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- 1 - Lundi 28 novembre 2O11 00h00 [GMT+ 1] NUMÉRO 101 Je n’aurais manqué un Séminaire pour rien au mondePHILIPPE SOLLERS Nous gagnerons parce que nous n’avons pas d’autre choix AGNÈS AFLALO www.lacanquotidien.fr ÉTUDES ▪ Premiers arpentages du Séminaire V (II) par Jacques- Alain Miller CHRONIQUES ▪ L’AIR DU TEMPS par Jean-Pierre Deffieux Le diable chez Mollat BHL, la haine et le symptôme par Jean-Pierre Klotz LacanQuotidien.fr par Victor Rodriguez COURRIER ▪ Verdi -La forza del destino >>> Écouter l’Ouverture

LQ-1011 psicoanalisis

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psicoanalisis

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    Lundi 28 nove mb re 2 O1 1 00h00 [GM T+ 1 ]

    NUMRO 101 Je naurais manqu un Sminaire pour rien au monde PHILIPPE SOLLERS

    Nous gagnerons parce que nous navons pas dautre choix AGNS AFLALO

    www.lacanquotidien.fr

    TUDES Premiers arpentages du Sminaire V (II) par Jacques-

    Alain Miller

    CHRONIQUES LAIR DU TEMPS par Jean-Pierre Deffieux

    Le diable chez Mollat

    BHL, la haine et le symptme par Jean-Pierre Klotz

    LacanQuotidien.fr par Victor Rodriguez

    COURRIER

    Verdi -La forza del destino

    >>> couter lOuverture

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    TUDES

    Premiers arpentages du Sminaire V

    (II)

    Jacques-Alain Miller

    Ces commentaires ont t prononcs par Jacques-Alain Miller au sminaire Diva du

    17 septembre 2011. Ils ont accompagn deux exposs consacrs aux Formations de

    linconscient [Seuil, 1998] : le premier, dAurlie Pfauwadel, portait sur la fonction du pre

    dans Les trois temps de ldipe (chapitres X et XI du Sminaire V) ; le second, dAnalle

    Lebovits-Quenehen, sur les termes de dsir et de jouissance dans le chapitre XIV.

    Invite ce sminaire, jai t saisie par le fait quil y avait l une vritable mine

    pistmologique et mthodologique, fort utile pour tout(e) un(e) chacun(e). Il aurait t

    dommage den priver les lecteurs et les lectrices de Lacan quotidien. Comment Lacan

    construit-il son propos ? Comment attraper le fil qui lanime dans lavance de son

    Sminaire ? quelles conditions pouvons-nous faire fruit de ses nigmes et en extraire

    quelque chose ? Et, nous-mmes, comment nous y prenons-nous pour btir nos

    interventions ? En tablissant le texte que lon trouvera ci-dessous, il mest apparu que ces

    commentaires composaient un ensemble. Cest donc sous cette forme que je lai soumis J.-

    A. Miller, qui en a accept la publication. Pascale Fari [Lire la premire partie de lintervention de Jacques-Alain Miller tablie par Pascale Fari que nous remercions nouveau chaleureusement de son travail clair et rigoureux. Lquipe de la rdaction]

    Reconfiguration de la libido freudienne

    Nous savons dj comment Lacan va situer le dsir par rapport la chane signifiante :

    le dsir est sur le versant mtonymique, il court entre les signifiants, et il est impossible de

    larrter une place donne. Cest lune des bases de sa reconfiguration freudienne de la

    libido. Le dsir vient en quivalence la mtonymie, comme il lcrit dans Linstance de la

    lettre Dans un rcit mtonymique, le sens ne cesse pas de courir. Lexemple donn par

    Jakobson et repris par Lacan est celui du rcit raliste. Lcrivain arrive rendre

    latmosphre de la chose, mais o est le sens ? Le rcit en est bourr, sans quon puisse

    prciser sur quel terme ce sens pourrait sordonner.

    Avec la notion de dsir mtonymique, Lacan a pens un temps puiser la libido

    freudienne. Or, tant donn quelle nen sature pas tous les aspects, il lui a fallu ajouter

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    lobjet a. Le clivage dsir / jouissance chez Lacan, cest sa rpartition de la libido freudienne.

