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BELEM Offert par votre journal. Cahier Presse Océan du mardi 31 mai 2016. Ne peut être vendu séparément. Photo PO - Olivier Lanrivain LE TROIS-MÂTS FêTE SES 120 ANS

LETROIS-MÂTSfêTESES120anS BELEM

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BELEM

Offert par votre journal. Cahier Presse Océan du mardi 31 mai 2016. Ne peut être vendu séparément.

Photo PO - Olivier Lanrivain

LE TROIS-MÂTS fêTE SES 120 anS

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Presse OcéanMardi 31 Mai 2016

LeB

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s AnniversAire. La fondation Belem a choisi le port natal du trois-mâts-barque

Dix jours de fêteLe trois-mâts-barquemouillera à Nantes le4 juin à 18 h 28. Il re-mettra le cap surl’océan le 13 juin à13 heures. Avant-goûtde dix jours de fête.

∫ 2,5 nœuds sur l’eauLors de la remontée du Be-lem de Saint-Nazaire àNantes, le commandant ten-tera de maintenir une vitesseà peine au-dessus de 2,5nœuds. 5 km/h pour lesmoins marins d’entre nous.En dessous, le trois-mâts-barque se mettrait à faire desronds dans l’eau, semble-t-il !Une vitesse étudiée pourpermettre à ses bateauxaccompagnateurs de suivre,en particulier pour les kayaksde mer et autres avirons.

∫ La Loire à véloLa vitresse réduite du trois-mâts devrait permettre auxcyclistes de le suivre depuisla berge à partir du canal dela Martinière, sur la rive sudde la Loire.Une traversée du fleuve parle bac, du Pellerin au Paradis(Couëron) et les amateurs dedeux roues pourront pour-suivre leur filature sur la rivenord cette fois.

www.loireavelo.fr/

∫ Clubs et associations

Quinze clubs nautiques etassociations liées au patri-moine nautique de la Loire,de l’Erdre et de la Sèvre, sontparties prenantes de Débordde Loire. Chacun est suscep-tible de proposer des anima-tions : portes ouvertes, ba-lade sur le fleuve… À noter,le Centre maritime de Nantes(300 adhérents) qui fête cetteannée ses 60 ans.

cmn.asso.fr

∫ village nautique

Les 4 et 5 juin, le villagenautique sera ouvert au pieddu Carrousel des mondesmarins. Soirée guinguette àsuivre dans l’ancienne calede lancement du chantiernaval.

∫ CroisièresPlusieurs croisières sont pro-posées, notamment par lacompagnie Finist’mer quiengage deux bateaux à pas-sagers (200 places).

www.marineetloire.fr

∫ L’esclain

Vendredi 10 juin à Chante-nay, le chantier naval del’Esclain ouvre ses portes augrand public.

Tél. : 02 40 43 94 94

∏ rendez-vous surLes infos en live

sur facebook.com

/deborddeLoireDu 4 au 13 juin, le « Belem » sera le roi de la fête. Photo PO-Olivier Lanrivain

ª Zoomª

L’association culturelle de l’été est à la barreDébord de Loire. L’engagement n° 8du grand débat « Nantes, la Loire etnous » prend corps. Une belle oppor-tunité, ces 120 ans du « Belem », pourposer la première pierre d’une fêtenautique triennale : débord de Loire.« C’est un événement en devenir »,reconnaît Loïc Breteau, directeur del’association culturelle de l’été. aCEorganise depuis 12 ans le festival « Lesheures d’été » et « Les rendez-vousde l’Erdre » : 200 bateaux sur l’eau et

jazz sur les quais. La décision de fairenaître débord de Loire dès 2016 a étévalidée en février. Un délai court mais,fort de son expérience et de laconfiance des acteurs nautiques, 100bateaux se sont inscrits pour accom-pagner le « Belem » lors de sa remon-tée de Loire le 4 juin. « des bateauxde travail, de loisir, de sport, tradition-nels, modernes… », résume Loïc Bre-teau. « Le public va pouvoir découvrirceux qui font la Loire métropolitaine ».Loïc Breteau, directeur de l’Association

culturelle de l’été. Photo PO-JPH

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Presse OcéanMardi 31 Mai 2016 Le Belem a 120 ans

Parade nautique. Le 4 juinà 13 heures, le « Belem » pas-sera le sas du bassin de St-Nazaire. À 14 heures, accom-pagné d’une vingtaine debateaux : cap sur Nantes. Pen-dant ce temps, d’autres navirespartis de Nantes descendrontla Loire à sa rencontre. « Lajonction devrait se faire auniveau du bac du Pellerin »,estime Loïc Breteau, directeurde l’association culturelle del’été. Une petite armada re-montant vers Nantes avec lamarée (coef. 100). La Loire serahaute quand, à 18 h 28, lesgabiers du « Belem » lancerontses amarres quai de la Fosse.Vue imprenable pour le public.

Appli mobile. Pour ceux quin’ont pas de bateau et sou-haitent embarquer pour suivrele « Bele »m en Loire, aCE aretenu une appli mobile crééepar deux Nantais : ShareMy-Sea, le « Blablacar de la Loire ».

Photo PO-Olivier Lanrivain

La remontéefantastique

Spectacle son et lumière quai de la FosseVendredi 10 et samedi 11 juinà 23 h 15, spectacle quai de laFosse : l’histoire du port et du« Belem » en son et lumière.

S amedi et dimanche, leBelem et le quai de laFosse seront le théâtre

d’un spectacle son et lu-mière. Deux représentations,deux jours de suite, à la tom-bée de la nuit.Le public est attendu sur l’îlede Nantes, esplanade desNefs, entre les Machines del’île et la grue jaune.L’Association culturelle del’été a choisi de mêler lesdeux histoires : celle du portde Nantes et celle du Belemconstruit dans ce même porten 1896. Il y a 120 ans.Ce n’est pas la première foisque l’Association culturellede l’été s’intéresse au Belemen escale à Nantes.

