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Lignes directrices contention et isolement - 2011

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LIGNES DIRECTRICESDécider de l’utilisation des mesures de contention et d’isolementdans le cadre de la Loi sur les services de santé et des servicessociaux et de la Loi sur les services de santé et des servicessociaux pour les autochtones cris

AUTEUR :

Alain HÉBERT, T.S., Chargé d’affaires professionnelles, secteur travail social, direction du développement professionnel,OTSTCFQ.

MEMBRES DU GROUPE DE TRAVAIL :Luc BEAUREGARD, T.S., CRDI Gabrielle Major, Denise COUTURE, T.S., Hôpital Douglas, Sylvie GIROUARD, T.S., CSSS Jardin Roussillon, Martine LAROSE, T.S., CSSS Jardin RoussillonMarie-France RACINE-GAGNÉ, T.S., Hôpital Louis H. Lafontaine

Merci à tout le personnel de la permanence de l’Ordre, particulièrement aux professionnels de la Direction du développementprofessionnel pour leur soutien et pour leurs avis éclairés.

GRILLE GRAPHIQUEMISE EN PAGE ET IMPRESSION : Litho SB, Laval

RÉVISION ET PRODUCTION : Direction des communications, OTSTCFQ

DÉPÔT LÉGALISBN-13 978 2 920215 33 7Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2011Bibliothèque et Archives Canada, 2011

Le document Lignes directrices; décider de l’utilisation des mesures de contention et d’isolement dans le cadre de la Loisur les services de santé et des services sociaux et de la Loi sur les services de santé et des services sociaux pour lesautochtones cris a été adopté par le Conseil d’administration de l’OTSTCFQ en décembre 2010.

NOTA : dans ce texte, le genre masculin désigne aussi bien les femmes que les hommes. L’utilisation du pluriel comprendle singulier, le cas échéant.

La reproduction en tout ou en partie du contenu de ce document est permise à la condition d’en mentionner clairement lasource.

Ce document est soumis à la politique de réduction d’empreinte écologique de l’Ordre, voulant que tous les documents soient

d’abord et avant tout accessibles sur notre site Internet ( www.otstcfq.org ) et qu’un nombre minimal de copies soit imprimé.

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À l’instar de la Loi 90 (Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dansle domaine de la santé), adoptée le 14 juin 2002, la Loi 21 (Loi modifiant le Code des professions etd’autres dispositions dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines), adoptée le 18juin 2009, apporte une nouvelle définition des champs d’exercice des travailleurs sociaux et desthérapeutes conjugaux et familiaux. Elle accorde également à certains professionnels la réserve(exclusive ou partagée) de la pratique d’activités à risque de préjudice dans le domaine de la santémentale et des relations humaines, de même qu’elle prévoit l’encadrement de la pratique de lapsychothérapie.

Pour les travailleurs sociaux, le champ d’exercice consiste à : « évaluer le fonctionnement social,déterminer un plan d’intervention et en assurer la mise en œuvre ainsi que soutenir et rétablir lefonctionnement social de la personne en réciprocité avec son milieu dans le but de favoriser ledéveloppement optimal de l’être humain en interaction avec son environnement ».

Pour les thérapeutes conjugaux et familiaux, le champ d’exercice consiste à : « évaluer la dynamiquedes systèmes relationnels des couples et des familles, déterminer un plan de traitement etd’intervention ainsi que restaurer et améliorer les modes de communication dans le but de favoriserde meilleures relations conjugales et familiales chez l’être humain en interaction avec sonenvironnement».

De plus, tous les professionnels visés par la Loi 21 voient leur champ d’exercice bonifié de la phrasesuivante : « L’information, la promotion de la santé et la prévention du suicide, de la maladie, desaccidents et des problèmes sociaux auprès des individus, des familles et des collectivités fontégalement partie de l’exercice de la profession du membre d’un ordre dans la mesure où elles sontreliées à ses activités professionnelles ». 

Ces nouvelles définitions des champs d’exercice et l’attribution d’activités réservées ont des impactssur la pratique des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux. Afin de bien établirla marque distinctive de chacune de ces professions et pour souligner leur apport spécifique, l’Ordredes travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec a produit plusieursdocuments dont celui-ci, Lignes directrices; décider de l’utilisation des mesures de contention etd’isolement dans le cadre de la Loi sur les services de santé et des services sociaux et de la Loi surles services de santé et des services sociaux pour les autochtones cris, que nous sommes fiers devous présenter et que nous vous invitons à lire avec attention.

Claude Leblond, T.S., M.S.s. Ghislaine Brosseau, T.S.Président Secrétaire et directrice générale

Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec

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Table des matières

Avant propos 3

Introduction 5

1. Mise en contexte 6

2. Le cadre légal et les balises clinico-administratives 82.1 Activités réservées et lien avec le champ d’exercice 82.2 Finalité et paramètres du recours aux mesures de contrôle 92.3 Définitions, philosophie d’intervention et principes directeurs 102.4 Contextes d’intervention et consentement 12

3. Aspects cliniques de l’intervention du travailleur social 133.1 La notion de décision 133.2 L’évaluation de la situation 143.3 La planification des interventions 163.4 Communication et application du plan d’intervention 193.5 Réévaluation de la situation 203.6 Particularités reliées à l’intervention non planifiée 203.7 Activités transversales du travailleur social 21

4. Considérations éthiques et déontologiques 234.1 Tenue de dossier 234.2 Une pratique réflexive et critique axée sur le pouvoir d’agir 234.3 L’engagement du travailleur social dans les mesures préventives 254.4 Responsabilité, développement et soutien professionnels 25

Conclusion 26

Bibliographie 27

Annexes 29

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INTRODUCTIONParmi les dix activités réservées aux travailleurs sociaux par la Loi 21, deux sont relatives à la décisiond’utiliser des mesures de contrôle du comportement d’une personne dans le cadre de l’applicationde la Loi sur les services de santé et des services sociaux (LSSSS, chapitre S-4.2) et de la Loi sur lesservices de santé et des services sociaux pour les autochtones cris (LSSSS, chapitre S-5). L’uneporte sur l’utilisation de mesures de contention physique tandis que l’autre concerne les mesuresd’isolement. Ce document de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux etfamiliaux du Québec (ci-après l’Ordre) propose des lignes directrices visant à guider la pratiqueprofessionnelle des travailleurs sociaux et à les soutenir dans l’exercice de ces activités danslesquelles ils n’ont, à ce jour, jamais été impliqués directement. En raison des similitudes quicaractérisent ces deux activités nous avons choisi de les traiter dans un même document.L’implication des travailleurs sociaux dans ces activités représente un défi stimulant dans le meilleurintérêt des personnes concernées.

Ces lignes directrices s’appuient sur le cadre légal québécois, des données probantes issues de lalittérature scientifique, des points de vue d’usagers de diverses sources ainsi que sur le référentaxiologique et normatif des travailleurs sociaux. Élaborées en collaboration avec un groupe de travailformé spécifiquement à cette fin, elles font la promotion d’une activité professionnelle rigoureuse,réflexive et centrée sur l’exercice du jugement clinique et professionnel, allant dans le sens du respectde la dignité et de la défense des droits fondamentaux des personnes susceptibles d’être concernéespar la contention ou l’isolement. Ces lignes directrices sont aussi rédigées en référence et encomplément à d’autres documents publiés par l’Ordre dont la lecture est recommandée, notammentle Cadre de référence sur l’évaluation du fonctionnement social1.

Pour l’Ordre, il s’avère fondamental que les travailleurs sociaux inscrivent leurs activitésprofessionnelles dans le sens des orientations et des lois en vigueur au Québec en matière decontention et d’isolement, tout en s’y investissant en fonction de leur champ d’exercice. Pour cefaire, il est nécessaire de bien connaître les orientations qui encadrent les activités réservées en elles-mêmes et le contexte dans lequel elles s’inscrivent. C’est l’objet de la première partie du présentdocument. Dans un second temps, la notion de décision impliquée dans ces activités sera précisée.Sont ensuite proposés des repères quant au processus décisionnel et aux rôles attendus destravailleurs sociaux au plan clinique. Des considérations d’ordre éthique et déontologique viennentenfin clore ces lignes directrices qui visent à valoriser le jugement professionnel des travailleurs sociauxamenés à décider de l’utilisation de mesures de contention et d’isolement, dans un contexteinterdisciplinaire.

Les travailleurs sociaux sont en effet appelés à exercer un rôle extrêmement critique face au recoursà de telles mesures. En ce sens, leur contribution devrait surtout consister à mettre en évidence leurimpact sur le fonctionnement social des personnes et à œuvrer à la mise en place de mesuresalternatives dans la perspective d’en éliminer l’usage.

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1 Voir en particulier, parmi les publications de l’Ordre dont il est fait mention le Cadre de référence sur l’évaluation du fonctionnement social (2010), L’éthique et les travailleurs sociaux; éléments de réflexion et guide de délibération (2007), le Guide de normes pour la tenue des dossiers et des cabinets de consultation (2006), le Référentiel des compétences des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux (2005).

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Les pratiques de contrôle du comportementdes personnes telles que la contention etl’isolement remontent très loin dans l’Histoireet leur usage traverse pratiquement toutes lessociétés. Contestées dans certains paysd’Europe dès le 18e siècle, ces pratiques ontégalement été sérieusement remises en causeau Québec au cours des trente dernièresannées. Dans le sillage du mouvement pourl’humanisation des soins, amorcé notammentpar la publication de l’ouvrage Les fous crientau secours2, des groupes d’usagersréclamèrent plus tard la fin du recours auxmesures de contrôle en mettant en évidencetant les effets négatifs qui en découlent quel’entrave aux droits humains fondamentauxqu’elles constituent.