    Du ct du dsir, la libido court, ce sont tous les dplacements, ce que Freud nomme les

    transvasements de la libido, comme dune quantit donne x, qui va se porter sur des

    objets, se retirer On donne sa libido, on la reprend, on se demande o elle est passe Et

    ta libido, o est-elle ? La libido mtonymique ne cesse de se dplacer, elle court. part a, le

    type peut toujours sucer son pouce trente ans, a, a ne se dplace pas beaucoup : le

    concept de jouissance sert rendre compte de ces fixations de la libido. Dun ct, le

    registre du gambader, de lautre, celui du traner un boulet.

    Une fois, alors que je jouais au requin dvorateur avec ma petite fille, elle me dit :

    Pas le requin ! Bon, daccord, pas le requin. Et puis, un moment donn, elle me

    lance : Hou ! Le requin ! Je me souviens aussi dun congrs Buenos Aires en 1984, o,

    aprs en avoir pris pour mon grade, je leur avais racont une scnette avec ma nice Coralie.

    Je cours derrire elle, je lattrape, et elle me dit : Mords-moi, mais doucement. Aprs

    leur avoir rapport lhistoire, je leur avais dit, en espagnol : Mordez-moi, mais

    doucement. Cest le jeu rotique, le semblant. Une morsure peut aussi tre un mouvement

    daffection, de dsir. Cloptre se suicide avec une morsure daspic cach dans une pomme,

    cest trs beau, trs rotique. La pure morsure, a nexiste pas. Lacan voque ainsi le petit

    garon qui reoit une gifle : si on lui dit que cest une punition, il pleure ; si on lui dit que

    cest un geste daffection, il est content. La gifle ne dit pas par elle-mme, demble, ce

    quelle est.

    La thse quasi mtaphysique de Lacan est que, par dfinition, le dsir, mtonymique,

    ne sarrte jamais et ne peut jamais tre satisfait. Le dsir est insatisfait par essence, et cest

    en cela quil est hystrique. Linsatisfaction est constitutive du dsir. Cette dfinition du dsir

    se soutient, mais elle est tellement unilatrale que Lacan a d la compenser par lobjet a, en

    tant quobjet qui est, non pas devant, mais derrire le dsir, non pas lobjet que lon va

    chercher, mais celui est cause.

    Pourtant, dune certaine faon, les gens se trouvent. Certes, ce nest pas chacun, sa

    chacune, mais des hommes et des femmes se rencontrent malgr tout. Alors, on est oblig

    de dire : ils se trouvent, mais ce nest pas au niveau de leur dsir , a fuit ailleurs. Tant

    quElsa tait l, Aragon se tenait trs bien ; ensuite, il sest mis courir les jeunes gens.

    Aragon tait fils dun prfet de police qui na pas pu le reconnatre, et sa mre la lev

    comme sil tait son jeune frre. Ce petit problme quil a d avoir avec le Nom-du-Pre, il

    lavait rsolu avec Elsa. Il avait trouv son Nom-du-Pre en elle. peine Elsa disparue, il est

    devenu le vieil homme scandaleux qui saffichait dans Paris avec des garons. Le chat parti,

    les souris dansent : le chat, ctait Elsa.

    Avatars du dsir de reconnaissance

    La reconnaissance, le concept kojvo-hglien de reconnaissance, comme tant le

    dsir le plus profond du sujet, est un autre concept que Lacan a inject dans Freud, avant de

    le remettre en question par la suite. Ce passage capital, que javais autrefois comment dans

    mon cours, se trouve dans La direction de la cure [p. 623] : Freud [] nous avertit que le

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    rve ne lintresse que dans son laboration. Quest-ce dire ? Exactement ce que nous

    traduisons par sa structure de langage. Comment Freud sen serait-il avis, puisque cette

    structure par Ferdinand de Saussure na t articule que depuis ? Si elle recouvre ses

    propres termes, il nest que plus saisissant que Freud lait anticipe. Il ne sagit dj plus du

    dsir de reconnaissance. Et o Freud a-t-il anticip Saussure ? Dans un flux signifiant dont le

    mystre consiste en ce que le sujet ne sait pas mme o feindre den tre lorganisateur.

