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Mairie de Lyon En mars, il n’en restera qu’un Le dossier. Six candidats, six projets : que proposent-ils ? Kaléidoscope. Religieux, politologue, think tank : un autre regard sur les élections L’enquête. Quartier par quartier : tendances et doléances Gérard Collomb PS Christophe Geourjon UDI Christophe Boudot FN Étienne Tête EE-LV Aline Guitard FG Michel Havard UMP décembre 2013

M, le magazine des Municipales de Lyon

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Magazine centré sur les municipales à Lyon, crée par une rédaction de jeunes journalistes en formation à l'ISCPA de Lyon

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Page 1: M, le magazine des Municipales de Lyon

Mairiede Lyon

En mars,il n’enresteraqu’un

Le dossier.Six candidats, six projets :

que proposent-ils ?

Kaléidoscope.Religieux, politologue,

think tank : un autre regardsur les élections

L’enquête.Quartier par quartier : tendances et doléances

Gérard CollombPS

Christophe GeourjonUDI

Christophe BoudotFN

étienne TêteEE-LV

Aline GuitardFG

Michel HavardUMP

décembre 2013

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La rédaction.

Directrice de la publication :Isabelle Dumas

Directeur de la rédaction :Fabien Richert

Maquette inspirée de l’hebdomadaire :M, le magazine du Monde

Remerciements :les architectes, les archives de la Vile de Lyon,

Les Potins d’Angèle, Céline Paquet,le Centre social de Gerland,

la banque alimentaire du Rhône

Mathieu PortogalloRédacteur en chef

Clémence FaurissonSecrétaire de rédaction

Gilles ReymannSecrétaire de rédaction

Lola FaisandierRédactrice

Marianne ShehadehMaquettiste - Designer

Arnaud AntonioMaquettiste

Cécilia BourbonRédactrice

Yamina TayebRédactrice

Nicolas MadignierRédacteur

Maxime BenmussaRédacteur

Kévin BonnaudRédacteur

Pauline SeigneurRédactrice

Clara MazuirRédactrice

Jérôme DurouchouxRédacteur

édito. Sommaire.

Le compte à reboursest lancé.Même s’ils se font l’écho de quelques piques, les médias locaux effleurent à peine le thème des élections municipales lyonnaises. Certes, le sujet est traité, mais de façon hésitante, avec une timidité confinant à la velléité. Est-ce peut-être une volonté de se mettre en phase avec l’inconscient collectif actuel, désabusé des tractations et autres manoeuvres propres au jeu politique actuel ? Car, s’il faut le rappeler, un sondage paru dans le Nouvel Observateur, en date d’avril 2013, précise que 70 % des Français n’ont plus confiance dans la politique. Le fait que certains programmes, comme ceux du PS et de l’UMP, ne soient dévoilés dans le détail qu’au début de l’année prochaine, participe aussi à cet attentisme. Le sacerdoce que nous nous sommes fixé est de présenter fidèlement les grands axes des programmes des différents candidats à la mairie de Lyon en mars 2014. Comme il est de rigueur, nous n’avons pas souhaité créer de polémiques ou prendre parti pour tel ou tel candidat. Nous avons ciblé et diversifié au maximum les interlocuteurs : citoyens, élus, think thanks, associations, etc. Neuf quartiers emblématiques de la ville ont été sélectionnés par la rédaction de M ; des portraits ont été réalisés afin de connaître les raisons historiques, sociales et économiques qui peuvent justifier l’orientation politique générale du lieu, et de faire de la vox populi le leitmotiv qui a balisé tant le chemin de notre réflexion que notre démarche. Ainsi, les pages à venir se veulent être le reflet le plus fidèle de la réalité du terrain, où la complaisance, les approximations et autres partis pris ont été relégués au magasin des accessoires.

Mathieu Portogallo

HISTORIQUE.1945-2013 : soixante-dix ans de travaux.

EN BREFACTUALITéS.Comprendre Lyon d’un point de vue statistique.

MODE D’EMPLOI.Comment fonctionnent les élections municipales ?

L’HEURE DU BILAN.Collomb face à ses promesses.

LE DOSSIERLE CHOC DES PROJETS.Ils sont six. En mars 2014, les clefs de la ville seront confiées à l’un d’entre eux. Mais qu’ont-ils à proposer ?

KALéIDOSCOPE.Un autre regard sur les élections : la société civile espère du changement.

L’ENQUÊTELES QUARTIERSONT LA PAROLE.Quelles sont les doléances et l’orientation politique de ces quartiers emblématiques ?

p. 3

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Historique.

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Le magazine des municipales de Lyon • 3

Les maires qui se sont succédé à Lyon depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ont tous marqué la ville durant leurs mandats. Certains plus que d’autres, mais tous se sont attachés à dynamiser Lyon. Nous avons choisi trois grands projets, illustrant ces politiques. Bien sûr cette liste n’est pas exhaustive, mais elle permet de situer dans le temps les actions des édiles lyonnais.

Les grands projets des maires de Lyon.

Retrouvez d’autres articleset notre mag sur le web :www.keskiscpass.comRubrique Journalisme > Mag32Et aussi sur Twitter : @MlesMunicipales

Page 3: M, le magazine des Municipales de Lyon

Le magazine des municipales de Lyon • 54 • Le magazine des municipales de Lyon

Actualités. Actualités.

Les arron dissements

NathaliePerrin-Gilbert

élue au premier tour avec 58.69 % des voix,

actuellement en congé du Parti socialistepour s’associer au Front de gauche

Denis Broliquier élu au second tour

avec 58.19 % des voix contreNadine Gelas (liste d’union de gauche)

Thierry Philipélu au premier tour

avec 52.82 % des voixAlexandrine Pesson

élue au premier tour avec 53.09 % des voix

Jean-PierreFlaconneche

élu au premier tour avec 57.99 % des voix

ChristianCoulon

élu au premier tour avec 58.33 % des voix

Alain GiordanoSuppléant de Gérard Collomb,

élu avec 63.13 % des voix

de la population activeest au chômage,

soit 27 635 personnes.

ménages dans la ville de Lyon,

dont 121 608

possédant une voiture

Il y a 223 923 hommes

et 255 880 femmesà Lyon

entreprises ont été créées en 2011, dont 23.3 %

dans le secteur de la construction (BTP)

72.7 %des 18/24 anssont scolarisés

de personnes actives à Lyon de 15 à 64 ans,soit au total 338 416

71.9 %

16.6 %des 25/29 anssont scolarisés

des 37 849 entreprises lyonnaises sont dans

le secteur commerces, transports et services divers

(au 1er janvier 2011)

David Kimelfeldélu à 12 voix sur 15

lors d’un conseil d’arrondissement,successeur de Dominique Bolliet

qui a démissionné en 2011

Laurence Balas élue au second tour

avec 53.36 % des voix contre Heidi Giovacchini (liste d’union de gauche)

passés au crible.11.4 %

240 609

6 791

par Clémence Faurisson Source INSEE

74.6 %

c’est l’augmentation moyenne de la population

lyonnaise entre1999 et 2009,

passant de 445 274 à 479 803 habitants

0.7 % par an

28 %d’étudiants,

d’élèves et de stagiaires non rémunérés

82 180propriétaires

dans une résidenceprincipale

152 072locataires

dans une résidenceprincipale

33 457une pièce en résidence

principale, contre

67 457trois pièces

1er

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Page 4: M, le magazine des Municipales de Lyon

Le magazine des municipales de Lyon • 76 • Le magazine des municipales de Lyon

L’heure du bilan.Mode d’emploi.

Cadre de vie.Dans les réussites du mandat, on peut citer la réalisation des berges de Saône qui s’inscrit en miroir de la réhabilitation des abords du Rhône. De plus, ce développement des bords de Saône a permis à d’autres projets de voir le jour. C’est le cas du désormais célèbre « Vaporetto». Ce moyen de transport est encore aujourd’hui un moyen d’appoint que l’on utilise de manière ponctuelle, mais il devient une alternative séduisante pour les déplacements à Confluence.Du côté des déceptions, la sécurité à Lyon est pointée du doigt. Et ce malgré les 40 policiers municipaux embauchés depuis le début du mandat. C’est le cas par exemple de la gestion des Albanais du pont Kitchener qui a fait polémique. Et l’immobilisme de Collomb est vivement critiqué, à la fois par les habitants du quartier et par ses opposants politiques, à l’instar de Michel Havard.

Social.La crise du logement, en particulier chez les étudiants et les personnes avec peu de ressources, se fait de plus en plus sentir. Selon le Lyon Pôle Immo, le prix moyen d’un appartement aurait augmenté de 3,5 % à Lyon entre fin 2012 et le premier trimestre 2013. Une augmentation qui est loin de remplir le cahier des charges voulu par le candidat en 2008. Celui-ci voulait utiliser la thématique du logement comme « levier de cohésion sociale ». Alors certes cela a relativement bien fonctionné pour le quartier de Confluence au niveau de la mixité sociale, mais cette réussite ne s’est pas généralisée. Les logements sociaux ont tendance à être regroupés dans les quartiers qui subissent de profonds changements urbanistiques. Du côté de l’éducation, de nouvelles écoles ont été construites et certaines ont été rénovées. Des mesures qui ont mis tout le monde d’accord, puisque Michel Havard cite cet exemple comme « la » réussite de son adversaire.

Culture.Lyon a loupé le coche pour deux grands projets. Celui de la capitale européenne de la Culture en 2013 mais aussi plus récemment celui de « Cité de la gastronomie  ». Un affront pour la ville qui se targue d’être la capitale culinaire française. En revanche, le festival Lumière peut être considéré comme une véritable réussite, permettant de lier le passé et le présent. En cinq ans, les organisateurs ont réussi à faire de cet événement un rendez-vous qui compte de plus en plus de personnalités de haut vol.

En 2008, Gérard Collomb, candidat à sa successsion, propose un programme « consistant » aux Lyonnais - plus de 200 pages. Aujourd’hui, un mandat plus tard et après treize ans au pouvoir, la rédaction de M fait le point sur les promesses tenues du leader socialiste... ou non.

Gérard Collomb,Qui peut se porter candidat ?

Les électeurs votent pour les conseils municipaux dans leur arrondissement, selon le mode de scrutin à deux tours, proportionnel, des villes de plus de 3 500 habitants. Ce sont ces conseillers qui désignent le maire d’arrondissement (le plus souvent, la tête de liste du parti le plus représenté au conseil).Le conseil municipal de la ville est désigné par les conseillers municipaux de chaque arrondissement. Et l’élection du maire de la Ville a lieu lors d’une séance extraordinaire du conseil municipal.

qu’avez-vous fait de vos promesses ?

Les élections municipales auront lieu en mars prochain. Mais avant de passer aux urnes,la rédaction de M vous livre le mode d’emploi de ce scrutin qui se tient tous les six ans.

Les municipaleséconomie.à Lyon, l’économie a été l’une des grandes absentes du programme de Gérard Collomb lors des élections précédentes. Même si la crise n’était pas encore passée par là, la situation en Rhône-Alpes n’était pas idyllique. Ainsi nulle part ne sont citées les intensions du candidat au sujet des impôts, par exemple. Et pourtant, en six ans, les prélèvements à Lyon ont fait un bond de 80 %. Et comme dans 41 villes de France, les impôts ont augmenté. Les contribuables lyonnais ont vu leurs impôts locaux augmenter de 65% depuis 2001. En 2013, la taxe d’habitation a augmenté de 1,8 %, alors que la taxe foncière grimpait de 7,4 %. En revanche, l’implantation de PME dans la ville était évoquée dans le programme. Le nombre d’entreprises a augmenté puisqu’entre 2006 et 2011, elles sont passées de 10 5000 à 199 000, selon l’INSEE.

