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LE QUOTIDIEN DE L'ÉCONOMIE // LUNDI 13 JUILLET 2015 // LESECHOS.FR ISSN0153.4831 107 e ANNÉE NUMÉRO 21978 28 PAGES Antilles-Réunion 3 €. Guyane 3,90 €. Belgique 2,60 €. Espagne 3.30 €. Grande-Bretagne 2£60. Grèce 2,90 €. Italie 3.30 € Luxembourg 2,80 €. Maroc 24 DH. Niger 2.600 CFA Suisse 4,60 FS. Tunisie 3.300 TNM. Zone CFA 2.200 CFA. Le Guide Michelin, une institution culinaire Comment le guide rouge s’est donné une dimension internationale. // SÉRIE D’ÉTÉ P. 13 C’ est une bagarre digne d’Homère qui a opposé, dimanche à Bruxelles, les dirigeants européens sur l’avenir de la Grèce. Ils ont pris dans l’après-midi la relèvedeleursministresdesFinancesqui,dansuneambiance survoltée, s’étaient montrés incapables de trancher entre un Grexit et la mise en place d’un troisième plan d’aides pour la Grèce, qui devrait dépasser les 80 milliards d’euros. Face au refus de principe de ce soutien de la part des « faucons » alle- mand et finlandais, les grands argentiers ont proposé aux chefs d’Etat et de gouvernement une nouvelle série de condi- tions comme des efforts supplémentaires dans le domaine des retraites, de la fiscalité et du marché du travail. Autre option, la mise en gage d’actifs grecs à hauteur de 50 milliards pour garantir le remboursement de la dette. Le président français a continué à défendre le maintien de la Grèce dans l’euro tandis que la chancelière allemande semblait s’aligner sur son sévère ministre des Finances. // PAGES 2 À 5 ET L’ÉDITORIAL DE NICOLAS BARRÉ PAGE 9 DOMINIQUE SEUX DANS « L’ÉDITO ÉCO » À 7H20 DU LUNDI AU JEUDI SUR LES BANQUES SE METTENT AU « CROWDFUNDING » Banque Populaire Atlantique et le Crédit Mutuel Arkéa investissent en direct dans des projets de finance participative pour complé- ter leur palette de services. // P. 22 PUBLICITÉ DIGITALE : LE MOBILE TIRE LE MARCHÉ Le marché de la publicité sur Internet a bondi de 3,5 % au pre- mier semestre. La publicité sur mobile progresse de 63 %. // P. 20 Sauvetage de la Grèce : l’Europe pose ses conditions l Vives tensions au sommet à Bruxelles sur l’avenir de la Grèce dans la zone euro. l Le nouveau plan d’aides de plus de 80 milliards d’euros divise les dirigeants européens. L’ESSENTIEL LE FMI APPELLE HOLLANDE À POURSUIVRE LES RÉFORMES Pour réduire la dépense publi- ques, le FMI recommande, entre autres, de reculer à nouveau l’âge de départ à la retraite et de réfor- mer l’assurance-chômage. // P. 6 LE MEXIQUE À L’HONNEUR Fini la brouille entre la France et le Mexique. Invité d’honneur du 14 Juillet, le président mexicain, Enrique Peña Nieto, en visite d’Etat, doit signer une soixantaine d’accords économiques. // P. 8 REPOSITIONNEMENT DIFFICILE POUR CITROËN Le constructeur, dont les ventes ont reculé au premier semestre, invite à la patience alors qu’il tarde à concrétiser sa nouvelle image de marque. // P. 18 EUROTUNNEL NE VEUT PAS CHANGER DE STATUT L’entreprise attaqueun décret qui revient à créer une « partie fran- çaise » du tunnel sous la Manche. Ce qui modifierait son cadre social. // P. 17 ENTREPRISES & MARCHÉS INTERVIEW A la veille du 14 Juillet, le général Didier Castres, sous-chef d’état-major Opérations, livre son analyse des menaces et des réponses à y apporter. Transferts de technologies, filières de recrutement, de financement, camps d’entraînement, e-propagande… En cette veille de 14 Juillet, le général de corps d’armée Didier Castres, sous-chef d’état- major Opérations, estime que l’ennemi « asymétrique », celui que l’armée française combat au Sahel ou en Irak, a parfaitement intégré les codes de la mondialisation. « Si la dimension sécuritaire se concentre sur un espace géographique défini, ce qui l’alimente provient du monde entier [...]. On est passé d’une guerre des stocks à une guerre des flux », dit-il dans une interview aux « Echos », la première accordée depuis qu’il occupe cette fonction. Une crise doit donc être abordée dans sa globalité et le levier militaire s’attacher à casser les nœuds des réseaux ennemis, dont les armements ont tendance à réduire sensiblement la supé- riorité technologique des armées occiden- tales. // ENTRETIEN PAGE 11 L’élite du foot français reste lourdement déficitaire La perte d’exploitation de la L1 estimée à 271 millions pour 2014-2015. SPORT Dans un entretien exclusif aux « Echos », Jean-Marc Mickeler, le nouveau président de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), l’organisme contrôlant les clubs de football professionnel français, analyse leur situation financière à la veille de la reprise des Championnats de Ligue 1 et de Ligue 2. Il estime que celle-ci s’améliore, mais « demeure tendue ». Le résultat d’exploitation de la L1 estimé au 30 juin – hors transferts – est, il est vrai, négatif de 271 mil- lions d’euros pour la saison 2014-2015, après une perte de 351 millions en 2013-2014. Pour Jean-Marc Mickeler, les clubs doivent diversifier leurs revenus. Par ailleurs, le conflit entre la L1 et la L2 a repris de plus belle à propos du système des montées et descentes entre les deux divisions. L’éventua- lité d’une scission n’est plus à exclure. // PAGES 16-17 Défense : « Nous faisons face à des crises mondialisées » LA DÉMENCE DE FRANÇOIS P a r le B a r o n d e M é n e v a l Le roman politique de l’été // P. 12 DR Bourse « Star Wars » propulse l’action Disney au sommet // P. 20 Lucasfilm Ltd. Les hôpitaux ont creusé leur déficit en 2014 SANTÉ En 2014, l’activité hospitalière dans l’Hexagone a perdu près de 400 millions d’euros, contre 312 mil- lions en 2013. Cette somme équivaut à celle qui a été prélevée sur le budget hospitalier par l’exécutif sous forme d’annulation de crédits, soit 430 mil- lions d’euros, pour financer le rembour- sement de nouveaux traitements contre l’hépatite C. La Fédération hospi- talière française s’inquiète de nouvelles coupes budgétaires qui pourraient frei- ner de futurs investissements. Ces der- niers ont déjà chuté en 2014, passant de 5,07 milliards d’euros à 4,38 milliards. // PAGE 7 Universités : un secrétaire d’Etat ne fait pas le printemps Le Point de vue de Bernard Belloc Alors que la loi Macron ouvre la porte d’une vision plus moderne de l’économie, rien de neuf pour la formation supérieure. Et la récente nomination de Thierry Mandon au secrétariat d’Etat à l’Enseignement supérieur et à la Recherche n’y change pas grand-chose, selon Bernard Belloc. // PAGE 9 DR Angela Merkel, François Hollande et Aléxis Tsípras. Photo John MacDougall/AFP Relégué en Ligue 2, le club de Lens a souffert ces derniers mois de difficultés financières. Photo Denis Charlet/AFP Didier Castres. Photo Jérémie Faro/Armée de terre/EMA

Lesechos 20150713 Soir

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  • LE QUOTIDIEN DE L'CONOMIE // LUNDI 13 JUILLET 2015 // LESECHOS.FR

    ISSN0153.4831 107e ANNENUMRO 21978 28 PAGES

    Antilles-Runion 3 . Guyane 3,90 . Belgique2,60 . Espagne 3.30 . Grande-Bretagne260. Grce 2,90 . Italie 3.30 Luxembourg2,80 . Maroc 24 DH. Niger 2.600 CFA Suisse4,60 FS. Tunisie 3.300 TNM. Zone CFA2.200 CFA.

    Le Guide Michelin,une institution culinaireCommentle guide rougesest donnune dimensioninternationale.// SRIEDT P. 13

    C est une bagarre digne dHomre qui a oppos,dimancheBruxelles, lesdirigeantseuropenssurlavenir de la Grce. Ils ont pris dans laprs-midi larelvedeleursministresdesFinancesqui,dansuneambiancesurvolte, staient montrs incapables de trancher entre unGrexit et la mise en place dun troisime plan daides pour la

    Grce, qui devrait dpasser les 80 milliards deuros. Face aurefus de principe de ce soutien de la part des faucons alle-mand et finlandais, les grands argentiers ont propos auxchefs dEtat et de gouvernement une nouvelle srie de condi-tions comme des efforts supplmentaires dans le domainedes retraites, de la fiscalit et du march du travail. Autre

    option,lamiseengagedactifsgrecshauteurde50milliardspour garantir le remboursement de la dette. Le prsidentfranais a continu dfendre le maintien de la Grce dansleuro tandis que la chancelire allemande semblait salignersur son svre ministre des Finances. // PAGES 2 5ET LDITORIAL DE NICOLAS BARR PAGE 9

    DOMINIQUE SEUXDANS LDITO CO 7H20DU LUNDI AU JEUDI

    SUR

    LES BANQUES SE METTENTAU CROWDFUNDING Banque Populaire Atlantique et leCrdit Mutuel Arka investissenten direct dans des projets definance participative pour compl-ter leur palette de services. // P. 22

    PUBLICIT DIGITALE :LE MOBILE TIRE LE MARCHLe march de la publicit surInternet a bondi de 3,5 % au pre-mier semestre. La publicit surmobile progresse de 63 %. // P. 20

    SauvetagedelaGrce:lEuropeposesesconditionsl Vives tensions au sommet Bruxelles sur lavenir de la Grce dans la zone euro.l Le nouveau plan daides de plus de 80 milliards deuros divise les dirigeants europens.

    LESSENTIEL

    LE FMI APPELLE HOLLANDE POURSUIVRE LES RFORMESPour rduire la dpense publi-ques, le FMI recommande, entreautres, de reculer nouveau lgede dpart la retraite et de rfor-mer lassurance-chmage. // P. 6

    LE MEXIQUE LHONNEURFini la brouille entre la France et leMexique. Invit dhonneur du14 Juillet, le prsident mexicain,Enrique Pea Nieto, en visitedEtat, doit signer une soixantainedaccords conomiques. // P. 8

    REPOSITIONNEMENTDIFFICILE POUR CITRONLe constructeur, dont les ventesont recul au premier semestre,invite la patience alors quiltarde concrtiser sa nouvelleimage de marque. // P. 18

    EUROTUNNEL NE VEUT PASCHANGER DE STATUTLentreprise attaque un dcret quirevient crer une partie fran-aise du tunnel sous la Manche.Ce qui modifierait son cadresocial. // P. 17

    ENTREPRISES& MARCHS

    INTERVIEW A la veille du 14 Juillet, le gnral DidierCastres, sous-chef dtat-major Oprations, livre sonanalyse des menaces et des rponses y apporter.

    Transferts de technologies, filires derecrutement, de financement, campsdentranement, e-propagande En cetteveille de 14 Juillet, le gnral de corpsdarme Didier Castres, sous-chef dtat-major Oprations, estime que lennemi asymtrique , celui que larme franaisecombat au Sahel ou en Irak, a parfaitementintgr les codes de la mondialisation. Sila dimension scuritaire se concentre sur unespace gographique dfini, ce qui lalimente

    provient du monde entier [...]. On est passdune guerre des stocks une guerre desflux , dit-il dans une interview aux Echos , la premire accorde depuis quiloccupe cette fonction. Une crise doit donctre aborde dans sa globalit et le leviermilitaire sattacher casser les nuds desrseaux ennemis, dont les armements onttendance rduire sensiblement la sup-riorit technologique des armes occiden-tales. // ENTRETIEN PAGE 11

    LlitedufootfranaisrestelourdementdficitaireLa perte dexploitation de la L1estime 271 millions pour 2014-2015.

    SPORT Dansunentretienexclusifaux Echos ,Jean-MarcMickeler, le nouveau prsident de la Direction nationale ducontrledegestion(DNCG),lorganismecontrlantlesclubsde football professionnel franais, analyse leur situationfinancire la veille de la reprise des Championnats deLigue 1 et de Ligue 2. Il estime que celle-ci samliore, mais demeure tendue . Le rsultat dexploitation de la L1 estimau 30 juin hors transferts est, il est vrai, ngatif de 271 mil-lions deuros pour la saison 2014-2015, aprs une perte de351 millions en 2013-2014. Pour Jean-Marc Mickeler, lesclubsdoiventdiversifier leursrevenus.Parailleurs, leconflitentre la L1 et la L2 a repris de plus belle propos du systmedesmontesetdescentesentrelesdeuxdivisions.Lventua-lit dune scission nest plus exclure. // PAGES 16-17

    Dfense:Nousfaisonsfacedescrisesmondialises

    lA DMeNCe

    De FrANOIs

    Par le Baron de Mn

    eval

    Le roman politiquede lt // P. 12

    DR

    Bourse Star Wars propulse lactionDisney au sommet// P. 20

    Luca

    sfilm

    Ltd.