    Cest une allusion la phrase trs drle de Cocteau, ces mystres me dpassent, feignons

    den tre lorganisateur . L, nous dit, Lacan, le sujet est tellement dpass par ce mystre

    quil ne peut mme pas feindre den tre lorganisateur !

    Il sagit, poursuit Lacan, que, dans le rve, le sujet se retrouve comme dsirant. Le faire

    sy retrouver comme dsirant, cest linverse de ly faire se reconnatre comme sujet cest

    prcisment l quintervient le retournement : le sujet dsirant nest plus celui de la

    dialectique de la reconnaissance de Hegel , car cest comme en drivation de la chane

    signifiante que court le ru du dsir et le sujet doit profiter dune voie de bretelle pour y

    attraper son propre feed-back. Si lon suit le trajet du graphe, cest assez clair, mais

    lpoque le graphe ntait pas encore publi (Lacan labore son graphe la fin des

    Formations de linconscient en 1958, il ne le livre son auditoire quen 1962 et ne le publie

    quen 1966, dans les crits).

    Ce passage se conclut sur une formule frappe : Le dsir ne fait quassujettir ce que

    lanalyse subjective. Il sagit de subjectiver la place du dsir, quelle devienne consciente en

    quelque sorte, que le sujet sache o il est quand il dsire, de quelle place il dsire. Le dsir

    assujettit au sens o lon est dpendant de le sujet, alors que lanalyse, si on voulait

    simplifier, le libre. Ce nest pas lhomme n libre puis enchan du Contrat social de

    Rousseau. Cest lhomme n dans les chanes du dsir et libr par lanalyse. Il y a l matire

    toute une rhtorique de la libert. Nous pouvons avoir des terrains dentente avec tout le

    monde ! Mme avec les religieux, puisque nous sommes contre lobjectivisme total, nous

    croyons que le dsir est transcendant, comme le signifiant.

    Mais, page 255 du Sminaire V, Lacan nen est pas encore l : nous voyons bien que ce

    dont il sagit dans une analyse, cest toujours de quelque chose qui nous montre le sujet

    engag dans un procs de reconnaissance comme tel. Aprs avoir ainsi pos le dsir de

    reconnaissance comme essentiel, il ajoute : mais reconnaissance de quoi ? Comprenons-le

    bien, ce qui marque que lui-mme ne sy retrouve pas tout fait. Puis il prcise : De ce

    besoin de reconnaissance, le sujet est inconscient, et cest bien pourquoi il nous faut de toute

    ncessit le situer dans une altrit dune qualit que nous navons pas connue jusqu Freud.

    Cette altrit tient la pure et simple place de signifiant par quoi ltre se divise davec sa

    propre existence.

    Il y a quelque chose de transcendant dans le fait dtre reprsent par un signifiant.

    Une fois nomm prsident de la Cour dappel de Dresde, Schreber est reprsent par ce

    signifiant, il ne le supporte pas et pense que son corps se transforme progressivement en

    corps de femme la chose est devenue banale depuis (cf. le commentaire, publi dans

    Lacan Quotidien no 29, de Jean-Pierre Deffieux sur le dernier film dAlmodovar). Schreber en

    devient fou, les dieux en veulent son corps, ils se divisent, mais le signifiant est toujours l,

    il est toujours prsident de la Cour dappel de Dresde. On comprend ce que veut dire la

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    sparation de ltre davec lexistence : son tre de signifiant est reprsent comme a, et

    cest bien ce qui lui fait tant problme. La sparation de ltre et de lexistence, ce nest pas

    un problme mtaphysique, cest un problme de tous les instants ! En tant quexistant, le

    sujet se constitue ds labord comme division, parce quil est reprsent par un signifiant, ce

    qui aboutira la formule : le sujet est reprsent par un signifiant pour un autre signifiant.

    Tendre un fil partir dune unit dlimite

    On commence par tendre un fil, aprs quoi, on peut y accrocher des lavis, y tendre

    des draps Encore faut-il dabord faire apparatre le fil. Dans ces chapitres, ce peut tre, par

    exemple, le pre interdicteur et le pre donateur, le pre mchant et le pre gentil, etc. Plus

    le fil est simple, plus on peut y accrocher de choses.

