Les Visages Sur Les Murs-biblidcon

7/23/2019 Les Visages Sur Les Murs-biblidcon

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Les visages sur le mur


Deux surs vivaient ensemble ; lane tait trs belle et la cadette trs

laide. La belle tait courtise par tous les jeunes hommes des environs,et celle qui tait laide nattirait mme pas le regard des vieillards. Etpourtant, la vilaine avait un cur en or, et la belle tait mchante etprtentieuse. Ainsi va le monde !

Un soir, la jeune fille laide se dit : Ici, rien de bon ne mattend. Jeconstruirai une maison la montagne et jy vivrai seule. Plus personnene verra mon visage ni ne se moquera de moi. Au petit matin, elle quitta le village et se dirigea vers la montagne. Lajeune fille marcha toute la journe, et ses jambes taient fatigues lors-

quelle aperut enfin un filet de fume slever au-dessus de la valle.Elle sapprocha et vit, assise devant une jolie petite maison, une vieillefemme aveugle. Elle avait des nattes grises, mais ses lvres taient dun

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rouge clatant et ses dents brillaient comme des diamants. Plus ton-nant encore, elle avait deux visages, lun devant et lautre derrire. Cest srement une sorcire , pensa la jeune fille.

Nanmoins, elle la salua trs poliment et senquit de sa sant. Je me

porte bien, merci, rpondit la sorcire. Seuls mes yeux ne voient pluscomme avant. Cest pourquoi je cherche une servante. Ne voudrais-tupas travailler pour moi ? Tu auras un bon salaire et manger autant quetu voudras. Pourquoi pas, rpondit la jeune fille en se disant : "Je serai bien iciet les yeux aveugles ne verront pas ma laideur."

La jeune fille laide travailla donc chez la sorcire et sen trouva bien.

Tous les jours, elle ajoutait une pice dor dans un petit coffret et ellemangeait satit. La sorcire lui avait mme donn une jolie robe. Lajeune fille la mritait bien, car elle servait sa matresse loyalement, ne

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profitant pas du fait que la vieille femme tait aveugle. Elle balayait lapoussire et raccommodait le linge avec de tout petits points. Le tempspassa et une anne scoula.

Ton service chez moi se termine, dit un jour la sorcire la jeunefille. Tu peux prsent rentrer chez toi. Oh non ! scria-t-elle. Je veux rester ici. Toi, tu ne vois pas la laideurde mon visage, tu ne connais que le son de ma voix et le travail de mesmains. Mais les autres se moquent de moi. Je ne veux plus jamais lesrevoir ! Tu as un visage ingrat, mais un cur en or, rpondit la sorcire. Mesyeux paraissent aveugles, mais ils voient beaucoup mieux que ceux desautres. Nas-tu pas remarqu que jen ai quatre ? Quand deux dorment,les deux autres restent veills. Je connais ton visage depuis le jour otu es arrive et, en vrit, il mimporte peu quil soit beau ou laid.Mais cela semble vital pour toi et cest pourquoi jai dcid de taider. prsent, entre dans la maison et touche le miroir qui est contre le

mur.

La jeune fille fit comme la vieille femme lui avait dit. La tte baisse pour viter de voir son visage elle tendit la main vers le miroir.Soudain, celui-ci souvrit comme une porte, et derrire lui une autrepice apparut. Sur les murs, il y avait des centaines de visages ! Vas-y,

choisis celui qui te plat ! commanda la sorcire. La jeune fille, mer-veille, regarda attentivement tous ces innombrables visages, et finitpar en choisir un, gentil et souriant, avec de grands yeux. Ds quelleleut dsign, la sorcire prit le visage de la jeune fille dans ses mainset le suspendit au mur. Puis elle posa sur sa tte le nouveau visage.Comme elle tait belle prsent ! Rentre chez toi et vis en paix ! lui dit la sorcire. Puis elle tendit la jeune fille son coffret en clamant : Double est ma face, que double soit ton contenu ! Aussitt dit, aus-

sitt fait, le coffret fut immdiatement rempli de pices dor. La jeunefille remercia la sorcire et lui fit ses adieux. Puis elle rentra chez elleen courant. Elle tait heureuse, belle et riche, que demander de plus !



