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D. Guillaume LETTRES : PROGRAMME 2 Voltaire, Lettres philosophiques (1734) Dates Cours 1) Mardi 18 octobre VOLTAIRE Corrigé Perrault : fin Intro. 1 Mercredi 19 octobre Intro. 2 2) Mardi 8 novembre Résumés + citations Intro. 3 THEME 1 : La dynamique épistolaire Mercredi 9 novembre THEME 2 : Tolérance religieuse et inquiétude métaphysique Samedi 12 novembre DS 1 (avec résumés et citations) 3) Mardi 15 novembre Explication 1 : LP. X, 75-76 (« Quand Louis XIV… bonheur du monde. ») THEME 3 : La passion du politique Mercredi 16 novembre Explication 2 : LP. I, 37-38 (« J’ai cru… d’abord ensemble. » ») Explication 3 : LP. III, 45-46 (« Vous avez déjà vu… la sentence du juge. ») 4) Mardi 22 novembre Explication 4 : LP. XIII, 92-93 (« Je suis corps… la puissance du Créateur ! ») THEME 4 : Connaissance et sensation Mercredi 23 novembre Explication 5 : LP. VIII, 67-68 (« Dans les temps détestables… et jugez ! ») Explication 6 : LP. XXV, 162-163 (« En lisant… d’un homme sage. ») Citations complétées Colles Y 5) Mardi 29 novembre Explication 7 : LP. XVIII, 125-127 (« Vous vous plaindrez sans doute… l’esprit vivifie. ») THEME 5 : Un Temple du goût ? littérature et société Mercredi 30 novembre Corrigé DS1 Colles X 6) Semaine du 5 décembre CB : DS2 : revoir Perrault + Voltaire 7) Semaine du 12 décembre CB 8) Mercredi 4 janvier Corrigé DS2

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D. Guillaume

LETTRES : PROGRAMME 2 Voltaire, Lettres philosophiques (1734)

Dates Cours

1) Mardi 18 octobre

VOLTAIRE

Corrigé Perrault : fin

Intro. 1

Mercredi 19 octobre Intro. 2

2) Mardi 8 novembre Résumés + citations

Intro. 3

THEME 1 : La dynamique épistolaire

Mercredi 9 novembre THEME 2 : Tolérance religieuse et inquiétude

métaphysique

Samedi 12 novembre DS 1 (avec résumés et citations)

3) Mardi 15 novembre Explication 1 : LP. X, 75-76 (« Quand Louis

XIV… bonheur du monde. »)

THEME 3 : La passion du politique

Mercredi 16 novembre Explication 2 : LP. I, 37-38 (« J’ai cru…

d’abord ensemble. » »)

Explication 3 : LP. III, 45-46 (« Vous avez

déjà vu… la sentence du juge. »)

4) Mardi 22 novembre Explication 4 : LP. XIII, 92-93 (« Je suis

corps… la puissance du Créateur ! »)

THEME 4 : Connaissance et sensation

Mercredi 23 novembre Explication 5 : LP. VIII, 67-68 (« Dans les

temps détestables… et jugez ! »)

Explication 6 : LP. XXV, 162-163 (« En

lisant… d’un homme sage. »)

Citations complétées Colles Y

5) Mardi 29 novembre Explication 7 : LP. XVIII, 125-127 (« Vous

vous plaindrez sans doute… l’esprit vivifie. »)

THEME 5 : Un Temple du goût ? littérature et

société

Mercredi 30 novembre Corrigé DS1

Colles X

6) Semaine du 5 décembre CB : DS2 : revoir Perrault + Voltaire

7) Semaine du 12 décembre CB

8) Mercredi 4 janvier Corrigé DS2

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LETTRES : PROGRAMME 2

Voltaire Lettres philosophiques (1734)

Bibliographie

— 1) Généralités :

. Nadine TOURSEL et Jacques VASSEVIÈRE : Littérature, textes théoriques et critiques, « Fac. », Nathan, 2004.

. Nicolas LAURENT, Initiation à la stylistique, « Ancrages », Hachette, 2001

. Bernard DUPRIEZ, Gradus, « 10x18 »

. Anne HERSCHBERG PIERROT : Stylistique de la prose, Belin, 1993

. Paul ARON et alii (dir.), Le Dictionnaire du littéraire, PUF, 2002 — 2) Sur le contexte des Lettres philosophiques :

. Paul HAZARD : La Crise de la conscience européenne, Le Livre de Poche, 2005 (Fayard, 1961)

. Michel LAUNAY, Georges MAILHOS, Introduction à la vie littéraire du XVIIIe siècle, Bordas, 1984 (1969)

. Marc FUMAROLLI, « Les abeilles et les araignées » in La Querelle des Anciens et des Modernes, « Folio classique », Gallimard, 2001

. Roland MARX, Histoire de la Grande Bretagne, Armand Colin, 1996 (1980)

. Serge SOUPEL (dir.), La littérature de langue anglaise des origines à nos jours, Ellipses, 1995

. M. BLAY, R. HALLEUX, La Science classique, Flammarion, 1998 — 3) Sur Voltaire et les Lettres philosophiques : . VOLTAIRE, Mélanges, Gallimard, « Pléiade », 1961 . Jean ORIEUX, Voltaire ou La Royauté de l’esprit, Le Livre de Poche, 1994 (1966) . René POMEAU, Voltaire par lui-même, Seuil, « Écrivains de toujours », 1955 . John GRAY, Voltaire et les Lumières, Seuil, « Points Essais », 2000 . Jean GOULEMOT, André MAGNAN, Didier MASSEAU (dir.), Inventaire Voltaire, Gallimard “Quarto”, 1995 . Jacques LEMAIRE, Raymond TROUSSON, Jeroom VERCRUYSSE, Dictionnaire Voltaire, Hachette, 1994 . R. TROUSSON, J. VERCRUYSSE, Dictionnaire général de Voltaire, Champion, 2003 . René POMEAU, Politique de Voltaire, Colin “U”, 1994 (1963) . René POMEAU, La Religion de Voltaire, Nizet, 1994 (1969) . Bruno CLÉMENT, Le Lecteur et son modèle, PUF, « Écriture », 1999 . Roland BARTHES, “Le dernier des écrivains heureux” (1958), in Essais critiques, Seuil, « Points », 1984

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INTRODUCTION Voltaire (1694-1778)

Lettres philosophiques (1734)

I. Le siècle de Voltaire

— 1) Famille et formation (1694-1714)

+ a) La saga des Arouet

. a1. Ascendance : « le nom d’Arouet, que j’oublie assez volontiers » (1741)

— Ascension progressive, génération ap génération, depuis 12e ds petit village

de Vendée = tanneur > marchand > grand-père marchand drapier à Paris

sous Louis XIII, père avocat (charge de notaire royal au Châtelet >

receveur de la Chambre des Comptes), acquière noblesse ; grondeur et ss

doute janséniste : bourgeoisie besogneuse qui agacera tj. bcp Volt., ms qui

a aussi ses entrées ds le grand monde.

* Par réaction, Volt. se plaît à s’imaginer une naissance illégitime et donc

ascendance noble : vrai père serait le libertin abbé de Châteauneuf (son

parrain), ou Monsieur de Rochebrune (chansonnier fréquentant salon de

son père : ds épigramme se dira « bâtard de Rochebrune ») > peut éclairer

sa haine d’un Dieu tyran janséniste + son aspiration à un Dieu bon (côté

maternel)

— Mère : Mlle Aumart = aussi milieu de la justice ; Volt. la perd à l’âge de 7

ans ; n’en parle jamais ; ms derniers mots = « Prenez soin de maman » /

nièce et maîtresse de 1744 > mort, Marie-Louise Denis (fille de sa sœur

aînée Catherine)

* Mme Arouet = côté libertin de la famille ? Aurait fréquenté chez Ninon

de Lenclos (dont père Arouet chargé des affaires) > rencontre 1704 Volt.

âgé de 10 ans, présenté par abbé de Châteauneuf.

. a2. Fratrie

— Relation de tendresse avec sœur aîné Catherine

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— Relation de concurrence et de haine / frère aîné Armand : janséniste,

convulsionnaire (cf. débordement mystique 1727 < manifestation sur la

tombe du diacre Pâris : janséniste fervent, opposant à la bulle papale

Unigenitus 1713 condamnant 101 proposition de Quesnel ; bulle devient loi

française 1730) = sera tj. signe même, pour Volt., du fanatisme et d’un

retour de la superstition.

* = ss doute déterminant ds perception voltairienne du religieux en gal et

du jansénisme en particulier > cf. B. Clément : confrontation avec frère à

travers Pensées de Pascal dès LP. 1734 (entreprise 1728 ; 1733 / Pascal)

+ b) Au collège jésuite de Louis-le-Grand (1704-1711)

. b1. Une formation déterminante

— Sur plan intellectuel et littéraire : culte d’une certaine virtuosité formelle +

assouplissement et rationalisation du catholicisme (notamment au contact

des cultures lointaines par les missionnaires en Amérique et Chine +

ambition jésuite de réconcilier humanisme et catholicisme : « humanisme

dévot » Pomeau).

* cf. paradoxe du collège Louis-le-Grand db. 18e qui est collège du roi (>

former élites et courtisans) = or, forme surtt de futurs philosophes :

d’Argenson, Helvétius, Malesherbes, Choiseul, Maupéou, Diderot et

Voltaire.

* piété, ms aussi pratique du théâtre ; certains pères sont de vrais érudits (>

cf. publication du Journal de Trévoux) + travaillent à l’apologétique = font

une large part, contre athée et superstitieux à une « religion naturelle » en

amont même de la révélation : ordre du monde > « une intelligence y

préside ».

— thèse gale de la simplicité d’une religion primitive : comme

ts les hs descendent de Noé, possible de retrouver, sous les appellations des

diverses religion, simplicité et pureté de la croyance primitive et de la

morale qu’elle inspire (> par ex. éloge de Confucius).

* principe gal de confiance ds nature humaine : > contre jans., de l’apologie

de la nature humaine à celle de la civilisation, voire du luxe.

. b2. Premiers écrits

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— Apparaît vite comme jeune prodige : 1704, on lit à la cour ses vers en

défense d’un invalide de guerre réclamant étrennes > les obtient ;

— 1710 première publication = Ode à Ste Geneviève > compliment du plus

grand poète du temps, JB. Rousseau.

+ c) Premiers heurts (1711-1713)

. c1. La haine du droit

— 1711 : entreprend étude de droit < pour canaliser premiers éclats (dépenses)

de Volt qui dit vouloir être homme de lettres, père prêt à lui acheter une

charge au Parlt. > refus (« Dites à mon père que je ne veux pt d’une

considération qui s’achète »).

* Pense dès 1713 à trouver la gloire par les lettres : entreprend tragédie

Œdipe.

— 1714 = entre ds étude de Me Alain, notaire parisien et rencontre gd ami de

sa vie : Thiériot ; exp. sinistre par ailleurs.

. c2. Polissonneries

— 1713 son père l’envoie à Caen = chez Mme d’Osseville, qui apprend qu’il

lit vers libertins ds autre salon de la ville > lui ferme ses portes.

— > avec frère de l’abbé, marquis de Châteauneuf, ambassadeur à La Haye >

secrétaire : ms séduit Pimpette, fille d’une intrigante pamphlétiste

protestante, Mme Dunoyer > rapatrié.

+ d) Le Temple des libertins (avant 1715)

. d1. Une initiation précoce et douce

— Volt. introduit ds ce haut lieu du libertinage par abbé de Châteauneuf dès

1706 ; présence surtt des poètes La Fare (obèse) et Chaulieu

* Pas d’idéologie très précise ni de débauches outrées, ms imprégnation

précoce de la pensée (des lieux communs) du libertinage renaissant : cf.

abbé, en vrai père spirituel, lui fait apprendre Moïsade = poème anonyme et

clandestin dénonçant superstition, et suggérant que christianisme comme

tte religion = imposture politique soumettant les âmes crédules.

. d2. Un retour plus corsé

— En 1714, au retour de Hollande : présence du grand maître des lieux, en

exil avant = duc de Vendôme, grand prieur de l’Ordre de Malte : débauché

notoire et ss frein ; explosion du libertinage avec mort de L XIV.

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* Volt. se même pas à ces débordts. :ne les goûte pas + santé délicate.

* a l’occasion de connaître réalité fr spécifique = « cet être indéfinissable

qu’on appelle un abbé » (charge et bénéfice ecclésiastique ss pratique

sacerdotale voire croyance véritable)

— Semble que dès cette époque, Volt. professe un déisme et même un

antichristianisme plus décidé et cohérent que la plupart des libertins.

* cf. rapport de police / proclame qu’Ancien testament = tissu de contes,

apôtres = idiots crédules ; conteste, comme critique biblique du temps,

attribution du Pentateuque à Moïse ;

* poème hétérodoxe Le Vrai Dieu 1715 (le désavouera plus tard) > peu

scrupuleux / Trinité + s’étonne / Passion (créateur mourant ds sa création) =

satire / mystère de l’incarnation et de la rédemption.

— 2) Débuts agités dans le monde (1715-1725) + a) Exil et Bastille (1716-1717)

. a1. Langue de vipère

— Baud. fait circuler 1714 poèmes satiriques / mœurs de ses contemporains =

Le Bourbier, L’anti-Giton

— 1716 V accusé d’avoir composé couplets satiriques / relations incestueuses

du Régent [frère de LXIV ; père de Mlle à qui sont dédiés Contes en vers

de Perrault 1695] et de sa fille, la duchesse de Berry > exil : père obtient

que Tulle commué en Sully-sur-Loire, chez chevalier de Sully (Temple) ;

continue de travailler Œdipe et commence Henriade (tragique > épique).

. a2. Faux-pas d’un Narcisse

— Retour à Ps ds un garni : peste publiquement contre Régent ; violent

libelle : J’ai vu… 1715 > Volt. soupçonné (à tort) ;

— 1717 : se vante publiquement d’avoir composé nveau poème Puero

regnante + J’ai vu… > dénoncé par espion et embastillé pour 11 mois, puis

devra se retirer à la campagne ; liberté définitive avril 1719.

+ b) Naissance de Voltaire, auteur dramatique : Œdipe (1718-1719)

. b1. Un succès

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— Succès d’actualité et de scandale < montre dieux cruels persécutant

victimes qui protestent de leur innocence (Œdipe et Jocaste) : cf. critique

moliniste / jansénistes (en pleine période de l’affaire Unigenitus).

