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Dans son dernier livre « Une Suisse généreuse - Dans les coulisses de la Chaîne du Bonheur » Michèle Mercier, nous expose un portrait de la Chaîne du Bonheur depuis sa naissance jusqu’à nos jours.
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généreUSeLes Suisses qui n’ont jamais versé un franc à la Chaîne du
Bonheur doivent se compter sur les doigts d’une main. Depuis sa création en 1946, plus d’un milliard et demi de francs ont été récoltés en faveur de centaines de milliers de personnes en Suisse et dans le monde.
Conçue au départ par quelques militants généreux de la Radio romande, la Chaîne du Bonheur est aujourd’hui une institution reconnue dont l’engagement compte de façon essentielle dans les dispositifs de récolte de fonds en Suisse. A quel prix? Avec quels partenaires ? Selon quels critères et dans quelle interaction avec l’humanitaire, devenu un marché mondial avec ses concurrents, ses contradictions et ses surprises bonnes ou frustrantes ?
Michèle Mercier a enquêté dans les coulisses historiques et actuelles de la Chaîne du Bonheur. Inscrivant son évolution dans celle de l’aide en cas de catastrophe sur plus de soixante ans en Suisse et dans le monde, elle dresse un portrait passionnant d’une invention géniale riche en soubresauts qui trace en filigrane le portrait d’une Suisse à la générosité large et constante.
Michèle Mercier a travaillé durant vingt-cinq ans au Comité international de la Croix-Rouge, dont elle dirigea notamment le département de la Communication, puis fut directrice adjointe de la Chaîne du Bonheur de 1995 à 1999. Aujourd’hui consultante indépendante dans le domaine de l’humanitaire, elle a notamment publié Crimes sans châtiment, Bruylant, 1994, et Le Comité interna-tional de la Croix-Rouge, PPUR (collection Le Savoir Suisse), 2005
18 €ISBN 978-2-8309-1497-9
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DanS leS coUliSSeS De la chaine DU bonheUrMichèle Mercier
Une SUiSSe genereUSe
-‐-‐ La Chaîne du Bonheur est née d'une émission radio ratée qui n'aurait dû connaître aucune suite. C'est Roger Nordmann, son principal géniteur, qui l'avoue : « Ce n'est qu'après trois ou quatre semaines de mauvaises émissions que la Chaîne du Bonheur allait trouver sa voix, son rythme et prendre son véritable départ. » Nordmann, alors tout jeune reporter, se souvient : « Je revois encore M. Besençon, (…) qui était alors le directeur de Radio-‐ Lausanne, écouter silencieux et désolé notre premier et décourageant enregistrement. Il voulut bien nous faire confiance. Nous ne le méritions guère. »2 Il dit aussi tout ce qu'il doit à Jack Rollan, homme de talent qui fut l'inventeur des mots clefs devenus des symboles de l'émission et celui qui réussit à gagner l'auditoire en lui donnant l'impression d'en être le copropriétaire, le complice, l'ami. 19 septembre 1946, Université de Zurich, Winston Churchill prononce un discours dans lequel il invite les Etats européens à constituer les Etats-‐Unis d'Europe3. L'une de ses auditrices les plus attentives est Juliette Hédiguer. Elle s'empare de sa plume pour faire part au grand homme de sa gratitude et pour partager avec lui le voeu de venir en aide aux mutilés de guerre. Le même jour, par pure coïncidence, apparaissait sur les ondes de Radio-‐Lausanne l'émission qui allait lancer la Chaîne du Bonheur, avec sa chanson, La Gavotte, et ses animateurs, Jack Rollan et Roger Nordmann, qui s'étaient connus dans les couloirs du studio. La présentation du fil de l'émission, parrainée par Edith et Gilles, célèbres cabarettistes du Coup de Soleil à Lausanne, fut des plus confuses. Pourtant, Mme Hédiguer réussit à en comprendre l'idée maîtresse. Elle envoya donc aux responsables de l'émission une copie de son courrier à Churchill, dans lequel elle formulait son voeu à caractère humanitaire. Conséquence de cette lettre si touchante et convaincante, la deuxième émission hebdomadaire de la Chaîne fut enregistrée le jeudi 26 septembre à Avenches, au domicile de Juliette Hédiguer, qui put lire sa lettre à l'antenne. Ce fut le véritable lancement de la Chaîne du Bonheur. –-‐ Extrait du livre Michèle, MERCIER, Une Suisse généreuse, Labor et Fidès, Genève, 2012, p. 25
-‐-‐ Dans l'histoire de la Chaîne du Bonheur, il est un épisode particulier qui a laissé des traces et même des cicatrices, comme ceux qui l'ont vécu peuvent encore en témoigner. C'est « L'affaire de L'Hebdo ». Alors que la Fondation nationale de la Chaîne du Bonheur était en plein processus de structuration, intervint un événement médiatique qui fut, pour certains de ses protagonistes, un véritable psychodrame, pour d'autres une guerre juste, et pour d'autres encore, avec le recul, un bienfait déguisé. Le 10 janvier 1985, un public de connaisseurs, encore engourdi par les excès des fêtes, découvre en couverture de L'Hebdo, un magazine fondé en 1981 et dirigé par Jacques Pilet, un éditorial et un dossier dont l'intitulé « Où va l'argent de la Chaîne du Bonheur ? » ne laisse pas d'inquiéter. Les plumes de Pilet, pour l'éditorial, et de Yves Lassueur et Eric Hoesli pour l'enquête de quatre pages, sont acérées. Pour dire la vérité ou pour faire mal ? Un peu des deux. A relire cet article près de trente ans plus tard, en dehors de tout climat partisan ou émotionnel, force est de constater que la démonstration faite par l'hebdomadaire lausannois ne manque pas d'à-‐propos. Les journalistes ont glissé le doigt dans quelques béances que la Chaîne parviendra, avec le temps, à combler.-‐-‐ Extrait du livre Michèle, MERCIER, Une Suisse généreuse, Labor et Fidès, Genève, 2012, p. 55
-‐-‐ A l'appui de son expérience acquise dans le milieu des ONG suisses, Alain Geiger (Responsable du département Projets de la Chaîne du Bonheur de 2007 à 2012, ndlr) met rapidement le pied à l'étrier. Il donne des impulsions, pose les bonnes questions, propose des solutions, ose formuler des idées iconoclastes. Bref, il se met au travail. Ses premières constatations : La gouvernance est un processus. Elle ne procède pas par rupture. La Chaîne doit pleinement assumer son rôle de bailleur de fonds et renforcer le suivi de la réalisation des projets. C'est à elle de prendre l'initiative pour mieux rendre compte du travail accompli grâce à l'argent des collectes, de parler aussi bien des succès que des difficultés rencontrées, car le public lui-‐même ne va pas le lui demander mais, implicitement, il s'attend à être informé.-‐-‐
-‐-‐ Extrait du livre Michèle, MERCIER, Une Suisse généreuse, Labor et Fidès, Genève, 2012, p. 120.