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Cancérologie Les promesses de l’épigénétique Ophtalmologie T’as de gros yeux tu sais ! L’actualité scientifique en Bretagne n° 334 - Septembre 2015 - 3 www.sciences-ouest.org Médecine Sclérose en plaques : un traitement plus léger Environnement L’eau de Plancoët préservée ! Les cultures de microalgues testées à grande échelle Produire du biogaz en valorisant plus de déchets À la recherche d’alternatives au pétrole LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT Les premiers grammes de bitume garantis sans pétrole DOSSIER

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Page 1: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

Cancérologie Les promessesde l’épigénétique

Ophtalmologie T’as de gros yeux tu sais !

L’actualité scientifique en Bretagne n°334 - Septembre 2015 - 3€ www.sciences-ouest.org

Médecine Sclérose en plaques : un traitement plus léger

Environnement L’eau de Plancoëtpréservée !

Les cultures de microalguestestées à grande échelle

Produire du biogaz envalorisant plus de déchets

À la recherche d’alternatives au pétrole

LES NOUVEAUXPUITS D’OR VERT

Les premiers grammes debitume garantis sans pétrole

DOSSIER

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Cité des télécomsDÉCOUVRIR APPRENDREJOUER

La

PLEUMEUR-BODOU / PARC DU RADÔME / WWW.CITE-TELECOMS.COM

PLUS DE 50 EXPÉRIENCESÀ PARTAGER EN FAMILLE !

Page 3: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

COUVERTURE : FOTOLIA/TOA

555- DR- LES FILM

S DU CERCLE ROUGE

À L’ESPACEDES SCIENCES 19

L’AGENDA DE LA RÉDACTION 20

L’ÉPREUVE PAR 7JEAN-YVES LE GALL, président de l’Académie nationale de médecineUne interview non scientifique 22

SEPTEMBRE 2015 N°334 SCIENCES OUEST3

DÉJÀ DEMAIN LES BRÈVESCE QUE JE CHERCHEPar MATHILDE MARICOURT, historienne « Je cherche à comprendre l’engouement des Pays-Bas pour le miel breton » 4

T’AS DE GROS YEUX TU SAIS ! 4

L’EAU DE PLANCOËT PRÉSERVÉE 5

LA GÉNÉTIQUE FAIT MOUCHE ! 7

DÉJÀ DEMAIN LES ACTUSSCLÉROSE EN PLAQUES : UN TRAITEMENT PLUS LÉGER 8

LES PROMESSES DE L’ÉPIGÉNÉTIQUE EN CANCÉROLOGIE 9

LE DOSSIER

LES FILM

S DU CERCLE ROUGE

n° 334 SEPTEMBRE 2015

POINTE SÈCHE PAR WILLIAM AUGEL

DR

LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT 10 à 18

LES ALGOCARBURANTS ÉMERGENT 12/13

LES ROUTES SERONT-ELLES VERTES ? 14

LES FUTURES USINES À PLASTIQUE 15

UNE BIOMASSE PROMETTEUSE 16

LA MÉTHANISATION EN APPLICATION 17

L’ÉNERGIE PRODUITE DEMAIN 18

Suivez-nous sur www.sciences-ouest.org, sur Twitter @sciences_ouest et sur Facebook

Il faut se désengluer de ce liquide visqueux et noir,c’est une certitude. Les idées et les innovations nemanquent pas : exploitation des microalgues etmême de leurs résidus, développement de laméthanisation et de la cogénération... Mais passous n’importe quelles conditions. Pour croître, lesmicroalgues ont besoin d’eau, mais aussi d’espace,deux éléments de plus en plus rares et précieuxsur notre planète... Côté méthanisation, les travauxactuels s’orientent vers la création d’unitéscapables d’accepter des intrants variés : agricoles,

industriels... Mais les méthaniseurs ne doivent pasnon plus générer une course aux déchets, ni priverles sols de matière organique. Enfin, comme lesouligne Paul Trehen, professeur émérite del’Université de Rennes 1 et membre de notre comitéde lecture : « Le concept de développement durablene peut s’accommoder d’une rentabilité copiée surle modèle pétrolier actuel. » Les chercheurs dugrand Ouest y travaillent.

NATHALIE BLANCRÉDACTRICE EN CHEF

Pas facile de se décoller du pétrole !

CÉLINE DUGUEY / ESPACE DES SCIENCES

Page 4: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

Déjà demain

DES ENTREPRISES EN GRANDE FORME� L’entreprise morlaisienne Hemarina a reçule premier prix du Concours des technologiesmédicales innovantes 2015, organisé parl’Alliance pour le génie biologique et médical,pour son transporteur d’oxygène issu de versmarins Hemo2Life. La vannetaise Katalia estarrivée en finale.

Rens. : www.agbm.eu

UN PARTENARIAT POUR LANUMÉRISATION DES DOSSIERS MÉDICAUX� Le Groupement d’intérêt public SantéInformatique de Bretagne, premier hébergeurde données de santé agréé par le ministère dela Santé, et l’entreprise de télécom TDF ontsigné un accord-cadre de partenariat national,pour répondre aux besoins croissants dusecteur. Rens. : www.tdf-telecom.fr, www.sib.fr

SANTÉ

CC BY STÉPHANE MIGNON

CE QUE JE CHERCHEDR

4 SCIENCES OUEST N°334 SEPTEMBRE 2015

« Je cherche à comprendre l’engouement des Pays-Bas pour le miel breton »

CE QUE JE CHERCHE

MATHILDE MARICOURTHISTORIENNE

«Je cherche à comprendre le com-merce du miel de Bretagne au 18e

siècle. À cette époque, la région produisait du miel de sarrasin, très

sombre et très fort. Il était reconnu sous l’ap-pellation miel de Bretagne. Il n’était pas trèsapprécié en France, sauf à Reims par les painsd’épiciers ! Par contre, les bateaux de la Com-pagnie des Indes en ramenaient beaucoup auxPays-Bas. J’ai consulté des registres commer-ciaux : les Pays-Bas importaient deux à troisfois plus de miel de Bretagne que de mielsproduits ailleurs. Je cherche à comprendre cet engouement ! D’autant qu’à l’époque, lesPays-Bas cultivaient également du sarrasin.Je pense aller là-bas, voir si je trouve plus d’in-formations dans les archives locales.Je m’intéresse aussi à l’organisation de ce

commerce en Bretagne. J’ai travaillé sur desinventaires après décès. Ces listes établies pardes notaires recensent tous les biens d’unepersonne à sa mort. J’ai pu constater qu’il yavait souvent au moins une ruche par village.Il y avait également des petits ruchers. Jecherche à comprendre par quels circuits cetteproduction se retrouvait sur les marchéslocaux et, surtout, comment de grandes quan-tités étaient rassemblées pour l’export. Jeconsidère aussi les autres produits de la ruche.La cire de Bretagne était très réputée enFrance, par exemple. Très blanche, elle étaitutilisée pour fabriquer les cierges. Aujourd’hui,le miel de sarrasin est devenu rare. Et il estsouvent coupé avec d’autres miels. Nous neconnaissons pas le goût du miel de Bretagnedu 18e siècle. »PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE DUGUEY

Rens. : Mathilde [email protected]

DR

Mathilde Maricourt est en 3e année de thèse au Centrede recherches historiques del’Ouest(1), à l’Université deBretagne-Sud, à Lorient.

Elle a présenté ses rechercheslors du séminaire enarchéologie biologique quis’est tenu à l’université deVannes, le 4 juin dernier.(1)UMR 5268 CNRS, Université Rennes 2,Université d’Angers, Université Bretagne-Sud, Université du Maine.

CRÂNE HUMAIN : MUSÉE DE L’HOMME DE PARIS

CRÂNE ORANG-OUTAN : MUSÉE D’HISTOIRE NATURELLE DE BRUXELLES

Plus large que haute, la forme de l’orbite humaine estunique et nous offre une vision latérale exceptionnelle.

T’as de gros yeux tu sais !

«Q uand on étudie la vision, c’est un peucomme avec les huîtres perlières : ontrouve beaucoup d’informations sur le

bijou, ici l’œil, mais très peu de choses sur l’en-veloppe, ici l’orbite. »C’est ce qu’a constaté ÉricDenion, chef du service d’ophtalmologie auCHU de Caen, quand il a commencé à tra-vailler sur la vision périphérique chezl’humain, avec le soutien deFrédéric Mouriaux, pro-fesseur d’ophtalmolo-gie à l’Université deRennes 1 et auCHU de Rennes.Ses deux publica-tions sorties dansScientific Reportsen juin et juilletderniers, renverse-ront-elles la tendance ?Les spécialistes distin-

guent depuis longtemps(1) la catégorie des pré-dateurs (dont l’humain fait partie) avec desglobes oculaires orientésvers l’avant qui leurprocurent une visionconvergente et unebonne notion du relief,mais une faible visionpériphérique ; l’autrecatégorie, les proies, ontau contraire une visionpériphérique développée leurpermettant de fuir rapidement,au détriment de la vision centrale. Grâce à des mesures effectuées sur

cent crânes humains et cent vingtcrânes(2) d’autres hominoïdes (lessinges les plus proches de l’humain),Éric Denion apporte des nuances sup-plémentaires : « L’orbite de l’humain et desgibbons est moins convergente, moins orientéevers l’avant que celle des bonobos, chimpanzés,gorilles et orangs-outans. Par ailleurs, l’orbitehumaine est très allongée horizontalement(3).Enfin et surtout, l’humain possède un rebord

latéral plus reculé, qui, associé aux mouvementsoculomoteurs, permet une très bonne vision laté-rale. »Dans cette configuration, l’œil est moinsprotégé mais le gain pour la vision (champvisuel) semble avoir été privilégié. Certainespersonnes peuvent en effet dépasser 90 ° de champ visuel latéral sans bouger la

tête, et aller jusqu’à 135 ° en por-tant l’œil en dehors !

Dans sa deuxième pu-blication, Éric Denion a

réalisé des analyseschiffrées du champvisuel en utilisant unmodèle mathéma-tique(4). Il modifie laposition du rebordlatéral de l’orbitehumaine pourla faire ressem-

bler à celle desinges hominoïdes. Et il s’avère qu’un légeravancement du rebord latéral (8,4 °) entraîneune perte considérable de champ visuel latéral (21 °). « Je suis ophtalmologue, rappelle ÉricDenion, et croiser mes connaissances avec

d’autres en anthropologie, évolution... mepassionne. J’aimerais poursuivre ces tra-vaux sur l’anatomie de l’œil avec d’au-tres outils. » En attendant, une autrede ses études montre que le port

de lunettes à larges branches,très prisées en ce moment,

réduit cette visionpériphérique qui aévolué chez l’hu-main en plusieursmillions d’années !

(1)Voir les travaux de Daniel E. Lieberman de l’université Harvard (ex : The Evolution of the Human Head, 2011). (2)Conservés au musée del’Homme de Paris et dans les Musées d’histoire naturelle de Paris,Bruxelles et Tervuren (Belgique). (3)L’humain possède le rapport largeursur hauteur le plus important. (4)Développé par Éric Levieil, normalienen mathématiques et informatique.

Rens. : Éric Denion, [email protected]

LES ÉCHOS DE L’OUEST

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UN CÂBLE POUR RELIER LES ÉNERGIES MARINES RENOUVELABLES À LA TERRE� Elle s’étend sur 1 km2 au large du Croisic(44). La plate-forme d’essais en mer pour lesénergies marines renouvelables Sem-Rev aété inaugurée le 25 août dernier. Équipée decapteurs et de bouées de mesure pourconnaître en temps réel et en continu l’étatdes courants et des vagues, cette zone estsurtout reliée à la terre ferme par un câblesupportant 8 MW, complété depuis le 13 aoûtpar un Hub : un système de raccordementsous-marin. Les prototypes - éoliennesoffshore, systèmes houlomoteurs... -mis enplace pourront être reliés au réseau électriquesimplement, après une journée d’opérations sous-marines. Sem-Rev permettra de mettre aupoint, en conditions opérationnelles, des démonstrateurs et prototypes à l’échelle 1. La plate-forme est opérée par l’école Centrale de Nantes et le CNRS.Rens. : www.semrev.fr

A ucune trace de nitrates n’est détectéedans l’eau minérale naturelle de Plan-coët (22). Pour le comprendre, près de

quarante chercheurs pluridisciplinaires (bio-logie, pédologie, hydrogéologie et sociologie)de l’Université de Rennes 1 et d’AgrocampusOuest ont mené, pendant cinq ans(1), desétudes sur le tertre de Brandefer, où est captéel’eau. Ils ont présenté leurs résultats le 12 juindernier à Plancoët. L’absence de traces denitrates dans l’eau est due au fait que la col-line est préservée de toute activité agricoledepuis 1970 et que les captages recueillent à 80 % de l’eau vieille de plus de 50 ans, etmoins de 15 % d’eau de surface (à faible tauxde nitrates (< 10 mg/l). Autres résultats : letertre présente vingt types de sols répertoriéset, à ce jour, 245 espèces végétales, 900espèces animales dont 800 invertébrés. « Cer-taines espèces ne sont plus signalées ailleurs enBretagne depuis cinquante ans ! Le tertre deBrandefer est un îlot exceptionnel de biodiversitéordinaire », résume Frédéric Ysnel, directeurde l’équipe biodiversité et gestion des terri-toires. Cela témoigne indirectement de la qua-lité de l’eau puisée en profondeur.

(1)Dans le cadre d’un Contrat nature régional territorial. Partenaires :Région Bretagne, Direction régionale de l’environnement, del’aménagement et du logement de Bretagne, département des Côtes-d’Armor, commune de Plancoët, la société Eau Minérale Naturelle dePlancoët, association Cœur Émeraude.