— Vers critiquant aussi les prêtres comme imposteurs : « Notre crédulité fait

tte leur science. »

. b2. Un nom

— Apparaît sur dédicace de la tragédie : au Régent (qui refuse < ss doute

affaire de l’inceste ; ms accorde pension à Volt + médaille — personne

accepte d’être dédicataire) : <

* anagramme / « Arouet Le Jeune »

* jeu de mot / « volontaire » (Orieux)

+ c) Châteaux et cours (1720-1725)

. c1. Cours et travaux

— 1720 Itinérance consécutive à de nouveaux soupçons infondés de satire >

chez duc de Richelieu et surtt Lord Bolingbroke, chef tory en exil =

* oriente sa formation philosophique : l’informe des critiques / astronomie

de Descartes + lui conseille vivement lecture de Newton et de Locke.

— 1720-25 = Période de lectures intenses et nombreuses > publications

importantes :

* Bayle (réédité avec grand bruit 1720), Fontenelle ; Malebranche ; travaux

d’érudition historique >

* 1722 = 1ère version Épître à Uranie ne la reconnaît pas [1ère édit° 1732]:

compose réponse à poème janséniste de Louis Racine (fils de Jean) sur La

Grâce = écrit durant voyage en Hollande (où peut admirer liberté et

tolérance ≠ France), exprime base de son déisme de toujours : brosse

tableau des « mensonges sacrés » + peint monstre haïssable qu’on lui

présente ds sanctuaire où cherche le vrai Dieu (= crée h mauvais pour le

punir, donne amour pour le tourmenter, damne ceux qui ignore sacrifice de

son fils) : « On te fait un tyran, en toi je cherche un Père. / Je ne suis pas

chrétien, mais c’est pour mieux t’aimer. » > loue « religieux naturelle ».

* 1723 La Ligue : commencé dès son exil de 1714, approfondi à la Bastille

en 1717 > 1ère version clandestine = poème sur siège de Paris par HIV, ms

en fait surtout tableau et dénonciation des fanatismes (/ Ligue catholique ;

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poème conçu aussi comme apologie du régent et de sa politique de

tolérance, à travers figure de son aïeul) ; à comprendre aussi ds perspective

/ nvelle phase querelle des Anciens et des Modernes : possibilité d’une

épopée moderne.

— Voltaire ne néglige pas non plus ses affaires :

*1721 : affaire du système de Laws [tentative de monnaie fiduciaire +

recherche de financement du budget de l’État, gagée sur actions de la

Cie des Indes > spéculation > effondrement] = résiste à la spéculation >

résume : « On réduit le papier à sa valeur intrinsèque. » ; fait de bons

investissements grâce aux frères Pâris, grand liquidateurs du système.

* 1722 : mort de son père ; Armand hérite de la charge au Parlt ; ms

Volt. a action + rente augmentée + recettes d’Œdipe (qu’il laisse

largement aux acteurs).

. c2. Royales faveurs

— Volt. cherche à se rapprocher du pouvoir :

* rencontre avec un personnage trouble prétendant relation avec secrétaire

de l’Empereur > 1722 : V propose ses services au Cal Duboy pour mission

diplomatique officieuse à Vienne.

— 1725 Grâce au duc de Richelieu, V. a faveur de Mme de Prie, favorite du

1er ministre Duc de Bourbon >

* assiste au mariage de Louis XV avec Marie Leczinska : on y joue 3 de ses

comédies + elle lui accorde pension ; ms roi l’évite (< ne pas avoir à

sanctionner ses hardiesses ?…)

* V espère charge officielle, titre

— 3) L’exil en Angleterre : petite cause et grands effets (1726-1734)

+ a> L’affaire Rohan (1725-1726)

. a1. L’humiliation

— Décembre 1725 : Volt. rencontre chevalier de Rohan ds loge de l’actrice

Adrienne Lecouvreur = gde famille, devise : « Roi ne suis — Prince ne

daigne — Rohan suis. »

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* Rh pê jaloux / familiarité actrice et V > « Arouet ? Voltaire ? Enfin, avez-

vous un nom ? » > V : « Voltaire ! Je commence mon nom et vous finissez

le vôtre. » > Rh lève sa canne, actrice s’évanouit opportunément entre eux.

— Trois js plus tard, V dîne chez duc de Sully > on le fait appeler : deux

voitures l’attendent ds rue, ds l’une Rh, on l’appelle ds l’autre et le

bastonne : « Ne frappez pas sur la tête, il peut en sortir qqch de bon. »

. a2. La trahison

— > remonte : duc de Sully refuse de l’accompagner chez commissaire pour

déposer une plainte : indifférence et réserve gale < poids des Rhs ; même

Mme de Prie et ministre d’amant.

— > V. décide de tuer le chevalier : fréquente les bouges et apprend passes

inédites, pour duel auquel finit par provoquer chevalier ; ms lettre de cachet

déjà prête > Bastille le 17 avril 1626.

* Devient dès lors à la mode > foule de visiteurs ; gêne du pouvoir

* 1er mai = élargissement ms doit quitter la France > s’embarque pour

Londres le jour même : ennemis trad. ne le sont plus < alliance du Cal

Dubois, aux Conseil des Affaires étrangères du Régent, avec l’Angleterre,

les Provinces Unies puis l’Autriche (1716-18) [inversion des alliances

traditionnelles]

+ b> Le séjour anglais (1726-1728)

. b1. Deuil et mélancolie

— Perd sa sœur aînée en août > deuil et retraite jusqu’à la fin 1726

* Tente même de se rapprocher de son frère : ss succès.

— A eu grave accès de petite vérole en 1723 ; santé galt fragile, langueur

chronique > cf. lettre 1729 à Thieriot, tonalité pascalienne : « avoir encore

assez de vie pour souhaiter d’en jouir, et trop peu de force pour le faire ;

devenir inutile et insupportable à soi-même, mourir à soi-même, voilà ce

que j’ai souffert et qui m’a été plus cruel que toutes les épreuves. »

— Soucis financiers < ne peut plus toucher pension royale (qui sera d’ailleurs

supprimée à son retour en France).

. b2. Des rencontres

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— Logé chez riche marchand M. Falkener, qui deviendra ministre > après

période d’isolement (ne revoit que les Bolingbroke) rencontre haute société

intellectuelle et politique.

* Poètes Pope (avec qjui en correspondance depuis 1724 ; qu’il semble

avoir choqué par son irréligion), Young (« Vous êtes à la fois si spirituel, si

libertin et si maigre que ns voyons à la fois en vous Milton [Volt. contre

Paradise lost], la mort et le péché. »), auteur de comédie Congreve ;

prosateur satirique Swift

* Présenté au roi Georges 1er le 27 janvier 1727 ; fréquente leader whig

Walpole (> refroidissement du tory Bolingbroke) ; 8 avril : assiste aux

funérailles solennelle de Newton à Westminster, qui l’impressionnent.

— S’ouvre à la société anglaise plus largement, surtt ds perspective

d’inquiétude religieuse : trouver ex. de tolérance et affermir son déisme.

* fréquente ss doute milieu juif de Londres (< ses banquiers, d’Acosta et

Medina, dont le second fit faillite en juillet 1726 ; cf. fin 6e LP.)

* surtt : sectes protestantes (religion qu’il connaît peu, malgré Ligue) et

surtt Quakers, auxquels accorde place disproportionnée ds LP. [4 premières

lettres sur 25] : < apprend l’anglais avec jeune maître d’école quaker

Edward Higginson, a eu relations amicales avec Andrew Pitt, dont il fait

portrait ds LP 1 et 2.

* rencontre théologien Clarke, chez qui il trouve appui de la pensée

« unitaire » (critique de la trinité ; contestation de la divinité du Christ).

. b3. Travail et reconnaissance

— Ds l’ensemble, son intérêt passe de la poésie épique à l’histoire : lit en

particulier P. Bayle

— 1728 S’occupe de publier sa Henriade (réécriture amplifiée de La Ligue) :

lance (avec aide des personnalités qu’il fréquente) souscription qui

l’enrichit considérablement > la dédie à la reine d’Angleterre, qui accepte :

camouflet à la France, où le procédé révolte.

+ c> Fruits parisiens de l’Angleterre (1729-1734)

. c1. Histoire

— 1729 Autorisation de retour en France, puis à Paris ; obtient pension de la

reine + s’enrichit par affaires (loterie).

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— 1731 publie Histoire de Charles XII = essai historique très dramatisé (< a

rencontré des proches du souverain suédois) ; dessine figure héroïque +

montre intérêt pour mœurs et usages politiques des pays évoqués (nott.

Pologne < élection du monarque par la Diète).

. c2. Théâtre et critique

— Très marqué par théâtre anglais > plusieurs pièces à son retour, dont succès

triomphal = Zaïre 1732 (souvent comparé à Othello) : > considéré en

France et en Europe comme digne successeur de Corneille et Racine.

* Z = esclave chrétienne non baptisée, prisonnière du soudan de Jérusalem

Orosmane : amour réciproque et prochain mariage ; arrive chevalier

chrétien Nérestan, qui demande libération de prisonnier : O accepte, sauf

pour Z et vieux Lusignan, de sang royal : celui-ci découvre que Z et N sont

ses enfants > Z s’engage à se baptiser et O refuse tte libération ; surprend

RDV secret de Z et N pour baptême > tue Z puis se tue.

* perçu comme déiste ; surtout procès du fanatisme défense de la

tolérance : cf. « J’eusse été près du Gange esclave de faux dieux. » + / O =

« S’il était né chrétien, que serait-il de plus ? »

— Ouvrage de critique littéraire qui suscite la polémique : 1733 Le Temple du

goût

* Visitant ce temple, Volt. procède à une assez radicale épuration, de goût

néo-classique, malgré ton badin et souci de la nuance : érudits restent à la

porte du temple, les précieux n’en sont pas loin (Marivaux, ms aussi

Benserade et Voiture), pas loin des proches contemporains (Fontenelle, JB.

Rousseau), puis La Fare et Chaulieu puis enfin les grands : Fontenelle,

Bossuet, Racine, Corneille, Boileau, Molière — Quinault, qui ts acceptent

humblement de corriger leurs œuvres.

* pas de doctrine proclamée, sinon affirmation d’un vrai goût de nature ≠

faux goût < art ; alliance d’empirisme et de dogmatisme (dégage idéal du

grand siècle).

. c3. Parutions des Lettres philosophiques (1733-1734)

— Écrite àp 1727 environ, en anglais > 1728 ; V le termine, après longue

interruption, en France et en français, en 1731-33 > récrit en fr. partie

anglaise, et traduit fait traduire en angl. partie française. [globalt. : narratif

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enjoué = d’abord en angl. / plus discursif = en Fr. uniquement : 9, 11, 13,

14, 15, 16, 17, 25) Impulsion < ?

* 1730 = révolte devant enterrement indigne d’Adrienne Lecouvreur, jetée

à la voirie car comédienne > poème où il blâme la France et loue

l’Angleterre > rumeurs d’arrestation, doit se réfugier à Rouen.

* 1732 = le mathématicien Maupertuis achève de le convertir aux idées de

Newton et de les lui expliquer.

— > 3 éditions originales de ce que V appelle ds sa correspondance Lettres

anglaises :

* Letters concerning the English Nation, 1733 = idée primitive de Volt,

d’écrire en Angl < pas de censure ; peu de succès d’abord, mais devient

best-seller au cours du siècle.

* Lettres écrites de Londres sur les Anglais et autres sujets, 1734 à

Londres

* Lettres philosophiques, 1734 que commence à distribuer à Rouen

(officiellement : Amsterdam) Jore, éditeur de Volt., avec 25e lettre sur

Pascal (> éditions pirates jusqu’en 1739) — à la grande fureur de Volt. qui

le suppliait de retarder publication < n’a pas encore obtenu appui du

premier ministre Fleury + Épître à Uranie circule à nouveau depuis 1732,

et lettre de cachet sur table du ministre.

— Contexte défavorable : Fleury premier ministre1726-43 veut rétablir ordre

moral, après agitation des années précédentes (> cf. 1737 interdiction des

romans)

* > 10 juin 1734 = accord du ministre (jésuite) et du Parlt de Ps

(janséniste) : livre condamné à être lacéré et brûlé + auteur décrété de prise

de corps < livre « scandaleux, contraire à la religion, aux bonnes mœurs et

aux respect dû aux puissances »

* > juillet 1734 = s’installe à Cirey, en Lorraine, ds château de Mme du

Châtelet, qui l’y rejoint.

+ d> Madame du Châtelet

. « La déesse » : Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de Breteuil ; 27 ans, amour du jeu et

des pierreries, mariée au marquis du Châtelet, vient d’avoir son 3e enfant ; ms aussi passion

pour les sciences et notamment les maths (en train de devenir mode, avec physique,

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supplantant poésie ds les salons), auxquels l’initie Maupertuis ; mari accepte et amants

sauvent les apparences.

. Sera grand amour de sa vie > vie commune et étude, pour laquelle elle le discipline.

— 4) Cirey (1734-1744) + 1> L’approfondissement des œuvres

. Période d’écriture plus austère (travaux de critique biblique), malgré théâtre et

libertinage du Mondain (1736)

— 1738 Éléments de la philosophie de N + commence à publier Siècle de

Louis XIV (1739 ; saisi ; commencé en 1732)

+ 2> Voyages et relations

. Entame relation avec Frédéric II de Prusse ; pamphlets contre ses ennemis parisiens

— 5) Philosophie et cours européennes (1744-1753) + 1> Versailles (1744-1747)

. Éphémère moment de faveur auprès de L XV : Voltaire devient historiographe du roi

puis gentilhomme ordinaire de la chambre, et entre à l’Académie française.

— Brouille avec le roi et sa favorite Mme de Pompadour > Cirey

— transpose ses malhs de courtisan et sagesse à laquelle aspire ds

Zadig (1747)

+ 2> Lunéville (1747-1750)

. Cour du roi Stanislas > frappé par mort de Mme du Châtelet

+ 3> Berlin (1750-1753)

. Espoir déçu / despotisme éclairé de Frédéric II : « On presse l’orange et on jette

l’écorce. »

. Indésirable à Ps > moment d’errance ; collabore à L’ Encyclopédie pour articles de

littérature et de morale (parution 1751-59)

— 6) Un philosophe à la frontière (1755-1778) + 1> Les Délices (1755-1760)

. Volt. s’installe aux porte de Genève, ms près de la frontière fr., avec Mme Denis.

— Critique de l’optimisme : Poème sur le désastre de Lisbonne 1755 >

Candide 1759.

