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L'opposition entre /ε/ (bref) et /ε:/ (long) en français actuel du Québec Author(s): Pierre Martin Source: La Linguistique, Vol. 31, Fasc. 2 (1995), pp. 33-45 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30249081 . Accessed: 15/06/2014 17:23 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.77.128 on Sun, 15 Jun 2014 17:23:28 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

L'opposition entre /ε/ (bref) et /ε:/ (long) en français actuel du Québec

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L'opposition entre /ε/ (bref) et /ε:/ (long) en français actuel du QuébecAuthor(s): Pierre MartinSource: La Linguistique, Vol. 31, Fasc. 2 (1995), pp. 33-45Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30249081 .

Accessed: 15/06/2014 17:23

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

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L'OPPOSITION ENTRE /s/ (BREF) ET /":/ (LONG)

EN FRANa(AIS ACTUEL DU QUEBEC

par Pierre MARTIN

Universiti Laval, Qudbec

This article deals with the phonemic distinction between short /s/ and long /: / in French from Quebec. In order to assess the present day situation concerning this opposition, a detailed phonological survey (generating 4,800 vowels in all) was conducted on a population of 40 students attending Laval University in Quebec city. Results show that the phonemic distinction is still very lively in Quebec, among university students, and that the diphtong [as:] is the most dominant phonetic realization of phoneme (long) /i:/. Interspeaker diverging usage (French (<flottements )), intraspeaker phoneme fluctuation, and the effect of the linguist's own

linguistic filter on the analysis are scrutinized. And through the use of a proper statistical

analysis, the relative weight of internal and external variables on the linguistic variation is established. Finally, the acoustic differences between phonetic [s], [s:], and [as:] are layed out namely in terms of vowel duration and formant production.

L'auteur de ces lignes poursuit depuis quelques annees, avec ses etudiants, une recherche qui vise 'a faire le point sur la pho- nologie actuelle du frangais du Qudbec. En ayant recours 't des

enquites 'a grande echelle, nous tentons de d6gager, en termes

dynamiques, un 6tat de la situation. Apres nous etre interesses a la didrese et aux semi-consonnes ([w], [q], [j])l, nous avons abord6 recemment la question de l'opposition entre /E/ (bref) et /I:/ (long)2.

1. Voir P. Martin, La variation [q]-[y] '

Quebec: poids relatif des facteurs de l'alter- nance, Actes du 18e Colloque de la SILF, Prague, Universite Karlova, 1992, p. 112-118; L'oppo- sition entre [w] et [u] en qu6b'cois, Actes du 15e Congrls international des linguistes, vol.II, Quebec, Universite Laval, 1993, p. 59-62; L'opposition entre /j/, /i/, /ij/ et /ji/ A Quebec, Actes du 19' Colloque de la SILF, Universite de Coimbra, 1994, 4p.

2. Dans le cadre de leurs etudes de maitrise a l'Universit6 Laval, Simon Fournier, Julie Lavoie, Annie Picard et Emily Rosales ont collabord tres activement 'a la realisation de cette recherche. Je les remercie vivement.

La Linguistique, Vol. 31, fasc. 2/1995

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34 Pierre Martin

Nos recherches utilisent couramment trois types d'analyse :

enquetes aupris d'informateurs a l'aide de questionnaires congus pour degager et identifier les unites phonologiques; traitement

statistique permettant d'6tablir le poids relatif des variables perti- nentes, internes et externes; enfin, examen acoustique approfondi des unites pergues. Les deux derniers types d'analyse sont effec- tues a l'aide de l'ordinateur (programmes VARBRUL, pour la statis-

tique et CSL, pour l'acoustique). En ce qui a trait ta l'opposition 6tudiee3, notre objectif 6tait

double : 6valuer la force de l'opposition phonologique de longueur en frangais actuel du Quebec et, sur le plan phonetique, connaitre les principaux indices acoustiques permettant de les diff6rencier. Nous avons choisi de relever l'usage des jeunes universitaires francophones queb6cois, a la fois pour des raisons pratiques (facilite de cueillette des donn6es), bien stir, mais 6galement parce qu'il s'agit de toute 6vidence d'un usage qui a de bonnes chances de correspondre, dans un avenir immediat, a une norme qui ne sera pas negligeable. Tenant

compte de nos moyens, nous avons retenu un 6chantillon de 40 personnes, de niveau baccalaureat, fr6quentant l'Universit6 Laval. Les informateurs ont 6t6 repartis selon le sexe, l'Age, la provenance geographique (au Qu6bec), la categorie socio-professionnelle des parents et le programme d'6tudes a l'Universite Laval. L'&chantillon comprend 21 filles et 19 garcons, Ag6s en moyenne de 22 ans (deux informateurs seulement ont plus de 28 ans). Quatorze informateurs sont de Quebec et de la r6gion, onze proviennent d'une region au sud-ouest de Quebec, neuf proviennent de l'est de Quebec, et six informateurs proviennent d'une region au nord-ouest de Quebec. Les deux parents de cinq des informateurs sont des professionnels.

