31
1 Les Indiens à Lacanau pendant la 2 ème Guerre mondiale

Les Indiens a Lacanau

Embed Size (px)

DESCRIPTION

INDI

Citation preview

1

Les Indiens à Lacanau

pendant la

2ème Guerre mondiale

3

Sommaire

I. Genèse de la présence d'Indiens dans l'armée allemande p. 4

II. Raison de l'arrivée des Indiens à Lacanau p. 7

III. Le problème de la barrière de la langue p. 9

IV. Les Indiens retrouvent le Mur de l'Atlantique mais plus au sud p. 10

V. Le cantonnement de la Légion à Lacanau p. 12

VI. Tableau d'effectif des officiers du Régiment d'Infanterie 950 au 01/07/44 p. 14

VII. Liste des officiers indiens p. 16

VIII. La Freies Indian Legion et la Waffen SS p. 18

IX. La fin de la Légion Freies Indien / Indisches Infanterie Regiment 950 p. 22

X. Quels souvenirs ont laissé les Indiens en France et à Lacanau ? p. 24

XI. Biographie de Subhas Chandra Bose p. 29

4

I . G enèse de la présence d'Indiens dans l'armée allemande

Au début de l'année 1942, le Gouvernement provisoire de l'Inde libre (en hindi : Arzi Hukumat-e-Azad Hind), est un gouvernement basé à Singapour durant la Seconde Guerre mondiale et dirigé par le nationaliste indien Subhash Chandra Bose1.

Allié à l'Empire du Japon dans le but de renverser le Raj Britannique2 et d'obtenir l'indépendance de l'Inde, ce mouvement nationaliste se présente comme le gouvernement en exil de l'Inde. Il est reconnu comme le gouvernement légitime de l'Inde par les pays de l'Axe, comprenant notamment, outre l'Empire du Japon, l'Allemagne nazie, la République sociale italienne et le gouvernement collaborateur chinois.

Lorsqu'en avril 1941, la plupart des membres de la 3e Brigade motorisée britannique (indienne) est faite prisonnière par l'Afrika Korps du général Rommel à El-Mechili en Cyrénaïque (Libye), Bose saisit l'occasion pour demander aux Allemands le patronage d'une troupe d'Indiens. Le 15 mai le Reich envoie un major de la Luftwaffe pour interroger en anglais des prisonniers indiens en vue de les recruter pour une unité de troupes indiennes au sein de l'armée allemande. Cette première approche est concluante : 27 officiers indiens sont conduits à Berlin quatre jours plus tard, et un camp militaire spécial à Annaburg est prévu pour environ 10.000 prisonniers de guerre indiens. Bose leur rend visite et les expose à une propagande intensive pour leur enrôlement dans l'unité proposée sous les noms de Légion indienne, de Légion Azad Hind voire de Légion "des Tigres".

Le premier groupe de volontaires, composé d'ex-prisonniers de guerre et de résidents civils indiens en Allemagne, quitte la gare berlinoise d'Anhalter à Noël 1941 pour un camp à Frankenburg près de Chemnitz destiné à recevoir les groupes futurs de prisonniers de guerre 1 Voir biographie Chapitre XI 2 Régime colonial britannique régissant le sous-continent indien de 1848 à 1947.

5

indiens libérés. En dépit du recrutement de seulement huit volontaires résolus à ce stade, en janvier 1942, le Ministère allemand de la Propagande, Joseph Goebbels, n'hésite pourtant pas à annoncer avec pompe l'établissement d'une Armée nationale indienne ou Jai Hind.

Par la suite, 6.000 prisonniers indiens, ceux considérés comme les plus réceptifs aux idées de Bose, sont transférés au camp de Frankenburg où l'entraînement militaire est mené par des officiers et sous-officiers allemands. La version officielle est que les Indiens serviront comme unité de main-Arbeitskommando Frankenburg. Néanmoins 300 volontaires sont triés sur le volet et transférés à Künigsbrück près de Dresde en Saxe où ils reçoivent leurs uniformes militaires de la Wehrmacht. Ces derniers sont assortis d'un écusson spécifique cousu à mi-bras droit de la vareuse, tricolore comme les insignes de col du Bataillon Azad Hindoustan, auquel est surajouté le motif central d'un tigre bondissant, rehaussé de la mention Freies Indien en caractères noirs sur fond blanc. Les soldats Sikhs sont par ailleurs autorisés pour des raisons religieuses à porter leur turban d'une couleur appropriée à leur uniforme au lieu de la casquette réglementaire en garnison.