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— S’engage à fond ds lutte des Encyclopédistes > brouille avec Genève et

Rousseau (1755 / Discours sur l’inégalité = « livre contre le genre

humain »)

+ 2> Ferney (1760-1778)

. En France ms à portée de la Suisse : correspondance européenne (Catherine II, autres

souverains) et philosophique à Ps, où a des relais (d’Alembert) protecteurs (Turgot,

Choiseul… — cf. Louis XVI àp 1774).

— petite utopie : fait régner prospérité économique, développe agriculture et

artisanat, fait lever gabelle… > véritable culte européen, visites de dévotion

. Engagement philosophique : affaire Calas 1762, Dictionnaire philosophique 1764

. Retour triomphal à Ps. 1778 (Irène > buste couronné) ; Panthéon 1791.

II. La « première bombe lancée contre l’ancien régime » (Lanson)

Les Lettres philosophiques et leur contexte

— 1) La religion à la question (Lettres I-VII et XXV) + a) L’Angleterre, terre d’hétérodoxie

. a1. Schisme anglican : < rupture de Henri VIII avec pape Clément VII s’opposant à

son divorce / Catherine d’Aragon (+ remariage / Anne Boleyne > exécutée > Jane Seymour)

[1534 : Acte de suprématie = roi se proclame chef de l’Église d’Angleterre] ;

— ms : conserve dogme et hiérarchie catholique + persécute protestants

— Changement crucial = sous Elisabeth Tudor (1558-1603) : propose

compromis entre Réforme continentale et catholicisme = anglicanisme,

comme calvinisme modéré (nott. : High Church, attachée à la hiérarchie

épiscopale + liturgie ≠ Low Church, inclinant au Calvinisme)

. a2. Glorieuse Révolution de 1688 (> Guillaume d’Orange) = conforte aussi

l’anglicanisme > devient terre ennemi / France de Louis XIV aussi sur plan religieux.

— > accueille protestants chassés par Révocation de l’édit de Nantes 1685 :

seront aussi traducteur des philosophes anglais (cf. Pierre Coste, traducteur

de Locke).

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— Forme terres ennemies / France catholique (cf. guerres : Ligue

d’Augsbourg et Succession d’Espagne) qui sont terres de liberté pour tous

les penseurs subversifs : Hollande, après Descartes, Pierre Bayle et sa

Nouvelle République des Lettres àp 1683 (> impression des livres interdits).

. a3. Esprit du protestantisme (calvinisme ≠ lutherianisme, Europe de l’Est) :

prédominance de la foi et droits de la conscience individuelle > fourmillement des sectes

protestantes et impuissance des synodes à regrouper ts les fidèles.

— Quakers (Lettres I-IV) : fondés par George Fox 1642 > Guillaume Penn

fonde en Amérique la Pennsylvanie (lois = une base de la Constitution

américaine 1787).

* moqueries de Volt. < ascétisme excessif, et rigidité doctrinaire,

affectation des manières (chapeau, tutoiement) ; mysticisme des

tremblements (cf. convulsionnaires), dont sincérité pourtant pas remise en

cause.

* ms seule lettre sur G. Fox le fondateur est vraiment à dominante

moqueuse ; sympathie admirative < refus de tt rite, ni ministre, ni église ;

appui seulement de chacun sur « révélation immédiate » de sa conscience

en D ; > forme d’utopie politique (cf. Volt. à Ferney) : cf. ds Dictionnaire

philosophique 1764 = « j’aime les Quakers. Oui, si la mer ne me faisait un

mal insupportable, ce serait ds ton sein, ô Pensylvanie, que j’irai finir le

reste de ma carrière »

* > on a plutôt reproché à Volt. de ne pas avoir assez tourné en ridicule

cette secte : cf. en même temps que LP, paraît Histoire des trembleurs du

père jésuite Catrou = plus « voltairienne », accuse Fox de déisme.

— Presbytériens (VI) : au sens propre, « presbytérianisme » = renvoie au

système ecclésiastique préconisé par Calvin = église gvnée par corps mixte

de pasteurs et de laïcs (presbyterium) ; parfois adopté ailleurs [plutôt =

« réformées »], ms galt réservée aux églises calvinistes de langue anglaise.

* Très minoritaires en Angl. (sauf sous Cromwell) et parfois persécuté

(Elisabeth, Jacques et Charles Ier) / épiscopalisme anglican ; > Amérique,

Pays-Bas, Écosse.

— Sociniens (VII [confondus par Volt. avec ariens [Arius 323 : seul D = père

> condamné par concile de Nicée 325] et unitariens]) : àp. pensées

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(antitrinitaires) de Lelio et Fausto Sozzini (ital. 2e/2 16e > Suisse et

Pologne) > Pologne et Prusse, où petit fils de Sozz. Publie Religio

rationalis 1665 > 1669 pasteur d’Huisseau Réunion du christianisme =

appliquer cartésianisme à la religion : admettre seult. ce que conscience et

raison peuvent ; tendent à réduire religion chrétienne à philosophie morale.

+ b) Religion et esprit d’examen

. b1. Facteurs favorisant extension de l’esprit critique aux questions religieuses :

— Exigence de la liberté de conscience < protestantisme +

— Appui sur l’intériorité ds refondation cartésienne de la pensée sur la raison

— Extension du « pyrrhonisme historique » (enquêtes érudites montrant

impossibilité des chronologies historiques tradt. admises < auteurs antiques

et même Bible : cf. Bossuet in Discours sur l’histoire universelle 1681 =

4004 ans depuis création jusqu’à l’avènement du Christ, terre se remplit en

129, Adam meurt le 20 août 930…)

. b2. Grandes figures de l’esprit critique

— Spinoza : Tractatus theologico-philosophicus 1670 + Éthique 1671 >

philosophe mal connu en Europe jusqu’à la fin du 18e, ms qui hante les

conscience du temps comme repoussoir, par sa radicalité.

* TTP = critique / authenticité de l’écriture > religion chrétienne comme

ph. historique parmi d’autres > monarque use de la religion (superstition)

pour se soumettre ses sujets : seul pouvoir consenti = délégation des sujets

à leur souverain…

* Eth. : Dieu comme substance du monde, pensée et étendue > tout

persévère ds son mode d’être, ce que manifeste désir comme fait majeur de

la vie morale ; bonheur comme conscience de participation à cet ordre

universel [mal connu de Volt., qui rejette avec beaucoup d’autre idée d’un

dieu non dégagé de la R du monde (accusation d’athéisme et de

panthéisme)]

* Pb. d’une rationalisation du divin : cf. Malebranche Traité de la nature et

de la grâce 1680 (Leibniz un peu id.) = mysticisme ms ds perception de

Dieu à travers évidence rationnelle > Dieu peut sembler soumis à

rationalité : pb. : miracle + rendre compte de l’existence du mal…

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— Pierre Bayle : protestant ayant étudié Descartes, passe par Genève >

enseigne à Rotterdam ; défense des protestants (outré par Révocation : roi

se permettant de légiférer sur les consciences + son frère mort persécuté

comme calviniste), illustre esprit d’examen et évolue vers un scepticisme

croissant.

* Contexte gal de lutte contre les superstitions (cf. / sorcellerie) > 1681

Pensées sur la comète : démontrer que pas surnaturelle, et nott. pas valeur

de présages malheureux ; cf. 1686 Fontenelle Histoire des oracles

(négation / sibylles antiques ayant annoncé venue du Christ

* 1684-87 rédige seule Nouvelle République des Lettres = débats religieux

et philosophiques bien plus que littéraires

— cf. Commentaire philosophique, 1686 = « tout dogme particulier

[…] est faux, lorsqu’il est réfuté par les notions claires et distinctes de la

lumière naturelle »

* 1695-97 Dictionnaire historique et critique = stratégie des notes +

montée du scepticisme ; édition 1720 dédiée au Régent > poussée d’impiété

— Les libertins : courant de pensée dont sources remontent à la Renaissance

italienne (école de Padoue : Pomponazzi) > épicurisme matérialiste de

Gassendi (adversaire vaincu de Descartes) = se diffuse dans l’aristocratie,

sans corpus doctrinal précis (poésie d’Horace), devient de plus en plus

attitude, glisse vers les mœurs : cf. courtisane Ninon de Lenclos (1620-

1705) affirmant qu’elle n’avait pas d’âme.

* Saint-Évremond (1616-1703) : encore incarnation de l’honnête

homme (modération, relativisme, scepticisme), a connu Spinoza mais

incarne surtout libertinage par attitude et esprit ; opposé à Mazarin >

doit fuir en Angleterre 1661, où protégé par différents pouvoirs ; pont

entre humanisme et modernité cosmopolite (réfléchit / comédie

française et anglaise, qu’il imite : Sir Politick Would-be, 1662).

* Évolution vers durcissement, idéologique et morale : moins

d’honnêteté chez les roués de la Régence, plus de provocation [même si

pas encore radicalité théorique affichée du sadisme < matérialisme] ; cf.

milieu du Temple fréquenté par jeune Volt., poètes La Fare et

Chaulieu : [/ Lucrèce et Épicure] « Mais sur l’essence divine / Je hais

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leur témérité, / Et je n’aime leur doctrine / Que touchant la volupté. » >

croit en Dieu, « bienfaisant » et « pitoyable » : « La loi de la nature est

sa première loi. » = déiste

. b3. Les déistes

— Développement particulier en Angleterre < exigence de la liberté de

conscience + recherche d’une conciliation (PPCD) entre les diverses

sectes : mettre à l’écart détail du dogme et soumission aux rites et

hiérarchies > dégagement de quelques gds principes compatibles avec

exercice de la raison.

* Samuel Clarke, auteur du Traité de l’existence de Dieu (1705) =

proche de Newton, déiste que Volt. rencontre db. 1727 (juste avant mort

de Newt.) > lui confirme que gravitation ne peut s’expliquer que par

décret divin ; sur lequel s’appuie Volt. (nott. contre d’Alembert et son

Système de la nature 1770) < permet de tirer de Newt. conséquences

métaphysiques (preuve par ordre du monde : « grand horloger » 1773) +

étaye « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer » 1769 (cf. aussi

argument ontologique St. Anselme) [in LP. 7 = en fait « patron de la

doctrine arienne » (antitrinitaire)]

* Ne lit pas à ce moment déistes anglais qui participent de l’idéologie

ambiante, plus ouvertement admise qu’en France : Toland 1696

Christianisme non mystérieux 1696 (réduire foi à simple adhésion à)

l’ordre universel, rationnel), Collins Discours de la libre pensée 1713 ;

— 2) Histoire et gouvernement (Lettres VIII-X) + a) L’Angleterre : parlementarisme et révolution

. a1. L’absolutisme parlementariste des Tudors (1529-1603)

— Même volonté de Henri VIII > ses enfants : Marie, Elisabeth et Edouard =

asseoir pouvoir du souverain ds monarchie autoritaire, ms respect affirmé

du parlement.

* Consensus pop. < protection de la nation / visées étrangères (Écosse,

Espagne) + action en faveur des pauvres.

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— Parlt. (Chambre des Lords / Chbre des Communes) convoqué

fréquemment, et pvr sait y trouver des relais à sa politique + encadre

strictement son fonctionnement (vrais débats, ms dt de veto du souverain)

* Soutien nécessaire du roi : cf. Parlt reconnaît légitimité des enfants

d’Anne Boleyn (Elisabeth) et Jane Seymour (Edouard VI) [> ø héritier à la

mort d’Elisabeth > branche cadette des Stuarts, rois d’Écosse, parvient au

trône]

. a2. Les Stuarts et la révolution de 1649

— Aspiration absolutiste de Jacques 1er (soutenu par penseurs comme Bacon

et Hobbes) puis de son fils Charles 1er (mariée à Henriette de France, sœur

de L XIII):

* Rognent dts des Parlts, bien moins convoqués + usent d’expédients pour

se procurer argent.

* Fiscalité abusive, moindre ambition de la politique étrangère (colonies ;

alliance / France catholique + paix / Espagne), marginalisation des puritains

(> colonisent Amérique du nord : 1620 Pilgrims fathers) > conflits

croissants / députés (bourgeoisie et aristocratie d’affaire prend conscience

de ses intérêts).

— Parlement réuni en 1640 remet en cause candidats officiels puis pouvoir

royal lui-même > 1649 = exécution du roi Charles 1er puis proclamation

d’un nouveau régime.

* Période d’affrontements : opposition des monarchistes en Irlande et

Écosse > rôle fondamental de l’armée et de son chef, Cromwell, qui épure

le Parlt (1648 > « Parlt croupion ») puis le nomme (1653) avant que se

mette en place nvelle Constitution (Protecteur + Conseil + Parl). : mystique

puritain, tolérant / sectes (revendication max) + partisan d’une politique

ext. vigoureuse.

* Vers une Restauration, dont idée monte ds opinion : titre royal + dt.

désigner successeur offert à Cmwll contre accroissement des pouvoirs du

Parlt. ms fils ne parvient pas à maintenir ordre > doit démissionner :

moment d’anarchie, lutte entre généraux dont l’emporte celui croit en la

nécessité d’une Restauration.

. a3. Restauration et Glorieuse Révolution (1660-1688)

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— 1e mai 1660 : nveau Parlement proclame droit à la monarchie et reconnaît

légitimité de Charles II, fils de Charles 1er — auquel succédera son frère

Jacques II.

* Fascination pour l’absolutisme et liens avec Louis XIV (cousin) qui

promet aide militaire ds espoir du rétablissement d’un catholicisme que

professe +/- ouvertement les deux frères.

* > tensions croissantes avec le Parlement, qui impose vote habeas corpus

(présomption d’innocence > protection de ses membres : arrestation

illégitime si pas preuve de culpabilité) > ChII le convoque plus.

* 1685 Jacques II = tente de révoquer l’Habeas, finit par renvoyer le Parlt. ;

naissance d’un prince-héritier catholique en 1688 > plus d’espoir d’un

souverain protestant >

— > généraux anglais vont chercher en Hollande Guillaume III d’Orange

Nassau [< origine = Rhénanie] pour renverser Jacques II [> parti jacobite

en France, soutenu par LXIV] <

* neveu de Jacques II (fils de Marie, sœur de JII et de G. II d’Orange,

stathouder de Hollande [= lieutenant gal : titre < C Quint]) + époux de sa

fille Marie ; stathouder de Hollande et fer de lance de la lutte européenne

contre hégémonie de L XIV (bne résistance de la Hollande au traité de

Nimègue 1678).

* Continuera à se consacre essentiellement à la politique étrangère, laissant

affaires intérieures aux main du Parlt.

* 1689 = Prlt vote loi constitutionnelle, Bill of rights, reconnaissant dts du

Parlt + proclame les souverains ; très petite minorité vote + pas de

responsabilité ministérielle, ms claire définition des rôles + indépendance

de la justice > mythe, modèle pour Europe 18e.

