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Les réseaux sociaux d’entreprise : entre communication institutionnelle et recherche de productivité **** Mémoire en vue de l'obtention du Master d'Études Politiques, spécialité management de l'information stratégique de l'Institut d'Études Politiques d'Aix-en-Provence **** Présenté par Diane LOTH Sous la direction de Clémentine Darricau Septembre 2015 Institut d' Etudes Politiques d'Aix-en-Provence Sciences Po Aix-en-Provence Institut Supérieur des médias de Lyon ISCPA Lyon

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Les réseaux sociaux d’entreprise : entre

communication institutionnelle et recherche de

productivité

****

Mémoire en vue de l'obtention du Master d'Études Politiques, spécialité management de

l'information stratégique de l'Institut d'Études Politiques d'Aix-en-Provence

****

Présenté par

Diane LOTH

Sous la direction de Clémentine Darricau

Septembre 2015

Institut d' Etudes Politiques d'Aix-en-Provence

Sciences Po Aix-en-Provence

Institut Supérieur des médias de Lyon

ISCPA Lyon

Les réseaux sociaux d’entreprise : entre

communication institutionnelle et recherche de

productivité.

****

Mémoire en vue de l'obtention du Master d'Études Politiques, spécialité management de

l'information stratégique de l'institut d'Études Politiques d'Aix-en-Provence

****

Présenté par

Diane LOTH

Sous la direction de Clémentine Darricau

Septembre 2015

Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence

Sciences Po Aix-en-Provence

Institut supérieur des médias de Lyon

ISCPA Lyon

« Les opinions exprimées dans ce mémoire sont propres à leur auteur et n’engagent pas

l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence (et éventuellement toute autre structure

pouvant être concernée) ».

Remerciements

***

A travers ces quelques lignes, je tiens à remercier toutes les personnes qui ont pris part à ce

mémoire qui représente pour moi l’aboutissement de cinq années d’études dans le domaine de

la communication et le début de nouveaux projets professionnels.

Tout d’abord, je souhaiterais remercier mes proches et ma famille pour leur soutien

indéfectible et particulièrement mes parents.

Je souhaiterais remercier A.N. qui m’a accompagnée et soutenue tout au long de cette année.

Je remercie également mes amies et camarades qui ont été de véritables moteurs pour moi et

J.G. qui ma prêté son œil avisé jusqu’au dernier instant.

Je tiens, ensuite, à remercier chaleureusement Clémentine DARRICAU, tutrice de mémoire

comme d’alternance, pour sa disponibilité et sa bienveillance, c’est en grande partie grâce à

son accompagnement que j’ai pu réaliser ce mémoire.

Merci à toutes les personnes qui ont accepté de répondre à mes questions et m’ont aiguillée

dans mes recherches, à tous les intervenants de près comme de loin qui ont contribué à la

réussite de ce mémoire.

Enfin merci à l’ISCPA et à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence de me donner

l’opportunité de réaliser ce mémoire.

***

Tables des abréviations

ARPANET Advanced Research Project Agency Network

BBS Bulletin Board System

CE Comité d’Entreprise

CHSCT Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail

CNIL Commission Nationale de la Loi Informatique et Libertés

CRM Customer Relationship Management

DARPA Defense Advanced Research Project Agency

DSI Direction des Systèmes d’Information

ERP Enterprise Resource Planning

GED Gestion électronique documentaire

IC Intelligence Collective

IM Instant Messaging

IP Internet Protocol

IRC Internet Relay Chat

KPI Key Performance Indicator

NTIC Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication

PC Personal Computer

PHP Hypertext Preprocessor

PME Petites et Moyennes Entreprises

RSE Réseau Social d’Entreprise

RSS Really Simple Syndication

SaaS Software as a Service

SI Système d’Information

TCP Control Protocol

TPE Très Petite Entreprise

WAT Working At Total

Sommaire Introduction Générale ........................................................................................................... 1

PREMIERE PARTIE : ÉTAT DES LIEUX DES RSE ........................................................ 8

Chapitre I : Du réseau social au réseau social d’entreprise .................................................. 10

Chapitre II : Le réseau social d’entreprise aujourd’hui en France ....................................... 32

DEUXIEME PARTIE : L’APPROPRIATION DES RSE POUR UNE INTELLIGENCE

COLLECTIVE : UN GRAND DÉFI POUR L’ENTREPRISE ......................................... 65

Chapitre I : Des RSE à l’intelligence collective ................................................................... 67

Chapitre II : Les leviers d’une appropriation réussie : du concept a l’opérationnel ............. 81

TROISIEME PARTIE : EXPÉRIENCE DE TERRAIN : LANCEMENT D’UN RSE AU

CENTRE DE RECHERCHE TOTAL DE SOLAIZE ...................................................... 102

Chapitre I : Présentation de l’étude de cas & méthodologie .............................................. 104

Chapitre II : L’appropriation de WAT par les collaborateurs : Quelles tendances ? ......... 115

Chapitre III : Retours sur hypothèses et tendances générales ............................................ 125

Conclusion Générale ........................................................................................................... 131

Bibliographie ...................................................................................................................... 135

Webographie ....................................................................................................................... 139

Table des Annexes .............................................................................................................. 142

Table des Figures ................................................................................................................ 156

Table des Tableaux ............................................................................................................. 158

Table des Encadrés ............................................................................................................. 159

Table des Matières .............................................................................................................. 160

Résumé ............................................................................................................................... 166

1

Introduction Générale

« Les sciences cognitives montrent que l’usage de la Toile, la lecture ou l’écriture au

pouce des messages, la consultation de Wikipédia ou Facebook n’excitent pas les mêmes

neurones que l’usage du livre, de l’ardoise ou du cahier […] les nouvelles générations ne

connaissent, ni n’intègrent, ni ne synthétisent comme nous […] Ils n’ont plus la même tête

[…] Par téléphone cellulaire ils accèdent à toutes les personnes, par GPS, en tous lieux […]

ils n’habitent plus le même espace […] N’ayant plus la même tête que ses parents, il ou elle

connaît autrement.»1

***

Fondée en 2004, l’entreprise Facebook avait déjà conquis 800.000 millions

d’utilisateurs 7 ans après son lancement, pendant ce temps Kodak, entreprise créée en 1888,

chutait inexorablement avant de déposer le bilan le 19 janvier 2012.

C’est ici la manifestation d’une période de mutation, et cela s’observe à tous les niveaux :

sociétal, économique, technologique ; les entreprises ne sont pas en reste de ces

bouleversements.

Après avoir profondément modifié l’économie en favorisant la désintermédiation des

échanges via Internet, le numérique continue à faire évoluer l’environnement de la société en

participant notamment à l’émergence d’une économie collaborative, l’utilisation des objets

connectés ou encore des imprimantes 3D. Les entreprises évoluent dans cette société et ne

peuvent pas négliger ces transformations, elles doivent se réinventer et sans cesse adapter

leur organisation.

Il ne faut cependant pas confondre les enjeux, il ne s’agit pas seulement de « numériser » les

offres mais véritablement de réorganiser l’entreprise en profondeur, de manière durable. Les

transformations numériques des entreprises interviennent pour faire face aux évolutions

générées par l’ère numérique. Les schémas traditionnels d’organisation et de communication

institutionnelle au sein des entreprises ont été repensés et de nouveaux modèles de

management ont vu le jour. Les réseaux sociaux d’entreprise viennent au cœur de ce contexte

1 SERRES Michel, Petite Poucette, Le Pommier, Paris, 2012, p.53

2

de restructuration des entreprises, véritables pivots collaboratifs, ils favorisent l’organisation

en « réseau » a contrario des organisations hiérarchiques pyramidales traditionnelles.

En effet, caractéristiques voire emblématiques de la transition à l’ère numérique, la chute de

Kodak et le prodigieux essor de Facebook à l’échelle mondiale mettent également en lumière

la volonté des individus à se mettre en réseau, à échanger et à collaborer ensemble.

C’est d’ailleurs le principe de base de tout réseau social informatique : l’individu avant la

machine. C’est là que le réseau social informatique prend la dimension participative du Web

2.0, toujours développé pour et vers l’individu, et c’est à ce moment qu’il pose les bases pour

commencer à faire émerger de nouveaux usages vers une intelligence collective.

Qu’est-ce qu’un réseau social d’entreprise ?

Il ne s’agit pas ici d’entrer en détail dans le concept de réseau social d’entreprise, ce que nous

ferons dans le développement de notre mémoire, mais simplement d’en définir les contours.

Alain Garnier en donne la définition suivante « Le réseau social d’entreprise, ou RSE, se

définit comme l’ensemble des individus qui prennent part à une activité d’un business et dont

on matérialise dans le numérique les interactions sociales autour de cette activité afin de

l’améliorer. »2

Dès 2012, une étude menée conjointement par les étudiants du CELSA et l’Observatoire des

réseaux sociaux d’entreprises3 montrait que sur 25 entreprises interrogées dont la moitié était

des entreprises de plus de 100.000 salariés, 88% déclaraient avoir mis en place un réseau

social interne. Les réseaux sociaux d’entreprises ne sont donc pas ce que l’on pourrait appeler

un phénomène nouveau, et les entreprises semblent avoir bien adopté ces nouveaux outils

collaboratifs.

Mais les réseaux sociaux d’entreprise sont complexes et suscitent encore des appréhensions et

des incompréhensions. Aussi, toutes les entreprises réagissent différemment à la nouveauté et

aux nouvelles technologies, ce qui a été modélisé par le cabinet américain Gartner qui établit

la proportion des entreprises dites « pionnières » à 10%, les « prudentes » 70% et les

« récalcitrantes » à 20%. Quelle est la situation aujourd’hui ? Les outils collaboratifs sont-ils

entrés dans les mœurs des entreprises ?

2 GARNIER Alain, Le réseau social d’entreprise, Lavoisier, Paris, p.50 3 http://www.obsdesrse.com/?cat=81

3

Aujourd’hui, « Un nouvel « idéal type » de l'organisation appelée entreprise centrée «

connaissance » (Knowledge-Centric Enterprise) ou organisation 2.0 a ainsi progressivement

vu le jour. Selon ce modèle, pour être compétitive, l'entreprise doit reconstruire l'ensemble de

ces modes de management autour de la gestion de la connaissance et de sa représentation en

réseau social. » Selon Aurélie Duzedert4.

Cette reconstruction ne se fait pas sans difficultés et sans heurts, il s’agit d’un processus

pénible qu’Alain Rallet observait déjà en 1989, et qualifiait de « crise de représentation » dans

son article De l’entreprise réseau aux réseaux d’entreprise « La diffusion de réseaux

techniques de communication s’effectue dans un contexte de réorganisation des

entreprises… La réorganisation des entreprises a des causes diverses et présente des aspects

multiformes […] l’entreprise est aussi l’objet d’une crise de représentation : comment se

représente-t-elle aux yeux d’elle-même et de la société ? Des aspects multiformes, car les

efforts portent aussi bien sur l’organisation interne que sur les relations de l’entreprise avec

son environnement. Le processus auquel s’articulent les réseaux est complexe. »5

Avant de nous lancer dans notre étude, d’abord, nous devons définir et délimiter le cadre de

notre sujet, comprendre les présupposés et les sous-entendus qu’il implique.

Analyse syntaxique du sujet

Le terme « réseaux sociaux d’entreprise » est clairement mis en exergue grâce à la

ponctuation symbolisée par « : ». Ce groupe sera donc le cœur de notre étude.

Le postulat implicite exprimé par la préposition « entre » souligne bien l’état intermédiaire

des réseaux sociaux d’entreprise vis-à-vis de la communication institutionnelle et d’une

recherche de la productivité, propre à toute entreprise. Toutefois, une autre acceptation de

« entre » peut être entendue, comme l’expression de l’impossibilité d’être l’un et l’autre

simultanément.

Nous devons donc analyser et déterminer, en tant que sous-entendu, s’il existe une potentielle

incompatibilité entre « communication institutionnelle » et « recherche de productivité » et si

leur association ne fait pas naître un problème.

Motif de la recherche

4 DUZEDERT Aurélie, La connaissance dans les entreprises, La découverte, Paris, 2013, p.69 5 RALLET Alain, « De l'entreprise-réseau aux réseaux d'entreprises. » In: Réseaux, 1989, volume 7 n°36. pp.

119-144.

4

Les nouveaux outils collaboratifs font désormais partie de la communication en entreprise.

Théoriquement, ces outils annulent la dichotomie ancestrale entre communication et

recherche de productivité. Grâce à eux, communiquer au sein d’une entreprise et être

productif n’a jamais été autant aisé tant au niveau de l’incubation d’idées qu’au niveau du

gain de temps réalisé.

Pour autant, leur mise en œuvre est longue et délicate et ils sont toujours des outils

complexes. Le flou présent autour de ces outils laisse penser qu’ils ne sont pas compris et

utilisés à bon escient par les entreprises. En effet, au cours de nos recherches nous avons pu

assister à des conversations officieuses entre collaborateurs, et notamment une, au cours de

laquelle était discutée l’utilité de mettre en place un réseau social d’entreprise alors qu’ils

avaient l’outil de messagerie instantanée « Lync ». Cette confusion ne peut pas être révélatrice

d’une tendance globale, mais elle montre néanmoins le trouble occasionné par l’arrivée de ces

nouveaux outils. Un réseau social d’entreprise n’est pas un outil de messagerie instantanée, ce

n’est pas non plus un média social, et ce n’est pas seulement un nouveau portail intranet.

L’enjeu pour les entreprises aujourd’hui est non seulement d’être complètement ancrées dans

l’ère numérique et le Web 2.0, mais déjà pour les plus avant-gardistes de se tourner vers le

Web 3.0 et mieux encore de participer à sa définition.

Passer à côté des réseaux sociaux d’entreprises, serait effectivement dommageable en termes

de productivité pour les entreprises. Parce qu’à long terme ces outils peuvent être de

véritables avantages comparatifs au sein d’une économie de la connaissance, dans laquelle

nous sommes déjà entrés et dans laquelle l’information stratégique sera la valeur clé, et parce

que nous pensons que les entreprises les plus promptes à avoir la capacité de repenser leur

Knowledge Management seront les plus aptes à s’adapter à cette économie, à la façonner et à

pouvoir en tirer profit.

Objet de la recherche

Il s’agit pour nous d’étudier les réseaux sociaux d’entreprise, mais nous avons choisi un angle

particulier, celui d’un autre phénomène social, « l’appropriation ».

Il conviendrait donc de dire que nous allons procéder à une étude sociologique des réseaux

sociaux d’entreprise, sans rentrer dans un jeu de mise en abîme trop poussé, nous allons nous

intéresser au processus d’intégration des nouveaux outils collaboratifs dans les entreprises.

5

Comme nous l’avons dit précédemment, la mise en place d’un réseau social d’entreprise doit

mener à la construction d’une intelligence collective au sein de l’entreprise. Pour arriver à ce

résultat il faut impliquer toutes les parties prenantes au processus et en premier les salariés,

qui sont les premiers acteurs de cette transformation, mais aussi les premiers contributeurs.

Les salariés seront également les premiers impactés par le changement. Il est donc crucial de

respecter certaines étapes dans la mise en œuvre d’un RSE pour favoriser l’appropriation de

l’outil par tous. De ce fait, il faut déployer des actions de communication à destination des

salariés pour les rendre actifs et proactifs dans la transformation.

Somme toute, les réseaux sociaux numériques d’entreprise sont relativement récents dans le

milieu corporate et depuis quelques années leur nombre a fleuri, les modèles ont évolué,

allant des réseaux publics aux réseaux sociaux privés. Il s’agit donc d’outils utilisés par de

plus en plus de groupes, mais à quelles fins ? Les entreprises ont-elles saisi les enjeux des

RSE ? Leur structure complexe leur permet-elle seulement de les mettre en place ? De se les

approprier ?

Nos recherches nous ont finalement amenées à formuler la problématique suivante :

Problématique : Dans quelle mesure les salariés d’une entreprise peuvent ils s’approprier ces

nouveaux outils pour transmettre leurs compétences et participer à l’émergence d’une

intelligence collective ?

Nous avons également formulé 4 questions de recherches qui découlent de notre

problématique :

1. Qu’est ce qu’un RSE ?

2. Quels sont les buts du déploiement d’un RSE ?

3. Quels sont les ressorts et les leviers pour son appropriation ?

4. Quels usages des RSE permettent de mener vers une intelligence collective ?

Pour orienter notre étude, nous avons formulé des hypothèses a priori qui seront confirmées

ou infirmées par le développement de notre réflexion et notre expérience de terrain

6

Design de Recherche

Notre recherche a été menée selon plusieurs axes différents. Nous avons tout d’abord

effectué une revue de littérature sur les thèmes cruciaux que nous avons dégagés du sujet, à

savoir les trois thèmes que nous avons mis en avant dans notre définition du sujet par ordre

d’importance : les réseaux sociaux d’entreprise et les réseaux sociaux, l’intelligence collective

et la conduite du changement. Pour alimenter nos revues de littérature nous avons eu recours

principalement à des ouvrages de référence publiés mais nous nous sommes aussi servis

d’études parues de différents observatoires, syndicats et organismes référents. Nous avons

consulté des articles numériques de la presse spécialisée on-line auxquels nous avons eu accès

en utilisant les opérateurs booléens dans le moteur de recherche Google.

Notre expérience terrain a été menée selon deux axes : une démarche qualitative et une

démarche quantitative.

Démarche qualitative

Nous avons effectué plusieurs entretiens téléphoniques d’experts de plusieurs

secteurs. Nous avons interrogé trois chargés de communication, dont deux en entreprise et une

en agence de communication. Nous avons interrogés un responsable DSI pour la conduite du

lancement d’un réseau social en entreprise et un consultant en innovation digitale, membre de

l’équipe projet WAT6. Ces entretiens nous ont aidés dans notre approche pratique et

opérationnelle des réseaux sociaux d’entreprise.

Démarche quantitative

Nous avons effectué un recensement auprès des collaborateurs du centre de

recherche de la branche M&S de Total via un outil interne « Vox » qui utilise les droits de

Lime Survey. Nous présenterons cet outil plus en détail dans la troisième partie dédiée à

l’expérience terrain.

Suite à notre réflexion sur le sujet et à notre problématique, nous avons émis

des questions de recherche et des hypothèses qui nous ont guidées tout au long de notre étude

pour répondre au mieux à notre questionnement. Nous avons confirmé ou infirmé ces

hypothèses grâce aux éléments de réponse que nous avons fournis lors du développement de

notre étude.

6 WAT : nouveau réseau social d’entreprise lancé par Total.

7

Il faudra prendre en compte les limites intrinsèques liées à notre expérience de terrain,

à savoir, le caractère instantané des recherches et des résultats. Comme il s’agit d’un

lancement en temps réel, les résultats apportés par le sondage effectué auprès des

collaborateurs du centre de recherche ne pourront être complétés par des sondages postérieurs.

Toutefois, pour pallier ce manque, nous nous servirons des différentes études déjà parues à ce

sujet.

Structure du mémoire

Pour réaliser notre étude sur le concept des réseaux sociaux d’entreprise, nous avons décidé

de nous concentrer sur les entreprises installées en France, car elles sont soumises à la même

législation. Notre mémoire est construit selon une approche scalaire allant du général au

particulier. Cette approche nous permet de mettre en évidence des phénomènes généraux et

d’émettre des hypothèses que nous déclinerons selon notre point de vue d’observation. Pour

ce faire, nous avons mis en place deux premières parties générales pour étudier les

phénomènes sociaux et les outils collaboratifs de manière globale et une troisième partie

davantage empirique axée sur notre expérience terrain et les retours sur les hypothèses de

recherche que nous avons formulées. Finalement, nous pourrons dégager des tendances et

proposer des recommandations à la fois générales et spécifiques pour notre étude de terrain.

8

PREMIERE PARTIE : ÉTAT DES LIEUX DES RSE

9

Introduction à la première partie

Les réseaux sociaux d’entreprise sont encore flous pour beaucoup de décideurs, et beaucoup

de personnes, c’est pourquoi nous nous attacherons dans cette première partie à « lever le

voile » sur ces nouveaux outils. Dans un premier chapitre nous nous attacherons à définir

toutes les notions clés qui gravitent autour du réseau social d’entreprise, nous verrons

particulièrement le lien entre réseau social et réseau social d’entreprise (§A). Dans un second

temps, nous retracerons les évolutions technologiques qui ont conduit à l’avènement des

réseaux sociaux d’entreprises sous la forme actuelle (§B). Enfin, en deuxième chapitre de

cette partie, nous serons amenés à dresser un panorama du marché des réseaux sociaux

d’entreprise, ce qui nous permettra d’analyser l’environnement dans lequel ils évoluent et

nous proposerons une analyse des différentes solutions en fonction des usages prépondérants

des réseaux sociaux d’entreprise.

10

Chapitre I : Du réseau social au réseau social d’entreprise

11

A) Définition des concepts clés

autour du réseau social

d’entreprise

Tout d’abord, comment parler de réseau social d’entreprise (RSE) sans aborder le

concept de réseau social ? Avant de réfléchir davantage sur notre problématique, il convient

de définir ce qu’est un réseau social et les méthodes qui existent aujourd’hui pour les étudier

et les comprendre. Nous verrons les spécificités qu’il revêt en tant qu’objet d’étude

sociologique. Certes, il ne s’agit pas de l’objet sociologique « réseau social » qui est au cœur

de notre sujet. Si les réseaux sociaux d’entreprise se font la représentation informatique d’un

réseau social (objet sociologique) préexistant, il est capital pour nous d’appréhender ce qu’est

un réseau social. Enfin, comment parler de réseau social d’entreprise, sans parler également

de l’entreprise ? Car c’est bien l’entreprise qui donne toute sa particularité au réseau social

informatique en question, c’est bien l’entreprise qui est ici le lieu physique et psychologique

du réseau social, qui est le théâtre de ces bouleversements, et qui influe sur ces nouveaux

outils de plusieurs manières.

1. Qu’est-ce qu’un réseau social

Est-il capital de se pencher sur la notion de réseau social concernant l’étude des réseaux

sociaux d’entreprise ? Nous pensons que oui, et c’est en interviewant Antonin Grêlé que nous

avons pu comprendre pourquoi :

Encadré n° 1 : extrait de l’entretien avec Antonin Grêlé, le 10 juillet 2015

« Parler de réseau social d’entreprise, c’est en fait un abus de langage, je parle plutôt de réseau

social informatique. Le réseau social d’entreprise est physique, il préexiste dans l’entreprise au

réseau social numérique. Le logiciel n’est qu’une représentation informatique d’une communauté

physique.»7

Alors, qu’est-ce qu’un réseau social ? Nous étudions dans ce mémoire les réseaux sociaux

informatiques, en tant qu’outils et même si le réseau social physique et le réseau social

informatique ne sont pas les mêmes objets d’étude et même si l’approche sociale des réseaux

sociaux dépasse le cadre des réseaux sociaux d’entreprise, elle est néanmoins indispensable

7 Cf. annexe n°3

12

pour comprendre les interactions et les articulations entre les différents membres d’un réseau

social informatique et analyser les phénomènes qui s’y jouent.

Si l’on se réfère à l’étymologie de « réseau », ce mot vient du latin rétis, soit « filet » qu’il

nous faut comprendre selon son acceptation d’époque : « ouvrage formé d’un entrelacement

de fils » selon la définition qui nous est donnée par Le Littré. Avant le XVIIIe siècle et

pendant de nombreuses années, le terme de « réseau » n’était employé que dans le champ

scientifique pour désigner le réseau sanguin ou le réseau nerveux. C’est pendant la révolution

industrielle, à partir du XVIIIe et tout au long du XIXe siècle, que son emploi va évoluer pour

décrire le maillage de chemins, de routes et de voies ferrées d’une région ou d’un pays. Ce

n’est que plus tard au XIXe siècle que son emploi va basculer dans le domaine sociologique

« Le terme, à mesure qu’il s’enrichissait ainsi par extension et glissement de registres

métaphoriques superposés, s’est alors progressivement détaché des objets concrets qu’il

servait primitivement à nommer, pour finalement désigner un certain nombre de propriétés

générales intimement entremêlées : l’entrelacement, mais aussi le contrôle et la cohésion, la

circulation, la connaissance et la représentation topologiques. »8.

Certains pensent qu’il a été repris dans le champ social dès le XVIIe siècle : « Au XVIIe

siècle, on parle du réseau janséniste. La philosophie des Lumières au XVIIe siècle assura la

diffusion de ces écrits sous une forme de réseau. On parle également des réseaux

opérationnels du Komintern en 1930. On trouve également une extension de ce terme pour

désigner les réseaux de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. »9. Ce n’est donc

qu’assez tard dans l’utilisation du terme réseau, que son acception sociologique est apparue et

pendant assez longtemps, aujourd’hui encore, le terme de « réseau » a été porteur d’une

connotation péjorative ; « le réseau est une société secrète, une organisation clandestine, un

pouvoir occulte »10.

Depuis quelques années maintenant, parallèlement aux anciennes utilisations du terme

« réseau » en sont apparues de nouvelles, soutenues par l’essor du secteur informatique et des

nouvelles technologies de l’information et de communication (NTIC). Aujourd’hui le terme

est communément usité pour désigner des ensembles d’axes de circulation virtuels comme les

réseaux téléphoniques. Internet est devenu « le réseau des réseaux » ou sublimé en tant que

8 MERCKLE Pierre, Sociologie des réseaux sociaux, La découverte, 2011, Paris, p.7 9 BANTMAN Patrick, « Le concept de réseau », VST - Vie sociale et traitements 1/2004 (no 81), p. 18-19 10 MERCKLE Pierre, Sociologie des réseaux sociaux, La découverte, p.8

13

« le Réseau » et nous avons pris l’habitude d’appeler « réseaux sociaux », les fameux sites

d’échanges, de mise en relation, et de partage tel que Facebook.

Claire Lemercier, dans son article « Analyse de réseaux et d’histoire »11 remarque que

« Aujourd’hui le mot « réseau » est partout[…] y compris en histoire : réseaux de famille,

d’alliance, de parenté, de proximité, de voisinage, entourage, espace de connivence, chaînes

de connaissances, réseaux de fidélité, d’amitié, de clientèle, de sociabilité, de pouvoirs, de

crédits, d’origine, réseaux marchands, intellectuels, professionnels, clandestins,

diplomatiques, religieux. »

La naissance du réseau social est très ancienne, certains même la font remonter au moment où

l’homme est apparu et s’est constitué en groupes de personnes. Pourtant, nous devons bien

constater que même si le terme de réseau était utilisé dans le domaine sociologique il y a

quelques siècles, il ne s’agissait pas encore du concept de « réseau social » tel que nous le

connaissons aujourd’hui. La notion de « réseau social » n’a été formalisée qu’en 1954. C’est

en effet à l’école de Manchester, école de pensée sur l’anthropologie, dans la publication d’un

article12 de John A. Barnes, que l’expression apparaît pour la première fois.

Figure n° 1 : John A. Barnes

Après avoir passé deux ans à étudier l’organisation sociale d’une petite île

de Norvège nommée Bremnes, il dégage trois domaines sociaux : le

premier territorial et administratif, le second industriel, organisé autour de

la pêche et enfin le troisième désigne « les relations informelles entre

individus formellement égaux »13. C’est pour illustrer ce dernier domaine

que Barnes utilise l’expression de « réseaux sociaux ». Il est depuis

considéré comme leur fondateur.

11 LEMERCIER Claire, « Analyse de réseaux et histoire. », Revue d’histoire moderne et contemporaine 2/2005

(no52-2), p. 88-112 12 BARNES John A, traduit de l'anglais par Grange Jean, « Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège.

», Réseaux 6/2013 (n° 182), p. 209-237 13 MERCKLE Pierre, Sociologie des réseaux sociaux, La découverte, 2011, Paris, p. 12

Source :

www.sms.hypotheses.org/

14

L’idée principale qui constitue sa théorie est que nous nous développons tous au sein de

groupes, que chaque personne au sein d’un groupe représente un nœud et que les articulations

entre ces nœuds, les relations entre les individus, génèrent du lien. Ces liens ne cessent de

changer, de se faire et de se défaire, de se multiplier et toutes ces interactions créent un réseau

d’individus à l’infini. Ses théories seront démontrées empiriquement plus tard par Stanley

Milgram en 1967, connu également pour ses travaux sur la soumission à l’autorité. Il étayera

les recherches de Barnes avec l’expérience dite « du petit monde ».

Encadré n°3 : Stanley Milgram et l’expérience du « petit monde »

« Pour l’expérience de Milgram, un agent de change de Boston a été choisi comme « individu-cible »,

et trois groupes de départ d’une centaine de personnes chacun ont été constitués aléatoirement, l’un

composé d’habitants de Boston choisis au hasard, le deuxième d’habitants du Nebraska choisis au

hasard et le troisième d’habitants du Nebraska aussi, mais qui présentaient la particularité d’être

détenteurs d’actions. Chaque individu de ces groupes de départ recevait un dossier décrivant

l’expérience et l’individu-cible et avait pour mission de faire parvenir ce dossier par la poste, soit

directement à l’individu cible s’il le connaissait personnellement, soit à une personne qu’il

connaissait personnellement et qui aurait eu une plus grande probabilité de connaître

personnellement l’individu-cible.

Sur les 296 individus des groupes de départ, 217 ont accepté de participer à l’expérience et ont

expédié le dossier à une de leur connaissances, et finalement, 64 dossiers sont parvenus jusqu’à

l’individu-cible, au terme de chaînes de connaissances de longueurs variables, mais dont la longueur

moyenne était de 5,2 intermédiaires. »15

Ce que tend à prouver cette expérience est non seulement la non-finitude d’un réseau social

mais nous voyons également la proximité qui nous relie à tout individu, soit 5 intermédiaires.