3. Pour un apernu de la recherche sur la question, de ce c6te de l'Atlantique, on pourra lire avec profit: Beauchemin N., La diphtongaison en Estrie, socio- ou g6o-linguistique ? Phonologie et socite, Montrtal, Didier, 1977, p. 9-24; Dumas D., Structure de la diphton- gaison qu6becoise, La revue canadienne de linguistique, 26, 1981, p. 1-61 ; Jonas-Cedergren H., Le facteur temps et deux diphtongues du franqais montrealais, Variations Omnibus, Edmonton, Linguistic Research Inc., 1981, p. 169-176; Martin P., La deuxieme articulation du langage chez des enfants francophones (7-11 ans) de la region de Quebec, Cinq itudes sur la langue orale d'enfants, d'adolescents et d'adultesfrancophones de la rigion de Quibec, Hambourg, Buske, 1987, p. 1-36; Martin P., Fluctuations et flottements vocaliques en franco-canadien, Dilbilim, VIII, Istanbul (Turquie), 1989, p. 87-100; Morin Y.-C., Pour une histoire des voyelles longues en franqais, quelques problkmes, Revue de l'association de linguistique des provinces atlantiques, 6-7, 1985, p. 1-27; Padilla J. et Martin P., A propos de l'opposition /F:/--/E/ en franco- canadien, Milanges Lion, Toronto, Editions Mtlodie, 1992, p. 379-394; Santerre L., Deux E et deux A phonologiques en frangais quebicois, Cahiers de linguistique, Montreal, PUQ, 4, 1974, p. 117-145; Santerre L. et MilloJ., Diphtongization in Montreal French, Linguistic Variation --- Models and Methods, New York, Academic Press, p. 173-184.

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L'opposition entre /e/ (bre]) et /e:/ (long) 35

Seize informateurs ont un seul parent professionnel et 19 infor- mateurs n'ont aucun parent professionnel. La moitie de l'6chan- tillon est constitude d'6tudiants de la Faculte des sciences (pures ou appliquees), I'autre moiti6 provenant de la Facultd des lettres (litt6rature, ou langues et linguistique). Les enquetes, la notation

phonetique et le codage des s6quences ont 6td effectuds par les

quatre &tudiants de maitrise nommis a la note 2, chaque descrip- teur s'etant consacr6 '

l'atude de dix idiolectes. Paralldlement, j'ai moi-meme procd6

' la notation phonetique, puis ? l'atude, de huit des 40 idiolectes, soit deux par descripteur.

Les enquites ont eu lieu & l'Universit6 Laval, en chambre and- choique. Les entrevues ont 6te enregistrees sur magn6tophone Sony TC-5000, avec micro-cravate. Chaque informateur a rdpondu 'i quatre types de questionnaires : il lui etait d'abord demand6 de com- menter un livre d'images qui contenait al6atoirement des images provoquant l'apparition des mots recherch6s. Puis, l'informateur 6tait

appelk t repondre a un questionnaire de phrases a completer, du

genre a Cette nuit, j'ai fait un beau... >, avec comme r6ponse attendue ici, < reve >. Ces deux parties de l'enquete se sont av6rdes de niveau conversationnel. Les deux autres parties de l'enquete renvoient "a la lecture, d'abord de courtes phrases, puis d'un texte d'une page.

Le corpus comprend 22 paires de mots, presentant thdorique- ment une possibilit6 d'opposition entre /I:/ (long) et /I/ (bref). Ces mots ont 6td choisis pour des raisons de facilite d'illustration, bien stir, mais aussi parce qu'il s'agit de mots connus, sinon d'usage courant, et pour tenir compte de l'ensemble des possibilites d'occur- rences distributionnelles de l'opposition en frangais. A ces 22 paires, ont 6td ajoutees trois paires pour v6rifier la realit6 de la neutrali- sation de l'opposition devant /1/, /z/ et /3/. Le corpus de base comprend donc 50 mots diff6rents. Trente mots ont et6 prononc6s deux fois et 20 mots ont ete prononces trois fois. Pour chaque informateur, le corpus comprend donc 120 occurrences, totali- sant 4 800 mots (segments vocaliques etudids).