    Tant que vous ne signalez pas ce qui vous intresse dans les pages que vous

    commentez, on ne voit pas le fil et on se demande ce que vous cherchez. Pourquoi, dans un

    livre de plus de cinq cents pages, avoir choisi tel passage ? Cela pose la question des units

    que lon dcoupe pour les tudier : un chapitre, une page, un paragraphe, une phrase ? Quel

    est le point central que lon isole pour rayonner partir de l ?

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    CHRONIQUES

    LAIR DU TEMPS par Jean-Pierre Deffieux

    Le diable chez Mollat*

    Elles taient l en ce samedi, Analle et Alice, souriantes

    et dtermines, devant une salle pleine

    Dcidment Mollat a de la chance cette anne !

    Philippe et Guillaume les accompagnaient, Philippe discret

    aprs une belle introduction, laissant ces 3 jeunes discuter

    ensemble et avec la salle.

    L encore lair du temps nous convoque. Cet air de jeunesse nous ravit, la psychanalyse

    lacanienne vit, se transmet, se renouvelle. Ces jeunes collgues nous tonnent par le

    poids, lauthenticit de leur dsir et la russite de ce quils entreprennent.

    Le diable probablement , cette jeune revue politique, qui sintresse ce qui se passe

    dans la cit, ne en 2006, du mouvement des Forums et du groupe quils avaient constitu

    alors et quon a appel Dixit, une revue politique inspire par la psychanalyse et par Lacan.

    Ces enfants des annes 80, comme la dit Philippe dans son introduction, encore tudiants,

    ont voulu faire de ce monde un lieu dont ils puissent dire Jy suis (Analle). Ils nont pas

    connu Lacan, ils lont rencontr au travers de leur analyse personnelle et ensuite par le

    texte. Ils ont rencontr le dsir de Lacan, le dsir qui se propage de gnration en

    gnration, le dsir diabolique de Lacan, ce dsir qui continue nous animer.

    Les travailleurs de cette Revue sintressent la chose publique et lattrapent leur faon :

    Ils ont retenu de Lacan laffrontement de toute sa vie avec le rel, ce que Jacques-Alain

    Miller relve dans la longue interview quil donne dans ce numro, du srieux de Lacan.

    Cest ce srieux quon retrouve dans cette revue, lexamen de la chose publique au regard

    du rel, comme limpossible supporter. Lexprience de Lacan, son uvre, sont essentiels

    pour dchiffrer le malaise contemporain.

    Jai retenu au passage quelques phrases de cette discussion de samedi chez Mollat, jen

    cite deux :

    - Lthique commande le rapport au savoir, la revue laisse sa place au dsir

    plus quau savoir . Cela ne veut pas dire quil ny a pas de savoir dans cette revue,

    bien au contraire. Mais ce nest pas un savoir qui recouvre le dsir, ce qui scrit du

    discours universitaire.

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    - Ce nest pas une revue dindignation (Signifiant matre de notre temps),

    cest se saisir de ce qui fait symptme pour linterprter . La nomination nouvelle

    dAnalle comme AE de lECF ne peut que booster cette intention.

    Deux numros par an, un thme qui saisit chaque fois une facette de notre monde

    contemporain : mmoire, transparence, corps... etc, arracher un bout de savoir un

    phnomne de civilisation massif

    Ils viennent donc de sortir le numro 9 du Diable en hommage Lacan : Pourquoi

    Lacan , qui est une affirmation et non pas une interrogation, cest : Lacan pour quoi.

    Cest un dlice, a se lit comme un roman ! Une varit incroyable, une lecture facile et

    agrable : on passe dun article lautre sans vouloir sarrter. Les articles sont courts et

    chacun dit son rapport singulier Lacan avec une authenticit rare. Chacun lattrape par un

    bout, son bout. Mais chacun tmoigne, Oh combien, que Lacan reste subversif. Tous les

    auteurs se retrouvent en un point : ils aiment Lacan et ils le disent mais ils nont pas un

    rapport idoltre Lacan, ce nest pas une namoration, ce quon aime chez Lacan cest son

    dsir si singulier, son tre si singulier, capable de bouger les subjectivits et datteindre au

    malaise de la civilisation.

    Dans ce numro, des artistes, des potes, et de nombreux hommes de pense daujourdhui.