Les électeurs

Désignent leurs conseillers municipaux par un scrutin proportionnel à deux tours

Les conseillers municipaux d’arrondissement

Désignent les conseillers municipaux de la Ville

Le maire de la villeest élu lors d’une scé-ance extraordinaire du conseil municipal

Les conseillersmunicipaux

d’arrondissement

Les électeurs

est élu lors d’une séanceextraordinaire du conseil municipal

Le maire de la ville

désignent leursconseillers municipaux

par un scrutinproportionnel à deux tours

désignent les conseillersmunicipaux de la ville

Dates des élections 2014Premier tour le 23 mars

Deuxième tour le 30 mars

pour les nuls.

Quatre conditions sont à remplir pour se porter candidat à une élection municipale : il suffit d’avoir plus de 18 ans, d’être inscrit sur les listes électorales de la commune ou d’y payer ses impôts, de jouir de ses droits politiques et civils, et enfin, d’être de nationalité française, ou de l’un des pays membres de l’Union européenne.

Une déclaration de candidature est obligatoire, mais attention, pas question de vouloir multiplier ses chances en se portant candidat dans deux communes différentes : la loi l’interdit formellement. Le dépôt des candidatures doit s’effectuer cette année, pour le 1er tour, avant le jeudi 6  mars 2014. Les listes doivent

comprendre autant de candidats qu’il y a de sièges au conseil municipal, ainsi que respecter une parfaite parité des sexes, à un siège près. Pour le second tour, les listes ayant obtenu plus de 10 % des suffrages au premier doivent candidater avant le 25 mars.

Quelles différences entreles mairies d’arrondissementet la grande Mairie de Lyon ?

par Lola Faisandier

par Cécilia Bourbon

Sport.Le projet du Grand stade avance. Un dossier polémique qui a souvent mis Gérard Collomb dans une situation délicate, son mode de financement en étant la principale cause. Heureusement pour le candidat sortant, le projet, déclaré d’utilité publique par le gouvernement, est maintenant sur les rails. Un chantier qui avance à vitesse grand V puisque l’accès du tram (prolongement du T3) est déjà partiellement mis en place.En revanche pour les petites associations de quartiers, le constat est amer. Les salles et le matériel à leur disposition ne suivent pas. Entre le monde professionnel et les loisirs, le fossé se creuse.

Page 5: M, le magazine des Municipales de Lyon

Le choc des projets

CC

« Je veux développer une ville de la mixité et du rassemblement » page 10

« Nous voulons retrouver le bel esprit lyonnais » page 15

« La vie politique de Lyon est influencée par les lobbies et le copinage » page 17

« Gérard Collomb défend l’économie avant le social » page 16

« Rendre aux places lyonnaises leur titre de noblesse » page 14

Gérard Collomb (PS)

Michel Havard (UMP)« Il faut attendre quoi pour réaliser que l’augmentation des impôts est une catastrophe ? » page 12

Marc Augoyard (UDI)

Christophe Boudot (FN)

Etienne Tête (Les Verts)

Armand Creus (Front de Gauche)

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Le magazine des municipales de Lyon • 1110 • Le magazine des municipales de Lyon

Le dossier.Le dossier.

Gérard Collomb, le bâtisseurIl n’est pas encore entré en campagne, mais pourtant son comité de soutien est déjà constitué. Candidat à sa propre succession, Gérard Collomb brigue un troisième mandat à Lyon. Annoncé favori, le socialiste ne craint aucun de ses opposants.

Une concurrence ambitieuse à droiteSi Gérard Collomb attend janvier pour entrer en campagne, certains

sont déjà dans le bain, comme Christophe Boudot pour le FN et Michel Havard pour l’UMP. Le premier qualifie d’ailleurs l’actuel maire comme

son unique adversaire de taille. Si le frontiste se voit déjà faire 15 % des voix, l’équipe municipale, elle, doute de la force du parti : « Lyon n’est

pas une ville d’excès et d’intolérance ni d’ultra nationalisme ». Michel Ha-vard, quant à lui, est bien l’adversaire principal du PS. Pourtant l’UMP est bien loin d’être majoritaire à Lyon. « Un manque d’unité et de projets, ils

ne sont pas prêts », pour Jean Louis Touraine. Pour cette élection, Havard promet qu’il n’y aura pas de hausses d’impôts. Un impératif face aux aug-mentations habituelles de débuts de mandats de Gérard Collomb. Pour autant c’est la création d’un métro entre Saint-Paul et Part-Dieu qui est

prônée par Havard. Un projet très coûteux estimé à 500 millions d’euros.

Jean-Louis Touraine, en tant que député de la 3e circonscription du Rhône, fera bien partie de l’équipe de campagne du candidat Collomb.

{ }Gérard Collomb préfère assurer son rôle de maire jusqu’au bout avant de se lancer en campagne.

*Sondage Ifop pour Mag2Lyon réalisé en août 2013, donnant Gérard Collomb vainqueur des élections avec 57 % des voix contre 43 % pour l’UMP Michel Havard.

Pauline SeigneurArnaud Antonio

Le candidat Collomb axera sa campagne sur le thème de l’aménagement du territoire,« faire de Lyon une ville sans fracture ».

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Jamais deux sans trois. C’est très certainement ce à quoi Gérard Collomb doit penser le matin en se rasant. Après deux victoires en 2001 et 2008, il est en mesure de réaliser

la passe de trois en mars prochain. Mais pour l’instant, il n’est pas en campagne. C’est ce qu’assure en tout cas Jean-Louis Touraine, député PS de la 3e circonscription du Rhône. Avant de se consacrer au renouvellement de son mandat, Gérard Collomb préfère assumer son rôle de maire jusqu’au bout et montrer qu’il se consacre avant tout à sa municipalité. « Les Lyonnais apprécient que le maire reste mobilisé pour sa ville », affirme Jean-Louis Touraine. De toute façon le programme n’est pas encore clairement établi et la campagne ne sera vraiment lancée qu’en janvier 2014. Une campagne qui se voudra donc courte, environ deux mois et demi. Comme si l’édile se reposait sur ses lauriers (et sur les sondages*) avec un troisième mandat à portée de main. En réalité, pour Touraine, la concurrence n’est pas encore clairement établie, mis à part l’UMP (Michel Havard) et le FN (Christophe Boudot) qui ont déjà ouvert les hostilités. Autrement, le récent rapprochement UDI/Modem reste encore flou sur Lyon par exemple. Il y a aussi ceux qui n’ont pas encore choisi ou qui sont divisés, comme les Verts ou le Parti communiste. Certains ont déjà travaillé avec Gérard Collomb et souhaitent continuer cette collaboration, alors que d’autres n’ont jamais collaboré avec lui

mais pourraient le rejoindre pour mener une politique de « social réformisme », selon les propres termes du maire de Lyon.

L’urbain et l’humainAlterner entre nouveaux projets et continuité des anciens, « une suite logique », pour Jean-Louis Touraine. Si le programme n’est pas encore rendu public, Gérard Collomb en dévoile cependant les lignes directrices. « Renforcer les entreprises autour de l’innovation pour prendre le train en marche. Développer une ville de la mixité, sans fracture, une ville du rassemblement. Et enfin côté environnement, le développement des modes doux dans les transports et le développement des espaces verts. » A l’entendre, c’est l’aménagement du territoire qui sera au cœur de sa politique. Et en priorité, « faire sauter le verrou de Perrache », comme le détaille Jean-Louis Touraine. Un quartier difficile qui empêche la bonne liaison entre Confluence et le reste de la Presqu’île. L’idéal pour résoudre le problème : déclasser l’autoroute pour que cette dernière contourne la ville au lieu de la traverser.Quant au social, c’est l’autre pendant du programme du candidat-maire, qui insiste sur la prise en compte des nécessités sociales. « Lyon, comme Paris, est une ville qui souffre d’une ségrégation spatiale », explique Jean Louis Touraine. Concentration de logements sociaux dans les mêmes zones et à l’inverse quartiers

bourgeois réunis : la répartition sur le territoire lyonnais est à revoir. Une mixité sociale, donc, désirée par Collomb : « c’est un atout mais qui n’a pas été assez cultivé », conclut l’adjoint.

Page 7: M, le magazine des Municipales de Lyon

Le magazine des municipales de Lyon • 1312 • Le magazine des municipales de Lyon

Le dossier.Le dossier.

Michel Havard veut surfersur le mécontentement populaireLa droite lyonnaise tient-elle enfin son champion, capable de reprendre la mairie cédée à la gauche en 2001 ? Michel Havard, vainqueur de la primaire organisée en juin dernier, possède plusieurs atouts, mais peut-il battre Gérard Collomb ?

Le chef de l’opposition au Conseil municipal n’est pas un parachuté. « Je vis à Lyon depuis plus de 35 ans. C’est la ville où sont nés mes enfants et dans laquelle j’ai fait mes études.

C’est ma ville ». L’âge peut également être considéré comme un plus. à 46 ans, Michel Havard joue la carte du changement face à l’expérimenté Gérard Collomb, candidat socialiste à la mairie de Lyon depuis 1977. « Beaucoup de Lyonnais considèrent qu’il faut donner un peu d’air à la vie démocratique locale, on n’est pas obligé de faire 25 mandats d’affilé. » Michel Havard appartient à la frange humaniste et modéré de l’UMP, censée correspondre à l’électorat lyonnais, longtemps imprégné par la culture centriste. Au Conseil municipal, il a tenté de mettre en place une « opposition constructive. Nous avons voté la réalisation d’écoles, de la MJC de Perrache. J’ai essayé d’être équilibré et de faire des propositions ».

Quid d’une alliance avec l’UDI ? Tout n’est pas pour autant gagné pour le clan Havard. Quelles places accorder aux candidats de la primaire, George Fenech en tête ? « Je n’ai pas dit qu’il ne serait pas dans l’équipe, je n’ai pas dit non plus qu’il serait dans le 3e arrondissement ». La question d’une alliance avec l’UDI n’est pas encore tranchée. « Je pense que c’est mieux de s’unir dès le 1er tour. Certains pensent que c’est mieux d’être séparé au 1er tour et de se rassembler au second ». L’éclatement

de la famille centriste ne facilite pas les choses. à titre d’exemple, Blandine Reynaud, une élue Nouveau centre, est entrée en phase de dissidence et se dit prête à rejoindre Gérard Collomb. Vote Collomb, vote Hollande ?Un vote pour Gérard Collomb équivaut-il à un vote de confiance dans la politique menée par le gouvernement ? Pour le candidat UMP, cela ne fait aucun doute. « Beaucoup de personnes sont déçues par la politique des socialistes, et Gérard Collomb en fera les frais puisqu’il est le premier représentant du gouvernement à Lyon  ». Sur les rythmes scolaires, Michel Havard critique l’incohérence du sénateur-maire de Lyon. « Je trouve extraordinaire que Gérard Collomb, qui a voté la réforme, ait refusé de l’appliquer dès la rentrée 2013. S’il y avait un problème, il ne fallait pas qu’il la vote ».L’UMP entend surfer sur le mécontentement populaire en promettant de ne pas augmenter les impôts. « Que faut-il attendre pour réaliser que l’augmentation des impôts est une catastrophe ? Que ce soit la guerre civile ? Il faut avoir le courage de dire stop ! ». La fiscalité serait la première préoccupation des français (44 %) selon un sondage CSA réalisé en septembre. 26 % des électeurs ont l’intention de sanctionner le gouvernement. Un score plus élevé qu’en 2008 mais qui relativise l’impact du contexte national sur le scrutin.

