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Septe
mbre
2018
Diplôme national de master
Domaine - sciences humaines et sociales
Mention – sciences de l’information et des bibliothèques
Parcours – archives numériques
L’évolution du vocabulaire français
des archives, du milieu du XXe siècle à
aujourd'hui
Elodie BOUILLON
Sous la direction de Céline GUYON Maître de conférences associé - Enssib
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 3 –
Remerciements
Je tiens à remercier Céline Guyon, ma directrice de mémoire, pour le temps
qu’elle m’a consacré ainsi que ses précieux conseils.
Je remercie également mon entourage et mes amis pour leur soutien, avec une
mention particulière à Clara, Emmy et Stephanie, dont la présence et la bonne
humeur tout au long de cette année m’ont été précieuses.
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 4 –
Résumé :
Le monde des archives possède une terminologie qui lui est propre et qui a évolué au fil
du temps, notamment sous l’influence du numérique. Ainsi le but de ce mémoire est
d’analyser les changements qu’a subi le vocabulaire des archives et de mettre en regard
ces évolutions avec celles de la pratique.
Descripteurs :
Terminologie, vocabulaire, définitions, pratique archivistique, normes, lois, lexiques,
glossaires
Abstract :
The archive domain has its own terminology, which has evolved through time,
especially under the influence of digitalisation. The goal of this thesis is to analyse the
changes underwent by the vocabulary of archives, in parallel with the evolution of the
practice itself.
Keywords :
Terminology, vocabulary, definitions, archival practice, standards, laws, lexicons,
glossaries
Droits d’auteurs
Cette création est mise à disposition selon le Contrat :
« Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 4.0 France »
disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/deed.frou par
courrier postal à Creative Commons, 171 Second Street, Suite 300, San Francisco,
California 94105, USA.
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 5 –
Sommaire
SIGLES ET ABREVIATIONS .......................................................................... 7
INTRODUCTION .............................................................................................. 9
PRESENTATION DU CORPUS ET DE LA METHODOLOGIE ADOPTEE 11
Précisions sur l’étude du vocabulaire : intérêt et enjeux .................... 12
L’importance du domaine .................................................................. 14
Le corpus de texte ................................................................................ 15
Les textes législatifs et réglementaires ............................................... 15
Les textes normatifs ........................................................................... 18
Les dictionnaires, glossaires et lexiques ............................................. 20
La méthode de fouille de ces textes ..................................................... 22
Recherches ciblées dans des portails et sites Internet ......................... 25
La Gazette des archives et Google ...................................................... 25
La méthode de fouille de ces portails .................................................. 26
QUELLES EVOLUTIONS ET PERSPECTIVES POUR LES NOTIONS
CENTRALES DE LA PRATIQUE ARCHIVISTIQUE ? ............................... 31
L’influence extérieure, en particulier des pratiques anglo-saxonnes et
des autres domaines d’activité ..................................................................... 31
Le records management : un simple problème de traduction ? ............ 32
Le duo information et donnée : des synonymes ? ................................ 41
Des termes courants mais dont la complexité va grandissante ........... 48
Document et ses nombreux dérivés, ou comment un terme est devenu
tentaculaire ................................................................................................ 48
Archives, archivage, archiver et archiviste : une même famille de mots
pour des notions en mutation constante ...................................................... 56
CONCLUSION ................................................................................................ 67
SOURCES ........................................................................................................ 71
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................... 75
TABLE DES ILLUSTRATIONS ..................................................................... 79
TABLE DES MATIERES ................................................................................ 81
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 7 –
Sigles et abréviations
AAF : Association des archivistes français
ADBS : Association des professionnels de l’information et de la
documentation
AFNOR : Agence française de normalisation
AIAF : Association internationale des archivistes francophones
CADA : Commission d’accès aux documents administratifs
CNIL : Commission nationale de l’informatique et des libertés
DAF : Direction des Archives de France
ECM : Enterprise Content Management
ICA : International Council on Archives / Conseil International des Archives
PIAF : Portail International Archivistique Francophone
SAE : Système d’archivage électronique
SIAF : Service interministériel des Archives de France
WORM : Write Once, Read Many
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 9 –
INTRODUCTION
Tout domaine d’activité nécessite un vocabulaire spécifique et technique.
Cela permet en effet d’assurer une bonne compréhension des concepts et méthodes
qui lui sont associés, mais aussi des activités, compétences, savoir-faire et autres
processus que ce domaine implique. Ce besoin d’un vocabulaire commun,
compréhensible et partagé par tous s’applique donc également à l’archivistique –
entendue ici dans son sens le plus large, comme la discipline qui traite de tous les
aspects liés aux archives, de leur gestion et organisation à leur conservation
physique, en passant par les aspects théoriques, juridiques et pratiques, – et plus
globalement au monde des archives. Mais alors qu’au premier abord la
terminologie archivistique semble simple – avec des termes connus de tous tels
que archives, archivage, document, conservation etc –, il suffit de se pencher sur
tout au plus quelques publications liées aux archives, pour se rendre compte qu’il
n’en est rien. Par exemple, parmi les termes récurrents, certains sont souvent
utilisés comme synonymes car les définitions ne sont pas bien distinctes, ce qui
peut entraîner des problèmes de compréhension. Ces questions liées à la définition
des termes sont accentuées à la fois par l’évolution du métier, mais aussi, et de
façon toujours plus marquée, par les bouleversements engendrés par le numérique.
L’imbrication de ces deux mécanismes fait qu’il n’est pas toujours facile de s’y
retrouver au milieu des concepts changeants, surtout lorsque la terminologie ne
suit pas : il devient alors difficile pour chacun de mettre en œuvre les politiques et
pratiques dont il a la charge, et de les faire perdurer dans le temps.
C’est pour cette raison qu’il apparait intéressant d’étudier non seulement le
vocabulaire des archives tel qu’il est aujourd’hui, mais aussi la façon dont il est
apparu et a évolué ou non. Les pratiques étant par ailleurs différentes suivant les
pays, pour des questions structurelles ou culturelles, nous nous intéresserons ici
plus particulièrement au vocabulaire utilisé dans la pratique archivistique
française, qui présente à lui seul de nombreuses spécificités et pistes d’étude. De
nombreux facteurs ont contribué à le forger ; cela inclut par exemple l’apparition
ou la disparition de termes, des changements dans les définitions, l’apparition
tardive de définitions officielles et légales (voire même leur absence), des
Introduction
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 10 -
utilisations différentes suivant les points de vue adoptés, des traductions ou non
traductions, sous l’influence de l’anglais en particulier, et des notions relativement
nouvelles telles que celles liées à la donnée ou au records management. Cette liste
n’est bien sûr pas exhaustive, et à tous ces facteurs s’ajoute la question,
primordiale, de l’utilisation et de la compréhension réelles des termes par les
archivistes, qui sont parfois différentes de la théorie. Or le vocabulaire doit être
adapté à l’actualité de ce qu’il représente, et puisque le monde des archives est
passé du tout papier à une prédominance du numérique, ce bouleversement se
ressent également dans la terminologie. Etudier les évolutions du vocabulaire des
archives revient donc, de façon sous-jacente, à étudier comment le métier lui-
même s’envisage, comment il a évolué et continue de le faire. Ainsi nous nous
pencherons plus précisément sur une période allant du milieu du XXe siècle à
aujourd’hui, soit environ 70 ans.
Un corpus de textes – à la fois législatifs, normatifs et professionnels – a été
défini et a servi de base à cette étude. L’analyse de ce corpus permettra à la fois de
visualiser les niveaux de changements dans le vocabulaire, mais aussi la façon dont
ils ont été pris en compte, sous quelles impulsions, par qui et dans quels contextes.
Afin d’étudier le corpus de textes qui a été défini , une démarche particulière
a été mise en place. En effet, bien que cette question du vocabulaire des archives
soit présente et débattue, elle ne fait pas l’objet d’une littérature dédiée. C’est pour
cette raison que nous avons développé une méthodologie de recherche et de
dépouille du corpus, qui nous a permis de mettre au jour nos propres résultats.
Tout ceci sera présenté et détaillé dans une première partie, tandis que la seconde
s’attachera à analyser les résultats au travers de certains termes en particulier. Cela
permettra de rendre compte de la façon dont le vocabulaire de l’archivage a
évolué, et ce qui l’a façonné, et par là-même de comprendre l’évolution du métier
en lui-même ainsi que la façon dont il s’envisage et est envisagé.
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 11 –
PRESENTATION DU CORPUS ET DE LA
METHODOLOGIE ADOPTEE
A la base de ce mémoire se trouve l’idée que, lorsque l’on se penche sur un
domaine particulier du savoir ou de l’activité humaine, l’étude linguistique y
apporte une approche voire un éclairage nouveaux. Plus précisément, notre
hypothèse est que l’étude du vocabulaire utilisé – dans notre cas – par les
archivistes lorsqu’ils parlent d’eux-mêmes, de leurs pratiques et de leur métier,
montre comment le métier est envisagé de façon globale.
Ce mémoire a été construit sur une méthodologie particulière, en s’appuyant
sur un corpus qui contient des textes d’origines diverses, que nous pouvons diviser
en trois catégories : d’une part les textes législatifs et réglementaires, d’autre part
les textes normatifs et prescriptifs, et enfin les dictionnaires, glossaires et lexiques.
A ces textes s’ajoute une recherche plus globale dans La Gazette des
archives, revue professionnelle dont l’apport dans le domaine archivistique est
notable, et ce encore aujourd’hui. De plus, l’amplitude temporelle des publications
de La Gazette – de 1933 à aujourd’hui – offre une vue précise de la façon dont les
archivistes se voient et parlent d’eux-mêmes et de leur métier durant cette période
de profondes évolutions. La méthode de recherche appliquée pour La Gazette des
archives, qui sera décrite en détail plus loin, a également été appliquée au moteur
de recherche Google. Le but a été, pour ces deux sources, d’effectuer des
recherches de termes spécifiques, en utilisant des filtres, et en particulier le filtre
de date. Ainsi, il nous a été possible de nous rendre compte de l’utilisation de ces
termes archivistiques, pour une période donnée, à la fois dans une revue
professionnelle, et dans un moteur de recherche globale. La comparaison des
résultats dans La Gazette des archives et sur Google pour un même terme et une
même période a également été très informative. L’ensemble de cette méthodologie
sera décrit dans une partie dédiée.
Il s’agissait donc d’avoir à disposition un panel de publications avec des
origines différentes, à la fois professionnelles, spécialistes, et étatiques, mais aussi
avec des visées diverses, et une application obligatoire ou facultative. Quelle que
soit son origine, chacun des textes étudié a été rédigé en français, ou a fait l’objet
d’une traduction officielle. La portée des textes du corpus est donc variée,
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 12 -
permettant d’avoir une vision plus globale des archives, de leur représentation et
de la façon dont elles sont évoquées et perçues.
PRECISIONS SUR L’ETUDE DU VOCABULAIRE : INTERET
ET ENJEUX
En premier lieu, et puisque ce mémoire a pour but l’étude de la terminologie
et du vocabulaire, plus précisément liés aux archives et aux métiers qui sont
associés, il semble utile de commencer par préciser ces deux notions, et d’en
détailler les enjeux.
La terminologie est d’abord une discipline, « qui a pour objet l'étude théorique
des dénominations des objets ou des concepts utilisés par tel ou tel domaine du
savoir, le fonctionnement dans la langue des unités terminologiques, ainsi que
les problèmes de traduction, de classement et de documentation qui se posent à
leur sujet.1 » Par extension, une terminologie est donc le regroupement des
termes spécifiques à un domaine, une science ou un art.
Ainsi une terminologie permet de définir des concepts qui pourront être utilisés
par tous les acteurs du même domaine, notamment en servant de base aux
traductions afin que – dans notre cas – tous les archivistes se réfèrent aux mêmes
notions et principes, peu importe la langue qu’ils parlent. La terminologie va
donc au-delà d’une même langue en s’intéressant uniquement au domaine
qu’elle cherche à définir.
Le vocabulaire se définit comme l’« ensemble des termes propres à une science,
à une technique, à un groupe, à un milieu, à un auteur2 », et ce dans une langue
donnée. Il peut également s’agir d’un répertoire de termes ayant un point
commun.
Ainsi les deux définitions sont très proches et se complètent. Elles permettent de
définir le vocabulaire et la terminologie des archives, sujet de ce mémoire, comme étant
tous les termes relatifs aux archives et à la pratique archivistique, utilisés et compris par
les archivistes – et même par tous les professionnels ayant un lien avec le domaine des
1 DICTIONNAIRE LAROUSSE. Définition de « Terminologie ». [en ligne]. Disponible à l’adresse :
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/terminologie/77407?q=terminologie#76493 (Consulté le 26/06/2018)
2 DICTIONNAIRE LAROUSSE. Définition de « Vocabulaire ». [en ligne]. Disponible à l’adresse :
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/vocabulaire/82342?q=vocabulaire#81372 (Consulté le 26/06/2018)
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 13 -
archives. Les archivistes eux-mêmes sont conscients de l’importance de la terminologie,
comme l’explique un article publié en 2001 par le Committee on Electronic and Other
Current Records du Conseil International des Archives (ICA) :
« Terminology expresses the concepts to which it refers: consequently,
analysis of definitions allows verification as to whether the theory is clear
and commonly understood.3 »
[La terminologie exprime les concepts auxquels elle se réfère : par
conséquent, l’analyse des définitions permet de vérifier si la théorie est
claire et généralement comprise.]
Plus précisément, notre étude se veut diachronique car elle étudie les termes du
point de vue de leur évolution4, sur une période d’environ 70 ans, de la seconde moitié
du XXe siècle à aujourd’hui. La notion de temps est importante lorsque l’on étudie la
terminologie : en effet celle-ci est sujette à évolutions et n’est jamais entièrement figée.
Il est surtout important de prendre en compte les facteurs de cette évolution, et de quelle
manière ils modifient les mots et leur sens. En effet, comme l’expliquent Erik Borglund
et Tove Engvall, qui ont réalisé une étude sur l’utilisation des termes data, information,
document et record par le « e-government » suédois5,
« the choice of words being used, and how to interpret the words
chosen, are parts of wider social processes. […] as the discourse both shapes
and is shaped by social structures, the use of words is both affected by a
discourse, but also influences and reshapes it.6 »
[Le choix des mots utilisés et leur interprétation font partie d’un
processus social plus large. […] et puisque le discours modèle et est modelé
par les structures sociales, il a une incidence sur l’utilisation des mots tout
en étant influencé et remodelé par elle.]7
3 CARUCCI, Paola. Terminology and Current Records. [en ligne] ICA/CER, 2000, p.1. Disponible à l’adresse :
https://www.ica.org/en/terminology-and-current-records (Consulté le 9 novembre 2017)
4 En opposition à une étude synchronique, qui s’attache à étudier la langue dans son état, à un instant t.
5 Nous évoquerons cette étude plus en détail dans la partie consacrée à information et donnée.
6 BORGLUND, Erik, ENGVALL, Tove. Open data? Data, information, document or record? Records
Management Journal. 2014, vol. 24, p.167.
7 Les deux traductions de cette page sont de l’auteure.
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 14 -
Cela est également vrai pour une terminologie professionnelle, qui influence le
métier, mais est également influencée par lui. C’est pour cela que, comme l’explique le
site FranceTerme du Ministère de la Culture, « chaque notion nouvelle doit être définie
avec précision et désignée par un terme, le plus adapté, le plus parlant, le plus clair
possible. 8 »
L’importance du domaine
Nous avons dit plus haut qu’une terminologie s’applique à un domaine précis
de l’activité humaine, mais qu’a ce domaine, quel qu’il soit, de si particulier ?
Tout d’abord, il est important de garder en tête qu’une terminologie peut
inclure à la fois :
Des termes qui lui sont propres ; l’exemple le plus probant pour les archives
étant la notion et l’expression records management, qui a été créée et
développée par le monde des archives, et n’est utilisée que par lui, alors que le
terme management seul n’a rien de spécifique au monde des archives.
Des termes du langage courant, soit dont elle garde ce même sens courant, soit
auxquels elle rattache des notions sinon divergentes, du moins distinctes.
Pour illustrer ce dernier cas du point de vue d’un archiviste, nous pouvons prendre
l’exemple du terme enregistrement et de l’action d’enregistrer, qui ont le sens de
« donner à un document ou à un dossier engageant un identifiant unique dans un
système d’archivage pour constituer une trace de sa validation ou de sa capture. 9 » Or
dans le sens courant d’enregistrement – « opération par laquelle des signaux sonores ou
visuels ou des données sont fixés sur un support matériel en vue de leur conservation et
de leur reproduction10 » et également le support matériel de ces signaux enregistrés –, la
notion d’attribution d’un identifiant unique n’est pas présente. Le domaine archivistique
a donc repris ce terme à son compte, l’a en quelque sorte étoffé et ajouté à sa
8 MINISTERE DE LA CULTURE. Qu’est-ce que la terminologie ? In : France Terme [en ligne]. Disponible à
l’adresse : http://www.culture.fr/Ressources/FranceTerme/Qu-est-ce-que-la-terminologie (Consulté le 27/06/2018)
9 INTERNATIONAL COUNCIL ON ARCHIVES (ICA). ICA-Req - Principes et exigences fonctionnelles pour
l’archivage dans un environnement électronique - Traduction française : Module 2 - Recommandations et exigences
fonctionnelles pour les systèmes d’archivage électronique. 2010, p.68.