    Comment font-ils pour runir tout ce monde ? , Eliette Abecassis, Roland Castro, Franois

    Cheng, Catherine Clment, Benoit jacquot, Eric Marty, Pierre Michon, Jean-Claude Milner,

    Jean-Pierre Raynaud, Franois Regnault, Jacques Riguet , Philippe Sollers, et bien dautres

    encore.

    Et pour chacun, cela napparait pas du tout comme des exercices commands dhommage

    , cest une plonge dans leur pass, un retour cette rencontre qui pour chacun a t

    sinon unique, en tout cas dcisive.

    Dans ce numro aussi beaucoup dentretiens, dans lesquels ils interviennent chaque fois

    nombreux, avec un -propos remarquable. Lentretien de plus de deux heures avec

    Jacques-Alain Miller est un rgal. On sent quil se livre volontiers et trs gentiment, ils

    lentrainent dans cette aventure. Et ils nhsitent pas poser les questions embarrassantes,

    avec le tact quil faut et un zeste dimpertinence :

    Quelques questions de ce type :

    -Vous avez donc un ct protecteur et un ct intraitable ?

    -Le fait que vous soyez son gendre a til eu des consquences sur vos relations ?

    -Concernant vos cours maintenant, pour quelles raisons ne les publiez vous pas en franais ?

    Et je ne vous donne pas la srie de questions insistantes sur ladmiration de JAM pour

    Robespierre, vaut son pesant.

    Mais aussi des questions qui amne linterrog dire plus :

    -Vous avez fait valoir que Lacan avait le don darracher la petite chose en plus quon ne

    voulait pas lui cder. Ses analysants en ont tmoign en effet.

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    JJAAMM :: Ctait un talent spcial quil avait. La force du dsir, comme chez Verdi la force du

    destin. Ca a permis des gens de se surpasser eux-mmes.Cette faon de faire repose sur

    une certaine densit de ltre chez lanalyste

    Dans le genre, je vous conseille aussi linterview de Benoit Jacquot sur le droulement de

    lenregistrement de Tlvision ou la rencontre de Jacques Riguet avec Lacan et ses sjours

    Guitrancourt et puis tant dautres, il faut bien que je marrte.

    Je terminerai volontiers par ce proverbe tchque :

    Il faut chasser le diable par le diable."..probablement.

    *Philippe La Sagna prsentait Analle Lebovits-Quehehen, Alice Delarue et Guillaume Roy du comit de

    rdaction de la revue le Diable invite par la librairie

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    Compte-rendu de la Conversation avec

    Bernard-Henri Lvy

    le 23 novembre au Cinma Saint-Germain

    BHL, la haine et le symptme

    par Jean-Pierre Klotz

    Pourquoi la soire de mercredi 23 novembre au cinma St-Germain-des-Prs,

    o Jacques-Alain Miller prsida une srie magnifique autour de Bernard-Henri

    Lvy, avec Jean-Claude Milner, Hubert Vdrine, Analle Lebovits-Quenehen,

    Alexandre Adler, Eric Laurent, et Alexis Lacroix, par ordre d'entre en scne

    (Quelle table! Quel tableau!...), pourquoi ces trois heures de dbat enlev, fouill,

    vibrant, controvers parfois (entre BHL et Hubert Vdrine, l'crivain sans mission du

    Quai d'Orsay, et l'ancien patron de ce dernier, pas les mmes, mais la mme table!),

    ont-ils pu faire un tel effet sur un auditoire foisonnant et multiple ? Il y a t

    question, certes, de la guerre, "juste" ou non, de l'ingrence, de son droit et de son action.

    L'initiative non rgle d'un seul "ne s'autorisant que de lui-mme" a pu mettre l en

    mouvement "quelques autres", avec la Libye comme lieu et le monde comme scne. BHL

    s'y est fait agent, partir d'une brche opre dans le khadafisme ambiant par

    l'insurrection, un trou susceptible de faire des petits mme de "dkhadafiser",

    condition de soutenir assidment cet acte. Beaucoup ont pu y trouver de quoi en tre

    changs. "La Guerre sans l'aimer", que j'ai lu sur une "liseuse" lectronique o il tait

    immdiatement disponible (exprience nouvelle du Kindle, trange, positive et

    recommandable - du nouveau tous les tages!), narre au jour le jour ce que fut ce

    parcours, rptitions sans cesse au bord du gouffre, o rien n'est jamais gagn une fois

    pour toutes.