Cette expérience démontre l’efficacité relationnelle amenée par l’organisation en réseau. Nous

pensons qu’il s’agit du point de départ de nos réseaux sociaux d’entreprise, et de la finalité de

14 BARNES John A, traduit de l'anglais par Grange Jean, « Classes sociales et réseaux dans une île de Norvège.

», Réseaux 6/2013 (n° 182), p. 209-237 15 MERCKLE Pierre, Sociologie des réseaux sociaux, La découverte, 2011, Paris, p. 13

Encadré n° 2 : définition du réseau social par John A Barnes

« J’imagine une série de points qui seraient, pour certains d’entre eux, reliés par des lignes. Les points

sont des individus, ou parfois des groupes, et des lignes indiquent les interactions qu’ils ont entre

eux ».14

15

la mise en réseau des organisations : un accès plus rapide à la cible voulue grâce au réseau

social. Mais de ces réseaux sociaux à nos réseaux sociaux informatiques, il y a un gouffre,

d’un côté : un objet social et de l’autre côté : un outil technologique, alors comment pouvons-

nous appréhender nos outils informatiques qui tendent à reproduire les réseaux sociaux

physiques avec la frontière intrinsèque de l’entreprise ? Nous allons voir que l’étude des

réseaux sociaux permet différentes approches, notamment l’individualisme méthodologique et

le holisme mais nous nous attacherons à l’approche relationnelle ou structurale qui nous

permettra d’étudier le phénomène d’appropriation des outils collaboratifs via les relations

offertes et mises en avant par ces outils.

2. Les différentes approches du

réseau social

Il existe donc plusieurs grands mouvements de pensée concernant l’étude des réseaux

sociaux et plus généralement des phénomènes sociaux. Deux de ces mouvements se sont

construits en opposition et défendent des points de vue contraires. Nous allons maintenant

tâcher d’exposer ces différentes approches sociologiques, voir ce qu’elles nous apportent pour

la compréhension des réseaux sociaux d’entreprise.

2.1 L’individualisme méthodologique

Il y a d’une part ce que l’on appelle l’individualisme méthodologique qui est une

approche qui consiste d’abord à se baser sur l’agrégation d’actions individuelles et ensuite à

comprendre ces actions individuelles afin de justifier les phénomènes sociaux. Alexis de

Tocqueville et Max Weber sont considérés comme les pères fondateurs de cette approche.

D’autres auteurs importants ont apporté leur contribution, on se souvient notamment de

Raymond Boudon, E. Goffman, G. Becker… Pour expliquer sa démarche Max Weber écrit

cette fameuse lettre adressée à R. Liefman le 9 mars 1920, dont voici un extrait : « Si je suis

devenu sociologue (comme l'indique mon arrêté de nomination), c'est essentiellement pour

mettre un point final à ces exercices à base de concepts collectifs dont le spectre rôde

toujours. En d'autres termes, la sociologie, elle aussi, ne peut procéder que des actions d'un,

de quelques, ou de nombreux individus séparés. C'est pourquoi, elle se doit d'adopter des

méthodes strictement "individualistes". »16 Toutefois, le terme « individualistes » est mis entre

guillemets, en effet le terme n’est pas à prendre au sens éthique, au sens où l’individu est le

16 BIRNBAUM Pierre, Sur l’individualisme, Paris, Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) « Références », 1991,

380 pages.

16

point de référence infranchissable. C’est pour cela que l’approche a pris le nom

d’individualisme méthodologique, car dans l’acception méthodologique, la notion

d’ « individualisme » s’oppose à la notion de « holisme ».

2.2 L’approche Holiste

A l’inverse, on trouve l’approche holiste qui consiste à se baser sur les phénomènes

sociaux pour expliquer les actions individuelles. Le terme de « holisme » a été utilisé pour la

première fois par Jan Smuts en 1926 qui l’employait alors pour désigner le processus par

lequel la nature peut former des entités plus grandes que la somme des parties dont elles sont

composées. Pour les tenants de l’holisme, tels qu’Emile Durkheim ou Pierre Bourdieu, qui

pourtant ne se sont jamais appelés et revendiqués « holistes », la structure prime l’individu et

ne se réduit pas à l’addition d’actions individuelles. Elle peut même appliquer des contraintes

sur les individus. Toutefois, les phénomènes sociaux sont vus différemment par ces deux

sociologues, ainsi pour Durkheim, le holisme se définit selon trois critères suivants : les

explications des comportements individuels et les explications de phénomènes résultant de

l’agrégation des comportements individuels diffèrent ; les caractéristiques et l’identité des

individus ne sont pas pris en considération dans l’explication et enfin les régularités

sociologiques ne correspondent pas à des régularités psychologiques.17

De l’autre côté les théories holistes, que défend Bourdieu, sont forgées autour de trois critères

différents : les comportements individuels sont conçus comme des phénomènes sociaux ; les

comportements individuels et les phénomènes qui résultent de l’agrégation de comportements

individuels s’expliquent de la même façon par d’autres phénomènes sociaux ; les régularités

psychologiques s’expliquent, en grande partie, par des variables macrosociologiques.

2.3 Approche structurale ou « relationnelle »

Le cœur de notre étude est d’analyser un phénomène social, soit l’appropriation de

nouvelles technologies, au sein d’une entreprise. Il s’agit donc d’un processus à étudier au

niveau de l’organisation mais se limiter à cette approche collective du processus nous

empêcherait de voir comment il se déroule au niveau du collaborateur lui-même. C’est

pourquoi nous présentons désormais, l’approche relationnelle d’un réseau social :

L’approche structurale se situe entre les deux mouvements opposés de l’holisme et de

l’individualisme méthodologique. « L’analyse structurale permet de lier les niveaux

17 MAGNI-BERTON Raùl, « Holisme Durkheimien et Holisme Bourdieusien », Presses Universitaires de

France, L'Année sociologique 2008/2 (Vol. 58), p. 299-318

17

d’analyse « micro », « méso » et « macro ». Elle peut en effet fournir des indicateurs

décrivant la position de chaque individu dans le réseau étudié, des données sur les groupes

« cohésifs » qui peuvent s’y distinguer et un résumé de la structure d’ensemble (frontières

internes, hiérarchies…). »18

Pour compléter cette définition, l’approche structurale du réseau social d’Emmanuel Lazega

nous dit qu’« un réseau social est défini méthodologiquement comme un ensemble de

relations spécifiques : collaboration, soutien, conseil, contrôle ou encore influence, entre un

ensemble fini d’acteurs. »19 L’auteur précise que la notion de finitude n’est pas à prendre « au

pied de la lettre » car « un ensemble social n’est jamais réellement fini et ses frontières sont

constamment négociées de manière stratégique, du « dedans », comme du « dehors » ».

A ce propos, Claire Lemercier nous rappelle que « Se confronter à l’analyse de réseaux

amène en particulier à donner toute leur place aux questions de frontière ou de hiérarchie :

ce n’est pas parce qu’il y a « du réseau » qu’il n’y a qu’un (ou des) groupe(s) uni(s) et

solidaire(s), sans domination, incompréhensions, contrôle d’un seul sur les échanges ou

rupture. »20

La question est alors de savoir à quelle échelle observer le réseau pour le définir, quelle

« finitude » lui donner pour pouvoir l’appréhender et comprendre les interactions qui s’y

jouent ?

Notre étude nous donne intuitivement la frontière du réseau sur lequel nous nous

concentrerons, qui est définie par le cadre de l’entreprise. Toutefois, comme le précise

Emmanuel Lazega, ce cadre peut s’étendre si l’entreprise intègre dans son réseau ses

prestataires, ses fournisseurs mais aussi ses clients.

Du point de vue structural l’appréhension d’un réseau social passe de manière sine qua none

par deux éléments : le nombre d’unités élémentaires dont il est composé et son étendue

globale. L’unité élémentaire a été définie par Alexis Ferrand en 1997 comme étant « un sous-

ensemble typique, dont la répétition forme la totalité du réseau (…) le réseau n’a pas d’autre

échelon structural pertinent que celui-ci. ».21

18 LEMERCIER Claire, « Analyse de réseaux et histoire. », Revue d’histoire moderne et contemporaine 2/2005

(no52-2), p. 88-112 19 LAZEGA Emmanuel, Réseaux sociaux et structures relationnelles, PUF, Paris, 2007, p.8 20 LEMERCIER Claire, « Analyse de réseaux et histoire. », Revue d’histoire moderne et contemporaine 2/2005

(no52-2), p. 88-112 21 LAZEGA Emmanuel, Réseaux sociaux et structures relationnelles, PUF, Paris, 2007, p.29

18

Plusieurs théories ont vu le jour pour étayer cette première approche et d’autres

définitions ont été apportées. Georg Simmel, précurseur en termes d’approche des réseaux

sociaux est considéré comme pionnier dans l’approche relationnelle. En effet, son célèbre

essai « Les Pauvres » de 1908 montre son approche au niveau intermédiaire. Selon lui la

pauvreté comme caractéristique de l’individu n’est pas suffisante pour faire entrer l’individu

dans la catégorie des « pauvres ». Il estime que c’est à partir du moment où il est assisté que

l’individu entre dans cette catégorie. Ce groupe ne peut être expliqué par l’agrégation des

comportements individuels, soit la pauvreté, mais il est constitué par l’attitude que la société

adopte à son égard.

3. L’entreprise : un objet social à

part entière

Comment considérer l’entreprise ? Nous avons vu antérieurement que la plupart

d’entre elles subissaient aujourd’hui de profondes transformations, notamment digitales. Mais

bien avant cela, l’entreprise était déjà un objet d’étude particulier avec ses propres spécificités

et contradictions. L’entreprise est le champ social de notre étude et nous devons remarquer

qu’elle peut être appréhendée selon deux entités : l’entreprise physique avec ses salariés et

tous les acteurs qui la composent et l’entité morale. Pour étudier le processus d’appropriation

d’un RSE nous nous attacherons à l’aspect physique de l’entreprise.

Une entreprise est « une organisation qui rassemble des moyens techniques, financiers

et humains pour produire des biens et des services. »22 Cette définition donne les grands traits

de l’objet sociologique « entreprise » et nous constatons que les entreprises ont évolué et subi

des transformations pour « atteindre des formes complexes et sophistiquées »23. La première

spécificité de l’entreprise qu’il nous paraît important de mettre en lumière est l’ancienne (mais

toujours bien ancrée) supposée contradiction entre communication et productivité. En effet,

l’entreprise a un besoin intrinsèque de « faire du business », c’est son objectif premier et son

existence en dépend.

Or, la communication ne remplit pas cet objectif en tout cas de manière directe. Une

action de communication institutionnelle, interne aussi bien qu’externe ne vise pas à faire

évoluer les ventes, a contrario du marketing, mais tout d’abord ce que l’on appelle l’opinion.

La communication institutionnelle promeut l’image et la réputation de l’entreprise, qu’il

22 GARNIER Alain, le réseau social d’entreprise, Lavoisier, Paris, 2011, p.39 23 Ibid.

19

s’agisse de salariés, des journalistes ou encore du grand public, c’est la donnée qu’elle

s’efforce de faire évoluer de manière positive. Bref, la communication institutionnelle

s’attache au capital immatériel de l’entreprise et non pas au matériel, c’est-à-dire à tout ce qui

n’est pas mesurable en terme de Return On Investment (ROI), tout ce qui n’est pas

financièrement maîtrisable. Pourquoi ? Car de nombreuses études ont prouvé que le capital

immatériel d’une entreprise influence énormément l’acte d’achat ou de non-achat, la

motivation des salariés, l’attractivité d’une entreprise et donc indirectement la rentabilité

d’une entreprise.

Dans le cadre de notre étude nous allons nous intéresser davantage aux parties-prenantes

internes de la communication institutionnelle. En effet, ce sont les salariés les premiers visés

par les transformations technologiques et l’appropriation de nouveaux outils collaboratifs.

La communication institutionnelle à l’échelle de l’entreprise est en effet limitée à la

communication interne et à l’organisation des moyens de communications en interne. En ce

qui concerne l’organisation de l’entreprise, là encore, nous devons remarquer la spécificité de

notre cadre d’étude. D’abord verticale, l’organisation interne était rigide, elle intégrait une

forte hiérarchisation des circuits décisionnels, il n’y avait en quelque sorte qu’un seul type de

communication : « décision-exécution ». A bien des égards, cette organisation a évolué au fil

du temps et les parois rigides peu à peu se sont décloisonnées, pour laisser la place à de

nouveaux modes de travail, de nouveaux modes de management dans lesquels la

communication et la productivité ne sont plus contraires. Nous pensons que grâce aux réseaux

sociaux d’entreprise : communiquer c’est produire, produire de l’information stratégique et

créer de la valeur pour la partager et enrichir l’entreprise.

4.Quelle différence entre un réseau

social et une communauté ?

Si le réseau social est un ensemble d’unités élémentaires qui interagissent entre elles

de multiples façons, en quoi le réseau social est-il différent d’une communauté ? La

différence est d’autant plus importante à saisir en ce qui concerne les réseaux sociaux

d’entreprises, qui nous le verrons fonctionnent principalement grâce aux communautés.

Anthony Poncier nous donne la définition du terme « communauté » du dictionnaire de

sociologie Le Robert24 « La communauté est un ensemble social dont les membres partagent

24 PONCIER Anthony, Les réseaux sociaux d’entreprise : 101 questions, Paris : Diaetino, 2012, p.31

20

des valeurs et se reconnaissent des liens forts d’appartenance de chacun à chacun avec le

tout communautaire. Ces communautés ont donc un but commun et un lieu, virtuel ou réel, où

se réunir. » Cette prise de conscience identitaire leur permet de revendiquer une identité

commune qui se crée autour de règles de fonctionnement, des traditions, des rites et qui se

développe dans un espace défini par des frontières et un langage propre.

Une communauté est donc bien loin d’un simple regroupement de personnes dans un même

lieu. Dans les entreprises il existe souvent déjà des communautés, qu’elles soient

informatiques ou non. Elles peuvent être créées, et développées puis perdurer sans réseau

social. Ce qui différencie la communauté du réseau social, c’est précisément cet effet

« réseau » qui est absent et ne permet pas aux membres de la communauté de se connaître en

dehors des limites de cette communauté.

5. Les différentes déclinaisons d’un

réseau social informatique

Après avoir exposé et tenté de définir les concepts clés qui gravitent autour de la notion de

réseau social d’entreprise, il convient à présent de détailler les différents aspects que les

réseaux sociaux numériques peuvent prendre aujourd’hui. Ils ont en commun d’être issus

d’Internet et majoritairement sous forme de Software as a Service (SaaS) c’est à dire qu’un

utilisateur peut y accéder directement en ligne.

Il existe trois grandes familles de réseaux sociaux :

La première catégorie regroupe les réseaux sociaux grand public personnels qui sont

apparus à partir des années 2000. Ces réseaux sociaux numériques sont à destination du plus

grand nombre et ciblent les individus. Leur objectif premier est de mettre en contact des

« connaissances » et de pouvoir échanger avec ces personnes. D’autres fonctionnalités

permettent de partager ce que nous ressentons ou sommes en train de faire, des photos, des

vidéos et d’autres contenus…Somme toute, il est possible de dire ce que l’on veut de soi.

Dans cette catégorie de réseaux sociaux informatiques, Facebook est le leader totalisant un

nombre d’utilisateurs équivalent à la population de ce que serait le 3ème pays le plus peuplé

du monde derrière l’Inde et la Chine. Toutefois, ces réseaux sont régulièrement pris à partie et

remis en cause concernant leur rapport à la protection des données privées et confidentielles

des utilisateurs. Ces données sont utilisées par le réseau pour établir des logiques de filtrage

par affinités et c’est précisément cet accès à nos données privées qui pose problème.

21

La deuxième catégorie regroupe les réseaux sociaux grand public professionnels. Les

deux exemples les plus connus sont l’américain LinkedIn et le français Viadeo. Un réseau

social professionnel est lui aussi ouvert à tous mais il cible davantage une catégorie de

personnes, celles qui sont en activité professionnelle ou en recherche. Les principales

fonctions de ces réseaux offrent la possibilité à un utilisateur d’entrer en contact avec des

collègues ou des personnes avec qui il a pu travailler dans le passé ou indirectement, des

prestataires, des clients, des fournisseurs… Il s’agit, via ces réseaux, d’améliorer sa notoriété

professionnelle en communiquant ses propres informations professionnelles : identité, nom du

poste, entreprise, parcours professionnel et scolaire, centres d’intérêts… Ils tendent de plus en

plus à devenir de véritables CV en ligne. La spécificité de ces réseaux réside dans les

recommandations que chaque utilisateur peut attribuer à un autre.

Les réseaux sociaux d’entreprise sont considérés comme la troisième catégorie. Ils

sont l’objet de notre étude. Il s’agit de logiciels édités pour une utilisation interne à

l’entreprise, uniquement visibles des salariés et/ou d’autres parties-prenantes comme les

prestataires, les clients ou les fournisseurs. Il existe plusieurs types de réseau social

d’entreprise, avec différentes orientations et spécialisations. Dans son livre25 Alain Garnier

fait la séparation entre les réseaux sociaux d’entreprise qui ont vocation à accueillir du

contenu pérenne et ceux ayant une extension sociale visant à favoriser les échanges entre les

utilisateurs. Nous ne ferons pas cette distinction car aujourd’hui cette extension sociale est

devenue courante et est intégrée à la plus grande majorité des logiciels utilisés par les

entreprises. « La mise en place d’un réseau social d’entreprise va permettre d’améliorer le

fonctionnement de l’entreprise grâce à un développement des interactions entre les membres

du réseau »26

B) Le réseau social d’entreprise :

son histoire

1. L’avènement de l’informatique :

les nouvelles télécommunications

25 GARNIER Alain, Le réseau social d’entreprise, Lavoisier, Paris, 2011 26 PONCIER Anthony, Les réseaux sociaux d’entreprise : 101 questions, Diaetino, Paris, 2012, p.39

22

Les avancées technologiques réalisées ces dernières années en matière de

télécommunications ont transformé le monde de l’information. Elles ont construit un nouveau

monde dans lequel l’information est facile d’accès pour un grand nombre, même distants de

plusieurs milliers de kilomètres.

Le premier point sera consacré à l’émergence des nouvelles technologies qui ont

permis le développement des réseaux sociaux d’entreprise. Quelle est l’histoire des réseaux

sociaux d’entreprise ? D’où viennent-ils ? Ont-ils été précédés par d’autres outils ? Quel est

leur historique ?

Le terme de réseau et de réseau social est, nous l’avons vu, usité depuis plusieurs

siècles dans le domaine technologique comme social. Avant d’en arriver aux réseaux sociaux

d’entreprise tels que nous les concevons aujourd’hui. Il est donc essentiel d’étudier l’histoire

de ces réseaux. En effet, d’autres outils qui préfiguraient l’ère numérique ont été développés

durant le XXe siècle aux Etats-Unis et en Europe bien avant l’arrivée d’Internet. Depuis

Internet également, il existe des outils web 2.0 et réseaux informatiques qui ont été mis en

place dans les entreprises, prémices des réseaux sociaux d’entreprise. Nous nous attacherons

donc à retracer l’évolution des réseaux de manière chronologique afin d’identifier pleinement

leurs origines et leur nature.

Avant même de parler du plus connu des réseaux informatiques : Internet ; les Etats-

Unis avaient mis en place l’un des premiers réseaux de communication : la Citizen Band. Il

s’agissait d’un système de télécommunication permettant de communiquer par émetteurs-

récepteurs à faible puissance et à courte distance. Le système arrivait en France en 1960 et fut

suivi dans les années 80 par la diffusion des Minitel, distribués gratuitement par la Direction

Générale des Télécommunications. Les Minitels furent utilisés par quelques 25 millions de

personnes en France et donnèrent naissance aux premiers forums informatiques appelés alors

« messageries conviviales ». Alors en avance sur les Etats-Unis grâce à cet outil, la France n’a

pas réussi à l’emmener vers un réseau semblable à Internet, les limites technologiques étant

trop nombreuses : réseau fermé et propriétaire, et surtout totalement contrôlé par l’Etat.

Finalement, le minitel n’avait pas d’intelligence locale, s’il n’était pas connecté il ne servait

strictement à rien.

En parallèle, les Personal Computer (PC) ont émergé à la fin des années 1970, le

groupe IBM étant le premier à avoir diffusé un ordinateur en août 1981. Trois prototypes

existaient déjà : l’Apple II de Apple, le TRS-80 de Tandy et le PET 2001 de Commodore

23

mais la nouveauté technologique introduite par IBM, son système d’exploitation MS-DOS, est

à l’origine du développement à l’échelle industrielle des ordinateurs.

Ces nouvelles machines et leur industrialisation ont permis le développement de

nouveaux services communautaires aux Etats-Unis, appelés les Bulletin Board System (BBS).

Ancêtres des réseaux sociaux, ils pouvaient être développés à partir d’un ordinateur, d’un

téléphone ou d’un modem. Ils étaient constitués de deux majeures parties : la partie

« conférences » qui s’apparente à des forums aux sujets variés et la partie « fichiers ». Il

existait deux types de conférences : d’une part, les conférences locales qui servaient aux

utilisateurs d’un même BBS à communiquer entre eux, et comme la portée d’un BBS est

locale cela permettait de rentrer en contact avec des gens habitant souvent le même quartier.

D’autre part, les conférences nationales et internationales qui permettaient d’échanger sur des

sujets variés avec des utilisateurs du monde entier. La partie « fichier » des BBS, comme son

nom l’indique, était destinée, entre autres à l’échange de fichiers mais il était également

possible de télécharger et de jouer à des jeux à plusieurs ou encore de consulter les actualités.

Figure n° 2 : Page d’accueil d’un des grands BBS : Exec-PC dans les années 80

Source : www.espace-numerique.fr

Un autre outil de communication eut un retentissement mondial pendant la dissolution de

l’URSS et la première guerre du Golfe, il s’agit de l’Internet Relay Chat (IRC) développé par

Jarkko Oikarinen et Darren Reed en 1988. Cette technologie permettait d’allier le téléphone et

l’écrit d’une discussion en ligne une sorte d’ancien Twitter. Cette technologie n’était pas

prévue pour le grand public mais sous l’impulsion de quatre chercheurs israéliens, elle devint

ce que nous appelons l’Instant Messagerie (IM). Toutes ces évolutions et nouvelles

technologies ont abouti à la mise en place du Réseau, celui que nous utilisons tous les jours :

24

Internet. C’est à partir de ce moment que les outils collaboratifs qui préfiguraient les RSE ont

commencé à se mettre en place.

2. Les débuts d’Internet

En effet, la véritable révolution en matière de réseau informatique se produit avec

l’arrivée du réseau Internet. L’idée est née en 1966, dans un contexte de dissensions entre les

États-Unis et la Russie. Ce n’est pas du réseau Internet dont il s’agit à cette époque mais d’un

programme de défense nommé Arpanet. Le réseau est lancé en 1969 par l’agence Defense

Advanced Research Projects (DARPA), il s’agissait d’un réseau exclusivement destiné à

l’usage militaire afin d’échanger des informations entre militaires et universités, mais aussi de

tester de nouveaux processus de transmission de données.27

Figure n° 3 : Le réseau Arpanet en 1982 – 88 ordinateurs connectés entre-eux

Source : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/

Basé sur l’échange de données, de nouveaux outils lui ont été ajoutés et c’est ainsi que le

premier courrier électronique, e-mail, a été envoyé en 1972. C’est également à cette période

qu’une partie de l’ARPAnet est mise à part du projet pour devenir le réseau Internet.

Il faudra attendre le début des années 1990, en 1991 exactement, pour que le World Wide Web

ouvre ses portes au grand public.

Internet est un réseau informatique mondial, le plus grand réseau à ce jour. Il est composé de

plusieurs réseaux nationaux, régionaux et privés. Le réseau internet est basé sur une unité

27 La petite histoire d’Internet : https://www.youtube.com/watch?v=JGeWrjxuBuM

25

élémentaire de communication : les TCP et les IP, soit Transmission Control Protocol et

Internet Protocol.

Il faudra attendre les années 2000 pour que l’on parle de « web 2.0 », expression apparue chez

Tim O’Reilly qui marque le début d’un web participatif, social et qui fait appel à

l’intelligence collective.

L’apparition d’Internet est le point de départ des bouleversements qui touchent les entreprises.

Que ce soit au niveau informationnel, structurel (réseaux & communautés) ou organisationnel.

Internet et les évolutions qui ont suivies ont défini les réseaux sociaux d’entreprises tels que

nous les connaissons aujourd’hui.

3. Les premiers outils collaboratifs

du Web 2.0

Les premières formes d’outils collaboratifs qui ont émergé sur le Web 2.0 ont pris aujourd’hui

le nom de médias sociaux. Il est pertinent de les présenter dans notre étude car

chronologiquement antérieurs aux réseaux sociaux d’entreprise, ils ont été des modèles pour

l’architecture et les fonctions intégrées dans ces derniers.

3.1 Les blogs

Si tout le monde ou presque a déjà vu ou tenu un blog, rappelons qu’un blog est « une

suite de billets ou articles publiés par ordre chronologique mais également accessible par des

tags pour pouvoir naviguer de manière transversale et par thème. »28

Les blogs se sont développés comme un phénomène de masse « les blogs ont explosé au

début des années 2000, passant d’un million en 2004 à plus de 63 millions en 2006 »29 .

Le blog a souvent été perçu comme un journal intime destiné aux particuliers, un

endroit d’expression libre et personnelle. Ce n’est que plus tard que le blog va être repris par

les experts comme moyen passif de créer un site web, contenant et diffusant des informations

et une visée conversationnelle. Les médias traditionnels ont eux aussi adoptés cette nouvelle

forme d’expression et l’ont souvent rajouté à leurs sites web traditionnel(s), souvent animé(s)

par un ou plusieurs journalistes qui y expriment points de vue et opinions. Les plateformes de

blogs ont largement facilité le processus de lancement pour les particuliers, souvent gratuites,

il ne fallait que choisir son thème et le personnaliser.

28 GARNIER Alain, le réseau social d’entreprise, Editions Lavoisier, Paris, 2011, p.62 29 Ibid.

26

Les entreprises se sont donc aussi, presque naturellement, tournées vers ces outils très

peu onéreux et pratiques. Beaucoup d’agences de communication ont d’ailleurs ouvert un

blog à côté de leur site web, afin de parler de manière plus directe et moins institutionnelle à

leurs publics. Nous remarquons l’exemple particulièrement réussi du blog de l’agence de

communication parisienne Auditoire.30

Un réseau social d’entreprise peut se concevoir comme un blog, car on y retrouve presque les

mêmes fonctionnalités, un utilisateur partage une information avec un public visé. Les RSE,

pour la plupart, ont tout de même la particularité de pouvoir paramétrer l’audience de

l’information diffusée. De même que le blog s’adresse à tous les internautes tandis que le RSE

ne s’adresse qu’à une population choisie d’avance : les collaborateurs et selon les cas, les

prestataires et les clients.

3.2 Les wikis

Un wiki est un site web basé sur le travail collaboratif des internautes car chaque page

du site est modifiable par les visiteurs. Il s’agit d’un outil très puissant si utilisé à bon escient,

car il donne à chacun la possibilité d’écrire le web via un éditeur de texte riche (traitement de

texte). Pour autant ce concept ne peut pas se décliner sur tous les usages du web,

particulièrement pour les sites qui privilégient l’aspect esthétique de la mise en page, comme

les sites commerciaux, les sites institutionnels… Le wiki a besoin d’une structure existante ou

de nombreux utilisateurs interagissent. L’exemple le plus connu est évidemment Wikipédia

qui tend à devenir une encyclopédie universelle en ligne. N’oublions pas d’ajouter aux Wikis,

toute la dimension d’écriture collaborative ensuite développée notamment via les documents

partagés en ligne, les plus connus étant les Google Docs.

3.3 Les Flux RSS

Viennent ensuite ceux que l’on appelle « flux RSS », le sigle RSS signifie Really

Simple Syndication. Les flux RSS inversent la logique d’abonnement générée par les

newsletters, au lieu que l’émetteur sache à qui envoyer l’information, c’est l’utilisateur qui

veut être informé qui va demander à être notifié. Les flux RSS sont au format XML c’est-à-

dire qu’ils sont lisibles par la machine car c’est à la machine de décrypter l’information pour

notifier à l’utilisateur la présence de contenus dont il veut être alerté. Un flux RSS se présente

comme une liste des dernières actualités dans les domaines choisis. Pour pouvoir lire un flux

RSS il faut utiliser un lecteur spécial présent souvent dans les navigateurs. GoogleReader est

30 http://blog.auditoire.com/

27

la solution développée par Google. On oublie souvent que ces flux peuvent être intégrés aux

intranets et dans ce cas ils permettent de mettre en place des espaces privatifs collaboratifs

avec des thématiques précises.