Dans la nuit du 23 au 24 août2014, l’équipe de Loïc Bre-teau, directeur de l’associa-tion, avait célébré sa venue(photo).Autre événement autour dudernier « Antillais deNantes » organisé par l’asso-ciation nantaise, le 14 juillet2015 : le cargo à voiles s’étaitembrasé (pour de faux !)quelques minutes avant quene soit tiré le feu d’artifice.

Populaire« Nous voulons que cette fêtesoit tout public et rende visibleles acteurs qui font le terri-toire en général, la Loire enparticulier », insiste Loïc Bre-teau. « La venue et l’anniver-saire du Belem sont un for-midable prétexte pour lancerce rassemblement popu-laire ».

Le « Belem » mis en lumière par l’ACE en 2014. Photo archives PO-CB

Timbres et cartesLe Cercle des associationsphilatéliques del’arrondissement nantaisaccompagne l’anniversairedu Belem fêté à Nantes dèsle 4 juin. Sur le quai, lesphilatélistes nantaisproposeront un collector de4 timbres, et deux cartespostales affranchies.

amic-philatelie44-lancre.wifeo.com

Photo SD

CoLLeCtors

pour fêter son 120e anniversaire : parade nautique, découverte du port, spectacle son et lumière

pour un vrai symbole

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Presse OcéanMardi 31 Mai 2016 Le Belem a 120 ans

∏ Rendez-vous sur« J’ai navigué sur le Belem » :

une vidéo et une galerie photos

réalisées du 18 au 20 mai,

à bord du Belem,

entre Brest et Concarneau

via le Raz de Sein.

www.presseocean.fr

CCI NantesSaint-NazaireLe siège régional de Total,Berjac, Vu Par, Crustamar… :une cinquantaine degrandes, moyennes etpetites entreprises de larégion de Nantes et de St-Nazaire soutiennent lesescales du Belem dans lesdeux villes. Ellesappartiennent au CercleNantes Entreprises Belem.Moyennant 2 000 € (loimécénat) annuels, lesmembres peuvent s’appuyersur le nom Belem, en termed’image. Le Cercle, fruit d’unpartenariat FondationBelem-CCI, organise deuxévénements chaque année,dont une journée navigationqui permet des échangesentre chefs d’entreprise.

www.fondationbelem.com/partenaires/cercle-nantes-entreprises-belem

OscarUne des dernièresentreprises en date àrejoindre le Cercle NantesEntreprises Belem a été lasociété Oscar et soncofondateur LaurentThibault.Oscar édite par exemple labilletterie du Belem lorsque,à quai, il devient musée ets’ouvre aux visiteurs.« La Fondation esthistoriquement un de nosclients les plus importants.Dorénavant, nous sommespartenaires », confie LaurentThibault, par ailleurspassionné de navigation.

www.oscar.tm.fr

Nantes métropoleDébord de Loire, la fêtetriennale initiée par Nantesmétropole, risque de ne pluspouvoir se passer du Belem.« Nous avons signé uneconvention de trois ans avecelle », confie Christelle Hugde Larauze, déléguéegénérale de la FondationBelem. Il y a donc de forteschances pour que le Belemhonore de sa présence à quaila deuxième édition deDébord de Loire, en 2019.

Les soutiens

ª Zoomª

La Fondation Belem « Vu par » arnaud Baillymécénat de compétences. Le logo« 120 ans du Belem », c’est elle.L’agence de communication « Vu par »a été créée à Nantes en 1990. Elle estdirigée depuis deux ans par arnaudBailly. « Vu par » est membre du CercleNantes entreprises des amis du Belem(CCi). « Notre partenariat avec la Fon-dation date de 2012. Nous valorisonsle temps passé par nos collaborateurs(Ndlr : flyers, affiches, logo…) et lasociété récupère 60 % de l’investisse-

ment par le biais d’un crédit d’impôt ».Ce mécénat ne se résume pas à sonvolet financier : « Une fois par an, leCercle navigue sur le trois-mâts. C’estune occasion hors du commun pourcréer des liens entre chefs d’entre-prise ». Faut-il être un patron pas-sionné de voile pour engager ainsi sasociété ? « Ce n’est pas mon cas, mêmesi, dans mon garage, j’ai un canot depêche ancien : Le Morgarin ».

www.vupar.frArnaud Bailly, dirigeant de « Vu par »,agence de communication nantaise. PO-JPH

INteRvIew. Le Belem doit sa renaissance à un mécénat de la Caisse d’Épargne

« Dans nos gènes »S’il n’y avait pas eul’engagement dequelques passionnéset d’une banque, leBelem n’aurait peut-être pas pu être sauvé.

Presse Océan : Comments’est faite la rencontreentre le Belem et les Caissesd’Épargne ?Philippe Seguin : « Celaremonte à un peu plus detrente ans, puisque le Belema été retrouvé par hasard enItalie dans les annéessoixante-dix par un médecinpassionné de navigation, leDr Gosse (Ndlr : lire enpages 6 et 7). C’est lui qui adécouvert que ce bateau,censé être d’origine anglaise,avait en fait été construit àNantes. Il a réussi àconvaincre des passionnésde marine et les pouvoirspublics de faire quelquechose pour le rapatrier. C’estlà que les Caisses d’Épargnesont intervenues car nousavions un délégué national,Jérôme Pichard, lui-mêmepassionné de marine, qui aconvaincu notre réseau decaisses régionales de parti-ciper à l’acquisition de cenavire, grâce à la FondationBelem créée en 1980 ».