Rens. : Frédéric Ysnel Tél. 02 23 23 58 [email protected]

SEPTEMBRE 2015 N°334 SCIENCES OUEST5

L’AGRICULTURE POSITIVE� L’association Bleu-Blanc-Cœur fait partiedes dix initiatives sélectionnées par lafondation Nicolas Hulot dans le cadre duconcours national My Positive Impact. Lastructure propose des aliments pour lesélevages permettant de diminuer les émissionsde méthane. Elle va bénéficier d’unecampagne de communication d’envergure. Rens. : www.mypositiveimpact.org

L’eau de Plancoëtpréservée

LES VIEILLES CHARRUES À L’ÈRE DU WEB� Les 16 et 17 juillet derniersà Carhaix, pendant le festivaldes Vieilles charrues, setenait aussi le West Webfestival. Comme soncomparse musical, cetévénement a fait le plein :trois mille personnes sontvenues écouter desspécialistes nationaux etinternationaux des nouveauxservices du Web, avant d’alleraux concerts ! La 3e éditionest déjà confirmée pour 2016. Rens. : www.west-web-festival.fr

DR

LA COPULATION DES PORCS SOUS CONTRÔLE !� Dans un élevage de porcins, la première ovulation des femelles à la puberté se déclencheplus rapidement dès que le mâle reproducteur (le verrat) débarque. Encore faut-il qu’il arrive aubon moment. Pour s’en assurer, des traitements hormonaux peuvent être utilisés en amont etpermettent un contrôle efficace l’entrée en reproduction. Un nouveau programme de recherchefinancé par l’Inra(1) pour deux ans va permettre aux chercheurs d’établir une méthoded’identification naturelle de la période à laquelle l’introduction du verrat sera optimale. « Nousallons prélever de la salive et de l’urine chez les cochettes de deux élevages de l’Inra et analyserplusieurs marqueurs comme les stéroïdes sexuels, explique Armelle Prunier, chercheuse àl’Inra de Rennes. Grâce à un suivi échographique réalisé en parallèle, nous pourrons fairecoïncider la composition des prélèvements avec l’évolution du cycle des femelles. » Ainsi, ilsuffira aux éleveurs d’examiner régulièrement la salive et l’urine des cochettes pour prévoir lapuberté des jeunes femelles et faire entrer le mâle dans le troupeau au bon moment !Rens. : Armelle Prunier Tél. 02 23 48 50 56, [email protected] (1)Projet porté par l’Inra Val-de-Loire.

HUIT START-UPRENNAISESRÉCOMPENSÉES� Dans le cadre de la 17e édition du concoursnational i-LAB de créationd’entreprises, huit start-uprennaises ont été primées le1er juillet dernier : 3D SoundLabs, Ionwatt, Mediego etYoGoKo dans la catégorieCréation-Développement,inDroso (lire p. 7), Selenoptics,Acklio et AntennesComposites dans la catégorieÉmergence.Rens. : www.rennes-atalante.fr

LE CONSERVATOIREBOTANIQUE DE BREST A 40 ANS� Cet été, le Conservatoirebotanique national de Brest a fêté ses 40 ans. Pionnier dugenre, il mène des actionslocales et internationalespour la sauvegarde de laflore(1). Son travail est visible,notamment dans son jardinde 30 ha ouvert au publicgratuitement toute l’année.

(1)Lire Un havre pour les espèces menacées,Sciences Ouest n° 323, septembre 2014.

Rens. : www.cbnbrest.fr

DR

AGRONOMIE

UN LABORATOIRE INSA-GROUPELEGENDRE� Le constructeur Legendre et l’Insa de Rennesviennent de créer un laboratoire de rechercheB-Hybrid. Son activité sera concentrée sur lesnouvelles solutions hybrides béton-acieradaptées au bâtiment. Ce laboratoire a étésoutenu par la Satt Ouest Valorisation et validépar l’Agence nationale de la recherche.Rens. : www.insa-rennes.fr

BÂTIMENT

UN TRANSFERT DETECHNOLOGIES PLUSEFFICACE� Le 26 juin dernier, la Satt OuestValorisation a signé un partenariatavec l’Inra, l’Inra transfert etAgrocampus Ouest pour mieuxarticuler leurs actions.

Rens. : www.ouest-valorisation.frwww.rennes.inra.fr

RÉCOMPENSE

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Retrouvez ces ouvrages en prêt au 3e étage de la Bibliothèque de Rennes Métropole, Les Champs Libres - pôle Sciences et vie pratique.www.bibliotheque-rennesmetropole.fr

Le datamining voit tout

Grâce à leurs algorithmes, des informaticiens peuventexploiter de grandes masses de données.

LIVRES Les coups de cœur de la Bibliothèque de Rennes Métropole

ODILE JACOB - ELLIPSES - FLAM

MAR

ION

6 SCIENCES OUEST N°334 SEPTEMBRE 2015

LES ÉCHOS DE L’OUEST

Déjà demain

ENVIRONNEMENT

DES BASSINS VERSANTS PLUS PROPRES� Cinq des neuf bassins versants de BretagneNord (35-22-29) ont été déclarés conformes à la réglementation européenne le 13 juilletdernier. Ils présentent moins de 50 mg denitrate par litre d’eau potable. Cette évolutionest le fruit de mesures suivies depuis 2007 par l’ensemble des acteurs.

Rens. : http://agriculture.gouv.fr/ espace presse,communiqué du 15/07

Deux bouteilles à la merLa dérive des déchetsplastique permet de mieuxcomprendre les courantsocéaniques. C ertains informaticiens sont spécialisés

dans la fouille de données. Leurs algo-rithmes extraient des connaissances de

grandes masses d’informations. Cette disci-pline (le datamining) fait partie de l’intelli-gence artificielle. Elle est bien représentée à Rennes avec l’équipe Dream d’Inria. Lesapplications sont multiples : des algorithmes,qui exploitent des données de l’assurance-maladie, aident les cliniciens du CHU deRennes à détecter des effets indésirables, liésà la consommation de médicaments. Un

autre projet concerne l’agriculture : la santédes bovins est étudiée grâce au traitement dedonnées, acquises via des capteurs sur les ani-maux (alimentation, mouvements, santé).Une autre application concerne la grande distribution, pour déceler les clients qui vontpasser à la concurrence. Ces exemples ont étéprésentés à l’occasion de l’événement natio-nal Plate-forme Intelligence Artificielle, orga-nisé à l’Inria à Rennes, du 29 juin au 3 juilletdernier.Rens. : www.inria.fr/equipes/dream

L’UNIVERS À PORTÉE DE MAIN � Docteur en physiquethéorique, ancien étudiant etancien collaborateur deStephen Hawking, ChristopheGalfard nous embarque dansun voyage de l’infinimentgrand à l’infiniment petit. La relativité d’Einstein, lestrous noirs, le big bang, lesunivers parallèles, la théoriedes cordes... sont desconcepts expliquésclairement grâce à uneécriture très visuelle.Christophe Galfard, Flammarion, juin 2015.

POURQUOI LES MATHS ? � Vingt-quatre jeunesdocteurs en physique, chimie,astronomie, biologie maisaussi en économie,sociologie, droit, expliquenten quoi les mathématiquessont utiles dans leursdisciplines. Non figées, ellesrépondent aux problèmesconcrets des hommescomme : prévoir le climat,mesurer l’opinion publiquepar le sondage ou coder uneimage.

Guillaume Tomasini, Ellipses, mai 2015.

VOYAGE À TRAVERS LESCLIMATS DE LA TERRE � Spécialiste enmodélisations climatiques surde longues durées, GillesRamstein raconte l’histoire dela Terre depuis sa formation, il y a 4,5 milliards d’années,jusqu’à son engloutissementpar le Soleil dans cinq milliardsd’années... La Terre a connudes crises climatiques qui ontdéjà entraîné cinq grandesextinctions d’espècesanimales et végétales.L’homme sera-t-il la sixième ?Gilles Ramstein, Odile Jacob, juin 2015.

L ors d’une campagne en 2011 autour desarchipels de la mer de Corail, deux cher-cheurs du Laboratoire de physique des

océans (LPO) de l’Institut universitaire euro-péen de la mer (IUEM), à Brest, découvrentpar hasard deux bouteilles intrigantes sur uneplage d’Ouvéa (une des îles Loyauté de laNouvelle-Calédonie). D’après les étiquettesencore en très bon état, l’une contenait uneeau minérale des îles Salomon, et l’autre unelessive de Papouasie-Nouvelle-Guinée. « Cesdeux archipels sont situés au nord de la Nouvelle-Calédonie. Donc soit les bouteilles ont été rejetéesen mer localement par un voilier, soit elles ontété emportées par les courants en suivant un tra-jet Nord-Sud, ce qui est surprenant car les cou-rants dominants portent plutôt d’Est en Ouest »,explique Christophe Maes. Pour vérifier laplausibilité de la seconde hypothèse, le cher-cheur combine, au début de l’année, des ana-lyses de courants à haute résolution menéespar une équipe américaine avec le logiciel demodélisation Ariane développé par son col-lègue Bruno Blanke, qui calcule les trajectoiresde particules fictives dans un champ de cou-rants. Résultat ? « Lorsqu’on applique le modèlesur cinq millions de particules déposées à Ouvéaet que l’on remonte le temps pour déterminerleur provenance, on constate que certaines d’en-tre elles arrivent bien du Nord et font le trajet encinquante jours. Cette courte durée de transit estcohérente avec l’état plutôt bon des étiquettesdes bouteilles. » Les deux chercheurs ont publiéun article(1) le 16 juin dernier dans le journalscientifique international Marine Pollution Bul-letin. Ils prévoient maintenant d’utiliser cetteméthode pour comprendre comment leslarves des récifs coralliens se dispersent au seindes eaux de la Polynésie française. (1)www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X15003896

Rens. : Christophe Maes Tél. 02 98 22 43 [email protected]

L’interview audio de Thomas Guyet et René Quiniouwww.espace-sciences.org/so334/datamining

ÉNERGIES

UN RÉSEAU ÉLECTRIQUE INTELLIGENT � Les Régions Bretagne et Pays de la Loire ont répondu à l’appel à projets national Smile(Smart ideas to link energies) pour développerun réseau électrique intelligent. Ce projetpourrait démarrer dès 2017 avec plus de 100 entreprises et les pôles de compétitivitéImages et Réseaux et S2E2.

Rens. : www.bretagne.bzh

DCNS MISE SUR LES ÉNERGIES MARINESRENOUVELABLES� L’entreprise DCNS, reconnue dans le navalmilitaire, mise dans son plan de progrès à dixans, rendu public en juillet, sur les énergiesmarines renouvelables. Après cinq années dedéveloppements technologiques dans cedomaine, elle a pour ambition d’y réaliser 15à 20 % de son chiffre d’affaires d’ici à 2024.Rens. : www.dcnsgroup.com

Page 7: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

UNE NOUVELLE VUE SUR LA RECHERCHE POLAIRE� L’Institut polaire Paul-Émile-Victor, quicoordonne et soutient la recherche dans lesrégions polaires, a lancé à la fin de juin sonnouveau site Internet. Il regroupe lesinformations professionnelles (postes ouverts,personnels), mais aussi des renseignementssur les pôles et sur les missions en cours. Rens. : www.institut-polaire.fr

SEPTEMBRE 2015 N°334 SCIENCES OUEST7

PÔLES

A ussi surprenant soit-il, la petitemouche du fruit, celle qui tournoiedans notre cuisine en été, a beaucoup

de points communs avec l’homme. « 80 %des gènes identifiés à des pathologies humainessont conservés chez la drosophile, rappelleRoland Le Borgne, ce qui en fait un bonmodèle de recherche biomédicale. L’avantage,c’est qu’elle est petite et facile à élever. Elle sereproduit rapidement et ne pose pas de pro-blème d’éthique, contrairement à la souris. »Ce chercheur de l’Institut de génétique etdéveloppement de Rennes (IGDR) est lecofondateur de la société inDroso. Le but ?Créer des lignées de mouches modifiées àfaçon pour des laboratoires académiques. « Nous développons notre technique depuistrois ans. L’idée est d’utiliser des ciseaux molé-

culaires pour remplacer une séquence d’ADNpar une autre dans le génome de la drosophile,afin d’aider les laboratoires à identifier des causalités entre mutation génétique et patho-logie. »Cette technique, appelée Crispr/Cas9,fait ses preuves. « Au laboratoire, on a déjàprocédé à une dizaine de mutations comman-dées par des clients et une vingtaine d’autressont en cours » (voir photo ci-dessus : droso-philes aux yeux rouges). Accompagnée parRennes Atalante, la société inDroso fait par-tie des huit lauréats rennais primés en juilletdernier par le ministère de l’Enseignementsupérieur et de la Recherche dans le cadredu concours national i-LAB de création d’en-treprises innovantes.

Rens. : Roland Le Borgne Tél. 02 23 23 38 [email protected], www.indroso.com

LE PHYSICIEN QUI MANIE LES NANOTUBES� Franck Artzner et ses collaborateurs ont encore franchi une étape dans l’artde manier les nanotubes(1), ces petits objets constitués de molécules capables des’autoassembler. Dans une publication sortie le 25 août dernier(2), les chercheursde l’Institut de physique de Rennes(3), du CEA-IbiTec-S, de l’Université de Rennes1et du groupe pharmaceutique Ipsen ont réussi à contrôler le diamètre du nanotubedéjà constitué, de 10 à 50 nm, en faisant varier l’acidité de la solution danslaquelle il se trouve. Le phénomène est réversible et reproductible. Leur modèleétait un peptide (la triptoréline) composé de dix acides aminés. En combinantplusieurs techniques expérimentales pour travailler à différentes échelles, ils ontréussi à identifier le mécanisme : un des acides aminés (l’histidine) fixe, ou non,un proton en fonction du pH, ce qui modifie les liaisons électrostatiques etprovoque un changement de conformation de toute la molécule.(1)Lire Observer l’assemblage des molécules dans Sciences Ouest n° 306, février 2013. (2)Dans Nature Communications.(3)CNRS/Université de Rennes 1.