Repenser l’accessibilité de Confluence

« Confluence est un projet initié sous Raymond Barre, que Gérard Collomb a poursuivi. Certes, certaines choses ont été ratées comme la question de l’accessibilité. C’est un choix politique et idéologique que de rendre contraignant l’utilisation de la voiture. L’architecture,

c’est une affaire de goûts et de couleurs. Certains disent que l’architecture est ratée, d’autres qu’elle est formidable. Je fais le reproche à Gérard Collomb de laisser croire que la Ville était

une grande plaine sauvage avant son arrivée en 2001, et qu’elle est devenue un formidable territoire depuis. Aucun maire ne peut

s’accaparer la réussite de ce qu’ont fait ses prédécesseurs ».

Des mesures pharesLa construction d’une nouvelle ligne de métro entre la Part-Dieu et Saint-Paul en lieu et place de la ligne de bus C3, très fréquentée, est l’une des mesures emblématiques du projet de Michel Havard. Le candidat UMP estime que pour se développer, la ville doit poursuivre le maillage de son réseau de métro en centre-ville. Mais Lyon a-t-elle les moyens de financer un projet chiffré à 500  millions d’euros par le candidat de droite ? « Le budget du Sytral sur un mandat, c’est un milliard d’euros. On peut financer le projet sur deux mandats ».Michel Havard propose également l’expérimentation d’un

service de « stationnement intelligent » pour informer en temps réel les automobilistes sur leur smartphones des places disponibles. L’objectif est de limiter les embouteillages et la pollution. Michel Havard veut se différencier de Gérard Collomb dont certaines décisions seraient prises « de façon autoritaires et solitaires ». Il propose une autre vision du rôle de maire basée sur la concertation. « J’ai proposé la réalisation d’États généraux des arrondissements ». Le candidat UMP promet une grande concertation sur l’éducation pour mettre en place un plan de lutte contre l’échec scolaire.

© Cécilia Bourbon

{ }Une nouvelle ère

pour la Fête des lumières ?

« La Fête des lumières a été initiée par Raymond Barre sur une idée d’Henri Chabert. C’est une belle réussite mais

je pense qu’aujourd’hui, elle est arrivée à une certaine forme de maturité. Il va

falloir lui donner un nouveau souffle en respectant son esprit et en élargissant son concept. Chacun doit trouver sa

place, croyants et non-croyants ».

Kévin Bonnaud

© Cécilia Bourbon

Le candidat UMP Michel Havard s’en est directement pris à Gérard Collomb lors de la dernière réunion du Conseil municipal de la mandature le 25 novembre : « cette conception de la politique nous sépare, monsieur le maire ».

À 46 ans, Michel Havard veut incarner le renouveau en politique et se verrait bien en héritier d’un ancien jeune locataire de l’Hôtel de Ville. Un certain Michel Noir élu en 1989 à 44 ans.

Page 8: M, le magazine des Municipales de Lyon

Le dossier.Le dossier.

Le magazine des municipales de Lyon • 1514 • Le magazine des municipales de Lyon

Pin’s FN agrafé sur la veste, cravate rouge rutilante, Christophe Boudot, tel un télé-évangéliste autour de ses apôtres, était particulièrement en verve ce soir-là. Et pour cause, sa gouaille

n’y allait pas par quatre chemins, et son soliloque s’inscrivait dans un registre des plus offensifs, où tous ont en pris pour leur grade. Ainsi, l’actuel maire de Lyon Gérard Collomb est soupçonné, entre autres, d’entretenir « une ambiguïté coupable dans son appartenance politique » et de gérer la ville comme « un centre d’affaires, et ce au détriment des Lyonnais ». Quant à Havard, le candidat de l’UMP, il le considère comme « un paillasson sur lequel s’essuie Collomb, ce dernier ayant la charge de distribuer les bons et mauvais points. » Une formule volontairement provocatrice, que la presse locale n’a pas manqué de mettre en exergue le soir même. Enfin, comme il est de coutume, il a repris à sa sauce certains éléments de langage propres à l’idiolecte frontiste, amalgamant Collomb et Havard au sein de la désormais célèbre « UMPS », afin de mieux les tourner en dérision. Et de corroborer : « Ils sont en accord parfait sur presque tous les sujets : Schengen, l’écotaxe, l’Union européenne. D’ailleurs, d’une campagne à l’autre, ils s’échangent leurs collaborateurs ». Quant au Centre, à peine évoqué, il se bornera simplement à préciser que ce dernier « se cherche sans se trouver », et il ne s’attardera pas davantage sur les forces de l’extrême gauche ou les écologistes.

« La Fête des lumières : un bazar commercial sans âme ni tradition »Davantage sur le fond, c’est avec la même vindicte qu’il fustigea la politique fiscale de Collomb : « avec Collomb, comme avec Havard, c’est l’assurance de plus d’impôts locaux ». à ce titre, le site Capital.fr semble lui donner raison : avec une taxe foncière en hausse de 7,8 % par rapport à l’exercice 2012, Lyon est l’une des villes françaises où la fiscalité locale a le plus augmenté. Idem concernant la Fête des lumières, sur laquelle Collomb aurait opéré une « OPA hostile », et qui serait devenue « un bazar commercial sans âme ni tradition ». à ce

sujet, il entend d’ailleurs recentrer la Fête des lumières pour la mettre plus en conformité avec l’identité lyonnaise, l’une des propositions avancées dans sa campagne.

« Je suis le seul candidat né à Lyon »Précisément, concernant son programme, et notamment ses modalités, Christophe Boudot est demeuré pour le moins évasif, précisant à son auditoire que celui-ci fera « l’objet de rendez-vous ultérieurs », prétextant « avoir la maîtrise de son agenda ». Néanmoins, quelques lignes directrices se dégagent. Primo, il entend développer les transports fluviaux. « Je veux tourner la ville vers ses fleuves », déclare-t-il, ce en généralisant notamment la mise en place de vaporettos. Quant à la sécurité, il entend réaffecter les forces de l’ordre contre le grand banditisme et la petite délinquance, afin en outre de faire « cesser le matraquage systématique des automobilistes », selon sa propre formule. Concernant l’identité de la ville, thème qui, au vu de son slogan de campagne, semble lui tenir à coeur, il a dénoncé les « investissements massifs des Emiratis dans la rue Grôlée », s’élevant à hauteur de 89 millions d’euros, selon les chiffres avancés par Le Progrès. D’ailleurs, toujours sur le thème de l’identité, il n’a pas manqué de souligner être « le seul candidat né à Lyon ». Dont acte…

« La dynamique nationale est forte à Lyon » Florian Phillipot, intervenant à la suite des propos de Christophe Boudot, s’est lui aussi montré confiant quant à ses chances. « La dynamique nationale est forte à Lyon. Sa campagne sera joyeuse, utile, et s’attaquera aux vrais problèmes des Lyonnais. » à ce titre, Christophe Boudot espère faire un bon score particulièrement dans les 3e et 8e  arrondissements, et plus précisément dans ce dernier, où il représente personnellement le Rassemblement Bleu Marine. Un point de détail qu’il serait malencontreux d’éluder.

Gilles Reymann

Premier à dégainer,le FN enfonce les lignes de frontC’est flanqué d’un invité de luxe en la personne de Florian Phillipot, vice-président du Front national,que Christophe Boudot, candidat du Rassemblement Bleu Marine à la mairie de Lyon, a présenté le 13 novembre ses têtes de liste. Avec pour slogan de campagne « Lyon, notre identité », il est le premier à poser un pied dans les starting-block. S’il a été d’une précision chirurgicale dans ses tacles et autres invectives, multipliant les attaques ad hominem, le proche de Bruno Gollnisch a cependant bien pris soin de ne pas trop s’étaler sur les futures modalités de son programme. Prudence est mère de sûreté, comme dirait l’autre.

« Rendre Lyon à ses habitants ». C’est derrière ce postulat que s’est construit le programme de Christophe Geourjon, le candidat centriste pour les élections municipales. Marc Augoyard, conseiller du 5e arrondissement et l’un des fondateurs du programme de l’UDI en précise les principaux axes.

Autour de quoi s’est construit votre programme ?Marc Augoyard : Dans un premier temps, nous voulons remettre les Lyonnais au centre des préoccupations de

la ville. Le rôle d’un maire est de garantir à ses concitoyens des services simples et efficaces. On veut améliorer les conseils de quartier, leur donner davantage de visibilité et de force. Il faut que le citoyen s’implique davantage dans la vie locale. L’équipe municipale actuelle a eu plusieurs fois l’opportunité de mettre en valeur la place de Lyon sur le plan international, pourtant, cela n’a jamais été fait à bon escient. C’est pourquoi on veut rendre aux différentes places lyonnaises leur titre de noblesse. La place Bellecour, par exemple : il s’agit du cœur même de Lyon, pourtant, elle est triste. Une statue, du gravier… Cela manque clairement d’attractivité. Le simple fait d’y ajouter de la verdure rendrait le lieu bien plus esthétique. On aurait pu obtenir le titre de capitale européenne de la Culture, mais faute de projet innovant, ce titre est finalement revenu à Marseille. Lyon est encore la ville où siège Interpol, mais pour combien de temps ? Il faut vraiment que l’on développe le rayonnement international de Lyon. Après tout, Lyon n’est-il pas l’un des principaux carrefours européen ? Beaucoup de vos projets portent aussi sur les transports, ce thême est-il l’un de vos principaux chevaux de bataille?M.A : Les transports lyonnais pourraient être encore meilleurs. Un simple exemple. Cela me paraît aberrant que l’on ne puisse pas rejoindre l’aéroport Saint-Exupéry en moins de 30 minutes avec les transports en commun. Idéalement, il faudrait créer une ligne de métro entre la gare Part-Dieu et l’aéroport Saint-Exupéry, qui passerait aussi par l’Eurexpo. Si ce projet voit le

jour, on pourrait relier ces deux axes de communication en une dizaine de minutes. On a estimé le coût de cet énorme chantier à environ un milliard d’euros. On veut simplifier le système des cartes d’abonnement. Les transports en commun pourraient être gratuits pour les enfants de moins de 12 ans. Ensuite, nous souhaitons créer une carte unique pour les TCL, les TER ainsi que les parkings annexes. Cela rendrait les déplacements bien plus faciles et confortables pour les usagers. Au XXIe siècle, disposer d’Internet et d’un réseau téléphonique dans le métro est une nécessité.

Votre programme accorde une grande place aux étudiants, pourquoi ?M.A : Les étudiants sont les meilleurs ambassadeurs d’une ville. Ils viennent de tous les horizons et sont exigeants au niveau du cadre de vie. Nous devons leur offrir la place qu’ils méritent. Il y a trois axes à améliorer principalement. Premièrement, il faut regrouper les trois universités lyonnaises. Il n’y a aucun avantage à les disperser. Deuxièmement, il y a un problème au niveau des logements étudiants à Lyon qui ne sont pas assez nombreux et plutôt coûteux. En créant une plateforme pour faciliter la collocation, on peut faciliter les démarches afin d’éviter un engorgement. Nous comptons également mettre en place un système de caution pour les jeunes de moins de 25 ans. La ville se porterait garante. Si pendant un mois, un étudiant est dans l’incapacité de payer son loyer, la ville interviendra auprès du propriétaire et l’étudiant remboursera selon un échéancier (un crédit à taux zéro).

