Stefan Prepelita Travail pour la validation du Seminaire

Les multiplications des pains et l’Eucharistie

Une des très intéressantes choses de l’évangile de Marc que nous avons étudiée c’est la multiplication des pains, faite par Jésus. L’événement de la multiplication des pains se trouve dans les quatre évangiles, et ce qui est plus intéressant, c’est qu’on la trouve raconté même de deux fois, dans les évangiles de Luc et Mathieu, ce que les exégètes ont compris soit comme deux multiplications, soit comme une seule multiplication, mais qui a été racontée plusieurs fois pour son importance. Voici les références bibliques pour ce miracle: 1 chez Jean (6,1-15) et chez Luc (9,10-17), 2 chez Matthieu (14,13-21 et 15,32-39) et chez Marc (6,30-44 et 8,1-10). Cela fait 6 narrations de cet événement, ce qui lui offre, une unicité dans les Évangiles. Ce que nous essayons de faire dans ce petit travail est de trouver et de présenter les liaisons, ou les allusions vers l’Ancien Testament et avec le récit de Marc 14,22-25, sur l’Eucharistie que nous avons étudiée. Premièrement, on va essayer de faire un arrière-fond à l’ancien testament pour voir quelles sont les allusions et quels sont les textes qui ont influencé les récits novo testamentaires. La majorité des exégètes admet qu’à la base de la rédaction de nos récits il y a deux événements de l’Ancien Testament. Il s’agit du don de la manne et des cailles lors de l’Exode (Exode 16) et la multiplication des pains par le prophète Élisée, rassasiant cent personnes avec vingt pains d’orge et du grain frais (2  Rois 4, 42-44) Si on lit attentivement les deux récits mentionnés, on verra que le plus proche du récit de Marc 6-8 est celui de 2 Rois 4, 42-44 . On voit bien qu’il y a beaucoup des ressemblances entre ces deux versets. Tout comme Jésus dans le désert, avec cinq pains et cinq poissons veut nourrir cinq mille hommes, Élisée veut, pendant une famine, nourrir cent hommes avec vingt pains (des pains d’orge, comme ceux qui ont été distribués par Jésus, comme on le voit dans l’Évangile de Jean). Les ressemblances entre ces deux récits sont beaucoup plus nombreuses et on va commencer à les présenter. Pour cela, j’ai utilisé le livre de Jean-Marie Van Cangh «  La multiplication des pains et l’eucharistie »’1 qui propose le tableau suivant pour saisir mieux les ressemblances entre les deux récits mentionnés.

1 Jean-Marie Van Cangh O.P. ,, La multiplication des pains et l’Eucharistie’’, Les Editions du Cerf, Paris, 1975

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Miracle d’Élisée

(2 R 4,41-44)Miracle de Jésus

La nourriture est apportée à Élisée par un homme de Baal — Shalista.

La nourriture est apportée à Jésus par un enfant chez Jean; par les disciples, chez les synoptiques.

Elle consiste en 20 pains d’orge et un supplément (grain frais)

Elle consiste en 5 pains (d’orge chezJean) et un supplément (despoissons)

Élisée ordonne à son serviteur de donner à manger à la foule

Jésus ordonne aux disciples dedonner à manger à la foule(sauf chez Jean)

La petite quantité de nourriture et le grand nombre de convives soulèvent une objection de la part du serviteur.

La petite quantité de nourriturepour le grand nombre de convivessoulève une objection de la part desdisciples (d’un disciple, André, chezJean).

Élisée ignore l’objection et donne l’ordre de partager la nourriture.

Jésus ignore l’objection et donne l’ordre de faire s’étendre les convives.

Le serviteur distribue la nourriture. Les disciples distribuent la nourriture (Jésus, chez Jean).

Pas de description du miracle proprement dit.

Pas de description du miracle lui — même.

Pas de réaction des participants La foule ne réagit pas devant lemiracle (sauf en Jean. 6,14).2

2 Jean- Marie Van Cangh. ,, La multiplication… ‘’ , pages. 65-66

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Il faut noter aussi que chez les synoptiques on trouve un autre élément commun avec le récit de 2 Rois 4,41-44, mais qui est absent chez Jean. Il s’agit de l’exhortation de Jésus «  Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mc 6,37) qui est proche de «  Offre aux gens et qu’ils mangent » (2 Rois 4,42). Par contre chez Jean on trouve la présence d’un enfant qui apporte les pains qui fait l’envoi vers le serviteur d’Élisée et la mention des pains d’orge.