En 1998, l’article 118.1 fut incorporé à laLSSSS par le législateur québécois dans le butde baliser l’utilisation des mesures de contrôledans l’ensemble du réseau de la santé et desservices sociaux3. Au cours de la décenniesuivante, plusieurs actions ont été entreprisespour en concrétiser la finalité. Après le

Colloque international de l’Association desGroupes d’Intervention en Défense des Droitsen Santé Mentale du Québec (A.G.I.D.D.-S.M.Q.), en 1999, et celui de l’Association desHôpitaux du Québec (A.H.Q.)4, l’annéesuivante, des orientations ministérielles dotéesd’un plan d’action triennal furent adoptées, en2002, par le ministère de la Santé et desServices sociaux (MSSS). La publication deces documents amena l’A.H.Q. à effectuer en2004 une édition révisée de son Cadre deréférence Utilisation exceptionnelle desmesures de contrôle : contention et isolement5

publié quatre ans plus tôt. La production d’unProgramme national de formation en 20066

servit ensuite de base à la réalisation d’unetournée de formation dans le réseau de lasanté et des services sociaux afin de mieuxactualiser la philosophie de réduction desmesures de contrôle mise de l’avant par leMSSS. L’Ordre participa sur invitation à laconsultation au sujet de ce Programme enformulant plusieurs commentaires et recom -mandations à la fin du processus de rédaction.

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1. Mise en contexte

2 PAGÉ, Jean-Charles 1961). Les fous crient au secours, Édition du Jour.

3 J. Desrosiers (2006) note qu’au départ, le projet d’article ne devait viser que le contexte de soins psychiatriques, mais que la portée en fut étendue également aux autres contextes de soins touchant les jeunes, les personnes âgées et les personnes aux prises avec un problème de santé physique.

4 Devenue l’Association Québécoise des Etablissements de Santé et de Services Sociaux (AQESSS) suite à la fusion avec l’Association des CLSC et des CHSLD avec l’adoption du projet de loi 25 en 2003.

5 AHQ (2004). Cadre de référence. Utilisation exceptionnelle des mesures de contrôle : contention et isolement, Édition révisée 2004, 60 p.

6 MSSS (2006). Programme de formation « Vers un changement de pratique afin de réduire le recours à la contention et à l’isolement », Gouvernement du Québec.

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Il convient de noter un autre changementimportant survenu récemment au Québecconcernant les pratiques professionnelles decontention et d’isolement. La loi 90, modifiantle Code des professions et d’autresdispositions dans le domaine de la santé,adoptée en 2002, attribuait à d’autresprofessionnels que les médecins la possibilitéde décider de l’utilisation des mesures decontention et d’isolement à savoir lesinfirmières, les ergothérapeutes et lesphysiothérapeutes. La toute récente Loi 21vient élargir à nouveau le spectre en attribuantégalement aux travailleurs sociaux, auxpsychologues ainsi qu’aux psychoéducateursla réserve, en partage, de ces activités. Lesétablissements du réseau de la santé et desservices sociaux où se pratiquent ces activitésdoivent donc intégrer ces professionnels, enl’occurrence les travailleurs sociaux, dans lesprocessus décisionnels qui y sont reliés.

D’autre part, les craintes exprimées parcertains groupes7 voulant que la multiplication

des professionnels autorisés à décider del’utilisation des mesures de contention etd’isolement aille à l’encontre de la visée de leurréduction – voire de leur élimination prônée parle MSSS – ne sauraient être ignorées. Laréserve de ces activités dans le cadre de la Loi21 vient cependant confirmer à la fois le risquede préjudice important qu’elles comportentpour les personnes qui peuvent en faire l’objetainsi que la contribution possible, souhaitableet unique des travailleurs sociaux dans leprocessus de décision de leur utilisation.Puisqu’elles entraînent la suspension de droitscivils individuels garantis par les Chartes desdroits et libertés et les lois québécoises8 touten étant susceptibles de produire des effetsdélétères sur les personnes, leurs proches,leurs familles et même sur les professionnelset autres membres du personnel desétablissements impliqués, décider del’utilisation de telles mesures représente uneintervention exceptionnelle et complexe qu’ilconvient de fonder, de justifier, de baliser etd’éclairer.

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7 Voir la position exprimée par l’AGIDD-SMQ dans son Mémoire concernant le projet de loi 50,présenté à la Commission des Institutions, février 2008. Cette association milite en faveur de l’élimination du recours aux mesures de contrôle. À son initiative, plus de 200 groupes et1000 personnes signaient une déclaration en ce sens adressée au ministre de la Santé et desServices sociaux, au printemps 2009.

8 À ce sujet, on trouvera à l’Annexe 1 quelques extraits significatifs de la Charte canadienne des droits et libertés et de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.

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Outre les questionnements apportés par lamontée des droits humains et les groupesd’usagers, le cadre légal et les orientationsministérielles récentes au Québec ont étédéveloppés à partir d’un double constat.Premièrement, une forte prévalence del’utilisation des mesures de contention etd’isolement existe toujours sans que soientexplorées suffisamment les possibilités demise en œuvre de mesures alternatives ou deremplacement. D’autre part, paradoxalement,les conclusions de la recherche tendent àdémontrer le caractère mitigé des résultatsobtenus par ces mesures et à plutôt mettre enévidence les impacts négatifs que leur recoursengendre tant pour les personnes que pourleur entourage, les professionnels et lepersonnel impliqués9.

Ces constats valent autant pour les milieux desoins et d’hébergement de courte durée quepour ceux de longue durée et pointent vers lefait qu’aucune base théorique solide10 ne vientétayer le bien-fondé de l’utilisation desmesures de contention et d’isolement, que cesoit auprès des jeunes, des personnes vivantavec un problème de santé mentale, unedéficience intellectuelle ou des personnes

âgées. Il convient d’en prendre acte car la priseau sérieux de ces constats motive et supportela nécessité de développer une interventionrésolument orientée vers la finalité d’un recourstout à fait exceptionnel à ces mesures, finalitérecherchée par la législation québécoise et lesorientations ministérielles et que les travailleurssociaux partagent en fonction des principes etvaleurs qui fondent leur profession11.

2.1 Activités réservées et lien avec le champ d’exercice

Les activités relatives à la décision d’utiliserles mesures de contention et d’isolementattribuées en partage aux travailleurs sociauxsont libellées de la manière suivante dans laLoi 21.

Décider de l’utilisation desmesures de contention dans lecadre de l’application de la Loi surles services de santé et lesservices sociaux (chapitre S-4.2)et de la Loi sur les services desanté et les services sociaux pourles autochtones cris (chapitre S-5).

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2. Le cadre légal et les balisesclinico-administratives

9 Voir une revue de littérature effectuée dans MSSS (2006). Programme de formation «Vers un changement de pratique afin de réduire le recours à la contention et à l’isolement», Module : Le changement de pratique en matière d’application de mesures de contrôle : l’argumentation en faveur d’un changement de pratiques, Gouvernement du Québec, ainsi que et MORIN, P. et MICHAUD, C. (2003). «Mesures de contrôle en milieu psychiatrique : trois perspectives pour en guider la réduction, voire l’élimination» dans Santé mentale au Québec, vol. 28, no 1, p. 127ss.

10 Voir les références de la note précédente.

11 Voir à l’annexe 2.

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Décider de l’utilisation desmesures d’isolement dans lecadre de l’application de la Loi surles services de santé et lesservices sociaux et de la Loi sur lasanté et les services sociaux pourles autochtones cris.12

Ces activités sont les seules à ne pas êtreformulées en termes d’évaluation ou dedétermination d’un plan d’intervention. Il nes’agit pas ici « d’évaluer » ou de « déterminer »,comme c’est le cas pour les autres activitésdans la Loi 21, mais bien de « décider ». Lanotion de décision n’y étant pas explicitée, unecompréhension du sens qu’elle peut prendrepour les travailleurs sociaux est présentéedans la section 3.1.

La loi 21 prévoit également que les activitésréservées soient exercées par chaqueprofessionnel, en fonction de son champd’exercice. Les travailleurs sociaux ont pourleur part à décider de l’utilisation des mesuresde contention et d’isolement sous l’angle del’évaluation et du rétablissement dufonctionnement social des personnes pourfavoriser leur développement optimal.

Le champ d’exercice se formule comme suitdans la Loi 21 :

Évaluer le fonctionnement social,déterminer un plan d’interventionet en assurer la mise en œuvreainsi que soutenir et rétablir lefonctionnement social de lapersonne en réciprocité avec sonmilieu dans le but de favoriser ledéveloppement optimal de l’êtrehumain en interaction avecl’environnement.

C’est donc en regard du fonctionnementsocial que le travailleur social doit mener sesactivités professionnelles relatives au fait dedécider de l’utilisation des mesures decontention ou des mesures d’isolement. Lefonctionnement social renvoie aux interactionset aux interinfluences entre les capacités et lesaspirations d’une personne à assurer son bien-être, à réaliser ses activités de la vie quoti-dienne et ses rôles sociaux pour satisfaire sesbesoins avec les attentes, les ressources, lesobstacles et les opportunités de sonenvironnement13. Il s’agit de l’objet d’analyse,d’évaluation et d’intervention du travail social.