10 DICTIONNAIRE LAROUSSE. Définition de « Enregistrement ». [en ligne]. Disponible à l’adresse :
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/enregistrement/29742?q=enregist rement#29633 (Consulté le 04/08/2018)
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 15 -
terminologie, en faisant alors un terme propre, que les archivistes comprennent sans
ambigüité. Cela est globalement vrai pour enregistrement, toutefois nous verrons tout au
long de ce mémoire qu’il ne s’agit que d’un idéal : des ambigüités et incompréhensions
peuvent apparaître même au sein d’une terminologie.
Ainsi un même terme peut prendre un ou des sens différents selon le domaine
dans lequel il est utilisé, et englober des notions, sinon divergentes, du moins
distinctes : le domaine spécifie la définition. Nous pourrions aller jusqu’à dire que
chaque domaine possède une « langue de spécialité », qui n’est bien sûr pas une
langue à part entière mais qui correspond à l’association d’une terminologie et
d’une utilisation, qui sont propres à ce domaine.
Le fait de signaler l’existence d’une terminologie relative à un domaine
spécifique permet de valoriser ce dernier. En effet publier des dictionnaires, par
exemple, donne de la visibilité au domaine et montre qu’il est assez répandu pour
que l’on s’attache à le définir : la terminologie est l’occasion d’une réflexion sur le
domaine en lui-même. De plus, ce sont à la fois l’utilisation et les évolutions d’une
terminologie – mais aussi et de façon plus générale, d’une langue –, qui la rendent
vivante et permettent de comprendre son fonctionnement et sa réalité.
LE CORPUS DE TEXTE
Les textes législatifs et réglementaires
Les textes de lois étudiés proviennent tous de la législation et réglementation
française, et ont été publiés au Journal officiel de la République française. Pour
plus de clarté, nous les détaillerons ici par ordre chronologique.
Le premier d’entre eux est la Loi n°78-17 du 6 janvier 1978 relative à
l’informatique, aux fichiers et aux libertés, dite « loi CNIL ». Elle est primordiale
dans l’histoire de la législation française et de sa relation au numérique et aux
données, d’abord parce qu’il s’agit de la première loi traitant de ce sujet en France,
et l’une des premières en Europe. De plus, elle ne sera modifiée que près de 30 ans
après sa première publication, pour devenir la Loi n°2004-801 du 6 août 2004
relative à la protection des personnes physiques à l'égard des traitements de
données à caractère personnel. Elle a eu un impact très fort, notamment sur la
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 16 -
gestion de ce qu’elle appelle les informations nominatives, c’est-à-dire les
informations sur les personnes, qui deviendront les données à caractère personnel
dans la version modifiée de 2004. Les deux versions sont incluses dans le corpus
afin de les comparer plus en détail.
Vient ensuite la Loi n°78-753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesures
d'amélioration des relations entre l'administration et le public et diverses
dispositions d'ordre administratif, social et fiscal, dite « loi CADA », en référence
à la Commission d’accès aux documents administratifs qu’elle crée. Son but est de
faciliter l’accès des citoyens aux documents et données détenus par
l’administration. Elle définit par ailleurs ce que sont des documents administratifs.
Elle a depuis subi de nombreuses modifications : on compte notamment
l’Ordonnance n° 2005-650 du 6 juin 2005 relative à la liberté d'accès aux
documents administratifs et à la réutilisation des informations publiques, qui
introduit la réutilisation des données publiques, ce qui renverse la loi puisque cette
notion en était jusque-là exclue. Plus récemment, la loi Lemaire pour une
République numérique, que nous présenterons plus loin, a également apporté des
modifications.
De plus, les mesures de la loi CADA ont été codifiées dans le Code des
relations entre le public et l’administration. Aujourd’hui elle n’en reste pas moins
importante pour comprendre comment l’administration envisageait le droit d’accès
aux documents qu’elle détient, donc à ses archives. En cela, la loi CADA est
fortement liée à la loi CNIL, et ces deux lois s’insèrent dans un mouvement de
modernisation de l’Etat. C’est pour cela qu’elles forment, avec la loi que nous
évoquerons ci-après, un triptyque novateur sur la gestion et l’accès aux données et
archives, qu’elles soient détenues par l’Etat ou non, et qui illustre les premiers
bouleversements induits par l’informatique.
En effet, une troisième loi s’ajoute peu de temps après : il s’agit de la Loi
n°79-18 du 3 janvier 1979 sur les archives. Elle définit pour la première fois ce
que sont les archives, soit « l’ensemble des documents, quels que soient leur date,
leur forme et leur support matériel, produits ou reçus par toute personne physique
ou morale, et par tout service ou organisme public ou privé, dans l’exercice de leur
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 17 -
activité.11 » Le terme était déjà utilisé de façon générale, en tant que mot courant
dans la législation française, sans réelle attention à ce qu’il englobait, mais il
n’avait jusqu’alors jamais été officiellement défini. Cette loi sur les archives fait
dont entrer le terme archives dans le Code du patrimoine en 2004, tout en
différenciant les archives privées, publiques et historiques. Dans la partie dédiée
aux archives publiques, elle introduit également la notion de documents d’archives
publiques, c’est-à-dire les documents considérés comme des archives publiques,
qui sont conservés et gérés comme tels, et décrit les délais devant être respectés
avant leur libre consultation.
Ces trois lois, votées à un an d’intervalle, marquent donc la première borne
de ce corpus : c’est le début du numérique, de l’informatisation massive de
l’administration et des entreprises, facteurs de la modernisation des pratiques
archivistiques, et cette dernière peut être vue comme une conséquence de la
modernisation de l’Etat. L’accès aux documents permet la transparence et la
valorisation, et cela n’est possible qu’avec une bonne gestion des documents en
tant qu’archives.
Nous nous intéresserons également à la Loi n°2008-696 du 15 juillet 2008
relative aux archives, qui modifie quelque peu la loi de 1979 sur les archives, ainsi
que la définition des archives et celle des archives publiques. Elle complète la
définition des archives en ajoutant le critère du lieu de conservation. La loi définit
et modifie les délais de communicabilité pour des types d’archives plus
spécifiques, mettant ainsi en place un nouveau régime de communication des
archives publiques tout en reprenant les même conditions d’accès que celles
déterminées par la CADA.
La source suivante n’est pas une loi mais une publication au Journal officiel
du 22 avril 2009, dans la section « Vocabulaire général (liste de termes,
expressions et définitions adoptés) ». C’est la Commission générale de
terminologie et de néologie qui en est à l’origine : elle traduit officiellement
l’expression records management en gestion de l’archivage, et la définit. Il s’agit
donc d’une date notoire dans l’évolution de la terminologie archivistique. Cette
11 Loi n° 79-18 du 3 janvier 1979 sur les archives. [en ligne]. Journal Officiel du 5 janvier 1979. Disponible à
l’adresse : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006068663 (Consulté le 12 novembre
2017)
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 18 -
traduction est apparue dans une période où la question d’une révision de la norme
NF ISO 15-489 sur le records management commençait à se poser.
Vient ensuite la Loi n°2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la
création, à l’architecture et au patrimoine (loi LCAP) qui, bien qu’elle ne soit pas
centrée sur les archives, modifie la loi de 1979 sur les archives et la définition de
ces dernières. En effet, l’article 59 modifie le Code du patrimoine en ajoutant les
données aux types de documents pris en compte dans la définition des archives.
Ainsi les archives sont désormais « l'ensemble des documents, y compris les
données, quels que soient leur date, leur lieu de conservation, leur forme et leur
support, produits ou reçus par toute personne physique ou morale et par tout
service ou organisme public ou privé dans l'exercice de leur activité.12 »
Enfin, la Loi n°2016-1321 du 7 octobre 2016 pour une République numérique
évoque différents types de données, définit les données de référence et montre
l’importance du numérique dans la création et la gestion de l’information. Elle est
à mettre en parallèle avec la loi CADA qu’elle modifie, notamment pour la
réutilisation des informations publiques et l’accès aux documents administratifs.
Les textes normatifs
Les normes constituent un ensemble de règles approuvées par un milieu ou
domaine, qui décrivent un objet, une organisation ou une manière de faire. Dans
notre cas, il s’agit de décrire la gestion des systèmes d’information et des
documents : elles fixent une règle de l’art afin de leur offrir une certaine garantie
de stabilité et de pérennité. La mise en œuvre des normes n’est pas obligatoire,
mais leur impact dans un domaine est très fort. De plus, la réflexion, la création et
la rédaction des normes sont réalisées par les professionnels du domaine qu’elles
décrivent ; elles sont donc de bons indicateurs de la façon dont un domaine se
définit et se perçoit à une certaine période. C’est pour cette raison qu’il a semblé
nécessaire d’analyser des normes, qui sont dans ce corpus au nombre de deux : la
norme NF Z 42-013, ainsi que la traduction française de la norme ISO 15-489.
Chacune a fait l’objet de différentes versions.
12 Code du patrimoine, Livre II, article L211-1. [en ligne]. Disponible à l’adresse :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074236&idArticle=LEGIARTI000006
845559&dateTexte (Consulté le 26/11/2017)
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 19 -
La norme NF Z 42-013
La première version de la norme NF Z 42-013 voit le jour en 1999. Il ne
s’agit pas d’une traduction : la norme est française et a été rédigée et publiée par
l’AFNOR en premier lieu. Intitulée « Archivage électronique - Recommandations
relatives à la conception et à l'exploitation de systèmes informatiques en vue
d'assurer la conservation et l'intégrité des documents stockés dans ces systèmes »,
elle énonce des mesures portant sur la technique et l’organisation d’un Système
d’Archivage Electronique (SAE). Elle insiste particulièrement sur le maintien de
l’intégrité des documents numériques conservés, notamment via la journalisation
des différents événements.
Une deuxième version de la norme a été publiée en 2001. Elle apporte
toutefois des modifications relativement mineures. C’est avec cette version que le
terme « Recommandations » du titre est modifié en « Spécifications ». Ce nouveau
titre sera conservé lors de la publication d’une mise à jour, cette fois majeure, en
2009. En effet cette troisième version énonce deux niveaux d’exigences, minimales
ou complémentaires, qui permettent d’adapter la mise en place d’un SAE selon les
besoins de l’organisation. De plus, alors que la précédente vers ion privilégiait le
support WORM (Write Once, Read Many) physique ou logique – c’est-à-dire non
réinscriptible –, cette mise à jour admet désormais les supports réinscriptibles, à
certaines conditions.
Il est à noter que la version de 2009 a fait l’objet d’une traduction en anglais
et d’un passage à l’international, sous le nom de ISO 14641-1 – « Specifications
concerning the design and the operation of an information system for electronic
information preservation ». Il s’agit donc d’une norme internationale mais qui a
pour base la pratique française et s’appuie sur elle.
La norme NF ISO 15489-1
D’abord publiée en anglais en 2001, la norme NF ISO 15489-1 – Information
et documentation – « Records management » - Partie 1 : Principes directeurs a été
traduite et publiée en français en 2002. Elle a pour objectif les bonnes gestion et
organisation des records, en se basant sur quatre concepts piliers qu’elle décrit en
détails : l’authenticité, la fiabilité, l’intégrité et l’exploitabilité.
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 20 -
Les records y sont traduits en documents d’archives. En effet, dans la partie
« Domaine d’application », il est expliqué que les records sont des documents
« considérés dans leur dimension de preuve13 » et qu’en cela ils s’opposent aux
documents ou archives. Ces deux derniers termes peuvent toutefois être utilisés
lorsque le sens de la phrase et le contexte l’imposent : la traduction n’est donc pas
figée.
Dans la nouvelle version de la norme, publiée en 2016, tous les termes
anglophones ont été traduits. C’est ainsi que son titre est devenu Information et
documentation - Gestion des documents d’activité - Partie 1 : Concepts et
principes. Les records sont devenus des documents d’activité et par extension le
records management est devenu la gestion des documents d’activité. Les
traducteurs de la norme n’ont donc pas tenu compte de la publication du Journal
officiel français sept ans plus tôt, qui traduisait officiellement records management
en gestion de l’archivage.
Contrairement à la norme NF Z 42-013, qui est plutôt technique et donc
concrète, la norme ISO 15489-1 est plutôt théorique puisqu’elle définit des
« concepts et principes fondamentaux ». En cela les deux normes se complètent.
Les dictionnaires, glossaires et lexiques
Il existe différents recueils de termes et définitions, rédigés par des
professionnels, dans le domaine de l’archivage. Dans le cadre de cette étude, nous
en avons sélectionné sept, qui nous sont apparus comme étant des sources à la fois
fiables, variées et représentatives du métier. Ainsi, nous étudierons :
Le Nouveau glossaire de l’archivage, datant de 2010. Son auteure, Marie-Anne
Chabin, est une professionnelle reconnue dans le monde des archives et de la
gestion des documents numériques, et qui a notamment été conservateur à la
Direction des Archives de France. Elle a également fondé un cabinet d’expertise
spécialisé dans le records management et l’archivage numérique, et participe
activement aux activités de normalisation. Elle est aujourd’hui une figure
13 AFNOR. Information et documentation – « Records management » - Partie 1 : Principes directeurs. NF ISO
15489-1. AFNOR, 2002, p.1.
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 21 -
majeure de l’archivage en France, et c’est pour cette raison que la présence de ce
glossaire dans le corpus semblait incontournable.
Le Dictionnaire de terminologie archivistique de la Direction des Archives de
France, « mis au point en 2000-2001 ». Il peut aujourd’hui sembler daté14 – et ce
d’autant plus que la Direction a disparu en 2009 et se nomme aujourd’hui le
Service interministériel des Archives de France – mais le Dictionnaire trouve sa
place dans le corpus du fait de son origine et de son contenu riche. Il constitue
une photographie de l’archivage à un moment donné, et informe donc de
l’évolution du vocabulaire. Surtout, il émane d’un organisme de l’Etat, ce qui en
fait une sorte de préconisation officielle, dont on peut ensuite voir si elles sont
suivies ou non, et si cela correspond à ce qui est dit dans les lois.
Le Glossaire du PIAF, mis en ligne en octobre 2015. Le Portail International
Archivistique Francophone, créé à l’initiative de l’Association internationale des
archivistes francophones (AIAF) et du Conseil International des Archives (ICA),
est une ressource de choix pour les archivistes francophones, à la fois lieu de
formation et d’échanges. C’est en cela que ce glossaire apparait également
comme une source importante et représentative du métier d’archiviste, de ses
fonctions, et de son évolution.
Le Multilingual Archival Terminology, une base de données mise en place il y a
quelques années par l’ICA. Elle a été créée grâce à une équipe de chercheurs,
qui ont sélectionné 320 termes anglais et les ont traduits : on compte aujourd’hui
24 langues disponibles. Cette base de données est par ailleurs ouverte
puisqu’elle permet à toute personne qui le souhaite d’ajouter un terme ou une
définition, qui seront ensuite validés par un référent avant publication. Ainsi la
diversité des sources permet d’avoir un maximum de définitions tout en
élargissant les possibilités et les points de vue mis en avant.
Le Vocabulaire des archives : archivistique et diplomatique contemporaines,
publié par l’AFNOR en 1986, ainsi que sa seconde édition, intitulée cette fois
Dictionnaire des archives. De l’archivage aux systèmes d’information, publiée
en 1991 et dirigée par Bruno Delmas. A cela s’ajoute la deuxième édition du
Dictionary of Archival Terminology: English and French with Equivalents in
14 Comme l’explique l’avertissement au début du Dictionnaire, celui -ci « n’intègre pas les notions les plus
récentes relatives aux données, à la numérisation, à l’archivage électronique... Certaines définitions par ailleurs ont
évolué et demanderaient à être adaptées. En dépit de ces réserves, nous maintenons ce Dictionnaire en ligne car il reste le
plus complet qui existe en français. »
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 22 -
Dutch, German, Italian, Russian, and Spanish, publiée par l’ICA en 1988. Une
première édition avait été publiée quelques années plus tôt mais elle n’est
aujourd’hui plus disponible. Ces trois dictionnaires recensent de nombreux
termes relatifs à l’archivistique et les définissent, tout en donnant leurs
équivalents dans d’autres langues : uniquement en anglais et français pour les
dictionnaires de l’AFNOR, et en allemand, anglais, français, italien, russe et
espagnol pour le dictionnaire de l’ICA.