3.4 Le micro-blogging

Ce que l’on appelle micro-blogging est une forme dérivée du réseau social personnel

grand public : Twitter. Le micro-blogging est une forme d’expression courte (140 signes) qui

permet de partager des informations de manière instantanée. Les outils de micro-blogging,

d’abord destinés au grand public, se sont naturellement intégrés dans les RSE et même parfois

certains RSE ont pris le pari de se baser exclusivement autour de cette approche. Pari risqué

comme nous l’explique Frédéric Doffin que nous avons pu interviewer dans le cadre de notre

étude :

Encadré n°4: Extrait de l’entretien avec Frédéric Doffin, le 20 Juillet 2015

« Nous avons également lancé Yammer au sein de l’agence début 2014 car il s’agissait d’un outil

intégré dans le pack Windows Entreprise. Il s’agit d’une sorte de Twitter interne. Toutes les

informations sont au même niveau, l’outil manque de relief, bref ça n’a pas été un franc succès.»31

3.5 Les réseaux sociaux informatiques

Le premier site de « réseau social » remonte à plus loin que Facebook, il s’agit du site

Sixdegrees.com apparu en 1998. Son nom est emprunté à l’expérience de Stanley Milgram

que nous avons présentée antérieurement, « le petit monde » qui montre qu’il faut 5

intermédiaires pour relier deux personnes choisies au hasard, soit six degrés de séparation.

« Sixdegrees.com proposait toutes les fonctionnalités de bases d’un réseau social : possibilité

de créer son profil dans lequel l’utilisateur se présente, ses goûts, ses préférences, de

constituer des listes d’amis et de communiquer avec ses amis, soit individuellement, soit en

groupe. »32

Malheureusement pour lui, le site n’a pas résisté à l’explosion de la bulle Internet. C’est

ensuite au début des années 2000, « entre 2002 et 2005 »33 que la pluapart des projets de sites

de réseaux sociaux ont vu le jour : MySpace, Facebook, LinkedIn et Viadeo entre autres.

31 Cf. annexe n°3 32 GARNIER Alain et HERVIER Guy, Le réseau social d’entreprise, Lavoisier, Paris, 2011, p.11 33 Ibid.

28

Nous avons cité quelques unes des plateformes de réseaux sociaux qui existent parmi des

milliers mais parmi la palette de tous les outils du Web 2.0 nous n’oublions pas les outils de

partage de photos, de vidéos (online ou non), les univers virtuels, les jeux en ligne… qui

représentent eux aussi des sites de réseaux sociaux.

Tableau 1 : Fonctionnalités d’un Réseau Social Informatique

Fonctionnalités de base d’un réseau social

Création d’un profil utilisateur avec renseignement des données personnelles

Se connecter à des « amis »

Partager du contenu visible de ma liste d’amis

Messagerie instantanée

Supprimer des « amis »

Source personnelle

4. Les premiers outils collaboratifs

dans les entreprises

Il y a toujours eu un glissement du public au privé, et inversement, les technologies

présentes dans un secteur finissent par basculer également dans l’autre. Les entreprises se sont

naturellement intéressées à ces outils collaboratifs et dès que cela fut possible, les ont intégrés

à leur organisation et à leur système d’information existant. Les premières formes d’outils

collaboratifs, en ce qui concerne l’aspect technique se sont développées sur des applications

mainframes. Il s’agit des premières versions de logiciels qui se sont développés dans les

entreprises. C’est-à-dire que le système entier repose sur un seul ordinateur, généralement

appelé serveur, qui centralise les données et les traite. Tous les terminaux qui lui sont reliés,

les autres ordinateurs, sont généralement passifs et sont tous connectés sur la même unité

centrale. Le mainframe ne peut afficher que des informations de type « texte » à l’écran, il ne

prend pas en charge les images et d’autres arborescences de type sous menus et fenêtres.

Cette architecture est dite « lourde » en raison de sa centralisation en une seule machine.

Par la suite, ces architectures ont été mixées avec des solutions distribuées, c’est-à-dire, qu’a

contrario du mainframe, les ressources informationnelles résident dans plusieurs ordinateurs

différents. L’avantage de l’architecture distribuée en entreprise c’est qu’il est possible

d’utiliser un logiciel qui s’exécute sur des machines différentes réparties au sein du même

réseau informatique. Cette technique qui répartit le traitement des données sur plusieurs

machines permet d’augmenter les ressources disponibles.

4.1 Les applications métiers

29

C’est dans les années 1990 que les premières applications collaboratives ont commencé à

intégrer massivement les entreprises avec l’émergence des Enterprise Resource Planning

(ERP), logiciels qui ont profondément modifié la gestion de l’information dans l’entreprise.

En effet, ils ont structuré des processus et des démarches qui auparavant étaient faites et

stockées sur papier. Ces logiciels sont développés pour les métiers de gestion et de finance

dans l’entreprise. Les deux entreprises leaders de ce marché sont l’allemand SAP et

l’américain Oracle. Ces outils sont pensés comme structurants et n’ont pas d’orientation

sociale, cela en fait donc des plateformes souvent austères.

Dans les années 2000 ce sont les logiciels de Customer Relationship Management (CRM) qui

ont été intégrés dans les entreprises, mais avec une orientation marketing contrairement aux

ERP. Les trois missions d’un logiciel CRM sont d’abord de « cibler, attirer et fidéliser »34

4.2 Les applications informationnelles

Nous allons parler de ce qu’Alain Garnier appelle les « applications informationnelles »35,

c'est-à-dire plus simplement, des intranets et extranets et de l’usage de l’e-mail.

En effet ce sont des outils dédiés à la gestion et transmission de l’information en interne.

Le premier e-mail a été envoyé en 1972 et aujourd’hui, plus de trente ans après, l’e-mail reste

un pivot central dans la transmission des connaissances. C’est en se basant sur Internet et un

compte serveur de messagerie que le fonctionnement opère. C’est le principe de la

communication asynchrone. Tous les types de fichiers peuvent être envoyés par e-mail, ce qui

en fait un outil extrêmement pratique, sans compter la possibilité de garder ces e-mails et

aussi de les classer, de les archiver. Les comptes serveur de messagerie sont donc de

formidables bases de données et de stockage.

Plus tard, se sont développés les Intranets, qui aujourd’hui encore sont au cœur de la gestion

de connaissances de l’entreprise. Ce que nous pouvons voir ci-dessous, à la figure 4. Les

intranets restent les principaux projets informatiques montés par les entreprises. Ces derniers

se sont majoritairement développés au sein des grandes entreprises. D’abord les intranet

étaient conçus comme des interfaces « top-down » qui retransmettaient des informations de

manière verticale. L’utilisateur n’était pas actif. Les formes ont évolué et progressivement

l’Intranet est devenu plus global et transversal, jusqu’à devenir le point névralgique de

l’information interne, étant même le passage obligé pour accéder à certaines applications.

34 GARNIER Alain et HERVIER Guy, Le réseau social d’entreprise, Lavoisier, Paris, 2011, p.83 35 GARNIER Alain et HERVIER Guy, Le réseau social d’entreprise, Lavoisier, Paris, 2011, p.75

30

Aujourd’hui, les RSE sont entrés dans le paysage informatique français, mais ils n’en

détrônent pas moins les outils traditionnels qui sont encore largement exploités au sein des

entreprises.

Le cabinet Arctus a publié une étude via l’Observatoire de l’Intranet et de la stratégie

numérique36 et fait la synthèse de la nature des différents projets RSE initiés au sein des

entreprises interrogées en 2014 et 2015, et il en ressort qu’en effet les principaux projets

informatiques lancés par les entreprises en 2015 sont encore les Intranets d’information

classique. Les réseaux sociaux d’entreprises ont été cités par seulement 26% du panel.

C’est ce que confirme notre entretien avec Bruno Chemin, Responsable Communication chez

Honda France, lorsque nous lui avons demandé quels étaient les moyens de communication

actuels au sein de l’entreprise :

Encadré n° 5 : Extrait de l’entretien avec Bruno Chemin, le 17 juillet 2015

«Nous faisons un peu d’affichage mais cela est limité aux données légales, syndicales, ou au Comité

d’Entreprise. Il y a deux outils que nous utilisons davantage : l’intranet et l’extranet. Ce sont des

outils qui ont au moins 15 ans.

L’intranet est vraiment orienté Ressources Humaines, chaque utilisateur a un espace personnel dans

lequel il peut rentrer ses congés, ses ordres de missions à l’étranger, ses données personnelles

(mariage, divorce, naissance…)

L’extranet quant à lui est ouvert à nos collaborateurs et nos concessionnaires, c’est une plateforme

largement orientée « business », sur laquelle nous pouvons trouver les nouveaux produits, les

nouvelles gammes et leurs fiches techniques.

Sinon nous utilisons l’e-mail qui reste notre premier moyen de communication en interne.» 37

Figure n° 4 : Les projets numériques mis en place par les entreprises en 2014-2015

36 Site de l’Observatoire de l’Intranet et de la stratégie numérique : http://observatoire-intranet.com/tag/strategie-

numerique/ 37 Cf. annexes n°3

31

Source : édition 2015 de l’Observatoire

de l’Intranet de la stratégie

numérique du cabinet Arctus38 : www.arctus.fr

Toutefois ces évolutions ont conduit à empiler plusieurs logiciels spécialisés dans tel ou tel

domaine, à développer par exemple une application pour les achats, une autre application pour

la comptabilité, encore une autre pour les ressources humaines et ce faisant, à produire une

surcharge d’applications et un accès à l’information difficile et une lecture opaque. Aussi,

nous passerions plus de 650h par an à ouvrir, lire et répondre à nos e-mails. Autant

d’articulations entre nouveaux outils et outils traditionnels qui nuisent à la productivité, alors

qu’est ce qui change avec les RSE ? C’est ce que nous allons étudier dans notre deuxième

chapitre qui sera consacré au marché des RSE en France et à dégager des tendances

concernant leurs usages dans les entreprises. A quoi servent les RSE ? Quelles utilisations

peut-on en faire ?

38 L’étude a été réalisée du 13 janvier au 17 avril 2015 auprès de 347 entreprises dont 84 % sont des entreprises

françaises. 58% sont des entreprises de plus de 1000 salariés.

32

Chapitre II : Le Réseau Social d’Entreprise aujourd’hui en France

33

A) Les RSE aujourd’hui en France

1. Environnement des RSE

1.1 Vue générale

Aujourd’hui 75% des entreprises du CAC 40 sont équipées d’une ou plusieurs

solutions collaboratives.39 Le marché est donc déjà mature et bien ancré dans le paysage

économique français, ce qui est signe de dynamisme, mais en même temps le marché est

presque saturé pour les grands groupes, ce qui n’est pas le cas au niveau des petites et

moyennes entreprises (PME) – et des Très Petites Entreprises (TPE). L’étude menée en 2012

par l’Observatoire des réseaux sociaux d’entreprise et le CELSA40 montrait que déjà alors,

64% des entreprises avaient recours à des éditeurs externes pour développer leurs outils

collaboratifs. C’est une tendance largement confirmée aujourd’hui et elle segmente donc le

marché en plusieurs parties :

- les clients (entreprises)

- les éditeurs de logiciels

- les solutions open source

- les agences de consulting spécialisées en IT

Le référentiel Lecko a répertorié pas moins de 31 éditeurs existants actuellement et le

guide Smile répertorie les principales solutions open-source parmi les milliers qui existent.

Nous sommes donc en présence d’un marché que l’on peut qualifier d’ « atomisé ».

Les acteurs étant pléthoriques que ce soit du côté des clients ou des solutions collaboratives

proposées, et les évolutions étant constantes il n’est pas possible de peindre un tableau figé du

marché des RSE. Notre démarche s’oriente donc davantage vers la mise en lumière des

principales tendances qui régissent le marché à l’heure actuelle.

1.2 Le cadre juridique des RSE

Dans un premier temps, il convient de définir le cadre juridique et légal dans le quel

évoluent les RSE. Les RSE évoluent dans l’entreprise avec la particularité d’être des outils

39 Article paru sur le site Le journal du Net : http://www.journaldunet.com/solutions/reseau-social-d-

entreprise/reseau-social-d-entreprise-cac-40.shtml 40 Etude parue sur le site de l’Observatoire des réseaux sociaux d’entreprise : http://www.obsdesrse.com/?cat=81

34

Web. La question du cadre juridique et légal des RSE est souvent celle qui est la plus floue et

celle qui suscite le plus d’anxiété, notamment par rapport aux droits et libertés numériques. A

quelles obligations légales les entreprises sont-elles soumises avant de déployer un RSE ?

Pendant l’utilisation du RSE ?

1.2.1 Les documents obligatoires

Les entreprises sont soumises à des lois et elles doivent fournir un certain nombre de

documents attestant du respect de ces lois, notamment dans le cadre de la mise en place d’un

RSE.

Premièrement, et cela dépasse le cadre du RSE, l’entreprise doit pouvoir fournir un règlement

intérieur, qui dans notre cas sera amendé d’une charte d’utilisation du RSE ou des conditions

d’utilisations. Les conditions d’utilisations peuvent être intégrées à la charte informatique de

l’entreprise, mais dans tous les cas, l’un ou l’autre document doit absolument mentionner :

l’objet du RSE, les conditions d’accès à la plateforme et notamment le caractère strictement

professionnel de l’outil.

Il convient ensuite pour l’entreprise de définir des « bonnes pratiques » en termes de

comportements à adopter sur le réseau social et de les porter à la connaissance de tous les

salariés, soit par une circulaire interne ou directement dans les conditions d’utilisations de

l’outil. Doivent figurer dans ce document les lignes éditoriales à adopter : que peut-on dire ou

ne pas dire à propos de l’entreprise ? Il faut aussi identifier les comportements déviants et

transgressifs : harcèlements, propos racistes, injurieux, diffamatoires etc. et établir une échelle

de sanctions.

1.2.2 Les obligation légales en amont du déploiement

Tout d’abord il faut savoir qu’en France, tout ce qui a trait à Internet et aux outils Web est

soumis à la loi n° 78-17 datant du 6 janvier 1978, plus connue sous le nom de Loi

Informatique et Libertés41. L’entreprise est donc soumise à des obligations légales avant de

déployer un RSE.

Tout d’abord, elle a une obligation de transparence vis-à-vis des parties prenantes internes et

notamment les instances représentatives du personnel telles que le Comité d’Entreprise (CE)

et le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT). Comme établi par

41 http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006068624&dateTexte=20110405

35

le Code du Travail selon l’article L2323-1342, elle a obligation d’informer et de faire

consulter, par ces instances, tout projet de RSE ou projet lié à l’introduction de nouvelles

technologies dans l’entreprise. Cela est d’autant plus important dans le cadre de la mise en

œuvre d’un RSE car il peut être utilisé comme un outil d’évaluation.

Encadré n° 6: Extrait de l’article L2323-32 du Code du Travail

« Le comité d’entreprise est informé et consulté, préalablement à la décision de mise en œuvre dans

l’entreprise sur les moyens ou les techniques permettant un contrôle de l’activité des salariés. »43

Ensuite l’entreprise a pour obligation de transmettre le règlement intérieur faisant mention du

RSE à l’inspection du travail, celui-ci pourra être annexé d’une charte d’utilisation. C’est à

l’inspection du travail de valider le règlement, le modifier ou exiger le retrait de certaines

clauses.44

L’entreprise a également l’obligation de faire une déclaration à la Commission Nationale de

l’Informatique et des Libertés (CNIL)45 préalable à la mise en service du RSE. Le caractère

personnel des données hébergées et traitées par le RSE, notamment au niveau du profil du

collaborateur, doit être strictement conforme à la Loi Informatique et Libertés.

Encadré n° 7 : Article 7 de la Loi Informatique et Liberté

« Un traitement de données à caractère personnel doit avoir reçu le consentement de la personne

concernée ou satisfaire à l’une des conditions suivantes :

1° Le respect d’une obligation légale incombant au responsable du traitement;

2° La sauvegarde de la vie de la personne concernée;

3° L’exécution d’une mission de service public dont est investi le responsable ou le destinataire du

traitement;

4° L’exécution, soit d’un contrat auquel la personne concernée est partie, soit de mesures

précontractuelles prises à la demande de celle-ci ;

5° La réalisation de l’intérêt légitime poursuivi par le responsable du traitement ou par le

destinataire, sous réserve de ne pas méconnaître l’intérêt ou les droits et libertés fondamentaux de la

personne concernée. »46

42 Site internet du cabinet Arctus : http://www.arctus.com/ 43 Ibid. 44 Article L1321- 4 du Code du Travail, consulté sur le site http://www.arctus.com/ 45 Organisation veillant à la protection des libertés dans le domaine informatique, pour plus d’informations :

http://www.cnil.fr/ 46 Site Internet de la CNIL : http://www.cnil.fr/documentation/textes-fondateurs/loi78-17/

36

Globalement, l’entreprise doit s’assurer de respecter les libertés individuelles fondamentales

de ses salariés. Elle s’engage donc à limiter le traitement des données personnelles, qui sera

fait pour une finalité spécifique, avec le consentement des salariés. Pour celles qui

dérogeraient à ces obligations, elles s’exposent à des litiges avec les salariés et des sanctions

de la CNIL.

Encadré n° 8: Extrait du code pénal (partie législative), Section 5 : Des atteintes aux droits de la

personne résultant des fichiers ou des traitements informatiques

Art. 226-16 :

« Le fait, y compris par négligence, de procéder ou de faire procéder à des traitements de données à

caractère personnel sans qu’aient été respectées les formalités préalables à leur mise en œuvre

prévues par la loi est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 300 000 € d’amende. »47

Art. 226-19 :

« Le fait, hors les cas prévus par la loi, de mettre ou de conserver en mémoire informatisée, sans le

consentement exprès de l’intéressé, des données à caractère personnel qui, directement ou

indirectement, font apparaître les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques,

philosophiques ou religieuses, ou les appartenances syndicales des personnes, ou qui sont relatives à

la santé ou à l’orientation sexuelle de celles-ci, est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 300 000

€ d’amende. »48

1.2.3 Pendant l’utilisation du RSE

L’entreprise doit s’assurer que lors de la première utilisation de la plateforme par un salarié,

ce dernier accepte les conditions d’utilisations définies par l’entreprise, les principes

éditoriaux du RSE, cela va également dans le sens d’une bonne appropriation de l’outil car à

l’inverse si un salarié ne sait pas ce qu’il peut ou ne peut pas écrire, il y a de grandes

probabilités qu’il reste à l’écart de l’outil.

1.2.4 Devoirs des salariés

L’entreprise n’est pas la seule à devoir respecter des obligations. Les salariés également ont

des devoirs, qui nous l’avons vu, sont normalement définis dans la charte d’utilisation ou les

conditions d’utilisation. En effet, le salarié doit veiller à ne pas porter atteinte aux droits de

47 Site Internet de la CNIL : http://www.cnil.fr/documentation/textes-fondateurs/sanctions-penales/ 48 Ibid.

37

propriété intellectuelle dans ses propos et à ne pas porter atteinte aux droits de la personne et à

l’ordre public.

Toutes ces étapes doivent être pensées et réfléchies en amont du projet car nous l’avons vu,

non seulement l’entreprise encourt des sanctions pénales mais ne pas respecter ces étapes est

également un frein à la bonne appropriation des RSE par les salariés. Un outil bien défini,

dont les limites ont été posées clairement est déjà un outil compréhensible pour les salariés et

ce n’est pas ici une considération purement théorique car comme nous l’a expliqué Sophie

Poinsot lors de notre entretien c’est ce qui a marqué un frein dans l’adoption de Yammer au

sein du Public Système :

Encadré n° 9: Extrait de l’entretien mené avec Sophie Poinsot, le 15 Juillet 2015

« Les collaborateurs n’ont pas compris ce qu’était cet outil et à quoi il servait, et surtout ce qu’ils

pouvaient y mettre ou non : est ce qu’on pouvait mettre des photos de vacances ? Des contenus

personnels ? A cause de cela, il y a eu une véritable désertion de cet outil hormis pour quelques

événements ponctuels internes relayés sur Yammer comme la coupe du monde de Babyfoot interne

organisée lors de la coupe du monde de football en 2014. »49

Pour aider les entreprises dans cette démarche complexe, la CNIL formule ses propres

recommandations quant à l’introduction de nouveaux outils collaboratifs en entreprise50 :

Encadré n° 10 : Les bonnes pratiques de la CNIL

« 1. Identifier clairement les données et les traitements qui seront effectués

2. Définir ses propres exigences de sécurité technique et juridique

3. Conduire une analyse de risques afin d’identifier les mesures de sécurité essentielles pour

l’entreprise

4. Identifier le type de solutions pertinentes pour le traitement envisagé

5. Choisir un prestataire présentant des garanties suffisantes »

49 Cf. annexe n°3 50http://www.cnil.fr/fileadmin/images/la_cnil/actualite/Recommandations_pour_les_entreprises_qui_envisagent_

de_souscrire_a_des_services_de_Cloud.pdf

38

2. Objectifs et usages des RSE

Une fois le cadre juridique des RSE défini et avant d’exposer les différentes solutions

existantes nous allons nous concentrer sur une question cruciale que nous devons aborder : les

usages des RSE. En effet, mettre en place un RSE, oui mais pourquoi ? Qu’est-il sensé

changer au sein de l’entreprise ?

Le cabinet de consultants Voirin51 a mené une enquête en 2013 à ce sujet52 et il s’avère que

92% des répondants (sur 138 interrogés) ont déclaré avoir mis en place un RSE pour favoriser

le travail collaboratif, puis à 51% pour « décloisonner les silos organisationnels ». Seulement

11% ont dit mettre en place un RSE pour « s’adapter à un nouveau contexte concurrentiel ».

En parallèle, dans le cadre de notre expérience de terrain, nous avons effectué un recensement

auprès des collaborateurs du centre de recherche Total et nous leur avons posé la question

« Quels sont pour vous les principaux objectifs de WAT ? » Il faut remarquer que le taux de

réponse sur ce recensement est de 40%, nous avons totalisé 110 réponses sur 267

questionnaires envoyés, ce qui n’est pas très conséquent, mais suffisant pour extraire des

orientations.

Figure n° 5 : Les objectifs d’un RSE – Sondage WAT

Source personnelle

51 Site du cabinet : www.voirin-consultants.com/fr 52 Etude parue sur le site Journal du Net : http://www.journaldunet.com/solutions/reseau-social-d-

entreprise/etude-reseau-social-d-entreprise-voirin-consultants.shtml

39

Les 110 répondants ont déterminé à 64% que l’objectif principal d’un RSE est de favoriser

l’échange avec d’autres collaborateurs, arrive en deuxième place l’accès plus rapide aux

informations et aux documents avec 53% et enfin presque à égalité à 27% et 28%, tout ce

qui est lié à l’innovation et à l’incubation de nouvelles idées. (Plusieurs réponses possibles)

A contrario, les objectifs les moins souvent cités par le panel sont la pérennisation des

connaissances et des savoirs à hauteur de 9% et la réduction du temps de travail 2% des

réponses.

En croisant ces différentes données nous voyons qu’une tendance similaire se dégage : la

notion de travail collaboratif ressort dans les deux cas en tête.

Les objectifs les moins cités s’ils ne prouvent pas une incompréhension de tout le potentiel

des RSE, permettent au moins de faire la constatation que les RSE ne sont pas vus comme des

outils de gestion de connaissances et donc pas encore envisagés comme systèmes

d’informations à part entière, ni comme des outils stratégiques pouvant peser dans la balance

contre un concurrent.

Avant d’établir le panorama des éditeurs et des solutions voici les dix usages des RSE

formalisés par le référentiel Lecko53 dont nous nous servirons pour analyser les diagrammes

d’analyses fonctionnelles.

Figure n° 6 : Légende des usages dédiés à l’analyse du référentiel Lecko

53 Site du référentiel : http://referentiel.lecko.fr/

Source : http://referentiel.lecko.fr/

40

3. Panorama des éditeurs et des

solutions

Parmi les éditeurs de logiciels nous pouvons distinguer plusieurs catégories :

D’une part les éditeurs que nous qualifierons de généralistes, et d’autre part les éditeurs

spécialisés, selon la classification proposée par G. Balmisse et D. Meingan54.

Nous allons dans un premier temps identifier les principaux éditeurs de logiciels et nous

verrons ensuite les solutions que l’on appelle open-source.

Concentrons-nous dans un premier temps sur les éditeurs « multi-offres », ou généralistes, on

les appelle ainsi car leur activité principale n’est pas l’édition de logiciels, ils ont d’autres

activités prioritaires. Nous exposerons donc Microsoft, IBM et Jalios.

3.1 Éditeurs Généralistes

3.1.1 Microsoft

La société Microsoft est une multinationale informatique, elle a été créée en 1975 aux

Etats-Unis par deux ingénieurs Bill Gates et Paul Allen, son siège social se situe à Redmond,

près de Seattle. La société compte près de 88.000 collaborateurs à travers le monde et réalise

un chiffre d’affaires de plus de 60 milliards de dollars. L’essentiel de l’activité de l’entreprise

se situe dans le développement de systèmes d’exploitation et de logiciels. Les deux fleurons

de Microsoft sont le système d’exploitation Windows et les outils bureautiques Microsoft

Office. Microsoft avait pour but d’avoir « un ordinateur sur chaque bureau et dans chaque

maison, tournant sur Windows »55.

Microsoft a développé sa solution destinée pour le web et les portails, autrement dit,

les réseaux sociaux d’entreprise : SharePoint. Les fonctionnalités essentielles du logiciel sont

« la gestion de contenu, les moteurs de recherche, la gestion électronique de documents, les

forums, la possibilité de créer des formulaires et des statistiques décisionnelles. »56

SharePoint permet de créer des sites web internes (Intranets) comme externes

(Extranets). Il s’agit en quelque sorte d’une Web Factory qui permet de créer des sites web

adaptés aux besoins demandés.

54 BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis, Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en place et faire

vivre un RSE, Dunod, 2015, p.64-65 55 GARNIER Alain et HERVIER Guy, Le réseau social d’entreprise, Lavoisier, Paris, 2011, p.135 56 Ibid.

41

Nous présentons ici, la solution SharePoint 2013 alliée à Sitrion qui vient s’ajouter comme

module résolument « social ». Orienté micro-blogging , le concurrent direct de Sitrion est

Yammer.

Figure n° 7 : Analyse fonctionnelle de la solution SharePoint 2013 + Sitrion

Source : http://referentiel.lecko.fr/

42

Tableau 2 : Analyse des points forts et points faibles de SharePoint 2013 + Sitrion

Points Forts Points Faibles

Outiller un processus

Communiquer et animer

Gérer des contenus et pages Web

Se mettre en relation

Productivité

Knowledge Management

Stratégie et interopérabilité

Partager et converser

Expérience utilisateur

Animer une communauté

externe

Source personnelle

Somme toute, cette solution couvre un large panel des usages définis par le référentiel Lecko

57 et a l’avantage de bien s’intégrer aux outils déjà existants, pour ne pas créer de surcouche.

Elle est particulièrement recommandée dans le cadre d’une démarche d’amélioration de

l’innovation et de gestion du cycle de vie des idées, dans le cadre de l’amélioration de la

communication et des échanges, notamment via la mise en avant de contenus et enfin dans le

cadre du développement d’un processus collaboratif d’entraide grâce à un système autonome

de listage de questions.

3.1.2 IBM

La société IBM a été créée en 1911 aux Etats-Unis, elle emploie aujourd’hui environ 400.000

personnes et fait un chiffre d’affaires de plus de 100 milliards de dollars.

En 1995, IBM rachète la société Lotus et devient un des leaders du marché avec Lotus Notes.

En 2006 Lotus Notes devient Lotus Connection.

Aujourd’hui IBM propose une suite logicielle constituée d’IBM Connections, orientée

« réseau social » focalisée sur l’utilisateur, IBM Filenet davantage orienté vers la gestion

documentaire et IBM WebSphere. IBM propose son offre dans un package soit avec IBM

Connections seul, soit enrichi du module CCM qui aide à la gestion documentaire, (moins

riche que Filenet).

Avec le package IBM l’utilisateur a accès à une base communautaire intégrant un fil

d’actualité qui agrège l’ensemble des informations de son réseau et ses communautés. Si

57 Site du référentiel Lecko : http://referentiel.lecko.fr/

43

Filenet est retenu l’utilisateur pourra accéder à une gestion documentaire d’entreprise, si c’est

CCM ce sera seulement au niveau d’une communauté.

La stratégie d’IBM est d’essayer au maximum de simplifier la gestion des contenus, du

moment où un utilisateur reçoit un e-mail jusqu’à la banque de connaissances. L’offre d’IBM

s’adresse en général aux grandes et moyennes entreprises, même si l’offre cloud58 peut être

adaptée aux PME. Cette année, l’entreprise doit nous présenter l’évolution de son outil de

messagerie avec Verse. De manière générale en France, IBM éprouve des difficultés à

s’imposer sur le marché face à Microsoft, même si ses solutions sont compatibles avec les

logiciels Microsoft.

D’un point de vue ergonomique, la grande adaptabilité du produit grâce à la possible

association avec d’autres outils peut rendre la totalité du produit peu compréhensible.

Regardons l’analyse fonctionnelle de la solution IBM Connections + CCM proposée par le

référentiel Lecko. 59

Figure n° 8 : Analyse fonctionnelle de la solution IBM Connections + CCM

Source : http://referentiel.lecko.fr/

58 Cloud : stockage en ligne 59 Site du référentiel Lecko : http://referentiel.lecko.fr/solutionv5/ibm/

44

Tableau 3 : Synthèse de la solution IBM + CCM

Points Forts Points Faibles

Stratégie et interopérabilité

Productivité

Partager et converser

Expérience utilisateur

Se mettre en relation

Communiquer et animer

Knowledge Management

Animer une communauté externe

Outiller un processus

Gérer des contenus et pages web

Source personnelle

Solution équilibrée en termes d’usages, elle n’est toutefois pas la plus performante en ce qui

concerne l’aspect social. Les solutions IBM tirent toutefois leur épingle du jeu en étant

largement adaptables et cela même avec les produits Microsoft. Les fonctionnalités les plus

développées et pour lesquelles nous recommandons l’usage des solutions IBM sont le travail

partagé sur des documents, avec possibilité d’ajouter des commentaires et de synchroniser les

documents sur différents terminaux et la gestion des contenus, maintenant visibles depuis le

fil d’actualité, ce qui permet un gain de temps précieux.