Corpus

/: / attendu

caisse chaine

gene peche

/s/ attendu - messe - veine

- gel - fesses

/s: / attendu

aretes

baptime tempete archeveque

/8/ attendu ~ crevettes - mitaines - trompette - cigarettes

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36 Pierre Martin

Presses reine renes reves scene tate traine braise

neige

- tresse

- beignes - laine - sive - cenne - tete - creme - treize ?

- beige ?

oxygene bel'ment

pecheur river traineau entrain'ment dechain'e mere

- Africaine

- pell'ter - dessins ~ rainures

- prairie - enseign'ment - enseignant - verre ?

Le comportement des phonemes etudi&s a ete analys6 en fonc- tion des variables externes mentionnies ci-dessus (sexe, Age, etc.) et en fonction des variables structurales suivantes: nombre de syllabes (1, 2, 3), leur nature (ouverte, fermee), leur position dans le mot (finale, non finale), nombre de consonnes qui preicident (1, 2), leur nature (sourde, sonore), type de consonne qui suit (sourde, sonore non allongeante, sonore allongeante), prdsence d'une frontiere morphologique, accent, genre de production. Des 120 occurrences de mots par locuteur, 50 proviennent du ques- tionnaire d'images, 20 des phrases a trou, 30 des courtes phrases lues et 20 du texte lu (donc, 70 en conversation et 50 en lecture).

L'analyse des resultats confirme tout a fait la neutralisation de l'opposition vocalique de longueur devant /i/, /z/ et /3/. En effet, dans ce contexte, la voyelle est pergue comme phon6ti- quement longue ([s:]), ou diphtonguee ([as]), dans prbs de 90 % des cas (base = douze mots sur 120*40 informateurs, soit 480 exemples). Quant aux autres mots du corpus, on peut dire qu'ils refletent le rendement fonctionnel 6lev6 de l'opposition au Quebec. Car, les mots avec /1/, /z/, /3/ 6tant exclus, le taux

g6neral d'opposition entre /:!/ et /8/ pour l'ensemble du corpus, tous les informateurs confondus, est de 80 %. Par ailleurs, on constate que le phoneme /8/ (bref) est beaucoup plus stable que le phoneme /: / (long). Il se r6alise phonetiquement bref (comme [s], quelquefois [e]) dans 95 % des cas, alors que le /: / (long) attendu ne se r6alise phonetiquement comme une monophtongue longue ou une diphtongue (longue) que dans 83 % des cas. D'autre

part, les fluctuations et les flottements4 affectent beaucoup plus

4. Pour une drfinition de ces notions, cf. P. Martin, Des alternances de phonemes dans le cadre du monime, Revue de l'association quiblcoise de linguistique thWorique et appliquie, 10, 1991, p. 107-116; puis, C. Clairis, La fluctuation de phonemes, Dilbilim, VI, 1981, p. 99-110 et H. Walter, Entre la phonologie et la morphologie, variantes libres et fluctua- tions, Folia Linguistica, XVIII, 2, 1984, p. 65-72.

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L'opposition entre /e/ (bref) et /e:/ (long) 37

le /: / (long) attendu que le /I/ (bref): le taux de fluctuation est de 17 % pour /&: / contre 7 % pour /s/, et le taux de flotte- ment est de 10 % pour / :/ contre 3 % pour /I/. Le phoneme /s / (long) apparait phonologiquement comme le terme marque de l'opposition, puisque sa presence est necessaire pour que l'oppo- sition se maintienne.