* 1701 Acte d’établissement désigne dynastie des Hanovre (ancêtre des

Windsor actuels) pour succéder à celle des Stuart (dont cousins :

descendant d’une sœur de Charles 1er, le roi tué)

* 1707 Acte d’Union consacre relation entre Angleterre et Écosse

(avantages éco et poltqs.)

+ b> L’Angleterre de Voltaire

. b1. Un régime

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— Victorieux / France et Espagne : Ligue d’Augsbourg (1689-97) [L14

reconnaît GIII] > de succession d’Espagne (1702-13) [L14 renonce au trône

d’Esp. pour son petit-fils + asiento à l’Angl.]

— Libertés ?

* Outre Habeas, droit de propriété sacré (punition lourde / voleur), liberté

d’expression avec développement de la presse.

* Régime non démocratique < nbreux candidats imposés ds chambre des

Lords par pvr (sièges épiscopaux et écossais) ;

* ont clientèle ds Chambre des communes ; sous-représentation de l’Écosse

et de certaines régions ; dynasties, aristocratie 25%, propriétaires fonciers

50%

* pas de dt de réunion > pb. / dt. officiel de pétition ;

— Équilibre des pouvoirs ? Pbmatique malgré admiration de Montesq.

* Chambres ont certaines attributions judiciaires, et roi (Exécutif) peut

dissoudre Commune (Législatif) pour empêcher vote d’une loi.

. b2. Hommes et partis

— Whigs et tories : opposition née sous Restauration (Charles II) =

dénominations injurieuses échangées

* Whigs : rebelles presbytériens d’Écosse > contestent légitimité royale

sous Charles II (Shaftesbury, déiste) ; dominent sous les premiers

Hanovre ; militaires, pro libérales, dissidents

* Tories : hors-la-loi catho. d’Irlande > défendent prérogatives royales :

dominent sous la Restauration ; propriétaires fonciers, église anglic.

— Sous George 1er (1714-1727) et George II (1727-1760) de Hanovre

* Souverains étrangers, dont premier ne parlait pas l’anglais > Cabinet

assume la plupart des responsabilités = y dominent les whigs (< tories sont

parfois jacobites : soulèvement 1715), menés par Robert Walpole àp. 1721

(premier Lord de la Trésorerie et Chancelier de l’Échiquier).

— 4) Physique et métaphysique (Lettres XI-XVII et XXV) + a> Locke et la leçon de l’empirisme

. a1. 1690, Essai sur l’entendement humain =

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— métaphysique mise à mal par rationalisme > la refonde sur évidence du fait

psychologique + en faisant dériver toute pensée de la sensation > analyse de son

fonctionnement (empirisme) ; suspendre tout questionnt. métaphysique, comme hors

de portée

— > pourtant Christianisme raisonnable 1695 (lu par Volt. 1726-27 sq. ;

compatibilité avec religion naturelle)

. a2. 1689, Essai concernant l’origine, l’extension et la fin véritable du gouvernement

civil =

— forme de légitimation de la monarchie parlementaire anglaise :

inconvénients de l’état de nature (même si pas aussi féroce que ds Léviathan de

Hobbes 1651)

— > pacte entre les hommes institue état social en confiant pouvoir à un gvt

qui sauvegarde égalité et liberté primitive (droit naturel : cf. Spinoza in Éthique = tte

chose s’efforce par essence de persévérer ds son être [instinct de conservation…]) >

droit de rébellion sinon, et nécessité de diviser le pourvoir ;

+ b> Newton contre Descartes

. b1. Volt. dénonce chez Descartes (XIV, XV) concepts (« substance ») et démarche (a

priori, esprit de système) métaphysique, auxquels s’oppose empirisme de Locke et Newton :

— Avant tout perçu par contemporains et successeurs comme inventeur d’une

méthode révolutionnaire de connaissance : cf. notes / illumination de la nuit

du 10 au 11 novembre 1618 > « l’intuition évidente et la déduction

nécessaire »

* > Discours de la méthode 1637 = seult. propédeutique / Dioptrique

(calcul angle d’incidence / angle de réfraction)), Météores (explication de l’arc-

en-ciel par réfraction) et Géométrie (analytique > équation et inconnus).

* Méditations métaphysiques 1641 = distinction entre substance pensante /

étendue (morceau de cire : matière = espace) > mvt comme état (impulsion par

le créateur)

— admiration pour le penseur indépendant et persécuté, pour le rigueur du

« géomètre », ms rejet du métaphysicien posant Dieu (raisonnt. / idées >

retrouve preuve ontologique) comme garant tt puissant que le doute

méthodique rencontre au bout de son chemin. Limite irréductible / Desc. =

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ses erreurs en physique (esprit de système / notions initiales < conviction

intelligence humaine ne peut ns tromper puisqu’elle a été créée par Dieu) :

* refus du vide > hypothèse des tourbillons de matière subtile

* lumière = corps

. b2. Bacon (1561-1626) : « père de la philosophie expérimentale » (XII. 84)

— V. d’abord fasciné par le personnage public = avocat, député > garde des

Sceaux puis Lors chancelier sous Jacques 1er > injustement chassé pour

corruption.

* Rôle max de promoteur de la science ; rêve d’une société utopique régi

par la science, comme fin et moyen : Royal Society fondée en 1660 se

réclame de lui (cf. XXIV.150) — ms veulent une science qui soit à la fois

expérimentale et mathématiques (> expérience = informée par théorie a

priori qu’il s’agit de vérifier : mathématisation = mesure de ce que l’on

perçoit, et non assertion sur nature véritable des choses : sacrifice de laa

physique selon Bacon), alors que rôle des maths reste secondaire chez B.

— Grand ouvrage = Novum organum 1620, destiné à remplacer Organon

d’Aristote (> pour V = pourfendeur / scolastique).

* Démarche fondée sur induction = insiste sur recueil des phénomènes >

« invention » des règles gales àp des phs particuliers : explication selon

théorie du mouvement et doctrine chimique (< Paracelse : tte matière =

tangible / pneumatique > dérive du soufre et mercure / feu, air et éther).

. b3. Newton (XIV, XV, XVI, XVII), auteur des Philosophiae naturalis principia

mathematica 1687= philosophe que Volt. a le plus étudié

— incité par Bolingbroke dès 1720 ms surtout ds période succédant aux LP

(Cirey, avec Mme du Châtelet : 1738 Élts de la philosophi de N > 1740

Métaphysique de N), et sur lequel il fonde son déisme ; axe de son attitude

philosophique : « il n’a point mis ses It° à la place de la vérité : ce que nos

yeux et les mathématiques nous démontrent, il faut le tenir pour vrai ; ds tt

le reste, il n’y a qu’à dire : J’ignore » (1741)

— Démarche en fait pas du tt empirique et inductive (plutôt hypothético-

déductive, comme science expérimentale moderne) : cf. struct. son traité,

en trois livres ou parties = naissance de la « mécanique rationnelle »

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* I = strictement math (définitions : quantité de matière, de mvt, force >

attraction = proportionnelle / masse et inversement proportionnelle / carré

de la distance > II = science des mouvement (critique / tourbillons) > III

résolution de pbs. astronomiques et physique (mvt. planètes, forme terre,

marées)

* Optique : thèse max 1666 = lumière blanche comme mélange de rayons

différemment réfrangibles (correspondant à différentes couleurs) > échelle

quantifiable.

— 5) Littérature et gens de lettres (Lettres XVIII-XXIV) + a> L’Angleterre et l’avènement d’une littérature nationale moderne

. a1. Poésie : bq. affirmée comme « musique » 142, conçu avant tt, avec les classiques,

comme discours idéalisé (> importance de l’esprit : intelligence manifestée avec grâce — « je

ne sais quoi » de la convenance / rigueur des « règles » : « goût » + « correction »).

— Rien sur la poésie métaphysique anglaise (cf. John Donne, 1572-1631), en

revanche, évoque le premier néoclassique : Edmund Waller (1606-1687) =

* parcours politique accidenté : se compromet pour Charles 1er >

emprisonné et exilé > réconciliation / Cmwlll (éloge funèbre) >

réhabilitation sous Restauration.

* goût proche de la France — et c’est en ce sens que Volt. le commente (cf.

Voiture ; XXI 139-140)

— Apprécie la satire chez Samuel Butler (1613-1680) : Hudibras (1663) /

hypocrisies des puritains ; poème héroï-comique très renommé < Quichotte

+ emprunts à Scarron et Rabelais.

* Volt. le cite < ex. de bizarrerie intraduisible.

— Pas un mot sur Milton, sinon comme repère chronologique d’un passé déjà

lointain (XI. 80 / petite vérole) = (1608-1674) grand poète national anglais.

* en 1649, prend défense des régicides > responsable des Affaires

étrangères.

* 1667, Paradise lost = histoire de la chute, avec grande place au Diable,

qui suborne Adam et Ève ; où // possible entre Dieu et le roi + Satan et le

soulèvement révolutionnaire > apologie du Diable ? Noirceur qui ne plaît

pas à Volt. [≠ VH et Fin de Satan]

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— « M. Pope (1685-1744), le Boileau d’Angleterre » (XIV) : cath. de

mauvaise santé, poète à la gloire considérable db. 18e (selon Volt., meilleur

poète au monde en 1727 > enthousiasme modéré in LP. XXII 143 sq.).

* Publie Essay on criticisme 1705 (tôt lu par Volt. : équivalent anglais de

l’AP de Boileau) ; poème héroï-comique The Rape of the Lock (1714) [La

Boucle de cheveux = traduit et commenté par V in LP XXII > Lutrin]

* Relations se distendent assez vite (pê dès l’Angleterre) < Volt. voit ds son

Essay on Man 1733 (bcp aimé par Mme du Châtelet) mise en vers de ses

remarques sur Pascal ; déisme plus optimisme de Pope > V l’associera (à

juste titre) à Leibniz ds sa critique du providentialisme (« Tout est bien » :

vers de Pope = Whatever is, is right) àp de 1755 (Poème sur le désastre de

Lisbonne).

— « M. Pope (1685-1744), le Boileau d’Angleterre » (XIV) : cath. de

mauvaise santé, poète à la gloire considérable db. 18e (selon Volt., meilleur

poète au monde en 1727 > enthousiasme modéré in LP. XXII 143 sq.).

. a2. Théâtre

— Tragédie :

* Lettre XVIII. 124 sq. = capital ds histoire du théâtre européen < introduit

Shakespeare (1564-1616) en France, même si à travers prisme classicisant ; ms

jeune Volt. conscient de la nécessité de faire évoluer moule tragique du

classicisme français > empruntera à Sk sujets historiques et politiques (Brutus

1730, Mort de César 1735 — jouée dès 1733 < Julius Caesar de Sk 1600 +

Mort de Pompée de Corneille 1643), et fera sa place au pathétique, à la

noirceur, voire au spectaculaire (spectre ds Sémiramis 1748) — même si, àp de

1760, se lancera ds série de critiques bcp moins nuancé, se percevant comme

dernier défenseur du goût classique / décadence du goût.

* Cf. grand auteur tragique du siècle en France, concurrent de Volt. =

Crébillon père, dont premier grand succès = Thyeste (1707) : Atrée fait boire à

Thyeste sur scène le sang de ses enfants ; exacerbation de la terreur et de la

pitié.

* tragédies héroïque de la Restauration s’inspirent des romans

aristocratiques continentaux ; effort vers rigueur française ms permanence d’un

langage métaphorique chargé et d’une certaine violence > cite Aureng Zebe

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(1625) de John Dryden (surtt poète) ; gain en intériorité du pers. éponyme ;

Poète Lauréat et historiographe du roi sous Jacques II : partisan des Stuarts,

admirateur de L XIV et du classicisme français.

* Thomas Otway (1652-1685) infléchit le romanesque et l’héroïque vers le

drame, en introduisant pers. de condition plus ordinaire et accentuant le

pathétique ; cf. Venice preserved (1682) [que V. XVIII. 125] évoque en la

comparant à Sk, pour pointer ridicule des comportements— alors que 18e sera

plutôt siècle de modération ds tragédie anglaise]

* Joseph Addison (1672-1719) voit louer son Caton d’Utique (1713) in

XVIII.127-8 < grand succès (pour raison politique, avant installation des

Hanovre pour prolonger les Stuarts) + inflexion vers classicisme français ; pas

d’évocation de ses entreprises journalistiques, ss doute déterminantes / écriture

des LP. : avec Richard Steele puis seul, lance quotidien The Spectator 1711 =

de sensibilité whig ; évite polémique, nouvelles et analyses diverses, des

mœurs et mondaines, essai littéraire ; volonté = diffuser bnes manières et

civisme devant illustrer Glorieuse révolution [1er quotidien du monde fondé à

Londres 1702 : Daily Courant].

— Comédie [V. lui-même auteur de 12-15 comédies, dont certaines annoncent

Beaumarchais] : Restauration = grande époque à cet égard < désir de

délassement après période puritaine de Cmwl ; comédies en prose jouant

sur schémas / bne soc anglaise (fs légères / provinciaux niais et séducteurs

spirituels [vers personnage du « roué »]) ;

* évolution va vers critique de ce cynisme et mise en scène de la vertu

récompensé : Volt. cite pas Farquhar, The Beaux’ Stratagem (La Ruse des

galants, 1707) = inflexion de la galanterie vers simplicité et vertu ; cf. en

France, apprécie pas comédie de la sensibilité de Marivaux (< précieux ; 1721

La Surprise de l’amour), admire Destouche (Le Glorieux, 1732), Nivelle de la

Chaussée et comédie larmoyante (Mélanide, 1741) ; lui-même travaillera

bientôt et pour longtemps mélange « de comique et de touchant », cf. L’Enfant

prodigue 1736.

* Shadwell (1642-1692) : pièces interdites à la fin du règne de Charles II ;

whig ≠ cynisme ambiant, comedy of humours avec types bien campés ;

mépris de Volt. (XIX, 129) reflète un contexte qu’il n’analyse pas.

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* William Wycherley (1641-1715) : tory proche de Charles II, qui en perd

ensuite les faveurs ; The Country Wife (1675 < École des femmes) = met en

scène Horner le faux castré, faiseur de cocus ; The Plain Dealer (1676 <

Misanthrope) = Manly, marin bourru / Olivia mariée à son retour > moultes

rebondissement que Volt. résume avec plaisir (XI, 130-131) : apprécie

efficacité comique, malgré entorses à la vraisemblance et bienséances.

