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Supplément au Monde Magazine n° 55 du samedi 2 octobre 2010. Ne peut être vendu séparément. SUPPLÉMENT REINVENTE SON FUTUR LYON PORTRAITS 15 ACTEURS DE L’INNOVATION PAGE III PORTFOLIO À FLEUR D’EAU PAGE XIV CULTURE RENDEZ-VOUS DE L’AUTOMNE PAGE XVIII

Lyon réinvente son futur

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Dans le Monde Magazine du 2 octobre 2010

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REINVENTE SON FUTUR

LYON—PORTRAITS15 ACTEURS DEL’INNOVATION PAGE III

—PORTFOLIO À FLEUR D’EAU PAGE XIV

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2 OCTOBRE 2010 — LE MONDE MAGAZINE III

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1. Guylaine Gouzou-Testud

2. Dominique Hervieu

3. Thierry Raspail

4. Fabienne Le Hénaffet Jean-Michel Duivon

5. Joël Karecki

6. Nicolas Le Bec

7. Pascal Peleszezak

8. Myriam Picot

9. Serge Dorny

10. Stéphane Crozat

11. Sophie Jullian

12. Hervé Vincent

13. Pascal Nief

14. Marc Le Gal

15. Angela Lanteri

Que ce soit dans la culture, les nouvelles technologies, l’environnementou encore la solidarité, ils façonnent le Lyon de demain.AURÉLIE DELAUNOY ET TATIANA KALOUGUINE, FUTURING PRESS

LYONNAIS QUI FONT BOUGER LA VILLE

Partout, on lit que Lyon s’est en quelquesannées transfiguré. La ville est plus belle,sa capacité d’attraction ne cesse de gran-dir, la Confluence a changé son centre de gravité, de nouveaux quartiers s’épa-

nouissent… bref, Lyon bouge à vue d’œil, si l’on peut dire. Et les Lyonnais ? Qui sont les « acteurs du futur » ? La liste est longue, certes, mais nousvous présentons dans ce dossier une sorte de portrait de la ville à travers quinze personnages,certains connus, d’autres moins. Nous les avonschoisis avec un prisme particulier, celui de l’innovation. Ce n’est pas un palmarès, juste unesérie de rencontres, un échantillon de Lyonnaissymboles. Le Monde Magazine est là pour ça : fairerencontrer à ses lecteurs des personnalités qui ontune expérience à partager. Les acteurs mis en portraits dans ces pages incarnent donc l’innova-tion dans des secteurs à enjeu d’intérêt général :

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la qualité de la vie urbaine, la culture, la mobilité de la population, les nouvelles technologies, l’envi-ronnement, la relation aux autres, la solidarité, le développement. Dans ces secteurs-clés, lesgrandes cités ont un rôle important. Et Lyon toutparticulièrement, ville internationale toujours à la pointe de la recherche. Les métropolesmodernes développent, par exemple, une diplo-matie concrète, fondée sur la solidarité et le biencommun. C’est un trait majeur de l’intervention de ces acteurs du futur ; s’ils agissent souvent auplan local, leur rayonnement est international.Autre caractéristique : ils sont volontiers casseursde codes. Certains se sont affranchis des règles, des normes, de la pensée dominante. Lyon ne semétamorphose pas seulement sur les berges du Rhône ou sur les pentes de la Croix-Rousse,c’est un mouvement en profondeur qui propulse la ville. Voici quelques-uns de ses moteurs.

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LYON RÉINVENTE SON FUTUR

Page 3: Lyon réinvente son futur

2 OCTOBRE 2010 — LE MONDE MAGAZINE VIV LE MONDE MAGAZINE — 2 OCTOBRE 2010

—Faire valoirune ville« durable »GUYLAINEGOUZOU-TESTUD Lyon, ville équitable et durable

