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Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Les mythes de fondation
Plutarque, Vie de Romulus, II 2-3 (trad. D. Richard)
II. (2) Οὐ μὴν οὐδ' οἱ Ῥωμύλον τῷ δικαιοτάτῳ τῶν λόγων ἀποφαίνοντες ἐπώνυμον τῆς πόλεως
ὁμολογοῦσι περὶ τοῦ γένους αὐτοῦ. Οἱ μὲν γὰρ Αἰνείου καὶ Δεξιθέας τῆς Φόρβαντος υἱὸν ὄντα
νήπιον εἰς Ἰταλίαν κομισθῆναι καὶ τὸν ἀδελφὸν αὐτοῦ Ῥῶμον· ἐν δὲ τῷ ποταμῷ πλημμύραντι
τῶν ἄλλων σκαφῶν διαφθαρέντων, ἐν ᾧ δ' ἦσαν οἱ παῖδες εἰς μαλακὴν ἀποκλινθέντος ὄχθην
ἀτρέμα, σωθέντας ἀπροσδοκήτως ὄνομα θεῖναι Ῥώμην. (3) Οἱ δὲ Ῥώμην, θυγατέρα τῆς
Τρωάδος ἐκείνης, Λατίνῳ τῷ Τηλεμάχου γαμηθεῖσαν τεκεῖν τὸν Ῥωμύλον· οἱ δ' Αἰμυλίαν τὴν
Αἰνείου καὶ Λαβινίας, Ἄρει συγγενομένην.
Mais ceux même qui croient, avec bien plus de raison, que ce fut Romulus qui donna son nom à
la ville, ne s’accordent pas davantage sur l’origine de ce prince. Les uns le font fils d’Énée et de
Dexithéa, fille de Phorbas. Ils disent que dans son enfance il fut porté en Italie avec son frère
Rémus ; que le débordement du Tibre ayant fait périr tous les autres bateaux, celui où étaient ces
deux enfants, poussé doucement par les flots sur un endroit uni du rivage, fut sauvé contre toute
espérance ; ce qui fit donner à ce lieu le nom de Rome. D'autres ont dit que Roma, fille de cette
même Dexithéa, épousa Latinus, fils de Télémaque, dont elle eut Romulus. Quelques auteurs le
font naître du commerce secret d'Émilia, fille d'Énée et de Lavinie, avec le dieu Mars.
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
La survie des jumeaux ; Ovide, Fastes, v. 407 sqq
Sustinet impositos summa cavus alveus unda :
heu quantum fati parvua tabella tulit !
Alveus in limo silvis adpulsus opacis
paulatim fluvio deficiente sedet.
[...]
Venit ad expositos, mirum, lupa feta gemellos :
quis credat pueris non nocuisse feram ?
Non nocuisse parum est, prodest quoque. [...]
Constitit et cauda teneris blanditur alumnis,
et fingit lingua corpora bina sua.
Marte satos scires : timor abfuit. Ubera ducunt
nec sibi promissi lactis aluntur ope.
La corbeille maintient sa charge sur la surface des flots : qu'il est petit ce berceau pour le destin
qu'il porte !
Atteignant des bois épais, et comme le fleuve se retire, la corbeille est doucement déposée sur la
vase. [...]
ils se nourrissent d'un lait qui ne leur avait pas été destiné.
Miracle ! Une louve féconde arriva près des jumeaux abandonnés
Qui croirait que cette bête sauvage ne malmena point les enfants ?
Elle fut loin de leur nuire, et même elle les aida ;
des proches avaient entrepris de perdre les nourrissons de la louve.
La bête s’arrête ; de la queue elle caresse les tendres nouveau-nés
Et effleure de la langue leurs deux petits corps. A l’évidence,
Ils étaient nés de Mars : ils n’avaient pas peur. Ils saisissent les mamelles et se nourrissent d'un
lait qui ne leur était pas destiné.
Le site de Rome : Tite-Live, discours de Camille, V, LIV 4 (trad. M. Nisard)
Non sine causa di hominesque hunc urbi condendae locum elegerunt, saluberrimos colles,
flumen opportunum, quo ex mediterraneis locis fruges devehantur, quo maritimi commeatus
accipiantur, mari vicinum ad commoditates nec expositum nimia propinquitate ad pericula
classium externarum, regionum Italiae medium, ad incrementum urbis natum unice locum.
« Ce n'est pas sans raison que les dieux et les hommes ont choisi ce lieu pour l'emplacement de
Rome : l'extrême salubrité de ses coteaux, les grands avantages d'une rivière par où descendent
d'un côté les récoltes du continent, et par où arrivent de l'autre les approvisionnements de la mer;
cette mer, suffisamment proche pour les facilités du commerce, et trop éloignée pour nous
exposer aux insultes des flottes étrangères; une position au centre de l'Italie, et qui semble se
prêter d'elle-même aux accroissements de notre puissance. »
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
La mort de Rémus : Tite-Live, Histoire romaine, I, VI-VII (trad. M. Nisard)
Palatium Romulus, Remus Aventinum ad inaugurandum templa capiunt. Priori Remo augurium
venisse fertur, sex voltures ; jamque nuntiato augurio cum duplex numerus Romulo se
ostendisset, utrumque regem sua multitudo consalutat : tempore illi praecepto, at hi numero
avium regnum trahebant. Inde […] ad caedem vertuntur ; ibi in turba ictus Remus cecidit.
Volgatior fama est ludibrio fratris Remum novos transilvisse muros; inde ab irato Romulo, cum
verbis quoque increpitans adjecisset “sic deinde, quicumque alius transiliet moenia mea”,
interfectum. Ita solus potitus imperio Romulus ; condita urbs conditoris nomine appellata.
Romulus se retira sur le mont Palatin, Remus sur l'Aventin, pour y tracer l'enceinte augurale. Le
premier augure fut, dit-on, pour Remus : c'étaient six vautours ; il venait de l'annoncer, lorsque
Romulus en vit le double, et chacun est salué roi par les siens ; les uns tiraient leur droit de la
priorité, les autres du nombre des oiseaux. Une querelle s'ensuivit, que leur colère fit dégénérer
en combat sanglant ; frappé dans la mêlée, Remus tomba mort.
Suivant la tradition la plus répandue, Remus, par dérision, avait franchi d'un saut les nouveaux
remparts élevés par son frère, et Romulus, transporté de fureur, le tua en s'écriant :
« Ainsi périsse quiconque franchira mes murailles. » Romulus, resté seul maître, la ville nouvelle
prit le nom de son fondateur.
La fondation d’Athènes : Pseudo-Apollodore, Bibliothèque, III, 14, 1
᾽Επι τούτου, φασίν, ἔδοξε τοῖς θεοῖς πόλεις καταλαβέσθαι, ἐν αἷς ἔμελλον ἔχειν τιμὰς ἰδίας
ἕκαστος. ῟Ηκεν οὖν πρῶτος Ποσειδῶν ἐπὶ τὴν Ἀττικήν, καὶ πλήξας τῇ τριαίνῃ κατὰ μέσην τὴν
ἀκρόπολιν ἀπέφηνε θάλασσαν, ἣν νῦν Ἐρεχθηίδα καλοῦσι. Μετὰ δὲ τοῦτον ἧκεν Ἀθηνᾶ, καὶ
ποιησαμένη τῆς καταλήψεως Κέκροπα μάρτυρα ἐφύτευσεν ἐλαίαν.
En ce temps-là, dit-on, les dieux décidèrent de s’attribuer les différentes cités, afin que chacun
d’eux ait son culte propre. Poséidon, le premier, arriva en Attique et, d’un coup de trident, il fit
apparaître une mer au milieu de l’Acropole, celles qui maintenant s’appelle Erechthéide. Après
lui, vint Athéna, qui appela Cécrops1 pour témoigner de sa prise de possession de la cité, et elle y
planta un olivier.