Pourquoi une banques’engage-t-elle dans uneaventure pareille ?« Les Caisses d’Épargne, quifêteront bientôt leur 200e

anniversaire, ont été fondées

en 1818 sur la base d’unprojet philanthropique delutte contre la pauvreté etl’exclusion. Dans ce cadre-là,tout ce qui peut contribuerau développement de l’inves-

tissement local, à la culture,au patrimoine et au maintiende la mémoire est vraimentdans nos gènes. »

Le Belem est-il aussi un

projet d’entreprise pourfédérer vos équipes ?« Ce trois-mâts classé monu-ment historique est une vraiepassion, une fierté que par-tagent les équipes. Le Belemvéhicule une très belleimage. Le fait qu’il soit asso-cié à celle des Caissesd’Épargne, c’est évidemmentun aspect très fort de notreengagement. »

Y a-t-il un intérêt financierpour votre banque àsoutenir le Belem ?« Qui dit mécénat dit volon-té de soutenir un projetd’intérêt général. Ce que çarapporte à une banque ?Peut-être une autre imageque celle d’un établissementfinancier. Celle d’une entre-prise qui s’investit sur sonterritoire. Pour la Caissed’Épargne Bretagne Pays dela Loire, cela représente 100à 150 000 € de participationpar an en moyenne, sachantque la Fondation est financéeà plus de 80 % par les 17Caisses d’Épargne, qui ap-portent au total 1,5 milliond’euros par an. Elles n’entirent aucun revenu puisquec’est la fondation qui gère leBelem ».

Bio express

Philippe Seguin, 58 ans,est président du conseild’orientation et de surveillancede la Caisse d’Épargne BretagnePays de la Loire et membredu conseil d’administrationde la Fondation du Belem.

Philippe Seguin est président du conseil de surveillance de la Caissed’Épargne régionale et administrateur de la Fondation Belem. Ph. CEBPL

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Presse OcéanMardi 31 Mai 2016 Le Belem a 120 ans

LE BELEMvéritable fierté pourla Caisse d’Epargne

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www.caisse-epargne.fr

Nelly OdicResponsable d’agenceà Saint-Malo

J’ai eu l’occasion de monter à bord dece navire légendaire lors de son passageà Saint-Malo à l’automne 2015. Sonauthenticité et le fait qu’il navigue encore m’adonné l’impression de voyager dans le tempset l’envie de conquérir le monde, commeautrefois. J’ai d’ailleurs souhaité offrir des BDsur l’histoire du Belem à mes petits-enfantsafin de leur faire partager cette magnifiqueaventure. Qu’ils découvrent qu’une autre vie,probablement plus exaltante, existait avantles ordinateurs, les portables…

Trois collaborateurs et deux administratricesde la Caisse d’Epargne témoignent de leurexpérience à bord du Belem.

Bruno caillerConseiller enprescription immobilièreà Nantes

Le 12 avril 2011, j’ai eu la chance de passerune journée à bord du Belem, l’un desbateaux les plus élégants de son époque.Son capitaine, Yann Cariou, nous a racontéson histoire et ses péripéties. Cela nous a faitprendre conscience que nous étions sur unvéritable musée « vivant ». C’est une fierté desavoir qu’il appartient à la Fondation BelemCaisse d’Epargne depuis 1979 et que cettedernière a décidé de continuer de le fairevivre comme un bateau école et non commeun musée à quai.

Marion TuffigODirectrice d’agence àLocmiquelic (56)

En août 2002, j’ai réalisé mes photos demariage sur le Belem pendant le festivalInterceltique de Lorient. Une citation deCharles Baudelaire reprend parfaitementce que nous avons ressenti en montant àbord : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté,luxe et calme et volupté ». Son passé entant que transporteur de marchandises InterAtlantique nous a replongés dans l’histoire.Je suis fière de travailler dans une entreprisequi participe à la sauvegarde de ce beaupatrimoine français !

graziella BOurgèsAdministratriceCaisse d’Epargnedans le Finistère

J’ai eu la chance d’être invitée par la Caissed’Epargne à découvrir le Belem en 2000, lorsdes fêtes maritimes de Brest. Ce « monumenthistorique vivant » m’a tout de suite fascinée,notamment par l’esthétique de son trois-mâts qui embellit d’année en année etl’utilisation de matériaux nobles. Comme leBelem, la Caisse d’Epargne a su s’adapterpour traverser les aléas de la conjoncture.Pour garder le cap, elle a également besoind’un équipage soudé.

Valérie gOeThalsAdministratrice, présidentede la société localed’Epargne d’Angers

Je suis montée à bord du Belem en 2014,lors d’une journée organisée par la Caissed’Epargne. Nous avons remonté l’estuaire deSaint-Nazaire et ce fut un moment magiqueet émouvant. A travers tout ce que l’ontouche, les bois, les cordages… on ressentle poids de l’histoire. Je suis fière que laCaisse d’Epargne ait fait le choix d’utiliserses ressources pour continuer de faire vivrele Belem. Ces deux institutions sont reliéespar leur intemporalité et leur contribution àl’identité collective.

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Presse OcéanMardi 31 Mai 2016 Le Belem a 120 ans

Aventures. Au cours de sa vie plus que séculaire, le trois-mâts Belem a changé de nom quatre fois.

une histoire mouvementéeEn 120 ans, le dernier trois-mâts nantais encore en navi-gation a déjà vécu quatrevies, toutes bien remplies.

1 Un navire decommerce français

L’armateur nantais FernandCrouan passe commandeaux chantiers Dubigeon, le23 décembre 1895, d’unnouveau trois-mâts barquepour rajeunir sa flotte d’An-tillais comme l’on surnom-mait les navires de com-m e r c e d e s l i g n e scaribéennes. Le Belem estlancé le 10 juin 1896. Iltransporte notamment ducacao pour le compte duchocolatier Menier. En ser-vice jusqu’en 1914 et l’avè-nement de la vapeur, il effec-tue 33 campagnes qui lemènent au Brésil ou en Mar-tinique.

2 Un yachtbritannique

Là s’arrête la vie commer-ciale du Belem qui com-mence alors une vie de na-vire d’agrément. Vendu le11 février 1914 au duc deWestminster, le navire estmodernisé et aménagé avecdes bois précieux et descuivres. En 1921, il devientpropriété de Sir Arthur Guin-ness, le brasseur irlandaisqui le fait gréer en trois-mâtsgoélette, le rebaptise Fan-tôme II et effectue un tourdu monde en 1923. Désarméen 1939 à l’île de Wight, il

est transféré à Dartmouth etsert durant la SecondeGuerre mondiale aux Forcesnavales françaises libres.

