassisté ces dernières années à des « enchères en or pour lesblocs pétroliers » ce qui a conduit à des paiementsréguliers de primes en liquide à l’État angolais. Le bloc attribué en a confirmé cette tendance avec la paiementd’une prime de millions de dollars.

Toute discussion sur l’importance des paiements effectuéspar les sociétés est incomplète si l’on ne prend pas aussi encompte le fait que la majorité de la part de production deSonangol est utilisée pour payer les intérêts de la dette del’Angola. Il est presque impossible d’être précis en raison del’absence de transparence mais certaines sources indiquentque la part de production pétrolière du gouvernement a déjàété hypothéquée pour les trois ou quatre années à venir poursubvenir aux besoins de prêts antérieurs (Voir Prêtsinternationaux à l’Angola – page ). La majorité des revenusutilisables du gouvernement (c-à-d les revenus disponiblesaprès avoir soustrait les montants nécessaires aux paiementsdes intérêts de la dette) continueront à provenir des impôts etdu paiement de primes exceptionnelles par les sociétéspétrolières.

Cette objection laisse aussi de côté le problème de fond de savoirpourquoi, si les paiements des sociétés sont peu importants, ces dernièressont de connivence avec le gouvernement angolais pour ne pas les publierclairement et de façon transparente.

Tous les hommes des Présidents

La queue de l’éléphant ou l’éléphant– la contribution réelle des sociétéspétrolières aux revenus de l’ÉtatangolaisLes sociétés pétrolières fournissent des revenus au gouvernementen lui versant des impôts, des primes et des récompenses auxquelss’ajoutent les revenus pétroliers générés par Sonangol grâce auxpartages des ventes de pétrole et à ses concessions.Toutefois,certaines sociétés pétrolières soutiennent que leurs impôtsreprésentent une contribution minimale aux revenus dugouvernement par rapport aux accords de partage des bénéficesde Sonangol. Une société a utilisé une analogie pour parler despaiements effectués par les sociétés pétrolières internationales endisant qu’ils étaient la queue de l’éléphant et non l’éléphant lui-même (qui serait les revenus de Sonangol).Toutefois, GlobalWitness peut révéler que sur le moyen terme, loin d’être des« donateurs mineurs », les sociétés pétrolières sont les principauxcontributeurs aux revenus de l’État angolais.

L’analyse suivante commandée par BP-Statoil Alliance s’appuiesur des calculs effectués en 1997 par Environmental ResourcesManagement, pour le bloc 17, un bloc en eaux profondes qui acommencé à produire en décembre 2001.156 Dans un avenirproche, la majorité des revenus de l’Angola commencera à êtretirée de blocs pétroliers aussi récents que celui-là (Voir L’industriepétrolière en Angola aujourd’hui, page 33). Bien que la productionpétrolière initialement prévue pour le bloc 17 ait été sur-évaluée,les contributions relatives des impôts de la société et du partagedes profits de Sonangol sont maintenues.

Les informations de BP-Statoil Alliance montrent que lesimpôts versés par les sociétés pétrolières représentent environ68% des revenus du gouvernement au cours des neuf premièresannées de production. La parité relative entre le paiement desimpôts et la part de production de Sonangol est atteinteseulement à la dixième année et dans l’ensemble il est prévu que lepourcentage moyen des revenus du gouvernment angolais tirésdes impôts payés par les sociétés pétrolières pour la durée de vieestimée du champ soit de 43,74%.

Etant donné qu’il est prévu que la production pétrolière del’Angola passe d’accords de joint-venture à des accords de partagede la production tel que celui passé pour le bloc 17, la majorité desrevenus du gouvernement vont être tirés d’un programme depaiement similaire. En d’autres termes, sur les 5 à 15 années à venir(et probablement plus au fur et à mesure que d’autres blocs sontattribués à de nouveaux exploitants et entrent en production),l’Angola va entrer dans une phase où 60% des revenus dugouvernement proviendront du paiement des impôts par lessociétés.

Sur le court et le moyen terme, il semble donc que les sociétéspétrolières sont l’éléphant et non pas seulement sa queue.

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

2001

2003

2005

2007

2009

2011

2013

2015

2017

2019

2021

2023

mill

ions

US

$

Company Tax Payments to Government

Sonangol Profit Share

Total Government Revenue

Torche de gaz – offshore angolais.

© Jeff Barbee / Panos Pictures

Impôts versés par les sociétés pétrolières contre lapart de profit de Sonangol Source : Estimations pour le bloc 17 basèes sur l'information de BP-Statoil Alliance

« Quand cette attaque a eu lieu, j’étais en bas près de la rivière en train de faire la

Page 40: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

. Le rôle du Fonds Monétaire International (FMI)

Les sociétés ont suggéré que la meilleure solution serait la publicationd’informations générées par l’étude intitulée « Diagnostic pétrolier » dans lecadre du Programme contrôlé par le personnel du FMI.

Global Witness pense que bien que le processus initié par le FMI soitimportant, il n’est pas suffisant. Il existe un certain nombre de problèmes àprendre cette approche comme réponse au manque d’informations sur lesrevenus pétroliers mises à la disposition du public en Angola. Cette approcheprésuppose que les résultats du diagnostic pétrolier du FMI seront etapprofondis et mis à la disposition du public. Cela dépendra surtout de laqualité des informations mises à la disposition de l’équipe de KPMG et desavoir si le gouvernement permettra aux résultats d’être présentés au public defaçon satisfaisante. De plus, une action du FMI en Angola ne peut remplacerla transparence totale des sociétés pétrolières dans tous les pays où ellesopèrent, puisque le diagnostic pétrolier est spécifique à l’Angola. (Pour unediscussion plus approfondie, voir encadré « le FMI et l’Angola » – à droite).

. Les accords de confidentialité

Les sociétés ont signé des clauses de confidentialité dans leurs accords departage de la production avec Sonangol et sont donc réticentes à publier desinformations sur les paiements.

Cela est préoccupant car cela représente un autre niveau de contrôle sur lamise à disposition d’informations auprès du public angolais et fournit auxsociétés une excuse pour ne pas accroître la transparence. En accédant à lademande d’un accord de confidentialité empêchant la publication desmontants versés à l’État, dans le fond les sociétés aident et se font complice del’absence continue de transparence de la part du gouvernement.

Est-ce que la clause de confidentialité couvre les impôts versés augouvernement ?

D’avis juridique en matière de droit commercial, il est douteux que lesclauses de confidentialité empêchent les sociétés de révéler le montant de leursimpôts. L’accord du partage de la production est un accord de partenariatentre l’exploitant (c-à-d la société pétrolière) et Sonangol, ce qui suppose que lesecret ne s’applique qu’aux deux sociétés impliquées et non au revenu généréou aux impôts dus au gouvernement. Cela suggère que les sociétés devraientêtre libres de publier les montants des revenus générés à partir d’un blocparticulier et des paiements d’impôts au gouvernement angolais qui endécoulent. De plus, BP a montré que la fusion des informations de plusieursblocs fournit une solution quant à la confidentialité sur les paiements àSonangol.

Publiez ce que vous payez !

Etant donné l’importance des investissements, les compétences en gestion, lescapacités techniques, le poids financier et l’expérience requis pour développeret exploiter avec succès les blocs en eaux profondes et très profondes enAngola, il est clair qu’un nombre limité seulement de sociétés possèdentl’ensemble des aptitudes requises pour cela. Il s’agit essentiellement des grandspétroliers : ExxonMobil, ChevronTexaco, TotalFinaElf, BP-Amoco et RoyalDutch/Shell – et des moins grands tels que Norsk Hydro et Statoil, bien que laplupart de ces derniers exigeraient sans doute un partenariat avec d’autresétant donné le poids financier du développement de ces blocs.

En conséquence, il existe un petit nombre seulement d’acteurs sur lemarché pétrolier et Global Witness pense que ces derniers devraient formulerune approche commune sur la question de la transparence et s’assurerqu’aucune clause de confidentialité signée ne couvre la confidentialité sur lespaiements de base à l’État. Il est peu probable qu’un accord commun depublier ces informations conduisent à une réallocation des blocs pétroliers àd’autres preneurs.

En tout cas, il est évident que beaucoup d’informations sont déjàdivulguées. Par exemple, le bureau d’études Wood Mackenzie semble avoir eulargement accès à de telles informations, qui sont disponibles à l’achat. Detelles fuites n’enlèvent pas aux sociétés leurs obligations normales : il estévidemment inacceptable d’attendre des citoyens angolais de devoir payer desmontants importants à un bureau d’études étranger pour obtenir desinformations sur leurs propres ressources. Les avantages de la confidentialitésont encore remis en question par le fait que Sonangal a déclaré publiquementle montant de la prime à la signature versée pour les blocs à au coursd’une conférence pétrolières organisée à Londres en .

lessive. A mon retour, j’ai rencontré des gens qui m’ont dit que l’UNITA était là

Tous les hommes des Présidents

Le FMI et l’Angola Début avril 2000, le gouvernement angolais et le FMIont initié, en Angola, un programme visant à réduirel’inflation, à améliorer la transparence dans lesactivités du secteur public et à débuter la mise enoeuvre de réformes structurelles décisives. ceprogramme est appelé le Programme contrôlé parle personnel du FMI (PCP). Le FMI et son partenaire,la Banque Mondiale, considère que le PCP est unpremier pas essentiel pour garantir le soutienfinancier international dans le cadre d’un programmede redressement de l’économie.164 En d’autrestermes, il est reconnu de façon implicite qu’après lePCP, le FMI commencera les négociations pour lamise en place d’un programme financier dans lepays. Le PCP comprend un exercice connu sous lenom de « Diagnostic pétrolier ». Il ne s’agit pas d’unaudit complet des revenus pétroliers ni d’une étuderétrospective qui examinera les allégations passéessur les détournement des fonds de l’État.Au lieu decela, il est prévu que l’étude examine si le montantdes revenus générés par les sociétés pétrolières aucours de l’année dernière est le même que lemontant déposé à la Banque Nationale d’Angola.165

Cet exercice comptable sera utilisé pour former desfonctionnaires angolais.

Le diagnostic pétrolier est d’une importancemajeure car il s’agit potentiellement d’un outil trèspuissant pour parvenir à la transparence dans lesecteur pétrolier.Toutefois, il existe un certainnombre de problèmes par rapport à la façon dontle processus a été établi, problèmes qui sontaggravés par le fait qu’il y a eu récemment unemultitude de retards dans la mise à disposition desinformations au FMI et à la Banque Mondiale.166

C’est en avril 2000 qu’on est parvenu à uneaccord initial pour mener ce diagnostic mais il n’estentré en vigueur qu’en novembre 2000 quand legouvernement angolais a annoncé qu’il avait accordéun contrat de 1,6 million de dollars américains àl’entreprise internationale de consultance et decomptabilité KPMG. La mission de KPMG comportedeux phases:165

La première phase était de mener uneévaluation de la situation actuelle. KPMG devaitrassembler et évaluer les informations pertinentesde ces dernières années dans une banque dedonnées. Ces informations comprenaient lesestimations actuelles des réserves confirmées et desréserves probables, le volume actuel de productionde pétrole et le volume prévu, le volume total desexportations et leur valeur, et la division des recettesdes ventes entre les sociétés d’exploitation, Sonangolet le gouvernement. Pour cela, la version finale desaudits privés des comptes des sociétés pétrolières etdes entités publiques comme Sonangol et la BanqueNationale d’Angola était requise. Une attentionparticulière devait être portée au fonctionnementdes facilités financières, telles que le « CabindaTrust » et le « Soyo Palanca Trust », les facilités decrédits à l’exportation du gouvernement augouvernement, ainsi que la situation des dettescroisées entre plusieurs entités telles que Sonangol,la Banque Nationale et le Ministère des Finances.

Sur la base des informations réunies, lesconsultants devaient fournir des prévisions sur 5 ansdes revenus attendus des activités pétrolières etinstituer un système de contrôle pour comparer lesprévisions avec les revenus réels perçus. KPMGdevait former leurs homologues angolais sur lesprocédures utilisées et rendre compte de toutevariation.

Page 41: les hommes des Présidents

alors je suis parti et je me suis caché dans la « mata » (brousse).Ma femme était là

Tous les hommes des Présidents

Un rapport final détaillé devait être produit 18mois après le commencement du projet. Desrecommandations pour améliorer les accordsinstitutionnels de contrôle et la transparence dansles transactions financières liées à l’exploitationpétrolière devaient être formulées auprès dugouvernement et copiées à la Banque Mondiale etau FMI.

La deuxième phase du diagnostic du FMI portaitsur le maintien et le suivi des revenus. Il était estiméque cette phase représenterait 15% de l’effort totalet durerait 12 mois supplémentaires durant lesquelsles auditeurs devaient achever la formation de leurshomologues et s’assurer que le système de suivi etla banque de données étaient bien maintenus.

Si elle était totalement et minutieusement miseen oeuvre et si les rapports appropriés étaient misà la disposition du public, l’étude du diagnosticpétrolier aboutirait certainement à une plus grandetransparence dans la gestion des revenus pétroliersen Angola.Toutefois, cette étude présente uncertain nombre de limitations. L’organisation HumanRights Watch en a fait une critique détaillée.167

Parmi les objections les plus pertinentes on trouveles suivantes :

Bien que l’un des objectifs clés du diagnostic soitla transparence, le gouvernement angolais n’a pasclairement pris l’engagement de rendre publics lesrapports de KPMG.167 Les menaces récentes deSonangol adressées aux sociétés pétrolièresconcernant la publication éventuelle des revenusfiscaux démontre clairement le mépris dugouvernement pour la transparence (Voir Réponsesdes sociétés, page 41).

Le gouvernement angolais doit s’engagerfermement à publier tous les rapports du diagnosticpétrolier dès qu’ils seront disponibles et à s’assurerqu’il seront distribués dans le pays en portugais.Etant donné la gravité probable desrecommandations dans le rapport final de KPMGqui devrait être achevé dans les mois qui viennent, ilest essentiel que le gouvernement angolais le publieentièrement et ce dernier devrait rendre compte

au public angolais de la mise en oeuvre de cesrecommandations.

Le FMI et la Banque Mondiale doivent exigerque le gouvernement publie ces rapports commecondition d’une coopération future. Récemment, leFMI a informé Global Witness qu’il avait étédemandé que soient publiées des informationsrégulières sur les revenus du pétrole commecondition de toute aide supplémentaire.166 Cetteposition doit être maintenue pour que le processusgarde sa crédibilité.

Il manque au diagnostic pétrolier une analyserétrospective des informations sur les revenus avantle commencement de l’exercice, cela malgré lesallégations de Global Witness et d’autresconcernant le pré-financement secret d’achatsd’armes. Il est prévu que KPMG examine lesinformations depuis 1998 comme base decomparaison de la production et des revenusactuels, mais on ne sait pas si ces informationsseront présentées dans les rapports trimestriels desuivi. Les informations antérieures à l’année 2000devraient être incluses dans le premier rapport dudiagnostic, étant donné notamment les importantsversements en liquide réalisés pour payer les primesà la signature au profit de l’État en 1998 et 1999,versements qui semblent avoir été détournés.

Les termes de reférence du diagnostic neprévoient pas non plus d’explication détaillée etpublique répondant aux anomalies identifiées parKPMG. Le gouvernement doit seulement fournirdes « explications suffisantes » concernant les fondsmanquants ; la capacité de KPMG à expliquer cesanomalies dépend donc complètement de la qualitédes informations qui sont mises à sa disposition.Bien que dans certains cas, les divergences puissentêtre dues à des fluctuations dans les prix dupétrole ; dans d’autres cas, elles peuvent être dues àdes détournements d’argent pour l’achat clandestind’armes ou des remboursements d’empruntssecrets passant par Sonangol.

Les termes de référence du diagnosticétablissent explicitement qu’il ne s’agit pas d’une

enquête sur l’utilisation ou le détournement desrevenus pétroliers par des individus au sein dugouvernement. Il est donc capital que legouvernement fournisse – et que les institutionsfinancières multilatérales exigent de recevoir – lesexplications les plus détaillées, vérifiables etpubliques de toutes les anomalies.

Les dispositions pour le renforcement descapacités sont limitées et inefficaces. Il est prévu quele gouvernement assume le suivi après laproduction du rapport final par KPMG. Certainsrapports suggèrent qu’il existe des problèmesstructurels importants dans la séparation desfonctions au sein de la Banque Cnetrale, duMinistère des Finances et Sonangol. 166, 168 En effet, legouvernement lui-même reconnaît que Sonangol,par exemple, opère de façon désuète, qui rappellele passé socialiste récent de l’Angola, au coursduquel « le gouvernement s’immisce dans la gestiondes sociétés de l’État, exigeant que Sonangol traiteles paiements aux institutions et individus de l’État,sans en tirer aucun avantage. [...] Ces ordres neproviennent pas du Trésor, leur nature n’est pasdéfinie [...] et il n’y a d’échange d’informations niavec le Trésor ni avec la banque nationale mêmepour leur enregistrement ».169 La Banque Mondialeet le FMI devraient donc continuer de superviserdirectement les progrès du diagnostic jusqu’à ceque le gouvernement démontre de façon adéquatesa capacité à rendre compte publiquement de cesquestions.

Jusqu’à maintenant, le diagnostic ne s’est pasdéroulé comme prévu. Le processus a fait l’objetd’un certain nombre de retards qui auraient pu êtreévités. Par exemple, KPMG n’a pas reçu le premierrapport du gouvernement, attendu en avril 2001. LeFMI a envoyé une mission en juillet 2001 pourévaluer la mise en oeuvre du PCP sur les six moisprécédents.168 En raison du manque de progrèssubstantiel, le FMI a été obligé de prolonger lesdiscussions jusqu’en octobre. Finalement, legouvernement angolais a accepté une séried’objectifs macroéconomiques indicatifs et une sériede mesures de transparence devant être prisesdurant le reste de l’année 2001.168 Ces dernièrescomprennent l’engagement du gouvernement àpublier des informations sur les revenus pétrolierset autres et à engager une société internationaleindépendante pour appliquer les normescomptables internationales au sein de Sonangol.168

Toutefois, la visite du FMI en octobre n’a pas eu lieuet le gouvernement a déclaré que les conditions duFMI étaient difficiles à remplir en raison du manquede capacités insitutionnelles.169 Finalement, enFévrier 2001, le FMI a déclaré que le PCP n’étaitplus valide. L’intérêt du FMI en Angola estmaintenant reduit aux consultations régulières dansle cadre de l’article IV, pourtant le diagnostique dupétrole ne semble pas être complètementabandonné.234

Un autre point important, indépendamment dumanque de capacités institutionnelles pour réalisertoute analyse retrospective, est qu’il est impératifque le diagnostic examine totalement les anomaliesactuelles dans la circulation des revenus afin de fairela lumière sur la myriade de sociétés et structuresextra territoriales déployées pour piller les revenusde l’État.

Global Witness pense que toute discussionconcernant le soutien potentiel du FMI et de laBanque Mondiale à l’Angola est prématurée tantque les questions présentées ci-dessus ne sont pasabordées.

SociétésPétrolières

Sans transparence sur les revenus de l’Etat, quel est l’avenir des nombreux enfants angolaisréfugiés ?