Depuis le début del’année, un nouveaulogo fleurit sur cer-

taines vitrines de Lyon. C’estcelui du label « Lyon, ville équi-table et durable ». Il identifieles entreprises et associationsinscrites dans une démarche de développement durable etd’utilité sociale. A l’origine dece projet, Guylaine Gouzou-Testud, adjointe Verts à lamairie de Lyon depuis 2008, eten charge du développementdurable et de l’économie socialeet solidaire. « J’avais depuisplusieurs années le sentimentqu’une économie émergenteexistait sur le territoire, et qu’ilfallait l’accompagner en fédé-rant les acteurs. » En janvier2010, le label, unique en France,entérine cette politique. A cejour, 122 structures sont labelli-sées, couvrant des secteursaussi divers que la financeéthique et solidaire, les circuitscourts de distribution, lesfilières équitables et durables,mais aussi le prêt-à-porter ou les sociétés de transport non polluantes… Chacun peutdéposer un dossier de candida-

ture si son projet remplit trois conditions : consommerde manière responsable, res-pecter l’environnement et êtred’utilité sociale. Un comité dessages extérieur, composé demembres de l’Agence de l’envi-ronnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), de l’Afnoret Max Havelaar, entre autres,se charge des validations. « Je suis écologiste depuis tou-jours mais, pour moi, l’écologie,ce n’est pas une opposition permanente. C’est aussi fairebouger la ville. On peut menerune politique écologique sans s’opposer à tout, bien aucontraire, en développant. »

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—Tisser des fibresvégétalesFABIENNE LE HÉNAFFET JEAN-MICHEL DUIVONPockus

Doux utopistes ou businessmen horspair ? A écouter Fabienne Le Hénaff et Jean-Michel Duivon parler de leurs

housses et bagages en matières végétales, on a du mal à trancher. Créé en 2008, Pockus, leursociété, rencontre un succès croissant chez les bobos tendance « écolo-geek ». Au point d’avoir séduit LaCie, lespécialiste mondial des disquesdurs design, leur plus gros client.Les textiles mis au point pour leurmarque, Biolap, sont obtenus à partir de lin, soja et jersey debambou. Ils sont doux au toucher et possèdent « des propriétéséquivalentes aux matériaux àbase de dérivés pétroliers »,précise Jean-MichelDuivon. Drôle de reconver-

sion pour cet ingénieur, ancien passionné de 4 × 4,qui a fait carrière dans l’industrie. « Ce qui me stimule c'est l’idée de participer à une nouvellerévolution industrielle. Le développement durableet le commerce équitable ? C’est Fabienne qui m’y a converti. » Les idées, chez Pockus, c’est elle. Diplômée d’une école de management,Fabienne Le Hénaff a exercé des années dans le marketing et la communication tout en diri-geant une association pour le maintien d’une

agriculture paysanne (AMAP).Son obsession, « être cohérente »avec ses idéaux : produire etvendre local. Les fabricantssont basés dans la région

et les produits exclusivement distribués en Europe. « Nous

avons décliné des demandesvenant du Canada », ajoute-

t-elle. Complémentaires et sans tabous, ces deux quadragénairescommencent à bousculerle marché de la bagagerie.Leur prochain défi : créerla valise green la pluslégère du monde.

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—Mettre en avantl’éclairageJOËL KARECKI Cluster Lumière

Ville des lumières : plus que jamais,Lyon porte bien son surnom. La régionRhône-Alpes a vu naître, en 2008, le

Cluster Lumière, un groupement d’acteurslocaux de la filière éclairage. Une initiativeunique dans l’Hexagone, qui rassemble à ce jourplus de 100 partenaires. Ses objectifs : améliorerla compétitivité de la France dans ce secteur et renforcer l’innovation de solutions éco-efficientes. Joël Karecki, président de PhilipsFrance, préside Cluster depuis sa création.

« L’éclairage de demain représente un formidabledéfi, tant par ses enjeux écologiques que technolo-giques. Si on peut, au passage, renforcer la filièreen France, c’est encore mieux. » L’implantation de Cluster en Rhône-Alpes s’est faite le plusnaturellement du monde en raison d’une forteprésence de la filière dans la région. Elle emploieplus de 10 000 personnes et concentre plusieurscentres de recherche. Aujourd’hui, une grandepartie des investissements de Cluster Lumièreest orientée vers les LED. « En 2015, elles repré-senteront 75 % du marché de l’éclairage », estimeJoël Karecki. En projet, un concept de rue intelli-gente à Lyon, entièrement éclairée aux LED. Le niveau lumineux de la rue et des commercesse réglera automatiquement en fonction desconditions de lumière naturelle et des besoinsdes usagers. « La lumière représente 20 % de laconsommation électrique mondiale. Aujourd’hui,avec les technologies dont on dispose, on pourraitbaisser la consommation d’énergie liée à l’éclai-rage de 40 % à 50 % », conclut le président deCluster Lumière.