Thésée et Athènes : Thucydide, Guerre du Péloponèse, Livre II, 15
ἐπὶ γὰρ Κέκροπος καὶ τῶν πρώτων βασιλέων ἡ Ἀττικὴ ἐς Θησέα αἰεὶ κατὰ πόλεις ᾠκεῖτο
πρυτανεῖά τε ἐχούσας καὶ ἄρχοντας, καὶ ὁπότε μή τι δείσειαν, οὐ ξυνῇσαν βουλευσόμενοι ὡς
τὸν βασιλέα, ἀλλ᾽ αὐτοὶ ἕκαστοι ἐπολίτευον καὶ ἐβουλεύοντο: καί τινες καὶ ἐπολέμησάν ποτε
αὐτῶν, ὥσπερ καὶ Ἐλευσίνιοι μετ᾽ Εὐμόλπου πρὸς Ἐρεχθέα. ἐπειδὴ δὲ Θησεὺς ἐβασίλευσε,
γενόμενος μετὰ τοῦ ξυνετοῦ καὶ δυνατὸς τά τε ἄλλα διεκόσμησε τὴν χώραν καὶ καταλύσας τῶν
ἄλλων πόλεων τά τε βουλευτήρια καὶ τὰς ἀρχὰς ἐς τὴν νῦν πόλιν οὖσαν, ἓν βουλευτήριον
ἀποδείξας καὶ πρυτανεῖον, ξυνῴκισε πάντας, καὶ νεμομένους τὰ αὑτῶν ἑκάστους ἅπερ καὶ πρὸ
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
τοῦ ἠνάγκασε μιᾷ πόλει ταύτῃ χρῆσθαι, ἣ ἁπάντων ἤδη ξυντελούντων ἐς αὐτὴν μεγάλη
γενομένη παρεδόθη ὑπὸ Θησέως τοῖς ἔπειτα: (καὶ ξυνοίκια ἐξ ἐκείνου Ἀθηναῖοι ἔτι καὶ νῦν τῇ
θεῷ ἑορτὴν δημοτελῆ ποιοῦσιν.)
En effet, au temps de Cécrops et des premiers rois jusqu'à Thésée, les habitants de l'Attique
étaient répartis par bourgades, dont chacune avait son prytanée et ses archontes. En dehors des
périodes critiques, on ne se réunissait pas pour délibérer aux côtés du roi ; chaque bourgade
s'administrait et prenait des décisions séparément. On en vit même faire la guerre aux rois,
comme il arriva aux gens d'Eleusis conduits par Eumolpos contre Erechthée. Mais quand Thésée
fut devenu roi, quand par son habileté il eut conquis le pouvoir, entre autres améliorations il
supprima les consuls et les magistratures des bourgades ; les concentra dans la ville actuelle où il
fonda un conseil et un prytanée uniques et forma avec tous les citoyens une seule cité. Pour ceux
qui continuèrent comme devant à cultiver leurs terres, il les contraignit à n'avoir que cette cité.
Tous dépendant d'Athènes, la ville se trouva considérablement agrandie, quand Thésée la
transmit à ses successeurs.
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
De Troie au Latium
L’apparition d’Hector à Enée : Enéide, II v. 270-295 avec des coupes (trad. A.-M. Boxus et
J. Poucet)
In somnis, ecce, ante oculos maestissimus Hector
uisus adesse mihi, largosque effundere fletus […]
Vltro flens ipse uidebar
compellare uirum et maestas expromere uoces : […]
« quae causa indigna serenos
foedauit uoltus ? Aut cur haec uolnera cerno ? »
Ille nihil, nec me quaerentem uana moratur,
sed grauiter gemitus imo de pectore ducens,
« Heu fuge, nate dea, teque his, ait, eripe flammis.
Hostis habet muros ; ruit alto a culmine Troia.
Sat patriae Priamoque datum : si Pergama dextra
defendi possent, etiam hac defensa fuissent.
Sacra suosque tibi commendat Troia penatis :
hos cape fatorum comites, his moenia quaere
magna, pererrato statues quae denique ponto. »
En songe, voici que sous mes yeux, Hector a paru se dresser
devant moi, infiniment triste, versant d'abondantes larmes ; […]
Je me vis, en pleurs moi aussi,
adresser le premier au héros ces paroles pleines de tristesse :
« […] Quelle indignité
a défiguré le calme de ton visage ? Pourquoi ces blessures que j'aperçois ? »
Lui ne s'attarde aucunement à mes questions vaines,
mais, tirant du fond de sa poitrine un pesant soupir, dit :
« Hélas, fils de déesse, fuis ; arrache-toi à ces flammes.
L'ennemi tient nos murs ; de toute sa hauteur Troie s'écroule.
On a assez donné à la patrie et à Priam : si Pergame par un bras
pouvait être défendue, le mien assurément l'aurait défendue.
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Troie te confie ses objets sacrés et ses Pénates ;
prends-les, qu'ils accompagnent ton destin ; cherche-leur des remparts,
bien hauts, que tu dresseras finalement, après tes errances sur la mer ».
Virgile, Enéide, chant II, v. 270-295 avec des coupes
La colère de Didon : Virgile, Enéide, IV, v. 305-
319 (trad. A.-M. Boxus et J. Poucet)
« Dissimulare etiam sperasti, perfide, tantum
posse nefas, tacitusque mea decedere terra?
Nec te noster amor, nec te data dextera quondam,
nec moritura tenet crudeli funere Dido?
Quin etiam hiberno moliris sidere classem,
et mediis properas aquilonibus ire per altum,
crudelis ? Quid, si non arua aliena domosque
ignotas peteres, sed Troia antiqua maneret,
Troia per undosum peteretur classibus aequor ?
Mene fugis? Per ego has lacrimas dextramque tuam te
quando aliud mihi iam miserae nihil ipsa reliqui,
per conubia nostra, per inceptos hymenaeos,
si bene quid de te merui, fuit aut tibi quicquam
dulce meum, miserere domus labentis, et istam
oro, si quis adhuc precibus locus, exue mentem. »
Perfide, tu as même espéré pouvoir dissimuler un si grand
forfait et quitter ma terre sans rien dire ?
Ni notre amour, ni nos serments échangés naguère,
ni Didon, prête à mourir d'une mort cruelle, ne te
retiennent ?
Bien plus, en plein hiver, tu te hâtes d’équiper ta flotte,
et d'affronter la haute mer au milieu des aquilons, ô
cruel ?
Eh quoi ? Si tu ne cherchais pas à rejoindre des terres
étrangères et des demeures inconnues, mais si l'antique
Troie était encore debout, chercherais-tu avec ta flotte à
regagner Troie sur l'océan houleux ?
Est-ce moi que tu fuis ? Je t'en prie, par mes larmes, et par
ta foi, puisque dans mon malheur je n'ai rien gardé
d'autre, au nom de notre union, des débuts de notre
hyméné, si j'ai mérité un peu de ta gratitude, ou si tu as
trouvé en moi un peu de douceur, prends pitié d'une
maison qui s'écroule et, je t'en prie, si une place existe
encore pour les prières, renonce à ton idée.
Virgile, Enéide, IV, v. 305-319
Enée quitte Carthage et Didon : Enéide, chant IV, v. 393-398 (trad. A.-M. Boxus et J.
Poucet)
At pius Aeneas, quamquam lenire dolentem
solando cupit et dictis auertere curas,
multa gemens magnoque animum labefactus amore,
iussa tamen diuom exsequitur, classemque reuisit.
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Tum uero Teucri incumbunt, et litore celsas
deducunt toto naues. […]
Mais le pieux Enée, malgré son désir d'apaiser la malheureuse, de la consoler et par ses paroles de
la détourner de ses tourments, très affecté et le cœur ébranlé par le grand amour qu'il éprouve,
obéit cependant aux ordres des dieux et va revoir sa flotte.
Dès lors, les Teucères s'activent vraiment et de tout le rivage ils tirent à l'eau les hautes nefs.
Le combat contre Turnus : Enéide XII, v.
889 sqq. (trad. A.-M. Boxus et J. Poucet)
Aeneas instat contra telumque coruscat
ingens arboreum et saeuo sic pectore fatur :
« […] Aut quid iam, Turne, retractas ?
certandum est. […] » .
Ille caput quassans : « Non me tua feruida
terrent »
cunctaturque metu telumque instare tremescit »
[…].
nec quo se eripiat, nec qua ui tendat in hostem
[…].
Cunctanti telum Aeneas fatale coruscat, […] et
eminus intorquet […] Volat atri turbinis instar
exitium dirum hasta ferens orasque recludit
loricae […].
Per medium stridens transit femur. Incidit ictus
ingens ad terram duplicato poplite Turnus. […]
Stetit acer in armis Aeneas, […] ;
furiis accensus et ira terribilis, […]
ferrum aduerso sub pectore condit
feruidus.
Énéé pour sa part se fait pressant ; il agite une
lance énorme comme un arbre et, […] le cœur
plein de fureur, dit ainsi :« […] Pourquoi reculer
maintenant, Turnus ? Il faut combattre […] »
Turnus, secouant la tête : « Tes provocations ne
me font pas peur » […]. Puis la peur le rend
hésitant et il tremble devant la menace d'un trait ;
il ne voit pas où fuir, ni comment attaquer son
ennemi […]. Tandis qu'il hésite, Énée […] brandit le
trait fatal et, […] lance de loin son arme. […]
Comme un noir tourbillon, la pique s'envole,
porteuse d'une mort horrible ; elle déchire les
bords de la cuirasse […] : en sifflant elle transperce
le milieu de la cuisse. Sous le coup, le grand
Turnus, genoux ployés, s'affale sur le sol. Debout,
redoutable sous ses armes, […] Énée, excité par
les Furies, plein de colère, est devenu terrible […].