Page 42: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

Progrès réalisés jusqu’àaujourd’hui

MALGRÉ LES OBJECTIONSsoulignées ci-dessus, diversessociétés pétrolières ont commencéà accepter la nécessité d’une plusgrande transparence des

paiements effectués au profit des gouvernementsnationaux. Toutefois, le degrés d’acceptation de latransparence totale parmi l’ensemble des sociétés clés etles mesures concrètes que les sociétés ont l’intention deprendre ne sont pas très clairs. C’est pour cette raisonqu’en juillet , Global Witness a écrit au DirecteurGénéral de toutes les sociétés pétrolières opérantaujourd’hui en Angola. La lettre soulevait la questionde la complicité des sociétés dans le pillage de l’État etleur financement indirect de la guerre en Angola etconcluait :

« Nous avons pensé qu’il était justifié d’écrire à l’ensemble desdirecteurs généraux des sociétés pétrolières actuellement en activité enAngola pour déterminer quel était leur point de vue personnelconcernant la transparence sur les montants versés par les sociétéspétrolières aux gouvernements nationaux. La question clé ici est desavoir si les sociétés pétrolières souhaitent rester un élément duproblème ou si elles peuvent faire preuve d’assez d’imagination pourparticiper à la solution, avec les avantages immenses que celareprésenterait pour les pays concernés, une réduction importante desfrais généraux pour les sociétés, un prestige potentiel important etl’occasion d’avoir un sérieux impact sur la lutte contre la corruptioninternationale – l’occasion [grâce à une action coopérative] en faitde mettre le terrain à plat, ce qui, nous le savons, est une despréoccupations principales de certaines sociétés. »

Réponses des sociétés

Certaines sociétés pétrolières ont répondu de façonpositive. Ces réponses étaient diverses mais ont montréque la question de la transparence totale des sociétésfaisait partie de leurs préoccupations. D’autres sociétésn’ont donné aucune réponse. D’autres enfin ont expriméleur intérêt par rapport à cette question mais ont refuséd’exprimer leur opinion par écrit.

BP-Amoco

Dans une lettre adressée à Global Witness le février, le directeur général du goupe BP-Amoco RichardOlver déclarait, en plus d’entretenir un dialogue régulieravec la Banque Mondiale et le FMI au sujet de l’Angola,que la société publierait les informations annuellessuivantes concernant ses activités dans le pays:

. Production nette totale pour chaque bloc ;

. Paiements totaux de BP à Sonangol pour ce qui estdes termes de son accord de partage de laproduction ;

. Montants totaux des impôts et cotisations payés parBP au gouvernement angolais.

En plus, BP précisait que le versement récent d’uneprime à la signature de dollars américainspour la bloc angolais , dont BP détient , %, setrouvait dans le rapport annuel de BP Exploration(Angola) Ltd pour l’année déposé auprès dutribunal du commerce. Cette dernière révélation n’estpas liée à un changement dans le politique de BPpuisque la mise à disposition de ces informations faitpartie des obligations auxquelles sont soumises lessociétés britanniques.

BP a déclaré qu’il était nécessaire de rassembler lesinformations des différents blocs dont la société détientune part, que ce soit en tant qu’exploitant ou en tantqu’associé, afin d’éviter d’enfreindre des pointsspécifiques de leur accord de confidentialité avecSonangol. On ne sait pas encore comment ils ontl’intention de publier de telles informations d’ensemble,puisque, bien que BP ait des intérêts dans plusieurs blocsau large de l’Angola, seul le bloc est exploitéactuellement.

L’annonce de BP a reçu une réponse extraordinairede Sonangol. Cette dernière a envoyé une copie de cetteréponse à toutes les autres sociétés pétrolières opérant enAngola comme une menace implicite si elles publiaientles montants de leurs versements. La lettre de Sonangol,qui utilise un style immodéré, accuse BP d’avoir déjàpublié des informations confidentielles non spécifiées etmenace d’invoquer l’Article de leurs accords departage de la production qui établit que « sans préjudiceaux provisions de la loi générale de toute clause contractuelle,Sonangol peut mettre fin à cet accord si l’entrepreneur... dévoile desinformations confidentielles liées à l’exploitation pétrolière sansavoir obtenu précédemment l’autorisation nécessaire ».

Une traduction officieuse de la lettre de Sonangol estprésentée ci-dessous :

Cher Monsieur,C’est avec surprise et incrédulité que nous avons découvert dans

la presse que votre société avait dévoilé des informations, dontcertaines à caractère strictement confidentiel, sur les activitéspétrolières en Angola.

D’après les médias, votre société a promis, dans une lettre datéedu // signée par M. Richard Oliver [Sic] de continuer àfournir de telles informations, violant ainsi les obligations descontrats signés avec Sonangol.

Tous les hommes des Présidents

dans le village.Elle a vu l’UNITA mettre mon père,mon grand-père,ma belle-soeur

« Dans nos activités et relations avec lesautres, nous ne ferons des promesses que surdes engagements dont nous savons que nouspouvons les tenir, sans induire délibérémentles autres en erreur et sans participer outolérer des pratiques commercialescorrompues ou inacceptables ».

Engagement de BP-Amoco en matière deconduite éthique

Page 43: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

En conséquence, nous nous renseignons pour confirmer lavéracité des informations publiées qui, si elles sont vérifiées, sont uneraison suffisante pour appliquer les mesures prévues à l’Article de l’APP [Accord de Partage de la Production] c-à-d. la résiliationdu contrat.

Nous sommes conscients du fait que certaines sociétés ontrécemment subi des pressions de la part de groupes organisés quiutilisent tous les moyens disponibles pour mener une campagneorchestrée contre certaines institutions angolaises en appelant à une« pseudo-transparence » d’actions gouvernementales légitimes.

En tant qu’autorité nationale en matière d’attribution desconcessions, Sonangol est totalement consciente que ses lienséconomiques avec votre société ne devraient pas être mélés à d’autresrelations qui violent gravement les contrats existants afin de s’attirerune crédibilité factice.

Etant donné cette situation, nous recommendons fortement quevotre société respecte scrupuleusement les accords qu’elle a signésavec Sonangol, ainsi que la loi angolaise portant sur laconfidentialité des informations.

Puis-je vous rappeler qu’il existe des voies spécifiques, quidevraient être respectées, pour dévoiler tout type d’informationsautorisées.

Etant donné la gravité de la situation, si la mise à dispositiond’informations par votre société est confirmée et que nous observonsdes dommages moraux ou matériels dus à cela, nous nous réservonsle droit de prendre les mesures nécessaires. Cela tient aussi si vousrépétez de telles pratiques à l’avenir.

Enfin, et dans l’espoir qu’il sera possible de maintenir lesbonnes relations que nous avons toujours eues avec les sociétéspétrolières en Angola, nous décourageons fortement tous nospartenaires à adopter une pareille attitude à l’avenir

Pour finir, veuillez accepter nos meilleurs voeux.[Signé]Le Président du Conseil AdministratifManuel Vicente

La réaction rapide de Sonangol démontre sans aucundoute que le gouvernement angolais n’a pas l’intention(ou très peu) de permettre un examen public plusapprofondi des revenus tirés des ressources naturelles.De plus, cela met également Sonangol dans unesituation fondamentalement en contradiction avecl’esprit du Diagnostic Pétrolier du FMI.

Si les actions du gouvernement sont « légitimes »,pourquoi Sonangol s’oppose-t-elle à la transparence ? Pourquoila transparence totale que« certains groupes organisés »tels que Global Witness ontdemandé est-elle seulement« une pseudo transparence » ?La lettre révèle également uneconfusion malheureuse etéloquente dans l’esprit de M.Vicente entre Sonangol, qui estune société, et l’administrationactuelle du gouvernementangolais. De plus, les menacesmême de Sonangol sontdiscutables car il est peuprobable que la clause deconfidentialité dans les accordsde partage de la production dessociétés porte sur les paiementsau gouvernement.

La lettre de Sonangol révèleque les sociétés pétrolièresopérant en Angola sont dansune situation assez difficile. Ellescourent des risques concernantleur réputation ou leursactivités : soit elles publient etrisquent des représailles, soit

elles se trouvent devant la perspective de se voir accuserde pillage des revenus de l’État et de mauvaise gestiondes revenus par le gouvernement.

La menace de telles représailles est un argument fortpour les gouvernements du Nord et leurs régulateursfinanciers, pour obliger juridiquement les sociétés àpublier ce qu’elles versent à tous les gouvernementsnationaux. Une telle obligation juridique ne laisseraitpas la décision de révéler des informations entre lesmains des sociétés et empêcherait la menace de non-conformité avec les obligations de confidentialité. Lapublication autorisée des montants versés mettrait aussià niveau les concurrents, empêchant les sociétés les plustransparentes et agissant conformément à des principesd’être concurrencées par leurs concurrents moinsscrupuleux (Voir Réglementer la révélation des paiements,page ).

Global Witness pense que l’initiative de BPreprésente une contribution majeure en faveur de latransparence en Angola. Toutefois, la déclaration de lasociété aurait été plus efficace dans le cadre d’unecoalition plus large car, si on cherche à pouvoir réaliserune approximation des revenus du secteur pétrolier enAngola, tous les acteurs principaux doivent révéler leurspaiements et le risque de représailles est moindre si lessociétés forment un front uni. Néanmoins, BP a montréclairement que la question de la transparence totale despaiements des sociétés aux gouvernements nationaux estmaintenant à l’ordre du jour de la responsabilité socialedes sociétés. La société a ainsi établi une nouvelle normeinternationale à laquelle toutes les sociétés doivetnadhérer, y compris BP elle-même.

Statoil

Le Président et directeur général de Statoil, Olav Fjell, aécrit à Global Witness le février , pour rappelerles obligations de la société en matière de comptes-rendus dans le cadre de la loi norvégienne. Statoilsemble avoir un certain nombre de filiales norvégiennesayant un intérêt commercial dans divers blocs pétroliersangolais. Il s’agit de:

● « Statoil Angola AS », qui détient la participation dela société dans le bloc en Angola.

Tous les hommes des Présidents

et quatre enfants dans une maison et y mettre le feu. ... Ils ont tout pris dans le

Kuito criblée de tirs, Angola.

Page 44: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

● « Statoil Angola Block AS », qui représente lesintérêts de la société dans le bloc .

● « Statoil Angola Block AS », qui représente lesintérêts de la société dans le bloc .

Dans le cadre du droit des sociétés norvégien, chacunede ces sociétés est obligée de présenter les montantsdétailés de leurs impôts et des primes à la signature dansles rapports annuels et la comptabilité de chacune dessociétés. Ces rapports sont déposés auprès du « Registredes Comptes Annuels des Sociétés de Brønnøysund »Havnegata , Brønnøysund, Norvège. Tous cesdocuments relèvent du domaine public.

Statoil a également confirmé que la société prévoitque le bloc (exploité par TotalElfFina) débutera saproduction dans le champ « Girassol » en ( en fait,l’exploitation a débuté en décembre ) et que lescomptes annuels de Statoil Angola Block ASprésenteront alors le montant des impôts payés augouvernement angolais dans les rapports de fin d’année.

De plus, Statoil a déjà déposé les comptes de find’année pour et le rapport de « Statoil Angola AS »présente le paiement d’une prime à la signature pour lebloc (dont ,% est détenu par Statoil) de NOK ( dollars américains) dans la Note .

Statoil semble tenir à dire que le degré detransparence concernant ses paiements augouvernement angolais est le même que celui requis enNorvège pour les activités norvégiennes. Il est vrai qu’enNorvège il est aussi facile de trouver des informationsconcernant les paiements au gouvernement angolais quedes informations sur les paiements au gouvernementnorvègien. Cela signifie certainement que la sociétéopère avec un degré de transparence bien plus élevé que lamajorité. Toutefois, ce n’est pas la même chose qued’assurer en Norvège la transparence sur les paiements de lasociété à l’Angola et de mettre ces informations à ladisposition des angolais en Angola.

Royal Dutch/Shell

Le février , un porte-parole du Groupe RoyalDutch/Shell déclarait en réponse aux demandes detransparence : « Nous réfléchissons à une réponse. Commeprincipe d’ensemble, nous sommes engagés en faveur del’ouverture et de la transparence. »

Global Witness a par la suite reçu une lettre duprésident du moment, Sir Mark Moody-Stuart, datée du février , dans laquelle il déclarait que « dans la mesuredu possible, les informations [publication des montantsversés par les sociétés au gouvernements nationaux – ajoutde Global Witness] devraient être révélées. » Il faisaitégalement observer de façon générale que pour obtenir unevision d’ensemble, il serait nécessaire de regrouper ladéclaration de tels paiements par les sociétés et lapublication des informations obtenues grâce à un« programme de suivi pétrolier », tel que celui réalisé parKPMG en Angola.

TotalFinaElf

Bien que TotalFinaElf n’ait pas répondu à la lettre deGlobal Witness, la société semble tenir à prendre le train enmarche après l’annonce de BP. Global Witness a reçu denombreuses demandes de renseignements de la presse quiprésumaient que TotalFinaElf s’était aligné sur ladéclaration de BP concernant la transparence en Angola.D’après l’agence Reuters, le février , etapparement en réponse au communiqué de presse deGlobal Witness au sujet de la lettre de BP, TotalFinaElfannonçait qu’elle avit remis « des informations techniqueset financières détaillées » pour l’étude de diagnosticpétrolier du FMI. Le porte-parole de TotalElfFina était citécomme déclarant : « nous opérons en Angola commepartout ailleurs dans le monde. Nous faisons attention à

n’enfreindre aucune loi qu’elle soit locale, française ouinternationale ». Il ajoutait ensuite, « nous sommes unesociété pétrolière. Nous ne sommes pas des politiques. Nousn’avons rien à cacher sur ce que nous faisons en Angola ».

La coopération avec l’équipe du FMI en Angola est legrand minimum attendu de la part de toute société opéranten Angola. Sinon, la société saperait activement les effortsd’une institution intergouvernementale importante. Cela neconstitue cependant pas un acte de transparence publique.L’affirmation que la société n’est pas « politique » suggèrequ’elle considère la publication des informations sur lespaiements au gouvernement angolais comme un actepolitique. Il s’agit d’une appellation impropre car un telconcept pourrait également s’appliquer au fait qu’unesociété choisisse de ne pas publier d’information sur lespaiements.

Si, comme l’affirme son porte-parole, la société « n’arien à cacher sur ce que nous faisons en Angola », pourquoine pas publier ces informations ?

BHP Petroleum

BHP a écrit à Global Witness le mars . La sociétéaffirmait qu’elle ne produisait pas actuellement de pétroleen Angola et qu’elle ne pouvait donc pas publierd’information sur les montants versés au gouvernementangolais. Dans une lettre ultérieure, datée du er mai ,écrite pour clarifier sa position sur les revenus à venir, lasociété déclarait qu’elle réexaminerait la question de lapublication des informations en relation avec les« contraintes de toute clause de confidentialité qui pourraitêtre en vigueur à ce moment là. En attendant, nous allonscontinuer à coopérer avec l’étude de KPMG sur le secteurpétrolier en Angola. »

Global Witness conseille vivement à BHP de réexaminersa position concernant la transparence totale et de sejoindre à un consensus naissant sur le besoin de révéler lemontant des paiements avant qu’elle ne commence laproduction dans le pays. Elle devrait aussi publier desinformations relatives aux primes à la signature qui ont déjàété payées.

Tous les hommes des Présidents

village, toutes les chèvres, les vaches et les habits. Ils ont emporté beaucoup de

TotalFinaElf – vont-ils adopter la transparence ?

Page 45: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

jeunes garçons et de jeunes filles pour porter tout ce qu’ils avaient pris.» – Un réfugié,

Petrobras

La filiale de Petrobras Internacional en Angola a envoyéune lettre à Global Witness datée du mai . Lasociété déclare qu’elle a « de longue date une politiques’appliquant à toutes ses activités ... [et] ... consistant àmener ses affaires de façon éthique et transparente ».Toutefois, concernant la question des impôts et desroyalties, la lettre poursuit en affirmant que « nouspouvons [ainsi] vous assurer que la société a suivi tous sesengagements en suivant strictement toutes les obligationsdes contrats signés avec les gouvernements des paysd’accueil ».

Petrobras a adopté une ligne de conduite positive sur latransparence – au moins sur la transparence concernantles montants versés pour les fonds sociaux et les impôtspayés aux autorités locales et brésiliennes. Leur siteinternet fournit des informations sous la rubrique :« Impôts sur les revenus pour les fin. et services àl’étranger », mais on ne sait pas ce que recouvre cetterubrique. Au mieux, elle pourrait représenter les impôtspayés dans tous les pays où la société opère, simplementadditionnés. Global Witness veut faire respecter sesprincipes éthiques et de transparence à la société etdemande qu’elle pratique la transparence totale dans tousles pays où elle opère. D’autres sociétés devraient prendrenote de la forme sous laquelle sont présentées lesinformations concernant les paiements sur le site internetde Petrobras, car cette présentation est bien meilleure, dupoint de vue de l’accès pour le public, que les rapports dessociétés déposés auprès du tribunal du commerce.

Les autres sociétés : évitent-elles leproblème ?

A l’heure où nous mettions sous presse, plusieurs grandessociétés pétrolières, y compris Exxon Mobil, ChevronTexaco et TotalFinaElf, n’avaient toujours pas répondu àla lettre de Global Witness et n’avaient toujours pas fait dedéclaration de presse concernant ce problème. Cela esttrès préoccupant, surtout étant donné le rôle dominant des

activités de ChevronTexaco et TotalFinaElf en termes deproduction pétrolière.

En même temps, il semble qu’il existe une culture del’hypocrisie car ces sociétés semblent tenir à laisserentendre que leur comportement est au-dessus de toutreproche. Exxon prétend que « dans tous les pays et toutesles communautés dans lesquelles nous opérons Exxons’engage à mener ses affaires conformément aux normeséthiques et à l’intégrité les plus rigoureuses. » De lamême façon, Chevron affirme que « nous mènerons nosaffaires de façon éthique et socialement responsable ...Nous respecterons la loi, soutiendrons les droits del’homme et améliorerons la qualité de vie descommunautés dans lesquelles nous travaillons. »

Il est intéressant de noter que l’examen du site internetde TotalFinaElf n’a révélé aucun commentaire sur laposition de la société concernant la responsabilité socialede la société et son comportement éthique. Des sourcesindiquent qu’en fait la société a produit un document dedix pages qui décrit la politique de la société en matièred’éthique. Toutefois, il semble que TotalFinaElf netienne pas à signaler son existence. Des sources indiquentque ce document représente une déclaration d’intentionde la société plutôt qu’une réelle politique. Tout réelengagement de la part de la société reste non vérifié tandisque ses déclarations restent non disponibles et nonvérifiées par le public.

Les appels à la transparence s’appliquent bien sûr de lamême façon à Sonangol. Toutefois, au vu de l’objectionviolente de la société à la politique de transparence de BPpar rapport à ses paiements au gouvernement angolais,Global Witness ne prévoit pas de changement rapide de lapart de la société en ce qui concerne la transparence.

Bien que Sonangol ait ébranlé l’esprit du PCP du FMI,le FMI doit continuer à faire pression sur les sociétés et àdemander la transparence totale comme condition detoute aide multilatérale supplémentaire à l’Angola.