    Mais ce "Journal" a dj t comment dans LQ, je voudrais ici souligner un autre

    versant ractualis par ce moment. Il s'agit de la haine, et d'abord de celle que BHL

    suscite. Cette soire en tait l'envers, d'o aussi la chaleur vivace qui en manait. Mais

    pour un assidu des rseaux sociaux, les torrents de dtestation rcriminante son gard

    ne cesse de surprendre ma rcurrente navet. On pourrait s'attendre du respect et de

    l'admiration, voire de l'enthousiasme pour un dsir tenace, associ un savoir-faire

    inform sur les impasses tragiques des entreprises humaines du XXme sicle avec leurs

    horreurs effectives, pour une action informe d'un savoir ample et utilis sans les

    mnagements habituels du bon sens qui la paralysent. Mais abondent au contraire

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    sarcasmes et quolibets, voire dnonciations sa place du pire. Cette haine ne peut pas

    ne pas nous renvoyer celle que suscite dans les mmes zones Jacques-Alain Miller,

    autour de ce qui a caus le lancement de ce blog LQ depuis cet t et des enjeux des

    publications de et sur Lacan de ces derniers temps - vrai dire, autour de Lacan depuis

    toujours. L o il y aurait lieu, semble-t-il, d'attendre au moins de l'intrt, du dbat, de

    la conversation anime, comme ce fut le cas l'autre soir St-Germain, il y a le plus

    souvent invective, passion hostile, silence plomb sinon injures ritres. Pour le dire

    plus nettement, haine plus ou moins nue.

    Praticiens de la psychanalyse et lecteurs de Lacan, nous pouvons nous rappeler que

    le psychanalyste "a horreur de son acte", que pour le psychanalyste l'hostilit

    passionnment ignore est commune, que la haine est plus "vraie" que l'amour. Ceci

    pour temprer l'tonnement et pour apprendre vivre avec sans trop s'y laisser

    prendre. On ne saurait chapper au risque de la haine pour peu qu'on touche au

    rel. On ne comprend rien au rel, on ne peut que s'y confronter et supporter la haine

    quand elle surgit, sans se laisser dtourner. L'exprience du symptme en

    psychanalyse, voil ce que cette exprience peut apporter aussi l'intelligence du

    monde et de ce qui s'y passe, sans cesse, et mme aujourd'hui comme jamais. On peut

    en savoir quelque chose, et non seulement au titre du "je n'en veux rien savoir".

    Supporter la haine, s'en retrouver isol, mme au sein d'une foule plus ou moins

    agite, ce fut dj l'atmosphre que ceux d'entre nous qui vcurent la Dissolution en

    1980, la disparition de Lacan l'anne suivante et ses suites. Jacques-Alain Miller tait

    dj au cur de la tourmente. Il fit en sorte que Lacan, son enseignement et aussi ce que

    maintenant Vie de Lacan vient nommer, produisit depuis incessamment du nouveau

    pour ceux qui y vinrent et parvinrent ne pas quitter un navire souvent en veine

    d'chouage dans la tempte, mais o rester vitait la noyade dans un consensus au prix

    de la fracture lacanienne. Il est frappant de voir comment les vnements actuels

    ramnent non seulement la mmoire, mais l'actualit, ce qui m'avait saut au visage

    il y a trente ans dj.

    Beaucoup, venus plus tard, ignorent cette histoire. D'autres l'ont peut-tre oublie. Je

    me proposerais volontiers d'en rappeler des moments, tels que perus alors comme

    novice, revus de maintenant. Car je ne doute pas qu'aujourd'hui, partir de Lacan

    non pas commmor, mais mmorable par son effraction rpte, au-del mme

    de la pratique analytique, comme BHL en tmoigne, au moins par les rfrences qu'il

    livre en passant (cf. son ouverture mercredi dernier, sur ceux qu'il a dsign comme ses

    "princes du savoir", Jacques-Alain Miller et Jean-Claude Milner, qui l'entouraient la

    tribune), de tels moments se rptent, sur une scne plus large et plus en vue.