Lorsqu'on envisage les choses sur le plan des mots impliques, l'instabilit6 de /: / (long) se confirme. La disparition des opposi- tions se fait generalement par la realisation du /: / (long) attendu sous forme de [s] bref phon6tique. Ainsi, << aretes >> se realise avec [s:], tel qu'attendu, dans 38 % seulement des cas. Les autres mots les plus touches sont << entrain'ment >> (45 % de realisation de [s:] seulement), < rever >> (48 %), < d6chainee > (56 %), << trai- neau >> (68 %), puis << b&l'ment >> (76 %), <<apcheur> (84 %) et << tempete >> (89 %). On observe ici que l'instabilite touche davan- tage la syllabe non finale, et ce, d'autant plus qu'elle est ouverte. Du c6t6 du /I/ (bref) attendu, seuls << prairie>> et << beignes> font quelque peu problkme, avec des taux respectifs de realisation ([s] pergu) sous la forme d'une voyelle non allongee attendue de 68 et 79 %. De plus, les fluctuations influent plus fortement, et sur un plus grand nombre de mots, lorsque /1:/ (long) est attendu. Sept mots fluctuent 'a 20 % et plus quand /: / (long) est attendu: << dchaine >> 55 %. < rover >>53 %, <<entrain'ment >>34 %, << aretes >> 27 %, << bl'ment >>27 %, << pcheur >>25 % et <<tral- neau >> 20 %. Seul << beignes >> (25 %) est dans ce cas lorsque /I/ (bref) est attendu. Quatre mots en /I/ ne fluctuent pas du tout: << crime >>, << crevettes >, <<mitaines> et a trompette >>. Seul <<scene>> est dans ce cas pour les mots en /I:/. Les mots <<dessins>>, << pell'ter , << fesses >>, << cigarettes >>, << enseignant >> et << tresse >> fluc- tuent ~ moins de 5 %. Or, ils comportent tous /s/ attendu. Seul < renes> est dans ce cas pour les mots avec / :/ attendu. Natu- rellement, il en va de meme pour les flottements. Six mots en /s:/ attendu connaissent un taux de flottement 6gal ou sup&- rieur & 13 % : << rver >> 54 %, <<entrain'ment >> 46 %, <<aretes >> 31 %, << traineau >> 27 %, o d6chaine >> 18 % et << bdl'ment >>14 %. Seuls <<prairie >> (27 %) et <<beignes >> (13 %) sont concernms lorsque /I/ est attendu. En outre, quatorze mots en /i/ ne subissent pas de flottement, alors qu'il n'y a que huit mots en /: / dans le meme cas. En somme, l'instabilite se manifeste a tous les niveaux pour les memes mots. Ces mots sont plus susceptibles de com-

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38 Pierre Martin

porter plusieurs syllabes, l'instabilit6 touchant davantage la syllabe non finale, et ce, d'autant plus qu'elle est ouverte.

Resultats par mot

/: / attendu /E/ attendu % % % % % % %%

opp /: / flu flo opp /I/ flu flo traineau 38 68 20 27 prairie 38 68 17 27 aretes 39 38 27 31 crevettes 39 99 0 0

river 47 48 53 54 rainures 47 91 13 6 entrain'ment 50 45 34 46 enseign'ment 50 97 8 0 dechainde 53 56 55 18 enseignant 53 99 2 0 bAl'ment 76 76 27 14 pell'ter 76 99 4 0 reine 77 93 15 0 beignes 77 79 25 13

picheur 79 84 25 7 dessins 79 96 4 3 reves 85 95 10 0 seve 85 90 15 3

tempete 89 89 13 6 trompette 89 100 0 0 renes 90 95 2 4 laine 90 94 13 0 Presses 91 92 10 3 cigarettes 91 99 2 0

archeveque 92 92 10 3 gel 92 93 14 0 caisse 92 94 15 1 messe 92 98 6 0 chaine 92 96 13 0 tresse 92 99 2 0 gene 92 98 5 1 veine 92 96 10 0 tete 94 94 5 4 creme 94 98 0 2 traine 94 94 15 0 tite 94 96 5 0

oxygene 95 97 10 0 Africaine 95 98 5 0

baptame 96 96 7 0 fesses 96 97 3 1

peche 96 97 5 0 mitaines 96 99 0 1 scine 99 100 0 0 cenne 99 99 5 0

Nous avons ensuite effectue une analyse du poids relatif des variables externes quant au comportement des phonemes 6tudids. Cette analyse a 6te conduite ta l'aide de l'ordinateur en ayant recours aux programmes appelks VARBRUL5. Ce logiciel, qui utilise un modile de r6gression logistique, permet, a partir de l'examen de donnees de type cat6goriel (quantites discontinues), de determiner le niveau de signification statistique des variations

5. Au sujet de VARBRUL, mais aussi quant l'utilisation de la statistique en linguistique, on pourra lire avec profit D. Sankoff, Variable Rules, Sociolinguistics. An International Handbook of the Science of language and Society, U. Ammon et al., id., Berlin, Walter de Gruyter, 1988, p. 984-997; D. W. Hosmer et S. Lemeshow, Applied Logistic Regression, New York, J. Wiley & Sons, 1989, 300 p.; T. Rietveld et R. van Hout, Statistical Techniques for the Study of Language and Language Behaviour, Berlin, Mouton de Gruyter, 1993, 400 p.; D. Audet et al., Probabilites et statistiques, Boucherville, G. Morin, id., 1986, 407 p.