Subhash Chandra Bose, en proposant ce corps d'armée, a obtenu la garantie des autorités allemandes que ses "Indiens libres", recrutés exprès pour lutter contre les Britanniques, ne

, contre les Russes.

Une première unité formée de volontaires indiens vit alors le jour. Il s'agit du régiment d'infanterie Infanterie appelé "Légion indienne" ou encore "Légion Azad Hind", rattaché à la Wehrmacht. Le premier contingent de cette unité quitte Berlin le jour de Noël 1941 et est stationné à Frankenberg, près de Chemnitz. La mission initiale de ce contingent consistait alors à recruter de nouveaux volontaires dans les camps de prisonniers. Des officiers allemands se voient chargés de l'entrainement de cette unité, d'abord à Frankenberg, puis sur un terrain militaire près de Dresde.

Le but de cette force est rait se ent dans

ce sens en 19 Mais le tournant de la guerre fait que ces opérations est -

se battent que très peu en Europe.

On dit qu'Hitler considère cette légion indienne comme "une plaisanterie"pense que les légionnaires "ne sont ". Et

aducteur qui rapporte ce discours qu'Hitler tint à la Légion : "V

par la passion brûlante avec laquelle vous et votre chef cherchez à libérer votre pays de la

vous faites cela, son a " .

6

Subhash Chandra Bose, après son alliance avec les Japonais, arrive à Singapour en juillet 1943 et y prend la tête de l'Armée nationale indienne, force armée indépendantiste destinée à combattre contre les troupes des Alliés. Le Gouvernement provisoire de l'Inde libre est fondé officiellement en octobre 1943. En novembre, Subhash Chandra Bose participe en tant que représentant de l'Inde à la conférence de la grande Asie orientale organisée par les Japonais pour réunir les membres de la Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale.

Dans ce gouvernement indépendantiste, Subhash Chandra Bose a le statut à la fois de chef de l'État, de chef du gouvernement et de ministre de la guerre.

Le territoire sous l'autorité du Gouvernement provisoire de l'Inde libre se limite aux îles Andaman-et-Nicobar, envahies par les Japonais en 1942. Encore cette autorité demeure-t-elle purement théorique, les îles étant pratiquement administrées par l'Armée impériale japonaise. Dans le courant 1944, le gouvernement a une représentation à Port Blair. Subhash Chandra Bose ne visite qu'une fois le territoire, pour en prendre officiellement possession, et ne semble pas avoir de réels contacts avec la population des îles. Les activités du gouvernement sont, en pratique, réductibles aux opérations menées par l'Armée nationale indienne, qui participe à la Campagne de Birmanie. Les troupes indépendantistes indiennes accompagnent les Japonais dans le cadre de l'Opération U-Go, offensive menée en Inde en 1944, et participèrent notamment à la Bataille d'Imphal3.

Le Gouvernement nationaliste indien cesse d'exister en juillet 1945, avec le retrait des Japonais de la Birmanie et de Singapour. En fuite pour le Japon, Subhash Chandra Bose disparait apparemment dans un accident d'avion à Taïwan.

3 Bataille livrée entre les forces britanniques et les forces japonaises. Elle se déroula de mars jusqu'à juillet 1944. L'armée japonaise a tenté de détruire les forces alliées à Imphal et d'envahir l'Inde, mais a été repoussée jusqu'en Birmanie, subissant de lourdes pertes.

7

I I . Raison de l'ar rivée des Indiens à Lacanau

Le 17 Septembre 1943, le régiment de la légion Freis Indien venant des Pays-Bas où il avait pour mission de garder la partie septentrionale du Mur de l'Atlantique est transféré dans le sud-ouest de la France à Saint-André de Cubzac, puis déployé sur la côte atlantique à Lacanau.

Ce transfert avait été préconisé par le commandant du 88ème Corps d'armée Hans Reinhard, (Kommandierender General LXXXVIII. Armeekorps und Befehlshaber der Truppen des Heeres in den Niederlanden) qui estimait que les troupes indiennes ralliées aux troupes de l'Axe ne devraient pas être stationnées dans les Pays-Bas au-delà de la fin du mois d'octobre car le climat froid de la mer du Nord serait préjudiciable à leur santé. Il préconise donc de les envoyer dans le sud de la France.