2.2 Finalité et paramètres du recoursaux mesures de contrôle

L’article 118.1 de la LSSSS contient unedéfinition générale des mesures de contrôle quiprécise leur finalité et fixe certains paramètrespar rapport à l’intervention et à la tenue desdossiers. En raison de son importancedéterminante, il est reproduit intégralement ci-dessous.

« La force, l’isolement, tout moyenmécanique ou toute substancechimique ne peuvent être utilisés,comme mesure de contrôle d’unepersonne dans une installationmaintenue par un établissement,que pour l’empêcher de s’infligerou d’infliger à autrui des lésions.

L’utilisation de telles mesures doitêtre minimale et exceptionnelle etdoit tenir compte de l’état physiqueet mental de la personne.

912 Projet de Loi 21, article 4, juin 2009.

13 OTSTCFQ (2010). Cadre de référence sur l’évaluation du fonctionnement social, p. 6.

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Lorsqu’une mesure visée aupremier alinéa est prise à l’égardd’une personne, elle doit fairel’objet d’une mention détailléedans son dossier. Doiventnotamment être consignées uneprescription des moyens utilisés,la période pendant laquelle ils ontété utilisés et une description ducomportement qui a motivé la priseou le maintien de cette mesure.

Tout établissement doit adopterun protocole d’application de cesmesures en tenant compte desorientations ministérielles, lediffuser auprès de ses usagers etprocéder à une évaluation annuellede l’application de ces mesures. »

Il se dégage de cet article plusieurs élémentsimportants à prendre en compte. Les mesuresde contrôle doivent être utilisées de manièreexceptionnelle et, le cas échéant, de façonminimale, dans le seul et unique butd’empêcher la personne de blesser autrui oude se blesser elle-même14. Cet articlecirconscrit également le champ d’applicationde la loi, à savoir les établissements du réseaude la santé et des services sociaux15, lesquelsdoivent par ailleurs adopter et diffuser auprèsde leurs usagers un protocole d’applicationdes mesures de contrôle. Enfin, l’utilisation deces mesures doit tenir compte de l’étatphysique et mental de la personne. Les

professionnels qui y recourent se voient obligésde consigner à son dossier une descriptiondétaillée de la manière dont elle a agi pour enmotiver le recours ou le maintien, ainsi que lescirconstances dans lesquelles l’événements’est produit. Les établissements doivent deplus procéder à une évaluation annuelle del’application des mesures.

2.3 Définitions, philosophie d’intervention et principes directeurs

En référence au protocole d’application desmesures de contrôle par les établissements,l’article 118.1 spécifie que ces mesuresdoivent tenir compte des «  orientationsministérielles  ». Il s’agit ici des Orientationsministérielles relatives à l’utilisation exception -nelle des mesures de contrôle : Contention,isolement et substances chimiques publiéespar le MSSS en 200216 à l’intention desétablissements qu’il régit et du personnel qui yœuvre. Ces orientations découlent de l’article118.1 et représentent en quelque sorte laposition ministérielle quant à la manièred’actualiser ces dispositions. Fait à noter, ellesconstituent de l’avis même du MSSS larésultante d’une importante démarche deconsultation et de concertation d’experts issusdu réseau et du milieu communautaire,incluant des personnes utilisatrices deservices.

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14 Le sens du terme «lésions» utilisé dans la Loi n’est défini nulle part. Il demeure donc sujet àinterprétation, quoique la finalité soit orientée vers la protection de l’intégrité physique. Le Programmenational de formation (2006), rapportant la définition du dictionnaire Le Petit Robert (2006) conclutqu’ « Une lésion, dans le cadre de cette loi, est un préjudice corporel ou un dommage physique causé par une personne à elle-même ou à une autre » (p. 4-5 du Module : Consentement).

15 Les établissements dans lesquels se trouvent les centres suivants : un centre local de services communautaires, un centre hospitalier, un centre de protection de l’enfance et de la jeunesse, un centre d’hébergement de soins de longue durée, un centre de réadaptation (LSSSS, art. 79). Sont exclus, par exemple, les milieux scolaires et domiciliaires.

16 Le document est daté de 2002, mais il a été publié en février 2003.

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• Définition de la contention et del’isolement

Si le terme « isolement » apparaît à l’article 118.1,ce n’est pas le cas pour celui de « contention ».Cette dernière y est évoquée par la référence à« la force » et à « tout moyen mécanique ». Lesconcepts de contention et d’isolement reçoiventen fait une définition opérationnelle dans lesorientations ministérielles.

ContentionMesure de contrôle qui consiste àempêcher ou à limiter la liberté demouvement d’une personne enutilisant la force humaine, unmoyen mécanique ou en la privantd’un moyen qu’elle utilise pourpallier un handicap.

IsolementMesure de contrôle qui consiste àconfiner une personne dans unlieu, pour un temps déterminé,d’où elle ne peut sortir librement.

Il ressort de la définition de la contentionretenue par le MSSS qu’elle correspond à ce qu’on désigne ordinairement comme«  contention physique  » et exclue ce qu’onappelle la «  contention chimique  ». Cettedernière est définie dans les Orientationsministérielles par l’expression «  substancechimique », mais l’utilisation de cette mesurede contrôle est réservée aux seuls médecinset ne figure pas parmi les activités réservéesaux autres professionnels, incluant lestravailleurs sociaux.

Comme c’est le cas à l’article 118.1, lacontention et l’isolement sont souventdésignés de manière implicite par l’expressiongénérique et plus englobante « mesures decontrôle », laquelle réfère à des dispositionsprises à l’endroit d’une personne dansl’intention de mettre fin à un comportement

estimé perturbateur, dangereux ou menaçantpour sa sécurité ou celle d’autrui.

• Philosophie et principes directeurs

Les Orientations ministérielles fixent l’objectifde réduction maximale d’utilisation desmesures de contrôle, voire, ultimement,d’élimination de ces mesures et par la mise enplace de mesures de remplacement. Pour cefaire, sont préconisés une philosophied’intervention et des principes directeurs quel’Ordre retient pour l’exercice des activitésréservées reliées à la contention et l’isolementpar les travailleurs sociaux.

Cette philosophie se traduit par le souci delimiter de façon minimale et exceptionnelle laliberté et l’autonomie de la personne. Elle doitguider en toile de fond l’intervention, laquelledoit également être menée dans uneperspective de relation d’aide respectueuse dela personne, de ses ressources et de sonenvironnement. La prise en compte de sesantécédents et la sollicitation des acteursprésents dans son environnement estessentielle. L’appropriation par la personne de son pouvoir sur sa propre situation doitenfin être au cœur de l’intervention.

Les principes directeurs prescrivent quant àeux que les mesures de contrôle, le caséchéant, doivent être utilisées en dernierrecours, dans un contexte de risque imminent,de la manière la moins contraignante possible,la plus confortable pour la personne et lemoins longtemps possible en plus de fairel’objet d’une surveillance attentive. L’utilisationde ces mesures doit enfin être balisée etcontrôlée par des procédures émises par lesétablissements et faire l’objet d’une évaluationet d’un suivi par leurs conseils d’administration.Le libellé exact des principes directeurs estreproduit à l’annexe 3.

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2.4 Contextes d’intervention et consentement

La question du recours aux mesures decontention et d’isolement peut se poser pourle travailleur social et les autres professionnelsdans deux contextes différents au sein desétablissements du réseau de la santé et desservices sociaux : le contexte d’interventionplanifiée et le contexte d’intervention nonplanifiée17. Le contexte d’intervention planifiéeréfère à une situation où les mesures sontprévues et incluses au Plan d’intervention ouau Plan de services comme une interventionpossible avec le consentement libre et éclairéde la personne. Cela peut par exemple seproduire dans le cas d’une désorganisationcomportementale récente qui risque desurvenir à nouveau ou encore en raisond’informations obtenues qui permettentd’anticiper cette éventualité. Plusieurs moyenspeuvent avoir été identifiés et convenus avecla personne pour y faire face, dont, en dernierrecours, certaines mesures de contention oud’isolement. En cas d’inaptitude à consentiraux soins spécifiques que constituent de tellesmesures, son représentant légal ou une autrepersonne désignée à cette fin, selon les règlesdu consentement substitué, doit donner ceconsentement dans le meilleur intérêt de lapersonne. Il est à rappeler ici que le fait d’êtrereprésentée dans le cadre d’un régime deprotection pour une personne majeure inaptene rend pas nécessairement la personneinapte à consentir à des soins.

Le second contexte correspond plutôt à unesituation où l’application d’une mesure decontention ou d’isolement survient en raisond’un comportement inhabituel de la personne,par conséquent non prévu, et qui met endanger de façon imminente sa sécuritéphysique ou celle d’autrui. Il s’apparente à unesituation d’urgence en vertu de l’article 13 du Code civil du Québec. Dans ce cas, le consentement de la personne n’est pasrequis, mais les mêmes principes directeursdoivent guider l’intervention. Une analysepostsituationnelle est cependant requise afinnotamment d’évaluer la possibilité que seproduise à nouveau la situation ayant donnélieu à l’application de telles mesures ainsi quede planifier et d’intégrer au plan d’interventionde la personne des mesures préventives, deremplacement ou l’utilisation exceptionnelle demesures de contrôle telle que la contention et l’isolement, dans le futur. L’analysepostsituationnelle réalisée à la suite del’application non prévue de ce type de mesureconstitue en quelque sorte le point de départdu processus d’évaluation qui doit s’effectueren contexte d’intervention planifiée. D’autrepart, selon les milieux de pratique, lapertinence de traiter l’intervention dans cecontexte comme un incident ou un accidentdans le cadre d’une approche de gestion desrisques fondée sur les articles 183.1 et 183.2de la LSSSS est à considérer18.