* John Vanbrugh (1664-1726) et William Congreve (1670-1729)

reprennent largement les schèmes de la Restauration en les polissant — cf.

pers. de Loveless chez Vanb., comédie plus intellectuelle chez Congr..

. a3. Prose : presque rien, alors que grandes réussites du siècle seront en prose — et en

particulier, rien sur le roman (Richardson : Pamela 1740, Fielding) > cf. opposition à la

philosophie XIII.94.

— Silence / Robinson Crusoe de Daniel Defoe (1719) = bréviaire de morale

puritaine (rien du romanesque à la française ; héritage picaresque + vers

Bildungsroman) ; pas ss rapport avec cultiver son jardin…

— Admiration critique de Jonathan Swift (1667-1745), dont ne cite pas un

seul titre (XXII.143) : or Gulliver’s Travels (1726) lu par V. > contribue à

formation du conte philosophique : « Rabelais de bne cie ».

* Roman philosophique et satirique mettant en scène un œil candide…

* Engagement en faveur des Irlandais de cet anglais catholique d’Irlande,

doyen de la cathédrale anglicane de Dublin ; misanthrope ; ms l’a connu et

a aidé à la souscription de la Henriade.

+ b> Le prisme français : sortir du grand siècle ?

. b1. Le classicisme en débat

— Renouveau de la Querelle des Anciens et des Modernes :

* 1699, érudite helléniste Mme Dacier propose traduction en prose de

l’Iliade > transposition en vers de Houdart de la Motte (1713) > querelle

entre les deux > 1715 : fidélité au texte ancien, barbare ds son détail, pour

en faire sentir beautés irrégulière, sublime / schématisation et

modernisation (« bon goût » contre « grand goût » ; galisation de « l’esprit

de géométrie » qu’illustre Descartes) + pose question de la poésie en dehors

des vers (cf. Houdart : Télémaque de Fénelon = « poème en prose »).

— Position nuancée de Voltaire

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* Bourbier de 1714 le place du côté des Anciens (attaque Houdart) >

Lettres sur Œdipe (1719) = modernes < dénonce absurdité des vieux textes,

liés à leur époque, pédantisme des érudits et étroitesse des règles.

* Essay upon Epic Poetry (1727) en Angleterre, en même temps que publie

Henriade : épopée antique doit être rationalisée, schéma dramatique plus

condensé, articulant sens moral et philosophique clair ; rigueur, clarté et

unité comme critères intemporels du beau ms tenir compte des beautés

propres à chaque tradition litt. (Le Tasse, Milton…) = condamne « ces

esprits trop philosophiques qui ont étouffé en eux-mêmes tout sentiment »

(fables antiques = fournissent images sensibles du vrai) ; insistera plus tard

sur différence entre progrès philosophique et progrès ds les arts.

* V. reste seul grand auteur du 18e à avoir voulu s’illustrer ds genres

qu’Arist. place au sommet de sa hiérarchie : épopée et tragédie.

. b2. Le grand basculement de la Régence

— Àp. 1715 et Régence, arrivée au pouvoir de la branche cadette des

bourbons (Orléans : critique), puis renversement d’alliance de Dubois puis

Fleury > révolution du goût, très lié à influence anglaise : basculement vers

modernité, mondanité et réalisme > changement des postures énonciatives

littéraires et de la relation des auteurs / public.

— ≠ canons classique (grandes constructions rigoureuses et solennelles) et

sollicitation de l’admiration : relation d’information (cf. journalisme <

Angl. + satire du régime) et de réflexion (dvlppt. de la « philosophie », à

travers la littérature même : cf. Télémaque de Fénelon, 1699) > en

particulier, effervescence du roman :

* 1707 : Le Diable boiteux de Lesage = effraction ds mœurs et jeu social

* 1721 : Lettres persanes de Montesquieu (en plus de la polyphonie, jeu du

points de vue ext. dont ex. glorieux = Provinciales de Pascal, 1656)

* 1721-24 Le Spectateur français, 1727 L’Indigent philosophe, 1734 Le

Cabinet du philosophe de Marivaux (< Steele et Addison) ; Vie de

Marianne 1731-37, Paysan parvenu 1734-35

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INTRODUCTION

Voltaire (1694-1778) Lettres philosophiques (1734)

I. Le siècle de Voltaire

— 1) Famille et formation (1694-1714) + a) La saga des Arouet . a1. Ascendance : « le nom d’Arouet, que j’oublie assez volontiers » (1741) ; abbé de Châteauneuf, Monsieur de Rochebrune ; Mlle Aumart

. a2. Fratrie : convulsionnaires / 1727 diacre Pâris ; Unigenitus 1713 condamnant Quesnel ; loi française 1730) = sera tj. signe même, pour Volt., du fanatisme et d’un retour de la superstition.

+ b) Au collège jésuite de Louis-le-Grand (1704-1711) . b1. Une formation déterminante

. b2. Premiers écrits : 1704 ;1710 Ode à Ste Geneviève + c) Premiers heurts (1711-1713) . c1. La haine du droit ; Me Alain, Thiériot . c2. Polissonneries : Mme d’Osseville ; Pimpette, fille de Mme Dunoye + d) Le Temple des libertins (avant 1715) . d1. Une initiation précoce et douce ; abbé de Châteauneuf 1706 ; La Fare et Chaulieu . d2. Un retour plus corsé ; 1714, duc de Vendôme ; Le Vrai Dieu 1715 — 2) Débuts agités dans le monde (1715-1725) + a) Exil et Bastille (1716-1717) . a1. Langue de vipère ; 1714 Le Bourbier, L’anti-Giton ; 1716 Sully-sur-Loire . a2. Faux-pas d’un Narcisse ; : J’ai vu… 1715 ; 1717 Puero regnante ; embastillé 11 mois, liberté définitive avril 1719 + b) Naissance de Voltaire, auteur dramatique : Œdipe (1718-1719) . b1. Un succès . b2. Un nom + c) Châteaux et cours (1720-1725) . c1. Cours et travaux ; 1720 duc de Richelieu et Lord Bolingbroke ; 1722 = 1ère version Épître à Uranie : « On te fait un tyran, en toi je cherche un Père. / Je ne suis pas chrétien, mais c’est pour mieux t’aimer. » > « religieux naturelle » ; 1723 La Ligue ; 1721 Laws, Pâris . c2. Royales faveurs ; 1722 Dubois ; 1725 Mme de Prie, Marie Leczinska — 3) L’exil en Angleterre : petite cause et grands effets (1726-1734) + a> L’affaire Rohan (1725-1726) . a1. L’humiliation ; décembre 1725 . a2. La trahison ; Bastille le 17 avril 1626 ; Londres mai + b> Le séjour anglais (1726-1728) . b1. Deuil et mélancolie ; lettre 1729 à Thieriot : « avoir encore assez de vie pour souhaiter d’en jouir, et trop peu de force pour le faire ; devenir inutile et insupportable à soi-même, mourir à soi-même, voilà ce que j’ai souffert et qui m’a été plus cruel que toutes les épreuves. » . b2. Des rencontres ; Falkener, Pope, Congreve, Swift ; Georges 1er le 27 janvier 1727 ; whig Walpole, d’Acosta et Medina ; Andrew Pitt ; Edward Higginson ; Clarke . b3. Travail et reconnaissance ; 1728 Henriade + c> Fruits parisiens de l’Angleterre (1729-1734) . c1. Histoire ; 1729 ; 1731 Histoire de Charles XII . c2. Théâtre et critique ; Zaïre 1732 (Orosmane, Nérestan) : « J’eusse été près du Gange esclave de faux dieux. », « S’il était né chrétien, que serait-il de plus ? »; 1733 Le Temple du goût . c3. Parutions des Lettres philosophiques (1733-1734) ;

1730 Adrienne Lecouvreur ; 1732 Maupertuis / Newton ;

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Letters concerning the English Nation, 1733 ; Lettres écrites de Londres sur les Anglais et autres sujets, 1734 à Londres ; Lettres philosophiques, 1734 à (Jore) ;

Fleury 1726-43 ; 10 juin 1734 ; juillet 1734 Cirey + d> Madame du Châtelet : Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de Breteuil — 4) Cirey (1734-1744) + 1> L’approfondissement des œuvres + 2> Voyages et relations — 5) Philosophie et cours européennes (1744-1753) + 1> Versailles (1744-1747) + 2> Lunéville (1747-1750) + 3> Berlin (1750-1753) — 6) Un philosophe à la frontière (1755-1778) + 1> Les Délices (1755-1760) + 2> Ferney (1760-1778)

II. La « première bombe lancée contre l’ancien régime » (Lanson) Les Lettres philosophiques et leur contexte

— 1) La religion à la question (Lettres I-VII et XXV) + a) L’Angleterre, terre d’hétérodoxie . a1. Schisme anglican : Henri VIII / Clément VII ( Catherine d’Aragon, Anne Boleyne, Jane Seymour) [1534 : Acte de suprématie] ; Elisabeth Tudor (1558-1603)

. a2. Terres ennemies de la France ; Révocation de l’édit de Nantes 1685 ; Coste/ Locke ; Pierre Bayle et sa Nouvelle République des Lettres àp 1683

. a3. Esprit sectaire — Quakers (Lettres I-IV) : George Fox 1642 > Guillaume Penn : Pennsylvanie ; Dictionnaire

philosophique 1764 = « j’aime les Quakers. Oui, si la mer ne me faisait un mal insupportable, ce serait ds ton sein, ô Pensylvanie, que j’irai finir le reste de ma carrière » ; Histoire des trembleurs du jésuite Catrou

— Presbytériens (VI) ; Sociniens (VII) : Lelio et Fausto Sozzini (ital. 2e/2 16e > Suisse et Pologne ;

+ b) Religion et esprit d’examen . b1. Facteurs favorisant extension de l’esprit critique aux questions religieuses :

. b2. Grandes figures de l’esprit critique — Spinoza : Tractatus theologico-philosophicus 1670, Éthique 1671 ; Malebranche Traité de

la nature et de la grâce 1680 — Pierre Bayle : 1681 Pensées sur la comète [1686 Fontenelle Histoire des oracles] ; 1684-

87 Nouvelle République des Lettres ; Commentaire philosophique, 1686 = « tout dogme particulier […] est faux, lorsqu’il est réfuté par les notions claires et distinctes de la lumière naturelle » ; 1695-97 Dictionnaire historique et critique

— Les libertins : Pomponazzi, Gassendi ; Saint-Évremond (1616-1703) ; La Fare et Chaulieu : « Mais sur l’essence divine / Je hais leur témérité, / Et je n’aime leur doctrine / Que touchant la volupté. » > Dieu « bienfaisant » et « pitoyable » : « La loi de la nature est sa première loi. » = déiste

. b3. Les déistes — Samuel Clarke, auteur du Traité de l’existence de Dieu (1705) ; Toland 1696

Christianisme non mystérieux 1696, Collins Discours de la libre pensée 1713

— 2) Histoire et gouvernement (Lettres VIII-X) + a) L’Angleterre : parlementarisme et révolution . a1. L’absolutisme parlementariste des Tudors (1529-1603) . a2. Les Stuarts et la révolution de 1649 . a3. Restauration et Glorieuse Révolution (1660-1688)

— Guillaume III d’Orange Nassau, stathouder de Hollande ; 1689 Bill of rights ; 1701 Acte d’établissement ; 1707 Acte d’Union

+ b> L’Angleterre de Voltaire . b1. Un régime ; Ligue d’Augsbourg (1689-97) > succession d’Espagne (1702-13) . b2. Hommes et partis

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— Whigs (Shaftesbury) et tories : sous Restauration (Charles II) = dénominations injurieuses échangées

— Sous George 1er (1714-1727) et George II (1727-1760) de Hanovre : whigs (Robert Walpole àp. 1721)

— 4) Physique et métaphysique (Lettres XI-XVII et XXV) + a> Locke et la leçon de l’empirisme . a1. 1690, Essai sur l’entendement humain = . a2. 1689, Essai concernant l’origine, l’extension et la fin véritable du gouvernement civil ≠ Léviathan de Hobbes 1651 + b> Newton contre Descartes . b1. Descartes (XIV, XV) : « l’intuition évidente et la déduction nécessaire » ; Discours de la méthode 1637 ; Méditations métaphysiques 1641 . b2. Bacon (1561-1626) : « père de la philosophie expérimentale » (XII. 84) ; Novum organum 1620 . b3. Newton (XIV, XV, XVI, XVII), Philosophiae naturalis principia mathematica 1687 ; 1738 Élts de la philosophi de N > 1740 Métaphysique de N : « il n’a point mis ses It° à la place de la vérité : ce que nos yeux et les mathématiques nous démontrent, il faut le tenir pour vrai ; ds tt le reste, il n’y a qu’à dire : J’ignore » (1741)

— 5) Littérature et gens de lettres (Lettres XVIII-XXIV) + a> L’Angleterre et l’avènement d’une littérature nationale moderne . a1. Poésie :

— Rien sur la poésie métaphysique (John Donne, 1572-1631), ms premier néoclassique : Edmund Waller (1606-1687) XXI 139-140 ; Samuel Butler (1613-1680) : Hudibras (1663)

— Milton repère chronologique (1608-1674) (XI. 80) :1667, Paradise lost — « M. Pope (1685-1744) (XIV, XXII 143 sq.) : Essay on criticisme 1705, The Rape of the

Lock (1714) [La Boucle de cheveux = traduit XXII] ; Essay on Man 1733 . a2. Théâtre

— Tragédie : * Lettre XVIII. 124 sq. : Shakespeare (1564-1616) > Volt. Brutus 1730, Mort de César

1735 ; Sémiramis 1748 ; Crébillon père, Thyeste (1707) * Aureng Zebe (1625) de John Dryden ; * Thomas Otway (1652-1685) : Venice preserved

(1682) [XVIII. 125] ; Joseph Addison (1672-1719) : Caton d’Utique (1713) in XVIII.127-8 ≠ The Spectator 1711 (1702 : Daily Courant) — Comédie

* ø Farquhar, The Beaux’ Stratagem (La Ruse des galants, 1707) ; Marivaux 1721 La Surprise de l’amour, Destouche (Le Glorieux, 1732), Nivelle de la Chaussée (Mélanide, 1741) ; Volt. L’Enfant prodigue 1736.