Le régiment est alors composé de 2 593 Indiens volontaires. La majorité d'entre eux partie faisait partie des 6 000 hommes servant auparavant dans la 3ème Brigade Motorisée Britannique Indienne.

La Légion - sans compter les cadres allemands - est formée de 1 503 hindous (60%), de 516 sikhs (20%) et de 497 musulmans (20%).

L'unité est commandée officiellement jusqu'au 25 juin 1943 par l'oberstleutnant4 Kurt Krappe.

4 Lieutenant-colonel

8

Le 10 février 1944, le feld-maréchal Erwin Rommel inspecte les fortifications de Lacanau.

Il passe en revue les Indiens qu'il avait capturés trois ans auparavant en Afrique.

Le Generalfeldmarschall Erwin Rommel (au centre) et l'oberstleutnant Kurt Krappe (à sa droite)

9

I I I . L e problème de la bar rière de la langue

Contrairement à la pratique britannique de l'armée des Indes, les unités de la Légion étaient toutes de religions mixtes et de provenances régionales distinctes. Environ deux tiers des membres de la Légion sont musulmans et un tiers hindous. Les Allemands respectent les us et coutumes de ces nouvelles recrues autorisant même aux Sikhs de porter le turban traditionnel à condition qu'il soit de couleur appropriée à celle de l'uniforme.

La langue officielle de commandement est l'hindi, mais comme de nombreux membres de la Légion provenaient des différentes régions de l'Inde, l'Hindi n'est pas parlé par tous. En outre, les Allemands sont presque en totale incapacité de fournir du personnel capable de parler l'une des langues du sous-continent indien, les obligeant à utiliser l'anglais pour la plupart de leurs communications avec les Indiens. L'anglais a également été souvent utilisé entre les Indiens de diverses origines linguistiques au sein de la Légion.

Lexique Allemand / Hindi

10

I V . L es Indiens retrouvent le Mur de l'A tlantique mais plus au sud

Dès 1942, le Mur de l'Atlantique à Lacanau Océan est composé de batteries d'artilleries côtières, de postes de direction de tir, de bunkers, de nids de mitrailleuses, de stations de surveillance, de champs de mines et de points d'appui de type Tobrouk (Ringstand en allemand).

Tobrouk avec une Maschinengewehr MG 34

Entre Montalivet et le Cap Ferret se trouve la "festung Mündung Gironde Süd". Les bunkers sont alors codés Ar à Arcachon, Ar1 à Montalivet, Ar7 au Pin Sec, Ar8 à Hourtin et jusqu'à Ar 32 au Cap Ferret.

11

À Lacanau-océan, quatre ensembles de fortification sont mis en place :

Ar 14 : Plage Nord - Type 665 Ar 15 : Plage Centrale Ar 16 : Plage Sud - 2 Type 502 Ar 17 : Plage du Lion - 1 Type 502.

Ar 14 : bunker de type 667 avec canon 50 KWK

12

V . L e cantonnement de la L égion à Lacanau

Plusieurs habitations ou bâtiments de Lacanau Médoc et de Lacanau Océan sont réquisitionnés pour abriter les officiers, les sous-officiers et les hommes du rang de la Légion. D'autres sont détruits pour permettre la construction des bunkers, comme la villa "Juliette" ou le bar-dancing Cochain.

Le siège administratif des Allemands à Lacanau océan est installé dans la villa "Les Roses" et à Lacanau Médoc, à l'hôtel du Commerce.

La villa "Quiétude" de la rue Lamartine (devenue rue Voltaire) à Lacanau Océan est occupée par l'oberleutnant Werner Reiche, commandant le peloton de transmissions, dépendant du IIème Bataillon.

13

La villa "Les Genêts" abrite le centre de ravitaillement. Au sud, l'établissement de réadaptation pour enfants situé dans la villa "Les Hermines", à l'angle de la rue Léon et Dominique et de la rue Beau Site, formant un excellent poste d'observation, abrite un commandant de compagnie. La villa "Les Mouettes" du boulevard de la Plage, comprenant douze pièces et un grand garage et appartenant au docteur Princeteau, est réquisitionnée le 10 décembre 1940. La villa "Les Dunes" quant à lui abrite l'état-major et un contingent de soldats indiens. Par ailleurs, chaque foyer tant au bourg qu'à l'océan, est obligé d'héberger suivant la grandeur de l'habitation un à trois soldats.