12

17 MSSS (2002). Orientations ministérielles relatives à l’utilisation exceptionnelle des mesures de contrôle : contention, isolement et substances chimiques, p. 18.

18 LSSSS (L.R.Q., c. S-4.2), art. 183.1 et 183.2.

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L’intervention du travailleur social s’inscrit àl’intérieur du cadre légal et des balisescliniques et administratives qui en découlent.Adoptant la finalité de réduction maximale del’utilisation des mesures de contention etd’isolement, le travailleur social s’appuie sur lesprincipes directeurs et la philosophie généraled’intervention recommandée par le MSSS quidoivent par ailleurs guider de manièreimpérative les politiques des établissementsconcernés. Il le fait également en fonction desvaleurs, du champ d’exercice et de la marquedistinctive de sa profession qui déterminent lecaractère spécifique de sa contribution dans leprocessus de décision de l’utilisation desmesures de contention et d’isolement menédans le cadre d’une équipe interdisciplinaire etselon les modalités prévues par les protocolesen vigueur dans l’établissement au sein duquelil œuvre.

3.1 La notion de décision

Décider de l’utilisation des mesures decontention et d’isolement représente dans cecontexte une activité complexe. Quel est lesens d’une telle activité? La notion de«  décision  » réfère de manière générique àl’idée de faire un choix parmi plusieurs options,d’arrêter ce qu’on doit faire et, implicitement,de rendre ce choix exécutif19. Cette notion faitappel à la mise en œuvre d’un processus deréflexion au cours duquel sont considérées

diverses options conduisant à ce choix20. Lanotion de choix elle-même implique l’analyseet l’appréciation d’une situation en vue d’unefinalité, elle en présuppose en fait l’évaluation.

Pour les travailleurs sociaux, l’activité quiconsiste à décider de l’utilisation de mesuresde contention ou d’isolement se fonde sur uneévaluation du fonctionnement social. Cetteévaluation constitue un processus continu,interactif et réflexif.

L’évaluation du fonctionnementsocial est une activité incon -tournable dans la pratiqueprofessionnelle du travailleursocial. Elle vise à produire unecompréhension de la situationd’une personne à un momentprécis avec sa participation pourensuite, émettre des hypothèsescliniques, formuler une opinionprofessionnelle et dégager desrecommandations qui servent derepère pour l’action en s’appuyantsur les savoirs issus de la pratique,les connaissances scientifiques etles assises théoriques. L’évaluationreflète les forces et les ressourcesde la personne ainsi que celles de son milieu tout en analysantses conditions de vie avec uneattention particulière aux questionsd’oppression, de discrimination,

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3. Aspects cliniques de l’interventiondu travailleur social

19 Dictionnaire Le Petit Robert, 2003. Voir également Duhamel A. et N. Mouelhi (2001). Éthique. Histoire, politique, application, gaëtan morin éditeur, p. 178-179.

20 Voir l’article de E. PICAVET, cité en bibliographie, pour une synthèse sur la théorie de la décision.

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d’exclusion, de stigmatisation ainsique des inégalités sociales etéconomiques.21

En somme, décider de l’utilisation des mesuresde contention et d’isolement se traduit, pour letravailleur social, par une recommandation d’yrecourir ou non. Cette décision s’effectue sur labase de son opinion professionnelle et aucours d’un processus délibératif réalisé dansle cadre d’une approche interdisciplinaire22. Ceprocessus pourrait amener le travailleur socialà affirmer son autonomie professionnelle dansune situation où il serait en désaccord avecl’ensemble des membres de l’équipe.

Le processus décisionnel en contexted’intervention planifiée devrait s’actualiser enéquipe interdisciplinaire et en fonction d’étapesqui recouvrent l’ensemble des dimensionsexigées par le cadre légal. Il existe différentesmanières de circonscrire, représenter etnommer ces étapes. Afin de refléter l’aspectdynamique du processus et de bien situer les activités et les rôles du travailleur social toutau long de l’intervention, nous présentons ci-dessous un modèle de prise de décision enquatre étapes23 : 1) l’évaluation de la situation,2) la planification des interventions, 3)  lacommunication et application du pland’intervention, 4) la réévaluation de la situationet réajustement.

3.2 L’évaluation de la situation

L’évaluation de la situation est fondamentale etconstitue l’amorce du processus décisionnel.Elle vise à développer une connaissanceapprofondie de la personne et de sonenvironnement pour mettre en œuvre un pland’intervention interdisciplinaire et les plansd’intervention de chacun des professionnelsimpliqués. Ces derniers partagent notammentdes informations relatives au risque quepourrait présenter la personne pour sa propresécurité physique ou celle d’autrui. Il s’agit icipour le travailleur social de participer à laformulation d’hypothèses sur les facteursexplicatifs des comportements présents oususceptibles de se produire dans le milieu desoins et de services dans le but de planifier,ultérieurement, des mesures appropriées.

Pour ce faire, le travailleur social effectue uneévaluation du fonctionnement social de lapersonne. La collaboration de celle-ci estfondamentale à toutes les phases duprocessus d’évaluation. Et puisque celle-ciimplique la compréhension des interactions etdes influences réciproques de la personneavec son environnement, le travailleur socialprivilégiera également, avec son autorisation,la participation des proches et des personnessignificatives notamment parmi les membresde la famille24.

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21 OTSTCFQ (2010). Cadre de référence sur l’évaluation du fonctionnement social, p. 38.

22 MSSS (2006). Programme de formation «Vers un changement de pratique afin de réduire le recours à la contention et à l’isolement», Gouvernement du Québec, Module : Prise de décision, p. 11.

23 Ce processus s’inspire pour l’essentiel des modèles présents dans le Cadre de référence de l’A.H.Q. (2004) et du Programme national de formation du MSSS (2006).

24 OTSTCFQ (2010). Cadre de référence sur l’évaluation du fonctionnement social, p. 8-9.

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A- Prise de contact et cueillette de données

Lors de la prise de contact et de la cueillettede données, tout en s’appuyant au Cadre deréférence sur l’évaluation du fonctionnementsocial publié par l’Ordre, le travailleur socialapportera une attention particulière àl’obtention d’informations spécifiques parrapport à des facteurs critiques reliés àl’utilisation de mesures de contention etd’isolement.

• Caractéristiques personnelles

Le travailleur social prendra soin au départ des’assurer que la personne comprend la langued’usage dans le milieu des soins et desservices. Il prendra en compte notamment sonâge, son genre, son origine ethnique, son étatde santé physique et mentale et les effets de lamaladie, son histoire et ses habitudes de vie,ses forces et ses capacités, ses projets et sesespoirs, ses préférences quant aux soins etservices, ses valeurs ainsi que ses référentsnormatifs aux plans social, culturel et religieux.

Il cherchera aussi de manière plus spécifiqueà retracer avec la personne et ses proches25 :1)  son historique quant aux élémentsperturbants et aux facteurs déclencheurs decomportements à risque; 2) son historique enmatière de contention ou d’isolement; type demesures appliquées, conséquences entraî -nées et signification attribuée; 3) son historiqueen matière de victimisation pendant l’enfanceou depuis le début de l’âge adulte, qu’ils’agisse d’abus physiques ou sexuels, d’abuspsycho logiques ou autres traumatismes; 4)solutions préventives aux comportements àrisque ou les alternatives à la contention ou àl’isolement expérimentées antérieurement et lecas échéant, les réactions produites.

• Caractéristiques environnementales

Le travailleur social cherchera à faire le pointavec la personne26 sur son environnementimmédiat et sociétal en recueillant des donnéesrelatives aux composantes suivantes : 1) milieuxde vie d’origine et précédents; 2) aménagementphysique de la chambre et de l’unité,références mobilières connues, perception desattitudes du personnel soignant, espace deliberté, voisinage immédiat physique et humaindu milieu de soins et de services; 3) relationsfamiliales et autres relations interpersonnelles,réseau ou formes de soutien social, personnessignificatives; 4) ressources financières etautres ressources disponibles ou à développer,lieux et possibilités d’activités et d’implicationparticipatives au sein du milieu de soins et deservices; 5) procédures et politiques del’établissement pertinentes, personnel de soinset de services, etc.

B- Analyse de la situation

En matière de contention et d’isolement, ilimporte pour le travailleur social de procéder àune analyse différenciée selon le genre. En effet,les mesures de contention et d’isolement sontsusceptibles d’activer un processus devictimisation secondaire sur la base desantécédents de la personne. Beaucoup plus defemmes que d’hommes se retrouvent dans lesunités de soins psychiatriques. Il est biendocumenté que ces femmes sont surre -présentées parmi les personnes ayant subi de laviolence physique, psychologique ou sexuelle,quoique ce phénomène touche également leshommes. L’impact de l’utilisation de mesures decontention ou d’isolement pour les personnesayant subi une forme de violence s’avèred’autant plus important alors qu’elles seretrouvent en situation de vulnérabilité, sanspossibilité de fuir ou de se défendre en casd’agression.