    Leshpitauxontcreus leurdficiten2014SANT En 2014, lactivit hospitaliredans lHexagone a perdu prs de400 millions deuros, contre 312 mil-lions en 2013. Cette somme quivaut celle qui a t prleve sur le budgethospitalier par lexcutif sous formedannulation de crdits, soit 430 mil-lionsdeuros,pourfinancerlerembour-sement de nouveaux traitementscontrelhpatiteC.LaFdrationhospi-talire franaise sinquite de nouvellescoupes budgtaires qui pourraient frei-ner de futurs investissements. Ces der-niers ont dj chut en 2014, passant de5,07 milliards deuros 4,38 milliards.// PAGE 7

    Universits :unsecrtairedEtatnefaitpasleprintempsLe Point de vue deBernard Belloc

    Alors que la loi Macron ouvre laporte dune vision plus modernede lconomie, rien de neuf pour laformation suprieure. Et la rcentenomination de Thierry Mandon ausecrtariat dEtat lEnseignementsuprieur et la Recherche nychange pas grand-chose, selonBernard Belloc. // PAGE 9

    DR

    Angela Merkel, Franois Hollande et Alxis Tspras. Photo John MacDougall/AFP

    Relgu en Ligue 2, le club de Lens a souffert ces derniers moisde difficults financires. Photo Denis Charlet/AFP

    Didier Castres.Photo Jrmie Faro/Arme de terre/EMA

  • 02 // VNEMENT Lundi 13 juillet 2015 Les Echos

    Anne [email protected] Bureau de Bruxelles

    Lheure tourne et la zone euro taitdimanche aprs-midi toujours trsdivise sur le sort de la Grce. Lors-que les chefs dEtat sont arrivs enmilieu daprs-midi Bruxelles,leurs ministres des Financesnavaient toujours pas trouv deposition commune. Le matinmme,leprsidentduConseileuro-pen, Donald Tusk, avait annul lerendez-vous prvu 28 le soir, touten promettant quil ne lcherait pasles dirigeants de la zone euro tantquils nauraient pas pris une dci-sion ferme sur leur volont ou nondelanceruntroisimeplandaidesla Grce. A leur arrive, les dclara-tions des uns et des autres mon-traient bien que la tension avaitatteint un point maximal. Le visageferm, la chancelire allemande,Angela Merkel, a dclar : Il nyaura pas daccord nimporte quelprix pour sauver la Grce, en rap-pelant que la valeur la plus impor-tante, savoir la confiance et la fiabi-lit, a t perdue avec Athnes. A

    loppos, Franois Hollande pro-mettaitde tout fairepourtrouverun accord ce dimanche afin que laGrce reste dans la zone euro. Ilcartait aussi fermement les idessouleves la veille par le ministreallemand des Finances, WolfgangSchuble,dorganiserunGrexitpro-visoire. Une sortie de la zone eurosignifie une Europe qui recule et quinavance plus, et a je nen veux pas ,a martel le prsident franais.Quant au principal intress, le Pre-mier ministre grec,Alxis Tspras, ila pris au mot la chancelire alle-mande, qui avait coutume de rp-ter que tout est possible avec de lavolont politique. Je suis prt aucompromis , a-t-il affirm. On ledoit aux Europens qui veulent uneEurope unie et pas divise.

    Un fonds pour donnerconfiance Les grands argentiers ont finale-mentrecommand in extremis auxleaders daller vers louverture dengociations sur un nouveau pro-gramme daides la Grce, mais ensoumettant ce feu vert de multi-ples conditions. Dabord, ils souhai-

    tent que la Grce vote un grandnombre de rformes dici mer-credi 15 juillet, en gage de sa bonnefoi.Ensuite, ilsrclamentdesmesu-res supplmentaires afin dattein-dre les bons quilibres financiers.Enfin, il ntait pas clair sils avaientou non repris la suggestion delintraitable ministre allemand desFinances, Wolfgang Schuble,dobliger la Grce consigner lesrecettes de ses futures privatisa-tionsdansunfondsdestingaran-tir les prts qui lui seront concds.Dans un document, le ministre exi-geait 50 milliards dactifs grecs engage Peu importe le montant, cequi compte, cest le principe, expli-quait le prsident du Parlement

    europen, Martin Schulz. Il faut unfonds pour donner confiance. Mais ilfautviterquelaGrcesesentehumi-lieetdonctrouverunmodledegou-vernance adquat. A sa sortie, leprsident de lEurogroupe, JeroenDijsselbloem, ne cachait pas que larecommandation faite par desministres des Finances dsunis etpuiss laissait encore bien du tra-

    vail aux leaders . Ceux qui veu-lent pousser le bouchon trop loinjouentenfaitleGrexit ,dcryptaithier une source europenne.

    Il est vrai que la dgradation ensix mois de la situation conomiquegrecque est telle que nombre degrands argentiers ont pris peur.Samedi, leurs changes ont t vio-lents. Pour aider la Grce, il estdsormais question dun plandaides de 82 86 milliards deurossur trois ans, dont rapidement9 milliards, pour pouvoir honorerles chances de lt. Dans lavisrendu par la Commission euro-penne et la BCE, la dgradationrapide de la conjoncture conomi-queestsouligne,ainsiquelagravit

    de la situation bancaire, un cerclevicieux qui risque dexploser trsvite. Plus on attend, plus lconomiegrecque se paralyse, moins les prtssont rembourss, plus les prts nonperformants alourdissent les bilansde banques cours de cash. Lecontrle des capitaux a t prolongdedeuxmoisvendredi.SelonlaBCE,il faut dsormais prvoir 25 mil-liards pour la recapitalisation desbanques grecques. Durgence. PourleprsidentdelaBCE,MarioDraghi,il y a bien un risque de dstabilisa-tiondelazoneeuroencasdeGrexit.

    (Lire lditorialde Nicolas BarrPage 9

    l Des dirigeants trs divisssur lopportunit dune nouvelleaide Athnes.l La BCE voque un risquede dstabilisation de la zone euroen cas de Grexit.

    Grce :lesnouvellesconditionsdelEurope

    LPILOGUE DE LA CRISE GRECQUE

    Pour aider la Grce,il est questiondun plan daidesde 82 86 milliardsdeuros sur trois ans.

    Pour la Grce, chaque seconde quipasse rapproche le pays du dsas-tre.TenueboutdebrasparlaBan-que centrale europenne (BCE), quiadbours180milliardsdefinance-ments pour elle, la Grce est main-tenant engage dans une coursecontre la montre pour ne pas cou-ler. Le contrle des capitaux mis enplace en Grce est dsormais pro-long de deux mois. Samedi, auxpetites heures du matin, le Parle-ment grec a donn son feu vert augouvernementpourquilaillengo-cier un nouveau programmedaides Bruxelles, en apportant engage de sa bonne volont la liste desrformes quavaient refuses lesGrecs par rfrendum cinq joursplus tt. Samedi matin, le nouveauministre des Finances grec, EuclideTsakalotos, est donc arriv confiant Bruxelles pour un nouvel Euro-groupe, fort dune majorit de251 dputs sur 300.

    Le pauvre Tsakalotos, dcrit partous ses collgues comme unhommesrieux,engagetdebonnefoi, ne sattendait sans doute pas tomber dans une telle ptaudire. Car, aprs avoir fait preuve dune unit sans faille contre son prd-cesseur,YnisVaroufkis, lesminis-tres des Finances, cette fois-ci appe-ls mettre la main au portefeuille,se sont montrs vindicatifs, dso-rients, incapables de voir plus loinque leur contrainte parlementaire immdiate. Assomms et ttaniss parlampleurdesnouveauxbesoins

    financiersdelaGrce(81,7milliardsdeurossurtroisans), ilssesontdivi-ss en deux clans, lun men par laFrance,quiplaidepourlaideAth-nes, et lautre men par le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schuble, qui prfrerait sortir la Grce de la zone euro. Une note deson ministre a fuit avec une liste de conditions longue comme le bras, avant toute nouvelle aide ou lefameux plan B : un Grexit provi-soire de cinq ans avec la clef une restructuration de la dette grecque,sur le modle de ce que fait le Club de Paris pour les pays en dveloppe-ment. Un papier violent, qui a enflamm ledbatenAllemagne,et

    qui risque de coter cher au leader duSPD,SigmarGabriel(lirepage3).Le ministre allemand na cess samedi de rpter son manque de confiance. Et de rappeler quil tait l en 2009, 2010, 2011, 2012 lors de toutes les ngociations clefs sur la Grce et quil ntait plus question pour lui de se faire avoir par les pro-messes jamais tenues dAthnes. Dans la cacophonie, le ministre fin-landais des Finances, Alexander Stubb, a rajout de lhuile sur le feu,dclarant ne pas vouloir participer au moindre plan daides Athnes,car son partenaire dans sa coalitiongouvernementale, le parti dultra-droite Les Vrais Finlandais, ne le

    veut pas. Sensuivait un dbat veni-meux, sur les rgles de vote du Mcanisme europen de stabilit, afindesavoirsionpouvaitsepasserde lavis de la Finlande.

    La nuit porte conseilSamedi soir, mme limpassibleprsident de la BCE a failli draillerlors dun change muscl avec Wol-fgang Schuble. Ne me prenez paspour un imbcile , aurait dclar leministre allemand, furieux de lana-lyse de Mario Draghi, selon laquelleun Grexit et une faillite des banquesgrecques peuvent mettre en dangerla stabilit de la zone euro. Samedisoir avant de se quitter,Wolfgang

    Schuble prenait encore une der-nire fois partie le ministre fran-ais Michel Sapin, pour le mettre engarde contre sa gentillesse avecAthnes. Les dclarations vendredimatin de Franois Hollande,jugeant les propositions grecques srieuses et crdibles , ont froissBerlin.Lanuitdusamediaudiman-che a quelque peu port conseil. Lematin, les ministres reprenaientleurs travaux dans une atmosphreplus calme. Je pense que Mme Mer-keladpasserparl , soulignaitunproche des ngociations. Avec destrsors de patience, le prsident delEurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a russi mettre au point un texte,

    runissant selon lui un accord sur90 % des points.

    A leur arrive, les dirigeants,dbriefs par leurs ministres desFinances, avaient encore des dcla-rations guerrires. Il leur restait trancher certains sujets. Dun ct,dterminerlalonguelistedestextesquAlxis Tspras doit faire adopterparsonParlementcettesemaineenpralable louverture dun nou-veau programme : TVA, rformedes retraites, indpendance du fiscet de loffice des statistiques, et

    rforme de la justice. De lautre,trouver la formule pour rassurerlAllemagne sur les privatisations,et surtout sur la perspective dunallgement de dette, tout en vitantdes mots qui fchent comme res-tructuration . A lheure du dner,tout espoir ntait pas perdu pourque les chefs dEtat donnent un feuvert une ouverture des ngocia-tions. La BCE a averti : demain, il luifaudra dbrancher, si elle na pasuneperspectivedaccord. Avecder-rire un calendrier trs serr, dunesemaine au maximum, pour quedun ct, le Parlement grec vote lesrformes demandes, puis pourque les autres Parlements votent leprincipe dun troisime pro-gramme. A. B.

    Le rcit dun week-end sous haute tensionLes ministres des Financesse sont runis samediet dimanche dans uneambiance survoltervlant leurs divergences.

    Le Premier ministre grec, Alxis Tspras ( gauche), en discussion avec (de gauche droite) le prsident de la Commission europenne,Jean-Claude Juncker, Franois Hollande et le Premier ministre belge, Charles Michel, dimanche, Bruxelles. Photo Geert Vanden Wijngaert/AP/Sipa

    Le pauvre Tsakalotos,dcrit comme srieux,engag et de bonne foi,ne sattendaitsans doute pas tomber dansune telle ptaudire.

  • Les Echos Lundi 13 juillet 2015 VNEMENT // 03

    3

    Thibaut [email protected] Envoy spcial Bruxelles

    La ligne dure de Wolfgang Schu-ble est-elle totalement partage parle reste du gouvernement alle-mand ? Merkel et Gabriel sont der-rire Schuble , affirme un diplo-mate allemand. Si un ministre ditquelque chose, ce nest pas forcmentson pays qui le dit , a nanmoinssoulign dimanche le prsident duParlement europen, MartinSchulz, membre minent du Partisocial-dmocrate allemand (SPD).