3 Un navire-écoleitalien

Laissé à l’abandon, il estsauvé en 1952 par le comtevénitien Vittorio Cini qui créeune fondation pour formeraux métiers de la mer lesorphelins de marins. Lenavire-école italien prend lenom de Giorgio Cini et na-vigue entre Adriatique etMéditerranée. Usé par letemps, il est mis à quai en1965 avant d’être cédé auxcarabiniers qui lui offrent ungrand carénage en 1972.Mais, faute d’argent, ilsdoivent le céder au chantiernaval de Venise pour solderles arriérés. Le chantier lemet en vente en 1976. En1979, après de longues trac-tations, le trois-mâts, laisséà l’état de ponton et retrou-vé par hasard, est rachetépar l’Union nationale desCaisses d’épargne françaisesqui, l’année suivante, créentla Fondation Belem.

4 Un navire-écolefrançais

Le Belem rentre en Francele 17 septembre 1979. Aprèsune longue restauration, laFondation l’affecte à sa nou-velle mission de navire-écoleouvert au grand public. Unenouvelle vie entamée en1986 et qui se poursuit au-jourd’hui.

Le « Belem » est parti de Saint-Nazaire pour son premier voyage en juillet 1896. Photos Fondation Belem

1896 Maurice et Roger Dubigeon. 1914 La période anglaise. 1952 La période italienne. Stefano Zenchi 1979 Le retour en France. Photo PO-NB

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Presse OcéanMardi 31 Mai 2016 Le Belem a 120 ans

Il a également connu six propriétaires successifs et adopté, au gré des ventes, plusieurs nationalités

sur toutes les mers du globe

Mémoire. au fil de sa longuehistoire, le « Belem » a connudes événements tragiques, àl’exemple de l’incendie qui sedéclare à son bord dans la nuitdu 16 au 17 novembre 1896lors de sa première escale àBelém (Brésil), où périt unecargaison de mules chargéesà Montevideo. Ou encore del’éruption de la MontagnePelée, en Martinique, le 8 mai1902, qui dévaste le port deSaint-Pierre et à laquelle iléchappe miraculeusement :faute de place, le « Belem » aété contraint de mouiller dansla baie. autre histoire, moinsdramatique, celle du départ dutrois-mâts barque, un petitmatin de l’hiver 1991 (photo),à l’issue d’un court hivernagedans le port de la cité des ducsde Bretagne. Par un ciel cou-vert, le « Belem » glisse devantTrentemoult, écartant lesglaces recouvrant la Loire.

Photo collection Dominique Bloyet

des flammeset de la glace

Comment le Belem est revenu à NantesSans Luc-Olivier Gosse etMichel Guillet, le « Belem »ne serait peut-être jamaisrevenu à Nantes.

L e 1er avril 1970, à Ve-nise, le Dr Luc-OlivierGosse goûte au plaisir

de visiter le Giorgio Cini,amarré dans le petit port del’île San Giorgio. Quelquesjours plus tôt, ce médecininstallé à Chatou (Yvelines),passionné de marine, avaiteu l’œil attiré par la sil-houette du trois-mâts et avaitdemandé au directeur de laFondation Cini l’autorisationde monter à bord. En cepetit matin du printemps1970, le rêve se réalise.« J’ignorais alors tout duGeorgio Cini, aussi quelle nefut pas mon émotion lorsqueje découvris sur le fronteaude dunette un cadre en cuivre,rond comme un hublot, pro-tégeant une peinture en cou-leur exécutée à même la cloi-

son. Le dessin un peu naïfreprésentait un trois-mâtsbarque. À la partie supérieureun nom : Belem, à la partieinférieure un autre nom :Nantes », explique-t-il dansle livre Le Belem, ou le destind’un navire (Éditions Terreet Mer - Grenoble 1984).En 1977, prévenu par un amivénitien de la mise en ventedu navire, il remue ciel et

terre pour le racheter et leramener en France. Grâceau mécénat de l’Union natio-nale des Caisses d’Épargne,le Belem est finalement ra-cheté au chantier naval véni-tien le 27 janvier 1979 pourla somme de 4,5 millions defrancs (686 000 €). Une fon-dation est créée dans la fou-lée, avec le concours de laMarine nationale et de l’État.

La restauration débute àBrest en mai 1981, sous lahoulette du commandantJean Randier, le spécialistefrançais des grands voiliers.En septembre, le trois-mâtsest transféré à Paris où ilreste quatre ans, jusqu’à lafin des travaux de restaura-tion. Et déjà toutes les villesdu littoral atlantique et de laManche se portent volon-taires pour devenir le portd’attache du bateau. Maisc’est sans compter sur laténacité de l’agent de changenantais Michel Guillet, pré-sident du conseil d’adminis-tration de la Caisse d’Épargnede Nantes. La fondationBelem passe finalement avecla ville de Nantes uneconvention pour l’hivernagedu navire. Et le 1er septembre1985, le Belem fait un retourtriomphal dans le port quil’a vu naître.

D.B.

Le retour du « Belem » à Nantes n’est pas allé de soi. Collection DB

Abordé à deux reprises14 novemBre 1898

Alors qu’il attend demeilleures conditions météodans le port de Saint-Nazaire pour son cinquièmevoyage, le Belem est abordéau mouillage par le steameranglais Mersario, deGlasgow. Il est contraint derentrer au port pour réparer.2 octoBre 2002

Pendant qu’il manœuvretoutes voiles dehors au largede l’île de Groix (Morbihan),le Belem est heurté surbâbord par un chalutierfranco-espagnol, le Thétys,immatriculé à Bayonne, quiprend la fuite. Le choc a lieuau-dessus de la ligne deflottaison, à l’avant gauche,et provoque une déchirurede 20 cm. Le trois-mâts peuttoutefois faire route versLorient pour être réparé.Quant au chalutier, il estintercepté par une vedettedes Affaires maritimes etramené à Lorient.

