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Les marchands de clonesexcerpts.numilog.com/books/9782020567237.pdftion du génie génétique, au début des années 1970, a rendu les gènes accessibles à l’étude et à l’expérimentation

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LES MARCHANDS DE CLONES

Du même auteur

Voyage autour du Génome,le tour du monde en 80 labos

INSERM/John Libbey, 1993

Voyage au pays des gènesLes Belles Lettres, 1995

Génétique et Génome : la fin de l’innocenceFlammarion, 1996

Les Imposteurs de la génétiqueSeuil, « Science ouverte », 2000

Le Chant d’amour des concombres de merSeuil, « Science ouverte », 2002

BERTRAND JORDAN

LES MARCHANDSDE CLONES

ÉDITIONS DU SEUIL25, bd Romain-Rolland, Paris XIVe

isbn 2-02- -

© Editions du Seuil, avril 2003

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www.seuil.com

978- 101831 8

Avant-propos

Le 27 décembre 2002, radios et télévisions annonçaientque l’entreprise Clonaid, émanation de la secte scientiste desraéliens, revendiquait la naissance du premier clone humain :une petite fille prénommée Ève, née la veille, d’une mèrenord-américaine, en un lieu tenu secret. Coup de bluff ouréalité avérée, cette apparition poussait à leur paroxysme lesfantasmes suscités par l’idée du clonage humain, déjà réac-tivés par Dolly qui, début 1997, avait prouvé à tous qu’unetelle opération était techniquement possible. Fantasme dudouble, espoir d’immortalité, peur aussi de la transgressiond’un interdit « naturel » ou sacré : le clone a-t-il une âme ?s’interrogent les docteurs de la foi.

Le mythe du double, créé par un magicien ou un savantimprudent, et qui généralement finit par se retournercontre son créateur, est largement représenté dans la littéra-ture. Le Frankenstein de Mary Shelley tout comme la vieillelégende juive du Golem jouent dans ce registre. Certes,Frankenstein ou le Golem ne sont pas à proprement parlerdes clones, plutôt des sortes de machines imitant la nature

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humaine. Pour un biologiste moléculaire, il est pourtantfascinant de noter que le Golem, fait d’argile, s’animelorsque son créateur introduit dans une cavité de sa poi-trine un ruban de papier portant des inscriptions cabalis-tiques : le parallèle avec l’ADN*, mémoire et projet de noscellules, est irrésistible… Plus près de nous, impossibled’oublier Le Meilleur des mondes (Brave New World)d’Aldous Huxley, dans lequel des ovules fécondés in vitrosont soumis au « procédé Bokanovsky » qui les fait bour-geonner jusqu’à obtenir quatre-vingt-seize embryons iden-tiques et viables. Après croissance dans un utérus artificielet conditionnement, l’on obtient des êtres adaptés au rôlequ’ils devront jouer dans ce monde très organisé : des diri-geants Alphas ou au contraire des travailleurs manuelsdénués d’intelligence, les Epsilons. Ce livre, exploitantl’hypo thèse de la division d’embryons et décrivant sonemploi systématique dans une société prête à toutes lesmanipulations du matériel humain, eut un retentissementconsidérable lors de sa première publication, en 1931, etcontinue à rencontrer le succès aujourd’hui. Mentionnonsencore, parmi beaucoup d’autres, un roman d’Ira Levin,Ces garçons qui venaient du Brésil (The Boys from Brasil), quiévoquait en 1976 la production de dizaines de futurs Hitlerpar des nostalgiques du nazisme, et pour finir un ouvragepublié aux États-Unis en 1978 et qui fit grand bruit : dansÀ son image (In his Image : the Cloning of a Man), DavidRorvik prétendait rapporter un fait réel, le clonage d’unmillionnaire. Il fallut un procès pour que l’auteur recon-naisse qu’il s’agissait d’une fiction.