    Selonundocumentanonymequicircule depuis samedi, le ministredes Finances allemand demandeau gouvernement grec daller plusvite et plus loin dans les rformes,notamment en confiant un vasteprogramme de privatisations uneagence comparable la Treuhand,qui avait uvr en Allemagne delEst aprs la runification. Si Ath-nes refuse, le ministre propose unesortie temporaire de la Grce de

    leuro. Le camp allemand insistepour dire quil sagit simplement descnarios et quaucune piste nestprivilgie.Etpourtant, leGrexitnajamais t aussi proche. LUnionchrtienne-dmocrate (CDU)dAngela Merkel estime ne pluspouvoir faire confiance au Premierministre grec, Alxis Tspras, pourquil mette en uvre les rformespromises. Le rfrendum surprise,danslequelilaappelsapopulation voter contre les rformes euro-pennes, a laiss des traces profon-des. Les affiches de campagne deson parti, Syriza, mettant en scneWolfgang Schuble en vampire quiaurait saign les Grecs pendantcinq ans, ont aggrav la relation.

    Divisions au sein du SPDMais la facture dun ventuel troi-sime programme daide a aussirefroidi le gouvernement : plus de80 milliards deuros au total, alorsquon parlait initialement de 30 50 milliards. Alors que 85 % desAllemandsseprononcentcontredenouvelles concessions Athnes,cette dimension risque de compli-quer la dcision du Bundestag,cens donner son feu vert desngociations formelles avec Ath-nes. Mardi, le quotidien Bild

    demandait Angela Merkel, qui-pe dun casque pointe, dtre une chancelire de fer .

    Si ce message sduit la CDU cequi nexclut pas des voix plus conci-liantes , le SPD semble profond-ment divis. Aprs la fuite du docu-ment prsentant la position duministredesFinances,samedisoirsur Twitter, plusieurs sociaux-d-mocrates de haut rang ont attaquWolfgang Schuble. Les proposi-tions du ministre des Finances nesont pas srieuses , ragissait ainsi Carsten Schneider, vice-prsidentdu groupeparlementaire enchargedu budget. Le jeu de Schuble estmauvais, ajoutait Hubertus Heil,autre poids lourd du parti, sur lerseau social. Son plan de Grexit napas le soutien du SPD.

    Mais, aux premires heures dedimanche, les dputs sociaux-d-mocrates apprenaient que leurchef, Sigmar Gabriel, tait au con-traire sur la ligne de WolfgangSchuble ! Le vice-chancelier

    reconnat alors sur Facebook que le SPD connat naturellement laproposition de son collgue desFinances, tout en voyant une sortiede la Grce de la zone euro seule-ment si le gouvernement grec con-sidrait qui l sagissait de la meilleure alternative et excluantune approche qui ne serait pascoordonne avec la France. Runiece lundi, la direction du SPD pour-rait se dsolidariser de son prsi-dent,dontlastratgiepopulisteleurchappe depuis quelques semai-nes. Au point que certains sedemandent sil ne prpare pas son hara-kiri . Angela Merkel doitmontrer si elle a la dimension dunefemme dEtat et sceller un accord, etquandbienmmeseslecteursaime-raient mettre les Grecs la porte , cr i t l he b doma dai re DerSpiegel . In fine, la chancelire ris-que de devoir choisir entre sonministre des Finances et FranoisHollande, ardent dfenseur de laGrce dans la zone euro. n

    Lacrisegrecquemetlegouvernementallemand lpreuveetfracturelespartisLa chancelire allemandesoutient officiellement sonministre des Finances, toutcomme le vice-chancelier,Sigmar Gabriel.

    Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schuble,et la chancelire, Angela Merkel.Photo Wolfgang Kumm/dpa Picture-Alliance/AFP

    Le bon sens doitprvaloir et unaccord doit tretrouv. LItalie neveut pas que laGrce sorte de lazone euro. MATTEO RENZIPrsident du Conseil italien

    Ils ont dit

    Je suis prt aucompromis [], on ledoit aux Europensqui veulent uneEurope unie et pasdivise. ALXIS TSPRASPremier ministre grec

    La valeur la plusimportante, savoirla confiance et la fia-bilit, a t perdue avec Athnes.ANGELA MERKELChancelire allemande

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    Je me battraijusqu la derniremilliseconde pouravoir un accord.[...] Je suis dansun esprit combatif. JEAN-CLAUDE JUNCKERPrsident de la Commissioneuropenne

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    La Finlande plus dureque lAllemagneLors de lEurogroupe de ce week-end, la Finlande sestillustre par son intransigeance vis--vis de la Grce enallant un cran plus loin encore que lAllemagne. Le minis-tre des Finances, Alexander Stubb, a en effet t sommpar le Parlement national de plaider en faveur dunesortie dfinitive de la Grce de la zone euro. Le Parlementfinlandais est sous linfluence du parti eurosceptiquedes Vrais Finlandais qui est arriv en deuxime positionaux lections lgislatives davril dernier. Ce parti auraitmenac de faire clater la coalition gouvernementale fin-landaise si son ministre des Finances navait pas dfenduun Grexit pur et simple. Le prsident du parti des VraisFinlandais, Timo Soini, considre que la seule solutionviable conomiquement pour la Grce est dabandonnerleuro et de dvaluer sa monnaie.

  • 04 // VNEMENT Lundi 13 juillet 2015 Les Echos

    3LPILOGUE DE LA CRISE GRECQUE

    Derrirelerideaugrec

    LE FAITDU JOURPOLITIQUE

    CcileCornudet

    L es frondeurs du PSsoutiennent FranoisHollande. Mme Jean-Luc Mlenchon a eu des motsdoux son gard.Derrire la tragdie grecquese joue une pice bienfranaise. Avec des acteursqui changent de rleet des questions nouvelles.Pourquoi Franois Hollandetait-il ces jours derniersle seul dirigeant europen soutenir la Grce ?Pourquoi les frondeurs PS,les Verts et le Front de gauchelui trouvent-ils des vertuspour la premire foisdepuis trois ans ? Pourquoila droite ttonne-t-elle surlopportunit dun Grexit ?Les trois questions trouventleur rponse autour dun seulterme : la rigueur.A gauche, le soutien toutneuf des plus svrescontempteurs du chef delEtat ressemble un grandrve. Franois Hollande parledtalement de la dette et jouele bras de fer avec lAllema-gne ? Cest le signe quil aenfin tourn le dos laust-rit , veulent-ils croire. Finde laustrit pour la Grce etpar ricochet pour la France.Le lien est fait. Schuble visela France travers la Grce.Ne pas lui laisser un pouce deterrain , tweete le frondeurGuillaume Balas. FranoisHollande, lui, tente dviter lemalentendu. Il applaudit auplan de rformes et craint un recul de lEurope pluttquil ne critique directementlaustrit grecque. Il nemp-che, la gauche nest pas laseule faire une lecture anti-austritaire de la main ten-due de la France la Grce. Ladroite dnonce le laxisme et souponne le prsident depousser un compromis, nimporte quel prix, pour vi-ter davoir supporter courtterme (cest--dire avant 2017)un dfaut de paiement de laGrce, lourd pour les financesfranaises. Alxis Tsprasveut un chque en blanc , aalert dimanche NicolasSarkozy, en invitant FranoisHollande se rapprocher delAllemagne. De bons conseilsfont-ils une position claire ?Pas forcment. Les Rpubli-cains, Alain Jupp et NicolasSarkozy en tte, ont paruchangeants ces derniersjours, sans doute parcequeux-mmes ne savent tou-jours pas quels efforts ilsdemanderont aux Franaislors de la prsidentiellede 2017. De ce point de vue,Franois Fillon restele plus radical. Monsieur le Prsident,la menace de la faillite nest pasabstraite , a-t-il crit ce week-end dans le JDD . CQFD :mme en cas dhypothtiqueaccord avec la Grce, et devictoire politique de FranoisHollande, il faudra que laFrance mette lacclrateursur les [email protected]

    Quy avait-il derrire lamdiation de Hollande ?La fin de laustrit,se rjouit la gauche ; dulaxisme, craint la droite.

    Grgoire [email protected]

    Le 14 Juillet de Franois Hollande ne sera nul autre pareil. La crise grecque, dont lintensit dramati-que ne sest pas dmentie tout au longduweek-end,amisleprsidentde la Rpublique en premire ligneetseraleprincipalsujetdesoninter-vention prsidentielle la tlvisionpour la Fte nationale. Elle risque doccuper 90 % de linterview , pro-nostique un de ses conseillers.

    Depuis la fin du mois de juin,Franois Hollande a pris son btonde plerin pour convaincre lesautres pays de la zone euro de nepas exclure la Grce et de sortir parle haut de cette crise majeure, laplus grave depuis la naissance deleuro en 2002. Une position quil atenue contre vents et mares,mme sil est apparu bien seul enface de pays comme lAllemagne, laFinlande ou encore la Slovaquie,pour ne citer queux. Au cours de lajournededimanche, leprsidentaenchan les runions avec lesministres concerns et ses conseil-lers sur le dossier grec.

    Sur le plan intrieur, sa fermetpaie. Elle a t salue par plusieursdirigeants de la gauche pourtant

    peususpectsdadhrersansrserveau hollandisme. Mercredi dernier, loccasion du dbat sur la GrceorganisparlAssemblenationale,les dputs communistes ontapplaudi lintervention de ManuelValls, fermementpartisandumain-tien de la Grce dans leuro. Lunionsacre de la gauche autour de lacrise grecque a franchi une nou-velle tape ce week-end. Il est desmoments o trs peu de personnestiennent dans leurs mains un boutdhistoire. Aujourdhui, FranoisHollande est de ceux-l , a dclarhier la dirigeante cologiste CcileDuflot, qui avait violemment cla-qu la porte du gouvernementau printemps 2014. Mme Jean-Luc Mlenchon a tu ses critiques,habituellement violentes, contreFranois Hollande.

    Pourlessocialistesfranais,Fran-ois Hollande nest pas loin dtredevenu le sauveur de lEurope,quand, dans le mme temps, lachancelire allemande, AngelaMerkel, est voue aux gmonies.

    MadameMerkelvoustesirrespon-sable.Lhistoireneretiendraquevotregosme national, votre dsir de puis-sance, votre soumission largent , adclar le dput frondeur PouriaAmirshahi sur Twitter. Enfin, lejournal allemand Die Welt y estgalement all de son compliment,estimant que Franois Hollande est devenu le nouvel homme fort delEurope . Depuis le dbut, laFrance tient les deux bouts : mainte-nirlaxefranco-allemandetfairedelapdagogie avec les Grecs , estimeune source proche de lexcutif.

    Eviter un sautdans linconnu Pourleurpart, lestnorsdeladroitefranaise ont continu critiquer lagestiondudossiergrecparFranoisHollande. Dans les colonnes du JDD , lancien Premier ministreFranoisFillonlaaccusdejouerun trouble jeu : Rigoureux en com-pagnie dAngela Merkel, complaisanten coulisses avec Alxis Tspras. Ilfaut que M. Hollande se ressaisisse etreconstitue une unit avec la chance-lire allemande, Angela Merkel , adclar pour sa part lancien prsi-dent Nicolas Sarkozy.

    Quelle que soit lissue de la crise,Franois Hollande aura prouv sadtermination pour maintenir lepays dans la zone euro et viter un saut dans linconnu , comme ledit un de ses conseillers. Une mobi-lisation qui lui permet aussi de faireoublieruntempslesmauvaisrsul-tats conomiques. n

    FranoisHollandefaitlunionsacregaucheLe prsident de la Rpubli-que a mis tout son poidsdans la bataille pourconserver la Grce dansla zone euro. Une tnacitsalue par sa majorit.

    Avec le dossier de la crise grecque, Franois Hollande aura prouv sa dtermination et sa tnacit.Photo Kenzo Tribouillard/AFP

    les avantages fiscaux appliqusaux agriculteurs.

    Letauxdelimptsurlesentre-prises sera quant lui relev de26 % 28 %, ce qui nest pas favo-rable aux investissements.

    L e s d p e n s e s m i l i t a i r e sdevront tre rduites de 100 mil-lions deuros cette anne et de200 millions lan prochain.

    Le systme des retraites devradgager des conomies perma-nentes reprsentant entre 0,25 %et 0,5 % du PIB en 2015 et de 1 % partir de 2016. Pour y parvenir,le recours aux prretraites seradcourag et lge de dpart laretraite 67 ans sera gnralis partir de 2022. Les retraites com-plmentaires devront respecterla clause du zro dficit . Enfin,la suppression de lallocationpour les petites pensions (Ekas)sera effective dici la fin 2019.

    Les privatisations serontmenes bien, Athnes sengage finaliser toutes les procduresen cours, notamment celle desaroportsrgionaux,desportsduPire et de Thessalonique et durseau grec de transport dlectri-cit Admie, filiale de lentreprisepubliquedlectricit (PPC).Mais,apparemment, aucun engage-ment nest pris pour de futuresprivatisations.

    Le gouvernement na appa-remmentpasrenoncfairerevi-vre les conventions collectives supprimes durant les cinqannes de crise en cooprationavec lOIT et lOCDE.