La méthode de fouille de ces textes
Afin de fouiller les textes du corpus, une liste de termes a dans un premier
temps été définie. Cette liste est constituée de termes relatifs à l’archivage, aux
données, aux politiques et au métier. Les recherches effectuées ont par ail leurs
permis de faire évoluer cette liste en l’enrichissant de termes plus précis, auxquels
nous n’avions pas nécessairement pensé ou qui se sont révélés plus significatifs
que nous ne le pensions au départ. Par exemple, l’idée était au début de chercher
simplement le terme document, et il s’est avéré que de nombreux adjectifs lui sont
régulièrement associés : il a donc fallu ajouter ces adjectifs à la recherche. Au
final, la liste des termes recherchés est la suivante :
Archivage, et des dérivés :
o Archivage électronique
o Archivage numérique
o Politique d’archivage
o Préarchivage
Archives et archive, et des dérivés :
o Archives courantes
o Archives intermédiaires
o Archives définitives
o Archives historiques
o Archives publiques
o Archives privées
o Archives électroniques
o Archives numériques
o Documents d’archives
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 23 -
o Gestion des archives
Base de données
Dématérialisation
Document, et des dérivés :
o Document authentique
o Document d’activité
o Document d’archives
o Document d’origine
o Document électronique
o Document engageant
o Document essentiel
o Document numérique
o Document numérisé
Donnée(s), et des dérivés :
o Données à caractère personnel
o Données de référence
o Données nominatives
o Métadonnées
o Protection des données personnelles
Enregistrement
E-archiviste
Gestion des documents, et des dérivés :
o Gestion de l’archivage
o Gestion des archives courantes et intermédiaires
o Gestion des documents d’activité
o Gestion électronique des documents
o Système de gestion électronique de documents
Information(s), et des dérivés :
o Informations nominatives
o Information personnelle
o Système d’information
Record(s), et des dérivés :
o Records continuum
o Records management
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 24 -
o Records manager
Tiers-archiveur
La fouille de texte a donc consisté à rechercher les termes de cette liste dans tous
les textes présentés plus haut, et à consigner leur nombre d’occurrences (sauf dans les
dictionnaires, glossaires et lexiques), la définition qui en est donnée le cas échéant ainsi
que les termes associés – équivalences, renvois vers d’autres termes ou expressions,
traductions. Un tableur répertoriant toutes ces données a été créé afin de les étudier
ensuite plus en détail et de croiser les informations. Chaque feuille du fichier permet
d’étudier un terme. Dans chacune d’elle a été inséré le même modèle de tableau à
double entrée, avec des colonnes qui comportent : le titre du texte source ; des
remarques sur le texte (en vigueur, annulé, remplacé…) ; sa date de publication ; la
présence ou non du terme recherché et de termes voisins, avec pour chacun le nombre
d’occurrences ; la définition de ce ou ces termes, si elle est donnée dans le texte ; des
renvois à d’autres termes ; des remarques ou observations sur le contenu du texte. Tous
ces termes ne seront cependant pas évoqués dans la suite de ce mémoire. Une partie
d’entre eux a en effet servi à nourrir l’analyse et orienter les recherches, mais sans qu’ils
constituent nécessairement une piste d’étude en elle-même. Il nous semblait néanmoins
intéressant de tous les présenter ici.
Figure 1 - Vue de la feuille « Donnée(s) » du tableur
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 25 -
Figure 2 - Vue de la feuille « Document » du tableur
RECHERCHES CIBLEES DANS DES PORTAILS ET SITES
INTERNET
La Gazette des archives et Google
La Gazette des archives est une revue professionnelle, publiée de façon
trimestrielle par l’Association des archivistes français (AAF). Son premier numéro
date de 1933, et à part un arrêt des publications durant la Seconde Guerre
Mondiale, la revue n’a cessé d’être publiée jusqu’à ce jour, à raison de quatre
numéros par an en moyenne et auxquels s’ajoutent ponctuellement des
suppléments. Périodique écrit par des professionnels et s’adressant à des
professionnels, La Gazette est centrale dans l’archivistique française, et sa
présence dans ce corpus est apparue comme une évidence. Ainsi son contenu est
varié, avec des articles de théorie archivistique, des cas pratiques, des retours
d’expériences, des réflexions sur le métier et son avenir, des débats, des comptes-
rendus d’événements, des tables rondes, etc.
L’accès aux publications de La Gazette des archives se fait grâce au portail
Persée, qui est un portail français en ligne de valorisation de publications
scientifiques, initié en 2003. Il permet d’accéder gratuitement à des collections
complètes de revues dans de nombreuses disciplines. Ainsi via Persée nous avons
pu avoir accès à toute la collection de La Gazette des archives, de ses débuts en
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 26 -
1933 jusqu’à celles de l’année 2015 incluse. Il est à noter toutefois que notre
recherche ayant été effectuée fin 2017, les numéros de 2015 ne sont pas inclus
dans l’analyse car ils ont été ajoutés sur le portail courant 2018. Nous avons
toutefois réitéré certaines recherches en août 2018 lorsqu’il nous paraissait
intéressant d’analyser également les numéros de 2015.
La seconde cible de recherche a été le moteur de recherche Google. Créé en
1998, il permet d’accéder à un très grand nombre de ressources en effectuant des
recherches à l’aide de mots clés. Le but ici est donc de voir et comprendre à travers
quels termes et à quels moments les archives sont présentes sur le web. Nous avons
choisi ce moteur de recherche en particulier car , tout en étant l’un des plus anciens,
il est surtout le plus utilisé. Il nous a donc semblé être la source de recherche
globale sur Internet, sinon la plus pertinente, du moins la plus représentative.
La méthode de fouille de ces portails
Bien qu’il s’agisse de deux « sites » à la visée et au contenu différents –
Persée et via ce portail La Gazette des archives étant des publications
professionnelles et de recherche, alors que Google est un moteur de recherche,
sans cible professionnelle et à la portée très large –, nous avons choisi de les
présenter ici ensemble car c’est la même méthode de recherche qui leur a été
appliquée.
Concernant le portail Persée, il faut toutefois préciser que la recherche n’a
pas été effectuée sur l’ensemble du portail : comme nous l’avons indiqué, elle a été
ciblée sur une publication qu’il contient et met à disposition, La Gazette des
archives – ce qui constitue un premier filtre.
Les deux portails Google et Persée facilitent la recherche d’information grâce
à d’autres filtres : ainsi il est possible de sélectionner une période spécifique, une
langue ou un auteur. L’ajout de guillemets lors d’une recherche permet par ailleurs
de rechercher des expressions entières (au lieu des mots qui composent
l’expression), telles que records management, par exemple :
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 27 -
Figure 3 - Recherche de l’expression records management sur Google
Figure 4 - Visualisation du nombre de résultats de la recherche records management sur Google
Figure 5 - Recherche de l’expression records management sur Persée
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 28 -
Il s’agissait donc d’effectuer des recherches sur les mêmes termes que ceux
recherchés dans les textes du corpus présenté plus haut, en sélectionnant des
périodes spécifiques. Le choix s’est d’abord porté sur des périodes de 10 ans – qui
ont pu être raccourcies lorsqu’il nous a semblé nécessaire d’analyser encore plus
finement les données. Le format des filtres par dates a été défini comme suit : du
1er janvier de l’année finissant en 0, au 31 décembre de l’année de la même
décennie finissant en 9. Plus concrètement cela donne, par exemple, une période
allant du 01/01/1990 au 31/12/1999, puis du 01/01/2000 au 31/12/2009, etc. Pour
la décennie de 2010 à aujourd’hui, la période a dû être raccourcie à fin 2014 pour
les recherches dans La Gazette des archives du fait de la non-disponibilité des
numéros suivants.
Toutes les données recueillies ont permis de constituer une base de données
répertoriant les termes recherchés et leur nombre d’occurrences à chaque période.
Ces données ont ensuite servi de base d’analyse afin de visualiser dans le temps
l’évolution de l’utilisation des termes sur Google et dans La Gazette, comme le
montrent les exemples de datavisualisations présentés ci-dessous :
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 29 -
Figure 6 - Exemples de datavisualisations créées à partir des données recueillies
Certains termes n’ont toutefois pas été recherchés sur Google. C’est le cas de
données, conservation, record et enregistrement, car il s’agit de mots très courants
et pouvant être utilisés dans des sens et domaines variés et nombreux : les résultats
auraient alors été faussés. Ils ont toutefois été étudiés au regard de leur définition
et de la façon dont les textes du corpus les abordent.
De la même manière que pour les textes du corpus, des feuilles ont été créées
dans un tableur afin d’organiser ces données. Il y a une feuille dédiée par portail.
Elles sont constituées d’un tableau qui répertorie tous les termes recherchés avec la
méthode présentée ci-dessus. Les colonnes recensent le nombre total de résultats
sans filtre de date, puis le nombre de résultat par périodes de dix ans telles que
définies dans les filtres de recherche.
0
10
20
30
Occurrences de "Document d'activité" dans La Gazette des Archives
Présentation du corpus et de la méthodologie adoptée
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 30 -
Figure 7 - Vue de la feuille « Recherche dans La Gazette des archives » du tableur
Figure 8 - Vue de la feuille « Recherche sur Google » du tableur
Ainsi toutes les données réunies et recensées dans ce tableur ont constitué
des pistes d’analyse tout en contribuant à orienter nos recherches sur le
vocabulaire des archives.
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 31 –
QUELLES EVOLUTIONS ET PERSPECTIVES
POUR LES NOTIONS CENTRALES DE LA PRATIQUE
ARCHIVISTIQUE ?
Après la définition du corpus de recherche et des termes à étudier, la
deuxième phase de cette étude consiste à analyser les données recueillies, afin de
leur donner un sens concret et de les confronter entre elles. Cela sera donc l’objet
de cette deuxième partie, dans laquelle les résultats seront présentés et analysés, au
regard des termes centraux à la notion, et ceux qui se sont révélés les plus
significatifs ou problématiques. L’on retrouve ainsi la notion de records
management et le terme record qui lui est associé, mais aussi les très proches
information et données, ainsi que le terme document et les nombreux adjectifs qui
lui sont rattachés. Enfin, nous analyserons les notions d’archives, d’archivage et
d’archiviste qui, malgré leur apparente évidence, ne font pas toujours consensus et
restent ainsi difficiles à définir et délimiter de manière précise.
L’INFLUENCE EXTERIEURE, EN PARTICULIER DES
PRATIQUES ANGLO-SAXONNES ET DES AUTRES DOMAINES
D’ACTIVITE
L’archivage et le monde des archives constituent bien sûr un domaine global,
avec des pratiques appliquées dans le monde entier, mais chaque pays a ses
spécificités. En effet, les pratiques sont remaniées, adaptées, reformulées, en
fonction de la culture, du passé et des réglementations propres à chaque pays.
Certes nous savons que le français est une des deux langues officielles du Conseil
International des Archives, ce qui signifie non seulement que la langue et les
pratiques ont leur importance et sont reprises au niveau international , mais aussi
que la voix des professionnels français compte. Pourtant au niveau des notions, des
processus ou des référentiels par exemple, il semble que ce soit la pratique anglo-
saxonne – c’est-à-dire, anglaise, américaine et australienne, principalement – qui
exerce le plus d’influence. Et puisqu’elle influence le monde des archives, elle agit
aussi sur sa terminologie et son vocabulaire.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 32 -
Le records management : un simple problème de
traduction ?
L’apparition de la notion et les premières tentatives de
traduction
La notion de records management, apparue aux Etats-Unis après la Seconde
Guerre mondiale, n’a été popularisée en France qu’à partir des années 1960, sous
l’impulsion d’Yves Pérotin, alors Directeur des services d’archives de la Seine et
de la Ville de Paris. Dans un article publié dans La Gazette des archives en 1964,
il analyse la pratique anglaise du records management et en donne quelques
avantages, tels que « l’ingéniosité » et « la souplesse »15. Il ne définit pas ni ne
traduit l’expression, qu’il écrit par ailleurs en italique dans tout le texte : cela
permet de signifier qu’elle est empruntée à une langue étrangère. Par extension il
montre ainsi que le records management n’appartient pas à la pratique française, et
cela fait écho à la conclusion de son article, dans laquelle il indique que « s’il n’y a
peut-être pas de transposition directe à faire, une analyse approfondie de ce régime
ne pourrait qu’être très profitable.16 » Ainsi, il garde une certaine distance avec la
notion qui demande, pour une mise en œuvre en France, d’être à la fois modifiée et
adaptée.
Or, on peut penser qu’un des prérequis pour transposer la pratique du records
management dans le monde des archives français serait de la traduire, mais ce
processus a été très long et sinueux. Dans la première édition du Vocabulaire des
archives, publié par l’AFNOR en 1986, record est traduit par enregistrement, qui
est lui-même défini comme un « document résultant de l’inscription automatique
d’informations, sur un support, à l’aide de machines.17 »
Dans un dictionnaire publié deux ans plus tard par le Conseil International
des Archives, records est traduit par [documents d’]archives et présenté comme
« équivalent soit à archives soit à archives courantes18 », sachant qu’archives est
défini comme l’« ensemble des documents, quels que soient leur date, leur forme
15 PEROTIN, Yves. Le « Records Management » et la gestion anglaise des Archives. La Gazette des archives [en
ligne]. n°44, 1964, p.17. Disponible à l’adresse : https://www.persee.fr/doc/gazar_0016-5522_1964_num_44_1_1753
(Consulté le 9 juillet 2018)
16 Ibid., p.17.
17 AFNOR. Vocabulaire des archives : archivistique et diplomatique contemporaines . 1ère édition. Courbevoie :
AFNOR, 1986, p.47.
18 INTERNATIONAL COUNCIL ON ARCHIVES (ICA). Dictionary of Archival Terminology / Dictionnaire de
terminologie archivistique. English and French with equivalents in Dutch, German, Italian, Russian and Spanish. 2e
edition. New York : K.G. Saur, 1988, p.128.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 33 -
et leur support matériel, produits ou reçus par toute personne physique ou morale,
et par tout service ou organisme public ou privé, dans l’exercice de leur activité
[…]19 » Une seconde entrée traduit records par enregistrement, mais le définit en
tant que terme informatique : « ensemble de données apparentées, traité comme un
tout.20 »
On peut donc constater qu’une divergence est déjà présente, alors même que
le records management est encore peu répandu : la façon dont l’AFNOR
appréhende et traduit records dans les années 1980 est en effet très restreinte et
peu claire par rapport à l’ICA. Cette dernière prend au contraire en compte la
globalité des documents, dans la diversité de leurs supports et origines.
En 1991, l’Ecole nationale des chartes et l’AFNOR publient une seconde
édition de leur dictionnaire. Cette fois, records n’est pas présent parmi les termes
définis en français. On le retrouve uniquement dans le lexique français-anglais, où
il est traduit par dossier21. Cette traduction s’éloigne du concept anglo-saxon ;
force est de constater qu’il y a eu un basculement dans la perception des
professionnels vis-à-vis du terme records et du records management, à moins qu’il
ne s’agisse d’une tentative de supprimer la version anglaise et de ne conserver que
des termes français ? En effet dans ce dictionnaire, records management n’est
également présent que dans le lexique, où il est traduit par « archivage, gestion des
documents (Canada)22 ». La définition de gestion des documents, « […] l’ensemble
des procédures qui visent à rationaliser la création, le classement, le tri, la
conservation et l’exploitation des archives courantes et intermédiaires23 »,
correspond effectivement au records management, mais le titre de l’entrée,
« gestion des documents (Canada) », crée encore une fois une distance par rapport
à la notion. Les auteurs montrent ainsi clairement que le terme et la notion qui lui
est associée sont uniquement présents en tant que terme francophone, mais qu’ils
ne font ni l’un ni l’autre partie du champ archivistique français. On peut alors se
demander s’ils ne considèrent pas la notion comme n’étant pas digne d’être
développée, au même titre que tous les autres termes de ce dictionnaire, ou si la
19 Ibid., p.22.
20 Ibid., p.128.
21 DELMAS, Bruno (dir.) Dictionnaire des archives. De l’archivage aux systèmes d’information . 2e édition,
Paris : AFNOR, 1991, p.213.
22 Ibid., p.213.
23 Ibid., p.109.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 34 -
pratique n’est tout simplement pas encore assez présente et adoptée par le milieu
professionnel français. En tout cas ce changement entre la première et la seconde
édition contribue à augmenter la confusion autour du records management, à un
moment où la pratique tente de se développer en France. A propos de la traduction
en gestion des documents, Marie-Anne Chabin note par ailleurs qu’elle est
imprécise car gestion des documents se dit document management en anglais, qui
est une notion différente du records management24 : cela augmente ainsi encore
plus l’ambigüité déjà présente. En effet le document management est une notion
globale de gestion des documents et de l’information, qui peut englober différentes
pratiques, alors que le records management est un concept, une pratique en elle-
même, c’est la gestion, d’une manière précise, d’un type de documents précis : les
records.