Tous les hommes des Présidents

Programmes sociaux des sociétés Toute personne visitant l’Angola tombe rapidement sur l’un des diversprojets sociaux des sociétés pétrolières. Ces projets bien intentionnéssont variés mais comprennent la construction d’écoles et d’installationsmédicales, la reconstruction de bâtiments et autres. Bien qu’il soitdifficile de condamner de telles initiatives, elles ne vont pas bien avec lapolitique de complicité en faveur de la mauvaise gestion et du pillage àgrande échelle des revenus pétroliers de l’Angola par l’élite au pouvoir.Une telle philanthropie de la part des sociétés qui choisissent d’affaiblirla société civile en n’étant pas transparentes sur les montants qu’ellesversent aux gouvernements semble là pour soulager une mauvaiseconscience plutôt que faire preuve d’une citoyenneté mondialeresponsable.

La gestion de ces projets est également préoccupante et il pourraits’agir en fait de pots-de-vin dissimulés aux élites au pouvoir.160, 190

Global Witness ne tient pas aujourd’hui à mettre l’accent sur lesprogrammes sociaux des sociétés pétrolières, mais pense que tous lesprogrammes sociaux devraient faire l’objet d’un audit à la fois sur lesobjectifs des projets et sur leur coût. Les résultats devraient être misgratuitement à la disposition du public dans le pays concerné.

De telles préoccupations sont intensifées par un pseudoprogramme de développement joint Sonangol / société pétrolièreinternationale de 40 millions de dollars dont les sociétés pétrolièrestenaient à souligner l’existence en 2001. Si ce programme était bienmené, en suivant les principes ci-dessus, il pourrait s’agir d’une bonneinitiative mais quels que soient les mérites de ce programme, lessociétés pétrolières devraient prendre note du fait que les projets bienintentionnés ne remplacent pas la transparence sur les paiements augouvernement angolais.

Comment l’absence de transparence de Sonangol peut-elle êtrecohérente avec son image de « force vive du développement enAngola » ?

Page 46: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

Tous les hommes des Présidents

début 2001a « Le 7 mars 2000, les FAA sont venues dans le village et ont pris 16

La responsabilité sociale dessociétés – une opinion véritable ouun simple exercice de relationpublique ? La responsabilité sociale des sociétés est en général définie« comme le concept qu’une entreprise est responsable de sonimpact sur toutes les parties concernées. » 191 Les partiesconcernées sont traditionnellement considérées comme étantcelles sur lesquelles les activités de la société ont un impact.Toutefois, cette définition des responsabilités est arbitraire etlimitée et d’après Global Witness, lorsqu’il s’agit du secteur desressources naturelles, le concept de responsabilité sociale dessociétés (RSS) devrait aussi inclure les personnes à qui cesressources appartiennent en fin de compte, à savoir lapopulation du pays. Cette relation est définie de façon explicitedans la loi angolaise No 13/78, qui établit que « toute réserved’hydrocarbures liquides ou gazeux ... appartient au peupleangolais, sous la forme de propriété de l’État. » En ne publiantpas ce qu’elle paie, toute société d’exploitation pétrolière non-transparente opérant en Angola viole les principes véritablesde la RSS puisque la société civile et la population en généralsont délibérément exclues du dialogue sur la gouvernance desressources en Angola. Global Witness soutient donc que ladéfinition de la responsabilité des sociétés doit être attachée àla mise en oeuvre de pratiques commerciales transparentes etresponsables.

Cette définition plus large de la RSS, qui doit comprendredes mesures visant à tenir les grandes sociétés responsables deleurs actes, fait l’objet d’une reconnaissance croissante. Uncertain nombre de forums internationaux ont maintenantétabli, ou sont en train d’établir, la transparence des paiementsdes sociétés aux gouvernements nationaux comme faisantpartie de leurs pratiques courantes. En effet, plusieurs grandsgroupes pétroliers en Angola ont déjà souscrit à ces principesgénéraux en devenant signataires de certains codes volontairesde bonne conduite des sociétés décrits ci-dessous.

L’initiative mondiale sur les rapports deperformance – la GRI L’initiative mondiale sur les rapports de performance (GlobalReporting Initiative – GRI) a été créée en 1997 par la Coalitionpour les Economies Environnementalement Responsables et lePNUE pour développer « des directives applicables au niveaumondial sur les rapports des performances économiques,environnementales et sociales » et pour rendre « les rapportssur la durabilité aussi systématiques et crédibles que lacomptabilité financière en termes de comparabilité, de rigueuret de vérifiabilité. » 192 La GRI est en partie un exercice decontrôle de qualité – environ 2000 sociétés mondiales rendentcompte de divers aspects de leurs performances économiques,sociales et environnementales, mais pour la majorité, lesinformations sont actuellement « incohérentes, incomplètes etnon vérifiées. » 192

Les indicateurs économiques que la GRI épousecomprennent une ventilation détaillées des bénéfices, desrendements du capital utilisé et des dividendes par régiongéographique.193 Les directives spécifiées au chapitre 6.51recommandent plus particulièrement que les sociétésparticipantes publient « les impôts payés à toutes les autoritésfiscales. » 193

Shell,Texaco,194TotalFinaElf, et Halliburton (une société deservices pétroliers) se sont engagés à examiner les directivespour un compte-rendu de durabilité et envisagent de publier uncompte-rendu complet de durabilité.195 Bien que ces sociétésaient en théorie fait un effort pour contribuer de façonconstructive à la révision de ces directives, il est nécessaire declarifier de façon urgente leur engagement actuel pour savoir s’ilimplique que ces sociétés vont commencer à rendre comptedes « impôts payés à toutes les autorités fiscales ».

Les directives de l’OCDE pour les entreprisesmulti-nationales et les principes degouvernance des sociétés.Les nouvelles directives de l’OCDE sur les entreprisesmultinationales de 2000 et ses principes de gouvernance dessociétés publiés 1999, reconnaissent l’importance de lapublication des informations. Le chapitre IV des principes sur« la publication et la transparence » indique qu’ » un régimefort de publication des informations est une caractéristiqueessentielle du contrôle des sociétés par le marché et qu’il estcrucial pour que les actionnaires puissent exercer leurs droitsde vote ... la publication des informations peut être un moyenpuissant d’influencer le comportement des sociétés et deprotéger les investisseurs. » 196 Après le scandale d’Enron, quellegrande société peut se permettre de ne pas faire de lapublication des informations une pratique courante ?

Le régime proposé de publication des informationsnécessite que les sociétés assurent la publication rapided’informations précises sur tous les aspects matérielsconcernant la société, y compris la situation financière, lesperformances, la gouvernance de la société et ses propriétaireset que de telles « informations soient préparées, auditées etpubliées en respectant les normes de qualité liées à lapublication et la vérification des informations comptables,financières et non-financières. » 197 De façon plus spécifique, lesPrincipes indiquent qu’ « il est important que les transactionsd’un groupe entier soient publiées. Sans doute, une mauvaisegouvernance peut souvent être liée à l’absence d’informationssur la « situation d’ensemble », surtout là où des rubriqueshors bilan sont utilisées pour fournir des garanties ou desengagements similaires. » 198 L’Article III(1) des Directives établitque les informations devraient également être publiées « paractivité et par zone géographique ».

En prenant en compte l’ensemble de ces obligations, il estdifficile de voir pourquoi les normes de qualité comptable et lareconnaissance des droits des parties concernées necomprennent pas des informations précises sur les paiementsd’impôts aux autorités nationales. Ce rapport souligne lanécessité de prendre en compte la « situation d’ensemble » dela gouvernance des grandes sociétés en Angola. Global Witnessconseille donc vivement à l’OCDE de prendre des mesuresimmédiates pour corriger cette négligence concernant lapublication des informations.

L’Entente Mondiale des Nations UniesInitiée par le Secrétaire des Nations Unies Kofi Annan, l’EntenteMondiale est un processus visant à « développer uneinterprétation commune de la façon dont le secteur privé peutcontribuer à construire la paix et la sécurité dans des zones deconflit. » 199 L’Entente a organisé un dialogue inaugural en mars2001199 et les participants ont souligné que la transparencetotale était une question clé pour réparer le financementdélibéré et involontaire de programmes économiques quipeuvent être à la base de conflits locaux ou régionaux. Despropositions spécifiques sont maintenant disponibles après ladeuxième réunion de l’Entente en octobre 2001 : une politiquede totale transparence doit maintenant être mise en oeuvre.

Le Livre Blanc de l’UE sur la responsabilité desgrandes sociétésLa Commission Européenne a récemment présenté un LivreBlanc encourageant la création d’un cadre européen en faveurde la responsabilité sociale des sociétés.200 Ce document lancele débat sur la façon dont l’Union Européenne peutencourager la responsabilité sociale des sociétés au niveaueuropéen et au niveau international et invite les autoritéspubliques, les entreprises, les partenaires sociaux, les ONG etles autres parties interessées à exprimer leur point de vue.Comme pour le processus de l’Entente Mondiale, il estimpératif que les États membres de l’UE comprennent lanécessité d’encourager la transparence et la prise deresponsabilité des sociétés plutôt que d’encouragersimplement la philantropie volontaire de leur part.

Page 47: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

ou 17 personnes... nous étions derrière le groupe et j’ai entendu des coups de feu

Tous les hommes des Présidents

Contrairement à l’Entente Mondiale, les autorités européennespeuvent, et doivent, légiférer directement sur cette question.Les gouvernements des États membres ont peu de raisonssemble-t-il de ne pas poursuivre dans ce sens pour rendreobligatoire, dans la réglementation commerciale nationale, lapublication des montants totaux versés aux gouvernements lesaccueillant. Ceci est d’autant plus vrai que l’intention déclaréedu document est de « développer un cadre européen, enpartenariat avec les acteurs principaux de la responsabilitésociale des sociétés, visant à promouvoir la transparence, lacohérence et un code de bonne conduite pour la RSS » 201 etque le document reconnaît de plus que « les codes deconduite ne sont pas une alternative aux lois et règles fermesnationales, européennes et internationales ... [qui] assurent desnormes minimales applicables à tous. » 202

En fait, il existe déjà un précédent législatif dans l’Accord deCotonou sur l’aide de l’UE aux États ACP (Afrique, Caraïbes,Pacifique) qui indique que la lutte contre la corruption est unélément fondamental de l’aide au développement à venir et faitexplicitement référence à la corruption comme problèmemajeur pour le développement. L’Article 9 (3) en particulierétablit que la bonne gouvernance est « la gestion transparenteet responsable des ressources humaines, naturelles,économiques et financières pour un développement équitableet durable. Elle nécessite des procédures claires de prise dedécision au niveau des autorités publiques, des institutionstransparentes et responsables, la primauté de la loi dans lagestion et la distribution des ressources et le renforcement descapacités pour l’élaboration et la mise en oeuvre de mesuresvisant particulièrement à prevenir et à lutter contre lacorruption. La bonne gouvernance ... constitue un élementfondamental de cet Accord. » Dans l’intérêt d’ungouvernement joint, il semble inutile de déterminer l’aide audéveloppement sur cette base, alors que les négligences sur lesactivités des entreprises multinationales inscrites en Europepeuvent réellement nuire aux mêmes objectifs.

Le Conseil Mondial du Commerce pour leDéveloppement Durable (CMCDD)Le CMCDD est une coalition de 150 sociétés internationalesqui partagent un intérêt pour les principes du développement

durable.203 Le groupe du CMCDD s’est penché sur un certainnombre de questions clés portant sur la responsabilité sociale,questions qui comprennent entre autres : valeurs etgouvernance, réglementations et contrôle, transparence etpublication des informations, droits de l’homme et impactsocial. Il est évident que la transparence totale, certainementdans le contexte angolais, est liée à de tels concepts. LeCMCDD pourrait fournir les conditions idéales pour servir deforum pour discuter de la façon dont la transparence totalepeut progresser puisque le groupe compte les sociétésd’exploitation pétrolière suivantes qui sont présentes enAngola : BHP, Norsk Hydro, Shell International, Statoil et Texaco.

Investissements éthiques et transparenceLes fonds d’investissement éthique sont devenus des véhiculesd’investissement importants – notamment parce qu’ils ont defaçon générale bénéficié de taux de croissance supérieurs auxmoyennes des marchés boursiers de long terme. De plus,l’existence même d’un « secteur éthique » a servi de catalyseurau développement de critères d’investissement dans l’industriede la gestion des fonds, dont les membres ont fini parcomprendre qu’une bonne gestion suivant certains principesest une bonne chose pour l’augmentation des résultats ettiennent naturellement à éviter d’être étiquetés commeinvestisseurs « non-éthiques ».

De nombreux fonds d’investissement détiennent desparticipations importantes dans les sociétés pétrolières et aufur et à mesure que la définition de ce qui constitue uncomportement social acceptable des sociétés évolue et que lesgestionnaires des fonds s’intéressent de plus en plus àl’introduction de la transparence totale comme critère définitifdes décisions d’investissement, le risque de désinvestissementet de chute du prix des actions augmente.

De la même façon, les sociétés pétrolières classées figurantdans les indices d’investissement qui ont été créés pourreconnaître et récompenser les leaders de la responsabilitésociale – tels que l’indice Groupe Dow Jones Durable (BP,Texaco, Norsk Hydro et Shell) et l’indice FTSE4GOOD (BP etShell) – pourraient trouver que leur place est menacée si ellesne sont pas transparentes sur leurs paiements à l’État angolais.

Responsables devant qui ? Le refus des sociétés pétrolières de publier ce qu’elles payent démontre leur mépris pour les citoyensangolais.

Page 48: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

alors nous nous sommes cachés dans les herbes hautes d’un champ à côté duquel

il est peu probable (et il serait fort éloquent) qu’une sociéténe soit plus cotée sur une Bourse internationale pour éviterla transparence.

D’après Global Witness, cela fait partie des attributions desprincipaux organismes de contrôle. La plupart des marchés detitres ont le pouvoir de révéler des informations dans l’intérêtdu public, pouvoir qui est distinct de leur obligation de révélerles risques pour les investisseurs. Le langage juridique lié auxrévélations dans l’intérêt du public est en général interprété demanière assez stricte « pour être limité par les objets des statutsà l’émission » mais Global Witness pense que l’histoire généraledu contrôle des titres montre que la publication d’informationsfinancières sur les sociétés a clairement été utilisée pour jouersur la façon dont les grandes sociétés sont gérées et tenuesresponsables de leurs actes. La loi de sur les marchés detitres qui a créé la SEC (Commission américaine des titres etéchanges), par exemple, précise dans les sections , , et que les obligations en matière d’inscription, de comptes-renduset de réglementation concernant les titres sont sujettes auxconditions, règles et réglementations prescrites par lacommission « comme nécessaires et appropriées dans l’intérêtdu public ou pour la protection des investisseurs. »

Nommé par le Président Roosevelt pour faire aboutir la loisur les titres de , Felix Frankfurter écrivait au mois d’aoûtde la même année dans le magazine Fortune : « La loi sur lestitres est solide dans la mesure où la publicité est forte ; elle estfragile dans la mesure où la publicité n’est pas suffisante...L’existence de primes, de commissions et salaires excessifs, delistes préférentielles et autres avantages de ce genre peuvent êtreconnus de tous ceux qui savent mais ceux qui savent sont peunombreux. De telles transactions sont de qualité décroissante ;obliger à les mettre au grand jour les limite grandement. Denombreuses pratiques se déroulant en tout tranquilité en privéperdent leur justification en public. Ainsi, les normes socialesnouvellement définies s’établissent peu à peu comme nouvellespratiques d’affaires ». De telles déclarations montrentclairement que la SEC devrait exiger la publication des revenuspar les sociétés d’exploitation des ressources naturelles dans tousles pays où elles exercent une activité.

Global Witness croit fermement que des réglementationsexigeant la publication des paiements au profit de tous lesgouvernements nationaux constitueraient une mesureimmédiate et efficace pour que les principaux marchésnationaux de titres encouragent la transparence et la prise deresponsabilité au sein de l’industrie mondiale de l’exploitationdes ressources naturelles. De plus, une telle réglementationserait une aubaine pour l’industrie elle-même.

Tous les hommes des Présidents

Réglementer lapublication desmontants versés

IL EST URGENT que les sociétéspétrolières adoptent une politique de totaletransparence en Angola et pourtant lesmenaces de Sonangol adressées à BPmontrent le danger qui existe à remettre

en question le status quo et à mettre à l’épreuve lesintérêts de l’élite au pouvoir.

Au-delà de la nécessité d’une action collective dela part des sociétés pétrolières regroupées en un blocconsolidé, Global Witness pense qu’il y a maintenantde bonnes raisons pour que les gouvernements duNord et leurs organismes de contrôle financier telsque la Commission américaine des titres et échangesou l’Agence britannique des services financiers,interviennent et forcent juridiquement les sociétés àrévéler les montants versés à tous les gouvernementsnationaux dans leurs comptes consolidés et les comptes desfiliales. L’obligation juridique pour les sociétés de publier cequ’elles versent à tous les gouvernements nationaux resoudraitun certain nombre de problèmes étroitement liés qui ontjusqu’à maintenant contrecarré les tentatives volontaires detransparence.

L’obligation de rendre public le montant des paiementsaurait pour effet de:

● Mettre le terrain à plat entre les concurrents, pourempêcher les sociétés les plus transparentes et qui obéissentà des principes d’être concurrencées par leurs concurrentsles moins scrupuleux.

● Eliminer les préoccupations concernant les clauses deconfidentialité qui bâillonnent les sociétés souhaitant publierles informations sur leurs paiements. De tels contratscomprennent une clause de sortie exemptant lesinformations qui doivent être dévoilées en raison dedispositions réglementaires. Par exemple, l’Article () del’Accord de Partage de la Production en eaux profondesétablit que « chaque partie peut, sans obtenir une tellepermission, révéler de telles informations ... c) dans lamesure requise par toute loi applicable, dispositionréglementaire ou règle (y compris, sans limitation, touteréglementation ou règle de tout organisme de contrôle,commission des titres ou marché de titres sur lequel figurentles titres de telle partie ou de ses filiales). »

● Traiter du problème de la non-transparence dans tous lespays d’opération. La non-transparence va devenir unproblème croissant au fur et à mesure que les activités liées àl’exploitation des ressources naturelles se déroulent de façoncroissante dans les pays les moins développés où la sociétécivile et la transparence du gouvernement sontproportionnellement plus fragiles.

● Dépolitiser la question de la publication des paiements dansles régimes autoritaires et permettre aux sociétés une plusgrande liberté concernant l’adoption d’un comportementresponsable. Il est probable que la publication de ce qui estversé à de tels régimes aura pour effet d’encourager une plusgrande transparence et une meilleure gouvernance fiscalepar défaut.

● Eliminer un système international à deux poids deuxmesures concernant la transparence dans le Nord et dans leSud.

● Entraîner des coûts minimaux puisque les sociétés saventdéjà ce qu’elles versent à des fins de comptabilité interne.

● Intégrer tous les acteurs géants et super-géants du secteur –

Les habitants de Boa Vista à Luanda ont été déplacés de force à la menace du fusil en pour faire place à un réaménagement. Au profit de qui, leurs droits civils et lesdroits de l’homme ont été violés ?