Jérôme Durouchoux

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Christophe Boudot (cravate rouge), s’inscrit résolument dans une stratégie offensive et ne ménage pas ses opposants.

Pour Marc Augoyard, il faut que la prochaine équipe municipale se préoccupe davantage des envies des Lyonnais.

UDI : « Il faut développerle rayonnement international de Lyon »

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Le dossier.Le dossier. Le dossier.Le dossier.

Le magazine des municipales de Lyon • 1716 • Le magazine des municipales de Lyon

étienne Tête : « Le mandatde Gérard Collombétait monarchique »Pour les Verts, les élections municipales annoncent un climat tendu avec leurs anciens alliés du PS. Dans le premier arrondissement, la guerre est d’ores et déjà déclarée entre la maire sortante, Nathalie Perrin-Gilbert et la candidate EE-LV (Europe Ecologie – Les Verts), Emeline Baume. Nous avons rencontré l’écologiste Etienne Tête, adjoint au maire de Lyon et candidat aux élections de mars 2014.

Le ton est donné pour l’élu EE-LV à la mairie de Lyon : la ville, sous sa potentielle mandature, sera « économique et écologique ». Dans ses ambitions, aucun projet de grande

envergure comme ceux menés sous les deux mandats de Gérard Collomb, mais une priorité donnée aux transports alternatifs et au désengorgement de la circulation. En premier lieu, la refonte de la ligne C3, « qui compte 55 000 usagers par jours », rappelle étienne Tête. Si les candidats UMP veulent faire de cet axe Saint-Paul/Part-Dieu une ligne de métro, l’écologiste penche plutôt sur un tram. Pour trois raisons, précise l’élu : « La première, c’est qu’il coûte de l’ordre de un à six fois moins cher par rapport au métro. La deuxième, c’est qu’un tram prend de l’espace à la voiture. Enfin, il vaut mieux étaler les lignes de transport plutôt que de créer quelques lignes fortes et peu nombreuses. »

Pas de grands chantiers mais des priorités citoyennesAutre projet « inutile et imposé » dénoncé par le candidat écologiste : l’Anneau des Sciences, tronçon ouest du périphérique. Ce projet multimodal à hauteur de deux milliards d’euros favorisant les transports en commun en donnant également la part belle aux voitures s’avère « infinançable », selon l’élu. Porté par le Grand Lyon et le Conseil général, il est, rappelle étienne Tête, « indissociable de la politique de la Ville ». « Lorsque l’on vote pour le maire de Lyon, on vote aussi, officieusement, pour le président du Grand Lyon  ». Et les ambitions « influencées par les lobbies et le copinage » du maire sortant donnent l’impression à étienne Tête que « le second mandat de Collomb était monarchique ».

En ligne de mire, le Grand stade, auquel l’élu s’est férocement opposé. « Ce stade ne comptera que 3 000 places de plus que Gerland, qu’on aurait mieux fait de rénover. Et le scénario d’occupation totale du stade n’est valable que pour les matches de Champions’ League. L’équipe de l’OL est mauvaise et le club est en déficit de 20 millions d’euros. Même en augmentant le prix des places à la billetterie, il est impossible de renflouer les caisses. Le modèle économique officiel n’existe pas. » La première pierre du Grand stade a été posée, impossible désormais pour l’élu, s’il devient maire, de revenir sur les pas de son prédécesseur. Mais il promet de « repenser la gouvernance et ne se pas se tromper sur les priorités. »

Lola FaisandierClémence Faurisson

Ni augmenter, ni baisser, mais rééquilibrer les impôts

Mesure phare pour draguer l’électeur, beaucoup de programmes promettent de ne pas augmenter les impôts. Pour les Verts, il s’agit plutôt de rééquilibrer les feuilles d’impôts des Lyonnais en réformant la taxe d’habitation. « Aujourd’hui, la taxe sur le bâti est beaucoup

trop injuste par rapport aux bases. Les habitants d’un immeuble du 6e arrondissement paieront parfois moins cher que ceux des

quartiers plus populaires. Nous souhaitons faire la transparence sur l’impôt local. »

Armand Creus, conseiller régional gauche unitaire, est catégorique : « Ce vote interne sanctionne la politique d’austérité menée par les socialistes au niveau national

et local. On souhaite proposer une réelle alternative, on veut une gauche qui change les choses, on lutte contre le mal-vivre ». Le vote a été serré, les radicaux de gauche regrettent Collomb et se satisfont pleinement du bilan du dernier mandat. Mais tous se rangent derrière Aline Guitard (PCF) qui sera la tête de liste au 1er tour.

« La prévention est notre leitmotiv »Au niveau du programme, rien n’est encore décidé puisque les discussions entre les trois composantes du Front de gauche se poursuivent. Armand Creus nous a tout de même livré les grands axes de la politique qui sera menée : « Notre cheval de bataille est de faire barrage au FN et à l’UMP. On lutte contre l’abstention qui fait le jeu de l’extrême droite, notamment dans les banlieues ». Pour cela, le Front de gauche lyonnais entend développer l’idée de « tranquillité publique et le mieux-vivre ensemble », en contradiction avec « la tolérance zéro » prônée par le candidat FN, Christophe Boudot. Armand Creus met en avant l’idée d’une police de proximité : « La prévention est notre leitmotiv, plus d’éducateurs dans les quartiers sensibles, plus de prévention, peuvent enrayer la montée de la délinquance à Lyon ». Au niveau économique, le Front de gauche est fermement opposé à la métropole d’intérêt économique européen défendue par le maire sortant : « On ne veut pas d’une métropole de compétitivité, on

défend l’idée d’une alter métropole où les richesses seraient mieux redistribuées pour ne pas faire le jeu des grandes entreprises ». Concernant l’imposition sur le revenu, c’est un taux progressif adapté aux revenus de chacun qui doit primer : « Ce ne sont pas les plus démunis qui doivent payer le prix fort en temps de crise ». Enfin sur la problématique sociale, le parti souhaite atteindre la barre des 30 % de logements sociaux à Lyon.

L’unité du parti en question« Le Parti communiste devra répondre d’un manque d’unité qui peut nous être fatal ». Rolland Jacquet, conseiller municipal PCF à Lyon reste dubitatif face à ce rassemblement : « C’est le silence imposé par le Front de gauche qui pose problème. On est dans le flou le plus total concernant le programme. Les militants PCF ont voté l’alliance avec le Front de gauche sans connaître leurs réelles intentions ». Rolland Jacquet redoute une « liste témoignage », comprenez source de propositions utopiques. Il souhaite des avancées immédiates et se sent plus utile au sein de la majorité que dans l’opposition. Un sentiment partagé par les sept autres élus PCF de la majorité sortante. De plus, deux listes de gauche au 1er tour l’affaibliraient : « On ne va pas se taper dessus pendant quatre mois pour se mettre d’accord au coin d’une table au soir du premier tour ». Le conseiller PCF ne désespère pas qu’une solution puisse être trouvée avec Gérard Collomb avant le second tour.

Mathieu PortogalloNicolas Madignier

L’extrême gauchetourne le dos à CollombLe PCF de Lyon a choisi de rejoindre le Front de gauche au sein d’une liste commune. 52,5 % des militants PCF ont donc choisi de ne pas soutenir Gérard Collomb pour le premier tour. Si le programme reste encore assez évasif, ce rassemblement de la gauche unitaire, du parti de gauche et du PCF, se veut comme une alternative crédible à la politique d’austérité menée par les socialistes.

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Roland Jacquet (PCF) ne désespère pas que le PC rejoigne Gérard Collomb avant le second tour.

Armand Creus (FG) défend une vraie gauche alternative.

L’avocat lyonnais Etienne Tête veut faire de Lyon une ville économiqueet écologique.

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Kaléidoscope.

Le magazine des municipales de Lyon • 1918 • Le magazine des municipales de Lyon

Depuis l’affaire Merah en avril 2012 avec l’attaque d’une école juive à Toulouse, vous sentez-vous plus stigmatisés ?Richard Wertenshlag : La communauté juive a été secouée par cette ignoble agression. Nous avons demandé une protection, mais nous ne voulons pas vivre reclus à cause de cet événement. Nous souhaitons vivre en parfaite harmonie avec l’ensemble de nos concitoyens. Le maire de Lyon avait pris des mesures après l’attentat en 2002 contre la synagogue de la Duchère, en créant un groupe de

parole « Concorde et solidarité ». Il se réunit en cas de crise et intègre les neuf religions représentées à Lyon, pour montrer qu’on peut vivre en paix.La Mairie et ses élus montrent leur bonne volonté en participant aux fêtes religieuses comme le jour du

Kippour.Quelles sont vos attentes à la veille des municipales ? R.W : Nos demandes ont déjà été prises en compte à l’occasion du 150e anniversaire de la synagogue en juin prochain. Nous avons reçu une aide conséquente pour sa rénovation de la part de la région, du département et de la Ville de Lyon. Nous avons aussi un projet de valorisation du patrimoine juif dans l’agglomération. Nous voulons donc créer un centre d’information sur l’histoire de la communauté juive lyonnaise.Enfin, les carrés juifs dans les cimetières sont souvent saturés, nous sommes inquiets car dans notre religion, il est interdit d’exhumer ou d’incinérer nos morts. Il faudrait trouver une solution pour créer des nouveaux cimetières juifs, et dans ce sens-là il y en a déjà deux en projet à Caluire et à Meyzieu.

« Nous ne voulons pas vivre reclus et surprotégés »

La communauté juive est arrivée au VIIIe siècle à Lyon. Elle compte aujourd’hui 25 000 pratiquants qui se répartissent dans 37 lieux de culte sur l’agglomération.Rencontre avec le porte-parole de la communauté, le grand rabbin Richard Wertenshlag.

On parle beaucoup de la montée du racisme anti-islam en ce moment, comment le ressentez-vous à Lyon ?Nous sommes mis à l’écart depuis l’arrivée de Gérard Collomb. La municipalité ne nous écoute pas. L’accès au maire est difficile, car son entourage freine la communication, entre les anciens combattants musulmans pour la France, et les institutions. La ville de Lyon s’occupe plus des Roms que des musulmans français. D’ailleurs les Roms s’habillent comme des musulmans pour mendier devant les mosquées et c’est ce qui nous met à l’écart. Les musulmans s’entraident désormais. On n’a jamais vu une ville aussi raciste que Lyon.

Quelles sont vos attentes à la veille des municipales ? Dans la politique actuelle, on est mis de côté. On n’a jamais vu le maire depuis qu’il est au pouvoir. On souhaite trouver un interlocuteur à qui adresser nos demandes. à qui se plaindre ? Nous voudrions créer un cimetière musulman de deux hectares. Mais la préfecture ne peut donner son accord sans avoir celui de la commune, et les communes sont bloquées par le Grand

Lyon. Nous avons déjà le financement et nous avons pensé à des terrains, mais personne ne nous entend.