1525 Sous réserve de l’autorisation de la personne.

26 Et en collaboration avec ses proches, avec son autorisation.

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Il importe également pour le travailleur socialde considérer que la personne, parce qu’elleest en situation de stress ou de déstabilisation,cherchera d’autant plus à reproduire seshabitudes antérieures dans le milieu de soinset de services. Il peut arriver qu’une personnedevienne agressive à certains momentslorsqu’un intervenant s’apprête à entrer danssa chambre parce que chez elle, elle atendance à se retirer seule dans sa chambrelorsqu’elle ne va pas bien. Ou encore, dans lecas d’une personne avec une démence, celle-ci sera portée à adopter des comportementsqui la sécurisaient auparavant à la maison,comme mettre une chaise sur sa tête pourressentir un sentiment de sécurité.27

Il s’avère donc particulièrement important, pourle travailleur social, de faire émerger le sens ducomportement présenté par la personne et dele recadrer à la lumière de son fonctionnementsocial antérieur. Au-delà de son comportementactuel, il convient de saisir la réalité desdifférents rôles sociaux qu’elle exerçait.Comment fonctionnait-elle au quotidien, eninteraction avec son environnement? De quoiétait fait son environnement physique et social?Quels liens avait-elle avec des personnessignificatives? La plupart du temps, il s’avèreprécieux de rencontrer les proches et lesmembres de la famille de la personne, dans lecadre de l’évaluation, pour documenter cesaspects et permettre d’identifier, encollaboration avec la personne concernée, cequi pourrait agir comme élément déclencheurdes comportements à risque, souvent présentsdans l’environnement institutionnel.

En ce sens, l’analyse de la situation par letravailleur social aurait avantage à inclure enquoi la personne dispose, dans le milieu desoins et de services, d’opportunités pour mettreen valeur ses forces de manière à s’actualiser,faire des choix, reprendre du pouvoir sur sa vie,favoriser sa participation sociale, continuer

d’exercer des rôles sociaux et restaurer sonfonctionnement social. Dans le cadre de sescommunications interdisciplinaires, à l’étape del’évaluation de la situation comme aux étapessubséquentes, le travailleur social doit faireintervenir, rappeler et expliciter le point de vuede la personne ainsi que prendre en compte et privilégier sa perception de la situation28. Il cherchera de manière particulière à faireressortir les forces de la personne ainsi qu’à identifier les liens entre la situationproblématique et ses conditions de vie dans lemilieu de soins et de services, en portant uneattention particulière à l’identification et à lasatisfaction de ses besoins de même qu’auxsituations d’oppression et de discriminationqu’elle pourrait vivre.

3.3 La planification des interventions

À l’étape de la planification des interventions,divers moyens sont identifiés pour prévenir lessituations où la personne pourrait se blesserou blesser autrui. Avant de considérer unequelconque mesure de contention oud’isolement, l’équipe doit s’assurer que tout a été fait pour éviter le recours à de tellesmesures. Dans ce contexte, le travailleur socialdoit proposer des mesures alternatives oudites de remplacement avant de considérerl’utilisation de mesures de contrôle oud’isolement. On entend par mesuresalternatives ou de remplacement desstratégies d’intervention susceptibles d’agir de manière efficace sur la globalité de lasituation de la personne en interaction avecson environnement afin de prévenir descomportements qui présentent un risque deblessure pour elle-même ou pour autrui. Cesstratégies peuvent également comprendre des moyens d’adaptation de l’environnementqui, sans empêcher que survienne lecomportement à risque, neutralise le risque deblessure de la personne ou d’autrui.

1627 Exemple tiré du film Everyone wins! Quality care without restraints. Terra Nova Films, 1995.28 OPTSQ (2006). Référentiel des compétences des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux, p. 5.

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Les mesures de remplacement

En fonction de son évaluation dufonctionnement social de la personne, letravailleur social participera, en collaborationavec les membres de l’équipe interdisciplinaire,à la planification et, lorsque pertinent, à la miseen place d’une série de mesures alternatives àcette fin. Pour le travailleur social, cettedémarche se fera en considérant que lapersonne est experte de sa situation29 etqu’elle possède les connaissances et lescompétences néces saires pour contribuer à la détermination de mesures alternatives.Celles-ci auront par conséquent avantage à être planifiées en collaboration avec lapersonne. À l’instar des autres professionnels,le travailleur social est invité à faire preuve decréativité et à explorer le plus grand nombrede mesures de remplacement possible dans lemeilleur intérêt de la personne. La participationde la famille et des proches est ici tout à fait demise, dans la mesure où elle y consent. Lesmesures alternatives ou de remplacementvarient notamment selon les milieux depratique et les problématiques présentées parles personnes. Le travailleur social intéressétrouvera dans le Programme national deformation du MSSS plusieurs exemples de cesmesures en fonction des problématiques lesplus fréquentes (errance, risque de chute,delirium, interférence aux traitementsincommodants, agressivité et agitation)30.

Il s’agit ici d’un rôle initial du travailleur socialpuisqu’il vise à ce que soit éliminé le recoursaux mesures de contention et d’isolement.

En outre, le modèle de Kayser-Jones (2006)31

est souvent utilisé par les professionnels de lasanté pour supporter l’évaluation de lasituation et la planification des mesuresalternatives. Ce modèle suggère une nomen -clature de l’environnement global de lapersonne pour soutenir la prise de décision enéquipe interdisciplinaire et identifie en ce senscinq composantes  : 1) la personne;2) l’aménagement physique; 3) les structuresorganisationnelles; 4) l’aspect psychosocial etculturel; 5) l’environnement humain. Advenantque ce modèle soit utilisé au sein de l’équipeinterdisciplinaire dans laquelle exerce letravailleur social, celui-ci portera une attentionspéciale aux mesures d’ordre psychosocial,structurel et environnemental.

Le travailleur social est enfin invité à évaluerl’option d’inclure au Plan d’interventiondiverses formes de «  directives de soinsanticipés »32. Il peut jouer un rôle de premierplan pour accompagner la personne dansl’élaboration de ces directives en fonction desa situation singulière, des déclencheurssusceptibles d’entraîner une séquenced’évènements non souhaités par la personneet susceptibles de lui causer des blessures oud’en causer à autrui.

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29 OTSTCFQ (2010). Cadre de référence sur l’évaluation du fonctionnement social, p. 9.

30 MSSS (2006). Programme de formation «Vers un changement de pratique afin de réduire le recours à la contention et à l’isolement», Module Mesures de remplacement.

31 GAGNON et ROY., dans MSSS (2006). Programme de formation «Vers un changement de pratiqueafin de réduire le recours à la contention et à l’isolement», Cahier du formateur, Gouvernement du Québec, p. 59-61.

32 AMBROSINI, Daniel L. et Anne G. CROCKER (2009). «Les directives psychiatriques anticipées (DPA) et le rôle de l’autonome», dans Santé mentale au Québec, vol. 34, no 2, 51-74.

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• La planification de mesures de contention ou d’isolement

Dans l’éventualité où toutes les mesuresalternatives échouent ou ne répondent pas auxbesoins de la personne, il est possible que letravailleur social considère le recours à desmesures de contention ou d’isolement, maisde façon tout à fait exceptionnelle. Une analyseexhaustive doit être effectuée afin de juger desavantages et des inconvénients de diversesmesures de contention ou d’isolement, le caséchéant. Si une telle démarche doit se faire enéquipe interdisciplinaire, elle doit d’abord etavant tout être réalisée avec la personneconcernée. Le travailleur social chercherasurtout à anticiper et à mettre en évidence laportée de la décision de recourir à l’utilisationd’une mesure de contention ou d’isolementsous l’angle de son impact sur le fonction -nement social de la personne, mais égalementsur les proches, la famille et sur les autrespatients ou résidents. Les préoccupationsrelatives à la personne elle-même demeurentcependant centrales et doivent prédominerdans cette démarche.

Étant donné que le recours à l’utilisation d’unemesure de contention ou d’isolement doit êtreconsidéré uniquement en fonction d’un risqueimminent que court la personne de s’infligerdes lésions à elle-même ou d’en infliger àautrui, ce risque doit être sous-pesé avec leseffets négatifs qui peuvent découler del’application d’une telle mesure. Par exemple,il faut prendre en compte qu’une mesure decontention entraîne souvent en elle-même unrisque de blessure et peut faire que lapersonne devienne à la merci des autres, sanscompter la détresse psychologique qui peut enrésulter. À l’inverse, ne pas considérerl’application d’une mesure de contention oud’isolement peut amener la personne à seblesser gravement ou même à tenter de mettrefin à sa vie. L’exercice du jugement profes -sionnel devient ici primordial.

Si des mesures de contention ou d’isolementsont planifiées, celles-ci doivent répondre auxcritères de l’article 118.1 de la LSSSS et desOrientions ministérielles. Elles doivent doncêtre minimales et les moins contraignantespossible. En tout temps, le consentement de lapersonne est requis. Même si cela représenteun défi de taille, le travailleur social seraparticulièrement attentif à l’exercice duconsentement qui doit être libre et éclairé etobtenu de la personne concernée ou, en casd’inaptitude à consentir, de son représentantlégal, ou encore d’une autre personne en vertudes règles du consentement substitué, et celaspécifiquement pour les mesures de contentionou d’isolement retenues. Le plan d’interventiondoit quant à lui être élaboré avec la participationde la personne.

Sommaire

En guise de synthèse des deux premièresétapes du processus décisionnel, le travailleursocial se posera les questions suivantes encollaboration avec l’équipe interdisciplinaire :

Quel est le besoin de la personne?

Qu’est-ce que la personne tented’exprimer par le comportementproblématique?

Y a-t-il un risque réel et important delésions?

Ce risque est-il fondé, imminent,documenté?

Quel a été le résultat de l’application desmesures antérieures, le cas échéant?

Toutes les mesures alternatives ont-ellesété épuisées?

Quelle autre mesure pourrait êtreenvisagée?