Infos en pLus

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Le Belem a 120 ans

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Vingt-deux voilescarrées, focs et voiles d’étaipour une surface d’environ1 200 m² ; la voile la pluslourde titre 800 kg.

Propulsion par deux moteurs diesel,575 chevaux chacun (John Deere), deux hélices quatre pales,trois groupes électrogènes.

Vitesse maximale au moteur par mer belle :12 nœuds, soit environ 22 km/h ; sous voiles : 12 nœuds également ;possibilité de remonter au vent à 60 ° du vent.

4 km de cordage polyamide,200 points de tournage pour les manœuvres courantes

et 250 poulies simples, doubles ou triples.

48 bannettes dans le faux-pont pour les stagiaireset les invités : courtes et étroites mais efficaces contre

la gîte, le tanguage et le roulis du navire.

La batterie dans le faux-pont, la table où sontpris les repas : la « peau d’éléphant » (filet beige)empêche les assiettes et les verres de glisser.

Ne vous y trompez pas : la coque du Belem n’est pas en bois mais en acier riveté.Le trois-mâts-barque, construit à Nantes en 1896, est long de 58 m hors tout

et, au plus large (maître-bau), mesure 8,80 m. Son tirant d’eau, armé, est de3,60 m, ce qui lui permet, entre autres, d’accoster sans trop de difficulté quai

de la Fosse, y compris quand la Loire est basse. Le voilier de 800 tonnes estlesté en cale par 4 500 gueuzes (masse de fonte) de 50 kg pièce.

Seize hommes et femmes d’équipage sont nécessaires pourle faire naviguer. Cinq officiers : le capitaine, le second capitaine,

le chef-mécanicien et deux lieutenants. Onze matelots :le maître d’équipage (bosco), huit marins spécialisés dans les

voiles (gabiers) et deux cuisiniers professionnels.En général, les marins embarquent pour deux mois puis

bénéficient de 48 jours de repos et ainsi de suite.

Le Belem transporte une réserve de 40 tonnesde gasoil, ce qui lui permet une autonomie de

24 jours à 7 nœuds (12 km/h), soit une distancede 4 000 miles nautiques (7 400 km).

Il transporte également 8 000 litres d’eaupotable régulièrement contrôlée par les

services d’hygiène. Il en produit chaquejour la même quantité. Le navire

dispose de deux centrales de traite-ment des eaux usées.

Un concentré de vie sociale et laborieuse dans1 500 mètres cubes sans cesse en mouvement

Infographie PO • Cécile G.Sources : photos PO - Olivier Lanrivain

Illustration : Jean-Benoît HERON

Dans l’intimité du Belem

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Légende

Chiffres

Le petit roof

Les cales

La batterie

Le grand roof

La cuisine

L’atelier du charpentier

Le magasin du bosco

Le gaillard d’avant

Le quartier de l’équipage

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Le spardeck

Le salon du commandant

Le quartier des officiers

La dunette

La salle des machines

Longueur hors tout

Vitesse maximale sous voile

Tirant d’eau armé

Réserve d’eau douce

58 m

12 nœuds (22km/h)

3,60 m

8 tonnes

Presse Océan

8 9MARDI 31 MAI 2016

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Presse OcéanMardi 31 Mai 2016 Le Belem a 120 ans

RepoRtage. L’équipage du Belem et la vingtaine de stagiaires ont accueilli à bord deux journalistes

L’incroyable plaisir de« Après 72 heures en mer,lorsque j’ai mis pied à terre àDouarnenez, j’ai cru que j’al-lais souffrir du mal de terre ».

L a seule chose qui n’apas bougé pendantles trois nuits et lestrois jours que j’ai

passés à bord du Belem, c’estl’heure indiquée par l’hor-loge de la salle à mangerdans le faux-pont : 10 h 30.

« Debout les gars,il est 4 heures :on vous attendsur la dunette »

Vent et houle, debout ou detravers, au moteur pour quit-ter Brest ou sous voiles à 60miles marins au sud-ouestde Sein : les voiles claquent,le gréement cliquette, despoulies - les veuves - cinglentle vide à hauteur d’hommesur le spardeck, le bois descabillots craque sous la pres-sion des drisses et desécoutes. Le trois-mâts toutentier roule, tangue et gîteaux rythmes irréguliers duvent, de la houle et des cou-rants. En mer, le Belem estvivant.« Debout les gars, on vousattend sur la dunette » : jesuis incapable de dire lequeldes seize marins profession-nels est venu me réveiller à

3 h 45, vendredi matin.Quatre heures plus tôt,j’avais trouvé dans ma ban-nette (n° 23), la positionidéale pour pallier tangageet roulis. Un chien de fusilde circonstance, avec unejambe tendue dans le coingauche et un bras replié dansle coin opposé.Le temps d’enfiler plusieursvêtements chauds, le toutdans un coupe-vent, et mevoici sur la dunette, dans levent et la bruine. Il est4 heures : la lune, presquepleine, peine à percer le cielchargé. À bâbord, un éclatde lumière se rapproche.L’équipage d’un chalutierest au travail.

« Dormir peut attendre »Il est 6 heures. Corinne, sta-giaire venue d’Annecy, est àla roue. Le chef de quart,Tavité Tolofua, supervise. Lebateau a besoin d’une aideferme pour garder le capchoisi par les officiers. Il faitfrais et humide. Vivement8 heures : le café, les tartineset un petit somme.En fait de somme, les gabiersavaient besoin d’un coup demain pour ajouter de la voi-lure. Hissez haut ! Mais dansquelques heures, la récom-pense : nous franchirons leRaz de Sein, du sud au nord.Dormir peut attendre.