Dans son ardeur, il enfonce son épée dans le cœur
de son ennemi.
Virgile, Enéide, XII v.889 sqq.
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Intervention divine : Enée sauvé de la mort par sa mère, Iliade, V, 297-317 (trad. E. Bareste,
éd. Lavigne)
Lors de la guerre de Troie, Enée se lance dans le combat pour épargner au corps de Pandarus, un
valeureux Troyen, d’être profané par l’armée ennemie.
Αἰνείας δ᾽ ἀπόρουσε σὺν ἀσπίδι δουρί τε μακρῷ
δείσας μή πώς οἱ ἐρυσαίατο νεκρὸν Ἀχαιοί.
Ἀμφὶ δ᾽ ἄρ᾽ αὐτῷ βαῖνε λέων ὣς ἀλκὶ πεποιθώς,
πρόσθε δέ οἱ δόρυ τ᾽ ἔσχε καὶ ἀσπίδα πάντοσ᾽ ἐΐσην, 300
τὸν κτάμεναι μεμαὼς ὅς τις τοῦ γ᾽ ἀντίος ἔλθοι
σμερδαλέα ἰάχων· ὃ δὲ χερμάδιον λάβε χειρὶ
Τυδεΐδης μέγα ἔργον ὃ οὐ δύο γ᾽ ἄνδρε φέροιεν,
οἷοι νῦν βροτοί εἰσ᾽· ὃ δέ μιν ῥέα πάλλε καὶ οἶος.
Τῷ βάλεν Αἰνείαο […] αὐτὰρ ὅ γ᾽ ἥρως
ἔστη γνὺξ ἐριπὼν καὶ ἐρείσατο χειρὶ παχείῃ
γαίης· ἀμφὶ δὲ ὄσσε κελαινὴ νὺξ ἐκάλυψε. 310
Καί νύ κεν ἔνθ᾽ ἀπόλοιτο ἄναξ ἀνδρῶν Αἰνείας,
εἰ μὴ ἄρ᾽ ὀξὺ νόησε Διὸς θυγάτηρ Ἀφροδίτη
μήτηρ, ἥ μιν ὑπ᾽ Ἀγχίσῃ τέκε βουκολέοντι·
ἀμφὶ δ᾽ ἑὸν φίλον υἱὸν ἐχεύατο πήχεε λευκώ,
πρόσθε δέ οἱ πέπλοιο φαεινοῦ πτύγμα κάλυψεν 315
ἕρκος ἔμεν βελέων, μή τις Δαναῶν ταχυπώλων
χαλκὸν ἐνὶ στήθεσσι βαλὼν ἐκ θυμὸν ἕλοιτο.
Énée, armé de son bouclier et de son long javelot, s'élance pour empêcher que les Achéens ne
s'emparent du corps mort de Pandarus1 ; il entoure le cadavre comme un lion plein de confiance en
sa force ; il étend sa lance en avant et couvre le héros de son bouclier arrondi ; il pousse d'horribles
clameurs et se tient prêt à renverser quiconque osera l'attaquer. Le fils de Tydée s'empare d'une
pierre si grande et si lourde que deux hommes, tels qu'ils sont de nos jours, ne pourraient en
soulever de semblables ; il l'agite seul et sans effort, la lance contre Énée […]. Le vaillant Énée
tombe sur ses genoux, sa main s'appuie sur la terre, et une nuit sombre enveloppe ses yeux.
Énée, le roi des hommes, aurait alors péri s'il n'eût pas été vu par la fille de Jupiter, Vénus, sa
mère, qui le conçut du noble Anchise. Elle entoure de ses bras blancs son fils chéri ; elle le cache
dans les plis de son voile brillant, et elle en fait un rempart contre les traits ennemis. Vénus craint
qu'un des Danaens2, en lançant une flèche d'airain dans la poitrine d'Énée, n'arrache la vie à son
cher fils.
Iliade, V, 297-317
1 Pandarus est un des compagnons d’Enée, mort au combat. 2 Les Danaens sont les Grecs.
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Iliade, chant XX v. 199-209, 242-245 et 256-260 (trad. Leconte de Lisle)
« Le fils de Vénus contre le fils de Thétis »
τὸν δ᾽ αὖτ᾽ Αἰνείας ἀπαμείβετο φώνησέν τε:
200 Πηλεΐδη μὴ δὴ ἐπέεσσί με νηπύτιον ὣς
ἔλπεο δειδίξεσθαι, ἐπεὶ σάφα οἶδα καὶ αὐτὸς
ἠμὲν κερτομίας ἠδ᾽ αἴσυλα μυθήσασθαι.
ἴδμεν δ᾽ ἀλλήλων γενεήν, ἴδμεν δὲ τοκῆας
πρόκλυτ᾽ ἀκούοντες ἔπεα θνητῶν ἀνθρώπων:
205 ὄψει δ᾽ οὔτ᾽ ἄρ πω σὺ ἐμοὺς ἴδες οὔτ᾽ ἄρ᾽ ἐγὼ σούς.
φασὶ σὲ μὲν Πηλῆος ἀμύμονος ἔκγονον εἶναι,
μητρὸς δ᾽ ἐκ Θέτιδος καλλιπλοκάμου ἁλοσύδνης:
αὐτὰρ ἐγὼν υἱὸς μεγαλήτορος Ἀγχίσαο
εὔχομαι ἐκγεγάμεν, μήτηρ δέ μοί ἐστ᾽ Ἀφροδίτη: […]
Ζεὺς δ᾽ ἀρετὴν ἄνδρεσσιν ὀφέλλει τε μινύθει τε
ὅππως κεν ἐθέλῃσιν: ὃ γὰρ κάρτιστος ἁπάντων.
ἀλλ᾽ ἄγε μηκέτι ταῦτα λεγώμεθα νηπύτιοι ὣς
245 ἑσταότ᾽ ἐν μέσσῃ ὑσμίνῃ δηϊοτῆτος.[…]
ἀλκῆς δ᾽ οὔ μ᾽ ἐπέεσσιν ἀποτρέψεις μεμαῶτα
πρὶν χαλκῷ μαχέσασθαι ἐναντίον:ἀλλ᾽ ἄγε θᾶσσον
γευσόμεθ᾽ ἀλλήλων χαλκήρεσιν ἐγχείῃσιν.
ἦ ῥα καὶ ἐν δεινῷ σάκει ἤλασεν ὄβριμον ἔγχος
260 σμερδαλέῳ.
Et Enée lui répondit :
― N’espère point, par des paroles, m’épouvanter comme un enfant, car moi aussi je pourrais
me répandre en outrages. L’un et l’autre nous connaissons notre race et nos parents, sachant tous
deux la tradition des anciens hommes, bien que tu n’aies jamais vu mes parents, ni moi les tiens.
On dit que tu es le fils de l’illustre Pèleus et que ta mère est la nymphe marine Thétis aux beaux
cheveux. Moi, je me glorifie d’être le fils du magnanime Ankhisès, et ma mère est Aphrodite. […]
Je me glorifie de ce sang et de cette race. Zeus, comme il le veut, augmente ou diminue la vertu
des hommes, étant le plus puissant. Mais, debout dans la mêlée, ne parlons point plus longtemps
comme de petits enfants. […] Les paroles ne me feront pas reculer avant que tu n’aies combattu.
Agis donc promptement, et goûtons tous deux de nos lances d’airain.
Il parla ainsi, et il poussa violemment la lance d’airain contre le terrible bouclier, dont l’orbe
résonna sous le coup.
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Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
La familia et les âges de la vie
Cicéron, De senectute, XI
Quattuor robustos filios, quinque filias, tantam domum, tantas clientelas Appius regebat et caecus
et senex, intentum enim animum tamquam arcum habebat nec languescens succumbebat senectuti.
Tenebat non modo auctoritatem, sed etiam imperium in suos: metuebant serui, uerebantur liberi,
carum omnes habebant; uigebat in illa domo mos patrius et disciplina. Ita enim senectus honesta
est, si se ipsa defendit, si ius suum retinet, si nemini emancipata est, si usque ad ultimum spiritum
dominatur in suos.