    Un bref rpitCe plan ne peut quavoir un effetrcessif compte tenu de limpactdes hausses dimpts prvues etde la rforme des retraites. Lemoment est particulirementinappropri puisque lconomiegrecqueestdjdprimeparcesderniers mois dinstabilit. Maisle gouvernement a gagn un peudoxygne dans la mise en uvrede sapolitiquebudgtaire. Lexc-dent primaire calcul hors paie-ment des intrts de la dette estfix 1 % cette anne puis 2 %en 2016, 3 % en 2017 et 3,5 % en2018. Cest moins que ce qui taitprvu sous le prcdent mmo-randum, qui exigeait un surplusde 3 % cette anne puis de 4,5 % partir de 2016. Mais il est vraique ce rpit a t arrach au prixde trois trimestres de rcession.Depuis la fin 2014, la crise politi-que puis les lections ont peu peu cass llan de reprise cons-tat au dbut 2014 et lactivit est nouveau dprime. C. C.

    Le document listant les Actionsprioritaires que le gouver-nement Tspras a finalementadoptes jeudi soir puis faitvoter par le Parlement reprendpresque mot pour mot le plan descranciers, massivement rejetpar les Grecs lors du rfrendumdu 5 juillet. Il prvoit des cono-mies budgtaires denviron12 milliards deuros sur deux ans au lieu de 8 milliards dans uneversion grecque antrieure. Letexte prvoit aussi une srie derformes structurelles visant rendre le systme fiscal plus ren-table, le systme de retraite plussoutenable et lEtat plus efficace.

    La TVA va tre augmenteimmdiatement et devra rappor-terlquivalentde1 %duPIB,cest--dire 1,8 milliard deuros chaqueanne. Le taux normal reste 23 % mais il inclut dsormais laplupart des produits et des ser-vices, y compris les restaurants(au lieu des 13 % actuels), le tauxrduit de 13 % tant restreint leau, lalimentation de base,lnergie et les htels (6,5 % jus-quici) et le taux super-rduit de 6 % sappliquant uniquementaux produits pharmaceutiques,

    auxlivresetauxbilletsdethtre.Les les, qui bnficiaient duneTVArduite, vont perdreleur pri-vilge et seront soumises au tauxnormal partir doctobre, aprsla saison touristique. La miseen place sera progressive, encommenant par les les lesplus riches et les plus touristi-ques, et stalera jusqu 2016.Les leslesplusreculesneserontpas concernes.

    La taxe sur les produits deluxe sera tendue aux bateauxde plaisance de plus de 5 mtreset la taxe dj prleve sur letonnage ralis par les arma-teurs sera releve. Les rgles fis-cales spciales sur le transportmaritime seront supprimes.De mme que, dici la fin 2017,

    Les privatisationsseront menes bien, Athnessengage finalisertoutes les procduresen cours.

    Hausse de la TVA et destaxes sur les plus riches,rforme des retraites,le dtail des rformesacceptes par Athnes.

    LeplanderformesacceptparlaGrceaurauneffetrcessif

    La Grce horszone euro, cest

    lEurope qui reculeet qui navance

    plus, et celaje ne le veux pas.

    FRANOIS HOLLANDE

    Catherine [email protected]

    A la question de savoir si Alxis Ts-pras restera dans lhistoire commeun apparatchik inconscient ou ungnial stratge, il est encore trop ttpour rpondre. Mais le revirementque le Premier ministre grec issu dela gauche radicale a opr depuisjeudi en faveur du plan de rformesdes cranciers du pays, quelquesjoursaprsunrfrendumquiavaitrejet ce dernier plus de 60 %,montre quil est capable dautant desouplesse que dintransigeance etde mpris pour la dmocratie quedun certain sens des responsabili-ts : entre le risque de chaos et unmaintien douloureux dans la zoneeuro, il a choisi la deuxime solu-

    tion, au prix dun reniement de latotalitdesonprogrammelectoralet quitte se mettre une bonne par-tie de son lectorat dos.

    Maintenir le peuple en vie Aprs avoir fait tout ce qui esthumainement possible , selon lui,pour convaincre les Europens et leFonds montaire internationalquune nouvelle cure daustritserait contre-productive pour laGrce et quil vaudrait mieux com-mencer par allger le poids de ladette si lon veut relancer lcono-mie, il sest rsign accepter unprojetdaccord trsloigndupactelectoral desonpartiSyriza.Maisila assur devant le Parlement grecvendredisoirquectait lemeilleurpossible ,appelantleslusunvote de responsabilit nationale pour maintenir le peuple en vie .

    Prenant au mot les Grecs qui onttoujours affirm vouloir rester dansleuro, il a considr, au lendemaindu rfrendum du 5 juillet, que leslecteurs ne lui avaient pas donn

    un mandat de rupture avec lazone euro : Ils mont donn unmandat pour renforcer la position dengociation du gouvernement pourun accord soutenable conomique-ment et juste socialement. Ds lelendemain de la victoire du non ,il staitassur lesoutiendelensem-ble des partis dopposition pourrechercher un compromis avec lescranciers du pays. Il a pu ainsi ral-lier un trs large soutien au Parle-ment dans la nuit de vendredi samedisurlespropositionsderfor-mes qui serviront de base de ngo-ciations louverture ventuelledun troisimeplandaides.Endpitde la dissidence dune quinzaine dedputs de Syriza dont la prsi-denteduParlement,ZoeKonstanto-poulou, et de deux ministres,Panaytis Lafaznis et DimtrisStratolis , le texte a t approuvpar251voixsur300.Tsprasdisposedonc dune large majoritpour fairevoter les mesures durgence que lescranciersnemanquerontpasdexi-ger rapidement. n

    TsprasrsigncooprerpourresterdanslazoneeuroAprs une volte-facespectaculaire, le Premierministre grec se dit prt accepter les sacrificesncessaires pour resterdans la zone euro.

    Alxis Tspras a obtenu un trs large soutien du Parlement grecsur les propositions de rformes. Photo Geert Vanden Wijngaert/AP/Sipa

  • Les Echos Lundi 13 juillet 2015 VNEMENT // 05

    LA LGENDE A GRANDI

    LA NAVITIMER 46 mm

    Jean-Philippe [email protected] Francfort

    Le scnario du pire tait toujoursprsentdimanche la findunweek-end de divisions entre les dirigeantseuropens, impuissants rsoudrelacrisegrecque.EtlesortdusystmebancairegrecestcelundidenouveauentrelesmainsdelaBanquecentraleeuropenne (BCE). Celle-ci va runirlundi son Conseil des gouverneursavec la question de plus en pluscontroverse en son sein du main-tien ou non dun outil de perfusionfinancire distille depuis janvier.Elle pourrait dcider tout momentdefermerlerobineteurossilapers-pectivedun nouveauplandaidesnese concrtisait pas.

    Pour lheure, linstitution est enmode standby ,enayantplafonnlaide aux banques grecques depuisfin juin, la rendant peine suffisantepour permettre aux tablissementslocauxdegarder latte horsdeleau.Leur matelas de scurit a fondu cesderniers jours comme neige ausoleil, malgr le contrle des capi-taux et la limite journalire desretraits bancaires 60 euros.

    Mais, avant de prendre une dci-sion irrversible, la BCE sait quelle apour mission de garantir la stabilitdusystmefinancierdelazoneeuro,en mme temps que celle des prix. Illui faut donc veiller ce que les ban-quescontinuentdejouerlapremireligne de dfense contre les crisesfinancires, condition quellessoient solvables.

    Seulement voil, laide financiredelaBCEatoujourstprvuepourcolmater des manques passagersdeliquidits,jamaispourbnficier des tablissements en tat defaillite. La limite entre les deux nest

    pas aise. Aussi, le dispositif daidetemporaire a t maintenu depuisdes mois en attendant que les diri-geants politiques europens soienten mesure de prendre une dcisionsur le dossier grec. La population a,dans le mme temps, retir plus de40milliardsdeurosdesbanquesdupays, conduisant la BCE relever

    sans cesse le plafond de laide. Jus-qu bloquer le compteur 89 mil-liards deuros.

    Lchance du 20 juillet Silyauneperspectivedaccordpoli-tique, a change tout , disait diman-che une source bancaire. Restequen cas de prolongation de laideaux banques, il faudrait que lesmilieuxpolitiquesprennentlerelaispour garantir un financement ad-quat, plaidait dernirement JensWeidmann, prsident de la Bundes-bank.Ensachantquecelaniraitpassans laccord de lAllemagne

    Pressdagir,Francfortestfocalissur le 20 juillet, quand Athnes doitrembourser 4,2 milliards deurosdobligations achetes par la BCE etles autres banques centrales natio-nales.SilaGrcenapasrgllanote,car aucun crdit ne lui aura taccord, alors la BCE coupera lesvivres aux banques grecques etprendralaresponsabilitdepousserle pays en dehors de la zone euro. n

    La BCE doit juger des perspectives politiquespour dcider du sort des banques grecquesLa Banque centraleeuropenne se retrouveencore en premire lignepour viter le naufragedes banques.

    La BCE va runir lundi son Conseil des gouverneurs pour discuterdu maintien ou non du dispositif daide financire aux banquesgrecques. Photo ECB/Robert Metsch

    La BCE trouverales bonnes solutions

    une condition,quelle ait devant

    elle un cadrepolitique

    suffisamment clairet crdible.

    MICHEL SAPINMinistre franais des Finances

    Ondoitpouvoirsuivrelamiseenuvredesrformes Propos recueillis parVirginie [email protected]

    Les tensions entre nationseuropennes peuvent tretrs vives, y a-t-il un moyende grer les crises autrement ?Le Conseil europen est une agglo-mrationdesouverainetsnationa-les qui peuvent prendre le proces-sus en otage. La Slovaquie, parexemple, vient de menacer de faireun rfrendum. La Finlande a aussiun Parlement trs actif. Cest pour-quoiilfaudraitquelaccordsoitava-lis par le Parlement europen, carcela permet ensuite aux dputsdaller expliquer leur vote dansleurs pays. Il faut remettre du lienentre les Europens. Au lieu de direque les Allemands sont contre lesGrecs et les Grecs contre les Alle-mands,faisonsobserverquilyadesGrecs riches qui nont pas pris leursresponsabilits. Et il y a des Alle-mands et des Franais trs modes-tes dont la contribution va servir aider un pays dont les nationauxaisssedsintressent.Ilnefautpasmonter les uns ou les autres sur deslignesnationales.Cestabominable.

    et a ne correspond pas au projeteuropen.

    Mais ce vote au Parlementnest absolument pas requis ?En droit, non, mais, dans lhistoire,les volutions sont souvent nesdvnements majeurs. Le systmetelquilestaunefaille.Danslintrtde lEurogroupe, il faudrait un avaleuropen : les dputs pourraientporter cet accord. Les Grecs ont eule sentiment davoir t humilispar la troka, dautres, comme lesAllemands, celui davoir t flous.Il y a en fait de bons arguments desdeux cts. La dislocation ne serait

    dans lintrt de personne, avec desconsquencesfinanciresetgopo-litiques pour tous. Les Grecs ontt peu coopratifs et mme assezagressifsenlanantunrfrendumsans attendre la fin des discussions,tout en disant vouloir garder leuro.

    Comment assurer la bonneexcution dun accordavec les Grecs ?La Grce est un pays qui nous afait normment de promesses.Les Grecs sont certes responsablesde leurs dcisions le dpart dela retraite tel ge, la TVA telniveau , mais il faut que nous

    puissions suivre la mise en uvredes rformes. On peut trs bienimaginer un processus par lequelils rendent compte de ltat davan-cement dun programme quand ilsreoivent de largent. Au lieu davoirune tutelle technocratique avec desinstitutions comme la BCE ou leFMI dont lexpertise est videm-ment requise par ailleurs , on doitavoir un dbat transfrontire ettransparent.

    De quelle faon ?Tous les deux ou trois mois, onpourrait organiser une journedans la commission conomiqueet montaire au Parlement euro-pen. On y recevrait un rapport delacommission,delaBCEouduFMIsil le dsire. Cette session publique,enprsencedugouvernementgrec,quialaparole,peutaidermesurerles progrs, alerter sur les besoinsdassistance technique ou sur lesretards ventuels. Et une ou deuxfois par an, il faudrait un dbat enplnire pour faire le point. Il fautpasserdunsystmetechnique,cen-tr sur la finance, un systme pluslarge. Il faut arriver un contrlepar les pairs. n

    Ham

    ilton

    /RA

    INTERVIEWSYLVIE GOULARDDpute europenne, ADLE

    sion europenne. Ces dernires doi-vent juger de lexistence dun risquepour la stabilit financire de toute la zone euro ou pour certains Etats membres. Dans leur conclusion surla demande grecque, les deux insti-tutions prvoient que, sans aide immdiate, le systme bancaire grec seffondrera, ce qui aura des effets trs nfastes non seulement pour la Grce mais aussi pour nom-bre de pays voisins, Bulgarie, Rou-manie, Chypre et mme Royaume-Uni. Elles ajoutent ne pas pouvoir prjugerdeseffetssurlescomporte-ments des dtenteurs de comptes bancaires dans dautres pays. Unefaillite non contrle du systme ban-caire grec et de la Grce commeemprunteurcreradesdoutessignifi-catifs sur lintgrit de la zone euro ,concluent-elles en recommandant louverture dun nouveau pro-gramme. Au grand dplaisir du gouvernement allemand et dautresexcutifsdepaysdelazoneeuroquinont cess de rpter que le risque decontagiondunGrexittaitlimit.En sus, en cas de risque de dstabili-sation de la zone euro, les institu-tions peuvent demander au MES desurseoirlargledelunanimitparun vote 85 % sur ladoption dun nouveau programme. n

    Anne [email protected] Bureau de Bruxelles

    LeMcanismeeuropendestabilit(MES) a les moyens de lever plu-sieurs milliards deuros sur les mar-chs pour les prter la Grce. Cren fvrier 2012, ce fonds de secoursdispose dun capital de 80 milliardsdeuros, fournis par les Etats de lazone euro selon leur clef de rparti-tion dans la Banque centrale euro-penne (BCE), et dune capacit deprts de 500 milliards. Not AAAparFitchetAa1parMoodys,lefondsa pour linstant dbours 41,3 mil-liardsdeurospouraiderlEspagnerecapitaliser ses banques et 5,7 mil-liards pour aider Chypre. Comme ledit son directeur, Klaus Regling, leMES est un outil efficace de rsolu-tion des crises et dispose encore de90 % de sa capacit de prts.