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L'opposition entre /E/ (breg' et /8:/ (long) 39

observees. Apres avoir fait le tri dans les donnees soumises entre ce qui peut etre dfi au hasard et ce qui est statistiquement signifi- catif, VARBRUL permet d'6tablir l'incidence relative (chiffrie) des variables retenues sur le comportement observe. En ce qui a trait au problime ai l'6tude, les conclusions que l'on peut tirer sont les suivantes : la variable << Age >> n'a pas 6te retenue, notre 6chan- tillon 6tant trop homogene a cet 6gard; la variable << sexe > n'est

pas jugee significative; il en va de meme des trois autres variables externes retenues au d6part (provenance gdographique, categorie socio-professionnelle des parents, programme d'6tudes a l'univer- site). Peut-etre ces r6sultats auraient-ils ete diff6rents si l'enquete avait 6te faite aupres d'un &chantillon plus representatif de la

population en g6ndral. Ceci reste a d6terminer. En tout cas, sur la base de notre 6chantillon, on peut dire que les facteurs externes jouent tres peu, sinon pas du tout.

On ne peut en dire autant des variables structurales. En effet, plusieurs d'entre elles jouent un r61le capital. Pour ce qui est de l'apparition de /.:/ (long), toutes choses 6tant 6gales par ail-

leurs, les facteurs suivants sont, dans l'ordre, identifies comme des catalyseurs rdels: 1) I'6crit (cf. e --e), 2) la monosyllabicit6, 3) la presence d'une consonne sonore allongeante, 4) la syllabe finale, 5) I'accent et 6) la presence d'une frontiere morpholo- gique. On note au passage que la lecture ddfavorise /s: /, celui- ci etant mieux preserv6 en conversation (questionnaire d'images et phrases 'a compl6ter). Autrement, comme le phoneme /: / (long) est le veritable support de l'opposition, il y a bien entendu davantage de /1:/ qui s'opposent mais, par la meme occasion, ce phoneme est plus atteint par la fluctuation et le flottement. Les facteurs qui favorisent les oppositions sont, dans l'ordre : 1) une consonne non allongeante (sonore ou sourde), 2) la syllabe finale, 3) la presence d'une frontibre morphologique, 4) tre prec6de d'une seule consonne, de pr6f6rence sourde, 5) la monosyllabi- cite, et 6) la syllabation ouverte. Encore une fois, la lecture defa- vorise les oppositions, puisque celles-ci se maintiennent effective- ment mieux en conversation. Evidemment, comme nous l'avons ddja dit, /: / favorise 6galement les oppositions, alors que les fluctuations et les flottements les d6favorisent. Du c6te de l'affai- blissement du paradigme, trois facteurs sont reconnus comme des catalyseurs des fluctuations: 1) la syllabe non finale, 2) la pre- sence d'une consonne sonore allongeante et 3) la lecture. Quant

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40 Pierre Martin

aux flottements, ils sont favorises, dans l'ordre, par: 1) la syllabe non finale, 2) une consonne sonore allongeante, 3) les polysyl- labes, 4) tre pricede de deux consonnes et 5) la lecture.

Afin de mesurer l'effet du filtre linguistique6 du descripteur, j'ai personnellement procede a la notation phonetique de huit idiolectes, deux par descripteur, l'un choisi parce que, au dire des 6tudiants-descripteurs, l'informateur diphtonguait fortement, et l'autre, choisi parce qu'il ne diptonguait pas, ou peu. Des taux de diphtongaison pergue ont 6t6 6tablis pour chaque descripteur et pour moi-meme. Ceux-ci correspondent "a des pourcentages d6gag6s de la faqon suivante : les 25 mots avec /': / (long) attendu et les trois mots avec /F/ (bref) attendu mais suivis de /h/, /z/, ou /3/, donc tous les mots susceptibles de produire une diph- tongue (ou une voyelle longue), forment 100 %. Risultats: alors