Le Central Garage de Marcel Brun à Lacanau océan sert d'écuries après avoir abriter des tonnes de ciment nécessaires à la construction des bunkers.

14

V I . Tableau d'effectif des officiers du Régiment d'Infanterie 950 au 01/07/44

État-major du R.I. 950

Commandant : Oberstleutnant puis Obersturmbahnfuehrer Kurt Krappe Chef d'État-major : Hauptmann Hellmuth Hamerl

Quartier maître d'EM : Oberleutnant Dr. Fritz Schwerdtfeger Correspondant Renseignement (Abwehr) : Oberleutnant Hellmuth Starcke

Officier d'ordonnance (IIa) : Oberleutnant Dr. Hans Seifriz Médecins chef de Régiment : Dr. Ernst Koch-Grünberg et Dr. Madan

Vétérinaires de Régiment : Dr. Hans Richter et Dr. Ishak Intendant (IVa) : Zahlmeister Panzner

État-major de Compagnie : Oberleutnant Rolf Schackert

Ier Bataillon (I./RI 950) Commandant : Hauptmann Adolf Scharwächter

Officier d'ordonnance : Oberleutnant Dr. Ulrich von Kritter Ordonnanzoffizier : Leutnant Heinrich von Trott

Zahlmeister (IVa) : Zahlmeister Panzner

1° Compagnie Commandant : Oberleutnant Wilhelm Lutz Chef de section : Leutnant Abu Zar Khan

2° Compagnie

Commandant : Oberleutnant Till Mutzenbecher?

3° Compagnie Commandant : Oberleutnant Dr. Matthaei

Chef de section : Leutnant Karl Mottet Chef de section : Leutnant Ali Khan

4° Compagnie

Commandant : Oberleutnant Willi Kern Chef de section :?

IIème Bataillon (II./IR950) Commandant : Hauptmann Helmuth Schönhals

Officiers d'ordonnance : Oberleutnant Erwin Iven Leutnant Dr. Werner Carpenberg

Officier d'ordonnance : Leutnant Hans-Joachim Wegner Tr. Arzt : Dr. Kretzschmar

5° Compagnie

Commandant : ? Chef de section : ?

6° Compagnie

Commandant : Oberleutnant Oskar Erdmann Chef de section : Leutnant Gurbachan Singh Mangat

7° Compagnie

Commandant : Oberleutnant Dr. Richard Stoll Chef de section : ?

8° Compagnie

Commandant : Oberleutnant Werner Reiche Chef de section :?

15

IIIème Bataillon (III./IR11) Commandant : Oberleutnant Dr. Hans Kutscher

Officier d'ordonnance : Oberleutnant Dr. Joachim von der Goltz Officier d'ordonnance : Leutnant Dr. habil. Hans Franzen

Tr. Arzt Oberarzt : Dr. Hans Loskant Officier du Train : Leutnant Schönwälder

Zahlmeister (IVa) : Zahlmeister Ernst Seebass

9° Compagnie Commandant : Oberleutnant Walter Tödt

Chef de section : Leutnant Wolfram Chef de section : Leutnant Jaswant Singh Bindra

10° Compagnie

Commandant : Oberleutnant Heinrich Chef de section : Leutnant Allah Dad Khan

11° Compagnie

Commandant : Oberleutnant Plojetz Chef de section : Leutnant Dr. Hans Franzen

Chef de section :Leutnant Haschke

12° Compagnie Commandant : Oberleutnant Sachsenröder

Chef de section : Leutnant Borsutzki Chef de section : Leutnant Gurmukh Singh

13° Compagnie (I.G.) Commandant : Oberleutnant Hans Stephan

Chef de section : Leutnant Fiedler Chef de section : Leutnant Sukhdev Choudry

14° Compagnie (Pz.Abw.)