« Cluster investitdans les LED carelles représenteront75 % du marché de l’éclairage en 2015. »

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—Dialogueren dansantDOMINIQUE HERVIEU Maison de la danse,Biennale de la danse

La 14e Biennale de ladanse s’achève à peineà Lyon que, déjà, tous

les regards sont braqués sur2012. Cette année-là, la choré-graphe Dominique Hervieuprendra les rênes de la Maisonde la danse et de la Biennale.Celle qui dirige aujourd’hui leThéâtre national de Chaillot, àParis, succédera à Guy Darmet,à la barre du navire depuistrente ans. Une chance, selonl’intéressée : « Cette doubledirection, c’est la configurationidéale pour développer un art.Une occasion comme celle-ci ne se présente qu’une fois dansune vie. » Car Guy Darmetlaisse derrière lui un héritageexceptionnel : 175 000 specta-teurs par an pour la Maison de la danse ; 85 000 pour laBiennale. Et une réputationinternationale qui vaut auxdeux institutions de compterparmi les plus importantes de la danse. A ce patrimoine,Dominique Hervieu entendapporter un souffle nouveau,tout en respectant la traditionde son prédécesseur et ami.« Ma mission, c’est de fairedécouvrir et partager mon art,dans tous ses paradoxes et sesrichesses. » La chorégraphe est connue pour son goût de

la mixité. Danseurs africains ouchinois, hip-hop… les créationsde Dominique Hervieu sont un dialogue permanent entreles cultures. « La diversité, on en entend beaucoup parler, peut-être parce que c’est politique-ment correct. Pour moi, c’est une valeur essentielle à laquellej’ai toujours cru. » La nouvelledirectrice participera égale-ment à l’élaboration du projetd’une « Maison de la danse troisième génération », vouluepar Guy Darmet et le maire,Gérard Collomb. Il s’agira d’unnouveau site dédié à la danse, et établi à la Confluence.

« Je dois fairedécouvrir mon artdans tous sesparadoxes et sesrichesses. »

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—Asseoirl’évidencede l’artTHIERRY RASPAILMAC Lyon

Cela fera bientôttrente ans que Thierry Raspail dirige

le Musée et la Biennale d’artcontemporain de Lyon. C’est luiqui a donné naissance aux deuxinstitutions, à commencer parla Biennale en 1983. « Le mairede l’époque m’avait demandé de reprendre la défunte Biennaleparisienne. Je ne pensais resterque deux ou trois ans. » En 1995,il inaugure le Musée d’artcontemporain (MAC) de Lyon,qui connaîtra un succès crois-sant, comme récemment avecla rétrospective Keith Haring(165 000 visiteurs) ou celle deBen (100 000 visiteurs). Quantà la Biennale, elle a attiré jus-qu’à 180 000 personnes. « L’ob-jectif est de rester parmi les cinq plus grandes au monde. On ne cherche pas à concurren-cer Paris, mais Lyon doit existercomme une étape sur un par-cours international. » ThierryRaspail a également mis enplace, en 2002, une plate-formed’échanges fédérant des insti-tutions internationales dumonde de l’art. Le muséeaccueillera en octobre l’exposi-tion « Infantization », super-visée par le directeur adjoint du Shanghai Art Museum. Enretour, la Biennale de Shanghaïprésentera le travail de quatreartistes français.

« Lyon doit être uneétape dans le circuitmondial de l’art. »

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Entre Rhône et Saône, un ambitieux programme d’aménagement.

Le mélange des genres, la marque de fabrique de Dominique Hervieu.

Projet d’une rue entièrement éclairée avec des LED.

15 ACTEURS D’AVENIR

« Il faut fédérer lesdifférents acteurspour aider l’économieémergente. »

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« Nos textiles “végétaux” sont doux au toucher et possèdent lesmêmes propriétés que les matériaux à base de dérivés pétroliers. »

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—Servir le grandpublicNICOLAS LE BEC Chef cuisinier étoilé

Les étoiles, il ne courtpas après. Pourtant, à38 ans, Nicolas Le Bec

est déjà une pointure de la gastronomie française. Troisrestaurants à Lyon, dont un quiarbore deux étoiles au Miche-lin… Beau palmarès pour ceBreton débarqué en ville il y adix ans et qui a fait ses armeschez Jean-Pierre Vigato, AlainPassard, et Jacques et LaurentPourcel. Il a lancé Rue Le Bec,un restaurant aménagé dans un entrepôt de la Confluence,au centre de petits commerces(cave à vins, boulangerie…). Un lieu ouvert à tous. « Ce quej’aime, c’est travailler sur lesproduits et apporter un serviceaux gens. Ici, les produits et lesfournisseurs sont les mêmes quedans mes autres restaurants, et les tarifs sont grand public. »Après une année d’activité, le succès est au rendez-vous :400 couverts quotidiens et unchiffre d’affaires de 5,5 millionsd’euros. Du coup, Rue Le Becétend ses services. Ce mois-ci,le chef inaugurera cinq tables