Cicéron, De senectute, XI
Appius avait quatre fils grands garçons, cinq filles, une légion d'esclaves, des clients sans nombre,
et il gouvernait ce monde, tout vieux et aveugle qu'il était ; car il tenait toujours son esprit tendu
comme un arc, et ne fléchissait pas sous le fardeau de la vieillesse. Il avait su conserver non pas
seulement de la considération, mais un véritable empire sur les siens ; ses esclaves le craignaient,
ses enfants le vénéraient, tous le chérissaient ; et dans sa maison la discipline ancienne et les
traditions de ses pères avaient conservé toute leur vigueur. Un vieillard est toujours honoré quand
il sait faire compter avec lui, quand il maintient ses droits, ne se rend l'esclave de personne, et
conserve jusqu'à son dernier souffle toute son autorité sur les siens.
Exemple d’amour conjugal : Valère Maxime, IV, 6, 5 (Actions et paroles mémorables, Paris, 1935
trad. P. Constant)
Tuos quoque castissimos ignes, Porcia M. Catonis filia, cuncta saecula debita admiratione
prosequentur. quae, cum apud Philippos uictum et interemptum uirum tuum Brutum cognosses,
quia ferrum non dabatur, ardentes ore carbones haurire non dubitasti, muliebri spiritu uirilem
patris exitum imitata. sed nescio an hoc fortius, quod ille usitato, nouo genere mortis
absumpta e.
L'ardeur de ton amour si pur, ô Porcia ! fille de M. Caton3, sera aussi pour tous les siècles l'objet
d'une juste admiration. A la nouvelle de la défaite de Brutus4, ton mari, et de sa mort à Philippes,
tu n'as pas craint, à défaut du poignard qu'on te refusait, d'avaler des charbons ardents. Ainsi tu
trouvas dans ton cœur de femme la force d'imiter la mort héroïque de ton père. Mais peut-être y
eut-il chez toi encore plus de courage : il mit fin à ses jours par un trépas ordinaire ; toi, tu voulus
mourir d'une mort sans exemple.
Valère Maxime, IV, 6, 5
Cornelia, une matrona modèle : Valère Maxime, IV, 4 (voir aussi Cornélia vue par Plutarque :
Plutarque, Caius Gracchus, I; XIX, 1-3)
3 Caton d’Utique, homme politique romain. Il se suicida. 4 Sénateur romain, connu pour avoir participé à l’assassinat de Jules César.
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Ciceron/senectute.htm#29
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Maxima ornamenta esse matronis liberos, apud Pomponium Rufum collectorum libro sic
inuenimus : Cornelia Gracchorum mater, cum Campana matrona apud illam hospita ornamenta
sua pulcherrima illius saeculi ostenderet, traxit eam sermone, donec e schola redirent liberi, et «
haec » inquit « ornamenta sunt mea ».
Les plus beaux ornements d'une mère de famille, ce sont ses enfants, comme on peut le lire dans le
recueil de Pomponius Rufus. Une mère de famille campanienne, que recevait Cornélie, mère des
Gracques, lui montrait ses bijoux qui étaient les plus beaux de cette époque. Cornélie la retint en
prolongeant l'entretien jusqu'au retour de ses enfants de l'école. "Voici, dit-elle, mes bijoux, à
moi."
Tiron est malade : Cicéron, Ad familiares, XVI, 14 (trad. M. Nisard)
Tiron, esclave, puis affranchi de Cicéron, homme politique romain, était son secrétaire particulier.
Cicéron inquiet de son état de santé, prend de ses nouvelles.
TULLIUS TIRONI SAL.
Andricus postridie ad me uenit, quam exspectaram ; itaque habui noctem plenam timoris ac
miseriae. Tuis litteris nihilo sum factus certior, quomodo te haberes, sed tamen sum recreatus. Ego
omni delectatione litterisque omnibus careo, quas ante quam te uidero attingere non possum.
Medico mercedis quantum poscet promitti iubeto : id scripsi ad Ummium. Audio te animo angi et
medicum dicere ex eo te laborare : si me diligis, excita ex somno tuas litteras humanitatemque,
propter quam mihi es carissimus ; nunc opus est te animo ualere, ut corpore possis : id quum tua,
tum mea causa facias, a te peto. Acastum retine, quo commodius tibi ministretur. Conserua te
mihi : dies promissorum adest, quem etiam repraesentabo, si adueneris. Etiam atque etiam uale. III
Idus h. VI.
A TIRON
Andricus n'est arrivé que le lendemain du jour où je l'attendais. Aussi j'ai passé une nuit d'effroi,
une nuit cruelle. Quoique votre lettre ne dise pas comment vous êtes, elle m'a pourtant remis. Je
ne m'abandonne à aucun plaisir, ne m'occupe d'aucune étude. Tant que je ne vous verrai pas, je
ne suis capable de rien. Qu'on promette au médecin tous les honoraires qu'il demandera, je l'ai
écrit à Ummius. On me mande que vous vous affectez beaucoup et votre état s'en ressent, à ce
que dit le médecin. Si vous m'aimez, que je voie se ranimer en vous ce goût des lettres et du beau
qui fait que vous m'êtes si cher. Il faut que l'esprit soit sain pour que le corps le devienne. Faites
quelque chose. Ce n'est pas seulement pour vous, c'est pour moi que je vous en prie. Gardez
Acaste ; vous serez mieux servi. Enfin conservez-vous pour moi. Le jour de mes promesses
approche. Je l'avancerai même, si vous arrivez. Adieu. Adieu. Le 4 des Ides, à la sixième heure.
http://helios.fltr.ucl.ac.be/fillon/esclaves/texteCicerongramm.htmhttp://helios.fltr.ucl.ac.be/fillon/esclaves/texteCicerongramm.htmhttp://helios.fltr.ucl.ac.be/fillon/esclaves/texteCicerongramm.htmhttp://helios.fltr.ucl.ac.be/fillon/esclaves/texteCicerongramm.htmhttp://helios.fltr.ucl.ac.be/fillon/esclaves/texteCicerongramm.htm
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Jeux d’enfants
Sæpe oculos, memini, tangebam parvus olivo
Grandia si nollem morituro verba Catonis
Dicere, non sano multum laudanda magistro,
Quæ pater adductis sudans audiret amicis.
Jure: etenim id summum, quid dexter senio ferret,
Scire erat in voto; damnosa Canicula quantum
Raderet; angustæ collo non fallier orcæ
Neu quis callidior buxum torquere flagello.
Enfant, quand je ne voulais pas répéter
le sublime discours du vieux Caton,
J’humectais mes yeux d’huile ; et le maître pourtant
M’eût loué comme un sot ; mon père en m’écoutant,
Environné d’amis, eût pleuré de tendresse.
Le souverain bonheur était pour ma paresse
Le jeu, les dés, le six qui gagne, l’as qui perd ;
Le vase au col étroit, visé d’un œil expert;
Et le fouet tournoyant qui chasse un buis mobile.
Perse, Satires III, 44-51
Le respect envers les anciens : Valère Maxime, II, 1-9 (Actions et paroles mémorables, Paris, 1935
trad. P. Constant)
Senectuti iuuenta ita cumulatum et circumspectum honorem reddebat, tamquam maiores natu
adulescentium communes patres essent. Quocirca iuuenes senatus die utique aliquem ex patribus
conscriptis aut propinquum aut paternum amicum ad curiam deducebant adfixique ualuis
expectabant, donec reducendi etiam officio fungerentur. Qua quidem uoluntaria statione et corpora
et animos ad publica officia inpigre sustinenda roborabant breuique processurarum in lucem
uirtutum suarum uerecunda laboris meditatione ipsi doctores erant. Inuitati ad cenam diligenter
quaerebant quinam ei conuiuio essent interfuturi, ne seniorum aduentum discubitu praecurrerent,
sublataque mensa priores consurgere et abire patiebantur.
La jeunesse donnait à la vieillesse les marques du respect le plus complet et le plus prévenant,
comme si les hommes âgés étaient les pères communs des jeunes gens. Ainsi, le jour d'une
assemblée du sénat, ceux-ci accompagnaient généralement quelque sénateur, soit parent, soit ami
de leur famille, jusqu'à la Curie et attendaient, sans s'écarter de la porte, de pouvoir s'acquitter
encore du même devoir à son retour. Par cette faction qu'ils s'imposaient eux-mêmes, ils se
fortifiaient à la fois le corps et l'esprit, ils se mettaient en état d'exercer activement les fonctions
publiques et, en se préparant avec modestie et avec soin à la pratique des vertus, dont ils devaient
bientôt faire preuve, ils devenaient à leur tour capables de les enseigner. Invités à dîner, ils
s'enquéraient soigneusement de ceux qui devaient se trouver au repas, pour ne pas prendre place
http://remacle.org/bloodwolf/satire/perse/satire3.htm#05ahttp://remacle.org/bloodwolf/satire/perse/satire3.htm#07ahttp://remacle.org/bloodwolf/satire/perse/satire3.htm#08a
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
avant l'arrivée de personnes plus âgées et, quand on avait desservi, ils attendaient que leurs aînés
se levassent et sortissent de table.