Le difficile éloignement de la théorie des trois âges
Dix ans plus tard, en 2001, un Dictionnaire de la terminologie archivistique a
été élaboré par la Direction des Archives de France. Il précise quant à lui que le
records management est une « notion anglaise » et la traduit par gestion des
archives courantes et intermédiaires25, et ces deux notions sont définies comme
suit :
Les archives courantes sont les « documents qui sont d’utilisation
habituelle et fréquente pour l’activité des services, établissements et
organismes qui les ont produits et reçus, et qui sont conservés pour le
traitement des affaires26 » ;
tandis que les archives intermédiaires sont des « documents qui, n’étant
plus d’usage courant, doivent être conservés temporairement, pour des
besoins administratifs ou juridiques.27 »
Cela est en lien avec la théorie des trois âges des archives, énoncée pour la
première fois aux Etats-Unis en 1948 : elle distingue les current records, non-
24 CHABIN, Marie-Anne. Archiver, et après ? Paris : Djakarta éditions, 2007, p.45.
25 DIRECTION DES ARCHIVES DE FRANCE. Dictionnaire de terminologie archivistique [en ligne]. 2002,
p.21. Disponible à l’adresse :
https://www.francearchives.fr/file/4575c619ab1e1e738d81d2249ff8dd4115a3d8cb/ARCHIVES_DE_FRANCE_Dictionna
ire_de_terminologie_archivistique.pdf (Consulté le 5 novembre 2017)
26 Ibid., p.9.
27 Ibid., p.10.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 35 -
current records et archives. Ces trois notions ont été traduites et adaptées au
monde francophone par Yves Pérotin en 196128, et deviennent respectivement les
archives courantes, archives intermédiaires et archives définitives. Cette vision a
été largement intégrée dans la pratique française, et correspond donc à trois
périodes de la vie d’un record. Cependant nous pouvons constater que la première
traduction a déjà modifié la notion puisqu’à l’origine il y a une différence entre
records et archives, différence que la version française n’inclut pas en utilisant
archives pour les trois termes. Marie-Anne Chabin déplore le fait que
« l’expression française ‘archives courantes’ recouvre à la fois les mots documents
et records sans que le passage de l’un à l’autre, pourtant essentiel, soit
véritablement identifié29 » : une certaine ambigüité était déjà présente avec
l’adaptation de la théorie des trois âges en France, et elle a perduré puisque l’on a
réutilisé ces mêmes termes pour traduire records management. En effet il
semblerait que la traduction de records management qui a été faite plus tard tentait
tout simplement de conserver la théorie des trois âges pour ne pas bousculer ce qui
était établi depuis longtemps, et de l’associer au records management, à la fois
dans les pratiques concrètes et dans les termes. L’on peut cependant se demander
si cela n’a pas plutôt eu pour effet de ralentir le développement du records
management en France.
Toujours en 2001 est également publiée la norme ISO 15-489, mais c’est
surtout sa traduction en français, publiée en 2002, qui retient ici notre attention.
Tout d’abord par son titre, Information et documentation - « Records
management », qui conserve le terme anglais et souligne par les guillemets qu’il
s’agit d’un emprunt et que l’expression ne fait pas partie – ou en tout cas pas
pleinement – de la langue française. La définition de records et sa traduction sont
développées dans une note :
« Le terme anglais ‘records’ désigne les documents considérés dans leur
dimension de preuve (et d'utilité dans le cadre de la conduite des activités
de l'organisme émetteur), par opposition à ‘documents’ (qui ne prend en
compte que leur contenu informatif) et à ‘archives’ (qui vise la portée
historique). N'ayant pas en français d'équivalent strict, ‘records’ est
28 PEROTIN, Yves. L'administration et les trois âges des archives. Seine et Paris. 1961, n°20.
29 CHABIN, Marie-Anne. Archiver, et après ? p.54.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
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traduit ici par ‘documents d'archives’ sauf lorsque le terme ‘documents’
est suffisamment explicite dans le contexte, voire par ‘archives’ lorsque
le sens l'impose.30 »
Cette note est significative de la confusion présente entre tous les termes
existants, et qui est accentuée à la fois par l’introduction des termes anglais et de
leur traduction, mais aussi par la définition très englobante d’archives31. Records
n’est pas présent dans la norme, mais il y est traduit de trois façons différentes :
documents d’archives, documents, archives. Nous avons répertorié les occurrences
de ces trois termes : le texte compte 212 occurrences de document, contre une
trentaine pour document d’archive et 13 pour archives. A cela s’ajoutent 18
occurrences de document archivé, notion non définie mais qui est également
utilisée à la place du terme anglais dans le texte français. Cela porte à quatre le
nombre de termes équivalents à records. Nous pourrions donc voir cela comme un
effort de précision vis-à-vis d’une notion qui n’est pas encore appréhendée par tous
car la théorie des trois âges des archives reste fortement ancrée dans la pratique
française.
Mais en fin de compte, en y regardant de plus près, il semblerait que la
multiplication des termes porte plutôt à confusion, confusion à laquelle peuvent
s’ajouter des différences conceptuelles : comment en effet s’y retrouver face à
différentes façons d’envisager le records management, entre ceux qui prennent tel
quel le concept anglo-saxon, ceux qui l’adaptent à la pratique française, ou encore
ceux qui l’envisagent au regard de la théorie des trois âges tout en affirmant qu’il
s’agit de deux théories bien distinctes. De plus, l’expression records management
n’est quant à elle pas traduite, ce qui laisse un flou général sur la notion. Ainsi
certains professionnels tels que Michel Cottin et Sylvie Dessolin-Baumann
s’accordent sur le fait que :
« […] la traduction de records et de records management (ou plutôt
leur non-traduction) qui avait été le parti adopté par la CN11 chargée de
commanditer la traduction française pour l’ISO a probablement freiné la
30 AFNOR. Information et documentation - "Records management" - Partie 1 : principes directeurs. NF ISO
15489-1. AFNOR, 2002, p.1.
31 Ce point sera développé plus loin, dans la partie sur la famille des mots Archives, archivage, archiver et
archiviste.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 37 -
diffusion des concepts et de la norme elle-même, alors que certains pays
francophones avaient déjà une pratique avérée dans ce domaine.32 »
L’utilisation de l’expression records management dans les articles de La
Gazette des archives, qui était jusqu’alors globalement constante – 25 articles pour
la période 1970-1979, 30 en 1980-1989 et 32 en 1990-1999 – a plus que doublé
entre 2000 et 2009, pour arriver à 82 articles. Plus précisément, cette augmentation
a commencé en 2005, année durant laquelle 10 articles ont évoqué le records
management, contre 3 en 2004.33 Assez ironiquement, le pic d’occurrences de
l’expression se trouve en 2009. Cela correspond à l’année où la traduction
officielle de records management en gestion de l’archivage a été publiée au
Journal Officiel, alors même que cette traduction n’est quant à elle présente que
dans 5 articles, et que le terme archivage n’est jamais utilisé dans les lois qui
constituent notre corpus.
Une traduction officielle boudée par l’ensemble de la profession
Cette traduction de records management en gestion de l’archivage, établie
par la Commission de terminologie et de néologie et publiée le 22 avril 2009, est
en effet loin de faire l’unanimité parmi les archivistes. En témoigne le fait qu’en
2010, l’AAF a créé la Commission Records Management - Gestion des documents
d’activité, dont le nom est significatif en deux points. Tout d’abord, en conservant
l’expression anglaise dans son nom et surtout en la plaçant en premier, alors que
l’AAF est une association française, les archivistes ont montré leur attachement
aux origines de la pratique. Par extension cela signifie également que records
management reste le terme le plus connu et le plus répandu. Ensuite, par la
traduction qui en est donnée, les archivistes montrent leur désaccord avec la
traduction officielle et s’en affranchissent.
Ce choix assumé de ne pas adopter la traduction officielle s’est répandu,
allant jusqu’à la normalisation avec la publication des normes ISO 30-300 et 30-
301 en décembre 2011, intitulées Information et documentation – Systèmes de
gestion des documents d’activité. De même les documents d’activité, qui vont de
32 COTTIN, Michel, DESSOLIN-BAUMANN, Sylvie. La famille des normes ISO sur le records management. La
Gazette des archives [en ligne]. 2012, n°228, p.127. Disponible à l’adresse : https://www.persee.fr/doc/gazar_0016-
5522_2012_num_228_4_4989 (Consulté le 16 octobre 2017)
33 Par ailleurs, l’expression n’a pas été utilisée une seule fois en 2002 et 2003, alors que la norme puis sa
traduction venaient d’être publiées.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 38 -
pair avec la gestion des documents d’activité, sont devenus l’unique traduction de
records dans la seconde version de la norme NF ISO 15-489 publiée en 2016. Il a
été dit des normes ISO 30-300 et 30-301 qu’elles permettent « d’entériner les
choix de traduction effectués par la CN11 à l’issue d’un débat terminolog ique et
d’une enquête publique34 » : ainsi les archivistes, et même le Service
interministériel des Archives de France puisque l’auteur de cette citation en est le
directeur, vont à l’encontre de la traduction publiée en 2009. Parallèlement, cette
traduction en gestion des documents d’activité a été « adoptée par [les]
commissions AFNOR, AAF et ADBS, et au-delà par de nombreux professionnels
en France, Suisse, Belgique, Canada, Afrique, etc.35 », ce qui permet une
compréhension des archivistes non seulement en France mais aussi au-delà, dans
tout le monde francophone. Cette traduction fait plus consensus que celle de 2009
car elle permet « de rappeler explicitement le lien organique entre les documents et
les activités de l’organisme, souligné par la définition.36 »
Il semble donc que l’utilisation d’un terme par des hautes instances de l’Etat,
de même que sa normalisation, participent grandement de l’évolution de ce terme
lui-même, mais aussi du concept ou de la pratique qu’il désigne. Une dernière
analyse nous a paru intéressante concernant le records management et sa
traduction : voir si et comment les Archives de France, à travers leur site Internet,
présentent et évoquent la notion, et s’il y est fait acte des traductions, ou d’une
traduction plus qu’une autre. Pour ce faire, nous avons utilisé la Wayback Machine
d’Internet d’Archive, qui nous a permis de « visiter » les versions antérieures du
site des Archives de France. La Wayback Machine est un site Internet créé en 2001
par l’organisation américaine Internet Archive. Il s’agit d’un projet en ligne, sur
lequel on peut trouver les clichés de sites Internet à travers le temps. Ces sites sont
collectés périodiquement par Internet Archive, et la Wayback Machine permet de
les visualiser et de rejouer les versions archivées telles qu’elles étaient lors de leur
mise en ligne. Ainsi, grâce aux URL « http://archivesdefrance.culture.gouv.fr »
puis « http://francearchives.fr », nous avons pu retrouver le site des Archives de
34 LEMOINE, Hervé. Note d’information DGP/SIAF/2012/005 en date du 15 février 2012 relative à l'actualité de
la normalisation en matière de records management [en ligne]. 15 février 2012. Disponible à l’adresse :
https://francearchives.fr/file/3b69465eca14a99a9253bf90f4f947b2311cb502/static_5570.pdf (Consulté le 16 juillet 2018)
35 DESSOLIN-BAUMANN, Sylvie. Des chartriers aux bases de données. Les enjeux de la gestion des documents
d’activité. La Gazette des archives [en ligne]. 2012, n°228, p.93. Disponible à l’adresse :
https://www.persee.fr/doc/gazar_0016-5522_2012_num_228_4_4987 (Consulté le 16 octobre 2017)
36 Ibid., p.93.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 39 -
France, devenu par la suite celui du SIAF, et comparer les différentes versions
disponibles.
Tout d’abord, une sous-section dédiée au records management – mais bien
cachée – a été créée entre juillet et septembre 2001 :
Figure 9 - Page consacrée au records management présente sur le site des Archives de France
en 2001
Cette page ne contient à ce moment-là qu’une référence : une communication
en faveur du records management, faite par Philippe Barbat, alors conservateur à
la Direction des Archives de France. Cela explique l’apparition de la section sur le
site, mais sans qu’elle soit expliquée ou accompagnée d’une définition . Le records
management aura sa section dédiée à partir du printemps 2008, suite à une refonte
du site. La section s’intitule alors « Records management et collecte » et contient
une bibliographie ainsi que les réglementations et normes liées à la pratique, mais
toujours sans définition ni explication. Le terme collecte a été associé au records
management car il s’agit d’« une des missions fondamentales d’un service
d’archives37 ».
37 DIRECTION DES ARCHIVES DE FRANCE. Dictionnaire de terminologie archivistique. p.13.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 40 -
Figure 10 - Section dédiée au records management présente sur le site des Archives de France
en 2008
Cette section disparait en 2016 lorsque le site change d’URL – qui passe de
« archivesdefrance.culture.gouv.fr » à « francearchives.fr » – et est entièrement
remanié. Depuis, le records management n’est plus évoqué sur le site que dans la
section dédiée aux normes d’archivage, soit une section très générale. Ainsi, si l’on
en croit leur site Internet, les Archives de France mettent assez peu en avant le
records management et lorsqu’elles le font, c’est toujours par le biais de
l’expression anglaise, sans autre rubrique qui le promouvrait sans en porter le nom.
Cela semble entériner le désintérêt général pour la traduction officielle de records
management en gestion de l’archivage, puisque même une institution de l’Etat
telle que l’est le Service interministériel des Archives de France ne l’utilise ni ne
la promeut.
Malgré les efforts de traduction, l’expression records management et le terme
records qui lui est associé restent donc les plus utilisés au sein de la communauté
archivistique. Le nombre d’occurrences de records management n’a fait
qu’augmenter depuis son apparition, et continue de le faire encore aujourd’hui.
Ainsi, dans la période la plus récente d’étude des articles de La Gazette des
archives, soit 2010-2014, on dénombre 120 articles évoquant le records
management, contre 20 pour gestion des documents d’activité et 12 pour gestion de
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 41 -
l’archivage. Il en va de même pour records, pour lequel on compte dans La
Gazette des archives 101 occurrences entre 1990 et 1999, 121 entre 2000 et 2002,
puis 183 pour la seule période 2010-2015.
En France l’expression, bien qu’elle soit en anglais, est donc largement
préférée à ses traductions. Est-ce parce que records management est apparu en
premier ? Il est vrai que souvent le premier terme apparu pour désigner une réalité,
quelle qu’elle soit, reste ancré dans les habitudes. En effet nombreux sont les
exemples de termes d’abord apparus en anglais et pour lesquels on a par la suite
tenté d’introduire, sans succès, une traduction – qui utilise pâte ou gomme à
mâcher à la place de chewing-gum, ou flux de travaux à la place de workflow, pour
ne citer qu’eux ?
L’on peut toutefois se demander si, en utilisant l’expression anglaise, les
archivistes n’essayent pas ainsi de se rapprocher de la théorie anglo-saxonne, qui
est encore en train d’être adaptée à la pratique française. Quoi qu’il en soit,
l’expression records management a encore de beaux jours devant elle : pour
exemple le plus concret, nous notons que notre unité d’enseignement de Master 2
dédiée à la pratique s’intitule également Records management !
Le duo information et donnée : des synonymes ?
Ces deux termes, information et donnée, sont en quelques années devenus
centraux à la fois dans le vocabulaire des archives mais aussi le monde de
l’information en général. S’ils sont utilisés par tous, la différence entre les deux
peut rester floue. Il est tout d’abord important de distinguer information et donnée
dans leurs définitions littérales.
Dans son sens le plus général, une donnée est « un renseignement qui sert
de point d’appui », « ce qui est connu ou admis comme tel, sur lequel on
peut fonder un raisonnement, qui sert de point de départ pour une
recherche.38 » Plus précisément, dans le domaine de l’informatique, elle a
38 DICTIONNAIRE LAROUSSE. Définition de « Donnée ». [en ligne]. Disponible à l’adresse :
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/donn%C3%A9e/26436?q=donn%C3%A9e#26312 (Consulté le
18/07/2018)
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 42 -
été définie par la Commission d’enrichissement de la langue française, en
tant que traduction de l’anglais data, comme la « représentation d’une
information sous une forme conventionnelle destinée à faciliter son
traitement.39 » On peut donc dire qu’il s’agit d’une information mais à
l’état brut, c’est-à-dire que l’on n’a pas encore traitée, à laquelle on n’a pas
encore donné de sens.
L’information est un concept. Le terme vient du latin informatio, qui
signifie idée, conception, mais aussi « représentation d’une idée par
l’image d’un mot.40 » C’est donc le message à communiquer mais aussi ce
qui est utilisé pour communiquer ce message, le véhicule de l’information,
et qui a du sens pour un utilisateur donné ou un destinataire. Une
information est une donnée que l’on a extraite et à laquelle on a été
capable de donner du sens.