Page 49: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

nous passions...pas très loin de là où nous étions,et c’était comme si quelqu’un

Tous les hommes des Présidents

Les risques de complicité Les liens directs ou la complicité indirecte avec unrégime corrompu, néo-autoritaire comportent uncertain nombre de risques de crédit associés pour lesinvestisseurs, y compris:

Le risque lié à la réputation : Les sociétéscomplices d’un régime néo-autoritaire corrompu etl’affaiblissement d’une société civile naissante risqueévidemment leur réputation.Au fur et à mesure quela question de la transparence prend sa place dans lesdécisions d’investissements éthiques et plustraditionnels, les société non transparente peuvents’attendre à disparaître des indices progressifsd’investissment tels que les indices du GroupeDurable du Dow Jones et du FTSE4GOOD et à nepas passer au crible des critères sociaux attachées auxfonds éthiques (Voir La responsabilité sociale desgrandes sociétés, page 45).

La non-transparence comme risqued’investissement direct : Il est reconnu de façongénérale dans le monde de l’investissement, surtout àla lumière du scandale d’Enron, que la bonnegouvernance d’une société et les systèmes de gestionet comptabilité en place dans une société socialementresponsable lui confèrent un avantage direct quant àses performances financières. Inversement, si lessociétés ne sont pas transparentes sur leurspaiements aux gouvernements nationaux, si ellescherchent à éviter l’examen de leurs relationsfinancières et si elles tiennent des comptes parallèles,il y a peu d’espoir que la gouvernance des sociétés etles structures de gestion soient efficaces et/ouresponsables.

L’ « Effet Suharto » : Comme l’a prouvé le régimeSuharto en Indonésie, des gouvernementsapparemment invulnérables ont tendance à sedésagréger très rapidement. Là où il y a eusuppression énorme des droits de l’homme et de laliberté d’expression – comme en Angola aujourd’hui– il y a habituellement une période de jugement unefois que le gouvernement suivant prend le pouvoir. Ilest probable que tout gouvernement angolais à venirexamine attentivement ceux qui sont considéréscomme complices du régime actuel. Les actionnairesde telles sociétés pourraient bien être ceux quifiniront par payer l’addition.

Litiges et dettes directement liés à desactivités corrompues : Global Witness pense quedes informations se font jour qui pourraient faciliterles poursuites contre des individus et des sociétésdans le cadre de la législation nationale criminalisantles tentatives de corruption des fonctionnaires, celagrâce à la convention de l’OCDE sur la lutte contreles tentatives de corruption des fonctionnaires dansles transactions commerciales internationales.

Refus de crédit : Les investigations de GlobalWitness en Angola montrent que les banques et lesorganismes de crédits à l’exportation ont manqué devérifier si les fonds accordés avaient été utiliséscomme prévu. Cela comporte un risque dedétournement des fonds et la cessation de paiementdes dettes.Au fur et à mesure que de tellesinstitutions exigeront une plus grande transparence etdes déclarations de non corruption de la part desbénéficiaires des financements, les sociétés nontransparentes pourraient se voir refuser de nouvelleslignes de crédit.

La vérité sur lepaiement des impôts augouvernement angolaisen 2000 – un autreexemple de fondsdétournés ?

MALGRÉ LA RÉSISTANCE dessociétés et du gouvernementangolais à rendre publiques lesinformations sur les revenus,Global Witness a le plaisir de

révéler ces informations pour la première fois pour l’an. Nous espérons que ces informationsencourageront une plus grande transparence financièreau sein du gouvernement et une plus grandesurveillance de l’extérieur. Bien sûr, la mise àdisposition d’informations informelles ne peut sesubstituer à un compte-rendu ouvert et transparent :Global Witness invite maintenant toutes les parties àouvrir leur comptabilité.

Les sociétés qui ne sont pas transparentes sontcomplices du pillage de l’État car elles empêchentactivement la société civile de demander des comptesau gouvernement – le « complicitéométre » qui suitdonne une idée de la mesure dans laquelle les sociétéspétrolières dissimulent activement leurs paiements. Plusles contributions de la société aux revenus de l’État sontimportantes, plus le degré de sa responsabilité parrapport au peuple angolais est élevé et il est doncd’autant plus urgent que la société devienne totalementtransparente. La situation va changer de façonimportante avec la mise en exploitation de blocs telsque les blocs et , qui signifie que des sociétéscomme ExxonMobil et BP vont gagner leur placeparmi les producteurs les plus complices. Bien sûr, siBP tient sa promesse de rendre publics ses paiementsau gouvernement angolais, la société ne sera pascoupable de complicité dans l’expropriation descitoyens angolais.

Il est inquiétant de constater que millions dedollars américains ont disparu inexplicablement entrele Ministère du Pétrole et le Ministère des Finances. LeMinistère du Pétrole rend compte de , milliards dedollars américains ( , Kz) d’impôtspayés à l’État angolais, tandis que le Ministère desFinances rend compte de , milliards de dollarsaméricains ( Kz) reçus durant lamême période. Bien que cette différence puisse êtredue en partie à l’utilisation de taux de change différentsdans les calculs, Global Witness conseille vivement augouvernement angolais de clarifier immédiatementcette situation très inhabituelle. Le message est clair :les revenus du pétrole souffrent d’hémorragie de l’Étatformel et des mécanismes de contrôle confus et ladésorganisation bureaucratique règnent. Les chiffresqui émergent du diagnostic de FMI suggèrent que cetrou comptable (bien que comprenant aussi desinformations sur les prêts) pourrait être passé à ,milliard en .

Page 50: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

Tous les hommes des Présidents

venait juste de tuer des chèvres,du sang partout et tous les gens étaient par terre

Complicité-o-mètre

Impôts versés par les sociétéspétrolières au gouvernement angolais en2000 Le terme complicité est défini ici comme l’absence de transparence dessociétés pétrolières sur les montants versés au gouvernement angolaispour leurs activités de production pétrolière. La hauteur des barils (pasà l’échelle) reflète les paiements connus pour les sociétés quiproduisaient du pétrole en 2000. Il faut noter que ces informationsn’ont pas été fournies par les sociétés pétrolières concernées maisqu’elles sont issues des documents internes du gouvernement angolais.

Les sociétés qui vont commencer bientôt l’exploitation pétrole mais quichoisissent de rester non-transparentes sur les montants versés augouvernement seront ajoutées au complicité-o-mètre.

Millions de dollars US% du montant total des impôts versés

Montant total des impôts versés :3 801 millions de dollars.

Autres18

0,5%

Texaco18

0,5%

Braspetro19

0,5%

TotalFinaElf3699,7%

Note : Galpenergia détient Petrogal, Petrobras détient Braspetro. Depuis 2000,Texaco a été repris par Chevron – le nouveau groupe s’appelle ChevronTexaco.

Petrogal13

0,3%

Agip3098,1%

Sonangol1 37036,0%

Chevron1 68544,3%

Page 51: les hommes des Présidents

SociétésPétrolières

La complicité des sociétéspétrolières – conclusion

TANDIS QUE Global Witness reconnaîtles difficultés auxquelles les sociétés sontconfrontées quand elles envisagent dechanger leur système de présentation descomptes, il est clair que celles qui opèrent

en Angola ont une responsabilité particulière vis à vis de lapopulation angolaise, dont elles exploitent les ressources.Cela va beaucoup plus loin que de mettre en oeuvre desprogrammes sociaux pour promouvoir la bonne volonté dessociétés et doit comprendre des changements dans lespratiques de présentation des comptes pour inclure tous lespaiements réalisés au profit du gouvernement angolais.

Les actions de BP ont démontré l’acceptation duprincipe que la bonne gouvernance des sociétés exige latransparence totale des paiements des sociétés auxgouvernements nationaux. D’autres sociétés, commeStatoil, font déjà preuve d’un degré élevé de transparenceconcernant leurs paiements au gouvernement angolais encréant une société différente pour l’exploitation de chaquebloc différent, ce qui signifie que les paiements d’impôts àl’étranger sont relativement précis.

Malgré le besoin évident de transparence totale et le faitque la définition de la bonne gouvernance des sociétés esten train de changer rapidement pour exiger une telletransparence, il est difficile de comprendre l’incroyablerésistance de certains. Ces sociétés ont-elles quelque chose àcacher ?

Les sociétés qui évitent la question ne sont rendent passeulement complices du vol à grande échelle des fonds de‘État – s’élevant apparemment à un tiers de l’ensemble desrevenus de l’État en – mais feront manifestement deuxpoids deux mesures concernant leur responsabilité sociale etleur comportement éthique et s’exposeront à un risqueconsidérable pour leur réputation. Les sociétés ne coopérantpas risquent non seulement de perdre leur bonne réputationet celle de leurs investisseurs, elles contribuent aussi à saperla confiance dans l’industrie toute entière concernant sacapacité à régler le problème du pillage des revenus del’État et des désastres politiques et environnementauxpassés. Elles démontrent aussi leur mépris de la situationdésespérée dans laquelle se trouve la population angolaise.Comparez les , milliards de dollars disparus en avecles millions de dollars que les Nations Unies ontdifficilement réussi à rassembler pourfournir une aide alimentaire au millionde réfugiés en Angola.

Global Witness a le plaisir de révélerles montants des paiements des sociétéspétrolières au gouvernement angolaispour l’an . ChevronTexaco etTotalFinaElf sont en tête de liste descontributions cachées : ces deux sociétéssont aussi notables pour leur refus departiciper aux discussions sur latransparence. Les informations montrentun trou noir dans les comptes pétroliersformels de l’État : quelque millionsde dollars américains ont disparu entreles montants rendus par le Ministère duPétrole et ceux rendus par le Ministèredes Finances.

Global Witness a déjà fait l’expériencede fortes résistances au changement dansle passé – peut-être plus particulièrementdans le secteur du commerceinternational des diamants. Toutefois,une fois que le monde du commerce des

diamants avait reconnu que les pratiques passées étaientinacceptables et ne seraient plus tolérées, il est devenu deleur intérêt commercial de changer. Le principe de la bonnegouvernance des sociétés est maintenant en train dechanger pour exiger la transparence totale des montantsversés par les sociétés aux gouvernements nationaux.

Sous les menaces de représailles de Sonangol, lesapproches unilatérales, volontaires telles que celle adoptéepar BP ont montré qu’elles étaient problématiques – maisBP va peut-être décidé de publier quand-même sesinformations. Il est évident que les sociétés pétrolières lesplus responsables se trouvent dans une situation difficile oùelles doivent soit revenir sur les engagements qu’elles ontdéjà pris dans un certain nombre de forums sur laresponsabilité sociale des sociétés soit aliéner leurspartenaires commerciaux nationaux. Il semble que lessociétés pétrolières ne peuvent pas faire cavalier seul sansprendre le risque d’être concurrencées par des concurrentsmoins scrupuleux. Global Witness conseille donc vivementaux sociétés pétrolières opérant dans le pays d’adopterensemble une politique de totale transparence.

Dans ce contexte, la solution la plus simple et la plusefficace à ce problème est l’obligation imposée par lesorganismes de contrôle financier tels que la Commissionaméricaine des titres et échanges (SEC) de publier lesmontants totaux des paiements réalisés au profit de toutesles juridictions dans lesquelles les principales sociétés dusecteur pétrolier opèrent. Global Witness appelle lesgouvernements du Nord, où la plupart des sociétés sontbasées, à effectuer d’urgence les changements nécessairesaux règles liées à la publication de ces informations.

Si les sociétés pétrolières en Angola souhaitent vraimentêtre considérées comme de véritables « citoyens du monde »et sont désireuses d’éviter l’accusation de financerdirectement l’appauvrissement progressif de la nation, alorsil est urgent de modifier les pratiques actuelles. GlobalWitness tient à travailler de façon constructive avec ceux quisouhaitent vraiment voir la situation s’améliorer en Angola.

Tous les hommes des Présidents

« Si nous perdons un char, nous décrochons le téléphone et nous en commandons un autre. Sil’UNITA en perd un, c’est plus difficile. » – général angolais, janvier .

« Quand une grande société est condamnée pourdes crimes successifs qui mettent en danger ou nuisentà la vie d’êtres humains ou détruisent l’environnement,la société devrait être condamnée à mort, sonexistence en tant que société devrait se terminer et sesavoirs devraient être confisqués et vendus à uneenchère publique. »

Eliot Spitzer, Ministre de la Justice pour l’état de New-York,1998

morts, là en plein milieu de la route.Les FAA s’étaient juste retournés et tirés sur les

© C

hris Sattlberger / Panos Pictures

Page 52: les hommes des Présidents

Le Financement

Introduction – prêtsinternationaux à l’Angola

GLOBAL WITNESS a publié dans « Unréveil brut » des informations détailléessur une série de prêts internationauxaccordés à l’Angola jusqu’en décembre. Ces informations étaient

présentées pour donner une indication de la mesure danslaquelle les futures richesses pétrolières de l’Angola ont étéhypothéquées. Le rapport contestait la politique dugouvernement consistant à obtenir des prêts de court-terme à des taux d’intérêt élevés, alors que la grandemajorité de ce revenu semblait peu profiter audéveloppement du pays et à la provision de services debase dont le pays a pourtant tant besoin. Le manquequasi total de transparence concernant ces prêts signifiequ’il est très difficile d’obtenir des informations sur leurimportance ou leur objet au niveau international, etpratiquement impossible en Angola même. Cela conduit àune situation extraordinaire, où les banques accordant lescrédits ont en fait créé pour l’État un ensemble definancements parallèles qui ne peuvent être examinés parle peuple angolais alors que le pétrole, qui est à la base deces prêts, est sensé appartenir au « peuple ».

Deux ans plus tard, la situation vis-à-vis des empruntsnon-transparents en Angola s’est détériorée de façonsignificative, avec , milliards de dollars américains denouveaux prêts accordés entre septembre et octobre. Cela montre que le gouvernement de l’Angolaméprise complètement ses accords avec le FMIconcernant la limitation des nouveaux emprunts à millions de dollars américains (Voir Nouveaux prêts depuisdécembre , page ) et que le montant des empruntspourrait dépasser de beaucoup le montant connu du FMI.De la même façon, d’autres prêts datant d’avant la fin del’année ont récemment été découverts et les détailsde ces derniers devraient être ajoutés à ceux présentésdans « Un réveil brut » (Voir Prêts antérieurs à décembre ,

Tous les hommes des Présidents

gens, comme ça.» – Une réfugiée, début 2001a « ... les FAA venaient dans le village et

« Nous prêtons de l’argent aux angolais.C’est vrai, nous ne sommes pas sûrs de ladestination de l’argent, donc oui, je supposeque vous pouvez dire que nous finançonsindirectement la guerre. »

Aveu d’un employé bancaire anonyme.207

PARTIE III : LE FINANCEMENT

Banco Nacional deAngola (BNA).

page ) fournissant des preuves supplémentaires del’endettement croissant du pays.

Cette partie du rapport tente d’expliquer la structurecomplexe d’obtention de prêts en Angola s’appuyant surdes prêts directs au gouvernement angolais, des accords deprêts structurés, des prêts facilités par les sociétés decommerce du pétrole et des prêts spécialement indexés surle financement des dépenses d’investissement accordés parles organismes internationaux bilatéraux de financementdes exportations. Le rôle de Soyo-Palanca et du CabindaTrust qui agissent comme garants internationaux enhypothéquant les revenus pétroliers à venir de l’Angola estégalement abordé.

Global Witness conteste les principes moraux qui sous-tendent cette politique de prêts garantis sur le pétrole àdes pays comme l’Angola, au passé corrompu et non-transparent et appelle tous les organismes financiersconcernés à accroître la transparence des conditions danslesquelles de tels prêts sont accordés et déboursés. LesPrincipes de Wolfsberg sont un exemple de coopérationinterbancaire qui pourrait être utilisé comme modèle pourle contrôle des accords de prêts à l’avenir (Voir Les principesde Wolfsberg – directives contre le blanchiment de l’argent pour lesopérations bancaires privées, page ).

Enfin, le problème du blanchiment international del’argent par l’intermédiaire de paradis fiscaux offshores estdétaillé sous la rubrique « Fermer le lavomatic duDictateur » pour terminer la discussion sur la façon dontle système financier international doit accroître lacoopération et la transparence dans ses efforts de luttecontre les fraudes et les détournements de fonds.

Page 53: les hommes des Présidents

Le Financement

Le robinet aux créditsreste ouvert...

CES DERNIÈRES ANNÉES, l’Angola apu obtenir des prêts de court terme àpartir d’un certain nombre de sources.Ces prêts varient par leur taille et parleur objet et comprennent les types

suivants:

● Des prêts directs au gouvernement accordéspar des banques individuellesPar exemple, des prêts fournis par la Banque Paribas(maintenant appelée BNP-Paribas depuis sa fusion avecla BNP en juin ), où les facilités de crédits étaientsous le contrôle de Pierre Falcone et d’ArkadiGaidamak.

● Des prêts structurés obtenus sur le marché deLondresPar exemple, le prêt de millions de dollars constituépar la Standard Chartered Bank en février .

● Les prêts liés spécifiquement au financementdes dépenses d’investissement, tels que ceuxfournis par les organismes internationaux definancement bilatéral des exportationsPar exemple, le prêt de millions de dollars de labanque américaine Ex-Im Bank accordé en juillet, qui finançait la vente d’équipement et de servicespar un certain nombre de sociétés américaines ycompris Halliburn et Brown & Root.

Chacun de ces prêts fournit un capital supplémentaires’ajoutant à celui généré par les impôts et autres paiementsdes sociétés pétrolières liés à l’exploitation du pétrole.Néanmoins, comme cela est abordé plus loin, la majoritéde ces prêts sont obtenus sur la base de l’exploitationpétrolière future. Toutefois, en raison de la mauvaiseréputation du gouvernement angolais en ce qui concerneles crédits internationaux, ces prêts sont accordés à destaux relativement élevés et sont donc une mauvaise affairepour le peuple angolais. En moyenne, les prêts basés sur lepétrole sont accordés à un taux de deux ou trois points au-dessus du LIBOR – le taux de référence interbancaire surle marché de Londres. Cela conduit à l’hypothèque de laproduction pétrolière à venir à un taux sensiblement plusélevé que les prêts préférentiels qui sont disponibles dansle cadre du programme du FMI (voir chapitre : LeProgramme contrôlé par le personnel du FMI) : De plus,les prêts obtenus auprès du FMI n’auraient pas às’appuyer sur les ventes futures de pétrole.

Les prêts directs au gouvernementangolais accordés par des banquesindividuelles

Les prêts directs – tels que ceux de Paribas – sont souventobtenus dans le secret, en empêchant toute formed’examen de la part du public en Angola. En raison del’absence de transparence, il est impossible de connaître lenombre total et la taille des prêts qui ont été accordés parParibas mais il y a de bonnes raisons de penser qu’entre et , la banque a accordé environ , milliardsde dollars américains au gouvernement angolais (dus parBanco Nacional de Angola – BNA)., Ce chiffre necomprend pas les millions de dollars américains de« crédit permanent » valide jusqu’en . Il n’a pas étépossible à Global Witness de confirmer si ce chiffrerecouvrait la totalité des prêts accordés, ce qui signifie quele montant réel prêté pourrait être sensiblement plus élevé.Certaines sources indiquent que le montant total de la

dette du gouvernement angolais à Paribas pourrait s’éleverà milliards de dollars américains.