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La femme grecque : Xénophon, Economique, VII 5-7 (traduction E. Talbot, 1859)
Καὶ τί ἄν, ἔφη, ὦ Σώκρατες, ἐπισταμένην αὐτὴν παρέλαβον, ἣ ἔτη μὲν οὔπω πεντεκαίδεκα
γεγονυῖα ἦλθε πρὸς ἐμέ, τὸν δ᾽ ἔμπροσθεν χρόνον ἔζη ὑπὸ πολλῆς ἐπιμελείας ὅπως ὡς ἐλάχιστα
μὲν ὄψοιτο, ἐλάχιστα δ᾽ ἀκούσοιτο, ἐλάχιστα δ᾽ ἔροιτο ; Οὐ γὰρ ἀγαπητόν σοι δοκεῖ εἶναι, εἰ
μόνον ἦλθεν ἐπισταμένη ἔρια παραλαβοῦσα ἱμάτιον ἀποδεῖξαι, καὶ ἑωρακυῖα ὡς ἔργα ταλάσια
θεραπαίναις δίδοται; ἐπεὶ τά γε ἀμφὶ γαστέρα, ἔφη, πάνυ καλῶς, ὦ Σώκρατες, ἦλθε πεπαιδευμένη·
ὅπερ μέγιστον ἕμοιγε δοκεῖ παίδευμα εἶναι καὶ ἀνδρὶ καὶ γυναικί.
Eh ! Socrate, comment aurais-je pu la recevoir tout instruite ? Elle n’avait pas quinze ans quand
elle entra chez moi ; elle avait vécu tout ce temps soumise à une extrême surveillance, afin qu’elle
ne vît, n’entendît et ne demandât presque rien. Pouvais-je souhaiter plus, dis-le-moi, que de
trouver en elle une femme qui sût filer la laine pour en faire des habits, qui eût vu de quelle
manière on distribue la tâche aux fileuses ? Pour la sobriété, Socrate, on l’y avait tout à fait bien
formée ; et c’est, à mon avis, une excellente habitude pour l’homme et pour la femme.
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Les devoirs naturels de l’homme et de la femme : Xénophon, Economique, VII, 22-25
(traduction E. Talbot, 1859)
Ἐπεὶ δ᾽ ἀμφότερα ταῦτα καὶ ἔργων καὶ ἐπιμελείας δεῖται τά τε ἔνδον καὶ τὰ ἔξω, καὶ τὴν φύσιν,
φάναι, εὐθὺς παρεσκεύασεν ὁ θεός, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, τὴν μὲν τῆς γυναικὸς ἐπὶ τὰ ἔνδον ἔργα καὶ
ἐπιμελήματα, . Ῥίγη μὲν γὰρ καὶ θάλπη καὶ ὁδοιπορίας καὶ
στρατείας τοῦ ἀνδρὸς τὸ σῶμα καὶ τὴν ψυχὴν μᾶλλον δύνασθαι καρτερεῖν κατεσκεύασεν· ὥστε τὰ
ἔξω ἐπέταξεν αὐτῷ ἔργα· τῇ δὲ γυναικὶ ἧττον τὸ σῶμα δυνατὸν πρὸς ταῦτα φύσας τὰ ἔνδον ἔργα
αὐτῇ, φάναι ἔφη, προστάξαι μοι δοκεῖ ὁ θεός. Εἰδὼς δὲ ὅτι τῇ γυναικὶ καὶ ἐνέφυσε καὶ προσέταξε
τὴν τῶν νεογνῶν τέκνων τροφήν, καὶ τοῦ στέργειν τὰ νεογνὰ βρέφη πλέον αὐτῇ ἐδάσατο ἢ τῷ
ἀνδρί. Ἐπεὶ δὲ καὶ τὸ φυλάττειν τὰ εἰσενεχθέντα τῇ γυναικὶ προσέταξε, γιγνώσκων ὁ θεὸς ὅτι
πρὸς τὸ φυλάττειν οὐ κάκιόν ἐστι φοβερὰν εἶναι τὴν ψυχὴν πλέον μέρος καὶ τοῦ φόβου ἐδάσατο
τῇ γυναικὶ ἢ τῷ ἀνδρί. Εἰδὼς δὲ ὅτι καὶ ἀρήγειν αὖ δεήσει, ἐάν τις ἀδικῇ, τὸν τὰ ἔξω ἔργα ἔχοντα,
τούτῳ αὖ πλέον μέρος τοῦ θράσους ἐδάσατο.
« Or, comme ces doubles fonctions, de l’intérieur et de l’extérieur, demandent de l’activité et du
soin, la divinité a d’avance approprié, selon moi, la nature de la femme pour les soins et les
travaux de l’intérieur, et celle de l’homme pour les travaux et les soins du dehors. Froids, chaleurs,
voyages, guerres, le corps de l’homme et son âme ont été mis en état de tout supporter, et la
divinité l’a chargé pour cela des travaux du dehors ; quant à la femme, en lui donnant une plus
faible complexion, la divinité me semble avoir voulu la restreindre aux travaux de l’intérieur.
C’est pour une raison semblable que la femme ayant le penchant et la mission de nourrir ses
enfants nouveau-nés, la divinité lui a donné bien plus qu’à l’homme le besoin d’aimer ces petits
êtres. Et comme c’est aussi la femme qui est chargée de veiller sur les provisions, la divinité, qui
sait que, pour surveiller, la timidité de l’âme n’est point un mal, a donné à la femme un caractère
plus timide qu’à l’homme. Mais la divinité sachant aussi qu’il faudra que le travailleur du dehors
repousse ceux qui tenteraient de lui nuire, elle a donné à l’homme une plus large part d’intrépidité.
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Portrait d’Aspasie : Plutarque, Vie de Périclès, (trad. A. Pierron)
Ἐπεὶ δ' Ἀσπασία χαριζόμενος δοκεῖ πρᾶξαι τὰ πρὸς Σαμίους, ἐνταῦθα ἂν εἴη καιρὸς
διαπορῆσαι μάλιστα περὶ τῆς ἀνθρώπου, τίνα τέχνην ἢ δύναμιν τοσαύτην ἔχουσα τῶν τε
πολιτικῶν τοὺς πρωτεύοντας ἐχειρώσατο καὶ τοῖς φιλοσόφοις οὐ φαῦλον οὐδ' ὀλίγον ὑπὲρ
αὑτῆς παρέσχε λόγον.
[…] Τὴν δ' Ἀσπασίαν οἱ μὲν ὡς σοφήν τινα καὶ πολιτικὴν ὑπὸ τοῦ Περικλέους
σπουδασθῆναι λέγουσι· καὶ γὰρ Σωκράτης ἔστιν ὅτε μετὰ τῶν γνωρίμων ἐφοίτα […]
Αἰσχίνης δέ φησι καὶ Λυσικλέα τὸν προβατοκάπηλον ἐξ ἀγεννοῦς καὶ ταπεινοῦ τὴν φύσιν
Ἀθηναίων γενέσθαι πρῶτον, Ἀσπασίᾳ συνόντα μετὰ τὴν Περικλέους τελευτήν. Ἐν δὲ τῷ
Μενεξένῳ τῷ Πλάτωνος, εἰ καὶ μετὰ παιδιᾶς τὰ πρῶτα γέγραπται, τοσοῦτόν γ' ἱστορίας
ἔνεστιν, ὅτι δόξαν εἶχε τὸ γύναιον ἐπὶ ῥητορικῇ πολλοῖς Ἀθηναίων ὁμιλεῖν. Φαίνεται μέντοι
μᾶλλον ἐρωτική τις ἡ τοῦ Περικλέους ἀγάπησις γενομένη πρὸς Ἀσπασίαν. Ἦν μὲν γὰρ αὐτῷ
γυνὴ προσήκουσα μὲν κατὰ γένος, συνῳκηκυῖα δ' Ἱππονίκῳ πρότερον, ἐξ οὗ Καλλίαν ἔτεκε
τὸν πλούσιον· ἔτεκε δὲ καὶ παρὰ τῷ Περικλεῖ Ξάνθιππον καὶ Πάραλον. Εἶτα τῆς συμβιώσεως
οὐκ οὔσης αὐτοῖς ἀρεστῆς, ἐκείνην μὲν ἑτέρῳ Βουλομένην συνεξέδωκεν, αὐτὸς δὲ τὴν
Ἀσπασίαν λαβὼν ἔστερξε διαφερόντως. Καὶ γὰρ ἐξιών, ὥς φασι, καὶ εἰσιὼν ἀπ' ἀγορᾶς
ἠσπάζετο καθ' ἡμέραν αὐτὴν μετὰ τοῦ καταφιλεῖν.