Cherif Benameur est président de la Fédération des Français musulmans, qui regroupe d’anciens combattants et des Harkis, et dont le siège national est à Lyon.

« Gérard Collomb, prisonnier d’un système »

« On n’a jamais vu une ville aussi raciste que Lyon »

« à Lyon, il y a une prime à l’ancienneté,une prime au sortant »

Entretien avec Sébastien Gardon, docteur en sciences politiques, chargé de mission en Master politiques publiques.

Député sous Jacques Chirac, Marc Fraysse a lancé son parti, France Unie, il y a deux mois. Et s’il n’envisage pas de se présenter à Lyon, il déborde d’idées pour la ville qui, selon lui, mérite le statut de métropole européenne.

parYamina TayebLola FaisandierMaxime BenmussaClara Mazuir

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Kaléidoscope.

Un autre regardsur les élections.

En voici un qui veut tout chambouler. Après quelques années d’absence en politique, l’ancien député de la 6e  circonscription du Rhône, Marc Fraysse, revient avec son tout jeune parti France Unie. à la base un simple think tank, qui a décidé de passer à l’action il y a deux mois, avec pour credo : « Plutôt que de critiquer et donner des leçons, il faut s’engager  ». Selon lui, il est trop tard pour présenter des candidats aux municipales : il vise plutôt les élections européennes. Cependant il ne

manque pas d’idées sur le mandat précédent : « Gérard Collomb est un bon maire, mais prisonnier d’un système ». Et c’est ce système qu’il souhaite changer, en faisant de Villeurbanne le 10e arrondissement de Lyon, en revoyant les priorités de la ville, en diminuant les charges patronales ainsi qu’en baissant les impôts, dans le but « de sortir la France de l’assistanat » tout en valorisant le savoir-faire national qui lui est cher.

Pourquoi Lyon a basculé à gauche en 2001 ?Sébastien Gardon : Jusqu’en 2001, la ville de Lyon est gouvernée par le centre, plus précisément le centre-droit. Si en 2001 elle bascule à gauche, c’est sûrement parce qu’il y a une incapacité de la droite à se rassembler. S’il y avait eu un candidat très fort à droite, bien en place, les choses auraient été différentes. Ce qui a conduit à l’accession de la gauche c’est la succession de Raymond Barre qui a été ambiguë et compliquée. Certains l’analysent comme la mainmise du vote « bobo » qui provient particulièrement des quartiers de la Croix-Rousse, du 1er  arrondissement, et du centre-ville.

Comment Gérard Collomb a-t-il brigué un second mandat ?S.G : Gérard Collomb a surfé sur une vague de succès à une époque où l’Olympique lyonnais gagnait, où les vélo’V voyaient le jour et où Lyon inaugurait ses berges du Rhône. Il est arrivé au bon moment, ce qui lui a permis de faire monter sa cote de popularité auprès des Lyonnais.

La ville de Lyon est–elle sujette à la montée des extrêmes ?S.G : Le vote FN, qui pourra être très fort au niveau national ou européen, sera moins fort sur une élection locale. Lyon est une ville qui reste centriste. à Lyon, il y a une prime à l’ancienneté, une prime au sortant : celui qui est en place a des atouts énormes par rapport à celui qui veut conquérir le pouvoir. Gérard Collomb, à ce niveau-là, a une marge d’avance, même s’il arrive moins à rassembler à gauche qu’auparavant.

Comment peut-on décrire l’ambiance politique lyonnaise ?S.G : à Lyon, la communauté urbaine est très forte. Il y a une dynamique de solidarité. On parle de «  consensus communautaire », on a l’habitude du compromis. Le Grand Lyon devient légitime, pour une politique à une échelle plus large. Il y a une diversité politique qui s’exprime.

© Lola Faisandier

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Paroles d’expertsen 7 thématiques.

« Lyon est une des seules villes de France à avoir une offre culturelle aussi complète ». Didier Nathan, comédien et metteur en scène tient le café-théâtre « Les Tontons Flingueurs » dans le premier arrondissement. « Bien sûr il y a toujours des choses à améliorer, mais Gérard Collomb et la municipalité ont su proposer des projets variés ». Danse, art contemporain, théâtre et cinéma. Nombreux sont les domaines qui font rayonner Lyon culturellement « même au-delà de la France », précise Didier Nathan, qui n’est pour sa part pas subventionné par la Ville. Avec des événements culturels de renom, comme la Biennale ou le festival Lumière, ou des lieux emblématiques, à l’instar du musée Gadagne, l’ancienne capitale de la gastronomie se bat pour perdurer dans l’univers culturel français.

Trafic de drogue, vol à la tire… Si les chiffres de la délinquance avaient chuté en 2011 dans le Rhône, ils sont depuis repartis à la hausse. Et Lyon n’échappe pas à la règle. « L’insécurité touche plutôt la périphérie, mais il reste des zones de non-droit intra muros », reconnaît Hervé Redon, représentant du syndicat Alliance police nationale (à droite) dans le département. « Certains maires font ce qu’il faut pour enrayer le phénomène, d’autres sont plus laxistes ». Le syndicat approuve cependant le développement de la vidéosurveillance, renforcée par Gérard Collomb, « même si une caméra ne remplace pas la présence d’un agent sur la voie publique ». D’ici aux élections municipales, 152 caméras devraient s’ajouter aux 262 déjà présentes dans les arrondissements.

La ville de Lyon est classée parmi les villes les plus polluées de France, un terrible constat qui ne signifie pas qu’elle est en retard au point de vue environnemental. « Les zones vertes, comme le parc de la Tête d’Or est l’un des rares grands parcs de Lyon, la ville manque cruellement de grands espaces verts », explique Léo Groult, vice-président de l’association pour le développement durable de l’UPI. « Néanmoins le réseau des Vélov’ est très bien développé comparé à d’autres villes. Les transports en communs sont bien organisés. Certaines choses restent à améliorer cependant, nous au sein de l’ADDU on souhaiterait développer les jardins collectifs sur Lyon, des jardins d’ornements ou des potagers. Il faudrait également plus développer les quartiers éco-responsables comme ceux de Confluence, ils s’intègrent au paysage et sont peu calorifères ».

Certains problèmes persistent année après année à Lyon en matière de logement : « Nous sommes régulièrement saisis par des locataires n’ayant toujours pas reçu leur dépôt de garantie, bien longtemps après leur départ et après contestation auprès du propriétaire », explique Jean-Claude Catherin, vice-président de Force ouvrière du Rhône et membre du CLCV (association de consommateurs) de Lyon. Un aménagement juridique serait donc souhaitable. Autre problématique sensible, les locataires de logements sociaux souffrent particulièrement de la crise économique. Toujours selon Jean-Claude Catherin : « Ces ménages ont subi une hausse des loyers ces dernières années, au-delà du seuil prévu par les recommandations ministérielles. Les aides aux logements n’ont pas été suffisamment réévaluées alors que les charges ont augmenté progressivement ». Cependant il précise que depuis 2012, les organisations HLM respectent ce plancher.

« Les municipales polluent le débat des rythmes scolaires alors que le sujet mérite des discussions sereines ». Pour Benjamin Grandener, enseignant et délégué syndical, la réforme devrait être adoptée pour 2015. « L’état a livré le paquet aux communes, et maintenant, qu’elles aient le budget ou non, elles doivent se débrouiller seules. » Pour l’enseignant, « cette réforme n’est pas adaptée pour les petites communes – leur budget n’étant pas assez élevé et encore moins pour les très grandes villes, qui ne disposent pas de locaux comme des gymnases ou des salles d’art plastique ». étrangement, la ville de Lyon reste muette sur le sujet. La peur de se prononcer et de perdre des voix ? « Il n’y a eu aucune convocation, aucune réunion, aucun communiqué de presse concernant le sujet. Il n’y a aucune prise de position publique ».

4 400 tonnes de nourriture collectées et plus de neuf millions de repas servis par an : la banque alimentaire du Rhône nourrit de plus en plus de gens avec la crise. Face à la précarité grandissante, la demande est de plus en plus importante. « Nous fournissons 125 associations et les chiffres augmentent sensiblement. Il y a une évolution négative d’année en année, nous distribuons environ 6 % de nourriture de plus qu’en 2012 », souligne le président de l’association, Patrick Valon.Avec les élections municipales qui arrivent à grands pas, il reconnaît que les candidats sont sensibles au problème : « Tout le monde donne de l’argent, que ce soient des mairies socialistes, des députés UMP. Ils ont compris que c’était une mesure de salut public, mais malgré cette aide, ça ne suffit pas ». En tout cas, il tient le cap malgré la crise.

Sept thèmes, sept sources de préoccupations majeures. La rédaction de M a sélectionné des interlocuteurs, experts dans leur domaine, qui commentent l’évolution de la ville au cours des six dernières années.

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Le magazine des municipales de Lyon • 2120 • Le magazine des municipales de Lyon

« Les municipales n’y changeront rien, que ce soient l’UMP, le PS, le Centre ou même le FN, ça ne fonctionnera pas mieux pour nous autres patrons », assure Cyril Berdiel, gérant d’une auto-école dans le 3e arrondissement. À la tête d’une entreprise de cinq salariés, il dénonce l’augmentation des taxes et des charges mises en place par le gouvernement. Pour lui, cette pression fiscale est devenue insupportable, et l’empêche d’investir et de créer de l’emploi : « C’est

compliqué d’être patron aujourd’hui. Moi j’ai suffisament de travail pour embaucher quelqu’un en plus, mais je ne peux pas le faire, parce que ça coûte trop cher. Si je le fais, je mets la clef sous la porte ». Face à cette situation inquiétante, il espère pouvoir à l’avenir payer moins de charges et de cotisations, pour travailler sans pression.

« Les municipales n’y changeront rien »

« à Lyon, certaines zones de non-droit subsistent »

Réformes scolaires : les municipales polluent le débat

« La lutte contre la précarité, c’est une mesure de salut public »

« Les moyens de locomotion alternatifs sont bien développés sur Lyon »

« La crise ne facilite pas les choses en matière de logement »

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© Pauline Seigneur

« La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert » - André Malraux

Kaléidoscope.Kaléidoscope.

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L’enquête.

Le magazine des municipales de Lyon • 23

La Presqu’île aux deux visagesDe la rue Victor-Hugo aux pentes de la Croix-Rousse, le quartier de la Presqu’île réunit les deux premiers arrondissements de Lyon, et attire les habitants de toute la région lyonnaise, voire plus.Mais malgré une apparente unité, le quartier englobe deux arrondissements aux affinités politiques opposées.

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La place Bellecour

Ce qui attire d’abord, ce sont les commerces, que ce soient des commerces de proximité, comme ceux rue de la République, ou des boutiques de luxe, comme dans

la rue édouard-Herriot. Chaque samedi, le quartier devient cosmopolite et accueille un public varié. Mais les riverains en ont une vision bien différente au quotidien.