Arcadi Gaidamak a affirmé que Pierre Falcone et lui-même (Voir Un autre contrat entre ZTS-Osos et l’Angola –Gaidamak entre en scène ? page ) étaient devenus citoyensangolais grâce à l’obtention de passeports diplomatiques etavaient par la suite contrôlé les facilités de crédit dérivéesdes prêts sur le pétrole. Il s’agit là d’une situationextraordinaire dans laquelle un budget parallèle de l’Étatangolais est contrôlé de façon extra-territoriale par desétrangers non élus et n’ayant à repondre devant personne.Il semble difficile d’éviter la conclusion suivante : les prêtsnon transparents sur le pétrole constituent une partimportante du financement hors-budget de l’effort deguerre du gouvernement angolais, qui pourrait aussi avoirfait l’objet de détournements importants au cours duprocessus d’achat d’armes.

Global Witness ne prétend pas que Paribas a facilitédirectement le processus de paiement de pots-de-vin pourl’achat d’armes, ni que la banque était nécessairementconsciente de l’utilisation finale des revenus accordés.Toutefois, Global Witness doute que la banque ait fournila transparence nécessaire sur l’obtention et l’utilisation deces prêts pour permettre leur examen par le peupleangolais.

BNP-Paribas devrait expliquer pourquoi et commentles crédits accordés au nom de Sonangol étaient mis à ladisposition d’individus qui n’étaient pas directement liés àla société. Si les déclarations de Gaidamak sont vraies,dans quelles mesures les dirigeants de Paribas étaient-ilsconscients de cette situation très inhabituelle ? Quelscontrôles et équilibrages ont été mis en place pour assurerla gestion adéquate de ces fonds et à qui et sur quelle baseétaient-ils distribués ? La banque devrait surtout expliquerle rôle de la société de commercialisation du pétroleGlencore et de tout fonctionnaire angolais et internationaldans le processus.

En effet, quand la banque s’est engagée à prêter descentaines de millions de dollars en , le gouvernementsemblait être le perdant potentiel de la guerre et l’UNITAvictorieuse pourrait avoir refusé de payer de tels crédits.Pourquoi Paribas a-t-elle accordé des prêts dans descirconstances aussi risquées ? BNP-Paribas devrait dire s’ilexistait des soutiens politiques derrière la décisiond’accorder ces prêts initiaux et quelles entités étaientprêtes à financer les pertes potentielles.

Global Witness appelle BNP-Paribas à rendreimmédiatement publics tous les détails des prêts accordésà l’Angola. Ces informations devraient inclure desinformations détaillées sur les objectifs et les bénéficiairesprévus des prêts ainsi que le personnel responsable desdéboursements. La banque devrait aussi clarifier la taillede tous les accords encore en vigueur et fournir leur dated’échéance.

Prêts syndiqués sur le marché de Londres

Ce type de prêt nécessite qu’une banque agisse en tantqu’arrangeur principal (ou agent du consortium). Cettebanque est alors chargée de réunir d’autres banquesparticipantes et d’organiser le prêt. Le rôle del’arrangeur principal comporte des avantages financiersimportants : la banque reçoit un pourcentage du montanttotal prêté comme commission pour l’organisation dusyndicat. Ce paiement vient en plus de tout intérêt que labanque reçoit sur l’argent prêté. Les banques participantessont organisées en groupes d’après le pourcentage prêté.Cela crée une hiérarchie entre les différents acteurs,appelés par ordre décroissant d’importance arrangeurprincipal (agent du consortium), co-arrangeur(s) etparticipants (arrangeur).

Tous les hommes des Présidents

cherchaient des vaches.Quand elles savaient où elles étaient,elles revenaient et

Page 54: les hommes des Présidents

Le Financement

Le rôle de Cabinda et de Soyo-Palanca Trusts dans lagarantie des prêts

Dans la perspective des banques, les prêts structurésont l’avantage de partager le risque entre les différentesbanques participantes. Toutefois, pouvoir seulementpartager le risque n’est pas une condition suffisantepour que le prêt soit accordé – les banques doiventavoir la certitude qu’elles seront remboursées. Dans lecas de l’Angola, les banques organisant les prêtssyndiqués ont des garanties abondantes pour leur prêt,grâce aux Trusts Cabinda et Soyo-Palanca.,

Ces trusts pétroliers sont en réalité une série decomptes offshores qui ont des droits sur une partieimportante de la part de production pétrolièrerevenant au gouvernement angolais. Le Cabinda Trust,géré par la Lloyds Bank à Londres, a accès au pétrole(et donc aux revenus des ventes de pétrole) de laconcession du bloc de Cabinda. Tout repaiement liéau Trust a la priorité sur toutes les autres obligationsportant sur la part de production du gouvernementdans le bloc. Le Soyo-Palanca Trust dépendprincipalement du bloc / et du bloc , mais il peututiliser le pétrole du bloc s’il n’est pas réservé d’abordpour le Cabinda Trust.

L’avantage de cette organisation pour les banquesprêteuses est qu’elle leur fournit des informationsfiables sur la production de pétrole dont dispose ou nonl’Angola pour payer sa dette et remplir ses obligationsde paiements., Un « Comité de Crédit » quidécide d’accorder ou non les prêts, exige normalementdes informations sur l’utilisation prévue de l’argentfourni ; la réponse habituelle du gouvernementangolais ou de Sonangol est qu’ils ont besoin del’argent pour le développement ou la reconstruction.

Il est intéressant que les banques exigent de tellesinformations mais il est apparemment très rare qu’il yait un suivi pour déterminer si l’argent a été dépenséde la façon décrite. La quantité d’informations queles banques exigent pour accorder un prêt contrasteaussi bizarrement avec l’absence de transparenceconcernant leurs propres procédures de déboursement.

Les prêts accordés avant décembre Des investigations récentes ont également révélé aumoins deux autres prêts finalisés en octobre quidevraient être ajoutés à la liste présentée dans lerapport intitulé « Un réveil brut ». Le premier était une« facilité de crédit » de millions de dollarsaméricains, accordée à Sonangol par Nissho IwaiCorporation. Nissho Iwai a également accordé unefacilité de crédit de millions de dollars américainsen . Le second était un prêt de millions dedollars accordé à Sonangol par un consortium à la têteduquel se trouvait le spécialiste européen desopérations bancaires privées, MeesPierson.

D’après la banque de données financières, unmontant de , milliards de dollars américains a étéprêté à l’Angola de février à décembre . Al’exception des millions de dollars prêtés au BancoNacional de Angola le décembre , le reste a étéaccordé à Sonangol.

prenaient les vaches.Parfois, elles tuaient des gens, c’était une question de hasard,

Tous les hommes des Présidents

Nouveaux prêts depuis décembre1999Global Witness peut révéler que depuis la publication d’« Un réveil brut » , le gouvernement angolais sembleavoir obtenu environ 3,55 milliards de dollars américainsde prêts accordés entre septembre 2000 et octobre 2001.Les différents prêts et leurs conséquences pour le degréd’endettement du pays sont abordés ci-dessous.

1er septembre 2000 : Un prêt de 500 millions de dollarsaméricains accordé par BNP-Paribas, la Société Générale etNatexis.208 Le prêt a été accordé à Sonangol et classé comme« financement commercial » .206

Des rapports de presse indiquent que ce prêt représente unmanquement du gouvernement angolais à l’accord passé avec le FMIqui limitait le montant des nouveaux emprunts sous forme de prêtssyndiqués en 2000.208, 209 Le FMI indique que ce prêt a fait passé ladette du pays à 8,27 milliards de dollars américains en septembre2000 ce qui dépasse les 8,1 milliards de dollars américains convenusdans le cadre du programme du FMI.208 Les employés du FMI ontdéclaré que « le déboursement de 500 millions de dollars de prêtsgarantis sur le pétrole en septembre 2000 ... a conduit audépassement du plafond établi par le programme pour la dette àtaux non préférentiels. » 208

Cette tendance à ne pas respecter les limites du FMI s’estaccentuée en 2001. Bien que le FMI et le gouvernement aientconvenu d’un plafond de 269 millions de dollars américains pour lesnouveaux prêts, Global Witness a découvert une série de prêtséquivalent à plus de 3 milliards de dollars américains. On ne sait pasquelle proportion de cet argent est destinée aux services derefinancement mais la limite du FMI semble néanmoins avoir étédépassée près de cinq fois, à savoir de 1,1 milliards de dollars etprobablement encore plus.

13 février 2001 : Un prêt de 455 millions de dollars accordé àSonangol par la Standard Chartered Bank.210

L’objet de ce prêt est classé soit comme « fonds de roulement »soit comme « financement commercial » . 206 Les co-organisateursde ce prêt sont : la banque africaine d’import-export, BHF Bank,BNP-Paribas, Bank Brussels Lambert, Bayerische Hypo undVereinsbank, Bayerische Landesbank Girozentrale, Citibank,Commerzbank, Crédit Agricole-Indosuez, Crédit Lyonais, Fortis, INGBarings, KBC Bank, Natexis Banques Populaires, Royal Bank ofScotland et la Société Générale.211

La Standard Chartered a indiqué que l’objet de cette facilité decrédit était de « prépayer une facilité existante garantie sur le pétroleà recevoir qui expire en 2001 » .212 Des sources indiquent que lafacilité en question était un prêt de 575 millions de dollars négociéen 1999 avec la banque suisse UBS.206 Standard Chartered aégalement déclaré que « le solde [du nouveau prêt] serait utilisépour financer des projets liés au plan de reconstruction nationale del’Angola. » 210

Une certaine confusion existe quant au montant disponible dansle cadre de ce prêt. Trade Finance citait un porte-parole de laStandard Chartered comme ayant dit : « c’est un accord qui existedepuis plusieurs années et qui est avant tout le refinancement d’unefacilité antérieure » ,213 ce qui sous-entend un montant minimal decrédit de restructuration.Toutefois, le journal indiquait aussi qu’« environ 250 millions de dollars américains du prêt seraient uncrédit de restructuration. » 213 Cette déclaration est de plusconfirmée par le fait que d’après le journal African Energy, le prêtprécédent d’UBS d’un montant de 575 millions de dollars américainsen 1999 devait être remboursé sur quatre ans, mais quel’augmentation du prix du pétrole pourrait avoir permis unremboursement plus rapide qui se serait peut-être terminé en juillet2001. Donc, « l’Angola remboursait ce prêt depuis environ 22 ou 26mois quand ce nouveau prêt a été accordé par la StandardChartered. Cela tendrait donc à prouver que la portion du crédit derestructuration dans le prêt de la Standard Chartered seraitrelativement importante – probablement plus élevée que le chiffrede 269 millions de dollars du FMI. » 214

Il a aussi été suggéré que la question du re-financement était

Page 55: les hommes des Présidents

Le Financement

des fois elles tuaient toute la famille et d’autres fois elles attrapaient quelqu’un,

Tous les hommes des Présidents

« simplement un stratagème pour brouiller les cartes et éviter desaccusations immédiates de violation des directives du FMI. » 214

African Energy fait ici une allégation qui, si elle est vraie, pourraitsignifier que la structure du prêt n’a pas seulement assombri lacoopération du gouvernement angolais avec le FMI mais a aussipeut-être aidé au détournement des avoirs de l’État (ce qui estprécisément la raison pour laquelle le FMI s’oppose à ce type deprêts). Si le prêt de l’UBS n’a pas encore été remboursé dans lesproportions suggérées, l’argent qui devrait avoir été utilisé parSonangol pour payer cette dette pourrait avoir été détourné. Quelque soit le véritable objet de cet emprunt, ni les termes « fonds deroulement » ou « financement commercial » décrivant le prêt dansles banques de données bancaires ne semblent pas expliquer defaçon adéquate si le prêt était un refinancement ou non.

8 Mars 2001 : Un prêt de 455 millions de dollars américains estaccordé à Sonangol par Commerzbank.215

Dans les déclarations de presse de la Standard Charteredconcernant son rôle en tant qu’arrangeur principal pour le prêt de455 millions de dollars américains de février, la banque semble avoiroublié de dire qu’elle avait aussi accordé un prêt supplémentaire de455 millions de dollars, moins d’un mois plus tard. Ce prêtsupplémentaire est également présenté dans les banques dedonnées bancaires comme « fonds de roulement » mais il est clairdans la banque de données que ce prêt n’est pas unrefinancement.215 Si l’information disponible est correcte, alors leprêt de la Standard Chartered laissait au gouvernement angolais lapossibilité de n’emprunter au mieux que 19 millions de dollarsaméricains de plus en 2001 avant d’atteindre la limite du FMI. Le prêtde Commerzbank semble donc avoir dépassé cette limite d’environ436 millions de dollars américains. Cela devrait être un sujet depréoccupation important pour le FMI.

A cette occasion, le rôle d’arrangeur principal a été transféré dela Standard Chartered à la banque allemande, Commerzbank. Lesautres banques participantes comprennent : la banque africained’import-export, Bahrain Intl Bank, Bayerische Landesbank, CréditAgricole-Indosuez, Fortis Bank, KBC Bank, Royal Bank of Scotland Plc,Standard Chartered Bank, BNP Paribas, BayerHypo Vereinsbank,Citibank, le Crédit Lyonais, ING Bank, Natexis Banques Populaires, laSociété Générale et Commerzbank AG.215

12 avril 2001 : Une facilité de crédit complexe d’un montant de441,2 millions de dollars a été accordée au gouvernement angolaispar des banques brésiliennes dont les noms n’ont pas été révélés. Ceprêt est composé de trois prêts différents de 175,9 millions, 160,3millions et 105 millions de dollars américains.216, 217 L’accord, signé àBrasilia en février 2001, comprend l’expédition vers le Brésil de 20000 barils de pétrole par jour à 28 dollars par baril. D’après la stationde radio Voice of America, 80% du prêt doit être utilisé pourrembourser la dette de l’Angola envers le Brésil, les 20% restantsdevant être utilisés pour acheter des obligations d’Etat sur la detteextérieure au Brésil.216

L’economiste luandais, José Cerqueira, faisait le commentairesuivant à la Reuters : « Ce type d’opération est lucrative pour lesbanquiers, mais le peuple angolais est perdant. » 217

En supposant que la ventilation du prêt ci-dessus soit correcte,alors quelque 352,8 millions de dollars américains (80% des 441millions de dollars) peuvent être considérés comme unrefinancement de la dette envers le Brésil. Cela laisse à supposer que88,2 millions de dollars (les 20% restants) sont un crédit derestructuration.Ainsi, ce prêt excède de 524,2 dollars américains lalimite du FMI. Cela devrait être un sujet de préoccupation importantpour le FMI et la communauté internationale, surtout étant donnéque le prêt semble être destiné à la spéculation financière sur lemarché de la dette brésilienne, plutôt qu’à la reconstruction del’Angola.

16 juillet 2001 : Un prêt de 600 millions de dollars accordé àSonangol par BNP-Paribas, Glencore Finance Ltd, Natexis BanquesPopulaires et la Société Générale en tant qu’arrangeurs principaux.218

Commerzbank, Crédit Agricole-Indosuez, Fortis Bank, HypoVereinsbank, KBC Bank étaient aussi arrangeurs, tandis que lLaCitibank agissait en tant que co-arrangeur. Les banques suivantesparticipaient également à ce prêt : BHF Bank Aktiengschft, Royal Bank

of Scotland PLC,ABB Export bank, BMC Bank Corporation,Landesbank Rheinland Pfalz, DG Bank AG,WestLB,ABC InternationalBank PLC, CSFB, Moscow Narodny Bank.218 Il a été déclaré que ceprêt avait été accordé à Sonangol sans consultation préalable duMinistère des Finances, et sans notification ultérieure auprès duMinistère des Finances ou de la Banque Nationale d’Angola.207

La banque de données bancaires présente ce prêt comme étantaccordé à « une société » alors que l’objet de ce prêt est opaque.Rien ne prouve qu’il était destiné au refinancement.Ainsi, ledépassement de la limite d’emprunt imposé par le FMI pour 2001est maintenant de 1,1 milliard de dollars américains ou cinq fois lemontant établi par le FMI pour l’Angola.

25 octobre 2001 : 500 millions de dollars américains ont étéaccordés à Sonangol par BNP-Paribas, Natexis Banques Populaires etla Société Générale comme arrangeurs principaux tandis queGlencore Finance Ltd jouait cette fois le rôle de simple arrangeur.219

Ici, l’objet du prêt est présenté comme étant le paiement de ladette.219 De façon plus spécifique, la banque de données faitréférence à l’utilisation de cette facilité de crédit pour lerefinancement d’un crédit de 500 millions de dollars américainsaccordé en 2000, sans doute le prêt du 1er septembre 2000accordé par les mêmes banques, comme cela a été dit plus haut.

Etant donné la pléthore d’affirmations de banquiers disant quetout nouveau prêt est destiné au refinancement de prêts existants, ilest difficile de ne pas en venir à la conclusion que le remboursementà long terme de ces facilités pourrait être extrêmementproblématique. Par exemple, on peut supposer que le prêt deseptembre 2000 a été établi avec un programme strict deremboursement. Si c’est le cas, qu’est-il advenu des fonds quiauraient déjà dû être déployés d’après ce programme ?

Dernière semaine d’octobre 2001, un accord de prêt de 600millions de dollars accordé à Sonangol par l’Arab BankingCorporation.206

Des sources bancaires indiquaient que Glencore participaitégalement à ce prêt, mais le rôle spécifique de la société ou de sesfiliales n’est pas clair. 206 On ne sait pas non plus si d’autres banquesont également participé à ce prêt. Des sources ont indiqué que leconseil consultatif de la banque aurait exprimé son inquiétude parrapport à ce prêt, mais l’aurait quand-même accordé.206

Le prix de la guerre – personnes rendues infirmes par lesmines terrestres, un bilan qui ne cesse de s’accroître....

Page 56: les hommes des Présidents

Le Financement

Les arguments en faveur de latransparence des opérations bancaires

Il existe un manque démontrable de transparenceconcernant les prêts accordés au gouvernement angolais.Le fait que des syndiquats aient organisé des prêts pourdes montants treize fois plus élevés que le plafond convenuavec le FMI pour les nouveaux prêts est symptomatique decette opacité. Les prêts ont souvent un objet déclarédurant la phase de formation du syndiquat mais on ne saittoujours pas si des mesures sont prises par l’arrangeurprincipal ou les comités de crédit pour vérifier si l’argentest convenablement déboursé. C’est au minimum ,milliard de dollars qui a été prêté au pays en , ce quidépasse de façon importante la limite convenue avec leFMI qui est de millions de dollars américains. Ainsi,les prêts garantis sur le pétrole sont manifestement uneautre source de revenu non transparente pour legouvernement angolais.

Global Witness remet en question les principes morauxqui sous-tendent cette politique de prêts garantis sur lepétrole accordés à des pays présentant un lourd passé dedétournement des ressources. Bien que les banques soientassurées du rendement de leur capital puisque ces prêtssont remboursés par une partie de la productionpétrolière, elles risquent de se rendre complices dudétournement des fonds de l’État si des mesures devérification de l’utilisation des prêts et de transparencefiscale ne sont pas mises en place. Au mieux, l’accord denouveaux prêts peut être considéré comme ayant miné latâche des institutions multilatérales comme le FMI. Aupire, ces prêts fournissent toute une série de financementsparallèles, échappant au contrôle du public, pour lefonctionnement d’un État de l’ombre et fournissentégalement des possibilités de détournement lucratifd’argent.

De plus, il semble qu’il existe une certaine « ambiguïtécréative » dans l’accord de ces facilités de crédit. Parexemple, le prêt de millions de dollars de la StandardChartered, apparemment destiné au refinancement desdettes existantes, pourrait contenir millions de dollarsde crédit de restructuration. Il n’est pas possible de savoirsi cela est vrai tant que Sonangol, la banque et/ou legouvernement angolais ne fournissent pas les informationsnécessaires.