Une autre chose intéressante, c’est que dans l’Évangile de Jean, la foule se rappelle la manne, ce pain céleste que Moise avait donné à manger à leurs ancêtres. Par cela, Jean nous renvoie vers l’autre événement qui reste à la base du récit évangélique de la multiplication, cela veut dire au don de la manne et des cailles par Moise. Si l’on considère la manne comme image du pain miraculeusement multiplié par Jésus, les poissons que Jésus a multipliés, pourraient faire référence au Moise qui a procuré de la nourriture animale, les cailles, pour les juifs. Ce qui est intéressant, c’est le fait qu’on trouve aussi beaucoup de détails frappants : des deux cotés, le lieu est désert, des deux cotés la cause de miracle est la crainte que le peuple ne souffre de la famine. Aussi, les Apôtres voient impossible le fait de se procurer de la nourriture pour une aussi grande multitude de personnes, tout comme Moise a eu doute que le Dieu va rassasier de viande les Israelites.

L’interprétation eucharistique.

Si, dans la première partie de ce travail les choses ont été assez faciles à présenter, dans ce qui concerne l’interprétation eucharistique de la multiplication des pains les choses se compliquent. Dans ce verset qui raconte l’histoire de la multiplication des pains, on retrouve beaucoup de ressemblances avec le récit de l’institution eucharistique du Marc 14, 22-25 et aussi avec la tradition juive du repas. Sans doute le rituel du repas juif a influencé l’institution de l’Eucharistie et le verset central de la multiplication des pains (Mc. 6,41).

Premièrement, on voit dans le récit de Mc 6-8, sur lequel on travail, qu’avant de les multipliés, Jésus bénit les pains, ce qui est très proche de l’institution de l’eucharistie (Mc 14,22), la ou, le Christ a béni le pain avant de le donner aux disciples. Selon la coutume juive, on ne mange rien avant de dire la bénédiction. Cela est bien démontré dans ce récit, et autant dans le verset de l’institution.

Deuxièmement, la multiplication des pains s’est faite par la fraction du pain et le partage que les apôtres ont fait. Beaucoup des

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exégètes ont dit que la multiplication des pains n’est pas faite par une augmentation du nombre de pain, mais elle s’est produite de main en main. Cela pourrait démontrer le caractère communautaire de l’Eucharistie, parce qu’à la fraction du pain, toute la communauté doit participer.

Là aussi, on trouve de fortes ressemblances avec le moment de l’institution Mc 14,22, là où le Christ a fractionné le pain. Ce qui est intéressant c’est que dans la communauté juive celui qui fractionnait le pain était le maître de maison, ce qui montre que le Christ, même s’il n’était pas le maître de maison, il était le maître ou le Rabbi des apôtres. La même fraction du pain faite par Jesus en tant que maître ou Rabbi des Apôtres on trouve dans l’Evangile selon Luc 24,30 lors de rancontre de Jesus avec ses disciples en Emaus.

Une autre chose très intéressante, à mon avis, c’est qu’après la multiplication du pain, lorsque le peuple invoque le pain du ciel donné par Moise (Jn 6, 30), Jésus leur répond d’une façon très étonnante et qui a un fort accent eucharistique: «  En vérité, en vérité, je vous le dis, ce n’est pas Moise qui vous a donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le véritable pain du ciel. » (v. 32)  et ensuite, dans le verset 35, Jèsus ajoute: «  C’est moi, qui suis le pain de vie, celui qui vient à moi n’aura pas faim; celui qui croit en moi jamais n’aura soif. » Ce verset nous envoie directement a l’institution de l’eucharistie là ou le Christ a pris le pain, l’a béni et a dit: « Prenez, ceci est mon corps. » (Mc 14,22). En conclusion on pourrait dire que l’histoire de la multiplication du pain comporte de fortes allusions à l’Ancien Testament, et aussi qu’elle peut avoir des ressemblances avec l’Eucharistie. Pour comprendre mieux l’événement de la multiplication et ses allusions, il ne suffit pas de lire et d’interpréter seulement le récit de Mc. 6-8, mais il faut lire et interpréter tous les récits concernant cette merveille, car la Bible n’offre pas une réponse singulière, mais elle offre plusieurs réponses si l’on cherche attentivement.

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