« Nicolas », plus confiden-tielles, et une suite hôtelière. Il compte par ailleurs dévelop-per ce concept à l’étranger :« J’ai déjà des demandes à Paris,New York, Hongkong ou Dubaï.Je suis breton, et un Breton çavoyage beaucoup. » La compa-raison avec Bocuse l’indiffère.« Paul Bocuse, c’est un chefd’Etat de la cuisine, c’est normalqu’on cherche à désigner sondauphin. Mais nous sommes très différents. »

« Les produits du Rue Le Bec sont les mêmes que ceux de mes autresrestaurants, mais à moindre prix. »

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d’avoir été les premiers. Maisnous ne sommes que des imita-teurs de la nature, suivant unbon sens pratique et paysan. » Pour cet autodidacte, l’avenirde la ville est dans le végétal.« En plus de leurs qualités esthé-tiques, les façades végétaliséesrépondent à plusieurs probléma-tiques des villes grâce à leursqualités d'isolant thermique,phonique et grâce à leur fonc-tion de dépollution de l'air. »Inscrit dans une démarche globale de développementdurable, Pascal Peleszezak netravaille qu’avec des fournis-seurs locaux, que ce soit pourles plantes ou les matériaux deconstruction. Depuis l’inaugu-ration de son premier murdépolluant à la gare de LyonPerrache en 2007, Canevaflor aplanté ses graines un peu par-tout dans le monde. A l’Exposi-tion universelle de Shanghaï, la société a installé un toitdépolluant de 200 m2 et unefaçade végétalisée de 400 m2

sur le pavillon Rhône-Alpes. La suite, Pascal Peleszezak l’envisage donc tout naturelle-ment à l’échelle planétaire. Et en s’amusant. Sa dernièreidée ? Créer des potagers verticaux afin de « réinventer le jardin ouvrier ».

« En plus de leurs qualités esthétiques, les façades “vertes” sont de bonsisolants thermiques et phoniques. »

Façade végétale réalisée par Canevaflor.

Un restaurant haut de gamme dans un esprit marché.

15 ACTEURS D’AVENIR

VI LE MONDE MAGAZINE — 2 OCTOBRE 2010

—Végétaliserles mursurbainsPASCAL PELESZEZAKCanevaflor

Il se définit comme« écolo industriel ».A 47 ans, Pascal

Peleszezak est le roi du murvégétal. Créée à Lyon en 2000,sa société, Canevaflor, est devenue en l’espace de dix ansle leader mondial du secteur :2 millions d’euros annuels dechiffre d’affaires, 4 000 m2

de murs installés par an, et déjàune filiale au Brésil. Un bilanplus que positif pour cettesociété qui n’emploie que15 salariés. Mais quand on l’interroge sur les raisons de cesuccès, Pascal Peleszezak rela-tivise. « On bénéficie du fait

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VIII LE MONDE MAGAZINE — 2 OCTOBRE 2010

—Faire entrer la défenseMYRIAM PICOTBâtonnière du barreau de Lyon

La nouvelle de son élection a fait sen-sation. Myriam Picot, nouvelle bâton-nière de Lyon depuis janvier, est

une femme certes, mais surtout uneavocate engagée. « J’ai toujours aiméparticiper à la conquête de nouveauxdroits et faire pénétrer la défense là où on la laisse à la porte », explique-t-elle. Depuis qu’elle a revêtu larobe, cette originaire de la Croix-Rousse veut « faire progresser lesdroits et libertés publics ». Au débutdes années 1970, elle force la portedes casernes pour rencontrer sesclients « insoumis » et plaiderle droit à l’objection deconscience. Elle assure la

défense du groupuscule terroriste Actiondirecte en 1984. Devient ensuite l’avocate desfemmes violentées, des salariés victimes deleurs employeurs, du droit des enfants. « Unbâtonnier jouit d’une grande liberté de parole etd’action », se félicite celle qui vient d’entraînerson barreau dans « une action d’ampleur » contrela loi en vigueur sur la garde à vue. Ce combat,mené par plusieurs barreaux, a payé : le