Ainsi, si la principale différenciation que l’on peut faire de ces deux termes
dépend du point de vue que l’on adopte dessus – avec ou sans le sens –, l’on
comprend pourquoi information et donnée sont, dans le langage courant en tout
cas, fréquemment utilisés l’un pour l’autre. Dans leur article Open data? Data,
information, document or record?, Borglund et Engvall vont même plus loin dans
cette analyse :
« Today, “data” and “information” are often used as synonymous
terms, and there is no distinct border between the concepts in many areas
[…]. Information is a concept and is most often described as an
interpretation of data – a human interpretation (Sundgren and Steeskog,
2003). Information can also be described as being different to data in the
sense that information has functionality and is useful, which data cannot
be (Ackoff, 1996).41 »
[Aujourd’hui, « donnée » et « information » sont souvent utilisés
comme synonymes, et dans de nombreux domaines la différence entre les
deux concepts n’est pas distincte […]. L’information est un concept,
39 MINISTERE DE LA CULTURE. FranceTerme [en ligne]. Disponible à l’adresse :
http://www.culture.fr/Ressources/FranceTerme (Consulté le 02/07/2018)
40 LEXILOGOS. Gaffiot numérisé [en ligne]. Disponible à l’adresse :
https://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php?q=informatio (Consulté le 03/07/2018)
41 BORGLUND, Erik, ENGVALL, Tove. Open data? Data, information, document or record? Records
Management Journal. 2014, vol. 24, p.166-167.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 43 -
souvent décrit comme l’interprétation d’une donnée – une interprétation
humaine. L’information peut également être perçue comme différente de
la donnée dans le sens où une information a une fonctionnalité et est
utile, ce que la donnée ne peut pas être.]42
Ainsi cette difficulté n’est pas propre à la langue française ; mais alors qu’en
est-il dans notre corpus, et donc dans le vocabulaire français de l’information et
des archives ?
Un mouvement progressif de la législation vers la donnée
A première vue, information et donnée restent fortement liés mais leurs
définitions semblent plus distinctes, notamment grâce à l’ajout d’adjectifs pour
créer des expressions telles que information nominative, donnée nominative,
donnée (à caractère) personnel, donnée de référence. Dans un premier temps ces
expressions sont apparues à des périodes différentes, et n’ont pas été utilisées de
façon simultanée.
Dans notre corpus, c’est tout d’abord l’expression informations nominatives
qui est utilisée, dans la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers
et aux libertés (loi CNIL). Ainsi les informations nominatives sont définies comme
étant « les informations qui permettent, sous quelque forme que ce soit,
directement ou non, l’identification des personnes physiques auxquelles elles
s’appliquent, que le traitement soit effectué par une personne physique ou par une
personne morale.43 » Il est à noter que l’on trouve une occurrence de donnée
nominative en tant que synonyme parfait d’information nominative. Bien qu’il
puisse s’agir d’une erreur, cela montre non seulement que l’existence des deux
termes est déjà avérée, mais aussi et surtout que la différence entre les deux a peu
d’importance. La loi sur les archives de 1979 n’utilise pas information ni donnée,
toutefois on y rencontre deux fois l’expression renseignements individuels qui, au
vu de ses contextes d’utilisation, correspond aux informations nominatives
évoquées dans la loi CNIL. En effet, dans un paragraphe sur les délais de
communicabilité des archives publiques, sont mentionnés des « documents
42 La traduction est de l’auteure.
43 Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés. [en ligne]. Journal
Officiel du 6 janvier 1978. Disponible à l’adresse :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000886460 (Consulté le 7 novembre 2017)
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 44 -
contenant des renseignements individuels ayant trait à la vie personnelle et
familiale et, d’une manière générale, aux faits et comportements d’o rdre privé,
collectés dans le cadre des enquêtes statistiques des services publics.44 » Les deux
lois, pourtant rédigées à seulement une année d’intervalle, ont donc adopté des
expressions différentes pour évoquer la même notion. Cela souligne l’hésitation
autour de ces notions qui sont à l’époque nouvelles, tout en démontrant que cet
enjeu, devenu aujourd’hui central, était d’ores et déjà pris en considération.
Près de trente ans plus tard, lorsque ces lois ont toutes deux été modifiées par
de nouvelles lois – en 2004 pour la loi CNIL et en 2008 pour la loi sur les archives
–, c’est désormais le terme donnée qui domine. De fait, dans la loi du 6 août 2004
relative à la protection des personnes physiques à l'égard des traitements de
données à caractère personnel, qui modifie la loi CNIL de 1978, on trouve 87
occurrences de données et 109 de l’expression données à caractère personnel. Ces
dernières sont définies comme étant « toute information relative à une personne
physique identifiée ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement, par
référence à un numéro d’identification ou à un ou plusieurs éléments qui lui sont
propres.45 » Il s’agit donc des informations nominatives et des renseignements
individuels présents dans les premières versions. Le terme information est encore
présent – une trentaine d’occurrences – mais il a clairement été remplacé par
donnée qui compte 196 occurrences et surtout, dans le texte de loi, on trouve des
phrases telles que « dans le dernier alinéa, les mots : ‘d'informations’ sont
remplacés par les mots : ‘de données’46 », ce qui est on ne peut plus significatif du
changement opéré.
De même, dans la loi du 15 juillet 2008 relative aux archives, on trouve six
occurrences de données47 alors que le terme n’était pas du tout présent dans la
première version de 1979. A cela s’ajoutent les expressions données individuelles,
données à caractère personnel et données de santé à caractère personnel, qui
apparaissent toutes une fois, mais sans être définies. Il semble donc que la donnée
44 Loi n° 79-18 du 3 janvier 1979 sur les archives. [en ligne]. Journal Officiel du 5 janvier 1979.
45 Loi n° 2004-801 du 6 août 2004 relative à la protection des personnes physiques à l'égard des traitements de
données à caractère personnel et modifiant la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et
aux libertés. [en ligne]. Journal Officiel n°182 du 7 août 2004. Disponible à l’adresse :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000441676&categorieLien=id (Consulté le 12
novembre 2017)
46 Ibid.
47 Présentes soit dans la partie sur les archives publiques contenant des données à caractère personnel, soit dans
la partie sur la communicabilité des archives publiques et les délais associés.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 45 -
est définitivement entrée dans le vocabulaire et dans les pratiques du monde des
archives. Toutefois lorsque l’on se penche sur les contextes dans lesquels le terme
et les expressions citées ci-dessus sont utilisés, il apparait que les données ne sont
pas perçues comme des archives, mais comme un contenu spécifique des archives,
qui engendre alors en tant que tel un traitement spécifique des archives. Dans ces
lois, les données et leur type sont donc un élément qui entre en compte dans la
gestion des archives qui les contiennent, mais elles n’ont pas le statut d’archives.
Il faut attendre 2016 et la loi pour une République numérique, pour que le
statut des données change. En effet, elles sont au centre de cette loi, à la fois dans
son objet et contenu, et dans le nombre d’occurrences : on compte 80 occurrences
de données et 30 de données à caractère personnel. Le texte évoque également les
données publiques, les données de la recherche ou encore les données
scientifiques. Est également introduit un nouveau type de données et donc une
nouvelle expression : les données de référence, qui ne comptent que quatre
occurrences mais sont cependant définies explicitement :
« Sont des données de référence les informations publiques
mentionnées à l'article L. 321-1 qui satisfont aux conditions suivantes :
1° Elles constituent une référence commune pour nommer ou
identifier des produits, des services, des territoires ou des personnes ;
2° Elles sont réutilisées fréquemment par des personnes publiques
ou privées autres que l'administration qui les détient ;
3° Leur réutilisation nécessite qu'elles soient mises à disposition
avec un niveau élevé de qualité.48 »
Ainsi au niveau législatif, en même temps que le terme donnée lui-même est
de plus en plus utilisé, le spectre des types de données présentées et utilisées
s’élargit. Ce mouvement vers la donnée a surtout lieu dans le domaine de
l’informatique, de la production d’information, de sa diffusion et de sa protection.
Des synonymes au statut différent
Parallèlement, du côté des professionnels des archives et dans les lexiques
d’archivistique, l’apparition de la donnée s’est également faite progressivement.
48 Loi n° 2016-1321 du 7 octobre 2016 pour une République numérique . [en ligne]. Journal Officiel n°0235 du 8
octobre 2016. Disponible à l’adresse :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000033202746&categorieLien=id (Consulté le 11
novembre 2017)
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 46 -
Le résultat n’est toutefois pas le même. Tout d’abord, la première édition du
Vocabulaire des archives de l’AFNOR (1986), ainsi que la seconde (1991)
n’incluent pas la définition de données, alors que s’y trouve celle de base de
données – « ensemble de données organisé en vue de son utilisation par des
programmes correspondant à des applications distinctes et de manière à faciliter
l’évolution indépendante des données et des programmes.49 » Or comment
comprendre clairement ce qu’est une base de données si le terme central à sa
définition n’est pas défini ? Données est cette fois défini dans le dictionnaire de
l’ICA de 1988, en tant que traduction de data, et il est surtout intéressant de noter
que deux sens y sont présentés. Le premier correspond à la définition « classique »
donnée plus haut ; quant au second, il indique « (2) en langage commun :
information.50 » Alors que les problématiques liées aux données prennent de plus
en plus d’importance dans le domaine de l’information et au niveau législatif,
comme nous l’avons vu précédemment, le parallèle qui est fait ici avec information
semble signifier que la différence entre les deux n’est pas si importante. Qui plus
est dans un dictionnaire, ouvrage qui a justement pour but de clarifier les termes et
poser les concepts, et sachant qu’information lui-même n’y est pas défini, cela est
quelque peu contradictoire.
D’après ces premières définitions émanant de professionnels des archives, il
semble donc que la différence entre information et donnée ne pose pas de
problème concret pour le monde des archives et leur gestion . L’analyse du
Dictionnaire de terminologie archivistique de la Direction des Archives de France,
ainsi que du Glossaire du PIAF et du Nouveau glossaire de l’archivage proposé
par Marie-Anne Chabin, publiés dans les années 2000 et 2010, va également dans
ce sens. En effet ces trois sources définissent effectivement information et donnée,
mais d’une manière très générale et semblable aux premières définitions que nous
avons données au début de cette partie. Ces dictionnaires et glossaires n’ont pas
d’entrée pour les données ou informations plus spécifiques accompagnées de
qualificatifs, qui sont présentes dans les textes de loi analysés précédemment.
Par cette analyse des termes donnée et information, nous pouvons donc
conclure deux choses. La première est que par la volonté, notamment au niveau
49 AFNOR. Vocabulaire des archives : archivistique et diplomatique contemporaines . 1ère édition. Courbevoie :
AFNOR, 1986, p.25.
50 ICA. Dictionary of Archival Terminology / Dictionnaire de terminologie archivistique. English and French
with equivalents in Dutch, German, Italian, Russian and Spanish. 2e edition. New York : K.G. Saur, 1988, p.48.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 47 -
législatif, de spécifier de plus en plus finement les deux termes, ce qu’ils englobent
est mieux compris. Cela est particulièrement vrai du côté du domaine de
l’information en général. De plus – et cela répond en partie à notre hypothèse de
départ – ces changements illustrent la nécessité d’adapter le vocabulaire aux
évolutions et nouveaux concepts afin de mieux les envisager. Toutefois, et c’est là
notre seconde conclusion, contrairement à l’hypothèse que nous avions formulée,
le monde des archives apparait lui peu enclin à différencier les termes donnée et
information, et par là même les concepts qu’ils englobent. Au vu des analyses
effectuées, ce n’est pas tant le type d’information ou de donnée gérée qui est
important, mais plutôt ce qui fait de cette information ou donnée un objet à
archiver : au lieu d’être considérées comme un type d’archive comme nous le
pensions, elles constituent en réalité le contenu de l’archive. C’est ce que nous
déduisons de la lecture des différents lexiques et dictionnaires rédigés par des
professionnels.
Cependant une modification, qui peut sembler mineure par sa taille, a été
apportée par la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à
l’architecture et au patrimoine et apporte un autre éclairage. Plus précisément, il
s’agit d’un ajout, avec les mots « y compris les données » : les données sont
désormais incluses dans la définition des archives telle qu’elle avait été donnée
précédemment par la loi du 15 juillet 2008. De cette manière les données
obtiennent un statut, celui d’archives, qui seront donc analysées, gérées et
conservées en tant que telles. C’est ce que conjecturaient en 2014 Françoise Banat-
Berger et Christine Nougaret, pour qui il était certain que « les archivistes sont à
même d’identifier les données de référence, archives de demain, et de promouvoir
leur archivage pérenne.51 » Cela a notamment un lien avec le mouvement open
data, qui a pour but la mise à disposition des données publiques pour leur
réutilisation et qui nécessite donc de bien gérer toutes ces données car elles sont
« un bien commun, un actif de l’Etat.52 » Cette acceptation des données en tant
51 BANAT-BERGER, Françoise, NOUGARET, Christine. Faut-il garder le terme archives ? Des « archives » aux
« données ». La Gazette des archives [en ligne]. 2014, n°233, p.17. Disponible à l’adresse :
http://www.persee.fr/doc/gazar_0016-5522_2014_num_233_1_5121 (Consulté le 12 octobre 2017)
52 DIRECTION INTERMINISTERIELLE DES SYSTEMES D’INFORMATION ET DE COMMUNICATION
(DISIC). Cadre Commun d’Urbanisation des Systèmes d’Information de l’Etat. [en ligne]. Version 1.0 du 26/10/2012.
Disponible à l’adresse : http://references.modernisation.gouv.fr/urbanisation-du-systeme-dinformation-de-letat (Consulté
le 29 juillet 2018)
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 48 -
qu’archives démontre dans le même temps l’importance de statuer sur une
définition, qui permet alors de savoir exactement quoi archiver.
DES TERMES COURANTS MAIS DONT LA COMPLEXITE VA
GRANDISSANTE
Certains termes sont depuis longtemps et sans remise en question rattachés
directement au monde des archives. C’est le cas d’archive – est-il besoin de le
préciser ? – et de document. Ils ont toujours été présents dans les textes
professionnels, les guides et analyses du métier, les lois et réglementations, en bref
dans tout ce qui a trait au monde des archives et à la pratique archivistique.
Cependant, ils ont également leur part d’évolution, et parce qu’ils sont des
éléments centraux, parce qu’ils sont constamment sous nos yeux et qu’il est si
simple de les utiliser, il semble que ce soient finalement les concepts les plus
complexes, ceux qui vont de pair avec l’évolution du métier en lui-même. C’est ce
que nous étudierons plus en détail dans cette partie.
Document et ses nombreux dérivés, ou comment un terme
est devenu tentaculaire
Document est un terme à la définition très générique. Que ce soit dans les
textes normatifs – « ensemble composé d’un support et des informations
enregistrées sur ce support53 », « tout écrit ou enregistrement considéré comme une
unité54 » – ou dans les différents lexiques dédiés à l’archivage – « objet constitué
d’un support et de l’information qu’il porte, considéré comme un tout signifiant55 »
–, toutes ces définitions restent générales, et même si générales qu’il semble que
tout pourrait être document. Si l’acceptation de ce que peut être un document de
manière générale est aisée, des qualificatifs ont rapidement été ajoutés qui
permettent de préciser le document, au niveau de son support, de la façon dont il
doit être géré, de son statut, de son importance etc. C’est ainsi que, dès ses
53 AFNOR. Archivage électronique - Recommandations relatives à la conception et à l'exploitation de systèmes
informatiques en vue d'assurer la conservation et l'intégrité des documents stockés dans ces systèmes . NF Z42-013.
AFNOR, 1999, p.7.
54 AFNOR. Information et documentation - "Records management" - Partie 1 : principes directeurs. NF ISO
15489-1. AFNOR, 2002, p.3.
55 CHABIN, Marie-Anne. Nouveau glossaire de l’archivage proposé par Marie -Anne Chabin [en ligne]. 2010,
p.12. Disponible à l’adresse : http://www.arcateg.fr/wp-content/uploads/2017/03/Nouveau_glossaire_de_l_archivage.pdf
(Consulté le 3 novembre 2017)
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 49 -
premières apparitions dans les textes qui composent notre corpus, le terme
document est entouré d’adjectifs qui spécifient son type. Par exemple, dans la loi
sur les archives de 1979, on trouve 23 occurrences de document, cinq de
documents d’archives et quatre de documents d’archives publiques. Pour autant, le
texte de loi ne définit pas les types de documents qu’il mentionne : pour documents
d’archives et documents d’archives publiques, il faut donc se référer aux
définitions d’archives et d’archives publiques56. Cela ne facilite pas forcément la
compréhension, qui fonctionne alors par « entonnoir » : il faut d’abord comprendre
la seconde partie de l’expression, pour ensuite l’associer à document et réduire le
concept. Les possibilités de confusion ou de mauvaise interprétation sont donc déjà
présentes.
Le document est-il électronique ou numérique ?
Des nouvelles définitions ont ensuite commencé à apparaître, qui
différencient les supports de documents et leur mode de création. Par exemple,
dans la seconde édition du dictionnaire de l’ICA, de 1988, on trouve la définition
de document (sur) papier, soit un « document ou reproduction de document sur
papier, par opposition à copie sur microforme ou à document lisible par
machine57 ». Cela coïncide avec le développement du numérique, qui a entraîné
non seulement la numérisation des documents papier, mais aussi l’apparition des
documents nativement numériques ou électroniques et qui sont à cette époque en
pleine croissance. Leur cycle d’existence, de la création à la lecture, en passant par
le stockage, se fait sur machine – à moins bien sûr de les imprimer. Avec
l’avènement du numérique, le document devient bien plus que cela : la
dématérialisation a « fait éclater la définition du document comme association d’un
contenu et d’un support58 », et c’est pour cette raison que la terminologie a
commencé à faire graviter de nombreuses notions autour de lui.