Comme il paraît n’avoir été poussé, dans l’affaire de Samos, que par le désir de plaire à
Aspasie, il est à propos de rechercher quel art, quelle puissance de séduction cette femme
avait en elle, pour enlacer dans ses filets te plus grand homme d’État de son époque, et pour
que les philosophes aient pu parler d’elle en termes si honorables et si pompeux.
[...] On dit que Périclès la rechercha comme une femme d’esprit, et qui avait l’intelligence
des choses politiques. Socrate allait souvent chez elle avec ses amis […]. Eschine dit que
Lysiclès, le marchand de moutons, homme grossier par naissance et par éducation, se fît le
premier citoyen d’Athènes, parce qu’il fréquenta Aspasie, après la mort de Périclès. Platon,
dans l’introduction du Ménexène, ne laisse pas, malgré son ton de plaisanterie, de donner
comme positif, que plusieurs Athéniens allaient chez elle pour recevoir des leçons
d’éloquence. Quoi qu’il en soit, il est évident que ce qui attira Périclès auprès d’elle, ce fut
plutôt de l’amour. Il avait une femme, qui était sa parente, et qui, mariée en premières noces
à Hipponicus, en avait eu un fils, Callias le riche. Elle avait aussi donné à Périclès deux fils,
Xanthippe et Paralus. Plus tard, comme ils ne se plaisaient point, lui et elle, dans la société
l’un de l’autre, il la céda, elle y consentant, à un autre mari, et il épousa Aspasie, qu’il aima
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éperdument ; car tous les jours, en sortant pouf aller sur la place publique, ou en rentrant
chez lui, il la saluait, dit-on, d’un baiser.
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L’habitat et les repas
Chez Trimalcion : Pétrone, Satiricon, 28-29 (trad. A. Ernout, Les belles lettres)
In aditu autem ipso stabat ostiarius prasinatus, cerasino succinctus cingulo, atque in
lance argentea pisum purgabat. Super limen autem cavea pendebat aurea in qua pica
varia intrantes salutabat.
[XXIX] Ceterum ego dum omnia stupeo, paene resupinatus crura mea fregi. Ad
sinistram enim intrantibus non longe ab ostiarii cella canis ingens, catena vinctus, in
pariete erat pictus superque quadrata littera scriptum CAVE CANEM. Et collegae
quidem mei riserunt. Ego autem collecto spiritu non destiti totum parietem persequi.
Erat autem venalicium titulis pictis, et ipse Trimalchio capillatus caduceum
tenebat Minervamque ducente Romam intrabat.
A l’entrée même se tenait le portier, vêtu de vert poireau, sanglé dans une ceinture cerise, et qui
triait des pois dans un plat d’argent. Au-dessus du linteau était accrochée une cage dorée dans
laquelle une pie mouchetée saluait les arrivants.
Au milieu de mon ébahissement, je faillis bien m’étaler sur le dos et me casser les jambes. A
gauche, en entrant, non loin de la loge du portier, un énorme dogue enchaîné était peint sur le mur,
et par-dessus on lisait en lettres capitales : « Gare au chien ! ». Mes compagnons en rirent bien ;
pour moi, quand j’eus repris mon souffle, je ne cessai point de détailler tout le mur. On y avait
peint un marché d’esclaves avec leurs écriteaux au cou, et Trimalcion lui-même qui, sous les traits
d’un jeune esclave aux longs cheveux, le caducée en main, entrait dans Rome guidé par Minerve.
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Insulae et dangers à Rome : Juvénal, Satires, III, v. 193-202 et 235-238 (trad. H.
Clouard)
Nos urbem colimus tenui tibicine fultam
magna parte sui ; nam sic labentibus obstat
vilicus, et veteris rimae cum texit hiatum,
securos pendente jubet dormire ruina.
vivendum est illic, ubi nulla incendia, nulli
nocte metus. iam poscit aquam, iam frivola transfert
Ucalegon, tabulata tibi iam tertia fumant:
tu nescis; nam si gradibus trepidatur ab imis, 200
ultimus ardebit quem tegula sola tuetur
a pluvia, molles ubi reddunt ova columbae.[…]
Plurimus hic æger moritur vigilando; sed ilium
Languorem peperit cibus imperfectus et hærens
Ardenti stomacho : nam quæ meritoria somnum
Admittunt? Magnis opibus dormitur in Urbe. 235
Inde caput morbi. Raedarum transitus arto
vicorum inflexu et stantis convicia mandrae
eripent somnum Druso vitulisque marinis.
Notre ville à nous repose en grande partie sur de fragiles étais : c’est la grande trouvaille
des gérants ; ils font boucher une vieille crevasse et vous invitent à dormir tranquille,
sous la menace d’une catastrophe. Vive la ville sans incendie, aux nuits calmes ! Déjà
Ucalégon réclame de l’eau, déjà il déménage son petit mobilier ; déjà le troisième étage
brûle : toi, tu l’ignores, car les étages inférieurs ont beau s’affoler, un locataire sera le
dernier à rôtir, c’est celui qui n’a entre lui et la pluie que les tuiles où les tendres
colombes viennent déposer leurs oeufs.
On meurt d’insomnie, ici ; on est malade de mauvaises digestions qui entretiennent des
fermentations dans l’estomac. Où louer un appartement où l’on puisse fermer l’oeil ? Il
faut une fortune pour dormir dans notre ville. Voilà ce qui nous tue. Le passage
embarrassé des voitures dans les rues étroites, le désordre bruyant du troupeau qui
n’avance pas, ôteraient le sommeil à Drusus lui-même ou à des veaux marins.
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Une ferme modèle : Martial, Epigrammes, III, 58 Le domaine agricole :
Bassus, notre Faustin, possède en Campanie,
Près de Baye, une bonne et grosse métairie […]
C'est un vrai bien rural, agreste et sans parure. […]
L'indomptable taureau fait mugir la vallée,
Et près de lui, son fils, fier de ses dards naissants,
Bat la terre, et révèle, en ses jeux innocents,
Une ardeur qui bientôt sera mieux signalée.
Mais de la basse-cour les habitants ailés
Appellent nies regards : ici sont rassemblés
Et le paon dont la roue avec orgueil étale
De ses brillants trésors la pompe orientale ;
Et l'oie aux cris aigus, à côté du canard
Qui répète, en ramant, son refrain nasillard ;
La pintade enlevée aux champs de Numidie,
Et le faisan venu de la Colchide impie.
Le coq dans son sérail règne en sultan jaloux
La palombe roucoule auprès de son époux ;
Près du flamant en feu la perdrix vergetée
Suit le cygne orgueilleux de sa robe argentée.
Le porc glouton s'attache aux pas de la fermière,
L'agneau bêle, invoquant le retour de sa mère. […]
Baiana nostri uilla, Basse, Faustini
non otiosis ordinata myrtetis
uiduaque platano tonsilique buxeto
ingrata lati spatia detinet campi,
sed rure uero barbaroque laetatur.
Truces in alta ualle mugiunt tauri 10
uitulusque inermi fronte prurit in pugnam.
Vagatur omnis turba sordidae chortis,
argutus anser gemmeique pauones
nomenque debet quae rubentibus pinnis
et picta perdix Numidicaeque guttatae 15
et impiorum phasiana Colchorum;
Rhodias superbi feminas premunt galli;
sonantque turres plausibus columbarum,
gemit hinc palumbus, inde cereus turtur.
Auidi secuntur uilicae sinum porci 20
matremque plenam mollis agnus expectat.[…]
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Martial, Epigrammes, IV, 64, 1-26 (trad. de MM. V. Verger, N.-A. Dubois et J. Mangeart ; nouv.
éd., rev. Paris : Garnier frères, 1864)
Iuli iugera pauca Martialis
hortis Hesperidum beatiora
longo Ianiculi iugo recumbunt:
lati collibus imminent recessus,
et planus modico tumore uertex 5
caelo perfruitur sereniore,
et curuas nebula tegente ualles
solus luce nitet peculiari:
puris leniter admouentur astris
celsae culmina delicata uillae. 10
Hinc septem dominos uidere montis
et totam licet aestimare Romam,
Albanos quoque Tusculosque colles
et quodcumque iacet sub urbe frigus,
Fidenas ueteres breuesque Rubras, 15
et quod uirgineo cruore gaudet
Annae pomiferum nemus Perennae.
Illinc Flaminiae Salariaeque
gestator patet essedo tacente,
ne blando rota sit molesta somno, 20
quem nec rumpere nauticum celeuma
nec clamor ualet helciariorum,
cum sit tam prope Muluius sacrumque
lapsae per Tiberim uolent carinae.