Existe-t-il, dans l’environnement de lapersonne, un élément déclencheurcompte tenu de son histoire de vie ou desa situation actuelle?

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Quelle est la mesure de contention oud’isolement envisagée?

Pourquoi cette mesure en particulier est-elle envisagée?

Quels sont les bénéfices escomptés deson application? ses inconvénients?

Correspond-elle aux critères d’applicationdu cadre légal? (durée brève, la moinscontraignante pour la personne, la plusminimale, confortable, surveillance, etc.)

Qu’en dit la personne, que veut-elle, a-t-elle donné son consentement?

Qu’en disent ses proches, les membressignificatifs de sa famille?

Quel sera l’impact prévisible sur sonfonctionnement social?

Au moment de décider, alors qu’on a réponduaux questions précédentes, le travailleur sociala également la responsabilité de se demandersi la ou les mesures envisagées sont « propor-tionnelles » à la situation et applicables dans lecontexte. Il a enfin la responsabilité des’assurer, en collaboration avec les membresde l’équipe interdisciplinaire, de la planificationdes mesures de surveillance de la personnependant l’application des mesures. L’impact etla portée de l’application d’une mesure decontention ou d’isolement d’une personne surle reste de l’unité doivent également êtreconsidérés.

3.4 Communicationet applicationdu plan d’intervention

Lorsque la planification des interventions estterminée, il devient nécessaire de s’acquitterdes tâches reliées à la communication du pland’intervention. Comme il doit avoir été élaboréavec la personne concernée, celle-ci est enprincipe bien informée des objectifs et des

moyens qu’il contient. L’ensemble desmembres de l’équipe interdisciplinaire est defacto informée du Plan d’intervention interdis -ciplinaire. Les remplacements et la rotation depersonnel dans les milieux de soins et deservices rendent néanmoins nécessaire le faitde prévoir des modalités de transmissiond’informations pertinentes relatives au contenudes plans d’intervention des professionnelsimpliqués.

De même, il importe que les membres dupersonnel de l’établissement susceptiblesd’être interpellés par l’application des mesuresde contention et d’isolement, le cas échéant,soient bien au courant de leur teneur. En effet,les non professionnels peuvent et sont souventsollicités pour l’application des mesures. Letravailleur social ne devrait pas s’impliquer lui-même directement dans l’application desmesures de contention ou d’isolement.Cependant, s’il est présent au moment où celase produit, il peut s’acquitter, en concertationavec l’équipe interdisciplinaire, d’un certainnombre de rôles auprès de la personne, desproches et de la famille.

• Intervention auprès de la personne

Si le travailleur social est présent au momentde l’application des mesures, il doit prendre lesmoyens nécessaires pour que les besoinsd’information de la personne concernée soientpris en compte. Il est important que lapersonne soit informée de ce qui se passe etque ses réactions soient reçues avecempathie. Puisque les mesures de contentionet d’isolement ne doivent jamais êtreactualisées comme une punition pour unmauvais comportement, mais toujours en tantque modalité thérapeutique et de protectiondans un contexte de danger pour l’intégritéphysique de la personne ou d’autrui, letravailleur social prendra soin de maintenir uneattitude respectueuse envers la personne. Il est

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également responsable d’intervenir auprès deses supérieurs ou des instances appropriéesde l’établissement en remettant en question,au besoin, l’application d’une mesureinappropriée sur la base de son jugementprofessionnel.

• Auprès des proches, de la famille et de l’entourage

Lors de l’application des mesures decontention et d’isolement, le travailleur socialdoit également planifier et réaliser, enconcertation avec l’équipe interdisciplinaire,une intervention auprès des proches et de lafamille. Il peut jouer un rôle de médiation etd’information pour diminuer leurs craintes,répondre à leurs questions, faire comprendrele point de vue de la personne, en appeler àune gestion des risques et expliquer lecontexte d’utilisation des mesures decontention et d’isolement. Il peut égalementêtre amené à intervenir en ce sens auprès desautres patients ou résidents entourant lapersonne, de même qu’auprès des autresmembres de l’équipe interdisciplinaire(individuellement ou en équipe) et desmembres du personnel, au besoin. Lesmembres du personnel ayant appliqué lamesure sont particulièrement susceptiblesd’avoir besoin de support.

3.5 Réévaluation de la situation et réajustement

La réévaluation de la situation constitue uneétape primordiale. Elle doit permettre demanière continue une rétroaction surl’actualisation des mesures contenues au pland’intervention avec la personne de même qu’enéquipe interdisciplinaire. Si une mesure decontention ou d’isolement a été appliquée, leseffets qui en résultant et les conséquences quien découlent doivent être identifiés, particu -lièrement pour le fonctionnement social de lapersonne. Il est important que la personne soitrencontrée. Le travailleur social se sert de toutes

ses connaissances et, sur la base de saconscience professionnelle, il fait prévaloir ledroit de la personne aux meilleures formes desoins et de services possibles.

Ainsi, le travailleur social participe à cettedémarche évaluative en tentant à nouveau detrouver des moyens alternatifs à la contentionou à l’isolement. Avec un esprit d’autocritique,l’apprentissage de l’expérience vécue doitprévaloir dans le meilleur intérêt de la personne.Tout ce qui entraîne la privation d’un droit devraitêtre réévalué de manière constante dans uneoptique de suspension de la mesure dès quepossible. Il est essentiel de s’assurer que lamesure appliquée l’a été en fonction du besoinde la personne, dans le sens d’unfonctionnement social optimal, et non en raisondes contraintes reliées au fonctionnement del’équipe ou du département découlant despolitiques organisationnelles.

3.6 Particularités reliées à l’intervention non planifiée

Le processus décisionnel précédemmentexposé s’applique bien dans le contexted’intervention planifiée. C’est d’ailleurs dans cecontexte que le travailleur social peut être d’unapport optimal étant donné l’évaluation dufonctionnement social de la personneapprofondie qu’il effectue. Il peut cependantarriver que la question du recours aux mesuresde contention et d’isolement se pose dans uncontexte d’intervention non planifiée. Cecontexte a été décrit conformément auxOrientations ministérielles (voir section 2.4)comme étant caractérisé par le fait qu’uncomportement inhabituel et imprévisible d’unepersonne se produise et risque de manièreimminente de lui causer des lésions ou à autrui.Le caractère urgent d’une action de protectionà entreprendre rend non nécessaire l’obtentiondu consentement de la personne pour déciderde l’utilisation de mesures de contention oud’isolement. 20

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Le travailleur social appelé exceptionnellement àintervenir dans un contexte d’intervention nonplanifiée doit au préalable connaître ce que leprotocole de l’établissement dans lequel ilœuvre prévoit et, dans la mesure du possible,s’y conformer. Sous réserve des dispositionsprévues par un tel protocole, il demeurepossible que le travailleur social soit contraint dedécider de l’utilisation de mesures de contentionou d’isolement dans une situation d’urgence oùla réponse à un besoin de sécurité immédiatdoit primer. L’exercice du jugement profes -sionnel est ici de première importance, et le travailleur social doit alors recourir à uneapproche d’intervention en situationd’urgence33. Une telle approche supposetoutefois de mener un processus décisionnelrelatif à l’utilisation de mesures de contention etd’isolement en s’inspirant pour l’essentiel desmêmes principes et paramètres que ceux quiprévalent en contexte d’intervention planifiée.

Il est impératif qu’une réévaluation de la situationsoit faite en équipe interdisciplinaire après que letravailleur social ou un autre professionnel aitpris une décision relative à l’utilisation demesures de contention ou d’isolement encontexte d’intervention non planifiée. Cetteétape revêt ici une importance particulière. Eneffet, si le type de comportement ayant donnélieu à la décision du recours à l’utilisation d’unemesure de contention ou d’isolement s’étaitdéjà produit auparavant, il devient alors« prévisible ». Dans ce contexte, une recherchede mesures de remplacement devientnécessaire et les mesures de contention oud’isolement devraient faire partie ultérieurementdu Plan d’intervention interdisciplinaire etrecevoir le consentement de la personne. Sinon,la situation aurait avantage à être adressée auxinstances appropriées de l’établissement pourune recherche de solution adéquate etrespectueuse des droits de la personne dansces circonstances.

3.7 Activités transversales du travailleur social

Des étapes du processus décisionnel ont étéidentifiées et, pour chacune, des rôles ont étéénoncés pour le travailleur social. Certains deces rôles devraient néanmoins être trans -versaux et s’exercer à toutes les étapes duprocessus, en raison de l’importance qu’ilsprésentent pour les travailleurs sociaux.

• Solliciter la participation et la collaboration des proches et des familles

Les personnes admises dans un établissementdu réseau de la santé et des services sociauxpour différents soins et services se retrouventsouvent isolées de leurs proches et desmembres de leur famille. Il est de la respon -sabilité du travailleur social de considérer avec la personne la possibilité de faire appel à certaines personnes significatives auxdifférentes étapes du processus décisionnel et en particulier pour procéder à l’évaluation du fonctionnement social. Sous réserve de son consentement, la participation et lacollaboration de membres parmi les procheset la famille de la personne sont à favoriser, etce, même si une telle avenue est peu couranteou encore peu favorisée dans la culture del’établissement où il œuvre.

• Chercher le consentement de la personne en tout temps

Pour le travailleur social, la personne doitdemeurer au centre des préoccupations del’équipe interdisciplinaire. En ce sens, il importede rechercher en tout temps son consen -tement, notamment lorsqu’il est question de

2133 GINGERICH, Susan (2002). « Social Workers as Crisis Counselors», dans Social Work Practice in

Mental Health. Contempory Roles, tasks, and Techniques, Kia J. Bentley Editor, p. 18-42.