Dès les années 1990 est ainsi apparue, dans le langage professionnel,
l’expression document électronique – présente dans 14 articles de La Gazette des
56 A noter que ces définitions seront étudiées plus en détail dans la partie suivante.
57 INTERNATIONAL COUNCIL ON ARCHIVES (ICA). Dictionary of Archival Terminology / Dictionnaire de
terminologie archivistique. English and French with equivalents in Dutch, German, Italian, Russian and Spanish. 2e
edition. New York : K.G. Saur, 1988, p.79.
58 MÜLLER, Bertrand. Archives, documents, données : problèmes et définitions. La Gazette des archives [en
ligne]. 2008, n°212, p.38. Disponible à l’adresse : http://www.persee.fr/doc/gazar_0016-5522_2008_num_212_4_4509
(Consulté le 19 octobre 2017)
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 50 -
archives entre 1990 et 1999, alors qu’elle ne l’avait jamais été avant – et dont
l’utilisation va aller croissante. Dans l’ensemble de notre corpus, la première
définition qui en est faite se trouve dans la première version de la norme NF Z 42-
013 sur l’archivage électronique : est un document électronique tout « document
qui peut résulter, soit d’un processus de numérisation de l’information initialement
sur papier ou sur microforme, soit d’un processus informatique.59 » Qu’il le soit
nativement ou non, le document électronique doit être géré et archivé, et c’est
l’objet de cette norme. L’expression document électronique a continué d’être
utilisée, et son nombre d’occurrences a même augmenté pour passer, dans La
Gazette des archives, à 46 occurrences entre 2000 et 2009 puis à 80 entre 2010 et
2014. De même, sur Google, elle est passée de 186 occurrences entre 1990 et 1999,
à 12.400 pour la période 2010-2018.
Cette ascension est à mettre en parallèle avec celle de l’expression document
numérique, dont la croissance d’utilisation est encore plus importante. En effet,
alors qu’elle n’apparaissait pas une seule fois dans La Gazette des archives entre
1990 et 1999, on en trouve 32 occurrences dans la période 2000-2009 puis 92 en
2010-2014. La même chose s’est produite sur Google, où elle a pris le pas sur
document électronique.
1990-1999 2000-2009 2010-2014 2010-2018
La Gazette des archives
Document électronique 14 46 80 -
Document numérique 0 32 92 -
Document électronique 186 3.190 - 12.400
Document numérique 116 4.120 - 19.000
Figure 11 - Tableau récapitulatif des occurrences de document électronique et document
numérique sur Google et La Gazette des archives
59 AFNOR. Archivage électronique - Recommandations relatives à la conception et à l'exploitation de systèmes
informatiques en vue d'assurer la conservation et l'intégrité des documents stockés dans ces systèmes . NF Z42-013.
AFNOR, 1999, p.7.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
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L’expression document numérique est ainsi devenue majoritaire, au point de
remplacer document électronique dans la troisième version de la norme NF Z 42-
013, publiée en 2009. Le document numérique y est défini comme suit :
« Ensemble composé d’un contenu, d’une structure logique,
d’attributs de présentation permettant sa représentation, exploitable par
une machine afin de restituer une version intelligible pour l’homme. Le
document numérique peut être créé à l’état natif ou obtenu par un
processus de transformation d’un document physique, on parle dans ce
cas de document numérisé.60 »
Dans le glossaire du PIAF se trouve une autre définition, qui présente
document numérique comme un « terme générique désignant tout type de
document sous forme d’enregistrement électronique61 » : elle semble simple mais,
parce qu’elle reste très large et surtout par les termes qu’elle emploie, elle
nécessite de se reporter à la définition d’enregistrement. Dans le glossaire ce
dernier est défini à la fois comme un « document résultant de l’inscription
automatique d’information sur un support (sonore, visuel etc) à l’aide de
machine », et « en informatique, ensemble de données traité comme un tout.62 »
Finalement, la définition reste-t-elle volontairement floue car on ne connait pas
l’étendue et la limite de ce que peut être un document numérique ou électronique ?
C’est en tout cas ce que nos recherches semblent suggérer : l’évolution constante
de la notion de document, notamment sous l’influence du numérique, avec par
exemple la diversité des supports, des modes de création et de stockage, rend le
terme difficile à définir. Et forcément, par extension, cette difficulté se retrouve
dans les questionnements sur quels documents archiver et comment. Quoi qu’il en
soit, la concurrence entre les expressions document numérique et document
électronique a de beaux jours devant elle. Comme nous l’avons vu précédemment,
c’est document numérique qui tend à dominer, mais dans le texte de loi le plus
récent de notre corpus, à savoir la loi pour une République numérique de 2016,
60 AFNOR. Archivage électronique - Spécifications relatives à la conception et à l'exploitation de systèmes
informatiques en vue d'assurer la conservation et l'intégrité des documents stockés dans ces systèmes. NF Z42-013.
AFNOR, 2009, p.9.
61 PORTAIL INTERNATIONAL ARCHIVISTIQUE FRANCOPHONE. Glossaire du PIAF [en ligne]. 2015,
p.25. Disponible à l’adresse : http://www.piaf-archives.org/sites/default/files/bulk_media/glossaire/glossaire_papier.pdf
(Consulté le 25 novembre 2017)
62 Ibid., p.27.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 52 -
c’est document électronique qui est employé – sans par ailleurs être défini – alors
que document numérique n’est pas du tout présent. Même si l’on trouve quelques
questionnements dans la littérature, ce sujet est peu évoqué par les professionnels
des archives. Par exemple dans un article publié par Lourdes Fuentes-Hashimoto
sur son blog Archives online, cette dernière s’interroge sur certains aspects du
vocabulaire, et dit notamment au sujet de l’adjectif électronique :
« C’est surtout le terme ‘électronique’ qui me semble inadéquat.
Électronique veut tout simplement dire ‘quelque chose qui circule dans
un réseau informatique’, je préfère donc utiliser une autre expression que
l’on retrouve aussi dans la littérature sur le sujet : archivage numérique.
Mais je dois avouer que cela ne me satisfait pas complètement.63 »
Rien n’a été tranché sur le sujet, et nous notons effectivement qu’au fil des
articles et documents que nous avons pu lire dans le cadre de ce mémoire, les
expressions document numérique et document électronique restent toutes deux
employées. D’autres expressions, nombreuses, ont par ailleurs vu le jour dans les
normes et lois : c’est le cas de document sonore, document audiovisuel ou vidéo,
document physique, document archivé, document authentique ou encore document
d’origine, pour ne citer qu’eux. Ces documents ne sont toutefois pas définis par les
textes qui les mentionnent, à l’exception de document d’origine – « document en
entrée du processus de stockage64 » – que l’on trouve une quinzaine de fois dans
chacune des trois versions de la norme NF Z 42-013. Nous notons cependant que la
version de 2009 actuellement en vigueur ne le définit pas : est-ce par supposition
que le terme est suffisamment compris ? Il y a pourtant une définition de fidélité
d’un document, qui précise sous quels critères « un document est considéré comme
fidèle au document d’origine65 ». Il est normal que dans un même vocabulaire les
termes et définitions réfèrent mutuellement les uns aux autres, mais cela nécessite
de les définir tous car sinon le risque de mauvaise interprétation s’en voit
63 FUENTES-HASHIMOTO, Lourdes. Question de vocabulaire : archivage électronique ou digital preservation ?
In : Archives Online [en ligne]. Mis en ligne le 28/11/2010. Disponible à l’adresse :
https://archivesonline.wordpress.com/2010/11/28/question-de-vocabulaire-archivage-electronique-ou-digital-
preservation/ (Consulté le 10 décembre 2017)
64 AFNOR. Archivage électronique - Spécifications relatives à la conception et à l'exploitation de systèmes
informatiques en vue d'assurer la conservation et l'intégrité des documents stockés dans ces systèmes. NF Z42-013.
AFNOR, 2001, p.7.
65 AFNOR. Archivage électronique - Spécifications relatives à la conception et à l'exploitation de systèmes
informatiques en vue d'assurer la conservation et l'intégrité des documents stockés dans ces systèmes . NF Z42-013.
AFNOR, 2009, p.10.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 53 -
augmenté. Cela devient d’autant plus important qu’avec la multiplication des
expressions liées à document, l’on se retrouve à devoir les démêler, et finalement à
quoi cela sert-il d’employer de multiples expressions si ce qu’elles désignent
concrètement est incertain ? De plus, les expressions citées ci-dessus, que l’on
trouve dans les normes NF Z 42-013 et NF ISO 15489-1, ne se retrouvent que
ponctuellement : chacune ne compte que de 1 à 5 occurrences par texte. Elles ne
sont présentes ni dans les textes de loi, ni dans les lexiques et dictionnaires qui
constituent notre corpus : il semblerait donc que chaque type de littérature, partant
certes d’un vocabulaire commun, fasse ensuite évoluer ce dernier tel qu’elle le
souhaite.
Focus sur le document engageant
De fait les lexiques et dictionnaires rédigés par des professionnels de
l’archivage et de la documentation présentent eux une autre analyse de document.
Dans son Nouveau glossaire de l’archivage, Marie-Anne Chabin ne met en avant
et ne définit qu’une seule expression rattachée au document. Il s’agit de la notion
de document engageant, qu’elle définit comme suit :
« Document achevé ou validé, produit ou reçu au nom d’une
entreprise ou d’un organisme, qui contient une décision ou une
information entraînant ou susceptible d’entraîner une incidence
financière ou la responsabilité morale de son détenteur. Un document
engageant doit être authentique, fiable et intègre.66 »
La note qui suit la définition retient tout particulièrement notre attention :
« L’expression ‘document engageant’, bien qu’encore peu
répandue, apparaît comme la meilleure façon aujourd’hui de rendre le
terme anglais ‘record’ pour le différencier des documents de travail ou de
la documentation extérieure, et pour éviter l’ambiguïté du mot archives,
trop technique ou trop culturel.67 »
Parler de document engageant comme d’une expression encore peu répandue
est vrai, mais également très optimiste. Lors de la fouille sur Google, les résultats
66 CHABIN, Marie-Anne. Nouveau glossaire de l’archivage proposé par Marie -Anne Chabin [en ligne].
67 Ibid.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 54 -
ont été de 68 occurrences entre 2000 et 2009, puis 638 entre 2010 et 2018, et 3.220
sans filtre de date. A titre de comparaison, pour que ces chiffres aient un sens,
nous pouvons rappeler que les occurrences de document numérique étaient de
4.120 entre 2000 et 2009, 19.000 entre 2000 et 2018, et 308.000 sans filtre de date.
Résultat plus éloquent encore, dans La Gazette des archives sur Persée,
l’expression n’est apparue qu’une seule fois, et ce dans un article également rédigé
par Marie-Anne Chabin, Il nous a semblé étrange que ce terme défendu par
l’auteure n’apparaisse dans aucun texte normatif ou législatif. La seule autre
occurrence que nous avons trouvée se trouve dans un texte qui ne faisait pas partie
de notre corpus de base, à savoir la traduction française de la norme ICA-Req,
publiée en 2010. Document engageant y est défini ainsi :
« Toute information, sous tout format, produite, reçue ou conservée
à titre de preuve et d’information par une personne physique ou morale
dans l’exercice de ses obligations légales ou la conduite de son
activité.68 »
En-dessous de cette définition, ICA-Req indique « Source: ISO 15489, Part
1, Clause 3.15.69 » Or ni dans la norme ISO 15489, ni dans ses versions françaises,
n’est à aucun moment mentionnée l’expression document engageant. La source à
laquelle se réfère ICA-Req est la définition de documents d’archives/documents,
elle-même présentée comme la traduction de records, donnée dans la version de
2001 de l’ISO 15489. Notons également que ICA-Req, en prenant en compte
« toute information, sous tout format », a modifié la définition de la norme ISO qui
n’évoquait que les « documents ». Cette modification de la définition écarte
l’ambiguïté de la notion de document qui, comme nous l’avons vu précédemment,
peut être plus ou moins large suivant le point de vue. En ne spécifiant aucun type
d’information ou de format, ICA-Req est donc très ouverte au niveau de ce qui
peut être considéré comme document engageant. Mais pourquoi reprendre la
définition de document d’archives/documents – devenu par ailleurs document
d’activité dans la seconde version de 2016 – et en modifier le terme
correspondant ? Le but était-il de mettre en avant l’expression document engageant
68 INTERNATIONAL COUNCIL ON ARCHIVES (ICA). ICA-Req - Principes et exigences fonctionnelles pour
l’archivage dans un environnement électronique - Traduction française : Module 1 - Contexte et déclaration de principe.
2010, p.20.
69 Ibid., p.20.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 55 -
et la populariser ? Même si on retrouve la définition donnée par Marie-Anne
Chabin et par ICA-Req dans la Multilingual Archival Terminology de l’ICA, la
notoriété de l’expression dans notre corpus reste donc très faible.
Afin de mettre à jour nos données et vérifier la présence d’une quelconque
évolution, nous avons réitéré la recherche sur Google et dans La Gazette des
archives. En effet, la fouille de ces deux sites présentée dans ce mémoire ayant été
effectuée fin 2017, nous l’avons renouvelée en juillet 2018. Si le nombre total
d’occurrences de document engageant sur Google n’est passé « que » de 3.220 à
7.150 – ce qui est tout de même conséquent –, c’est surtout dans La Gazette des
archives que le résultat est le plus significatif. Ainsi on compte désormais 9
nouvelles occurrences de document engageant, provenant toutes de numéros de
2015 – les derniers à avoir été mis en ligne. Il semblerait toutefois que document
engageant soit plutôt une expression utilisée par les entreprises. Elle est en effet
promue principalement par le CR2PA, ou Club des Responsables de Politiques et
Projet d’Archivage, qui rassemble « les responsables des plus grandes entreprises
et établissements publics français.70 » Ils voient ainsi le document et sa gestion du
point de vue managérial71.
S’il ne nous est pas possible de vérifier si cette augmentation des occurrences
est un simple hasard ou une réelle tendance qui continue à ce jour, l’augmentation
du nombre de résultats sur Google laisse toutefois à penser que l’expression est
globalement plus utilisée, même si elle ne constitue qu’une concurrence minime à
records ou à ses traductions.
Le terme document s’est donc vu attribuer différentes particularités, dans une
tentative de préciser une notion qui reste, malgré tout, très large. En créant des
« catégories » de documents, les professionnels de l’archivage et de la
documentation, mais également les législateurs et les personnes participant à la
normalisation, ont cherché à faciliter l’exercice concret de leurs pratiques. Si l’on
s’en tient à quelques textes de notre corpus, les notions restent à peu près claires ;
70 CR2PA. Le CR2PA [en ligne]. Disponible à l’adresse : http://www.cr2pa.fr/ (Consulté le 16 août 2018)
71 Le groupe est notamment à l’origine d’une des traductions de records management en archivage managérial
mais cette expression reste très confidentielle.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 56 -
mais en s’attardant sur tous, comme nous venons de le faire, la multiplication de
ces adjectifs rattachés au document semblent ne former qu’une nébuleuse dont les
éléments sont difficiles à distinguer les uns des autres. Face à cela, il apparait que
chacun choisit et a choisi quels termes lui conviennent le mieux, au risque de créer
des incompréhensions. Ainsi le vocabulaire influence la pratique dans le sens où, si
l’on ne sait pas exactement ce que sont un document, un document engageant ou
même un document numérique, ainsi que la différence entre chacun d’eux, il
devient alors difficile de mettre en application les textes réglementaires et
normatifs associés.
Archives, archivage, archiver et archiviste : une même
famille de mots pour des notions en mutation constante
La définition officielle des archives et ses conséquences
Il semble difficile d’envisager les archives telles qu’elles sont aujourd’hui
sans évoquer ce qu’elles étaient hier, leur origine, et l’origine du terme. Comme
l’explique Marie-Anne Chabin dans son ouvrage Archiver, et après ?, « toute
société et toute personne qui utilise l’écrit à l’appui de son action crée des
archives. Depuis les Mésopotamiens, il s’en est créé beaucoup.72 » Or, si les
archives semblent avoir toujours existé – bien sûr sous des formes et notions
différentes, mais toujours en tant que trace et connaissance –, il a bien fallu que
des personnes s’en occupent, et que soit défini ce qui constitue une archive, de
quelle façon les conserver, où et combien de temps. A ces points correspondent les
termes archiviste, archives, archivage, archiver : le métier, les documents, la
pratique et la mise en action. S’ils semblent converger aujourd’hui, ils ne sont
toutefois pas apparus simultanément et ont des histoires différentes.