    Pour ouvrir un nouveau pro-gramme daide, outre une requte du pays, le MES doit obtenir un avisfavorabledelaBCEetdelaCommis-

    Dot dune capacitdemprunts de 500 mil-liards, le fonds de secoursnen a utilis que 10 %. LaBCE pousse son utilisation.

    LeMESalargementlesmoyensdaiderlaGrce

  • France Stratgie se penchesur le compte personnel dactivitSOCIAL Le compte personnel dactivit a t introduit par laloi sur la modernisation du dialogue social, mais son contenureste encore vague. France Stratgie a t charg de mener unerflexion sur le sujet. Un rapport dtape est attendu dici lautomne 2015. Il devrait prciser quels sont les droits porta-bles qui pourraient figurer dans ce compte personnel dacti-vit. Par exemple, les droits rechargeables lassurance-ch-mage, le compte personnel de formation, le compte pnibilit,ou encore les droits une mutuelle de sant qui est dsormaisobligatoire pour tous les salaris. Ce compte doit tre opration-nel pour janvier 2017 et devrait permettre de faciliter la mobilitprofessionnelle en scurisant les changements de poste.

    en bref

    leFMI,nemettentpaslaFrance labri, rappelant que la repriseconomique, bien que relle,sappuie encore en grande par-tie sur un environnementexterne favorable (faiblessedes prix du ptrole, niveau deleuro et des taux dintrt,reprise dans les autres pays dela zone euro). Elles ne suffisentpas pour inverser rapidementla courbe du chmage. Selon leFonds, le nombre de personnessans emploi ne devrait dimi-nuer que lentement , 9,9 %de la population active en 2016contre 10,2 % cette anne.

    Le FMI conseillede rformer le SMICDette publique, baisse de lacomptitivit et des marges demanuvre des entreprises,march du travail rigide et obs-tacles la concurrence : denombreuses faiblesses sontpingles par linstitution. Pourdiminuer la dpense publique,il recommande, entre autres,daugmenter lge de dpart laretraiteouderformerlesaidessocialesetlesystmedassuran-ce-maladie.Lalibralisationdumarch doit aussi se poursui-vre. Surtout, la France devraitengager une rforme degrande ampleur du march dutravail . Notamment en don-nant plus de flexibilit auxaccords dentreprise, en rfor-mantlesalaireminimumoulesallocations chmage. P. R.

    Le gouvernement franais doit persvrer dans les rformes.Cest en tout cas la recomman-dation que lui a faite, vendredi,dans un rapport, le FMI. Au len-demain de la publication de sesprvisions de croissance mon-diales, qui maintenait celle delHexagone 1,2 % pour cetteanne, le Fonds montaire a encourag la France pour-suivre ses efforts pour freiner ladpense publique, relancer lacration demplois et supprimerlesobstacles lacroissance .Car les rigidits structurelles conti-nuent de peser et pourraientmme miner , en cas de chocextrieur ou de manquementdans lapplication des rformesen cours, les perspectives decroissancemoyenterme ,aler-tentlesexpertsdelorganisation.

    Lorganisation dirige parChristine Lagarde salue lesrformes lances par le gouver-nement : le Cice et le pacte deresponsabilit, qui ont rduitconsidrablement la fiscalit dutravail , les lois Macron et Reb-samen. Mais ces dernires, juge

    CONJONCTURE

    Pour le Fondsmontaire interna-tional, les rformesmises en uvrene mettent pasla France labri.

    Rformes : le FMIappelle encore persvrer

    EMPLOI

    Ils sont serveurs, plagistes, vendan-geurs,animateursLesunssontdestudiants se faisant de largent depoche ou payant leurs tudes ; lesautres des actifs qui cherchent untremplin vers lemploi stable ou enont fait un mode de vie : lt marquele retour des saisonniers. Faute destatistiques publiques prcises, il estimpossibledesavoirleurnombre.Leministre du Travail voque une estimation de 1,3 million de tra-vailleurs saisonniers et pluri-actifs.La CGT, elle, avance le chiffre de2 millions de contrats saisonnierspar an et tire la sonnette dalarme. Leur nombre a doubl en quelquesannes. Cela devient pour desemployeurs une faon de ne pasembaucher en CDI, mais davoir unemultitude de saisonniers quon peutvirercommeonveut.Cest limagedelemploienFrance ,dnoncesonlea-der, Philippe Martinez. On enretrouve dans des activits dont lecaractre saisonnier est plus que dis-cutable, comme la grande distribu-tion , pointe de son ct Ins Minin,secrtaire nationale de la CFDT, qui,commeFOetlaCGT,sillonnelesrou-tes leur rencontre (lire ci-contre).

    LasouplesseduCDDsaisonnierad e f a i t d e q u o i s d u i r e l e s

    employeurs : il permet de ne pasfixer dchance prcise et, contrai-rement au CDD classique, il nouvrepas de droit automatique la primede prcarit (10 % du salaire acquis ;certaines branches la versent) et nencessite pas de priode de carenceentre deux embauches. Des tudesrgionalesdelInseemontrentaussique les saisonniers, poste gal,sont moins pays que les salarispermanents. Les patrons se rga-lent , dplore Philippe Martinez.

    Non-respect des droitsAvec le chmage de masse, les can-didatsnemanquentpaset lessyndi-cats salarment de dsormaisretrouver parmi les saisonniers

    des retraits et des chmeurs qui ytrouvent un pis-aller pour sassurerun minimum de revenus , expliquela CFDT. Et aussi, avance la CGT, des migrants, des sans-papiers, dessalaris qui travaillent pendant leurscongs , sans oublier des salarisdtachs , notamment via les agen-ces dintrim espagnoles. Cecontexte alimente des abus, commele non-respect des droits (temps detravail, rmunration des heuressupplmentaires, etc.) et le travailsous-dclarouaunoir.Celasajouteaux difficults rcurrentes des sai-sonnierspourseloger,sedplaceretse former (lire ci-dessous)

    Les syndicats rclament unmeilleur encadrement de cette

    forme demploi, via le versementsystmatique de la prime de prca-rit, plus de contrles par linspec-tion du travail, des aides au loge-ment et au transport et un accsfacilit laformation. Il fautstruc-turer.Onnepeutpluspenserlemploisaisonnier comme une simple varia-ble dajustement. La France est unegrandedestinationtouristique.Avoirdessaisonniersformsetcomptentsest un enjeu de comptitivit ,insiste Ins Minin.

    Le ministre du Travail partageses enjeux . Interrog lAssem-ble en fvrier, le ministre, FranoisRebsamen, avait affirm que lasituation des saisonniers fait lobjetdune mobilisation des services duministre sur leurs conditions de tra-vail et de vie , puis quil avait lancun groupe de travail interminist-riel devant formuler des proposi-tions avant lt . Mais ce dernier,compos de parlementaires issusde rgions touristiques, a pris duretard. Le rapport sera rendu lautomne, puis discut avec les par-tenaires sociaux, en vue darriver des solutions concrtes et opration-nelles , promet la Rue de Grenelle.Paralllement, les branches profes-sionnelles sont invites dvelop-per des accords sur lemploi des sai-sonniers.Etcesdernierspatienterencore. D. P.

    l Les syndicats dnoncent une hausse des abus lis au travail saisonnier.l Un groupe de travail interministriel rendra ses propositions lautomne.

    Travail saisonnier : Rebsamenveut remettre de lordre

    La priorit est de scuriser les parcours Propos recueillis parDerek Perrotte

    D pute socialiste de Savoie,Bernadette Laclais estmembre du groupe de tra-vail interministriel sur lemploisaisonnier, qui tiendra sa troisimerunion ce mercredi et prsenterases propositions lautomne.

    Le recours au travailsaisonnier explose-t-il ?Cest difficile dire. Le travail sai-sonnier est un phnomne com-plexe, avec plusieurs types de con-trats et une multitude de secteursconcerns, et nous ne disposonspas des outils statistiques pour bienapprhender son primtre rel.Cest la premire priorit : il faut sedoter doutils de mesure et de suivi efficaces. Ce que lon sait, cest quecest un public plutt jeune, avecbeaucoup de femmes, sur desmtiers peu qualifis, pays auSMIC ou peine plus et avec parfoisdes horaires atypiques. Ils cumu-lent toutes les caractristiques de

    lemploi prcaire et de mauvaisequalit, auxquelles sajoutent desdifficultsspcifiquesautravailsai-sonnier, comme laccs au loge-ment et le transport. Tout celaimpacte aussi fortement leur viesociale.

    Quelles sont vos pistesde travail ?Laprioritestdetravailler lascu-risation de leur parcours, notam-ment en leur facilitant laccs laformation. Cest aussi dans lintrt

    des employeurs pour amliorernotre comptitivit. Dans le tou-risme par exemple, il faut dsor-mais des salaris parlant plusieurslangues. Un autre chantier est celuide la reconduction automatiquedes contrats, et des droits attachs,pour les saisonniers revenant tou-jours travailler pour les mmesemployeursauxmmespriodes.Ilfaut aussi rflchir une forme dedroit au logement. Aujourdhui,certains ont la chance dtre logspar leur employeur ou dtre de la

    rgion, mais certains nont parfoisdautres choix que de dormir dansleurvoiture.Toutescesproblmati-quessontconnuesdelonguedateetcertaines branches ont fait de relsefforts,commecelledutourismedeplein air, qui a un accord sur lareconduction des contrats. Desrgions aussi travaillent sur cessujets.Jepensenotammentcequefont lAquitaine et Paca en matirede formation. Mais normmentreste faire. Il faut que les partenai-res sociaux se saisissent dsormaisdu sujet au niveau national, via unengociation interprofessionnelle.

    Faut-il rformer le CDDsaisonnier ?Commenons par bien mesurer laralit du travail saisonnier et sonprimtre. Quels sont les secteursconcerns, quelle chelle ?Ensuite, il faudra sans doute repr-ciser et recadrer la dfinition juridi-que du travail saisonnier, en sinter-rogeant les secteurs o il est justifi,etdoncautoris,etceuxoilnapasde raison dtre utilis. n

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    INTERVIEWBERNADETTE LACLAISDpute socialiste de Savoie

    Ils seraient environ 1,3 million de travailleurs saisonniers et pluri-actifs, 2 millions selon la CGT. Les syndicats rclament un meilleurencadrement de cette forme demploi, bien moins contraignante quun CDD. Photo Mychele Daniau/AFP

    CGT, CFDT et FO sur la route

    Comme chaque anne, la CGT, la CFDT et FO profitent delt pour aller au contact des saisonniers. Objectif : leurrappeler leurs droits, quils ignorent souvent ; toucher unnouveau public, les jeunes dont manquent les syndicats ;soigner son image en montrant un visage plus festif.La CGT, en qute de nouveau souffle, met le paquet, avecsix caravanes sillonnant 56 dpartements et un standavec le Tour de France (comme FO). La CFDT mobilise100.000 euros pour visiter 70 villes. On va eux pourleur montrer que les syndicats sont utiles et accessibles ,indique la CFDT. Pour la CGT, cest loccasion de montrerquon est sur le terrain, de crer des liens et de syndiquer .

    Baccalaurat 2015 : prs de neufcandidats sur dix ont russiDUCATION Prs de neuf candidats sur dix au baccalaurat2015 ont dcroch leur diplme, soit un taux de russite de87,8 %, presque gal au record de la session prcdente. En 2014,le taux de russite quasi dfinitif aprs les oraux de rattrapage,mais avant la session de remplacement de septembre avaitatteint le niveau historique de 87,9 %. Cette stabilit masque desvolutions plus contrastes selon les voies : le taux de russiteprogresse de 0,6 point pour le bac gnral 91,5 %, il estinchang pour le bac technologique 90,6 %, mais recule de1,6 point pour le bac professionnel 80,3 %. Au total,617.900 candidats sont devenus bacheliers cette anne.