* Shadwell (1642-1692) ; William Wycherley (1641-1715) The Country Wife (1675 < École des femmes), The Plain Dealer (1676 < Misanthrope) ; John Vanbrugh (1664-1726) et William Congreve (1670-1729)

. a3. Prose : ø Robinson Crusoe de Daniel Defoe (1719) ; Jonathan Swift (1667-1745), Gulliver’s Travels (1726) + b> Le prisme français : sortir du grand siècle ? . b1. Le classicisme en débat : 1699, Mme Dacier > Houdart de la Motte (1713) : Volt. Bourbier 1714 ≠ Lettres sur Œdipe (1719) > Essay upon Epic Poetry (1727) ; . b2. Le grand basculement de la Régence : 1707 : Le Diable boiteux de Lesage, 1721 : Lettres persanes de Montesquieu (Provinciales de Pascal, 1656) ; Marivaux : 1721-24 Le Spectateur français, 1727 L’Indigent philosophe, 1734 Le Cabinet du philosophe, Vie de Marianne 1731-37, Paysan parvenu 1734-35

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INTRODUCTION

Voltaire (1694-1778) Lettres philosophiques (1734)

— 5) Littérature et gens de lettres (Lettres XVIII-XXIV) + a> L’Angleterre et l’avènement d’une littérature nationale moderne . a1. Poésie : bq. affirmée comme « musique » 142, conçu avant tt, avec les classiques, comme discours idéalisé (> importance de l’esprit : intelligence manifestée avec grâce — « je ne sais quoi » de la convenance / rigueur des « règles » : « goût » + « correction »).

— Rien sur la poésie métaphysique anglaise (cf. John Donne, 1572-1631), en revanche, évoque le premier néoclassique : Edmund Waller (1606-1687) = * parcours politique accidenté : se compromet pour Charles 1er > emprisonné et exilé > réconciliation / Cmwlll (éloge funèbre) > réhabilitation sous Restauration. * goût proche de la France — et c’est en ce sens que Volt. le commente (cf. Voiture ; XXI 139-140)

— Apprécie la satire chez Samuel Butler (1613-1680) : Hudibras (1663) / hypocrisies des puritains ; poème héroï-comique très renommé < Quichotte + emprunts à Scarron et Rabelais. * Volt. le cite < ex. de bizarrerie intraduisible.

— Pas un mot sur Milton, sinon comme repère chronologique d’un passé déjà lointain (XI. 80 / petite vérole) = (1608-1674) grand poète national anglais. * en 1649, prend défense des régicides > responsable des Affaires étrangères. * 1667, Paradise lost = histoire de la chute, avec grande place au Diable, qui suborne Adam et Ève ; où // possible entre Dieu et le roi + Satan et le soulèvement révolutionnaire > apologie du Diable ? Noirceur qui ne plaît pas à Volt. [≠ VH et Fin de Satan]

— « M. Pope (1685-1744), le Boileau d’Angleterre » (XIV) : cath. de mauvaise santé, poète à la gloire considérable db. 18e (selon Volt., meilleur poète au monde en 1727 > enthousiasme modéré in LP. XXII 143 sq.). * Publie Essay on criticisme 1705 (tôt lu par Volt. : équivalent anglais de l’AP de Boileau) ; poème héroï-comique The Rape of the Lock (1714) [La Boucle de cheveux = traduit et commenté par V in LP XXII > Lutrin] * Relations se distendent assez vite (pê dès l’Angleterre) < Volt. voit ds son Essay on Man 1733 (bcp aimé par Mme du Châtelet) mise en vers de ses remarques sur Pascal ; déisme plus optimisme de Pope > V l’associera (à juste titre) à Leibniz ds sa critique du providentialisme (« Tout est bien » : vers de Pope = Whatever is, is right) àp de 1755 (Poème sur le désastre de Lisbonne).

— « M. Pope (1685-1744), le Boileau d’Angleterre » (XIV) : cath. de mauvaise santé, poète à la gloire considérable db. 18e (selon Volt., meilleur poète au monde en 1727 > enthousiasme modéré in LP. XXII 143 sq.).

. a2. Théâtre — Tragédie :

* Lettre XVIII. 124 sq. = capital ds histoire du théâtre européen < introduit Shakespeare (1564-1616) en France, même si à travers prisme classicisant ; ms jeune Volt. conscient de la nécessité de faire évoluer moule tragique du classicisme français > empruntera à Sk sujets historiques et politiques (Brutus 1730, Mort de César 1735 — jouée dès 1733 < Julius Caesar de Sk 1600 + Mort de Pompée de Corneille 1643), et fera sa place au pathétique, à la noirceur, voire au spectaculaire (spectre ds Sémiramis 1748) — même si, àp de 1760, se lancera ds série de critiques bcp moins nuancé, se percevant comme dernier défenseur du goût classique / décadence du goût.

* Cf. grand auteur tragique du siècle en France, concurrent de Volt. = Crébillon père, dont premier grand succès = Thyeste (1707) : Atrée fait boire à Thyeste sur scène le sang de ses enfants ; exacerbation de la terreur et de la pitié.

* tragédies héroïque de la Restauration s’inspirent des romans aristocratiques continentaux ; effort vers rigueur française ms permanence d’un langage métaphorique chargé et d’une certaine violence > cite Aureng Zebe (1625) de John Dryden (surtt poète) ; gain en intériorité du pers. éponyme ; Poète Lauréat et historiographe du roi sous Jacques II : partisan des Stuarts, admirateur de L XIV et du classicisme français.

* Thomas Otway (1652-1685) infléchit le romanesque et l’héroïque vers le drame, en introduisant pers. de condition plus ordinaire et accentuant le pathétique ; cf. Venice preserved (1682) [que V. XVIII. 125] évoque en la comparant à Sk, pour pointer ridicule des comportements— alors que 18e sera plutôt siècle de modération ds tragédie anglaise]

* Joseph Addison (1672-1719) voit louer son Caton d’Utique (1713) in XVIII.127-8 < grand succès (pour raison politique, avant installation des Hanovre pour prolonger les Stuarts) + inflexion vers classicisme français ; pas d’évocation de ses entreprises journalistiques, ss doute déterminantes / écriture des LP. : avec Richard Steele puis seul, lance quotidien The Spectator 1711 = de sensibilité whig ; évite polémique, nouvelles et analyses diverses, des mœurs et mondaines, essai littéraire ; volonté = diffuser bnes manières et civisme devant illustrer Glorieuse révolution [1er quotidien du monde fondé à Londres 1702 : Daily Courant].

— Comédie [V. lui-même auteur de 12-15 comédies, dont certaines annoncent Beaumarchais] : Restauration = grande époque à cet égard < désir de délassement après période puritaine de Cmwl ; comédies en prose jouant sur schémas / bne soc anglaise (fs légères / provinciaux niais et séducteurs spirituels [vers personnage du « roué »]) ;

* évolution va vers critique de ce cynisme et mise en scène de la vertu récompensé : Volt. cite pas Farquhar, The Beaux’ Stratagem (La Ruse des galants, 1707) = inflexion de la galanterie vers simplicité et vertu ; cf. en France, apprécie pas comédie de la sensibilité de Marivaux (< précieux ; 1721 La Surprise de l’amour), admire

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Destouche (Le Glorieux, 1732), Nivelle de la Chaussée et comédie larmoyante (Mélanide, 1741) ; lui-même travaillera bientôt et pour longtemps mélange « de comique et de touchant », cf. L’Enfant prodigue 1736. * Shadwell (1642-1692) : pièces interdites à la fin du règne de Charles II ; whig ≠ cynisme ambiant, comedy of humours avec types bien campés ; mépris de Volt. (XIX, 129) reflète un contexte qu’il n’analyse pas. * William Wycherley (1641-1715) : tory proche de Charles II, qui en perd ensuite les faveurs ; The Country Wife (1675 < École des femmes) = met en scène Horner le faux castré, faiseur de cocus ; The Plain Dealer (1676 < Misanthrope) = Manly, marin bourru / Olivia mariée à son retour > moultes rebondissement que Volt. résume avec plaisir (XI, 130-131) : apprécie efficacité comique, malgré entorses à la vraisemblance et bienséances. * John Vanbrugh (1664-1726) et William Congreve (1670-1729) reprennent largement les schèmes de la Restauration en les polissant — cf. pers. de Loveless chez Vanb., comédie plus intellectuelle chez Congr..

. a3. Prose : presque rien, alors que grandes réussites du siècle seront en prose — et en particulier, rien sur le roman (Richardson : Pamela 1740, Fielding) > cf. opposition à la philosophie XIII.94.

— Silence / Robinson Crusoe de Daniel Defoe (1719) = bréviaire de morale puritaine (rien du romanesque à la française ; héritage picaresque + vers Bildungsroman) ; pas ss rapport avec cultiver son jardin…

— Admiration critique de Jonathan Swift (1667-1745), dont ne cite pas un seul titre (XXII.143) : or Gulliver’s Travels (1726) lu par V. > contribue à formation du conte philosophique : « Rabelais de bne cie ». * Roman philosophique et satirique mettant en scène un œil candide… * Engagement en faveur des Irlandais de cet anglais catholique d’Irlande, doyen de la cathédrale anglicane de Dublin ; misanthrope ; ms l’a connu et a aidé à la souscription de la Henriade.

+ b> Le prisme français : sortir du grand siècle ? . b1. Le classicisme en débat

— Renouveau de la Querelle des Anciens et des Modernes : * 1699, érudite helléniste Mme Dacier propose traduction en prose de l’Iliade > transposition en vers de Houdart de la Motte (1713) > querelle entre les deux > 1715 : fidélité au texte ancien, barbare ds son détail, pour en faire sentir beautés irrégulière, sublime / schématisation et modernisation (« bon goût » contre « grand goût » ; galisation de « l’esprit de géométrie » qu’illustre Descartes) + pose question de la poésie en dehors des vers (cf. Houdart : Télémaque de Fénelon = « poème en prose »).

— Position nuancée de Voltaire * Bourbier de 1714 le place du côté des Anciens (attaque Houdart) > Lettres sur Œdipe (1719) = modernes < dénonce absurdité des vieux textes, liés à leur époque, pédantisme des érudits et étroitesse des règles. * Essay upon Epic Poetry (1727) en Angleterre, en même temps que publie Henriade : épopée antique doit être rationalisée, schéma dramatique plus condensé, articulant sens moral et philosophique clair ; rigueur, clarté et unité comme critères intemporels du beau ms tenir compte des beautés propres à chaque tradition litt. (Le Tasse, Milton…) = condamne « ces esprits trop philosophiques qui ont étouffé en eux-mêmes tout sentiment » (fables antiques = fournissent images sensibles du vrai) ; insistera plus tard sur différence entre progrès philosophique et progrès ds les arts. * V. reste seul grand auteur du 18e à avoir voulu s’illustrer ds genres qu’Arist. place au sommet de sa hiérarchie : épopée et tragédie.

. b2. Le grand basculement de la Régence — Àp. 1715 et Régence, arrivée au pouvoir de la branche cadette des bourbons (Orléans : critique), puis renversement

d’alliance de Dubois puis Fleury > révolution du goût, très lié à influence anglaise : basculement vers modernité, mondanité et réalisme > changement des postures énonciatives littéraires et de la relation des auteurs / public.

— ≠ canons classique (grandes constructions rigoureuses et solennelles) et sollicitation de l’admiration : relation d’information (cf. journalisme < Angl. + satire du régime) et de réflexion (dvlppt. de la « philosophie », à travers la littérature même : cf. Télémaque de Fénelon, 1699) > en particulier, effervescence du roman : * 1707 : Le Diable boiteux de Lesage = effraction ds mœurs et jeu social * 1721 : Lettres persanes de Montesquieu (en plus de la polyphonie, jeu du points de vue ext. dont ex. glorieux = Provinciales de Pascal, 1656) * 1721-24 Le Spectateur français, 1727 L’Indigent philosophe, 1734 Le Cabinet du philosophe de Marivaux (< Steele et Addison) ; Vie de Marianne 1731-37, Paysan parvenu 1734-35

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LA DYNAMIQUE ÉPISTOLAIRE Voltaire (1694-1778)

Lettres philosophiques (1734)

— Intro. + Attaque :

. Outre correspondance très abondante, 17 titres de Volt. sont des Lettres

. Pratique max. des philosophes 18e : LP Montesquieu 1721, Lettre sur les aveugles de

Did. 1749 (tournant matérialiste) ; grand disc. de Rss. + traités > succès max. : NH 1761

. Affinité de la philosophie française du 18e et de Volt. en particulier avec forme

épistolaire ? [entre Discours et Méditations cartésiennes (dvlppt linéaire) et traités kantiens

(construction logique, organique)] < mvt ?

+ Analyse :

. Dynamique :

— de l’énoncé (à travers réénonciation de sa lecture) > question de la

composition (syntaxique / rhétorique [phrase] > du livre ds son

développement : thèmes, genres…)

— de l’énonciation : ethos de l’énonciateur / destinataire (identifier et lier

instances)

. Épistolaire : interroger un genre spécifique

— énonciation particulière

— histoire du genre : relation / roman + philosophie

. Concerne les LP = premier ouvrage « philosophique » de Volt.. (cf. John Morley,

1871) : « En partant pour l’Angleterre, Volt. était un poète ; en revenant, c’était un

sage. » [> cheminement, devenir — dynamique : à travers LP.]

— titre fluctuant : anglaise / philosophique > témoignage satirique / réflexion

critique (sens 18e en cours d’élaboration : amateur de la sagesse > position

éthique plus que métaphysique, ds relation pbmatique avec le savoir [foi],

essentielle avec la société).

+ Problématique :

Dans quelle mesure la forme épistolaire détermine-t-elle le développement d’une

pensée dans les LP de Voltaire ?

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— I. Lettres anglaises ou Lettres philosophiques ? La position épistolaire

+ 1) Classicisme : les propos d’un honnête homme

. a> Une parole personnelle ?

. b> Une situation d’échange

. c> L’art de la variété

+ 2) Rococo : la fiction épistolaire

. a> Crise de la vraisemblance (Guillerague > Addison)

. b> Décentrage (Montesq.)

. c> Séduction (narrativisation / dramatisation)

— II. Anglaises comme Provinciales ? Une dynamique argumentative

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+ 1) La satire

. a> Ironie

. b> Comédie

. c> Phrases

+ 2) La dialectique

. a> Démonter

. b> Démontrer

. c> Exposer

+ 3) L’éloquence

. a> Exemplarité

. b> Enthousiasme

. c> Indignation

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— III. Mouvements et fragments. Une philosophie épistolaire

+ 1) La tension didactique

. a> Structure et tache aveugle

. b> La recherche d’une clé de voûte

+ 2) Une pensée fuyante ?

. a> Des Lettres philosophiques aux « remarques […] sur les Pensées »

. b> Obsession, ressassement

— Concl.