Les archives ont été légalement définies pour la première fois dans la loi sur
les archives de 1979 : il s’agit de « l'ensemble des documents, quels que soient leur
date, leur forme et leur support matériel, produits ou reçus par toute personne
physique ou morale et par tout service ou organisme public ou privé, dans
l'exercice de leur activité.73 » Le terme était déjà très usité : en témoigne par
72 CHABIN, Marie-Anne. Archiver, et après ? p.7.
73 Loi n° 79-18 du 3 janvier 1979 sur les archives. [en ligne]. Journal Officiel du 5 janvier 1979.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 57 -
exemple la création des Archives nationales de France en 1790, ou la loi du 7
messidor an II (25 juin 1794), dont l’article 1er stipule que « les archives établies
auprès de la représentation nationale sont un dépôt central pour toute la
République74 » : tout citoyen a le droit de consulter les archives que l’on nomme
aujourd’hui « publiques ». Toutefois le terme archives n’avait jamais fait l’objet
d’une caractérisation précise, et la période à laquelle cette définition a été énoncée
n’est quant à elle pas fortuite. Les années 1970 correspondent en effet au début du
numérique et à l’informatisation massive, à la fois des entreprises et de
l’administration, de l’Etat. La masse de documents et d’informations à gérer
commence à prendre des proportions telles qu’il devient nécessaire d’adapter les
pratiques. Il y a donc une double influence : l’évolution de la pratique influence le
vocabulaire au point de le modifier, et cette modification du vocabulaire va ensuite
elle-même déterminer la mise en œuvre de la pratique. Effectivement, une fois que
l’on sait quels documents considérer comme archives, grâce à la définition, on sait
alors qu’ils doivent être conservés et combien de temps. Il serait pourtant faux de
dire que cette définition a figé le monde des archives et ses pratiques : elle l’a
plutôt bouleversé par son ouverture. En restant très large et englobante, en ne
précisant rien sur les documents, elle semble accepter les mutations que connait le
monde des archives et laisse la possibilité d’intégrer tous les types de documents,
qu’ils existent en 1979 ou qu’ils apparaissent plus tard. Ainsi ici la définition n’est
pas symbolique dans sa précision, mais au contraire dans ce qu’elle ne dit pas,
dans la perspective qu’elle laisse. Il est intéressant de noter l’écart entre l’étendue
que laisse cette définition et les nombreuses précisions qui ont pu être apportées à
celle de document. L’important ici n’est donc pas le type de document que l’on
considère, qui peut réellement être de tout type, tant qu’il correspond aux critères
énoncés dans la définition, à savoir être produit dans le cadre de l’activité d’un
organisme. La définition semble même vouloir englober plus que ce qui est
communément appelé document, et n’utiliser ce terme que par défaut : en effet et
comme nous l’avons vu précédemment, document est déjà lui-même très large dans
sa définition « classique ».
Cette définition officielle d’archives n’a pas subi de modification majeure
dans la nouvelle version de la loi, en 2008 – on note seulement l’ajout de « quels
74 DUVERGIER, Jean-Baptiste. Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du
Conseil d’Etat. Paris : A. Guyot et Scribe, 1825, tome 7, p.247.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 58 -
que soient […] leur lieu de conservation75 ». Elle est reprise par le Dictionnaire de
terminologie archivistique de la Direction des Archives de France, le Glossaire du
PIAF, ainsi que la version de 2009 de la norme NF Z 42-013, toujours en vigueur
actuellement. Nous pouvons de fait nous rendre compte que, contrairement à
d’autres définitions mentionnées plus haut dans ce mémoire76, la définition
« officielle » des archives est globalement plébiscitée, et ce par les trois catégories
de textes qui constituent notre corpus. La législation, la normalisation et la
profession semblent pour une fois en accord et se rejoignent sur cette définition,
qui est restée la même pendant presque 40 ans.
Ce n’est qu’en 2016, avec l’article 211-1 du Code du patrimoine, modifié par
la loi n° 2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à
l'architecture et au patrimoine, qu’une modification importante a été faite,
apportant une spécification aux archives. Le texte conserve la définition
mentionnée précédemment, tout en ajoutant « y compris les données77 » : alors
qu’elle n’avait jamais voulu donner de précision quelconque quant au type de
document que peut être une archive, la définition introduit désormais un exemple
précis. Mais pourquoi ajouter les données en particulier, si la définition était si
englobante et pouvait sans aucun doute les inclure ? Comme l’affirme l’AAF dans
un communiqué faisant suite à l’adoption de cette loi, « à l’heure de la
dématérialisation, de l’Open data et du Big data, il était en effet primordial de
réaffirmer et maintenir un cadre commun pour la gestion de l’informa tion, quels
que soient sa forme et son support, dès sa création et pendant tout le temps de sa
conservation.78 » Le but était donc clairement de supprimer l’assimilation encore
très courante des archives au papier, en prenant « acte des transformations induites
par l’environnement numérique sur la gestion des archives79 ». Et effectivement,
75 Loi n° 2008-696 du 15 juillet 2008 relative aux archives . [en ligne]. Journal Officiel n°0164 du 16 juillet 2008.
Disponible à l’adresse : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000019198529 (Consulté le
11 novembre 2017)
76 Par exemple la définition de gestion de l’archivage, traduction officielle de records management, qui n’a eu
que peu de succès.
77 Loi n° 2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine. [en
ligne]. Journal Officiel n°0158 du 8 juillet 2016. Disponible à l’adresse :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032854341&categorieLien=id (Consulté le 14
novembre 2017)
78 ASSOCIATION DES ARCHIVISTES FRANÇAIS (AAF). Loi LCAP : l’AAF a fait entendre la voix des
archivistes. [en ligne]. Communiqué de presse diffusé le 4 juillet 2016. Disponible à l’adresse :
https://www.archivistes.org/Loi-LCAP-l-AAF-a-fait-entendre-la-voix-des-archivistes (Consulté le 15 août 2018)
79 Ibid.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 59 -
cela n’avait pas été fait au niveau de la législation : l’ajout de ces mots constitue
donc un premier pas.
Un problème subsiste cependant : dans la loi de 1979, le terme archives
désigne également le service qui les gère, et « c’est la même chose dans le langage
courant. On dit : ‘Je vais consulter des archives’, ce sont des documents ; ou bien
on dit : ‘Les documents ont été envoyés aux archives’, c’est le dépôt. Et ceci est
vrai quel que soit le dépôt, central, spécial ou local.80 » Or cette utilisation du
même terme pour l’objet et le « lieu » de stockage perpétue une idée que la
définition elle-même tente de faire disparaitre : le fait que l’on assimile,
communément, les archives aux documents anciens, aux documents dont on n’a
plus l’utilité et qu’on entrepose. C’est ce que déplorait Guy Braibant dans un
article de 1997, où il évoque une « assimilation qu’il faut combattre dans l’esprit
des gens, dans l’esprit populaire, entre archives et documents anciens81 ».
Aujourd’hui, vingt ans plus tard, la façon dont les archives sont perçues a
peu voire presque pas évolué, même avec le numérique. En témoigne la réaction de
toute personne étrangère au domaine à qui nous parlons de nos études et de notre
futur métier : la première pensée, la première réaction vont vers les vieux
documents, remisés dans des cartons, eux-mêmes entreposés dans un endroit où
personne ne va jamais. Présenté ainsi, le cliché est flagrant, pourtant cette vision
des archives reste très répandue. Ainsi au-delà de la simple définition qui permet
non seulement aux professionnels de s’accorder sur leur objet de travail, mais aussi
de comprendre l’évolution des archives, c’est l’image des archives et du métier qui
est en jeu. Arriver à définir correctement les archives, c’est s’assurer de pouvoir
mieux les mettre en avant, parler de la nécessité de les considérer et de les gérer
correctement ; en bref, c’est leur donner de la visibilité. Sur ce point, la définition
officielle, portée par la législation, ne semble pas suffire : c’est toute la famille des
termes archiv- qui nécessite d’être mise en lumière.
80 BRAIBANT, Guy. La législation française. La Gazette des archives [en ligne]. n°177-178, 1997, p.136.
Disponible à l’adresse : https://www.persee.fr/doc/gazar_0016-5522_1997_num_177_1_3463 (Consulté le 24 juin 2018)
81 Ibid., p.136.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 60 -
La nécessité de dépoussiérer l’image de l’archivage
Prenons le cas d’un autre terme de la même famille, l’archivage, qui n’a par
contre jamais été officiellement ni légalement défini. Si spontanément nous dirions
qu’il s’agit du fait d’archiver, ce raccourci ne suffit pas car il faut alors définir ce
qu’archiver signifie concrètement, aussi bien dans la théorie que dans la pratique
et les méthodes. Dans son glossaire, Marie-Anne Chabin définit ainsi l’archivage :
« Démarche d’organisation qui a pour objectif d’identifier, de
mettre en sécurité et de maintenir disponibles l’ensemble des documents
qui engagent une entreprise ou un organisme vis-à-vis de tiers ou de son
activité future et dont le défaut représenterait un risque.82 »
Le lien avec la définition officielle des archives est évident, et c’est en effet
un point que l’on retrouve dans les différentes définitions que nous avons pu
consulter. Le terme archivage est de plus en plus utilisé, en témoigne le nombre
d’occurrences en constante augmentation dans La Gazette des archives et sur
Google : le nombre de résultat a doublé sur le moteur de recherche, passant de
92.600 entre 2000 et 2009 à 1.760.000 entre 2010 et 2018, et frôle même les 9
millions sans filtre de date. De même dans La Gazette des archives, alors que l’on
comptait 199 occurrences entre 2000 et 2009, elles passent à 244 sur la seule
période 2010-2014, puis à 103 rien qu’en 2015.
A l’inverse nous notons que le terme est relativement peu présent dans les
textes de notre corpus. S’il est défini de façon générale dans les lexiques et
dictionnaires, il est totalement absent des textes législatifs. Seule la norme NF Z
42-013 l’utilise beaucoup, à la fois seul et dans des expressions telles que système
d’archivage, politique d’archivage, service d’archivage. Le terme archivage a
donc servi de base pour construire d’autres notions, qui lui sont rattachées et le
spécifient.
Lors de ces recherches, il nous est apparu que le terme archivage est
concurrencé par deux autres expressions : archivage électronique et archivage
numérique83. Et parfois cela va même plus loin qu’une simple concurrence, car
lorsque l’on effectue une recherche du terme archivage sur Google, une
82 CHABIN, Marie-Anne. Nouveau glossaire de l’archivage proposé par Marie -Anne Chabin. p.4.
83 Qui sont elles-mêmes en concurrence entre elles ; nous reviendrons sur cette problématique un peu plus loin.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 61 -
association avec l’archivage électronique avec immédiatement faite, comme
visible sur la capture d’écran ci-dessous.
Figure 12 – Premiers résultats de la recherche archivage sur Google
Il semble donc que les deux termes, et par là-même les deux notions qu’ils
représentent, ont été assimilés. Mais est-ce le cas pour tout le monde ? Rien n’est
moins sûr, et ce d’autant plus que, comme nous l’avons vu précédemment, les
archives sont encore aujourd’hui perçues directement en lien avec le papier. De
plus, les expressions archivage électronique et archivage numérique sont elles-
mêmes en concurrence, sans que l’on sache réellement laquelle est la plus
pertinente, ni même en quoi elles diffèrent. On trouve globalement une plus forte
utilisation d’archivage électronique, à la fois sur Google et dans La Gazette des
archives, comme visible dans le tableau ci-dessous :
1990-1999 2000-2009 2010-2014 2010-2018
La Gazette des archives
Archivage électronique 19 62 119 -
Archivage numérique 1 10 27 -
Archivage électronique 158 2.720 - 29.700
Archivage numérique 84 1.500 - 15.300
Figure 13 - Tableau récapitulatif des occurrences d'archivage électronique et archivage
numérique sur Google et La Gazette des archives
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 62 -
Notre première recherche n’incluant pas les numéros de 2015 de La Gazette
des archives, nous l’avons par ailleurs réitérée en juillet 2018 pour voir si cette
tendance a continué. Le résultat est de 35 occurrences pour archivage numérique
contre 77 pour archivage électronique. Nous pouvons ainsi noter que l’utilisation
des deux expressions est en forte augmentation, mais surtout qu’archivage
numérique semble avoir commencé à « rattraper » archivage électronique.
Un autre point allant dans ce sens a par ailleurs attiré notre attention. Dans la
version actuelle de la norme NF Z 42-013, publiée en 2009, on trouve 14
occurrences d’archivage électronique, contre 2 d’archivage numérique. C’est
même la première qui est utilisée dans le nom de la norme : Archivage
électronique – Spécifications relatives à la conception et à l’exploitation de
systèmes informatiques […] . Or dans la partie « Termes et définitions », c’est bel
et bien l’expression archivage numérique qui est utilisée et définie ; ainsi l’on
trouve :
« Archivage numérique : ensemble des actions visant à identifier,
recueillir, classer, conserver, communiquer et restituer des documents
électroniques, pour la durée nécessaire à la satisfaction des obligations
légales ou pour des besoins d’informations ou à des fins
patrimoniales.84 »
Même si elle n’insiste pas sur les mêmes points, cette définition est
globalement la même que celle d’archivage électronique ; de plus elle mentionne
le terme électronique ! Puisque les deux termes sont aussi entremêlés, il apparait
donc que la concurrence entre numérique et électronique tient plus de la
préférence, voire du choix arbitraire, que d’une réelle différence que l’on
retrouverait concrètement dans les pratiques du métier.85
Finalement, en prenant du recul sur la notion, il semblerait que ce soit surtout
le terme archivage, sans adjectif particulier, qui pose un premier problème, et que
de là découlent les différentes problématiques liées à l’ajout d’électronique ou
84 AFNOR. Archivage électronique - Spécifications relatives à la conception et à l'exploitation de systèmes
informatiques en vue d'assurer la conservation et l'intégrité des documents stockés dans ces systèmes . NF Z42-013.
AFNOR, 2009, p.8.
85 Cela rejoint notre questionnement et nos conclusions sur les expressions document électronique et document
numérique, dans la partie Document et ses nombreux dérivés de ce mémoire.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 63 -
numérique. Si l’on s’attarde sur la définition que donne le Dictionnaire de
terminologie archivistique, on peut se rendre compte que la confusion est présente
à tous les niveaux. Ainsi la Direction des Archives de France définit l’archivage
comme étant un « transfert de documents qui ont cessé d'être d'utilité courante
dans un local de stockage ou dans un service d'archives compétent pour les
recevoir. Le verbe correspondant est archiver.86 » Certes ce dictionnaire mérite
amplement d’être mis à jour, mais étant donné qu’il reste à ce jour diffusé et
considéré comme valable, on peut ne que s’étonner de cette définition qui prolonge
la vision de archives comme étant des vieux documents, alors qu’elle émane d’un
organisme de l’Etat. En parlant de « documents qui ont cessé d’être d’utilité
courante87 », la définition ne prend en compte que l’archivage définitif ; or comme
nous avons pu le voir tout au long de ce mémoire, il s’agit d’un processus au long
cours, qui nécessite des actions dès la création des documents.
On pourrait alors se demander s’il ne faudrait pas engager une réflexion sur
la pertinence de conserver le terme archivage en lui-même. Lourdes Fuentes-
Hashimoto se pose la question dans un article publié sur son blog et explique que
pour elle, parler d’archivage électronique est restrictif. En renvoyant uniquement à
l’archivage définitif – comme l’indique la définition de la DAF citée plus haut – on
ne recouvre pas toutes les problématiques, et surtout on cantonne la notion aux
archivistes, alors qu’ils ne sont pas les seuls concernés88. Ils sont bien sûr un
maillon important de la chaîne, mais de nombreux autres métiers participent
également, en premier tous les producteurs de documents pour ne citer qu’eux. En
effet, et comme le dit si bien un commentaire posté en lien avec cet article – par
une personne tenant elle-même un blog s’intéressant au sujet du records
management et de l’archivage électronique :
« le terme archivage veut bien ce qu’il veut dire, mais [il] est en
l’état inacceptable/incompréhensible pour les non-archivistes, ce qui est
rédhibitoire si l’on considère les problèmes que nous avons à traiter
dans ce domaine.89 »
86 DIRECTION DES ARCHIVES DE FRANCE. Dictionnaire de terminologie archivistique. p.9.
87 Ibid., p.9.
88 FUENTES-HASHIMOTO, Lourdes. Question de vocabulaire : archivage électronique ou digital preservation ?
In : Archives Online.
89 REGARD DE JANUS. Commentaire à l’article « Question de vocabulaire : archivage électronique ou digital
preservation ? » In : Archives Online.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
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Pour pallier à cela, Fuentes-Hashimoto évoque l’expression anglaise digital
preservation, qui « permet d’inclure facilement le processus de création des
documents numériques et le contexte de leur création […] et élargit
considérablement la problématique.90 » Mais il s’agit encore une fois d’un terme
anglais, dont la compréhension peut différer selon les personnes – ce qui engendre
des problèmes de traduction comme nous l’avons vu précédemment avec records
management –, et que nous avons peu rencontré au cours de notre recherche.