« Le dernier bastion de la rébellion lyonnaise »La singularité du quartier réside dans la mixité sociale et culturelle qu’il offre à ses habitants. Pour Karim, travailleur social dans le 1er depuis 15 ans, il demeure « le dernier bastion de la rébellion lyonnaise. Historiquement, le 1er arrondissement, notamment les pentes, est un quartier populaire, où les jeunes viennent y passer leurs soirées de fin de semaine ». Commerces en tout genre, boites de nuits, bars, épiceries, théâtres ou expositions, le 1er, c’est un quartier qui vit aussi la nuit, et qui en subit les inconvénients. « Le soir et les week-ends, la population double, avec les conséquences que cela entraîne : nuisances sonores, bagarres, déchets...  » Pourtant, selon Karim, « depuis quelques années, on voit de plus en plus d’investisseurs qui cherchent à s’y implanter, mais qui ne tiennent pas compte de sa réelle identité ». L’attrait ? Le centre-ville, historique, et charismatique. « Les prix de l’immobilier dans le deuxième arrondissement restent peu abordables. Les arrivants se rabattent sur le 1er. » La politique du quartier, semble, tout en conservant l’authenticité du patrimoine, vouloir se dynamiser

toujours plus. Les habitants, des riverains engagés, qui aiment s’exprimer, s’impliquer. Or, s’il se démarque par son art de vivre, les Lyonnais « pure souche » redoutent une « boboïsation » qui risquerait de l’embourgeoiser.

Lyon 2 : un quartier historique fidèle à ses valeursDe la place Carnot aux Cordeliers, le profil type du riverain change. Il s’agit plutôt d’anciennes familles, aux revenus aisés, puisque le quartier est principalement composé d’hôtels particuliers. Mais avec l’implantation de la faculté catholique aux abords de la place Bellecour, ainsi que les nombreuses écoles d’arts ou stylisme, le quartier a vu bon nombre d’étudiants arriver, ce qui rajeunit le quartier. Mais le décalage entre le 1er et le 2e arrondissement persiste, notamment de par son orientation politique centre-droit, avec pour maire Denis Broliquier. Les intérêts financiers des riverains semblent plus importants qu’une réelle vie de quartier. Virginie Vernier, présidente de l’association Quartier Auguste-Comte, résume  : «  Plus on a d’argent, plus on a tendance à voter à droite  », ce qui a tendance à véhiculer les clichés. Une orientation politique opposée à celle de son voisin, qui est historique puisque le deuxième arrondissement a toujours été plus riche que son voisin, mais moins accessible et vivant pour le reste des Lyonnais.

Clara MazuirYamina Tayeb

La place des Terreaux

L’opéra de Lyon

Les quartiers ont la PAROLE

Confluenceexcentré

Part-Dieuvisionnaire

Vieux Lyonauthentique

Brotteauxhuppé

Presqu’îlecontrasté

Guillotièrecosmopolite

Croix-Roussebobo

Gerlandpopulaire

Vaiseprometteur

Page 13: M, le magazine des Municipales de Lyon

L’enquête.

24 • Le magazine des municipales de Lyon

Confluence-Perrache en pleine mutationLa Confluence, il y a encore 10 ans, était un quartierun peu perdu entre Saône et Rhône, sans autre grande référence que le marché Gare. Mais en 2003, Gérard Collomb décide avec son équipe de redonner une âme à ce quartier qui s’arrêtait aux arches de Perrache.

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La gare de Perrache

« C ’ était une zone en friche, il y avait grosso modo 150 hectares à exploiter sous un jour nouveau  ». C’est la vision de Madeleine

Caillard, une photographe-reporter qui a réalisé plusieurs reportages sur le quartier. Et ses propos sont confirmés par le 3e adjoint, en charge du cadre de vie et de l’environnement à la mairie du 2e, Jean-Noël Ressicaud. « Même si certaines personnes disent que Confluence est un quartier qui compte plus de grues que d’habitants, et que le musée de la Confluence est une abomination architecturale, il faut quand même se rappeler que ce sont la plupart du temps des personnes qui n’avaient jamais mis les pieds dans ce quartier ». Et pour lui comme pour beaucoup d’acteurs du dossier, le principal objectif est atteint. « On voulait que Confluence soit un quartier accessible, un lieu de mixité puisqu’il y a 30 % de logements sociaux. Et c’est chose faite avec le tramway et sa prolongation qui sera en service en février. » Aujourd’hui, si la Confluence a retrouvé une fonction, côté Perrache les choses commencent elles-aussi à évoluer. La rénovation de la prison Saint-Paul n’est pas simplement une solution pour allier avenir et passé dans un monument historique, c’est aussi l’un des éléments clefs pour retrouver une unité à l’ensemble de la basse Presqu’île. Perrache et Confluence doivent se structurer autour d’un quartier bien défini : Sainte-Blandine.Pour Gérard Penot, le directeur d’atelier Ruelle, l’une des entreprises qui travaille sur la rénovation du quartier, la transformation de la prison n’est qu’une étape d’un projet de grande ampleur. « La prison est un projet symbolique car c’est un espace que l’on veut redonner aux Lyonnais, et en sa signification il est très proche de ce qui devrait se passer dans ce quartier dans les années à venir » (voir encadré). Autre point important, avec tous ces changements, le quartier qui était jusque-là l’un des bastions de la droite (l’arrondissement le plus à droite avec 58,12 % des voix aux municipales de 2008) est en train de changer. Le sentiment d’insécurité, qui était la principale cause de ce

vote, est en train de se résorber. Cela combiné à la modification des catégories sociales présentes dans la basse Presqu’île, notamment à Confluence, pourraient faire chuter Denis Broliquier de son siège de maire.

Cécilia Bourbon

Le quartier dans six ans ?

L’autoroute qui passe en plein milieu de la ville pourrait n’être dans quelques années qu’un mauvais souvenir. L’A7 serait donc déviée et les bords du Rhône deviendraient un boulevard périphérique arboré. Et à la mairie du 2e : « C’est à terme l’une des solutions qui est privilégiée. Pour le moment ce qui bloque c’est le contour-

nement périphérique de l’Ouest lyonnais ». Et si cette histoire de contournement est un sempiternel serpent de mer, la gare Perrache en est un aussi. Elle pourrait être relookée afin d’avoir une vue sur la ville. » Mais pour Jean-Noël Ressicaud, ce qui va conditionner en grande partie l’avenir de ces projets, « c’est le maintien en place ou non de Gérard Collomb. Il a l’habitude

de ce type de projets. Ses dossiers lui tiennent à cœur et il a les contacts pour que les choses avancent plus vite. »

Le centre commercial Confluence

Le quartier Sainte-Blandine fait le lien entre le neufet l’ancien, Confluence et Perrache

L’enquête.

Le magazine des municipales de Lyon • 25

© Marianne Shehadeh

La tour Oxygène créée en 2010

La gare de Lyon Part-Dieu et son parvis

L’avenir du quartier de la Part-Dieu, deuxième quartier d’affaires de France après la Défense,

constituait une promesse électorale majeure des municipales de 2008. Traditionnellement à droite, la politique du 3e arrondissement bascule lorsque Thierry Philip, candidat PS, remporte les municipales de 2008 contre Dominique Perben (UMP). Les grands projets initiés sous l’administration Collomb se mettent alors en place, comme celui de la construction de trois à cinq nouvelles tours d’ici 2020. Gérard Collomb désire concurrencer, de manière progressive mais ambitieuse, les autres métropoles européennes. Il souhaite « faire de la Part-Dieu un cœur de vie ».

Il y a actuellement quatre tours : la tour Oxygène, la tour Swiss Life, la tour de la Part-Dieu qui représente le fameux « crayon urbain » du paysage lyonnais, et la tour EDF. L’année prochaine marquera la naissance de la très attendue tour Incity. Pierre Bérat, conseiller régional et du 3e arrondissement, ancré à droite, considère pour sa part que « l’ensemble du projet Part-Dieu est mal équilibré parce que les élus de gauche ne voient ce quartier que par l’accès à la gare ou au centre commercial, et ne pensent pas aux 20 000 riverains », dixit un billet de son blog. Cependant, bien que le grand chantier de la tour Incity ait inquiété ces derniers, notamment au niveau des horaires de travaux, la création de cette tour semble en enchanter plus d’un. Le conseil de quartier Voltaire/Part-Dieu n’a pour sa part donné aucun signe de mécontentement ou de revendication. Mais certains citoyens engagés comme Xavier Simond, se posent des questions sur la densification du quartier : « Pourquoi vouloir des tours regroupées sur un seul endroit ? La Confluence ne peut-elle pas disposer de buildings tout comme le quartier de la Soie qui ont du mal à émerger ? » Cependant, le « business district » lyonnais reste celui de la Part-Dieu ; il est donc logique que les entreprises florissantes et les firmes nationales s’installent dans ce

secteur en plein boom socio-économique, à proximité des transports et au cœur de la ville.

En ce sens, Jacques de Chilly, le directeur de l’Aderly (l’Agence pour le développement économique de la région lyonnaise), affirme que «  la priorité numéro une de Gérard Collomb était donc vle développement de bureaux, et encore des bureaux, car la Ville en a cruellement besoin et le secteur tertiaire ne fait que croître ». Il faut savoir que seulement 2 % des bureaux du secteur Part-Dieu sont vacants. Par contre, certains projets

urbains restent en attente : d’une part, celui de transformer le toit du centre commercial en belvédère ; d’autre part, le projet d’harmoniser les tailles des actuelles tours dont certaines sont « trop petites ». Mais Jacques de Chilly se montre confiant quant à leur viabilité, et assure avec enthousiasme que « quoi qu’il arrive, le marché de l’immobilier lyonnais reste attractif, sûr, mature, sain et bien géré ».

Marianne Shehadeh

Part-Dieu : Lyon prend de la hauteurEn octobre dernier, le projet du Pôle d’échange multimodal se concrétise : le Grand Lyon souhaite transformer le quartier de la Part-Dieu, situé dans le 3e arrondissement de Lyon, enun hub métropolitain – notamment avec la création d’une voie ferroviaire en plus. A quoi est dû son succès exponentiel ? De multiples transports en commun,la principale gare de l’agglomération,le plus grand centre commerciald’Europe, et des tours qui ne cessentde pousser.

Un quartier frénétique

• 800 sièges sociaux d’entreprises• 260 boutiques au centre commercial de la Part-Dieu

• 500 000 déplacements par jour dans la gare Part-Dieu• Un total de 13 tours d’ici 2030

• 27 000 m2 de superficie pour la bibliothèque municipalede la Part-Dieu avec un patrimoine de trois millions de documents

sur 17 étages de conservation

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L’enquête.

26 • Le magazine des municipales de Lyon

La Guillotière,derrière la mauvaise imageSitué à un pont de la place Bellecour, et desservi par le tramway et le métro, le quartier de la Guillotière est un point central de l’agglomération. Pourtant, il garde une réputation sulfureuse auprès des Lyonnais. Il était réputé pour ses marchés noirs notamment,sur sa place la plus célèbre, la place du Pont (depuis renommée place Gabriel-Péri). Aujourd’hui la donne a quelque peu changéet la Guillotière pourrait bien devenir « la prochaine Croix-Rousse », même si les projets des maires successifs n’ont pas toujours porté leurs fruits.

« La Guillotière, c’est le dernier coin de Lyon où la mixité ethnique est réelle ». Ce sont par ces mots que Sammy Hachim, 65 ans, décrit son quartier.