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LA DYNAMIQUE ÉPISTOLAIRE Voltaire (1694-1778)

Lettres philosophiques (1734)

— I. Lettres anglaises ou Lettres philosophiques ? La position épistolaire

+ 1) Classicisme : les propos d’un honnête homme

. a> Une parole personnelle ?

. b> Une situation d’échange

. c> L’art de la variété

+ 2) Rococo : la fiction épistolaire

. a> Crise de la vraisemblance

. b> Décentrage

. c> Séduction

— II. Anglaises comme Provinciales ? Une dynamique argumentative

+ 1) La satire

. a> Comédie

. b> Ironie

. c> Phrases

+ 2) La dialectique

. a> Exposer

. b> Démontrer

. c> Démonter

+ 3) L’éloquence

. a> Exemplarité

. b> Enthousiasme

. c> Indignation

— III. Mouvements et fragments. Une philosophie épistolaire

+ 1) La tension didactique

. a> Structure et faille

. b> La recherche d’une clé de voûte

+ 2) Une pensée fuyante ?

. a> Des Lettres philosophiques aux « remarques […] sur les Pensées »

. b> Obsession, ressassement

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TOLÉRANCE RELIGIEUSE ET INQUIÉTUDE MÉTAPHYSIQUE

Voltaire (1694-1778)

Lettres philosophiques (1734)

— Intro. + Attaque :

. Volt. compose

— un Traité de métaphysique (1734-37) [non publié de son vivant] = réponse /

accusation d’athéisme < LP, puis approfondissement de l’argumentation vers

une morale sociale fondée sur utilité ; V en mvt. : pas tranquille

— et un Traité sur la tolérance (1763) : à l’occasion de l’affaire Calas [lutte pour

réhabilitation d’un protestant injustement accusé d’avoir tué son fils, qui aurait

été sur le point de se convertir > torturé et condamné à mort 1762 ; V obtient

réhabilitation 1765] ; démontre que pas de fondement divin ni humain /

intolérance religieuse + argumente / affaire.

. comme si deux seules questions méritant titre un peu lourd, peu voltairien, de

« traité » > quelle articulation entre tolérance religieuse et inquiétude métaphysique ?

+ Analyse :

. Tolérance religieuse = reconnaître comme légitime diversité des religions, entendues

à la fois comme formes de culte (institutions sociales) et de foi (conviction personnelle, ds

relation intime à dieu).

— articule le public et le privé (dont relation justement mouvante sous la

Régence et depuis l’âge classique, avec formation d’une opinion publique)

+ le profane et le sacré (mondain et transcendant).

— cf. discussion / étym de religion < religare (relier) / relegere (relire) :

question de ce qui fonde le lien social + évolution des croyances : déisme

voltairien fait évoluer croyance > doit refonder une morale sociale.

— prône une attitude de réserve : tolérer = admettre (≠ prôner, croire —

froideur) ; forme de suspens intérieur > pb. de l’adhésion à des formes

collectives, ms certitude / légitimité du pluralisme.

. Inquiétude métaphysique :

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— Inquiétude = mobilité subie de l’âme > peur ; pas seulement déploiement

dynamique d’un philosophe militant, mais affection intime

— Affecte la pensée métaphysique = qui concerne ce qu’il il y a après la

physique (/ œuvres d’Arist.) : ontologie, réflexion sur les causes premières

(non palpable) des phénomènes > ds contexte de développement du

rationalisme et surtout des sciences de la nature (> promotion d’un mode de

vérité propre, non révélé : mathématique depuis Galilée et Descartes >

empirique depuis Bacon, Locke et Newton), la plus grande réserve est

nécessaire = efforts de démonstration.

. > certitude sociale et difficulté métaphysique / question religieuse > les lier ?

+ Pbmatique : Dans quelle mesure la morale sociale de Voltaire se fonde-t-elle sur une

certaine irrésolution de son déisme ?

. I. L’attachement à la raison fonde satire des dogmatisme

. II. Mais : le fondement raisonnable de la position religieuse ne va pas ss difficultés,

entre évidence morale et critique de la métaphysique

. III. La foi hante la recherche d’une humanité fondée en raison

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— I. Une satire des dogmatismes

+ 1) Contre le despotisme

. a> Politique

. b> Religieux

+ 2) Contre la métaphysique

. a> Critique morale

. b> Critique rationnelle

— II. La religion raisonnable

+ 1) Une communauté d’évidences

. a> Sensation et religion

. b> Le vrai fait le bien

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. c> Un goût partagé

+ 2) Une nécessaire démonstration

. a> Harmonie politique

. b> Harmonie cosmique

. c> Les limites de la raison

— III. La résistance de la foi

+ 1) Obscurité des preuves

. a> Une société polémique

. b> Un cosmos irrationnel ?

+ 2) Inquiétude morale

. a> L’anti-Pascal ?

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. b> Affinités profondes

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TOLÉRANCE RELIGIEUSE ET INQUIÉTUDE MÉTAPHYSIQUE

Voltaire (1694-1778)

Lettres philosophiques (1734)

— I. Une satire des dogmatismes

+ 1) Contre le despotisme

. a> Politique

. b> Religieux

+ 2) Contre la métaphysique

. a> Critique morale

. b> Critique rationnelle

— II. La religion raisonnable

+ 1) Une communauté d’évidences

. a> Sensation et religion

. b> Le vrai fait le bien

. c> Un goût partagé

+ 2) Une nécessaire démonstration

. a> Harmonie politique

. b> Harmonie cosmique

. c> Les limites de la raison

— III. La résistance de la foi

+ 1) Obscurité des preuves

. a> L’histoire comme catastrophe

. b> Un cosmos irrationnel ?

+ 2) Inquiétude morale

. a> Relecture mondaine de Pascal

. b> Affinités profondes

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LA PASSION DU POLITIQUE Voltaire (1694-1778)

Lettres philosophiques (1734)

— Intro. + Attaque :

. « Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire / Voltige-t-il encore sur tes os

décharnés ? » > romantisme sentimental de Musset ds Rolla (1833) = donne image infernal de

Volt., comme ennemi (au-delà de Rss.) de tout sentiment humain. De tte passion ? cf. Mme de

Staël in De l’Allemagne (1810) = « gaîté infernale » de Volt., « indifférent à notre sort,

content de nos souffrances » Ms pas seulement destructeur < Musset l’interroge « comme

l’Éternel à la Création » = « Trouves-tu que c’est bien et que ton œuvre est bon ? » <

responsabilité ds ordre politique (AR > RF) : passion destructrice ?

+ Analyse :

. Passion < patior = subir, > souffrir + cf. passion christique (sacrifice pour rachat du

monde : insensibilité et même hostilité de Volt. / pathos chrétien, et en gal — ms pratique du

larmoyant ds ses tgdies).

— en tension évidente / raison : faculté qui porte premier mouvement des

Lumières ds filiation cartésienne = instance d’action, qui permet lucidité et

prise en main par l’h. de sa condition.

* id. / neutralité : parti pris > ds domaine politique = pulsion satirique

— pour Volt. : passion (amour propre) = moteur de tte action humaine

(libertinage philosophique + logique ds ordre universel > 1748

déterministe) : cf. opposition / Pascal.

. Politique : distinguer fém. et masc.,ms étym commune < polis = cité, collectivité

humaine organisée avec répartition des dts, devoirs et pouvoirs : tj. dominance chez Volt. de

la dimension politique comme « urbanité » (qualité conférée par la mise en commun, le débat,

le jugement social [critère de rationalité : cf. salon, mondanité])

— la politique : prise de position ds exercice et jeu concret du pouvoir [lien /

polémique] (> opposition / dogmatisme monarchiste + approbation du

parlementarisme ; approbation ou critique de telle ou telle mesure)

— le politique : pensée du pouvoir et de son exercice = élaboration d’une

théorie plus abstraite (cf. Esprit des lois de Montesquieu 1748 > Contrat

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social de Rss. 1762) ; pbmatique sur le long cours chez Volt. < peu

systématique, peu distinct justement d’une intervention concrète : ambition

diplomatique (alliance de F. II / France), lutte systématique contre

catholicisme = Ecr. l’inf. àp des années 60 > affaire Calas, protestation /

chevalier de La Barre 1766, libérer du servage paysans du Mont-Jura 1770,

soutenir loi du 20e, parlements Maupéou 1771.

— Critère invoqué = tj. rationalité (conformité aux droits naturels < Locke

1689 traité et Angl. : propriété et liberté)

+ Problématique :

Dans quelle mesure la pensée du pouvoir et de la société tiennent-elles, ds les LP,

à des partis pris dont ne peut rendre compte la seule raison ?

— I. L’exercice de la satire

+ 1) Une politique de l’ironie

. a> Le dispositif épistolaire

. b> Pulsion burlesque

+ 2) Une pratique de la véhémence

. a> Le sang

. b> Le mépris

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— II. Les raisons d’une politique

+ 1) L’exigence du libre examen

. a> Un traître cosmopolite

. b> Un analyste critique

+ 2) L’impossible système

. a> Une guerre sans fin ?

. b> Sur quoi fonder la cité ? (cosmos + commerce)

— III. Une ironie tragique ?

+ 1) Politique du sensible

. a> Politique esthétique

. b> Plaire et toucher (burlesque et épistolaire ; normativité)

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+ 2) Destin politique

. a> L’impossible solitude

. b> L’animal politique

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LA PASSION DU POLITIQUE Voltaire (1694-1778)

Lettres philosophiques (1734)

— I. L’exercice de la satire. Politique en acte

+ 1) Une politique de l’ironie

. a> Le dispositif épistolaire

. b> Pulsion burlesque

+ 2) Une pratique de la véhémence

. a> Le sang

. b> Le mépris

— II. Les raisons d’une politique. Politique de la pensée

+ 1) L’exigence du libre examen

. a> Un regard cosmopolite

. b> Un analyste critique

+ 2) L’impossible système

. a> Une guerre sans fin ?

. b> Sur quoi fonder la cité ?

— III. Une ironie tragique ? Politique existentielle

+ 1) Politique du sensible

. a> Politique esthétique

. b> Plaire et toucher

+ 2) Destin politique

. a> L’impossible solitude

. b> L’animal politique

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CONNAISSANCE ET SENSATION Voltaire

Lettres philosophiques (1734)

— Intro :

+ Attaque :

. Réalisation max. de la phi des Lumières = Encyclopédie (1550-59) de Diderot et

d’Alembert : présentation de connaissances empiriques plus que construction spéculative.

. Volt. : LP 36 comme DP 64 (cf. adj.) = abrégé de connaissances // 1766 Le

philosophe ignorant : contradiction ; comme si connaissances empiriques avaient alors un rôle

déterminant (> V. et les encyclopédistes comme diffuseurs) mais n’étaient pas la philosophie

(≠ érudition et sciences de la nature) >

+ Analyse :

. Connaissance : processus d’appréhension intellectuelle > son résultat.

— cf. ≠ce entre cognoscere (apprendre à connaître, chercher à savoir) et

sapere (savoir < avoir de la saveur, de la pénétration)

* résultat du processus = un acquis, une certitude (> pb. cartésien, ds

rapport au témoignage des sens > doute hyperbolique : ms nécessité de D

pour répondre à l’argument du malin génie) : étayée et transmise comment

(argumentation : logique et rhétorique).

* processus = intégration et organisation de données (≠ce entre

connaissance et information) : cf. traité (classement, articulation) ≠

Encyclopédie… > question du degré d’approfondissement (vulgarisation /

spécialisation) et de la structure.

— implique rapport à un O < question de la position de cet O et du rapport du

S : / idéalité (métaphysique) ou domaine phénoménal (réalité concrète,

sensible), et relation entre les deux > chez Desc. différence entre

connaissance sensible (action) et rationnelle (esprit, exercice de la raison >

entendement).

* quels Os et quel type de connaissance ?

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. Sensation : affection des sens par une réalité matérielle > conscience de cette

modification (> scolastique et cartésiens : « sens commun » comme organe centralisant les

sensations > élaboration des représentations, mémoire…).

— > opposition entre Locke (perception : des Os et des opérations de l’esprit)

et Descartes : sens trompent (> s’en abstraire) / sont le seul fondement àp

duquel s’élaborent les idées = refrain idéologique de Volt..

* approfondissement (prolongement) philosophique et scientifique de la

dimension politique des lettres.

— Domaine sensible ne peut, en dernière instance, rendre compte de toute la

pensée < V. accepte pas déterminisme matérialiste (La Mettrie, d’Hbach,

Diderot…).

* en particulier < dimension morale de l’homme : sensation proche et

différente / sensibilité (sens moral) qui pour Volt. comme Locke fonde

éthique universelle.

+ Problématique :

. = relation > délimitation réciproque, dans objectif « philosophique » :

Ds quelle mesure une pensée et une pratique des relations entre connaissance et sensation déterminent-elles la philosophie épistolaire de V. en 1734 ?

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— I. Une leçon d’empirisme

+ 1) Une morale du savoir

. a> À l’école de Locke

. b> La pente pragmatique

+ 2) Le progrès des sciences

. a> Une divine démonstration : Newton

. b> L’explosion des science expérimentales

— II. Une esthétique didactique ?

+ 1) La connaissance amusante

. a> Narrativisation : histoires, portraits, tableaux

. b> Esprit et comédie

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+ 2) Une poétique de la raison sensible

. a> Connaissance et mimèsis

. b> Le goût

— III. Les limites du sensible

+ 1) La connaissance et l’action

. a> Simplifications

. b> Information politique

+ 2) La mystique et la morale

. a> Voir Dieu ?

. b> Sentir le bien

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CONNAISSANCE ET SENSATION

Voltaire

Lettres philosophiques (1734)

— I. Une leçon d’empirisme

+ 1) Une morale du savoir

. a> À l’école de Locke

. b> La pente pragmatique

+ 2) Le progrès des sciences

. a> Une divine démonstration : Newton

. b> L’explosion des science expérimentales

— II. Une esthétique didactique ?

+ 1) La connaissance amusante

. a> Narrativisation : histoires, portraits, tableaux

. b> Esprit et comédie

+ 2) Une poétique de la raison sensible

. a> Connaissance et mimèsis

. b> Le goût

— III. Les limites du sensible

+ 1) La connaissance et l’action

. a> Simplifications

. b> Information politique

+ 2) La mystique et la morale

. a> Voir Dieu ?

. b> Sentir le bien

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UN TEMPLE DU GOÛT ?