Commandant : Oberleutnant Dr. Hubert Kölzer

15° Compagnie (Pionier) Commandant : Oberleutnant Wolf Hauter

Batterie indienne Chef de batterie : Leutnant Heinz Brinkmann

Compagnie de réserve

Commandant : Leutnant Hans Schackert

Bataillon de réserve Commandant : Hauptmann Theodor Blodig

I° Bataillon - postes inconnus : Hauptmann Mela Ram

Leutnant Kalu Ram

16

V I I . L iste des officiers indiens

Leutnant Sant SINGH Leutnant Jaswant SINGH BINDRA

Leutnant Gurbachan SINGH MANGAT Leutnant Abu Zar KHAN

Leutnant Jamil Ahmed KHAN Leutnant Balwant SINGH

Leutnant Sukh Dev CHOUDHRY Leutnant Adolf Abdullah KHAN

Leutnant Inder SINGH Leutnant Gurmukh SINGH Leutnant Allah Dad KHAN

Leutnant Bhisham CHOPRA Leutnant Dr. Mohammed ISHAQ

Leutnant Sher Dil KHAN Leutnant Dr. S. BOSE

Leutnant Dr. R. Lal MADAN Leutnant Ali KHAN (Lieutenant à titre posthume "Mort au combat" début 1944 pendant la retraite)

Promus Untersturmführer5 après que la L égion soit devenue une unité de la Waffen SS :

Ustuf Abdullah Adolf KHAN Ustuf Broja Lal MUKERJI

Ustuf Jaswant NAIK

5 Sous-lieutenant

17

Lors d'une cérémonie au Quartier général de Lacanau ville le 1er octobre 1943, douze hommes méritants reçoivent leur lettre de commission (Ernennungsurkunden) et leurs galons de lieutenant des mains du Generalleutnant Felix Schwalbe, le commandant de la 344° Division d'Infanterie.

F elix Schwalbe (à droite) et le Generalfeldmarschall Erwin Rommel. Derrière Rommel, Heinz Bertling.

Le nouveau promu, le lieutenant Sant Singh,

dans son uniforme neuf, avec sa dague d'officier 1er octobre 1943

18

V I I I . La F reies Indian L egion et la Waffen SS

La Waffen-SS (littéralement "armée de l'escadron de protection") est la branche militaire de la Schutzstaffel (SS), dont elle constitue l'une des composantes les plus importantes avec l'Allgemeine SS, le Sicherheitsdienst (SD) et les SS-Totenkopfverbände.

Elle fut conçue à l'origine par Heinrich Himmler comme une armée politique, uniquement constituée de nationaux-socialistes convaincus, soumis à de sévères critères de sélection notamment basés sur les théories raciales nazies. Au fil du temps, et surtout à partir de la fin de l'année 1942, elle intègre des troupes de toutes origines, des Volksdeutsche (personnes d'origine germanique mais hors du Reich) et des malgré-nous Alsaciens et Mosellans dans une première phase, puis des personnes essentiellement issues des pays occupés, de la Belgique à l'Albanie, du Danemark à l'Ukraine, sans se soucier de leur éventuelle origine germanique. Ces unités non allemandes sont largement majoritaires à partir de 1944, avec près de 700 000 hommes sur un total de près d'un million de membres de la Waffen-SS pendant toute la durée du conflit. Avec des motivations diverses, allant de l'engagement nazi ou des convictions anticommunistes, des conflits ethniques locaux ou, comme dans le cas traité, des ambitions indépendantistes, les unités étrangères de la Waffen-SS sont un appoint important aux opérations militaires allemandes.

Le 26 août 1942, les Indiens de la Légion prêtent serment au Führer Adolf Hitler.

"Ich schwöre bei Gott diesen heiligen Eid, daß ich dem Führer des Deutschen Reiches und Volkes Adolf Hitler, dem Oberbefehlshaber der Wehrmacht, unbedingten Gehorsam leisten und als tapferer Soldat bereit sein will, jederzeit für diesen Eid mein Leben einzusetzen."

"Je jure devant Dieu obéissance inconditionnelle à Adolf Hitler, Guide du Reich et du peuple allemands, commandant en chef des Forces armées, et que je serai toujours prêt, comme un brave soldat, à donner ma vie pour respecter ce serment. "

19

Le 8 août 1944, la Freies Indian Legion, comme toutes les légions étrangères de l'armée allemande, est placée sous le commandement de la Waffen-SS et porte désormais le nom de Indische F reiwilligen Legion der Waffen SS. Bien qu'unité de la SS, la majorité des hommes gardent les grades et l'uniforme de la Wehrmacht.