3.1.3 Jalios

Jalios se positionne comme étant un éditeur généraliste, en concurrence directe avec

Microsoft et IBM.

Figure n° 9 : Analyse fonctionnelle de Jalios

Source : http://referentiel.lecko.fr/

45

Tableau 4 : Synthèse de la solution Jalios

Points Forts Points Faibles

Stratégie et interopérabilité

Productivité

Partager et converser

Expérience utilisateur

Se mettre en relation

Knowledge Management

Communiquer et animer

Gérer des contenus et pages web

Animer une communauté externe

Outiller un processus

Source personnelle

Nous pouvons remarquer qu’à peu de choses près, Jalios est similaire à la solution SharePoint

+ Sitrion de Microsoft, qui semble un peu plus performante dans les aspects sociaux, cela

étant sûrement du à l’association avec le module Sitrion. De manière générale, la solution

Jalios est performante dans le domaine de la gestion de contenus et du travail collaboratif.

Cependant, l’année dernière, Jalios a amélioré l’aspect « expérience utilisateur » notamment

en intégrant du responsive design60 et du progessive discolsure61 ce qui lui donne un

avantage comparatif par rapport aux solutions proposées par Microsoft.

3.2 Éditeurs spécialisés

Maintenant que nous avons détaillé la situation concernant les éditeurs dits « généralistes »,

nous devons effectuer la même démarche pour les éditeurs dits « spécialisés ». Nous n’allons

pas exposer les nombreuses solutions existantes mais les quatre(s)les plus notables sur le

marché à savoir BlueKiwi, JameSpot et Jive.

3.2.1Bluekiwi

BlueKiwi est un acteur historique du marché des RSE, racheté en 2012 par Atos. Il est l’un

des seuls logiciels à être disponible en Software as Service (SaaS), c'est-à-dire prêt à l’emploi,

clé en main.

BlueKiwi est adaptable aux entreprises de toute taille. Il peut s’intégrer aux logiciels

Microsoft. Toutefois, le positionnement « 0 mail » évoqué par Thierry Breton lors du rachat

60 Responsive design : technique qui permet de consulter des sites web sur différents terminaux mobiles avec la

même ergonomie et le même confort. 61 Progessive disclosure : processus permettant de masquer des fonctionnalités inutiles en fonction du niveau de

l’utilisateur.

46

n’a pas réellement impacté la structure et le rayonnement de BlueKiwi au niveau du marché

français s’est réduit.

La solution est basée sur un aspect social avec des espaces de conversation qui sont de

véritables plateformes d’échanges de documents, photos, vidéos, bref, tout type de fichiers.

Chaque élément posté génère son fil d’actualité.

Figure n° 10 : Analyse fonctionnelle de BlueKiwi

Source : http://referentiel.lecko.fr/

Tableau 5 : Synthèse de la solution BlueKiwi

BlueKiwi peut paraître assez complexe à utiliser dans un premier temps en raison des

nombreuses fonctionnalités de partage et d’échange mais la solution intègre aussi des

fonctions de personnalisation qui permettent d’aider les utilisateurs. Assez complet, le logiciel

Points Forts Points Faibles

Stratégie et interopérabilité

Productivité

Partager et converser

Expérience utilisateur

Se mettre en relation

Communiquer et animer

Knowledge Management

Animer une communauté externe

Outiller un processus

Gérer des contenus et pages web

47

BlueKiwi n’est pourtant pas à recommander dans une démarche stratégique de refonte du

système d’information ou de gestion de connaissances, il est davantage orienté social.

3.2.2 JameSpot

JameSpot est un logiciel qui s’est très tôt spécialisé dans les applications métiers. Ce

positionnement atypique lui a permis de se constituer un panel d’applications métiers si bien

que chaque plateforme est différente et permet à la fois de socialiser les métiers. JameSpot

jouit d’une assez bonne notoriété sur le marché français.

En 2014, JameSpot a enrichi son catalogue d’applications métiers et a modernisé quelques

modules essentiels comme la gestion documentaire et les fonctions d’animation. C’est

également un des premiers logiciels à avoir intégré une fonction « viralité » qui permet

désormais de partager vers l’externe.

Figure n° 11 : Analyse Fonctionnelle de la solution JameSpot

Source : http://referentiel.lecko.fr/

48

Tableau 6 : Synthèse de la solution JameSpot

Points Forts Points Faibles

Stratégie et interopérabilité

Productivité

Partager et converser

Expérience utilisateur

Se mettre en relation

Communiquer et animer

Knowledge Management

Animer une communauté externe

Outiller un processus

Gérer des contenus et pages web

Globalement, la solution JameSpot est performante dans la plupart des usages attribués aux

RSE par Lecko mais nous pensons que le véritable avantage de cette solution réside dans sa

spécificité de socialisation des métiers. Cela fait de l’outil un catalyseur de productivité, à la

fois transversal il permet toutefois de respecter la différenciation des activités au sein d’une

entreprise.

3.2.3 Jive

Jive est un acteur majeur dans le marché des solutions RSE. Le référentiel Lecko qualifie son

positionnement de « haut de gamme » il se « positionne comme un hub collaboratif de

l’entreprise, et portail social agrégeant les contextes de collaboration de chaque

utilisateur.»62

62 Site du référentiel : http://referentiel.lecko.fr/solutionv5/jive-5/

49

Figure n° 12 : Analyse fonctionnelle de Jive

Source : http://referentiel.lecko.fr/

Tableau 7 : Synthèse de la solution Jive

Source personnelle

3.3 Les solutions open-source

Points Forts Points Faibles

Stratégie et interopérabilité

Productivité

Partager et converser

Expérience utilisateur

Se mettre en relation

Animer une communauté externe

Knowledge Management

Communiquer et animer

Outiller un processus

Gérer des contenus et pages web

50

Qu’est ce que l’open source ? Quelle réalité se cache derrière ce terme souvent incompris?

Comme son nom l’indique une solution en open-source est une solution dont le « code

source » est ouvert à tous et peut être distribué à tous. Avoir accès au code source d’un

logiciel signifie que l’on peut le paramétrer beaucoup plus facilement. Les utilisateurs ont

accès à la structure du logiciel.

Souvent ce côté « open » est source d’angoisse auprès des entreprises, qui ne se voient pas

confier leurs données confidentielles à une plateforme libre. Pourtant contrairement à ce que

l’on pourrait penser, ces solutions sont très bien sécurisées et cela grâce aux communautés qui

les utilisent et les développent. Il s’agit d’un exemple de travail collaboratif et de cercle

vertueux car chaque utilisateur qui met à jour le code logiciel a plutôt intérêt à renforcer sa

sécurité. C’est ce que nous a confirmé Frédéric Doffin lors de notre entretien :

Encadré n° 12 : Extrait de l’entretien avec Frédéric Doffin, le 20 juillet 2015 :

« Les solutions en open-source ont mauvaise réputation, mais il s’agit véritablement d’un cliché. En

fait, elles sont presque plus sécurisées que les logiciels des éditeurs types Microsoft. En open source,

le code est changé et est renforcé par tous les utilisateurs, il agrège toutes les sécurités de la

communauté tandis qu’une solution dont le code est protégé par l’éditeur, est en fait plus vulnérable

car la sécurité ne dépend que de l’éditeur et si une brèche est entrouverte, il n’y a que l’éditeur qui

peut la réparer, et souvent il est déjà trop tard. »63

Pour analyser les solutions existantes open-source, nous n’avons pas eu recours au référentiel

Lecko car il ne prend pas en compte les solutions open-source, nous n’avons donc pas pu

obtenir les mêmes critères d’analyse mais nous nous attacherons à évaluer chaque solution en

retenant des points forts et des axes d’améliorations.

Nous avons décidé de nous concentrer sur les trois solutions les plus développées à savoir

BuddyPress, Drupal et Elgg.

3.3.1 BuddyPress

C’est Andy Peatling qui a créé BuddyPress en 2008 alors qu’il travaillait sur des éléments de

WordPress. BuddyPress est construit sur l’architecture de WordPress, il bénéficie donc de la

même structure basée sur PHP, Apache ou encore Mysql. 64

63 Grille d’entretiens – annexe n° 64 Site du Guide Smile : http://www.smile.fr/Livres-blancs/Gestion-de-contenu-et-ged/Les-cms-open-source

51

BuddyPress est livré avec un panel de fonctions prêtes à être utilisées telles que le profil, le

flux d’activités, les groupes, la messagerie…

Figure n° 13 : Interface de BuddyPress

Source : Guide Smile65, p.38

Tableau 8 : Synthèse de la solution BuddyPress

Points Forts Points Faibles

Grande adaptabilité

Possibilité de géo localiser les utilisateurs

Possibilité d’ajouter des modules

d’extension de gestion de projets

Ne s’intègre pas aux SI existants

Source personnelle

Finalement nous conseillons BuddyPress pour le déploiement de réseaux sociaux

d’entreprises assez petits car il ne s’intègre pas aux SI existants, ce qui peut poser problème

dans des entreprises de grande taille. Il possède une grande adaptabilité ce qui facilite le

changement lors du déploiement.

65 Site de Smile : http://www.smile.fr/

52

3.3.2 Drupal

Venons en ensuite à Drupal, qui a été conçu dans les années 2000 par Dries Buytaert.

Aujourd’hui le logiciel est utilisé partout dans le monde comme solution open-source mais il a

été créé avec la vocation d’être un blog collectif. Il est très modulable et peut facilement

intégrer d’autres applications (forums, galeries photos…)

Cet outil a basculé dans les réseaux sociaux d’entreprise car il possède des outils de création

et d’animation de communautés perfectionnés.

Figure n° 14 : Interface de Drupal

Source : Guide Smile66, p.39

Tableau 9 : Synthèse de la solution Drupal

Points Forts Points Faibles

Flexibilité du système de mise en page

Bonne intégration du moteur de

recherche SOlr

Module « userpoint » dédié aux CM

Grande modularité

Déficit de la solution au niveau de la

recherche d’experts

Finalement, Drupal est véritablement un outil « passe-partout » qui peut convenir à toutes les

entreprises.

66 Ibid.

53

3.3.1 Elgg

Elgg a été créé en 2004 par Dave Tosh et Ben Werdmuller.

Le logiciel possède de nombreuses fonctionnalités, notamment la gestion de profils, la mise à

disposition d’un flux d’activités et des outils de blog et micro-blogging.

Elgg est une des seules solutions à proposer une interface personnalisée aux utilisateurs.

Figure n° 15 : Interface d’Elgg

Source : Guide Smile67, p.40

Tableau 10 : Synthèse de la solution Elgg

Points forts Points faibles

Personnalisation de la page profil et du

tableau de bord

Des outils orientés social

Ciblage des experts

Ne s’intègre pas bien aux SI

existants

En résumé, comme pour BuddyPress cette solution a beaucoup d’atouts mais sera plus

efficace dans des réseaux de petite taille et dans des projets « autonomes », qui ne sont pas

dépendants des SI existants.

67 Site de Smile : http://www.smile.fr/

54

4. Les agences de consulting

Il est temps d’introduire dans notre vision globale du marché un des acteurs souvent

sous-estimés, et pourtant indispensable au bon déroulement des opérations dans les

entreprises : il s’agit des agences de consulting. Ces agences sont les clés de voûte de tout

déploiement interne d’outils collaboratifs. Elles regroupent des moyens techniques pour tout

ce qui a trait à la maîtrise d’ouvrage et à la formation et l’accompagnement des

collaborateurs. Nous allons ici présenter les 4 méthodologies et approches de différentes

agences de consulting spécialisées dans les projets RSE des entreprises.

4.1 Business Goes Social

La méthodologie prônée par « Business Goes Social » a été définie en 2013. C’est une

méthodologie véritablement tournée vers une approche culturelle du RSE et sur les moyens de

le faire entrer dans l’organisation culturelle de l’entreprise. Pour cela l’agence a modelisé 5

étapes68:

- Mettre en évidence les apports du RSE

- Planification des projets pilotes via un business case et un engagement des dirigeants dans

l’utilisation de l’outil

- Lancer les projets en s’appuyant sur des éléments « moteurs »

- Mettre en place des évaluations des projets

- Ouvrir l’outil à toute la population concernée

Évidemment, la culture d’une entreprise ne peut pas changer en un instant mais cette méthode

apporte des éléments pertinents car ils sont assez aisés à mettre en œuvre et entretiennent une

certaine proximité avec l’outil. Cette méthodologie est à greffer à une conduite du

changement à établir largement plus en profondeur.

4.2 Capgemini Consulting

La méthodologie proposée par Capgemini Consulting est axée autour de 4 volets : « Gestion

de projet ; Métiers/Communautés ; Solutions/Intégration ; Conduite du changement. »69

68 BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis, Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en place et faire

vivre un RSE, Dunod, 2015, p.88 69 BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis, Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en place et faire vivre

un RSE, Dunod, 2015, p.89

55

Tableau 11 : Objectifs des volets de la méthode Capgemini Consulting

Volets Objectifs

Gestion de projet Installer la gouvernance et la démarche projet

(comités, stratégie de déploiement, organisation et

processus, KPI70s) pour assurer le suivi de la mise

en place du RSE et du développement de ses

communautés.

Métiers/Communautés Développer la valeur ajoutée métier du RSE en

accompagnant la mise en place de cas métiers

stratégiques : expression de besoin, coaching des

community managers, support au lancement des

communautés…

Solutions/Intégration Configurer, intégrer, customiser la solution pour

qu’elle réponde au mieux aux attentes

fonctionnelles des employés et qu’elle simplifie

l’expérience utilisateur.

Conduite du changement Construire et mettre en place un plan

d’accompagnement auprès des collaborateurs afin

qu’ils appréhendent la valeur ajoutée du RSE, que

l’outil fasse partie de leur quotidien et que cela

permette d’accélérer leur engagement.

Source : BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis,

Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en

place et faire vivre un RSE, Dunod, 2015, p.89

4.3 Lecko

A contrario des deux agences spécialisées précédentes, Lecko n’a pas mis en place de

méthode à proprement parler, il s’agit davantage d’outils tels que son référentiel, son offre

Micro Social Learning et son serious game71 « SENA ». Le package Micro Social Learning

propose « une démarche en quatre étapes : proposer un usage initiatique, promouvoir et

valider l’intérêt de ses collègues, valoriser les micro-réussites et animer le débat. »72

70 KPI : Key Performance Indicator 71 Serious Game : Logiciel qui tend à expliquer un sujet « sérieux » de manière pédagogique, marketing,

idéologique ou autre en utilisant le ressort ludique. 72 BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis, Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en place et faire vivre

un RSE, Dunod, 2015, p.90

56

Mais cette démarche est restreinte à l’échelle de la communauté et ne peut donc pas valoir

pour le développement d’un RSE, qui nous le rappelons n’est pas défini ici comme la somme

ou l’agrégation d’unités élémentaires de type « communauté ».

4.4 Weave

La méthodologie proposée par l’agence Weave a été résumée en 2012 dans un guide pratique

d’Archimag. Elle s’appuie sur des principes directeurs tels que «avant de penser moyens,

penser finalités, déployer un RSE est moins une problématique de stratégie qu’une affaire

d’expérimentation, identifier les communautés pilotes, un choix judicieux. »73

Toutefois, les principes directeurs mis en évidence sont également limités à la notion d’équipe

et donc n’ont pas de vocation à être appliqués pour tout un RSE. Les principes directeurs sont

ancrés dans une politique de changement organisationnel et culturel plus profond. Il s’agit de

passer à une logique de « vouloir faire » à une logique de « vouloir coopérer »74 mais aussi

d’améliorer le leadership des managers pour introduire le nouveau paradigme en termes

d’organisation.

Il s’agit donc d’une méthode essentiellement tournée vers la culture de l’entreprise, qui nous

l’avons vu, n’est pas modifiable sur décret.

73 Ibid. 74 Ibid.

57

5. Cartographie du marché des RSE

Figure n° 16 : Cartographie du marché des RSE

58

5.1 Légende de la cartographie

Figure n° 17: Légende de la cartographie

Source personnelle

B ) Synthèse du marché des RSE et

leurs usages

Après avoir étudié le marché des RSE et les principales solutions qui existent et leur

positionnement75, nous pouvons en tirer une synthèse sous forme de SWOT et de PESTEL.

De ces analyses découlent des questionnements sur les usages qui en sont fait, nous avons vu

que chaque solution révèle ses points forts et ses points faibles, mais ne peut-on pas dégager

des tendances communes à toutes ces solutions ?

1. Analyse SWOT

75 Pour voir le positionnement des solutions plus en détails, voir les matrices Lecko :

http://referentiel.lecko.fr/publications/

59

Tableau 12 : Analyse SWOT des RSE en France

2. Analyse PESTEL

Tableau 13 : Analyse PESTEL des RSE en France

Economique /

Social

o Marché dynamique ancré dans le paysage économique Français

o 75% des entreprises du CAC 40 ont un RSE

o Microsoft est leader sur le marché en France

o Contexte de transformation des organisations

o Contexte de mutation de l’économie : l’immatériel au cœur des

stratégies (l’information et le traitement de l’information sont au

centre de l’économie)

Technique

o Nouvelles technologies (objets connectés, impression 3D…)

Environnemental

o Favorable à l’essor des démarches de qualité et responsabilité

sociale des entreprises (objectif de réduire les impressions, les

courriers papiers, les e-mails…)

Politique/Légal

o Encadrés par la CNIL et la loi de l’Informatique et Libertés

Forces Faiblesses

o RSE adoptés par 75% des

entreprises du CAC 40

o Variétés des solutions proposées

o Des méthodes de lancement

diversifiées et spécifiques

o Spécificité des solutions

proposées

o Accompagnement indispensable

o Souvent sujets à des réticences des

collaborateurs

o Vulnérabilité du patrimoine

informationnel

Opportunités Menaces

o Le marché des PME

o Les offres Cloud

o Innovations régulières dans le

marché

o Marché saturé et largement dominé

par Microsoft

o Marché très technique et difficile

d’accès et compréhension pour les

dirigeants

o Effet « tendance » passager

60

3. Les dimensions clés des RSE

Même si nous avons effectué une comparaison entre les différentes solutions

proposées sur le marché des RSE, il convient de réunir certaines fonctionnalités

indispensables que tout RSE doit incorporer pour être défini en tant que tel.

Nous allons voir que les RSE ont beaucoup pris des fonctionnalités de base des réseaux

sociaux grand public que nous avons énoncées précédemment.

3.1 Gestion des informations personnelles

La première dimension clé commune à tous les RSE est celle de la gestion des informations

personnelles. Cette dimension présente la vision qui est proposée à l’utilisateur, c’est une

dimension indispensable d’un RSE puisque tout est centré autour de l’individu et de

l’expérience utilisateur.

Cette dimension inclut un profil, un tableau de bord et un flux d’activité. Ce sont les trois

composantes indissociables d’une gestion des informations personnelles.

Figure n° 18 : Profil utilisateur type

Le profil d’un utilisateur est véritablement central dans un

RSE car c’est de lui dont dépend le rapprochement des

utilisateurs et leur mise en réseau. Certaines solutions

incorporent déjà à ce stade des paramètres de confidentialité

Source : Guide Smile76, p.40

Figure n° 19 : Tableau de bord type

Comme l’interface d’un RSE donne souvent une vision

unique sur les données présentes, il est important que

l’outil comprenne un tableau de bord pour que l’utilisateur

puisse voir en premier ce qu’il a paramétré. Le tableau de

bord se présente souvent sous forme de blocs comme sur

la figure ci-contre, que l’on peut décider de déplacer pour

76 Site de Smile : http://www.smile.fr/

Source : Guide Smile, p.40

61

donner davantage de visibilité à l’un ou à l’autre.

Figure n° 20 : représentation type d’un flux d’activité

Le troisième et dernier composant est le flux

d’activité qui sert à suivre les activités des personnes

suivies, cela est notamment utile dans les

communautés et cela permet de rester en contact

avec les autres utilisateurs.

Source : Guide Smile77, p.40

3.3 La mise en relation des utilisateurs et la recherche d’experts

Nous l’avons vu le rapprochement et l’échange entre les utilisateurs sont les besoins les plus

exprimés lors de la mise en place des RSE. Aujourd’hui toutes les solutions ont intégré des

fonctionnalités qui permettent soit de créer de listes d’ « amis », souvent avec attente de

validation, soit de suivre les personnes désirées, sans attente de validation.

Il faut néanmoins que la solution puisse intégrer un moteur de recherche, pour avoir accès aux

différents profils mais aussi des fonctions de taxonomie pour filtrer les profils recherchés.

Cette fonction est centrale également dans la recherche d’experts, au-delà de la dimension

« par affinité », pour qu’un utilisateur puisse rapidement trouver des réponses à ses questions.

Certains RSE comme WAT78 intègrent les compétences et les domaines d’expertises comme

« attributs » et permettent d’effectuer une recherche par attribut, ce qui facilite le ciblage des

experts.

3.4 Les différentes formes de communication

Cette dimension du RSE est centrale, voire indispensable pour un RSE car il s’agit de la

fonction d’échange et de discussion. Généralement, on trouve des outils tels que le « mur »,

repris du fameux site Facebook.

77 Ibid. 78 Cf. Partie III

62

Figure n° 21 : Le « Mur » type

Le mur permet aux utilisateurs d’écrire un message ou une note

qui apparaîtra de manière publique sur la fiche d’un autre

utilisateur. C’est une forme de communication largement reprise

par les RSE mais nous verrons notamment dans notre dernière

partie que c’est une communication qui ne crée pas énormément

de valeur ajoutée.

79

Le mur est un outil convivial et pour qu’il le reste il est crucial que l’utilisateur puisse

paramétrer sa confidentialité et éventuellement supprimer des messages.

En complément de cet outil, la fonction de « commentaires » est aussi très fréquemment

ajoutée. Ils apportent l’interactivité nécessaire au bon fonctionnement de tout RSE. Ils

permettent de réagir sur les publications des autres utilisateurs et de donner un avis, cela en

fait donc des éléments moteurs du RSE.

A l’inverse, les RSE intègrent parfois un mode de communication « privé », sous forme de

messagerie mais ce n’est pas un outil plébiscité car l’échange « privé » vient à l’encontre du

collaboratif et donc de l’existence même du RSE.

3.5 Travail collaboratif et capitalisation des connaissances

Cette dimension peut littéralement être qualifiée de « clé » car il s’agit de celle qui consiste à

tirer profit des échanges et des conversations qui ont eu lieu sur la plateforme.

Cette dimension requiert des outils tels que des espaces privatifs, ou des communautés

restreintes. Ces outils sont capitaux dans la formalisation des informations et des

connaissances, ils sont souvent regroupés par thématiques pour organiser l’agencement des

informations échangées. Certains RSE proposent des politiques de confidentialité avancées

quant à ces outils (restrictions aux membres, restrictions des documents…)

Aussi le RSE peut aussi capitaliser les connaissances via un processus de notation, qui est de

plus en plus fréquent dans les solutions développées. Il s’agit de filtrer l’information selon sa

79 Site de Smile : http://www.smile.fr/

Source : Guide Smile

63

pertinence et sa légitimité. Cela contribue également à développer l’engagement des

utilisateurs puisque cette dimension intègre intrinsèquement une notion d’e-réputation.80

Somme toute, grâce à la compilation des dimensions clés que doit théoriquement intégrer un

RSE, nous pouvons proposer cette architecture fonctionnelle type d’un RSE qui définit toutes

les fonctions qu’est sensé intégrer un RSE.

Figure n° 22 : Architecture Fonctionnelle d’un RSE

80 E-réputation : réputation en ligne

Source : BALMISSE Gilles et MEINGAN

Denis, Déployer un réseau social

d’entreprise : mettre en place et faire

vivre un RSE, Dunod, 2015, p.19

64

Conclusion première partie

Cette première partie de notre étude nous a permis de situer l’objet de notre étude, que ce soit

au niveau conceptuel, temporel et contextuel. Nous avons maintenant une compréhension

globale de l’outil RSE en tant que tel. Les différentes solutions analysées nous ont permis de

mettre en évidences des usages et des fonctionnalités propres au RSE. Ce que nous devons

établir maintenant ce sont les impacts et les changements dans les entreprises liés à ces

nouveaux outils et c’est ce que nous allons tâcher de faire dans la partie suivante.

65

DEUXIEME PARTIE

L’APPROPRIATION DES RSE POUR UNE

INTELLIGENCE COLLECTIVE : UN GRAND DÉFI

POUR L’ENTREPRISE

66

Introduction à la partie II

La question aujourd’hui n’est plus de savoir si l’on doit passer au RSE mais « how do

we make it better ? ». En effet, nombreux sont les cas de non appropriation des nouveaux

outils dans les entreprises.

Nous verrons dans cette deuxième partie, d’abord les différents changements impulsés par les

RSE au sein des entreprises (Ch. I, §A) puis il conviendra de réaffirmer le rôle majeur des

communautés de pratique dans la transmission de connaissances (Ch. I, §B) et nous mettrons

en évidence des étapes essentielles à respecter dans le déploiement d’un réseau social

d’entreprise, ce qu’Alain Garnier nous rappelle : «l’introduction et l’activation de réseaux

sociaux dans l’entreprise et au – delà dans son écosystème présentent des perspectives

prometteuses en permettant de nouer un dialogue riche et continu avec ce que l’on appelle les

parties prenantes. Mais la mise en œuvre de tels outils n’est pas sans risques et doit faire

l’objet d’une mise en œuvre organisée, réfléchie et précise, le contraire même de

l’improvisation. »81

Finalement, le deuxième chapitre nous permettra de passer du concept à l’opérationnel

en mettant en lumière des cas pratiques et nous tâcherons de proposer des préconisations

générales pour favoriser l’appropriation des RSE au sein des entreprises.

81 GARNIER Alain, le réseau social d’entreprise, Lavoisier, Paris, 2011, p.58

67

Chapitre I : Des RSE à l’intelligence collective

68

A) Les changements générés par

les RSE : de nouveaux paradigmes

Les changements opérés au sein d’une entreprise par l’introduction de nouvelles technologies

et plus spécifiquement des RSE doivent être pris en compte à plusieurs niveaux : notamment

celui de l’individu, du groupe et de l’organisation.

Le tableau suivant en fait un récapitulatif :

Tableau 14: Les types de changements apportés selon trois niveaux d’observation

Niveau Changements amenés

Individu Mise en avant

Digitalisation de la gestion de réseau

Transparence des activités

Groupe Facilitation de la mise en place

Focalisation des interactions

Digitalisation de l’animation

Transparence des activités

Organisation Facilitation de la communication

transversale

Support au travail collaboratif

Appui à l’appel d’expertises

individuelles

Gestion des réseaux

Transparence des activités

Source : tiré de BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis,

Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en place et

faire vivre un RSE, Dunod, 2015, p. 48

1. Au niveau de l’individu

Au niveau de l’individu, la mise en avant de l’individu et la digitalisation du réseau sont les

changements les plus importants. La mise en avant de l’individu est une démarche que l’on

pouvait déjà observer dans les méthodes anglo-saxonnes de Knowledge Management depuis

les années 2000 afin d’identifier les experts d’un domaine et pouvoir se procurer une aide

rapidement. Toutefois la digitalisation apporte un niveau supplémentaire en tant qu’elle

matérialise cette mise en avant, elle l’officialise au sein de l’entreprise. Elle agit comme « la

déclaration formelle des liens entre eux. » Il faut néanmoins noter que les techniques de

69

Knowledge Management, bien implantées dans le monde anglo-saxon, n’ont pas rencontrées

le succès escompté en France car les collaborateurs n’avaient pas intégré la pratique de

remplir leur profil. Aujourd’hui avec l’essor massif des réseaux sociaux grand public, les

collaborateurs français ont intégré cette pratique via la sphère privée.

Lors de notre recensement nous avons posé la question « Avez-vous complété votre profil ? »

et nous avons eu 81% de réponses positives et 19% de réponses négatives. Les collaborateurs

ont donc majoritairement mis en pratique le remplissage du profil.

Figure n° 23 : Question « Avez-vous complété votre profil ? » - recensement WAT

Source personnelle

Pour aller plus loin, nous avons ajouté comme question conditionnelle de la réponse « non »,

la question « Pourquoi ? » Avec trois propositions de réponses « j’éprouve des difficultés à

l’utilisation de l’outil », « j’ai besoin de davantage de formation » et « je n’ai pas le temps »,

il faut noter que sur les 19% qui avaient répondu « non », 17% ont répondu « je n’ai pas le

temps, ce n’est pas dans mes priorités » :

Figure n° 24: Question « Pourquoi ? » - recensement WAT

Source personnelle

70

Somme toute, nous pouvons donc observer que la pratique est bien ancrée dans les

comportements individuels, il ne s’agit pas d’un refus ou d’une réticence vis-à-vis de l’outil

en lui-même mais plus du résultat d’un arbitrage temps/missions, souvent en défaveur des

outils de communication, considérés comme secondaire. Il faut préciser que ce recensement

concerne principalement des chercheurs qui travaillent dans des laboratoires. L’ordinateur

n’est donc pas leur outil de travail de référence ce qui provoque d’emblée un éloignement

avec le RSE.