Rens. : Franck Artzner Tél. 02 23 23 58 22, [email protected]

LES ANTENNES DES SATELLITES DU FUTUR SERONT RENNAISES� À Rennes, la recherche sur les antennesspatiales représente un domaine d’excellence,reconnu au niveau international. L’Institutd’électronique et de télécommunications deRennes (IETR) et l’entreprise toulousaine ThalesAlenia Space profitent de cette visibilité pourpérenniser leur partenariat avec la création, le30 juin dernier, du laboratoire commun Merlin(pour Micro-ondes, espace et rayonnement :laboratoire intégré), dont l’ambition estd’imaginer les antennes des satellites du futur.Cette collaboration, fructueuse depuis 2002, a déjà donné lieu à onze thèses de doctorat,soixante-dix publications scientifiquesinternationales et dix brevets en commun. Rens. : www.ietr.fr

CC BY SAMSEG12345

Une nouvelle société rennaise produit des lignées demouches pour la recherche biomédicale.

La génétique fait mouche !

INDROSO

UN DÉPUTÉ À LA STATION� Le 9 juillet, la Station biologique de Roscoffcomptait dans ses murs le député Jean-LucBleunven. Venu dans le cadre d’un jumelageParlementaires/Membres de l’Académie dessciences/Jeunes chercheurs(1), il a été accueillipar le directeur de la station, Bernard Kloareg(membre de l’Académie des sciences) et lechercheur CNRS Fabrice Not. Les deuxRoscovites ayant eux-mêmes passé deux joursau Sénat et à l’Assemblée nationale en mars.(1)Élaboré par l’Académie des sciences en 2004, en partenariat avecl’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques ettechnologiques (OPECST), il vise à rapprocher mondes scientifiques et politiques.

Rens. : Marielle Guichoux, [email protected]

La vidéowww.espace-sciences.org/so334/indroso

Page 8: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

Déjà demain

8 SCIENCES OUEST N°334 SEPTEMBRE 2015

A valer dix cachetschaque matin pendanttrois jours pour soigner

une crise, ça n’est pas une par-tie de plaisir. Mais aller à l’hô-pital pour recevoir le mêmetraitement par perfusion l’estencore moins. Or, jusqu’à au-jourd’hui, les patients atteintsde la sclérose en plaques nepouvaient recevoir les corti-coïdes qui traitent les poussées

de la maladie que par voie in-traveineuse. Une pratique quidevrait changer grâce aux tra-vaux publiés, en juin dernier,dans la revue scientifique TheLancet(1), par une équipe de soi-gnants bretons.Tout est parti d’une « intui-

tion », explique la neurologueEmmanuelle Le Page, pre-mière signataire de l’article.Une intuition partagée par les

soignants regroupés depuis2005 au sein du Réseau sclé-rose en plaques Bretagne (RSB).« Nous voulions savoir pourquoila voie orale, que nous pensionsêtre aussi efficace, n’était pas va-lidée. »Aucune étude probanten’existait dans la littérature.

200 patients impliqués

Pour réaliser leur étude, Em-manuelle Le Page, qui dirigela clinique de la sclérose enplaques au CHU Pontchaillouà Rennes, et ses collègues ontdû recruter deux cents patients- « le nombre minimal pouravoir des résultats significatifs »,précise la neurologue - sur descritères très précis. « Les pa-tients devaient être examinéspour une poussée ayant débutéil y a moins de quinze jours etsuffisamment forte pour justifierle recours à la méthylpredniso-lone, le corticoïde utilisé dans cecas. » La sclérose en plaques estune maladie du système im-munitaire qui se développepar poussées inflammatoires.Certaines cellules du systèmeimmunitaire habituellementdans le sang pénètrent dans lecerveau et viennent perturber,

voir abîmer les neurones. Cesont ces inflammations du sys-tème nerveux central que lescorticoïdes viennent soigner.

La même efficacité

Le recrutement a débuté enjanvier 2008 en Bretagne,avant de s’étendre aux CHU de Nantes, Nice et Paris Sal-pêtrière, ainsi qu’au centrehospitalier de La Roche-sur-Yon. « Nous avons terminé endécembre 2013. » Chaque pa-tient recevait une perfusion etdix gélules, dès le début del’hospitalisation et pendanttrois jours. « Pour la moitié, lescorticoïdes se trouvaient dans laperfusion, pour l’autre dans lesgélules, et personne, ni le patientni les soignants, ne le savait ! »Ils étaient suivis pendant sixmois.

« Les résultats obtenus sontles mêmes quelle que soit la voie d’administration, peut au-jourd’hui affirmer Emma-nuelle Le Page, après uneannée d’analyse des résultats.L’amélioration significative de lafonction neurologique la plustouchée lors de la poussée - çapeut être la marche, la gestuelle,

Un traitement plus légerMÉDECINE Des soignants bretons ont publié une étude au retentissement mondialsur la médication de la sclérose en plaques.

Des entreprises financentla recherche sur le cerveauCréé en 2014, le fonds de dotation Bretagne Atlantique

Ambition rassemble des chefs d’entreprises quis’engagent à financer la recherche et l’innovation dansl’Ouest. Pour sa première “campagne”, BretagneAtlantique Ambition a souhaité soutenir l’Institut desneurosciences cliniques de Rennes. Les cinq projetssélectionnés, portés chaque fois par un tandem jeunechercheur-chercheur confirmé, ont été présentés le 30 juin dernier. Ils seront soutenus pendant cinq ans etconcernent la maladie de Parkinson, la sclérose enplaques (lire ci-contre), ou encore l’épilepsie. BretagneAtlantique Ambition a été fondé par Roland Beaumanoir,P-dg du Groupe Beaumanoir, Christian Roulleau, P-dg duGroupe Samsic, Didier Ferré, gérant de Ferré Hotels etThomas Savare, P-dg d’Oberthur Fiduciaire. CDRens. : Société d’avocats Fidal Tél. 02 99 33 32 24

Une étude bretonnemontre l’efficacité dutraitement oral despoussées de sclérose enplaques.FOTOLIA/FIZKES

Page 9: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

la vue - est confirmée un moisaprès le traitement pour 80 %des patients, dans chacun desgroupes. » Le constat est iden-tique sur les autres critères d’ef-ficacité testés.

Faciliter la vie des patients

Ces résultats ont déjà uneportée internationale. Car cequ’ils disent, c’est qu’il est pos-sible de rendre la vie des ma-lades plus simple. Dans le casd’une administration en per-fusion, il faut trouver uneplace en hôpital, ou bien orga-niser la présence de soignantsà domicile. Cela demande aupatient d’être immobilisé plu-sieurs heures pendant troisjours, et d’avoir un cathéter. « Pour une prise orale, il faudratoujours que le diagnostic soitétabli par un neurologue. Maisle patient pourra ensuite simple-ment aller à la pharmacie. »Une prise de sang et un élec-trocardiogramme resteronttoutefois nécessaires. Les consé-quences seront aussi écono-miques. « Nous avons demandéaux patients d’évaluer les coûtsliés à la maladie dans les troismois qui suivent la poussée. » Ledocteur David Veillard, épidé-miologiste et coauteur de lapublication, analyse ces don-nées actuellement.

Aujourd’hui, la sclérose enplaques n’apparaît pas dansles mentions légales d’utilisa-tion du Medrol (les cachets deméthylprednisolone). « Il fau-dra voir avec la Haute autoritéde santé, comment y remédier »,poursuit la neurologue. Il y aaussi tout un travail de sensibi-lisation, des médecins généra-listes, notamment, qui serontplus impliqués dans le suivi despatients. Le docteur VéroniqueDeburghgraeve, coordinatrice duRSB, travaille à l’élaboration deplaquettes d’informations. » Lesrésultats continuent d’être pré-sentés dans des congrès à tra-vers le monde.

CÉLINE DUGUEY(1)Oral versus intravenous high-dose methylpred-nisolone for treatment of relapses in patientswith multiple sclerosis (Copousep): a randomi-sed, controlled, double-blind, non-inferiority trial,www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(15)61137-0/abstract.

SEPTEMBRE 2015 N°334 SCIENCES OUEST9

E squissée dès 1942 maislongtemps restée dansl’ombre du tout géné-

tique, l’épigénétique a récem-ment révolutionné notrecompréhension de la biologie.« L’épigénétique s’intéresse auxmécanismes qui régulent l’ex-pression de nos gènes, expliquePierre-François Cartron, chargéde recherche Inserm au Centrede recherche en cancérologieNantes-Angers. En fonction deleur environnement cellulaire oude celui de l’organisme (condi-tions de vie, alimentation...), cer-tains gènes vont s’exprimer,d’autres non, entraînant ainsiune spécialisation des cellules etparfois malheureusement le dé-veloppement de certaines mala-dies comme les cancers. »

Un réseau de chercheurs

« Chez certains patientsatteints de cancers, nous obser-vons de nombreuses anomaliesépigénétiques. Certaines se traduisent par l’expression degènes favorisant la survenue detumeurs ou par l’inhibition del’expression de gènes dits sup-presseurs de tumeurs. » Avecpour conséquences une pro-gression accrue de la maladieou l’apparition de phénomènede résistance au traitement parchimiothérapie et/ou radiothé-rapie. «Mais ces anomalies sontréversibles, pourvu que l’on iden-

tifie le complexe protéine-pro-téine qui les provoque et que l’on entrave son action grâce à un médicament spécifique. »C’est d’ailleurs l’ambition desdix-huit équipes de biologiefondamentale et clinique, dechimie et de bio-informatiquedu réseau Épigénétique(REpiCGO) créé en 2014 ausein du Cancéropôle GrandOuest (CGO) et coordonné parPierre-François Cartron.

Des traitements ciblés

Récemment, une équipe duréseau a identifié un complexeprotéique a priori responsabled’une anomalie des micro-ARN (miARN), dits “suppres-seurs de tumeurs”, observéechez les personnes atteintes deglioblastome, un cancer ducerveau. « Chargés de bloquerla traduction en protéines de certains ARN messagers, leursmiARN sont ici porteurs d’ungroupe méthyle (CH3) de trop,ce qui les rend inactifs, indiquePierre-François Cartron. Si l’onparvient à mettre au point unmédicament capable de “casser”la formation de ce complexe etpar là même d’empêcher laméthylation des miARN, alorsnous pourrons ralentir la pro-gression de la maladie et amé-liorer la réponse du patient autraitement de manière ciblée etpersonnalisée. »

Un autre projet portant surla leucémie lymphoïde chro-nique intéresse l’équipe d’YvesRenaudineau, professeur d’im-munologie clinique à Brest : « Nous suivons ici plus de deuxcents patients touchés par ce can-cer dû à une accumulation anor-male de lymphocytes B (LB) dansle sang. Pour l’heure, notre équipea déjà montré que l’incapacité deces LB tumoraux à mourir natu-rellement s’accompagne d’undéfaut de méthylation/déméthy-lation de leur ADN, et que cedéfaut est étroitement lié à la présence à leur surface d’unemolécule qui perturbe le fonction-nement des canaux ioniques(1)

occasionnant alors d’autres ano-malies épigénétiques. »Un cerclevicieux que l’équipe cherche àenrayer, espérant ouvrir la voieà de nouvelles perspectives thé-rapeutiques.

En plein essor, l’épigéné-tique sera au cœur du colloquenational ÉpiNantes(2), orga-nisé par le réseau REpiCGO et Aviesan, les 6 et 7 octobreprochains.

JULIE DANET

(1)Protéines membranaires qui régulent lesentrées et sorties d’ions (calcium, potassium,sodium...) dans les cellules. (2)www.epinantes.fr.

CANCÉROLOGIE Dans le grand Ouest, des biologistes, chimisteset bio-informaticiens travaillent ensemble pour identifier etcontrecarrer les causes épigénétiques des cancers.

Les promesses de l’épigénétique

CONTACTEmmanuelle Le Page Tél. 02 99 28 43 [email protected]

CONTACTSPierre-François [email protected]

Yves [email protected]

Schéma illustrant laméthylation (représentéepar des sphères) de l’ADN.CHRISTOPH BOCK (MAX PLANCKINSTITUTE FOR INFORMATICS)

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LE DOSSIER DE

Polluant, non renouvelable,au cœur de conflits poli-tiques majeurs..., le pétrolea vu sa cote de popularités’assombrir au cours desquarante dernières années.Il est pourtant toujoursmassivement utilisé car,

aujourd’hui, aucun remplaçant de taille n’estproposé, notamment pour remplir nos réser-voirs. La nature nous offre pourtant des alter-natives. À Saint-Nazaire, des chercheurs dulaboratoire Génie des procédés environne-ment et agroalimentaire(1) (Gepea) explorentles multiples capacités des microalgues.Vivant dans l’eau douce ou l’eau salée, cesmicroorganismes contiennent, pour certains

d’entre eux, de grandes quantités de lipidesqui, une fois transformés, peuvent devenirun biodiesel efficace. Et leur production n’en-tre pas en lutte avec les besoins alimentaires.Quelques souches sont même capables, souscertaines conditions, de rejeter dans leurmilieu de culture des hydrocarbures. Lesmêmes que ceux utilisés pour faire voler nosavions (lire p. 12-13).

Des réacteurs dans une grande verrière

Mais avant de faire décoller un Airbus, ilfaut réussir à produire en grandes quantités.En très grandes quantités. En juin, le Gepeaa inauguré une plate-forme de recherche etdéveloppement baptisée Algosolis(2). Dansune grande verrière, semblable à celles utili-

sées pour faire pousser des tomates, plusieursbassins d’essais - des photobioréacteurs - sonten cours d’installation. D’autres sont établisen plein air. « Les microalgues ont besoin delumière pour se développer. Mais on ne doit pasconsommer plus d’énergie qu’on ne veut en pro-duire, explique Jack Legrand, directeur duGepea. Il faut utiliser la lumière naturelle, et ça ne peut pas se faire en laboratoire ! » C’estla première raison qui a motivé la créationde cette plate-forme. « Nous allons pouvoir travailler avec des conditions météo réelles. »La seconde motivation est une question detaille : aujourd’hui les exploitations nedépassent pas 1000 m2. Si on pense énergie,il faut de grandes masses, donc de grandessurfaces ! « Les conditions de culture de la plate-

LES NOUVEAUX P MICROALGUES OU MÉTHANISATION, LES CHERCHEURS REDOUBLENTD’ÉNERGIE POUR TROUVER UNE ALTERNATIVE AU PÉTROLE.