Hoc rus, seu potius domus uocanda est,
commendat dominus. 25
Jules Martial possède, le long du mont Janicule,
quelques arpents plus délicieux que les jardins
des Hespérides. De vastes grottes s'étendent sur
le penchant des collines, dont le sommet
légèrement aplani jouit du ciel le plus serein, et
d'une lumière qui brille pour lui seul, tandis que
des nuages obscurcissent les profondeurs des
vallées. Le front gracieux de cette habitation
s'élève doucement vers les astres toujours purs.
De là on peut distinguer les sept collines reines
du monde, et embrasser Rome dans toute son
étendue, les coteaux d'Albe, ceux de Tusculum,
tous les frais bocages situés au-dessous de la
ville, l'antique Fidènes, la petite Rubra, et les
fertiles vergers d'Anna Perenna, où coula, à sa
grande joie, le sang d'une vierge. Là, sur les
voies Flaminia et Salaria, vous voyez circuler
le voyageur, mais sans entendre le bruit du char
qui le porte, pour que le fracas des roues ne
trouble point un paisible sommeil qui n'est
interrompu ni par les sifflements des matelots,
ni par les clameurs des portefaix, malgré le
voisinage du pont Milvius et la proximité des
navires qui glissent rapidement sur la surface
du Tibre sacré. Le mérite de cette campagne,
ou plutôt de cette maison, comme il convient de
l'appeler, est rehaussé par son maître. […]
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
La maison grecque, le gynécée : Vitruve, De architectura, livre VI, VII, 2 (trad. nouvelle
par M. Ch.-L.Maufras, éd. C. L. F. Panckoucke, 1847.)
In his locis introrsus constituuntur oeci magni, in quibus matres familiarum cum lanificis
habent sessionem. In porostadii autem dextra ac sinistra cubicula sunt collocata, quorum
unum thalamus, alterum amphithalamus dicitur. Circum autem in porticibus triclinia
quotidiana, cubicula, etiam et cellae familiaricae constituuntur. Haec pars aedificii
gynaeconitis appellatur.
C'est là que sont placées intérieurement de grandes salles où les mères de famille vont
s'asseoir au milieu des femmes qui apprêtent les laines. À droite et à gauche du prostadium se
trouvent des chambres, dont l'une s'appelle thalamus, l'autre antithalamus. Autour des
portiques sont les salles à manger ordinaires, les chambres à coucher, le logement des
domestiques. Cette partie de la maison s'appelle gynécée.
Vitruve, De architectura, livre VI, VII, 4 (trad. nouvelle par M. Ch.-L.Maufras, éd. C. L.
F. Panckoucke, 1847.)
In his oecis fiunt virilia convivia : non enim fuerat institutum matres familiarum eorum
moribus accumbere. Haec autem peristylia domus andronitides dicuntur, quod in is viri sine
interpellationibus mulierum versantur. Praeterea dextra ac sinistra domunculae constituuntur
habentes proprias ianuas, triclinia et cubicula commoda, uti hospites advenientes non in
peristylia, sed in ea hospitalia recipiantur. Nam quum fuerunt Graeci delicatiores et fortuna
opulentiores, hospitibus advenientibus instruebant triclinia, cubicula, cum penu cellas,
primoque die ad coenam invitabant, postea mittebant pullos, ova, olera, poma reliquasque res
agrestes. Ideo pictores ea, quae mittebantur hospitibus, picturis imitantes xenia appellaverunt.
Ita patres familiarum in hospitio non videbantur esse peregre, habentes secretam in his
hospitalibus liberalitatem.
Ces salles sont réservées aux festins des hommes ; il n'est point d'usage chez eux d'admettre à
leur table les mères de famille. Ces péristyles s'appellent andronitides, parce que les hommes
n'y sont point importunés par les femmes. Il y a encore à droite et à gauche de petits
appartements avec des portes particulières, des salles à manger et des chambres commodes,
destinées à recevoir les étrangers qu'on ne met point dans les appartements qui ont des
péristyles. Les Grecs, si délicats et si somptueux, faisaient préparer, à l'arrivée de leurs hôtes,
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
des salles à manger, des chambres à coucher, un office bien approvisionné. Le premier jour ils
les invitaient à leur table, et les jours suivants, ils leur envoyaient des poulets, des oeufs, des
légumes, des fruits et toutes les autres choses qu'ils recevaient de la campagne. Voilà
pourquoi les peintres ont appelé xenia les peintures qui représentent ces présents qu'on
envoyait à ses hôtes. Ainsi les pères de famille ne se sentaient point étrangers sous le toit
hospitalier, jouissant, dans ces appartements, de la même liberté qu'ils auraient eue chez eux.
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
La maison grecque : Xénophon, Economique, IX 2-5 (trad. E. Talbot, Les Belles Lettres)
Οὐ γὰρ ποικίλμασι κεκόσμηται, ὦ Σώκρατες, ἀλλὰ τὰ οἰκήματα ὠικοδόμηται πρὸς αὐτὸ τοῦτο
ἐσκεμμένα, ὅπως ἀγγεῖα ὡς συμφορώτατα ᾖ τοῖς μέλλουσιν ἐν αὐτοῖς ἔσεσθαι· ὥστε αὐτὰ ἐκάλει τὰ
πρέποντα εἶναι ἐν ἑκάστῳ. Ὁ μὲν γὰρ θάλαμος ἐν ὀχυρῷ ὢν τὰ πλείστου ἄξια καὶ στρώματα καὶ
σκεύη παρεκάλει, τὰ δὲ ξηρὰ τῶν στεγνῶν τὸν σῖτον, τὰ δὲ ψυχεινὰ τὸν οἶνον, τὰ δὲ φανὰ ὅσα φάους
δεόμενα ἔργα τε καὶ σκεύη ἐστί. Καὶ διαιτητήρια δὲ τοῖς ἀνθρώποις ἐπεδείκνυον αὐτῇ
κεκαλλωπισμένα τοῦ μὲν θέρους ἔχειν ψυχεινά, τοῦ δὲ χειμῶνος ἀλεεινά. Καὶ σύμπασαν δὲ τὴν οἰκίαν
ἐπέδειξα αὐτῇ ὅτι πρὸς μεσημβρίαν ἀναπέπταται, ὥστε εὔδηλον εἶναι ὅτι χειμῶνος μὲν εὐήλιός ἐστι,
τοῦ δὲ θέρους εὔσκιος. Ἔδειξα δὲ καὶ τὴν γυναικωνῖτιν αὐτῇ, θύραι βαλανωτῇ ὡρισμένην ἀπὸ τῆς
ἀνδρωνίτιδος, ἵνα μήτε ἐκφέρηται ἔνδοθεν ὅ τι μὴ δεῖ μήτε τεκνοποιῶνται οἱ οἰκέται ἄνευ τῆς
ἡμετέρας γνώμης. οἱ μὲν γὰρ χρηστοὶ παιδοποιησάμενοι εὐνούστεροι ὡς ἐπὶ τὸ πολύ, οἱ δὲ πονηροὶ
συζυγέντες εὐπορώτεροι πρὸς τὸ κακουργεῖν γίγνονται.
En effet, Socrate, cette maison ne brille point par les ornements ; mais les différentes pièces
en sont distribuées dans la prévision que chaque objet y soit mis dans la place la plus
avantageuse qu’il puisse occuper : de telle sorte qu’on eût dit que chaque lieu appelait l’objet
qui lui convenait. La chambre nuptiale, qui est dans la partie la plus sûre du logis, demandait
naturellement ce qu’il y a de plus précieux en tapis et en vaisselle ; la partie la plus sèche
voulait le blé, la plus fraîche le vin, la plus claire les travaux et les objets qui exigent de la
lumièr. Je lui montrai ensuite les appartements réservés aux hommes : ce corps de logis plein
d’ornements est frais l’été et chaud l’hiver; je lui fis remarquer aussi que, dans sa partie
méridionale, la maison se développait de manière à avoir évidemment du soleil en hiver et de
l’ombre en été. Je lui fis voir après que le gynécée n’est séparé de l’appartement des hommes
que par la porte des bains, de peur que l’on ne sortît rien de prohibé, et que nos esclaves ne
fissent des enfants à notre insu : car, si les bons domestiques auxquels il vient de la famille
redoublent de bons sentiments envers nous, les mauvais, en se multipliant, acquièrent de
nouveaux moyens de nuire.
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Le marché : Hermeneumata Pseudodositheana
Σύ, παιδάριον, ἀκολούθησόν μοι ᾿ς τὸ κρεοπωλεῖον· τίποτε ἀγοράσωμεν εἰς ἄριστον.