2 Les changements apportés au

niveau des groupes

Au niveau d’observation du groupe, le changement impulsé par les RSE au sein d’une

entreprise est le passage d’une organisation basée sur l’unité de l’individu à une organisation

basée sur une unité justement de « groupes ». Nous devons bien admettre qu’avec un RSE, la

création de groupes n’a jamais été aussi aisée. En effet, dans un premier temps l’aspect

physique de la réunion disparaît, plus besoin de se rencontrer pour former un groupe.

Toutefois, le groupe n’est pas synonyme de l’équipe. En effet « les membres d’un groupe ne

sont pas engagés dans la réalisation de travaux en commun et il n’y a pas réellement d’effet

de synergie entre eux par rapport à un effort conjoint et basé sur des compétences

complémentaires. »82 Tandis qu’une équipe est « focalisée sur la réalisation collaborative de

ses objectifs qui constituent sa raison d’être et la synergie entre ses membres est recherchée

de manière volontariste et en particulier par le rassemblement de compétences

complémentaires. »83

La création de groupes, donc, est extrêmement facile via les RSE il n’y a pas de réel besoin

d’animation, il suffit de coordonner et vérifier qu’il n’y a pas de dérives. Créer une équipe ou

une communauté de pratique peut, en revanche, se révéler plus ardu car il y a un réel besoin

d’animation et de suivi du projet.

3 Les changements au niveau de

l’organisation

82 BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis, Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en place et faire

vivre un RSE, Dunod, 2015, p.37 83 Ibid.

71

Nous avons vu qu’au niveau de l’organisation les principaux changements occasionnés par les

RSE sont le support au travail collaboratif et décloisonnement des échanges et de la

communication.

On pourrait croire que le travail collaboratif est bien implanté dans les entreprises. En effet, il

a vu le jour dans les années 80 et a évolué, partant des formes d’organisation en ateliers des

entreprises japonaises qui avaient pour but de réduire les stocks et de produire en « Just In

Time » jusqu’au Knowledge Management anglo-saxon des années 2000.84 Pourtant, les

entreprises ont du mal à se détacher des canaux traditionnels et l’aplanissement de la

hiérarchie en faveur d’un travail collaboratif n’est pas aussi aisé qu’on le pense. C’est

pourquoi l’introduction des RSE est de nouveau un support à ce mode de travail.

Cela s’accompagne d’une communication qui devient transversale, notamment grâce à la

possibilité qu’a tout à chacun, de lancer un groupe sur le sujet ou la thématique de son choix.

Suivant cette transformation, une autre intervient, plus en profondeur et plus à long terme

mais pas moins importante, celle du passage de l’information à la connaissance.

Déjà le Knowledge Management était défini par A. Carlier comme « une démarche qui

collecte, capitalise et diffuse les informations et la connaissance d’une entreprise en

interne. »85 Or, nous avons vu que les RSE, en tant que supports du travail collaboratif,

œuvraient dans la même direction que les principes du Knowledge Management. En d’autres

termes, les RSE changent également le rapport du salarié à l’information. La donnée clé n’est

plus l’information mais le traitement et l’analyse qui en sont fait pour qu’elle devienne une

connaissance.

Il ne s’agit pourtant pas d’une problématique récente, le rôle de l’information et des

connaissances au sein de l’entreprise a donné lieu à beaucoup d’études et de méthodes de

management différentes. Alain Garnier résume cette dualité complexe dans son ouvrage

L’information non structurée dans l’entreprise : « L’information est au cœur du monde

d’aujourd’hui et pourtant elle n’a jamais été autant remise en cause et difficilement

accessible. N’entend-t-on donc pas souvent que « trop d’information tue l’information » ?

[…] On a cru un temps qu’il suffisait d’agréger toujours plus d’informations pour que la

vérité surgisse du néant ! Pour que l’entreprise y voit clair sur ses clients, ses procédures, ses

84 BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis, Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en place et faire vivre

un RSE, Dunod, 2015, p.11-15 85 CARLIER Alphonse, Knowledge Management et Web 2.0, Lavoisier, Paris, p.91

72

liens avec le reste du monde. La réalité est tout autre : oui l’information éclaire mais son

exploitation est difficile.86 »

La dernière phrase de cette citation révèle la difficulté de cette transition pour les entreprises.

Avoir de « la data » ne signifie rien sans lecture appropriée. C’est donc un mécanisme qui

demande la réunion de plusieurs conditions : d’abord l’évolution du comportement des

salariés, invités à être pro-actif et créateurs de contenus et en parallèle le respect de ces

initiatives par le management, ce qui encore aujourd’hui n’est pas systématiquement le cas.

Ce mécanisme vaut également pour les RSE, en effet un réseau social d’entreprise qui ne

transmet que de l’information, sans aucune direction, sans lui permettre de devenir une

connaissance, une compétence ou une expertise n’est pas productif et ne participe pas à une

amélioration de la performance individuelle ou collective. Le réseau social d’entreprise se

limite alors à être une simple page Facebook et n’est pas en mesure de créer ou de favoriser

l’émergence d’une intelligence collective.

Ces changements remettent en évidence le rôle des communautés de pratique dans la

transmission de connaissances au sein de l’entreprise. En effet, une grande quantité

d’informations n’est pas synonyme de connaissance ou de savoir. Une connaissance est une

information qui a évolué, une information à laquelle on a donné une valeur ajoutée. Une

connaissance porte en elle un aspect stratégique que ne revêt pas l’information. Ces

connaissances, les collaborateurs ont la possibilité de les créer et de les transmettre dans

l’entreprise via les communautés de pratique, qui grâce aux RSE sont formalisées et

officialisées et ont donc gagné en puissance.

B) Le rôle des communautés de

pratique dans la transmission des

connaissances

Toutes ces transformations au sein de l’entreprise s’accompagnent d’une redéfinition de la

circulation de l’information et de la transmission de connaissances. La création facilitée de

communauté redessine le cycle d’apprentissage des collaborateurs. Comment peuvent-ils

partager et transmettre des connaissances ? Nous allons voir que le rôle des communautés de

pratique est prépondérant et intensifié par l’usage des RSE.

86 GARNIER Alain, L’information non structurée dans l’entreprise, Lavoisier, Paris, 2009, p.17

73

1. Le rôle des communautés de

pratique

Il existe plusieurs types de communautés au sein d’une entreprise, numérique ou physique,

d’intérêt, de projet ou encore de veille mais celles qui nous intéressent ici sont les

communautés de pratique car elles permettent aux collaborateurs de s’impliquer dans le

processus et le cycle de création-transmission des connaissances, faisant d’eux des moteurs du

changement. Il existe plusieurs approches des transmissions de connaissances et des

communautés de pratique et nous allons étudier les deux plus pertinentes dans le cadre de

l’entreprise : la communauté pratique selon Wenger et Lave et le modèle de transmission de

connaissances dit du S.E.C.I.

1.1 Modèle de la participation périphérique légitime

Avant d’établir le concept de communautés de pratique, Wenger avait, en 199187,

proposé le processus d’apprentissage basé sur la participation périphérique légitime. C’est

avec son deuxième ouvrage en 1999 et le troisième en 2002 qu’il développe le concept de

communauté de pratique. Pour résumer sa théorie, nous pouvons dire qu’une communauté de

pratique est une organisation sociale de connaissance. Selon lui, ce type de communauté

existe depuis très longtemps et chaque individu est amené à faire partie d’au moins une

communauté, même sans le savoir. La figure ci-après représente la schématisation d’une

communauté de pratique :

Figure n° 25 : Niveau de participation dans une communauté de pratique

Source: WENGER Etienne, Cultivating

communities of practice, p.57

87 WENGER Etienne, Situated learning. Legitimated peripheral participation, Cambridge Press, 1991

74

Ce qu’il est intéressant d’observer avec le modèle de Wenger c’est que la communauté

incorpore plusieurs niveaux différents de participation. C'est-à-dire que l’individu qui entre

dans la communauté peut être un membre actif et reconnu et avoir une participation de nature

« périphérique » qui va s’enrichir avec son expérience au sein de la communauté. La

communauté de pratique réaffirme le rôle souvent bien effacé dans les entreprises de la

notion de personnalité. En effet, plus les membres d’une communauté vont partager des

choses en commun en dehors de l’aspect purement « projet » que peut revêtir une

communauté, plus le rôle de la communauté sera important.

1.2 Le modèle de Nonaka et Takeuchi

Étudions maintenant le modèle de Nonaka et Takeuchi, appelé aussi modèle du

S.E.C.I formulé en 1995. Il met en avant un processus de conversion de connaissances basé

sur les dimensions tacites et explicites du savoir c’est-à-dire que pour le premier il s’agit d’un

savoir ancré dans l’action, dans un contexte spécifique, dans une habitude, une routine alors

que pour le second, il s’agit d’un savoir codifié, une connaissance transmissible en langage

formel et d’une spirale qui évolue à travers trois niveaux : le niveau de l’individu, celui du

groupe et enfin celui de l’organisation. Les deux auteurs reconnaissent quatre modes de

transmission de la connaissance, soit d’apprentissage : la socialisation, l’externalisation ou le

fait de trier et d’associer les savoirs afin de les rendre compréhensibles pour les autres, la

combinaison qui revient à l’échange de savoirs et enfin l’intériorisation qui désigne

l’assimilation de connaissances.

Figure n° 26 : Modèle de Nonaka et Takeuchi, dit modèle du S.E.C.I

Source: DEMAILLY A., PINGAUD F., « Les organisations

selon Simon, Nonaka et Takeuchi », Bulletin de psychologie 1/2005

(Issue 475), p. 149-156

75

La socialisation qui est un processus de conversion d’un savoir tacite en un autre

savoir tacite, se produit principalement lors d’interactions sociales et de partage d’expérience.

L’externalisation est le processus de conversion d’un savoir tacite en savoir explicite.

Il s’agit donc d’un processus de création de connaissances formelles. Cela demande d’avoir

recours à des images pour dépasser les freins inhérents de la communication et de la

codification. Cette formalisation des connaissances passe avant tout par des échanges au sein

d’un groupe.

Le processus de combinaison convertit des connaissances explicites vers de l’explicite,

il conviendrait plutôt de dire qu’il s’agit de la diffusion des connaissances explicites et cela

peut s’obtenir par le tri, la synthétisation, la classification et la catégorisation de

connaissances.

L’intériorisation, phénomène qui décrit le passage d’une connaissance explicite à

tacite, résulte souvent d’un « apprentissage en faisant »88, c’est-à-dire enraciné dans la

pratique et l’action.

1.3 Constats et interprétations

On constate que le modèle de transmission de connaissance du SECI adopte en fait

plusieurs modes de transmissions. Nous voyons que le modes de « l’intériorisation » est

similaire à l’approche de la communauté pratique de Wenger, cela s’observe même à un

niveau visuel. Ce qui nous laisse penser que ce modèle de transmission de connaissances

appliqué à une communauté de pratique est la combinaison la plus efficace pour qu’un

collaborateur puisse partager et transmettre des connaissances, des savoirs et des

compétences.

Or, nous venons justement de mettre en évidence l’essor de l’unité « équipe » au sein des

entreprises grâce aux changements induits par les RSE.

Cela nous permet donc directement de réaffirmer le rôle prépondérant des RSE en tant qu’ils

permettent de constituer des communautés de pratique au sein desquelles les collaborateurs

transforment des connaissances « explicites » ou « structurées » en compétences et savoirs

pratiques qui de facto leur permettent de gagner en efficacité et en productivité.

88 DEMAILLY A., PINGAUD F. : « Les organisations selon Simon, Nonaka et Takeuchi », Bulletin de

psychologie 1/2005 (Issue 475), p. 149-156

76

C) Vers une émergence de L’IC

Tous ces nouveaux paradigmes, ces changements d’organisation et ces modes de travail (ré)

émergents, vers quoi tendent-ils ? Ces réorganisations ne sont pas dénuées de sens et ont

effectivement pour but une amélioration des performances de l’entreprise, la transmission de

savoirs et de connaissances au sein de l’entreprise via l’apprentissage des communautés de

pratique est le terreau nécessaire à l’émergence d’une intelligence collective, qui permettra à

l’entreprise de développer sa productivité.

Déjà en 1994, Glaser disait « une compétence nouvelle est maintenant exigée des employés,

des ouvriers aux décideurs : celle de travailler productivement et collaborativement dans les

équipes ».89 Les modes d’organisation et de travail collaboratifs, s’ils ont été propulsé par les

NTIC ne sont pourtant pas des phénomènes récents. Ils sont de nouveaux sur le devant de la

scène avec les RSE et conduisent les entreprises vers une réorganisation compétitive et

productive basée sur l’IC.

1. Contours de l’IC

1.1 Définition

Comment peut-on définir clairement et opérationnellement la notion d’ « intelligence

collective » ? S’agit–il simplement de la somme des intelligences individuelles au sein de

l’entreprise ?

L’intelligence collective est une notion pluridisciplinaire qui ne s’applique pas seulement aux

sciences de la communication, il existe donc une pléthore de définitions spécifiques pour la

caractériser selon le domaine étudié. Pour arriver à avoir une idée globale nous avons retenu

cette définition : « L’intelligence collective est la capacité à utiliser à leur pleine potentialité

toutes les ressources de l’entreprise en vue d’assurer la production de biens ou de services de

qualité, de créer et de maintenir l’adéquation et l’équilibre entre missions – structures –

ressources – résultats et entre les dimensions stratégiques et opérationnelles de l’entreprise.

Elle se traduit le mieux en termes d’adaptation et souplesse. » 90

89 GRESELLE Zaïbet, « Vers l'intelligence collective des équipes de travail : une étude de cas. », Management &

Avenir 4/2007 (n° 14), p. 41-59 90 GRESELLE Zaïbet, « Vers l'intelligence collective des équipes de travail : une étude de cas. », Management

& Avenir 4/2007 (n° 14), p. 41-59

77

Dans son article « Vers l'intelligence collective des équipes de travail : une étude de

cas » 91, Greselle Zaïbet nous propose de l’appréhender sous le prisme de trois dimensions :

une dimension cognitive, une dimension relationnelle et une dimension systémique.

La dimension cognitive permet de comprendre le sens de l’intelligence collective, elle est

elle-même composée de trois sous dimensions : la compréhension collective, la réflexion

collective et la décision collective.

La compréhension collective est conçue comme « l’élaboration d’une représentation

de référence dite souvent référentiel commun. Quoique ces notions ne coïncident pas tout à

fait, on parle aussi de référentiel opératif commun, de vue partagée, d’environnement cognitif

mutuel, d’espace d’information commun, de modèle mental partagé. »92 C’est cela qui amène

notamment l’apparition d’un vocabulaire spécialisé selon le domaine, des abréviations

utilisées pour désigner un processus, car la compréhension collective leur donne une

signification.

La deuxième sous-dimension de l’intelligence collective tourne autour de la réflexion

collective, il s’agit de l’apprentissage collectif en vue de constituer une mémoire collective.

Enfin la décision collective est considérée comme la construction d’une décision par la

mobilisation de l’IC et des connaissances des membres.

La dimension relationnelle de l’IC est concentrée sur l’action collective. L’action collective se

comprend d’abord comme la collaboration. Trois principes de la coopération peuvent être

repris pour caractériser la collaboration : l’interdépendance, l’interaction et la co-activité.

Mais l’action collective revêt également des aspects d’autonomie et surtout de confiance. Il

s’agit véritablement du socle de la dimension relationnelle de l’IC, elle agit comme « la

présomption que, en situation d’incertitude, l’autre partie va agir, y compris face à des

circonstances imprévues, en fonction de règles de comportements que nous trouvons

acceptables.»93 La confiance au sein de l’IC c’est aussi la résolution des conflits grâce à la

91 Ibid. 92 LEPLAT J. et DE TERSSAC G., Les facteurs humains de la fiabilité dans les systèmes complexes, Octares,

Marseille, 1990 93 BIDAULT F. « Comprendre la confiance : la nécessité d’une nouvelle problématique », Economies et

Sociétés, Sciences de Gestion, 1998, n°8/9, 33-46

78

cohérence et la cohésion de l’équipe. Quelques études ont d’ailleurs montré que les conflits

étaient sources de créativité.94

Enfin la dernière dimension de l’IC est une dimension systémique. Pourquoi systémique ?

Car l’organisation d’un groupe oblige à gérer des projets à la fois aux niveaux des individus et

au niveau collectif. Il se créé donc des interactions desquelles nous pouvons dégager deux

grands systèmes : le « système d’action »95 qui agit directement sur l’environnement et le

« système pensant »96 qui se concentre sur les notions d’efficacité et d’efficience.

Après avoir défini les contours de l’IC, comment se traduit-elle de manière concrète dans les

entreprises ? Dans quelle mesure les collaborateurs participent-ils à son émergence ?

2. L’intelligence collective comme

facteur de productivité

2.1 A certaines conditions

En effet, l’intelligence collective intervient dans les entreprises comme un facteur de

productivité mais il s’agit d’un processus qui prend du temps à s’installer et à émerger.

« L’intelligence collective n’émerge pas de façon spontanée et instantanée : il faut du temps

(les membres vont apprendre à se connaître et à agir ou penser ensemble) et il peut y avoir

des conflits (les membres vont devoir confronter leurs représentations de la situation et leurs

intérêts) et elle est liée à l’environnement. »97 Ce n’est pas un concept « clé en main » qui va

pouvoir révolutionner les modes de travail et la performance des équipes sur décret, sa mise

en place requiert certaines conditions. «L’intelligence collective peut constituer un facteur

important d’efficacité dans les équipes(…) l’émergence de l’intérêt pour l’intelligence

collective tient à deux choses : la première est la complexité croissante des problèmes

rencontrés, la deuxième est la limite du fractionnement des composantes d’une situation.»98

L’IC ne peut « prendre » qu’au sein d’une organisation résolument tournée vers elle. L’IC a

besoin d’une organisation hiérarchique horizontale, permettant une grande transversalité entre

les différents métiers. En bref, l’IC a besoin d’être mise en place dans une entreprise 2.0, une

94 PELLED L.H “Demographic diversity, conflict and work group outcomes: an intervening process theory",

Organization Science, vol. 6, p. 615-631. 95 RIBETTE R. « Les stratégies d’élaboration et de transmission des connaissances : construits individuels et

construits collectifs », Revue Internationale de Systémique, 1995, Vol 9, N°2. pp.167 à 182. 96 Ibid. 97 GRESELLE Zaïbet, « Vers l'intelligence collective des équipes de travail : une étude de cas. », Management &

Avenir 4/2007 (n° 14), p. 41-59 98 Ibid.

79

entreprise où le collaborateur est à la fois centre de décision autonome et où il participe à

l’enrichissement permanent de son environnement. Une entreprise où idéalement, base de

connaissance et système d’information sont réunis au sein d’un réseau social d’entreprise.

Nous allons voir que les collaborateurs peuvent participer à sa construction et

particulièrement grâce aux communautés de pratique.

2.2 Les communautés de pratique des tremplins pour les collaborateurs

Les collaborateurs participent à l’émergence de l’IC via leur activité au sein des communautés

de pratique. Nous avons vu précédemment le rôle important de la transformation du mode de

travail et de transmission des connaissances impulsé par les RSE via ces communautés. Or,

l’intelligence collective est propre à un environnement de travail restreint et c’est précisément

le socle donné par les RSE via les communautés de pratique. « L’intelligence collective est

propre à un collectif de travail restreint qui est constitué pour faire face à une situation de

travail. En effet, nous partons du principe que l’intelligence collective émerge en particulier

des groupes de petite taille car les échanges sont plus fructueux. »

Greselle Zaïbet relate l’exemple d’une équipe d’assemblage au sein de laquelle se sont

manifestés des phénomènes d’intelligence collective:

Encadré n° 12: Phénomène d’intelligence collective au sein d’une équipe d’assemblage

« Nous avons repéré plusieurs phénomènes d’intelligence collective au sein de l’équipe d’assemblage

mais qui relèvent surtout de la dimension relationnelle. Dans cette équipe, nous avons pu remarquer

que bien que le travail soit individuel, les opérateurs peuvent réaliser une tâche à plusieurs. Il arrive

ainsi que, comme l’ont montré Marine et Navarro (1980) dans le cas d’incidents, lorsque la charge

de travail d’un membre de l’équipe est supérieure à celles des autres, certains opérateurs viennent

l’aider. Généralement, cela se fait en fonction des affinités : « Dans l’équipe, on est trois ou quatre à

travailler ensemble suivant les affinités extraprofessionnelles. Si on n’est pas débordé, on va aider

l’opérateur sur son unité qui a plus de boulot. On ferme ses fûts pendant qu’il en charge dans le four.

Le temps passe plus vite et on n’est pas tout seul ». On repère donc une certaine solidarité et une

cohésion de l’équipe : Le collectif agit comme une même et seule unité. Existence d’une dynamique

collective. » 99

99 GRESELLE Zaïbet, « Vers l'intelligence collective des équipes de travail : une étude de cas. », Management &

Avenir 4/2007 (n° 14), p. 41-59

80

81

Chapitre II : Les leviers d’une appropriation réussie : du concept a l’opérationnel

82

A) Mise en pratique des RSE dans

des entreprises : des idées à retenir

Comment mettre en place un RSE en vue d’établir une intelligence collective ? Comment

impliquer et fédérer les salariés pour qu’ils soient moteurs du changement ?

Autant de questions auxquelles nous allons essayer de répondre nous allons procéder à

l’identification d’autres entreprises ayant eu recours au développement de ces nouveaux outils

et analyser leur utilisation.

Cette partie présente des cas de mise en place des RSE au sein d’entreprises de secteurs

différents, de natures différentes et de tailles différentes.

Nos recherches se sont basées particulièrement sur l’article « Les réseaux sociaux

d’entreprise de 5 groupes français » 100 de Dominique Filippone qui reprend l’étude de

Knowledge Consult et l’EM Lyon effectuée en 2012 auprès de 55 entreprises101, l’ouvrage

d’Alain Garnier102 et celui de Gille Balmisse et Alain Meingan.

Il se concentrera sur 4 entreprises en particulier. Dans un premier temps, nous étudierons le

lancement d’un réseau social dans deux entreprises appartenant au secteur industriel, Alstom

et Rhodia. Ensuite nous analyserons le processus de déploiement chez e-Wallonie Bruxelles

qui a réussi a impliqué ses salariés dès le départ et enfin nous analyserons la mise en place

d’un RSE au sein d’une PME. Le réseau social d’entreprise du groupe TOTAL sera étudié en

détail dans la dernière partie de notre mémoire.

100 Article de Dominique Filippone paru sur le site Le Journal du Net :

http://www.journaldunet.com/solutions/reseau-social-d-entreprise/reseau-social-d-entreprise-projet-et-retour-d-

experience/alstom.shtml 101 Site de l’étude : http://www.knowledgeconsult.com/1/publications/etude-rse/ 102 GARNIER Alain, Le réseau social d’entreprise, Lavoisier, Paris, 2009

83

1. Le cas Alstom

Figure n° 27: logo du groupe Alstom

Source: www.alstom.fr

1.1 Le Contexte

Le groupe « Als-thom » né en 1928 est un des leaders mondiaux dans le domaine des

infrastructures de production d’électricité (un quart de l’électricité mondiale) et celles du

transport ferroviaire. Présidé par Patrick Kron, Alstom est un groupe international présent

dans plus de 100 pays, et qui emploie 96.000 salariés. Le chiffre d’affaires de l’année 2013-

2014 s’élève à 20 milliards d’euros. Depuis avril 2014, la branche énergétique d’Alstom a été

rachetée par l’américain General Electrics.

1.2La Réalisation

Dans le cadre d’une transformation organisationnelle et d’un processus d’amélioration de la

gestion des connaissances Alstom s’est lancé dans la mise en place d’un projet RSE en 2007 :

« Alstom Collaborative Way ». Cela avait également pour but d’améliorer l’utilisation des

outils collaboratifs existants à savoir un blog édité par Six Apart, un wiki avec le logiciel

« Confluence » et une application dédiée à la GED : « Alfresco. »103

Il s’agit d’un projet d’envergure tant au niveau humain, puis qu’il concerne les 14.000 salariés

du groupe, qu’au niveau financier car il aura fallu débourser plus de 100.000 euros.

Après analyse des objectifs, la solution retenue par Alstom a été SharePoint 2010,

Le projet a été débuté en 2007 et a été déployé sur deux ans de 2011 à 2013.

En deux ans le RSE a totalisé la création de 800 communautés et ces 800 communautés sont

actives au sein du RSE.

L’accompagnement des collaborateurs s’est effectué avec la société Logica via des webinars,

des guides papiers et des tutoriels vidéos. L’appropriation s’est également effectuée via des

103 Article paru sur le site Le journal du Net : http://www.journaldunet.com/solutions/reseau-social-d-

entreprise/reseau-social-d-entreprise-projet-et-retour-d-experience/alstom.shtml

84

acteurs internes comme des équipes de projet dédiées et des communautés clés pour les

utilisateurs.

1.3 Enseignements

Le RSE a suscité l’adhésion d’une grande partie des salariés, mais pour autant cela ne s’est

pas effectué sans heurts, notamment à cause de divergences de point de vue sur le modèle

Alstom Collaborative Way entre la direction et la Direction des Systèmes d’Information

(DSI). Les réticences des salariés ont été perçues sur une minorité des équipes et n’ont donc

pas constitué de frein conséquent.

2. La mise en place d’un RSE chez

Rhodia

Figure n° 28: logo de l’entreprise Rhodia

Source: www.rhodia.com

2.1 Le Contexte

Créé en 1999, le groupe Rhodia est issu de la fusion du groupe Rhône-Poulenc et Aventis et

est devenu depuis septembre 2011, une filiale du groupe Solvay. Acteur principal dans

l’industrie pharmaceutique française, le réseau industriel de Rhodia est international.

Dans le cadre du rachat de Rhodia et des changements opérés, le projet RSE « Engage » a vu

le jour.

2.2 La réalisation

Entamé en 2012, le projet RSE a pour ambition d’allier une cible interne et externe. Jusqu’ à

présent, seule la cible interne est intégrée. Les objectifs de la mise en place de ce RSE sont

clairs :

- Améliorer la synergie entre les différents départements

- Animer les communautés existantes

85

Avec un budget alloué de 1 million d’euros, la solution retenue pour arriver à remplir ces

objectifs est Jive notamment par rapport aux trois points forts de Jive que sont la production

de contenu, les outils de recherche et les outils de réseaux sociaux.

Le déploiement s’est effectué selon une approche évolutive avec la mise à disposition de

nouvelles fonctionnalités de manière régulière mais il connaît des difficultés d’intégration au

SI existant.

Le RSE compte aujourd’hui 2700 utilisateurs, il y a 200 groupes qui ont été créés sur

la plateforme mais seulement 77 actifs. Le déploiement du RSE en toujours en cours.

Une des premières communautés créée fut celle du comité exécutif car en réunion, il pouvait

y avoir jusqu’à 14 membres et la prise de décision était très compliquée, le PDG a donc

décidé de lancer une communauté dédiée pour ce genre de réunion. Désormais, les réunions

se préparent en amont grâce à l’échange de document et les dirigeants peuvent venir aux

réunions équipés seulement d’une tablette.

2.3 Enseignements

Dans ce cas pratique que le RSE « Engage » répond globalement aux besoins de l’entreprise

car les utilisateurs sont nombreux, pour autant il ne s’intègre pas totalement au SI104, il ne

remplace pas les autres outils traditionnels et vient parfois créer des doublons et ne permet pas

la création d’une base documentaire et d’une base de connaissances. Nous pouvons penser

que c’est la raison pour laquelle le développement et la pérennisation des groupes sont limités.

Nous remarquons aussi que l’implication des dirigeants dans le RSE et la création d’une

communauté a été une réussite puisqu’elle a permis de faciliter leurs échanges et de gagner en

productivité. Nous pensons aussi que ce comportement montre l’exemple à suivre aux

managers et à tous les collaborateurs.

3. Le cas d’e-Wallonie-Bruxelles:

3.1 Le Contexte

E-Wallonie-Bruxelles est en charge de la simplification administrative et électronique pour la

fédération de Wallonie. Le lancement d’une plateforme RSE avait pour but de partager

facilement des documents et accélérer la circulation de l’information.

104 Système d’Information

86

L’entreprise s’est démarquée en termes de conduite du changement car elle a intégré ses

collaborateurs dès la première étape du projet càd la sélection de la plateforme.

3.2 La réalisation

En effet, l’entreprise a décidé d’intégrer les collaborateurs au processus de décision

concernant la plateforme RSE. Une présélection de l’outil avait été faite, il s’agissait de

KnowledgePlaza, et par le biais de différents scénarios mis à disposition des collaborateurs,

des tests ont été effectués pour s’assurer que la plateforme présélectionnée convenait bien aux

attentes.

Chaque collaborateur a pu voter pour l’usage qui lui semblait le mieux mis en place par la

plateforme.

Tableau 15 : Exemples de scénarios mis à disposition

Éléments importants du scénario Scénarios

Collaboratif, document en cours de rédaction,

Wiki

Pour documenter le projet A, Alain et Laurent

construisent un document unique qu’ils

alimentent en mode Wiki afin de ne pas

s’éparpiller dans de multiples versions

Collaboratif, agenda, accessibilité Afin de préparer son intervention à la conférence

B, Alain, en télétravail, réserve une plage horaire

dans l’agenda de Maud pour finaliser la

présentation.