Jean-pascal Hamida« Le Raz de Sein franchi, je prends le large en zodiac pour apprécier le navire sous voiles ». Photos PO-O. Lanrivain

Enguerrand, gabier à bord du « Belem », est aussi instructeur ; à ce titre, il initie lesstagiaires, même ceux qui ont l’habitude de la plaisance.

Pas question pour les stagiaires de rester manger dans le faux-pont quand le « Belem »franchit le Raz de Sein, entre la pointe du Raz et l’île de Sein, au sud de la mer d’Iroise.

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de Presse Océan pour une inoubliable sortie en mer de trois jours et trois nuits, de Brest à Douarnenez

naviguer sous voiles

Le capitaine Gibet a permis aux stagiaires de grimper dans le gréement, jusqu’à la première vergue car trop de gîte et en compagnie de Gaël (assis), le maître charpentier. Photos PO-OL

À bord, il n’y a plus de stagiaires, il y a des matelots

S ur un coin de la longuetable où gabiers etstagiaires prennent

les repas, Corinne écrit sonjournal : « Je veux me souve-nir de tout », sourit cette aide-soignante venue d’Annecy.

Il y a 25 ans, à Boulogne-sur-Mer, en voyant des grandsvoiliers naviguer, elle s’étaitpromise qu’un jour, elleembarquerait sur l’un d’eux.Gérard, 78 ans, ne sait plustrès bien où il habite tant il

est tombé amoureux de laBretagne : Bagnols-sur-Cèze,dans le Gard, ou Crozon,dans le Finistère. Pédopsy-chiatre retraité, il a toujoursnavigué : « J’ai débuté enfantavec les scouts marins de

Montpellier. Mes enfants - quihabitent Crozon - m’ont offertce stage pour Noël ». Corinneet Gérard sont deux des 22stagiaires qui ont navigué deBrest à Concarneau entre le18 et le 22 mai. La plupart

pratiquent la voile, certainsà un bon niveau. Quelques-uns ajoutent à cela un goûtpour les gréements anciens.La Fondation Belem (fonda-tionbelem.com) reçoit prèsde 1 200 stagiaires par an.

Comme l’équipage, les stagiaires ont un tour de quart : 20 h - 0 h, 0 h - 4 h, 4 h - 8 h ;ceux qui le souhaitent peuvent barrer sous l’œil vigilant du chef de quart.

« C´est un fameux trois-mâts fin comme un oiseau, hissez haut… », 12 nœuds, 534tonneaux : ils ne sont plus stagiaires, ils sont matelots, voire gabiers pour certains.

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Commandants. Sur le Belem et ailleurs, il n’y a aucun doute : ces deux hommes sont des marins

Gweltaz, marin de justesseSous les ordres du comman-dant Gibet, Gweltaz Thirion,second capitaine, veille à lasécurité sur le « Belem ».

U ne question simpleà Gweltaz Thi-rion : où habitez-vous ? Une ré-

ponse en forme d’énigme,quasi poétique : « Dans unerégion où il y a quatre saisonspar jour, trois fois par jour ».Silence…Amusé de ce temps suspen-du quelques secondes, lesecond capitaine du Belemsourit : « J’habite Ouessant,cette île où les femmes roulentles «r» » ; où, quand vousdébarquez après deux moisde mer, la première chose queles anciens vous demandentc’est : Quand est-ce que turepars ? ».

« À 24 ans, je nesavais pas encoreque je voulaisêtre marin »

Droit comme un « i » d’unmètre quatre-vingt-dix, surla dunette, près de la roue,Gweltaz Thirion se souvientdu jour où il a su. « À 24 ans,je ne savais pas encore queje voulais être marin. C’est enme réveillant d’une sieste,chez moi, à Ouessant, que j’aisu ».

Pas lieutenant, pas secondcapitaine, pas capitaine…marin : Gweltaz Thirion veutembarquer et naviguer. C’est

son père qui lui suggère depasser le BPPN (brevet depatron de petit navire). « Ondit Capitaine 200, au-

jourd’hui. Alors je suis retour-né à l’école », grimace-t-il.« Au lycée maritime à Saint-Malo ». Puis à l’école natio-

nale supérieure de la marine,plusieurs fois, à Saint-Malo,Nantes, Marseille. En 15 ans,celui qui ne savait pas qu’ilvoulait être marin a rattrapéle temps passé : bateau àpassagers en rade de Brest,au Gabon et au Congo ; na-vire océanographique affré-té par le CNRS en Norvège.« J’ai fait ma première traver-sée de l’Atlantique, aller etretour, sur le Bel Espoir IIavec Michel (Ndlr : MichelJaouen fondateur de l’Aumô-nerie de la jeunesse délin-quante) en 2005. On a remisça en 2008 ».

Bientôt capitaineAujourd’hui, à 39 ans, il estsecond capitaine du Belem« et va devenir capitaine avantla fin de cette saison », confieAymeric Gibet, commandantactuel du navire. « S’il vousdit le contraire, c’est qu’il esttrop modeste ! ».

Jean-Pascal Hamida

à savoir

L’AJD Bel-EspoirLe père Michel Jaouen a crééAJD en 1951. AJD possède, entreautres la goélette « Bel-Espoir II » qui emmène naviguerles délinquants et invite quiveut à son bord. Michel Jaouenest décédé en mars 2016à 96 ans.www.belespoir.com

Gweltaz Thirion, second capitaine du Belem, sur la dunette en franchissant le Raz de Sein. PO-Olivier Lanrivain

Le commandant Gibet, seul maître à bordLes capitaines alternent aucommandement du Belem.Jusqu’au 5 juin, Aymeric Gibetest le seul maître à bord.