    Fillon critique Hollande pour tenterde reprendre la mainPOLITIQUE Dans une lettre ouverte au chef de lEtat, paruedimanche dans le JDD , Franois Fillon critique svrementla politique mene par Franois Hollande et lappelle dver-rouiller la France . Votre parole est inaudible , crit-il au chefde lEtat, et laction de votre gouvernement contresens desattentes de notre pays . Il est insupportable de voir la Franceglisser hors de lhistoire et perdre la matrise de son destin , pour-suit-il. Cette lettre parat quelques jours peine aprs que le tri-bunal correctionnel de Paris a relax Jean-Pierre Jouyet, secr-taire gnral de lElyse et deux journalistes au Monde ,accuss de diffamation lencontre de Franois Fillon.

    06 // Lundi 13 juillet 2015 Les Echos

    FRANCE

  • Les Echos Lundi 13 juillet 2015 FRANCE // 07

    Les hpitaux de nouveau dficitairessuite des annulations de crdits

    Solveig [email protected]

    Lespouvoirspublicsontmissciem-ment les hpitaux en dficit en2014. La Fdration hospitalirede France na pas pris de gants, ven-dredi, pour dnoncer via un com-muniqu les annulations de crditshospitaliers de lanne dernire.

    Comme chaque anne, pournourrir le dbat sur le budget de laScurit sociale lautomne, laFdration a men une enqute surles finances des tablissementspublics. Ce sondage portant sur93 % des hpitaux mais extrapol 100 % montre que le dficit ducompte de rsultat principal sestalourdi 398,4 millions deuros en2014, contre 312 millions deuroslanneprcdente.Danscetindica-teur, on ne comptabilise pas lesdpenses du secteur mdico-socialou bien les cessions de patrimoineimmobilier, mais uniquement lesrecetteslies lactivithospitalireelle-mme : remboursements delassurance-maladie de base, descomplmentaires, et reste chargedes patients.

    Or lanne dernire, le gouverne-ment a annul une somme trs pro-che de cette perte, 430 millions

    deuros de crdits. Quelque 250 mil-lions deuros ont t puiss dans lesfondspourlessoinsdesuiteetder-ducation et la psychiatrie ; 180 mil-lions dans les missions dintrtgnral. Chaque anne, une partiedes crdits est gele pour avoir unemargedemanuvreencasdedra-page des dpenses. Mais en 2014,protestelaFHF,ilnyapaseudexcs.Toutjusteunesurconsommationde77 millions deuros sur la liste en susofigurentlestraitementscoteuxquacquirent les hpitaux. Je pen-saisquontermineraitlanne lqui-libre, voire en excdent , se lamenteYves Gaubert, de la FHF.

    Ponction de solidarit Cette anne, nous avons respectnotre objectif dconomies, stonne-t-il, avec ces annulations, la Scuritsociale a donc enregistr une recettenette, cest une premire. Lobjectifde dpenses dassurance-maladie(Ondam) des hpitaux, vot par le

    Parlement, avait t brid + 2,29 %en 2014. Mais avec les 430 millionsponctionns, laugmentation na tque de 1,7 %. Sachant que les dpen-ses hospitalires ont naturellementtendancecrotrede3,6 %paran,laFdration estime le montant totaldconomies ralises par les hpi-taux prs de 1 milliard deuros .Au gouvernement, on salue cet effort de productivit , et on justi-fie la ponction par la solidarit .Lhpital a combl le trou cr dansles comptes de la Scurit socialepar les nouveaux traitementscontre lhpatite C (imputs sur lebudget des soins en ville).

    Alors que le gouvernement vientde donner un tour de vis suppl-mentaire lOndam global, en lervisant 1,75 % en 2016-2017, leshpitaux sont inquiets pour lave-nir.Leurdettenediminuepas,alorsquils subissent de nouvellescontraintes budgtaires. Rsultat,en 2014 les investissements ontencore chut, passant de 5,07 mil-liards deuros 4,38 milliards. Lemontant total des nouveauxemprunts avoisine 2,5 milliards,contre 3,3 milliards en 2013. Selonla FHF, la capacit nette dautofi-nancementdescentreshospitaliersuniversitaires a chut de plus de10 % l anne dernire . Ces tpourtant l que sinvente la mde-cine du futur. n

    l En 2014, lactivit hospitalire a perdu 398 millions.l Pour faire des conomies, le gouvernement a dciddannuler 430 millions deuros de crdits mis en rserve.

    SANT

    Marie-Caroline MissirCorrespondante Lyon

    Cestuneinitiativerarequeviennentde prendre les mdecins des Hospi-ces Civils de Lyon (HCL). Dans untexte commun, une trentaine depraticiens dnoncent le projet debudget 2015-2017 du deuxime cen-tre hospitalier universitaire (CHU)franais. Noussommes laveillederetrouverunesituationfinancirequimet de nouveau en pril lavenir desHCL, qui risque de bloquer les projetsdinnovation, damoindrir lattracti-vit du CHU pour les jeunes profes-sionnels et de dsesprer la commu-naut hospitalire , alertent-ils. Lesmdecins avaient dj rejet le pro-jet de budget et refus de siger ausein de la commission mdicale deltablissement fin juin. Les inqui-tudes se concentrent sur les 40 mil-lions deuros dconomies par andemands,ledoubledesannespr-cdentes. Le plan se traduit par lasuppression de 129 postes, unerduction de lenveloppe ddie auxactivits nouvelles 3,5 millionsdeuros, et la poursuite de la rduc-tion des lits en chirurgie. Sy ajoute

    une diminution des financementspublics de la recherche de lordre de7,5 millions deuros pour 2015.

    Runion prvue fin juillet Maisnousarrivonsunstadeolesconomies demandes menacent laqualitdessoins , argumentelepro-fesseurOlivierClaris,prsidentdelacommission mdicale dtablisse-ment. Pas question de stopper nosefforts, mais 40 millions, ce nest paspossible , salarme le mdecin.Depuis2008,cesefforts,conjugusun investissement immobilier de1 milliard deuros, ont permis deramener le dficit de 96 millionsdeuros 22 millions en 2014. Deuxsitesonttferms,lachirurgieambu-latoire a t dveloppe et 1.000 postessupprims en six ans , dtaille Oli-vier Claris. LAgence rgionale desant rappelle que le plan nationalde ralentissement de la croissancedes dpenses de sant est fix 2,1 %en 2015, contre 2,4 % les annes pr-cdentes. Les HCL ont dj consid-rablement restaur la situation : ilfaut quils tiennent bon , ajoute ladirectrice gnrale, Vronique Wal-lon. Nousnesommespasauborddela faillite, mais la trajectoire est trsexigeante poursuit-elle. Une ru-nion est prvue fin juillet. Nousallons regarder comment revoir cettetrajectoire : il existe toujours des mar-ges de manuvre , promet-elle. n

    A Lyon, les mdecinshospitaliers en rvolteLes praticiens des HospicesCivils de Lyon refusentles 40 millions deurosdconomies par andemands sur 2015-2017.

    Les dputs veulent prter main-forte aux hpitaux, confronts unedette de plus de 29 milliards deuros.La Mission dvaluation et decontrle des lois de financement delaScuritsocialevientderendreunrapport alarmant. Le taux dendette-mentestprochede40 %desproduitsdactivit.Certes,ladetteatendancese rduire depuis. Mais cela sexpli-que par la baisse des taux, et par lerecul de linvestissement. Ainsi, lapart des dpenses dinvestissementdans les produits des hpitaux estpasse de 10,9 % en 2009 7,6 % en2013. Les dputs craignent pourlavenir. De nouveaux dfis apparais-sent : chirurgie micro-invasive, hos-pitalisation domicile, quipementscoteuxCelancessitedesinvestis-sements productifs qui cotent cher.

    Cependant, leshpitauxvonttrepris en tenaille entre des budgets deplus en plus contenus, et une auto-nomie financire trs rduite. Cha-que anne, 2,5 milliards deuros surles3,5milliardsdgagspourlauto-financementpartentdanslamortis-sement de la dette. Si ces facteursperdurent,ilestprobablequeleshpi-tauxaurontdesdifficultssemoder-niser et risquent de creuser leur dfi-cit, entrant dans une spirale infernaledendettement , affirme la mission.

    Les plans dinvestissement Hpi-tal 2007 et 2012, destins rattraperle retard franais, ont eu pour effetde faire tripler la dette de moyen etlong terme en dix ans. Ils ont promulerecourslempruntbancaire,avecpeu de subventions. Et ils ont favo-ris les projets immobiliers (95 %des dpenses lies au premier plan),audtrimentdesquipementsetdessystmes dinformation. Rsultat, lacapacit hospitalire a cr alors queladuremoyennedesjourbaissait.Une erreur stratgique. Le rseauhospitalier nest-il pas surabon-

    dant ? interroge la mission, quiplaide pour une nouvelle approche.

    La tutelle et les tablissementshospitaliers ont donc mal investi.Mais la responsabilit des banquesne peut tre lude, en raison deleur marketing offensif des pro-duits structurs. Ainsi, prs dunmilliard deuros de dette est consti-tu demprunts trs toxiques, que lacharte de bonne conduite Giss-ler a bannis depuis 2010. Commeles banques ont reu des aidespubliques suite la crise de 2008, ilest juste quelles participent leurtour lassainissement de la dettedes hpitaux, estime la mission.

    Des alternatives lempruntElle propose donc de ngocier auniveau interministriel un rgle-ment global pour diminuer, voireannuler, le cot de sortie desempruntsstructursdespnalitspour rachat anticip estimes 1,5 milliard deuros. Dautres mesu-

    res sont en cours dadoption dans lecadre du projet de loi sant, afindinterdire les emprunts en deviseset dimposer un cadre sur lesemprunts taux variable.

    Il faudraaussitrouverdesalterna-tiveslemprunt.Lamissionproposede sinspirer du crdit-bail, puisquelobsolescence du matriel biomdi-callourdestdeplusenplusrapide,etquil faut donc le renouveler rapide-ment.Latarificationlactivit,quisetraduit par une variation droutantedu budget des hpitaux, doit trerevue pour scuriser sur trois anslinvestissement. Par ailleurs, lesAutorits rgionales de Sant doi-vent tre associes aux dcisionsdemprunt des hpitaux, tout enveillant ce quils consacrent aumoins 3 % de leur budget aux inves-tissements de renouvellement. Lesfuturs groupements hospitaliers deterritoiresdevronttreincitsgreren commun une partie des trsore-ries et des dettes. S. G.

    Les dputs sattaquent au poidsde la dette des tablissements de santIls proposent de ngocierune baisse, voire uneannulation, des indemnitsde remboursement anticipdes emprunts toxiques.

    247MILLIONS DE DFICIT GLOBALLes excdents dus aux cessionset au mdico-socialne compensent quen partiele dficit de lactivit hospitalire.

    LE 21 JUILLET, BRAZZAVILLE,LE MAGAZINE FORBES AFRIQUE ORGANISE LE

    LE RENDEZ-VOUS AFRICAINDES DCIDEURS INTERNATIONAUX

    avec cette anne pour thme:

    LA RVOLUTION NUMRIQUE :acclrateur de la croissance africaine .

    Une journe dchanges et de dbats pour :

    comprendre lAfrique en mutation ;

    rencontrer les acteurs de son dveloppement ;

    saisir les opportunits dinvestissement.

    Le forum sera retransmis en direct

    sur le site forumforbesafrique.com

    our :

    pement ;

    ent.

  • LGRE HAUSSEDE LINDUSTRIEEN ITALIELindice de la productionindustrielle en Italie aaugment de 0,9 % endonnes CVS au mois de maipar rapport au mois davril,a annonc vendredi lIstat,linstitut italien desstatistiques.

    RECUL DU DFICITCOMMERCIAL BRITANNIQUELe dficit commercialbritannique a diminu en mai, 8,0 milliards de livres sterlingcontre 9,84 milliards en avril,soit le montant le plus basdepuis prs de deux ans,a annonc vendredi lOfficenational de la statistique.Les exportations ont augmentde 0,1% en mai, par rapport avril, et les importationsont diminu de 5,5%.

    6,8 %DE CHMAGE AU CANADALe taux de chmage sestmaintenu 6,8% en juinau Canada, pour le cinquimemois daffile, malgr la pertede 6.400 emplois, a indiquvendredi linstitut national dela statistique. Sur un an,lemploi a progress de + 1,0point avec 176.100 postes.

    enchiffres

    Le prsident mexicain vient en Francerenforcer la coopration conomique

    La date avait t arrte lors de lavisite au Mexique de Franois Hol-lande au printemps 2014. EnriquePeaNietoeffectue,nonseulement,une visite dEtat en France partirde lundi pour quatre jours mais enplus, privilge rare, le prsidentmexicain sera prsent dans la tri-bune officielle lors du dfil du14 Juillet. Le Mexique est, cetteanne, linvit dhonneur.