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L’attrait, la fascination de ce thème sont liés à l’image dela fabrication d’une réplique qui assurerait – croit-on bien àtort – une forme d’immortalité. Dans l’ambiance actuelle desurestimation du « donné » génétique, attestée par la facilitéavec laquelle on parle de « gène de l’homosexualité », « ducrime » ou « de l’intelligence », on glisse facilement de l’iden-tité génétique à l’identité tout court. Et l’on imagine qu’unindividu portant les mêmes gènes qu’un autre partagerait soncaractère, ses sentiments, ses tendances, en somme son indi-vidualité. Pourtant les vrais jumeaux, génétiquement iden-tiques et qui, eux, sont nés au même moment dans la mêmefamille, dans le même environnement, ont parfois des per-sonnalités bien différentes… Ce thème de science-fiction oude récit philosophique est brusquement devenu réel en 1997,avec l’annonce de la naissance de Dolly, premier mammifèrecloné à partir de cellules prélevées sur un animal adulte. Ilapparaissait dès lors que le clonage d’un être humain n’étaitpas impossible – contrairement à ce qui avait longtemps étéadmis comme une vérité scientifique. Fin décembre 2003,Brigitte Boisselier, « évêque raélien » et directrice de la firmeClonaid, annonce la naissance du premier bébé cloné… Il fau-dra sans doute quelque temps pour savoir s’il s’agit réellementde clonage et, dans l’affirmative, si l’enfant en question jouitd’une bonne santé ; mais ce qui n’était encore qu’une éven-tualité devient dangereusement proche. D’autant plus que leclonage d’animaux s’est largement développé, même s’ilcomporte encore beaucoup d’aléas.

Ces perspectives ont déjà suscité de nombreux ouvrages.Beaucoup d’entre eux, rédigés peu après la naissance de

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Dolly, relatent la situation telle que l’on pouvait l’appréhen-der en 1997 ou 1998. Depuis, la technologie, les résultatstout comme les termes du débat ont sensiblement évolué.D’autres écrits, plus récents, sont surtout centrés sur lesaspects éthiques et politiques du clonage. Il m’a semblé qu’ily avait place pour un nouveau livre sur ce sujet, sous réservequ’il soit à jour, solidement documenté, mais néanmoinsaccessible au lecteur non spécialiste. Je me suis donc attachéà présenter l’état actuel du clonage animal à travers son his-toire, en exposant les obstacles techniques qui le rendentencore aléatoire, en décrivant le paysage scientifique etmédiatique dans lequel se développent ces travaux, en mon-trant aussi pourquoi et comment ce champ de recherches apris une importance économique. Ce panorama est souventcentré sur les États-Unis : c’est là que sont menées la plupartdes études, que sont implantées presque toutes les entreprisesconcernées, et que le débat public est le plus ouvert (et leplus largement accessible via Internet). À partir de ces élé-ments, je montre ensuite les enjeux du clonage humain, qu’ilsoit reproductif ou thérapeutique, en fondant la discussiondes aspects éthiques sur une vision résolument matérialistede la condition humaine et sur une appréhension fine desréalités scientifiques. J’espère ainsi contribuer à éclaircir descontroverses qui me paraissent souvent brouillées par lemanque d’informations techniques suffisamment détaillées,et par le recours à des arguments d’ordres si divers qu’ils secroisent sans se rencontrer.

Afin de faciliter la lecture de ce texte, j’ai souvent reportéen note des précisions additionnelles. Les mots dont le sens

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mérite d’être précisé sont signalés, lors de leur premièreapparition, par un astérisque et explicités dans un glossaire.Je donne aussi pour chaque chapitre des éléments de docu-mentation, en français si possible, ainsi que les référencesdes articles scientifiques correspondant aux données discu -tées. Et j’ai tenté de suivre au plus près une actualité riche ennouveautés… et plus encore en « coups » médiatiques dontles fondements réels sont parfois bien minces.