10 SCIENCES OUEST N°334 SEPTEMBRE 2015

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PUITS D’OR VERTforme seront extrapolables : à très grandeéchelle, comment contrôler le pH, la tempéra-ture, éviter les contaminations extérieures, net-toyer les bassins... Nous allons nous pencher surtoutes ces questions ! »

Précieux lipides et pigments

Malgré son surnom d’or noir, le pétrole estun produit à faible valeur ajoutée. « Si les pro-ducteurs gagnent de l’argent, c’est parce qu’ilsen produisent beaucoup. Et aussi parce qu’onsait raffiner le pétrole pour en extraire différentssous-produits ! » Il faut pouvoir faire la mêmechose avec les algues. Casser les cellules defaçon contrôlée, pour obtenir les précieuxlipides, mais aussi des pigments et d’autresmolécules utilisées en cosmétologie, parexemple. Les scientifiques nazairiens vontdésormais avoir suffisamment d’“or vert”pour évaluer ces procédés. Pour atteindre larentabilité, l’algoculture doit aussi s’intensi-

P.14Les routesseront-ellesvertes ?LES FILMS DU CERCLE ROUGE

P.15Les futuresusines àplastiqueCEVA

P.17Laméthanisationen applicationDR

SEPTEMBRE 2015 N°334 SCIENCES OUEST11

Le changement de nomde l’Institut français du

pétrole (IFP), devenu IFPÉnergies nouvelles, illustrebien la tendance actuelle qui consiste à basculer versun nouveau modèleénergétique et économiquepour remplacer cetteressource fossile. C’est ceque viendra expliquer Jean-Luc Duplan, expert en biomasse dans cetétablissement, le 29 septembre prochain à Rennes (Espace des

sciences - Champs Libres).Au-delà de ses vertusalimentaires prioritaires, la biomasse (agricole,forestière et maritime)constitue une sourced’énergie et de nombreusesmatières premières.Comment mettre en place etrenforcer les bio-industries ?Quels sont les verrouséconomiques et scientifiquesqui restent à lever ? Après unatelier sur les opportunitésde projets européens enchimie et biotechnologies et

des rendez-vous de mise en relation entrechercheurs, entreprises et institutionnels, saconférence(1) clôturera lajournée organisée parl’Union des industrieschimiques (UIC) OuestAtlantique et CBBCapbiotek(2). NB(1)Intitulée De la matière et des calories : versune nouvelle économie du carbone. (2)Enpartenariat avec Enterprise Europe Network,Bretagne Développement Innovation etl’Espace des sciences.

Rens. : CBB Capbiotek Tél. 02 99 38 33 30www.capbiotek.fr

Une journée pour parler vertement

Les bioréacteurs demicroalgues de l’entrepriseAlgosource Technologies à Saint-Nazaire (44).LES FILMS DU CERCLE ROUGE

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12 SCIENCES OUEST N°334 SEPTEMBRE 2015

LE DOSSIER DEfier. « Il y a deux solutions, poursuit JackLegrand, soit les bassins deviennent de plus enplus grands, mais il faudra alors beaucoup deplace et surtout beaucoup d’eau. Soit on essaied’augmenter la concentration d’algues par litre,c’est la voie que nous avons choisie. » Les bas-sins des chercheurs ont beau ressembler à degrandes piscines, ils ne contiennent qu’unedizaine de centimètres d’eau. « Il faut quel’épaisseur soit très mince pour que la lumièrepuisse traverser suffisamment le milieu et queles microalgues poussent plus nombreuses. »

Vers une production bio ?

Alors de l’eau et du soleil pour des alguesà foison ? Pas encore. La microalgue a besoinde se nourrir. Elle apprécie beaucoup le CO2,ce qui est plutôt positif si elle le puise dansl’air, mais aussi le phosphore et l’azote,comme toutes les plantes. Le “hic”, c’est queles engrais azotés sont produits chimique-ment, donc avec beaucoup d’énergie et desréactifs issus de l’industrie pétrolière ! Aulaboratoire, Dominique Grizeau s’intéresse àdes microorganismes photosynthétiquesproches des microalgues, les cyanobactéries.« Certaines sont capables de fixer l’azote de l’airet de relarguer de l’ammonium, assimilable parles microalgues. Ce sont de mini-usines cellu-laires. » Avec des jeunes chercheurs venus del’université de Pékin et de l’université de HôChi Minh-Ville, ils sont parvenus à sélection-ner une souche étonnante. « Elle est très résis-tante et conserve ses propriétés de fabricationd’ammonium sur le long terme. » Cela permetde recycler la biomasse. « Pour l’instant, nousparvenons à fonctionner en continu pendanttrois mois, précise Dominique Grizeau. Et d’icià 2016, nous espérons avoir un démonstrateurqui couple un photobioréacteur de cyanobacté-ries à un autre de microalgues cultivées pour les

hydrocarbures. » Et dans le viseur, des solu-tions pour cultiver les microalgues en répon-dant aux critères de l’agriculture biologique.

Dans les déserts et sur les façades

Dans un futur plus ou moins proche -beaucoup de verrous technologiques restentà lever -, de nouvelles cultures viendront peut-être s’installer dans les déserts (pour l’espace)ou même en façade des bâtiments. « Des pho-tobioréacteurs en façade pourraient jouer unrôle de régulateur thermique, explique JackLegrand. Nous testons actuellement ce procédé(3),sur un prototype ici, et d’ici à la fin de l’annéesur un bâtiment du Centre scientifique et tech-nique du bâtiment en région parisienne. »D’au-tres solutions utilisant d’autres biomassesverront peut-être le jour d’ici là. En Bretagne,avec les rejets des nombreux élevages et lesdéchets des industries agroalimentaires, laméthanisation a le vent en poupe. C’est uneautre façon de produire du biogaz pour obte-nir de l’électricité, de la chaleur ou encore ducarburant (lire p. 16 à 17). Certaines solutionscouplent les biomasses (bois et méthanisa-tion, par exemple, lire p. 18) pour optimiserles résultats. Des expériences sont aussimenées sur des brocolis, des feuilles d’arbresindiens ou des coproduits d’industries : nom-breuses sont les pistes empruntées par leschercheurs pour nous libérer de notre dépen-dance au pétrole, avant qu’il n’y en ait plus.

CÉLINE DUGUEY(1)Laboratoire Université de Nantes, Mines Nantes, Oniris, CNRS. (2)Plate-forme de recherche et développement de l’Université de Nantes - CNRS.algosolis.com. (3)Projet FUI SymBio2CNRS porté par Séché Environnementavec : X-TU Architects, AlgoSource Technologies, Gepea, Viry, Oasiis.

Dans la famille biocarburants, lesscientifiques cherchent... la troi-sième génération ! Celle obtenue àpartir de microalgues et qui est

actuellement à l’étude dans plusieurs labo-ratoires dans le monde, comme au Gepea(1),à Saint-Nazaire. « Ces organismes n’entrentpas en compétition avec l’alimentation,explique Jack Legrand, responsable duGepea, pas même avec les surfaces agricolesclassiques. » D’où leur intérêt, notammentpour l’aéronautique et ses besoins énormes. « Actuellement, nous travaillons sur l’espèce

Botryococcus braunii », poursuit Jack Legrand.C’est une microalgue très prometteuse pour

les biocarburants, car elle relargue desalcènes, des molécules hydrocarbures quientrent dans la composition du jet fuel, le car-burant aéronautique. « Nous avons sélectionnédeux souches intéressantes, sur plusieurs cen-taines, dans le cadre du projet Caer. » Encou-ragé par les professionnels de l’aéronautique,qui cherchent à verdir leur image et à anti-ciper un futur plus ou moins proche sanspétrole, Caer s’est terminé en août dernier.

Plus de lipides que le colza

À Saint-Nazaire, le travail continue pour-tant. Dans d’autres béchers, ce sont des lipidesque l’on veut extraire d’autres souches, plus

précisément des triacylglycérols (TAG), pourproduire du biodiesel. Avec le CEA de Cada-rache (Bouches-du-Rhône) spécialisé dans lecriblage génétique, le projet Diesalg a permisde sélectionner des souches à très fort poten-tiel pour leur aptitude à produire des TAG engrandes quantités. Selon les simulations, ellespourraient fournir seize tonnes de lipides parhectare par an, dont 45 à 50 % de TAG, touten poursuivant leur croissance, là où un hec-tare de colza produit péniblement une tonnepar an ! « Mais cela reste des conditions delaboratoire », tempère Jérémy Pruvost.

La plate-forme Algosolis (lire p. 10-11) per-mettra de savoir si la méthode fonctionne sur

SUR LE TERRAIN DES BIOCARBURANTS, LES MICROALGUES SONTATTENDUES. L’EXTRACTION ET LA PRODUCTIVITÉ RESTENT À MAÎTRISER.

LES ALGOCARBURANTS ÉMERGENT

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CONTACTSJack Legrand Tél. 02 40 17 26 [email protected]

Dominique Grizeau Tél. 02 40 17 26 [email protected]

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SEPTEMBRE 2015 N°334 SCIENCES OUEST13

Les microalgues étudiéesau Gepea commeBotryococcus brauniisont d’abord cultivées entrès petites quantités dansdes béchers avant d’êtretransférées dans desphotobioréacteurs .Ces équipements sontplacés face à un éclairagereproduisant la lumièresolaire et un flux de gaz ouun agitateur mécaniqueévitent les dépôts. Bientôt,ces cultures pourrontrejoindre les bassins detaille préindustrielle de la plate-forme derecherche AlgoSolis(vue extérieure).

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des quantités industrielles, d’évaluer la pro-ductivité et les post-traitements nécessaires.Un projet, baptisé Shamash, a conduit à despremiers essais sur des moteurs. Mais le bilanénergétique n’était pas bon. « Le plus compli-qué, c’est l’eau, explique Jérémy Pruvost,sécher les algues est bien trop énergivore ! »D’où cette suite avec le projet Diesalg. « Nousétudions plusieurs possibilités : l’extraction envoie humide, avec des solvants chimiques que

l’on recycle, par exemple, mais aussi de nou-veaux solvants, ou des procédés qui favorisentle contact entre le solvant et la goutteletted’huile à extraire. »Ce dernier point a fait l’ob-jet d’un brevet, récemment déposé.

Le temps d’un avion

Pour Jack Legrand, l’avenir des biocarbu-rants de 3e génération se lit sur le long terme ;« pas avant une vingtaine d’années », selon lui.

Mais la durée de vie d’un avion est environd’autant. Si l’on veut que tout soit prêt à temps,il est bon de s’y intéresser maintenant !

CD(1)Laboratoire Génie des procédés environnement et agroalimentaire,Université de Nantes, Mines Nantes, Oniris, CNRS.

Aujourd’hui, le pétrole nous fournit del’énergie et plein de matières premières.

L’objectif de la bioraffinerie est de remplacerles molécules carbonées pétrolières par desmolécules carbonées issues du vivant : labiomasse. Cette biomasse peut être agricole(colza, blé...), forestière (bois, feuilles) ou

encore marine (algues et microalgues,bactéries). Côté énergie, les biocarburants sont en

pleine évolution. Et d’autres sources existent :l’éolien, le photovoltaïque, les forcesmarémotrices... Par contre, la biomasse estla seule solution pour remplacer le pétrole

en tant que matière première. C’est ce quifait dire que l’essor des bioraffineriesconstituera, dans les prochaines années, unchangement de paradigme aussi importantque le passage du charbon au pétrole aumilieu du 20e siècle.

CD

COMPRENDRE

La bioraffinerie : une nouvelle révolution ?

CONTACTSJack Legrand Tél. 02 40 17 26 [email protected]

Jérémy Pruvost Tél. 02 40 17 26 [email protected]

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GEPEA - CÉLINE DUGUEY/ESPACE DES SCIENCES

Page 14: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

LE DOSSIER DE

14 SCIENCES OUEST N°334 SEPTEMBRE 2015

Leur couleur finale ne changera paset pourtant on pourra dire qu’ellessont vertes : les routes de demaincontiendront des microalgues. Il ne

s’agit pour l’instant que de petits morceauxde biobitume, fabriqués à Nantes dans lelaboratoire de l’Institut français des scienceset technologies des transports, de l’aménage-ment et des réseaux (Ifsttar(1)), avec la colla-boration de plusieurs partenaires(2), mais lematériau concocté à partir d’eau (80 %) etde microalgues (20 %) dans un réacteurétanche à 300 °C ressemble à s’y méprendreà du pétrole. Et pour cause : les chercheursont réussi à mimer, en accéléré, ce qui sepasse naturellement pendant des millionsd’années sous la terre. À la différence que cepétrole-là est renouvelable à l’échellehumaine.

De la ressource au produit final

« Ce fut une belle surprise, note EmmanuelChailleux, chargé de recherche à l’Ifsttar et responsable du projet baptisé Algoroute.Mais nous avons aussi eu de la chance. Nousavions choisi de travailler avec trois résidus demicroalgues différents (issus de la cosmétologie,de l’alimentation et des biocarburants) et c’estle premier que nous avons testé qui a donné lemeilleur résultat. Les deux autres n’ont rien

donné ou un produit très différent... Si nousavions commencé par eux, nous n’aurions pro-bablement pas continué. »La démarche de l’Ifsttar est originale à plu-

sieurs titres. D’abord au niveau de la res-source utilisée : le but recherché était de partird’un produit non noble, non utilisé pour l’ali-mentation humaine (contrairement aux biocarburants produits à partir d’huiles (bio-diesel) ou de sucres (bioéthanol) issus deplantes vivrières. Car le bitume est un desproduits le moins cher issu du pétrole (de safraction lourde). Les chercheurs ont doncchoisi de travailler à partir de sous-produits,ici des résidus de microalgues produites àd’autres desseins. L’autre nouveauté vient dela technique, la liquéfaction, jamais utiliséedans ce contexte mais jugée très efficace.Enfin, le produit final : « Nous ne souhaitionspas fabriquer du biopétrole comme cela se fait déjà aux États-Unis à partir de champsd’algues ; mais bien directement un matériau,un biobitume », insiste Emmanuel Chailleux.