    Cest une tape supplmentairedans le nouveau chapitre que laFrance et le Mexique ont ouvertdepuis 2013, tournant ainsi dfiniti-vement la page de la priode debrouille ne de laffaire FlorenceCassez. Pour cette visite, EnriquePea Nieto vient accompagn dunedlgation dune cinquantaine depatrons intervenant dans lnergie,la mode et le design aussi bien quedans la sant. Tous secteurs confon-dus, une soixantaine daccordsdevraient tre signs tandis quunforum conomique doit clore Paris, jeudi, la visite. Entre-temps, leprsident mexicain se sera rendu Marseille notamment chez AirbusHelicopters.Larelationpolitiqueestrevenueaubeaufixeetpeutcapitali-ser sur la bonne sant du Mexique.

    Tir par la demande des Etats-Unis,lepaysconnatunecroissancecontinue de ses exportations (horsnergie) qui bnficie plus directe-ment llectronique et lautomo-bile.Dsormaisquatrimeexporta-teur mondial de voitures, leMexique concentre sur son sol tou-teslesmarquesinternationalesatti-res par le march amricain. Kia,le coren, vient de sinstaller dans lesillage de Fiat, BMW ou encore Nis-san. Cette bonne sant conomiquedevrait se poursuivre cette anneavec une hausse des exportationsestime de + 5 % puis de + 5,3 % en2016, selon les prvisions dEulerHermes.

    Des rformes attenduespar les investisseursOutre la connexion directe avec lemarch amricain, qui absorbeprs de 80 % de ses exportations, cesuccs repose sur trois piliers dontla comptitivit du march du tra-vail et aussi le nombre daccords delibre-change que le pays a signs.Lessentielrevientpourtantautrainde rformes onze au total que leprsident Pea Nieto a imposesds son arrive et qui ne sont pastoutes encore entres en vigueurmais dont lesprit revient faciliterlarrive dinvestisseurs trangers

    dans certains secteurs. Les Mexi-cains vivent dans une conomie demarch , explique ce bon connais-seur du pays. Depuis larrive de lanouvelle quipe au pouvoir, lescots de llectricit et des tlcom-munications ont t sensiblementrduits, lapprovisionnement engaz a doubl et lintrt des tran-

    gers sest affirm. Ainsi, le domainede lnergie va connatre un tour-nant,mercredi,aveclouverturedeschamps mexicains. Une opportu-nit et la fois un danger pourPemex, lentreprise dtat tentacu-laire qui peut lgitimement appr-hender de voir dbarquer les Shellet autres Exxon.

    Si le Mexique est dsormais enposition de leader sur la zone, cestaussi du fait des mauvaises perfor-mances de ses voisins, Brsil en ttemais aussi Argentine et bien sr

    Venezuela. Sur une longue priode,la performance du Mexique najamais t exceptionnelle puisquedepuis 1996, la croissance est enmoyenne de 2,7 %. Mme le traitde libre-change nord-amricain afinalement eu peu deffet sur la crois-sance potentielle , relve CrditAgricole dans une rcente note surles marchs mergents. Autant direque limpact des rformes PeaNieto est lui, vraiment attendu, lePIBpouvantaismentcrotrede4 %par an. M. G.

    l Le Mexique est cette anne linvit dhonneur du dfildu 14 Juillet Paris.l Une soixantaine daccords doivent tre annoncspendant la visite dEnrique Pea Nieto.

    AMRIQUE LATINE

    mobile, de laronautique etlnergie solaire qui sont recher-chs. En descendant vers le Gua-temala, les infrastructures, lepor-tuaire ou lnergie olienne sontprivilgis. A la PME, qui ne sins-crit pas dans le sillage dun grandgroupe pour aborder le marchmexicain,lepatrondeProMexicovante la soixantaine daccordscommerciauxsignsetbiensrlemarch de lAlna (Etats-Unis,Canada). Le Mexique, cest uneplate-forme dexportation, la portedentreverslAmriqueduNord. Et comme pour mieux montrer quel point lconomie mexicaineest arrime aux Etats-Unis nousexportonsunmilliondedollars laminute vers les Etats-Unis , seplat-il rappeler.

    ProMexicoauneautremissionqui monte en puissance, celledutiliser la France comme trem-plin vers le continent africain. Etl, le chantier est quasimentvierge. Nous avons une offre sp-cifique, notamment dans les mat-riaux de construction : le ciment, leverre, les aciers ou encore la cra-mique. Et, en Afrique, il y a beau-coup de choses faire. M. G.

    Le Mexique exporte un milliarddedollarsparjourdanslemonde.LaFrancenestcertespassadesti-nationprivilgie,sapartdanslesexportations mexicaines ntantque de 0,35 % (donnes de 2013).Sil peut constituer une portedentreverslUnioneuropenne,lHexagone savre surtout treun march de niche, notammentdans lagroalimentaire, maisaussi la sant et plus rcemmentles industries cratives.

    Guillermo Garza Garcia sait dequoi il parle. Responsable depuis2009, Paris, de Pro Mexico, il estcharg, par son gouvernement,dassurerlapromotiondesexpor-tations mais aussi des investisse-ments entre les deux pays. Silcherche sans cesse de nouveauxdbouchs loffre mexicaine, iltente tout autant dattirer lesinvestissements dans son pays. Eta, pour cela, des priorits : lauto-mobile, laronautique, les tl-coms et le design. Quelque 21 des23 groupes industriels du CAC 40sont dj prsents au Mexique. Siune grande entreprise veut y inves-tir, elle sadressera directement auministre de lEconomie, cest uneopration qui se fera sans moi ,explique-t-il, philosophe.

    Tremplin vers lAfriqueA force de jouer les interfaces,Guillermo Garza Garcia fait lemme constat. Il y a une mcon-naissance de part et dautre , sou-ligne-t-il. Le Mexique, par exem-ple, naccueillera pas les mmesinvestissements dans sa partienord et sa partie sud. Prs de lafrontire avec les Etats-Unis, cesont surtout les secteurs de lauto-

    Pro Mexico est linterfacepour aider les fluxcommerciaux aussi bienque les investissementscroiss.

    Le Mexique exporte1 million de dollars laminute vers les Etats-Unis

    Lascuritetletourisme,nouvellesprioritsbilatrales Propos recueillis parMichel De Grandi

    Vous allez prsiderune nouvelle runiondu Conseil stratgiquefranco-mexicain.Quelles sont vos priorits ?Nousallonsremettredansquelquesjours notre deuxime rapport. Ilfaut bien voir que notre action sins-crit dans le temps, concerne tous lessecteurs de lconomie la culture,de la science la politique. Cela per-met au fur et mesure de nos ren-contres raison de deux fois lan,dexplorer des pistes intressantespour nos deux pays et partir de l,de dterminer de nouvelles priori-ts. A son niveau, le Conseil stratgi-que agit comme un conseiller sur tous les sujets. Le premier docu-ment, dvoil au printemps 2014,ciblait quatre domaines stratgi-ques : laronautique, la sant,lnergie et lenvironnement. Lescooprations dans ces domainestant dsormais bien avances, etdevant aboutir lors de la visite desannonces concrtes, nous en avonsdtermin de nouvelles comme lascurit ou le tourisme associ lagastronomie.AuMexiquecetteder-nire activit emploie 3 millions depersonnes et reprsente prs de10 % du PIB. En France, ce sont

    2 millions demplois pour 7 % duPIB. En outre, 300.000 visiteursmexicains ont foul le sol franaisen 2013. Cela mrite que des effortssoient faits. Sagissant du tourisme,enFrance,certainshtelsdeluxeoude charme, restaurs au cours desdernires dcennies, pourraientintresser des investisseurs mexi-cains pour un financement demoyen ou de long terme. Il y a, enFrance, des propritaires quiaujourdhui veulent passer la mainsans savoir exactement quisadresser pour nouer une transac-tion. Cest une piste. Dans le mmetemps, au Mexique, la monte enpuissancedenouveauxconsomma-teurs impose de renforcer le parchtelier, y compris dans lhtellerie

    daffaires.Etjenoubliepaslagastro-nomie.Degrandschefstoilsrfl-chissent louverture dtablisse-ments haut de gamme au Mexique.

    Depuis le printemps 2014,quels projets concrets ont vuou vont voir le jour ?Notrebutestderelancerlesrelationsbilatrales aprs les tensions quenous connaissons tous. Sur le planconomique, nous avons, par exem-ple, initi des partenariats dans ledomaine nergtique. Nous atten-dons maintenant des annoncesconcrtes. En matire dinvestisse-ments, un fonds a t cr pourfinancer des entreprises dans laro-nautique et linnovation. Dautresdossiers sont galement trs avan-

    cs, comme la cration, Paris surlesbordsdelaSeineduneMaisonduMexique ou lorganisation, en 2016,auGrandPalaisduneexpositionsurlart contemporain mexicain.

    La scurit au Mexiquedemeure une question pose.Les investisseurs potentielssen ouvrent-ils souvent vous ?Les entreprises franaises connais-sent parfaitement ce problme, lesrgions rputes dangereuses, lespratiques viter et bien entendules mesures prendre. Une foisquelles matrisent cela, les probl-mes surviennent rarement. Enrevanche, pour quelquun qui vientla premire fois, le Mexique peutfairepeur,ilfautenconvenir.Toutlemonde garde en mmoire laffairedes 43 tudiants assassins Igualail y a quelques mois. Depuis llec-tion du prsident Pea Nieto, laFrance a contribu la formationdune gendarmerie mexicaine. Lesautorits mexicaines ont t extr-mement frappes par la faon dontlesforcesdescuritfranaisessontintervenues rcemment, notam-ment depuis les attentats de janvier.Celalesincite,sansdoute,treplusvolontaires dans ce type de coop-ration. Jajoute que la France a unevraieexpertise fairepartagerdansles passeports biomtriques. n

    DR

    INTERVIEWPHILIPPE FAUREReprsentant spcialdu gouvernement franaispour le Mexique

    Le succs du Mexiquerepose sur un marchdu travail comptitif,ses accordsde libre-changeet sa connexionavec les Etats-Unis. Le prsident mexicain, Enrique Pea Nieto, en visite dEtat en France, sera prsent dans la tribune

    officielle lors du dfil du 14 Juillet. Photo Susana Gonzalez/Bloomberg

    08 // Lundi 13 juillet 2015 Les Echos

    MONDE

  • Arrtonsdedire quelEuropevaseffondrer causedelaGrce. On voitbien qui profitecette rhtorique de fin du monde. La vritest que, si lesngociationsavecAthnes sesont tires aussi longtemps, cestparcequedes gouvernements europens responsablesdevant leur opinionpublique ontcherchobtenir desassurancesdesrieux de la partdun gouvernement grec peu dignedeconfiance. Etait-ce illgitime ? Etait-ce fairepreuve dintransigeance ?

    Quelqueschiffres, ici,mritent dtrerappels. Aprs avoir apport plus de250 milliards deuros laGrce depuis 2010et abandonn plusde100 milliards deurosde crances, lEuropeveutsassurer quenchangede80milliards deuros de plus, lesGrecsferont bienles 12 milliardsdeurosdconomies quils promettent. Ce nest pasen posant la question de confianceauxGrecsque lonrisquait la ruine de lEurope.Cest au contraire en vitantdelaposer,sousprtexteque le leader grec joue la zoneeuro la rouletterusse.

    Depuis le dbut, legouvernement Tspras, pourfendeur dune Europenolibrale quilexcre et quil rve detransformer,ngocie avecune grenade dgoupille lamain, estimantdunepartque la dettedont il ahriteest illgitime et dautre partqueBruxelles, la BCEet leFMI luiont impos une cure daustrit quiplongelepaysdanslespiresdifficults. Soutenu par les extrmes, ilbnficie dune incroyable complaisance allant bien au-delde sessulfureux appuis : lopprime,cest laGrce.Sonchantage auchaosest grossier,mais il fonctionneauprs dunepartie de lopinioncontamine par les prjugs : loppresseur,cest lAllemagne

    Il faut vite sortir de ce discours binaire dans lequel Tspras atent denfermer le dbat et de piger lEurope. Celle-ci ne serasolide que si ses Etats membres et ses peuples se font confiance,pas sils ont limpression de subir un chantage permanent. Siquelquun sape lesprit europen depuis des mois, cest bien AlxisTspras. Il dit vouloir rester dans leuro mais nen accepte pas lesrgles. Pis, il les combat, en rfute le bien-fond, y voit latraduction montaire dun ordre capitaliste contre lequel il achoisi de lutter. Et cest seulement dos au mur, alors que largent vamanquer pour verser les prochains salaires des fonctionnaires,quil promet les rformes jusquici combattues. Ne fait-il quegagner du temps ou est-il sincre ? On ne peut en vouloir sespartenaires, eux qui essuient les insultes de ses ministres, de strepos la question. On ne peut leur en vouloir davoir des doutes lgard dun gouvernement qui promet de mettre en uvre unprogramme pitinant la volont populaire exprime le 5 juillet.Ces doutes assombriront longtemps les relations de la Grce avecle reste de lEurope.