Collaboratif, messagerie instantanée, document

en cours de rédaction

Pour finaliser la présentation B, Alain demande à

sa collègue par messagerie instantanée si elle

peut confirmer deux éléments de la slide 12

Recherche avancée Afin de poursuivre le projet de simplification et

dématérialisation du formulaire X, projet qui a

été « gelé » pendant plusieurs mois, Laurence

cherche tous les documents liés à ce projet et les

échanges de mails avec l’administration afin

d’être en possession du dossier.

Ensuite le déploiement s’est fait de manière progressif afin que les salariés s’adaptent aux

changements apportés par l’outil mais aussi aux changements apportés dans leurs modes de

Source : BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis,

Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en

place et faire vivre un RSE, Dunod, 2015, p. 131

87

travail et de fonctionnement. Aujourd’hui plusieurs communautés ont été créées et

fonctionnent.

3.3 Enseignements°

Cette mise en œuvre fait ressortir deux points forts : d’une part l’implication des parties-

prenantes du RSE voulue par la direction afin de les préparer et des les aider au plus près

dans le changement de mode de travail et ensuite l’aspect graduel du déploiement.

4. Le cas d’une PME : le groupe

SCE

Figure n° 29 : logo du groupe SCE

4.1 Contexte et réalisation°

Enfin nous terminons notre tour d’horizon en sondant la mise en place d’un RSE en PME

avec le groupe SCE. Pour illustrer l’usage des RSE en PME nous reprendrons le lancement de

SeeMy proposé par Alain Garnier105, réseau utilisé par le groupe SCE.

Cet exemple concerne un groupe de 300 salariés, présent sur 11 sites en France et à l’étranger.

SeeMy s’est substitué au portail existant de type Intranet en 2008. Les premiers objectifs du

réseau étaient d’ « échanger dans des communautés de pratique, remonter, structurer, et

enrichir les références utilisées par les commerciaux ou encore organiser une veille

collaborative sur les problématiques métiers du groupe. »106

Le lancement fin 2008 n’a pas été concluant car l’accompagnement n’a pas été

suffisant. Un second lancement a donc été programmé en 2009 mais avec des thématiques

bien précises et avec le soutien d’ASI, une agence spécialisée dans le développement et

l’intégration d’applications décisionnelles. Six mois après le second lancement, 55

105 GARNIER Alain, le réseau social d’entreprise, Lavoisier, Paris, p.106-107 106 Ibid. p.106

Source : www.sce.fr

88

communautés étaient créées, dont 80% professionnelles et liées au métier et 20% étaient

d’intérêt et liées à des hobbies ou à la vie privée.

4.2 Enseignements

L’appropriation de l’outil a connu une progression notable lors de la reprise du projet par

une société externe.

B) Enseignements à tirer des études

de cas et identification des freins

1. Enseignements

Suite à nos études de cas et nos précédentes recherches et analyses nous pouvons dégager des

enseignements et des idées à retenir :

Dans la majorité des cas les entreprises font appel à des prestataires spécialisés.

L’accompagnement contextualisé permet une meilleure implication des salariés et une

meilleure conduite du changement.

Installer une gouvernance appropriée permet d’éviter les freins organisationnels.

L’intégration complète des RSE dans le SI de l’entreprise est encore mal géré à la fois

par les solutions et par les entreprises.

Un déploiement graduel des fonctionnalités d’un RSE permet une meilleure

appropriation.

Curieusement, ces nouvelles technologies nous donnent des moyens d’accès à l’information

plus rapide que jamais, nous n’avons jamais été aussi connectés les uns aux autres dans les

entreprises et pourtant ces mêmes technologies ont, elles aussi, leurs limites et leur risques

propres.

1.1 Taille critique des organisations : mythe ou réalité ?

Nous remarquons également que nos cas pratiques ont mis en évidence la pluralité et la

diversité des entreprises dans lesquelles des RSE ont été lancés. Beaucoup de littérature

spécialisée est parue en émettant l’hypothèse d’un « seuil critique » au-delà duquel le

lancement d’un réseau social interne serait inefficace, pourtant nous verrons dans notre

troisième partie que Total a lancé son RSE dans tout le groupe, qui regroupe des centaines de

milliers de collaborateurs. A l’inverse nous avons étudié la mise en place d’un RSE au sein

d’une PME, et nous avons vu que cela avait été un succès. Nous pensons donc qu’avec la

89

grande diversité des solutions proposées aujourd’hui soit en open-source, soit avec les

éditeurs, les entreprises de toute taille sont concernées par les RSE. Les solutions sont de plus

en plus polyvalentes et peuvent s’adapter à tout type de configuration. La taille d’une

entreprise n’est pas, ou plus, un critère discriminant pour la mise en place de nouveaux outils.

1.2 L’organisation en mode projet : pour toutes les entreprises ?

Nous avons vu que les communautés de pratique étaient de véritables tremplins pour les

collaborateurs. En effet, le « mode projet » est une organisation qui favorise à de nombreux

points de vue l’appropriation des RSE, mais est ce que ce « mode projet » est applicable à

tous les secteurs d’activité ? Il semblerait que le secteur des services (banques, assurances,

hôtellerie…) soit favorisé par ce mode d’organisation mais qu’en est-il des activités

« primaires » ? Il faut donc penser que certaines activités et certains domaines ne sont pas

propices à l’installation de ces outils.

Grâce à nos recherches, notre démarche terrain et nos études de cas nous avons pu identifier

des freins à l’appropriation des RSE en entreprises et ils sont de nature différentes :

fonctionnels et personnels.

2. Freins fonctionnels

2.1 Freins liés aux outils sociaux : la notion de partage et d’instantanéité

Le simple partage est un échange dénué de valeur stratégique. Lors d’un partage

d’information, de connaissances, de savoirs, il se produit une redirection de la valeur vers un

public ciblé mais il ne se produit pas de création de valeur. Dans le cadre d’un réseau social

d’entreprise, penser le « partage » n’est pas suffisant, c’est une fonction que l’on trouve

notamment sur les réseaux sociaux en ligne tels que Facebook. Un réseau social d’entreprise

qui n’intègre que des outils de partage et non pas de transmission ciblée, avec un aspect de

confidentialité modulable ne peut pas être adopté par les collaborateurs ou du moins pas en

mode projet, car les informations partagées n’auront que cette vocation et ne seront pas

transformées en valeur ajoutée, stratégique.

Les outils sociaux se heurtent aussi à leur rapport au temps, c’est-à-dire que le principe du

partage d’information est temporaire, il est soumis à l’instantanéité du flux d’activité de la

plateforme collaborative et par conséquent la visibilité de l’information ne touche que les

utilisateurs présents au bon moment sur la plateforme. Beaucoup d’outils ont pallié ce défaut

90

avec des outils de suivis et de mise à jour mais dans la phase de déploiement et de prise en

main de l’outil cette temporalité de l’instant apparaît comme un frein.

2.2 Manque de tests en amont

Le second frein fonctionnel que nous avons mis en évidence, notamment grâce à notre

entretien avec Antonin Grêlé est la non adéquation des fonctionnalités du RSE avec les

attentes de l’entreprise et/ou des utilisateurs. C’est un frein qui peut s’avérer fatal au projet

lorsqu’il n’y a pas de phase test d’muabilité de l’outil. La plupart des entreprises n’ont pas le

réflexe de faire ces tests et l’appropriation en pâtit souvent.

Encadré n° 13 : Extrait de l’entretien avec Antonin Grêlé, le 10 juillet 2015

« Il faut toujours combiner des tests de fonctionnalité de l’outil et des tests d’usabilité. Il est très

important de se frotter aux utilisateurs le plus vite pour avoir un retour sur les avantages et les

défauts liés à l’utilisation, il existe notamment un indicateur que l’on utilise dans ce genre de tests, le

MVP soit Minimum Viable Product, qui est censé nous montrer si la prise en main de l’outil est

efficace ou non. »107

Sur les quatre entreprises que nous avons analysées, seule une a confronté ses salariés à l’outil

avant la phase de déploiement. Nos recherches nous ont montré qu’il ne s’agit pas d’une

tendance isolée, rappelons-nous de notre entretien avec Sophie Poinsot.

Encadré n° 15 : Extrait de l’entretien avec Sophie Poinsot annexe n° 3

« Je dirais qu’il n’y a pas eu de véritable choix de l’outil car il était intégré dans le pack Windows

Entreprise et cet outil ne répondait pas à nos attentes(…) Bref, ce n’est pas adapté aux contenus que

nous voulons mettre en avant dans l’agence, c’est-à-dire des photos notamment d’événements que

nous avons organisés. (…)Les collaborateurs n’ont évidemment pas compris ce qu’était cet outil et à

quoi il servait, ce qu’ils pouvaient y mettre ou non. Il y a eu une véritable désertion de cet outil

hormis pour quelques événements ponctuels. »

2.3 Mauvaise intégration aux SI existants

Ce frein est véritablement celui que nous avons le plus mis en évidence dans notre étude car il

ne semble pas résolu d’un côté comme de l’autre des parties-prenantes. D’un côté les éditeurs

proposent des solutions qui globalement, ont du mal à s’intégrer aux SI existants et de l’autre

107 Cf.annexe n°3

91

côté les entreprise multiplient les applications, qui aujourd’hui on presque toute la fonction du

profil utilisateur. Par conséquent, les collaborateurs doivent remplir 3 ou 4 fois un profil pour

des applications différentes, ce qui entraîne une redondance qui n’incite pas les collaborateurs

à s’impliquer dans un RSE.

2.4 Disponibilité de la plateforme

Le dernier frein fonctionnel à l’appropriation des RSE que nous voulons mettre en évidence

est lié à la disponibilité de la plateforme. Parfois pour des raisons de coûts les plateformes ont

des horaires d’ouverture et de fermeture mais ce n’est pas là le point le plus important. Il

s’agit plutôt de la disponibilité du RSE en mobilité. Pour certaines organisations ce n’est pas

un usage fréquent et donc elle n’en développe pas mais aujourd’hui même au travail, tout le

monde est connecté soit à un Smartphone, soit à une tablette et il est certain que c’est ce vers

quoi les RSE tendent et dans un futur proche, si le RSE n’est pas disponible en mobilité il

s’agira d’un véritable frein.

3. Freins émotionnels

Grâce aux cas pratiques que nous avons exposés précédemment, nous avons vu que les

réticences liées au comportement des collaborateurs ne sont pas les plus importantes mais

elles peuvent naître des freins fonctionnels. En effet, si la plateforme n’est pas adéquate aux

besoins des salariés, l’adoption ne pourra pas se faire et encore moins l’engagement.

3.1 Les freins personnels

Cependant, il existe des profils de collaborateurs qui ne sont pas officiellement réticents mais

qui sont faiblement actifs, voire passifs. Le peu de disponibilité, le manque de clarté par

rapport à ce qui est attendu, des compétences limitées, la méfiance de l’outil…ce sont les

raisons le plus fréquemment invoquées pour justifier ce comportement.108

Aussi, il existe des freins émotionnels intimement liés à la situation du changement. Chaque

être humain est composé d’émotion et a une psychologie particulière. D’un point de vue

psychologique, les émotions sont les réponses apportées par notre organisme à des situations

de déséquilibres, elles ont donc une signification particulière.

Nous interprétons tous différemment les signaux émotionnels que nous émettons. Dans le cas

de l’entreprise et de changement d’outils, ils se manifestent souvent comme des mécanismes

de défense. Les individus étant face à une situation qu’ils ne peuvent pas contrôler ou pour

108 BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis, Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en place et faire

vivre un RSE, Dunod, 2015, p.170

92

laquelle ils ne se sentent pas assez compétents. La résistance des collaborateurs face à

l’intégration de nouvelles technologies et nouveaux outils de communication est tout à fait

naturelle. Elle fait partie du processus d’appropriation, il ne faut donc pas la voir comme un

frein en tant que tel. Il est donc important pour le management d’en avoir conscience et

d’accompagner le deuil de ces émotions et non pas de les renier, ou d’essayer de les

contrecarrer.

3.2 Sécurité et confidentialité des données

Enfin le dernier frein à l’appropriation des RSE que nous avons voulu mettre en évidence est

lié à l’impact des RSE sur la sécurité des données. Il s’agit de la question principale que se

posent les entreprises : Comment faire pour que les informations ne sortent pas du circuit

interne ? C’est un aspect très sensible dans le bon fonctionnement d’une plateforme RSE car

il s’agit également d’impliquer chaque collaborateur dans son éthique personnelle. Le

problème de la sécurité ne vient généralement pas de l’outil en lui-même car il a été paramétré

pour respecter une confidentialité propre à l’entreprise, même si nous pouvons émettre

l’hypothèse que la dépendance vis-à-vis d’un éditeur qui collecte des données est également

un frein.

D’une part le problème majeur de sécurité vient du comportement des utilisateurs qui sans

s’en rendre compte font sortir des informations, qui peuvent être confidentielles, du RSE. Les

e-mails et les clés USB étant les premiers vecteurs.

D’autre part le frein lié à la sécurité des données est plus d’ordre émotionnel chez l’utilisateur,

qui surtout dans un milieu professionnel, est méfiant quant à son exposition personnelle

« publique ».

C) Les bonnes pratiques et

recommandations générales

Finalement, afin de répondre à notre problématique qui est la suivante : Dans quelle mesure

les collaborateurs peuvent-ils s’approprier ces nouveaux outils afin de transmettre des

compétences et créer une intelligence collective ? Nous avons au regard de notre étude,

déterminé 4 recommandations qui nous paraissent fondamentales pour l’appropriation des

RSE en entreprise de manière générale.

Si l’on s’attache au graphe suivant publié par le cabinet Arctus, on peut remarquer que le taux

global d’appropriation des nouveaux outils collaboratifs n’est pas vraiment optimal.

93

Figure n° 30 : Le niveau d’appropriation des outils sociaux dans l’entreprise (2014-2015)

Les outils sont à 43% utilisés « ponctuellement ou par certaines populations ». Y – a-t-il des

pratiques à mettre en place pour améliorer ces tendances ? C’est ce que nous allons essayer

de dégager en nous appuyant sur les cas d’études précédents et les enseignements que nous en

avons tiré. L’appropriation d’un RSE passe par différentes étapes qu’il ne faut pas négliger

pour pouvoir parvenir à tirer le meilleur du RSE mis en place. Nous verrons comment de

prime abord les phases de réflexion stratégique et d’établissement des objectifs sont

primordiales.

Comment définir une appropriation réussie ? Nous pouvons distinguer deux processus qui

représentent des indicateurs d’appropriation d’un RSE : l’adoption et l’engagement

Le « timing » est essentiel pour le déploiement d’un réseau social d’entreprise. Il ne

faut pas oublier que le changement d’outil constitue un bouleversement pour les

collaborateurs qu’il faut anticiper à chaque étape de la transition. Nous allons donc dans cette

partie essayer de lister les étapes clés dans l’appropriation d’un réseau social d’entreprise et

d’en dégager une méthode concrète et viable.

1. Définir les objectifs et le

positionnement

Nous avons pu interviewer Antonin Grêlé à ce sujet, et cela nous a permis d’identifier

deux phases particulièrement importantes qui viennent en amont dans la mise en place d’un

projet RSE.

Source : www.arctus.fr

94

Ces deux phases sont en effet essentielles si l’on ne veut pas rater l’appropriation du RSE par

les collaborateurs. C’est à ce sujet que nous avons interviewé Sophie Poinsot, qui nous a fait

part des difficultés rencontrées à la mise en place de Yammer au sein de l’agence Le Public

Système.

Encadré n° 15 : Extrait de l’entretien avec Sophie Poinsot, le 15 Juillet 2015

« Les buts et les enjeux de cet outil n’ont pas été clairement définis d’entrée de jeu. […] Il n’y a pas

eu de véritable choix de l’outil car il était intégré dans le pack Windows Entreprise et cet outil ne

répondait pas à nos attentes. D’un point de vue esthétique, l’outil n’est pas vraiment attrayant. Il

n’est pas possible de faire ressortir une information par rapport à une autre, tout doit être écrit dans

la même police, les photos ont toutes la même taille et on ne peut pas les agrandir, il faut intégrer des

liens pour les vidéos… Bref, ce n’est pas adapté aux contenus que nous voulons mettre en avant dans

l’agence, c’est-à-dire des photos notamment d’événements que nous avons organisés. » 110

109 Cf. annexe n° 3 110 Ibid.

Encadré n°14 : Extrait de l’entretien avec Antonin Grêlé, le 10 Juillet 2015

« Il y a deux phases essentielles selon moi pour mener à bien un projet d’une telle envergure.

Dans un premier temps, la phase primordiale est la phase de « réflexion », c’est à ce moment qu’il

faut absolument se poser la question « Pourquoi lance-t-on cet outil ? »

La deuxième phase essentielle est de réfléchir à l’usage qui va être fait de l’outil. Il faut comprendre

le positionnement de l’outil par rapport aux autres outils existants et ce qu’il va apporter de plus. »109

95

2. Mesurer la maturité de

l’organisation

Une fois que les précédentes questions ont été abordées et qu’elles ont trouvées les

réponses adéquates. Il s’agit de mesurer la maturité de l’organisation. En effet, une

organisation n’est pas forcément mature et prête à lancer un RSE que ce soit au niveau

organisationnel, social et culturel. Même si toute nouveauté et toute transformation supporte

son lot de freins et de difficulté, il existe des indicateurs qui évaluent la maturité et la capacité

de l’organisation à se transformer.

Pour effectuer ces observations, nous reprendrons l’approche structurale que nous

avons détaillé dans notre première partie et qui nous permet d’aborder la maturité d’une

entreprise à un niveau macro : l’organisation ; un niveau méso : le groupe ; et un niveau

micro : l’individu.

2.1 Observations à l’échelle de l’organisation

D’abord au niveau organisationnel, les éléments à prendre en compte sont la

formalisation d’un référentiel des processus, une démarche d’amélioration permanente en lien

avec une démarche qualité au sein de l’entreprise, la capacité et l’habitude de la gestion de

projet dans les différents départements, une approche des ressources humaines ouverte avec la

présence ou non d’un organigramme, de fiches de postes et de fonctions bien précises, d’un

système d’évaluation individuel ou collectif…

Au niveau social, il s’agit de regarder comment l’ « intrapreunariat » ou l’initiative

individuelle est perçue dans l’entreprise, est-elle acceptée ? Voire même encouragée ?

Au niveau culturel de l’organisation, nous nous attacherons davantage à observer la

place accordée au management intermédiaire, la place du travail collaboratif, la

communication transversale…Cette culture organisationnelle est souvent perçue comme un

frein, voire un obstacle.

2.2 Observations à l’échelle du groupe

Les éléments à prendre en compte d’un point de vue organisationnel au niveau d’un

groupe sont naturellement l’efficacité et la volonté des collaborateurs à travailler en mode

collaboratif avec des membres du même département, ou entre départements différents,

l’existence de formations pour améliorer son excellence relationnelle, des guides pour le

96

travail en groupe… mais il faut aussi s’attacher à la présence de logiciels précurseurs comme

des applications collaboratives pour supporter le travail en commun sur des documents.

Au niveau social, il s’agit de voir si les groupes sont efficaces dans leurs projets. C’est

l’élément qui peut montrer la maturité d’une équipe.

2.3 Observations à l’échelle de l’individu

Pour déterminer la maturité individuelle, ce sont les comportements et les usages

individuels qu’il faut étudier et notamment la pratique courante du Web ou non, ainsi que

celle des médias sociaux, des téléphones portables et tablettes, même dans la sphère privée.

Par ailleurs, l’utilisation faite des documents papiers par rapport aux documents numériques et

digitaux est également un indicateur de maturité à l’échelle de l’individu.

2.4 Mesurer la maturité via les dispositifs mis en place

La maturité d’une entreprise peut par ailleurs être appréhendée selon les dispositifs

collaboratifs dont elle dispose, le graphique suivant111 propose une approche très pragmatique

qui n’est certes pas aussi détaillée que les éléments énoncés ci-avant, mais c’est un moyen de

saisir un rapport global de l’entreprise vis-à-vis des nouveaux outils collaboratifs.

Figure n° 31: Les niveaux de maturité d’une organisation

Source : BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis,

Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en

place et faire vivre un RSE, Dunod, 2015, p. 19

111 BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis, Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en place et faire

vivre un RSE, Dunod, 2015, p.19

97

3. Impliquer et Fédérer les parties-

prenantes

La conduite du changement au sein d’une entreprise ne peut se faire sans l’implication et

l’engagement des parties-prenantes.

Les salariés sont en effet les premiers concernés au sein de l’entreprise par ces nouveautés et

si l’on veut qu’ils soient en mesure de se les approprier et de les faire monter en puissance

vers une utilisation stratégique, il faut les mobiliser et de la bonne manière. C’est ce que

souligne A. Carlier « il est très important d’intégrer les collaborateurs et de vérifier

l’appropriation sur le terrain et dans les services les différentes actions engagées avec les

responsables et les équipes de chaque service. »

3.1 Utiliser la communication interne

C’est là qu’entre en jeu le rôle de la communication interne. Elle doit déployer des actions de

communication à destination de tous ces acteurs. Des actions ciblées et à vocation

pédagogique. La communication interne doit être personnalisée en fonction de l’entreprise

mais aussi en fonction du RSE.

Cela permet en effet de gérer les résistances et les freins émotionnels et personnels. G.

Balmisse et D. Meingan nous proposent une classification des éléments à mettre en valeur

dans la communication selon une approche des résistances au niveau de l’individu:

98

Tableau 16 : Éléments à privilégier pour gérer les résistances au niveau des individus

Modèle Éléments à privilégier

Behavioriste Obtention de bénéfices concrets

Mise en avant dans

l’organisation

Cognitif Valorisation de ces compétences

Disponibilité pour des évolutions

professionnelles

Émotionnel Conformité avec ce qui est en

pointe dans les organisations les

plus avancées

Participation à un mouvement

général de mise en avant

individuel des collaborateurs

Mais la communication interne a ses limites et ne peut gérer toutes les réticences au niveau

individuel, et elle ne peut pas non plus forcer l’engagement des collaborateurs. Aussi, à

l’heure de la transparence des activités, nous recommandons d’avoir recours à une

communication « par la preuve ». C'est-à-dire qu’il faut privilégier les actions qui mettent en

évidence les gains et les bénéfices obtenus via le RSE, de manière très concrète.

- Faire de la direction un exemple

Dans un premier temps, nous l’avons vu avec Rhodia, l’exemplarité de la direction vis-à-vis

de la plateforme est le meilleur moyen de mobiliser et de fédérer autour d’un projet. Ce n’est

certes pas suffisant mais il s’agit néanmoins d’une étape nécessaire que la communication

interne doit mettre en valeur à destination des salariés.

- Supporter les managers intermédiaires

Les managers sont également impactés par la réorganisation due au RSE et ils ont besoin

d’être assistés dans le changement. D’une part car ils n’ont pas nécessairement les

compétences en termes d’animation de communautés digitales et parce que leur activité

même de « management » se retrouve digitalisée et donc elle aussi transformée. D’autre part

Source : BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis,

Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en

place et faire vivre un RSE, Dunod, 2015, p. 180

99

car leur positionnement est complètement revu avec le déploiement de la communication

transversale.

4. Installer une gouvernance

appropriée

Cette recommandation vient compléter la précédente car l’implication et la mobilisation du

parties-prenantes passe notamment par la mise en place d’une gouvernance adaptée. Nous

allons notamment voir que la mobilisation des services tels que la DSI passe par l’intégration

dans la gouvernance du projet.

La gouvernance d’un projet RSE est une étape clé dans le dispositif de pérennisation

de ce genre d’outil, « une gouvernance efficace repose sur des instances organisationnelles

en charge de définir les grands principes de fonctionnement et de gestion du dispositif, les

principaux rôles et responsabilités mais aussi d’assurer le bon fonctionnement du RSE. »112

La gouvernance liée à un projet RSE ne doit pas être la même que d’ordinaire, car il ne s’agit

pas nécessairement des mêmes personnes impliquées et engagées dans le projet.

En effet, la gouvernance d’un projet RSE nécessite de créer des nouveaux statuts et de

nouvelles fonctions. En particulier celui d’animateur qui est indispensable pour une bonne

appropriation d’un outil collaboratif. L’animateur au sein d’une entreprise peut être soit un

manager, soit un Community Manager interne, soit un « allié » ou un élément moteur peu

importe sa situation dans l’entreprise, volontaire qui désire s’impliquer dans le projet. Le rôle

de l’animateur est prépondérant dans le cadre de l’appropriation et il doit remplir certains

critères précis comme nous l’a dit F. Doffin lors de notre entretien :

Encadré n°16 : Extrait de l’entretien avec F. Doffin, le 20 juillet 2015

« Pour le lancement de Yammer, en tant que responsable des systèmes d’information et en charge du

projet j’ai été nommé animateur de l’outil pour mon pôle. Le but était de définir un animateur par

pôle. Mes missions en tant qu’animateur étaient d’alimenter ma communauté avec des informations

pertinentes, d’inciter les membres à rebondir dessus et ainsi créer un échange régulier entre les

membres du pôle. Ce n’est pas une mission à prendre à la légère, cela demande du temps et de

l’organisation et dès que quelque chose ne fonctionne pas, vous devenez l’interlocuteur

principal. C’est un rôle à temps plein. »113

112 BALMISSE Gilles et MEINGAN Denis, Déployer un réseau social d’entreprise : mettre en place et faire

vivre un RSE, Dunod, 2015, p. 78 113 Cf. annexe n°3

100

Autrement, un projet RSE doit être composé de plusieurs instances :

- Un comité de pilotage qui définit les arbitrages et prend des décisions pour s’assurer

du bon fonctionnement du projet

- Un comité de projet qui a une fonction plus opérationnelle.

Il est recommandé que ces instances soient transorganisationnelles, c'est-à-dire qu’elles soient

composées de personnes venant de métiers différents, de départements différents…

101

Conclusion

Cette partie nous a permis de mettre en évidence plusieurs choses : d’une part les

changements organisationnels et fonctionnels liés à l’introduction des RSE en entreprises,

mais aussi des leviers d’appropriation grâce à nos études de cas pratiques, qui nous permettent

d’avoir une vue globale du déploiement d’un RSE dans plusieurs entreprises.

Nous avons mis en lumière la relation étroite entretenue entre les RSE et l’intelligence

collective, et par syllogisme donc, entre les RSE et la productivité.

Enfin, cette partie nous aura permis de formuler des préconisations générales sur les leviers et

les bonnes pratiques à mettre en place dans la conduite du changement pour favoriser

l’intégration des RSE.

102

TROISIEME PARTIE

EXPÉRIENCE DE TERRAIN : LANCEMENT D’UN RSE

AU CENTRE DE RECHERCHE TOTAL DE SOLAIZE

103

Introduction à la partie III

Finalement, pour ancrer nos recherches et nos théories dans un contexte pratique,

nous allons dans cette dernière partie exposer notre expérience de terrain. Dans un premier

temps il s’agira de présenter l’outil et les différentes fonctionnalités qu’il intègre. Ensuite

nous présenterons la méthodologie, nos hypothèses et notre démarche quantitative qui s’est

concentrée sur les salariés du Centre de Recherche Total de Solaize. Dans un second chapitre,

nous analyserons les résultats de notre étude et reviendrons sur nos hypothèses, voir ainsi si

elles se confirment ou non. Enfin nous établirons des recommandations propres à WAT, tout

en gardant en tête les préconisations que nous avons formulées en fin de partie II. En guise

d’ouverture et d’élargissement du sujet, nous proposerons des pistes de réflexion quant à

l’avenir des RSE dans les entreprises.

104

Chapitre I : Présentation de l’étude de cas & méthodologie

105

A) Présentation de l’environnement

de déploiement

Nous entamons maintenant la dernière partie de notre étude, qui se focalise sur le

lancement d’un outil en particulier. Afin de donner un aspect plus concret de notre étude, nous

allons étudier le lancement d’un nouveau réseau social d’entreprise au sein du groupe

TOTAL, et plus précisément au centre de recherche de Solaize. Dans un premier temps nous

allons présenter l’expérience de terrain en elle-même, c’est-à-dire le contexte du lancement du

RSE et son environnement, le groupe et le centre de recherche puis l’outil en lui-même, ainsi

que ses différentes fonctionnalités.

Figure n° 32 : Logo de Total

Source personnelle

1. Le groupe

Total est la quatrième compagnie pétrolière au monde et le deuxième groupe à œuvrer dans

les énergies renouvelables grâce à sa filiale Sun Power.

Le groupe Total est divisé en trois parties qui représentent les trois grands domaines

d’activités : La branche Up Stream qui inclut l’Exploration & Production (E&P) et la filière

Gaz (G&P), vient ensuite la branche Raffinage & Chimie (R&C) et la branche Marketing &

Services (M&S).

Cette étude de terrain se concentre sur le centre de recherche de Solaize de la branche M&S.

La branche M&S est considérée comme la partie commerciale de Total car elle est

directement en lien avec les clients et est en charge du développement de produits spécifiques

qu’ils ont commandés.

La Recherche M&S se développe autour de plusieurs activités : Lubrifiants, Carburants et

Bitumes, Recherche Avancée, Chimie et Procédés Biocomposants.

106

2. Le centre de recherche de

Solaize

Le centre de recherche de Solaize héberge la direction de la Recherche M&S. La recherche

M&S est constituée de plusieurs sites à travers le monde : Solaize, un site au Havre, et un

centre technique à Mumbai en Inde.