100 g de biobitume et un brevet !

Pari réussi. Les quelques centaines degrammes de matière visqueuse et noire obte-nues ont servi à la fabrication de petits mor-ceaux d’enrobés et ont subi les tests devieillissement (ensoleillement, humidité...)

des bitumes classiques. Mené de 2011 à 2014,le projet Algoroute a donné lieu à un brevetet plusieurs publications, dont la dernière estsortie en mars dernier. « Nous devons encoreoptimiser la mise en œuvre du biobitume, c’est-à-dire le moment de l’enrobage des cailloux. Etaussi aller plus loin dans l’analyse des réactionschimiques, pour bien comprendre ce qui sepasse, et obtenir le bon produit. Car la qualitéfinale de celui-ci est très dépendante de lanature des microalgues utilisées et de la tempé-rature pendant la liquéfaction. »Cette nouvelle étape, qui pourrait cette fois

être menée avec un laboratoire de chimie deLyon et l’entreprise de travaux publics Eiffage,pourra commencer dès qu’Emmanuel Chail-leux aura trouvé un nouveau financement.« L’utilisation de microalgues est une activité

nouvelle pour le laboratoire, conclut le cher-cheur. Le projet Algoroute était un tremplin quiva nous permettre de tester d’autres biomasses,toujours avec la technique de liquéfaction. » Laroute ne s’arrête pas là !

NATHALIE BLANC(1)Ex-laboratoire central des Ponts et Chaussées. (2)Deux laboratoires(Gepea et Ceisam) de l’Université de Nantes/CNRS et deux entreprisesproductrices de microalgues : AlgoSource Technologies (Saint-Nazaire)et Alpha Biotech (Assérac, 44).

CONTACTEmmanuel Chailleux Tél. 02 40 84 56 [email protected]

DES CHERCHEURS NANTAIS ONT UTILISÉ DES RÉSIDUS DE MICROALGUESPOUR FABRIQUER LES PREMIERS GRAMMES D’UN BIOBITUME.

LES ROUTES SERONT-ELLES VERTES?

Obtenus à partir de résidusde microalgues, ceséchantillons de biobitumeconstitueront les routes dedemain.LES FILMS DU CERCLE ROUGE

Page 15: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

Le sal est un arbre d’Inde. Là-bas, ses feuilles sont utilisées pour confectionner descoupelles pour les repas. Elles sont tressées puis compressées à chaud avec de la colle

à base d’amidon de riz. « Mais ces coupelles commencent à se faire rares en Inde, car lamode y est plutôt au plastique pétrosourcé, explique Jean-Luc Audic,chercheur à l’École nationale supérieure de chimie de Rennes. Ici,avec l’annonce de la fin du pétrole, la tendance est inversée ! Nousavons donc repris et amélioré le concept pour créer une barquettebiodégradable. »Dans la version rennaise, l’amidon de riz a étéremplacé par de l’amidon de maïs, plus solide. Il forme un filmtransparent autour du tressage pour le consolider. Deux ansde recherche ont abouti à un dépôt de brevet en 2013. « Cesnouvelles assiettes sont actuellement commercialisables etseraient bien adaptées aux stands des festivals, par exemple. »Outre les feuilles de sal, Jean-Luc Audic s’intéresse à une huile végétaleissue de la production de compléments alimentaires à base d’extraits debrocoli utilisés pour traiter le cancer de la prostate. « Elle est pure, inodore et faciled’utilisation, mais elle n’est pas conseillée pour l’alimentation. On a donc eu l’idée d’en fairedu plastique. »Encore à l’état de recherche, le projet pourrait trouver des applications danstoute sorte de matériaux, du joint de portière de voiture à la cire de bougie ! KLH Rens. : Jean-Luc Audic Tél. 02 23 23 81 60, [email protected]

Quelles soient rouges, brunes ouvertes, les algues sont décidémentpleines de ressources. Le Centred’étude et de valorisation des algues

(Ceva, Côtes-d’Armor) les utilise pour pro-duire du plastique biosourcé. « Avec unedizaine de partenaires européens(1), nous met-tons au point des procédés de production d’acidepolylactique (PLA), un polymère plastifiant »,explique Maud Benoit du Ceva. Ce plastiquerétractable biosourcé n’est pas nouveau.Majoritairement produit aux États-Unis àpartir d’amidon de maïs, il est actuellementutilisé dans l’emballage (sachets plastique,habillages de bouteilles...). « Ici, les alguesremplacent le maïs : elles produisent égalementdes polysaccharides comme l’amidon. Et parrapport aux céréales, leurs avantages sont nom-breux », dit la chercheuse. Leur culture nenécessite aucun fertilisant chimique. Elle sefait en eau de mer, ce qui préserve les res-sources en eau douce et évite d’empiéter surles terres agricoles destinées à l’alimentaire,« et, surtout, la productivité des algues peutatteindre jusqu’à dix fois pour les brunes etvingt fois pour les vertes celle des céréales deblé ou de maïs. Concernant, par exemple, laculture d’ulves, on peut espérer produire 150 à200 tonnes de matières sèches en bassin parhectare ! », souligne Maud Benoit.

Tripler les réserves d’amidon

L’Ulva armoricana est l’une des algues étu-diées au Ceva. Connue pour les marées vertes

qu’elle crée sur les plages bretonnes, elle faitpartie des laitues de mer. « L’intérêt, c’est qu’onpeut combiner la culture de cette algue en bassinavec celle des poissons. Les déchets de piscicul-ture lui servent de nutriments. C’est un systèmenaturel d’épuration des eaux. On gagne aussiencore en espace et en consommation d’eau. »L’Ulva produit deux sortes de polysaccharidesnécessaires à sa croissance et potentiellementutilisables pour faire du PLA : l’ulvane qui luisert à structurer sa paroi, et l’amidon, qu’elle

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UN PROJET EUROPÉEN VISE À CULTIVER DES ALGUES POUR PRODUIREDES SACHETS PLASTIQUE BIOSOURCÉS ENTIÈREMENT BIODÉGRADABLES.

LES FUTURES USINES À PLASTIQUE

CONTACTMaud Benoit Tél. 02 96 22 93 [email protected]

D’autres ressources à l’étude

Les algues vertes sontcultivées en grandesquantités dans les bassinsde pisciculture d’Algaplus,une entreprise portugaisepartenaire du projet.CEVA

stocke comme sucre de réserve. Une techno-logie propre au Ceva permet de forcer l’algueà produire un maximum d’amidon : « L’idéeest d’induire des carences en nutriments ce quimet l’algue en situation de stress et la pousse àtripler ses réserves de sucres ».

Mesurer les impacts environnementaux

Outre l’algue verte, deux autres famillesd’algues (brune et rouge) sont étudiées et pro-duites en grandes quantités dans le cadre duprojet. « Une fois que l’on a extrait les polysac-charides, on les hydrolyse pour obtenir du glu-cose. C’est ensuite la fermentation du glucoseen acide lactique qui donnera du PLA. »Mêmesi le principe est toujours le même, chaquealgue nécessite un procédé particulier de pro-duction de plastique, en fonction du sucrequ’elle produit et de ses propriétés chi-

miques. « Il reste à déterminer celle quioffre les meilleurs résultats parmi lestrois que l’on a sélectionnées, ajouteMaud Benoit. Il s’agit là d’analyserle cycle de vie des algues, c’est-à-dire d’étudier tous les impacts éco-nomiques et environnementaux deleur exploitation jusqu’à l’obtention

du produit fini. » Les conclusions del’étude tomberont au début de 2016 !

KLERVI L’HOSTIS(1)Dans le cadre du projet Seabioplas, entamé en octobre 2013 et financépar le septième programme-cadre (FP7) de l’Union européenne.

Page 16: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

Des résidus de cultures aux déjectionsanimales, l’agriculture françaiseproduit 280 millions de tonnes d’ef-fluents agricoles par an. Cette bio-

masse est prometteuse puisqu’elle produitun biogaz essentiellement composé deméthane, jusque-là peu exploité commeénergie renouvelable (lire Comprendre ci-contre). Installées sur les parcelles des agriculteurs, les unités de méthanisationactuelles sont bien adaptées aux substratsliquides comme le lisier. Mais certainseffluents comme les fumiers de bovinscontiennent trop de matière sèche. À Rennes,l’Institut de recherche en sciences et techno-logies pour l’environnement et l’agriculture(Irstea) étudie donc un nouveau procédé deméthanisation par voie sèche pour exploiterce gisement. « Il s’agit quand même desoixante-sept millions de tonnes par an, sou-ligne Pascal Peu, qui coordonne le projet(1).En réalité, la méthanisation solide existe déjà -il y a sept unités en France -, mais les réglagessont empiriques et les problèmes de fonctionne-ment se multiplient. »

Des champignons à la rescousse !

Le nouveau système permettrait en outred’y inclure les résidus de cultures de blé, de

colza et de maïs. « Une partie de la paille estmobilisée pour la litière et l’alimentation desbêtes, mais la majorité reste au sol, soit vingt-six millions de tonnes de paille par an. » Cescosubstrats ont l’avantage de produire beau-coup de biogaz mais de façon très lente. Avec l’Esiab (École supérieure d’ingénieursen agroalimentaire de Bretagne atlantique,Brest), les chercheurs d’Irstea envisagent desprétraitements biologiques pour accélérer le processus(2). « L’idée est de casser la ligninequi structure la paroi des pailles afin de rendreaccessible la cellulose. À Brest, les collègues étu-dient plusieurs champignons qui jouent ce rôle.Ici, à Rennes, on cherche d’autres microorga-nismes susceptibles de faire le travail. » Il resteà savoir si l’exploitation des résidus de cultures peut être facilement mise en œuvreà grande échelle. Pour répondre à cette ques-tion, Irstea réalise une étude de faisabilité(3)

en laboratoire, avec l’Insa de Toulouse, Arva-lis, et un agriculteur méthaniseur (Gaec duBois Joly, à La Verrie, Vendée).

Des agriculteurs plus autonomes

« On souhaite caractériser en parallèle lesubstrat que l’on introduit dans le méthaniseuret le digestat qui en ressort. On en profite aussipour tester un prétraitement non pas biologique

mais mécanique, avec un broyeur installé der-rière la moissonneuse, précise Pascal Peu. Laméthanisation par voie sèche favorisera la mobi-lisation de gisements agricoles encore nonexploités. De plus, cela permettra aux agricul-teurs de devenir plus autonomes vis-à-vis descosubstrats actuellement fournis par des tiers(industries agroalimentaires et collectivités...) etd’éviter les compétitions entre eux pour cescosubstrats. On compte aujourd’hui 250 unitésen fonctionnement en France, dont 40 en Bre-tagne(4) », souligne le chercheur. Des chiffresqu’il faudra multiplier par quatre d’ici à cinqans, selon le cap fixé en 2013 par les minis-tères de l’Écologie et de l’Agriculture(5) pourrépondre au paquet Énergie-Climat(6) 2020 !

KLERVI L’HOSTIS

(1)Programme Méthasèche financé par une collaboration avec unindustriel (dispositif Cifre) sur trois ans (2015-2018). (2)Programme Pétiole,financé par l’Ademe pour trois ans (2015-2018). (3)Projet Résimétha, encollaboration avec l’Institut du végétal Arvalis (institut technique au servicedes agriculteurs et des filières, Loire-Atlantique), financé par l’Ademepour 3 ans (2015-2018). (4)http://carto.sinoe.org. (5)Dans le cadre du planEmaa (Énergie méthanisation autonomie azote). (6)Adopté en 2009 par leConseil européen, cet accord prévoyait de satisfaire 20 % de laconsommation énergétique par les énergies renouvelables et de réduirede 20 % les émissions de GES à l’horizon 2020. Depuis, le paquet Énergie-Climat 2030 conclu le 23 octobre 2014 a porté la part des énergiesrenouvelables à 27 % de la consommation d’énergie finale de l’Unioneuropéenne.

LE DOSSIER DE

16 SCIENCES OUEST N°334 SEPTEMBRE 2015

Les chercheurs de Rennesmesurent la capacité dedifférentes souchesbactériennes à accélérer leprocessus de dégradation de la paille avant del’introduire dans unméthaniseur.DR

CONTACTPascal Peu Tél. 02 23 48 21 [email protected]

DES CHERCHEURS TRAVAILLENT À RENDRE PLUS RENTABLE LAMÉTHANISATIOND’EFFLUENTS AGRICOLES LIQUIDES ET SOLIDES.

UNE BIOMASSE PROMETTEUSE

Page 17: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

SEPTEMBRE 2015 N°334 SCIENCES OUEST17

Le Groupement agricole d’exploita-tion en commun (Gaec) du ChampFleury, à Liffré (Ille-et-Vilaine) estspécialisé dans l’élevage laitier. Il va

mettre en service sa toute nouvelle unité deméthanisation pour produire du biométhane(lire Comprendre ci-dessous) et le réinjecterdans le réseau de distribution de gaz naturel.Né en 2010, le projet aura mis cinq ans àaboutir. « Au départ, nous cherchions une façonde valoriser nos déchets agricoles, expliqueJean-Christophe Gilbert, l’un des cinq associésdu Gaec. Nos élevages prennent de l’ampleurmais les durées d’épandage autorisées dimi-nuent, ce qui nous crée des soucis de stockagedes effluents. Si l’on agrandit les fosses, c’estune perte sèche d’espace, du béton qui ne rap-porte rien. » Beaucoup d’agriculteurs valori-sent leurs ressources en produisant de lachaleur qu’ils réutilisent, par exemple, poursécher les grains et les fourrages après la

récolte. Mais dans un élevage laitier, le besoinen chaleur est faible. « Il aurait fallu multiplierles activités, rechercher des clients potentiels,embaucher du personnel. L’investissement étaittrop important », explique Jean-ChristopheGilbert.