C ’est surprenant d’en-tendre le commandantGibet qualifier le Be-

lem de cargo. On entend plussouvent « musée », « vieuxgréement », « trois-mâts-barque ». C’est bien un car-go, à voiles. « Il est le plusancien encore enregistré parla société de sécurité mari-time Bureau Veritas ».Ce Nantais de 36 ans a déjàune longue expérience dansla marine marchande. « J’aiété second capitaine sur un

des câbliers d’Orange Marine.On a câblé (Ndlr : en fibreoptique) les îles écossaises ».Plus périlleux, il a fait partiede l’équipage qui a restauréles câbles de communicationsous-marins au large de laLibye. « Dès le début duconflit, les plongeurs de com-bat les avaient sectionnés ».Le Belem, c’est une autrehistoire. « J’ai appris en dou-blure avec les commandantsprécédents, en particulieravec Michel Péry ». AymericGibet réfléchit une seconde :« Finalement, c’est sur leBelem que j’ai navigué leplus. La première fois, c’étaiten 2005. J’étais lieutenant ».

Aymeric Gibet, un des commandants du « Belem ». Photo PO-OL

alternanceMichel Péry reprendra lecommandement du Belemce 5 juin.Le doyen des commandantsdu navire est né il y a 58 ansau Pays Basque.Il a embarqué pour lapremière fois sur le trois-mâts en 1992. Il en était lechef mécanicien.

Photo PO-Nathalie Bourreau

L’info en pLus

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Personnages-clés. Sans eux, le Belem serait sans vie, un trois-mâts musée

« Je suis bosco et j’aime ça »Jean-Baptiste Leost est à lamanœuvre : le maître d’équi-page du « Belem » est le lienentre officiers et gabiers.

Q uand un officier luiparle, il lui dit « vous »car il s’adresse à

l’équipage ; quand luis’adresse à un officier, il dit« nous » car il parle au nomde l’équipage : Jean-BaptisteLeost est le bosco du Belem.Un poste-clé qui fait le lienentre officiers et matelots.La position est stratégique.L’homme de 29 ans, origi-naire d’Erquy (Côtes-d’Ar-mor), « connaît le gréementdu Belem dans son intimité ».La ronde des cabillots n’aplus de secret pour lui. Maî-triser le matériel, c’est bienmais connaître les hommeset les femmes qui donnentvie au navire, c’est indispen-sable. Gweltaz Thirion, lesecond capitaine dit de lui :« C’est un bon. Souvent lesboscos sont plus âgés. Il pour-rait reprendre l’école et deve-nir officier ». Le maîtred’équipage tique : l’école ?« Je suis bosco et j’aime ça ». Jean-Baptiste Leost, le maître d’équipage du Belem en alternance depuis sept saisons. Photo PO-O. Lanrivain

Photo PO-OL

Maître Charpentier. Entrel’amour du bois et de la mer,il n’a pas choisi : les deux,mon capitaine. En 1995,diplôme de charpentier, ilparcourt la France. En 2000,il quitte clochers et beffroispour un chantier naval. En2003, il signe avec la Com-pagnie maritime nantaise.Depuis, 7 mois par an, ilnavigue sur le Belem. Cethiver, le pont du navire a étérefait sous son expertise.

gaël « grizzly »,42 ans, Morlaix

Photo PO-OL

Chef mécanicien. Il bi-chonne les moteurs du Be-lem depuis la fin de la saison2015. Ça le change de sesembarquements précédents,quand il faisait le tour del’Europe avant de rallier laGuyane pour livrer la fuséeAriane. « On récoltait lespièces en Italie, en Hollande,Allemagne… avec des ba-teaux particuliers, le Colibriou le Toucan, capables ausside pénétrer en rivière ».

Youenn le roy,33 ans, Belle-Île

Photo PO-OL

Chefs cuisiniers. Un pianoà quatre mains, des mainsde virtuoses : Fabrice, 45ans, de Landerneau (1er

plan) : « Moi, c’est la cuisinede l’ouest ». Compagnon, ilest passé « par les grandesmaisons » puis a formé desjeunes en réinsertion. Bruno,48 ans, de Bordeaux : « Moi,c’est la cuisine basque etespagnole ». Il y a peu, il étaitgraphiste au journal SudOuest.

Fabrice et Bruno,45 ans et 48 ans

Photo Fondation Belem

Gabier. À peine sorti du ly-cée maritime de Ciboure, auPays Basque, le Bordelaisembarque un mois sur leBelem, puis signe un embar-quement avec la compagnieBrittany Ferries. Il se sou-vient de son cadeau pourl’anniversaire de ses 14 ans :« Un stage sur le Belem ».Aujourd’hui, c’est son tra-vail : « Le premier test quej’ai passé, c’est grimper dansle gréement ». Test réussi.

raphaël Marti,19 ans, Bordeaux

BoscoDans la marine decommerce, « bosco »signifiait autrefois maîtred’équipage (entreofficiers et équipage).Dans la Marine nationale,c’est un officier mariniersupérieur. Toujours dansla marine militaire, quandon parle « des boscos », ils’agit des manœuvriersen général.

Le mot

4016 hommes et femmessont nécessaires pour quele Belem navigue. Descivils issus de la marinemarchande quipossèdent laconnaissance de lanavigation sur des grandsvoiliers du XIXe. Et plusencore : ils accueillent ettransmettent leur savoiraux navigants et auxvisiteurs. Un marin estembarqué pour 45 joursen moyenne. LaFondation forme 40marins par saison.

www.compagnie-maritime-nantaise.com

40 000En 1986, après quatre ansde restauration et demise aux normes, leBelem fait sa 1re traverséetransatlantique sous lepavillon de la FondationBelem. Il rallie New Yorkpour célébrer lecentenaire de la statuede la liberté. Depuis lors,la Fondation a faitnaviguer 40 000personnes à son bord.