    Faire saillir ce que Lacan nous a lgu du symptme, supporter et faire valoir

    sa condition symptomatique. Aussi avec BHL propose de la Libye.

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    LacanQuotidien.fr

    par Victor Rodriguez

    #Cinma

    >>Habemus hominem par Elisabeth Pontier :

    Extrait : Le dernier film de Nanni Moretti, Habemus papam fait mouche

    sur le malaise dans notre civilisation : les idaux, et la figure du pre tout

    particulirement, ont chuts. En effet les vocations papales ne se bousculent

    pas au Vatican, alors que les cardinaux sont runis pour lire un nouveau pape.

    On dirait bien quil ny a plus personne pour souhaiter prendre la charge de

    Saint Pre !

    Et lorsque celui que personne nattendait, le cardinal Melville, savoureusement

    interprt par Piccoli, se retrouve lu par la volont de Dieu, cest un cri qui

    retentit. Le nouveau pape dchire dun cri le silence qui succde lannonce

    faite au balcon : habemus papam . Et le balcon reste vide, trou bant,

    devant la foule masse, interloque.

    >>lire la suite

    #Moments cliniques

    >> Un symptme peut servir de Nom du Pre par Solenne Albert

    Extrait : Lors de son intervention la radio Belge, mercredi 16 novembre, Jacques

    Alain Miller rappelait la fonction essentielle que peut revtir un symptme pour un

    sujet, allant parfois jusqu' servir de Nom du Pre. Cette parole a fait cho ma

    rencontre avec cette patiente:

    Mme M. m'est adresse par l'quipe du CMP dans lequel je travaille car elle souffre

    d'attaques de panique au volant qui lui sont nigmatiques. Elle a 45 ans, est marie

    et mre de trois enfants.

    >>lire la suite

  • - 12 -

    #Allons-y > annonces

    >>Prsentation de la rtrospective Diane Arbus la galerie du Jeu de paume Par Victor Rodriguez

    Extrait : La galerie du jeu de paume prsente du 18 octobre 2011 au 05 fvrier 2012,

    la premire rtrospective franaise consacre Diane Arbus. Photographe

    amricaine installe New- York, luvre de Diane Arbus est mondialement connue

    pour ses portraits. Parmi les plus clbres, on se souvient de Jeune homme en

    bigoudis chez lui, 20e Rue, N.Y.C. 1966.

    >>lire la suite

    #Allons-y> Champ freudien

    >> Lcole de la Cause freudienne accueille

    BLANDINE KRIEGEL

    le samedi 3 dcembre de 15h 18h

    pour parler avec celle-ci

    DU PRINCE MODERNE

    de Guillaume dOrange Nicolas Sarkozy

    loccasion de la publication par les PUF de son livre,

    La Rpublique et le prince moderne. Les Franais et la naissance des Provinces-Unies

    >>lire la suite

  • - 13 -

    COURRIER

    Franck Rollier. La photo qui parat dans le LQ 98 en page 6*

    est celle d'une toile de Carol SHAPIRO

    ([email protected]), artiste vivant Antibes. La toile

    s'intitule " Equations Ramare 2004" J'avais envoy cette

    photo, et quelques autres, la Lettre mensuelle pour la

    rubrique Galerie qui en avait publi une (Equations

    japonaises) avec un texte d'accompagnement. Cordialement.

    * Sur laffiche de la confrence organise par le Centre de Recherches Psychanalytiques dAthnes

    dorientation Le symptme, entre parole et criture qui sest droule le 25 novembre dernier.

    lacan quotidien publi par navarin diteur INFORME ET REFLTE 7 JOURS SUR 7

    LOPINION CLAIRE

    comit de direction

    prsidente eve miller-rose [email protected]

    diffusion anne poumellec [email protected]

    conseiller jacques-alain miller

    rdaction kristell jeannot [email protected]

    quipe du lacan quotidien

    membre de la rdaction victor rodriguez @vrdriguez (sur Twitter)

    designers viktor&william francboizel [email protected]

    technique mark francboizel & family

    lacan et libraires catherine orsot-cochard [email protected]

    mdiateur patachn valds [email protected]

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