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Sa sur ane narriva pas en croire ses yeux ; elle ne reconnut sacadette quau son de sa voix. Mais ce changement ne lui plut gure,car la laide tait maintenant plus belle quelle. Moi aussi, jirai dans lamontagne , se dit-elle quand elle eut appris comment sa sur avaitrussi. Si la sorcire avait su rendre si beau le visage si laid de sa sur,le sien, dj si gracieux, deviendrait le plus beau du monde. Puis, sans

tarder, la sur ane prit la route. Elle marcha toute la journe etcommenait tre fatigue lorsquelle vit un filet de fume slever au-dessus de la valle. Elle sy dirigea et arriva prs dune jolie maisonnettedevant laquelle tait assise une vieille femme aveugle. Elle avait desnattes grises, mais ses lvres taient dun rouge clatant et ses dentsbrillaient comme des diamants. Plus tonnant encore, elle avait deuxvisages, lun devant et lautre derrire.

Cest la sorcire ! pensa la jeune fille. Elle fit une grimace dso-bligeante puisque la vieille femme ne voyait rien puis, dune voixmielleuse, elle senquit de sa sant. Et la sorcire la prit son service,tout comme sa sur.

La belle jeune fille fit semblant de travailler. Tantt elle faisait un peu debruit en remuant quelques objets, tantt elle donnait de petits coups

de balai, mais elle passait le plus clair de son temps devant la glace sadmirer. La poussire saccumula bientt dans tous les coins de la mai-sonnette et le linge fut raccommod trs grossirement. Nanmoins,



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tous les jours, la jeune fille mangeait volont et elle recevait gale-ment une pice dor, quelle rangeait dans son coffret. Ainsi, une annepassa.

Ton service chez moi touche sa fin, dit un jour la sorcire. pr-sent, tu peux rentrer chez toi. Oh non ! objecta la jeune fille. Je ne veux rentrer quavec un nouveauvisage! Cest ce que tu veux ? Entre donc dans la maison et touche le mi-roir , rpondit la sorcire.La jeune fille se dpcha de rentrer, tendit la main, et le miroir souvrit

comme une porte. Derrire lui, il y avait une autre pice o dinnom-brables visages taient accrochs aux murs. Ferme les yeux et ne lesouvre pas avant que je ne te le dise , ordonna la sorcire. Puis elle pritla tte de la jeune fille dans ses mains, ta son joli visage et le suspenditau mur. Elle posa ensuite sur la tte de la jeune fille le visage de sa surcadette.Puis elle lui tendit son petit coffret, aprs y avoir jet de la poussire

ramasse dans un coin de la pice et avoir dit : Double est ma face,que double soit ton contenu ! Elle conduisit ensuite la jeune fille de-vant la maison et lui dit : Tu peux ouvrir les yeux prsent et rentrerchez toi.

La jeune fille ne dit ni au revoir ni merci et descendit la colline en cou-rant, presse quelle tait de rentrer au village. Vous pouvez aismentimaginer ce quelle ressentit quand elle se vit dans un miroir et quelleentendit les quolibets des voisins. Lorsquelle ouvrit le coffret, un nuagede poussire sen chappa et se dposa sur ses cheveux. Elle ne russitplus jamais les dmler... Elle fut si honteuse que, trs vite, elle quittale village. Personne ne sut o ses jambes lavaient guide, et plus jamaisdans la rgion on nentendit parler delle. Sa sur cadette pousa un

homme beau et aimable, et ils vcurent heureux et en paix. Certes, lebeau visage de la jeune femme allait vieillir un jour, mais un cur bonle reste toute une vie .



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