que le taux moyen de diphtongaison que j'ai relev6 est de 61 %, pour le meme 6chantillon (n = 8), les 6tudiants-descripteurs arri- vent a un taux moyen de 21 % de diphtongaison. La compa- raison entre mes resultats et ceux obtenus par chaque analyste, sur la base de deux idiolectes a chaque fois, peut egalement paraitre troublante : les taux moyens de diphtongaison perque sont de 29 % pour l'analyste A (contre 61 % selon mon analyse des deux memes idiolectes), 23 % pour l'analyste E (contre 63 % pour l'auteur de ces lignes), 25 % chez J (contre 63 %) et 5 % chez S (contre 57 %)!

80 61 63 63

5 6 0 ................

.... descr. ....9.23........

20O A.. .. .

. . .... ......... ::::::::::::::~ :::::::::::::::::itrr i -::::::: ............. .... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .... ....... .... .. ... ...........~:WtSBS88B :::::::;: :::::: ::I::.':.~www~ aa::::aa:a:::~ aa:::: aa .... ....

% de diphtongues pergues par descripteur.

6. A ce sujet, on pourra lire P. Martin, Filtres, moddles et variteis du frangais, Travaux de linguistique, 3, Universite d'Angers, 1984, p. 87-94; Moddle, filtre et reprisentation, Langues et linguistique, 13, Quebec, Universitei Laval, 1987, p. 147-161; Theiorisation, modilisation et dynamique phonologique, Langues et linguistique, 15, Quebec, Universiti Laval, 1989, p. 183-197.

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L'opposition entre /e/ (breJf et /e:/ (long) 41

Quelle conclusion peut-on tirer de cet exercice ? L'usage con- ditionne forcement la perception mais aussi l'interpretation. Le filtre linguistique agit incontestablement sur notre representation de la langue : les descripteurs, 6tudiants d'universit6 diphtonguant eux- mimes, pergoivent diff6remment la diphtongaison, et surtout, iden- tifient un taux de diphtongaison bien inf6rieur 'a celui que je pergois moi-meme, qui ai une plus longue experience de la notation pho- netique des langues et qui ne diphtongue pas sur une base cou- rante. 1H faut faire remarquer ici que, parmi les 6tudiants-descripteurs, I'analyste qui a pergu le plus haut taux de diphtongaison, pour l'ensemble du corpus, est celle qui precisement diphtongue le moins dans sa pratique courante, du moins, sur la base de l'observation que j'ai pu en faire. Lorsqu'on aborde les pourcentages d'opposi- tions, de fluctuations et de flottements, les diffirences entre chaque descripteur et moi-meme sont moins marquees bien que n6anmoins r6elles et non ndgligeables. Pour les oppositions, les pourcentages de comparaison sont de 86 (descr. A) contre 82 (le 2e chiffre est le mien), 71 (E) contre 82, 84 (J) contre 78 et 73 (S) contre 80. Pour les fluctuations, les pourcentages de comparaison sont de 7 (descr. A) contre 10, 17 (E) contre 20, 7 (J) contre 13 et 13 (S) contre 18. Pour les flottements, les pourcentages de comparaison sont de 2 (descr. A) contre 5, 5 (E) contre 3, 2 (J) contre 5 et 3 (S) contre 2. II faut signaler que l'un des quatre 6tudiants-descripteurs, celui dont l'anglais est la langue maternelle, s'est singularise tout au long de l'analyse. En effet, cette personne presente le plus faible taux de phonemes /I: / (longs) pergus, le plus faible taux d'oppositions et, au contraire, un taux extremement dlevi de fluctuations (27 % contre 7,5 en moyenne pour les 3 autres), ainsi que le plus haut taux de flottements.

Enfin, en me basant sur ma propre analyse de ces huit idio- lectes, force est de constater que la variation inter-locuteurs est

100..................................... 8 0........X ..........

40 r ........................ ... ... .........ii~.~~

$5~

20 A A2 A5 E4 E6 J0 J4 $2 $9

% de diphtongues produites par informateur.

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assez grande a tous les niveaux: le pourcentage moyen de diph- tongaison est de 61 % mais les valeurs extremes de l'echantillon (n = 8) se situent ' 36 et 82 % (ecart-type : 18).