Des revenus complémentaires

Le Gaec opte finalement pour la vente debiométhane à un fournisseur de gaz naturel.« En 2011, l’État a adopté plusieurs décrets qui,d’une part, réévaluent le tarif d’achat du bio-méthane à la hausse, et, d’autre part, garan-tissent une contractualisation de quinze ansentre le producteur du gaz et le fournisseur, cequi assure l’amortissement de notre investisse-ment de départ », précise Jean-Christophe Gil-bert. Mais le gaz ne se stocke pas. Une étudede comptage a donc été réalisée par GrDFpour connaître la quantité de production possible, en fonction de la consommation

quotidienne de la commune de Liffré, surl’ensemble de l’année. Cette étude obligatoirepermet de dimensionner l’unité de méthani-sation.

Une démarche collective

Dans l’unité de méthanisation, le Gaec duChamp Fleury introduira toute sorte dedéchets : du lisier, du fumier dilué, des tontesde pelouses de la commune, du marc depommes, des résidus de céréales et de laiterie.« Aujourd’hui, on souhaite mettre en place unGroupement d’intérêt économique et environ-nemental (GIEE) avec la commune de Liffré etles industriels locaux. L’idée est d’engager unedémarche collective pour stocker et valoriser lesdéchets. »

KLH

Riches en azote, les effluents agricolesservent avant tout d’engrais naturels

pour les cultures. En dehors des périodesautorisées d’épandage, ils sont stockés dansdes fosses ouvertes et émettent... du méthanequi est un gaz à effet de serre (GES)(1). Maisdepuis quelques années, ce gaz est de plus enplus utilisé comme source d’énergierenouvelable.La méthode : les effluents sont mélangés

et chauffés dans un méthaniseur. Puis, lesbactéries présentes naturellementtransforment la matière organique en biogazpar fermentation. « Ce biogaz subit une

épuration et devient un gaz renouvelable etneutre que l’on appelle le biométhane. C’estun mélange principalement de méthane et dedioxyde de carbone, explique Pascal Peu,chercheur à l’Institut de recherche ensciences et technologies pourl’environnement et l’agriculture (Irstea,Rennes). Une fois épuré, il peut alors êtreréinjecté dans le réseau GrDF, servir debiocarburant gazeux pour les véhicules(bioGNV), ou produire de la chaleur et del’électricité lorsqu’on le brûle. »Actuellement, l’utilisation seule de ceseffluents agricoles n’est pas rentable, car leur

potentiel de production de méthane est faible.Il faut dans la plupart des cas y adjoindred’autre substrats au potentiel méthanogèneplus élevé pour atteindre le seuil derentabilité économique (lire article ci-contre).À la sortie du méthaniseur, le digestat peuttoujours être réutilisé comme fertilisantagricole. Une meilleure exploitation deseffluents qui, par la même occasion, réduitles émissions de gaz à effet de serre. KLH

(1)Source : www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/88555_synthese-agriculture-francaise-reduction-gaz-effet-serre.pdf

Rens. : Pascal Peu Tél. 02 23 48 21 [email protected]

COMPRENDRE

La production de biométhane se développe

CONTACTJean-Christophe Gilbert, [email protected]

DES AGRICULTEURS SE MOBILISENT POUR VALORISER TOUS LEURSDÉCHETS AGRICOLESGRÂCE À UNE NOUVELLE UNITÉ DE MÉTHANISATION.

LA MÉTHANISATION EN APPLICATION

À Liffré, des agriculteursont opté pour la productionde biométhane destiné auréseau de distributionGrDF.DR

Page 18: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

TOUS LES ASPECTS DE LA MÉTHANISATION�Dans un document concis, l’Ademe reprendles fondamentaux de la méthanisation etaborde les différentes questions techniques,environnementales, juridiques et économiques.Cette fiche cite également des exemplesd’installations et des liens vers d’autresdocuments plus spécifiques. Pour avoir unevue d’ensemble sur cette technologie. Dix-septpages, téléchargeables sur le site de l’Ademe. Rens. : www.ademe.fr/methanisation

ÀLocminé, dans le Morbihan, unvéritable centre d’énergie renouve-lable(1) est en train de voir le jour surun site de quatre hectares. Le prin-

cipe ? Associer la biomasse du bois et laméthanisation de ressources organiquesissues des différentes activités locales (indus-tries agroalimentaires, collectivités, exploita-tions agricoles) pour produire de la chaleur etdu biogaz. Lancé en 2010, le projet est uniqueen France.

Une empreinte carbone nulle

La chaufferie à bois, mise en service en2012, permet de produire de l’eau chaude à90 °C pour alimenter un réseau de chaleur de4 km, desservant des installations collectives(le centre aquatique, le collège, la salle cultu-relle), un industriel de l’agroalimentaire et unhameau de sept habitations. Elle a été ima-ginée (procédé et système de sécurité) pourfonctionner en parfaite complémentarité avecl’unité de méthanisation, qui sera, quant àelle, opérationnelle en juin 2016. Celle-ci pro-

met de fournir, chaque année, cinq millionsde m3 de biogaz. Une fois raffiné, ce biogazproduira, via un moteur de cogénération, del’électricité à redistribuer sur le réseau ErDF,de la chaleur pour alimenter les collèges,lycées, salles de sport et industriels de pro-ximité, et du biocarburant gazeux(2) sous lamarque déposée Karrgreen. « Ce biométhaneest une énergie entièrement propre en plus d’êtrerenouvelable. Il n’émet aucune particule et sonempreinte carbone est nulle », explique MarcLemercier, directeur de la Société d’économiemixte (Sem) Liger qui porte le projet. Pour ren-forcer sa démarche, la Sem Liger prévoit d’in-terdire tout véhicule roulant à l’énergie fossiledans l’enceinte de son site, dès la fin de l’an-née 2016. « Le Karrgreen ravitaillera les flottescaptives de l’entreprise qui récupéreront les60 000 tonnes de matières premières destinéesau méthaniseur directement chez les clients four-nisseurs, dans un rayon de 9 km, et les trans-porteront jusqu’au site de Liger. On peut très bienimaginer aussi l’autonomie totale des transportsscolaires dans le Morbihan, soit cent bus qui

parcourent chacun 60 000 km par an. » La sta-tion de distribution, installée à 500 m du sitede Liger, a été inaugurée le 19 mai dernier.

Une économie circulaire locale

L’objectif de la Sem Liger est d’exploiter aumaximum les matières obtenues à la sortiede l’unité de méthanisation. « Le digestat ser-vira de fertilisant biologique. Et par la suite,même le dioxyde de carbone pourrait être réuti-lisé, pour cultiver des microalgues, par exemple,explique le directeur de Liger. La lutte contrele changement climatique est notre premièremotivation. Sans oublier que la fin du pétroleest proche, nous ne voulons pas subir cetteéchéance. Nous voulons ouvrir de nouvelles voieséconomiques ! »

KLERVI L’HOSTIS(1)Projet soutenu par le Conseil général du Morbihan, la Région Bretagne,l’Ademe et l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. (2)Appelé aussi BioGNV. Vingt millions de véhicules dans le monde roulent au Gaz naturel véhicule(GNV) non biologique, aujourd’hui composé essentiellement de méthaned’origine pétrolière.

LE DOSSIER DE

18 SCIENCES OUEST N°334 SEPTEMBRE 2015

UNE FICHE TECHNIQUE

PROCHAIN DOSSIER : LES SMARTCITIES

LE CONCEPT DE BIORAFFINERIE �Dans une conférence donnée en avril 2012à l’Espace des sciences, Daniel Thomas,spécialiste des biotechnologies, était venuexpliquer le concept des bioraffineries etcomment, grâce à cette nouvelle dynamique,il est possible de produire, de façon durable,des matières premières capables deremplacer le pétrole.

Rens. : Cette conférence peut être (re)visionnée sur le site de l’Espace des sciences : www.espace-sciences.org/conferences

UNE CONFÉRENCE UNE VIDÉO

AVATARS DE LUMIÈRE�Présentée par lephysicien Étienne Klein,dans une ambiancefuturiste, cette série réalisée par Arte Futuredans le cadre de l’Année internationale de lalumière comporte quinze épisodes. Consacréaux biocarburants, le deuxième volet expliquetrès clairement pourquoi les microalgues,véritables usines à photosynthèse, intéressenttant les chercheurs. Rens. : http://future.arte.tv/fr/avatars-de-lumiere

DR

CONTACTMarc Lemercier, [email protected]

RESSOURCES LOCALES, TRAITEMENTS COMBINÉS : CE MODE INÉDIT DEPRODUCTION D’ÉNERGIE RENOUVELABLE SERVIRA-T-IL DE MODÈLE ?

L’ÉNERGIE PRODUITE DEMAIN

Le centre d’énergierenouvelable morbihannaisproduira de l’électricité, de la chaleur et dubiocarburant.SEM LIGER

POUR EN SAVOIR PLUS

Page 19: LES NOUVEAUX PUITS D’OR VERT - espace-sciences.org

À L’ESPACE DES SCIENCES

CONFÉRENCES15 SEPTEMBREQuand notre voixs’exprime...

� La voix est au cœur desinteractions socialeshumaines. Elle est modulableet reflète nos humeurs, notre personnalité. C’est uninstrument de musiqueunique, transportable etoffert à tous. NathalieHenrich Bernardoni,physicienne au départementParole et Cognition dulaboratoire Gipsa-lab(Université Stendhal deGrenoble, CNRS), vousemmène à la découverte despossibles de la voix humaine.

20h30, salle Hubert-Curien, Les Champs Libres, Rennes - Entrée libreEn lien avec l’exposition La voix, l’expo quivous parle.

22 SEPTEMBRE Demain, une culturescientifique commune ? � L’intégration de la sciencedans la culture générale estun enjeu majeur pour ladémocratie. HélèneLangevin-Joliot, physiciennenucléaire et directrice derecherche émérite au CNRS,vous fera voyager à travers la science, ses principes, sesméthodes et les mondesdifférents qu’elle explore.

20h30, salle Hubert-Curien, Les Champs Libres, Rennes - Entrée libreRencontre suivie d’une séance dedédicaces : Science et culture (ÉditionsApogée, 2015).

6 OCTOBREL’évolution des espèces

� Les serpents ont despattes et de l’eau de mercoule dans nos veines !Comment les espèces ont-

elles pu évoluer pour arriverà ces phénomènes aussivéridiques qu’ahurissants ?Venez découvrir, avec deuxbiologistes, Maxime Hervé de l’Inra de Rennes, et DenisPoinsot de l’Université deRennes 1, les réponses à cesquestions.

20h30, salle Hubert-Curien, Les Champs Libres, Rennes - Entrée libreRencontre suivie d’une séance dedédicaces : L’évolution des espècesTomes 1 et 2 (Éditions Apogée, 2013).

À SAINT-MALO1ER OCTOBRELes services rendus par les sols à l’humanité � Les sols produisent plusde 90 % de l’alimentationhumaine. Bien qu’ils jouentaussi un rôle crucial dans le cycle de l’eau et deséléments, la biodiversité, les infrastructures et lespaysages, ils restent malconnus... Par ChristianWalter, professeur de sciencedu sol, à Rennes (Inra/Agrocampus Ouest).

20h30, théâtre de la ville, Saint-Servan -Entrée libre mais réservation conseillée au 02 99 81 62 61.

CAFÉ DESSCIENCES1ER OCTOBREDes pesticides dans l’océan

� Les pesticides utilisés enmilieu terrestre arriventparfois en mer. Leursmolécules perturbent leplancton et modifient leséquilibres naturels. Posezvos questions aux biologistesGeneviève Arzul et FrançoiseQuiniou. Elles ont synthétisédans l’ouvrage collectifPlancton marin et pesticides :quels liens ? (Éditions Quæ)leurs recherches menéesdurant leurs carrièresd’écotoxicologues à l’Ifremer.

18h30, café des Champs Libres,Rennes - Entrée libreDiffusé en direct sur la wikiradio del’Université européenne de Bretagne,www.wikiradio.ueb.eu.

SEPTEMBRE 2015 N°334 SCIENCES OUEST19

Pour en savoir plus et s’abonner à nos lettres d’information :www.sciences-ouest.org, Twitter @sciences_ouest et Facebook

À L’ESPACE DES SCIENCES

ATELIER

TROUVE TA VOIX !

Mamemimomaaaa... Entre deux exercices un peu étranges mais amusants, un professionnel du chant vous expliquera le fonctionnement de la voix, pour mieux en exploiter lespossibilités. Détente, respiration, rôle du diaphragme, de la

langue et du palais, vous découvrirez que votre corps tout entier participeaux sons qui sortent de votre bouche, ouverte ou fermée ! Vous apprendrezà connaître votre tessiture et vous pourrez vous exercer, en chœur, sur unchant classique. À la clé : la possibilité de venir le chanter en chœur de sallelors d’une séance “Révisez vos classiques” programmée le 2 décembreprochain, à l’Opéra de Rennes, partenaire de cette animation. N’hésitezplus et venez donner de la voix !

Rens. : À partir de 10 ans. Les 26 septembre, 3 octobre, 7 novembre, 14 novembre, 21 novembre ou28 novembre, de 14h30 à 16h au laboratoire de Merlin. Sur réservation, à partir du 1er septembre, au 02 23 40 66 40 (dans la limite des places disponibles).

FOTOLIA/HIGHWAYSTAR

Z

DR

APOJÉE

KER

OZEN

BIRD IDEA ET LILOU. B

-1-

Pore gustatif

Cellule gustativeCellule

de soutien

Fibresnerveuses

Vous avez surement constaté une perte de goût lors d’un gros rhume qui empêche la

perception rétro-nasale. En fait, lorsque nous mangeons, la chaleur du palais provoque

la vaporisation des arômes qui par voie rétro-nasale passent dans les fosses nasales :

goût et odorat sont donc intimement liés.

LE GOÛTDANS LE GENRE HUMAIN

Le goût désigne notre capacité

à analyser la présence de

substances chimiques grâce à

notre langue.