Cette restructuration fait passer la Freies Indien Legion de 2 300 hommes à 3 500 hommes, avec le renfort d'anciens membres de la Légion nord-africaine. Elle devient le Régiment 950. La Légion Freies Indien / Indisches Infanterie / Regiment 950 est organisée comme un régiment d'infanterie de l'armée allemande. Toutefois, partiellement motorisé, le régiment est renommé comme unité de Panzer grenadier. Soit trois bataillons à quatre compagnies chacun renforcés par une compagnie d'artillerie (Infanteriegeschütz Kompanie 13) réunissant 6

compagnie de canons antichars et la Pionier Kompanie 15 réunissant les troupes du génie.

Canon antichars

Canon de 75

20

Dès que la légion devient une unité de la Waffen-Schutzstaffel, un officier supérieur SS venant de la 344ème Division d'Infanterie de Bordeaux en prend le commandement.

Il s'agit du SS-Oberführer6 Heinz (ou Karl-Heinz) Bertling.

SS-Oberführer Karl-Heinz Bretling

Toutefois, cet officier nazi n'est pas accepté par ses hommes. Une mutinerie a d'ailleurs lieu car les Indiens de la Légion ne veulent accepter ni leur rattachement à la Waffen-SS ni leur nouveau chef, issu essentiellement du parti Nazi. Dans un premier temps, Bertling délègue le commandement effectif à Kurt Krappe qui reste le chef de la Légion.

Au départ réticent au fait de passer sous le commandement de la Waffen-SS, Krappe accepte son transfert par solidarité avec ses hommes. Il garde l'équivalence de son grade mais avec la dénomination propre à la SS, devenant Obersturmbahnfuehrer7. Quelques mois après, suite au départ de Bertling, il est promu SS-Standartenführer8.

6 Grade propre à la hiérarchie SS qui se situe entre colonel et général de brigade 7 Lieutenant-colonel SS 8 Colonel

21

Heinz Bertling finit la guerre comme commandant du fort de Kolberg, sur la Baltique, où il est fait prisonnier par les Soviétiques.

Bertling interrogé par des officiers soviétiques. Ses badges de col lui ont été arrachés.

22

I X . La fin de la L égion F reies Indien / Indisches Infanterie Regiment 950.

Kurt Krappe reste le commandant de la Légion Freies Indien / Indisches Infanterie / Regiment 950 jusqu'à la débâcle. En effet, la légion demeure en poste plus de deux mois après le débarquement allié en Normandie.

Le débarquement de Provence et la progression alliée dans la vallée du Rhône jointe à la libération de Paris puis la progression vers la Lorraine menacent de couper la légion du front allemand. Le 15 août 1944, la légion quitte Lacanau pour entamer son repli vers

depuis que le débarquement des Forces

sée au feu, est violemment attaquée par les FFI. Le 1er Bataillon est temporairement cantonné dans la région de Mansle (Charente), le 2ème à Angoulême (Charente) et le 3ème à Poitiers (Vienne), parant autant que faire se peut aux attaques des maquisards. Ainsi, prise à partie par les FFI, la légion déplore ses premiers blessés.

La retraite de l'Indische Freiwilligen-Legion est jalonnée ensuite de plusieurs accrochages avec la Résistance. Début septembre1944, elle déplore son premier mort, le lieutenant (à titre posthume) Ali Khan, qui succombe durant des combats de rues avec l'armée régulière française à Dun-sur-Auron, au Sud de Bourges. Toutefois, la légion s'en tire relativement bien car le 19 septembre, un ou plusieurs camions transportant des prisonniers indiens

tracts avaient été imprimés appelant les soldats allemands, russes et indiens à déserter, il est

sauve. Mais des coups de feu claquent. Le journal local "La Nouvelle République" du 20 septembre écrit : "

er le camion. Un sous officier en fit descendre deux des prisonniers qui furent exécutés pendant que dans le camion, des coups de feu éclataient, tirés par des FFI. Certaines victimes de ces abominables individus étaient vengées." Selon un rapport des renseignements généraux en date du 20 septembre 1944 (archives de la Vienne) " - "».

La légion indienne bat ensuite en retraite jusqu'à Dijon, combat les troupes de la 1ère armée française à Nuits-Saint-Georges le 9 septembre, se retirant ensuite par Remiremont et Colmar pour atteindre Oberhoffen-sur-Moder près de Haguenau. On garde leur souvenir à Strasbourg, dans le quartier du Schluthfeld, où un groupe d'entre eux étaient cantonnés dans le bâtiment de l'école élémentaire. Quelques anciens se souviennent de ces Indiens Sikhs, en

(?), avec barbe et turban. Sur leur épaule ils arboraient -titré "Freies Indien".