Ἐπερώτησον, πόσου ὁ ἰχθύς. Δηνάρια δέκα. Σύ, παιδάριον, ὕπαγε εἰς τὴν οἰκίαν, ἵνα
δυνηθῶμεν ἀπελθεῖν εἰς τὸ λαχανοπωλεῖον καὶ ἀγοράσαι λάχανα, ἅπερ ἀναγκαῖά εἰσιν, καὶ
ὀπώραν, συκάμινα, σῦκα, δωράκινα, ἀπίους, τρικόκκια. Ἰδοὺ ἔχεις πάντα, ἃ ἠγοράσαμεν.
Ὕπαγε εἰς τὴν οἰκίαν.
Eh toi, garçon, suis-moi à la boucherie ; allons acheter quelque chose pour le déjeuner.
Demande combien coûte le poisson. Dix deniers. Gamin, va apporter ça à la maison, que nous
allions ensuite au marché aux légumes acheter tout ce qu'il nous faut, fruits de saison, mûres,
figues, pêches, poires, truffes. Bon, tu as tout ce que nous avons acheté ? Rapporte-le à la
maison.
Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
Le repas : Aristophane, Les Guêpes, v. 1208-1217 (trad. H.Van Daele, 1964, Les Belles
Lettres)
Βδελυκλέων
παὖ: ἀλλὰ δευρὶ κατακλινεὶς προσμάνθανε
ξυμποτικὸς εἶναι καὶ ξυνουσιαστικός.
Φιλοκλέων πῶς οὖν κατακλινῶ; φράζ᾽ ἀνύσας.
Βδελυκλέων
εὐσχημόνως.
Φιλοκλέων
ὡδὶ κελεύεις κατακλινῆναι;
Βδελυκλέων μηδαμῶς.
Φιλοκλέων
πῶς δαί;
Βδελυκλέων
τὰ γόνατ᾽ ἔκτεινε καὶ γυμναστικῶς
ὑγρὸν χύτλασον σεαυτὸν ἐν τοῖς στρώμασιν.
ἔπειτ᾽ ἐπαίνεσόν τι τῶν χαλκωμάτων,
ὀροφὴν θέασαι, κρεκάδι᾽ αὐλῆς θαύμασον:
ὕδωρ κατὰ χειρός: τὰς τραπέζας ἐσφέρειν:
δειπνοῦμεν: ἀπονενίμμεθ᾽: ἤδη σπένδομεν.
BDÉLYCLÉON. — Assez. Mais couche-toi là et apprends auparavant à être convive et
homme de société.
PHILOCLÉON. — Eh bien, comment faut-il que je me couche ? Explique enfin.
BDÉLYCLÉON. — Décemment.
PHILOCLÉON. — Est-ce comme ceci que tu veux que je me couche ?
BDÉLYCLÉON. — Pas du tout.
PHILOCLÉON. — Comment alors ?
BDÉLYCLÉON. — Allonge les genoux et, comme un gymnaste, bien souple, coule-toi sur
les couvertures ; puis, fais l'éloge d’un des vases de bronze, contemple le plafond, admire les
tapisseries du logis. De l'eau pour verser sur les mains, qu’on apporte les tables ; nous dînons ;
bien essuyés, nous passons aux libations.
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Ressource réalisée par Mme MOTTOLA, professeure au collège Clair Soleil à Marseille.
La religion
Critique de la religion : Lucien de Samosate, Les sacrifices, XIII, 1 et 2 (trad. Site
Remacle)
ἃ μὲν γὰρ ἐν ταῖς θυσίαις οἱ μάταιοι πράττουσι καὶ ταῖς ἑορταῖς καὶ προσόδοις τῶν θεῶν καὶ ἃ
αἰτοῦσι καὶ ἃ εὔχονται καὶ ἃ γιγνώσκουσι περὶ αὐτῶν, οὐκ οἶδα εἴ τις οὕτως κατηφής ἐστι καὶ
λελυπημένος ὅστις οὐ γελάσεται τὴν ἀβελτερίαν: ἐπιβλέψας τῶν δρωμένων. καὶ πολύ γε,
οἶμαι, πρότερον τοῦ γελᾶν πρὸς ἑαυτὸν ἐξετάσει πότερον εὐσεβεῖς αὐτοὺς χρὴ καλεῖν ἢ
τοὐναντίον θεοῖς ἐχθροὺς καὶ κακοδαίμονας, οἵ γε οὕτω ταπεινὸν καὶ ἀγεννὲς τὸ θεῖον
ὑπειλήφασιν ὥστε εἶναι ἀνθρώπων ἐνδεὲς καὶ κολακευόμενον ἥδεσθαι καὶ ἀγανακτεῖν
ἀμελούμενον.
οὕτως οὐδέν, ὡς ἔοικεν, ἀμισθὶ ποιοῦσιν ὧν ποιοῦσιν, ἀλλὰ πωλοῦσιν τοῖς ἀνθρώποις
τἀγαθά, καὶ ἔνεστι πρίασθαι παρ᾽ αὐτῶν τὸ μὲν ὑγιαίνειν, εἰ τύχοι, βοϊδίου, τὸ δὲ πλουτεῖν
βοῶν τεττάρων, τὸ δὲ βασιλεύειν ἑκατόμβης, τὸ δὲ σῶον ἐπανελθεῖν ἐξ Ἰλίου εἰς Πύλον
ταύρων ἐννέα, καὶ τὸ ἐκ τῆς Αὐλίδος εἰς Ἴλιον διαπλεῦσαι παρθένου βασιλικῆς.
Quand on voit éclater l'ineptie des hommes dans les sacrifices, les fêtes, les supplications des
dieux, quand on considère ce qu'ils leur demandent, les vœux qu'ils leur adressent, l'opinion
qu'ils s'en forment, il faudrait être, à mon avis, bien chagrin, bien morose, pour ne pas rire de
tant d'extravagances. Cependant, avant d'en rire, je crois qu'il est bon de se demander si l'on
peut appeler ces gens-là religieux ou misérables ennemis de la divinité, dont ils se font une
idée basse et indigne au point de croire qu'elle a besoin des hommes qu'elle se plaît à leurs
adorations et qu'elle se fâche de leur indifférence […]
Il suit de là que les dieux, probablement, ne font rien sans retour. Ils vendent les biens aux
hommes et on peut leur acheter la santé moyennant un jeune bœuf. Pour quatre bœufs on a les
richesses, et la royauté pour une hécatombe. Il en coûte neuf taureaux pour revenir sain et sauf
d'Ilion à Pylos et une vierge de sang royal, pour naviguer d'Aulis à Troie. […]
http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=a%28%5C&la=greek&can=a%28%5C0http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=me%5Cn&la=greek&can=me%5Cn0&prior=a(/http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=ga%5Cr&la=greek&can=ga%5Cr0&prior=me/nhttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=e%29n&la=greek&can=e%29n0&prior=ga/rhttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=tai%3Ds&la=greek&can=tai%3Ds0&prior=e)nhttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=qusi%2Fais&la=greek&can=qusi%2Fais0&prior=tai=shttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=oi%28&la=greek&can=oi%280&prior=qusi/aishttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=ma%2Ftaioi&la=greek&can=ma%2Ftaioi0&prior=oi(http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=pra%2Fttousi&la=greek&can=pra%2Fttousi0&prior=ma/taioihttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=kai%5C&la=greek&can=kai%5C0&prior=pra/ttousihttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=tai%3Ds&la=greek&can=tai%3Ds1&prior=kai/http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=e%28ortai%3Ds&la=greek&can=e%28ortai%3Ds0&prior=tai=shttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=kai%5C&la=greek&can=kai%5C1&prior=e(ortai=shttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=proso%2Fdois&la=greek&can=proso%2Fdois0&prior=kai/http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=tw%3Dn&la=greek&can=tw%3Dn0&prior=proso/doishttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=qew%3Dn&la=greek&can=qew%3Dn0&prior=tw=nhttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=kai%5C&la=greek&can=kai%5C2&prior=qew=nhttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=a%28%5C&la=greek&can=a%28%5C1&prior=kai/http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=ai%29tou%3Dsi&la=greek&can=ai%29tou%3Dsi0&prior=a(/http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=kai%5C&la=greek&can=kai%5C3&prior=ai)tou=sihttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=a%28%5C&la=greek&can=a%28%5C2&prior=kai/http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=eu%29%2Fxontai&la=greek&can=eu%29%2Fxontai0&prior=a(/http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=kai%5C&la=greek&can=kai%5C4&prior=eu)/xontaihttp://www.perseus.tufts.edu/hopper/morph?l=a%28%5C&la=greek&can=a%28%5C3&prior=kai/http://www.perseus.tufts.edu/hopper/mor