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mesures de contention et d’isolement. Cetterecherche de consentement pose un défi detaille et comporte des enjeux importants. Eneffet, planifier de telles mesures dans le Pland’intervention suppose que la personne y aitconsenti préalablement. Même dans ce cas,elle peut y opposer son refus, une fois ensituation. Bien que le consentement ne soitpas requis pour procéder en contexted’intervention non planifiée, le travailleur socialcherchera à tout moment le consentement dela personne, dans le respect de sa dignité.Cette orientation se fonde sur le fait que lesmesures de contention ou d’isolement, mêmepour des motifs de protection, demeurent desmesures restrictives de liberté eu égard auprincipe d’autodétermination de la personne etdes dispositions contenues dans les Chartescanadienne et québécoise des droits etlibertés.

• Mettre en évidence les impacts sur le fonctionnement social de la personne

À toutes les étapes du processus décisionnel,le travailleur social a la responsabilitéd’identifier et de faire connaître les impacts del’application des mesures de contention oud’isolement appréhendées ou effectives sur lefonctionnement social de la personne, sur ses

proches et les membres de sa famille. Il le faitdans une visée de restauration du fonction -nement social de la personne et de préventionde l’application des mesures de contention oud’isolement, par la mise en place de mesuresalternatives en collaboration avec elle et avecson consentement, celui de ses proches etdes membres de sa famille. Cela devraitconstituer l’essentiel de sa contribution dansle processus décisionnel.

• Défendre les droits de la personne

Le travailleur social, à toutes les étapes duprocessus décisionnel, sera particulièrementvigilant au respect et à la défense des droits dela personne au sein de l’équipe interdis -ciplinaire et, plus largement, à l’intérieur del’établissement. En premier lieu, il verra à ceque le client soit informé de ses droits etprendra les moyens jugés opportuns à cettefin. Ces moyens pourraient comprendre lerecours à des organismes de la communautéspécialisés en la matière, à des publications ou d’autres sources de documentationpertinentes. Au besoin, en fonction de sonévaluation de la situation à la lumière de sonjugement professionnel, le travailleur socialentreprendra des actions ou des démarchesde représentation nécessaires en exerçantdivers rôles d’advocacy.

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Les activités qui consistent à décider del’utilisation de mesures de contention etd’isolement sont complexes et requièrent dutravailleur social qu’il développe de manièrecontinue tant ses habiletés d’interventionau plan clinique que l’ensemble de sescompétences professionnelles. Elles néces -sitent également de sa part qu’il se place enprocessus continuel de réflexion et dedélibération quant aux enjeux éthiques etsociaux reliés à l’intervention auprès despersonnes susceptibles d’être visées parl’application de mesures de contention etd’isolement. Elles l’invitent enfin à exercer saresponsabilité professionnelle au-delà destâches courantes inhérentes à la fonctionimmédiate qu’il occupe au sein de l’établis -sement qui l’emploie. Certaines de cesconsidérations sont brièvement abordées danscette dernière section.

4.1 Tenue des dossiers

Il est important que le travailleur social s’assureque soit consignées au dossier de la personnevisée par les mesures de contention etd’isolement les informations nécessaires envertu de l’article 118.1 de la LSSSS. Cet articleprescrit que l’on retrouve au dossier de lapersonne une mention détaillée de l’utilisationd’une mesure de contention ou d’isolement, lecas échéant. Doivent notamment êtreconsignées une prescription des moyensutilisés, la période pendant laquelle ils l’ont étéet une description du comportement qui amotivé la décision de l’application ou dumaintien de la mesure.

Sous réserve des dispositions prises par lesétablissements concernant la tenue desdossiers, le travailleur social demeureresponsable de s’assurer que les activitésprofessionnelles qu’il a exercées auprès de lapersonne et dans le cadre de l’équipeinterdisciplinaires fassent l’objet de rapportsdistincts et de notes chronologiques appro -priées. Son évaluation du fonctionnement socialincluant son opinion professionnelle, lesrecommandations qu’il a formulées et lesactivités qu’il a réalisées doivent apparaître audossier de manière à ce qu’elles puissent lui êtreclairement attribuées. Le travailleur social estinvité à se référer au Guide des normes pour latenue des dossiers et des cabinets deconsultation publié par l’Ordre en 2007 sur cesquestions.

4.2 Une pratique réflexive et critique axée sur le pouvoir d’agir

Dans le cadre des activités relatives à lacontention et à l’isolement, le travailleur socialest invité à adopter une attitude clinique et uneposture éthique appropriées par rapport à lapersonne visée par les mesures. Dans le sensdes Orientations ministérielles, il est amené « àse percevoir comme l’un des acteurs parmid’autres dans le processus menant à uneréduction ou à une résorption des difficultésvécues par la personne  »34. En ce sens, letravailleur social joue un rôle important dans toutle processus de décision, plaçant la personneau cœur de son intervention.

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4. Considérations éthiqueset déontologiques

34 MSSS (2002). Orientations ministérielles, p. 9.

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Dans le contexte de l’interventioninterdisciplinaire, le travailleur social occupesouvent une position privilégiée. Il seraparticulièrement sensible à l’importanced’obtenir l’avis de la personne sur sa situation,de voir comment elle se situe et de transmettreses volontés. Parfois, il devra également faireles liens entre les différents professionnels,avec les proches et avec la famille. Dans cessituations, le travailleur social est alors porteurdes questions suivantes  : que pense lapersonne de sa situation? Que comprendre etcomment tenir compte des préoccupationsqu’elle exprime? Privilégier le point de vue de lapersonne constitue un élément clé del’évaluation du fonctionnement social35. Enprésence de directives de soins anticipés, letravailleur social en fait valoir l’importance dansle processus décisionnel.

Il est également du ressort du travailleur socialde faire valoir et de défendre, au besoin, lesdroits de la personne au sein de l’équipe, del’établissement et, plus largement, dans lasociété. Ces droits concernent au premier chefles conditions dans lesquelles s’exerce ladispensation des soins et des services dansl’établissement. Plus largement, le travailleursocial exercera les représentations socialesrequises des personnes dans un sensd’advocacy pour faire valoir et défendre leursdroits à des soins et à des services ainsi qu’àdes conditions de vie décentes dans lacommunauté sur la base des Chartescanadienne et québécoise ainsi que de pactesinternationaux comme le Pacte Internationaldes Droits Économiques, Sociaux et Culturels(PIDESC).

Le travailleur social doit également demeurercritique par rapport aux idéologies dominantesdans les milieux de soins et de services etremettre en question, lorsque pertinent, tantles structures organisationnelles que lespratiques cliniques et de gestion courantevisant la réduction, voire d’élimination desmesures de contention et d’isolementpoursuivie par les Orientations ministérielles.Pour poser ce type de questionnement dansune perspective constructive, le travailleursocial est invité à faire preuve des habiletésrelationnelles nécessaires36, à fournir des pistesargumen tatives qui motivent ses questions et às’inclure lui-même dans le questionnement.Par-dessus tout, le travailleur social doit placerl’intérêt de la personne au centre de ladiscussion dans un juste équilibre entre lesbesoins de protection et les principes etvaleurs d’autodétermination.

Les dernières décennies ont vu naître, d’abordaux États-Unis, puis au Québec, unephilosophie d’intervention en santé mentaleaxée sur les concepts de « rétablissement » etde « réappropriation du pouvoir ». La philosophieissue de ces concepts a passablement influencél’introduction de l’article 118.1 de la LSSSS ainsique l’élaboration des Orientations ministériellesde 2002. Cette philosophie d’interventionrejoint grandement les principes et les valeursde la profession de travailleur social. L’Ordreinvite les travailleurs sociaux à mieux laconnaître, à s’en inspirer, voire à l’adopter pourl’exercice de ces activités37.

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35 Voir le Référentiel des compétences et le Cadre de référence de l’évaluation du fonctionnement social.

36 OPTSQ (2005). Référentiel des compétences des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux.

37 BILODEAU, Guy (2005). Traité de travail social, Rennes, Éditions de l’école nationale de la santé publique, p. 131-134.

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4.3 L’engagement du travailleur social dans les mesures préventives

L’article 118.1 de la LSSSS prévoit que lesétablissements adoptent un protocoled’application des mesures de contrôle fondésur les Orientations ministérielles, le fassentconnaître aux usagers et procèdent à uneévaluation annuelle de leur application. Il est dela responsabilité du travailleur social exerçantdans un établissement du réseau de la santé etdes services sociaux de contribuer,individuellement et avec ses pairs, à ce queces obligations soient actualisées parl’établissement. La connaissance préalable duprotocole d’application est très importanteparce que le travailleur social doit inscrire sadécision d’utiliser des mesures de contentionet d’isolement en fonction de ce protocole. Il anotamment la responsabilité, en s’associantavec les autres travailleurs sociaux del’établissement, de s’assurer que le protocoled’application contient les dispositionsnécessaires à l’exercice des activités destravailleurs sociaux en fonction de leur champd’exercice. De même, le travailleur socialparticipera à l’identification et à la mise enplace de mesures préventives de typesystémique et organisationnel et fera preuve decréativité, comme le recommandent lesOrientations ministérielles à cette fin.