Ils passent ensuite l'hiver 44-45 au camp militaire d'Heuberg dans le Jura Souabe, où la légion reste jusqu'en mars 1945, date à laquelle Hitler ordonne que les armes de l'unité soient cédées à la 18e Panzer Grenadier Division SS Horst Wessel. La défaite du IIIème Reich étant inéluctable, les membres de la légion entament alors une marche désespérée en essayant de

23

s'enfuir en direction du lac de Constance pour rejoindre la Suisse neutre. Lors de cette tentative, ils sont capturés par des troupes américaines et françaises. Certains sont fusillés par des régiments marocains après leur capture à Immenstadt. Les autres sont remis aux forces britanniques qui les transfèrent en Inde où ils sont maintenus en détention au Fort Rouge à Delhi, en attendant d'être jugés pour haute trahison. Mais tous les membres de la légion indienne sont libérés dès 1946 car, sous la pression de la population, une condamnation par des tribunaux britanniques s'avère irréalisable.

D'après des sources allemandes, quelques Indiens, anciens de l'Indische Freiwilligen-Legion, se seraient enrôlés dans la Légion étrangère française à Saigon en Indochine.

Bose établit des timbres et des monnaies

24

X . Quels souvenirs ont laissé les Indiens en F rance et à Lacanau ?

Philippe Bourdrel, dans son livre "L'épuration sauvage" raconte :

-il en être autrement, fait état de brutalités, de pillages et de viols de la part de ces soldats venus "d'un autre monde " mais un témoin raconte "qu'il faut insister là dessus : allait falloir forcer les passages de la Vienne, de la Gartempe, de la Creuse, et que leurs

pouvaient, dans leur colèr " . On a aussi le témoignage qui a entendu des officiers allemands promettre une punition exemplaire aux

et prudent, le père F leury,

.

Pour ce qui est de Lacanau, les Indiens de la Légion, partis "à temps (?)", ne connurent pas le camp de prisonniers du Huga, de mauvaise réputation.

Et, répondant au dicton "On ne prête qu'aux riches", le meurtre de Georgette Lasserre, disparue le 28 mai 1944 et dont le corps ne fut trouvé que le 5 octobre de l'année suivante, fut bien sûr imputé aux Indiens de la Légion.

Si les Indiens ne construisirent pas les ouvrages de défense du Mur de l'Atlantique, ils les occupèrent pendant un an, presque jour pour jour. Ils laissèrent ainsi, de par leur uniforme et de par leur aspect physique particulier, un souvenir impérissable aux Canaulais qui n'avaient pas bougé de leur presqu'île. La religion sikhe que certains Indiens pratiquaient les obligeait à porter la barbe et à ne pas se couper les cheveux. Aussi lorsqu'ils se baignaient dans le lac ou dans l'océan sans leur turban, les (prudes ?) Canaulaises devaient avoir leur sang tout retourné.

En ce qui concerne la villa "Quiétude, la Légion ne laissa que trois traces de bottes à clous sur le parquet de la salle à manger et une saignée dans le chambranle de la porte de la cuisine pour faire passer les câbles radio. Les Canaulais, eux, ne laissèrent... rien après le pillage en règle qu'ils effectuèrent dans la maison ainsi que dans beaucoup d'autres.

Ce qui me permet d'être un peu chez moi quand je vais chez eux.

25

Le SS-Oberführer Bertling debout à droite et le l'oberstleutnant Krappe au centre Berlin, automne 1944

26

Brevet de décoration de l'ordre de Sadar-e-Jang avec épées (étoile de 1ère classe) remis par le Gouvernement Provisoire de l'Inde Libre

à l'Oberleutnat (premier lieutenant) Till Mutzenbecker, commandant de la 2ème compagnie du 1er Bataillon.

La décoration "Azad Hind" (Inde Libre), instituée par Netaji Subhas Chandra Bose en 1942, comprenait quatre grades. Les Indiens et les Allemands pouvaient se voir décerner cette médaille. Seulement la moitié des Indiens du Régiment reçurent cette décoration à différents grades.