De telles informations ne sont pas systématiquementmises à la disposition de la société civile angolaise au nomde laquelle ces prêts sont accordés. Ainsi, tout comme lesrevenus du pétrole, les angolais ne peuvent pas savoir si detels prêts sont de circonstance et ne sont donc pas enmesure de demander des comptes à leur gouvernementsur le déboursement des facilités de crédit.

Les arguments en faveur de la transparence totale dansles prêts internationaux accordés à l’Angola sont tout aussiimportants que les arguments en faveur de la transparencedes sociétés pétrolières opérant dans le pays. Les banquesdevraient :

● Publier tous les détails des prêts accordés, y compris lesmontant prêtés, les bénéficiaires, le taux d’intérêtappliqué, le terme du prêt et son objet ;

● Préciser les mesures qu’elles prennent pour vérifier queles dépenses réelles correspondent à celles déclaréesdans les documents de la banque et au cours desnégociations ;

● Exiger que ces dépenses soient vérifiables commecondition pour accorder le prêt ;

● Publier des mises à jour régulières précisant lesressources détenues par les Trusts et les demandes dontils font l’objet. Cela concerne des banques telles que laLloyds Bank à Londres, qui gère le Cabinda Trust.

demandaient des informations sur l’endroit où se trouvaient les vaches et le laissait

Tous les hommes des Présidents

Les principes de Wolfsberg –directives contre leblanchiment de l’argent pourles opérations bancairesprivéesLe 30 octobre 2000, 11 banques internationales depremier plan – ABN-Amro bank, Barclays Bank, BancoSantander Central Hispano,SA, Chase ManhattanPrivate Bank, Citibank, Crédit Suisse Group, DeutscheBank AG, HSBC, JP Morgan Inc, Société Générale etUBS AG – ainsi que l’ONG de lutte contre lacorruption,Transparency International, ont annoncéqu’elles avaient convenu d’une série de principesmondiaux volontaires contre le blanchiment.223

Les principes de Wolfsberg cherchent à refuserl’utilisation des services bancaires à « des finscriminelles » , chaque banque « faisant son possiblepour accepter seulement les clients dont on sait queleurs ressources proviennent de sources légitimes ».223

Global Witness aimerait féliciter toutes lesbanques impliquées, ainsi que TransparencyInternational, d’avoir pris une telle initiative. GlobalWitness aimerait profiter du précédent ainsi établi parces principes pour la coopération inter-bancaire etserait donc très reconnaissant aux signataires deWolfsberg de bien vouloir les contacter pour discuterdes moyens de progresser en matière de transparencetotale des prêts garantis sur le pétrole. Les signatairesde Wolfsberg devraient au minimum ne pas accorderou participer à des prêts qui ne sont pas totalementtransparents sur les déboursements ou sur lesdépenses ultérieures ou des prêts qui n’imposent pasles mêmes normes sur leurs agents ou leursbénéficiaires.

Porter le poids de la dette. La jeunesse angolaise sacrifiéesur l’autel d’une guerre privatisée.

© C

rispin Hughes / Panos Pictures

Page 57: les hommes des Présidents

Le FinancementSociétés pétrolières commerciales

Les sociétés pétrolières commerciales opérant en Angola,telles que Glencore, Vitol, Addax, Attock Oil et Nissho Iwaiou des commerçants individuels, tels que le « financierfugitif » Marc Rich, ont également joué un rôle clé dansla création de revenus non transparents pour legouvernement angolais. « Un réveil brut » présentait desinformations sur les marchés réalisés par ces sociétés.

Des sources indiquent que Marc Rich, seul ou avecGlencore, la société qu’il prétend avoir abondonné en, avait personnellement participé à l’organisation d’unprêt de milliard de dollars américains pour legouvernement angolais en juillet en échange de l’achatde tous les barils de pétrole non alloués à des prêts antérieursgarantis sur le pétrole faisant partie de la part de laproduction pétrolière revenant au gouvernement.

M. Rich a eu une carrière controversée de commerçanten matières premières. En , il a fui les Etats-Unis pour laSuisse, en raison de chefs d’accusation portant sur desfraudes fiscales d’un total de millions de dollarsaméricains et sur l’organisation de marchés illégaux depétrole avec l’Iran au cours de la crise des otages àl’Ambassade des Etats-Unis de Téhéran en novembre., Son amnistie ultérieure par le Président sortantBill Clinton en février est en cours d’investigation enraison d’allégations selon lesquelles il serait lié à descontributions « philanthropiques » de million de dollarsaméricains en faveur du Parti Démocrate américain.

D’autres allégations portent sur ses connivences avec lerégime d’Abacha au Nigéria et le non respect des sanctionscontre le régime de l’Apartheid en Afrique du Sud.

Le marché de Rich de aurait été d’une durée detrois ans, ce qui signifie qu’il devrait s’être terminé en juillet. Le marché semble avoir été passé par l’intermédiairede Sonangol, de la Présidence et peut-être d’un autre prêtnon audité et non transparent à l’État de l’ombre.

Bien que M. Rich affirme ne plus être associé avecGlencore, la valeur du marché semble correspondreapproximativement au montant supposé de millions dedollars américains de prêt accordé par Glencore l’annéeprécédente (décembre – millions de dollars ; mi-février – millions de dollars ; juillet – millions de dollars). Mises à part les inexactitudes dans larédition des comptes, si les millions de dollars américainsdérivés de Glencore sont les mêmes que ceux indiquéscomme venant de Marc Rich, il est possible que ce dernierparticipe encore aux activités de Glencore, ce que les deuxparties ont nié. Sinon, si ces deux prêts sont différents, lesestimations du montant total des prêts garantis sur le pétrolenégociés avec l’Angola devraient être augmentées de

milliard de dollars américains.Les déboursements des prêts de Glencore de

février et juillet (quelque millions de dollarsaméricains) impliquaient aussi Paribas. Etantdonné que l’accord d’origine d’accroître les prêtsgarantis sur le pétrole à partir de , organisépar Pierre Falcone et Arkadi Gaidamak,impliquait à la fois Glencore et Paribas, il esttout à fait possible de soupçonner que ces prêtspuissent aussi faire partie d’un accord definancement par le pétrole de l’achat d’armes.

Il est très difficile d’établir la réalité de cettesituation en raison du manque total detransparence entourant ces accords de créditspétroliers. Il est donc urgent que la communautéinternationale exige la transparence totale desopérations commerciales pétrolières.

Le rôle des agences internationalesde financement de crédits àl’exportation (ACE)

Les agences de financement des crédits àl’exportation agissent pour réduire le risque des sociétésnationales souhaitant investir à l’étranger. Le financement,soit sous forme de prêts directs aux sociétés participantes ousous forme d’une assurance de crédit pour minimiser lerisque de non paiement du projet, se fait en général enéchange de l’achat d’équipement ou d’embauche de la maind’oeuvre nécessaire par les parties contractantes dans le paysfournissant l’assurance. En réalité, cela signifie que lefinancement des exportations est une subvention descontribuables pour des projets réalisés à l’étranger afin destimuler les entreprises nationales.

Les sociétés pétrolières doivent souvent procéder à desinvestissements énormes en infrastructures avant de pouvoirproduire du pétrole. Le risque est minimisé en montant desmécanismes de financement sûrs avec un certain nombred’ACE. Parmi les agences détenant des portefeuilles deprojets importants en Afrique sub-saharienne, on trouve (parordre d’importance décroissante):

COFACE FranceExport-Import Bank (Ex-Im Bank) Etats-UnisMediocredito Centrale SpA ItalieExport Credit Guarantee Department (ECGD) Royaume-UniKreditanstalt für Wiederaufbau AllemagneCredit Guarantee Insurance Afrique du SudSACE ItalieNederlandsche Credietverzekering Maatschappij Pays-BasKorea Export Insurance Corporation Corée du Sud

Les agences principales fournissant actuellement uneassurance risque en Angola comprennent Ex-Im Bank auxEtats-Unis, COFACE en France, SACE en Italie, et KoreaExport Insurance Corporation en Corée du Sud.

Les investissements fournis par les ACE bilatéralesaugmentent et les prêts internationaux actuels dépassentceux fournis par la Banque Mondiale, le FMI et toutes lesautres organisations multilatérales réunies. Toutefois,contrairement aux organisations multilatérales prêteuses, laplupart des agences de crédits à l’exportation n’ont pasl’obligation de prendre en considération les impacts sociauxet environnementaux des projets qu’elles soutiennent. En, Global Witness a été informé par une agence que lefacteur principal affectant la décision d’autoriser un prêtétait la probabilité d’être remboursé.

Cela nous amène à un scénario intéressant dans lecontexte angolais : les contribuables nationaux contribuentfinancièrement au développement des champs pétroliersgrâce aux accords de financement des exportations enconjonction avec des sociétés qui sont ensuite de connivenceavec l’ « État de l’ombre » pour empêcher la transparence.Ainsi, les contribuables du Nord aident indirectement à

Tous les hommes des Présidents

partir.Un jour 5 ou 6 FAA sont venus pour prendre les vaches. J’étais dans l’église,

Quelle différence pourraient faire les milliards détournés pour les villesangolaises comme Kuito ?

Page 58: les hommes des Présidents

d’activité. Par exemple, une agence pourrait imposer unecondition de prêt exigeant que tout acteur participant àl’accord pratique la transparence totale. Dans le cas del’Angola, étant donné que la plupart de ces prêts sontobtenus pour financer les programmes de développementdes champs de Sonangol, cela signifierait que Sonangoldevrait être totalement transparente sur les montant versésau gouvernement angolais, et qu’elle publie les informationsconcernant tous les prêts actuels garantis sur le pétrole, aurisque de ne pas recevoir de financement bilatéral desexportations.

Il est difficile pour tout agence de crédits à l’exportationde progresser ainsi de façon unilatérale vers la transparence.Comme l’une d’elles a déjà fait remarquer : « Nous pouvonsen voir les avantages mais s’il vous plaît ne nous poussez pas

Le Financement

financer l’affaiblissement de la société civile du Sud. De plus,tandis que les avoirs de l’État sont détournés, il va être exigédes contribuables internationaux qu’ils financent leredéveloppement de l’Angola par l’intermédiaire deprogrammes d’aide multilatérale et bilatérale. Bien que d’uncôté il y ait les avantages tangibles de la création d’emploispour les économies nationales des pays des agences definancement des exportations, d’un autre côté, lescontribuables dans le Nord subventionnent et souscriventinvolontairement à l’affaiblissement de la société civile et à lasubversion du processus démocratique dans un pays endéveloppement.

La solution doit consister à inclure des critères detransparence comme condition de tout accord definancement de crédits à l’exportation dans tous les pays

ils sont venus à l’intérieur et ont commencé à tirer. Ils n’ont tué personne,c’était

Tous les hommes des Présidents

Fermer le lavomatic des dictateursDe Jonathan Winer, ancien Ministre adjoint à la mise en oeuvre de laloi internationale, Ministère américain des affaires étrangères

Les réseaux financiers clandestins mondiaux et les infrastructuresde blanchiment de l’argent dans les paradis du secret bancaireque représentent les mini-États comme le Liechtenstein, les îlesCaïmans ou les îles Vierges sont enfin peut-être sur le pointd’être dévoilés. L’Organisation pour la Coopération et leDéveloppement Economiques (OCDE) à Paris, le Grouped’Action Financière sur le Blanchiment des Capitaux (GAFBC),basé à l’OCDE et le Forum sur la Stabilité Financière des pays duG8 ont enfin commencé à prendre des mesures pour fairepression sur les petits États qui ont loué leur souveraineté parl’intermédiaire de leur secteur des services financiers pourfournir l’anonymat aux seigneurs de la drogue, criminels,trafiquants d’armes et dictateurs mondiaux ainsi qu’à leurscommanditaires et facilitateurs du Nord.

Au cours de deux dernières décennies, l’accès au systèmefinancier mondial est devenu un élément critique du vol desrichesses nationales pour certains pays parmi les plus pauvres, dela même façon qu’il a fourni un mécanisme de dissimulation decaisses noires illégales (et criminelles) dans certaines démocratiesparmi les plus développées. Le mécanisme de base de cetteinfrastructure clandestine pourrait être l’un des suivants:

● Création d’une société anonyme avec des agents locaux, afinde créer une entreprise dont on ne peut localiser lespropriétaires ;

● Création de sociétes d’investissement avec des agents locauxdans un autre pays afin de créer un propriétaire anonymepour une entreprise anonyme et donc une protectionsupplémentaire ;

● Utilisation de « brass plate banks » (ou coquilles vides) dansdes juridictions non-réglementées promettant le secretbancaire ;

● Ouverture de comptes de « correspondants » dans desbanques réglementées par les « brass plates » pour déplacerl’argent autour du monde.

Dans une économie mondialisée, les mini-États offrant le secretbancaire sont devenus la méthode de choix pour gérer lesrecettes de la corruption des pires gouvernements dans lemonde entier. Des Présidents et despotes tels qu’Abacha auNigéria, Mobutu au Zaïre, Bongo au Gabon, l’entourage duPrésident angolais dos Santos et le Président russe Eltsine,l’Union Démocrate Chrétienne derrière Helmut Kohl, la sociétépétrolière française Elf-Aquitaine et le chef des services derenseignement du Pérou, Montésinos, utilisent tous le mêmegroupe de juridictions et les mêmes mécanismes pour blanchir,les recettes des pots-de-vin, marchés d’armes, caisses noires,fonds secrets et les fonds volés à l’État. En effet, chacun de cesexemples de corruption est passé par la minuscule principautéeuropéenne du Liechtenstein, décrite lors d’un foruminternational sur le crime financier à l’Université de Cambridge

comme « un bordel financier dans lequel tout criminel au mondepeut trouver un lit. »

Dans le système actuel, les dictateurs kleptocratiques tels quele Président du Nigéria Abacha pourraient recruter des agentsdans les îles Vierges britanniques (BVI) ou aux Bahamas pourouvrir pour eux une société internationale anonyme. Ilspourraient alors créer, dans une juridiction plus respectable telleque l’île de Man, une société d’investissement anonyme quipossèderait la société des îles Vierges ou des Bahamas. La sociétédes îles Vierges pourrait ouvrir un compte par Internet dans unebanque en Lettonie, au Liechtenstein ou à Vanuatu, et cettebanque pourrait alors traiter pour la société des îles Vierges avecles principales banques à New York, Londres, Hambourg, Paris etZurich grâce à des comptes de « correspondants » .

Le problème n’est pas seulement que les mini-États se sont miseux-mêmes à la disposition des dictateurs et des criminels mais aussique des banques et fonds illicites ont eu le même accès auxmarchés financiers que les banques légitimes. Chacun des scandalesci-dessus présente les caractéristiques communes de la disparitiond’argent s’ajoutant à l’incapacité des gouvernements, des organismesde régulation, des organismes responsables du maintien de l’ordre etdes organisations internationales prestigieuses à en retrouver la tracequand quelque chose va très mal. Quand les gouvernements ontanalysé le problème, ils ont commencé à réaliser qu’un certainnombre de facteurs conduisaient au problème mondial de l’argentsale, y compris :

● La fragmentation des contrôles par secteur à l’intérieur dechaque pays et par pays ;

© D

avid Orr / Panos Pictures

Page 59: les hommes des Présidents

dans cette voie seuls, sans avoir obtenu les mêmes critèrespour les autres agences. S’il était possible de faire avancer lesautres agences nationales dans cette voie, nous le ferionsaussi volontiers. »

Sans volonté de transparence de la part des ACE, onaboutit à une situation manifestement illogique : lacommunauté internationale par l’intermédiaire du FMI faiten réalité pression en faveur de la transparence en Angola,tandis qu’un grand nombre de ces mêmes États minentindividuellement ces efforts. Pire, ils font cela avec lesrevenus des contribuables nationaux, qui ne sont pour laplupart pas conscients de cette situation et, au bout ducompte, devront peut-être contribuer financièrement àrecoller les morceaux suite à la fuite des capitaux et à lamauvaise gestion économique des régimes

gouvernementaux néo-autoritaires corrompus, qu’ils ontinvolontairement financés.

Global Witness conseille vivement aux gouvernementsnationaux d’exiger de leurs agences de financement desexportations qu’elles pratiquent la transparence totale et quela transparence totale des partenaires financiers et desbénéficiaires devienne une condition de tout financement.Global Witness n’appelle pas ces agences à arrêterd’accorder des crédits pour financer les projets dedéveloppement pétroliers, mais en l’absence de critères detransparence comme condition de l’accord de prêts, onpourrait en venir à conclure que ces agences sont elles-mêmes complices de mauvaise gestion et de détournementdes avoirs de l’État ainsi que de l’affaiblissement de la sociétécivile.

Le Financement

seulement le hasard.» – Une réfugiée, début 2001a

Tous les hommes des Présidents

● Les lois du secret qui empêchent le partage de l’informationentre pays et entre les organismes de contrôle et les organismesreponsables du maintien de l’ordre ;

● Une attention insuffisante portée aux paiements électroniquesdans la supervision et les mesures d’exécution contre leblanchiment de l’argent, y compris les règles « connaître sonclient » qui ciblent essentiellement les devises, alors que lemonde des services financiers progresse rapidement vers lestransactions électroniques ;

● Le manque de normes internationales gouvernant lesmécanismes clés utilisés dans les transactions financièresinternationales, tels que les sociétés exemptées, les sociétésécrans, les sociétés commerciales internationales, les sociétésd’investissement extraterritoriales, les sociétés d’assurance et deréassurance, les véhicules de fonds offshores y compris les fondsde couverture (« hedge funds » ).

● Une diligence insuffisante des agents de formation des sociétés,des avocats et des institutions financières dans le processus deconstitution en société et d’autorisation de nouvelles institutionsfinancières, de sociétés écrans et de trust détenus par leurs filiales.

Au cours des années 90, ces mécanismes ont été dénoncés dansune série d’investigations qui ont débuté avec les tentatives derécupérer aux Philippines les milliards volés par Ferdinand Marcos etqui comprenaient les efforts du procureur suisse Carla del Pontepour localiser les centaines de millions de dollars de l’argent de ladrogue pris par Raul Salinas, frère du Président du Mexique del’époque, Carlos Salinas. Le G7 décida de prendre des mesuresquand les efforts de récupération des avoirs de l’État entrepriscontre les Suhartos en Indonésie, Mobutu au Zaïre et Abacha auNigéria révélèrent qu’ils utilisaient les mêmes juridictions que lestrafiquants de cocaïne colombiens et les terroristes islamistes.

Ce sont les pertes énormes de revenus fiscaux, les scandalesmouillant des dirigeants politiques de pays en transition comme leMexique et la Russie tout comme des individus parmi les plusimportants de l’histoire politique européenne contemporaine, telsque l’ancien chancellier allemand Helmut Kohl ainsi que les craintesd’instabilité financière à l’échelle mondiale qui ont motivé les nationsles plus industrialisées à produire en 2000 une liste noire desjuridictions « non coopérantes » . La liste comprenait un répertoiredes acteurs concernés pour les juridictions les plus connues pour leblanchiment de l’argent, y compris des pays tels qu’Israël et la Russiequi étaient jusque là considérés comme intouchables pour desraisons politiques.Aucune mesure immédiate n’a été prise contreceux qui se trouvaient sur la liste, toutefois, les pays du G7 ontdemandé à leurs institutions financières d’examiner de plus prèstoutes les transactions provenant de ces pays. Cela a incité certainesjuridictions, telles qu’Antigua, les Bahamas, les îles Caïmans, leLiechtenstein et les Philippines, à assouplir les lois de confidentialitédes banques.