Les organes du goût se forment

chez le fœtus humain à partir

de la 7ème semaine de gestation.

Avant la naissance, le fœtus avale

du liquide amniotique dont il

distingue déjà les saveurs qui

peuvent varier avec l’alimentation

de sa mère. Le bébé est ainsi

préparé dès la naissance pour

détecter les goûts : il y a eu

entraînement et puis maturation

du système nerveux.

Le goût est un élément

fondamental de bien-être chez

l’Homme.

2

La perception des saveurs

s’effectue au niveau des papilles

de la langue lors de la mastication.

"Goût et odorat"

La perception du goût évolue tout

au long de la vie.

Une éducation poussée du goût

permet de développer ce sens

comme c’est le cas chez les œnologues.

La perception du goût a longtemps

été associée à 5 saveurs élémentaires

localisées précisément sur la langue :

acide, amer, sucré, salé et umami.

ACIDE

AMER

SUCRÉ

SALÉ

UMAMI

Les molécules responsables de

la perception des saveurs (sapides)

se dissolvent dans la salive.

Les molécules sont captées par les

cellules des bourgeons gustatifs

qui constituent différents types

de papilles.

Ces cellules gustatives sont reliées

au cerveau grâce à plusieurs nerfs.

La zone d’intégration des sensations

au niveau du cerveau se trouve dans

le lobe préfrontal.

1

3

4

-1-

Tympan Osselets Cochlée

OREILLE

EXTERNE

OREILLE

MOYENNE

OREILLE INTERNE

L’oreille absolue correspond à la faculté de reconnaître une ou plusieurs notes

sans avoir eu besoin d’entendre au préalable une note de référence identifiée.

L’apprentissage de certaines langues influencerait l’acquisition de l’oreille absolue.

Les langues dites tonales, comme le mandarin, exercent l’oreille à analyser des sons

très variés facilitant l’acquisition de l’oreille absolue.

Sans entraînement, l’oreille absolue peut se perdre !

L’OUÏEDANS LE GENRE HUMAIN

L’ouïe désigne notre capacité

à percevoir des sons et à les

localiser en intégrant de légers

décalages de perceptions entre

les oreilles gauche et droite.

C’est un sens primordial pour

l’Homme.

Au cours du 7ème mois de

développement, le fœtus entend

les battements cardiaques de sa

mère. Il perçoit aussi les bruits

extérieurs. Un nourrisson de

4 mois est généralement capable

de répondre à l’appel de son nom.

Il fait vibrer le tympan qui appuie sur

les osselets de l’oreille moyenne.

Ceux-ci transmettent les vibrations

au liquide de la cochlée au niveau

de l’oreille interne via la fenêtre

ovale.

L’oreille absolue et l’éducation langagière

Nous ne percevons qu’une gamme relativement

restreinte de sons de fréquences comprises entre

'(�) �*������� ���� ������'(�(((�) �*������

� ���������

Les cellules ciliées de la cochlée

transforment les vibrations en

signaux électriques transmis via

le nerf auditif jusqu’au cerveau.

Les sons seront traités, interprétés

et mémorisés au niveau du cortex

auditif.

Cellule ciliée Fibre nerveuse

2

3

4

1

Le son entre par le conduit auditif

dans l’oreille (dite externe).

INFRASONS

20 HzULTRASONS

20 000 Hz

BANDE AUDIBLE PAR L’HOMME200 Hz

GRAVESMÉDIUMS

AIGÜES2 000 Hz

-1-

LA VUEDANS LE GENRE HUMAIN

La vue désigne notre capacité à

analyser un signal lumineux grâce

à la rétine de notre œil.

C’est le principal sens mobilisé

chez l’être humain.

De la naissance jusqu’à l’âge

de 5-6 ans environ, la vision se

construit en parallèle avec le

développement du cerveau chez

l’enfant.

L’image réduite et inversée de

cet objet se forme sur la rétine

et c’est là que le signal lumineux

est codé en influx nerveux.

L’acuité visuelle ou pouvoir séparateur est la

capacité à séparer visuellement deux objets

distincts.

Elle dépend de la densité des cellules sensibles

(bâtonnets et cônes) sur la rétine. À une distance

de 2,5 m, l’œil humain sain peut distinguer deux

points distants de 0,7 mm.

Tester votre pouvoir séparateur :

à quelle distance de la mire ci-contre,

ne percevez-vous plus les séparations

entre les traits ?

Les cellules réceptrices de

la lumière sont les bâtonnets

et les cônes. Nous percevons

la couleur des objets grâce à

la combinaison de trois types de

cônes sensibles au bleu, au rouge

ou au vert (trichromie).

L’influx nerveux est dirigé vers

le cerveau via les nerfs optiques

jusqu’au cortex visuel (comprenant

des aires spécialisées).

Nerf optique

SOU

RC

E LU

MIN

EUSE

Cellules de traitement

de l’information

Batonnets ou cônes

Voyez-vous

un triangle blanc

sur cette image ?

Dans certaines conditions, nous sommes

l’objet d’illusions optiques. Celles-ci sont

le résultat d’une mauvaise analyse des

informations visuelles par le cortex spécialisé.

Les illusions d’optique

Rétine

2

3

4

1

Lorsque nous regardons un objet,

la lumière qu’il réfléchit entre dans

notre œil.

RétineCristallin

Nerf optique

-1-

2

3

1

DER

ME

ÉPID

ERM

E

LE TOUCHERDANS LE GENRE HUMAIN

Le sens du toucher désigne notre

capacité à percevoir la surface

des corps solides ou fluides lors

d’un contact avec la peau. Il est

indispensable au développement

physique et social de l’être humain

et même à sa survie.Toutes les

zones du corps ne présentent pas

la même sensibilité tactile.

Chez le fœtus, c’est le premier

sens qui devient opérationnel

vers la 7ème semaine après

la conception. Toucher les

objets et les autres êtres

vivants conditionne en partie

l’apprentissage chez l’enfant.

Divers corpuscules sensibles à

la déformation de la peau (mécano

récepteurs) sont reliés à des fibres

nerveuses. Ils engendrent un influx

nerveux.

Les muqueuses tapissant les cavités du corps

fournissent, elles aussi, des informations tactiles.

Ainsi, la bouche et la gorge abritent des cellules

sensorielles qui envoient des messages nerveux

correspondant aux caractéristiques comme le

���������������^�����������������������������

L’importance du toucher a conduit au

développement de nombreuses pratiques

ou techniques visant à l’épanouissement des

individus, la réduction de troubles ou de

pathologies diverses. Ainsi, le massage ou

le « peau à peau », appliqués aux prématurés

sont corrélés à une forte augmentation de

leurs chances de survie.

Les informations captées via les

nerfs sensitifs de la peau du corps

rejoignent la moelle épinière puis

le cerveau.

Leur analyse est effectuée dans

l’aire sensorielle.

VIBRATIONS

Corpuscule

lamelleuxde PaciniPRESSION &

EFFLEUREMENT

Corpuscule capsulé

de Meissner

EFFLEUREMENT

Fibre nerveuse

des follicules pileux

PRESSION & ÉTIREMENTS

Corpuscule capsulé de Ruffini

PRESSION

Fibre nerveuse libre

PRESSION &

EFFLEUREMENT

Disque tactile

La projection des parties du corps sur l’aire sensorielle du cortex cérébral

proportionnellement à leur sensibilité donne une figure appelée homonculus ou

homoncule. Cette représentation permet de visualiser la finesse de la perception

sensitive des différentes parties du corps.

L’homonculus

Un objet entre en contact avec

notre peau qui se déforme.

AIRE SENSORIELLE DU CORTEX

Projection

sur la coupe

transversale

-1-

2

3

4

1

L’air, qui est chargé de molécules

odorantes, pénètre par le nez.

Bulbe olfactif

Muqueuseolfactive

Fosse nasale

L’odorat a un impact émotionnel fort car il est relié au système limbique qui conserve nos

souvenirs. Cette caractéristique a, de tous temps, été exploitée à des fins commerciales :

� �������������������� ������ ��$����� �� � ��� ���������� ���������� ���

Par exemple, certaines grandes surfaces diffusent une odeur de sapin à Noël et une odeur

de Monoï au rayon maillots de bain l’été.

L’ODORATDANS LE GENRE HUMAIN

L’odorat ou olfaction désigne

notre capacité à identifier des

molécules volatiles présentes

dans l’air grâce à notre nez.

Les êtres humains le mobilisent

moins que les autres sens, sauf lors

des repas. À ce moment en effet,

l’odorat est particulièrement

sollicité.

Le fœtus semble doté du sens de

l’odorat à partir du 7ème mois. Ce

sens est pleinement efficace dès

la naissance. Le bébé est capable

de reconnaitre sans erreur l’odeur

de sa mère.

Les molécules odorantes sont

captées par la muqueuse olfactive

qui tapisse une zone des fosses

nasales.

Marketing olfactif

Des différences de sensibilité

face à aux odeurs existent

en fonction du sexe, de l’âge, de la culture

ou encore de l’état interne de l’organisme.

Des récepteurs spécialisés

produisent un influx nerveux

véhiculé jusqu’au cerveau via

le nerf olfactif.

Le signal est analysé au niveau du

système limbique (comprenant

l ’h ippocampe, l ’amygdale,

l’hypothalamus…) qui gère aussi

les émotions.

Nerf olfactif

Neuronesolfactifs

Muqueusefosse nasale

NOSSENS

5 NOUS PERCEVONS LE MONDE EXTÉRIEUR GRÂCE À NOS ORGANES DES SENS.En permanence, nous analysons de

manière plus ou moins consciente les informations dont nous disposons grâce à nos yeux, nos oreilles, notre langue, notre nez et notre peau. Notre développement et notre survie

dépendent de la manière dont ces informations sont utilisées et cela depuis la nuit des temps.

TOUS LES SENS SONT ORGANISÉS SUIVANT UN MÊME SCHÉMA :UN SIGNAL (la lumière, le son, des molécules…)

stimule un récepteur spécialiséL’ORGANE RÉCEPTEUR (l’œil, l’oreille, la langue…) reçoit le signal et le codeUN CIRCUIT DE TRANSMISSION (des nerfs sensitifs) véhicule les informations codées recueilliesUNE OU PLUSIEURS ZONES

du cerveau reconnaît et traite les informations.

sens ou

plus?5

Aujourd’hui, certains s’accordent à dire que nous possédons un système de perception

complexe qui comporterait plus de 5 sens. Grâce à celui-ci, nous sommes renseignés de

manière automatique et inconsciente sur :������������� ��� ������� ��������������������������� �������������������

��������� ���� ������ ����������� �� ����� �� ������� �� �������� �����������

NOS SENS PEUVENT ÊTRE ALTÉRÉS, À TOUTES LES ÉTAPES DU SCHÉMA

DES SENS, DE MANIÈRE PLUS OU MOINS GRAVE ET PLUS OU MOINS

RÉVERSIBLE. LES FACTEURS EN CAUSE SONT TRÈS NOMBREUX :

GÉNÉTIQUES, ACCIDENTS, MALADIES, VIEILLISSEMENT...

ITINÉRANCE

UNE EXPOSITION SUR NOS SENS

La vue, l’audition, le goût, l’odorat et le toucher sont nos moyensd’analyse du monde extérieur. Certains scientifiques en ajoutentquatre autres : la perception de la douleur, de la chaleur, del’équilibre et de notre corps, tandis que des neurologues iraient

même jusqu’à en compter vingt-et-un ! Qu’est-ce qu’un sens ? Pourquoisont-ils parfois altérés ? Quelles sont les différences avec les animaux ? Pourtout public, cette nouvelle exposition proposée à l’itinérance fait le tour deces questions en vingt panneaux et peut être enrichie de huit modules demanipulations sur l’éveil des sens (le jardin des odeurs, la propagation duson, chaud ou froid, le panier de basket infernal...) à poser sur table. Rens. : Patrick Le Bozec Tél. 02 23 40 66 46, [email protected]

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20 SCIENCES OUEST N°334 SEPTEMBRE 2015

L’agenda de la rédaction

ET AUSSI... SORTIES ET EXPOSITIONS

APPELS À PROJETS�Le concours national de formulation et d’innovation cosmétique U’Cosmetics 2016 porte sur la “Cosmétique Expérience”.Il est ouvert aux étudiants en cosmétologie, formulation cosmétique ou marketing (bac+3 à bac+5). Date limite d’inscription : 27 novembre à:[email protected] : www.ucosmetics.fr/concours-72.html.�L’appel à projets Économie circulaire en Bretagne 2015 lancé par l’Ademe Bretagne vise le développementd’équipements de gestion des déchets, de démarches de prévention, d’évitement ou de valorisation des déchets innovantes. Dates limites de dépôt des dossiers : 16 octobre 2015 (16h)et 26 février 2016 (16h). Contact : Stéphane Lecointe - Tél. 02 99 85 87 10. Renseignements : www3.ademe.fr/bretagne/porteurs-projets/index.asp.

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1. Une grande énigme. Pour la résoudre,vous devrez réaliser des expériences et discuteravec les quelque cent soixante scientifiquesd’universités, de grandes écoles, d’entreprises,d’associations disséminés dans l’ensemble despavillons d’Océanopolis. Une occasion uniquede découvrir leur métier, leur quotidien. Maisaussi leur personnalité qui se dévoilera encoredavantage lors de la séance de rencontresdécalées de speed-searching.

2. Une expérience secrète. Une grandeexpérience inédite et participative, préparée pardes scientifiques en économie expérimentale,sera proposée dans toutes les villes de Francepartenaires de la Nuit européenne des cher-cheurs. La surprise reste entière...

3. Sous le signe de la convivialité. Des cher-cheurs et doctorants de Télécom Bretagne ins-tilleront à cette soirée une note festive tout enmusique. Une pause gourmande vous seraégalement proposée, histoire de rebooster vosneurones d’enquêteurs !