30 juillet, le Conseil constitutionnel déclarele texte anticonstitutionnel, poussant la

garde des sceaux à présenter un nou-veau projet de loi. Mais Myriam Picotest déjà repartie au front, cette foiscontre le projet de loi Besson visantl’entrée et le séjour des étrangers.Hors de question de laisser passercette loi qui porte atteinte au juge

judiciaire, garant de la régula-rité des procédures : « Nous

portons notre motion àchacun des sénateurs etdéputés du département,pour les sensibiliser. »

« Un bâtonnier jouit d’une grande liberté de parole et d’action. »

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—Fabriquerun opéra citoyen SERGE DORNYOpéra national de Lyon

N’allez surtout pas lui dire que l’opéraest élitiste ! Depuis qu’il en a pris lescommandes en 2003, Serge Dorny

mène à l’Opéra de Lyon une politique d’ouver-ture au plus grand nombre. Sans jamais oublierson autre objectif, l’excellence artistique.« L’opéra doit vivre au cœur de la cité, explique-t-il.Nous fabriquons des rêves et des idées qui doiventêtre accessibles à tous. » Le programme, baptisé

Opéra citoyen, est ambitieux. 460 per-sonnes mènent ainsi des actions

auprès des scolaires, des popula-tions des quartiers difficiles, dumilieu pénitentiaire… Le lieus’ouvre résolument à tous lespublics : « L’art doit être une évidence,

aussi indispensable que l’école. »L’Opéra de Lyon connaît un

taux de remplissage de96 % en moyenne, et les

jeunes y sont bien représentés : un quart dupublic a moins de 25 ans, la moitié moins de45 ans. En parallèle, Serge Dorny a inscrit dès2006 son établissement dans une démarche de développement durable, afin de réduire sonempreinte écologique. En 2008, il signe unecharte de développement durable et, un an plustard, il réalise son plan carbone. Serge Dornyne perd pas de vue l’avenir. Son grand projet dumoment, c’est la Fabrique. « Je voulais créer unlieu où réunir tous les métiers de l’opéra : couturiers,décorateurs, machinistes… Un lieu où les choses seconstruisent, et que le public puisse visiter : 90 %des espaces seront en libre accès. » La livraison dubâtiment est prévue à l’horizon 2013, à Vénis-sieux.

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15 ACTEURS D’AVENIR

« L’art doit êtreune évidence,aussiindispensable que l’école. »

—Reveniraux originesdes plantesSTÉPHANE CROZATCentre de ressourcesde botanique appliquée

Sait-on que trentevariétés de pommiersont été créées à Lyon

durant la seconde moitié du XIXe

siècle ? Que 60 % des roses pro-duites dans le monde venaientde la région ? Que l’horticultureétait la deuxième ressource éco-nomique de la ville ? StéphaneCrozat, 40 ans, spécialiste desjardins, historien d’art etdiplômé d’architecture, s’est juréde « rendre la mémoire aux Lyon-nais » sur ce glorieux passé horticole. En 2008, sous l’égidedu CNRS, il crée un laboratoirede conservation des espècesvégétales, le Centre de res-sources de botanique appliquée.En moins d’un siècle, 95 % des variétés locales ont disparu,alors, un jour à Angers, l’autreà Saint-Pétersbourg, l’ethno-botaniste convainc labos et collectionneurs de lui remettredes plantes rares. Pour pérenni-ser les espèces, il développe des réseaux de conservation. La roseraie créée au domainede Lacroix-Laval regroupe37 variétés menacées, dont laprécieuse rose jaune Soleil d’or.Plus de 120 fruits et légumesanciens sont visibles dans lepotager. « Ces travaux sont auservice du présent, ils ont desenjeux économiques et phyto-sanitaires. » Car pour créer des végétaux aux propriétés nou-velles, il faut fouiller le patri-moine génétique des anciens.