De mime, les valeurs minimales et maximales du pourcen- tage d'opposition sont respectivement de 63 et 96 %, avec un taux moyen de 81 % (ecart-type : 11); le pourcentage moyen de fluctuation est ici de 15 % (min. = 2 %, max. = 32 %, ecart- type = 11); enfin, le pourcentage moyen de flottement est de 4 % (min. = 2 %, max. = 7 %, 6cart-type = 2).

En conclusion de cette partie, on peut dire que l'opposition envisagee semble rester bien vivante au Quebec, meme si elle varie selon les mots, selon les locuteurs, chez un meme locuteur, et selon le descripteur. Nous voulions connaitre l'usage des jeunes universitaires queb6cois quant 'a l'utilisation de l'opposition entre /: / (long) et /s/ (bref). On constate que cette opposition connait un bon rendement fonctionnel et que, dans l'usage d6crit tout au moins, la diphtongue correspond a la prononciation majori- taire du phoneme long, meme quand ceci 6chappe aux premiers intcresses, a savoir les descripteurs de la langue, faisant des lors

apparaitre l'effet du filtre linguistique dans le travail meme du linguiste.

Il nous reste maintenant a aborder les aspects acoustiques. La numerisation du signal 6tant une tache longue et ardue, nous avons ramene l'6chantillon ' quatre personnes, deux filles, deux

garCons, ag6s entre 19 et 21 ans. Deux d'entre eux proviennent de la Facult6 des sciences, les deux autres provenant de la Faculte des lettres. Le corpus exploit6 a des fins acoustiques comprend 27 paires de mots pouvant pr6senter une opposition entre /s: /

(long) et /s/ (bref). Il s'agit des 25 paires de mots du question- naire d'images, auxquelles ont ete ajouties deux paires du ques- tionnaire de phrases

' completer (<< archeveque >>-<< cigarettes >>,

< bil'ment >>- << pell'ter >), pour avoir suffisamment de mots polysyl- labiques. J'ai proc6dd a une 6tude perceptive de ce corpus, en 6tablissant trois classes d'61lments, [s], [s:], ou [as], et ce, peu importe que le mot ait 6te attendu avec /s:/ (long) ou /8/ (bref). Par consequent, a cette 6tape, certains /s:/ attendus ont etc

rang6s dans la cat6gorie des [s] pergus, de meme que certains

/s/ attendus ont 6te classes dans les [s:] ou [as] perrus. Trois mots inaudibles ayant 6td dliminds, les 213 voyelles de ce corpus se sont reparties ainsi: 106 [s] (50 %), 39 [s:] (18 %) et 68 [as]

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L'opposition entre /e/ (brejj et /e:/ (long) 43

(32 %). En combinant les [&:] et [as] pergus (n: 107 = 100 %), on aboutit ' un taux de diphtongaison reel de 64 % pour cet

echantillon, ce qui correspond sensiblement aux chiffres degages prec"demment pour l'ensemble de notre 6chantillon (n = 40), du moins sur la base de la perception qu'en a eu l'auteur de ces

lignes. Encore une fois, ceci semble indiquer que la diphtongaison est la norme actuelle d'usage chez les jeunes universitaires queb6- cois, en ce qui concerne la voyelle dite << longue >>.

Les 213 mots ayant 6te numerisis, chaque voyelle a et6 seg- ment'e afin d'en &tablir precis6ment la duree. Sur ce plan, les r6sultats sont les suivants: la monophtongue breve dure en

moyenne 90 ms (millisecondes), la monophtongue longue dure 167 ms, alors que la diphtongue longue (seuls six cas pr6sentent une dur&e inf6rieure 'a 100 ms) dure en moyenne 176 ms. En

somme, la voyelle breve n'atteint en moyenne que 53 % de la duree de la voyelle longue (monophtongue et diphtongue confondues).

Des repr6sentations spectrales ont ensuite 6td produites pour chaque voyelle (n = 213) afin d'6tablir le relev6 des valeurs for-

mantiques, lesquelles assurent, comme on le sait, la discrimina- tion auditive. Des releves de valeurs en Hertz (Hz) ont 6t6 effec- tues ' deux endroits pour les 213 voyelles : au premier tiers et au deuxieme tiers de la voyelle, afin d'6valuer toute dynamique interne. Au plan des formants donc, la diphtongue presente des valeurs moyennes plus 6lev6es de F, et de F2 au 2e tiers (577 Hz et 1 938 Hz) mais se d6marque surtout par le caractere compact de ses formants au Ier tiers (698 Hz et 1 591 Hz), la rapprochant en realit6 des valeurs d'un [a], d'oii la notation proposee ici pour cette diphtongue: [a].