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CHAPITRE 1

Les mots pour le dire

Commençons par nous entendre sur le sens des mots. Dubiologiste moléculaire qui « clone un gène » au spécialistedu bétail qui cherche à multiplier des embryons précieux(fût-ce en les coupant en quatre ou en huit), en passant parle généticien des populations pour lequel un clone est unensemble d’individus génétiquement identiques, voilà biendes personnes pour lesquelles ce mot n’a pas la même signi-fication. Et n’oublions pas le « docteur miracle » italien Seve-rino Antinori, ou encore Raël, le prophète autoproclamé…

Clone, du grec klon, jeune pousse, désigne au sens propre« l’ensemble des plantes provenant de la multiplication végé-tative » (Petit Larousse, éd. 1972) ou, plus généralement, unensemble d’individus génétiquement identiques. Un clone,ce peut être la multitude de bactéries qui forment une « colo-nie » à la surface d’un milieu nutritif gélifié sur lequel on adéposé au départ un seul microbe. Se trouvant dans desconditions favorables à sa croissance, le micro-organisme agrossi, puis s’est divisé en deux au bout d’une trentaine deminutes, chacun de ses descendants s’est divisé à son tour…

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Après une dizaine d’heures, la colonie forme une petite tachevisible à l’œil nu sur la surface de la gélose et compte envi-ron un million d’individus (deux à la puissance 20) qui onttous exactement les mêmes gènes, le même ADN – à moinsque ne soit survenue une mutation, ce qui est peu probableen un temps aussi court et au sein d’une population aussi res-treinte. De la même façon, l’ensemble des boutures réaliséesà partir d’un palmier ou d’un géranium (la « multiplicationvégétative » du Larousse), les multiples rejets d’un agaveconstituent eux aussi des clones. Il existe également, dans leslaboratoires, des groupes de mammifères génétiquementidentiques. Pour les besoins de la recherche, on a souventbesoin d’animaux qui soient « standardisés », de manière à ceque l’effet d’un régime, d’une drogue ou d’une manipulationpuisse être attribué sans ambiguïté à l’intervention de l’expé -rimentateur et non à la variabilité génétique d’une popula-tion naturelle. C’est dans ce but que l’on a croisé entre elles,durant de nombreuses générations, des souris qui ont fini parconstituer des « souches pures » dans lesquelles les individusont tous exactement le même assortiment de gènes1 : un

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1. Plus exactement : le même assortiment de versions de gènes. Deux sou-ris quelconques ont les mêmes trente ou quarante mille gènes, disposés de lamême manière le long de leurs chromosomes, mais de petites différences dansles messages portés par ces gènes font qu’elles n’ont pas exactement le mêmeaspect ni le même comportement. Cette diversité est le lot normal de toutesles populations animales, y compris la population humaine pour laquelle onsait maintenant que le taux de différences entre les ADN de deux individuspris au hasard est de l’ordre de 1/1 000. Une souche pure de souris, obtenueen croisant frères et sœurs durant plusieurs générations, est un pur artefact de

ensemble de souris Balb/c, Black6 ou 159 constitue un cloneau sens scientifique du terme.

Autre acception du terme : le clonage des biologistesmoléculaires. Dans les laboratoires de biologie, on clone àtour de bras depuis bientôt trente ans, depuis que la révolu-tion du génie génétique, au début des années 1970, a rendules gènes accessibles à l’étude et à l’expérimentation. Un deséléments essentiels de cette technologie, c’est la possibilitéd’incorporer le segment d’ADN à étudier (un fragmentd’ADN humain, par exemple) dans une bactérie, souventun colibacille, qui va dès lors le dupliquer en même tempsque son propre matériel génétique. Une culture de cesmicrobes ensemencée à partir d’une colonie (elle-même issued’une seule bactérie originelle) contiendra alors des milliardsd’individus identiques, un clone géant dans lequel le mêmefragment d’ADN humain sera présent autant de fois qu’il ya de bactéries.