« Les enjeux sontéconomiques etphytosanitaires. »

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X LE MONDE MAGAZINE — 2 OCTOBRE 2010

—Muter versla chimieverteSOPHIE JULLIAN Pôle de compétitivité Axelera

A 51 ans, Sophie Jul-lian, blonde chaleu-reuse, préside le

conseil scientifique d’Axelera.Conjuguer chimie et environ-nement, telle est depuis 2005l’ambition de ce pôle de compé-titivité basé dans la Vallée de lachimie, au sud de Lyon. Pourcette ingénieur chimiste de for-mation qui a fait toute sa car-rière à l’Institut français dupétrole, la chimie de demainsera verte, inscrite dans unedémarche de développementdurable. Les défis à relever sontmultiples. « Nous devons utiliserdavantage de matières premièresrenouvelables et des procédés defabrication plus propres.Consommer moins d’énergie,obtenir des produits plusdurables, recycler tout matériauen fin de vie… » Formée à l’Ecolesupérieure de chimie indus-

trielle de Lyon, Sophie Jullianest docteur en chimie (univer-sité Pierre-et-Marie-Curie,Paris-VI) et… mère de cinqenfants. Elle pilote l’orientationscientifique pour les 200 adhé-rents du pôle, tous issus desdomaines de la chimie ou de l’environnement, dans lepremier secteur de productionchimique français. Des multi-nationales comme des PME.Axelera génère 505 millionsd’euros d’investissements enRhône-Alpes, sur des problé-matiques aussi diverses que letraitement des déchets ou l’éco-conception de matériaux.« L’objectif est de devenir, d’icià 2012, le premier pôle industrielet scientifique européen, en se fai-sant la vitrine de l’innovation enchimie-environnement. »

« Nous devons utiliser davantage de matières premières renouvelables et des procédés de fabrication plus propres. »

occupants des logements sociauxdes niveaux bas », explique cefils d’une Lyonnaise de bonnefamille et d’un agriculteur ardé-chois. L’immeuble sera géré par une coopérative, pour inci-ter les locataires sociaux àdevenir propriétaires. « Ici, le logement passif prend tout sonsens : les charges étant réduites, il est possible de rembourser un emprunt sans trop perdre de pouvoir d’achat. » Mettre l’écologie au service du social, le rêve d’Hervé Vincent.

L’îlot d’habitation Lyon Islands, dans le nouveau quartier Confluence.

L’Institut français du pétrole, membre fondateur d’Axelera.

15 ACTEURS D’AVENIR

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« Les traboulespermettent de fairese rencontrer lespropriétaires aisésdes étages hauts etles occupants deslogements sociauxdu bas. »

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—Construireécologiqueet socialHERVÉ VINCENTAtelier d’architecture Hervé Vincent

Au cœur de Lyon, le chantier de laConfluence est depuis

cinq ans un immense terrain dejeux pour architectes interna-tionaux. Parmi eux, un Lyon-nais de 49 ans, Hervé Vincent,connu pour ses constructionsécologiques. « Petit régional del’équipe, j’étais ravi d’avoir étésélectionné en 2004 », plaisante-t-il. Deux premiers immeublessont déjà visibles sur une par-celle en bord de Saône. L’esthé-tique est futuriste et inspirée :façades de galets gainés demétal, écailles de verre reflé-tant le ciel, patios plantés pro-curant un éclairage naturel.Lors d’un second appel d’offresen 2007, ce puriste a voulu allerplus loin que la norme bâti-ment basse consommation(BCC) imposée. Il propose unimmeuble « passif », le plusgrand en Europe dans uncentre-ville. Son projet, conçuavec l’architecte autrichienHermann Kaufmann, supprimeplusieurs ascenseurs afin deréduire la facture énergétiqueet réintroduit les traboules. Cespasserelles et escaliers « pro-menades » ont aussi pour butde faire se rencontrer les voi-sins, « aussi bien les propriétairesaisés des étages hauts que les

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Page 7: Lyon réinvente son futur

—Faire affluerla solidaritéANGELA LANTERIDirection eau du Grand Lyon

Sourire timide et lookbaba-cool… on pres-sent pourtant qu’An-

gela Lanteri est dure enaffaires. Elle a la charge decoordonner le Fonds de solida-rité et de développementdurable pour l’eau du GrandLyon. Un million d’euros par anpour une mission : solliciter desavis techniques sur les projetsde coopération décentralisée(35 dossiers en 2009), les sélec-tionner puis en assurer le suiviet l’évaluation. « En matièred’eau, le rôle de la collectivitélocale n’est pas anecdotique. Ellepossède un savoir-faire de servicepublic local qui en fait le maillonmanquant » à côté des Etats etdes ONG spécialisées. AngelaLanteri est en contact régulieravec les responsables du servicepublic de l’eau au Liban et àMadagascar. Elle leur proposeformation et expertise, ainsiqu’aide technique ou finan-cière. « Environ 1 milliard de per-sonnes n’ont pas accès à l’eaupotable et plus de 2,5 à l’assainis-sement ! », s’insurge cette fillede coopérants, née à Kinshasa.Après un diplôme de sciencespolitiques et un DESS d’urba-nisme, elle a fait ses armes dansune ONG. Aujourd’hui, enaccord avec ses convictions, elleincarne cette « diplomatie desvilles » qui vise à aider les paysen développement pour réduireles inégalités Nord-Sud.