1000000C’est, en euros, le budgetannuel nécessaire pourrégler la solde del’équipage. C’est un tiersdu budget defonctionnement globaldu voilier. Les ressourcespropres de la Fondationse chiffrent à 1,5 M€, dont700 000 € réalisés grâceà la vente des stages. Lereste est produit par lalocation pour desévénements privés, lavente des produitsdérivés et les appels defonds auprès du public.

en chiffres

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ª Zoomª

« il existe un label du patrimoine européen »L’État partenaire. Chaque année, enseptembre, la Fondation Belem soumetun programme de restauration à ladirection des affaires culturelles desPays de la Loire. « depuis qu’il estmonument historique, chaque modifi-cation est soumise à autorisation. En25 ans, l’État a participé à hauteur de730 000 €, dans les premières annéessurtout, à son retour d’italie ». dernièresubvention en date, cet hiver : « Nousavons apporté la moitié des 15 000 €

hors taxes nécessaires à la restaurationdu mobilier, dans la cabine du capi-taine. En amont de cette restauration,l’équipage du navire, notamment lecharpentier, a lui-même étanchéifié lepont du trois-mâts, sous notre exper-tise ». Le Belem peut-il prétendre àrejoindre un jour la liste du patrimoinemondial de l’Unesco ? « Oui. Mais ilexiste aussi un label européen pour lepatrimoine. C’est une piste à suivrepour la Fondation Belem ».Antoine Lataste, chef de la conservation

régionale des monuments historiques. PO-JPH

Les Amis du BelemCe club est ouvert : il suffitd’effectuer un don pouren faire partie. Aujourd’hui,il compte plus de 1 800 Amis.

Courriel : [email protected]

CrowdfundingLes Amis du Belem seconcentrent aujourd’hui surle remplacement du radar :20 000 €. À cette heure,neuf Amis ont donné 665 €(3,33 %) via Internet.

à savoir

Trésor. Depuis qu’elle est propriétaire du trois-mâts, la Fondation Belem reste fidèle au cap qu’elle

Un patrimoine fragileÀ la barre de la FondationBelem, Christelle Hug de La-rauze veut donner les moyensau trois-mâts d’aller plus loin.

P our maintenir à flotle navire, aux senspropre et figuré, laFondation Belem

doit trouver chaque annéetrois millions d’euros.« Le tiers règle la solde desmarins », détaille ChristelleHug de Larauze, déléguéegénérale de la Fondation.« 400 000 euros par an -c’estune moyenne- sont néces-saires à l’entretien du trois-mâts ».

« Plus lesentreprises noussoutiennent, plusl’État s’implique »

La vente des stages de navi-gation, vingt-cinq en 2016,permet à la Fondation derécolter 700 000 € chaqueannée. Une recette qu’il fautcompléter avec celle de labilletterie quand, revenu àquai, le Belem s’ouvre aupublic. Mais aussi avec laprivatisation du navire pourdes événements d’entre-prises ou de particuliers, oules royalties sur la vente deproduits dérivés.« Ce n’est jamais simple deboucler le budget. Mais,chaque année, nous y parve-nons, notamment grâce à nosressources propres qui cou-vrent 50 % de nos besoins ».

Reste donc 1,5 milliond’euros à trouver. Ce sont lesentreprises mécènes quimettent la main au porte-feuille. Les plus impliquéesétant bien sûr les Caissesd’Épargne.Pour Christelle Hug de La-rauze, le calcul est simple :« Grâce à la loi Aillagon (*),

plus j’ai d’entreprises parte-naires, plus l’État s’implique.L’entreprise donne 10 000,l’État lui restitue 60 % sousla forme d’un crédit d’impôt ».

Patrimoine mondialReste le rêve inavoué deChristelle de Larauze : l’ins-cription du Belem -et des

autres gréements anciensqui sillonnent encore lesmers- sur la liste du patri-moine mondial de l’Unesco,comme d’autres trésors ines-timables. « Pas si inavoué quecela ! », sourit la déléguéegénérale de la FondationBelem : « Je l’évoque de façonrégulière devant mon conseil

d’administration… C’est biende vouloir soulever des mon-tagnes. Non ? ».

(*) 2003 : loi relative au mécénat

∏ rendez-vous sur

fondationbelem.com

Christelle Hug de Larauze, Fondation Belem : « Je souhaite qu’il soit inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco ». Photo Fondation Belem

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s’est fixé : le navire doit poursuivre sa route sur les mers, témoin vivant de la grande marine à voile

à protéger à tout prix

Pont. Il a été refait et imperméabilisé lors de l’hivernage 2015-2016. Photos PO-Olivier Lanrivain

Entretenir le Belem est un travail au long cours∫ Le pont

Avant de restaurer le salondu commandant, le pontdevait être imperméable.Sous la houlette du maître-charpentier, il a été réhabi-lité cet hiver. Sur la dunette,75 % du bois a été changé(iroko). Sur le spardeck (pho-to), l’ensemble des joints aété refait.

∫ Baromètre de marineAvec le soutien de ses« Amis », cet hiver le Belema retrouvé sa colonne de For-tin : un baromètre à mercuredaté du début du XXe siècle.

∫ La poulie-violon

Pièce unique fabriquée spé-cialement pour le Belem parson maître charpentier, GaëlHubert.

∫ Le fauteuilIl fait partie des meublesrestaurés en février 2016dans le salon du comman-dant avec le soutien du mi-nistère de la culture.

∫ L’horloge-mèreLa Fondation a demandé àla société Mamias, spéciali-sée dans les moteurs élec-tromécaniques et l’horloge-

rie monumentale, d’étudierla possibilité de remettre enmarche cette horloge quicommande à trois autreshorloges-esclaves situéesdans le salon du comman-dant, dans le petit roof etdans le faux-pont.

∫ La bibliothèqueet le bureau

Les deux autres pièces dusalon du commandant res-taurées cet hiver. Toutcomme le fauteuil, cesmeubles datent de l’époqueanglaise (1914-1952). Coûttotal : 17 000 €.

Salon. Espace de travail de chaque instant pour le commandant. Horloge-mère.

Baromètre. À mercure, il est monté sur cardan.

Poulie-violon. Une pièce unique réalisée sur mesurepar le maître charpentier, Gaël Hubert.

Fauteuil. Un monument historique à usage quotidien.

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CAISSE D’ÉPARGNE, MÉCÈNE HISTORIQUE DU BELEM

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