Archiviste, un métier qui ne cesse de se diversifier
S’il existe donc des possibilités pour mieux qualifier l’archivage, elles ne
restent à ce jour que des pistes. Pour mieux comprendre ce en quoi l’archivage a
consisté et consiste aujourd’hui, peut-être pouvons-nous alors nous interroger sur
le troisième terme de cette famille de mots, l’archiviste. En effet au-delà de la
question des archives se trouve également celle de la personne qui archive et met
en place l’archivage. Il s’agit d’abord d’un titre, celui d’archiviste-paléographe,
décerné aux élèves de l’Ecole nationale des chartes. Le problème est que la plupart
des personnes qui travaillent dans les services d’archives n’ont non seulement pas
ce titre, mais surtout ne se considèrent pas comme archivistes. Comme le montrent
par exemple les entretiens effectués par Anne Both, une partie sont des personnes
arrivées un peu par hasard et qui se sont emparées d’un métier qui n’était au départ
pas le leur, ou auquel elles ne se destinaient pas91. Rares sont les personnes
travaillant dans un service d’archives publiques qui se définissent effectivement
comme archivistes : « on entend souvent nos collègues se définir comme
technicien audiovisuel, restaurateur, magasinier, records manager, médiateur ou
autre, mais pas comme ‘archivistes’92 ». Cela est dû aux spécialisations qui
existent parmi les archivistes et qui sont de plus en plus nombreuses. Cette
divergence se ressent dans les intitulés de postes, analysés dans l’article « Petite
Poucette » en trans… et qui connaissent une réelle « pluralité » :
90 Ibid.
91 BOTH, Anne. Le Sens du temps. Le quotidien d’un service d’archives départementales. Toulouse : Anacharsis,
2017, pp.107-140.
92 DEJOB, Agnès, MOSER, Chloé. Métamorphoses des archives, constance de l’archiviste ? La Gazette des
archives. n°245, 2017, p.101.
Quelles évolutions et perspectives pour les notions centrales de la pratique archivistique ?
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 65 -
« Hors les traditionnels archivistes, documentalistes et records
manager, on trouve toute sorte de consultants (ECM, fonctionnels, etc.),
de chargés de missions, d’ingénieurs (gestion des connaissances,
archiviste, archivage et documentation, etc.), de chef de projet archives,
d’archiviste-documentaliste, de document controler, de knowledge
manager, etc.93 »
Agnès Dejob et Chloé Moser vont même plus loin que cette seule
« spécialisation », en se demandant si la problématique ne viendrait pas plutôt des
termes archive et archiviste en eux-mêmes. Elles expliquent en effet que les
archivistes sont nombreux « à ne pas utiliser systématiquement le terme ‘archives’
dans [leurs] relations avec les producteurs, [et à parler] davantage de ‘documents,
documents d’activité, données, information’, suivant le contexte et le niveau de
connaissance de [leurs] interlocuteurs.94 » Faute d’une compréhension claire des
archives et d’une différenciation précise et adoptée par tous de tous les objets et
termes qui entrent en jeu, les archivistes se voient donc obligés de s’adapter aux
personnes qu’ils ont en face d’eux, aux producteurs, à ceux qui ont besoin des
archives. Cela est également dû à « l’intervention de plusieurs communautés
professionnelles ayant chacune leurs représentations, repères, vocabulaires
concernant un domaine peu saisissable en tant que tel : la gestion de
l’information.95 » Ainsi le vocabulaire utilisé dépend de la personne à qui l’on
s’adresse, mais aussi à la réalité de la spécialité : car si l’interlocuteur comprend
mieux un terme plutôt qu’un autre, cela signifie que c’est ce terme qui importe à
ses yeux et a du sens dans son activité. Peut-être est-ce finalement cela, le rôle de
l’archiviste et de l’archivage en général : s’adapter à tous les producteurs de
documents qu’il côtoie, dans la variété de leurs domaines. Et n’est -ce pas ce qu’il a
toujours fait, avec ou sans le numérique ? C’est en tout cas ce qu’il faudra
continuer à faire si un vocabulaire global et convenant à tout le monde n’émerge
pas.
93 HOLGADO, Sandra, VERNUSSET, Amélie. « Petite Poucette » en trans… La Gazette des archives. n°240,
2015, p.115.
94 DEJOB, Agnès, MOSER, Chloé. Métamorphoses des archives, constance de l’archiviste ? La Gazette des
archives. n°245, 2017, p.102.
95 BANAT-BERGER, Françoise. Les fonctions de l’archivistique à l’ère du numérique. Les chantiers du
numérique : dématérialisation des archives et métiers de l’archiviste. Louvain la neuve : Academia-l’Harmattan, 2012,
p.47.
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 67 –
CONCLUSION
Au terme de cette étude, il apparait que le vocabulaire des archives recèle de
nombreuses complexités et particularités, que la profession s’est efforcée de
surmonter au fil de son évolution. Ces difficultés, d’origines diverses, ont toutes
contribué à forger la terminologie des archives telle que nous la connaissons
aujourd’hui. En effet, en s’interrogeant et tentant de s’accorder sur ces termes, les
professionnels des archives ont par là même dû interroger leurs propres pratiques,
et les analyser : d’où le double effet, de la pratique sur le vocabulaire, mais aussi
du vocabulaire sur la pratique. En ce sens, réfléchir sur la façon de nommer les
choses et ce qu’elles englobent est également l’occasion de les remettre en
question : cela permet de s’assurer de leur cohérence avec la réalité et les facteurs
qui entrent en jeu – et notamment pour les archives, le numérique, qui a beaucoup
contribué à les façonner.
Il est toutefois nécessaire de délimiter ce vocabulaire . Nous l’avons vu avec
les termes information, donnée et document, auxquels de nombreux adjectifs et
expressions ont été ajoutés. Si l’objectif était au départ de préciser les notions, la
multiplication des dérivés a parfois eu pour effet de rendre les termes plus obscurs.
Cela est notamment lié au fait que les termes de départ ne sont pas toujours
compris ou ont une définition mouvante. C’est surtout le cas de document, notion
déjà délicate par la largeur de ce qu’elle englobe, et que les nombreux termes
associés n’ont pas forcément rendue plus simple à distinguer. Les termes créés à
partir d’un adjectif ajouté à document n’ont cessé de s’ajouter, pour finalement
constituer une longue liste dans laquelle chacun choisit les termes qu’il souhaite
utiliser, mais sans cohérence globale de la profession toute entière.
En nous penchant sur le problème des termes d’origine étrangère, comme
records management, nous avons pu analyser les difficultés de traduction et nous
rendre compte de la nécessité de trouver un consensus. De plus la traduction est
d’autant plus nécessaire, qu’au-delà du terme en lui-même se trouve également la
traduction et l’adaptation de la notion qu’il désigne. Le records management est
passé par différentes étapes et tentatives de traductions, allant jusqu’à une
traduction officielle en gestion de l’archivage, mais cette dernière n’a pas
convaincu et n’est pas utilisée. Il apparait donc que vouloir définir officiellement
Conclusion
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 68 -
un terme, le « prescrire » en quelque sorte, n’est pas un facteur déterminant pour le
faire entrer dans le vocabulaire et assurer son utilisation. Ainsi, si même la
législation n’a pas le pouvoir ni le dernier mot pour définir un terme , nous pouvons
en conclure que ce processus doit venir des utilisateurs et des locuteurs eux-
mêmes, en l’occurrence ici la profession et tout le domaine des archives.
Enfin, la famille des termes centraux au monde des archives – archivage,
archiviste, archives, archiver, tellement courants et usités qu’ils semblent évidents
à interpréter – nous ont permis de réfléchir à l’image que renvoie le monde des
archives et à la façon dont il est perçu. Nous l’avons vu, les archives et leur
archivage sont des objets mouvants, qui englobent différentes notions, et dont
l’évolution impacte également la notion du métier d’archiviste. C’est lui qui est en
première ligne pour « dépoussiérer » l’image des archives ; or, parce qu’il a du mal
à se définir lui-même, à imposer son vocabulaire et à se positionner au milieu des
différentes pratiques, il en résulte qu’il doit s’adapter aux autres. Chacun utilise les
termes qu’il sait compris par ceux à qui il s’adresse. Il est indéniable que le monde
des archives dispose d’un vocabulaire commun, mais celui-ci est parfois rendu
désordonné par la multiplication de termes pourtant proches. Si le sens de toutes
les notions que nous avons évoquées dans cette étude était clairement posé et que
chacun utilisait les mêmes termes, peut-être serait-il plus facile de communiquer et
de mettre en avant le monde des archives en lui-même ; ainsi il gagnerait en
légitimité. C’est la raison pour laquelle il est d’autant plus nécessaire de se mettre
d’accord sur langage commun.
Le vocabulaire est constamment en mouvement, et ce majoritairement avec la
création de nouveaux termes qui, comme nous l’avons vu, peuvent créer des
débats. Très récemment un nouveau terme est venu s’ajouter de manière
impromptue, et a été jusqu’à induire une remise en question de la « valeur » des
archives : il s’agit de la notion d’archives essentielles. L’expression a été
introduite par le Ministère de la Culture dans un document qui a fuité dans la
presse en novembre 2017. Elle a suscité de nombreux débats parmi les
professionnels car elle semble restreindre la notion d’archives, donc des
documents à conserver, alors même que les archives résultent déjà d’un travail de
sélection et d’évaluation, effectué en amont. L’introduction de ce nouveau terme
pose également la question du rôle de l’archiviste : en effet qui a la responsabilité
de déterminer quelles archives sont essentielles ou non ? Si cette politique doit être
Conclusion
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 69 -
mise en œuvre – ce qui n’est pour l’instant pas certain –, alors elle nécessitera
d’être définie clairement, afin d’entrer dans la terminologie au même titre que les
termes étudiés dans ce mémoire. Il s’agit toujours d’un mouvement qui doit
s’accomplir de façon parallèle, entre la pratique et la terminologie, afin de
s’assurer que ces dernières sont bien en adéquation.
-
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 71 –
SOURCES
Textes législatifs et réglementaires
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rante=00227 (Consulté le 7 novembre 2017)
Loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesures d’amélioration des
relations entre l’administration et le public et diverses dispositions d’ordre
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Disponible à l’adresse :
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000339241 (Consulté
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du 5 janvier 1979. Disponible à l’adresse :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT00000606866
3 (Consulté le 12 novembre 2017)
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physiques à l'égard des traitements de données à caractère personnel et modifiant
la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux
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https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT00001919852
9 (Consulté le 11 novembre 2017)
Loi n° 2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à
l'architecture et au patrimoine. [en ligne]. Journal Officiel n°0158 du 8 juillet
2016. Disponible à l’adresse :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT00003285434
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Sources
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 72 -
Loi n° 2017-55 du 20 janvier 2017 portant statut général des autorités
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Textes normatifs
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conception et à l'exploitation de systèmes informatiques en vue d'assurer la
conservation et l'intégrité des documents stockés dans ces systèmes. NF Z42-013.
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AFNOR. Archivage électronique - Spécifications relatives à la conception et
à l'exploitation de systèmes informatiques en vue d'assurer la conservation et
l'intégrité des documents stockés dans ces systèmes. NF Z42-013. AFNOR, 2001,
34p.
AFNOR. Archivage électronique - Spécifications relatives à la conception et
à l'exploitation de systèmes informatiques en vue d'assurer la conservation et
l'intégrité des documents stockés dans ces systèmes. NF Z42-013. AFNOR, 2009,
44p.
Sources
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 73 -
AFNOR. Information et documentation - "Records management" - Partie 1 :
principes directeurs. NF ISO 15489-1. AFNOR, 2002, 27p.
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CADA : https://www.cada.fr/
CNIL : https://www.cnil.fr/professionnel
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FranceTerme : http://www.culture.fr/franceterme
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Legifrance : https://www.legifrance.gouv.fr/
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Bibliographie
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http://www.culture.fr/Ressources/FranceTerme/Qu-est-ce-que-la-terminologie
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(Consulté le 19 octobre 2017)
PEROTIN, Yves. Le « Records Management » et la gestion anglaise des
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l’adresse : https://www.persee.fr/doc/gazar_0016-5522_1964_num_44_1_1753
(Consulté le 9 juillet 2018).
Article de blog
FUENTES-HASHIMOTO, Lourdes. Question de vocabulaire : archivage
électronique ou digital preservation ? In : Archives Online [en ligne]. Mis en ligne
le 28/11/2010. Disponible à l’adresse :
https://archivesonline.wordpress.com/2010/11/28/question-de-vocabulaire-
archivage-electronique-ou-digital-preservation/ (Consulté le 10 décembre 2017)
Normalisation
GRAILLES, Bénédicte, DUCOL, Laurent. Les enjeux de la normalisation
dans les services d’archives. La Gazette des archives [en ligne]. n°228, 2012, pp.
9‑22. Disponible à l’adresse : http://www.persee.fr/doc/gazar_0016-
5522_2012_num_228_4_4980 (Consulté le 30 octobre 2017)
LEMOINE, Hervé. Note d’information DGP/SIAF/2012/005 en date du 15
février 2012 relative à l'actualité de la normalisation en matière de records
management [en ligne]. 15 février 2012. Disponible à l’adresse :
https://francearchives.fr/file/3b69465eca14a99a9253bf90f4f947b2311cb502/static
_5570.pdf (Consulté le 11 juillet 2018)
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 79 –
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Figure 1 - Vue de la feuille « Donnée(s) » du tableur ................................. 24
Figure 2 - Vue de la feuille « Document » du tableur ................................. 25
Figure 3 - Recherche de l’expression records management sur Google ....... 27
Figure 4 - Visualisation du nombre de résultats de la recherche records
management sur Google .................................................................................... 27
Figure 5 - Recherche de l’expression records management sur Persée ........ 27
Figure 6 - Exemples de datavisualisations créées à partir des données
recueillies .......................................................................................................... 29
Figure 7 - Vue de la feuille « Recherche dans La Gazette des archives » du
tableur ............................................................................................................... 30
Figure 8 - Vue de la feuille « Recherche sur Google » du tableur ............... 30
Figure 9 - Page consacrée au records management présente sur le site des
Archives de France en 2001 ............................................................................... 39
Figure 10 - Section dédiée au records management présente sur le site des
Archives de France en 2008 ............................................................................... 40
Figure 11 - Tableau récapitulatif des occurrences de document électronique
et document numérique sur Google et La Gazette des archives ........................... 50
Figure 12 – Premiers résultats de la recherche archivage sur Google .......... 61
Figure 13 - Tableau récapitulatif des occurrences d'archivage électronique et
archivage numérique sur Google et La Gazette des archives .............................. 61
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 81 –
TABLE DES MATIERES
SIGLES ET ABREVIATIONS .......................................................................... 7
INTRODUCTION .............................................................................................. 9
PRESENTATION DU CORPUS ET DE LA METHODOLOGIE ADOPTEE 11
Précisions sur l’étude du vocabulaire : intérêt et enjeux .................... 12
L’importance du domaine .................................................................. 14
Le corpus de texte ................................................................................ 15
Les textes législatifs et réglementaires ............................................... 15
Les textes normatifs ........................................................................... 18
La norme NF Z 42-013 ................................................................... 19
La norme NF ISO 15489-1 ............................................................. 19
Les dictionnaires, glossaires et lexiques ............................................. 20
La méthode de fouille de ces textes ..................................................... 22
Recherches ciblées dans des portails et sites Internet ......................... 25
La Gazette des archives et Google ...................................................... 25
La méthode de fouille de ces portails .................................................. 26
QUELLES EVOLUTIONS ET PERSPECTIVES POUR LES NOTIONS
CENTRALES DE LA PRATIQUE ARCHIVISTIQUE ? ............................... 31
L’influence extérieure, en particulier des pratiques anglo-saxonnes et
des autres domaines d’activité ..................................................................... 31
Le records management : un simple problème de traduction ? ............ 32
L’apparition de la notion et les premières tentatives de traduction ... 32
Le difficile éloignement de la théorie des trois âges ........................ 34
Une traduction officielle boudée par l’ensemble de la profession .... 37
Le duo information et donnée : des synonymes ? ................................ 41
Un mouvement progressif de la législation vers la donnée ............... 43
Des synonymes au statut différent .................................................. 45
Des termes courants mais dont la complexité va grandissante ........... 48
Document et ses nombreux dérivés, ou comment un terme est devenu
tentaculaire ................................................................................................ 48
Le document est-il électronique ou numérique ?.............................. 49
Focus sur le document engageant .................................................... 53
Archives, archivage, archiver et archiviste : une même famille de mots
pour des notions en mutation constante ...................................................... 56
La définition officielle des archives et ses conséquences ................. 56
La nécessité de dépoussiérer l’image de l’archivage ........................ 60
Archiviste, un métier qui ne cesse de se diversifier ......................... 64
Table des matières
BOUILLON Elodie | Master 2 ARN | Mémoire de recherche | Septembre 2018 - 82 -
CONCLUSION ................................................................................................ 67
SOURCES ........................................................................................................ 71
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................... 75
TABLE DES ILLUSTRATIONS ..................................................................... 79
TABLE DES MATIERES ................................................................................ 81