En fait, la difficulté dans ce cas n’est pas tant d’insérer desmilliers de fragments différents dans des milliers de bactériesque de trouver celle qui contient le segment d’ADN corres-pondant au gène recherché – mais il existe maintenant desméthodes efficaces pour réaliser cette identification. Ce frag-ment, qui porte le gène auquel on s’intéresse, peut alors êtreobtenu en quantité suffisante pour une étude détaillée. Onpourra notamment y lire la suite des bases A, T, G ou C, la

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laboratoire, d’ailleurs délicat à réaliser car ces croisements consanguins abou-tissent souvent à des échecs.

séquence* qui constitue son message. En jargon de labora-toire, on a « cloné un gène » ! Cri de victoire qu’ont pousséau fil de ces décennies d’innombrables chercheurs, étudiantset thésards. Ce clonage, exercice de haute voltige il y a encorevingt ans, est maintenant devenu banal. Le problème estaujourd’hui de comprendre ce que fait le gène, quelle est lafonction de la protéine dont il renferme la formule – tout ceque l’on appelle la « génomique » et qui va encore occuperbeaucoup de laboratoires avant que le fonctionnement de lamatière vivante soit réellement appréhendé.

Nous voici loin de l’homme et du clonage humain,« reproductif » ou « thérapeutique ». C’est que le terme declone en est venu, dans le langage courant, à prendre un sensun peu différent, à désigner un individu génétiquementidentique à un autre. De ce point de vue, un vrai jumeau estle clone de l’autre (et réciproquement), alors qu’au senspropre c’est l’ensemble des deux jumeaux qui constitue un(tout petit) clone, une population formée de deux individusportant exactement les mêmes gènes. Je me conformerai parla suite à l’usage courant : le clone, copie ou double d’unindividu. Le terme a même été étendu à des objets : on parleparfois de clone d’un ordinateur pour désigner une machinecopiée sur un modèle très performant, et le mot prend alorsune tonalité un peu négative. Le Petit Larousse, dans ses édi-tions récentes, a d’ailleurs ajouté à « clone » un sens supplé-mentaire : « copie conforme, imitation bon marché ».

Ces clones peuvent être obtenus de diverses façons, et iciencore il faut préciser ce que l’on entend par clonage. Laméthode la plus simple consiste à copier la nature, à repro-

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duire l’accident qui donne naissance aux vrais jumeaux. Cesderniers sont issus de l’embryon formé par un ovule unique,fécondé par un seul spermatozoïde, et donc porteur d’unpatrimoine génétique transmis à part égale par le père et lamère2. À un stade très précoce de son existence, cette masse,composée de quelques dizaines de cellules encore indiffé-renciées, s’est séparée en deux. Un enfant s’est développé àpartir de chaque partie : les cellules étaient encore totipo-tentes*, capables d’évoluer vers n’importe lequel des deuxcents types cellulaires présents dans l’organisme adulte. Et sile jumeau est souvent petit à la naissance, ce n’est pas parcequ’à l’origine il lui manquait la moitié de ses cellules (letemps d’une division cellulaire, une journée tout au plus, etce handicap est compensé), mais simplement parce que laplace dans l’utérus de la mère est limitée !

Il suffit donc de prendre un embryon à ce stade précoce,de le couper en deux et de réimplanter chaque moitié pourprocéder à ce clonage primitif. Cela se pratique depuis denombreuses années pour les animaux domestiques, notam-ment pour les bovins chez qui on est allé jusqu’à diviser lesembryons en huit fragments, placés ensuite dans l’utérus

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2. Rappelons qu’un autre ovule fécondé par un autre spermatozoïde héri-tera d’un assortiment de gènes différent en raison de la manière aléatoire dontsont constitués les chromosomes des cellules germinales. Chaque chromo-some d’un ovule est constitué d’une sorte de patchwork des deux chromo-somes maternels correspondants ; la même chose est vraie pour le spermato-zoïde. Ce mélange, qui se produit au hasard, est différent dans chaque cellulegerminale. Il est facile dans ces conditions de montrer que deux enfants dumême couple auront en commun la moitié de leurs versions de gènes. Pourdeux jumeaux, toutes les versions de gènes seront identiques à la naissance.