BREST (29)25 SEPTEMBRE

OcéanopolisTél. 02 98 34 40 40www.oceanopolis.com www.nuitdeschercheurs-france.eu

RENNES (35)QUESTION DESAISONS ? DU 25 AU 27 SEPTEMBRE La pluie et le beau temps � Un village des “solutions”,des concerts et autresfestivités, des conférences et uncolloque intitulé : Inventer unesociété bas carbone avec laparticipation de tous. À traverscet événement, France natureenvironnement (FNE) grandOuest veut sensibiliser petits et grands aux solutions contrele réchauffement climatique !

Esplanade Charles-de-GaulleTout le programme surwww.lapluieetlebeautemps.org

3 RAISONS D’ALLER VOIR

LA NUITEUROPÉENNE DESCHERCHEURSPAR CÉLINE LIRET, DIRECTRICE SCIENTIFIQUE ET CULTURELLE À OCÉANOPOLIS

ERQUY (22)11 SEPTEMBREItinéraire d’unGrand Site : le cap d’Erquy � Au cœur ducap d’Erquy, vousvous baladerez à la découvertede toutes lesparticularitésnaturelles,culturelles,historiques etgéologiques de ce site classéet intégré audispositif Natura2000. 10h Nouvelle aire de stationnement du cap d’Erquy Sur réservationTél. 02 96 41 50 83 www.grandsite-capserquyfrehel.com

NOYAL-SUR-VILAINE (35)PLANTES OCÉANES12 ET 13 SEPTEMBRE Le chanvre, le lin et la mer � Traditionnellement utiliséspour fabriquer les élémentsde navigation (cordages,voiles...), le chanvre et le linfont aujourd’hui l’objet derecherches sur lesbiomatériaux composites quivous seront ici présentées à travers des animations,expositions, conférences ettables rondes rassemblantdes historiens, desscientifiques et desprofessionnels de la mer.

Espace éco-chanvreTél. 02 99 04 67 94http://espaceecochanvre.com

QUIMPER (29)TOUS CONCERNÉS DU 18 AU 20 SEPTEMBRE Festival Breizh transition � Comment faire mieux avec moins ? Des stands,ateliers, expériences, jeux,conférences-débats, maisaussi des performancesartistiques, du cinéma et les témoignages descientifiques, d’explorateurset de sportifs... pour quechacun comprenne lesenjeux de la transitionénergétique déjà en marche.

10h Parc des Expositions QuimperCornouaille Tél. 02 98 52 01 44www.breizh-transition.bzh

INZINZAC-LOCHRIST (56)11 ET 25SEPTEMBRE Les chauves-souris,demoiselles de la nuit � Venezdécouvrir enfamille lesterrains dechasse et voltigeacrobatique despipistrelles etautres grandsrhinolophes desabords du Blavetet de Polvorn. 20h30Quais des ForgesSur inscriptionTél. 02 97 28 26 31 www.maisondelachauvesouris.com

GOURAY (22)10 OCTOBRE Saveursd’automne � Panier aubras, partez en forêt encompagnie de la Sociétémycologique desCôtes-d’Armor.Une bonneoccasiond’apprendre àdistinguer leschampignonscomestibles desvénéneux. 14h Place de la Mairie de GourayTél. 02 96 33 10 57 www.vivarmor.fr

BIGNAN (56)20 SEPTEMBRE Le voyage des pierres � Venez scruterles pierres quiont servi àconstruire lechâteau deKerguéhennec. Des géologues vous aideront à saisir les liens qui unissentl’architecture des lieux et lagéologierégionale. 15hDomaine deKerguéhennecSur inscriptionTél. 02 97 60 31 84www.kerguehennec.fr

BRASPARTS(29)19 SEPTEMBRE Visite dela stationd’élevage demoulesperlières � En vue de le réintroduire, la Fédération de pêche duFinistère etBretagne Vivanteont créé unélevage pourmieux gérer ledéveloppementde ce coquillagesensible à laqualité de l’eau. 9h30 Office de tourisme Tél. 06 07 22 91 77www.bretagne-vivante.org

SARZEAU (56)12 SEPTEMBRELes marais de la presqu’îlede Rhuys à vélo � Ce circuit à vélo vous feradécouvrir lescharmes desbords du golfe duMorbihan, lesmarais salants à travers leurhistoire et leurpaysage, larichesse de la faune et de la flore. 10hSur inscriptionTél. 06 82 18 34 36www.morbihan.fr

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SEPTEMBRE 2015 N°334 SCIENCES OUEST21

ET AUSSI... COLLOQUES ET CONFÉRENCESEXPOSITIONS... MUSÉES... CONFÉRENCES... COLLOQUES...L’ÉVÉNEMENT DU MOIS

FESTIVAL DES SCIENCES

Visites géologiques et botaniques, rencontres avec des chercheurs de tous horizons, dehors ou dans leslabos, projections de films sur l’astronomie ou lesmathématiques... Pour sa 10e édition, le Festival des

sciences multiplie les rendez-vous. Disséminés dans quaranteet une communes de la métropole rennaise au fil des deuxsemaines de la manifestation, ces événements sont ouverts àtous. Les 10 et 11 octobre, le campus de Beaulieu accueilleraune cinquantaine de stands au cœur du Village des sciences.Lumière, sols, expériences chimiques ou biologiques, dispositifsnumériques... autant d’opportunités de prendre la températurede l’actualité scientifique, d’échanger et de débattre avec leschercheurs des environs.

RENNES ET SA MÉTROPOLE DU 26 SEPTEMBRE AU 11 OCTOBRE

Tél. 02 23 40 66 40www.espace-sciences.org/festival-des-sciences-2015

NANTES (44)AMBIANCE VERNIENNE DU 28 SEPTEMBRE AU 3 OCTOBRE Voyages planétaires : sur la trajectoired’une comète � Créée à l’occasion du Congrès européen deplanétologie (EPSC), cette exposition vousguidera sur les traces d’une comète au coursde son voyage temporel et spatial dans leSystème solaire, à la rencontre de satellitesartificiels scrutant notre Univers, de vaisseauxspatiaux, de robots et d’atterrisseursexplorant l’intérieur et la surface des planètes.

Cité des congrèswww.sciences.univ-nantes.fr/lpgnanteswww.epsc2015.eu

LES ACTUS DE BRETAGNE ENVIRONNEMENT�Deux nouveaux projets de réserves nationales en consultation publique�Les espèces de la faune bretonne menacées de disparitionsur www.bretagne-environnement.org

SAINT-BRIEUC(22)DU 23 AU 25SEPTEMBRE Atlas de labiodiversitécommunale :outil au servicedes collectivités� Lors de cepremier colloquenational, deséchangesdestinés auxcollectivités sesuccéderont pourresituer les atlasde la biodiversitécommunale del’enjeu à l’actionlocale. 10hPalais des congrèset des expositions Tél. 02 96 33 10 57www.vivarmor.fr

AFFI

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ES D

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BRETAGNEDE TOUT POUR TOUS DU 7 AU 11 OCTOBRE Fête de la science � Se balader au milieu desarbres remarquables deBrocéliande, découvrir lalumière sous toutes sesformes, les services infinis que les sols nous rendent... À travers des sorties, ateliers,expériences, projections etconférences, venez partager,en famille ou entre amis, desmoments d’échangesconviviaux avec les acteurs du monde de la recherche !

Sept Villages des sciences sontorganisés à Morlaix (le 4/10), Lorient (du 8 au 11/10), Châtelaudren (le 10/10),Pleumeur-Bodou, Ploufragan, Brest etRennes (les 10 et 11/10). www.fetedelascience.fr

RENNES (35)15 SEPTEMBRE JournéeExpertisescientifique � Rassemblantdes scientifiquesde renom de tout horizon(physique,biologie, chimie,mathématiques...),ces deux tablesrondess’intéresserontaux problèmes de société liés à l’évaluation de la science. 9h30 Le DiapasonEntrée libreTél. 02 23 23 55 68http://culture.univ-rennes1.fr

BREST (29)DU 6 AU 8OCTOBRE Troisièmecolloquenational desaires marinesprotégées � Organiséautour d’ateliers,ce colloque vise à établir un bilandes actionsmenées autourdes aires marinesprotégées et àdéfinir desperspectivesd’actions pour lescinq ans à venir. Le QuartzTél. 02 98 33 87 [email protected] www.aires-marines.fr

BREST (29)5 ET 6OCTOBREChangementclimatique,aménagementde l’espace ettransitionurbanistique � Ce colloqueveut faire le pointsur les idées, les méthodesd’évaluation etles pratiques enaménagement et urbanismeprenant encompte lechangementclimatique. Université deBretagne OccidentaleTél. 02 98 01 61 24www.geoarchi.net/climat

BREST (29)29 SEPTEMBRE Lesmammifèresmarins, nosmeilleuresvigies pour lemilieu marin � Par VincentRidoux, professeurà l’Université deLa Rochelle etprésident duconseilscientifique del’Agence des aires marinesprotégées (AAMP), et PierreWatremez,responsable deprojets à l’AAMP.20h30OcéanopolisTél. 02 98 34 40 40www.oceanopolis.com

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22 SCIENCES OUEST N°334 SEPTEMBRE 2015

Président de l’Espace des sciences : Jacques Lucas. Directeur de la publication :Michel Cabaret. Rédactrice en chef : Nathalie Blanc. Journaliste, responsable plurimédia :Nicolas Guillas. Journalistes :CélineDuguey, Klervi L’Hostis. Pigistes : Agnès Boiron, Julie Danet. Comité de lecture :Louis Bertel (télécommunications), Gilbert Blanchard (biotechnologies-environnement), Jean-Claude Bodéré (géographie),Bernard Boudic (information et communication), Daniel Boujard (génétique-biologie), Michel Branchard (génétique-biologie), Thierry Bulot (sciences humaines et sociales), Valérie Deborde (délégationCNRS Bretagne-Pays de la Loire), Alain Hillion (télécommunications), Isabelle Krull (télécommunications), Christian Le Bart (sciences humaines et sociales), Gérard Maisse (agronomie), Dominique Petit(directrice de l’Espace des sciences/Maison de la mer Lorient), Paul Trehen (biologie-environnement), Christian Willaime (physique-chimie-matériaux).Abonnements : Sandie Lanoë, tél. 02 23 40 66 59, [email protected]. Publicité :AD Media - Alain Diard, tél. 02 99 67 76 67, [email protected] ouest est publié grâce au soutien de la Région Bretagne, des départements du Finistère et d’Ille-et-Vilaine. Édition :Espace des sciences. Réalisation :Pierrick Bertôt création graphique, 35510 Cesson-Sévigné. Impression : TPI, 35830 Betton. Tirage du n°334 : 4000 ex. Dépôt légal n°650. ISSN 1623-7110.

Toute la science en Bretagne. sciences ouest est rédigé et édité par l’Espace des sciences,Centre de culture scientifique technique et industrielle (association)Espace des sciences, Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, 35000 [email protected] - www.espace-sciences.org - Tél. 02 23 40 66 66 - Fax 02 23 40 66 41

3€

1Qu’auriez-vous fait si vousn’aviez pas été chercheur ?Paysan. Ce sont mesorigines familiales. Mes

grands-parents paternels étaient depetits paysans dans le Finistère, àLopérec. Ils ne savaient pas un motde français. Quand j’étais gosse, jefaisais tous les travaux des champs.Aujourd’hui, mon grand loisir estmon jardin potager, qui nourrit mafamille toute l’année. J’aurais aiméêtre un gros agriculteur.

2Aujourd’hui,qu’avez-vous trouvé?Rien de particulier !J’ai contribué modestement

à l’évolution de la science, dans le domaine des troubles dumétabolisme du fer et del’hémochromatose. C’est unemaladie particulièrement fréquenteen Irlande, en Écosse et enBretagne. Mais je ne peux pas direque j’ai fait de découverte majeure.

3Le hasard vous a-t-ildéjà aidé ?J’essaie d’être un espritlogique et rationnel. Je ne

me suis jamais fié au hasard. Est-cequ’il m’a aidé ? Je n’en sais rien !

4Qu’avez-vous perdu?Je n’ai rien perdu, maisje suis déçu d’une chose.Quand j’étais jeune, les

profs nous disaient : travaillez pouracquérir des connaissances, pourdevenir compétents. Et c’est vous qui déciderez. Dans la sociétéd’aujourd’hui, la compétence

scientifique est passée sous la coupe d’administratifs, de juristes oude littéraires, incompétents en lamatière.

5Que vaudrait-il mieuxne pas trouver?Il est impossible derépondre à cette question.

Vous ne pouvez pas empêcher lesgens de chercher et de trouver. On ne peut pas donner de limite.

6Quelle est la découvertequi changerait votre vie?À mon âge, aucune.Cela n’a pas de sens.

En médecine, ce n’est pas unedécouverte particulière, mais il y atout un ensemble de notions et dethérapies nouvelles qui se mettenten place. Aujourd’hui, les gensmeurent de deux choses : lesmaladies cardio-vasculaires et lesmaladies cancéreuses. Et dans ledomaine des cancers, on faitactuellement des progrèsimportants. Ces progrès vontcontinuer !

7Qu’est-ce qui vous feraitdouter de la rationalité?Rien. Je crois fermementà la rationalité, à l’esprit

logique et à la science. Je ne suiscrédule en rien. Donc je suis trèssceptique sur beaucoup de choses.Je ne crois pas aux discourspolitiques, ni à ce qui est écrit dansles médias !

L’épreuve par 7

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JEAN-YVES LE GALL, 75ANSPRÉSIDENT DE L’ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE(1)

L’ancien professeur au CHU de Rennes a été interviewé par téléphone, depuis chezlui au bord du golfe du Morbihan, par Nicolas Guillas.

« Vous ne pouvez pas empêcher les gens de chercher. »

(1)L’Académie nationale de médecine a tenu sa séance du 2 juin à l’Université de Bretagne Occidentale, à Brest. Lire Sciences Ouest n° 333 sur www.sciences-ouest.org.

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� Tarif étranger ou abonnement de soutien : 2 ANS 76€ / 1 AN 50€ � Achat au numéro : 3€

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