3. L’environnement informatique :

constat de départ

Le point de départ de WAT est estimé à 2010. C’est en effet à cette période que les décideurs

ont fait un constat émanant notamment des réponses apportées par un sondage annuel interne

« Total Survey », qui analyse le bien-être des salariés et l’image que les collaborateurs ont du

groupe.

Il s’est avéré que le groupe, présent dans le monde entier, comptait plus de 300

intranets différents et 12 technologies différentes ce qui générait une circulation de

l’information cloisonnée et opaque, des coûts élevés de maintenance des plateformes mais

aussi des coûts élevés de formation, puisqu’il fallait gérer ces 300 plateformes avec des

systèmes différents.

Le projet WAT a été initié en 2010 et l’outil lancé officiellement le 25 mars 2015 avec

la solution SharePoint 2013.

Nous nous sommes entretenus avec Antonin Grêlé qui a pu nous permettre d’identifier les

principales difficultés rencontrées dans le projet WAT.

Encadré n° 17 : Extrait de l’entretien avec Antonin Grêlé, le 10 Juillet 2015

« En effet, 5 ans pour lancer un RSE c’est très long, et c’est plus long que la plupart de nos projets

en moyenne.

Nous avons été ralentis par plusieurs changements de direction successifs, avec des visions

différentes.

Nous avons également été ralentis car il y a eu de nombreuses surcouches graphiques par rapport à

la demande initiale. De nombreuses spécifications ont dû être apportées, ce qui nous a obligés à

revoir le produit. »114

114 Cf.annexe n°3

107

4. Quels objectifs ?

WAT a été pensé et réfléchi pour répondre à trois objectifs précis : d’abord il s’agissait de

mutualiser et unifier les différentes identités du groupe TOTAL, ensuite venait la

réduction des coûts liés à la maintenance des nombreuses infrastructures informatiques

et les coûts liés aux besoins de formations selon les divers outils utilisés, enfin le troisième

objectif était de favoriser la compétitivité du groupe.

B) Présentation de l’outil

1. Les principes de navigation de

WAT

Comme la plupart des projets IT, l’outil WAT a vocation à remplacer tous les intranets

existants, pour cela il se substitue aux anciennes plateformes et est destiné à héberger du

contenu pérenne. Pour autant, l’outil WAT est aussi conçu comme une plateforme d’échange

et collaborative. Il existe donc deux univers bien distincts au sein du même outil. Nous allons

commencer par analyser les fonctionnalités intégrées à l’intranet et les principes de

navigation.

1.1 L’intranet du portail WAT : une base de connaissances pérennes

L’intranet de WAT est construit sur plusieurs fonctionnalités qui permettent l’articulation de

toutes les informations entre elles. Nous verrons d’abord en quoi consiste le profilage, puis le

tableau de bord, le méga menu et enfin le moteur de recherche.

1.1.1 Le profilage

Le profilage est crucial pour pouvoir utiliser pleinement l’outil WAT. En effet, les

différentes pages proposées sont « profilées » selon différents critères et montrent des

contenus adaptés à ce que l’utilisateur a rempli dans son profil. Il existe par exemple un

profilage selon le rattachement du collaborateur (ma branche, mon entité) c'est-à-dire

qu’un collaborateur de la branche M&S n’aura pas les mêmes informations qu’un

collaborateur R&C en cliquant sur l’onglet Ma Branche. Le profilage s’effectue aussi selon le

site géographique, puisqu’il est évident que l’onglet « mon site » ne recouvre pas la même

réalité pour un collaborateur du Centre de Recherche et un autre en Angola. Et enfin le

profilage par métiers est également activé, il a été construit en synchronisation avec le

référentiel RH des métiers.

108

Figure n° 33 : Les différents univers de WAT

Source personnelle

1.1.2 Le tableau de bord

L’outil intranet de WAT est aussi équipé de ce que l’on pourrait associer à un tableau de

bord. D’une part car il s’agit de la première page sur laquelle l’outil s’ouvre et d’autre part

car dans toute la partie supérieure, l’utilisateur peut trouver des informations concernant le

groupe. Et la partie inférieure est « profilée » selon le profil de l’utilisateur et

automatiquement les informations montrées dans cette partie sont relatives à la branche à

laquelle appartient l’utilisateur. L’utilisateur a également accès à un fil d’activité définit

automatiquement par l’outil.

Figure n° 34: WAT’s UP : le tableau de bord de WAT

Source personnelle

1.1.3 Le méga menu

Chaque onglet destiné à héberger du contenu pérenne contient ce que l’on appelle un méga

menu. Il s’agit en fait de faire apparaître l’arborescence de la page. C’est notamment grâce à

ce menu que les utilisateurs peuvent se rediriger vers des applications spécialisées, notamment

dans l’onglet Pratique, qui contient les liens de redirection vers des applications RH pour

poser ses congés, regarder son temps de présence etc… On voit donc ici que l’outil

SharePoint ne s’intègre pas applications déjà existantes, et il ne permet pas de les suppléer

non plus. Il s’agit d’un frein répandu que nous avons exposé antérieurement. Pourtant,

SharePoint est véritablement conçu comme une base de connaissance. En effet, toutes les

informations présentes à l’heure actuelle dans le système d’information local de l’entreprise

peuvent être hébergées sous SharePoint.

109

Figure n° 35 : Le méga menu : arborescence des contenus

Source personnelle

1.1.4 Le moteur de recherche

L’outil WAT intègre un moteur de recherche très puissant, qui grâce à différents annuaires,

permet de rechercher des informations mais aussi des personnes, des communautés, des

discussions, même des documents. C’est la fonction stratégique de WAT.

Figure n° 36 : Moteur de recherche de WAT

Source personnelle

1.2 WAT – social

Après avoir passé en revue les fonctions de WAT en tant que base de connaissance et intranet

de l’entreprise, nous allons découvrir les fonctionnalités sociale proposées par l’outil. Il existe

notamment des fonctions de mise en relation, d’échange et de conversation, de taxonomie et

de création de communauté.

1.2.1 Les fonctions sociales de mises en relation

Tout d’abord WAT propose des fonctions de base pour la mise en relation, il s’agit des outils

« suivre ». Chaque utilisateur peut librement suivre un autre utilisateur, une communauté ou

même s’abonner à un document et en suivre les mises à jour.

1.2.2 Les fonctions sociales d’échange et de conversation

110

WAT permet d’échanger et de converser via un « mur », où les publications s’appellent des

« Twings ». Ces « twings » peuvent contenir des photos, des liens mais pas encore de vidéos.

Chaque collaborateur a la possibilité d’aimer un « twing » et de le commenter.

1.2.3 Taxonomie

La fonction de taxonomie est permise par l’introduction des hashtags ou mots-clés qui

permettent de mettre une balise sur un contenu et de le marquer pour qu’on puisse le retrouver

en faisant une recherche via ces mêmes mots-clés.

1.2.4 La dimension collaborative : la création des groupes ou des communautés

Le système propose la création de trois types de communautés : Expertise, Projet ou Intérêt.

Figure n° 37: Interface de création de communauté sur WAT

Le réseau social intègre lui-même les outils

pour évaluer l’engagement des utilisateurs

au sein d’une communauté et par la même

occasion un système de récompense, ou de

réussite qui évalue la place de l’utilisateur

au sein de la communauté. Il est donc plus

aisé d’identifier les éléments moteurs au

sein d’une communauté, mais aussi de

situer les collaborateurs en retrait. Cela peut

être un moyen de déceler des frustrations et

d’anticiper des conflits.

Figure n° 38: Processus de récompense au sein d’une communauté

Source personnelle

Source personnelle

111

2. Communication autour de l’outil

Avant de nous lancer dans l’analyse de l’outil nous devons décrire la communication mise en

place autour de l’outil :

2.1 Communication M&S

Les collaborateurs du centre de recherche ont des informations émanant de deux sources

différentes : d’une part il y a la communication émanant de la branche M&S, d’autre part la

communication émanant de l’équipe communication locale du centre de recherche.

2.1.1 Pour les collaborateurs

Une communication a été réalisée via les intranets existants à destination des salariés. Des

bandeaux avaient créés spécialement pour être incorporés dans les pages intranet qui

s’ouvrent au démarrage d’Internet Explorer. De cette manière chaque salarié était informé du

prochain passage à l’outil WAT.

Aussi, l’équipe de projet WAT a proposé aux collaborateurs du Centre de Recherche des

formations spécifiques sur la prise en main de l’outil sur deux demi-journées.

Sur WAT, une communauté dédiée à l’assistance a été créée « WAT4U ».

La communication s’est majoritairement effectuée par l’e-mail, les collaborateurs ont ainsi

reçu les instructions et les consignes de la branche.

2.1.2 Pour les contributeurs

Des actions de communications ont été menées spécifiquement à destination des contributeurs

de WAT. En effet, si tous les collaborateurs ont accès à l’espace social de WAT, en revanche,

il n’y a que certaines personnes qui ont accès à l’espace Intranet pour pouvoir effectuer la

transition entre les anciens intranets et les nouveaux espaces.

A destination de ces personnes, de nombreux guides numériques et papiers ont été transmis,

notamment « le guide du contributeur », « les règles du jeu », « les règles d’or ». Les

contributeurs ont également bénéficié de sept semaines de coaching avec les consultants du

cabinet Solucom.

2.2 La communication locale

La communication autour de l’outil au niveau local est beaucoup plus concrète et pratique. Il

s’agit de répondre aux besoins des utilisateurs en termes de prise en main de l’outil.

112

Dans l’optique d’aider les collaborateurs à se rapprocher de l’outil et à en comprendre les

enjeux la communication a lancé des aides hebdomadaires sous formes de tutoriels envoyés

par e-mail les « Trucs & Astuces ». Chaque tutoriel aborde de manière ludique un aspect de

l’utilisation de WAT ou une fonctionnalité.

A partir de septembre, de manière hebdomadaire également, se tiendront des petits-déjeuners

WAT, pendant lesquels les collaborateurs pourront échanger avec l’équipe de communication

sur les sujets concernant WAT. Le caractère à la fois convivial et intime du moment matinal

est nous le pensons, un bon moment pour recueillir les questionnements des collaborateurs.

C) Analyses et méthodologie de

l’expérience terrain

1. Synthèses des analyses

1. 1 Synthèse du S.W.O.T de l’outil WAT

D’après la présentation que nous avons faite de l’outil nous avons pu déterminer son

environnement et le synthétiser via l’analyse SWOT suivante.

113

Tableau 17 : Synthèse du S.W.O.T de l’outil WAT

Forces Faiblesses

Gestion des contenus pérennes

Possibilité d’intégrer le système

d’information existant

Base de connaissances

Outils sociaux développés

Communication assez développée

Différents types de communautés

Pas de fonction de partage

Pas d’outil de conversation en temps

réel : superposition avec l’outil Lync

Pas d’outil de messagerie :

superposition avec Outlook

Pas d’applications métiers intégrées :

superposition aves les applications

spécialisées : RAMSES115,

CHRONOS116, ULYSSE117 etc…

Opportunités Menaces

Nouveau positionnement de Total

« Committed to Better Energy »

Nouvelle Campagne Management

« M&S Way » : axe de

communication et d’implication

Fonctions sociales (taxonomie)

Freins internes, réticences des

collaborateurs ou désintéressement

Dérives, non respect des chartes

2. Démarche quantitative

Afin de nous aider à analyser les enjeux du développement de WAT au sein du centre de

Recherche de Solaize, nous avons mis en place une démarche quantitative qui consiste à

effectuer un recensement auprès des salariés du Centre de Recherche via un outil de sondage

interne « Vox » qui nous a permis de construire le questionnaire118 . Cet outil permet la

création de différents sondages, il met à disposition des outils d’analyses et surtout il

automatise la gestion de l’envoi des mails et des retours.

Nous avons créé notre questionnaire en lien avec des approches et des mesures de

l’appropriation afin de pouvoir quantifier ce processus au sein du Centre de Recherche.

115 RAMSES : Application pour déclarer des anomalies sur le site du Centre de Recherche de Solaize. 116 CHRONOS : Application RH 117 Ibid. 118 Cf. annexe n° 1

114

Nous avons envoyé 267 e-mails et nous avons eu 110 réponses, ce qui malgré la période

estivale, est assez peu. (Du 23 au 29 Juin 2015)

Les limités de notre démarche quantitative résident essentiellement dans l’instantanéité du

projet, car pour notre étude, cela nous empêche de faire des indicateurs de références et de

faire des comparaisons dans le temps.

3. Présentation des hypothèses

De par nos recherches et notre analyse de l’outil, nous avons émis des hypothèses qui ont

guidé notre recensement, rappelons-nous notre problématique initiale afin de rester cohérents,

« Dans quelle mesure les collaborateurs peuvent-ils s’approprier les RSE afin de transmettre

des compétences et participer à une intelligence collective ? » :

1. Les outils sociaux de WAT ne permettent pas une appropriation complète

2. L’appropriation de WAT se fera essentiellement grâce à l’apport des communautés

115

Chapitre II : L’appropriation de WAT par les collaborateurs : Quelles tendances ?

116

A) De bonnes perspectives

Après avoir analysé l’outil WAT, ses objectifs et enjeux et les différentes fonctionnalités qu’il

propose, prenons du recul pour pouvoir analyser le processus d’appropriation

1. Analyse des types de relations

proposées par la plateforme

Le réseau social d’entreprise WAT permet différents types de relations entre les

collaborateurs. Nous l’avons vu en première partie de notre mémoire, notamment avec la

théorie relationnelle des réseaux sociaux, un réseau social physique s’appréhende et se définit

via les relations qu’il met en place et qu’il promeut. Au regard de cette approche, et en se

rappelant qu’un RSE tend à se faire la représentation d’un réseau social existant, nous allons

identifier les relations proposées par l’outil et voir si elles conviennent aux objectifs

préalables énoncés par la direction et aux attentes des collaborateurs.

1.1 Relation de collaboration

Tout d’abord au vu des éléments présentés nous pouvons dire que WAT permet des relations

de collaboration. Cela est permis par la création de communauté, mais aussi par la possibilité

de solliciter un collaborateur en intégrant son nom dans un « twing » grâce au signe arobase.

1.2 Relation de conseil, d’aide

La possibilité de commenter des publications et de créer des communautés sont aussi des

caractéristiques de relations de conseil et d’entraide.

1.3 Pas d’affectivité et d’émotionnel

Toutefois les relations proposées par l’outil ne prennent pas en compte l’affectivité et

l’émotionnel, les « likes » des utilisateurs suivis n’apparaissent pas sur le mur de l’utilisateur,

il n’y a donc pas de visualisation directe de l’activité du membre suivi. Aussi, il est

impossible de ne pas pouvoir suivre une personne, un utilisateur ne peut pas refuser d’être

suivi. Il n’y a donc pas de possibilité de gestion d’une liste d’amis par affinité.

2. Émergence d’une Intelligence

Collective : le cas de la

communauté Future Powertrain

117

Nous nous intéressons désormais au fonctionnement d’une communauté en particulier. Cette

communauté peut être définie également comme groupe de travail ou équipe car elle a été

créée dans un but précis et tous ses membres participent à la concrétisation de ce but.

La communauté Future Power Train est une communauté dédiée à la veille technologique.

Elle est basée autour de discussions thématiques avec obligation de poster un article à

fréquence hebdomadaire. Elle est animée par un collaborateur et l’activité des membres est

régulière.

Au sein de cette communauté de pratique, on peut voir émerger des phénomènes

d’intelligence collective en tant que les articles mis en ligne suscitent des réflexions, des

débats, des modifications. Ce qui mène à faire progresser le sujet abordé initialement.

B) Un déploiement mitigé

Après avoir étudié le réseau social WAT d’un point de vue relationnel, nous allons nous

concentrer sur la seule phase que nous avons pu appréhender de manière empirique : le

déploiement. Il ne s’agit certes pas du processus complet de mise en place d’un RSE qui

s’étend davantage que sur 6 mois mais il s’agit d’une des limites de notre étude que nous

avions évoquée en introduction.

Pour évaluer l’appropriation de WAT par les collaborateurs du centre de recherche de Solaize

nous avons établi un recensement qui nous permet de mesurer cette donnée. En effet, nous

allons nous servir de cinq indicateurs proposés par Gilles Balmisse et Alain Meingan119 pour

suivre l’appropriation des collaborateurs au réseau social d’entreprise à la fois dans l’adoption

et dans l’engagement :

Le premier indicateur que nous allons mettre en avant est l’information il s’agit de

mesurer le pourcentage de collaborateurs informés du projet.

Le second indicateur est celui de la compréhension : nous allons voir le pourcentage

de collaborateurs ayant compris le projet et la vocation du RSE.

Le troisième indicateur mesurera la volonté d’agir dans le cadre du projet.

Le quatrième indicateur mettra en évidence la capacité d’agir des collaborateurs dans

le cade du RSE.

Enfin le dernier indicateur nous révèlera le pourcentage de collaborateurs étant passé à

l’action.

119

118

1. Indicateur « Information »

Pour mesurer le premier indicateur, soit l’information, nous avons posé la question aux

collaborateurs : « Connaissez-vous WAT ? », les résultats ci-dessous, montrent qu’à 96% les

collaborateurs ont connaissance du projet, nous pouvons donc en déduire que l’information

a bien été transmise aux collaborateurs pendant la phase de déploiement.

Figure n° 39 : Mesure de l’appropriation de WAT – indicateur 1

Source Personnelle

Nous avons étayé notre question pour identifier la nature de l’information au sein de

l’entreprise et il s’avère qu’à 90% la prise de connaissance du projet s’est effectuée par le

biais d’une information structurée, en opposition à l’information non-structurée, de nature

asymétrique descendante. Nous remarquons donc que le déploiement du RSE ne remet pas

tous les codes traditionnels en cause, il s’agit d’une articulation opérée entre outils

collaboratifs traditionnels tels que l’e-mail et nouveaux outils collaboratifs. Nous voyons

même que comparativement à l’Intranet, l’e-mail est de loin la source d’information la plus

importante.

Figure n° 40 : Canaux de communication – indicateur 1

Source personnelle

119

2. Indicateur « compréhension »

Vient ensuite le deuxième indicateur : la compréhension. Nous avons mesuré la

compréhension de l’outil par les collaborateurs en établissant un rapport entre la question que

nous leur avons posé concernant les objectifs de WAT et la question que nous leur avons posé

concernant leurs usages de l’outil. Si les usages qu’ils comptent faire de l’outil diffèrent trop

des objectifs qu’ils lui donnent, alors l’outil n’est pas compris.

Figure n° 41 : Les usages de WAT –indicateur 2

Source Personnelle

Nous pouvons observer un contresens, probablement du aux critères donnés dans la question

concernant les usages, qui ne sont pas exacts et ne correspondent pas aux objectifs. Il en

ressort tout de même un ensemble assez cohérent, les notions de partage et d’échange se

retrouvent dans les objectifs et les usages.

Figure n° 42 : Les objectifs de WAT – indicateur 2

Source Personnelle

120

3. Indicateur « volonté d’agir »

Il s’agit maintenant de déterminer la volonté d’agir des collaborateurs, pour cela nous leur

avons posé plusieurs questions concernant leur implication future sur la plateforme :

Figure n° 43: Création de communauté – indicateur 3

Source personnelle

Figure n° 44: Prise de parole à venir – indicateur 3

Les résultats obtenus indiquent un engagement très limité sur la plateforme : en effet,

à la question « pensez-vous créer une communauté ? » il y a 84 % de réponses négatives.

Nous pourrions mettre ça sur le compte du caractère institutionnel que peut revêtir une

communauté et donc, peut-être faut il y voir une sorte d’autocensure de la part des répondants.

Néanmoins, la réponse à la deuxième question ne laisse plus le doute ; à la question « Pensez-

vous que vous prendrez la parole dans les mois à venir ? » 63% des répondants ont répondu

non. Le processus d’appropriation en termes de volonté d’agir est donc approximatif et c’est

là-dessus qu’il faudra proposer des axes d’amélioration.

Source personnelle

121

4. Mesure de l’indicateur

« capacité d’agir »

Après avoir été sondés en termes de « volonté d’agir », nous avons posé la question de la

« capacité d’agir » :

Figure n° 45: Capacité d’agir – indicateur 4

Le résultat obtenu est nuancé, la majorité des collaborateurs se sentent en effet légitime à agir

si on les interpelle en premier. Toutefois même si 59% ont répondu oui, la part de réponse

négative n’est pas négligeable (40%).

5. Mesure de l’indicateur « action »

Enfin, nous avons pu mesurer l’indicateur « action » en posant directement la question aux

collaborateurs via le recensement : « Avez-vous complété votre profil ? » et à 81% la réponse

était positive.

Figure n° 46: Remplissage du profil – indicateur 5

Source personnelle

En revanche lorsque nous avons posé la question « Avez-vous déjà pris la parole su WAT ? »

la tendance s’est littéralement inversée et à 84% la réponse est négative.

Source personnelle

122

Figure n° 47: Prise de parole passée – indicateur 5

Nous avons mesuré l’indicateur « action » également en observant le rapport des

collaborateurs aux communautés, si l’appropriation n’est pas encore assez aboutie pour qu’ils

créent des communautés, ils devraient être en mesure de suivre les communautés qui les

intéressent. Pourtant les résultats obtenus sont en demi-teinte. En bref, il y a 50% de réponses

positives et 50% de négatives. C’est donc un résultat assez mitigé en ce qui concerne

l’indicateur « action » dans la phase d’appropriation de l’outil.

Figure n° 48: Suivre une communauté – indicateur 5

Globalement, la prise en main de l’outil s’est bien déroulée avec 81% des répondants qui

affirment avoir complété leur profil sur l’outil WAT. 59% déclarent avoir trouvé cela aisé

et 17% « un peu compliqué ». Pourtant, l’adoption de l’outil n’est pas encore complète et

l’engagement des collaborateurs n’est pour l’instant qu’à un niveau approximatif. En effet, les

indicateurs liés à l’action et donc à l’engagement, sont en bernes. WAT est donc parti sur de

bonnes bases mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant que l’outil rentre dans

les mœurs, l’avenir est à définir et à consolider.

Source personnelle

Source personnelle

123

C) WAT : Un avenir à consolider

Au-delà du manque d’engagement des collaborateurs, nous avons relevé des réticences qui se

sont exprimées dans le recensement que nous avons proposé.

En effet à la question « quels usages pensez-vous faire de WAT ? » 18% des collaborateurs

ont répondu qu’ils n’envisageaient pas du tout d’utiliser l’outil.

Nous allons voir que les réticences proviennent à la fois de l’outil en lui-même mais aussi de

phénomènes structurels propres au Centre de Recherche et à ses activités.

1. Réticences liées à l’outil

Les réticences viennent d’une part de l’outil en lui-même car nous avons demandé aux

collaborateurs de se prononcer sur leur satisfaction quant à différents aspects de l’outil, voici

ce qu’il en ressort :

Figure n° 49 : Réticences liées à l’outil

2. Réticences structurelles

Beaucoup des collaborateurs du centre de recherche sont des ingénieurs et des

chercheurs. La plupart d’entre eux travaille en laboratoire. La première limite que l’on peut

mettre en évidence dans le processus d’appropriation de WAT est donc l’éloignement de

l’utilisateur avec le projet. En effet, ils n’ont pas de proximité avec l’outil, ni même forcément

avec les ordinateurs. Et cela est confirmé lors de difficultés rencontrées sur WAT, le

comportement majoritaire est d’abandonner par « manque de temps, ce n’est pas dans mes

priorités ». Même si le manque de temps peut être invoqué comme une fausse raison, le

résultat ne change pas tant.

Aussi, nous l’avons dit dans la méthodologie de notre expérience terrain mais le taux

de réponse au questionnaire est assez faible (40%), il faut donc comprendre que les 40% qui

Source personnelle

124

ont accepté de répondre au sondage sont déjà des éléments plus ou moins proches de l’outil,

les 60% restants représentent en fait la véritable réticence, car leur éloignement de l’outil et

du projet est tel, qu’ils ne se sont même pas engagés dans l’acte de réponse au sondage.

125

Chapitre III : Retours sur hypothèses et tendances générales

126

A) Retours sur hypothèses et

recommandations particulières à

WAT

Les hypothèses que nous avions formulées en début d’expérience terrain ont-elles été

confirmées ? C’est ce que nous allons voir :

Rappelons-nous l’hypothèse n° 1 selon laquelle l’appropriation de WAT grâce aux outils

sociaux n’était pas complète. Nous sommes en mesure de valider cette hypothèse. Nous avons

vu grâce au recensement effectué que l’appropriation de WAT par des fonctionnalités de mise

en relation, d’échange et de partage n’est pas complète.

La seconde hypothèse concernant le rôle des communautés est aussi confirmée et

reconfirmée, grâce à l’étude générale que nous avons menée en parallèle de notre expérience

de terrain. Le rôle des communautés est prépondérant dans l’appropriation de l’outil, elles

agissent comme un microcosme dans lequel l’utilisateur peut s’enrichir et enrichir la

communauté en même temps.

Pour ce qui est des recommandations particulières à WAT nous avons pris le parti de

réfléchir à des solutions directement applicables en entreprise. Nous énonçons ici des

préconisations spécifiques à l’outil WAT, cela ne signifie pas que l’outil WAT ne peut pas

s’inspirer des recommandations que nous avons formulées à un niveau général.120

1. A court terme

1.1 Utiliser les outils collaboratifs traditionnels pour dynamiser le réseau social

d’entreprise.

On sait que le positionnement des RSE (notamment du à Thierry Breton et l’objectif « 0

mail ») est de suppléer aux échanges par mail. Pour autant, le centre de recherche Total n’est

pas une entité assez mature en termes de nouvelles technologies pour dès à présent avoir cet

120 Cf. Partie II, p.89

127

objectif. Au contraire, il faut utiliser l’e-mail pour dynamiser le RSE, s’en servir comme

vecteur.

Indépendamment de l’envoi hebdomadaire de la newsletter « Recherche », nous préconisons

une revue de presse spécialisée sur WAT et les actualités de la semaine. Le mail serait envoyé

en fin de semaine et les collaborateurs auraient alors un court résumé de l’actualité sur

WAT et un baromètre de l’utilisation de WAT les questions posées, le nombre d’utilisateurs,

le nombre de communautés créées dans la semaine…

Ce type d’action jouerait notamment sur l’indicateur « volonté d’agir ».

1.2 Pour améliorer l’action au sein de WAT : s’inspirer des pratiques des Social

Media

En parallèle, nous pensons qu’il en faut pas hésiter à dynamiser la communication en

s’inspirant des pratiques des Social Media.

Très concrètement il s’agit par exemple de lancer un concours interne sur WAT en impulsant

l’utilisation de certaines fonctionnalités.

Exemple de concours : jeux de mots autour de WAT ou détournement d’images en utilisant

les hashtags #watpun

Les collaborateurs seraient à ce moment obligés de prendre en main l’outil et de découvrir

l’utilité des mots-clés, notamment pour aller consulter ce que les autres ont produits.

1.3 S’appuyer sur les alliés existants pour recruter de nouveaux utilisateurs

Nous recommandons également dans toute démarche événementielle, d’avoir recours aux

éléments moteurs déjà présents et experts dans le RSE pour dynamiser les groupes. Il s’agit

notamment d’en faire des animateurs de communautés.

2. A long terme

A long terme nous avons deux préconisations d’ordre plutôt techniques pour WAT.

Veiller à l’équilibre entre la partie sociale et la partie Intranet.

En effet, la partie sociale de WAT prend beaucoup de place en termes de communication et en

termes de visibilité. La partie des contenus pérennes et intranet n’est pas assez mise en avant.

Cela créé un déséquilibre dans la perception de WAT, qui est perçu avant tout comme un outil

social, alors qu’il est également une formidable base de données.

128

Intégrer WAT aux systèmes d’informations existants

Dans l’idéal il faudrait que WAT puisse accueillir toutes les applications métiers qui sont pour

l’instant hors de son périmètre.

B) Observations et élargissements

1. S’organiser pour se transformer :

vers l’entreprise de demain.

Anthony Poncier nous donne quelques pistes de réponse121 « la question de l’enrichissement

de l’information, du croisement de cette information avec les bases de données de l’entreprise,

RSE et Business Intelligence, va devenir incontournable. »

Les nouvelles technologies incluant les RSE ne pourront être optimales et effectives

que si elles impliquent un changement profond des entreprises et des structures. Aujourd’hui

le temps moyen de développement et migration d’un RSE dans une entreprise française est de

entre 2 et 3 ans. C’est un délai trop long pour suivre les évolutions technologiques.

L’organisation des entreprises doit être réinventée et pas seulement dans les méthodes comme

nous avons pu le voir dans notre mémoire mais au niveau des concepts fondamentaux. Nous

abordons de nouveaux outils avec une mentalité et un management qui n’ont

fondamentalement pas évolué. Comme le dit le philosophe Michel Serres, en parlant des

nouvelles générations « Nous prétendons dispenser de l'enseignement, au sein de cadres

datant d'un âge qu'ils ne reconnaissent plus: bâtiments, cours de récréation, salles de classe,

amphithéâtres, campus, bibliothèques, laboratoires, savoirs même… Cadres datant, dis-je,

d'un âge et adaptés à une ère où les hommes et le monde étaient ce qu'ils ne sont plus. »122

2. Quel visage pour le

collaborateur 3.0 ?

Le Web2.0 est centré sur l’individu, ce n’est plus à débattre, mais comment une entreprise

peut-elle se transformer si son capital le plus important et essentiel, la capital humain, ne se

transforme pas également ?