d’autant de vaches, afin de multiplier plus rapidement laproduction d’un couple sélectionné. L’opération a aussi étépratiquée chez l’homme, mais seulement à titre expérimen-tal et sans que les embryons obtenus soient réimplantés. Un« clonage » effectué en 1993 aux États-Unis et largementrapporté dans la presse à l’époque correspondait à cette tech-nique : les chercheurs avaient dissocié dix-sept embryonsprécoces, et obtenu une cinquantaine d’embryons qui sedéveloppèrent au laboratoire durant quelques jours avantqu’ils ne soient détruits3. Il serait plus juste dans ce cas deparler de « jumeaux provoqués ».

Le véritable clonage, celui qui défraie aujourd’hui la chro-nique, est d’une tout autre nature et d’une réalisation passa-blement plus difficile. Il vise à créer un embryon dont lepatrimoine génétique soit identique à celui d’un individuexistant, ou ayant existé. L’idée de base est simple : à quelquesexceptions près, toutes les cellules d’un adulte contiennent lemême ADN, organisé sous forme de vingt-trois paires dechromosomes chez l’espèce humaine, et disposent donc del’ensemble des informations qui ont permis la constructionde cet organisme. On prend alors un ovule non fécondé,contenant les chromosomes maternels qui attendent d’êtrecomplétés par les chromosomes paternels que doit leurapporter un spermatozoïde, et l’on élimine par aspirationson noyau. Il est aussitôt remplacé par un noyau extrait d’une

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3. Précisons que ces manipulations avaient été pratiquées sur desembryons dont on savait dès le départ qu’ils présentaient des anomalies chro-mosomiques graves et qui étaient de toute manière voués à la destruction.

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Figure 1. Schéma de principe du clonage reproductif. Les différentes teintes desanimaux présentés rappellent que l’agneau cloné (en bas) est génétiquementidentique au donneur de cellules (en haut à gauche) mais différent de la don-neuse d’ovocytes comme de la mère porteuse.

cellule provenant de la personne à cloner. Un embryon com-plet a ainsi été reconstitué : si tout se passe bien, il va se déve-lopper et produire un être génétiquement identique à celuiqui a fourni la cellule (figure 1). L’ovule et la mère porteusene sont là que pour permettre le développement de l’embryonmais n’apportent aucun élément génétique4.

N’allons pas trop vite en besogne : le clonage à partir decellules animales adultes est loin d’être totalement au pointaujourd’hui, et son histoire montre les difficultés qui ont dûêtre surmontées avant d’enregistrer le premier succès, la nais-sance de Dolly en 1996. Le noyau d’une cellule somatique*contient effectivement dans son ADN tous les gènes néces-saires à la croissance d’un embryon, mais, au cours du déve-loppement de l’organisme dont provient cette cellule, unesubtile programmation « éteint » certains d’entre eux tandisque d’autres, au contraire, fonctionnent à plein régime. C’estcette programmation (que l’on appelle épigénétique* pourbien souligner qu’elle ne change pas la nature des gènes,qu’elle intervient seulement à leur périphérie) qui différen-cie une cellule nerveuse d’une cellule de foie ou de peau. Etl’on ne sait pas encore la rectifier à coup sûr pour rendrel’ADN capable de diriger le développement d’un embryon– d’où le faible rendement et les aléas qui caractérisentaujourd’hui le procédé.

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4. À l’exception des mitochondries, minuscules organelles qui se char-gent de la production d’énergie dans les cellules, contiennent un tout petitADN codant pour quelques protéines et sont apportées à l’embryon par lecytoplasme de l’œuf, donc par la mère.

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RÉALISATION : CURSIVES, PARISIMPRESSION : NORMANDIE ROTO IMPRESSION S.A.S. À LONRAI

DÉPÔT LÉGAL : AVRIL 2003. N0 56723 (03-0557)

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