    (Lire nos informationsPages 2 5

    LDITORIALDES CHOS

    Questiondeconfiance

    Pourfendeurdune Europenolibralequil excre,Tsprasngocieavec unegrenadedgoupille.

    Par NicolasBarr

    DANS LA PRESSE TRANGRE

    tude de luniversit de Chicagoauprs de jeunes Blancs, 31 %dentre eux pensent que lesNoirs sont plus paresseux queles Blancs et 23 % pensent quilssont moins intelligents.

    Chez les jeunes, nombreuxsont ceux qui pensent quigno-rerlacouleurdepeaudesautresest une preuve de leur progres-sisme, souligne le magazine. Ce

    qui peutrendre plusdifficile lap r i s e d econscience

    que les Etats-Unis connaissent defortesingalitsracialesetquecel-les-ci progressent , affirme le Time .

    Le magazine rappelle que lesm n a g e s b l a n c s s o n t e nmoyenne 13 fois plus riches queles Noirs. La jeune gnrationne peut pas se permettre defaire limpasse sur ces ques-tions raciales : En 2014, lamajorit des enfants de moins de5ansnestpasblanche etdici2043, les Blancs seront enminorit aux Etats-Unis. L. D.

    Retirer le drapeau des Etatsconfdrs du Parlement deCaroline du Sud, comme il en at dcid aprs la tuerie deCharleston, ne suffira pas faire changer les ingalits et leracisme dont sont encore victi-mes les minorits raciales auxEtats-Unis. Les Amricains, enparticulier les jeunes, ontbesoin douvrir les yeux. Lej u g e m e n tde TimeMagazine e s t s a n squivoque.

    La gnration Y a certesappris lcole lhistoire descombats pour la dsgrgationraciale.Ellea,certes,vcullec-tion de Barack Obama, lepremier prsident noir. Mais,estime le Time , elle doitencore prendre conscience queles ingalits raciales et leracisme nont pas disparu. Orlide selon laquelle le racismeestunproblmequi seraforc-ment rsolu, voire mme qui lestdj , est rpandue. Pourtant,le racisme a encore besoindtre combattu. Selon une

    LAmrique na toujours pas tourn la pagedes ingalits raciales

    LE POINTDE VUE

    de Bernard BellocEnseignementsuprieur :unsecrtairedEtatnefaitpasleprintemps

    universitaire.Sonpointdevuersumeparfaitement deux points de blocagemajeurs. Tout dabord, elle sinterrogesur la capacit dun Etat centralis donner davantage dautonomie sesuniversits. Mais pour notre collgue,seules les universits de recherche ontrellement besoin dune trs grandeautonomie. Cette considrationpourrait nous permettre davancer, enidentifiant durgence quelques tablis-sements, ou ventuellement regrou-pements dtablissements, dans lamesure o ils peuvent avoir un sens,qui pourraient jouer le rle de ces uni-versits de recherche. Celles-ci rep-res, et dotes de statuts spcifiques,les autres nen souffriraient pas, car lesobjectifs de toutes seraient ainsi gran-dement clari f is et les moyensseraient bien mieux utiliss.

    Notre collgue fait aussi observer lerle essentiel que joue aux Etats-Unisla concurrence entre universits derecherche prives et universitspubliques. L, ne rvons pas, il serapour le moins difficile de seulementouvrir un dbat en France sur la pr-sence duniversits prives dans lepaysage. Mais gardons au moins lemot concurrence. La loi Macron nousmontre que ce mot a encore un senspour la partie la plus lucide delactuelle majorit. Pourquoi serait-ilun gros mot dans le secteur de lensei-gnement suprieur ?

    Bernard Belloc est prsidenthonoraire de luniversitde Toulouse-I Capitole.

    l on veut rellement donner lesmmes chances tous dobtenir undiplme ou encore des ressourcesfinancires des universits, pourlesquelles rien nest tranch : pasdaugmentation des droits de scola-rit, mais pas daugmentation nonplus du budget de lEtat pour lensei-gnement suprieur et la recherche. Etnous passerons sur la ncessairediversification des universits etlidentification de quelques univer-sits de recherche, alors que cettediversification existe dans tous lespays, y compris la Chine. Un calmeplat rgne donc sur des sujets dont onpeut douter quils seront abords plustard, en pleine rentre universitaire.

    La question est-elle politique etserait-elle marque par le clivagegauche -droi te ? Mme pas : lesilence est complet, sur tout lhori-zon politique franais. Alors que laloi Macron ouvre un peu la portedune vision plus moderne de lco-nomie et du rle du march, rien deneuf en ce qui concerne la formationsuprieure et la recherche. Circulez,tout a t fait, tout a t dit sur lesuniversits !

    Fort heureusement une collgue deStanford, Caroline Hoxby, a rcem-m e n t ex p r i m u n p o i n t d e v u eparticulirement pertinent sur lesrformes universitaires franaises,lors des 15e Rencontres conomiquesdAix-en-Provence. Avec une luciditabsolument parfaite, elle exprime sesdoutes quant la possibilit decontinuer en France la rforme

    L a nomination de Thierry Man-don au secrtariat dEtat lEnseignement suprieur et la Recherche met fin de longs moisdatermoiements concernant cesecteur, dit prioritaire pour legouvernement. Cre-t-elle pourautant une dynamique de moyens ?Personne ne se fait plus dillusion surce point. Une dynamique de projets,alors ? Malheureusement, je crainsque l aussi, on ne puisse se fairebeaucoup dillusions. Quelquesparoles convenues, quelques pti-tions de principe, mais surtout nefcher personne, ne pas crer dansl e nv i r o n n e m e n t p o l i t i q u e d ugouvernement un nouveau chantierdangereux, alors mme que ThierryMandon, dans ses fonctions prc-dentes, avait montr quil faisaitpartie du club hlas trop ferm desrformateurs socialistes.

    Il faut continuer rformer, affir-ment et raffirment les chefs delexcutif. Fort bien, mais cela ne vautsans doute pas pour lenseignementsuprieur et la recherche, secteurs quetous les autres pays, sans exception,considrent comme essentiels pourleur avenir.

    Les rapports continuent de saccu-muler. Quils viennent de thinktanks orients gauche ou se rcla-mant dune orientation librale oumme de lInspection gnrale delEducation nationale et de la recher-che, qui tous clairent les mmespistes, quil sagisse de lorientationslective des tudiants, ncessaire si

    Les chefs de lexcutif affirment et raffirment quil faut continuer rformer. Mais cela ne vaut visiblement pas pour lenseignementsuprieur et la recherche, secteurs que tous les autres pays,sans exception, considrent comme essentiels pour leur avenir.

    Le Point de vue Construire un monde zro carboneet zro pauvret

    Art et culture Etourdissante Fte de la musique Montpellier

    Entretien Gnral Didier Castres,sous-chef dtat-major Oprations

    Ils ont rvolutionnnos assiettes

    Le Guide Michelin, institution culinaire

    Patron de pre en fils Les fils Nicollin prparent la relve

    SOMMAIRE

    Alors que la loiMacron ouvreun peu la portedune visionplus modernede lconomieet du rle dumarch, riende neuf en cequi concernela formationsuprieureet la recherche.

    Il sera difficile douvrir un dbat en France sur la prsence duniversits prives dans le paysage. Photo Jean-Michel Andr/RA

    Les Echos Lundi 13 juillet 2015 // 09

    ides&dbats

  • 10 // IDEES & DEBATS Lundi 13 juillet 2015 Les Echos

    art&culture

    Etourdissante Ftede la musique MontpellierPhilippe Venturini

    Sil fallait dfinir la notionde festival, il faudrait pren-dre pour exemple RadioFrance-Montpellier. Endeux semaines et demie, laville et la rgion Langue-doc-Roussillon proposenten effet 200 rendez-vous,dont 175 en accs libre susceptibles de satis-faire toutes les curiosits musicales, durpertoire classique au jazz en passant parles musiques du monde.

    Pour sa 30e dition, la manifestation,inaugure jeudi dernier, additionne les v-nements comme ce marathon pianistiqueconu par Philippe Cassard et qui a mencinq pianistes parcourir une centaine deprludes, de Bach Chostakovitch et quel-que quatre-vingts fugues, durant toute lajournedusamedi11juillet.Lesdimanche12et lundi13sontconsacrs lanniversairedufestival dans toute la rgion Perpignan,Castelnaudary, Als, Aigues-Mortes, Lozreet, bien sr, Montpellier.

    Fidle son esprit, le festival imagine desthmatiques originales comme cette jour-ne Love Story , le mardi 14, qui fait se croiser les sonorits orientales du formida-ble Trio Chemirani avec celles du Japon (biwa),lescordesdeJanekaveclavoixetleluth du premier baroque italien (Caccini, Monteverdi, Strozzi) et lAmrique deBernstein et de David Chalmin (duo de

    piano des surs Labqueavec percussion et guitarelectrique).

    Entre dcouverteset rpertoireLa dcouverte demeureune des priorits du festivalqui invite ainsi des lauratsde concours internatio-

    naux et des artistes de la gnration 1985 (leclaveciniste Benjamin Alard, par exemple)et fait dcouvrir des compositeurs du Lan-guedoc-Roussillon (Sverac, Lacombe,Paladilhe, Mantovani), des duos accor-don-violoncelle, des musiques lectroni-ques(Tohu-Bohude19h0022h00),brsi-lienne et napolitaine.

    Le grand rpertoire nest pour autant pasoubli, reprsent par lintgrale des con-certos pour piano de Beethoven avec Fran-ois-Frdric Guy, la Symphonie n9 dumme confie lexcellent chef autrichienChristianArmingetunepliadedebrillantspianistes (Alexander Paley, Louis Schwiz-gebel, Paloma Kouider, Boris Berezovsky,Piotr Anderszewski).

    Lescurieuxneraterontpaslessoireslyri-ques. Ils pourront ainsi couter le rarissime Fantasio dOffenbach restitu grce Jean-ChristopheKeck,spcialisteducompo-siteur (18 juillet), et La Jacquerie , recra-tion dun opra oubli de Lalo, prsent encoproduction avec le Palazzetto Bru Zane (le24 juillet). Mieux quun festival, un festin. n

    De nombreux concerts se drouleront au Corum, une salle de spectacle polyvalentecapable daccueillir des opras. Photo Luc Jennepin

    MUSIQUE CLASSIQUEFestival de Radio Franceet MontpellierLanguedoc-Roussillonjusquau 25 juillet.www.festivalradiofrancemontpellier.com04 67 02 02 01

    LE POINTDE VUE

    dAnnick Girardin

    Construire un monde zro carboneet zro pauvret

    I lyaunan,lapremireloidelaRpu-bliquesurlapolitiquededveloppe-ment et de solidarit internationaletaitadopte,etcelundisouvreAddis-Abeba la confrence des Nations uniessur le financement du dveloppement.Derrire ces deux dates, la qute dunerponse deux questions troitementlies : quel monde voulons-nous dansquinze ans ? Quels moyens mobiliserpour y parvenir ?

    Chaque jour, des dfis pressantssimposent sur nos crans : les canicu-les et les typhons toujours plus fr-quents, les migrants qui risquent toutpour une vie meilleure, la rvolte faceaux ateliers-poubelle du Rana Plaza, lapanique suscite par lirruptiondEbola Face ces situations, nous nepouvons pas attendre quune maininvisible vienne spontanment lestraiter. Nous devons tous nous mobili-ser, cest laffaire de chacun. Et nous ne pouvons plus penser laction collectivecomme il y a quinze ans, travers unegrille de lecture Nord-Sud . Lesenjeux sont si universels quils nousobligent nous projeter collectivementdans la construction dun monde dura-ble, sous peine de voir des annesdefforts de dveloppement balays parle drglement climatique. Le nouvelcosystmeconstruiredoitassocier laprservation de la plante une cono-mie qui soit profitable tous unmonde zro carbone, zro pauvret .

    Cela nous mne la question desmoyens, qui sera centrale Addis-Abeba. Laide publique au dveloppe-

    ment a t, depuis les indpendances,linstrument de la convergence cono-miqueentreleNordetleSud.Cenepeutplus tre le seul. Tous les acteurspublics, Etats et collectivits, les inves-tisseurs et les ONG ont un rle nouveau jouer. Cela ne signifie pas quil faille sedsengager. Au contraire, laide publi-que au dveloppement est essentiellepour les plus vulnrables, pour mobili-ser, pour fixer des rgles. Cest pourquoila France, avec lUnion Europenne,rappellera Addis-Abeba son engage-ment dy consacrer 0,7 % de son revenudici2030,avecuneconcentrationplusforte vers les pays les plus vulnrables.

    La France est aux avant-postes decette transformation. Avec prs de8 milliards deuros daide en 2014, ellereste le 4e donateur mondial et assumeses responsabilits sur le climat, au