« En matière d’eau,la collectivité localea un savoir-faire. »

« Si on veut peserdans la compétition,il faut être innovant,rapide, et opérerdans une logiquede proximité. »

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—Valoriser la recherche et le développementMARC LE GALLyon Science Transfert

« La relation entre le milieu académique etle milieu industriel a toujours existé, l’idéeici c’est de l’optimiser. » Marc Le Gal

dirige Lyon Science Transfert (LST), le service devalorisation du Pôle de recherche et d’enseigne-ment supérieur de Lyon. Son objectif ? Faciliterles relations entre la recherche et les acteurssocio-économiques, en mutualisant les compétences et les moyens. Une question queMarc Le Gal connaît bien : cela fait sept ansque cet ingénieur des Arts et Métiers, diplômé

de Sciences Po Paris, s’est spécialisé dans cedomaine. Après trois années à la direction d’Insavalor, la filiale de valorisation de l’Institutnational des sciences appliquées, il prend lescommandes en 2006 du naissant LST, où il dirigeune équipe de onze personnes, en interactionavec les 11 500 chercheurs de Lyon et Saint-Etienne. « A l’heure où il faut être innovant etrapide, la valorisation et le transfert sont indispen-sables. Si on veut peser dans la compétition, il fautdes modes opératoires simples, dans une logique deproximité. » LST agit à trois niveaux : détecter lesinnovations, les accompagner pendant la « matu-ration » et assurer leur transfert vers l’entreprise.

Après une mise en place longue, MarcLe Gal et son équipe ont doublé cesdeux dernières années le nombre detransferts : une dizaine en 2010.« Le démarrage est long, car il fautcompter plusieurs années pour dévelop-

per une technologie. » Cette année, LST a ainsi poussé le développement

de Lokeo, un logiciel d’aide à ladécision pour les implantations

commerciales mis au pointpar un chercheur à partir

d’une théorie moléculaire.Lokeo est exploité par une entreprise de conseilde Villeurbanne.

Lyon

Toulouse

rennes

XII LE MONDE MAGAZINE — 2 OCTOBRE 2010

—Anticiper la mobilité PASCAL NIEFLyon Urban Truck and Bus

Lyon serait-il en passe de devenir lacapitale européenne des transports ?« En tout cas on y travaille », s’amuse

Pascal Nief, délégué général de Lyon UrbanTruck and Bus (LUTB). Ce pôle de compétitivité,né en octobre 2004, est le seul dédié aux trans-ports collectifs urbains en Europe. On y imagine

les transports de demain pour lespersonnes et les marchandises.En 1994, Pascal Nief rejoint lachambre de commerce et d’in-

dustrie de Lyon pour y faire duconseil en développement techno-

logique. En 2002, il prend les com-mandes de Crealys, incubateur

public d’entreprises inno-vantes. Ce qui le conduit

quatre ans plus tardchez LUTB. « Nous

bénéficions en Rhône-Alpes d’une forte pré-sence du secteur, avecdes poids lourds

comme Renault

Lyon

Toulouse

rennes

15 ACTEURS D’AVENIR

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Trucks. Et quand on se souvient que Lyon avaitlancé Vélo’V, le premier-né d’une génération de vélosen libre service, on peut être optimiste… » Aujour-d’hui, LUTB entre dans sa phase démonstrative.En témoigne Transpolis, un gigantesque quar-tier grandeur nature, avec ses rues et sesimmeubles, qui servira à tester les technologiesen conditions réelles. Côté transport des per-sonnes, LUTB et les équipes de Pascal Nief ontimaginé un bus modulable, disposant de« wagons » que l’on peut ôter ou ajouter selon les besoins. Au total, 92 projets sont labellisés,dont la moitié déjà financée. Budget global ?258 millions d’euros.

« Lyon a lancé le premier-néd’une génération de vélos en libreservice, on peut être optimiste. »