Aujourd’hui retraité, il a travaillé sur des chantiers dans les quatre coins de la ville. Mais pour lui, aucun ne ressemble à celui qu’il habite depuis plus de 30 ans. En effet, cet ancien village s’étalant sur les 3e et le 7e arrondissements, rassemble une forte communauté maghrébine, mais aussi asiatique et d’Afrique sub-saharienne. Le tout dans un espace assez restreint. Pourtant, selon Sammy, un problème existe avec la communauté rom qui a investi la place Gabriel-Péri depuis une dizaine d’années. « On a l’impression d’être le lieu où toutes les familles roms sans domicile se rejoignent. Les enfants font la manche et les ados se prostituent. Il faut que les pouvoirs publics fassent quelque chose  », s’emporte-t-il. Pourtant tous ne le voient pas du même œil. « On ne peut empêcher quiconque de se réunir ici, mais je pense que ces personnes, si elles disposaient de papiers et pouvaient travailler en France, ne se retrouveraient pas ici toute la journée. La politique doit être menée dans ce sens-là, mais la mairie ne semble pas agir ainsi », s’indigne Nathalie, elle aussi habitante du quartier depuis plusieurs années.

« La politique menée par le maire me convient »Plus loin de la place Gabriel-Péri, près de l’arrêt de métro Saxe-Gambetta, les commerçants semblent moins touchés par ce problème. « La politique menée par le maire me convient. Depuis le début de son mandat Gérard Collomb s’est attaché à rendre plus attractif le quartier. C’était aussi le cas de Raymond Barre avant lui  », se félicite Mohamed, gérant d’une superette sur l’avenue

Jean-Jaurès. Par exemple, des destructions d’immeubles sont prévues au début de la rue Paul-Bert afin de créer des petites

halles et d’ouvrir la place derrière les immeubles des Estudines aux commerces. Ces deux grands immeubles en verre, formant un demi-cercle, ont été construits dans les années 90 pour restructurer la place. Depuis ils avaient été le lieu d’un marché noir quotidien qui ne s’est arrêté qu’aux alentours de 2010 grâce à une présence policière quotidienne. Du fait de sa réputation, le quartier jouit d’un marché immobilier attractif, qui attire de plus en plus d’étudiants et de jeunes familles de classe moyenne, ce qui fait dire à Nathalie que la Guillotière pourrait devenir la « future Croix-Rousse ». Les 3e et 7e arrondissements sont actuellement acquis à la gauche de Gérard Collomb, c’est donc lui qui part favori pour ces élections municipales dans ce quartier de Lyon.

Un sentiment d’insécurité infondéPlus de 30  % des habitants de la Guillotière sont des jeunes, (moins de 30 ans). Ce qui en fait le quartier le plus jeune de Lyon. Cela arrange l’actuelle majorité, puisque cette catégorie vote traditionnellement à gauche. D’après un rapport de l’observatoire local de la sécurité datant de 2010 (dernière publication), 86 %  des habitants de la Guillotière disent se sentir en sécurité. C’est l’un des taux les plus forts de Lyon, et ce malgré la mauvaise réputation du quartier. La politique de l’actuelle majorité semble donc avoir en partie fonctionner. Gérard Collomb part donc favori dans ce quartier, qu’il a acquis lors de son premier mandat en 2001 lorsque les 3e et 7e arrondissements sont passés à gauche. Perdre ces arrondissements serait un véritable coup dur pour la majorité sortante, d’autant que le 3e est le plus peuplé de Lyon.

Nicolas Madignier

L’enquête.

Le magazine des municipales de Lyon • 27

La Croix-Rousse est une ancienne commune du Rhône, connue surtout pour son passé ouvrier et haut lieu de l’industrie de la soie.Au XIXe siècle, ce quartier trouvait son essence dans l’espritdes canuts. Pourtant cette communauté d’artisans se limite aujourd’hui à une dizaine de personnes qui essayent tant bien que mal de préserver la mémoire de cet esprit de mixité sociale.

La Croix-Rousse semble bel et bien éloigné de ces idéaux, un constat amer pour Ludovic Delacalle, artisan canut, installé depuis une quinzaine d’années dans le Vieux Lyon. « Ce fut

une grande plaie que de quitter la colline, les ateliers ont presque tous été remplacés par des boutiques de décoration. Beaucoup d’immeubles ont été rachetés par des promoteurs. La Croix-Rousse aujourd’hui, c’est tout simplement une bande de bobos. Je ne reconnais plus le quartier où j’ai grandi ». Aujourd’hui, un petit groupe d’irréductibles s’inscrit en témoin d’une réalité passée. « Politiquement, il y avait deux syndicats, un de droite et un de gauche. Cela ne nous empêchait néanmoins pas de partager les repas. Aujourd’hui, cet aspect militant a disparu. Pour préserver le savoir-faire artisanal, les politiques ont un rôle à jouer au quotidien (subventions, valorisations...) ». Hubert, libraire emblématique de la place des Tapies, porte lui un regard amusé sur le contexte politique actuel du quartier. « Cet ancien esprit militant n’est plus d’actualité, pourtant Nicolas Sarkozy n’a pas pu poser un pied ici pendant la campagne présidentielle de  2007. C’est bien là tout l’antagonisme de ce quartier ».En mars prochain, la Croix-Rousse devrait logiquement rester à gauche. Pour Catherine Bossard, présidente de l’association de riverains Covolitz : « Le maire d’arrondissement actuel, David

Kimelfeld (PS), se dissocie de son prédécesseur par un discours plus mesuré. L’ancien maire accueillait les gens par un laconique « bienvenue dans la Croix-Rousse intelligente (comprenez la Croix-Rousse populaire qui vote à gauche, NDLR). Le bobo, lui, est très sympa, très agréable sur le marché. Le problème, c’est que ces nouveaux arrivants ont fait augmenter le prix de l’immobilier. Beaucoup de propriétaires d’immeubles anciens, alléchés par des offres plus qu’intéressantes, ont été tentés, presque de facto, de vendre leur bien. Le quartier est victime de son succès ».Autre exemple symptomatique de cette évolution : les nuisances sonores provoquées par la Vogue des marrons, la fête foraine qui dure un mois et demi par an, et qui sont très mal perçues par les nouveaux arrivants en quête de tranquillité. Une attitude qui agace profondément Catherine Bossard : « Ils n’avaient pas à venir s’installer à la Croix-Rousse si c’est pour ignorer l’identité du quartier et la vie qui l’anime ». En effet, la Croix-Rousse devient peu à peu une « ville-dortoir », victime malgré elle d’un phénomène de gentrification qui se développe de plus en plus dans les grands pôles urbains.

Kévin BonnaudMathieu Portogallo

La Croix-Rousse,de l’esprit canutà la boboïsation

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Le marché de la Croix-Rousse

Un des cafés emblématiques du quartier

L’un des derniers ateliers de soierie

Le Palais de la Mutualité

Trompe l’oeil, Grande rue de la Guillotière©

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Page 15: M, le magazine des Municipales de Lyon

L’enquête.

28 • Le magazine des municipales de Lyon

Le Vieux Lyon,pavé de bonnes intentionsInscrit depuis 1998 au patrimoine mondial de l’Unesco, le Vieux Lyon, avec ses bouchons, son architecture si particulière et ses venelles séculaires, est l’une des images les plus pittoresques que peut offrirla capitale des Gaules. Intrinsèquement touristique et populaire, ses enjeux politiques se situent entre la subtile cohabitation de son patrimoine médiéval-Renaissance et sa nécessaire ouverture sur le monde et le tourisme. Une charge dévolue notamment à Alexandrine Pesson (PS), 67 ans, maire du 5e arrondissement depuis 2001.

La place du Change

«Ce quartier, c’est un peu l’âme de Lyon ». C’est ainsi que Philippe Carry, l’horloger de Saint-Paul, installé depuis plus d’une vingtaine d’années rue Juiverie, et

figure emblématique des lieux, dépeint le quartier. Et à ce titre, il se révèle particulièrement docte concernant la vie locale. « Ce quartier possède un art de vivre particulier, une vie nocturne animée et joyeuse, une zone piétonne très caractéristique, bref, un quartier touristique par excellence. Tout ce que l’on peut attendre d’un politique, c’est justement de maintenir ce côté patrimonial, authentique, afin de le faire fructifier au maximum. »

« Ce n’est pas un maire qui va changer le quartier »Ainsi, l’avenir du Vieux Lyon s’inscrirait nécessairement dans la mise en valeur de son passé, ce qui n’est pas sans soulever quelques problématiques. « Ce n’est pas un maire qui va changer le quartier, renchérit Philippe Carry. Et pour cause, vue sa configuration patrimoniale, on ne peut y envisager de projets urbains. » S’il fait fi avec légèreté des désagréments quotidiens propres à ce genre de quartier, son stoïcisme n’est toutefois pas partagé par tous. à ce titre, les riverains membres de l’association Vivre au Vieux Lyon, ne manquent pas de pointer de nombreux points noirs affectant l’identité même du Vieux Lyon. Selon Eliane Hornus, présidente de l’association : « Ce quartier perd son identité : de nombreux établissements ont changé de dénomination : fish and chips, rock’n eat, on se croirait à Londres ! Des touristes Québécois ont même été offusqués ! Il faut que ce quartier redevienne un quartier d’habitants, avec des commerces de proximité et non pas juste des commerces destinés aux touristes. »

« Les Lyonnais viennent s’y alcooliser la nuit »Toujours selon Eliane Hornus, la vie nocturne du Vieux Lyon est aussi source de problèmes : « C’est devenu un lieu où les Lyonnais viennent s’alcooliser la nuit avec toutes les nuisances que cela engendre : bruit, vomi, urine, mégots. Certes, la Mairie et le Grand Lyon s’occupent du nettoyage, mais les frais sont à la charge des habitants du quartier. Ne serait-ce pas aux pubs, justement,

à qui devraient incomber les charges inhérentes à ce nettoyage ? » Néanmoins, Philippe Carry tempère ce constat plutôt amer : «  Cela fait partie de l’atmosphère du quartier et les habitants peuvent largement s’en accommoder. » Une opinion partagée par Jérôme Noir, membre de la MJC locale en charge de la relation avec les habitants : « Habiter ici, c’est un choix. Ceux qui dénoncent le cadre animé du quartier n’ont rien compris. Les touristes et la vie nocturne font partie intégrante de notre cadre de vie et de la richesse des lieux ! »

Concernant l’accueil qui leur est fait, Philippe Carry se montre plus circonspect : « Il manque encore d’infrastructures pour accueillir les touristes. Cela peut paraître bénin, mais il n’y a aucunes toilettes publiques pour les accueillir. Alors forcément la gent masculine va souvent se soulager dans les rues clairsemées. En général, le quartier est propre, mais on peut déplorer que les poubelles publiques débordent très souvent. Il faudrait améliorer le service de la collecte des ordures : à quartier spécial, service spécial ! » Néanmoins, il reconnaît volontiers le caractère positif de certaines initiatives de l’action publique, comme la rénovation des quais de Saône, toujours en cours. « C’est une très bonne chose, les quais de Saône sont effectivement la première chose que les gens voient quant ils pénètrent dans le Vieux Lyon. C’est de là qu’on obtient la meilleure perspective du quartier ».

« Un quartier sans réelle identité politique »Quant aux perspectives électorales, celle-ci restent encore assez obscures. « Le quartier est d’une grande hétérogénéité sociale et n’a pas vraiment d’identité politique propre, souligne Jérôme Noir. Il penche légèrement à droite (Nicolas Sarkozy y a fait un score de 55,76 % des suffrages au 2nd tour de la présidentielle de 2007, NDLR), mais cela n’a rien de prégnant ». Après deux mandats successifs de la gauche, sûr que la droite aura plus à coeur que jamais de reconquérir le Vieux Lyon, d’une importance symbolique de premier ordre.