Au même moment, les banquiers des juridictions réglementéestelles que les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Suisse et l’Unioneuropéenne ont commencé à se demander comment des pays duPacifique Sud aussi petits que Nauru, Niue et Vanuatu comptant unepopulation d’environ 20 000 habitants pouvaient voir leurs banques

déplacer des milliards de dollars d’avoirs chaque année. Cesjuridictions qui ne sont pratiquement pas réglementées semblaientêtre tout simplement des lavomatics financiers offrant des systèmesde dissimulation de fonds et non pas des services légitimes. Enconséquence, afin de réduire la menace pesant sur leur propreréputation et à grands frais pour leurs actionnaires, des banquestelles que la Citibank aux Etats-Unis et UBS en Suisse ont refusé en1999 et 2000 de faire affaire avec des banques dans des juridictionsaussi déréglementées.

Bien que les premiers pas aient été faits vers un processusconsistant à « nommer et déshonorer » pour isoler les juridictionsqui cachent l’argent sale, il est nécessaire de mettre en place denombreux autres éléments essentiels à un système global visant àempêcher les dirigeants corrompus de voler les richesses de leurnation. Ces éléments comprennent:

● Refuser l’accès aux marchés financiers mondiaux les plusimportants aux institutions financières des « mini-États » quirefusent de coopérer dans les investigations sur des cas decorruption étrangère. Ces marchés devraient faire l’objet desanctions s’ils ne refusent pas l’accès à ces institutions.

● Promulguer des lois permettant de saisir les recettes de lacorruption étrangère et de les traiter comme des infractionsdans des pays comme les Etats-Unis qui considèrent lacorruption à l’intérieur du pays comme un crime mais nedisposent d’aucune loi pour lutter contre la corruption àl’étranger.

● Poursuivre les efforts visant à limiter la confidentialité desbanques, en s’assurant que les règles de confidentialité sontlevées quand il y a allégation de crime, corruption ou vol.

● Elargir le partage des informations sur les mesures d’exécutionde la loi et de contrôle entre les différents pays engagés dans lesinvestigations contre les délits financiers comme condition deleur participation totale en faisant appel aux infrastructuresmondiales de services financiers, tels que les systèmes depaiements mondiaux.

● Imposer des sanctions contre les institutions financières qui ontfacilité le blanchiment de l’argent et les crimes financiers, à l’aided’amendes importantes ou de leur fermeture. Les Etats-Unis ontadopté cette approche avec la banque japonaise Sumimoto à lafin des années 90, en exigeant que la banque quitte le pays aprèsque certains de ses dirigeants avaient produit des fauxdocuments visant à dissimuler des pertes financières auxorganismes de contrôle ;

● Rendre illégal d’accepter de l’argent dont l’origine ne peut êtreexpliquée par une activité économique légitime.Aucune banqueayant accepté des fonds de la famille Abacha au Nigéria, deCarlos Salinas au Mexique ou de Mobutu au Zaïre ne pouvaits’imaginer qu’ils avaient été obtenus de façon légitime.

● Rapatrier les recettes de la corruption à la trésorerie publique del’État pillé, à condition que les fonds soient utilisés de façontransparente et démocratique, dans l’idéal pour fournir desservices sociaux de base tels qu’éducation et santé.

Page 60: les hommes des Présidents

Conclusion

LES ANGOLAIS ont étédépouillés de leurs droitset dépossédés par plus dequatre décennies deguerre civile. Le conflit

lui-même a été délibérément exploité àdes fins d’abus économiques trèsorganisés impliquant l’appropriation etle blanchiment à grande échelle desavoirs de l’État grâce à des budgetsparallèles, des marchés d’armessurévalués et un endettement délibérés’appuyant sur l’hypothèque de laproduction pétrolière à venir. Ce systèmede gains privés et de pertes publiques nepeut continuer en accusant la guerred’être la cause des échecs de l’État. Leshautes autorités militaires etgouvernementales semblent maintenantgagner de l’argent sur le processus mêmed’achat d’armes et presque tout ce qui est utilisé dans laguerre contre l’UNITA sert à enrichir l’élite au pouvoir enAngola et son réseau de courtiers, intermédiaires ettrafiquants d’influence.

Cette « logique opérationnelle » dominante decorruption et dessous-de-table dans l’État fantôme angolaisest en partie le fait de la politique étrangère du Nord quiest restée fermement ciblée sur les champs pétroliers à« deux miles de profondeurs » dans les eaux profondes del’Angola. Au mieux, les gouvernements du Nord ontcherché à apaiser l’élite au pouvoir afin d’éviter que leurspropres intérêts commerciaux nationaux soient affectés. Aupire, la France et d’autres ont traité l’Angola comme un« no man’s land judiciaire qui devait rester pour l’éternitéune terre de crimes impunis, au nom d’intérêts politiquesmutuels. » En conséquence, les « hommes desPrésidents » ont plumé l’Angola – un tiers du budget del’État en semble avoir disparu et se trouve peut-êtredans un lavomatic offshore.

Parmi les sociétés pétrolières opérant en Angola, seuleBP a pris publiquement position en faveur de latransparence. Shell, Norsk Hydro et Statoil sont d’accordavec le principe et ont exprimé leur volonté de se dirigerdans cette voie. Chevron-Texaco, TotalFinaElf etExxonMobil, les plus importants exploitants de pétrole enAngola (et bientôt les plus importants au monde),continuent pour l’instant à rejeter l’idée.

La société civile a le droit d’avoir accès à desinformations adéquates afin de pouvoir demander descomptes à son gouvernement sur la gestion de « ses »ressources. Bien que la paix ait été, comme on pouvait s’yattendre, la priorité principale de la société civile naissanteen Angola, cette dernière reconnaît de plus en plus lanécessité d’une bonne gouvernance et de la transparencepour parvenir à une solution durable de la guerre. En, des ONG angolaises ont provoqué un débat àl’Assemblée Nationale pour demander la publicationcomplète du budget de l’État. Bien qu’il soit complètementfictif, le budget a été publié pour la première fois en .L’accès aux informations sur les dépenses trimestrielles del’État, l’accroissement des dépenses en matière de santé etd’éducation et la réduction des dépenses en matière dedéfense et de sécurité pourraient être bientôt à l’ordre dujour. D’autres ont initié un processus visant à s’assurer queles institutions de l’État fonctionnent de façon transparenteselon la loi angolaise.

Les appels à la transparence sont venus plus récemmentde l’archevêque D. Zacarias Kamuenho, chef de l’EgliseCatholique angolaise et détenteur du prix Sakharov pour

ses travaux sur la promotion des droits de l’homme et de lapaix en Angola. Au cours de la cérémonie de remise duprix au Parlement européen en décembre dernier,l’archevêque Kamuenho a souligné le rôle des industriesextractives dans la perpétuation de la guerre et mis l’accentsur le besoin pressant d’ « amener la transparence [qui]stimulerait la mise en oeuvre d’investissements sociaux auprofit de la qualité de vie des citoyens. » La mort du chefde l’UNITA Jonas Savimbi ne fait qu’ajouter à cespressions. Il est de moins en moins réaliste de mettre leséchecs de l’Etat angolais sur le compte de la guerre.

Bien que l’objectif final de rendre le gouvernementtransparent dépende lourdement du rôle de la société civileen Angola, sans accès à l’information cette dernière nepeut pas faire grand chose. En refusant de publier cequ’elles versent au gouvernement, les sociétés pétrolièrescréent une condition nécessaire pour la mise en oeuvre desmécanismes de pillage des revenus de l’État car sansinformation sur les revenus de base de l’État, il estimpossible aux citoyens angolais de savoir quand ils se fontrouler et de demander des comptes à leur gouvernementsur la mauvaise gestion des rentes tirées de leurs ressources.La non-publication des paiements serait considérée commeinacceptable d’un point de vue aussi bien moral que légalen tant de paix et elle révèle un mépris évident pour lasituation désespérée du peuple angolais. La transparenceest vue comme une pré condition nécessaire à despratiques commerciales acceptables dans l’hémisphèreNord, pourquoi pas dans le Sud ?

Il est évident que les techniques de pillage des revenusde l’État décrites ici sont facilement exportables vers toutendroit où la nature prédatrice des entreprises pétrolières etfinancières internationales agit sur une société civile faibleet des gouvernements néo-autoritaires non transparents.Un rapport récent d’Oxfam Amérique sur « les industriesextractives et les pauvres » établit une relation statistiqueclaire entre les États dépendants des industriesd’exploitation des matières premières et des institutionsnon transparentes qui sont liées à la pauvreté. Ce« Paradoxe de l’Abondance » provient de ce que desgouvernements riches en ressources ont tendance à utiliserdes taux d’imposition peu élevés et le copinage pourdécourager les pressions en faveur de la démocratie etdépensent une part exceptionnellement élevée de leursrevenus à la sécurité intérieure. De plus, les structurespolitiques qui se développent autour d’une économie« d’abondance » manquent d’amener les changementssociaux et culturels qui conduisent à des investissements delong terme en faveur du développement social. Les États

Tous les hommes des Présidents

Pertes publiques, enrichissement personnel ! Neuf mois de protestation contre la corruption etl’impunité à l’extérieur d’Angonave – une entreprise publique angolaise, mai , Luanda.

Page 61: les hommes des Présidents

qui dépendent de richesses pétrolières ou minérales sontégalement confrontés à des risques plus élevés de guerrecivile et de conflit. L’accusation de complicité del’industrie portent sur tous les autres pays – tels quel’Azerbaïdjan, le Tchad, le Cambodge, la RépubliqueDémocratique du Congo, la Guinée Equatoriale, leGabon, le Kazakhstan, le Soudan et le Nigéria pour n’ennommer que quelques-uns – où les ressources naturellesfournissent une source importante de revenus pour l’État,où la corruption associée aux revenus de l’État est un sujetde préoccupation et où les sociétés d’exploitation ne sontpas totalement transparentes sur leurs paiements augouvernement. Les risques de complicité avec desgouvernements non transparents n’existent pas que dansun sens. Comme le notait le journal The Economist : « Lesentreprises opérant dans des pays au gouvernementdésagréable... mettent en danger leur avoir le plusprécieux : leur réputation. »

Le problème ne peut être résolu de façon « volontaire ».L’expérience de BP avec Sonangol montre que même siune société pétrolière veut être transparente, elle peut êtremenacée de voir ses concessions annulées et allouées à desconcurrents moins scrupuleux. Malgré les grands principesénoncés, l’adhésion sans condition au principe demaximisation des profits fait que les normes de publicationdes informations et de transparence en Angola restentcelles du dénominateur commun le plus bas. Une actioncollective de la part des sociétés pétrolières pourraitpermettre de sortir de l’impasse – et envoyer un messageclair sur la bonne gouvernance au niveau mondial – mais,jusqu’ici l’industrie n’a pas fait preuve de l’imaginationnécessaire pour résoudre ce problème.

Ainsi, il est nécessaire de développer une approcheréglementaire parallèle pour faire face à l’échec desinitiatives volontaires de transparence et pour établir desnormes minimales de publication des informationsfinancières par les sociétés multinationales pour tous les

pays où elles ont une activité. Global Witness pense que lesprincipaux organismes de contrôle ont et le pouvoir et ledroit d’imposer des changements immédiats dans lesnormes appliquées par les sociétés pour rendre compte deces informations et les publier. Les agences de crédits àl’exportation du Nord devraient imposer des critères detransparence à tous leurs partenaires investisseurs. Le FMI,la Banque Mondiale et la Société Financière Internationale– sur la base de réelles améliorations de la transparence deleurs propres activités – devraient développer etinstitutionnaliser un modèle de transparence et de gestiondes revenus qui pourrait être adapté à des situationsnationales différentes. Cela pourrait par exemple permettred’éviter les retards qui ont caractérisé le Diagnostic pétrolierdu FMI qui se déroule vraiment au coup par coup.

De façon similaire le travail contre le blanchiment del’argent qui a accompagné « la guerre contre la terreur » amontré ce qui pouvait être réalisé quand il existe unevolonté collective de résoudre le problème : ces effortsdevraient maintenant être utilisés pour traiter l’une descauses de la pauvreté dans le monde à savoir pour localiseret rapatrier les avoirs volés aux plus pauvres de ce mondepar les plus riches. Comparez par exemple les , à ,milliards de dollars ou plus de revenus et prêts de l’annéedernière et les millions de dollars américains nonjustifiés l’année précédente avec la difficulté que les NationsUnie ont eu à rassembler les millions de dollarsaméricains nécessaires pour nourrir le million de réfugiésangolais qui dépendent de l’aide alimentaire pour survivre.

Les gouvernements nationaux et leurs alliéséconomiques ne peuvent plus se décharger de laresponsabilité de l’expropriation et du système deux poidsdeux mesures de l’industrie mondiale de l’exploitation desmatières premières. La communauté internationale devrasoit se montrer à la hauteur en approuvant et en mettanten oeuvre la transparence dans le secteur soit recoller lesmorceaux.

Tous les hommes des Présidents

Dépossédés et laissés à la merci de l’aide des bailleurs de fonds. Sans transparence sur les revenus des ressources naturelles, les Angolais n’ontaucune chance.

Page 62: les hommes des Présidents

a Témoins d’une ONG humanitaire internationale en Angola, 2001b Angola : Behind the facade of ‘normalization’ – Manipulation, violence and abandoned populations, Médécins Sans Frontières, novembre 2000

Tous les hommes des Présidents

Références UNICEF appeals for $ million, Integrated Regional Affairs Network ;

janvier Mortality rates remain high, Integrated Regional Affairs Network ;

Septembre Loi Angolaise No. /. Promulguée le aoôut Rich Nations Can Remove World Poverty as a Source of Conflict,

International Herald Tribune ; Octobre ‘Trafic d’arme en Afrique’, L’Express ; février Exchange rate : French Francs:US$’s – http://www.oanda.com ;

décembre . Exchange rate : Euros:US$’s – http://www.oanda.com ; janvier . ‘Le juge Courroye déjugé ? ’, Nouvel Observateur ; – janvier Dennis Wagner, ‘Jet-setter’s life marked by intrigue’, Arizona Republic ;

janvier Ken Silverstein, ‘The Arms Dealer Next Door’, In These Times ; janvier

‘Geneva probes further into Angola arms scandal’,

http://www.swissinfo.ch ; mars ‘Suisse : A Genève, la justice bloque un milliard de francs dans l’affaire

de corruption de « l’Angolagate »’, Le Temps ; février ‘La renégociation de la dette de l’Angola envers la Russie ouvre une autre

piste’, Le Monde ; avril ‘Israel : Yatom linked to arms entrepreneur’, Leshabat supplement of Yedi’ot

Aharonot, Tel Aviv, Israel, janvier ‘L’autre affaire d’otages qui inquiète l’entourage de Charles Pasqua’, Le

Monde ; janvier . ‘Indicted, Marchiani denies all charges against him’, Le Monde ; may

Hodges,T., ‘Angola from Afro-Stalinism to Petro-diamond Capitalism’,

International African Institute ; London, . ‘Les Hommes de l’Angolagate’, Le Monde ; janvier Paul Barril, former military police head & Africa expert, in ‘Former aide

: Mitterrand case ‘Disaster for France’’. Reuters ; décembre . Investigations de Global Witness ; Pers. comm., Arkadi Gaidamak ; septembre ‘Une enquête sur une société de vente d’armes vise des personalités

politiques’, Le Monde ; décembre Exchange rate : French Francs:US$’s – http://wwwoanda.com ;

décember . Membre du gouvernement français ; Anon. ; ‘Grandes oreilles françaises pour l’Angola’, La Semaine, L’Express ; mai

‘The investigation into Angolagate reveals the sheer scale of the ‘Falcone

system’’, Le Monde ; janvier ‘L’affaire Cie des Signaux’, La Lettre du Continent ; mai/Juin ‘Perquisitions dans la galaxie Mitterrand’, Libération ; / décembre ‘Falcone et Cie, armes en tous genres’, Libération ; décembre ‘Jacques Attali mis en examen dans l’affaire Falcone’, Libération ; mars

‘Pierre Falcone’, Libération ; / décembre ‘Des marchands d’armes au secours d’Elf ’, L’Evénement du Jeudi ; -

décembre ZTS-Osos contract – Osos Vrutky ; US$ million Facility Agreement with Banque Paribas and Glencore

International AG ; septembre Pers. comm., Arkadi Gaidamak ; décembre Global Witness’ investigations ; ‘Russian arms company holds percent shares in Osos Vrutky’, CTK

Publications ; janvier Pers. Comm., Ivan Feranec, CTK Publications, Czech republic ; Monarch Fiduciary, Mondiale Property and Mondiale Management

company accounts, Companies House, London ; Sonus Limited & Europitex Limited company accounts, Companies

House, London ; Tribunal de Grande Instance de Paris, No d’affaire : ; décembre

‘Me, Jean Christophe Mitterrand and friends’, Ha’aretz ; janvier ‘Angling in on Angola’, Ha’aretz ; janvier ‘The gifted diamond dealer and the Angolan comrades’, Soverchenno

Sekretno, abridged and translated version from Courier International ;– janvier

‘L’affaire « Angolagate » met en cause l’ancien pouvoir russe’, Le Temps ; mars

‘La contre-attaque d’Arcadi Gaydamak’, Le Parisien ; février ‘Changes in the top management of Rossiyskiy Kredit Bank’, Rossiyskiy

Kredit Bank – News ; décembre Angolense ; juillet – aôut Lettre d’André de Fiori d’ARGO à une société agro-alimentaire, Anon. ;

Pedro Rosa Mendes, ‘Ligações Perigosas de Luanda à Rússia e ao «

Kremlingate », Público ; th January Pers. comm., International food trader, Anon. ; Companhia Angolana de Distribuição Alimentar Limited company

accounts, Companies House, London ; Company accounts for : Brenco Ltd, Essante Ltd, Invest Time Ltd,

Brenco Aviation Consulting Ltd, Companies House, London : Listing for Brenco Trading Ltd, Dunn & Bradstreet – Who owns whom ;

/ UK Companies House filings for Clearhall Ltd & Invest Time Ltd ; Investigations de Global Witness ; Brenco France, Fiche d’identité RCS : , Registre National du

Commerce et des Sociétés ; mars Francis Christophe, ‘TotalFina-Elf Merger : Starting over with a clean

slate’, Golias Magazine ; October Pers. comm., Francis Christophe ; ‘Le Cameroun aurait également acheté des armes à Pierre Falcone’,

Jeune Afrique ; janvier ‘Cameroun : Achat d’armes à ZTS-Osos’, La Lettre du Continent # ;

janvier ‘Bank Menatep licence stripped’, The St Petersburg Times ; may ‘Bank in laundering enquiry courted Russians zealously’, The New York