2400

18700 EF2

600 -

[E:] [E] [ aE:]

Formants au 1/3 de la voyelle.

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44 Pierre Martin

Par ailleurs, le passage entre les points 1/3 et 2/3 de la voyelle, pour la diphtongue, fait apparaitre une baisse caracteristique de

F1 (- 121 Hz) et une mont6e tout aussi caracteristique de F2 (+ 347 Hz). Quoi qu'il en soit, la distance F2/Fl (6cart en Hz) au 2e tiers reste, pour la diphtongue, comparable a ce qui se

passe pour [s:] et [s]: elle n'est que l'gerement plus grande. Si bien que, en definitive, c'est assurement le caractere compact du rapport F2/F1 (893 Hz) au ler tiers (sorte de [a]) qui carac- terise avant tout la diphtongue 6tudide.

1 8 0 0...................... . iiiijiiiijjic%an::: - i::: i i~i il iil iiiii

600 a:a::a:aia-:::a::i:ia:::ai~a;;a:ai~ia /-m

2/3 :a:a:aa::a::a:: aa:aa:aa::.::a:::

:i:::i:i::!::!:!::!:!:!:::!:!:a

~ a:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::: a

a.,a

. ... [E.].[.aE:]

....... ....... ..... . ...............a::a: ~ ~ 2 / ........................

.. .................. 600 ''.''.' .132 1 ........ . .... .... .. . ... ...

iijiiiiii~i~i~ia:aa: iii~iiiiii...........::: .. ....... 12 0 0 ...........a::raa::a:

a

:

..................... .......... M 1 /3

Distance F2/F1 en Hz.

Naturellement, lorsque l'on tient compte du contexte envi- ronnant (nombre et type de syllabes, nature de la consonne qui suit), les resultats auxquels on arrive different quelque peu. Ainsi, dans les monosyllabes fermis par /1/, /z/, ou /3/, toutes les voyelles sont considerablement plus longues: [s] = 118 ms, [:] = 245 ms, [as] = 216 ms. Puis, par ordre d6croissant de duree, on retrouve les voyelles dans les autres monosyllabes fermnns, dans les bisyllabes fermes, et dans les trisyllabes fermes. Enfin, dans les bisyllabes non finals, la duree vocalique est plus grande en syllabe ouverte qu'en syllabe fermee, ce qui n'est pas etonnant puisque la voyelle occupe alors l'espace du noyau et de la coda syllabiques.

Dans les langues oui les oppositions phonologiques de quan- tite vocalique se maintiennent (les langues germaniques, les langues algonquiennes, pour ne citer que celles-15), la dur6e est rarement l'unique facteur a considerer. Effectivement, etant donne le carac- tare lineaire et temporel du discours, et compte tenu des effets prosodiques divers (expressivit6, accents, contrastes, tons, intona- tion, mdlodie, rythme, d6bit), la dur&e, meme quand elle d6clenche

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L'opposition entre /e/ (bre]) et /e:/ (long) 45

X X ... . . . . . . . . .. .. ... .. .... .. .. .. .. ..... .. .. .. .. .. .. .. .. .. 0. .. .. . . .. .. .. .. .. . . . . .. . .. . 3 0 0

..... . ........

44 ' ...

.............j:::::j:: ................... ........ ..............: a .........

X* ... X.,a5. .....~.

.... ...... ..... ..... ...... .......... ....... ... ............ ........... 2 0 0 ........ ........ ..... .............. ........... % ...... 0 a a ~ I~T F .. . .. . ..... .. % . 0 .... . 0 . .... .... .... ... .. ... .. .. ... .. .. ... .. .. : .. .. .... ....... El BFF

Durie moyenne (en ms) par contexte.

tout, presente une base trop changeante pour constituer 't elle seule, en toutes circonstances, le facteur assurant les oppositions. En conclusion, on comprend donc ais6ment, en observant l'impor- tance que la diphtongue prend comme realisation phonitique du phonene /1:/ (long) en frangais du Quebec, que l'opposition soit si vivante de ce c6te de l'Atlantique, alors que, selon toutes les indications, son rendement fonctionnel est, d'une fawon gendrale, beaucoup moins 6leve dans l'Hexagone, par exemple, oui, dans l'usage le plus repandu tout au moins, la prononciation diphton- guee est pratiquement inexistante.

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