Gilles Reymann

L’enquête.

Le magazine des municipales de Lyon • 29

Les Brotteaux : une réputation emblématique face à une réalité empiriqueAncienne zone marécageuse, les Brotteaux sont aujourd’hui un lieu emblématique de Lyon.Avec ses hôtels de luxe et ses grandes avenues bourgeoises, le secteur a toujours eu la réputation d’être politiquement orienté à droite. Même si cela était encore vrai il y a 30 ans, les chosesont évolué depuis.

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Le quartier des Brotteaux a toujours eu la réputation bourgeoise. Pourtant, dès que l’on quitte les grands axes, le lieu montre un tout autre visage. Pour Annie Giraudon,

riveraine, « L’image huppée est un cliché qui a toujours collé aux Brotteaux. Mais elle est aujourd’hui moins présente dans l’esprit des Lyonnais. Ils savent dorénavant qu’il n’y a pas que le boulevard des Belges ou l’ancienne gare qui symbolisent le secteur. Il y a aussi des rues plus populaires avec des immeubles d’une dizaine d’étages. » Jean Pinot, un autre résidant, poursuit : « On peut facilement se promener et je trouve que c’est l’un des plus beaux lieux lyonnais. Le seul problème, c’est le stationnement, ça peut rapidement devenir un enfer pour trouver une place, même si l’arrivée du nouveau parking sous la place Brosset y a en partie remédié ».

Un quartier historiquement ancré à droite« Les Brotteaux ont toujours été situé politiquement à droite. Quand on veut parachuter un candidat UMP, on l’envoie soit à Neuilly, soit ici. Comme cela, il sera sûr d’être élu », décrit Gérard Tissot, membre du comité d’intérêt local. Mais cet ancrage est de moins en moins prégnant. « Il y a une trentaine d’année, environ 80 % des habitants du quartier votaient à droite. Aujourd’hui, le rapport de force entre l’UMP et le PS, lors des dernières élections, était de 55 % pour l’UMP et de 45 % pour le PS. Cependant, avec l’impopularité de notre président de la République, pas sûr que cette tendance continue  », explique l’ancien président du comité. Si le rapport de force s’est quelque peu équilibré, peut-être que les enjeux ont

changé eux aussi. Pour Gérard Tissot, « On ne peut pas vraiment dire qu’il y ait de forts objectifs politiques aux Brotteaux. Si quelque chose doit être créé par la mairie, ce sera plutôt réalisé dans les quartiers de Confluence ou encore de Vaise. Le principal problème, à présent, c’est que l’on ne peut plus rien construire. Si l’on veut ériger un bâtiment, il faudra obligatoirement en détruire un autre. Ce qui implique obligatoirement des travaux supplémentaires et donc un coût lui aussi plus élevé. Et actuellement, la Ville ne peut pas se permettre ça. »

Jérôme Durouchoux

Brotteaux à travers l’Histoire

Le quartier des Brotteaux a été à l’origine créé par Jean-Antoine Morand de Jouffrey pour pouvoir être un espace de promenade à la fin du XVIIIe siècle. Les Brotteaux a connu son

pic industriel au début du XXe siècle. À cette époque, le quartier comptait une soixantaine d’usines d’élaboration de voitures, ce qui en faisait le deuxième pôle automobile mondial. Aujourd’hui, les usines se sont transformées en résidences, portant le nombre

d’habitants à 50 000, pour une densité moyenne d’environ 18 000 habitants au kilomètre carré. Ce chiffre fait des Brotteaux

l’un des quartiers les plus denses d’Europe.

© Gilles Reymann

Place du Général Brosset

La porte des Enfants du Rhône

L’église de la Rédemption

La rue Saint-Jean

Page 16: M, le magazine des Municipales de Lyon

L’enquête.

30 • Le magazine des municipales de Lyon

La ZAC du Bon Lait

«C ’était comme un village ». Bernadette Pizutti habite Gerland depuis toujours et

le quartier, elle l’a vu évoluer. Autrefois considéré comme un quartier de second rang, « derrière les voûtes » comme on dit à Lyon, c’est-à-dire de l’autre côté de la voie ferrée. Aujourd’hui elle est présidente du conseil d’administration du centre social de Gerland et assiste à la mutation de son quartier. Exit les usines et les anciens abattoirs, les friches industrielles sont aujourd’hui remplacées par des pôles du tertiaire (bureaux, laboratoires). Le quartier se mute progressivement en une véritable zone résidentielle. Il compte aujourd’hui environ 30 000 habitants et devrait atteindre les 40 000 à l’horizon 2020. Mais cette population n’est plus la même. Les racines ultra-populaires, voire prolétaires du quartier, sont encore présentes, mais c’est une nouvelle population qui s’installe dans ces nouvelles zones d’activités flambant neuves, comme celle du Bon Lait. Malgré cela, Gerland profite d’une mixité sociale, économique et ethnique héritée des premières vagues d’immigration italienne puis maghrébine d’après-guerre.Le quartier accueille depuis quelques années des personnes plus aisées dans ses nouvelles installations. Pour un quartier historiquement de gauche (voire extrême gauche, les ouvriers des années 1950 étaient tous syndiqués à la CGT), cet embourgeoisement pourrait bien faire basculer le quartier à droite. Le discours d’extrême droite y connaît d’ailleurs lui aussi un certain engouement.

« On a une perte de lien social »Mais les véritables enjeux de Gerland se situent ailleurs, pour Jean-Paul Vilain. « Il n’y a pas une vraie vie de quartier car on manque de structures pour qu’elle se développe. On a une

perte de lien social. » En effet, le quartier ne possède pas de lieux de rencontre ni d’espaces socio-culturel. « Vous vous rendez compte qu’il n’y a aucun cinéma ou musée pour un quartier de 700 hectares et 30 000 habitants ? », déplore le directeur du centre social. Alors oui il y a le stade Gerland, oui il y a la halle Tony-Garnier, oui il y a l’ENS, mais comme l’explique Bernadette Pizutti, « ces lieux sont à visée régionale, ils ne servent pas aux gens du quartier ». Autre raison : les commerçants sont trop peu nombreux. à part la place des Pavillons et quelques parties de l’avenue Jean-Jaurès, Gerland n’a pas d’espace de rencontre. Et ce qui est problématique pour l’installation de ces commerces, ce sont les loyers. Le prix de l’immobilier a grimpé en flèche depuis quelques années, décourageant les commerçants à prendre possession des rez-de-chaussée des nouveaux immeubles. Résultat : le quartier est davantage constitué de gens qui viennent y travailler dans la journée et qui le quittent le soir pour rentrer chez eux. « Le soir et surtout l’été, le quartier est mort. Les élus sont peu présents, ils ne viennent que pour les gros événements. Alors nous, avec le centre, on essaie de lui redonner vie », se console Bernadette Pizutti.

Arnaud AntonioMaxime Benmussa Pauline Seigneur

L’enquête.

Le magazine des municipales de Lyon • 31

Vaise : renaissance d’un quartier populaireA l’écart de la dynamique de la ville pendant des années, le quartier de Vaise connaît un renouveau. Développement des transports, projets urbains en cours… L’expansion du quartier est loin d’être finie.

La place de Valmy

© Pauline Seigneur

« Vaise, c’est l’exemple d’une reconversion industrielle réussie  ». Bernard Bochard, premier adjoint délégué à l’urbanisme dans le 9e arrondissement,

siège à la mairie depuis 1995. En trois mandats il a vu le quartier évoluer. Car le Vaise d’il y a 20 ans ne ressemble en rien à celui d’aujourd’hui. Quartier populaire et industriel dans l’après-guerre, il aspire désormais à être résidentiel. « Les friches industrielles de Vaise accueillent désormais de nouvelles activités et environ 25 000 emplois », souligne l’élu. Vaise s’impose d’ailleurs, selon le Grand Lyon, comme le premier site d’activités numériques de l’agglomération. Les entreprises du tertiaire sont de plus en plus nombreuses à rejoindre le 9e arrondissement : Cegid, I way, Electronics Arts, etc. Si l’implantation est forte c’est tout d’abord grâce à l’accessibilité, la facilité vers Lyon Vaise, une politique d’ouverture menée depuis plusieurs années et voulue par Gérard Collomb.

L’aménagement : cœur de la politique du quartierLes questions de transports et d’aménagements urbains sont au cœur des actions menées à Vaise. Les projets se développent en nombre. Et ces derniers sont menés avec la promesse d’améliorer la qualité de vie des riverains. « Depuis 2008 et d’ici 2015, on aura construit au final 3 000 logements. », rappelle l’adjoint à l’urbanisme. La mairie cherche l’équilibre entre emploi et habitat,

et ainsi satisfaire les habitants tout en poursuivant cette expansion économique. Dans le quartier, deux dossiers importants sont sur le devant de la scène : les deux Joannès et le pont Schuman. Enjeu majeur pour la circulation, le premier vise à désengorger la place Valmy, axe de convergence du neuvième. Si le projet est plutôt attendu par les riverains, c’est une toute autre histoire pour le pont Schuman. Censé relier Vaise au quai Gillet, dans le quatrième, l’ouvrage fait des mécontents. Les habitants en bord de Saône craignent de voir le pont se transformer en « aspirateur à voitures », explique Marion Serin, résidente du 9e.« Le pont doit réguler le trafic automobile mais il sera pratiquement collé aux façades des habitations ! ». Si la volonté de donner un nouveau visage au quartier est bien réelle, il reste encore beaucoup de projets à concrétiser. L’urbanisme reste dans le 9e un point sur lequel la municipalité est attendue. De l’aveu même de Gérard Collomb, l’homme qui a conquis la ville à partir du 9e arrondissement, le quartier de Vaise est en entrain de se « boboïser » (propos de 2010 pour l’inauguration de la rue du 24 mars 1852). Les ouvriers, qui incarnent le passé industriel de l’ancienne commune (rattachée à Lyon en 1852) cohabitent désormais avec des étudiants, cadres et jeunes chefs d’entreprise depuis la rénovation du quartier (installations d’entreprises, constructions d’un pôle universitaires, de logements neufs…). Une évolution sociologique qui conforte la domination des socialistes et des écologistes, qui détiennent actuellement cet arrondissement. Cette tendance ajoutée à l’ancrage de Gérard Collomb devrait permettre au maire de Lyon de conserver le 9e arrondissement.

La place des Pavillons

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Le Stade de Gerland

Gerland,derrière les voûtesGerland est en pleine mutation. Des nouvelles voies de communication, une nouvelle population, de nouveaux bâtiments. Il a tout pour être un quar-tier attractif. Pourtant ces changements initiés récemment ont du mal à prendre, victime d’une image assez péjorative.

La place de Paris

Page 17: M, le magazine des Municipales de Lyon

Quelques projets d’architectes.

(1) Les jardins du Musée des Confluences en 2020.Le projet était de créer un espace moderne : des jardins qui s’intègrent avec le musée, et non l’inverse. Le style architectural du musée se reflète dans ces jardins.

(2) Le pôle Multimodal de la Part Dieu en 2030.Le but est de redonner une vie et une âme à ce lieu confiné et glauque. Le quartier est ouvert et aéré au maximum, grâce au réagencement de l’espace.

(3) Les quais du Rhône modes doux en 2030.Afin de réintégrer la nature dans la ville trop urbaine et grise, l’autoroute du Soleil sera transformée en une zone verte.

Quel visagepour Lyon demain ?

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