G rades de l'O rdre " Azad H ind " Grande étoile : "Sher-e-Hind" (Tigre de l'Inde)

Etoile de première classe : "Sardar-e-Jang" (Chef de guerre) Etoile de deuxième classe : "Vir-e-Hind" (Heros de l'Inde)

Médaille : "Shahid-e-Bharat" (Martyr de la patrie)

27

L'oberstleutnant Kurt Krappe avec Subhas Chandra Bose

Inspection des armes

28

Contrôle des ausweis au pont de Pitrot.

29

X I . Biographie de Subhas Chandra Bose.

Subhas Chandra Bose est né en 1897. Il fCalcutta. Après avoir obtenu son diplôme en 1918, il part étudier à Cambridge mais, refusant

"étrangère", il rentre en Inde. Il travaille dans le milieu du journalisme proche des milieux indépendantistes et est mis plusieurs fois en prison pour "désobéissance civile".

Il en ressort en 1930 pour devenir maire de Calcutta. Il devient en 1938 président du Congrès National Indien avec le soutien de Gandhi. L'année suivante, il est réélu cette fois face à un candidat soutenu par Gandhi. Il doit néanmoins démissionner la même année face à une motion de défiance. Opposé au même Gandhi, il estimait que la tactique de non-violence de

armée.

ndépendance complète et Ses condisciples lui adjoint alors son pseudonyme "Letaji" (chef

respecté". une occasion de renverser le pouvoir britannique. Il est emprisonné par les Britanniques. En janvier 1941, il quitte clandestinement Calcutta, pour se rendre via Kaboul à Moscou puis à Berlin pour y proposer son aide contre l'Empire britannique et pour chercher de nouveaux appuis pour l'indépendance de l'Inde. Un temps impressionné par les succès allemands en Corse, Yougoslavie et Grèce,

30

Bose lance et anime Azad Hind Radio dont le relais-transmetteur est à Nauen (près de Potsdam) et crée le Centre de l'Inde libre à Berlin. Il se déclare représentant du gouvernement indien en exil ou du Congrès national indien. Mais son radicalisme le pousse à s'opposer aux Britanniques autrement que par la propagande simplement radiophonique.

Il rencontre Hitler le 29 mai 1942, quelques jours après le déclenchement du plan Barbarossa. Mpromesses. Il fonde toutefois le corps indien de la Waffen SS, destiné à l'origine à lutter contre les Britanniques avec le million de marks que le Reich lui attribut.

Après les premiers échecs allemands de fin 1942, il intrigue pour rentrer en Asie au début de . Il se tourne alors vers l'Empire du Japon. Cette année-là, il devient le chef du

Gouvernement provisoire de l'Inde libre, basé à Singapour, et de l'Armée nationale indienne, composée de prisonniers de guerre indiens et de travailleurs de Singapour et du Sud-est asiatique. Cette nouvelle armée participe aux combats contre les Alliés durant la campagne de Birmanie. Bose contribue à convaincre les Japonais de mener une offensive sur le sol indien, avec la participation de ses troupes. Débutée en mars 1944, l'opération U-Go se solde cependant par un échec total.

Le 18 août 1945, selon la version officielle, Subhash Chandra Bose meurt dans un accident d'avion quand son appareil s'écrase à Taïwan, alors qu'il fuit pour le Japon. Son corps ne sera cependant jamais officiellement identifié et des théories alternatives sont émises, certains postulant qu'il a pu être capturé par l'Union soviétique et mourir en captivité en Sibérie, d'autres qu'il s'est caché sous une fausse identité. Des investigations menées par l'Inde, sur la

31

base d'informations fournies par le gouvernement de Taïwan, n'ont pas permis de trouver trace de son accident d'avion.

Subhas Chandra et fut même honoré en 1992 par le gouvernement indien du titre de "Bharat Ratna" (joyau de l'Inde), la plus prestigieuse décoration civile de ce pays.

Son portrait figure en bonne place dans le parlement indien.

32

Principales références

- Comprendre le monde - Hitler et la légion indienne

- Le chemin sous le buis

- Archives nationales - La France et la Belgique sous l'occupation allemande 1940-1944

- L'épuration sauvage de Philippe Bourdrel

- Lacanau-Océan a cents ans 1906-2006 de René Magnon

- Gravé dans la mémoire de Marc Vigneau

- Mémoires en images Lacanau de Jean-François Callède

- Lacanauocean.com

Henri-René CARIVENC

Novembre 2014