La pratique de la contention et de l’isolementreprésentent encore aujourd’hui, au Québec,un enjeu de société fort important. Étant donnéqu’elles portent atteintes à l’intégrité et à ladignité de la personne en limitant sa liberté –droits reconnus dans les Chartes – il est d’uneimportance capitale de s’inscrire dans lemouvement de réflexion et d’action visant à enréduire encore davantage l’utilisation, voire àles éliminer complètement. D’autant plus que

les motifs d’utilisation de l’isolement et de lacontention semblent encore trop souventfondés sur une insuffisance de moyens plutôtque sur la base des données de la recherche.Les conditions organisationnelles quiencadrent la pratique professionnelle destravailleurs sociaux jouent un rôle de premierplan en ce domaine. Aussi devient-il appropriéde développer une analyse critique constantedes facteurs systémiques, culturels etéconomiques qui la déterminent. L’allocationde ressources suffisantes est nécessaire pourstructurer les programmes et l’organisation dutravail qui permettent d’intervenir de manièrerespectueuse aurpès de la personne, de sesdroits, de ses besoins et de sa dignité.

4.4 Responsabilité, développementet soutien professionnels

Il est suggéré dans ces lignes directrices quele travailleur social mène le processus dedécision de l’utilisation des mesures decontention et d’isolement en interdisciplinarité.Il n’est pas toujours certain que cela puisseêtre le cas. Il est possible que le travailleursocial doive prendre une telle décision à titre de seul professionnel présent dans l’établissement, surtout en contexted’intervention non planifiée et pour unepersonne qu’il pourrait connaître très peu auplan professionnel. De toute manière, et entoute circonstance, le travailleur social doit serappeler qu’il demeure imputable de chaquegeste professionnel qu’il pose. Il se peut doncqu’il ait à conserver son indépendanceprofessionnelle face à l’influence que pourraitvouloir exercer sur lui des intervenants auxprises avec une situation difficile et s’abstenird’intervenir dans un contexte où il nepossède ni les données, ni les compétencespour exercer l’activité professionnellecorrespondante.

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D’autre part, il est de la responsabilitéprofessionnelle du travailleur social des’assurer d’acquérir, de maintenir et dedévelopper les connaissances et les habiletésnécessaires à l’exercice des activitésprofessionnelles relatives au fait de décider del’utilisation de mesures de contention etd’isolement. De manière spécifique, letravailleur social verra à assurer sondéveloppement professionnel dans leschamps de la santé mentale, de la déficienceintellectuelle et de la gériatrie. Par ailleurs, ils’assurera de détenir les formationsappropriées telles que les formations surl’intervention en situation d’agressivité, de typeOmega par exemple. Il aura de plus recours àun processus décisionnel éprouvé pourintervenir dans des situations qui l’interpellentet lui posent un dilemme éthique38. Pourassurer son développement professionnel, il sefera également un devoir de suivre l’évolutiondes enjeux sociaux, politiques et économiques

reliés de près ou de loin aux pratiques decontention et d’isolement39 en s’intéressant àla recherche sociale à ce sujet.

Le travailleur social cherchera au besoin l’aideet l’assistance nécessaires. En situation où lui-même serait affecté par une interventionrelative à la contention ou à l’isolement d’unepersonne, il lui revient de consulter un collègue,un superviseur ou toute personne appropriéeafin d’être aidé dans la situation. Il arriveégalement que l’équipe interdisciplinaire, dansune situation particulière, puisse se trouver àbout de ressources nécessaires afind’intervenir de manière appropriée auprèsd’une personne. Il est du devoir du travailleursocial dans ces situations de faire valoir lerecours aux instances appropriées del’établissement, par exemple un comitéd’éthique, ou encore à une ressource externeafin d’être soutenu de façon adéquate pourêtre en mesure de mieux aider la personne.

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38 Voir la méthode proposée dans : OPTSQ (2007). L’éthique et les travailleurs sociaux; éléments de réflexion et guide de délibération.

39 OPTSQ (2006). Référentiel de compétences des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux.

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ConclusionLes lignes directrices présentées dans ce document veulent soutenir le travailleur social dansl’exercice des activités réservées de la Loi 21 qui consistent à décider de l’utilisation des mesures decontention et d’isolement dans le cadre de la LSSSS et de la LSSSS pour les autochtones cris. Ellesse fondent sur le cadre légal et les orientations ministérielles mis de l’avant au Québec ces dernièresannées. Elles visent par ailleurs à mettre en évidence le caractère et la contribution spécifiques dutravailleur social dans le contexte d’une intervention interdisciplinaire qui est ici valorisée pour lebénéfice des personnes susceptibles de faire l’objet des mesures.

En somme, bien qu’il soit possible pour les travailleurs sociaux de recommander le recours à des mesuresde contention ou d’isolement dans le cadre du processus délibératif de l’équipe interdisciplinaire, il estprivilégié dans ces lignes directrices d’éviter de le faire, en œuvrant plutôt à la mise en place de stratégiesalternatives, tant auprès des personnes que des établissements, par l’entremise des mesures et politiquesappropriées.

Cette activité professionnelle soulève de nombreux enjeux éthiques que les travailleurs sociaux doiventsituer dans le contexte plus large de la promotion et de la défense des droits des personnes ensituation de vulnérabilité, à l’exercice de leur citoyenneté pleine et entière. Elle implique d’autre partun engagement de tous les instants à l’amélioration des conditions de vie des personnes à toutes lesétapes de leur vie, et surtout au moment où elles en ont le plus besoin. Il en va de la dignité et durespect des personnes, si chère aux travailleuses sociales et aux travailleurs sociaux.

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BibliographieAGIDD-SMQ (2008).

Mémoire concernant le projet de loi 50, présenté à la Commission des Institutions,février 2008.

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MSSS (2006).Programme de formation « Vers un changement de pratique afin de réduire le recours à la contention et à l’isolement », Gouvernement du Québec

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PICAVET, Emmanuel (2004).« Décision » dans Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale (sous la direction de Monique Canto-Sperber), tome 1, Presses Universitaires de France, 457-462.

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Charte canadienne desdroits et libertés

Article 1Droits et libertés au CanadaLa Charte canadienne des droits et libertésgarantit les droits et libertés qui y sonténoncés. Ils ne peuvent être restreints quepar une règle de droit, dans des limites quisoient raisonnables et dont la justificationpuisse se démontrer dans le cadre d’unesociété libre et démocratique.

Article 7Vie, liberté et sécuritéChacun a droit à la vie, à la liberté et à lasécurité de sa personne; il ne peut êtreporté atteinte à ce droit qu’en conformitéavec les principes de justice fondamentale.

Article 9Détention et emprisonnementChacun a droit à la protection contre ladétention ou l’emprisonnement arbitraires.

Article 12CruautéChacun a droit à la protection contre toustraitements ou peines cruels et inusités.

Charte des droits etlibertés de la personne duQuébec

Article 1Droit à la vieTout être humain a droit à la vie, ainsi qu’àla sûreté, à l’intégrité et à la liberté de sapersonne.

Personnalité juridiqueIl possède également la personnalitéjuridique.

Article 3Libertés fondamentalesToute personne est titulaire des libertésfondamentales telles la liberté deconscience, la liberté de religion, la libertéd’opinion, la liberté d’expression, la libertéde réunion pacifique et la libertéd’association.

Article 4Sauvegarde de la dignitéToute personne a droit à la sauvegarde desa dignité, de son honneur et de saréputation.

Article 9.1Exercice des libertés et des droits fondamentauxLes droits et libertés fondamentauxs’exercent dans le respect des valeursdémocratiques, de l’ordre public et dubien-être général des citoyens du Québec.

Annexe 1Extraits significatifs des Chartes reliés auxdroits et libertés des individus par rapportaux mesures de contention et d’isolement.

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Annexe 2Énoncé des principeset valeurs qui guidentet définissent laprofession detravailleur social

• Le respect de la dignité de tout être humain;• La croyance en la capacité humaine

d’évoluer et de se développer;• La reconnaissance de la nécessité de

percevoir et de comprendre l’être humain en tant qu’élément de systèmes interdépendants et potentiellement porteurs de changement;

• Le respect des droits des personnes, des groupes et des collectivités;

• Le respect du principe d’autonomie de la personne et du principe d’autodétermination;

• La reconnaissance du droit de tout individu de recevoir assistance et protection selon ses besoins;

• La promotion des principes de justice sociale.

Source : OPTSQ. Référentiel de compétencesdes travailleuses sociales et des travailleurssociaux, adopté par le Bureau, juin 2005.

Annexe 3 Les six principesdes Orientationsministérielles de 2002

Premier principeLes substances chimiques, la contention etl’isolement utilisé à titre de mesures decontrôle le sont uniquement comme mesuresde sécurité dans un contexte de risqueimminent.

Deuxième principeLes substances chimiques, la contention etl’isolement ne doivent être envisagés à titre demesures de contrôle qu’en dernier recours.

Troisième principeLors de l’utilisation de substances chimiques,de la contention ou de l’isolement à titre demesures de contrôle, il est nécessaire que lamesure appliquée soit celle qui est la moinscontraignante pour la personne.

Quatrième principeL’application des mesures de contrôle doit sefaire dans le respect, la dignité et la sécurité,en assurant le confort de la personne, et doitfaire l’objet d’une supervision attentive.

Cinquième principeL’utilisation des substances chimiques, de lacontention ou de l’isolement à titre de mesuresde contrôle doit, dans chaque établissement,être balisée par des procédures et contrôléeafin d’assurer le respect des protocoles.

Sixième principeL’utilisation des substances chimiques, de lacontention et de l’isolement à titre de mesuresde contrôle doit faire l’objet d’une évaluation etd’un suivi de la part du conseil d’administrationde chacun des établissements.

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