121 PONCIER Anthony, Les réseaux sociaux d’entreprise : 101 questions, Paris : Diaetino, 2012, p.240

122 SERRES Michel, Petite Poucette, Le Pommier, p.53

129

Nous sommes déjà entrés dans une nouvelle ère, certains chercheurs estiment que l’homme

qui vivra 200 ans est déjà né. Cela impose donc de profondes mutations au niveau personnel

et individuel qui se répercuteront dans le monde économique et celui des entreprises. C’est

pourquoi il nous faut donc déjà réfléchir au visage du collaborateur de demain, du

collaborateur 3.0 qui pourra travailler jusqu’à 70 ans et plus encore.

Cela implique des reconsidérations dans tous les domaines de l’entreprise, notamment celui

des Ressources Humaines.

Ces profondes mutations que nous vivons en tant qu’êtres humains et individus sont capitales

et devront être prises en compte.

3. Quel visage pour les RSE de

demain ?

Les réseaux sociaux d’entreprise ont de nombreux avantages stratégiques en termes

d’intelligence collective, d’innovation et de productivité, cela n’est plus à prouver. Toutefois,

nous avons vu que l’appropriation de ces réseaux par les collaborateurs n’est pas souvent

réussie et est a contrario souvent approximative. Ce qui motive ce constat c’est que les

réseaux sociaux d’entreprise sont, à l’heure actuelle, intégrés comme de nouveaux outils qui

viennent s’ajouter à ceux existants, or, cette approche ne permet pas de repenser la

structuration de l’information au sein de l’entreprise. C’est précisément là, que les réseaux

sociaux d’entreprises n’arrivent pas à être efficaces. En effet, pour la plupart il s’agit d’une

couche supplémentaire ajoutée aux différentes strates d’informations présentes dans

l’entreprise, ils ne sont pas intégrés aux systèmes d’informations déjà en place et ne font que

diviser encore davantage la gestion de l’information au lieu de la mutualiser et la rendre

collective. Il faut ajouter à cela que les RSE ne se libèrent toujours pas du format page comme

le souligne Michel Serres : « Ce format-page nous domine tant, et tant à notre insu, que les

nouvelles technologies n'en sont pas encore sorties. L'écran de l'ordinateur - qui lui-même

s'ouvre comme un livre - le mime(…) Les innovateurs de toute farine cherchent le nouveau

livre électronique, alors que l'électronique ne s'est pas encore délivrée du livre, bien qu'elle

implique tout autre chose que le livre, tout autre chose que le format transhistorique de la

page. Cette chose reste à découvrir. »

Cela nous mène à la conclusion suivante : les RSE doivent disparaître afin d’être partout.

130

Ils doivent disparaître en s’incorporant à toutes les formes d’outils informatiques présents

dans les entreprises. Nous saurons que les RSE font partie intégrante des entreprises quand

nous ne les verrons plus.

131

Conclusion Générale

Pour achever notre étude, nous allons présenter en conclusion une synthèse de notre recherche

en soulignant les apports essentiels et les limites.

Apports théoriques de la recherche

Notre recherche était fondée sur les réseaux sociaux d’entreprise et visait à savoir dans quelle

mesure les collaborateurs peuvent se l’approprier pour devenir plus productifs.

Nous avons alors défini le concept de réseaux sociaux d’entreprise.

Représentations informatiques des réalités sociologiques empiriques, nous sommes revenus

aux sources des concepts fondateurs du RSE avant de pouvoir l’identifier comme étant un

outil collaboratif. D’abord au service de la mise en relation des individus, les réseaux sociaux

d’entreprises sont aussi et surtout beaucoup plus que ça.

Ils proposent une véritable réorganisation des modes de travails collaboratifs au sein de

l’entreprise.

Dans un deuxième temps nous avons défini les enjeux de leur appropriation en entreprise et

identifié les leviers d’action.

L’appropriation implique des changements et ces changements doivent être opérés de la

bonne manière, c’est pourquoi nous avons dégagés des bonnes pratiques et des

recommandations à mettre en place.

Nous avons souligné le rôle prépondérant des communautés de pratique et des salariés dans ce

processus. En effet, ils sont les premiers concernés et les premiers acteurs de la

transformation. D’où le rôle de la communication et de la direction qui se doivent de mettre

en valeur les perspectives de gains effectifs engendrés par les RSE.

Apport de la recherche sur le plan pratique

Nous avons mis en rapport notre approche théorique et notre expérience terrain, afin

d’apporter un regard opérationnel aux observations conceptuelles.

Notre approche pratique du sujet nous a également apporté des éléments intéressants,

nous avons effectué une étude comparative des solutions, nous avons cherché des études de

132

cas pertinentes à mettre en avant pour montrer les mécanismes d’appropriation et nous avons

mis en évidence notre expérience de terrain qui comporte un recensement interne et une

analyse du réseau social d’entreprise du groupe Total.

Ces démarches nous ont permis d’identifier freins, leviers et bonnes pratiques et ainsi de

pouvoir émettre des recommandations cohérentes.

Nous avons notamment pu mettre en lumière des leviers de types organisationnels, dans

l’implication des salariés à un projet RSE et dans l’appropriation de ce RSE, par le biais d’une

gouvernance appropriée et adéquate d’une part et par la création effective de communautés de

pratique d’autre part, qui actionnent les mécanismes d’adoption et d’engagement d’un nouvel

outil collaboratif.

L’approche empirique du sujet, par le biais de notre expérience de terrain : WAT, nous a

permis une immersion dans les problématiques opérationnelles et nous a permis de mettre en

place une mesure du processus d’appropriation en temps réel.

Toutefois, n’occultons pas que notre recherche présente des limites

Limites de la recherche

Notre recherche a rencontré des limites, les premières étant liées à la récupération de données.

En effet, nous avons tenté de rentrer en contact avec des entreprises concernant leur RSE mais

l’aspect stratégique de ces outils est un avantage qu’elles ne souhaitent pas partager en

général.

Nous avons donc compensé ce déficit d’information en nous basant sur des études officielles

parues chez des cabinets de consultants notamment.

La seconde limite rencontrée que nous avons déjà évoquée à trait à l’expérience de terrain et

au caractère contingent de notre démarche. En effet, nous n’avons pu saisir qu’un laps de

temps dans toute la durée effective d’un processus d’appropriation.

Perspectives de développement de la recherche

Nous n’avons pas orienté notre recherche tant que ça au niveau des processus individuels,

d’une part parce que nous ne voulions pas tomber dans un aspect trop sociologique ou

psychologique, mais il serait intéressant de développer le sujet en analysant les ressorts

émotionnels des individus dans le processus d’appropriation.

133

Aussi, nous ne sommes pas entrés en détails dans les mécanismes de la gouvernance du RSE

mais il serait opportun de développer des recherches à ce sujet et voire même une

gouvernance des connaissances.

134

135

Bibliographie

OUVRAGES DE REFERENCE :

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Site du cabinet Lecko : http://referentiel.lecko.fr/

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BECUE Grégory, « Corporate Social Network », disponible en téléchargement sur le site de

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d-entreprise-voirin-consultants.shtml

BLOGS :

Le Blog Personnel de Pierre Mercklé : http://pierremerckle.fr/

Le Blog Personnel d’Alain Garnier : http://blog.garniera.com/

Le Blog Personnel d’Anthony Poncier : http://poncier.org/blog/

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Le Blog de l’agence de communication Auditoire : http://blog.auditoire.com/

Le Blog d’Olivier Cimelière : http://www.leblogducommunicant2-0.com/

LÉGISLATION :

Loi Informatique et Libertés :

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006068624&d

ateTexte=20110405

Recommandations de la CNIL :

http://www.cnil.fr/fileadmin/images/la_cnil/actualite/Recommandations_pour_les_ent

reprises_qui_envisagent_de_souscrire_a_des_services_de_Cloud.pdf

142

Table des Annexes

Annexe 1 : Recensement……………………………………………………p.147

Annexe 2 : Résultats du recensement………………………………………p.150

Annexe 3 : Grilles d’entretiens……………………………………………...p.157

143

Annexe n° 1 : Le recensement

144

145

146

Annexe n° 2 : les résultats du recensement

147

148

149

150

151

152

153

Annexe n° 3 : Grille d’entretiens

Entretien avec Antonin Grêlé. Solucom.

Entretien avec Sophie Poinsot. Le Public Système.

154

Entretien avec Bruno Chemin. Honda France.

Entretien avec Frédéric Doffin. Le Public Système.

155

Entretien avec Marianne Roets. CPAM.

156

Table des Figures

Figure n° 1 : John A. Barnes .................................................................................................... 13

Figure n° 2 : Page d’accueil d’un des grands BBS : Exec-PC dans les années 80 .................. 23

Figure n° 3 : Le réseau Arpanet en 1982 – 88 ordinateurs connectés entre-eux ...................... 24

Figure n° 4 : Les projets numériques mis en place par les entreprises en 2014-2015.............. 30

Figure n° 5 : Les objectifs d’un RSE – Sondage WAT ............................................................ 38

Figure n° 6 : Légende des usages dédiés à l’analyse du référentiel Lecko .............................. 39

Figure n° 7 : Analyse fonctionnelle de la solution SharePoint 2013 + Sitrion ........................ 41

Figure n° 8 : Analyse fonctionnelle de la solution IBM Connections + CCM ........................ 43

Figure n° 9 : Analyse fonctionnelle de Jalios ........................................................................... 44

Figure n° 10 : Analyse fonctionnelle de BlueKiwi .................................................................. 46

Figure n° 11 : Analyse Fonctionnelle de la solution JameSpot ................................................ 47

Figure n° 12 : Analyse fonctionnelle de Jive ........................................................................... 49

Figure n° 13 : Interface de BuddyPress .................................................................................... 51

Figure n° 14 : Interface de Drupal ............................................................................................ 52

Figure n° 15 : Interface d’Elgg ................................................................................................. 53

Figure n° 16 : Cartographie du marché des RSE ..................................................................... 57

Figure n° 17: Légende de la cartographie ................................................................................ 58

Figure n° 18 : Profil utilisateur type ......................................................................................... 60

Figure n° 19 : Tableau de bord type ......................................................................................... 60

Figure n° 20 : représentation type d’un flux d’activité ............................................................ 61

Figure n° 21 : Le « Mur » type ................................................................................................. 62

Figure n° 22 : Architecture Fonctionnelle d’un RSE ............................................................... 63

Figure n° 23 : Question « Avez-vous complété votre profil ? » - recensement WAT ............. 69

Figure n° 24: Question « Pourquoi ? » - recensement WAT ................................................... 69

Figure n° 25 : Niveau de participation dans une communauté de pratique ............................ 73

Figure n° 26 : Modèle de Nonaka et Takeuchi, dit modèle du S.E.C.I .................................... 74

Figure n° 27: logo du groupe Alstom ....................................................................................... 83

Figure n° 28: logo de l’entreprise Rhodia ................................................................................ 84

Figure n° 29 : logo du groupe SCE .......................................................................................... 87

Figure n° 30 : Le niveau d’appropriation des outils sociaux dans l’entreprise (2014-2015) ... 93

Figure n° 31: Les niveaux de maturité d’une organisation ...................................................... 96

Figure n° 32 : Logo de Total .................................................................................................. 105

157

Figure n° 33 : Les différents univers de WAT ....................................................................... 108

Figure n° 34: WAT’s UP : le tableau de bord de WAT ......................................................... 108

Figure n° 35 : Le méga menu : arborescence des contenus ................................................... 109

Figure n° 36 : Moteur de recherche de WAT ......................................................................... 109

Figure n° 37: Interface de création de communauté sur WAT .............................................. 110

Figure n° 38: Processus de récompense au sein d’une communauté ..................................... 110

Figure n° 39 : Mesure de l’appropriation de WAT – indicateur 1 ......................................... 118

Figure n° 40 : Canaux de communication – indicateur 1 ....................................................... 118

Figure n° 41 : Les usages de WAT –indicateur 2 .................................................................. 119

Figure n° 42 : Les objectifs de WAT – indicateur 2 .............................................................. 119

Figure n° 43: Création de communauté – indicateur 3 ........................................................... 120

Figure n° 44: Prise de parole à venir – indicateur 3 ............................................................... 120

Figure n° 45: Capacité d’agir – indicateur 4 .......................................................................... 121

Figure n° 46: Remplissage du profil – indicateur 5 ............................................................... 121

Figure n° 47: Prise de parole passée – indicateur 5 ................................................................ 122

Figure n° 48: Suivre une communauté – indicateur 5 ............................................................ 122

Figure n° 49 : Réticences liées à l’outil .................................................................................. 123

158

Table des Tableaux

Tableau 1 : Fonctionnalités d’un Réseau Social Informatique................................................. 28

Tableau 2 : Analyse des points forts et points faibles de SharePoint 2013 + Sitrion ............... 42

Tableau 3 : Synthèse de la solution IBM + CCM .................................................................... 44

Tableau 4 : Synthèse de la solution Jalios ................................................................................ 45

Tableau 5 : Synthèse de la solution BlueKiwi ......................................................................... 46

Tableau 6 : Synthèse de la solution JameSpot ......................................................................... 48

Tableau 7 : Synthèse de la solution Jive .................................................................................. 49

Tableau 8 : Synthèse de la solution BuddyPress ...................................................................... 51

Tableau 9 : Synthèse de la solution Drupal .............................................................................. 52

Tableau 10 : Synthèse de la solution Elgg ............................................................................... 53

Tableau 11 : Objectifs des volets de la méthode Capgemini Consulting ................................. 55

Tableau 12 : Analyse SWOT des RSE en France .................................................................... 59

Tableau 13 : Analyse PESTEL des RSE en France ................................................................. 59

Tableau 14: Les types de changements apportés selon trois niveaux d’observation ............... 68

Tableau 15 : Exemples de scénarios mis à disposition ............................................................ 86

Tableau 16 : Éléments à privilégier pour gérer les résistances au niveau des individus .......... 98

Tableau 17 : Synthèse du S.W.O.T de l’outil WAT .............................................................. 113

159

Table des Encadrés

Encadré n°1 : Extrait de l’entretien avec Antonin Grêlé, le 10 juillet 2015………………p.17

Encadré n°2 : Définition du réseau social par John A Barnes…………………………….p.20

Encadré n°3 : Stanley Milgram et l’expérience du « petit monde »……………………...p.20

Encadré n°4 : Extrait de l’entretien avec Frédéric Doffin, le 20 Juillet 2015……………p.33

Encadré n°5 : Extrait de l’entretien avec Bruno Chemin, le 17 juillet 2015…………….p.36

Encadré n°6 : Extrait de l’article L2323-32 du Code du Travail……………………….…p.41

Encadré n°7 : Article 7 de la loi Informatique et Libertés…………………………….….p.41

Encadré n°8 : Extrait du code pénal (partie législative), Section 5 : Des atteintes aux droits de

la personne résultant des fichiers ou des traitements informatiques……………………..p.42

Encadré n°9 : Extrait de l’entretien mené avec Sophie Poinsot, le 15 Juillet 2015……..p.43

Encadré n°10 : Les bonnes pratiques de la CNIL…………………………………………p.43

Encadré n°11 : Extrait de l’entretien avec Frédéric Doffin, le 20 juillet 2015….............p.56

Encadré n°12 : Phénomène d’intelligence collective au sein d’une équipe d’assemblage...p.85

Encadré n°13 : Extrait de l’entretien avec Antonin Grêlé, le 10 juillet 2015…………...p.95

Encadré n°14 : Extrait de l’entretien avec Antonin Grêlé, le 10 juillet 2015…………...p.99

Encadré n°15 : Extrait de l’entretien mené avec Sophie Poinsot, le 15 Juillet 2015……..p.99

Encadré n°16 : Extrait de l’entretien avec F. Doffin, le 20 juillet 2015…………………p.104

Encadré n°17 : Extrait de l’entretien avec Antonin Grêlé, le 10 juillet 2015…………...p.110

160

Table des Matières

Introduction Générale ........................................................................................................... 1

PREMIERE PARTIE : ÉTAT DES LIEUX DES RSE ........................................................ 8

Chapitre I : Du réseau social au réseau social d’entreprise .................................................. 10

A) Définition des concepts clés autour du réseau social d’entreprise............................... 11

1. Qu’est-ce qu’un réseau social.................................................................................... 11

2. Les différentes approches du réseau social ............................................................... 15

2.1 L’individualisme méthodologique ....................................................................... 15

2.2 L’approche Holiste .............................................................................................. 16

2.3 Approche structurale ou « relationnelle » ............................................................ 16

3. L’entreprise : un objet social à part entière ............................................................... 18

4.Quelle différence entre un réseau social et une communauté ? ................................. 19

5. Les différentes déclinaisons d’un réseau social informatique ................................... 20

B) Le réseau social d’entreprise : son histoire .................................................................. 21

1. L’avènement de l’informatique : les nouvelles télécommunications ........................ 21

2. Les débuts d’Internet ................................................................................................. 24

3. Les premiers outils collaboratifs du Web 2.0 ............................................................ 25

3.1 Les blogs .............................................................................................................. 25

3.2 Les wikis .............................................................................................................. 26

3.3 Les Flux RSS ....................................................................................................... 26

3.4 Le micro-blogging ............................................................................................... 27

3.5 Les réseaux sociaux informatiques ...................................................................... 27

4. Les premiers outils collaboratifs dans les entreprises ............................................... 28

4.1 Les applications métiers ...................................................................................... 28

4.2 Les applications informationnelles ...................................................................... 29

Chapitre II : Le Réseau Social d’Entreprise aujourd’hui en France ..................................... 32

A) Les RSE aujourd’hui en France ................................................................................... 33

1. Environnement des RSE ............................................................................................ 33

1.1 Vue générale ........................................................................................................ 33

1.2 Le cadre juridique des RSE ................................................................................. 33

1.2.1 Les documents obligatoires .............................................................................. 34

161

1.2.2 Les obligation légales en amont du déploiement .............................................. 34

1.2.3 Pendant l’utilisation du RSE ............................................................................ 36

1.2.4 Devoirs des salariés .......................................................................................... 36

2. Objectifs et usages des RSE ...................................................................................... 38

3. Panorama des éditeurs et des solutions ..................................................................... 40

3.1 Éditeurs Généralistes ........................................................................................... 40

3.1.1 Microsoft ........................................................................................................... 40

3.1.2 IBM ................................................................................................................... 42

3.1.3 Jalios ................................................................................................................. 44

3.2 Éditeurs spécialisés .............................................................................................. 45

3.2.1Bluekiwi ............................................................................................................. 45

3.2.2 JameSpot ........................................................................................................... 47

3.2.3 Jive .................................................................................................................... 48

3.3 Les solutions open-source ................................................................................... 49

3.3.1 BuddyPress ....................................................................................................... 50

3.3.2 Drupal ............................................................................................................... 52

3.3.1 Elgg ................................................................................................................... 53

4. Les agences de consulting ......................................................................................... 54

4.1 Business Goes Social ........................................................................................... 54

4.2 Capgemini Consulting ......................................................................................... 54

4.3 Lecko ................................................................................................................... 55

4.4 Weave .................................................................................................................. 56

5. Cartographie du marché des RSE .............................................................................. 57

5.1 Légende de la cartographie .................................................................................. 58

B ) Synthèse du marché des RSE et leurs usages ............................................................. 58

1. Analyse SWOT ......................................................................................................... 58

2. Analyse PESTEL ....................................................................................................... 59

3. Les dimensions clés des RSE .................................................................................... 60

3.1 Gestion des informations personnelles ................................................................ 60

3.3 La mise en relation des utilisateurs et la recherche d’experts ............................. 61

3.4 Les différentes formes de communication ........................................................... 61

3.5 Travail collaboratif et capitalisation des connaissances ...................................... 62

DEUXIEME PARTIE L’APPROPRIATION DES RSE POUR UNE INTELLIGENCE

COLLECTIVE : UN GRAND DÉFI POUR L’ENTREPRISE ......................................... 65

162

Chapitre I : Des RSE à l’intelligence collective ................................................................... 67

A) Les changements générés par les RSE : de nouveaux paradigmes .............................. 68

1. Au niveau de l’individu ............................................................................................. 68

2 Les changements apportés au niveau des groupes ..................................................... 70

3 Les changements au niveau de l’organisation ............................................................ 70

B) Le rôle des communautés de pratique dans la transmission des connaissances .......... 72

1. Le rôle des communautés de pratique ....................................................................... 73

1.1 Modèle de la participation périphérique légitime ................................................ 73

1.2 Le modèle de Nonaka et Takeuchi ...................................................................... 74

1.3 Constats et interprétations ................................................................................... 75

C) Vers une émergence de L’IC ....................................................................................... 76

1. Contours de l’IC ........................................................................................................ 76

1.1 Définition ............................................................................................................. 76

2. L’intelligence collective comme facteur de productivité .......................................... 78

2.1 A certaines conditions ......................................................................................... 78

2.2 Les communautés de pratique des tremplins pour les collaborateurs ................. 79

Chapitre II : Les leviers d’une appropriation réussie : du concept a l’opérationnel ............. 81

A) Mise en pratique des RSE dans des entreprises : des idées à retenir ........................... 82

1. Le cas Alstom ............................................................................................................ 83

Source: www.alstom.fr .............................................................................................. 83

1.1 Le Contexte .......................................................................................................... 83

1.2La Réalisation ....................................................................................................... 83

1.3 Enseignements ..................................................................................................... 84

2. La mise en place d’un RSE chez Rhodia .................................................................. 84

2.1 Le Contexte .......................................................................................................... 84

2.2 La réalisation ....................................................................................................... 84

2.3 Enseignements ..................................................................................................... 85

3. Le cas d’e-Wallonie-Bruxelles: ................................................................................. 85

3.1 Le Contexte .......................................................................................................... 85

3.2 La réalisation ....................................................................................................... 86

3.3 Enseignements° ................................................................................................... 87

4. Le cas d’une PME : le groupe SCE ........................................................................... 87

4.1 Contexte et réalisation° ........................................................................................ 87

163

4.2 Enseignements ..................................................................................................... 88

B) Enseignements à tirer des études de cas et identification des freins ............................ 88

1. Enseignements ........................................................................................................... 88

1.1 Taille critique des organisations : mythe ou réalité ? ..................................... 88

1.2 L’organisation en mode projet : pour toutes les entreprises ? ........................ 89

2. Freins fonctionnels .................................................................................................... 89

2.1 Freins liés aux outils sociaux : la notion de partage et d’instantanéité ................ 89

2.2 Manque de tests en amont ................................................................................... 90

2.3 Mauvaise intégration aux SI existants ................................................................. 90

2.4 Disponibilité de la plateforme ............................................................................. 91

3. Freins émotionnels .................................................................................................... 91

3.1 Les freins personnels ........................................................................................... 91

3.2 Sécurité et confidentialité des données ................................................................ 92

C) Les bonnes pratiques et recommandations générales .................................................. 92

1. Définir les objectifs et le positionnement .................................................................. 93

2. Mesurer la maturité de l’organisation ....................................................................... 95

2.1 Observations à l’échelle de l’organisation ........................................................... 95

2.2 Observations à l’échelle du groupe ..................................................................... 95

2.3 Observations à l’échelle de l’individu ................................................................. 96

2.4 Mesurer la maturité via les dispositifs mis en place ............................................ 96

3. Impliquer et Fédérer les parties-prenantes ................................................................ 97

3.1 Utiliser la communication interne ....................................................................... 97

4. Installer une gouvernance appropriée........................................................................ 99

TROISIEME PARTIE EXPÉRIENCE DE TERRAIN : LANCEMENT D’UN RSE AU

CENTRE DE RECHERCHE TOTAL DE SOLAIZE ...................................................... 102

Chapitre I : Présentation de l’étude de cas & méthodologie .............................................. 104

A) Présentation de l’environnement de déploiement ...................................................... 105

1. Le groupe ................................................................................................................. 105

2. Le centre de recherche de Solaize ........................................................................... 106

3. L’environnement informatique : constat de départ ................................................. 106

4. Quels objectifs ? ...................................................................................................... 107

B) Présentation de l’outil ................................................................................................ 107

1. Les principes de navigation de WAT ...................................................................... 107

164

1.1 L’intranet du portail WAT : une base de connaissances pérennes .................... 107

1.1.1 Le profilage .................................................................................................... 107

1.1.2 Le tableau de bord .......................................................................................... 108

1.1.3 Le méga menu ................................................................................................. 108

1.1.4 Le moteur de recherche .................................................................................. 109

1.2 WAT – social ..................................................................................................... 109

1.2.1 Les fonctions sociales de mises en relation .................................................... 109

1.2.2 Les fonctions sociales d’échange et de conversation ..................................... 109

1.2.3 Taxonomie ...................................................................................................... 110

1.2.4 La dimension collaborative : la création des groupes ou des communautés . 110

2. Communication autour de l’outil ............................................................................ 111

2.1 Communication M&S ........................................................................................ 111

2.2 La communication locale ................................................................................... 111

C) Analyses et méthodologie de l’expérience terrain ..................................................... 112

1. Synthèses des analyses ............................................................................................ 112

1. 1 Synthèse du S.W.O.T de l’outil WAT .............................................................. 112

2. Démarche quantitative ............................................................................................. 113

3. Présentation des hypothèses .................................................................................... 114

Chapitre II : L’appropriation de WAT par les collaborateurs : Quelles tendances ? ......... 115

A) De bonnes perspectives .............................................................................................. 116

1. Analyse des types de relations proposées par la plateforme .................................. 116

1.1 Relation de collaboration ................................................................................... 116

1.2 Relation de conseil, d’aide ................................................................................. 116

1.3 Pas d’affectivité et d’émotionnel ....................................................................... 116

2. Émergence d’une Intelligence Collective : le cas de la communauté Future

Powertrain ................................................................................................................... 116

B) Un déploiement mitigé ............................................................................................... 117

1. Indicateur « Information » ...................................................................................... 118

2. Indicateur « compréhension » ................................................................................. 119

3. Indicateur « volonté d’agir » ................................................................................... 120

......................................................................................................................................... 120

4. Mesure de l’indicateur « capacité d’agir » .............................................................. 121

......................................................................................................................................... 121

165

5. Mesure de l’indicateur « action » ............................................................................ 121

C) WAT : Un avenir à consolider ................................................................................... 123

1. Réticences liées à l’outil .......................................................................................... 123

2. Réticences structurelles ........................................................................................... 123

Chapitre III : Retours sur hypothèses et tendances générales ............................................ 125

A) Retours sur hypothèses et recommandations particulières à WAT ........................... 126

1. A court terme ........................................................................................................... 126

1.1 Utiliser les outils collaboratifs traditionnels pour dynamiser le réseau social

d’entreprise. ............................................................................................................. 126

1.2 Pour améliorer l’action au sein de WAT : s’inspirer des pratiques des Social

Media ....................................................................................................................... 127

1.3 S’appuyer sur les alliés existants pour recruter de nouveaux utilisateurs ......... 127

2. A long terme ............................................................................................................ 127

B) Observations et élargissements .................................................................................. 128

1. S’organiser pour se transformer : vers l’entreprise de demain. ............................... 128

2. Quel visage pour le collaborateur 3.0 ? ................................................................... 128

3. Quel visage pour les RSE de demain ? ................................................................... 129

Conclusion Générale ........................................................................................................... 131

Bibliographie ...................................................................................................................... 135

Webographie ....................................................................................................................... 139

Table des Annexes .............................................................................................................. 142

Table des Figures ................................................................................................................ 156

Table des Tableaux ............................................................................................................. 158

Table des Encadrés ............................................................................................................. 159

Table des Matières .............................................................................................................. 160

Résumé ............................................................................................................................... 166

166

Résumé

Les entreprises ont compris l’avantage concurrentiel qu’elles avaient à être présentes sur les

réseaux sociaux publics. Beaucoup d’entre elles ont d’ailleurs créé des pages Facebook ou

LinkedIn. Pourtant les réseaux sociaux d’entreprises ne bénéficient pas du même engouement

et ils semblent toujours anxiogènes.

Malgré cela, il est vrai que le courriel semble un peu dépassé si l’on s’intéresse aux nouvelles

solutions d’échange et de travail collaboratif au sein des entreprises qui accélèrent les

processus traditionnels. Aujourd’hui la question n’est plus de savoir si l’on doit passer aux

Réseaux Sociaux d’Entreprises, mais plutôt de savoir comment les améliorer et les rendre

encore plus performants. La question centrale de ce mémoire est d’évaluer dans quelle mesure

les collaborateurs peuvent s’approprier ces outils pour transmettre des compétences et

participer à l’émergence d’une intelligence collective.

Nous avons orienté notre recherché en fonction des mots-clés suivants : réseaux sociaux

d’entreprise ; travail collaboratif ; entreprise 2.0 ; gestion de connaissances ; intelligence

collective ; conduite du changement.

Abstract

Companies have measured the benefits of being present on public social networks, many

created Twitter accounts, Facebook fan pages, or Linkedin pages. Corporate Social Networks

are neither a public social network either a professional network. They appear to be fearful to

many companies.

However, the traditional “e-mail” seems out-dated in view of the nowadays’ communication’s

speed. Corporate social networks are becoming a trend and the question is not “Shall we do

have one?” anymore but “How do we do to make it better?”

The central question in this report is: To what extent can employees make these new tools

their own, in order to share, spread their skills and participate in a collective

intelligence? In this study we will have a final focus on the new coporate social network

launched by TOTAL, called WAT (Working at Total).

Our research was based on several keywords: corporate social networks; collaborative work;

enterprise 2.0; knowledge management; collective intelligence; change management.