LITTÉRATURE ET SOCIÉTÉ Voltaire

Lettres philosophiques (1734)

— Intro. + Attaque : couronnement de Voltaire par une foule en liesse (manifestation publique qui

inquiéta Versailles) = lors de la représentation de sa dernière pièce, tragédie Irène (30 mars

1778) alors que ne connaît plus que des échecs au théâtre depuis 1760 (changement de goût :

victoire de Sk, 1758 Essai sur la poésie dramatique Diderot > pensée du drame : sensibilité,

vertu bourgeoise, engagement politique : 1784 Mariage de Figaro Beaumarchais).

. > place de sa pensée de la litt. ds premier écrit philosophique.

+ Analyse :

. Titre métaphorique (allégorique) < ouvrage de Voltaire (1733) qui a susciter vives

polémiques < critiques visant contextes contemporains : en particulier nouvelle et ancienne

préciosité (Balzac, Voiture Benserade / Houdar de La Motte, Marivaux [tradition, filiation des

« modernes »]) > élaboration d’une image épurée du classicisme (néo-classicisme).

— ont faveur de Volt. : les grands auteurs du siècle de L XIV ; cœur du

sanctuaire = Racine, La Fontaine, Boileau, Quinault, Molière, Corneille,

Bossuet, Fénelon > Mme de Sévigné > Fontenelle…

— pas simplement traditionalisme : aussi rationalisme (montre les grands en

train d’amender leurs œuvres : épuration rationnelle // bienséances : cf.

Rabelais)

— rationalisme pbmatique < notion de « goût » : « le sentiment prompt des

beautés et des défauts ds tous les arts » (Encyclopédie, « Goût », 1756) —

et ds TG, à la fin le dieu du goût définit le vrai goût comme fils de la

nature, le faux comme fils de l’art.

* Beauté : existe une beauté universelle < existe une nature humaine, qui

est charmé tj et partt des mêmes choses (ex. action simple et claire > 3

unités ; ne pas ensanglanter la scène) — ms aussi des « beautés locales »

(notion in Essay upon the Epic poetry 1727), liées aux usages et sensibilités

des divers peuples : nécessité donc d’une ouverture aux autres cultures (>

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enrichir d’action la tragédie française (trop réductible à une

« conversation » ; « Disc. sur la tragédie », en tête de Brutus 1730 [tue son

fils comploteur]) ; classicisme libéral.

* Pour Volt. : goût se forme < lectures, culture, fréquentation de la bonne

société (apprentissage par imprégnation de la sensibilité, et non par

compréhension de règles) ; par réductible à sécheresse rationnelle (cf.

Houdart / Homère) ; filiation du « je ne sais quoi » classique (Bouhours

1671 > Montesquieu, « Essai sur le goût » in Encycl., posth. 1757) = ce qui

provoque une émotion (sentimentale ou esthétique) sans que l’on puisse

l’expliquer — forme tempérée du sublime ; s’obtient et s’éprouve avec sens

de la convenance des formes / talent propre de l’auteur, sujet et public.

* Relation à la nature (comme force de production [génie] et d’organisation

[goût]) > proximité et complémentarité du goût et du « génie » (cf. article

célèbre de Diderot in Encycl. 1757: « don de nature » ≠ goût > « De la

poésie dramatique » 1758 : « La poésie veut qqch d’énorme, de barbare et

de sauvage » [préromantique]) > hiérarchie : barbarie gothique < goût ss

génie (parfois Boileau : correct ms froid), talent et goût (Horace, Quinault),

génie ss goût (sublime et parfois bas : Homère, Sk, Corn.), génie et goût

presque parfait (Lf, Mol), alliance parfaite (Virgile et Racine).

— Temple : structure (fermée / ouverte) destinée à un culte (> convocation de

la présence d’un dieu)

. > question de la structure des LP (fermée / ouverte) et de la présence du

(bon, grand) goût en son sein (genre litt. ne prétendant pas à viser la beauté,

mais à représenter ex. de bon goût) + relation au religieux (communauté) et

à la sacralité (transcendance + interdit) [relation du métaphysique et du

religieux]

. Relation de la littérature et de la société : pas d’œuvre de goût possible sans

civilisation, cad. ss une vie sociale raffinée.

— C’est la fréquentation des œuvres, ms aussi des gens d’esprit, qui permet

formation du goût > production et réception avisée ; littérature comme

œuvre de civilisation (≠ barbarie, sauvagerie : plan éthique, politique [pas

majeur] et esthétique).

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— Réciproquement, grands génie ont, comme despote éclairé, rôle de

précepteur des peuples, dont ils forment le goût par leur brillant exemple

(avant inévitable décadence des épigones : in SL = « le génie n’a qu’un

temps, après quoi il dégénère ») : cf. Essai sur les mœurs.

+ Problématique : Quels types de relations humaines semblent se trouver promues à

travers la poétique des LP ?

— I. « Un classicisme libéral ». Une littérature éclairée

+ 1) Une ouverture à la barbarie

. a> Le sublime et le grotesque

. b> Toucher les sens : intrigue et bienséances

+ 2) Un tropisme académique

. a> L’oubli du roman

. b> L’élection du bon goût

— II. La société des gens de goût. Éthique et politique d’une poétique

+ 1) Sur la considération qu’on doit aux gens de lettres

. a> Le mérite

. b> Éclairer la nation

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+ 2) Poétique de la raison combattante

. a> Les moyens de la satire

. b> Permanence de l’honnêteté

— III. Misanthropie sublime et littérature raisonnable. La religion des Lettres

+ 1) Aveuglement sublime

. a> Pascal shakespearien

. b> L’indécence du pari

+ 2) Sauver le temple

. a> Au fond du ciel étoilé

. b> Un culte civile : l’impossible solitude

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UN TEMPLE DU GOÛT ? LITTÉRATURE ET SOCIÉTÉ

Voltaire

Lettres philosophiques (1734)

— I. « Un classicisme libéral ». Une littérature éclairée

+ 1) Une ouverture à la barbarie

. a> Le sublime et le grotesque

. b> Toucher les sens : intrigue et bienséances

+ 2) Un tropisme académique

. a> L’oubli du roman

. b> L’élection du bon goût

— II. La société des gens de goût. Éthique et politique d’une poétique

+ 1) « Sur la considération qu’on doit aux gens de lettres »

. a> Le mérite

. b> Éclairer la nation

+ 2) Poétique de la raison combattante

. a> Les moyens de la satire

. b> Permanence de l’honnêteté

— III. Misanthropie sublime et littérature raisonnable. La religion des Lettres

+ 1) Aveuglement sublime

. a> Pascal shakespearien

. b> L’indécence du pari

+ 2) Sauver le temple

. a> Au fond du ciel étoilé

. b> Un culte civile : l’impossible solitude

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DS1 Voltaire (1694-1778)

Lettres philosophiques (1734)

« (T)el est le paradoxe du voyage voltairien : manifester une immobilité. »

Dans quelle mesure cette affirmation de Roland Barthes, dans « Le dernier des

écrivains heureux », texte paru en 1958 pour servir de préface aux Romans et contes de

Voltaire, vous semble-t-elle pouvoir éclairer la lecture des Lettres philosophiques ?

— Intro. : + Attaque :

. Ds panorama litt. des LP, Volt. mentionne ni Gulliver de Swift (1726) ni Robinson

Crusoe de Defoe (1719) = déterminants pour devenir du roman (épreuve, formation) ms aussi

ss doute pour conte phi voltairien > malgré déplacement ds l’espace, inaptitude foncière à

percevoir l’altérité > fonde rem. Barthes.

+ Analyse :

. Ce qui fait que le voyage voltairien est paradoxal — ce qui fait qu’un voyage est

paradoxal quand il est voltairien = il manifeste une immobilité.

— > Volt. (sa pensée, son écriture, son œuvre) fait du voyage (déplacement,

apprentissage, transformation) une immobilité (confirmation, figement,

identité).

. Tension entre mvt. et immobilité = Barthes dénonce un faux voyage ; mouvement du

corps devrait se traduire par mouvement de la pensée (progressisme : messianisme

marxiste ?), or : confirmation d’une idéologie (Volt. comme porte parole de la bourgeoisie).

— litt. de voyage : cf. récit de croisades > Pilgrim’s progress de John Bunyan

1678 (voyage allégorique de Chrétien, depuis cité de la Destruction jusqu’à

Cuité céleste ; charge de ses péchés tombe quand passe devant la croix —

répond à ce qui reste de ferveur puritaine pendant Restauration) = modèle

de l’initiation religieuse, du parcours du chrétien (pécheur) vers le salut ; >

informe voyage profane : Marco Polo, C. Colomb : confrontation violente /

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altérité (monstres chez M. Polo) > amendement de soi-même selon

catégories connues au départ.

— cf. Gulliver de Swift (1726) : dynamique satirique (par le merveilleux) ≠

Robinson Crusoe de Defoe (1719) = confirmation de la morale puritaine

[secte de presbytériens —singulier que Volt. les cite pas : déterminants ds

révolution anglaise = lecture de la Bible avant tout > extrême rigueur

morale (rejet du monde et surtout des Stuart) + attachement à la conscience

individuelle (> politiquement subversif) + sentiment d’élection dont

enrichissement = un des signes ; Robinson = épreuve et rachat après faute

initiale : désobéissance au père.

— Mais : LP ≠ roman ; dispositif fictif au service de l’élaboration d’un

discours ; cadre énonciatif (lettres entre français) contient éléments d’un

récit de voyage (Angleterre : substrat empirique = reportage comme base

d’une philosophie) ; élaboré àp d’un séjour plus que d’un voyage : faible

présence de la dimension spatiale [aucun parcours concret n’est raconté ;

aucune scène d’extérieur] : voyage abstrait = mental, intellectuel (cf.

Sentimental de Sterne…) — vérification de préjugés ou élaboration critique

d’une pensée ?

* ds quelle mesure voyage permet modification d’une pensée : cf.

approfondissement des lectures de Volt. (Locke, Newt > continue même

après : Cirey) — plutôt : œuvres ultérieures de Volt. comme confirmation

de ce premier voyage anglais (qui lui-même s’inscrit ds l’esprit du temps :

changements esthétiques et politiques intervenus avec fin du règne de L

XIV) : diffusion de Locke et Newton = nouveauté, de même que défense du

parlementarisme pas évident ds contexte plutôt de réaction nobiliaire (/

centralisme monarchique).

* permanence : de traits libertins, anti-religieux déjà présents avant +

permanence de l’héritage classique.

. Cette tension = manifeste le paradoxe que constitue voyage voltairien :

— paradoxe = à la fois vrai et faux + heurte le bon sens, l’opinion commune.

* ce voyage n’en est pas un : cf. persans de Montesq. = permet surtout une

vision de la soc. française + pose pê pb. de la composition des lettres, qui

ne proposerait pas un itinéraire (discutable : discontinuité mais

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approfondissement + retour [ressassement — intrication, entremêlement

des thématiques et problématiques : religieuses, politiques, scientifiques,

esthétiques…]) ; difficulté ds progression vers construction d’une pensée.

* énoncé paradoxal : vrai et faux selon façon de le prendre (énoncé /

énonciation : apparence / intention) > cf. ironie, comme lieu commun du

ton, du style voltairien

* heurte conception contemporaine (de Barthes ?) : par son fixisme, qui

interroge le progressisme, l’historicisme — pertinence et effet de

l’essentialisme classique chez V. : confort ironique + vision tragique.

— manifeste : dynamique essentielle chez Volt. = celle d’une divulgation

(vulgarisation + profanation).

* en même temps : ironie et stratégie polémique = empêchent transparence

absolue de l’écriture, qui procède par allusions et détours (ne serait-ce que

le détour anglais > méandres).

+ Problématique :

L’épreuve de l’altérité, dans l’écriture des LP, ne permet-elle qu’en apparence l’élaboration critique d’une pensée ?

— I. Plein d’usage et raison. Une leçon anglaise

+ 1) Un petit guide d’initiation

. a> Une visite guidée

. b> Une visite ciblée

+ 2) Un moment de pensée

. a> Un décentrage européen

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. b> Un arrachement voltairien ?

— II. Un voyage immobile ? Le goût et la pensée

+ 1) Nuances Régence

. a> La religion ridicule

. b> Insertions vénériennes

. c> Jamais fâcheux (contre ennui)

+ 2) Morale bourgeoise ?

. a> Utilité

. b> Simplicité

. c> Compétence

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— III. Mouvement bloqué. La tragi-comédie philosophique

+ 1) Entre Pascal et Molière

. a> Le refoulé janséniste

. b> L’échappée comique

. c> Le paradoxe ironique

+ 2) Vertige rococo

. a> L’emmêlement du voyage

. b> Nerveuse contemplation

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DS1 Voltaire (1694-1778)

Lettres philosophiques (1734)

« (T)el est le paradoxe du voyage voltairien : manifester une immobilité. » (Roland Barthes, 1958)

— Problématique : L’épreuve de l’altérité, dans l’écriture des LP, ne permet-elle qu’en apparence l’élaboration critique d’une pensée ? Pas de paradoxe ? Le voyage en Angleterre permet à Voltaire découverte de l’autre et de soi. — I. Plein d’usage et raison. Une leçon anglaise + 1) Un petit guide d’initiation . a> Une visite guidée . b> Une visite ciblée + 2) Un moment de pensée . a> Un décentrage européen . b> Un arrachement voltairien ? Cette évolution n’a donc de sens que par rapport à la France. En outre, elle permet surtout à Voltaire de devenir ce qu’il est : manifestation condensée d’une identité paradoxale. — II. Un voyage immobile ? Le goût et la pensée + 1) Nuances Régence . a> La religion ridicule . b> Insertions vénériennes . c> Jamais fâcheux + 2) Morale bourgeoise ? . a> Utilité . b> Simplicité . c> Compétence L’œuvre voltairienne a dû prendre de la distance pour affirmer sa dynamique originale. Elle peine à se situer : son mouvement constant manifeste la permanence du difficile problème religieux. — III. Mouvement bloqué. La tragi-comédie philosophique + 1) Entre Pascal et Molière . a> Le refoulé janséniste . b> L’échappée comique . c> Le paradoxe ironique + 2) Vertige rococo . a> L’emmêlement du voyage . b> Nerveuse contemplation Ce mouvement démonstratif toujours recommencé manifeste la fixité d’une interrogation métaphysique. — Conclusion L’épreuve de l’altérité permet à Voltaire que se manifeste pour la première fois, dans l’écriture des LP, la singularité d’une pensée critique. Celle-ci ne cesse de reprendre et de varier des affirmations et des moyens littéraires bien reconnaissables. La fixité que manifeste paradoxalement ce mouvement tient peut-être autant à la dimension tragique d’un fond métaphysique irrésolu, qu’à la bonne conscience d’un idéologie bourgeoise triomphant déjà de l’ancien régime.