Times ; aôut ‘Menatep shareholders vote to bankrupt bank’, The St Petersburg Times ;

septembre ‘Congo-B : Quand Martin Mberri écrivait à ZTS-Osos’, La Lettre du

Continent ; #, janvier President’s message, Essanté web site :

http://www.essante.com/about/pres_message.cgi ; printed aôut The Lee Solters Company, About Us – company web site,

http://www.solterspr.com/about.html ; printed aôut Corporate Biographies, Essanté web site :

http://www.essante.com/about/bios.html ; printed aôut Company accounts for Essante Ltd, Companies House, London ; ‘Falcone firm gave $, to GOP’, Arizona Republic ; janvier ‘As Enron scandal spreads, US starts to question cash for influence

culture’, The Guardian ; janvier ‘Greed is the Creed’, The Observer ; janvier ‘Enron spotlight falls on Cheney’, The Observer ; janvier ‘Power Politics’, FT-Com ; janvier ‘Enron Executives who dumped stock were heavy donors to Bush’, The

Center for Public Integrity ; janvier ‘Bush, the corporations’ flag-carrier – Enron’s collapse exposes the folly

of his cash-for-influence policy’, The Guardian ; janvier ‘White House aided Enron in dispute’, The Washington Post ; janvier

http://www.pierrejfalcone.com/ Correspondance Email avec ami des Falcones, Anon. ; janvier

‘France’s scandal trail leads to US’, The Sunday Times ; décembre ‘Une nouvelle mise en examen dans une enquête sur un traffic d’armes’,

Le Monde ; janvier Le Figaro commenting on expanding investigations, quoted in The Times

; janvier Le Monde ; décembre ‘De Londres, Arcadi Gaydamak défie les juges français’, Le Monde ;

décembre ‘Thiery Imbot, a new mystery in the Affair Falcone’, Le Monde ; janvier

‘L’héritage explosif de l’ère Mitterrand’, Libération ; – décembre

‘Jean-Christophe Mitterrand : Le dossier s’alourdit’, Le Figaro ;

décembre .’ ‘Les coûteux conseils d’un fils de president, Le Figaro ; - décembre

‘Pierre Falcone’s self-mmotivated extravagance towards Jean-Christophe

Mitterrand and Jean-Nöel Tassez’, Le Monde ; janvier ‘Trafic d’armes en Afrique : Jean-Christophe Mitterrand écroué’, Le

Monde ; décembre ‘Jean-Christophe Mitterrand prêt à payer le prix de sa liberté’, Libération ;

janvier Commentaires de l’Editorial du Monde ; décembre , cité dans

‘Former Aide : Mitterrand case’ disaster for France’, Reuters ; décembre

‘Mitterrand gets bail but can’t pay’, BBC News homepage –http://www.bbc.co.uk ; janvier

‘A free Mitterrand opens the hostilities’, Libération ; janvier ‘Sulitzer et le marchand d’armes’, Le Parisien ; décembre ‘Jacques Attali est mis en examen dans l’affaire Falcone’, Le Monde ;

mars ‘Jacques Attali mis en examen dans l’affaire Falcone. L’ex-conseiller de

Mitterrand aurait reçu des virements’, Libération ; mars Banking industry source, Anon. ; ‘Behind Attali, the Judges track Védrine’, Liberation ; – mars ‘Perquisition au Quai d’Orsay dans l’affaire Falcone’, Le Monde ;

mars Ibid – Quai d’Orsay staff quoted in French : ‘aucune consequence.’ Ibid – Lawyer of Attali statement in French : ‘…pas de trace d’une

intervention de M. Védrine dans le dossier fiscal de M. Falcone et pas detrace d’une intervention de M. Attali auprès de M. Védrine.’

‘Le préfet Marchiani entendu sur des ventes d’armes’, Le Parisien ; décembre

‘Pasqua rattrapé par l’affaire Falcone’, Le Parisien ; décembre ‘Mitterrand-Falcone : la semaine décisive’, Le Figaro ; janvier ‘Trafic d’armes vers l’Angola : les comptes de la liste de M. Pasqua aux

européennes placés sous sequestre’, Le Monde ; / janvier ‘L’Angola soupçonné d’avoir verse , dollars au parti de Charlie’,

Le Canard Enchaîné, décembre Ibid. ‘Un « accord politique » entre le RPF et l’Angola ? ’ Le Monde ;

janvier ‘Villiers prêt à charger Pasqua’, Le Figaro ; janvier ‘Villiers Charge Pasqua’, Le Figaro ; janvier ‘Bernard Guillet, conseiller de M. Pasqua, mis en examen dans l’affaire

Falcone’, Le Monde ; avril ‘Angolagate : Marchiani mis en examen’, Le Figaro ; mai Ibid : mandat d’ interrogation de Bernard Guillet ‘French arms scandal closes in around ex-Interior Minister’, AFP ;

avril ‘Charles Pasqua’s diplomat comes out of the dark and clarifies the

Falcone affair’, Le Monde ; avril ‘Charles Pasqua mis en examen dans l’affaire du traffic d’armes vers

l’Angola’, AFP ; mai ‘M. Pasqua mis en examen une deuxième fois par les juges de l’affaire

Falcone’, Le Monde ; mai ‘Monaco, le compte secret et les ventes d’armes’, Le Parisien ; juin Commentaires attribués à Jean-Christophe Mitterrand concernant le

Juge Courroye : ‘Sue la Haine’, dans ‘Vives protestations des magistratesaprès les attaques des Mitterrand’,Le Monde ; / janvier

‘Vives protestations des magistrats après les attaques des Mitterrand’, LeMonde ; / janvier

‘Angolagate : le parquet requiert l’annulation du « trafic d’armes, »’ LeMonde ; / janvier

‘La cour de cassation annule les poursuites pour trafic d’armes dansl’affaire Falcone’, Le Monde ; juin

Dennis Wagner, Arizona Republic ; juin http://www.interieur.gouv.fr/histoire/minist/pasqua.htm Le Figaro, Page ; janvier ‘De à , M. Falcone s’est imposé en partenaire privilégié de la

Sofremi’, Le Monde ; janvier ‘Branle-bas de combat judiciaire en « Françafrique »’, Le Figaro ;

décembre Exchange rate : French Francs:US$’s – http://wwwoanda.com ;

US$, juin . ‘The Sofremi has never been involved in a deal for the sale of Russian

weapons’, Le Monde ; janvier ‘Le Patron de la Sofremi accuse’, Le Figaro ; janvier Country commercial guides FY : Angola – Chapter : Trade and

Project financing ; State Department web site : http://www.state.gov ‘Tipatouillages franco-russes pour armer l’Angola’, Libération ;

décembre ‘BAI terá novo Presidente’, Agora ; avril Information on Breweries, Skol International web site :

http://www.skolinternational.com ‘Non official translation of ‘Who conspired against Santos ? ’, O

Independente ; décembre Annual accounts, BAI ; , page ‘Angola : BAI aposta em África’, África Hoje ; mars Letter from Mário Palhares, Chairman of the Board, BAI, to Global

Witness ; aôut Letter from Mário Palhares, Executive President, BAI, to Global

Witness ; septembre ‘Quinze Ans de Présence d’Elf en Angola ’, Elf Exploration

Angola ; juillet Documents du departement Affaires Juridiques, Paribas ; aôut ’A Crude Awakening’, Global Witness ; décembre ;

www.globalwitness.org ‘Roc Oil’s mysterious partners’, Africa Energy intelligence ; octobre Address by President José Eduardo dos Santos on receiving credentials

of new French Ambassador, Press Release & official translation, AngolanEmbassy, London ; février

African Energy ; Issue , octobre Article of the petroleum Law No. / ; août Italique : rajouté par Global Witness www.eia.doe.gov ; Africa Energy Intelligence, octobre IMF Projection for ; Government of Angola – Memoranda of

Economic and Financial Policies ; février ‘% success rate in deep off-shore’, Africa Energy Intelligence ; mai EIU Country Report Angola ; er trimestre Africa Energy & Mining No ; octobre EIU Country Report Angola – At a glance - ; novembre Pers. Comm., Oil Industry sources, Anon. ; ‘Block Begins Production’ ; décembre – O Pensador Newsletters,

Angolan Embassy in Washington, DC (www.angola.org) ‘Sonangol bares its teeth’ ; Africa Energy Intelligence ; novembre ‘Big oil gets slapped in the face in Angola’ ; Marek Inc – News Features ;

novembre (www.marekinc.com) Wood Mackenzie – consultation ad hoc ; octobre Investigations de Global Witness ; -

Company tax consultant, Anon ; mars BP-Statoil Alliance staff data – Environmental Resources Management

(ERM) Social Impact Report ; commissioned by BP in late ‘Angola shares Block pie’ ; Upstream ; juin Staff Report for the Article IV Consultation and Discussions on a

Staff-Monitored Program-IMF African Department ; juin Terms of reference Financial Diagnosis and Monitoring of State

Petroleum Reserves ; www.angola.org/reports/oildiagnostic.html, février

Source close to the Oil Diagnostic ; aôut ‘The Oil Diagnostic in Angola : an Update’, Human Rights Watch ; mars

Angola – Preliminary Conclusions of the IMF Mission ; aôut

(www.imf.org) Unofficial translation from Grupo de Acompanhamento da

Implementação do Programa Monitorado, Luanda aôut, Lettre de Global Witness au directeur général de société pétrolière ;

janvier Lettre adressée à Global Witness par BP-Amoco Plc ; février Angola Model Production Sharing Agreement for Deep Water Blocks ;

Article , p. ; février Lettre adressée à Global Witness par Statoil AS ; février Conversion basée sur le taux de change moyen : NOK:US$ pour ;

www.oanda.com Reuters (London) ; février Letter adressée à Global Witness par Shell (Londres) ; février Letter adressée à Global Witness par BHP ; mars Letter adressée à Global Witness par BHP ; er mai Letter adressée à Global Witness par Petrobras ; mai Site Internet de Petrobras :

http://www.petrobras.com.br/ingles/financas/acionist/finaci.htm ‘Exxon in Angola’, Exxon Exploration ; mars Site Internet de Chevron : www.chevron.com Site Internet de TotalFinaElf : www.totalfinaelf.com Pers Comm., Anon : Banking & Investment industry sources ; Angola Model Production Sharing Agreement for Deep Water Blocks ;

Article . p. ; février Voir, par exemple, Williams,C.. ‘SEC and Corporate Social

Transparency’, Harvard Law Review : - The use of “appropriate in the public interest” is often taken as

encouraging a wider interpretation that information that is just“necessary” for the public interest. Williams,C.. ‘SEC and CorporateSocial Transparency’, Harvard Law Review : -

Frankfurter, F., ‘The Federal Securities Act II’, Fortune Magazine ; aôut

Taux de change moyen en pour le marché formel ( USD=, Kz) ; Banco Nacional de Angola

Pers. Comm., Various development workers, Anon ; - Voir ‘What is Corporate Social Responsibility(CSR) ? ’

http://europa.eu.int/comm/employment_social/soc-dial/csr/csr_whatiscsr.htm

About the GRI. http://www.globalreporting.org/aboutGRI/index.htm ‘Sustainability Reporting Guidelines on Economic, Environmental and

Social Performance’ – Part C Report Content ; Voir Economic IndicatorsNos. .-., and . p. ; Global Reporting Initiative ;http://www.globalreporting.org/guidelines ; juin

Etant donné que Chevron a repris Texaco, la position de Chevron n’estpas claire – la société va-t-elle suivre la même ligne que Texaco ?

News update : www.globalreporting.org/news/marchupdate ‘Principles of Corporate Governance ‘, page , OECD ; avril

(www.oecd.org/pdf/M/M.pdf) Ibid. Item IV(B). p.. Ibid. Item IV(A). p.. ‘Global Compact Issues Dialogue – The Role of Private Sector in

Zones of Conflict’, Global Compact ; / mars Voir http://europa.eu.int/comm/employment_social/soc-

dial/csr/greenpaper.htm ‘EU Green Paper Promoting a European framework for Corporate

Social Responsibility’, paragraph Ibid. Paragraph http://www.wbcsd.ch Starting a new chapter ; http://www.tradefinancemagazine.com/ Pers. comm. Arkadi Gaidamak ; décembre Sources dans l’industrie bancaire ; - Investigations de Global Witness ; - ‘Angola’s government has re-financed a $ million oil-backed

loan…’, Reuters ; mars Angola secures loan from foreign banks, Finantial Times ; mars ‘Sonangol – US$ million crude oil contract prepayment facility’,

communiqué de presse de Standard Chartered Bank ; mars Imprimé de base de données bancaire détaillant l’emprunt de

millions de dollars de Standard Chartered ; février En d’autres mots, un prêt existant garanti sur la pétrole StanChart structure for Sonangol proves popular, Trade Finance ; mai

Bank loan may breach IMF limits, African Energy ; avril Bankers’ database printout detailing Commerzbank US$ million

loan syndication ; mars Voice of America, Portuguese language service ; avril ‘Angola has agreed loans worth $ million…’, Reuters ; avril Bankers’ database printout detailing BNP-Paribas (and others). US$

million loan ; juillet Bankers’ database printout detailing BNP-Paribas (and others). US$

million loan ; octobre Financings ; octobre (http://www.the-lawyer.co.uk/) Financings ; octobre (http://www.the-lawyer.co.uk) Banking database, listing recent structured loans arranged on the

London market, against the Cabinda and Soyo-Palanca Trusts ; mars

‘Leading international banks establish anti-money launderingprinciples’, communiqué de presse de Transparency International ; octobre(http://www.transparency.de)

Si Marc Rich a quitté Glencore en , il participait encore auxactivités de la société quand Falcone et Gaidamak négociaient des prêtsgarantis sur le pétrole en

‘Clinton Pardons : Cast of Characters’, BBC News ; février (www.news.bbc.co.uk)

‘The Marc Rich Case : A Primer’, Time.com(www.time.com/time/nation/article/,,,.html)

Source, à l’exception de la Corée du Sud :http://www.edf.org/programs/international/ECA/Africa.htm

Réunion entre Global Witness et le personnel de l’Agence Bilatérale deCrédits à l’Exportation ; septembre

Commentaires de l’éditorial du Le Monde ; décembre , cités parReuters ; décembre

‘Extractive Sectors and the Poor’, Oxfam America ; October . LePNUD mesure habituellement cette divergence en soustrayant l’Indice deDéveloppement Humain du rang de son PIB. Le rang de l’Angola pourson PIB est rangs au-dessus de son rang pour son IDH , ce qui en faitun des pays les plus mal lotis au monde.

‘Greed and Grievance in Civil War’, World Bank DevelopmentResearch Group Policy Research Working Paper ; mai

‘Business in difficult places : risky returns’, The Economist ; mai Fuelling the war : Diamonds and oil, BBC News, janvier

(http://news.bbc.co.uk/hi/english/special_report////angola/newsid_/.stm)

Pers. Comm., journaliste ; février

Page 63: les hommes des Présidents

Tous les hommes des Présidents

Autres publications par Global Witnességalement disponibles sur notre site Internet : http://www.globalwitness.org

« Branching Out – Zimbabwe’s Resource Colonialism inDemocratic Republic of Congo »

publié en février 2002

« Can Controls Work ? A Review of the Angolan DiamondControl System »

publié en décembre 2001

«Taylor-made—The Pivotal Role of Liberia’s Forests and Flagof Convenience in Regional Conflict »

publié en septembre 2001

«The Credibility Gap — and the Need to Bridge ItIncreasing the pace of forestry reform »

publié en mai 2001

« Review of the Sierra Leone Diamond Certification Systemand Proposals and Recommendations for the Kimberley

Process for a Fully Integrated Certification System (FICS) » publié en avril 2001

« Conflict Diamonds — Possibilities for the Identification,Certification and Control of Diamonds »

publié en juin 2000

« Chainsaws Speak Louder Than Words » publié en mai 2000

«Timber Takeaway — Japanese Over-comsumption — theForgotten Campaign »

publié en mars 2000

«The Untouchables — Forest crimes and the concessionaires—can Cambodia afford to keep them ? »

publié en décembre 1999

« A Crude Awakening — The Role of the Oil and BankingIndustries in Angola’s Civil War and the Plundering of State

Assets » publié en décembre 1999

« Made in Vietnam — Cut in CambodiaHow the garden furniture trade is destroying rainforests »

publié en avril 1999

« Crackdown or Pause — A Chance for Forestry Reform inCambodia ? »

publié en février 1999

« A Rough Trade — The Role of Companies and Governmentsin the Angolan Conflict »

publié en décembre 1998

« Going Places — Cambodia’s Future on the Move » publié en mars 1998

« Just Deserts for Cambodia — Deforestation & the Co-PrimeMinisters’ Legacy to the Country »

publié en juin 1997

« A Tug of War — the Struggle to Protect Cambodia’s Forests » publié en mars 1997

« Cambodia,Where Money Grows on Trees — Continuing Abuses of Cambodia’s Forest Policy »

publié en octobre 1996

« RGC Forest Policy & Practice — the Case for PositiveConditionality »

publié en mai 1996

« Corruption,War & Forest Policy — the Unsustainable Exploitation of Cambodia’s Forests »

publié en février 1996

«Thai-Khmer Rouge Links & the Illegal Trade in Cambodia’sTimber »

publié en juillet 1995

« Forests, Famine & War — the Key to Cambodia’s Future » publié en mars1995

Global Witness est une organisation non-gouvernementale britannique qui se concentre surles liens entre les violations des droits humains etde l’environnement, notamment les impacts del’exploitation des ressources naturelles sur les payset leur population. Grâce à des techniquesd’investigation novatrices, Global Witness rassembledes informations et des preuves utilisées pour lelobbying et les campagnes de sensibilisation. Lesinformations de Global Witness sont utilisées pourinformer les gouvernements, les organisationsintergouvernementales, les ONG et les médias.Global Witness n’a pas d’affiliation politique.

Remerciements

Les informations présentées dans ce rapportsont tirées de couvertures de presse ainsi quedes données obtenues grâce à des investigationsapprofondies menées en 2000 et 2001. GlobalWitness aimerait remercier les nombreuxangolais et citoyens d’autres nationalités pourleur soutien ainsi que les informations et lesconseils qu’ils nous ont fournis, souvent à leursrisques et périls. Ce document n’aurait pas puêtre produit sans eux – un grand merci !

Nous nous devons aussi de remercier lePrésident Dos Santos pour avoir confirmécertains aspects clés de « l’Angolagate » dansson discours de bienvenue adressé au nouvelambassadeur français en 2001.

Comme toujours, rien n’aurait été possible sansle soutien de l’équipe dévouée de volontaires etle personnel de Global Witness.

Traduction par Sandrine Lapuyade.

Design par The Plumbers.

Photos © Global Witness excepté quandindiqué différemment.

Imprimé sur papier recyclé non blanchi à 100%.

ISBN 1 903304 06 7

Global Witness LtdP O Box 6042. Londres N19 5WP. Royaume-Unitéléphone : + 44 (0)20 7272 6731 fax : + 44 (0)20 7272 9425e-mail : [email protected]://www.globalwitness.org/

Page 64: les hommes des Présidents

Global Witness LtdP O Box 6042. Londres N19 5WP.Royaume-Uni

téléphone : + 44 (0)20 7272 6731fax : + 44 (0)20 7272 9425e-mail : [email protected]://www.globalwitness.org/

ISBN 1 903304 06 7

Liberté de la presse à lamode angolaise. Pages à de la tentative de Folha de parler du lancementdu rapport de GlobalWitness de décembre, intitulé Un réveilbrut.